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18. Janvier 1915 LA IN SpCUcll JL il.

C'est avec une profonde émotion


que
, nous présentons, cette année, nos vœux à nos
A bonnés, Lecteurs, Collaborateurs et Amis.
Tous presque,sont
aux armées,combat-
tant pour la défense de la Patrie, si perfidement
l
attaquée. Qu'ils reçoivent ici hommage de
notre admiration et nos souhaitslesplus ardents.
Dans la guerre il n'y pas de certitude
a
scientifique du résultat, mais
nos lecteurs doi-
vent partager la confiance inébranlable, la
conviction absolue en la victoire qui anime
nos soldats.
Dans cette revue où tout qui touche à
ce
la ,r Guerre avait étési minutieusement étudié,
nous sommes satisfaits d'avoir, en temps utile,
contribué à attirer l'attention publique
sur le
si grave problème de la Défense nationale.
Numéro18.SOMMAIRE
TomeVI.
(SEPTEMBRE, OCTOBRE, NOVEMBRE, DÉCEMBRE 1914, JANVIER 1915)

Les origines de la guerreGabrielHanotaux Membre de l'Académie française.


291

Les deux stratégies allemandes (1870-1914).. Lieutenant-ColonelRousset. 297


Ancien professeur de tactique

de actuelle?PaulLeroy-Beauiieu
appliquée à l'Ecolesupérieure

1870-71
de guerre.
Que coûtera la guerre 303

rantes.
Membre de l'Institut.
Ce qu'a coûté la guerre 304
Le

occupé par l'ennemi


matériel de campagne des nations belligé-

Les droits et les devoirs des habitants en pays

Belgique
L'agression de l'Allemagne contre la
Sur le sol ensanglanté de la Belgique.
Un ancien Coloneldartillerie 305

Seize pages d'illustrations


320
323

français bslgc
sur la lutte en territoire


337

airs
Petite étude sur la valeur individuelle des
soldats engagés dans la lutte Ardouin-Dumazet. 353
La lutte sur le sol 359
La guerre dans les Auguste wimiiic 389
Quelques tableaux de la guerre en France - Les
Vandales ont passé par
français
Seize pages d'illustrations
sur la guerre en territoire

Turquie
401
Les blessures de guerre et les effets des balles
dum-dum Dr Eugène Rochard.
l'Hôpital Louis.
417
Chirurgien de St-
Les Russes aux prises avec l'Allemagne, l'Au-

La
l'Autriche
triche et la

nôtres
Les Serbes et les Monténégrins en lutte contre

Leurs prisonniers et les


bataille des Flandres par l'image.
théâtre oriental des hostilités
-
Surle
Seize pages d'illustrations
sur les faits de guerre
dans le Nord de la France,
423

439
445

dans la Belgique occiden-


Russie
tale, en Prusse orientale

allemandes
et en 449
Butin et trophées de guerre 465
Les hostilités sur mer et la prise des Colonies

privées
Les Sociétés de secours aux blessés et les ini-
tiatives

Suite de la chronologie des faits de guerre.- Paul Strauss.


Sénateur de la Seine, Membre de
l'Académie de médecine.
469

475

479

Hors texte: Carte du théâtre oriental de la guerre.


LE GÉNÉRALISSIME JOFFRE
En témoignage de la reconnaissance nationale, le Président
de la République lui a remis,
le 26 novembre, la médaille militaire.
LES ORIGINES DE LA GUERRE
Par M. Gabriel HANOTAUX
MEMBRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE

L ES origines de la guerre actuelle ne :


Bismarck a dit lui-même « Je ne me
se trouvent pas uniquement dans fais pas d'illusion, il ne serait pas logique

ont donné naissance :


les événements immédiats qui lui de vous avoir pris Metz qui est français,

choses de beaucoup plus


il faut voir les si des nécessités impérieuses ne nous obli-
geaient à le garder. J'en
dirais autant de l'Alsace
haut et considérer, dans
son ensemble, le développe- et de la Lorraine. C'est une
ment des grandes affaires faute que nous aurions
européennes, depuis près commise en vous la pre-
d'un demi-siècle. nant si la paix devait être
En 1871, le traité de durable; car, pour nous,
Francfort avait démembré ces provinces seront une
grande difficulté. »
la France, malgré la volon-
té déclarée des populations Or, la paix fut durable
quarante-quatre ans s'é-
;
des deux provinces an-
nexées à l'empire d'Alle- coulèrent sans lasser la pa-
magne, l'Alsace et la Lor- tience de la France; il en
raine. Telle est une des
origines incontestables de
la guerre actuelle.
:
résulta ce que Bismarck
avait prévu l'Allemagne
sentit, de plus en plus, le
L'Allemagne n'a cessé poids de la faute qu'elle
d'accuser la France de pra- avait commise. Les pro-
revanche :
tiquer une politique de
ce n'est pas
exact; la France ne cher-
cha nullement à en venir à M.G.HANOTAUX
vinces annexées furent,
pour son gouvernement,
une difficulté croissante et
l'attitude expectante de la
une guerre pour obtenir la
révision du traité de Francfort ; France fut, pour la politi-
mais, que allemande, une cause permanente
non plus, elle ne voulut jamais donner des d'embarras, une entrave étroite qui
finit
mains à la violence qui lui avait été faite, par lui faire commettre les plus lourdes
et désavouer la protestation formulée par fautes et par l'exposer à une hostilité
les députés de la Lorraine et de l'Alsace, pour ainsi dire universelle.
au nom du droit et de l'indépendance des Comme cet enchaînement fatal des évé-
peuples. Ayant foi dans « la justice im- nements avait été indiqué par l'homme
manente», dont avait parlé Gambetta, qui avait commis ou laissé commettre
elle attendait que son heure vint. l'erreur initiale, il est impossible de n'en
pas faire retomber toute la responsabi- de l'Autriche-Hongrie, prenait en charge
lité sur l'Allemagne elle-même. C'est elle les intérêts austro-hongrois dans les Bal-
qui, par un acte de spoliation injusti- kans. Or, dans les Balkans, les inté-
fiable, a entretenu, en Europe, un état rêts austro-hongrois sont en antagonisme
d'irritation qui devait, un jour ou l'autre, complet avec les intérêts russes.
provoquer une crise et qui l'eût provo- En 1877, la Russie, donnant suite à
quée beaucoup plus tôt, si les gouverne- sa vieille politique orientale, entreprit
ments exposés aux vivacités hautaines la guerre contre la Turquie. Ses troupes,
des gouvernants allemands n'avaient pris après Plewna, furent sur le point d'en-
d'avance le parti de pousser la patience trer dans Constantinople. Deux puis-
jusqu'à ses plus extrêmes limites. sances, l'Autriche-Hongrie et l'Angle-
Parmi ces puissances, celle qui eut à terre, s'alarmèrent. Elles firent appel à
supporter la première, après la France, l'Allemagne et les trois puissances réu-

:
LES AMBASSADEURS QUI PARLÈRENT, A BERLIN, AU NOM DE LA TRIPLE ENTENTE
De gauche à droite M. de Sverbeef (Russie), M. Jules Cambon (France) et sir Edouard Goschen
(représentant de l'Angleterre).

les plus graves atteintes à ses intérêts etnies convoquèrent la Russie à la barre de
à sa dignité, par les exigences du nouvel l'Europe; tel fut le caractère indiscutable
empire allemand, fut la Russie. En 1870, du congrès de Berlin.
la Russie avait aidé l'Allemagne à Des décisions prises contre la Russie

triche-Hongrie pour empêcher celle-ci de qu'une seule :


vaincre la France en pesant sur l'Au- au congrès de Berlin, je ne veux retenir
l'Autriche-Hongrie, par
prendre part à la guerre. Or, cinq ans opposition au développement de l'in-
après, l'Allemagne, sommée par la Russie fluence slave dans les Balkans, fut auto-
d'avoir à choisir entre l'alliance russe risée, par le congrès, à occuper la Bosnie
et l'alliance austro-hongroise, se pro- et l'Herzégovine.
nonçait pour l'alliance austro-hongroise La Bosnie et l'Herzégovine, habitées,
contre l'alliance russe. L'Allemagne pour la plus grande partie, par une popu-
s'était rapprochée de l'Autriche-Hon- lation slave, s'inclinèrent devant l'au-
grie par crainte d'une alliance franco- torité austro-hongroise, tant que celle-ci
autrichienne. Ce fut une autre origine et, se dissimula sous la forme d'un protectorat.
comme on va le voir, une origine immé- Cependant, une puissance slave, la
diate de la guerre actuelle. Serbie, souffrait dans son honneur et dans
L'Allemagne, en liant son sort à celui son intérêt de cette extension de l'autorité
:
austro-hongroise sur une race sœur et sur tuer une Albanie indépendante, c'est-à-
des territoires voisins comme on l'a dit, dire une Albanie exclusivement réservée
la décision du congrès de Berlin créait à l'influence autrichienne. Les choses
»
une « Alsace-Lorraine dans les Balkans. traînèrent en longueur.
En outre, l'occupation de la Bosnie et Cependant, les 'principautés balkani-
de l'Herzégovine rompait presque tota- ques avaient pris conscience de leurs
lement l'équilibre européen forces. La Serbie, menacée
au profit de l'Autriche. des deux côtés à la fois, par
Cependant, personne ne l'annexion de la Bosnie et
prévoyait qu'un jour vien- de l'Herzégovine et par la
drait où les nationalités constitution d'une Albanie
balkaniques seraient assez adriatique, sentait les pas-
fortes pour réclamer leur sions nationales s'agiter
place au soleil et que leurs dans son sein. Une conju-
victoires sur la Turquie ration anti - autrichienne
seraient en mesure de réta- permanente couvait, en
blir l'équilibre.
Pendant de longues an-
nées, l'Europe absorbée
:
quelque sorte, parmi ces
populations exaspérées la
visite de l'archiduc héritier
par ses rivalités coloniales, François-Ferdinand à Sa-
put laisser au second plan rajevo — visite destinée à
les difficultés balkaniques. confirmer la mainmise de
La Russie, cherchant son l'Autriche-Hongrie sur la

ta au Japon :;
développement du côté de
l'Extrême-Orient, se heur-
vaincue à Moukden
elle fut
de
Bosnie-Herzégovine — fut
ensanglantée par le drame
affreux de l'assassinat du
prince et de sa femme. 1
graves troubles intérieurs L'Autriche-Hongrie exi-
parurent menacer la stabi- gea de la Serbie des répa-
lité de l'empire lui-même. rations et des garanties qui
L'Autriche crut que furent l'origine de la grave
l'heure était sonnée de faire difficulté diplomatique
un pas de plus dans la pé- d'où naquit la guerre. L'en-
ninsule balkanique. Le ba- chaînement des faits depuis
ron d'Ærenthal proclama le congrèsdeBerlin jusqu'à.
l'annexion de la Bosnie et de la déclaration de guerre de
l'Herzégovine. C'était un 1914, apparaîtainsi dans la
coup droit porté à l'expan- logique absolue.
sion slave et à l'indépen- Il faudrait envisager
dance de la nation serbe. maintenant un troisième
On connaît la suite des LES DEUX DIPLOMATES QUI, ordre de faits non moins dé-
:
événements qui provoquè- A PARIS, FIRENT ENTENDRE cisif la politique des arme-
rent la récente guerre des LA VOIX DES DEUX EMPIRES ments poursuivie à outran-
Balkans; les Turcs vaincus
à Kirk-Kilissé et Tcha- En
;:
haut
magne)
GERMANIQUES
M. de Schœn (Alle-
au-dessous:
ce parles empiresallemands
le comte dans l'intention
évidente
taldja ne durent leur salut Czecsen de Temerin (Autriche). d'établir l'hégémonie com-
qu'à l'intervention des
puissances européennes et notamment des tique des
races germaniques sur le monde
deux empires germaniques. L'Autriche- cette politique mégalomane été désignée
a
:
merciale, coloniale et poli-

Hongrie, toujours appuyée sur l'Allema- les intéressés eux-mêmes sous le nom
par
gne, eut la pensée de réserver un champ de pangermanisme.
nouveau à son expansion balkanique et De longs développements seraient né-
adriatique; elle décida l'Europe à consti- cessaires
pour l'exposer. Résumons-la en
:
quelques lignes l'Allemagne est habitée
par une race prolifique et gloutonne. Il :
médiocrement nourris et vêtus, malcon-
tents de leur sort c'est le parti socialiste.
lui faut de la nourriture en abondance et, Sa force continuellement accrue était
le bien-être s'étant développé chez elle, une menace permanente pour la stabilité
:
elle a besoin d'un énorme apport de vivres
et d'un large confortable c'est un Gar-
gantua assis à une table trop pauvre.
des institutions impériales.
Par contre, dans l'est de l'empire, les
vieux partis aristocratiques avaient une
Pendant une période d'une trentaine conception absolument opposée de la
d'années, l'excès de la population émigra
pour aller chercher au loin sa nourriture ; politique impériale.
Ces junkers, ces hobereaux sont la

-
M. DE BETHMANN HOLLWEG
Chancelier de l'empire d'Allemagne
M. GOTTLIEB VON JAGOW
Ministre des Affairesétrangères
C'est M. de Bethmann-Hollweg qui déclara publiquement que le traité garantissant la
neutralité de la Belgique, et au bas duquel figurait la signature de la Prusse, avait pour lui
la valeur d'un simple chiffon de papier. Quant au secrétaire d'Etat von Jagow, il
approuva,aucours d'une interview accordée à unjournaliste américain,lesparolesimpudentes,
criminelles, du chancelier, son chef.

mais, depuis l'enrichissement relatif de la vieille garde de la royauté prussienne et


terre allemande, l'émigration a cessé et des institutions allemandes. Les chefs de
la population s'est encore accrue. l'empire ne peuvent se passer d'eux. Or,
L'Allemagne est tributaire des autres
peuples de l'univers pour sa nourriture
mais cette nourriture, elle ne peut la
: par définition, ils sont des possesseurs de
la terre, des agrariens. Tandis que les fou-
les de l'ouest réclament le pain à bon
payer que par son travail. D'où un énorme marché et des institutions libérales, le
développement de l'industrie allemande, parti des féodaux et des grands proprié-
surtout dans les provinces de l'ouest. Qui taires exige les tarifs douaniers élevés,
dit industrie dit ouvrier. Les ouvriers c'est-à-dire le pain cher et les applica-
allemands formèrent un énorme parti de tions les plus rigoureuses d'un régime
petits salariés, aux familles nombreuses, conservateur dans tous les sens.
L'empereur, obligé de gouverner à la de la guerre de 1870. Pour sauver les
fois avec le suffrage universel qui lui four- institutions impérialistes de la contradic-
nit des soldats et avec la noblesse qui lui tion incluse en elles, il s'est jeté, tête bais-
fournit des officiers, est pris entre les deux. sée, dans la guerre, en violant sans
Les succès croissants du parti socia- gogne les traités, les règles internatio- ver-

:
liste aux élections mettaient l'empire au nales, les lois universellement reconnues

:
pied du mur ou il fallait se résoudre à de la moralité entre les peuples.
accepter les conséquences fatales de l'éta- Il faut vivre « On fait ce qu'on peut
»,
blissement du suffrage universel, ou il comme dit cyniquement le chancelier
fallait suivre, coûte que coûte, la politique Bethmann-Hollweg.
des hobereaux. C'est ce parti qui fut
adopté après réflexion et en connais- graisser aux dépens du monde le monde
sance de cause.
:
L'Allemagne veut s'enrichir et s'en-

se défend. Elle veut exer-


La conception du parti
:
hobereau est la suivante le
territoire de l'empire est
trop étroit pour l'accrois-
:
cersur l'univers entier son
esprit de domination l'uni-
vers entier se dresse contre
elle. Par le mensonge et le
sement des foules alleman- bluff elle a cependant réussi
des. Donc, celles-ci doivent
trouver leur expansion au
dehors. L'émigration gas-
pillait ces forces surabon-
:!
à lier la Turquie au sort de
ses armes tant pis pour la
Turquie
Telle est la conclusion
dantes; l'expansion par la de l'exposé qui vient d'être
conquête est la seule issue fait.
possible. Donc, créons des
colonies, portons-y des tra- A l'origine : le rapt de
vailleurs allemands. Mais,
comme conséquence néces-
l'Alsace-Lorraine.
Comme cause immédiate :
:
saire, développonsnos forces
navales soyons les maîtres
le rapt de la Bosnie et de
l'Herzégovine.
:
!
des océans. « Notre avenir
est sur la mer »
En plus, développons no-
Comme objectif final le
rapt de l'univers.
tre armée, car si les colonies
allemandes ne suffisent pas, Président
LE GÉNÉRAL KEIM
de la Ligue de défense
:
Il y a longtemps que
Tacite l'a dit « Les Bata-
militaire allemande, l'un des ves se battent pour la gloire
nous prendrons celles des hommes d'outre-Rhin qui a le et les Germains pour la
autres puissances européen- plus poussé son pays à la guerre. proie, Germani ad prœdam.»
nes, la Hollande, la Belgi- Or, le monde ne veut pas
que, la France, l'Angleterre; et même servir de proie. Il déteste la politique des
si celles-ci ne se laissent pas faire, nous hobereaux, c'est-à-dire la politique de
prendrons leurs territoires métropolitains. toutes les cupidités et de toutes les
Voilà, en deux mots, le pangermanisme. servitudes. L'entreprise des conseillers de
Il a proclamé la fatalité de la guerre uni- l'empereur est « au-dessus des forces hu-
verselle comme une nécessitédel'existence maines ». Malgré la puissance du méca-
de la race germanique. nisme qu'ils ont monté d'avance, malgré
Le parti hobereau a vu, dans la guerre, la violence de leur agression, malgré les
la seule voie de salut en présence de formidables moyens dont ils disposent
l'agression du parti socialiste. Une fois et qu'ils savent mettre en œuvre, leur
de plusla politique intérieure a déterminé cause, entachée, dans ses origines, d'une
la politique extérieure. marque d'infamie, est perdue d'avance
L'empereur Guillaume s'est trouvé ils doivent périr, ils périront! :

jusqu'à un certain point, dans la situation GABRIEL HANOTAUX
de l'empereur Napoléon III à la veille (if l'Académie française,
Vingt-cinq millions d'hommes environ
sont actuellement sous les armes

