Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
de actuelle?PaulLeroy-Beauiieu
appliquée à l'Ecolesupérieure
1870-71
de guerre.
Que coûtera la guerre 303
rantes.
Membre de l'Institut.
Ce qu'a coûté la guerre 304
Le
Belgique
L'agression de l'Allemagne contre la
Sur le sol ensanglanté de la Belgique.
Un ancien Coloneldartillerie 305
français bslgc
sur la lutte en territoire
là
337
airs
Petite étude sur la valeur individuelle des
soldats engagés dans la lutte Ardouin-Dumazet. 353
La lutte sur le sol 359
La guerre dans les Auguste wimiiic 389
Quelques tableaux de la guerre en France - Les
Vandales ont passé par
français
Seize pages d'illustrations
sur la guerre en territoire
Turquie
401
Les blessures de guerre et les effets des balles
dum-dum Dr Eugène Rochard.
l'Hôpital Louis.
417
Chirurgien de St-
Les Russes aux prises avec l'Allemagne, l'Au-
La
l'Autriche
triche et la
nôtres
Les Serbes et les Monténégrins en lutte contre
439
445
allemandes
et en 449
Butin et trophées de guerre 465
Les hostilités sur mer et la prise des Colonies
privées
Les Sociétés de secours aux blessés et les ini-
tiatives
475
479
:
LES AMBASSADEURS QUI PARLÈRENT, A BERLIN, AU NOM DE LA TRIPLE ENTENTE
De gauche à droite M. de Sverbeef (Russie), M. Jules Cambon (France) et sir Edouard Goschen
(représentant de l'Angleterre).
les plus graves atteintes à ses intérêts etnies convoquèrent la Russie à la barre de
à sa dignité, par les exigences du nouvel l'Europe; tel fut le caractère indiscutable
empire allemand, fut la Russie. En 1870, du congrès de Berlin.
la Russie avait aidé l'Allemagne à Des décisions prises contre la Russie
ta au Japon :;
développement du côté de
l'Extrême-Orient, se heur-
vaincue à Moukden
elle fut
de
Bosnie-Herzégovine — fut
ensanglantée par le drame
affreux de l'assassinat du
prince et de sa femme. 1
graves troubles intérieurs L'Autriche-Hongrie exi-
parurent menacer la stabi- gea de la Serbie des répa-
lité de l'empire lui-même. rations et des garanties qui
L'Autriche crut que furent l'origine de la grave
l'heure était sonnée de faire difficulté diplomatique
un pas de plus dans la pé- d'où naquit la guerre. L'en-
ninsule balkanique. Le ba- chaînement des faits depuis
ron d'Ærenthal proclama le congrèsdeBerlin jusqu'à.
l'annexion de la Bosnie et de la déclaration de guerre de
l'Herzégovine. C'était un 1914, apparaîtainsi dans la
coup droit porté à l'expan- logique absolue.
sion slave et à l'indépen- Il faudrait envisager
dance de la nation serbe. maintenant un troisième
On connaît la suite des LES DEUX DIPLOMATES QUI, ordre de faits non moins dé-
:
événements qui provoquè- A PARIS, FIRENT ENTENDRE cisif la politique des arme-
rent la récente guerre des LA VOIX DES DEUX EMPIRES ments poursuivie à outran-
Balkans; les Turcs vaincus
à Kirk-Kilissé et Tcha- En
;:
haut
magne)
GERMANIQUES
M. de Schœn (Alle-
au-dessous:
ce parles empiresallemands
le comte dans l'intention
évidente
taldja ne durent leur salut Czecsen de Temerin (Autriche). d'établir l'hégémonie com-
qu'à l'intervention des
puissances européennes et notamment des tique des
races germaniques sur le monde
deux empires germaniques. L'Autriche- cette politique mégalomane été désignée
a
:
merciale, coloniale et poli-
Hongrie, toujours appuyée sur l'Allema- les intéressés eux-mêmes sous le nom
par
gne, eut la pensée de réserver un champ de pangermanisme.
nouveau à son expansion balkanique et De longs développements seraient né-
adriatique; elle décida l'Europe à consti- cessaires
pour l'exposer. Résumons-la en
:
quelques lignes l'Allemagne est habitée
par une race prolifique et gloutonne. Il :
médiocrement nourris et vêtus, malcon-
tents de leur sort c'est le parti socialiste.
lui faut de la nourriture en abondance et, Sa force continuellement accrue était
le bien-être s'étant développé chez elle, une menace permanente pour la stabilité
:
elle a besoin d'un énorme apport de vivres
et d'un large confortable c'est un Gar-
gantua assis à une table trop pauvre.
des institutions impériales.
Par contre, dans l'est de l'empire, les
vieux partis aristocratiques avaient une
Pendant une période d'une trentaine conception absolument opposée de la
d'années, l'excès de la population émigra
pour aller chercher au loin sa nourriture ; politique impériale.
Ces junkers, ces hobereaux sont la
-
M. DE BETHMANN HOLLWEG
Chancelier de l'empire d'Allemagne
M. GOTTLIEB VON JAGOW
Ministre des Affairesétrangères
C'est M. de Bethmann-Hollweg qui déclara publiquement que le traité garantissant la
neutralité de la Belgique, et au bas duquel figurait la signature de la Prusse, avait pour lui
la valeur d'un simple chiffon de papier. Quant au secrétaire d'Etat von Jagow, il
approuva,aucours d'une interview accordée à unjournaliste américain,lesparolesimpudentes,
criminelles, du chancelier, son chef.
:
liste aux élections mettaient l'empire au nales, les lois universellement reconnues
:
pied du mur ou il fallait se résoudre à de la moralité entre les peuples.
accepter les conséquences fatales de l'éta- Il faut vivre « On fait ce qu'on peut
»,
blissement du suffrage universel, ou il comme dit cyniquement le chancelier
fallait suivre, coûte que coûte, la politique Bethmann-Hollweg.
des hobereaux. C'est ce parti qui fut
adopté après réflexion et en connais- graisser aux dépens du monde le monde
sance de cause.
:
L'Allemagne veut s'enrichir et s'en-
prend:
coalisées contre le bloc germanique com-
la France. l'Angleterre, la Russie, la
Belgique, la Serbie, le Montenegro et le
13.152.509 hommes, tandis que le second
groupe n'arrive qu'au chiffre de 9.620.000.
Mais si l'on tient compte du fait que les
Japon. Ce dernier a réussi, après un siège Etats engagés dans cette effroyable mêlée de
vigoureusement conduit, à arracher à l'Alle- peuples luttent tous pour leur propre exis-
magne sa colonie de Kiao-Tcheou. Sa flotte a tence, on admettra que les effectifs indiqués
concouru avec les escadres anglaise et fran- plus haut n'aient que la valeur d'une base
çaise à donner la chasse aux dernierscroi- théorique, et qu'ils soient encore suscepti-
seurs allemands qui naviguaient encore dans bles d'accroissements successifs. Les belli-
le Pacifique. Le rôle du Japon sur terre gérants, surtout l'Allemagne, l'Autriche et
semble terminé. Nous n'examinerons donc la Turquie seront amenés à convoquer sous
pas les forces dont il pourrait disposer dans les drapeaux tous leurs hommes en état de
une lutte continentale. Notre recherche por- porter les armes. L'armée du kaiser attein-
tera uniquement sur les armées actuellement drait alors, sans pouvoir le dépasser, le
aux prises en Europe, en Afrique et en Asie. chiffre de 6 millions de soldats. La France
La France compte sur le pied de guerre, est loin d'avoir épuisé ses ressources en
une armée active de 1.009.000 hommes. Sa hommes. Le chiffre que nous avons donné,
réserve s'élève à 1.600.000 hommes, et 3.878.000, est inférieur d'à peu près un mil-
l'armée territoriale lui fournit 1.269.000 lion à l'effectif total qu'elle pourrait mettre
hommes. Au total, 3.878.000 soldats. en ligne, si besoin était. D'autre part, l'An-
L'Angleterre a envoyé en Belgique et en gleterre n'est qu'au début de l'énergique
France, 100.000 hommes prélevés sur ses effort qu'elle a pris la résolution d'accom-
troupes métropolitaines, 100.000 venus de plir pour sauvegarder son empire et délivrer
l'armée des Indes, et environ 400.000 volon- l'Europe de l'odieux despotisme teuton.
taires. Au total, plus de 600.000 hommes. Elle peut aisément mettre en campagne un
La Russie, dont l'armée active ne compte million d'hommes de plus, contingents colo-
pas moins de 2.439.000 hommes sur le pied niaux, troupes de marine, volontaires d'Aus-
de guerre, dispose en outre d'une réserve tralie, du Canada, de l'Afrique du Sud.
de 2.800.000 hommes et d'une armée terri- On voit donc que cette immense guerre,
toriale de 2.750.000. Total, 7.989.000.
:
:
;
Pour la Belgique, les chiffres sont les sui-
vants armée active, 55.529 hommes réserve,
101.160; territoriale,183.311. Total, 340.000.
armée active, 27.319 hommes;
dont les contre-coups ébranlent toutes les
parties du monde, entraîne et met en mou-
vement dans les places fortes, sur les points
importants - des fronts de mer, le long des
Serbie voies de communication, et sur d'innom-
réserve, 96.681; territoriale, 200.000. Total, brables champs de bataille, une multitude
324.000. Durée du service, de 18 à 50 ans. armée de plus de vingt-cinq millionsd'hom-
Montenegro : armée active, 5.000; réserve, mes. L'histoire, jusqu'ici, n'avait rien relaté
7,000; territoriale, 9,500, Total, 21.500, de pareil, A- T,
LES DEUX STRATÉGIES ALLEMANDES
(1870-1914)
Par le lieutenant-colonel ROUSSET
ANCIEN PROFESSEUR DE TACTIQUE APPLIQUÉE A L'ÉCOLE SUPÉRIEURE DE GUERRE
la vallée du Mein eût été annoncée et moins vrai qu'elle imprimait aux opéra-
parût possible, pour que la ligne de con- tions militaires une direction uniforme, et
centration allemande leur fixait toujours des
subît un recul de 100 ki- objectifs animés, comme
lomètres, et se trouvât l'exigeait le principe qui
rejetée derrière le Rhin, était sa base. On en a
après avoir été fixée vu de plus géniale, mais
tout d'abord à la fron- on n'en connaît pas de
tière extrême du Pala- plus précautionneuse, ni
tinat bavarois. qui livrât moins les i
Cet exemple suffit à choses au hasard.
montrer le défaut d'une *
stratégie qui, tout en * * 1
:
Emmanuel Arago, Crémieux et Henri Rochefort.)
Au premier plan, de gauche à droite ERNEST PICARD, JULES FAVRE et GAMBETTA ;
(M. Thiers, qui figure sur cette photographie, n'en faisait pas partie. Par contre, il manque dans le groupe
-
,
légère mobile — est unen- tionné, strictement automati-
gin qui lance, à la vitesse ini- que qu'on appelle précisé-
tiale de 529 mètres, un obus ment le débouchoir. Le débou-
de 7 k 240, chargé d'environ choir allemand n'existe pour
300 balles, et, à la vitesse de ainsi dire pas. La fusée alle-
584 mètres, un obus explosif mande n'est débouchée im-
de 5 k 315, renfermant un parfaitement que par une
OBUS CHARGÉ OBUSCHARGÉ
peu plus de 800 grammes dé pince-débouchoir, qu'un ser-
DE BALLES, mélinite, la différencede poids
DIT SHRAP- entre le premier et le second
NELL.
vant peut manier plus ou
moins adroitement. D'oùinef-
tenant àce que la mélinite ficacité du projectile, qui ex-
-
DE BALLES
ET D'UN
CANON RIMAILHO DE 155 MILLIMÈTRES A TIR RAPIDE
plose ou trop haut ou trop bas, sa destination sionnée à 312 coups par pièce? Environ
:
n'ayant point été mathématiquement fixée.
Deuxième raison la perfection du frein
de tir hydro-pneumatique du 75, destiné à
185.000 francs, un assez joli denier.
vrage sur
glorieux 75 n'est pas seul à l'ou-
Mais le les
champs de bataille actuels.
empêcher la pièce de reculer trop loin sur la Le canon de 155 court, modèle 1904 T. R.,
glissière. Ce frein est une sorte de ressort appelé Rimailho, du nom du colonel qui l'a
liquide interposé entre le tube et l'affût. Il établi, se tire comme le 75, sans dépoin-
n'a jamais, à l'expérience, aucun raté, et tage. Il possède un frein assez long pour
ramène le tube en position de tir, sans dé- qu'il n'ait pas besoin d'être employé sur
pointage, avec une précision quasi absolue. tir
plate-forme. Il fait nonplusdu deplein
Il s'ensuit que notre canon de campagne peut fouet, mais du tir courbe. Il possède la même
envoyer jusqu'à 20 et 25 projectiles par mobilité que le précédent, cependant plus
;
minute. Théoriquement, le canon allemand
tire le même nombre de coups mais, en fait,
il a besoin sans cesse d'être repointé.
Faut-il aussi invoquer la supériorité de
léger, grâce à ce fait que le tube est trans-
porté sur une voiture spéciale nommée
porte-canon, l'affût et le frein formant une
seconde charge. La caractéristique de cette
l'artilleur français sur l'artilleur allemand, pièce mobile est qu'elle est à même de
:
moins compréhensif, moins alerte? C'est un
élément moral il entre en compte pourtant.
Veut-on savoir le prix de revient d'une
détruire les retranchements importants éta-
blis par l'ennemi au cours de la campagne.
Son obus à la mélinite pèse 43 kilos.
batterie complète, composée de 4 pièces, 12 Le 120 long, qui est le seul de nos canons
caissons et 3 voitures de service, approvi- légers à être muni de ceintures de roues (on
temps. Le recul de la pièce est encore limité 1906, montée sur affût à frein, se tire égale-
— en dehors de l'action du frein — par les ment comme le 75. Mais, pour la facilité du
coinsde retour en batterie, qu'on aperçoit à transport, elle est divisée en quatre charges
I arriere de la pièce, et différentes, de 120 kilos
par les madriers placés
tout à fait au bas.
Quant au 120 court —
mulets :
chacune, portées à dos de
le tube, le frein
et l'affût en deux parties.
dont nous savons qu'il a Le 65 fait du tir rapide
fait récemment merveille courbe; il est à double
sur la Meuse, dans des tirs frein hydraulique et à
par rafales à courte dis- ressorts métalliques.
tance (1.600mètres envi- Nos mitrailleuses, enfin,
ron) — il possède égale- sont de trois modèles dif-
ment la culasse de Bange.
Il est à frein hydraulique.
-
férents : Saint Etienne,
Puteaux, Hotchkiss. On
Du canon de 155 court, en a construit un nom-
moins intéressant, il y a bre très élevé depuis le dé-
peu à dire. On le tire en but de cette campagne,
lui enlevant sesl roues. afin'de répondre à l'arme-
Notre gravure le montre ment considérable des ar-
en batterie, sur un léger MITRAILLEUSE mées allemandes en petits
lit de madriers. C'est un TYPE SAINT-ETIENNE engins de cette nature.
Comme nous l'avons dit au début de cette blindés, qui ont fait merveille en Belgique,
;
brève étude, nous ne pouvons donner de dé-
tails très précis sur tout notre matériel de
campagne signalons toutefois nos trains
-
et nos autos canons, manœuvrées par des
marins, dont les Allemands, à Ypres et à Dix-
mude, ont pu apprécier les effets désagréables.
par minute, ce qui a fait donner par nos du poids formidable de 344 k. Le 28 a une
troupiers, à ces engins, le surnom de moulins portée maxima, à 42°, de 10.000 mètres.
à café. Il est bon de noter, toutefois, que Le seul poids de la bouche à feu est, pour
cette vitesse n'est jamais conservée, dans la le 21 de 5.450 k, et, pour le 28, de 6.130 k.
pratique, pendant un temps très long, les On se demande, en présence de ces quel-
ceintures des différents modèles de mitrail- ques données, ce que peut être le fameux
leuses ne contenant guère plus de 250 à mortier de 42, dont il a tant été parlé. Il est
300 cartouches. plus d'un techni-
Un faitassezinat- cien qui doute de
tendu s'est produit son existence mê-
au cours de la
guerre actuelle :
c'estl'emploi simul-
me. Un tel engin
devrait représenter
une masse double
tané qu'ont fait nos de celle de l'obusier
ennemisde la grosse de 21 c dont nous
artillerie et de l'ar- avons donné la
tillerie de campagne photographie à
proprementdite. Le l'une des pages pré-
matériel allemand cédentes.
d'artillerie lourde Peut-être a-t-il
comprend des ca- été construit, aux
nons longs de 10 c 4 usines d'Essen, un
et de 13 c, et des TRACTEUR A VAPEUR POUR LE exemplaire-type de
obusiers de 15, 21 TRANSPORT DES la formidable ma-
et 28 centimètres. APPROVISIONNEMENTS chine de guerre
Les gros obusiers de 42 centimètres,
Krupp de 21 et 28 c sont divisibles en deux mais il est fort probable que les Allemands
parties, traînées séparément, soit par des en sont restés à ce spécimen unique. D'après
chevaux, soit plutôt par de puissants tracteurs les journaux italiens, l'usine Krupp en
automobiles. Ils sont, bien entendu, munis de aurait établi un second, qui aurait fait
ceintures de roues. Dans l'un et l'autre, les explosion aux essais. Bref, nous ne sommes
cylindres de frein et le récupérateur sont pas fixés à cet égard. Tout ce que l'on sait
situés au-dessus de la bouche à feu. Le pre- de façon pertinente, c'est que nos ennemis,
;
mier tire un obus à parois minces de 119 k, pour bombarder et réduire certaines places
avec douille séparée contenant les charges fortes de Belgique, utilisèrent l'obusier de
élémentaires le deuxième envoie un shrapnell siège autrichien de 30 c 5.
:
Comme conclusion l'artillerie allemande
est nombreuse et ses qualités sont sérieuses,
mais elle n'a point la précision de l'artillerie
corriger ses défauts par l'habileté que finit
par donner la pratique, ne font que les
aggraver par leur ignorance. Il faudrait aux
française, et ceux qui la manient, au lieu de Allemands nos enragés «diables noirs ».
cer dans le domaine de l'artillerie de campa- serait la plus rapide du monde, puisqu'elle
gne. Pourtant il n'en est rien, et personne pourrait tirer jusqu'à 29 coups dans une
n'ignore, dans les milieux compétents, que le minute. L'obus qu'elle lance, le «18-pounder
«12-pounder high velocity field gun » (canon shell», couvre, à une distance maxima
de campagne à tir rapide lançant un projectile effective de 6.300 yards, un espace de
de 12 livres) qu'elle mit en service en 1885, terrain long de 300 yards et large de 35,
projetant 365 balles. Le 3 pouces 3 emploie jugés inutiles par suite de la longue portée
aussi un obus chargé d'explosif. _du tir, la pièce étant hors d'atteinte.
Le canon de campagne anglais a un aspect Nos amis et alliés ont encore notamment
assez caractéristique: sa flèche est constituée
-
des mortiers de 4 pouces. On y remarque.
par un véritable tube en tôle d'acier, la comme dans nombre de pièces étrangères,
bêche de crosse restant à peu près semblable une frette de bouche, sorte d'anneau destiné
à la nôtre; il est à frein et à récupérateur à à renforcer le tuoe à l'ouverture. La ligne de
ressorts, situés au-dessus de la pièce, tandis mire naturelle se trouve, comme dans l'an- -
que, dans notre 75, ces deux organes cien 90 de campagne français, sur le côté
sont intimement dépendants, n'en formant du tube, ce qui offre quelques inconvénients.
pour ainsi dire qu'un seul, placé à la Oublierons-nous de mentionner les formi-
partie inférieure. dables engins dont
Comme dans tou- sont armés les
tes les pièces à long bateaux de la ma-
recul, le tube du rine anglaise, les
3 c 3 est couché 343, et peut-être
dans une sorte de même déjà les 381?
berceau muni de Ce sont eux, vrai-
glissières, sur les- semblablement, les
quelles pourra premiers nommés
jouer la pièce pen- du moins, qui ont
dant le tir. accompli de si effi-
C'est - l'artillerie cace besogne le
à pied qui est long des côtes de
armée du modèle la mer du Nord,
de décrire;
que nous venons
tillerie à cheval
l'ar-
à l'aile gauche
française. Les 343,
dits canons de
possède une pièce 13,5 B. L. (breech-
4
MORTIER DE CAMPAGNE DE POUCES loading),peuvent
de calibre légère-
ment inférieur lancer, à une vi-
(7 c 62). Les canons de campagne anglais tesse initiale de 875 m, un projectile de
auraient le léger inconvénient-d'être un peu 567 k et sont capables de tirer deux coups
plus pesants que les nôtres. à la minute quand les nécessités l'exigent.
On conçoit, d'ailleurs, que l'Angleterre Dans aucune partie, d'ailleurs, de cet art
exige, en général, de son matériel plus de, de la guerre, l'Angleterre n'a voulu rester
force que de mobilité. Elle a ainsi en service - en arrière. Tous les essais l'ont tentée. Elle
un canon de 5 pouces remarquablement a recherché, comme les autres nations, quel
puissant,dont le projectile pèse soixante était le meilleur mode de transport des
livres et est envoyé, à une vitesse initiale de mitrailleuses. Elle fait remorquer un certain
630 m, jusqu'à plus de 13.000 m. Mais la nombre de celles-ci par des cyclistes ingé-
voiture-pièce a un poids de 5.503 k et la nieusement attelés. Elle a à sa disposition,
bouche à feu en batterie, un poids de 4.665 k. pour le tir en aéroplanes, une bombe remar-
Le « 4 pouces » anglais est analogue à quable, la bombe Marten Haie.
notre 105 long. Le projectile en pèse égale- La bombe Marten Hale pèse 10 k environ ;
ment de 16 à 17 k et il porte à une douzaine elle a 52 c 5 de longueur et 12 c 5 de largeur
de kilomètres. Le frein reste à la partie su- à son plus grand diamètre, car elle affecte,
vérieure. A noter l'absence des. boucliers, à l'avant, la forme ovoïde. La bombe une
fois lâchée, la pression de l'air fait tourner de guerre terrible qui fauche les arbres d'un
des ailettes qui entraînent elles-mêmes une bois comme les blés dans un champ et sème
vis agissant sur le mécanisme intérieur. l'épouvante et la mort dans les masses
Cet ingénieux engin ne peut pas éclater
avant d'avoir parcouru au moins 100 mètres
mais, cette distance étant franchie, le dis-
; ennemies sur lesquelles il tire.
