Stockage de l'hydrogène - analyse technique et économique

1. Introduction

Le monde commence à s’intéresser pour produire l’hydrogène qui servira comme un vecteur énergétique
propre. L’hydrogène peut être utilisé comme un combustible pour entrer dans des procédés industriels pour
produire de l’énergie voire la chaleur. L’hydrogène possède plusieurs avantages, il a un pouvoir calorifique
légèrement supérieur à celui des hydrocarbures (120,5 MJ/Kg) [1], il n’émit pas les gaz à effet de serre et les
polluants atmosphériques.

Figure 1 : Pouvoir calorifique des différents combustibles

l‘hydrogène peut être produit par plusieurs procédés industriels dont on cite le vaporeformage du Méthane
(CH4), la gazéification du charbon du bois et l’électrolyse de l’eau.

Dans le cadre de notre projet nous choisissons de dimensionner un électrolyseur pour produire de
l’hydrogène à partir de l’eau. Nous justifions notre choix du fait qu’il y’a un excès d’électricité d’ordre de 5.1
MW/an. Cette puissance est restituée par une station hydro-électrique installée sur Schefferville et
produisant 17 MW par année dont 12MW est consommée.

2. Principe de fonctionnement d’un électrolyseur

L’hydrogène est produit lorsqu’on applique un courant électrique aux bornes d’un électrolyseur qui est
composé d’une cathode et une anode. Ledit courant permet à l’eau (H2O) formé de atomes d’hydrogène et
un atome d’oxygène de se dissocier en 2 gaz qui sont le dihydrogène (H2) et l’oxygène (O2). Le courant et la
tension appliqués aux bornes devraient être choisi correctement pour éviter tout problème d’évaporation
de l’eau ou l’échec de réussir le fonctionnement d’électrolyseur. L’électrolyse de l’eau nécessite l’existence
d’un électrolyte permettant d’accélérer le transfert des charges entre les électrodes d’électrolyseur.

La réaction globale d’électrolyse de l’eau s’écrit sous la forme suivante : H2O(l) H2(g) + O2(g)
(V0=1.23 V). Cette réaction est le résultat de 2 réactions, une réaction de réduction au niveau de la cathode
(électrode négative) et une deuxième réaction d’oxydation qui se fait au niveau de l’anode (électrode
positive). Ces demi-réactions se différent d’une technologie d’électrolyseur à autre.

3. Technologies d’électrolyseurs d’eau

Pour le moment, il existe 3 technologies d’électrolyseurs. Chaque technologie est caractérisée par son propre
électrolyte et température d’utilisation :
  Les électrolyseurs alcalins : utilisent un électrolyte liquide, généralement une solution aqueuse
d’hydroxyde de potassium (KOH).
 Les électrolyseurs à oxyde solide (SOE : Solid Oxide Electrolyser) : utilisent un électrolyte en
céramique.
 Les électrolyseurs PEM (Proton exchange membrane) : utilisent un électrolyte solide à membrane
polymère conductrice de proton.

Les tableaux 1 et 2 ci-dessous représentent les caractéristiques techniques, les avantages et les inconvénients
des différentes technologies d’électrolyseurs. Les 3 trois types d’électrolyseurs ont des rendements
énergétiques plus élevés. Mais la technologie alcaline est plus utilisée à cause de sa maturité technique et
son faible coût et il possède une stabilité thermique et mécaniques importante et peut accepter les métaux
non nobles, même s’elle consomme plus d’énergie que les autres technologies.

Pour notre étude nous choisissons un électrolyseur alcaline fonctionnant avec une température de 80°C.
l’électrolyte utilisé est l’hydroxyde de potassium.

Les 2 demi-équations de réduction et oxydation faites respectivement au niveau de la cathode et l’anode

s’écrivent sous la forme suivante :

 Anode: 2 OH-(aq) → 0.5 O2(g) + H2O(l) + 2e-

 Cathode: 2H2O + 2e- → H2(g) + 2OH-

Tableau 1 : Caractéristiques techniques par type d’électrolyseur [2]

Tableau 2 : Comparaison technique et qualitative des technologies alcaline et PEM

 4. Matériel et méthodes de fabrication

4.1 Plaques d’électrolyseurs

Il existe une variété des métaux conducteurs qui peuvent entrer dans la fabrication des électrolyseurs comme
électrodes, cependant il faut prendre en compte leurs caractéristiques thermiques et physiques. On ne peut
pas utiliser le fer et ou le cuivre comme des électrodes parce qu’ils s’oxydent facilement.