D ANS le formidable conflit qui jette dix


nations sur les champs de bataille, Allemagne:
Voyons maintenant le groupe adverse :
armée active, 1.700000; ré-
quelles sont les forces en présence?
Quelles masses d'hommes représentent les
effectifs engagés? Il nous a paru intéressant
de rechercher ces chiffres, de les établir en
:
serve, 1.600.000; territoriale, 1.500.000.
Total, 4.800.000. Ce chiffre est un minimum.
Autriche-Hongrie armée active, 1.360.000
hommes; réserve, 1.560.000; la territo-
tenant compte à la fois des documents offi-
ciels et de l'apport supplémentaire auquel
les circonstances actuelles obligeront sans
:
riale atteint 1.400.000. Total, 4.320.000.
Turquie armée active, 169.000 hommes.
Ses contingents de réserve et de territoriale
à
doute les divers Etats en lutte recourir,
dans la mesure où de nouvelles levées seront
peuvent s'élever à 330.000 hommes. Au
total, environ 500.000 hommes.
réalisables par l'appel anticipé des classes. En additionnant ces chiffres, on voit que
A l'heure présente, le groupe des nations le premier groupe de puissances atteint

prend:
coalisées contre le bloc germanique com-
la France. l'Angleterre, la Russie, la
Belgique, la Serbie, le Montenegro et le
13.152.509 hommes, tandis que le second
groupe n'arrive qu'au chiffre de 9.620.000.
Mais si l'on tient compte du fait que les
Japon. Ce dernier a réussi, après un siège Etats engagés dans cette effroyable mêlée de
vigoureusement conduit, à arracher à l'Alle- peuples luttent tous pour leur propre exis-
magne sa colonie de Kiao-Tcheou. Sa flotte a tence, on admettra que les effectifs indiqués
concouru avec les escadres anglaise et fran- plus haut n'aient que la valeur d'une base
çaise à donner la chasse aux dernierscroi- théorique, et qu'ils soient encore suscepti-
seurs allemands qui naviguaient encore dans bles d'accroissements successifs. Les belli-
le Pacifique. Le rôle du Japon sur terre gérants, surtout l'Allemagne, l'Autriche et
semble terminé. Nous n'examinerons donc la Turquie seront amenés à convoquer sous
pas les forces dont il pourrait disposer dans les drapeaux tous leurs hommes en état de
une lutte continentale. Notre recherche por- porter les armes. L'armée du kaiser attein-
tera uniquement sur les armées actuellement drait alors, sans pouvoir le dépasser, le
aux prises en Europe, en Afrique et en Asie. chiffre de 6 millions de soldats. La France
La France compte sur le pied de guerre, est loin d'avoir épuisé ses ressources en
une armée active de 1.009.000 hommes. Sa hommes. Le chiffre que nous avons donné,
réserve s'élève à 1.600.000 hommes, et 3.878.000, est inférieur d'à peu près un mil-
l'armée territoriale lui fournit 1.269.000 lion à l'effectif total qu'elle pourrait mettre
hommes. Au total, 3.878.000 soldats. en ligne, si besoin était. D'autre part, l'An-
L'Angleterre a envoyé en Belgique et en gleterre n'est qu'au début de l'énergique
France, 100.000 hommes prélevés sur ses effort qu'elle a pris la résolution d'accom-
troupes métropolitaines, 100.000 venus de plir pour sauvegarder son empire et délivrer
l'armée des Indes, et environ 400.000 volon- l'Europe de l'odieux despotisme teuton.
taires. Au total, plus de 600.000 hommes. Elle peut aisément mettre en campagne un
La Russie, dont l'armée active ne compte million d'hommes de plus, contingents colo-
pas moins de 2.439.000 hommes sur le pied niaux, troupes de marine, volontaires d'Aus-
de guerre, dispose en outre d'une réserve tralie, du Canada, de l'Afrique du Sud.
de 2.800.000 hommes et d'une armée terri- On voit donc que cette immense guerre,
toriale de 2.750.000. Total, 7.989.000.
:
:
;
Pour la Belgique, les chiffres sont les sui-
vants armée active, 55.529 hommes réserve,
101.160; territoriale,183.311. Total, 340.000.
armée active, 27.319 hommes;
dont les contre-coups ébranlent toutes les
parties du monde, entraîne et met en mou-
vement dans les places fortes, sur les points
importants - des fronts de mer, le long des
Serbie voies de communication, et sur d'innom-
réserve, 96.681; territoriale, 200.000. Total, brables champs de bataille, une multitude
324.000. Durée du service, de 18 à 50 ans. armée de plus de vingt-cinq millionsd'hom-
Montenegro : armée active, 5.000; réserve, mes. L'histoire, jusqu'ici, n'avait rien relaté
7,000; territoriale, 9,500, Total, 21.500, de pareil, A- T,
LES DEUX STRATÉGIES ALLEMANDES
(1870-1914)
Par le lieutenant-colonel ROUSSET
ANCIEN PROFESSEUR DE TACTIQUE APPLIQUÉE A L'ÉCOLE SUPÉRIEURE DE GUERRE

L ES Allemands ont préparé la guerre de


1914 comme ils avaient préparé celle
remplacé. On ne connaît plus guère que
sa monnaie, et une monnaie de frappe
, de 1870, je
veux dire avec les.mêmes assez médiocre. Il a eu pas mal de succes-
tendances objectives et concrètes. Seu- seurs, mais pas un seul héritier.
lement ils y ont consacré beaucoup plus Moltke n'était cependant rien moins
de temps, et ont pu mettre en œuvre des qu'un homme de génie. Mais il possédait
moyens autrement redoutables, avec un un esprit essentiellement positif, un ca-
déploiement de forces inconnu jusqu'ici. ractère tenace, un tempérament d'acier,
Au point de vue matériel, cette prépa- et joignait à la patience, qui prépare, la
ration passerait pour la perfection même, résolution finale, qui agit. Ayant sinon
si l'on pouvait qualifier de perfection créé, du moins très largement développé
un système qui consiste non seulement un des organes essentiels de la machine
à exploiter jusqu'aux limites extrêmes de guerre prussienne, je veux dire l'état-
les ressources de toute na- major général, il sut s'en
ture que fournissent le sol, servir adroitement et com-
la population et les inven- plètement. Après quoi,
tions destructives, mais comprenant fort bien qu'il
encore à donner des pro- n'était point fait lui-même
portions inouïes à certaines pour les conceptions fou-
méthodes d'infiltration droyantes et que les tours
sournoise à travers les pays de force de la manière na-
convoités, par lesquelles poléonienne ne seraient
l'espionnage, cette forme jamais son affaire, il ne
répugnante de la paix ar- s'obstina pas dans la dé-
mée, devient une sorte couverte d'une forme d'art
d'institution nationale, et nouvelle, que probable-
de spécialité. ment il n'aurait pas trou-
Quant au plan d'opéra- vée, mais il se contenta de
tions militaires, il s'en faut rechercher, par un examen
que son élaboration ait attentif etraisonné des
présenté les mêmes carac- guerres antérieures, le se-
tères de volonté, de certi- cret, qui semblait perdu à
tude et de précision-qu'il son époque, de la conduite
y a quarante-quatre ans. des grandes opérations. Et
La stratégie allemande ap- en cela, on doit en con-
paraît, cette fois-ci, comme venir, il fit preuve d'une
LIEUT.-COLONEL ROUSSET grande sagesse, dont il fut,
singulièrementflottante et (Cl.Manuel.)
incertaine. On dirait qu'elle d'ailleurs, amplement ré-
a hésité beaucoup avant de se fixer défi- compensé. Fort peu de temps après l'ex-
nitivement, et que, ne trouvant pas un traordinaire campagne deBohême qui ve-
point d'appui assez solide dans l'ingé- nait, à la stupéfaction presque générale, de
niosité ou la science de ses directeurs, donner à la Prusse l'hégémonie en pays
à
elle s'est réfugiée dans la violence et la allemand, il se mit donc préparer, avec
brutalité. C'est que l'homme qui a con- cette minutie et cette prévoyance qui
duit autrefois les armées germaniques à étaient le propre de son caractère, une
des victoires dépassant tout ce qu'elles guerre contre la France, jugée par lui iné-
avaient espéréelles-mêmes, n'a pas été vitable, comme elle l'était en effet. -
Dans l'hiver de 1868 à 1869, il occupa ble, les stratèges germaniques d'aujour-
ses loisirs à l'élaboration d'un plan de d'hui. Nous ne saurions le leur reprocher.
campagne très complet, dont il avait *
trouvé, au moins en partie, les éléments * *
dans des travaux antérieurs qui tous En tant qu'exécution, l'Allemagne
s'inspiraient de la doctrine du fameux fractionnait ses forces en trois groupes,
Clausewitz, mais auquel il imprima un ou trois armées, concentrées sur un front
caractère particulier de netteté, de pré- de 120 kilomètres, et ayant, un peu en
cision et de méthode, reflets de son tem- arrière, une réserve de 60.000 hommes
pérament personnel. En même temps, il environ. Le tout devait converger en-
employait les officiers sous ses ordres à semble vers le principal rassemblement
l'organisation détaillée des moyens d'exé- de l'ennemi, pour l'accabler sous le choc.
cution nécessaires, sans négliger l'espion- La conception était parfaitement juste
nage, encore que celui-ci s'exerçât alors et stratégiquement inattaquable. Il man-
dans des limites qu'on a singulièrement quait cependant à ce dispositif initial
dépassées depuis lors. quelque chose d'indispensable et d'ir-
Son plan visait surtout la concentra- remplaçable, que Napoléon n'avait ja-
tion des forces et leur mise en mouve-
ment, jusqu'à la bataille exclusivement.
Après avoir établi, par des calculs inat-
mais manqué de constituer quand il
:
entamait une guerre offensive je veux
dire un organe de protection.
taquables, la supériorité numérique des Moltke, à la vérité, escomptait l'im-
armées allemandes en regard de l'armée perfection de notre système de mobili-
française, Moltke commençait son mé- sation de l'époque et la supériorité des
moire en proscrivant formellement la procédés allemands. Il risquait néan-
poursuite d'un objectif géographique. moins beaucoup, non point certes par
«
On doit, disait-il, rechercher d'abord excès d'audace — laquelle n'était point
la principale armée ennemie, et l'attaquer son fort, — maisparsimple faute de
là où on la rencontrera. » Voilà un pré- calcul. Et la punition ne se fit pas atten-
cepte que ne pratiquent guère, ce sem- dre. Il suffit que notre offensive à travers

LES"PALADINS ALLEMANDS DE LA GRANDE ÉPOQUE"

OTTO DE BISMARCK GUILLAUME ICI COMTE DE MOLTKE


Comte, puis prince, ministre Roi de Prusse, couronné empereur Feld-maréchal, chef d'état-
des Affaires étrangères de d'Allemagne le 18janvier 1871, au major général des armées alle-
Prusse, puis chancelier de l'em- châteaude Versailles, grand-père mandes pendant la campagne,
pire allemand. dukaiseractuel, de 1870-1871,
LE COMTE DE ROON PRINCE FRÉDÉRIC-GUILLAUME BARON DE MANTEUFFEL
Feld-maréchal, ministre de la Père de Guillaume II, commandait
Guerre, c'est lui qui assura,
en 1870, la mobilisation gé-
la troisième armée prussienne. Il
succéda à Guillaume 1er en 1888
Feld-maréchal,commandait un
corps d'armée autour de Metz ;
il prit ensuite la direction de
nérale de l'armée allemande. et mourut la même année. la première armée ennemie.

la vallée du Mein eût été annoncée et moins vrai qu'elle imprimait aux opéra-
parût possible, pour que la ligne de con- tions militaires une direction uniforme, et
centration allemande leur fixait toujours des
subît un recul de 100 ki- objectifs animés, comme
lomètres, et se trouvât l'exigeait le principe qui
rejetée derrière le Rhin, était sa base. On en a
après avoir été fixée vu de plus géniale, mais
tout d'abord à la fron- on n'en connaît pas de
tière extrême du Pala- plus précautionneuse, ni
tinat bavarois. qui livrât moins les i
Cet exemple suffit à choses au hasard.
montrer le défaut d'une *
stratégie qui, tout en * * 1

procédant de celle de Celle qui prévaut au-


Napoléon, était encore jourd'hui dans les con-
un peu mâtinée de sou- seils du kaiser ne lui
venirs frédériciens. Ce ressembla guère. Depuis
n'en était pas moins 1870, le militarisme
une stratégie, et, qui prussien, gonflé d'or-
plus est, la mise en gueil et d'arrogance,
œuvre méthodique, avi- s'est imaginé qu'avec la
sée et raisonnée des force seule, il pourrait
moyens d'action mis à renouveler des exploits
la disposition du com- qui avaient été dus sur-
mandement par le ser- tout à l'adresse et à la
vice obligatoire et per- PRINCE FRÉDÉRld-CHARLES prudence des combinai-
sonnel. Elle avait des Neveu de Guillaume 1er, était à la tête sons. Mais, pourréaliser
faiblesses, des lacunes de la deuxième armée d'invasion.
ces deux dernières con-
même, dont un ad ver- ditions, il faut de l'ap-
saire entreprenant et volontaire aurait plication et du travail, tandis que l'autre,
certainement pu profiter, Il n'en est pas c'est-à-dire la force brutale, s'obtient à
moins de frais cérébraux. C'est donc à nombre et l'efficacité des moyens maté-
elle qu'on s'est surtout adressé pour mieux riels ne réalisaient point à elles seules
usiner la guerre qui devait faire des Alle- toutes les conditions de la guerre. On ne
mands, du moins ils le commence pas une cam-
croyaient, les maîtres du pagne sans savoir où on
monde entier. Dentschland veut aller, et par quels
uber alles, comme disent chemins onira. En d'au-
les chauvins d'outre-Rhin. tres termes, il faut établir
Dans la poursuite de d'avance un plan d'opéra-
cette œuvre bestiale, la col- tion qui indique au moins
laboration de l'usine Krupp par grandes lignes les ob-
a été infiniment plus utile jectifs que l'on vise et les
que la réflexion et le calcul. .chemins qu'on prendra
L'Allemagne s'est bardée pour y arriver. Le grand
;
de fer elle 'a formé vir-
tuellement des unités sans
état-maj or eut donc,
comme Moltke en 1870,
nombre, que la mobilisa- son projet dûment[médité
tion générale n'avait plus et rigoureusement établi.
qu'à remplir. Elle a forgé Seulement, au lieu de
des canons énormes, des l'étayer sur la manœuvre
appareils de destruction ou des combinaisons de
formidables, des engins de mouvements plus ou moins
toute espèce et de toute ingénieuses, il ne lui donna
MARÉCHAL LEBŒUF
dimension. Puis, ainsi cui- LE
Ministre de la Guerre de Napo- pour- point de départ que
rassée, et jugeant venu ce l'exploitation, poussée jus-
léon III; c'est lui qui, dit-on,
que Bismarck appelait le ml cours d'un conseil des mi- qu'aux plus extrêmes li-
moment psychologique, nistres, déclara superbement mites, de la violence et de
elle a embrasé l'Europe qu'il ne manquait pas un l'emportement, dans tout
pour tenter d'établir sur bouton de guêtre à notre armée ce qu'ils ont de plus sau-
ses cendres encore chaudes vage et de plus odieux.
les assises d'une universelledomination. Il commença par fouler aux pieds les
Cependant, les stratèges germaniques traités dont son pays lui-même était
se rendaient compte que la puissance du garant et qui devinrent à ses yeux de sim-
CEUX QUI, EN 1870-71, SAUVÈRENT L'HONNEUR DE NOS ARMES