Les Anglais ont également débarqué sur
le continent du matériel de chemin de fer
positif est si sensible que l'explosion se qui a servi à former des trains blindés redou-
produit au simple contact de l'eau. tables. Ils possèdent, en outre, de nom-
breuses batteries d'autos armées de mitrail-
Est-ce une indiscrétion de dire que, depuis
le début des hostilités, nos alliés anglais ont
travaillé jour et nuit, dans leurs formidables les raids qu'ils accomplissent chaque jour
;
leuses et de pièces légères montées sur pivot
arsenaux militaires, à augmenter leur maté- sur les flancs de l'ennemi avec ces véhicules,
riel d'artillerie. Comme nous-mêmes, ils ont pilotés avec une extrême audace, font l'admi-
surtout fabriqué des canons lourds de cam- ration de tous ceux qui les voient à l'œuvre.
pagne, dont ils étaient quelque peu démunis, On a vanté le courage des Indiens s'élan-
et ces pièces magnifiques, jointes aux nôtres, çant à l'assaut avec un mépris du danger
ont servi à armer puissamment nos positions qui fait frémir, mais ce qu'on a oublié de
fortifiées de la Belgique occidentale. dire, c'est que ces héroïques fils de l'Asie
Ils ont même inauguré un canon dont la sont aussi d'excellents artilleurs et, notam-
construction avait été tenue secrète, engin ment, des pointeurs de premier ordre.
A cet égard, rien de parfait, de définitif n'a Invisibilité relative et grande mobilité
encore été trouvé dans aucun pays. sont donc les deux termes du problème à
Les Russes et les Japonais ont traîné leurs résoudre. Les Belges, chez lesquels le chien
mitrailleuses, au cours de la campagne de de trait est fort en honneur et fait l'objet
Mandchourie, sur des affûts à roues. Les d'un élevage spécial, ont eu recours à la
deux anciens adversaires ont, depuis, adopté traction canine pour leurs mitrailleuses.
le transport par chevaux de bât. Mais, si la Avec le chien, les deux'conditions exigées
première méthode est défectueuse en ce paraissent atteintes. Un animal moyen peut
tirer 300k. sur une route, doté, de même que ce
à la vitesse de 8 km à dernier, de la fermeture
l'heure, pendant un temps de culasse à coin, au lieu
fort long, et peut même de la fermeture à vis en
suivre l'infanterie à tra- usage chez nous. Le 75
vers bois. D'autre part,la belge, qui était fabriqué
taille du chien l'expose à Herstal (près deLiège),
moins à être découvert
que le cheval. Enfin, la
pièce faisant corps avec
la petite voiturette à la-
quelle l'animal est attelé,
a
;
donc un peu les qualités
et les inconvénients du
7 c 7 allemand il est aussi
un peu moins puissant que
le canon français. Il reste
il en résulte une grande cependant un engin ex-
rapidité de mise en action cellent dans son ensemble.
en présence de l'ennemi. Ajoutons que nos amis
La conséquence de ce sys- Belges, ayant épuisé, au
tème est aussi une éco- bon combat, toutes leurs
nomie appréciable, le munitions,utilisent main-
chien coûtant générale- tenant nos obus de 75,
ment fort peu à nourrir.
Malheureusement, l'ex-
périence de la guerre vient
;
dont les effets sont si ter-
rifiants ils emploient seu-
lement des douilles spé-
de montrer que les chiens ciales, la chambre à pou-
sont sujets à la peur. Ils MITRAILLEUSE BELGE MUNIE D'UN dre de leur pièce étant
n'arrivent pas à acquérir, SUPPORT A CRÉMAILLÈRE POUR différente de la nôtre.
avec l'habitude, cette pas- LA HISSER A LA CRÈTE D'UN TALUS Une mention spéciale
sivité des chevaux devant doit être accordée au 210
le bruit et le danger. Les belge, dont le travail est
pauvres bêtes sont complètement affolées lors- fort utile et les effets très puissants.
qu'un obus éclate au-dessus ou près d'elles. Comme leurs alliés Français et Anglais,
i,es cniens avaient les Belges ont
été expérimentés aménagé, pour le
en Belgique, au service de guerre,
cours des manœu- de nombreuses au-
vres,en 1911-1913. tomobiles armées
Il n'est pas prou- d'artillerie légère,
vé, au surplus, principalement de
qu'avec un dressa- mitrailleuses. Ils
ge un peu plus par- ont aussi créé des
fait, on n'arrivera trains blindés mu-
pas à obtenird'eux
les qualités qui
leur manquent.
La mitrailleuse
;
nis depiècesàtir
rapide pendant le
siège d'Anvers, ces
trains, lancés dans
belge est du mo- la direction des
dèle Herstal, ana- masses ennemies,
logue à la fran- ont occasionné à
çaise. Ses ceintu- l'armée assiégean-
contiennent MITRAILLEUSE TRAINEE PAR DES CHIENS
res te du général von
120 cartouches. Beseler des pertes
Les Belges possèdent, comme pièce de extrêmement sensibles. Pour nous résumer,
campagne légère, un 75, qui ressemble au nos amis Belges possèdent une excellente
matériel Krupp légèrement modifié. Il est artillerie qu'ils utilisent admirablement.
:
Krupp, modèle 1904, 12 c portée maxima
aux signaux du télégraphe Chappe de ma-
rine;ou encore le porte-voix ou le téléphone.
Il a déjà été noté, au cours de cette cam-
6.400 m, vitesse initiale 300 m, poids du pagne, que les Allemands font un usage
projectile avec sa charge 20 k 500. constant du téléphone pour le tir d'artillerie.
Oboukhov-Poutilov, modèle 1904, éga- Leurs appareils sont, à ce point de vue, tout
lement, 12 c 2 : portée maxima, vitesse à fait remarquables. N'ont-ils pas eu la pré-
initiale et poids de projectile, respectivement tention, nous racontait un officier revenu
de 6.400 m, 293 m, et 23 kilogrammes 200. récemment du front, d'installer des postes
Dans les deux mo- téléphoniquesjusqu'à
dèles postérieurs, la
:
portée est plus grande
Krupp, modèle
six kilomètres de cer-
taines batteries, pour
c
1909,12 2: la portée
atteint 7.500 m; le
être à même d'en
régler le tir avec plus
de précision? Mais il
projectile qui pèse est aisé de concevoir
22k900 est tiré à une toutes les difficultés
vitesse de 335 m. inhérentes à de tels
Ce sont à peu de essais. A vouloir trop
chose près les mêmes perfectionner les mé-
chiffres qui s'appli- thodes, on risque de
quent au derniertype, manquer le but à
Schneider 1909,12c2: atteindre. D'honnêtes
7.500 m pour la por- installations, simples,
tée, à la même vitesse rapides, pratiques,
initiale de 335 m. Le comme celle que mon-
projectile est de 100
- grammes plus léger
22 kilogr. 800.
: tre notre cliché, ci-
contre, voire même de
simples et primitifs
POSTE DE SIGNALEURS POUR LE REPÉRAGE
Les modèlesde 1909 L'ARTILLERIE signaux humains, res-
DU TIR DE tent dans certains cas
ont tous deux un
champ de tir vertical le comble de l'art,
de — 5° a + 45°; leur voiture-pièce pèse car il est des instants, à la guerre, où l'ac-
2.200 k, la pièce en batterie, 1.300 k environ. tion ne souffre pas le moindre retard.
Pour le repérage du tir, les artilleurs Nous devons dire ici que, nous autres
russes utilisent des postes de signaleurs Français, en ce qui concerne l'utilisation du
fort ingénieusement organisés. téléphone de campagne pour régler le tir
On sait quel'artillerie, tirant toujours de nos bouches à feu, nous n'avons rien à
envier aux Allemands. Chacune de nos bat- téléphonique, et qui signale les buts à attein-
à
teries possède un « guetteur », un homme
courageux qui, souvent, s'est porté plu-
sieurs kilomètres en avant des pièces, dé-
dre, donne des indications pour les recti-
fications du tir et annonce les résultats
obtenus. On voit souvent deces « guetteurs»
roulant dans sa marche périlleuse son fil installés à 500 mètres des batteries ennemies.
t-on, envoyer efficacement jusqu'à 500 pro- du chariot porte-frein; 3° d'une sorte de
jectiles en 60 secondes. fourgon un peu semblable à celui qui est en
Comme on peut s'en rendre compte usage chez les pompiers parisiens et qui sert
d'après nos reproductions photographiques, au transport des hommes — une quaran-
l'obusier autrichien de 30 c 5 est peut-être taine environ — chargés de la manœuvre
le plus formidable engin qui ait été fabriqué, de la monstrueuse machine, de son pointage
en ces dernières années, pour la guerre et de son approvisionnement en munitions.
Il se compose de trois parties distinctes
1° la pièce proprement dite, flanquée de
:
terrestre. C'est un léviathan de fer et d'acier. Terminons en disant que les grosses pièces
de l'artillerie autrichienne, de même que
celles des autres principales puissances, sont
sièges en tôle d'acier pour les servants et ou peuvent être, depuis quelques années,
montée sur quatre roues en fer forgé, munie munies des ceintures de roues que nous avons
chacune d'un bandage d'acier; 20 le frein déjà nommées. Ce dispositif a pour but de
hydraulique — ou à glycérine — fixé sur permettre le transport, en tout terrains, des
un chariot spécial, et qui, au moment du plus lourds engins de guerre et possède, en
tir, est juxtaposé à l'arrière de la pièce, après outre, l'avantage de rendre inutile l'emploi
démontage préalable des roues arrière de d'une plate-forme pendant le tir. Ces cein-
l'affût de cette dernière et des roues avant tures de roues sont constituées par une
La Turquie, dont l'éducation militaire les furieux combats qui se sont livrés, vers le
a été entreprise par l'Allemagne, utilise 10 décembre, aux abords des villes de Valjevo
naturellement le matériel Krupp. et d'Uzitzé, les Austro-Hongroisont éprouvé
Le Montenegro est armé de canons alle- la puissance et l'efficacité de leur tir.
mands, également, de 8 c et de 7 c 5, et
d'une quarantaine d'obusiers et de canons UN ANCIEN COLONEI. I>'AKTILI.KIIIK.
LES DROITS ET LES DEVOIRS DES HABITANTS
EN PAYS OCCUPÉ PAR L'ENNEMI
(Décisions de la Conférence de la Haye)
L quemaires
ES et habitants des territoires
les
l'ennemi peut envahiront intérêt à
plus haut, sont la réquisition et la contri-
bution imposées pat l'ennemi.
connaître les principaux articles du droit La réquisition ne doit s'appliquer qu'aux
international, ou droit des gens, qui règlent objets nécessaires à l'armée et doit être
leurs rapports avecles occupants provisoires adressée non pas aux individus, mais aux
La question a une ampleur considérable municipalités. Si ces dernières n'existent
et il est impossible de la traiter complète- plus, elles doivent être reconstituées par
ment ici. Nous ne parlerons que de deux une réunion de notables.
éventualités qui intéressent plus particuliè- En territoire national toute réquisition
:
rement les habitants des territoires occupés donne droit à une indemnité; mais quand
par l'ennemi la réquisition et la contribution. c'est l'ennemi qui réquisitionne, il est bon
Le droit international écrit est basé sur la de savoir que l'obligation internationale de
convention de Genève, revisée en 1906, et payer n'existe pas, quoiqu'il soit recom-
sur les conventions de la Haye, signées en mandé à tous les chefs de troupes de payer
1899 et 1907 par les nations adhérentes, quand cela leur sera possible.
La première concerne particulièrement L'article 52 des conventions de la Haye
les blessés et les malades; les autres ont (1907) ordonne, toutefois, de donner reçu
envisagé la plupart des questions générales des objets réquisitionnés. Le paiement des
et réglé les rapports des belligérants entre sommes dues doit être effectué le plus tôt
eux et des belligérants avec l'habitant. Leur possible, dit-il également. Mais comment
observation par l'armée française est subor- l'habitant se fera-t-il payer"? Il n'en est ques-
donnée à la réciprocité de la paît de l'ennemi. tion nulle part. C'est une lacune importante.
A l'heure où l'Allemagne a déjà violé Qui a le droit d'exercer les réquisitions?
deux clauses importantes de la convention Les généraux commandants de corps
de la Haye, il est utile de rappeler qu'elle a d'armée, les généraux de division et les chefs
publié en 1902 un manuel intitulé Lois de de troupes spéciales en ont seuls le droit
la guerre continentale, ou, chose surprenante, mais ce droit est souvent délégué aux fonc-
;
les règles que cet ouvrage contient sont pré- tionnaires de l'intendance, sous forme d'un
sentées comme de simples recommandations, carnet à souches contenant un certain nom-
alors que les délégués allemands avaient bre d'ordres de réquisition en blanc.
signé en 1899 le traité qui les établit for- Les chefs de détachements qui n'ont pas
mellement. C'est une duplicité de plus. de carnets peuvent exceptionnellement re-
Cette publication produisit une grande quérir pour les besoins de leurs troupes, dans
émotion et les délégués s'apprêtaient à une mesure limitée à la journée.
protester, en 1907, au cours de la deuxième
;
En cas de résistance des populations, les
conférence de la Haye. Mais l'Allemagne réquisitions ont lieu de force mais les hom-
prit les devants et proposa d'introduire dans mes qui en sont chargés doivent toujours
adopté par les représentants des puissances :
les conventions l'article suivant, qui fut être conduits par un officier.
La réquisition des objets de luxe — ci-
La partie belligérante qui violerait le règle- gares, liqueurs, primeurs, vins fins, etc.—
ment serait responsable des actes de sa force est formellement interdite.
armée et tenue à indemnité. (Article 3.) Les contributions sont les demandes d'ar-
Donc, l'Allemagne a signé les conven- gent. Elles sont exigées à la suite d'un ordre.
tions, mais elle se réserve de les violer, quitte De même que les réquisitions, elles impli-
à payer le dommage. ou à promettre de le quent la contrainte et peuvent amener
faire, quand bon lui semblera. l'emploi de la force.
Toutefois, dans les armées qui se trouvent La contribution en argent est souvent
en présence, le principe du respect de la pro- substituée à la réquisition en nature. Elle
priété privée est beaucoup plus solidement est adressée à la commune, suivant certaines
établi qu'il y a quarante ans. règles bien définies.
Ce respect comporte quelques exceptions Voici, du reste, les principaux articles de
ner des éclaircissements :
importantes, sur lesquels nous allons don- la convention de la Haye, qui règlent les
:
devoirs de l'autorité militaire sur le terri-
Les principales, comme nous le disons toire d'un Etat ennemi
Art. 44. Il est interdit formellement à aux opérationsde guerre contre leur patrie.
—
un belligérant de forcer la population d'un Ces réquisitions et ces services ne seront
territoireoccupé à donner des renseigne- réclamés qu'avec l'autorisation du com-
ments sur l'armée de l'autre belligérant ou mandant dans la localité occupée.
sur des moyens de défense. Les prestations en nature seront autant
Art-45. — L'honneur et les droits de la que possible payées au comptant, sinon elles
famille, la vie des individus et la propriété seront constatées par des reçus en bonne
privée, ainsi que les convictions religieuses et due forme, et le paiement des sommes
et l'exercicedes cultes doivent être respectés. dues sera effectué le plustôt possible.
Art. 46. —= La propriété privée ne peut, Art. 53. — L'armée qui occupe un terri-
en aucun cas, être confisquée. toire ne pourra saisir que le numéraire, les
Art. 47. —Le pillage est formellement fonds et les valeurs exigibles appartenant
interdit. Il doit être sévèrement réprimé. en propre à l'Etat; les dépôts d'armes,
Art. 48. — Si l'occupant prélève dans le moyens de transport, magasins et propriété
approvi-
territoire occupé les impôts, droits et péages sionnements et, en général, toute
établis au profit de l'Etat, il le fera autant mobilière de l'Etat de nature à servir aux
que possibled'après les règles de l'assiette opérations de la guerre.
et de la répartitionen vigueur, et il en résul- Tous les moyens affectés sur terre, sur
tera pour lui l'obligation de pourvoir aux mer etdans les airs à la transmission des
frais de l'administration du territoire occupé nouvelles, au transport des personnes ou
dans la mesure où le gouvernement légal y des choses, en dehors des cas régis par le
était tenu avant les hostilités. droit maritime, les dépôts d'armes et, en
Art. 49. — Si, en dehors des impôts visés général, toute espèce de munitions de guerre,
à l'article précédent, l'occupant prélève peuvent être saisis, même s'ils appartiennent
d'autres contributions en argent, dans le à des personnes privées, mais ils devront
territoire occupé, ce ne pourra être que être restitués et les indemnités seront réglées
pour les besoins de l'armée ou de l'admi- après la conclusion de la paix.
nistration de ce territoire. Art. 56. — Les biens des communes, ceux
Art. 50. — Aucune peine collective, pécu- des établissements consacrés au culte, à la
niaire ou autre nepourra être édictée contre charité et à l'instruction, aux arts et aux
les populations à raison de faits individuels sciences, même appartenant à l'Etat, seront
dont elles ne pourraient être considérées traités comme la propriété privée.
comme solidairement responsables. Il est important de rappeler que les sujets
Art. 51. — Aucune contribution ne sera des pays neutres, établis dans les pays
perçue qu'en vertu d'un ordre écrit et sous -
occupés par l'ennemi, ne peuvent refuser
la responsabilité d'un général en chef. ni réquisition ni contribution et qu'ils ne
Il ne sera procédé autant que possible à doivent s'attendre à aucun remboursement.
cette perception que d'après les règles de Le cas s'est présenté en 1870, pour des
l'assiette et de la répartition des impôts en Anglais et des Américains. Ils ont payé,
vigueur et contre reçu régulier. mais protesté. Aucune suite n'a pu être
Art. 52. — Des réquisitions en nature et donnée à leurs réclamations contre l'Alle-
des services ne pourront être réclamés des magne ni contre la France.
communes ou des habitants que pour les Le congrès de la Haye a refusé d'admettre
besoins de l'armée d'occupation. Ils seront que ces charges de guerre fussent plus lour-
en rapport avec les ressources du pays et de des pour les nationaux, en raison de la pré-
telle nature qu'ils n'impliquent pas pour les sence des étrangers sur le territoire occupé
populations l'obligation de prendre part temporairement par l'ennemi.
La Belgique orientale et le Luxembourg, dont les frontières ont été violées, dès le premier jour, par les
innombrables hordes teutonnes, sous le commandement du général von Emmich.
L'ambassadeur britannique prévint alors mand persista dans ses intentions déloyales
le chancelier que l'Angleterre ne permettrait et, le lendemain, les troupes germaniques
pas cette violation du droit, et s'y opposerait pénétraient violemment sur le territoire
au besoin par les armes. En dépit de cet belge. A cet acte odieux, l'Angleterre riposta
avertissement solennel, le gouvernement alle- aussitôt par une déclaration de guerre.
-
Le 20.
veaux
-Nou-
Roulers. par lui la médaille de la Croix-Rouge de première classe.
effortsinfructueux de l'ennemi ces, avancent encore
Le 2. — Les
au sud
-
alliés, renfor
de'Dixmude.
pour passer l'Yser en fortes masses. Le 3. — Les Allemands abandonnent les
Le 21. — Les Belges et les alliés repoussent rives del'Yser,après de fortes pertes.
les furieuses attaques allemandes sur Le 5. — Dans la région de Dixmude les
Dixmude, où pleuvent les obus. attaques allemandes s'affaiblissent.
Le 23. — Tout le pays est inondé par la Le 6. — Continuation de l'offensive heu-
rupture des digues, et les Allemands, reusedesalliés à l'est et ausudd'Ypres.
repoussés sur tout le front, subissent des Le 8. — Les Allemands dirigent des atta-
pertesde plus en plus considérables. ques plus violentes contre Dixmude.
Le 25. — Les Allemands parviennent Elles sont repoussées brillamment. L'en-
à franchirl'Yser,mais leurs pertes nemi perd un monde énorme.
sont énormes. Successivement, les déta-
chements qui ont pu passer la rivière
-
Le 10. Dans la régiond'Ypres, les atta-
ques allemandes reprennent avec fureur,
sont anéantis, et les cadavres, par mais elles sont arrêtées avec énergie.
Le 11. — Les Allemands attaquent tout chent à déboucher de Dixmude. Ils sont
le front avec violence, mais sont repoussés repoussés, malgré leur violente attaque,
sur presque tous les points. Ils occupent et le terrain est couvert de leurs morts.
Dixmude, au prix de pertes considérables. Le 14. — Les attaques allemandes contre
Le 12. — L'ennemi parvient à faire pas- Yprès deviennent moins pressantes.
ser quelques troupes sur la rive gauche de Le 15. — L'ennemiestcontraintderepas-
l' Yser, à la faveur de l'obscurité. ser l'Yser. Dans les derniers jours, ses
Le 13.— Vainement les Allemands cher- pertes totales ont été de 80 o/o environ.
(Voir à la fin du volume la suite de la chronologiedes faits de guerre sur le territoire belge.)
1
L vasion
plan allemand comportant la rapide
E
de la France, en vue d'un prompt
in- Belges, dont la superbe conduite valut à
la ville de Liège d'être décorée de la Légion
retour offensif vers la Russie, l'Alle- d'honneur. Néanmoins, devant l'acharne-
magne adressa le 3 août un ultimatum à la ment des assaillants, qui reçurent l'artillerie
Belgique, l'invitant à lui livrer passage. Le lourde qui leur manquait au début, il devint
gouvernement belge ayant opposé un éner- évident que la prise de possession de la ville
gique refus à cette demande, les troupes alle- serait bientôt un fait accompli. Les troupes
mandes, violant la neutralité de laBelgique, de la défense mobile se retirèrent donc en
garantie pardes traités, pénétrèrent chez bon ordre, tandis que les forts continuaient
elle par Visé, où il leur fallut soutenir un la résistance. Ils tenaient toujours le 23 août,
violent combat, accompagné de pertes date à laquelle le major Namèche fit sauter
énormes. Elles marquèrent leur fureur en celui de Chaudfontaine, qu'il commandait,
brûlant Visé et en mas- pour ne pas le rendre.
sacrant une partie de la Entre temps, les Alle-
population. Poursuivant mands avaient, pu s'in-
leur marche, avec une troduire dans Liége, tan-
rapidité semblant tou- dis que la masse de leurs
jours s'accentuer, sous le troupes, après de vifs
commandement du géné- engagements à Dinant,
ral von Emmich, elles se où la cavalerie française
heurtèrent aux fortifica- mit en fuite deux de
tions de Liège, qu'elles leurs divisions, parvenait
essayèrent d'emporter à passer la Meuse et en-
par une attaque brus- treprenait l'investisse-
quée. Mais, soit devant ment de Namur. Dans
les forts, soit en rase cam- ces heures tragiques, le
pagne, elles subirent un général Leman fit preuve
échec complet, laissèrent d'un héroïsme merveil-
sur le terrain des milliers leux, et refusa obstiné-
de morts et de blessés, ment de capituler. Lors-
et un de leurs corps d'ar- qu'il fut acculé à la red-
mée fut contraint de LIÉGE ET SES DÉFENSES dition, il fit sauter le
battre en retraite mo- fort qu'il occupait. Les
mentanément. Le lendemain et les jours Allemands retrouvèrent son corps sous les
suivants, elles revinrent à la charge, s'épui- décombres, et purent ramener à la vie
sant en assauts désespérés, repoussées par l'énergique soldat. Leurs pertes, dans les
la garnison des forts et les hommes de divers combats de Liège, furent évaluées à
la défense mobile avec un admirable cou- 40.000 hommes, dont 10.000 morts. Ce fut
rage. Les Allemands parvinrent cependant pour eux une désastreuse entrée en cam-
à pénétrer dans Liège, en petit nombre, pagne, dont ils se vengèrent par l'incendie
et tentèrent d'assassiner le gouverneur de de Louvain et la destruction de Termonde.
la place, le vaillant général Léman. Cette Les forts de Liège résistaient encore quand
entreprise manquée redoubla l'énergie des leurs troupes parurent devant Bruxelles.