Pour cette raison nous choisissons l’acier inoxydable austénitique comme un matériau conducteur, ce
matériau est privilégié grâce à ses excellentes propriétés physiques, mécaniques, électriques, mécaniques et
magnétiques. L’acier inoxydable résiste à la corrosion et à l’oxydation ce qui le rend une grande durée de vie
[3], il a une température de fluage élevée (800°C) ce qui le rend résistant au feu. Les aciers inoxydables
austénitiques présentent, à température ambiante, une structure austénitique qui leur permet d'être
paramagnétiques (amagnétiques). Certains aciers inoxydables austénitiques peuvent devenir légèrement
ferromagnétiques après une déformation importante (frappe à froid, emboutissage). [3]

Propriétés physiques Propriétés mécaniques

Masse volumique : 8060 Kg/m3
Température de fusion : 1400°C à 1455°C
Capacité thermique : 0.5J/g.°C pour T = 0°C à
100°C
Conductivité thermique :
Dureté de Rockwell : B80
Résistance en tension : 579 MPa
Allongement à la rupture : 55%
Module du Young : 193 GPa

 16.2W/m.K à 100°C
 21.4W/m.K à 500°C

Tableau 3 : propriétés physiques et mécaniques d’acier inoxydable

4.2 Réservoir d’eau

L’eau déminéralisée qui sera électrolyser devrait être stocker dans un réservoir dont le matériau est inerte
pour éviter tout problème de lixiviation ou de contamination entre l’eau et le matériau. Pour cela nous
choisissons l’acier galvanisé avec une membrane d’étanchéité spécifique. [4]
Il est possible de mettre en place une station de traitement pour purifier l’eau pouvant contenir des
matières en suspension et ayant une turbidité assez considérable. Le volume de ce réservoir sera évalué
dans la partie suivante.

4.3Purificateur d’hydrogène

L’hydrogène issue de l’électrolyse de l’eau pouvant contenir des bulles de l’eau et quelques traces
d’électrolyte d’où vient la nécessité de le purifier. L’objectif est d’atteindre une pureté d’ordre de 99%.

Il existe Aujourd’hui une variété des méthodes de purification de l’hydrogène. Nous proposons de mettre en
place La membrane de palladium qui est typiquement un tube métallique en alliage de palladium et
d’ argent possédant la propriété unique de laisser passer uniquement de l’hydrogène monoatomique à
travers son réseau cristallin lorsqu’il est chauffé à une température supérieure à 300 ° C.
4.4L’électrolyte

Comme nous avons mentionné ci-dessus, nous choisissons l’hydroxyde de potassium (KOH) comme
électrolyte pour notre électrolyseur parce qu’il est moins cher, et il contribue à produire de l’hydrogène avec
une grande quantité et pureté et les électrodes ne sont pas contaminés. La concentration du KOH devrait
bien être optimisée pour atteindre la quantité d’hydrogène maximale à produire.

La température affecte de manière positive sur la conductivité du KOH. Les expériences montrent que la
meilleure conductivité obtenue lorsqu’on a une solution aqueuse avec 30% de KOH. [5]

Tableau 4 : Caractéristiques d’hydroxyde de potassium (KOH)

4.5 Influence de température

Les expériences montrent que les températures élevées génèrent des courants plus élevés et que le
rendement global de l’électrolyseur augmente si la température augmente. Pour une température donnée
plus on augmente le courant plus que le rendement diminue.

Dans le cadre de notre projet nous choisissons d’imposer une température de 80°C.

Figure 2 : Influence de température sur la tension et intensité Figure 3 : Influence de température sur le rendement
 4.6 Influence de la pression

Le courant est affecté par la pression, le courant diminue si la pression augmente. Et donc le rendement de
l’électrolyseur augmente.

Figure 4 : Influence de température sur le rendement

5.Dimensionnement de l’électrolyseur

Nous dimensionnons notre électrolyseur par le logiciel HOMER qui permet d’optimiser le fonctionnement
des systèmes énergétiques des projets accompagné d’une étude financière détaillée. Nous nous rappelons
que la centrale hydraulique Menihek génère une puissance annuelle de 17 MW et répond aux besoins de la
ville de Schefferville qui atteignent 11.9 MW par année. Donc nous avons décidé d’exploiter l’excès de
puissance non exploitable pour produire de l’hydrogène. L’idée principale de ce projet est de produire de
l’hydrogène à bas prix et de le vendre aux industriels qui peuvent l’utiliser pour produire de l’ammoniac et
du méthane.