MAR'] DE MAC-MAHON GÉNÉRALFAIDHERBE GÉNÉRAL BOURBAKI GÉNÉRAL CHANZY


Commandait l e 1ercorps Dirigea l'armée dUe du Commandaitl'armée Futmisàlatêtedela
d'armé? à Frçp.sçhwillrr, Nord après Bourbaki, opérant<la>i$l'Est. 2mearmée de laLoire,
(ClichésF.Petit etBravm.j
ples «chiffons de papier», suivant le mot Cependant, ayant commis cet attentat
de M. de Bethmann-Hollweg. Il avait plus imbécile encore que monstrueux;
annoncé avec cynisme, ou tout au moins l'état-major allemand voulut en profiter
laissé annoncer, qu'il violerait la neutra- sansdélai. Son incommensurable orgueil
lité de la Belgique, sila Belgique, résis- lui faisait considérer l'armée belge comme
tant a ses injonctions arro- essentiellement négli-
gantes, lui refusait le libre MARÉCHAL CANROBERT geable, et il comptait bien
passage sur son territoire. Commandait le 6e corps de l'ar-
lui passer aisément sur le
Il a tenu parole, comme on méedeMetz. corps. Il la trouva debout
sait, mais s'il commit ainsi etfrémissante, trop faible
un crime inexpiable, il
commit encore une faute,
(ni.Nndar.)
!
hélas pour lutter long-
temps, mais assez coura-
à la fois politique et mi- geuse pour faire payer cher .:..
litaire, qui devait peser son inévitable défaite. Le
lourdement sur ses entre- temps d'arrêt qu'elle infli-
prises et les briser com- gea à la marche de l'en-
plètement dans l'œuf. vahisseur fut pour celui-ci
Les paladins de la grande une lecon et un avertisse-
époque — c'est le nom ment. Il ne tint compte ni
dont on décore en Alle- de l'un ni de l'autre, et
magne les compagnons de continua à pousser - sa
Guillaume Ier, l'inoubliable pointe, comme s'il était sûr
grand-père — n'eussent de réparer, à coups d'hom-
jamais laissé faire un pareil mes, ce premier echec im-
pas de clerc. Bismarck était posé à ses trop aventu-
trop expérimenté pour ne reuses combinaisons.
pas en deviner les consé- Il voulait aller à Paris, -
quences immédiates, et après avoir écrasé, comme
certainement il aurait en se jouant, nous et la
aperçu par avance l'Angle- «misérable petite armée du
terre se dressant d'un bond général French », mettre la
derrière le noble et malheu- main sur la Banque de
reux roi Albert. Quant à France, paralyser la résis-
Moltke, il aurait tout de tance du pays par une
suite répudié une concep- occupation rigoureuse et
tion stratégique qui devait implacable, puis, cela fait,
fatalement obliger l'Alle- se retourner- contre les.
magne, attaquée sur deux Russes dont il savait que
fronts à la fois, à déployer la mobilisation et la con-
ses forces de l'Ouest sur centrationsouffriraient
une longueur démesurée, d'inévitables lenteurs. La
et à n'opposerd'abord à bataille de Charleroi, per-
son adversaire de l'Est que due par nous dans des
des éléments insuffisants. conditions encore mal con-
Le front de déploiement nues, avait augmenté son
compris entre le grand- assurance. Celle de la Marne
duché de Luxembourg et lui montra que nous avions
Belfort lui semblait bien GÉNÉRAL TROCHU des retours inattendus et
assez étendu pour un dé- Gouverneur militaire de Paris soudains. Il fut battu et
but, et il comprenait, en puis président du Gouvernement dut reculer de plus de
outre, que le respect de la défense nationale. 50 kilomètres. Depuis, il
la
absolu de neutralité semble qu'il n'ait plus at-
belge, entraînant réciprocité, donnerait tendu ses inspirations que du hasard.
à l'Allemagne des garanties importantes, Il s'est d'abord terré dans les tranchées
en tout cas supérieures aux avantages de l'Aisne afin, comme on dit vulgaire-
hypothétiques qu'elle pourrait retirer ment, de « voir venir ». Après quoi, il
de sa forfaiture.. Mais, heureusement a imaginé de déborder notre aile gauche.
:
pour l'Europe, lui et Bismarck ne sontMais celle-ci s'étant. redressée au fur et
plus la tombe s'est refermée sur eux. à mesure des attaques ennemies, il a dû
lui-même exécuter un mouvement paral- de foncer droit sur lui, comme fait le
lèle, si bien que la bataille s'est trans- taureau dans l'arène. Il faut encore sa-
portée peu à peu sur l'Oise, sur la Somme, - voir disposer ses forces avec prudence et
sur la Lys, et jusqu'à la mer du Nord. économie, sans quoi, pour peu qu'on
Alors, une nouvelle idée lui est venue
atteindre le littoral de la Manche, puis
:
ait affaire à un ennemi actif, on est perdu.
En somme, de sa stratégie heurtée et
de là menacer l'Angleterre. Surgie tout cahotante, qui n'est du reste qu'un em-
à coup dans le cerveau du kaiser, elle est bryon de stratégie, l'empereur allemand
devenue pour lui une sorte d'obsession. n'a retiré jusqu'ici que des déboires,
Pour la réaliser, il a livré des combats auxquels, au surplus, il aurait dû s'at-
sanglants, et provoqué de telleshécatom- tendre. L'art de la guerre n'est ni empi-
bes qu'il a fallu faire appel à toutes les rique ni conjectural. Il s'appuie sur des
ressources en hommes encore disponibles règles très fermes, résultats de l'expé-
et appeler aux armes le landsturm, où rience militaire des siècles, et qui, tout
des jeunes gens de dix-sept ans voisinent en laissant à chaque chef d'armée@ l'indé-
avec des barbons de quarante-cinq. Et pendance de ses conceptions et de sa
maintenant, sur le théâtre occidental des volonté, — faute de quoi le génie ne
opérations, la guerre semble avoir pour serait qu'un vain mot — lui imposent
objectif unique d'atteindre Dunkerque certaines obligations d'ordre général dont
et de subjuguer Calais. « Vorwœrts nach l'observance permet précisément de don-
Calais! » a décrété l'empereur. ner à la manœuvre une protection et une
Il avait décrété également « Vorwœrts élasticité nécessaires. On peut parfois, en
»
nach Varsovie! et on sait ce qu'il lui en a donnant à force des coups de bélier, en-
coûté. C'est que la guerre, pour donner foncer un pan de muraille, maison n'em-
des résultats effectifs, doit comporter pêche jamais ainsi ceux qui la gardent
autre chose que des attaques directes, de masser leurs bataillons derrière ce
fussent-elles opérées par des troupes qu'il en reste debout, ni de préparer les
compactes et incessamment renforcées. revanches du lendemain.
Il ne suffit pas, pour renverser l'obstacle, Lieutenant-colonel ROUSSET.

LE GOUVERNEMENT DE LA DÉFENSE NATIONALE

QUELQUES-UNS DES MEMBRES DU GOUVERNEMENTDE LA DÉFENSE NATIONALE

:
Emmanuel Arago, Crémieux et Henri Rochefort.)
Au premier plan, de gauche à droite ERNEST PICARD, JULES FAVRE et GAMBETTA ;
(M. Thiers, qui figure sur cette photographie, n'en faisait pas partie. Par contre, il manque dans le groupe

FERRY, JULES SIMON, GLAIS-BIZOIN,GARNIER-PAGÈS,THIERS et EUGÈNE PELLETAN.


:
au second plan JULES
QUE COUTERA LA GUERRE ACTUELLE ?
Par M. Paul LEROY-BEAULIEU
MEMBRE DE L'INSTITUT •
0 N admet, d'ordinaire, que chaque
, combattant doit coûter, :
Si la guerre dure sept mois, les dépenses
en tenant s'élèveront pour l'Allemagne, à 12 milliards
compte de tout l'attirail guerrier 600.000.000; pour la Russie, à une somme
et en prenant une moyenne pour les différen- sensiblement égale; pour la France, pour
tes armes, une douzaine de francs par jour, l'Angleterre et pour l'Autriche-Hongrie,
soit 12.000.000 par jour pour chaque million chacune à sept milliards; soit, pour les cinq
d'hommes appelé sous les drapeaux. grandes puissances, un total de quarante-
En partant de cette estimation, l'Alle- six milliards. Avec le Japon et les autres
magne qui a levé, dit-on, plus petites puissances belligéran-
de 5.000.000 d'hommes, dé- tes, il faudrait porter ce chif-
penserait 60.000.000 par jour, fre à cinquante milliards.
soit 1 milliard 800 millions Ces chiffres ne concernent
par mois. La Russie, qui a que les dépenses directes de
sous les armes un chiffre de la guerre, celles assumées par
soldats au moins égal, arri- les Etats au cours même des
verait au même total, — opérations militaires. Il y a,
bien qu'une réduction doive en outre, toutes les destruc-
être faite pour les trois pre- tions, tous les ravages qui se
miers mois de la guerre, l'ar- font sur les théâtres de la
mée de deuxième ligne lutte, aux dépens des Etats
n'ayant été appelée que vers envahis, des provinces ou des
la fin du troisième mois. municipalités de ces Etats,
La France, avec 3.000.000 des diverses sociétés indus-
d'hommes, dépense 36 mil- trielles ou commerciales, et
lions quotidiennement, soit enfin, des particuliers. Ces
environ un milliard par mois. pertes sont incalculables.
L'Autriche-Hongrie, une Comment les Etats peuvent-
somme à peu près égale. ils faire face aux dépenses
L'Angleterre, pendant les de'guerre proprement dites?
deux premiers mois, a dé- - On préparait autrefois des
pensé 600.000.000 par mois, trésors de guerre. On con-
;
mais elle n'avait alors qu'un
effectif réduit avec l'accrois-
sidère aujourd'hui que les
stocks d'or des grandes ban-
sement formidable de son
armée, elle arrivera certai-
nement à la moyenne men-
M. PAUL LEROY-BEAULIEU
(Cl. Manuel.)
:
ques remplissent cette mis-
sion les quatre milliards d'or
de la Banque de France, les
suelle de un milliard. quatre milliards un quart
La Turquie, entrée en ligne au début de de la Banque d'Etat de Russie, les 2 mil-
novembre, et qui peut mettre sur pied liards 150 millions de francs environ de la
500.000 hommes, devra compter 6.000.000 Banque impériale d'Allemagne. Ces stocks
par jour, soit 180.000.000 par mois. d'or sont tenus, en cas de guerre, à la dis-
La Serbie (300.000 hommes), 3.600.000 position des gouvernements.
francs par jour, 108.000.000 par mois. L'expérience actuelle prouve, contrai-
Le Montenegro (50.000 hommes), 600.000 rement à l'attente commune, que les gou-
francs par jour, 18.000.000 par mois. vernements ne se hâtent pas d'y puiser.
Le calcul est moins aisé à faire pour la Il y a une autre ressource, qui est plus simple
Belgique dont le chiffre de combattants a et plus productive, c'est l'émission de billets
constamment varié. On peut admettre, de banque sous le régime du cours forcé.
néanmoins, 60.000.000 par mois. En France, au 1er octobre, la circulation
9
des billets de la Banque était de milliards penses ajournées, retirer le papier-monnaie,
300 millions, en augmentation de 3 mil- rembourser les banques, consolider les bons
liards 387 millions. En Russie, en Allemagne, du Trésor émis. Cette liquidation sera, selon
on a fait de même. L'Angleterre a émis 730 les pays, inégalement .difficile, mais tou-
millions de francs de billets d'Etat. jours difficile. Il est probable qu'elle s'éten-
Une deuxième ressource, ce sont les bons dra sur une période de trois à cinq années,
du Trésor à très court terme, à trois mois, plutôt de cinq que de trois.
six mois, un an. L'Angleterre en a émis pour Le taux de l'intérêt restera longtemps
un milliard et demi à un taux variant de élevé. La plus grande partie des épargnes
3 1/2 à 3 3/4 0/0. La France émet des bons sera consacrée, aux dépens des œuvres pro-
de la Défense nationale à 5 1/4 0/0. ductives, à l'apurement des frais de guerre,
Ces bons à court terme devront être aux versements sur les emprunts de guerre.
consolidés par de grands emprunts publics Le développement du progrès humain se
au lendemain de la conclusion de la paix. trouvera, de ce chef, non pas, certes, arrêté
Il y aura, dans l'hypothèse d'une guerre mais pendant trois à cinq années, sensi-
de sept mois seulement, une quarantaine de blement restreint.
milliards au moins à emprunter par l'en- PAUL LEROY-BEAULIEU
semble des belligérants pour payer les dé- Membre de l'Institut.

Ce qu'a coûté laguerrede 1870


L A guerre franco-allemande a coûté la vie
à 200.000 hommes, tandis que le nom-
250 millions de bâtiments incendiés, 100 mil-
lions de dédommagementà la Compagnie de
bre des blessés s'élevait à 270.000. C'est l'Est, près de 200 millions de déficit pour
la France qui fut surtout atteinte, sous le rap- les trois années qui suivirent la guerre,
port de la mortalité. Alors quel'Allemagne 150 millions de dépenses de guerre acquittées
n'avait que 44.000 morts et 127.000 blessés, par les budgets postérieurs à 1871, etc.
notre pays perdit 156.000de ses enfants, tués Il est naturellement impossible de faire
sur les champs de bataille; morts des suites de entrer en ligne de compte les pertes subies
blessures ou de maladie. Dans ce nombre par la France pendant les quarante-quatre
figurent 17.000 soldats prisonniers, décédés années qui viennent de s'écouler et qui ne
en captivité. D'autre part, nous perdions figurent dans aucune statistique. Il faudrait
plus de 14.000 kilomètres carrés de terri- pouvoir calculer ce que l'Alsace et la Lor-
toire, avec 1.600.000 habitants. Enfin, dans raine apportèrent en plus-value, durant ce
la population civile, on constatait une dimi- temps, à notre vainqueur, et le total auquel
nution de 800.000 personnes. Il n'est pas on parviendrait seraitformidable.
inutile de rappeler à ce sujet que l'épidémie On devrait aussi établir ce qu'a coûté à
de variole noire qui éclata à cette époque notre pays le terrible régime des armements
décima réellement la France et rappela les à outrance, des dépenses militaires s'accrois-
plus funestes invasions du choléra. sant tous les ans, régime sous lequel les
Quant aux pertes en argent, leur évalua- nations se sentaient écrasées, et qu'elles
tion a prêté à discussion. On a parlé de cherchèrent en vain à alléger, se heurtant à
9 milliards, puis de 11, puis de 13. La vérité l'intransigeance de l'Allemagne.
est encore plus grave. Les calculs deM.Ama- Enfin, il serait indispensable de rechercher
gat font monter le total à plus de 15 mil- le nombre de milliardsque la concurrence
liards. Dans ce chiffre figurent les 5 milliards allemande, tolérée sous ses formes les plus
à
payés l'Allemagne, les 3 milliards de dé- audacieuses et les moins honnêtes, dans la
ficit des années 1870 et 1871, les 2 milliards crainte d'un conflit toujours possible, est
du compte de liquidation, près de 400 mil- venue nous enlever, soit chez nous, soit dans
lions représentant la perte du matériel de les contrées où s'exerçait notre activité.
guerre, près de 1.700 millions pour évalua- La somme globale qu'on devrait alors
tion de la perte de nos provinces, autant pour écrire serait telle que nous ne pouvons la
la prime des emprunts, 275 millions pour les concevoir. Ilest admirable que la France
frais d'émission de ces emprunts, 400 millions soit demeurée debout, forte, vigoureuse
d'indemnités supplémentaires, ne figurant - et saine, après avoir été ainsi saignée à blanc
pas au compte de liquidation, pour les dé- par son intraitable ennemie.C'est peut-être le
partements envahis, 400 millions de pertes plus bel exemple de vitalité donné au monde
non réparées dans ces mêmes départements, par une généreuse nation.
LE MATÉRIELDE CAMPAGNE
DESARMÉESBELLIGÉRANTES
L'artilleriefrançaise est la première du monde
O N ne s'étonnera pas de ne trouver,
au cours de cette étude sur le ma-
est environ cinq fois moins dense que
l'acier, ce qui se conçoit aisément.
tériel d'artillerie des armées fran- La pièce repose sur un affût fixé au solpar
çaise 1et étrangères, que peu ou pointde la bêche de crosse et reste immobile pendant
chiffres concernant le nombredes éléments le tir, les roues étantcalées par des sabots.'
mis en présence par les différentes nations Une glissière fixée à l'affût permet simple-
actuellement ment au tube
aux prises. Seu- de se déplacer
le, la discrétion par l'effet du
nous fait un im- recul; puis grâ-
périeux devoir ce à un ingé-
d'agir ainsi. nieux disposi-
Aussi bien le tif, le tube lui-
nombre n'est-il même revient à
pas tout. On sa position pre-
peut même se mière dès que
demander s'il le projectile a
constitue le fac- été lancé, et se
teur principal retrouve ainsi
de la grande automatique-
partie qui se ment pointé.
joue en ce mo- Mais, puis-
ment, quand on que cette mer-
entend, des veille de cons- -
hommes reve- truction a pu
nus du front, le LE HÉROS DE LA GUERRE DE 1914 être copiée et
récit émerveillé Notre canon de campagne de 75 millimètres, à tir rapide. que le 77 alle-
du "beau tra- mand s'inspire
vail" accompli d'aussi près que
par notre 75, qu'on est en droit deconsidé- possible des principes de notre 75, d'où pro-
-
rer comme le véritable héros de la guerre. vient donc l'énorme, l'écrasante supériorité
A tout seigneur tout honneur. Donc, c'est dont a fait preuve celui-ci sur celui-là?
par lui que nous commence- Tout d'abord à la qualité
rons cette intéressante étude. du débouchoir français. On sait
Le canon français de cam- que la hauteur à laquelle doit
pagne à tir rapide de 75 milli- éclater l'obus explosif est
mètres, modèle 1897 qui réglée au moyen de Ja fusée

a été, d'ailleurs, depuis son qu'on adapte sur le projectile
invention par MM. Sainte- au moment du tir. Or, nous
Claire Deville et Deport, dirons seulement d'un mot
voici une vingtaine d'années, que les fusées des projectiles
plagié plus ou moins servile- français sont ainsi préparées,
--
ment par toutes les puissances c'est à dire débouchées, au
en tant que type de pièce - moyen d'un appareil perfec-