Il n'est pas exagéré de dire que la défense soit pendant les immortelles journées de
de Liège, première difficulté rencontrée par l'effrayante bataille de l'Yser, dont nous
l'Allemagne sur une route où elle s'imaginait parlons plus loin. On peut affirmer que c'est
àLiège queleco-
que tous les ob-
stacles s'évanou-
iraient devant
elle, eut une in-
;
losseallemand a
trébuché c'est
là qu'il a reculé
fluence énorme
sur la suite des
événements.
;
pour la première
fois c'est là que
la force brutale
Non seulement s'est heurtée à
elle permit aux une nation com-
Francais et aux battant pour son
Anglais de ga- honneur et sa li-
gner du temps, berté, exemple
mais encore elle admirable, qui
exalta et poussa devait soulever
au suprême de- le monde. Le
gré le courage du jour où le Prési-
vaillant peuple dent de la Répu-
belge. Après blique a décoré
avoir tracé, sous lavilledeLiège,
la mitraille et il a exprimé en
dans le sang, quelque sorte le
une si belle pa- sentiment d e
GÉNÉRAL VON EMMICH ge deson histoi- tout l'univers, GÉNÉRAL LEMAN
Commandant Formée (f/M- re, il ne
pouvait sentiment qui Le glorieuxdéfenseur de la
pas se montrer survivra aux an-
vasionallemande. inférieur à lui- néesetnes'af- place de Liège
même. Il ne tarda pas à le prouver, faiblira jamais. La Belgique a inscrit son
soit pendant la longue série de combats qui nom sur l'une des pages les plus glorieuses
précédèrent l'attaque et la prise d'Anvers, de l'histoire du genre humain!.
LA PRISE DE NAMUR
L Allemands.
temps
E faisait pressant pour
se
Ils devaient à tout prix
l'erreur, et, dans tous les cas, l'ennemi ne
les
songeait pas à s'immobiliser devant Namur.
regagner les Il avait le désir de
heures perdues de- rencontrer et de
vantLiège, s'ils ne culbuter l'armée
voulaient pas voir française. Quant
avorter le plan aux forces an-
d'invasion brus
quée de la France,
- il
glaises, ignorait
encore leur pré-
qui activait alors sence. On sait
sa mobilisation et d'ailleurs que
acheminait des l'état-major prus-
corps considéra- sien affectait de
bles vers la Belgi- les mépriser. Les
que. Ils se hâtèrent Allemands fran-
donc de continuer chirent donc la
leur marche à Meuse, entre Huy
l'Ouest, pendant et Namur, en
que se poursuivait masses profondes.
l'attaque des forts Auparavant, leurs
de Liège. Ceux de tentatives pour
Namur parais- traverser ce cours
saient devoir les d'eau à Dinant
arrêter à leur tour, LA PLACE DE NAMUR ET SES FORTS avaient été pour
-il,
semblait plus eux l'occasiond'in-
longtemps encore, leur construction étant succès sérieux. Au cours de ces combats
plusrécente et leur armement très impor- de Dinant, la cavalerie française donna les
tant. L'événement montra qu'on était dans marques de la plus belle intrépidité, et
chargea si vigoureusement l'ennemi qu'elle défenseurs, les forts de Namur ne pouvaient
l'obligea à fuir sur une longue distance, lui tenir, écrasés qu'ils étaient par les énormes
tuant et lui blessant beaucoup de monde. projectiles des pièces lourdes allemandes.
A Dinant,comme ailleurs, la barbarie tu- Plusieurs d'entre eux furent détruits, et il
desque se manifesta odieusement et anéantit devint impossible de s'entêter dans une
une partie de cette curieuse cité. Peu résistance désormais sans efficacité. Du
après, l'armée allemande commença l'in-
vestissement de Namur, et engagea aussitôt
contre les forts de ce camp retranché un feu
terrible, rendu immédiatement efficace par
;
reste, les armées alliées n'avaient point
fait de Namur la base de leurs prochaines
opérations elles accomplissaient leur con-
centration en arrière de Charleroi, où devait
la présence de la grosse artillerie qui avait se livrer, quelques jours plus tard, exac-
fait défaut durant les premières journées de tement le 23 août, la première grande
l'attaque de Liège. Malgré l'énergie de leurs bataille de la guerre européenne.
E N même temps qu'ils investissaient Na- fut pas molestée, mais dès les premiers jours
vers Charleroi, les de l'occupation le prix des denrées s'accrut
mur et marchaient
Allemands s'acheminaient surBruxelles, dans des proportions fort élevées et, à la
occupation nulle au point de vue purement longue, les vivres se firent si rares qu'au
;
stratégique, mais qui devait provoquer un début du mois d'octobre il fallut songer à
effet moral considérable, pensaient-ils, chez assurer la vie des habitants mais on ne s'y
les alliés, d'une part, et en Allemagne, décida que sur les représentations vigou-
d'autre part, où l'on avait pris soin de dissi- reuses du représentant des Etats-Unis. Pen-
muleraux populations les dif- dant plus de six semaines,
ficultés rencontrées à Liège. M. Max continua à exercer
Le gouvernement belge ne ses fonctions de bourgmes-
pouvait s'arrêter un instant tre, défendant courageuse-
à la pensée de défendre la ment les Bruxellois contre
capitale par des fortifica- les exigences du gouverneur
tions improvisées, s'il ne allemand, et cela jusqu'au
voulait pas vouer cette ville jour où ce dernier, ne parve-
à une destruction certaine. nant pas à obtenir de ce
Il se transporta donc à An- magistrat héroïque une com-
vers, où le roi l'accompagna, plaisance servile, le fit arrê-
y conduisant l'armée entière. ter et transporter dans une
La route étant libre, les Al- forteresse. Il convient de dire
lemands se présentèrent aux que si l'occupation de Bru-
portes de Bruxelles dans la xelles a été marquée par le
journée du 21 août. Par un caractère d'insolence et de
prudent manifeste, le coura- grossièreté dont les Germains
geux bourgmestre, M. Max, ne se départissent jamais, les
avait recommandé le calme citoyens et les monuments
à ses concitoyens. Ceux-ci ont été généralement respec-
accueillirent l'ennemi avec tés. Au lendemain des atro-
froideur, en se gardant de cités de Louvain, les envahis-
toute manifestation, malgré seurs de la Belgique n'osèrent
l'attitude insolente qu'affec- pas recommencer leurs' cri-
tèrent les officiers teutons mes, gênés qu'ils étaient,
pendant le défilé de leurs malgré leur audace, par la
troupes à travers la ville. M.MAX révolte de l'opinion univer-
Dans le but évident de dé- Bourgmestre de Bruxelles. selle. Ils se contentèrent, peu
terminer des protestations, après leur arrivée, de prati-
certains d'entre eux avaient pris soin d'atta- quer autour de laville des travaux de défense
cher à leurs chevaux des officiers belges pri- qui donnèrent à penser qu'ils envisageaient
sonniers, qu'ils promenèrent ainsi sous les déjà la possibilité d'une future retraite.
yeux de la foule indignée. Le général von Sans doute avaient-ils cru que le monde,
Arnim, nommé gouverneur militaire, informa rendu craintif par leur course foudroyante
M. Max que l'imposition de guerre de Bru- à travers la Belgique et la France, en vue
xelles serait de 200 millions, et sur la décla- de gagner Paris, qu'ils s'imaginaient enlever
ration du bourgmestre que cette somme ne dans la seconde quinzaine de la guerre,
serait pas payée, des otages furent aus- n'oserait pas protester contre des procédés
sitôt désignés. La population, d'ailleurs, ne qui ramènent la pensée vers les horreurs et
les atrocités demeurées fameuses des inva- que ces emprunts furent méthodiques et
sions barbares. Déçus dans leurs espérances, pratiquésd'après des indications émanant de
ils furent impressionnés par l'unanime ré- la direction générale des musées impériaux.
probation des peuples civilisés. Les Quoi qu'il en soit, les biens des
meurtres, les incendies, les lâches particuliers furent à peu près res-
fusillades de citoyens paisibles, les pectés, mais le bourgmestre, comme
vols systématiques, le pillage orga- nous l'avons dit, eut à défendre la
nisé, retiraient à la marche des propriété publiquecontre les âpres
armées germaniques ce qu'elle au- etincessantes demandes du général
rait pu avoir de grandiose et von Arnim. M. Max donna, dans
donnait à cette ruée d'une foule ces circonstances tragiques, où sa
furieuse un caractère de colossal vie était perpétuellement en dan-
banditisme. On sait, du reste, par ger, le plus noble exemple du cou-
les déclarations des écrivains mili- rage civique. Il faut reconnaître,
taires les plus autorisés de la Ger- au surplus, que la nation belge,
manie que dans l'esprit des prépa- dans son ensemble, s'est montrée
rateurs et des auteurs responsables magnifique, admirable de volonté,
de la guerre européenne, la terreur d'énergie et d'honneur.
est un des moyens qu'il convient Elle s'est imposée pour toujours
d'employer pour vaincre la résis- à l'admiration des autres peuples
tance des pays envahis. Malheureu- et des générations à venir. Au cou-
sement pour l'honneur allemand. rage, le bourgmestre joignait un
on n'ignore pas que ces abominables esprit gouailleur qui mit plus d'une
leçons furent écoutées et mises en fois hors de lui-même le gouverneur
pratique dès les premiers jours de allemand. Lorsque celui-ci, en par-
la campagne. Mais, encore une fois, ticulier, voulut le contraindre à
les envahisseurs, parvenus dans la verser un chiffre énorme de mil-
capitale de la Belgique, n'osèrent lions, à titre d'indemnité de guerre,
pas s'y livrer à leurs exploits ha- M. Max répondit que cela lui était
bituels, honte de l'humanité. impossible, pour la raison que tout
Il est juste de dire que les sages l'argent de Bruxelles avait été em-
exhortations de M. Max contri- porté à Anvers par le gouverne-
buèrent pour beaucoup à réduire
les Allemands à l'impuissance de
mal faire, car la population, conte-
!
ment belge. « Vous pouvez l'y
envoyer chercher » ajouta-t-ilavec
un léger sourire. Von Arnim, ce
nant ses légitimes ressentiments en jour-là, faillit étouffer de colère.
face des violateurs de la liberté Quant aux soldats, campés aux
belge et de cette neutralité qu'ils GÉNÉRAL abords de la ville ou enfermés dans
devaient respecter puisqu'ils s'y des casernes, ils évitaient les con-
étaient engagés par traité, ne se VON ARNIM flits avec les civils. Leurs officiers
laissa aller à aucune action pou- Commandant de ne tardèrent pas à les employer
vant prêter occasion aux troupes l'armée allemande à des travaux de défense per-
allemandes de commettre dans d'occupation de mettant de supposer qu'ils envi-
Bruxelles des actes de violence. Bruxelles. sageaient, dès le commencement
Néanmoins, les musées de la ville du mois de septembre, au lende-
reçurent la visite intéressée des amateurs main des batailles livrées en France sur la
d'outre-Rhin et l'on croit que des emprunts Marne, la possibilité d'une future retraite,
importants y furent réalisés. Il paraît même c'est-à-dire la crainte d'un grave échec.
ANVERS,
RÉDUIT DE LA BELGIQUE, ET SA DOUBLE CEINTURE DE FORTS
1
vers, le 25 Août, les obligea à reculer, et de leur artillerie s'enfonça dans les terrains
pendant quelques jours le quartier général inondés. Ces actions se poursuivirent jus-
belge demeura à Malines, qu'un retour qu'au commencement d'octobre, époque à
offensif de forces allemandes, appuyées de laquelle, marquant une activité aussi brusque
grosse artillerie, livra définitivement à l'en- que violente, l'armée allemande entreprit,
nemi. Une série de combats dans lesquels sous la direction dugénéral von Beseler,
les troupes belges furent presque toujours l'attaque directe du camp retranché d'An-
heureuses se plaça entre les 2 et 21 septem- vers, qu'elle parvint à forcer près de Lierre,
bre. Ces rencontres furent souvent désas- contraignant les Belges à abandonner les
treuses pour les Allemands. A Waelhem, bords de la Nèthe. Dès lors, la situation de
la place parut compromise, en dépit du détruisit à moitié le Palais de Justice. Aupa-
concours que prêtait à la défense un corps ravant, des Zeppelins et des Taubes étaient
anglais de 6.000 hommes, ayant amené avec venus jeter des bombes sur la ville, essayant
luiIlde gros canons de marine. Le gouverne- d'atteindre la demeure de la famille royale,
ment se retira à Ostende, d'où il ne devait tuant de nombreuses personnes et causant
pas tarder à par- de graves pertes
tir pour le Havre. matérielles. En
Le 8 octobre, le entrant à Anvers,
roi Albert, dont dans la soirée du
l'attitude n'avait 9 octobre, les Al-
pas cessé d'être lemands constatè-
magnifique, ainsi rent que presque
que celle de la toute la popula-
reine, quitta la tion civile s'était
ville à son tour, volontairement
précédant l'ar- exilée. D'ailleurs,
mée, dont le rôle ils ne commirent
devenait néces
saire dans des
- aucun acte de
cruauté, confor-
opérations d'en- mément aux or-
semble avec les dres du vice-ami-
troupes alliées.La ral Schrôder,
retraite s'opéra désigné comme
dans un excellent gouverneur mili-
ordre, au cours taire d Anvers,
des journées du mais ils montrè-
9 et du 10, malgré rent un vif dépit
les tentatives des en voyant que
Allemands pour leurs prises consis-
la troubler.Avant taient seulement
leur départ, les en vieux canons
Belges enlevèrent GÉNÉRAL VON BESELER VICE-AMIRAL SCIIRÔDER horsd'usage.L'oc-
les superbes tré- Commandant des troupes Gouverneur militaire alle- cupation d'An-
sors artistiques ennemies qui se sont em- mand de la grande cité vers, sans valeur
des musées et des stratégique, et
;
parées d'Anvers. maritime belge.
églises, et détrui- destinée proba-
sirent tous les blement à relever
approvisionnements on fit sauter les navires le moral de l'Allemagne, coûta une quaran-
de commerce allemands qui se trouvaient taine de mille hommes à l'armée impériale,
dans le port, et tous les canons furent em- dans l'ensemble des opérations. Durant les
menés, de telle sorte qu'il ne resta rien aux dernières journées surtout les pertes furent
mains de l'ennemi. Celui-ci avait entrepris, le sensibles. On estime à près de cinq mille le
9 octobre, un bombardement d'une extrême nombre des soldats allemands qui furent
violence, qui incendia une partie d'Anvers et tués au seul passage de l'Escaut.
L'OCCUPATION DE LA BELGIQUE
A uprenaient
moment où les troupes allemandes
possession de la capitale de
valeur de l'œuvre de Von der Goltz. Sous
sa main, la Belgiquene pouvait pas con-
1,la Belgique, et afin de bien montrer naître un sort passable. L'occupation alle-
qu'il ne s'agissait pas dans son esprit d'une mande a été marquée par des exactions et
occupation temporaire, mais en réalité d'une des abus de la force sans nombre. Les villes,
conquête, le gouvernement impérial nomma comme nous l'écrivons d'autre part, furent
le maréchal Von der Goltz gouverneur mili- frappées de contributions énormes, garanties
taire du pays. Ce haut personnage, héritier silence, d'es-
par des otages; un régime deimposé
des plus brutales traditions prussiennes, pionnage et de famine fut à Bru-
avait pendant longtemps représenté l'Alle- xelles; le traitement de Namur et celui de
magne militaire en Turquie; c'était à lui que Liége ne furent pas meilleurs. A Anvers,
l'empire ottoman devait la réorganisation de l'entrée de l'ennemi provoqua l'exode de
son armée, et aussi l'ensemble des fortifica- presque toute la population, qui n'ignorait
tions d'Andrinople, que la presse germanique rien des odieuses pratiques du vainqueur
déclarait imprenables. On sait quelle fut, temporaire. En effet, à Louvain, à Visé, à
devant les peuples balkaniques en armes, la Dinant et ailleurs, mais principalement dans
les villages, des centaines de personnes Visé et de Louvain se rendirent odieux à un
furent arrêtées et emmenées en Allema- peuple excellent, coupable d'avoir été loyal
gne, au mépris du droit des gens, pour y et courageux, et qui puisa dans l'occupation
être contraintes à des travaux agricoles allemande de nouvelles raisons de chérir son
ou autres. Ce traitement indigne donne à indépendance et sa vieille liberté.
:
la guerre germanique son
véritable caractère elle se
rattache par là au plus loin-
tain passé, et renouvelle, en
Il n'est pas inutile de rap-
peler que le gouverneur
allemand de la Belgique en-
vahie avait précédemment
notre temps, les invasions manifesté son opinion, en
barbares, suivies de la mise faveur du régime de la force
en esclavage des populations et de la terreur, dans des
vaincues.D'autres pratiques, ouvrages qui constituèrent
dont certaines assez puériles, en quelque sorte le caté-
furent imaginées par les en- chisme des officiers prus-
vahisseurs, avec l'assenti- siens. On pouvait supposer
ment du maréchal-gouver- que ce haut personnage
neur. C'est ainsi que les avait cédé à l'entraînement
citoyens de Bruxelles se vi- du paradoxe, mais le traite-
rent forcés d'employer les ment abominable dont la
formulaires allemands pour malheureuse Belgique fut
la rédaction des actes de l'objet a montré que ces
l'état civil. Dans toutes les théories étaient vraiment
villes occupées, il fut inter- pour l'Allemagne militaire
dit à la population de circuler des articles de foi. Le pas-
avant telle heure du matin, sage des Germains sur une
et, le soir, chacun dut être terre de travail et de paix a
rentré chez soi avant neuf été marqué par une effroya-
heures. Les stationnements ble débauche de vandalisme,
sur la voie publique étaient et aussi par des scènes
défendus. Dans les cafés et d'horreur que les générations
les restaurants, les officiers MARÉCHAL VON DER GOLTZ futures auront peine à con-
allemands se montraient in- Prédécesseur du général cevoir. Les saturnales d'An-
solents et grossiers. La lec- von denne, notamment, où l'on
Bissing comme gouverneur al-
ture des journaux venus du lemand de la Belgique.
vit les soldats du kaiser eni-
dehors était punie comme un vrer de force les femmes et
grave délit. En un mot, dans les jeunes filles, et les outra-
les petites choses comme dans les grandes, ger en présence des cadavres de leurs frères et
les violateurs de la neutralité belge, les de leurs maris, demeureront une page unique
meurtriers et incendiaires de Termonde, de dans l'histoire des infamies allemandes.
trois jours de suite, ne permirent pas aux deux côtés. Les Allemands parvinrent à
Allemands d'entamer la ligne de l'Yser et chasser les Belges de Dixmude, mais ces
de s'installer soit à Dixmude, soit à Nieu- derniers reparurent tout à coup, chargèrent
port. Les pertes des assaillants furent consi- aux cris de : Louvain! Termonde! et firent
dérables. Les trains emmenant les blessés un affreux massacre de leurs ennemis. Ces
se succédaient sans interruption. On en vit derniers, sans se laisser rebuter par des
passer dix-sept dans la seule gare de Bruges. pertes inouïes, amenaient sans cesse de nou-
Ces insuccès ne découragèrent pas les velles forces sur le terrain et continuaient
assaillants, qui revinrent à l'assaut plus leurs attaques. Néanmoins, dans la dernière
furieusement que jamais. Ils se portèrent
sur le village de Middelkerke, situé à moi-
ils
semaine d'octobre, parvinrent à traverser
l'Yser. Ce fut le succès d'un jour. Le len-
tié chemin, entre Nieuport et Ostende, demain, les alliés les chargèrent à la baïon-
et le combat s'étendit dans toute cette nette, avec une extraordinaire furie, après
région, où les troupes belges et franco- une canonnade terrible, et les repoussèrent
anglaises furent puissamment aidées par sur la rive gauche de la rivière et du canal.
Malheureusement pour eux, le kaiser tenait plus apparent que réel, coûtait aux Alle-
à l'occupation de Dunkerque, Calais et mands près de 80 de leurs effectifs.
Boulogne, d'où il croyait pouvoir intimider Enfin, pour la deuxième fois, des troupes
l'Angleterre. Dans une attaque nocturne, allemandes traversèrent l'Yser, mais, du
l'ennemi parvint à entrer dans Ypres, d'où il 13 au 15 novembre, elles furent écrasées
fut repoussé par une magnifique contre- par les alliés, de telle sorte que les deux
attaque des troupes britanniques. Il fut rives du cours d'eau étaient évacuées à cette
plus heureux à Dixmude, dans la soirée du dernière date. Jamais tant de combats meur-
10 novembre, car il s'y installa malgré triers n'avaient été suivis d'un si complet
l'héroïsme des fusiliers marins, qui ne cédè- échec. Les Allemands perdirent à l'ouest de
rent que devant le nombre. Ce succès, la Belgique plus de cent mille hommes.
L'
:
HOTELLERIE", RÉSIDENCE DES MINISTRES BELGES A SAINTE-ADRESSE
Au-dessus M. de Broqueville, président du Conseil des ministres.
GENDARMES BELGES GARDANT LE PALAIS DU GOUVERNEMENT DU ROI ALBERT
lui permet d'agir sur notre territoire comme Bruxelles avaient eu pour devoir de suivre
s'il était toujours en Belgique. le ministère belge dans son exode.
Le drapeau belge seul flotte au-dessus des M. le comte de Broqueville, président du
édifices de la partie de la ville de Sainte- Conseil, ministre de la Guerre, a trouvé à
Adresse réservée aux autorités belges et le sa disposition la villa Roxane, mitoyenne de
bureau de postes du Nice-IIavrais a sa façade son ministère, installé à la villa Louis XVI.
:
surmontée de l'écusson national portant la Les Affaires étrangères occupent la villa
devise « L'Union fait la Force », et ses Bellefontaine. Les Il autres ministères ont
aux couleurs du drapeau
noir, jaune et rouge.
:
boîtes aux lettres sont peintes trouvé place dans un vaste
immeuble, place Frédéric-
Sauvage, véritable palais,
Toujours en vertu du prin- qui fait face à la mer.
cipe dont nous venons de Des gendarmes belges
parler et du régime spécial montent la garde devant les
qui en découle, les lettres principaux édifices de cette
sont affranchies avec des petite ville indépendante qui,
timbres belges et les collec- par sa situation sur une
tionneurs feront bien de con- falaise formant promontoire,
server ces figurines à l'effigie est isolée du reste du dépar-
d'Albert 1er, oblitérées au tement de la Seine-Inférieure.
timbre humide du Havre ou Il n'eût pas été possible de
de Sainte-Adresse. trouver une parcelle de notre
C'est à M. Hennion, ancien territoire mieux appropriée à
préfet de police, que le gou- la destination exceptionnelle
vernement français a confié qui lui était réservée.
la mission de procéder à Depuis que le gouverne-
l'installation du gouverne- ment du roi Albert s'est vu
ment belge au Nice-Havrais.