Purificateur Purificateur

O2 H2
O2 H2

Eau
déminéralisé
Puissance électrique Electrolyseur
provenant de la centrale
hydro-électrique Menihek KOH

Hypothèses :

Lors de notre simulation, nous avons posé des hypothèses à cause du manque des données :
  Les coûts d’installation, de remplacement, de fonctionnement et de maintenance de l’électrolyseur
et de réservoir de stockage d’hydrogène ont été estimé sur la base des données du TP 1 du cours.
 Les coûts de purification des gaz sont inclus dans les coûts de l’électrolyseur.
 Pour la centrale hydro-électrique, le seul coût saisi est le coût de fonctionnement et de maintenance.
Le coût d’installation, de remplacement sont nuls par ce que nous avons supposé que la société ait
déjà récupéré son coût d’installation et que la durée de vie des centrales hydro-électriques est
d’ordres de 50 ans à 60 ans.

Nous avons imposé que la puissance excédante (5.1 MW) va être consommée totalement par l’électrolyseur.

5.1 Résultats de simulation

La figure 5 montre le schéma représentatif du système. La centrale hydro-électrique génère une puissance
de 17 MW et alimente le résidentiel et l’industrie de la ville (12 MW et 284 MWh/jour, soit 8760 heures de
fonctionnement par an) et l’électrolyseur (5,1 MW). L’hydrogène produit sera stocké dans un réservoir sous
forme gazeuse puis livrée à une industrie chimique pour l’utiliser dans des procédés industriels.

Figure 5 : schéma représentatif du système

5.2Puissance de la centrale hydro-électrique

La figure 6 montre que l’énergie générée par la Mehnik qui est de 149 222 880 KWh/an est totalement
consommée par le résidentiel et l’industrie (103 652 856 KWh/an, soit 70%) et l’électrolyseur (44 676 000
KWh/an, soit 30%). Une énergie de 895 557 KWh/an n’est pas consommée représentant 0.6% de l’énergie
totale produite par la centrale.

Nous avons supposé que la puissance voire l’énergie produite par Mehnik est uniforme pendant l’année.
Figure 6 : schéma représentatif du système

Figure 7 : Bilan de puissance

 Tableau 8 : données d’entrée et de sortie du système

5.3Production de l’hydrogène

La puissance 5,1 MW consommée par l’électrolyseur permettra de produire 962 736 kg d’hydrogène par
année, soit 2674.26 kg d’hydrogène par jour. HOMER propose que le temps de fonctionnement de
l’électrolyseur soit de 24 heures ce qui donne un débit de production horaire 110 kg/h. (figure 7)

Le coût de production est de 0.13 $/ kg, il demeure très bas par rapport au coût de production et d’autres
procédés industriels qui varie entre 2$/kg et 19.77 $/kg [6].

Comme mentionné ci-dessus, l’hydrogène produit serait vendue à d’autres sociétés industrielles pour
l’utiliser dans leurs procédés industriels.
 Figure 7 : Production journalière de l’hydrogène

5.4Etude financière

Le coût de fonctionnement et de maintenance de la centrale hydro-électrique est estimé de 100 000 $ par
année, soit 1 278 336 $ durant la période du projet, Le prix du fuel est nul parce que l’énergie est produite
grâce à la gravité de l’eau.

Le coût d’installation de l’électrolyseur 50 000$.Son remplacement après sa durée de vie est estimé de
20 863 $, l’électrolyseur est supposé qui va durer 20 ans. Le budget de l’installation de l’électrolyseur sera
récupéré après 25 ans de service. Le prix du fuel est nul parce que l’hydrogène est produit à partir de
l’électricité générée par Mnehky.

La commercialisation de l’hydrogène produit pourrait conduire à réduire le coût total du système. La marge
de vente de l’hydrogène varie entre 12.85 $/kg et 16 $/kg selon la qualité et la pureté [7].
Comme étant nouveau dans le marché de l’hydrogène, nous proposons un prix de vente de l’hydrogène de
13 $/kg.

La commercialisation de la quantité totale de l’hydrogène génèrera un gain de 12.5 Millions de dollars par
an, ce qui permettra de couvrir les frais de fonctionnement et de maintenance.

[1] : https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/guide-information-securite-production-decentralise-
hydrogene-8505.pdf

[2] : http://ethesis.inp-toulouse.fr/archive/00001766/02/rallieres_partie_2_sur_3.pdf page 161

[3] : http://dspace.univ-tlemcen.dz/bitstream/112/11537/1/Ms.ELN.Mehdaoui%2BKabouch.pdf page 37

[4] : http://aproindustrie.com/applications/eau-potable-eaux-de-process/reservoir-eau-demineralisee/

[5] : http://depot-e.uqtr.ca/4446/1/030300496.pdf

[6] : https://pastel.archives-ouvertes.fr/pastel-00005346/document page 117

[7] : https://cafcp.org/content/cost-refill