-
,
légère mobile — est unen- tionné, strictement automati-
gin qui lance, à la vitesse ini- que qu'on appelle précisé-
tiale de 529 mètres, un obus ment le débouchoir. Le débou-
de 7 k 240, chargé d'environ choir allemand n'existe pour
300 balles, et, à la vitesse de ainsi dire pas. La fusée alle-
584 mètres, un obus explosif mande n'est débouchée im-
de 5 k 315, renfermant un parfaitement que par une
OBUS CHARGÉ OBUSCHARGÉ
peu plus de 800 grammes dé pince-débouchoir, qu'un ser-
DE BALLES, mélinite, la différencede poids
DIT SHRAP- entre le premier et le second
NELL.
vant peut manier plus ou
moins adroitement. D'oùinef-
tenant àce que la mélinite ficacité du projectile, qui ex-
-
DE BALLES
ET D'UN
CANON RIMAILHO DE 155 MILLIMÈTRES A TIR RAPIDE

plose ou trop haut ou trop bas, sa destination sionnée à 312 coups par pièce? Environ
:
n'ayant point été mathématiquement fixée.
Deuxième raison la perfection du frein
de tir hydro-pneumatique du 75, destiné à
185.000 francs, un assez joli denier.

vrage sur
glorieux 75 n'est pas seul à l'ou-
Mais le les
champs de bataille actuels.
empêcher la pièce de reculer trop loin sur la Le canon de 155 court, modèle 1904 T. R.,
glissière. Ce frein est une sorte de ressort appelé Rimailho, du nom du colonel qui l'a
liquide interposé entre le tube et l'affût. Il établi, se tire comme le 75, sans dépoin-
n'a jamais, à l'expérience, aucun raté, et tage. Il possède un frein assez long pour
ramène le tube en position de tir, sans dé- qu'il n'ait pas besoin d'être employé sur
pointage, avec une précision quasi absolue. tir
plate-forme. Il fait nonplusdu deplein
Il s'ensuit que notre canon de campagne peut fouet, mais du tir courbe. Il possède la même
envoyer jusqu'à 20 et 25 projectiles par mobilité que le précédent, cependant plus
;
minute. Théoriquement, le canon allemand
tire le même nombre de coups mais, en fait,
il a besoin sans cesse d'être repointé.
Faut-il aussi invoquer la supériorité de
léger, grâce à ce fait que le tube est trans-
porté sur une voiture spéciale nommée
porte-canon, l'affût et le frein formant une
seconde charge. La caractéristique de cette
l'artilleur français sur l'artilleur allemand, pièce mobile est qu'elle est à même de
:
moins compréhensif, moins alerte? C'est un
élément moral il entre en compte pourtant.
Veut-on savoir le prix de revient d'une
détruire les retranchements importants éta-
blis par l'ennemi au cours de la campagne.
Son obus à la mélinite pèse 43 kilos.
batterie complète, composée de 4 pièces, 12 Le 120 long, qui est le seul de nos canons
caissons et 3 voitures de service, approvi- légers à être muni de ceintures de roues (on

PIÈCE DE 120 MILLIMÈTRES MONTÉE AVEC CEINTURES DE ROUES


verra plus loin type de pièce
quel est le rôle dont la cons-
de ces derniè- truction est au-
res), est un ca- jourd'hui aban-
non de siège donnée.
transformé en Par contre, il
canon de cam- est essentiel de
pagne, tiré par mentionner 1 e
tracteurs auto- canon français
mobiles, et par de 105. Muni de
conséquent fa- tous les derniers
cile à déplacer. perfectionne-
Doté d'un frein ments, il res-
à glycérine et semble, en som-
de l'ancienne me, à un gros
culasse deBan- 75. Le 105 est
ge, il tire à lon- 155 MILLIMÈTRES, MODÈLE le plus récent
gue portée. On CANON COURT DE 1881 de nos modèles.
I -
utilisait au Il envoie à lon-
:
trefois sur plate-forme, avec un frein attaché gue portée (13.000 m) un obus de 17 kilos.
à celle-ci l'assemblage des madriers néces- Signalons aussi la qualité de notre artil-
saires à la plate-forme réclamait trop de lerie de montagne. La pièce de 65, modèle

ARTILLERIE DE MONTAGNE : NOTRE 65 TRANSPORTÉ A DOS DE MULETS

temps. Le recul de la pièce est encore limité 1906, montée sur affût à frein, se tire égale-
— en dehors de l'action du frein — par les ment comme le 75. Mais, pour la facilité du
coinsde retour en batterie, qu'on aperçoit à transport, elle est divisée en quatre charges
I arriere de la pièce, et différentes, de 120 kilos
par les madriers placés
tout à fait au bas.
Quant au 120 court —
mulets :
chacune, portées à dos de
le tube, le frein
et l'affût en deux parties.
dont nous savons qu'il a Le 65 fait du tir rapide
fait récemment merveille courbe; il est à double
sur la Meuse, dans des tirs frein hydraulique et à
par rafales à courte dis- ressorts métalliques.
tance (1.600mètres envi- Nos mitrailleuses, enfin,
ron) — il possède égale- sont de trois modèles dif-
ment la culasse de Bange.
Il est à frein hydraulique.
-
férents : Saint Etienne,
Puteaux, Hotchkiss. On
Du canon de 155 court, en a construit un nom-
moins intéressant, il y a bre très élevé depuis le dé-
peu à dire. On le tire en but de cette campagne,
lui enlevant sesl roues. afin'de répondre à l'arme-
Notre gravure le montre ment considérable des ar-
en batterie, sur un léger MITRAILLEUSE mées allemandes en petits
lit de madriers. C'est un TYPE SAINT-ETIENNE engins de cette nature.
Comme nous l'avons dit au début de cette blindés, qui ont fait merveille en Belgique,

;
brève étude, nous ne pouvons donner de dé-
tails très précis sur tout notre matériel de
campagne signalons toutefois nos trains
-
et nos autos canons, manœuvrées par des
marins, dont les Allemands, à Ypres et à Dix-
mude, ont pu apprécier les effets désagréables.

Les Allemands ont de bons canons, mais,


pour la plupart, ils manquent de justesse
L allemande
règlement
E de manœuvre de l'artillerie
(canon de campagne et obu-
ration au tir. Ils ne les ont adoptées réso-
lument qu'à la fin de 1913. Ce rapproche-
sier léger) a paru en 1907. Depuis cette ment de dates suffit à expliquer qu'ils en
date, près de deux cents papillons rectificatifs soient restés, vis-à-vis de nos procédés, à une
(deck blâtter) période de tâ-
sont venus en tonnements
modifier les di- quenousavons
verses disposi- depuis - long-
-il
tions. Est
possible de
tempsfranchie.
En dépit de
mieux faire quelques avan-
comprend re tages de maté-
les efforts im- riel, il est en-
menses qu'ont core d'autres
accomplis nos causes à l'infé-
ennemis pour riorité de nos
se perfection- adversaires en
ner dans l'art cette matière.
où l'expérien- Nous les allons
ce vient de discerner à me-
démontrer que sure que nous
nous sommes étudierons les
passés maîtres. caractéristi-
Ces modifica- ques de leur
tions ne sont LE CANON DU CAMPAGNE ALLEMAND A TIR RAPIDE artillerie.
pas toutes es-
:
sentielles, à la vérité beaucoup d'entre elles
sont la conséquence naturelle du progrès
Le canon à
tir rapide modèle 96, de 7 c 7 — car il faut
noter, en passant, que les Allemands ne comp- -
des appareils de pointage et de l'adoption, tent pas par millimètres le calibrede leurs
par l'artillerie allemande, de la voiture- pièces mais par centimètres —lance, comme
observatoire, extrêmement pratique. le 75, un obus à balles et un obus explo-
- Dès 1910, les Allemands ont commencé
à s'initier aux méthodes françaises de prépa-
;
sif mais tous deux ont le même poids (6 k
850), la même vitesse initiale (465 m) et par

PIÈCE DE CAMPAGNE ET SON AUTO-CAMION,


POUR LA CHASSE AUX AÉROPLANES
conséquent la même trajectoire. L'obus conséquemment, de continuels dépointages.
explosif du 7 c 7, à parois plus épaisses que le Le gros vice du système allemand est là :
nôtre, ne contient que 165 gr. d'acide picrique. le canon ne reste pas indéfiniment pointé.
Alors que la plu- Il faut le remettre
part des canons en position, ce qui
courants des di- occasionne une
verses nations pos- perte de tempstrès
sèdent la ferme- appréciable. Le
ture de culasse à 7 c 7 ne peut guère
vis, le 7 c 7, est tirer que 10 à 12
muni d'une ferme- coups efficaces à la
ture à coin. Il en minute.
résulte une extrê- Quant à l'appa-
;
me simplicité, une
grande robustesse
mais, par contre,
reil de pointage, il
est constitué, sur
le canon allemand,
le coin forme un par une limettepa-
métal mort qui noramique perfec-
alourdit un peu le tionnée faisant le
tube à l'arrière. tour d'horizon, ce
Le frein du 7c7 qui permet au
est hydraulique et pointeur de pren-
:
à ressorts. Consé-
quence une cer-
taine fragilité dans
cette partie, les
dre des points de
repérage en ar-
rière. Mais nous
sommes en mesure
ressorts métalli- de dire que cet
ques cassant assez avantage n'est que
fréquemment. momentané. Il est
Le pointage en équitable de noter
direction de la aussi que le 7 c 7
pièce se fait en est de quelque
déplaçant simple- deux cents kilo-
ment, autour d'un MITRAILLEUSE VICKEERS MUNIE D'UNE LUNETTE grammes plus lé-
pivot à axe verti- TÉLESCOPIQUE ger que le canon
cal,un petit affût
posté sur le grand
affût. Ce dernier
NUE
POUR
LA
ASSURER
VISIBILITÉ
DE
DU
FAÇON
BUT
CONTI-
çais;
de campagne fran-
sa mobilité
peut donc être lé-
:
reste fixe. Est-ce un avantage? Non, c'est gèrement supérieure à celle de notre 75.
un inconvénient très grand il y a absence Nous avons parlé, au début de ce para-
de symétrie dans l'effort à supporter et, graphe, de la voiture-observatoire allemande.

OBUSIER DE SIÈGE DE 21 CENTIMETRES ET SON AVANT-TRAIN


Le fameux obusier de 420, s'il existe vraiment, représenterait une
masse double de celle-ci.
TRAIN BLINDÉ MARCHANT SUR ROUTE POUR LE TRANSPORT DU PETIT MATÉRIEL D'ARTILLERIE
PE CAMPAGNE ET DES MUNITIONS 1
AUTO BLINDÉE ARMÉE D'UN CANON POUR LE,TIR SUR LES AÉROPLANES

par minute, ce qui a fait donner par nos du poids formidable de 344 k. Le 28 a une
troupiers, à ces engins, le surnom de moulins portée maxima, à 42°, de 10.000 mètres.
à café. Il est bon de noter, toutefois, que Le seul poids de la bouche à feu est, pour
cette vitesse n'est jamais conservée, dans la le 21 de 5.450 k, et, pour le 28, de 6.130 k.
pratique, pendant un temps très long, les On se demande, en présence de ces quel-
ceintures des différents modèles de mitrail- ques données, ce que peut être le fameux
leuses ne contenant guère plus de 250 à mortier de 42, dont il a tant été parlé. Il est
300 cartouches. plus d'un techni-
Un faitassezinat- cien qui doute de
tendu s'est produit son existence mê-
au cours de la
guerre actuelle :
c'estl'emploi simul-
me. Un tel engin
devrait représenter
une masse double
tané qu'ont fait nos de celle de l'obusier
ennemisde la grosse de 21 c dont nous
artillerie et de l'ar- avons donné la
tillerie de campagne photographie à
proprementdite. Le l'une des pages pré-
matériel allemand cédentes.
d'artillerie lourde Peut-être a-t-il
comprend des ca- été construit, aux
nons longs de 10 c 4 usines d'Essen, un
et de 13 c, et des TRACTEUR A VAPEUR POUR LE exemplaire-type de
obusiers de 15, 21 TRANSPORT DES la formidable ma-
et 28 centimètres. APPROVISIONNEMENTS chine de guerre
Les gros obusiers de 42 centimètres,
Krupp de 21 et 28 c sont divisibles en deux mais il est fort probable que les Allemands
parties, traînées séparément, soit par des en sont restés à ce spécimen unique. D'après
chevaux, soit plutôt par de puissants tracteurs les journaux italiens, l'usine Krupp en
automobiles. Ils sont, bien entendu, munis de aurait établi un second, qui aurait fait
ceintures de roues. Dans l'un et l'autre, les explosion aux essais. Bref, nous ne sommes
cylindres de frein et le récupérateur sont pas fixés à cet égard. Tout ce que l'on sait
situés au-dessus de la bouche à feu. Le pre- de façon pertinente, c'est que nos ennemis,

;
mier tire un obus à parois minces de 119 k, pour bombarder et réduire certaines places
avec douille séparée contenant les charges fortes de Belgique, utilisèrent l'obusier de
élémentaires le deuxième envoie un shrapnell siège autrichien de 30 c 5.
:
Comme conclusion l'artillerie allemande
est nombreuse et ses qualités sont sérieuses,
mais elle n'a point la précision de l'artillerie
corriger ses défauts par l'habileté que finit
par donner la pratique, ne font que les
aggraver par leur ignorance. Il faudrait aux
française, et ceux qui la manient, au lieu de Allemands nos enragés «diables noirs ».

Les Anglais possèdent une artillerie puissante


0 N pourrait s'imaginer que les Anglais,
chez lesquels la préoccupation de la
défense du territoire national n'est
fut, pendant plusieurs années, l'un des meil-
leurs canons de l'Europe.
Elle possède, en ce moment, une pièce
pas au premier plan, ont pu se laisser distan- légère de 3 pouces 3 qui, théoriquement,

PIÈCE LÉGÈRE ANGLAISE DE CAMPAGNE DE 3 POUCES 3

cer dans le domaine de l'artillerie de campa- serait la plus rapide du monde, puisqu'elle
gne. Pourtant il n'en est rien, et personne pourrait tirer jusqu'à 29 coups dans une
n'ignore, dans les milieux compétents, que le minute. L'obus qu'elle lance, le «18-pounder
«12-pounder high velocity field gun » (canon shell», couvre, à une distance maxima
de campagne à tir rapide lançant un projectile effective de 6.300 yards, un espace de
de 12 livres) qu'elle mit en service en 1885, terrain long de 300 yards et large de 35,

MITRAILLEUSE ANGLAISE REMORQUÉE PAR DESCYCLISTES


TYPE D'ARTILLERIE LOURDE DE CAMPAGNE DES ARMÉES BRITANNIQUES
Canon de position de 5 pouces lançant à 13 kilomètres des projectiles de 60 livres.