Cet aimable fonctionnaire,
dansla nécessité de s'ins-
taller à Sainte-Adresse, plu-
aidé par le lieutenant P. des sieurs ministres français ont
Gachons, a accompli cette rendu visite à leurs collè-
importante tâche à la satis- M. IIENNION
Ancien préfet de police. gues belges et ils ont reçu
faction de tous. l'accueil le plus amical, le
Les ministres et leur fa- Délégué du gouvernement fran- plus fraternel.Ilsont échangé
mille ont été installés à çais auprès du gouvernement les vues nécessaires.
»,
l' «Hôtellerie superbe cons- belge, à Sainte-Adresse.
D'autre part, les fonction-
truction dont le hall du rez- naires de tous ordres du
de-chaussée a été transformé en grand salon gouvernement exilé entretiennent avec les au-
de réception, par l'adjonction d'un mobilier torités havraises et celles de Sainte-Adresse
spécial, en velours bouton d'or. des relations empreintes de la plus grande
C'est à l'hôtel des Régates que les repré- cordialité, et le maire de cette dernière com-
sentants des puissances accréditées auprès mune, M. de Quéroent, ne cesse de multi-
du gouvernementbelge ont établi leurs léga- plier pour assurer à ses hôtes le libre se
tions, puisque les ministres plénipotentiaires. cice de la souveraineté belge dans le exer- petit
qui formaient le corps diplomatique à coin de France qu'ils ont choisi.
Sur le sol ensanglanté de la
--
Belgique
.1
leurs
de
avaient,
LOUVAIN
habitants
DE
belges.
CENTRAUX
ses
de
autorités
quelques-uns
QUARTIERS
les
par
que
démenti
DES prétexte
L'UN formellement
sous
MIS
infernal,
ONT
été
ALLEMANDS a
véritablement
qui
ce
l'envahisseur,
LES
bombardement
ÉTAT
QUEL sur
tiré
DANSun
subi
VOICI
a
ville
malheureuse
Cette
L'HOTEL DE VILLE ET LA CATHÉDRALE DE LOUVAIN AVANT LE BOMBARDEMENT
par
anéantie
totalement
presque
volontairement.
RUINES
été
DES
a
Termonde
allumé
MILIEU
l'incendie
AU de
ville
DEBOUT
par
coquette
surtout
RESTÉE
et
et
pittoresque
STATUE allemande
UNE
l'artillerie
la
: raisonss
TERMONDE
de
projectiles
mêmes
les
pour
et
Louvain,
Comme
MAISONS INCENDIÉES DANS L'UNE DES PRINCIPALES RUES DE TERMONDE
au
ruines
résister
des
defenseurs.
causé
DETHFIT:-i. a
qui
ses
meurtrier
de
FORTS
ÉTÉ:
l'heroïsme
ONT particulièrement
DE
MEUSE
COURONNE malgré humaines.
LA
pu,
SUR
vies
n'a bombardement
SA PONT
cependant,nombreuses
DE
LE
PORTION
ET
un
Liége, de
VILLE
après
perte
UNE LA que
lutte,
la
DE
puissante
et
ET PARTIE haute
NAMUR
de
moins
CETTE
enlevée
mais
TOUTE
été
redoutable,
a
Elle
allemande.
forteresse
l'artillerie
Namur,
LE PONT ET LA CATHÉDRALE DE DINANT AVANT LA BATAJLLE
M ÊME en remontant aux guerres de Na- pillés sur tout le territoire. Avec le recrute-
poléon, il est impossible de rencontrer ment régional qui peuple nos régiments,
dans l'histoire une mêlée comparable, l'infanterie plus particulièrement, de recrues
par les masses engagées et les races aux prises, provenant sinon toujours de la même pro-
à celle dont nous vince, du moins de
avons aujourd'hui le régions ayant les mê-
spectacle. Les armées mes caractères ethni-
en lutte représentent ques, avec l'afflux des
non seulement la plus réserves qui, en temps
grande partie des peu- de guerre, peuple les
ples européens et leurs corps d'hommes du
principales familles
Latins, Anglo-Saxons,
: même arrondissement
ou d'arrondissements
Flamands et Slaves contigus, le troupier
d'un côté, Germains français n'a plus de
de l'autre, mais encore
les populations les
plus éloignéesde la ci-
caractèresi: nette-
ment national il re-
présente sa province.
vilisation européenne: Il s'agit évidem-
Indiens de toutes ra- ment ici du fantassin
ces, Arabes, Berbères, de ligne. Les armes
noirs du Soudan. Ja- et les subdivisions
mais armée ne fut d'armes recrutées sur
aussi complexe que
celle des alliés lut-
tant contre la barba-
:
l'ensemble du terri-
toire chasseurs à
pied, zouaves, sapeurs
rie allemande. du génie,cavaliers et,
Non seulement cha- moins complètement,
que armée a ses quali- artilleurs rappellent
tés propres mais, dans un peu la diversité
son sein même, le tem- d'origine de l'ancienne
pérament diffère selon armée. On la retrouve
les origines du régi- Après une marche exténuante, ce joyeux fantas- également dans les
ment. Il serait malai- sin répare lui-même, par des moyens de fortune, corps de l'Est et des
sé, par exemple, de ses souliers usés sur les cailloux des routes. Alpes, où la nécessité
définir aussi nette- d'avoir des effectifs
ment le troupier français de nos jours que au complet et des régiments nombreux a
celui des armées d'autrefois, de Napoléon rendu nécessaire l'appel au recrutement de
à l'aurore de la troisième République. Jadis subdivisions éloignées. Si l'on voulait avoir
le recrutement fondait dans un seul moule le type idéal du troupier français, c'est dans
les conscrits issus du tirage au sort et épar- ces pays frontières qu'il fallait le chercher.
Là était le creuset d'où sortait encore le sol- La guerre à la façon allemande nous a
dat d'autrefois, malgré la faible durée du montré que les qualités brillantes de notre
service militaire actuel comparée aux sept soldat n'étaient pas de mise devant les
années de présence au corps de jadis. déloyautés du Germain, devant son astuce,
Peut-être vivait-il trop par le passé. La le soin qu'il prenait de se terrer en attendant
guerre lui apparaissait comme la lutte le moment de la ruée, chez lui forme de
loyale, à armes égales, au grand soleil, poi- l'entrain. Nous avons payé cher, pendant
trine contre poitrine, quand l'heure souhaitée les premières semaines, cette méconnais-
de l'assaut sonnait enfin. On obtenait malai- sance du caractère teuton. Mais l'expérience
sément de lui les précautions pour la marche
en avant, la surveillance, la préparation des
abris. Le métier de terrassier lui répugnait
pourquoi remuer de la terre, se tapir au fond
: :
a rapidement porté ses fruits, les autres
qualités du soldat français ont reparu le
débrouillage, l'art de se plier aux circons-
tances. Aux travaux de terrassement de
d'une tranchée lorsqu'on pouvait aborder
l'ennemi à la baïonnette, à la française !
L'officier lui-même, malgré une éducation
l'ennemi, il en a opposé d'autres. Nul
troupier ne se montre plus prudent que le
nôtre jusqu'à l'heure où il lui est permis de
bien supérieure à celle de l'officier allemand, montrer qu'il n'a rien perdu de la vigueur,
partageait les nobles préjugés de ses hommes. de la vaillance et de l'entrain de ses aînés.
FANTASSIN ALLEMAND
nelles; en un mot, il ne sait
qu'obéir. Cela n'est pas tou-
jours-suffisant pour vaincre !
Le troupier autrichien ne tient pas au feu
E IXISTE-T-IL vraiment un soldat autri- commettre un crime encombattant les Serbes
chien? Dans l'immense masse d'hom- et les Russes, ou qui répugneraient à mar-
(
mes que ce peuple de 50 cher contre des Français. C'est
millions d'âmes peut mettre ce qui explique les échecs en
sur pied, il y a tant de races apparence surprenants infligés
hostiles les unes aux autres, à la grande Autriche par la
tant de groupes ethniques op- petite Serbie. C'est ce qui ex-
primés soit par les Allemands plique aussi la rapidité pres-
d'Autriche — une minorité — que vertigineuse et la grandeur
soit par les Magyars de Hon- du triomphe russe en Galicie.
grie, — autre minorité — que Il n'y a donc pas de soldat
l'on ne saurait rencontrer un autrichien, ou du moins l'Alle-
;
sentiment commun à tous ces
peuples. Slaves, catholiques,
orthodoxes ou musulmans Ita-
liens de l'Adriatique, Roumains
de Transylvanie et de Buko-
mand d'Autriche est pour peu
de chose dans l'ensemble de
l'armée. Celui-ci ressemblerait à
son voisind'Allemagne s'il avait
été soumis à une discipline aussi
vine, Tchèques de Hongrie, rude. Le Hongrois lui-même,
:
Moraves, Polonais et Ruthènes
n'ont qu'un désir reconstituer
leur nationalité propre ou se
en qui l'on voyait une race
;
guerrière, ne paraît pas avoir le
tempérament de soldat onne
fondre avec les souches dont ils signale pas que les régiments
sont séparés. L'ardeur, le senti- de cette origine aient beaucoup
;
ment patriotique font donc dé-
faut à ces légions nombreux
plus tenu que ceux des autres
races devant l'élan admirable
sont les régiments qui croient SOUS-OFFICIERAUTRICHIEN des troupes de Nicolas II.
Le Monténégrin est - Le petit fantassin serbe
tout à la fois fougueux possèdede l'endurance
Montés qui sur des chevaux, qui sur des ânes, ils sont gais et contents".
LE GÉNÉRAL ET LA GÉNÉRALE JOFFRE
Les principaux auxiliaires du Généralissime
(Cl.Harlingue.) (Cl.Harlingue.)
-
(CI.Manuel.) (CI.Waléry.)
peut dire qu'entre ces deux dates, opérations poursuivies avec une admirable
du 6 septembre et du 6 novembre, ténacité par les Franco-Anglais, aidés en der-
;
se placent huit semaines de victoires nier lieu par ces admirables soldats belges,
non interrompues,de succès incessants, mais dont on ne dira jamais assez la vaillance.
d'un caractère sans doute inconnu jusqu'à Les deux cartes que nous plaçons sous les
présent dans les guerres européennes. Point yeux de nos lecteurs — l'une ci-dessous,
de ces triomphes éclatants, comme il y en l'autre à la page suivante — ont une muette
eut tant dans le passé, aucune de ces ba- éloquence et frappent fortement l'esprit. Elles
comme dans toutes les furibondes attaques Tout cela, — il faut le répéter parce que
auxquelles il s'est livré à plus de cinquante c'est la vérité, — ne constitue qu'une seule
reprises dans le but d'enfoncer nos lignes. et vaste victoire silencieuse, invisible dans
Au bout de deux mois, le résultat est que- ses détails, éclatante dans ses résultats, et
la lutte, commencée à 30 km de Paris s'est dont le public, dans ses angoisses patrio-
imperceptiblement transportée à 150 lieues tiques. a su apprécier la grandeur. Le
de la capitale. Nous n'avons jamais reculé, 6 septembre, poussant à fond son attaque
jamais cédé, et chaque assaut furieux des brusquée. l'Allemagne était aux portes de
Allemands, marqué pour eux par des pertes Paris; le 6 novembre, repoussée jusqu'à la
énormes en hommes et matériel de cam- mer du Nord, elle s'épuisait en efforts déses-
pagne, sans compter les prisonniers, a été pérés, ressemblant aux soubresauts d'une ter-
suivi d'une avance nouvelle pour nous. En rible et sanglante agonie. Est-il nécessaire de
?
un mot, toutes les journées de ces deux mois commenter de telles constatations Ce n'est
de guerre acharnée se sont terminées à pas à nous de le faire, mais à nos ennemis.
Les commandants de l'armée anglaise
la
dépit, maisondeM.Poincaré. dans la région d'Armentières.
Le .,--. Combats d'une extrêmeviolence
au norddeLille, à la Bassée, Arras,
-
Le22. Progrès- enWoëvre et
dansl'Ar-
-
Roye prennentquelquescanons. »
iousprogressûi?,s
bardement d'Arras et détruit le beffroi.
Le 10.—Echec dela cavalerieallemande Le 25. — Depuis Arras jusqu'à la mer,
surlaLys;*elleseretire dans la région violents combats. En Argonne, nous
au emportons le village de Melzocourt.
nord\deVAisne et au nord-ouestde Le 27. — Attaques nocturnes des Alle-
A
Sbissons.— Craonne et Reims des mands entre 'la Somme et la Bassée,
attaquesnoc-
turnes.enne-
- - -
toutes re-
poussées. —
mies'sont L'ennemiest
trèsénergi- rejetéhorsde
quementre- la frontière
poussées. à l'estde
Le11. —Prise, Nancy.
à Lassigny,
du drapeau
du 49e po-
Le 28. -
A-.
vance fran-
- çaise enWoë-
mêranien.— vre, vers
Entre Tour- et
Apremont
Saint-Mi- -
coing et Ar-
mentières,
lesAlle-
-
hiel.-Nous
repoussons,
mandssont près de Cra-
repoussés onne, une
vers l'est et SOLDATS ANGLAIS DANS UNE TRANCHÉE COUVERTE violente of-
lenord. fensive.
Le 13. — Progrès sensibles des alliés entre Le 31. — 'A Arras, nous infligeons de
Arras et Albert..—Offensivefrançaise très grosses pertes aux Allemands.
dans la régionde Béthune et d'Haze-
brouck. — Au centre, nous avançons NOVEMBRE
vers Souain, ainsi qu'entrel'Argonne Le 1er. -On signale que nous avons fait,
et la Meuse, et au sud de Verdun.
dans la régionde Lens entre Albert et
-
depuis six jours, 8.000 prisonniers.
Le 14. — Nous continuons à progresser Le 2. Avance dans les Vosges; nous re-
et prenons les hauteursdu col Sainte-Marie.
-
Arras.Nous avançons vers Craonne. Le 3. Les Français reprennent le ter-
Le 15.Nousgagnons deux kilomètres ';r.ain perdu à Vailly. — Ils progressent
au nord etàl'est deReims,nous avan- au nord de Pont-à-Mousson.
çons au sud de Saint-Mihiel, et nous Le 6. — Offensive franco-anglaise sur tous
prenons Estaires, au nord de la Lys., les points.- Une colonne de voitures
Lé 16,— Lesalliés progressent aunord allemandes est détruite par notre artil-
de laBassée, dans la direction de Lille. lerie au nord de la forêt de Laigue.
Le 17. — Les Franco-Anglais occupent Le
Fleurbaix et les environs d'Armentières.
-
7.
—
Toutes les attaques allemandes
le centre sont repoussées, et les Fran-
sur
Le18. — Nous reprenons Armentières.
Les Anglais enlèventaux Allemands
--
-
çais progressent dans l'Argonne, au
nord de Verdun et en avant de Nancy,
Fromelles, au sud-ouest de Lille. où l'ennemi subit de grosses pertes.
Le 19. — En Alsace, nous occupons Thann Le 10. — Les Allemands tentent un ijouvel
et la ligne de Sulzern-Piaris, à l'ouest et gigantesque effort dans le
Nord.
(Voir à la fin du volume la suite de la chronologie des faits de guerre sur le sol français.)
---- LE GENERAL COMTE DEMOLTKE
Premier chef d'état-major général des armées allemandes.
Epuisé par la maladie, il a été remplacé dans ses fonctions, après la bataille de la Marne,
par le général de Falkenhayn,ministre de la Guerre dit kaiser.
Les chefs allemands les plus notoires
LE KHUiNJ'KIMZ
Battu en France
GÉNÉRAL VON KLUCK et en Pologne russe. GÉNÉRAL VON HEERINGEN
GÉNÉRAL PRITTWITZ
GÉNÉRAL EICHHORN
GÉNÉRALFALKENHAYN
4 succedé au général de
Moltke, malade, comme
chefd'état-major général
DUC DE WURTEMBERG de l'armée allemande. PRINCE R.' DE BAVIÈRE
GÉNÉRAL VON DEIMLING MARÉCHAL VON HINDENBURG
GRAND-DUC DE BADE
d'hommes. Une brigade partie de Belfort, opposèrent une belle résistance et peut-être
et cheminant moitié par la trouée de ce nom, bien eût-elle été aussi efficace qu'elle fut
moitié sur la vallée de laThur, avait mis glorieuse si nos réserves, laissées à Altkirch,
l'ennemi en déroute, à Thann d'abord, à étaient intervenues à temps. Nous dûmes
Altkirch ensuite et était entrée sans aucune -
finalement céder et nous replier sur Belfort.
Mais ce n'est pas que par ce côté, le plus faubourg de Mulhouse, où nous fimes
facile en apparence, que nous tenions à une nouvelle prise de vingt-quatre canons.
envahir l'Alsace. Toute une admirable cam- Peu de temps après, l'ennemi, menacé d'être
pagne de pénétration par les cols des Vosges coupé du Rhin, s'enfuyait en désordre de
était en voie d'exécution et de préparation. l'autre côté du fleuve, laissant entre nos
Successivement, du sud au nord, nous nous mains des milliers de prisonniers.
emparions du ballon d'Alsace et du col de Mais il était dit que Mulhouse ne nous
Bussang, du Hohneck et de la Schlucht, des resterait pas au cours de cette première
cols du Bonhomme et de Sainte-Marie, pour phase de la guerre. Parallèlement à notre
terminer par l'occupation du Donon. Mais action en Alsace, nous avions pris une offen-
ce qui frappa le plus l'opinion, en raison du sive tout aussi nette en Lorraine. Tout alla
brillant fait d'armes dont elle s'accompagna, pour le mieux jusqu'au moment où nos
c'est la conquête du col de Saales et notre avant-gardes atteignirent Morhange, où les
cheminement consécutif le long de la vallée Allemands avaient multiplié les moyens de
de la Bruche qui, une fois le fort d'arrêt de défense apparents, sans préjudice de toutes
Mutzig réduit, devaitnous faire aboutir dans les chausse-trapes que l'organisateur de
la plaine à quelques lieues de Strasbourg. cette position fortifiée, le vieux général de
Vainement, le 15 août, à Saint-Blaise, la Haeseler, avait su combiner. Attaquée le
99e brigade de Saverne et le 13e d'infanterie 20 août par des forces supérieures, notre
allemand tentèrent-ils d'arrêter la marche armée dut se replier, et la défaillance d'un
de nos troupes. L'assaut de notre 10e ba- corps fit de notre retraite une opération-
taillon de chasseurs fut irrésistible, ainsi méritoire, aussi belle qu'une victoire.
qu'en témoignèrent les 8 canons, les 4 obu- Du coup il fallut laisser le Donon, pivot
;
siers, les 6 mitrailleuses, les 537 hommes
et 6 officiers capturés par nous enfin le
drapeau du 132e bavarois — le premier tro-
des opérations dans les deux provinces
annexées. Enfin, après Charleroi, la situation
stratégique devint telle que l'abandon de
;
phée de guerre tombé en notre pouvoir.
Les circonstances étaient propices pour
reprendre Mulhouse un corps placé sous les
ordres du général Pau reçut mission de s'en
Mulhouse s'imposait pour la seconde fois.
Mais ces mesures de circonstance n'impli-
quent aucun renoncement. Nous continuons
à garder solidement pied dans la Haute-
emparer. Les opérations furent rondement Alsace. Les efforts désespérés des Allemands
menées. Thann et Dannemarie enlevées, n'ont pu venir à bout de nous déloger de
notre centre marcha droit sur la ville tandis Thann, de même que nous avons su nous
que notre droite se portait sur Altkirch et réserver les débouchés d'un certain nombre
que notre gauche s'élevait dans la direction de cols, tels que celui de Sainte-Marie-aux-
de Colmar. La décision intervint à Dornach, Mines, extrêmement précieux pour nous.
La bataille de la Marne
LES FORCES ALLIÉES FONT BRUSQUEMENT FACE A L'ENNEMI, QUI SE CROYAIT
VICTORIEUX, PRENNENT UNE OFFENSIVE ÉNERGIQUE ET LE REPOUSSENT EN LUI
INFLIGEANT DE FORTES PERTES
L unbataille
A de la Marne marqua pour nous direction de Meaux-Coulommiers-Provins.
:
retour complet de fortune. Au
meurant, jamais victoire ne fut plus
méritée nous la dûmes aux géniales dispo-
sitions de notre haut commandement, à
de-
;
sitif était le suivant à notre droite, l'armée
Sarrail appuyée sur Verdun et les Hauts-
de-Meuse celle du général de Langle de Cary
de revers qui devaient encore s'accentuer occupait la région au sud de Vitry-le-Fran-
et leur faire perdre tout le terrain gagné par çois. Le général Foch tenait le secteur com-
elles dans la Lorraine et dans les Vosges pris entre le camp de Mailly et Sézanne; te
françaises, à la suite des surprises de Mo- général d'Esperey occupait un front allant
rhange et de Sarrebourg. de Sézanne au nord de Provins. L'armée
Depuis Charleroi nous avions fait des pro- britannique était campée au nord de Crécy-
grès énormes. Nos troupes, les hommes en- en-Brie; enfin, l'armée du général Maunoury,
core plus que les officiers, qui au début re- armée de Paris, opérait à l'extrême gauche.
cherchaient les exploits et les faits d'armes, Cette dernière, dès le 5 septembre, s'était
avaient fini par se plier aux nécessités de la avancée vers l'Ourcq et avait attaqué avec un
guerre moderne. Notre pièce de campagne, franc succès les flancs-gardes chargées de
notre admirable 75, gardait son indéniable couvrir le mouvement du gros de l'armée de
supériorité sur celle de l'ennemi, et la science von Kluck, qui commençait à lâcher pied.
Le second jour de bataille, le 7, la droite sous-Jouarre et Château-Thierry, mais c'est
allemande accentue son mouvement de re- aussi l'armée de Bulow, précédemment
traite et se replie derrière le Petit-Morin; battue à Esternay et à Montmirail, qui se
d'autre part, elle s'efforce, au prix de lourdes replie; c'est enfin la garde prussienne rejetée
pertes, de dénouer l'étreinte du côté de
l'Ourcq. Pendant ce temps des combats
acharnés, de caractère encore indécis, se
livrent entre Fère-Cliampenoise, Vitry-le-
:
derrière les marais de Saint-Gond, après
avoir en vain essayé de rompre notre centre.
Le 9, la retraite s'accentue c'est le centre
maintenant qui évacue Vitry-le-François
;
François et le sud de l'Argonne. Le troisième
jour de bataille, nouveau recul de la droite
allemande le quatrième, ce n'est plus seule-
ment l'armée von Kluck qui aura rétro-
gradé de soixante kilomètres, toujours ta-
et qui, épuisé, se montre incapable de résister
à Sermaize et à Revigny; d'autre part, les
troupes qui tenaient dans l'Argonne com-
mencent à battre en retraite, elles aussi.