projetant 365 balles. Le 3 pouces 3 emploie jugés inutiles par suite de la longue portée
aussi un obus chargé d'explosif. _du tir, la pièce étant hors d'atteinte.
Le canon de campagne anglais a un aspect Nos amis et alliés ont encore notamment
assez caractéristique: sa flèche est constituée
-
des mortiers de 4 pouces. On y remarque.
par un véritable tube en tôle d'acier, la comme dans nombre de pièces étrangères,
bêche de crosse restant à peu près semblable une frette de bouche, sorte d'anneau destiné
à la nôtre; il est à frein et à récupérateur à à renforcer le tuoe à l'ouverture. La ligne de
ressorts, situés au-dessus de la pièce, tandis mire naturelle se trouve, comme dans l'an- -

que, dans notre 75, ces deux organes cien 90 de campagne français, sur le côté
sont intimement dépendants, n'en formant du tube, ce qui offre quelques inconvénients.
pour ainsi dire qu'un seul, placé à la Oublierons-nous de mentionner les formi-
partie inférieure. dables engins dont
Comme dans tou- sont armés les
tes les pièces à long bateaux de la ma-
recul, le tube du rine anglaise, les
3 c 3 est couché 343, et peut-être
dans une sorte de même déjà les 381?
berceau muni de Ce sont eux, vrai-
glissières, sur les- semblablement, les
quelles pourra premiers nommés
jouer la pièce pen- du moins, qui ont
dant le tir. accompli de si effi-
C'est - l'artillerie cace besogne le
à pied qui est long des côtes de
armée du modèle la mer du Nord,
de décrire;
que nous venons
tillerie à cheval
l'ar-
à l'aile gauche
française. Les 343,
dits canons de
possède une pièce 13,5 B. L. (breech-
4
MORTIER DE CAMPAGNE DE POUCES loading),peuvent
de calibre légère-
ment inférieur lancer, à une vi-
(7 c 62). Les canons de campagne anglais tesse initiale de 875 m, un projectile de
auraient le léger inconvénient-d'être un peu 567 k et sont capables de tirer deux coups
plus pesants que les nôtres. à la minute quand les nécessités l'exigent.
On conçoit, d'ailleurs, que l'Angleterre Dans aucune partie, d'ailleurs, de cet art
exige, en général, de son matériel plus de, de la guerre, l'Angleterre n'a voulu rester
force que de mobilité. Elle a ainsi en service - en arrière. Tous les essais l'ont tentée. Elle
un canon de 5 pouces remarquablement a recherché, comme les autres nations, quel
puissant,dont le projectile pèse soixante était le meilleur mode de transport des
livres et est envoyé, à une vitesse initiale de mitrailleuses. Elle fait remorquer un certain
630 m, jusqu'à plus de 13.000 m. Mais la nombre de celles-ci par des cyclistes ingé-
voiture-pièce a un poids de 5.503 k et la nieusement attelés. Elle a à sa disposition,
bouche à feu en batterie, un poids de 4.665 k. pour le tir en aéroplanes, une bombe remar-
Le « 4 pouces » anglais est analogue à quable, la bombe Marten Haie.
notre 105 long. Le projectile en pèse égale- La bombe Marten Hale pèse 10 k environ ;
ment de 16 à 17 k et il porte à une douzaine elle a 52 c 5 de longueur et 12 c 5 de largeur
de kilomètres. Le frein reste à la partie su- à son plus grand diamètre, car elle affecte,
vérieure. A noter l'absence des. boucliers, à l'avant, la forme ovoïde. La bombe une
fois lâchée, la pression de l'air fait tourner de guerre terrible qui fauche les arbres d'un
des ailettes qui entraînent elles-mêmes une bois comme les blés dans un champ et sème
vis agissant sur le mécanisme intérieur. l'épouvante et la mort dans les masses
Cet ingénieux engin ne peut pas éclater
avant d'avoir parcouru au moins 100 mètres
mais, cette distance étant franchie, le dis-
; ennemies sur lesquelles il tire.
Les Anglais ont également débarqué sur
le continent du matériel de chemin de fer
positif est si sensible que l'explosion se qui a servi à former des trains blindés redou-
produit au simple contact de l'eau. tables. Ils possèdent, en outre, de nom-
breuses batteries d'autos armées de mitrail-
Est-ce une indiscrétion de dire que, depuis
le début des hostilités, nos alliés anglais ont
travaillé jour et nuit, dans leurs formidables les raids qu'ils accomplissent chaque jour
;
leuses et de pièces légères montées sur pivot
arsenaux militaires, à augmenter leur maté- sur les flancs de l'ennemi avec ces véhicules,
riel d'artillerie. Comme nous-mêmes, ils ont pilotés avec une extrême audace, font l'admi-
surtout fabriqué des canons lourds de cam- ration de tous ceux qui les voient à l'œuvre.
pagne, dont ils étaient quelque peu démunis, On a vanté le courage des Indiens s'élan-
et ces pièces magnifiques, jointes aux nôtres, çant à l'assaut avec un mépris du danger
ont servi à armer puissamment nos positions qui fait frémir, mais ce qu'on a oublié de
fortifiées de la Belgique occidentale. dire, c'est que ces héroïques fils de l'Asie
Ils ont même inauguré un canon dont la sont aussi d'excellents artilleurs et, notam-
construction avait été tenue secrète, engin ment, des pointeurs de premier ordre.

Les Belges ont aussi d'excellents canons


N ous avons parlé plus haut de la ques-
tion du transport des mitrailleuses : qu'elle aboutit à constituer des détachements
par trop vulnérables, la rapidité du trans-
c'est un decesproblèmes d'apparence port se trouve, dans le second cas, considé-
facile, mais délicat au fond, que soulève à rablement diminuée, car le rendement du
chaque instant l'art moderne de la guerre. cheval est, au total, assez faible.:

PIÈCE DE CAMPAGNE BELGE ALLANT PRENDRE POSITION

A cet égard, rien de parfait, de définitif n'a Invisibilité relative et grande mobilité
encore été trouvé dans aucun pays. sont donc les deux termes du problème à
Les Russes et les Japonais ont traîné leurs résoudre. Les Belges, chez lesquels le chien
mitrailleuses, au cours de la campagne de de trait est fort en honneur et fait l'objet
Mandchourie, sur des affûts à roues. Les d'un élevage spécial, ont eu recours à la
deux anciens adversaires ont, depuis, adopté traction canine pour leurs mitrailleuses.
le transport par chevaux de bât. Mais, si la Avec le chien, les deux'conditions exigées
première méthode est défectueuse en ce paraissent atteintes. Un animal moyen peut
tirer 300k. sur une route, doté, de même que ce
à la vitesse de 8 km à dernier, de la fermeture
l'heure, pendant un temps de culasse à coin, au lieu
fort long, et peut même de la fermeture à vis en
suivre l'infanterie à tra- usage chez nous. Le 75
vers bois. D'autre part,la belge, qui était fabriqué
taille du chien l'expose à Herstal (près deLiège),
moins à être découvert
que le cheval. Enfin, la
pièce faisant corps avec
la petite voiturette à la-
quelle l'animal est attelé,
a
;
donc un peu les qualités
et les inconvénients du
7 c 7 allemand il est aussi
un peu moins puissant que
le canon français. Il reste
il en résulte une grande cependant un engin ex-
rapidité de mise en action cellent dans son ensemble.
en présence de l'ennemi. Ajoutons que nos amis
La conséquence de ce sys- Belges, ayant épuisé, au
tème est aussi une éco- bon combat, toutes leurs
nomie appréciable, le munitions,utilisent main-
chien coûtant générale- tenant nos obus de 75,
ment fort peu à nourrir.
Malheureusement, l'ex-
périence de la guerre vient
;
dont les effets sont si ter-
rifiants ils emploient seu-
lement des douilles spé-
de montrer que les chiens ciales, la chambre à pou-
sont sujets à la peur. Ils MITRAILLEUSE BELGE MUNIE D'UN dre de leur pièce étant
n'arrivent pas à acquérir, SUPPORT A CRÉMAILLÈRE POUR différente de la nôtre.
avec l'habitude, cette pas- LA HISSER A LA CRÈTE D'UN TALUS Une mention spéciale
sivité des chevaux devant doit être accordée au 210
le bruit et le danger. Les belge, dont le travail est
pauvres bêtes sont complètement affolées lors- fort utile et les effets très puissants.
qu'un obus éclate au-dessus ou près d'elles. Comme leurs alliés Français et Anglais,
i,es cniens avaient les Belges ont
été expérimentés aménagé, pour le
en Belgique, au service de guerre,
cours des manœu- de nombreuses au-
vres,en 1911-1913. tomobiles armées
Il n'est pas prou- d'artillerie légère,
vé, au surplus, principalement de
qu'avec un dressa- mitrailleuses. Ils
ge un peu plus par- ont aussi créé des
fait, on n'arrivera trains blindés mu-
pas à obtenird'eux
les qualités qui
leur manquent.
La mitrailleuse
;
nis depiècesàtir
rapide pendant le
siège d'Anvers, ces
trains, lancés dans
belge est du mo- la direction des
dèle Herstal, ana- masses ennemies,
logue à la fran- ont occasionné à
çaise. Ses ceintu- l'armée assiégean-
contiennent MITRAILLEUSE TRAINEE PAR DES CHIENS
res te du général von
120 cartouches. Beseler des pertes
Les Belges possèdent, comme pièce de extrêmement sensibles. Pour nous résumer,
campagne légère, un 75, qui ressemble au nos amis Belges possèdent une excellente
matériel Krupp légèrement modifié. Il est artillerie qu'ils utilisent admirablement.

L'artillerie russe est de première qualité


L n'est, certes,
'ÉLOGE de la nouvelle artillerie russe
plus à faire. Elle vient de
de 7 c 62; les batteries de montagne ont
Il
encore l'ancien modèle 1883, de 9 c 3,
montrer, contre les troupes autri- qu'on remplace progressivement par une
chiennes et allemandes, de quoi elle était pièce à tir rapide de 7 centimètres.
capable sur les champs de bataille. Voici,
en résumé, comment elle est composée
Les batteries de campagne sont toutes
: Les batteries dites de mortiers, armées
d'abord de l'obusier de 6 pouces (15 c 3).
modèle 1883, sont actuellement ou vont
pourvues du canon à tir rapide, modèle 1902, être pourvues de modernes 120; enfin les
batteries lourdes ont des canons de 10 c 5, défilée derrière une crête, l'officier-obser-
de 10 c 7, des obusiers de 15 e ou des mor- vateur peut être amené à se placer très loin
tiers de 20, engins particulièrementpuissants. de ses batteries. Il est donc obligé, pour
C'est depuis la réorganisation de 1910 régler commodément son tir, d'utiliser des
que chaque corps d'armée russe comprend signaux quelconques, des carrés de toile

DEMI-BATTERIE RUSSE DE PIÈCES DE CAMPAGNE

plusieurs batteries d'obusiersj légers de cam-


pagne. Elles sont armées avec des pièces à
recul sur l'affût de 12 c environ, appartenant
ou de papier coloriés qu'on meut ou dispose
diversement selon l'indication à transmettre
ou bien encore les signaux à bras, analogues
;
mairement ci-dessous :
à quatre types, que nous indiquerons som-

:
Krupp, modèle 1904, 12 c portée maxima
aux signaux du télégraphe Chappe de ma-
rine;ou encore le porte-voix ou le téléphone.
Il a déjà été noté, au cours de cette cam-
6.400 m, vitesse initiale 300 m, poids du pagne, que les Allemands font un usage
projectile avec sa charge 20 k 500. constant du téléphone pour le tir d'artillerie.
Oboukhov-Poutilov, modèle 1904, éga- Leurs appareils sont, à ce point de vue, tout
lement, 12 c 2 : portée maxima, vitesse à fait remarquables. N'ont-ils pas eu la pré-
initiale et poids de projectile, respectivement tention, nous racontait un officier revenu
de 6.400 m, 293 m, et 23 kilogrammes 200. récemment du front, d'installer des postes
Dans les deux mo- téléphoniquesjusqu'à
dèles postérieurs, la
:
portée est plus grande
Krupp, modèle
six kilomètres de cer-
taines batteries, pour
c
1909,12 2: la portée
atteint 7.500 m; le
être à même d'en
régler le tir avec plus
de précision? Mais il
projectile qui pèse est aisé de concevoir
22k900 est tiré à une toutes les difficultés
vitesse de 335 m. inhérentes à de tels
Ce sont à peu de essais. A vouloir trop
chose près les mêmes perfectionner les mé-
chiffres qui s'appli- thodes, on risque de
quent au derniertype, manquer le but à
Schneider 1909,12c2: atteindre. D'honnêtes
7.500 m pour la por- installations, simples,
tée, à la même vitesse rapides, pratiques,
initiale de 335 m. Le comme celle que mon-
projectile est de 100
- grammes plus léger
22 kilogr. 800.
: tre notre cliché, ci-
contre, voire même de
simples et primitifs
POSTE DE SIGNALEURS POUR LE REPÉRAGE
Les modèlesde 1909 L'ARTILLERIE signaux humains, res-
DU TIR DE tent dans certains cas
ont tous deux un
champ de tir vertical le comble de l'art,
de — 5° a + 45°; leur voiture-pièce pèse car il est des instants, à la guerre, où l'ac-
2.200 k, la pièce en batterie, 1.300 k environ. tion ne souffre pas le moindre retard.
Pour le repérage du tir, les artilleurs Nous devons dire ici que, nous autres
russes utilisent des postes de signaleurs Français, en ce qui concerne l'utilisation du
fort ingénieusement organisés. téléphone de campagne pour régler le tir
On sait quel'artillerie, tirant toujours de nos bouches à feu, nous n'avons rien à
envier aux Allemands. Chacune de nos bat- téléphonique, et qui signale les buts à attein-
à
teries possède un « guetteur », un homme
courageux qui, souvent, s'est porté plu-
sieurs kilomètres en avant des pièces, dé-
dre, donne des indications pour les recti-
fications du tir et annonce les résultats
obtenus. On voit souvent deces « guetteurs»
roulant dans sa marche périlleuse son fil installés à 500 mètres des batteries ennemies.

Les Autrichiens avaient une belle artillerie,mais


les Russes en ont conquis une grande partie
E entrer
les Russes pourraient encore faire
T
en ligne de compte une partie
triche, en 1913, au même moment que le
mortier de 305, une nouvelle pièce de 10 5,c
du formidable butin qu'ils ont conquis à tir rapide, à recul sur l'affût, avec tube
glorieusement sur les Autrichiens!
si en acier, qui avait donné de très bons résul-
Butin de valeur, car n'est pas douteux
il tats. Et, peu d'années auparavant, en 1908,
que les progrès des Austro-Hongrois, aiguil- on y avait adopté des obusiers de campagne
lonnés par leurs alliés teutons, n'aient été
rapides et considérables en ces dernières
années, au point de vue de l'artillerie. Ils
:
de 104 à tir rapide, modifiés, d'ailleurs, en
1910, dont les caractéristiques sont
hydraulique et récupérateur à ressorts,
frein
auraient même, au dire de quelques-uns et hausse indépendante, shrapnell de 12 k 75,
en admettant que obus explosif de
l'existencedu mor- 14 k 77, portée
tier de 42 ne soit maximade5.500m
qu'une légende, Pièce remarquable
dépassé, en artil- surtout parce
lerie lourde, leurs qu'elle emploie un
le
émules. Car 305 affût spécial pour
autrichien existe tirer aux angles de
bien, et cet engin 43 à 70 degrés.
formidable a servi Nous ne faisons
à réduire les forts cette énumération
de Namur, Anvers un peu sèche que-
et Maubeuge, Ce pour montrer que
ne serait même, les efforts et les
-
prétendon, que
fournir à leur
essais de l'Autri-
che en artillerie
pour
orgueil mortifié ont été nombreux.
une illusoire com- La réorganisa-
pensation que les tion de cette arme,
Allemands au- PIECE AUTRICHIENNEDE7 6 CENTIMÈTRES 6 commencée en
raient imaginé les (Artillerie de campagne,)
1904, n'était mê-
prouesses fabu- me pas encore ter-
leuses d'un 420 ! minée au jour où
Quoi qu'il en soit, l'artillerie lourde autri- l'Allemagne entraîna son alliée dans la lutte
chienne, — dont il nous faut bien dire un européenne. L'artillerie de montagne autri-
mot ici, puisque, de même que l'artillerie chienne a le canon modèle 1899 de 72 c5
lourde allemande, elle est employée en cam- l'artillerie de campagne possède une pièce
;
pagne, — est ou était (comme on voudra) de 76 c 6, modèle 1905, à tir rapide, en
d'une incomparable puissance.
:
bronze forgé. Cette dernière est l'analogue
Outre ce 305 d'armée, que nous venons du 75 français et du 7 c 7 allemand
de mentionner, chaque corps autrichien elle pourrait tirer 25 coups à la minute.
comprend 144 canons, 54 obusiers légers Quant à la mitrailleuse autrichienne, elle
et 12 obusiers lourds. Ces derniers sont, a été l'objet de perfectionnements successifs,
pour la plupart, de calibre de 15 c, tirant notamment en 1907-12. Celle qui est en
un obus de 39 k qui renferme 6 k d'explo- service est la Schwarzlen, à canon fixe,
sif, ou un shrapnell de 37 kilogrammes. fonctionnant par utilisation du recul. Le
L'artillerie autrichienne dispose aussi de refroidissement du canon est obtenu par
gros mortiers de 24 c sortant des usines de un manchon à eau et les cartouches sont
Skoda : leurs projectiles atteignent le poids disposées par bandes de 250, comme dans la
de 130 k, avec une charge d'explosif de mitrailleuse allemande Maxim. Si les bandes
20 k, etsont lancés jusqu'à 7.000 m. contenaient plus de 250 cartouches, la
On avait expérimenté avec succès, en Au- mitrailleuse des Autrichiens pourrait, assure-
OBUSIER DE SIÈGE AUTRICHIEN DE 30 CENTIMÈTRES 5

t-on, envoyer efficacement jusqu'à 500 pro- du chariot porte-frein; 3° d'une sorte de
jectiles en 60 secondes. fourgon un peu semblable à celui qui est en
Comme on peut s'en rendre compte usage chez les pompiers parisiens et qui sert
d'après nos reproductions photographiques, au transport des hommes — une quaran-
l'obusier autrichien de 30 c 5 est peut-être taine environ — chargés de la manœuvre
le plus formidable engin qui ait été fabriqué, de la monstrueuse machine, de son pointage
en ces dernières années, pour la guerre et de son approvisionnement en munitions.
Il se compose de trois parties distinctes
1° la pièce proprement dite, flanquée de
:
terrestre. C'est un léviathan de fer et d'acier. Terminons en disant que les grosses pièces
de l'artillerie autrichienne, de même que
celles des autres principales puissances, sont
sièges en tôle d'acier pour les servants et ou peuvent être, depuis quelques années,
montée sur quatre roues en fer forgé, munie munies des ceintures de roues que nous avons
chacune d'un bandage d'acier; 20 le frein déjà nommées. Ce dispositif a pour but de
hydraulique — ou à glycérine — fixé sur permettre le transport, en tout terrains, des
un chariot spécial, et qui, au moment du plus lourds engins de guerre et possède, en
tir, est juxtaposé à l'arrière de la pièce, après outre, l'avantage de rendre inutile l'emploi
démontage préalable des roues arrière de d'une plate-forme pendant le tir. Ces cein-
l'affût de cette dernière et des roues avant tures de roues sont constituées par une

LE MÊME,ACCOMPAGNÉ DE SON FREIN ETDE SES I NSTKUMEty'TS DE VOINTAGK


série de plaques d'acier basculant légère- française de 120 millimètres et de l'obusier
ment sur des tourillons; elles présentent allemand de 21 centimètres nous montrent
l'aspect d'une sorte de chaîne sans fin et les roues des affûts de ces deux engins
s'adaptent au bandage de la roue, dont elles munies de la ceinture que nous venons de
sont indépendantes en ce sens qu'on peut décrire. Ce dispositif, 'comme nous l'avons
les placer ou les enlever à volonté. Aux dit plus haut, permet de s'avancer dans de
pages 306 et 309, nos gravures de la pièce mauvais terrains et sur des routes défoncées.

L'artillerie serbe, turque et monténégrine


L peuvent
artilleries
ES pays balkaniques ne
des
naturellement pas rivaliser
lourds pouvant servir d'artillerie de position.
Il possède aussi quelques canons français.
avec celles des nations que nous venons Il serait pourtant inexact de ne pas dire
de passer en revue. Les types de leur ma- que l'artillerie serbe est actuellement très
tériel sont, en général, inspirés des modèles bien dotée. Elle possède un nouveau canonde
français ou alle- campagne de 75,
mands. Elles se système Schnei-
contentent même, der-Canet, à tir
le plus souvent, rapide, qui parti-
d'adopter pure- cipe largement de
ment et simple- la perfection de
i
ment — avec plus
ou moinsde re-
tard — ceux qui
notre 75 natio-
nal, et un nou-
veau canon de
paraissent avoir montagne de 70,
fait leurs preuves, également à tir
ou encoreutilisent- rapide, de solide
elles, sans fausse qualité. Tous deux
honte, le matériel sont avec récupé-
plus ou moins dé- rateur et hausse
modé qu'elles ont indépendante.
acquis de leurs LE CANON LÉGER SERBE ET SON CAISSON Cette vaillante
sœurs plus puis- petite nation a
santés. C'est ainsi que le canon monténégrin, aussi des obusiers et des mortiers de 15 c,
qu'on voit en position sur notre gravure, d'un modèle récent. L'Autriche sait, depuis
est une ancienne pièce de siège française longtemps déjà, que les artilleurs serbes ne
de 120. Elle n'en fait pas moins debesogne. sont pas des adversaires à dédaigner. Dans

LA NOUVELLE PIÈCE DE CAMPAGNE TURQUE CANON MONTÉNÉGRIN EN POSITION

La Turquie, dont l'éducation militaire les furieux combats qui se sont livrés, vers le
a été entreprise par l'Allemagne, utilise 10 décembre, aux abords des villes de Valjevo
naturellement le matériel Krupp. et d'Uzitzé, les Austro-Hongroisont éprouvé
Le Montenegro est armé de canons alle- la puissance et l'efficacité de leur tir.
mands, également, de 8 c et de 7 c 5, et
d'une quarantaine d'obusiers et de canons UN ANCIEN COLONEI. I>'AKTILI.KIIIK.
LES DROITS ET LES DEVOIRS DES HABITANTS
EN PAYS OCCUPÉ PAR L'ENNEMI
(Décisions de la Conférence de la Haye)

L quemaires
ES et habitants des territoires
les
l'ennemi peut envahiront intérêt à
plus haut, sont la réquisition et la contri-
bution imposées pat l'ennemi.
connaître les principaux articles du droit La réquisition ne doit s'appliquer qu'aux
international, ou droit des gens, qui règlent objets nécessaires à l'armée et doit être
leurs rapports avecles occupants provisoires adressée non pas aux individus, mais aux
La question a une ampleur considérable municipalités. Si ces dernières n'existent
et il est impossible de la traiter complète- plus, elles doivent être reconstituées par
ment ici. Nous ne parlerons que de deux une réunion de notables.
éventualités qui intéressent plus particuliè- En territoire national toute réquisition
:
rement les habitants des territoires occupés donne droit à une indemnité; mais quand
par l'ennemi la réquisition et la contribution. c'est l'ennemi qui réquisitionne, il est bon
Le droit international écrit est basé sur la de savoir que l'obligation internationale de
convention de Genève, revisée en 1906, et payer n'existe pas, quoiqu'il soit recom-
sur les conventions de la Haye, signées en mandé à tous les chefs de troupes de payer
1899 et 1907 par les nations adhérentes, quand cela leur sera possible.
La première concerne particulièrement L'article 52 des conventions de la Haye
les blessés et les malades; les autres ont (1907) ordonne, toutefois, de donner reçu
envisagé la plupart des questions générales des objets réquisitionnés. Le paiement des
et réglé les rapports des belligérants entre sommes dues doit être effectué le plus tôt
eux et des belligérants avec l'habitant. Leur possible, dit-il également. Mais comment
observation par l'armée française est subor- l'habitant se fera-t-il payer"? Il n'en est ques-
donnée à la réciprocité de la paît de l'ennemi. tion nulle part. C'est une lacune importante.
A l'heure où l'Allemagne a déjà violé Qui a le droit d'exercer les réquisitions?
deux clauses importantes de la convention Les généraux commandants de corps
de la Haye, il est utile de rappeler qu'elle a d'armée, les généraux de division et les chefs
publié en 1902 un manuel intitulé Lois de de troupes spéciales en ont seuls le droit
la guerre continentale, ou, chose surprenante, mais ce droit est souvent délégué aux fonc-
;
les règles que cet ouvrage contient sont pré- tionnaires de l'intendance, sous forme d'un
sentées comme de simples recommandations, carnet à souches contenant un certain nom-
alors que les délégués allemands avaient bre d'ordres de réquisition en blanc.
signé en 1899 le traité qui les établit for- Les chefs de détachements qui n'ont pas
mellement. C'est une duplicité de plus. de carnets peuvent exceptionnellement re-
Cette publication produisit une grande quérir pour les besoins de leurs troupes, dans
émotion et les délégués s'apprêtaient à une mesure limitée à la journée.
protester, en 1907, au cours de la deuxième
;
En cas de résistance des populations, les
conférence de la Haye. Mais l'Allemagne réquisitions ont lieu de force mais les hom-
prit les devants et proposa d'introduire dans mes qui en sont chargés doivent toujours
adopté par les représentants des puissances :
les conventions l'article suivant, qui fut être conduits par un officier.
La réquisition des objets de luxe — ci-
La partie belligérante qui violerait le règle- gares, liqueurs, primeurs, vins fins, etc.—
ment serait responsable des actes de sa force est formellement interdite.
armée et tenue à indemnité. (Article 3.) Les contributions sont les demandes d'ar-
Donc, l'Allemagne a signé les conven- gent. Elles sont exigées à la suite d'un ordre.
tions, mais elle se réserve de les violer, quitte De même que les réquisitions, elles impli-
à payer le dommage. ou à promettre de le quent la contrainte et peuvent amener
faire, quand bon lui semblera. l'emploi de la force.
Toutefois, dans les armées qui se trouvent La contribution en argent est souvent
en présence, le principe du respect de la pro- substituée à la réquisition en nature. Elle
priété privée est beaucoup plus solidement est adressée à la commune, suivant certaines
établi qu'il y a quarante ans. règles bien définies.
Ce respect comporte quelques exceptions Voici, du reste, les principaux articles de
ner des éclaircissements :
importantes, sur lesquels nous allons don- la convention de la Haye, qui règlent les
:
devoirs de l'autorité militaire sur le terri-
Les principales, comme nous le disons toire d'un Etat ennemi
Art. 44. Il est interdit formellement à aux opérationsde guerre contre leur patrie.

un belligérant de forcer la population d'un Ces réquisitions et ces services ne seront
territoireoccupé à donner des renseigne- réclamés qu'avec l'autorisation du com-
ments sur l'armée de l'autre belligérant ou mandant dans la localité occupée.
sur des moyens de défense. Les prestations en nature seront autant
Art-45. — L'honneur et les droits de la que possible payées au comptant, sinon elles
famille, la vie des individus et la propriété seront constatées par des reçus en bonne
privée, ainsi que les convictions religieuses et due forme, et le paiement des sommes
et l'exercicedes cultes doivent être respectés. dues sera effectué le plustôt possible.
Art. 46. —= La propriété privée ne peut, Art. 53. — L'armée qui occupe un terri-
en aucun cas, être confisquée. toire ne pourra saisir que le numéraire, les
Art. 47. —Le pillage est formellement fonds et les valeurs exigibles appartenant
interdit. Il doit être sévèrement réprimé. en propre à l'Etat; les dépôts d'armes,
Art. 48. — Si l'occupant prélève dans le moyens de transport, magasins et propriété
approvi-
territoire occupé les impôts, droits et péages sionnements et, en général, toute
établis au profit de l'Etat, il le fera autant mobilière de l'Etat de nature à servir aux
que possibled'après les règles de l'assiette opérations de la guerre.
et de la répartitionen vigueur, et il en résul- Tous les moyens affectés sur terre, sur
tera pour lui l'obligation de pourvoir aux mer etdans les airs à la transmission des
frais de l'administration du territoire occupé nouvelles, au transport des personnes ou
dans la mesure où le gouvernement légal y des choses, en dehors des cas régis par le
était tenu avant les hostilités. droit maritime, les dépôts d'armes et, en
Art. 49. — Si, en dehors des impôts visés général, toute espèce de munitions de guerre,
à l'article précédent, l'occupant prélève peuvent être saisis, même s'ils appartiennent
d'autres contributions en argent, dans le à des personnes privées, mais ils devront
territoire occupé, ce ne pourra être que être restitués et les indemnités seront réglées
pour les besoins de l'armée ou de l'admi- après la conclusion de la paix.
nistration de ce territoire. Art. 56. — Les biens des communes, ceux
Art. 50. — Aucune peine collective, pécu- des établissements consacrés au culte, à la
niaire ou autre nepourra être édictée contre charité et à l'instruction, aux arts et aux
les populations à raison de faits individuels sciences, même appartenant à l'Etat, seront
dont elles ne pourraient être considérées traités comme la propriété privée.
comme solidairement responsables. Il est important de rappeler que les sujets
Art. 51. — Aucune contribution ne sera des pays neutres, établis dans les pays
perçue qu'en vertu d'un ordre écrit et sous -
occupés par l'ennemi, ne peuvent refuser
la responsabilité d'un général en chef. ni réquisition ni contribution et qu'ils ne
Il ne sera procédé autant que possible à doivent s'attendre à aucun remboursement.
cette perception que d'après les règles de Le cas s'est présenté en 1870, pour des
l'assiette et de la répartition des impôts en Anglais et des Américains. Ils ont payé,
vigueur et contre reçu régulier. mais protesté. Aucune suite n'a pu être
Art. 52. — Des réquisitions en nature et donnée à leurs réclamations contre l'Alle-
des services ne pourront être réclamés des magne ni contre la France.
communes ou des habitants que pour les Le congrès de la Haye a refusé d'admettre
besoins de l'armée d'occupation. Ils seront que ces charges de guerre fussent plus lour-
en rapport avec les ressources du pays et de des pour les nationaux, en raison de la pré-
telle nature qu'ils n'impliquent pas pour les sence des étrangers sur le territoire occupé
populations l'obligation de prendre part temporairement par l'ennemi.

SOLDATS ALLEMANDS TRANSPORTANT DES OBJETS RÉQUISITIONNÉS


SUR UNE PETITE VOITURE
ATTELÉE DE CHIENS ET DÉROBÉE
AUX ÏÎELGES
LE ROI DES BELGES
A la tête de sa vaillante armée depuis le début des hostilités, Albert Ier n'a pas cessé de donner
l'exemple des plus hautes vertus militaires, jointes à une inébranlable volonté. Le gouverne-
ment français lui a conféré la médaille miNtaire,
L'AGRESSION DE L'ALLEMAGNE
CONTRE LA BELGIQUE
EN DÉPIT D'UN TRAITÉ FORMEL
LES TROUPES DU KAISER ENVAHISSENT LES ÉTATS DU ROI ALBERT

D ANS ses combinaisonsbelliqueuses,l'Al-


lemagne n'avait fait entrer en compte
tralité de ce pays était garantie par un accord
international, datant de 1831, renouvelé en
ni la neutralité de l'Italie, ni l'inter- 1839, et au bas duquel figurait la signature
vention de l'Angleterre. Cette dernière, malgré de la Prusse. Vainement l'Angleterre, par
ses sympathies marquées pour la France et la la voix de son ambassadeur à Berlin, rappe-
Russie, serait peut-être restée en dehors du la-t-elle cet engagement d'honneur au chan-
conflit sans la brutale violation du terri- celier de l'empire, Bethmann-Hollweg. Ce
toire belge, accomplie par l'Allemagne à la dernier répondit qu'on ne pouvait accorder
suite de l'envoi d'un ultimatum auquel la aucune valeur à un « chiffon de papier »,
Belgique opposa un énergique refus. La neu- lorsqu'il s'agissait du sort de l'Allemagne.

La Belgique orientale et le Luxembourg, dont les frontières ont été violées, dès le premier jour, par les
innombrables hordes teutonnes, sous le commandement du général von Emmich.
L'ambassadeur britannique prévint alors mand persista dans ses intentions déloyales
le chancelier que l'Angleterre ne permettrait et, le lendemain, les troupes germaniques
pas cette violation du droit, et s'y opposerait pénétraient violemment sur le territoire
au besoin par les armes. En dépit de cet belge. A cet acte odieux, l'Angleterre riposta
avertissement solennel, le gouvernement alle- aussitôt par une déclaration de guerre.

La lutte au jour le jour sur le territoire belge


AOUT 1914 Le 14. — Engagements victorieux des
Le 3. — L'Allemagne adresse un ultima- Belges à Ilarvelt. — Réunion des états-
tum à la Belgique, exigeant le droit de majors belge et français. — Combats
aériens favorables aux aviateurs français.
passage pour ses armées. Le gouver- Le 15. — Assaut infructueux des Alle-
nement belge répond par un refus; le mands contre les forts de Liège.
roi Albert déclare qu'il défendra,même
Le 16. — A Dinant, deux brigades alle-
par les armes, la neutralité de son terri- mandeS, dont une de la garde, sont con-
toire, et il prend aussitôt le comman-
dement des troupes belges. traintes de battre en retraite sous le feu
Le 4. — La Belgique demande à l'Angle- des troupes françaises, après des pertes
terre, à la France et à la Russe de ga- élevées. — On apprend que les Alle-
rantir son indépendance. L'Angleterre mands commettent partout de nouvelles
sommeVAllemagne de respecter la neu- atrocités.
tralité belge, en lui accordantun délai de Le 18. — A Houx, sur la Meuse, l'artil-
douze heures pour répondre. leriefrançaise empêche les Allemands
Le 5. — Les Allemands pénètrent en Bel- de franchir la rivière, tandis que les Belges
gique, à Visé, où les troupes belges leur leur infligent un échec entre Dinant et
opposent une vigoureuse résistance. Ils Jodoigne.
incendient Visé et massacrent une par-
tie de la population civile.
Le 19. - Passage de la Meuse par des
masses allemandes entre Liège et Namur,
Le 6. — Attaque de Liége, par 120.000 et brillant succès de la cavaleriefrançaise
Allemands. Les Belges,aunombre de à Flurenville.
40.000, prennent 27 canons aux enva- Le 20. — Bombardement de Diest et de
hisseurs et obligent tout un corps d'armée Tirlemont par les Belges. — Les Alle-
à battre en retraite. mands marchent sur Neufduîteau et la
Le 7. — Liège résiste énergiquement à tous Dyle. — L'armée du roi Albert sereplie
les assauts des Allemands, qui ont 4.000 et
sur Louvain Anvers.
morts et 25.000 blessés. La ville de Liège Le 21. — Le gouvernement belge se retire
est décorée de la Légion d'honneur. Le à Anvers, pendant que les Allemands
roi Albert remercie ltl. Poincaré du se- entrent à Bruxelles, qu'ils frappent d'une
cours armé de la France. contribution de 200 millions. — Leur
Le 8. — Les troupes françaises et belges cavaleriefait une démonstration vers
réussissent à opérer leur jonction dans Gand, et l'ensemble de leur armée
la vallée de la Meuse. s'avance dans la direction de la fron-
Le 9. — Les Allemands envahissent, le tière française. — La ville de Namur
Limbourgbelge. Leur cavalerie est mise est investie et attaquée par l'artillerie
en échec par celle du roi Albert. lourde. Deux forts sont détruits.
Le 11. — Tentative allemande, par Tir- Le 22. — L'armée belge se retire sous
lemont, Tongres et Saint-Trond, vers Anvers, et les Allemands poursuivent
Bruxelles. Cette marche est arrêtée par leur marche. — La France etl'Angleterre
les troupes belges. — On signale des atro- décident, d'un commun accord, d'avancer
cités commises par les Allemands dans 500 millions à la Belgique.
plusieurs localités envahies. Le 23. — Le major Namèche fait sauter
Le 12. — Succès des Belges à Haelen. — le fort de Chaudfontaine, à Liège, pour
Ils reprennent Lunden. — Les forts de ne pas se rendre, après avoir détruit le
Liège tiennent toujours solidement. tunnel sous lequel passe la ligne Co-
Le 13. — La cavalerie belge livre à Diest logne-Paris. — L'attaque des forts de
un brillant combat, infligeant de grosses Namur est poursuivie avec violence.
pertesaux troupes allemandes. Début de la bataille de Charleroi. — La
cavalerie anglaise chassedevantelle et
est battu dispersé près'd'Alost.
la cavalerie allemande à TVaterloo. Le 27. — Battus à Lebbeeke, les Allemands
Le 24. — Retraite en excellent ordre des bombardentMalines. — On constate qu'ils
armées alliées à Charleroi. établissent des fortifications autour de
Le 25. — Nmnllr et Liège tiennent tou- Bruxelles. — Un Zeppelin lance des
jours. — AAnvers, un Zeppelin cherche bombes sur Gand. Aucun mal.
vainement à jeter des bombes sur le Le 28. — M.Max, bourgmestre de
palais de la famille royale; il tue une Bruxelles, est arrêté par les Allemands.
quinzaine de personnes. — Dans une ,Le 29. — Bombardement des forts de
sortie subite, l'armée belge repousse les Wavre et de Waelhem et attaque re-
Allemands au delàdeMalines, bom- poussée des ouvrages avancés d'Anvers.
bardée violemment par *l'ennemi. Grosses pertes allemandes.
Le 26. — Le roiAlbert établit son quartier Le 30. — Nouvelles attaques allemandes
général à Malines. entre l'Escaut et la Senne, et autres
Le 27. — Incendie de Louvain et nouveau pertes importantes des assaillants. —
bombardement deMalines. — UAutriche Bombardement de la ville de Lierre.
déclare à son tour la
guerre à la Belgique. OCTOBRE
SEPTEMBRE Le 1er. — SortiedesBelges,
à Anvers, et prise de plu-
Le 2. — Un Zeppelin jette sieurs canons allemands.
des bombes sur les ambu- Le 3. — L'artillerie belge
lances de la Croix-Rouge, détruit le pont que l'en-
a
à Anvers. Ily plusieurs nemi vient de jeter près
blessés. de JVaelhem. — Publica-
Le 6. — Les Allemands sont ,
v »
tion d'un «Livre Gris re-
battus près de Termonde, latif aux faits de la guerre.
et perdent presque toute Le 5. — Les canons du fort
leur artillerie sur le ter- de Waelhem anéantissent
rain inondé par les Bel- un régiment allemand.
ges. Ils ont mille morts. Le 6. — L'armée belge,
Le 7. — Un fort d'Anvers abandonnant la défense
décime les assaillants. de la Nèthe, se replieen