Le 10, nous franchissons l'Aisne, à la suite
lonnée par les troupes anglo-françaises, qui de la droite allemande, ayant gagné cent
passent la Marne à sa suite, entre la Ferté- kilomètres en six jours de lutte opiniâtre.
les riches plaines de la Brie et de la Cham- que commence ce qu'on appelle la bataille
pagne; elles repassent précipitamment la de l'Aisne. Ce sera, quoique en rase cam-
Marne; elles remontent vers le Nord. pagne, une véritable guerre de siège. Les
Mais, brusquement, leur mouvement de Allemands, qui ont tout prévu, même l'échec
recul s'arrête. La horde germanique fait de leur attaque brusquée sur Paris, ont pré-
tête aux forces alliées. Elle a gagné les hau- paré, dès leur premier passage dans cette
teurs qui jalonnent le cours de l'Aisne et région, les terriers oii, maintenant, ils comp-
Reims et sa Cathédrale sous les obus
1 LS ont bombardé Reims et sa cathédrale! maîtres des forts démodés que nous avons
De la grande et riche cité champenoise, ils abandonnés autour de la place. Ils y instal-
n'ont laissé qu'un amas de ruines: à sa leront leurs monstrueux canons et puisque
merveilleuse basilique, témoin auguste de Reims n'a pu être la proie des armées du
notre histoire, joyau de notre art médiéval, kaiser, ils jurent de le détruire jusqu'à la
ils ont arraché toutes ses parures!
C'est le 3 septembre qu'ils arrivent à
dernière pierre par le feu de leurs pièces.
Le lendemain 14 septembre, en effet, les
Reims et, dès le lendemain, ils commencent premiers obus tombent sur la ville, et il en
à la canonner.Deux sera ainsi pendant
cents obus tombent des semaines et des
sur la ville tandis semaines. Le pre-
que l'intendant mier bombarde-
Zimmer dicte ses
réquisitions.
crient au guet-
s ment durera trente-
quatre jours sans
discontinuer. Du
apens, puis recon- fort de Nogent-
naissent leur odieu- l'Abbesse, à l'est,
se fourberie. Ils du fort de Brimont,
s'installent en maî- au nord, les Alle-
tres. Le quatrième mands s'acharne-
fils du kaiser, Au- ront à canonner la
guste-Wilhelm, un malheureuse cité,
docteur en sciences quin'enpeutmais.
historiques, daigne Le 19 septembre,
admirer la cathé- les premières bom-
drale. Un autre bes défoncent la
prince, Henri de toiture de la cathé-
Prusse,exige qu'elle drale, enflamment
serve d'asile à quel- la charpente qui la
ques-uns des in- supporte. Puis l'é-
nombrables blessés REIMS ET SES PRINCIPALES DÉFENSES chafaudage qui
qu'ils reçoivent des flanque la tour du
champs debataille de la Marne. Les Rémois Nord prend feu à son tour. Les flammes
contiennent leur indignation. gagnent les portes, lapaille qui a servi de
Le 12 septembre, à leur réveil, ils voient litière aux blessés. En quelques heures, la
les Allemands s'enfuir précipitamment, et basilique flambe du haut en bas. La lueur
le lendemain, ô joie, les premiers chasseurs sinistre éclaire toute la campagne environ-
à cheval pénétrer dans la ville. Le soir du nante. Les barbares qui la voient sont-ils sa-
même jour, aux portes de la ville, les Fran- tisfaits? Non. Ils continuent à détruire par
çais infligent à l'ennemi une défaite san- le fer ce que le feu n'a pu entamer et, les
glante. Ecrasés, les Allemands doivent aban- jours suivants, ils s'obstineront à crever les
donner Reims. Mais ils sont encore les magnifiques verrières, à pulvériser les fines
LA DIRECTION DU FEU ENNEMI SUR LA CATHÉDRALE DE REIMS
LE PONT SAINT-WAAST, A SOISSONS, DÉTRUIT PAR LES ALLEMANDS DANS LEUR RETRAITE
:
la conscience des armées du kaiser le poids
d'un « chiffon de papier ». Après Louvain,
s'écoulent vers Paris traversent cette riche
et paisible sous-préfecture. Ils se croient
après Malines, en même temps que Reims, déjà vainqueurs et ils 1e font bien voir.
Soissons va subir toutes les horreurs Le Il septembre, enfin, leur rêve insensé
LES EFFETS DE L'ARTILLERIE DE SIÈGE ENNEMIE SUR UNE COUPOLE DE L'UN DES FORTS
DU CAMP RETRANCHÉ DE MAUBEUGE
;
obusiers autrichiens des plates-formes bé-
tonnées les attendent, depuis quatre ans,
silence, la dernière redoute démantelée, la
garnison de Maubeuge dépose les armes.
Et tandis que l'héroïque phalange s'éloi-
sur les plateaux voisins. La partie n'est pas
égale. N'importe, nos artilleurs, nos fan- gne sur la route de l'exil, là-bas, sur les bords
tassins resteront quinze jours sous leurs cou- de la Marne et de l'Ourcq, ses frères d'armes
poles ébranlées, puis disloquées. L'arsenal ont brisé l'élan de l'envahisseur; ils commen-
saute, on se réfugie dans les casemates encore cent à lui reprendre, lambeaux par lam-
intactes. Enfin, le 7 septembre, après quinze beaux, le sol sacré de leur patrie, en le re-
jours de siège, le dernier canon réduit au poussant jusque sur les rives de l'Aisne.
hommes;
mobilisation. Il va le faire fu-
siller. Déjà il a appelé quatre
les fusils se sont cou-
chés. Le préfet, impassible, at-
tend l'ordre. Un témoin
LE LIEUTENANT
VON OPPEL
la bombarderont. Pendant trois
longs jours, presque sans répit,
ils feront pleuvoir sur la ville,
l'ouragan de fer et de feu qui les
de la scène, M. Pi- a déjà rendus maîtres de Louvain, d'An-
quet, professeur d'allemand à l'Université, vers, de Reims. Les plus riches quartiers,
intervient. Il remontre au farouche von les rues Faidherbe, Nationale, Léon-Gam-
Oppel qu'il va commettre une « gaffe » betta, la Grand'place, le musée des Beaux-
irréparable, en fusillant un préfet, une Arts, l'église Saint-Maurice seront dévastés
par le fer et par le feu. Puis, cette « prépa- l'opulente cité, doit subir l'ignoble violence.
»
ration terminée, ils lanceront trente mille
hommes sur cette ville ouverte que garde
Pour la seconde fois elle devient la proie des
Barbares. D'après des renseignements dignes
une poignée de territoriaux. Lille, la grande, de foi, ils s'y conduisent assez humainement.
-
puyer l'extrémité de notre aile gauche au enlevons Fromelles, puis au sud, où nous
rivage même de la mer du Nord. nous emparons de Givenchy. -
Alors, se voyant impuissants à nous tour- Dans les derniers jours d'octobre, une
ner, les Allemands vont tenter de nous accalmie se produit sur cette partie denotre
percer. Le premier contact aura lieu le aile gauche. Les Allemands ont porté leur
Il octobre, dans la région de Bailleul. Ce effort sur l'Yser, entre Nieuport et Dixmude.
sont les Anglais qui le subissent et le re- Mais. lorsqu'à la mi-novembre ils voient
poussent. L'ennemi leur abandonne la rive toutes leurs tentatives brisées pour gagner
gauche de la Lys, et le 18, nos alliés repren- par cette voie Dunkerque et Calais, ils se
nent Armentières. Les jours qui suivent, rejettent sur la Lys. Ils nous y retrouvent
l'action s'étend vers le sud. Les forces avec nos vaillants amis anglais, et d'Armen-
franco-anglaises rencontrent une forte oppo- tières à la Bassée, leurs attaques furieuses
sition dans la région de la Bassée. C'est un se brisent toujours contre un mur d'airain.
LA GUERRE DANS LES AIRS
L'aéronautique
-
-
convénient pour leurs escadrilles aériennes. En août, en septembre, alors que nous nous
Les officiers aviateurs allemands faits pri- organisions, quelques-uns de ces maudits
sonniers reconnaissentce désavantage. Pour- appareils vinrent jusqu'au zénith de Paris.
tant ils avaient assez, ces dernières années, Mais ces temps sont révolus. Depuis octobre,
copié, mensuré, photographié les appareils la capitale est débarrassée de ce souci. Cela
exposés au Grand-Palais des Champs-Ely- coïncida d'ailleurs avec le retour à la tête
-
sées, lors dessalons de l'aéronautique ! de nos services militaires d'aviation du gé-
En avons-nous rencontré alors de ces
grands garçons blonds, en pardessus jaunes
ou kaki, portant souvent lunettes et qui, dès
l'ouverture des
portes de l'Ex-
Moulineaux;
néral Hirschauer. Au début de la guerre, nos
escadrilles de chasse se tenaient à Issy-les-
c'était trop loin, trop à l'ouest
de Paris. De-
puis, un camp
position, dé- d'aviation a
ambulaient de été organisé
stand en stand. entre Compiè-
L'après - midi,
ilyavaittrop gne et. labar-
rière. Le com-
de monde à mandant Gi-
leur gré, on ne rod, député du
les apercevait Doubs, le di-
pas.Sans dou- rige. Et il y a
te ils remplis- là quelques-
saient ailleurs BIPLAN CONSTRUIT A CHALAIS-MEUDON uns de nos ai-
leur mission glons qui sa-
d'espionnage, Cet appareil militaire est muni de deux moteurs accouplés
et
actionnant deux hélices; il est blindé aimé- d'une mitrailleuse. ventsibien
repérant les regarder le «pi-
bons endroits
où, plus tard, leurs « tauben », oiseaux si- mand en face,
»
geon alle-
que celui-ci s'enfuit à tire
nistres, viendraient jeter des bombes. d'ailes, dès qu'il aperçoit, ses serres ouvertes,
Cela d'ailleurs neles servit que bien peu. le rapace-français prêt à fondre sur lui.
:
vaux de force. Vitesse d'essais 73 km à
l'heure. Peut faire beaucoup plus.
L'Angleterre est tenace,.elle
sait ce qu'elle veut, elle a l'habitude de
pousser jusqu'à l'extrême limite les aventures
»
Delta. — Dirigeable de 5.300 me; moteur dans lesquelles elle se lance de sang-froid.
de 180 chevaux. A donné 71 km à l'heure. Nous ne pouvons donner des précisions
:
Gamma. — Cube 3.400 m; moteur assez
faible 60 chevaux et ne réalisant pas plus
de 45 à 47 km à l'heure.
sur ses préparatifs, pas plus que sur les
nôtres. Mais nous en savons quelques-uns
qui ne feront pas rire nos ennemis communs.
Beta. — Petite vedette aérienne de 1.200 Dans tout le Royaume-Uni, magnifiquement
mètres cubes, actionnée par un quatre cylin-
dres de 50 chevaux, déjà vieux, et arrivant
a 50 km à l'heure.
!
uni et splendidement courageux, tous ceux
qui ne s'enrôlent pas travaillent Les jour-
En ce qui concerne les avions,
l'Angleterre fut surtout tribu-
taire de la France au cours de
ces dernières années. Mais elle
commence à construire elle-
même et fort bien. Au dernier
-
meeting des hydro aéroplanes
de Monaco, l'Angleterre s'adju-
gea une belle victoire interna-
tionale avec le biplace Sopswith,
entièrement conçu et construit
chez elle. Pour éclairer ses
escadres, le gouvernement du
Royaume-Uni possède de nom-
breux biplans Farman à flot-
teurs qui se comportent bien. HYDRAVION DE LA FLOTTE BRITANNIQUE
Quant à ses pilotes, ils ne
le cèdent en rien à leurs camarades fran- naux de Londres ne cultivent pas le « bluff »
çais. Audacieux et froid, épris d'aventures, comme ceux de Berlin. Ils n'annoncent pas à
le caractère anglais s'adapte parfaitement tous les échos « qu'une flotte de cinquante
à la navigation aérienne, laquelle n'est pas Zeppelins est prête. » Disons seulement
sans analogie avec la navigation maritime. que si, par hasard, profitant de quelques cir-
Et ce n'est pas là une simple affirmation constances atmosphériques exceptionnelles,
platonique. N'est-il pas encore présent à deux ou trois rigides réussissaient à franchir
toutes nos mémoires ce raid particulièrement le bout de mer du Nord qui sépare la côte
audacieux des trois officiers de la marine belge des falaises de Douvres, ils trouve-
royale anglaise au-dessus de l'usine des Zep- raient à qui parler avant même de se trouver
pelins, au bord du lac de Constance? au-dessus de la terre ferme — ce n'est pas
Un beau matin, trois avions pilotés par les pour rien que les hydravions ont été inventés.
Avant l'ouverture des hostilités, l'aéroplane forts répondirent, mais voici que des hydro-
de mer était discuté, comme les autres. De- aéroplanes russes s'élancèrent, passant au-
puis, on s'est aperçu' qu'il pouvait être utile. dessus du croiseur allemand et lâchèrent quel-
Un exemplepris entre cent :
Un beau jour, le Breslau fit son apparition
ques bombes. Cela suffit. Le Breslau en reçut
une sur une cheminée, et il prît la fuite.
aux environs de Sébastopol.Déjà, il avait tiré La guerre aérienne, au-dessus de la terre
sans succès quelquescoups de canon. Les ou au-dessus des flots est aujourd'hui un fait.
par une lourde ironie, elles portent cette L'un des «maîtres de l'air» qui a rendu,
mention gravée sur leur tige : jusqu'ici, les plus grands services à nos
alliés est un de noscompatriotes, l'aviateur
Invention française Poirée. Il a exécuté des vols particulière-
Fabrication allemande ment audacieux au-dessus des lignes austro-
ment, mais si cela les amuse !.
C'est d'un goût un peu douteux, évidem-
Nous ne connaissons pas exactement le
-
allemandes, et l'empereur Nicolas, émerveillé
par sa vaillance et son sang-froid, a tenu à
le décorer, de sa propre main, de la croix
nombre d'avions actuellement en service de Saint-Georges, sur le champ de bataille.
dans les armées du tsar; il doit être assez Poirée était mobilisable en France, mais
élevé si l'on en juge par les nombreux ex- comme il se trouvait en Russie au moment
ploits que les pilotes accomplissent journelle- où éclata la guerre, il demanda à s'engager
ment en Prusse orientale, en Galicie et sur dans l'armée alliée, pensant, de cette façon,
le théâtre russo-polonais des hostilités. servir tout aussi bien son propre pays.
!
reste Il
!
kolossal
ennemis doit être
chez nos
Leurs atrocités comme
faut donc que médiocrement
ne
le
14 m 80 de diamètre, 450 chevaux de force,
4 hélices. Vitesse, 77 km à l'heure.
En station à Dresde.
s'étonner d'entendre leurs gazettes procla- Z.-V. — Mêmes caractéristiques et puis-
mer que la flotte aérienne allemande est sance que le Z.-IV.
formidable et que les « Zpelins » sontpe En station à Johannistal.
capables de détruire, sinon
le monde, tout au moins
-
Z. VI. — Mêmes carac-
téristiques et puissance.
Londres et Paris. Si nous En station à Leipzig.
en jugeons par leurs exploits
jusqu'à présent réalisés !. -
Z. VII. — 22.000 me,
156 m de long, 14 m 80 de
Avec leur manie habituelle diamètre, 800 chevaux de
du bluff grossier, ils laissent force, 4 hélices. Vitesse, 80 km
également entendre que de- à l'heure.
puis la guerre la construc- En station à Potsdam.
tion des dirigeables est à -
Z. VIII. — Mêmes don-
ce point poussée que plus de nées, même puissance et
cinquante Zeppelins sont même vitesse que le Z.-VII.
prêts à prendre l'air. Station ignorée.
Nous prennent-ils pour de En outre, deux super-Zep-
grands enfants naïfs? pelins étaient en construc-
Passons-la en revue, la tion et destinés à la marine.
flotte aérienne allemande. Le L.-lll, de 27.000 mc,
Au commencement d'août, 158 m de long, 16 m 80 de
elle se composait des unités
suivantes, sauf omission
Z.-I. — 19.500 me, 411 m
: diamètre, faisant 85 km à
l'heure, avec quatre moteurs
et 800 chevaux de force.
de nong, 14 m 80 de dia- Le L.-IV, de 32.000 me
mètre, 450 chevaux de force, dont la vitesse prévueétait
4 hélices. Vitesse, 77 km à de 90 km à l'heure, avec
l'heure. 100chevaux de force.
-
En station à Metz.
Z.-Il. 17.800me,148m I.E COMTE VON ZEPPELIN
de long, 14 m de diamètre, Il a été appelé par le kaiser à
Au total, on arrive à dix
Zeppelins tout au juste.
Depuis, il est vrai, l'usine
450 chevaux de force, 4 hé- commanderl'escadrededread- travaille nuit et jour à Fried-
lices. Vitesse, 76 km à l'heure. nuughts qui portent sun nom. richsliafen. Mais, dans les
En station à Cologne. meilleures conditions, elle
-
Z. III. — 17.500 me, 148 m de long, ne peut produire qu'un dirigeable en trois
14 m de diamètre, 450 chevaux de force, semaines. Or, voici, au 10 décembre, dix-huit
4 hélices.Vitesse, moyenne de 78 km à l'heure. semaines écoulées depuis la mobilisation.
Il se trouve en station près de Metz. Si donc six croiseurs aériens ont pu faire
LES PRINCIPAUX TYPES D'AÉRONEFS MILITAIRES ALLEMANDS
1. ZEPPELIN; 2. PARSEVAL; 3. voon; 4. SCIIUTTE-LANG; 5. MAJOR GROSS; 6. SCHWABEN.
à
Depuis le début des hostilités, quelques-uns d'entre eux ont été détruits.Plusieurs «Zeppelins
notamment, ont été gravement endommagés dans leurs hangars par les bombes de nos aviateurs.
HYDRAVION DE LA FLOTTE ALLEMANDE DE LA MER DU NORD
Quelques tableaux de la Guerre en France
Ces deux chasseurs alpins, à demi enfouis dans leurs sacs de couchage en peau de mouton,
devisent gaiement, au fond de la tranchée où ils se sont réfugiés après le combat.
(MARNE)
GROUPE DE GENDARMES ALLEMANDS CANTONNÉS A SAINTE-MENEIIOULD
Comme on le voit, ces messieurs ont posé complaisamment devant l'objectif du
photographe.
APRÈS UN COMBAT DE RUES EXTRÊMEMENT
VIOLENT DANS UN VILLAGE DE L'ATSNE
Dans celle petite localité, les Allemands perdirent, en quelques heures, près de 200 des leurs.
NANCY. — La cour de l'immeuble portant le no 31 de la Les effets d'un obus à la porte d'en-
rue Saint-Nicolas (bombardement des 9-10septembre). trée d'un casernement, à Soissons.
Ce que lesprojectiles des barbares ont fait de l'archevêché de Reims.
On dirait que cetterue de la cité rémoise a été secouée par un violent tremblement de terre,
Voici dans quel état les Allemands ont laissé le pavillon de chasse de M. Gaston Menier,
sénateur de Seine-et-Marne, à Villers-Cotlerets.
canon.
puisse
de
coups
qiïon
à
désolation
L'INCENDIEabattu
font
de
ET vandales
spectacle
BOMBARDEMENT
les
effroyable
épargné,
LE plus a
feu
APRÈS
le le
que
aujourd'hui
SENLIS
ce
et,
teutons
DE
offre
FAUBOURG
incendiaires
riante,
D'UN si
et
les
vivante
TERRIFIANT
par
détruites
si
l'Oise,
ASPECT
été
de ont
sous-préfecture
entières
rues
Des
jolie
La
Cette malheureuse ville
furent
fut incendiée systématiquement;
GROUPE DE MAISONS A SENLIS, LA CITÉ MARTYRE LA PLUS PROCHE DE PARIS
le maire, M. Odent, et huit notables
arrachés à leur foyer et fusillés sous un prétexte futile.
D'après l'Illustration.
L'escalier d'honneur de l'hôtel de ville d'Arras, effondré sous les obus.
LE BUREAU DU COMMANDANT D'ARMES DE LA CITADELLE D'ARRAS
Il a été pillé de fonden comble et le coffre-fort a été fracturé par les soldats du kaiser, qui
espéraient y découvrir d'importants documents militaires.
Dans la salle d'honneur du 3" génie, à la citadelle d'Arras, les Allemands ont lacéré un tableau
représentant les différents faits d'armes auxquels le régiment a pris part.
(Voir à la page 449 nos illustrations sur la bataille des Flandres.)
LES BLESSURES DE GUERRE
ET LES EFFETS DES BALLES DUM-DUM
Par le Docteur Eugène ROCHARD
CHIRURGIEN DE L'HOPITAL SAINT-I.OUIS
masse irrégulière et, lui faisant perdre ses vant elle dans les tissus. Au contraire, dans
qualités balistiques, lui imprime un mou- les plaies par balles de ricochet, l'orifice
vement de bascule sur ses différents axes d'entrée est large, irrégulier, déchiqueté. Au
qui fait que sa direction change d'abord et lieu d'un tunnel régulier fait dans les parties
qu'au lieu de frapper normalement le corps molles, cette balle déformée donne naissance
humain, elle pénètre dans un sens quelcon- à une cavité ou à un trajet plus ou moins
que. Elle dilacère ainsi la peau et les tissus anfractueux, toujours infecté par le fait
qu'elle rencontre et se comporte tout autre- même que le projectile s'est contaminé en
ment qu'une balle de plein fouet. prenant contact avec l'objet sur lequel il a
Les plaies par balles de ricochet ressem- rebondi et qu'il a repoussé devant lui les
fragments de vêtement qu'il a rencontrés. métaux (cuivre, fer, nickel, etc.), remplie
La plaie de sortie dans toutes les blessures d'une masse de plomb qui épouse intégra-
par balles est plus grande et plus irrégulière lement la forme de l'enveloppe.
que la plaie d'entrée. Cela se comprend, le Pour faire de cette balle ordinaire une
projectile faisant éclater la peau en la for- balle dum-dum, il suffit d'enlever l'extré-
çant et la distendant pour sortir. Dans les mité de l'enveloppe par une incision circu-
blessures par balles de ricochet, cet orifice' de laire (figure I). La pointe n'est alors cons-
sortie est encore beaucoup plus large et beau- tituée que par du plomb, métal très malléa-
coup plus irrégulier. Mais, en revanche, les ble, qui, sous l'influence du coup de feu,
dégâts faits au squelette sont en général se déforme, se transforme en une petite
de - moindre importance. Le fait masse irrégulière, à bords plus ou
même d'avoir heurté une surface moins tranchants, et est suscep-
dure avant de pénétrer dans le tible de produire, de ce fait, dans
corps humain amortit considéra- le corps humain, des dégâts plus
blement la force de pénétration considérables.
du projectile, qui s'arrête volon- On peut encore faire des balles
tiers à la moindre résistance. dum-dum en incisant en croix
Voilà donc une balle qui, par l'extrémité pointue de la balle, ce
le fait du ricochet, a été déformée qui permet au plomb de faire
et ressemble à une balle dum-dum. hernie, ou en pratiquant une in-
Qu'est, en effet, une balle dum- cision latérale (figure ll).
dum, dont on parle tant? BALLE A POINTE DE La présence de ces balles dum-
Pour l'expliquer, il est néces- MÉTAL DOUX RETIRÉE
D'UNE dum a été nettement constatée
saire de savoir comment sont BLESSURE
sur des prisonniers qui en avaient
faites les balles de fusil ou de dans leurs cartouchières.
mitrailleuse moderne. Qu'elles soient fran- Donc une balle dum-dum est une balle
çaises, anglaises, allemandes, belges ou dont l'enveloppe, n'ayant plus son homo-
russes, les balles modernes sont toutes des généité et par suite sa résistance normale,
balles cylindro-coniques très effilées à la se déforme d'elle-même sous l'influence du
pointe et composées d'une enveloppe métal- coup de feu, tandis qu'une balle ayant ri-
lique dure, faite d'un alliage de différents coché est une balle qui s'est déformée en
rencontrant un obstacle. La cause est diffé- projectiles rencontrent, sur le soldat lui-
rente, il est vrai, mais le résultat est le même même, soit son fusil, soit le fourreau de son
et nous prouverons plus loin que, la nature sabre-baïonnette, soit les boutons de sa
des blessures étant semblable, il est impos- capote. En touchant le sol, ils ricochent sur
sible d'affirmer, d'après leur constatation, des cailloux. Ils rencontrent des parois de
l'usage ou non de balles dites balles dum- murs et même nous ne serions pas éloigné
dum dans les tirs de l'ennemi. de croire que, dans l'espace, les projectiles,
Mais auparavant, il est nécessaire d'éta- se croisant, se heurtent entre eux dans une
blir nettement que les balles de fusils ou formidable combinaison d'obus, de shrap-
nells et de balles de fusils,
comme on voit le plomb de
chasse se rencontrer dans l'air
et donner lieu à des ricochets
souvent invraisemblables.
Les observations ci-jointes
vont maintenant prouver sura-
bondamment que les blessures
constatées n'ont pu être faites
que par des balles de ricochet.
Voici d'abord (figure lll) une
blessure de la région iliaque. La
radiographie montre que la crête
de cet os (1) au-dessus de la-
quelle se trouve la balle (2) est
absolument intacte. Le malade
est opéré et, dans la paroi, à
une petite profondeur,nous trou-
vons une balle dont la pointe a
été convertie en une surface
irrégulière formée par le plomb
et les bords crénelés de l'enve-
loppe. La balle ne s'est pas
déformée sur l'os puisque celui-
ci est intact et le peu de profon-
deur à laquelle elle se trouve
prouve indubitablement qu'elle
a épuisé sa force en rencontrant
un obstacle et qu'elle est venue
mourir à fleur de peau.
Voici un deuxième cas. plus
net encore. Il s'agit d'une balle
tout à fait déformée (1) que la
radiographie (figure IV) montre
dans le creux de la main, ayant
fracturé le deuxième métacar-
pien (2) sans presque le déplacer
et écorné légèrement le premier.
La forme du corps étranger est
Fig. lll. tellement particulière que nous
Balle déformée par ricochet (2), n'ayantpas touché l'os iliaque (1) pensions d'abord avoir affaire à
et s'étant arrêtée à une petite profondeur sous la peau. — (îî) Côtes. un éclat d'obus et que nous
fûmes tout à fait étonné quand,
l'extraction faite, nous recon-
de mitrailleuses ricochent souvent, car on mîmes une balle à la nature du métal. Elle
a été presque jusqu'à nier ce fait. s'était, en effet,sous l'influence d'un choc
Et d'abord personne ne peut mettre en violent, non seulement complètement défor-
doute, à l'heure actuelle, qu'avec les engins mée, mais encore vidée comme par enchan-
modernes à répétition, la quantité de balles tement de son contenu de plomb.
envoyées en quelques minutes, sur un même Ici encore ce n'est pas le métacarpien qui
point, atteint un chiffre considérable. Les a pu produire une telle déformation, car la
Allemands, pour tirer plus vite, ne mettraient force nécessaire pour la réaliser aurait fait
même plus le fusil à l'épaule et tireraient sauter complètement ce petit os, qui aurait,
au jugé en marchant. Il est certain que, pour du reste, été incapable d'offrir une assez
eux, le point capital est de faire tomber sur grande résistance pour vider de son contenu
l'ennemi une quantité énorme de fer et de le projectile. Une balle de plein jet aurait
plomb. Dès lors, il est forcé que bien des du reste certainement traversé la main de
Différents aspects de la balle représentée dans la figure précédente et qui, en ricochant, s'est déformée
au point qu'elle est complètement méconnaissable.
LE GRAND-DUC NICOLAS DE RUSSIE
Né le 6 novembre 1856, oncle du tsar, généralissime dès armées russes, le grand-duc Nicolas
de stratège. Il a reçu
a fait valoir, sur le théâtre oriental de laguerre, ses éminentes qualités
les félicitations de Nicolas II et celles du général Joffre.
LES RUSSES AUX PRISES
AVEC L'ALLEMAGNE ET L'AUTRICHE
SUR LE THÉATRE ORIENTAL DE LA GUERRE, LES ARMÉES DU
KAISER N'ONT ÉGALEMENT POINT VU LA VICTOIRE COURONNER
LEUR FORMIDABLE EFFORT
! L faut, une fois encore, rappeler les gran- En faisant la part de l'exagération que com-
dioses projets de l'Allemagne belliqueuse portent les chiffres de la presse pangerma-
et mégalomane pour bien mesurer l'éten- niste, la double alliance se croyait assurée
due et la gravité des échecs qu'elle a subis de la supériorité numérique sur la Russie
sur le front oriental de la guerre. livrée à elle-même. Certes, on savait bien
Le plan primitif de son grand état-major que les ressources en hommes de l'empire
était d'abord de n'opposer à la Russie qu'un des tsars étaient immenses, mais on croyait
simple rideau de troupes. L'armée austro- fermement que ces hommes jamais l'inten-
hongroise de première li- dance n'arriverait à les
gne, concentrée enGalicie, équiper, à les armer, en-
devait envahir la Pologne Consulter, au début du volume, suite que jamais l'état-
russe et « occuper JI, pen- la grande carte en couleurs du major ne les amènerait
dant le premier mois de théâtre général des hostilités sur sur le front en temps
la guerre, les troupes de le front oriental. voulu. L'armée de pre-
couverture de nos alliés. mière ligne une fois dé-
On pensait que la mobi- truite, la Russie serait
lisation et la concentration complète des hors d'état de nuire. Peut-être compta-t-on
armées du tsar exigeraient plusieurs mois. également à Berlin sur quelques « diver-
Bien avant ce délai, l'armée allemande de sions intérieures », telles que les grèves
première ligne en aurait fini avec la France suscitées en juillet à Saint-Pétersbourg,
et se retournerait contre la Russie, qui l'agitation révolutionnaire que l'on pensait
devrait ainsi affronter seule la plus grande déchaîner aisément dans divers centres
partie des forces germaniques. ouvriers, l'insurrection de la Pologne.
Les Allemands et les Austro-Hongrois Toutes ces espérances devaient être
»
avaient calculé que leur « bloc représen- déçues. L'agression provoqua en Russie,
tait onze millions de soldats — six millions comme en France, l'unanimité nationale.
d'Allemands, cinq millions d'Autrichiens. La grande puissance de l'Est étonna le
LE GÉNÉRAL RENNENKAMPF
est Bulgare. C'est le vainqueur
de Mustapha-Pacha, de Kirk-
qui appartient au génie, dut aux Kilissé, de Tchorlou, l'homme
hasards de la guerre de se voir héroïque et rude qui battit à
la
nommer, après bataille de Liao- plates coutures le maréchal Mah-
Yang, commandant en chef de la moud Moukhtar pacha, ami et
cavalerie cosaque, avec laquelle GÉNÉRAL BROUSSILOFF disciple militaire du fameux Von
il exécuta, vers Niou-Tchouang, der Goltz. Chef d'armée, il a
une série de raids restés fa- déjà été blessé à deux reprises.
meux dans les fastes militaires russes. C'est un C'est un beau soldat et un valeureux entraîneur
chef de valeur et d'une extraordinaire énergie. d'hommes qui fait des prouesses en Galicie.
LE GÉNÉRAL ROUSSKY LE GÉNÉRAL BROUSSILOFF
commandant de l'armée russe de Pologne, fut, est, lui aussi, l'un des vainqueurs de Lemberg.
après la guerre russo-japonaise, l'un des plus Et sa magnifique conduite lui valut de recevoir,
fermes lieutenants du général Soukhomlinoff. On de la main même du tsar Nicolas II, la croix
lui doit la réorganisation de l'artillerie de cam- de Saint-Georges de première classe, récom-
pagne. C'est lui qui prit Lemberg aux Autrichiens. pense — rarement accordée — de la valeur
C'est un chef résolu, froid, d'esprit très moderne. militaire. Il est à peine âgé de soixante ans.
Lemberg ;
bataille de sept jours, à
les Autrichiens
comptent des milliers de
avoir cédé en Prusse
orientale,devant des forces
considérables, reprennent
l'offensive. — Ils réussis-
morts et de blessés et per- sent à occuper Czernowitz,
dent un énorme matériel. capitale de la Bukovine.
—
Le tsar décide que Le 16. — Les Autrichiens
Saint-Pétersbourg, la ca- sont de nouveau battus,
pitale russe, s'appellera et les Russes, traversant
désormais Petrograd. L'AVIATEUR POIRÉE la rivière San, les pour-
Le 3. — Les Russes ayant Au service de la Russie depuis suivent avec vigueur.
pris Lemberg et Haliez, le début des hostilités, notre Le 17. — Une division de
poursuivent l'armée autri- héroïque compatriote a reçu, sur cavalerie saxonne est déci-
chienne en lui infligeant le champ de bataille, la croix de mée en Prusse orientale.
de très grosses pertes. Saint-Georges.
Le 18. — Les Russes, au
Le 4. — Sortieinfruc- pied des Carpathes,
tueuse de la garnison de Kœnigsberg. s'emparent des positionsfortifiées de
—
La ville de Radom, en Pologne Siniava et de Sambar, et marchent vic-
russe. est évacuée par les Allemands. torieusement sur Jaroslaw.
—
Offensive russe extrêmement violente Le 19. Abandon de Jaroslaw par les
—
sur la Vistule et le Bug. Autrichiens, qui sont battùs sous San-
Le 5. — Les Russes se rendent maîtres domir. — Début du bombardement de
des puissantes fortifications à coupoles la place forte de Przemysl.
blindées de Nicolaïeff, au sud de Lem- Le 20. Au cours de la poursuite qu'ils
—
berg, et s'emparent d'un matériel im- font aux Autrichiens, les Russes s'em-
mense. — Une grande bataille est parent d'un matériel considérable et
engagée à fond près de Rawa-Ruska. prennent plus de 15,000 ennemis.
Le 6. — Continuation de la bataille de Le 21. — Les Russes prennent Jaroslaw.
Rawa-Ruska. — Les Autrichiens, battus Le 23. Les Allemands cherchent à re-
—
à Lublin, continuent leur retraite vers prendre l'offensive en Prusse orientale.
le Sud.
—
Les Russes commencent l'in- Le 24. — Publication d'un «Livre orange »
vestissement de Przemysl et chassent les russe, prouvant la préméditation austro-
Autrichiens de la forte position de allemande et la duplicité de ces États.
Le 25. — Les Autrichiens se replient sur d'assaut un des principaux ouvrages
Cracovie. — Les Russes semblent vou- de la place. — Tout un détachement
loir marcher sur Breslau. — Ils inves- allemand est détruit, en Prusse orien-
tissent graduellement IÚenigsberg. tale, dans la forêt de West-Ratchki, et
Le 26. — Marche des Russes sur Cracovie. les Russess'emparent de plusieurs
—
L'investissement de Przemysl, à la mitrailleuses et de quelques canons.
suite de combats heureux, est complet. — Le 8. — Nouvelle défaite des troupes alle-
Les Allemands se fortifient sur les mandes déjà vaincues à Augustowo.
routes conduisant à Breslau. Le 9. — Les Russes, poursuivant leurs
Le 27. — L'armée russe, dépassant Prze- succèsenPrusse orientale, s'emparent
mysl, prend Sanok et Chirow, en de Lyck, Margrabovo et Biala.
Galicie, à la suite de batailles désas- Le 10. — Les Allemands, devant lesquels,
treuses pour les Autrichiens, qui per- en vertu d'un plan très étudié, l'armée
dent de nombreux canons et des convois. de la Pologne russe s'est retirée,viennent
Le 28. — En essayant de traverser le à quelques kilomètres de Varsovie et
Niémen, les Allemands subissent des se heurtent à l'avant-garde russe.
pertes énormes et sont forcés de reculer. Le 11. — Commencement de la grande ba-
—
Sur le front de Thorn-Kalish ils éta- taille de la Vistule, engagée violemment
blissent des fortifications destinées à sur le front Ivangorod-Varsovie.
couvrir Berlin. — Passant- les Car- Le 13. — En avant de Varsovie, plusieurs
pathes au col d'Oyok, les Russes battent corps allemands sont refoulés. — En
les Hongrois et se montrent en masses Prusse orientale, les Russes chassent
dans la région de Hunghwas. l'ennemi de Vladislavof et de Wirbalen.
Le 29. - Bombardement infructueux
d'Ossovietz par la grosse artillerie alle-
—
Dans leur marche sur Cracovie, dont
la population se sauve vers Vienne, les
mande. — Repoussées dans la Prusse Russes occupent diverses localités et
orientale, les armées allemandes opèrent infligent aux Autrichiens des pertes
leur retraite dans des conditions infi- extrêmement sensibles.
niment pénibles et dangereuses. Le 11. — Dans une sortie, la garnison de
Le 30. — Le général Auffenberg, comman- Przemysl laisse 3.000 prisonniers et de
dant l'une des armées autrichiennes, est l'artillerie aux mains des Russes.
grièvementblessé. — La Galicie est Le 15. — Les Austro-Allemands, ren-
évacuée par la population autrichienne. forcés, prennent l'offensive près d'Ivan-
gorod et sont de nouveau battus.
OCTOBRE Le 17. — L'offensive allemande est com-
Le 1er. — Les Allemands battent en re- plètement arrêtée en Prusse orientale. —
traite devant les Russes et abandonnent Dans la région de Varsovie, les Russes
l'attaque d'Ossovietz. — Prise d'un fort font de nombreux prisonniers et pren-
de Przemysl par les Russes. nent deux drapeaux et cinquante canons.
Le 2. — Grande bataille à Augnstowo, où Le 18. — Suite des succès russes en Po-
les Allemands semblent faiblir; succès logne russe et dans les environs de
des Russes contre les Prussiens dans la Przemysl, et recul général des Allemands
région de Kielce, et défaite sanglante dans la région de Sandomir.
des Autrichiens à Mikouliotz. Le 19. — Essais infructueux des Allemands
Le 3. — A Augustowo, les Allemands, com- pour franchir la rivière San, et bataille
plètement battus, subissent des pertes de plus en plus acharnée autour de
considérables en hommes et en matériel. Przemysl, qui est toujours investie.
Le 4. — Le grand-duc Nicolas informe le Le 21. — Chassée de ses positions, l'armée
général Joffre, qui félicite l'armée alliée, allemande qui s'était portée devant Var-
de la victoired'Augustowo,obtenue après sovie est contrainte à une retraite pré-
dix jours de lutte. — Les Russes s'em- cipitée et tout à fait désastreuse.
parent des hauteurs voisines de Prze- Le 22. — Accentuation de la déroute des
mysl dont ils poursuiventl'investissement. Allemands devant Varsovie. — Avance
Le 6. — Vains essais de résistance des marquée des Russes auprèsd'Ivan-
Allemands en Prusse orientale, où les gorod. L'armée du tsar avance toujours.
Russes prennent la position de Kamenka. Le 24. — Sanglante défaite des Austro-
Le 7. — Deux colonnes russes envahissent Allemands au nord de Rawa.
la Hongrie par le Nord. — L'armée Le 25. — Près de Sambor, une division
d'investissement de Przemysl prend allemande est anéantie par les Russes..
Le 28. — En Pologne, les Allemands re- déroute. — Défaite complète d'un corps
culent en déscrdre vers Radom. turc devant Kœprikeuy.
Le 31. — Sans aucune déclaration de Le 8. — Les Russes sont à 80 kilomètres
guerre préalable, la flotte ottomane, de Posen et poursuivent victorieusement
accompagnée du Breslau et du Gœben, leur marche vers Cracovie.
bombardeviolemment les ports russes Le 9. — En Prusseorientale, les Russes
d'Odessa, de Théodosia et de Novorossisk. occupent Soldau. — Les troupes autri-
chiennes d'arrière-garde sont battues
NOVEMBRE et dispersés sur la route de Cracovie.
Le 1er. —. Progression des troupes russes Le 10. — Les Allemands, cherchant à
au delà de la Vistule et sur le San. — s'opposer à l'avance des Russes en
Dans la mer Noire, la flotte russe donne Prusse orientale, sont repoussés vers
la chasse au Gœben et au Breslau. les lacs de la Mazurie. — La Galicie
Le 2. — Les ambassa- est de plus en plus
deurs de la France, de occupéepar les armées
la Grande-Bretagne et russes. — Nos alliés
de la Russie quittent ne rencontrent aucune
Constantinople. résistance sérieuse sur
Le 3. — Le tsar se rend la route de Cracovie.
sur le front des armées. Le 12. — Deux divisions
—
Manifeste impérial autrichiennes sont
déclarant que l'attaque anéanties en Buko-
turque sera suivie du vine. — Le blocus de
châtiment qu'elle mé-
rite. — Le ministre de
Serbie abandonne
Przemysl est complè-
tement rétabli.
L'armée russe prend
-
Constantinople. une nouvelle avance en
Le 4. — La guerre est Arménie et défait la
officiellement déclarée cavalerie kurde.
à la Turquie par VAn- Le 13. — Dans la région
gleterre et la France. des lacs de la Mazurie,
—
Une escadre anglo- les troupes allemandes
française bombarde, à cèdent sous la pression
longue portée, les forts des Russes. — La
des Dardanelles. — Turquie se déclare en-
L'armée russe du Cau- fin en état de guerre
case franchit la fron- LIMAN VON SANDERS contre la Russie, l'An-
tière mahométane et Général allemand, commandant en chef gleterre et la France.
s'empare de plusieurs des troupes ottomanes. Le 14. — Les Allemands
localités, infligeant commencent à masser
aux Turcs des pertes sensibles. — Les des troupes de renfort, en vue d'une gran-
troupes turques reçoivent des of ficiers de bataille, entre la Vistule et la rVart/w.
allemands.—Bombardement de JafJa Le 16. — Nouveaux succès des Russes
par un croiseur anglais. — Les Russes dans la Prusse orientale, et violente
poursuivent leur avance contre les TUTCS, bataille dans la région de Soldau. Début
qui reculent vers Erzeroum. d'une grosse bataille sur le front de Plock
Le 6. — La grande bataille de Galicie est et de la Wartha. — Les Turcs d'Asie-
terminée. Les Autrichiens, vaincus, bat- Mineure battent en retraite, marquant
tent en retraite. Leurs pertes sont énormes leur marche par des cruautés atroces.
Les Russes font 25.000 prisonniers, Le 17.
—
Les combats se développent entre
dont 5.000 à Jaroslaw. — Les Russes la Vistule et la Wartha. EnPrusse orien-
bombardent Sanguldack et coulent quatre tale, les Russes s'emparentdeGoldap.
transports turcs dans la mer Noire. — Ils Le 18. — La bataillecontinue acharnée dans
occupent Kœprikeuy, en Asie-Mineure. la région de Soldau. — L'escadre alle-
Le 7. — L'offensive russe s'accentue vic- mande bombarde le port de Libau.
torieusement dans la Prusse orientale. — Le 20. Près de Lodz, la contre-offensive
—
Sur la Vistule, les Allemands exécutent russemarque un succès sur les Allemands.
une retraite qui prend le caractère d'une Cracovie est investie au nord et à l'est.
(Voir à lafin du volume la suite de la chronologie des faits de guerresur le théâtre oriental de lalutte.)
Le commandement austro-hongrois
prince héritier de la double couronne des Habs- est le seul général de valeur de l'armée autri-
bourg, est né à Persenberg, le 17 août 1887. Il chienne. Il a soixante ans et s'est fort bien com-
a par conséquent vingt-sept ans, et a dû à la porté pendant toute la guerre. Il commande
mort tragique de l'archiduc François-Ferdinand, actuellement, sous les ordres du kronprinz d'Al-
tué à Sarajevo, au mois de juin 1914, d'être lemagne, une arméeautrichienne qui coopère
appelé à recueillir le lourd héritage du vieil avec l'armée allemande en Prusse orientale.
empereur François-Joseph. Il a épousé, le 21 oc-
tobre 1911, la princesse Zita de Bourbon de LE GÉNÉRAL DE HŒTZENDORFF
Parme, et ne s est en rien signalé à l'atten- chef d'état-major général, est l'un des grands
tion du monde au cours de cette guerre des responsables des conflits actuels. C'est lui qui
nations. C'est à peine si son nom a été prononcé.
poussa son souverain à l'annexion de la Bosnie
et de l'Herzégovine, lui qui lança l'Autriche à l'at-
L'ARCHIDUC FRÉDÉRIC D'AUTRICHE taque de la Serbie. Il était le collaborateurintime,
duc de Teschen, est né le 4 juin 1856, à Gross- l'âme damnée de l'archiduc François-Ferdinand.
Seclowitz. Général d'infanterie, inspecteur gé- LE GÉNÉRAL VON AUFFENBERG
néral d'armée, commandant en chef de la land-
wehr autrichienne. Il a épousé la princesse Isa- est d'origine allemande, mais possède parfai-
belle de Croy. L'archiduc Frédéric commandait tement la grande tradition de l'armée autri-
en chef à Lemberg, où il fut superbement battu chienne, c'est-à-dire qu'il s'est fait battre partout
par l'armée russe. C'est à la suite de cette défaite où il a commandé. II est en grande partie respon-
qu'il se vit retirer son commandement en chef. sable des défaites que son pays subit en Galicie.
sud de Lemberg étaient repoussés, les uns Russes, se repliant sur leurs renforts, exécu-
dans les Carpathes, les autres dans la di- tent une marche rétrograde. L'armée de
rection de Cracovie. L'armée russe victo- Dankl enprofite pour marquer quelques
rieuse s'emparait de Iaroslaf et investissait
Przemysl. Presque toute la Pologne autri-
chienne (Galicie) recevait des administra-
;
succès-: elle dégage Przemysl, elle reprend
Iaroslaf au sud, des troupes hongroises
réoccupent la Bukovine. Au nord, des forces
teurs nommés par le tsar lui-même. autrichiennes appuient l'aile droite du
Ainsi se terminait, à la fin deseptembre, kronprinz. Dans les premiers jours de no-
la première phase des opérations. vembre, entraînées par la défaite du prince
Avec la deuxième phase apparaît un nou- héritier allemand, elles étaient battues
veau plan, élaboré par le grand état-major d'abord entre Kielce et Sandomir, puis sur
de Berlin. Une armée allemande de plus le San, devaient abandonner Iaroslaf, laisser
d'un million d'hommes vient appuyer l'ar- réinvestir Przemysl et, après avoir perdu
: mée austro-hongroise qui s'est reformée des milliers de prisonniers, des centaines
sous les murs de Cracovie. Le général von de bouches à feu, un matériel innombrable,
Auffenberg, à qui l'on attribue la respon- se retirer précipitamment par les défilésdes
sabilité de l'offensive sur Lublin, se voit Carpathes couverts de neige. Une faible
:
partie pouvait se réfugier dans Cracovie.