D'autres forces alleman- bon ordre sous les forts
des sont repoussées à intérieurs d'Anvers.
Saint-Amand. Le 7. — A la faveur du brouil-
-
Le 12. LesBelgesrepren-
nent Termonde.
lard, et sous le couvert
d'un bombardement in-
Le 13. — Fin d'une bataille tense,lesAllemandstraver-
GÉNÉRAL JUKGBLUTH
au sud d'Anvers où, pen- Aide LE sent l'Escaut. — Six Zep-
dant quatre jours, deux de camp du roi Albert. pelins jettent des bombes
corps allemands, en mar- surAnvers. — Le gouver-
che vers la France, ont été arrêtés par a
nement belge trans fèresonsiege Ostende.
l'armée belge, qui s'est montrée héroïque. Le 8. — Le roi Albert quitte Anvers.
Le 14. — Les Allemands, au nombre de Le 9. — Après un violent bombardement,
20.000, abandonnent Alost où ils vien- qui détruit une partie de la ville et le
nent d'éprouver de grosses pertes. Palais de Justice, une colonne alle-
Le 17. — Le tsar décore le roi des Belges. mande entre dans Anvers, dont la gar-
Le 20. — Les Allemands sont battus près nison s'est retirée en ordre parfait,après
d'Ypres et doivent enfin reculer. avoir détruit les approvisionnements
Le 21. — Succès des Belges, Sempst,à
entre Malines et Bruxelles. — Ils repous-
qu'elle ne pouvait emporter. Toute l'ar-
tillerie a été évacuée. — La population
sent aussi l'ennemi près de Broechen. civile s'est volontairement exilée.
Le 22. — Le roi Albert félicite le tsar de Le 10.

Malgré les effoiis de l'ennemi,
ses succès. — Le tsar célèbre l'héroïsme de les troupes d'Anvers parviennent à re-
la Belgique et de son vaillant roi. joindre le gros de leur armée, qui a fait
Le 26. — Un Taube lance des bombes sur elle-même sa jonction avec les forces
Anvers, — Un fort détachement allemand alliées, auprès de Nieuport.
Le 12. — Entrée des Allemands Ú Gand. — milliers, remplissent le cours d'eau.
Ils ont dû livrer, le 10 et le 11, de vio- Le 26..— Nouveaux efforts infructueuxde
lents combats à Melle et Quatrecht.— l'
l'ennemi sur Yser, et résistance heu-
Sur les deux rives de l'Escaut, les forts reuse des,alliés sur tout le frontNieu-
d'Anvers tiennent toujours. — Une port-Dixmude, oùils avancent.
bataille importante s'engage entre Dix- Le 27. — Violent combat entre Nieuport
mude, Yprès, Furnes et D'unkerque. et Ostende; les Allemandsreculentvers
Le 13. — Le gou- Middelkerke.
vernement bel- Le28. — Avance
ge vient s'ins- des troupes al-
tallerauHavre. liées dans la ré-
Le 14. — Les gion d'Yprès.
Allemands pé- Le 30. —Les
nètrent dans inondations
Bruges, et leur provoquées par
droite s'avance les Belges dans
sur Ostende, la région de
Thourout et l'Yser détermi-
Roulers. Ily a nent la retraite
un trèsvifcom- desAllemands,
bat à Ussel. qui perdent
Le 15. - L'en-
nemi s'empare
une partie de
leur artillerie
d'Ostende. dans les ter-
-
Le 18. - L'ar- rains envahis
mée belge re-
pousse vigou-
reusement tou-
-
par les eaux.
Le 31. LesAl-
lemands sont
tes les tentati- chassés de
Ramskapelle.
ves des Alle-
mands pour
franchir la ri-
-LesFranco-
Anglais pro -
vièreYser. gressent à l'est
Le 19. — L'artil- d'Ypres.
lerielourdeal-
lemande bom- NOVEMBRE
barde le front MARIE-ADÉLAÏDE Le 1er. — Nou-
Nieuport-Wla- Grande-duchesse de Luxembourg
veaux progrès
desloo, sans Le petit pays sur lequel règne, depuis 1912, cette jeune
fille de vingt ans fut envahi, dès le début de la guerre,
danslarégion
obtenir aucun d'Yprès.—Les
résultat. — Les par l'armée allemande ayant pour objectif Montmédy, alliés repren-
Longwy et Briey.Pour ne point s'être opposée à la
alliés s'avan- marche des troupes du kaiser — comment aurait-elle pu nent Messines
cent jusqu'à ? la
le faire, d'ailleurs — grande-duchesse s'est vuconférer et Hollebecke.

-
Le 20.
veaux
-Nou-
Roulers. par lui la médaille de la Croix-Rouge de première classe.
effortsinfructueux de l'ennemi ces, avancent encore
Le 2. — Les

au sud
-
alliés, renfor
de'Dixmude.
pour passer l'Yser en fortes masses. Le 3. — Les Allemands abandonnent les
Le 21. — Les Belges et les alliés repoussent rives del'Yser,après de fortes pertes.
les furieuses attaques allemandes sur Le 5. — Dans la région de Dixmude les
Dixmude, où pleuvent les obus. attaques allemandes s'affaiblissent.
Le 23. — Tout le pays est inondé par la Le 6. — Continuation de l'offensive heu-
rupture des digues, et les Allemands, reusedesalliés à l'est et ausudd'Ypres.
repoussés sur tout le front, subissent des Le 8. — Les Allemands dirigent des atta-
pertesde plus en plus considérables. ques plus violentes contre Dixmude.
Le 25. — Les Allemands parviennent Elles sont repoussées brillamment. L'en-
à franchirl'Yser,mais leurs pertes nemi perd un monde énorme.
sont énormes. Successivement, les déta-
chements qui ont pu passer la rivière
-
Le 10. Dans la régiond'Ypres, les atta-
ques allemandes reprennent avec fureur,
sont anéantis, et les cadavres, par mais elles sont arrêtées avec énergie.
Le 11. — Les Allemands attaquent tout chent à déboucher de Dixmude. Ils sont
le front avec violence, mais sont repoussés repoussés, malgré leur violente attaque,
sur presque tous les points. Ils occupent et le terrain est couvert de leurs morts.
Dixmude, au prix de pertes considérables. Le 14. — Les attaques allemandes contre
Le 12. — L'ennemi parvient à faire pas- Yprès deviennent moins pressantes.
ser quelques troupes sur la rive gauche de Le 15. — L'ennemiestcontraintderepas-
l' Yser, à la faveur de l'obscurité. ser l'Yser. Dans les derniers jours, ses
Le 13.— Vainement les Allemands cher- pertes totales ont été de 80 o/o environ.
(Voir à la fin du volume la suite de la chronologiedes faits de guerre sur le territoire belge.)
1

De Liége à Bruxelles à travers les ruines


POUR PARVENIR JUSQU'A LA CAPITALE BELGE, LES ALLEMANDS ONT DÉPLOYÉ
UNE VÉRITABLE SAUVAGERIE, METTANT TOUT A FEU SUR LEUR PASSAGE
ET MASSACRANT LES POPULATIONS INOFFENSIVES. -

L vasion
plan allemand comportant la rapide
E
de la France, en vue d'un prompt
in- Belges, dont la superbe conduite valut à
la ville de Liège d'être décorée de la Légion
retour offensif vers la Russie, l'Alle- d'honneur. Néanmoins, devant l'acharne-
magne adressa le 3 août un ultimatum à la ment des assaillants, qui reçurent l'artillerie
Belgique, l'invitant à lui livrer passage. Le lourde qui leur manquait au début, il devint
gouvernement belge ayant opposé un éner- évident que la prise de possession de la ville
gique refus à cette demande, les troupes alle- serait bientôt un fait accompli. Les troupes
mandes, violant la neutralité de laBelgique, de la défense mobile se retirèrent donc en
garantie pardes traités, pénétrèrent chez bon ordre, tandis que les forts continuaient
elle par Visé, où il leur fallut soutenir un la résistance. Ils tenaient toujours le 23 août,
violent combat, accompagné de pertes date à laquelle le major Namèche fit sauter
énormes. Elles marquèrent leur fureur en celui de Chaudfontaine, qu'il commandait,
brûlant Visé et en mas- pour ne pas le rendre.
sacrant une partie de la Entre temps, les Alle-
population. Poursuivant mands avaient, pu s'in-
leur marche, avec une troduire dans Liége, tan-
rapidité semblant tou- dis que la masse de leurs
jours s'accentuer, sous le troupes, après de vifs
commandement du géné- engagements à Dinant,
ral von Emmich, elles se où la cavalerie française
heurtèrent aux fortifica- mit en fuite deux de
tions de Liège, qu'elles leurs divisions, parvenait
essayèrent d'emporter à passer la Meuse et en-
par une attaque brus- treprenait l'investisse-
quée. Mais, soit devant ment de Namur. Dans
les forts, soit en rase cam- ces heures tragiques, le
pagne, elles subirent un général Leman fit preuve
échec complet, laissèrent d'un héroïsme merveil-
sur le terrain des milliers leux, et refusa obstiné-
de morts et de blessés, ment de capituler. Lors-
et un de leurs corps d'ar- qu'il fut acculé à la red-
mée fut contraint de LIÉGE ET SES DÉFENSES dition, il fit sauter le
battre en retraite mo- fort qu'il occupait. Les
mentanément. Le lendemain et les jours Allemands retrouvèrent son corps sous les
suivants, elles revinrent à la charge, s'épui- décombres, et purent ramener à la vie
sant en assauts désespérés, repoussées par l'énergique soldat. Leurs pertes, dans les
la garnison des forts et les hommes de divers combats de Liège, furent évaluées à
la défense mobile avec un admirable cou- 40.000 hommes, dont 10.000 morts. Ce fut
rage. Les Allemands parvinrent cependant pour eux une désastreuse entrée en cam-
à pénétrer dans Liège, en petit nombre, pagne, dont ils se vengèrent par l'incendie
et tentèrent d'assassiner le gouverneur de de Louvain et la destruction de Termonde.
la place, le vaillant général Léman. Cette Les forts de Liège résistaient encore quand
entreprise manquée redoubla l'énergie des leurs troupes parurent devant Bruxelles.
Il n'est pas exagéré de dire que la défense soit pendant les immortelles journées de
de Liège, première difficulté rencontrée par l'effrayante bataille de l'Yser, dont nous
l'Allemagne sur une route où elle s'imaginait parlons plus loin. On peut affirmer que c'est
àLiège queleco-
que tous les ob-
stacles s'évanou-
iraient devant
elle, eut une in-
;
losseallemand a
trébuché c'est
là qu'il a reculé
fluence énorme
sur la suite des
événements.
;
pour la première
fois c'est là que
la force brutale
Non seulement s'est heurtée à
elle permit aux une nation com-
Francais et aux battant pour son
Anglais de ga- honneur et sa li-
gner du temps, berté, exemple
mais encore elle admirable, qui
exalta et poussa devait soulever
au suprême de- le monde. Le
gré le courage du jour où le Prési-
vaillant peuple dent de la Répu-
belge. Après blique a décoré
avoir tracé, sous lavilledeLiège,
la mitraille et il a exprimé en
dans le sang, quelque sorte le
une si belle pa- sentiment d e
GÉNÉRAL VON EMMICH ge deson histoi- tout l'univers, GÉNÉRAL LEMAN
Commandant Formée (f/M- re, il ne
pouvait sentiment qui Le glorieuxdéfenseur de la
pas se montrer survivra aux an-
vasionallemande. inférieur à lui- néesetnes'af- place de Liège
même. Il ne tarda pas à le prouver, faiblira jamais. La Belgique a inscrit son
soit pendant la longue série de combats qui nom sur l'une des pages les plus glorieuses
précédèrent l'attaque et la prise d'Anvers, de l'histoire du genre humain!.

LA PRISE DE NAMUR

L Allemands.
temps
E faisait pressant pour
se
Ils devaient à tout prix
l'erreur, et, dans tous les cas, l'ennemi ne
les
songeait pas à s'immobiliser devant Namur.
regagner les Il avait le désir de
heures perdues de- rencontrer et de
vantLiège, s'ils ne culbuter l'armée
voulaient pas voir française. Quant
avorter le plan aux forces an-
d'invasion brus
quée de la France,
- il
glaises, ignorait
encore leur pré-
qui activait alors sence. On sait
sa mobilisation et d'ailleurs que
acheminait des l'état-major prus-
corps considéra- sien affectait de
bles vers la Belgi- les mépriser. Les
que. Ils se hâtèrent Allemands fran-
donc de continuer chirent donc la
leur marche à Meuse, entre Huy
l'Ouest, pendant et Namur, en
que se poursuivait masses profondes.
l'attaque des forts Auparavant, leurs
de Liège. Ceux de tentatives pour
Namur parais- traverser ce cours
saient devoir les d'eau à Dinant
arrêter à leur tour, LA PLACE DE NAMUR ET SES FORTS avaient été pour
-il,
semblait plus eux l'occasiond'in-
longtemps encore, leur construction étant succès sérieux. Au cours de ces combats
plusrécente et leur armement très impor- de Dinant, la cavalerie française donna les
tant. L'événement montra qu'on était dans marques de la plus belle intrépidité, et
chargea si vigoureusement l'ennemi qu'elle défenseurs, les forts de Namur ne pouvaient
l'obligea à fuir sur une longue distance, lui tenir, écrasés qu'ils étaient par les énormes
tuant et lui blessant beaucoup de monde. projectiles des pièces lourdes allemandes.
A Dinant,comme ailleurs, la barbarie tu- Plusieurs d'entre eux furent détruits, et il
desque se manifesta odieusement et anéantit devint impossible de s'entêter dans une
une partie de cette curieuse cité. Peu résistance désormais sans efficacité. Du
après, l'armée allemande commença l'in-
vestissement de Namur, et engagea aussitôt
contre les forts de ce camp retranché un feu
terrible, rendu immédiatement efficace par
;
reste, les armées alliées n'avaient point
fait de Namur la base de leurs prochaines
opérations elles accomplissaient leur con-
centration en arrière de Charleroi, où devait
la présence de la grosse artillerie qui avait se livrer, quelques jours plus tard, exac-
fait défaut durant les premières journées de tement le 23 août, la première grande
l'attaque de Liège. Malgré l'énergie de leurs bataille de la guerre européenne.