L'Autriche était hors de cause les débris
de ses armées étaient séparés des forces
allemandes. L'empire d'Allemagne devait
été remportée, sur le front oriental, depuis
le début de la guerre. »
Depuis, les Autrichiens ont vainement
tenté de disputer le terrain, devant Cracovie,
désormais pourvoir seul à la défense de ses aux troupes victorieuses du ~isar. Celles-ci
frontières, ne comptant plus sur son alliée. les ont constamment défaits. Elles inves-
C'était ainsi que l'annonçait officielle- tissent la place forte au nord, à l'est et au
:
ment le grand-duc Nicolas, généralissime
russe «Laplus importante victoire qui eût
sud, où elles sont parvenues à moins de
vingt kilomètres de la cité galicienne.
CARTE DES TERRITOIRES RUSSO-POLONAIS QUE LES ALLEMANDS ONT EN PARTIE ENVAHIS
reculer à son tour, ce qui amena, sur tout le plus considérable qui, à travers la Pologne
front, une retraite générale de l'ennemi. dévastée, s'ébranlait dans la direction de
Les Russes se trouvaient, après une pour- la Silésie. De ce côté, le grand-duc Nicolas
suite d'une dizaine de jours, sur la ligne ne paraissait disposer, comme flanc-garde,
de la frontière. Il leur restait à affronter, que d'un ou deux corps d'armée. Cette
pour aborder les provinces allemandes de extrême aile droite de l'immense armée de
Silésie et de Posnanie, la défense, que l'on Pologne, dont l'aile gauche poursuivait les
dit extrêmement forte, organisée de Kalisch Austro-Hongrois dans les cols des Carpathes,
à Cracovie. Pendant qu'ils se portaient dans dut momentanément se replier devant des
cette direction, les Allemands exécutaient, forces de beaucoup supérieures en nombre.
le 16 novembre, une contre-attaque-partie La presse allemande chanta victoire. Elle
de Thorn et qui cherchait à déborder la enregistra comme d'éclatants succès les
droite russe, entre la Wartha et la Vistule. batailles de Kutno et de Plotsk, annonçant
même un chiffre de prisonniers supérieur partie cherchait à se retirer vers le nord,
à l'effectif probable des troupes russes ren- dans la direction de Thorn. L'autre faisait
contrées sur ces deux points. Mais, bientôt, front, retranchée entre Zgierz (au nord-est
entre la Vistule et la Wartha, nos alliés de Lodz) et la Wartha. Renouvelant sans
reçurent de sérieux renforts. De den¡{ côtés, doute la manœuvre de la bataille de l'Aisne,
sur chaque flanc de l'armée Mackensen, elle attendait, sur cette position fortifiée
surgissaient de nombreux contingents russes, de façon gigantesque, un renfort que l'on
venus les uns de Varsovie, les autres du sud disait être de deux corps d'armée, — peut-
de la Pologne. Ces derniers repoussaient une être la force repoussée et coupée à Wielun.
deuxième armée allemande partie de Kalisch A la fin de novembre, la victoire des
et qui s'avançait vers Wielun, pour assurer Russes, que la presse quotidienne s'était
la jonction de la première avec le gros des un peu trop hâtée d'annoncer, ne faisait
forces austro-allemandes, resté en avant de néanmoins de doute pour personne. Si
la frontière, sur la ligne Czenstochowa- l'enveloppement total des deux armées
Cracovie. Vers le 25 novembre, les deux allemandes qui avaient réenvahi le nord-
armées germaniques du nord de la Po- ouest de la Pologne ne comporte pas toutes
logne semblaient coupées et hors d'état les conséquences que l'on a pu en espérer—
de se rejoindre. L'armée de Mackensen ce qu'il est impossible de savoir à l'heure
surtout apparaissait dans une situation où nous écrivons — les ennemis ne sortiront
critique. Le communiqué de Petrograd du pas, dans tous les cas, du territoire envahi
28 novembre annonçait que les Russes, sans éprouver des pertes immenses.
tournant sa gauche, occupaient Gombin. Le résultat de cette deuxième offensive
Elle tentait alors d'échapper aux deux allemande apparaît donc, dès maintenant,
pinces de la tenaille qui l'enserrait; une comme un désastre pour les Austro-Germains.
A l'instigation de l'Allemagne
la Turquie se dresse-contre la Russie
C 'EST pour forcer la main au gouver- par deux guerres successives avec l'Italie et
nement turc et l'obliger à entrer en les puissances balkaniques, ne peut ni inquié-
guerre avec la Triple-Entente,
Gœ-
que les ter, ni même gêner laRussie. Les cinquante
croiseurs allemands millions que le gouverne-
ben et Breslau, portant le ment de Berlin lui a, dit-
pavillon ottoman, mais on, avancés pour entrer
commandés par des offi- en campagne, ne sau-
ciers et montés par des raient lui permettre de
équipages germaniques, réorganiser son armée et
ont, le 31 octobre, ca- de maintenir sur le pied
nonné Odessa, Théodosia, de guerre des effectifs très
et quelques autres ports importants.
russes de la mer Noire. Deux des alliés seule-
Ainsi, le sultan, le grand-
vizir, la plupart des mi-
nistres encore hésitants
ou même récalcitrants
ont été mis en face de
quie :
ment ont des frontières
communes avec la Tur-
l'Angleterre en
Egypte, la Russie au Cau-
case. Sur mer, la flotte
»
l' « irréparable et lancés
dans une guerre dont ils
ottomane, qui se montra
impuissante en 1912-1913
prévoient bien les désas- à protéger les îles de
treuses conséquences. l'Egée contre les escadres
La diversion a, évidem- italiennes et mêmecontre
ment, pour but de tenter la flotte grecque, ne pour-
de distraire de la frontière rait sortir des Dardanelles
orientale de l'Allemagne
une partie de l'immense
armée qui la menace, ou
-
sans se heurter aux forces
franco anglaises. L'ad-
jonction du Gœben et du
de rendre, tout au moins, Breslau est loin de lui
indisponibles quelques- donner la maîtrise de la
unes des réserves russes. mer Noire, que domine
Il est peu probable qu'elle toujours la flotte russe.
atteigne son objet. La ENVER PACIIA Tout au plus favorise-
Turquie, saignée à blanc Ministre de la Guerre de Turquie. t-elle quelques raids qui
ne sont, d'ailleurs, pas sans péril. Dès le quie a cherché à transporter par mer des
début, les alliés ont montré aux Turcs troupes dans cette région pour menacer les
qu'ils n'appréhendaient nullement leur en- armées du tsar sur leur flanc droit. La flotte
trée en ligne. Partout, ils ont pris l'offen- russe de la mer Noire a fait bonne garde. Le
sive. Dans la péninsule du Sinaï, le croi- <5 novembre, ses torpilleurs ont coulé six
seur anglais Minerva bombardait le port transports; le 17, elle a bombardé Trébi-
et les fortins d'Akaba, où se rassemblaient zonde. Enfin, le 18, en rentrant à Sébastopol,
quelques troupes ottomanes. Ainsi, les amis ses cuirassés ont surpris et canonné le
de l'Allemagne apprenaient quelle difficulté Gœben, qui paraît avoir été sérieusement
présente une attaque sur l'Egypte par avarié et n'a dû son salut qu'à la fuite.
l'isthme de Suez lorsque l'assaillant n'est L'entrée en ligne de la Turquie peut,
pas maître de la mer. Le 4 novembre, l'An- néanmoins, avoir des répercussions impor-
gleterre proclamait l'annexion de Chypre, tantes, mais cela ne sera probablement pas
qu'elle occupait en fait depuis 1878. En dans le sens qu'espérait l'Allemagne. Elle
Arabie, sur le peut, en effet,
détroitdeBab- amener la re-
el-Mandeb,elle constitution
débarquaitdes de la ligue bal-
troupes in- kanique, dont
diennes dans l'empire otto-
l'ancienne fac- man a éprou-
torerie fran- vé les terribles
çaisedeSheik- effets en 1913
Saïd. Enfin, et à laquelle
au fond du adhérerait,
golfe Persique, cette fois, la
elle occupait Roumanie. Ce
les bouches du serait la liqui-
Chatt-el-Arab, dation défini-
le point termi- tive de la fa-
nus du fameux meuse ques-
chemin de fer tion d'Orient.
de Bagdad, Il est à pré-
dont la con- voir qu'une
cession avait opération de
été, comme on cette impor-
sait, accor- tancenelaisse-
dée aux Alle- rait pas l'Italie
mands. indifférente.
Dès le4 no- Dans tous les
vembre, le cas, les préoc-
bruit du canon cupations de
THÉATRE PREMIÈRES
:
était entendu
à Constantino-
plemême une
ENTRE
LE
LES FORCES
DES
RUSSES ET LES
RENCONTRES
TROUPES OTTOMANES
la Turquie en
Europe, join-
tes à la fai-
escadre anglo-française, composée probable- blesse de ses moyens d'action, ne lui per-
ment de croiseurs britanniques du type mettront d'entreprendre de grandes opéra-
Invincible et Indefatigable, et de croiseurs tions ni en Egypte ni en Asie Mineure.
français du type Édgar-Quinet, bombardait Au bout d'un mois, malgré la « prépa-
les forts de l'entrée des Dardanelles. Les ration méthodique dont ils annonçaient
»
ouvrages ottomans ripostaient sans pouvoir que leur armée et leur flotte avaient été
atteindre les navires de guerre. Les forts de l'objet, sous la haute direction de tout un
Kum-Kaleh et de Sedil-Barach ont parti- état-major allemand, les Turcs n'ont marqué
culièrement souffert des projectiles. aucun succès, ni sur terre, ni sur mer. Une
En Arménie, dès les premiers jours de tentative faite par eux pour s'avancer le
tait en marche dans une triple direction :
novembre, l'armée russe du Caucase se met- long de la côte de la mer Noire, vers Ba-
toum, a été repoussée. La « formidable »
1° celle d'Erzeroum; 2° celle de Van; 3° celle armée qui devait envahir l'Egypte et, en
d'Ourmia, sur la frontière de Perse, menacée s'emparant du canal de Suez, couper les
par des contingents turcs. Elle ne se heurtait, lignes de communication des alliés avec
marquer aucun avantage sérieux; ils ont croire affaiblis, démunis d'hommes, de ma-
même éprouvé de sanglants désastres et ce tériel et de munitions, ont infligé de rudes
n'est qu'après avoir réuni des forces écra- échecs à un ennemi qui, depuis plus de dix
santes et un nombreux matériel qu'ils ont pé- ans, se préparait à la guerre, selon la mé-
nétré sur quelques points du territoire serbe. thode allemande, avec un soin méticuleux
Assurément, les Austro-Hongrois avaient et des ressources considérables.
à lutter au nord contre un adversaire autre- L'armée austro-hongroise s'est présentée
ment redoutable. Pour arrêter les Russes, ils
avaient cru pouvoir ne laisser contre les
Serbes que des forces légèrement supérieures
:
sur trois fronts pour envahir le territoire
serbe 1° au nord-est, le long de la frontière
serbo-roumaine; 2° au nord-ouest, dans la
à celles de ce vaillant petit peuple. Mais plus boucle de la Save et de la Drina; 3° au sud-
de 300.000 hommes n'ont pas suffi à triom- ouest, dans le sandjak de Novi-Bazar.
Sur ces trois fronts, ses troupes ont été afin d'effacer dans l'opinion publique l'im-
complètement battues et sont inutilement pression déplorable produite par les défaites
revenues à la charge. Au nord, les Serbes ont en Galicie, la monarchie austro-hongroise
même réussi à franchir le Danube, à occuper a réussi à entamer le territoire serbe, à l'ouest.
temporairement Semlin et à esquisser une dans le district de Valjevo. Mais la marche
marche sur Budapest. A la frontière de des colonnes russes en Hongrie, les craintes
Bosnie, une de leurs armées, jointe aux forces que l'Autriche peut et doit éprouver d'autre
monténégrines, est venue très courageu- part pour ses frontières du Tyrol et de
sement mettre le siège devant Sarajevo. Transylvanie, jointes à la défensive in-
Ce n'est que dans la première quinzaine domptable des envahis, ne lui permettront
de novembre que, rassemblant une nouvelle sans doute pas de pousser bien loin ses succès
armée, dans un but sans doute politique, ou d'en tirer un très grand avantage.
l'entrée de la plaine serbe, le point qui parais- chiens d'entourer les forces serbes, qu'ils
sait le plus propice à une invasion, — dans la enveloppaient sur trois faces. Néanmoins,
boucle formée par la Save, après son con- dès le 17 août, ils éprouvaient une défaite
fluent avec la Drina,— et que des contin- à Chabatz et devaient battre en retraite.
gents, d'importance moindre, se glissaient Cet échec sur le front occidental entraî-
au sud, dans le sandjak de Novi-Bazar, pour nait le recul du détachement qui opérait
essayer de ressaisir ce fameux couloir, route dans le sandjak de Novi-Bazar. Les Serbes,
de Salonique, et empêcher la jonction des au nord, passaient la Save et s'emparaient
forces serbes et monténégrines. de Semlin, tandis qu'au sud-ouest, leurs
Devant Belgrade, les envahisseurs n'éprou- colonnes, jointes aux troupes monténégrines,
vèrent que des échecs. En vain bombar- occupaient Visegrad et s'avançaient en
dèrent-ils la ville pendant de longs jours. Bosnie, dans la direction de Sarajevo. Pen-
Jamais ils ne réussirent à réduire au silence dant les mois de septembre et d'octobre,
l'artillerie serbe. Les multiples tentatives Serbes et Monténégrins continuèrent métho-
qu'ils firent pour passer la Save, à l'ouest de diquement la conquête de la province habi-
la capitale, n'eurent pas plus de succès. Cha- tée par leurs frères de race et annexée en
que fois, les transports chargés de troupes 1908, après trente ans d'occupation, par les
Autrichiens. Le caractère montagneux de la Leurs adversaires compensaient l'infériorité
Bosnie et de l'Herzégovine, les formidables
défenses accumulées devant Sarajevo, ren-
daient toutefois assez lents leurs progrès.
:
croissante du nombre, — car il leur est très
difficile de réparer leurs pertes dès le début,
pour lutter contre leur formidable ennemi,
A plusieurs reprises, les Austro-Hongrois ils ont dû appeler tout le monde sous les
ont tenté de reprendre l'offensive, le 13 sep- armes — ils compensaient donc ce désavan-
tembre, sur la Drina, le 14 et le 18 octobre, à tage par une tactique adroite, que favori-
Koutchevo, le 26 du même mois, sur laSave. saient la connaissance du pays et l'admi-
Toujours ils ont été repoussés avec pertes. rable patriotisme des populations.
Ce n'est que le 10 novembre, après que la Déjà, tandis qu'ils luttaient en Bosnie, les
principale armée austro-hongroise, battue Austro-Hongrois avaient dû se méfier de
par les Russes en Galicie, se fut retirée pré- la majeure partie des habitants, prêts à se
cipitamment, d'une part sur Cracovie, de jeter dans les bras des Serbes, et, en atten-
l'autre sur les Carpathes, qu'une deuxième dant cette émouvante jonction, à favoriser
armée, forte, cette fois, de 450.000 hommes et à renseigner par tous les moyens leurs
et composée de troupes fraîches, se présenta grands frères indépendants; déjà ils avaient
dispersé. C'est une guerre de guérillas fet politique considérable; il n'a aucune impor-
d'embuscades qui « mange »
d'hommes à ceux qui en sont l'objet.
beaucoup tance militaire. La ville n'est pas fortifiée;
elle a été canonnée dès le début de la
Les Monténégrins se sont avancés au guerre et le gouvernement serbe l'a quittée
nord-est afin de permettre à la colonne depuis longtemps pour s'installer à Nisch.
colonne, ils en ont lancé d'autres en Herzé- venu mettre le siège devant la place, que la
govine, et, enfin, ils ont pris part à d'inté- flotte franco-anglaise, commandée par l'ami-
ressantes opérations sur la côte de Dalmatie. ral Boué de Lapeyrère, bloquait du côté de la
Lorsque, au traité de Berlin, l'Autriche- mer. De puissants canons de marine, maniés
Hongrie avait reconnu l'indépendance des par des artilleurs français, ont été hissés sur
énergiques habitants de la Montagne-Noire, le mont Lovcen, et le bombardement de la
elle s'était efforcée de les priver de tout débou- place a commencé, à la fois par terre et par
ché sur l'Adriatique. Antivarileur avait été mer, produisant des effets terrifiants.devant
laissé à regret, avec défense d'y élever des Les Monténégrins ont encore paru
fortifications. Mais le gouvernement de le port dalmate deRaguse. Les diversions
François-Joseph s'était adjugé Cattaro, port tentées contre eux au début de novembre par
naturel du Monténégro, dont la position et des bandes albanaises, évidemment à la
la configuration, en raison des fameuses solde de l'Autriche, n'ont pas réussi à les
»,
« bouches
devaient lui permettre de consti- détourner de leur objectif.
Ils ont continué la lutte à la frontière de
tuer la plus puissante station navale qui
ait jamais été créée sur l'Adriatique. Bosnie, pour protéger la retraite des Serbes.
LEURS PRISONNIERS ET LES NOTRES
Quel est le nombre des hommes capturés, de part et d'autre
depuis le début des hostilités?
attentive,
BERLIN
surveillance
A
d'évasion.
",
NOUVEAU-MONDE
une
velléités
eux
sur
des
exerce
DU avoir
allemande
L'HÔPITAL
pouvaient
sentinelle
DE
sont,
JARDINS
une
ils
où
atteints;
LES
l'état
DANS
gravement
dans
BLESSÉS,
compatriotes,
été
FRANÇAIS,
avoir
paraissent
infortunés
PRISONNIERS
banc
nos
le
DE
sur si
assis
GROUPE
sont
qui
Ceux
maigre menu,qu'ils communiquer
ne pouvaient, en avec les captifs.
ces derniers temps, L'agence
pas
suppléments:
améliorer
achetant quelques
leur avait refusé
des cantines et on
en
on
des prisonniers
à Genève
Cette agence a
été organisée pour
leur prenait tout fournir aux famil-
leur argent, voire les intéressées,
leurs bijoux. françaises, anglai-
Cependant, les ses, belges et alle-
rudes geôliers teu- mandes, des nou-
tons ont tendance velles de ceux de
depuis peu à s'hu- leurs membres qui
Ils
maniser. ont au- sont internés.
Elle fut fondée
torisé quelques en-
vois d'argent, de à la fin du mois
vivres, de lettres,
de vêtements d'hi-
ver; à ce sujet,
d'ailleurs, le bu-
;
d'août, par cinq ou
six personnes elle
compte mainte-
nant 350 collabo-
reau de l'Agence rateurs. Sa direc-
des prisonniers de L'INTERROGATOIRE D'UN PRISONNIER PRUSSIEN tion incombe au
guerre français, 26 Comité internatio-
bis,rue FrançoisIer nal, que dirige M.
à Paris, fournit tous les renseignements dé- Gustave Ador. Elle est organisée dans les lo-
sirables aux familles qui s'adressent à lui pour caux du musée Rath, gracieusement concé dés
DE
guerre.
TABLEAU
la
de
EFFRAYANT
horreurs
les
UN
toutes
REGARDS
subi
AUX
a
localité
OFFRE
celte
OCCIDENTALE)
alliés
les
par
fois
(BELGIQUE
plusieurs
PERVYSE
reprise
et
DE
Prise
,¡., RUE
PRINCIPALE
LA
LA NEF PRINCIPALE DE L'ÉGLISE DE NIEUPORT APRÈS LE BOMBARDEMENT
la
par
l'abandonner
ORIENTALE)
dû
(PRUSSE
avaient
SOLDAU
ils
mais
DE
campagne,
PLACE
UNE
la
SURde
début
ALLEMANDES
au
importante
TROUPES
ville
DE cette
DÉTACHEMENT
de
emparés
s'étaient
UN
Russes
Les
ÉQUIPEMENTS AUTRICHIENS RAMASSÉS PAR LES RUSSES EN GALICIE
Les sept derniers drapeaux pris aux Allemands, suspendus dans la chapelle des Invalides, devant la
tribune des grandes orgues. Ils sont la preuve incontestable de nos victoires.
terrible. Belfort est à l'honneur après avoir de matériel allemand fut capturé par eux.
été à la peine. Les premiers canons pris aux Mais si le butin faitpar nos armées est
Allemands y furent exposés. Il était juste important, nous devons reconnaître que
que cette artillerie conquise en Alsace figurât l'ennemi, de son côté, réussit à s'emparer
devant le monument élevé en l'honneur de quelques-uns des canons des alliés, au
des défenseurs de la ville, en 1870-1871. cours de la retraite qui suivit la bataille de
De même que Belfort, Lyon a reçu des Charleroi. L'une de ces pièces, un canon
canons ennemis. On les a alignés sur l'im- anglais, fut envoyée à Munich. Nos lecteurs
mense place Bellecour, où ils ont attiré une peuvent se rendre compte, par la photogra-
foule de curieux. Pendant que nos soldats phie que nous donnons ci-dessous, de l'em-
faisaient dans l'Est une fructueuse « cueil- pressement avec lequel la foule examine cet
Le roi Louis III de Bavière examinant une pièce de campagne anglaise transportée à Munich.
»
lette de pièces allemandes, nos braves
alliés anglais infligeaient aux ennemis une
exemplaire de l'artillerie britannique. Le roi
de Bavière lui-même est au premier rang des
série de graves échecs, depuis Guise jusqu'à badauds. Et la curiosité allemande, dans un
Compiègne. Aux environs de cette ville, ils tel ordre de faits, apparaît d'autant plus
s'emparaient de douze canons. Durant la vive qu'elle a plus rarement— ce qui est heu-
fameuse bataille de la Marne, tout un train reux pour nous — l'occasion de se manifester.
LES HOSTILITÉS SUR MER
-
ET -
ien
Le 24. — L'escadre allemande tente vai- du Nord par le sous-marin allemand 49.
nement de débarquer des troupes à Le 16.. — La marine française coule un
Windau, Courlande.—L'Emden torpilleur autrichien dans l'Adriatique.-
est signalé près de Pondichéry. Les Russes capturent deux navires alle-
Le 25. — Des troupes anglaises débar- mands chargés de céréales. — Deux navires
blquent en Chine pour prendre part aux allemands munis d'appareils de télégra-
te' opérations japonaises contre Tsing-Tao. phie sans fil sont pris par les Anglais.
Le 27. — Douala, capitale du Cameroun Le 17. — Dans la mer du Nord, à la hau-
allemand, est obligée de se rendre à une teur descôtes de Hollande, le croiseur
force franco-anglaise, débarquée par le anglais Undaunted coule quatre contre-
Cumberland et le Bruix. torpilleurs allemands. — Le croiseur
Le 28. — Les alliés commencent l'attaque
des positions avancées de Tsing-Tao.
Le 30. — Remontrances italiennes à l'Au-
japonais Takachiho est coulé par une
mine dans la baie de Kiao-Tcheou.
Des aviateurs autrichiens lancent des
-
triche, au sujet des mines flottantes bombes sur les navires français ancrés
semées dans la mer Adriatique. en rade d'Antivari, sans les atteindre.
Le 19. — Occupation par les Japonais turcs, qui tirent sur le vapeur français
des îles Mariannes et des Carolines Portugal et tuent à bord deux passagers.
orientales et occidentales, appartenant à Le 31. — Violente attaque des Japonais,
l'Allemagne. —Le torpilleur allemand890 sur terre et sur mer, contre Tsing-Tao.
est détruit au sud de Kiao-Tcheou.
Le 21. — Des sous-marins allemands atta- NOVEMBRE
quent vainement des canonnières an- Le 1er. — Le croiseur anglais Hermès est
glaises occupées à bom- coulé parun sous-marin alle-
mand,danslePasde Calais.
barder les positions enne-
mies sur la côte belge.
Le 24. — Le contre-torpil-
-
Le 6. Uncroiseurallemand
est coulé par une mine à
leur anglaisBadger coule l'entrée de la baie deJahde.
un sous-marinallemand —Combat naval sur lescôtes
sur la côte hollandaise. — du Chili; des navires alle-
Un torpilleur allemand est
capturé dans la baie de
Kiao-Tcheou. — Les Alle-
mandscoulent plusieurs bli-
thnentsanglais. A Kiao-
Tcheou, l'action japonaise
-
mands envahissent la colo- redouble d'intensité.L'ins-
nie portugaise d'Angola. tant décisif est proche.
Le 26.— Le vapeur Amiral- Le 7. — Capitulationgénérale
Ganteaume, chargé de réfu- de Tsing-Tao. Toutes les
giésdu Nord, est coulé par
gne-sur-Mer ;
une mine, près. de Boulo-
il y a une
trentaine de noyés. CAPITAINE MULLER
Le 28. — L'Emden entre Commandant Emden" l"
troupesallemandes de la
colonie de Kiao-Tcheouse
rendent aux Japonais.
Le 9. — Les Français re-
prennent possession de la
sous pavillon russe dans un plus grande partiedu Congo
port anglais de Malacca, coule un croi- cédé autrefois à VAllemagne.
seur russe et un torpilleur français. — Le 10. — Le croiseur australien Sidney
Les Allemands sont battus par les parvient à rejoindre et à détruire l'Em-
Belges, au Congo. — Dans la Nigeria den. — Le croiseur anglais Chatam
et le Cameroun allemand, les Anglo- contraint le croiseur allemand Kœ-
Français bombardent et prennent Duala nigsberg à entrer dans la rivière Rufigi,
et Bonaberi après de brillants combats. en face de l'ile Mofia(Afrique orien-
Le 29. — Dans la mer Noire, une canon- tale); le Kœnigsberg,embouteilléetbom-
nière russe est coulée par des croiseurs bardé, est hors d'état de nuire.
(Voir à la fin du volume la suite de la chronologie des hostilités sur mer et dans les colonies allemandes.)
;
tout à l'heure
le sort de YEm-
den et du Kœ-
coulé, près de Malacca, uncroiseur russe nigsberg quelquesgrands croiseurs,parmi les-
et un torpilleur français, détruit plusieurs quels le Kaiser-W'ilhelm-der-Grosse et le Héla
navires de commerce, fut enfin rejoint et furent détruits également; dans la mer du
brûlé par le croiseur australien Sydney, le Nord, le croiseur anglais Undaunted coula
jour même où le croiseur anglais Chatham à lui seul quatre contre-torpilleurs, etc.
poursuivait, embouteillait et bombardait Enfin, il convient de rappeler l'interven-
le croiseur allemand Kœnigsberg, lequel, tion brillante des escadres alliées lors des
vers le milieu ae septembre, avait surpris violents combats livrés en octobre et no-
et coulé le croiseur léger anglais Pegasus. vembre sur le littoral des Flandres et de
De même, à plusieurs reprises, les sous- pousser un cri de victoire en l'honneur de
marins allemands ont fait preuve d'adresse l'amiral anglais Sturdee, dont la flotte, les
et de décision. Certains sont venus jusque 7 et 8 décembre, coula quatre croiseurs
sur les côtes anglaises, et l'on n'a pas oublié allemands non loin des îles Falkland.
1
sibles, tandis qu'au début du mois de était fixé dès la première heure, et ils durent
novembre, la France rentrait en possession capituler le 7 novembre, après la prise du fort
de la plus grosse partie du Congo qu'elle central par les Japonais. La garnison était
avait été contrainte de céder à l'Allemagne, d'environ 6.000 hommes, et l'Allemagne
dans des circonstances sur lesquelles nous occupait ce territoire depuis dix-sept ans.
ne croyons pas nécessaire de revenir ici. En le perdant, elle voyait s'évanouir toute
Sans entrer autrement dans le détail de chance d'extension en Extrême-Orient et
la guerre aux colonies, on peut dire qu'en ne pouvait espérer aucune compensation afin de
moins de trois mois il ne restait rien aux pour les millions employés par elle
Allemands de l'énorme domaine qu'ils donner à ce poste asiatique une importance
étaient parvenus à créer. Mais, de toutes de premier ordre. Son prestige, dans ces
ces pertes, celle qui leur fut la plus sensible,
!
régions, était à tout jamais détruit
LES SOCIÉTÉS DE SECOURS AUX BLESSÉS
ET LES INITIATIVES PRIVÉES
Par PAUL STRAUSS
SÉNATEUR DE LA SEINE
c EST
MEMBRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE
sabilités et d'initiatives grâce auxquelles et savent même les égayer de leurs sourires.
les formations sanitaires se multiplient dans Nos trois sociétés de la Croix-Rouge se
des proportions plus fortes que si un grou- sont de longue date entraînées, par leurs
pement central en avait seul et exclusive- services rendus aux colonies, ou bien lors
ment la charge. L'esprit d'émulation fé- de certains désastres publics, par leur zèle
conde ainsi les efforts locaux, décuplés par philanthropique. Chacune a son Livre d'or
l'idée du devoir et la notion toujours vivace de victimes modestes et d'héroïnes inou-
du plus pur patriotisme. bliables, au Maroc et ailleurs.
En temps de paix, l'Union des Femmes L'apprentissage du temps de paix, pour
de France comptait en France 300 comités lequel d'autres Croix-Rouges ont donné
représentant 52.000 membres. l'exemple, notamment dans la lutte anti-
La Société française de secours aux blessés tuberculeuse, est fondamental pour la for-
militaires avait 400 comités ou sous-comités mation d'administratrices, de soignantes,
et l'Association des Dames françaises com- de secouristes, d'infirmières prêtes à être
prenait également 188 comités ou groupes. mobilisées à la première alerte.
La préoccupation constante des sociétés Qu'il s'agisse des secours aux victimes
des désastres publics, tremblements de terre, le prendre à leur compte. Il y faut la partici-
inondations, des secours à des soldats rapa- pation financière et surtout l'élan soutenu,
triés des corps expéditionnaires, des dons le don de soi-même, la passion du devoir,
aux troupes en campagne ou en séjour aux la flamme du sacrifice. Ce ne sont pas des
colonies, des dons aux bibliothèques mili- postes de tout repos qu'occupent ces chirur-
taires, des salles de repos du soldat, des giens, ces médecins, ces infirmières et aides-
maisons de convalescence, des œuvres du infirmières, ces infirmiers-brancardiers,venus
livre du soldat, ou bien de la section anti- de toutes parts, impatients d'agir et de se
tuberculeuse militaire, de la participation rendre utiles, uniquement préoccupés de faire
aux œuvres d'assistance maternelle et infan- le bien et de servir leur pays.
tile, de tels préparatifs, efficaces en eux- En dehors de ses énormes ressources
mêmes, ont un profit particulièrement du- d'hospitalisation, qu'il emprunte pour la
rable et un retentissement prolongé. plupart à l'Assistance publique, aux hôpi-
Que de patience et combien d'efforts ont taux et hospices, ou qu'il crée de toutes
déployés ces fourmis prévoyantes pour pièces dans des hôpitaux militaires et des
amasser l'énorme outillage qui, du jour au hôpitaux de complément, le service de
lendemain, sur un ordre du service de santé santé dispose actuellement, dans les places
!
militaire, prend sa place régulière dans l'as-
sistance à nos héroïques soldats La nation
ne saurait avoir trop de reconnaissance pour
de l'intérieur non comprises dans la zone de
l'armée, de 51.000 lits pour la Société fran-
çaise de secours aux blessés, de 30.000 pour
ces volontaires du bien public, dont toutes l'Union des Femmes de France, de 18.000
les activités bienfaisantes et secourables pour l'Association des Dames françaises.
tendent, pendant de longues années, à A elle seule, l'Œuvre d'assistance aux
mettre éventuellement une puissante orga- convalescents, fondée par Mme la comtesse
nisation au service de l'armée et de la patrie. Greffulhe, MM. Maurice Bernard et Pierre
Car, ce qui caractérise ce prodigieux Dupuy, offre plus de 16.000 lits dont le
effort, c'est qu'il ne saurait être improvisé, nombre actuel est en perpétuel accroissement.
c'est que les pouvoirs publics ne peuvent C'est un résultat des plus satisfaisants.
A titre d'exemple, nous pouvons spécifier meries de gare, à concourir à la création de
que, pour réaliser son programme, l'Union ces cantines, où les blessés trouvent, à leur
des Femmes de France, pour ses 300 hôpi- passage, des boissons chaudes et récon-
taux auxiliaires du territoire, compte 800 fortantes et parfois des vêtements.
chirurgiens et médecins, 12.000 infirmières Sous les auspices de la presse française
et aides-infirmières, et qu'elle peut faire et sous la présidence de M. Jean Dupuy,
immédiatement appel, grâce à l'affiliation
de la société des Secouristes français, à 1.000
infirmiers-brancardiers.
:
l'Œuvre des trains de blessés a pris nais-
sancepour un triple objet approvisionne-
ment des cantines de gare, adjonction aux
On ne saurait avoir une idée de l'affluence trains sanitaires improvisés ou aux trains
de concours volontaires, qui, parmi les de ravitaillement de fourgons-cuisines,
Secouristes français, à la Fédération natio- distribution d'objets indispensables aux
nale de sauvetage et de secours publics, aux combattants et aux blessés.
Amitiés françaises, dans des groupements La guerre et les nécessités de l'aide aux
divers et des sociétés nombreuses, sont à la soldats et aux blessés ont, en effet, fait
disposition de la Croix-Rouge française et jaillir du sol les initiatives les plus variées,
du service de santé militaire. les plus généreuses, et cela est tout à l'hon-
Les associations nouvelles se multiplient, neur de notre belle patrie, aux inlassables
à côté de ce merveilleux hôpital américain dévouements qui se manifestent dans tou-
de Neuilly, des ambulances américaines de tes les classes de la société.
première ligne (M. et Mme Harjes, Mme Sous la présidence de M. Ernest Lavisse,
Depew, etc.), à côté de la belle Croix-Rouge et avec l'incomparable concours de l'Ins-
britannique, de cette vaillante Croix-Rouge titut, de l'Académie de médecine, du Parle-
belge, bref de toutes ces formations dans ment, des forces vives de l'industrie et de
lesquelles la science et la bonté s'associent la Banque, le Patronage national des blessés
étroitement avec un surcroît d'ardeur, à s'est assigné pour rôle de compléter, surtout
mesure que les nécessités patriotiques et dans l'ordre sanitaire et chirurgical, les
humanitaires nécessitent et provoquent des installations insuffisantes, de faciliter la
initiatives supplémentaires. radiographie, la délivrance du sérum, d'amé-
L'ambulance et l'assistance coloniales liorer le transport des blessés et les postes
représentent, dans cet ordre d'idées, un de secours sur tout le territoire.
apport touchant de bons vouloirs, de dévoue- Un office national d'aide et de prévoyance
ments absolument désintéressés et d'ar- en faveur des soldats, l'Office départemental
gent. C'est un témoignage impressionnant de d'assistance publique et privée de l'Hôtel
l'union et de la solidarité françaises à travers de Ville, les œuvres créées par la plupart des
le monde et au delà des mers. journaux, par des revues, par l'Automobile-
Paris est comme toujours un foyer rayon- Club, par des arrondissements de Paris, le
nant d'action bienfaisante. Chacune des Vestiaire des blessés, bref, une infinie va-
grandes sociétés de Croix-Rouge, en dehors riété de dévouements spontanés ou orga-
de sa coûteuse part contributive au fonc- nisés, dont la nomenclature est des plus diffi-
tionnement des hôpitaux auxiliaires du ter-
ritoire, c'est-à-dire de l'intérieur, a des
missionnaires dans des formations d'avant-
ciles, fait le plus grand honneur à l'esprit
de solidarité française.
L'heure viendra des bilans raisonnés et
t
garde; chacune a préparé, pour les besoins aussi des commentaires critiques, en ce qui
de l'armée et pour une utilisation éventuelle touche l'emploi judicieux de toutes ces col-
dans la zone de l'arrière, des hôpitaux de laborations magnifiquement empressées. Les
campagne, avec un approvisionnementpour services publics auront, après la victoire,
600 lits (automobiles, médecins, brancardiers, à rendre leurs comptes.
infirmiers, matériel de pansement, etc.). Tant que dure cette guerre pour la civi-
Et le moindre appel ferait jaillir d'autres lisation, pour le droit, pour le salut de la
formations mobiles, non moins utiles, non France, c'est vers l'action incessante, con-
moins précieuses. C'est ainsi que, pour le tinue, pour la sauvegarde de nos chers
transport fluvial des blessés et des malades, combattants, pour le sauvetage des blessés
des péniches sont aménagées, des bateaux- et des malades, que doivent tendre, d'un
ambulances sont prêts ou préparés, afin élan inlassable, les énergies bienfaisantes et
d'utiliser les canaux et les rivières. les activités fraternelles passionnément mises
Chacune des Croix-Rouges s'ingénie, en au service de l'humanité et de la patrie.
dehors du mandat officiel conféré à la So- PAUL STRAUSS,
ciété de secours aux blessés pour les infir- Sénateur de la Seine.
Suite de la chronologie des faits de guerre
FRANCE Dans les Vosges, nous nous emparons de la
Tête-de-Faux, position dominant la crête
Novembre 1914
Le 11. — Au nord de Soissons et près de
Vailly nous réalisons quelques progrès.
Le 12. — Belle action de notre artillerie à la
vation de l'ennemi.
prenons Burnhaupt
--
des montagnes, et qui était le poste d'obser-
En Alsace, nous
Au cours de cette
journée, dans la seule région du Nord,
ferme Heurtebise, près de Craonne, où nous nous avons fait 991 prisonniers.
détruisons plusieurs pièces allemandes. Le 3. — En Alsace, progrès vers Altkirch.
Le 13. — Avance générale dans la région de Du 7 au 10. — Combats d'artillerie tournant à
l'Aisne où nous prenons Tracy-le-Val. notre avantage en Argonne et dans les Vosges.
Le 14. — Echec de plusieurs offensives alle-
mandes autour de Verdun. BELGIQUE
Le 16. — Une tentative allemande sur le bois Novembre 1914
d'Apremontaboutit à un échec. Le 16. — Près de Dixmude, un régiment alle-
Le 17. — Les Allemands sont repoussés avec mand est détruit par l'artillerie des alliés.
des pertes sérieuses, à Vailly. — Nous nous Le 17. — Echec des attaques allemandes
emparons d'une partie du village de Chau- autour d'Ypres et de Dixmude.
voncourt, près de Saint-Mihiel. Le 21. — Deux vives attaques de l'infanterie
Le 18. — Succès français aux alentours de ennemie sont repoussées à Hollebeke.
Sainte-Marie-aux-Mines, où les Allemands Le 22. — Furieux bombardement d'Ypres
perdent la moitié de leurs effectifs. — Con- par les Allemands, qui détruisent les halles
traint d'abandonner la partie du village
de Chauvoncourt qu'il possédait encore,
l'ennemi la fait sauter.
Le 19. — Furieuse attaque allemande, re-
Le 26. -
historiques et l'hôtel de ville.
l'
Sur la rive droite de Yser, deux
attaques allemandes sont repoussées.
poussée par les Algériens, à Tracy-le-Val. Décembre
Le 20. — Les Allemands reviennent occuper Le 1er. — Au sud d'Ypres, des attaques enne-
la partie détruite de Chauvoncourt. mies sont repoussées et trois batteries alle-
Le 21. — En Woëvre, cinq attaques alle- mandes de gros calibre sont endommagées.—
mandes, exécutées par masses dans l'espace Violent bombardement de Lampernisse.
de deux heures, sont arrêtées par notre Le 3. — Plusieurs échecs de l'infanterie alle-
mande aux abords d'Ypres.
artillerie. Nousprogressons dans les Vosges.
Le 23. — Nouveau bombardement de Reims
et de Soissons, et très violentes attaques,
toutes repoussées, des Allemands dans
;
Le 4. — D'importants mouvements de troupes
allemandes ont lieu en Belgique on prévoit
un nouvel effort contre les lignes alliées.
Le 7. —- Près de Merken, sur le canal de
l'Argonne. — Trois aviateurs anglais
bombardent le chantier des Zeppelins, sur l'Yser, nos troupess'emparentbrillamment
les bords du lac de Constance. de la maison du passeur.
Le 24. — Dans l'Argonne, nous occupons les
positions dites du Four-de-Paris. SUR LE FRONT ORIENTAL
Le 25. — Accalmie générale, sauf à la Bassée, Novembre 1914
où les troupes indiennes reprennent des Le 21. — Przemysl offre de capituler à des
tranchées perdues la veille. conditions que les Russes ne jugent pas
Le 26. — Le Président de la République acceptables. Ils poursuivent le siège.
remet la médaille militaire au général Joffre. Le 22. — Bataille acharnée entre la Vistule
Le 27. — Notre artillerie lourde inflige en et la Wartha, où les armées russes parais-
Champagne despertes extrêmementsérieuses sent devoir prendre l'avantage.
à l'artillerie allemande. Le 24. — Dans la région de Varsovie, la nou-
Le 28. — Attaque menée furieusement par velle offensive allemande est cruellement
trois régiments allemands, et brillamment arrêtée par les Russes, qui infligent de
repoussée dans la région d'Arras. — Dans grosses pertes aux corps du maréchal Hin-
la région de l'Aisne, entre Vailly et Berry- denburg. — Six mille Autrichiens sont
au-Bac, nous détruisons un groupe de mi- faits prisonniers aux abords de Cracovie.
trailleuses ennemies. — Trois attaques
allemandes sont repoussées dans l'Argonne.
Décembre
Le 25. — La bataille de Lodz prend pour les
Allemands la proportion d'un désastre
plusieurs de leurs corps sont détruits.
;
Le 1er. - Entre Béthune et Lens, nous nous
emparons du parc et du château de Ver-
melles.—EnAlsace, nos troupes s'emparent
Le 29. — Les Autrichiens abandonnent la
Bukovine et les Russes occupent Czernovitz.
Décembre
d'Aspach-le-Haut et d'Aspach-le-Bas. Le 1er. Les Allemands menacés d'être coupés
—
Le 2. — Sur la rive droite de la Moselle, nous enPologne russe,parviennent à se dégager.
occupons Lesménil et le Signal-de-Xon. — Le 2. — Les furieuses attaques allemandes,
entre Lodz et Loviez, se brisent contre le Le 3. — On annonce officiellement que l'armée
front russe. — Les troupes du tsar occupent austro-hongroise est entrée dans Belgrade.
Vielieza, à six milles au sud-est de Cracovie. Le 8. — Les Serbes font aux Autrichiens
Le 3. — La bataille de Lodz-Lovicz continue, gravement défaits 27.000 prisonniers.
mais elle semble définitivement perdue pour SUR MER
les Allemands. - - La Russie convoque
1.200.000 hommes sous les drapeaux. Novembre 1914
Le 7. — Le grand état-major russe annonce Le 12. — La canonnièreanglaise Niger est
des Allemands ont
que les efforts désespérés torpillée par un sous-marin allemand.
échoué sur tout le front oriental. Cependant, Le 14.-Un croiseur anglais bombarde Sheikh-
les Allemands se sont emparés de Lodz. Saïd, sur le détroit de Bab-el-Mandeb.
SERBIE ET MONTENEGRO Le 19. — Le Gœben et le Breslau sont
canonnés dans la mer Noire par l'escadre
Novembre 1914 cuirassée russe. Le Gœben est avarié.
Le 21. — Une attaque autrichienne au sud- Le 23. — Des torpilleurs turcs qui apparais-
ouest de Lazarevatch est repoussée. — Une sent à l'entrée des Dardanelles, sont canonnés
par la flotte franco-anglaise.
deuxième colonne est défaite sur la route de
Valjevo à Korieritch.
Le 25. -- Les Serbes annoncent des succès
Le 25. - Zeebrugge, port de la ville de Bruges,
ou les Allemands avaient installé des han-
sur la rivière Kaloubara. gars pour « Zeppelins» et des sous-marins,
Le 27. — Les Serbes ont l'avantage à Ro- est bombardé par la flotte anglaise.
gatchiza sur une colonne autrichienne. — Décembre
Les Monténégrins repoussent huit batail- Le 2. — On annonce que la flotte française
lons autrichiens à Vichegrad. coopère à la défense de l'Egypte.
Décembre Les 7 et 8. — Quatre croiseursallemands sont
Le 2. — Les Monténégrins prennent l'offen- couléspar laflotte anglaisedel'amiral Stur-
sive dans la direction de Vichegrad. dee, près des îlesFalkland (Atlantique sud).
:
Dans son numéro du 5 décembre, le Bulletin des Armées a publié le résumé suivant de la
situation militaire sur les divers fronts, au lei décembre
Quant au nombre, l'armée française est aujourd'hui égale à ce
qu'elle était au 2 août, toutes les unités ayant été recomplétées.
La qualité de la troupe s'est infiniment améliorée. Nos hommes font
aujourd'hui la guerre en vieux soldats.
Le commandement, renouvelé par des sanctions nécessaires, n'a commis,
dans les trois derniers mois, aucune des erreurs constatées et frappées en août.
Notre approvisionnement en munitions d'artillerie s'est largement
augmenté. L'artillerie lourde a été constituée et jugée à l'œuvre.
L'armée anglaise a reçu en novembre de très nombreux renforts. Elle
est plus forte numériquement qu'à son entrée en campagne. Les divisions
de l'Inde ont achevé leur apprentissage de la guerre européenne.
L'armée belge est reconstituée à six divisions, prête et résolue à recon-
quérir le sol national.
Le plan allemand a enregistré sept échecs d'une haute portée
Echec de l'attaque brusquée projetée sur Nancy;
:
Echec de la marche rapide sur Paris;
Echec de l'enveloppement de notre gauche en août;
Echec de ce même enveloppement en novembre;
Echec de la percée de notre centre en septembre;
Echec de l'attaque par la côte sur, Dunkerque et Calais;
Echec de l'attaque sur Ypres.
Dans cet effort stérile, l'Allemagne a épuisé ses réserves. Les troupes
qu'elle forme aujourd'hui sont mal encadrées et mal instruites.
Or, de plus en plus, la Russie affirme sa supériorité aussi bien contre
l'Allemagne que contre l'Autriche.
L'arrêt des armées allemandes est donc condamné à se changer en retraite.