LES ALLEMANDS A BRUXELLES

E N même temps qu'ils investissaient Na- fut pas molestée, mais dès les premiers jours
vers Charleroi, les de l'occupation le prix des denrées s'accrut
mur et marchaient
Allemands s'acheminaient surBruxelles, dans des proportions fort élevées et, à la
occupation nulle au point de vue purement longue, les vivres se firent si rares qu'au
;
stratégique, mais qui devait provoquer un début du mois d'octobre il fallut songer à
effet moral considérable, pensaient-ils, chez assurer la vie des habitants mais on ne s'y
les alliés, d'une part, et en Allemagne, décida que sur les représentations vigou-
d'autre part, où l'on avait pris soin de dissi- reuses du représentant des Etats-Unis. Pen-
muleraux populations les dif- dant plus de six semaines,
ficultés rencontrées à Liège. M. Max continua à exercer
Le gouvernement belge ne ses fonctions de bourgmes-
pouvait s'arrêter un instant tre, défendant courageuse-
à la pensée de défendre la ment les Bruxellois contre
capitale par des fortifica- les exigences du gouverneur
tions improvisées, s'il ne allemand, et cela jusqu'au
voulait pas vouer cette ville jour où ce dernier, ne parve-
à une destruction certaine. nant pas à obtenir de ce
Il se transporta donc à An- magistrat héroïque une com-
vers, où le roi l'accompagna, plaisance servile, le fit arrê-
y conduisant l'armée entière. ter et transporter dans une
La route étant libre, les Al- forteresse. Il convient de dire
lemands se présentèrent aux que si l'occupation de Bru-
portes de Bruxelles dans la xelles a été marquée par le
journée du 21 août. Par un caractère d'insolence et de
prudent manifeste, le coura- grossièreté dont les Germains
geux bourgmestre, M. Max, ne se départissent jamais, les
avait recommandé le calme citoyens et les monuments
à ses concitoyens. Ceux-ci ont été généralement respec-
accueillirent l'ennemi avec tés. Au lendemain des atro-
froideur, en se gardant de cités de Louvain, les envahis-
toute manifestation, malgré seurs de la Belgique n'osèrent
l'attitude insolente qu'affec- pas recommencer leurs' cri-
tèrent les officiers teutons mes, gênés qu'ils étaient,
pendant le défilé de leurs malgré leur audace, par la
troupes à travers la ville. M.MAX révolte de l'opinion univer-
Dans le but évident de dé- Bourgmestre de Bruxelles. selle. Ils se contentèrent, peu
terminer des protestations, après leur arrivée, de prati-
certains d'entre eux avaient pris soin d'atta- quer autour de laville des travaux de défense
cher à leurs chevaux des officiers belges pri- qui donnèrent à penser qu'ils envisageaient
sonniers, qu'ils promenèrent ainsi sous les déjà la possibilité d'une future retraite.
yeux de la foule indignée. Le général von Sans doute avaient-ils cru que le monde,
Arnim, nommé gouverneur militaire, informa rendu craintif par leur course foudroyante
M. Max que l'imposition de guerre de Bru- à travers la Belgique et la France, en vue
xelles serait de 200 millions, et sur la décla- de gagner Paris, qu'ils s'imaginaient enlever
ration du bourgmestre que cette somme ne dans la seconde quinzaine de la guerre,
serait pas payée, des otages furent aus- n'oserait pas protester contre des procédés
sitôt désignés. La population, d'ailleurs, ne qui ramènent la pensée vers les horreurs et
les atrocités demeurées fameuses des inva- que ces emprunts furent méthodiques et
sions barbares. Déçus dans leurs espérances, pratiquésd'après des indications émanant de
ils furent impressionnés par l'unanime ré- la direction générale des musées impériaux.
probation des peuples civilisés. Les Quoi qu'il en soit, les biens des
meurtres, les incendies, les lâches particuliers furent à peu près res-
fusillades de citoyens paisibles, les pectés, mais le bourgmestre, comme
vols systématiques, le pillage orga- nous l'avons dit, eut à défendre la
nisé, retiraient à la marche des propriété publiquecontre les âpres
armées germaniques ce qu'elle au- etincessantes demandes du général
rait pu avoir de grandiose et von Arnim. M. Max donna, dans
donnait à cette ruée d'une foule ces circonstances tragiques, où sa
furieuse un caractère de colossal vie était perpétuellement en dan-
banditisme. On sait, du reste, par ger, le plus noble exemple du cou-
les déclarations des écrivains mili- rage civique. Il faut reconnaître,
taires les plus autorisés de la Ger- au surplus, que la nation belge,
manie que dans l'esprit des prépa- dans son ensemble, s'est montrée
rateurs et des auteurs responsables magnifique, admirable de volonté,
de la guerre européenne, la terreur d'énergie et d'honneur.
est un des moyens qu'il convient Elle s'est imposée pour toujours
d'employer pour vaincre la résis- à l'admiration des autres peuples
tance des pays envahis. Malheureu- et des générations à venir. Au cou-
sement pour l'honneur allemand. rage, le bourgmestre joignait un
on n'ignore pas que ces abominables esprit gouailleur qui mit plus d'une
leçons furent écoutées et mises en fois hors de lui-même le gouverneur
pratique dès les premiers jours de allemand. Lorsque celui-ci, en par-
la campagne. Mais, encore une fois, ticulier, voulut le contraindre à
les envahisseurs, parvenus dans la verser un chiffre énorme de mil-
capitale de la Belgique, n'osèrent lions, à titre d'indemnité de guerre,
pas s'y livrer à leurs exploits ha- M. Max répondit que cela lui était
bituels, honte de l'humanité. impossible, pour la raison que tout
Il est juste de dire que les sages l'argent de Bruxelles avait été em-
exhortations de M. Max contri- porté à Anvers par le gouverne-
buèrent pour beaucoup à réduire
les Allemands à l'impuissance de
mal faire, car la population, conte-
!
ment belge. « Vous pouvez l'y
envoyer chercher » ajouta-t-ilavec
un léger sourire. Von Arnim, ce
nant ses légitimes ressentiments en jour-là, faillit étouffer de colère.
face des violateurs de la liberté Quant aux soldats, campés aux
belge et de cette neutralité qu'ils GÉNÉRAL abords de la ville ou enfermés dans
devaient respecter puisqu'ils s'y des casernes, ils évitaient les con-
étaient engagés par traité, ne se VON ARNIM flits avec les civils. Leurs officiers
laissa aller à aucune action pou- Commandant de ne tardèrent pas à les employer
vant prêter occasion aux troupes l'armée allemande à des travaux de défense per-
allemandes de commettre dans d'occupation de mettant de supposer qu'ils envi-
Bruxelles des actes de violence. Bruxelles. sageaient, dès le commencement
Néanmoins, les musées de la ville du mois de septembre, au lende-
reçurent la visite intéressée des amateurs main des batailles livrées en France sur la
d'outre-Rhin et l'on croit que des emprunts Marne, la possibilité d'une future retraite,
importants y furent réalisés. Il paraît même c'est-à-dire la crainte d'un grave échec.

L'INVESTISSEMENT ET LA PRISE D'ANVERS

A ufortslendemain de la chute des premiers


de Liége, et tandis que les Alle-
aussi par un système d'écluses permettant
d'inonder une large étendue de terrain,
mands prononçaient leur marche vers faisait croire à une longue résistance, rendue
l'Ouest, le gouvernement belge, afin de gar- plus aisée encore par les facilités de ravi-
der toute sa liberté d'action, s'était, comme taillement. Anvers passait pour imprenable,
nous l'avons dit, retiré à Anvers, réduit de et l'opinion générale était que sa garnison
la défense nationale, et le roi Albert y avait pourrait y défier pendant une année au
transporté son quartier général, en même moins les efforts de l'assaillant. La lenteur
temps qu'il y réunissait l'armée. La dé- qu'apportèrent les Allemands à attaquer ce
fense de la place, assurée par une double formidable camp retranché semble établir
ceinture de forts, des retranchements, des qu'ils partageaient cet avis au début des
cours d'eau importants, dont l'Escaut, et hostilités, car leurs opérations primitives
ressemblaient à des démonstrations plus notamment, le 6 septembre, les Belges
menaçantes que sérieuses. Néanmoins, ils assaillirent l'ennemi avec une vigueur admi-
s'avancèrent à diverses reprises vers Ma- rable, le firent plier, et assurèrent leur succès
lines,,qu'ils soumirent à un bombardement Dyle.
en ouvrant les écluses du Rupel et de la batti-
continu, avec la claire intention de dé- Les Allemands, surpris par les eaux,
truire les richesses artistiques de cette ville. rent en retraite, perdant un millier de morts
Une sortie soudaine de la garnison d'An- et ayant de nombreux blessés. Une partie

ANVERS,
RÉDUIT DE LA BELGIQUE, ET SA DOUBLE CEINTURE DE FORTS
1

vers, le 25 Août, les obligea à reculer, et de leur artillerie s'enfonça dans les terrains
pendant quelques jours le quartier général inondés. Ces actions se poursuivirent jus-
belge demeura à Malines, qu'un retour qu'au commencement d'octobre, époque à
offensif de forces allemandes, appuyées de laquelle, marquant une activité aussi brusque
grosse artillerie, livra définitivement à l'en- que violente, l'armée allemande entreprit,
nemi. Une série de combats dans lesquels sous la direction dugénéral von Beseler,
les troupes belges furent presque toujours l'attaque directe du camp retranché d'An-
heureuses se plaça entre les 2 et 21 septem- vers, qu'elle parvint à forcer près de Lierre,
bre. Ces rencontres furent souvent désas- contraignant les Belges à abandonner les
treuses pour les Allemands. A Waelhem, bords de la Nèthe. Dès lors, la situation de
la place parut compromise, en dépit du détruisit à moitié le Palais de Justice. Aupa-
concours que prêtait à la défense un corps ravant, des Zeppelins et des Taubes étaient
anglais de 6.000 hommes, ayant amené avec venus jeter des bombes sur la ville, essayant
luiIlde gros canons de marine. Le gouverne- d'atteindre la demeure de la famille royale,
ment se retira à Ostende, d'où il ne devait tuant de nombreuses personnes et causant
pas tarder à par- de graves pertes
tir pour le Havre. matérielles. En
Le 8 octobre, le entrant à Anvers,
roi Albert, dont dans la soirée du
l'attitude n'avait 9 octobre, les Al-
pas cessé d'être lemands constatè-
magnifique, ainsi rent que presque
que celle de la toute la popula-
reine, quitta la tion civile s'était
ville à son tour, volontairement
précédant l'ar- exilée. D'ailleurs,
mée, dont le rôle ils ne commirent
devenait néces
saire dans des
- aucun acte de
cruauté, confor-
opérations d'en- mément aux or-
semble avec les dres du vice-ami-
troupes alliées.La ral Schrôder,
retraite s'opéra désigné comme
dans un excellent gouverneur mili-
ordre, au cours taire d Anvers,
des journées du mais ils montrè-
9 et du 10, malgré rent un vif dépit
les tentatives des en voyant que
Allemands pour leurs prises consis-
la troubler.Avant taient seulement
leur départ, les en vieux canons
Belges enlevèrent GÉNÉRAL VON BESELER VICE-AMIRAL SCIIRÔDER horsd'usage.L'oc-
les superbes tré- Commandant des troupes Gouverneur militaire alle- cupation d'An-
sors artistiques ennemies qui se sont em- mand de la grande cité vers, sans valeur
des musées et des stratégique, et

;
parées d'Anvers. maritime belge.
églises, et détrui- destinée proba-
sirent tous les blement à relever
approvisionnements on fit sauter les navires le moral de l'Allemagne, coûta une quaran-
de commerce allemands qui se trouvaient taine de mille hommes à l'armée impériale,
dans le port, et tous les canons furent em- dans l'ensemble des opérations. Durant les
menés, de telle sorte qu'il ne resta rien aux dernières journées surtout les pertes furent
mains de l'ennemi. Celui-ci avait entrepris, le sensibles. On estime à près de cinq mille le
9 octobre, un bombardement d'une extrême nombre des soldats allemands qui furent
violence, qui incendia une partie d'Anvers et tués au seul passage de l'Escaut.

L'OCCUPATION DE LA BELGIQUE

A uprenaient
moment où les troupes allemandes
possession de la capitale de
valeur de l'œuvre de Von der Goltz. Sous
sa main, la Belgiquene pouvait pas con-
1,la Belgique, et afin de bien montrer naître un sort passable. L'occupation alle-
qu'il ne s'agissait pas dans son esprit d'une mande a été marquée par des exactions et
occupation temporaire, mais en réalité d'une des abus de la force sans nombre. Les villes,
conquête, le gouvernement impérial nomma comme nous l'écrivons d'autre part, furent
le maréchal Von der Goltz gouverneur mili- frappées de contributions énormes, garanties
taire du pays. Ce haut personnage, héritier silence, d'es-
par des otages; un régime deimposé
des plus brutales traditions prussiennes, pionnage et de famine fut à Bru-
avait pendant longtemps représenté l'Alle- xelles; le traitement de Namur et celui de
magne militaire en Turquie; c'était à lui que Liége ne furent pas meilleurs. A Anvers,
l'empire ottoman devait la réorganisation de l'entrée de l'ennemi provoqua l'exode de
son armée, et aussi l'ensemble des fortifica- presque toute la population, qui n'ignorait
tions d'Andrinople, que la presse germanique rien des odieuses pratiques du vainqueur
déclarait imprenables. On sait quelle fut, temporaire. En effet, à Louvain, à Visé, à
devant les peuples balkaniques en armes, la Dinant et ailleurs, mais principalement dans
les villages, des centaines de personnes Visé et de Louvain se rendirent odieux à un
furent arrêtées et emmenées en Allema- peuple excellent, coupable d'avoir été loyal
gne, au mépris du droit des gens, pour y et courageux, et qui puisa dans l'occupation
être contraintes à des travaux agricoles allemande de nouvelles raisons de chérir son
ou autres. Ce traitement indigne donne à indépendance et sa vieille liberté.
:
la guerre germanique son
véritable caractère elle se
rattache par là au plus loin-
tain passé, et renouvelle, en
Il n'est pas inutile de rap-
peler que le gouverneur
allemand de la Belgique en-
vahie avait précédemment
notre temps, les invasions manifesté son opinion, en
barbares, suivies de la mise faveur du régime de la force
en esclavage des populations et de la terreur, dans des
vaincues.D'autres pratiques, ouvrages qui constituèrent
dont certaines assez puériles, en quelque sorte le caté-
furent imaginées par les en- chisme des officiers prus-
vahisseurs, avec l'assenti- siens. On pouvait supposer
ment du maréchal-gouver- que ce haut personnage
neur. C'est ainsi que les avait cédé à l'entraînement
citoyens de Bruxelles se vi- du paradoxe, mais le traite-
rent forcés d'employer les ment abominable dont la
formulaires allemands pour malheureuse Belgique fut
la rédaction des actes de l'objet a montré que ces
l'état civil. Dans toutes les théories étaient vraiment
villes occupées, il fut inter- pour l'Allemagne militaire
dit à la population de circuler des articles de foi. Le pas-
avant telle heure du matin, sage des Germains sur une
et, le soir, chacun dut être terre de travail et de paix a
rentré chez soi avant neuf été marqué par une effroya-
heures. Les stationnements ble débauche de vandalisme,
sur la voie publique étaient et aussi par des scènes
défendus. Dans les cafés et d'horreur que les générations
les restaurants, les officiers MARÉCHAL VON DER GOLTZ futures auront peine à con-
allemands se montraient in- Prédécesseur du général cevoir. Les saturnales d'An-
solents et grossiers. La lec- von denne, notamment, où l'on
Bissing comme gouverneur al-
ture des journaux venus du lemand de la Belgique.
vit les soldats du kaiser eni-
dehors était punie comme un vrer de force les femmes et
grave délit. En un mot, dans les jeunes filles, et les outra-
les petites choses comme dans les grandes, ger en présence des cadavres de leurs frères et
les violateurs de la neutralité belge, les de leurs maris, demeureront une page unique
meurtriers et incendiaires de Termonde, de dans l'histoire des infamies allemandes.

Les furieux combats sur l' Yser


C'EST EN VAIN QUE LES ALLEMANDS CHERCHENT A SE FRAYER UN PASSAGE
POUR GAGNER DUNKERQUE ET CALAIS
R ien ne permettait de prévoir, au début
de la campagne, que les combats les
et dont la réussite serait probablement de-
meurée sans lendemain. Après avoir essayé
plus longs et les plus acharnés auraient de déborder notre aile gauche en remontant
lieu au nord-ouest des Flandres, dans la toujours plus au nord, mouvement que nous
région de Nieuport et de Dixmude, sur les suivîmes, d'accord avec nos alliés anglais, ils
côtes de la mer du Nord, et sur les rives de se proposèrent de briser nos lignes dans le
cette petite rivière de l'Yser, à peu près voisinage de la mer, afin de gagner Dun-
inconnue jusqu'ici, et dont le nom s'asso- kerque, Calais et Boulogne. C'est sans doute
ciera désormais au souvenir d'une bataille en exécution de ce plan qu'ils poursuivirent
aux sanglantes péripéties, poursuivie durant avec plus de violence l'attaque d'Anvers.
plusieurs semaines, et au cours de laquelle On sait dans quelles conditions ils s'empa-
les Allemands firent un effort prodigieux rèrent de cette place, et comment l'armée
pour le succès duquel ils sacrifièrent inutile- belge l'évacua en bon ordre, pour venir se
ment des milliers d'existences humaines. joindre aux forces anglo-françaises,qui occu-
Leur défaite de la Marne et leur impuis- paient un front se développant de Nieuport
sance sur l'Aisne les contraignirent à pour- à la Bassée. Cette armée eut la tâche de
suivre un nouveau plan, hasardeuxd'ailleurs, défendre Nieuport, Dixmude et la ligne de
l'Yser, qui prend sa source en France et va se l'escadre anglaise, dont les grosses pièces,
jeter dans la mer auprès de Nieuport. L'atta- fort bien servies, dirigèrent sur l'ennemi
que allemande ne se fit pas attendre. Elle se un feu soutenu qui lui fit un malénorme et
dessina dans la nuit du 16 au 17 octobre, entre lui rendit la place intenable. Cinq sous-
Nieuport et Dixmude, avec un acharnement marins allemands essayèrent, sans y par-
extraordinaire. Se présentant en masses venir, de détruire l'escadre, et plusieurs
profondes, l'ennemi avait une telle supé- d'entreeux furent coulés. Pendant cinq ou
riorité numérique que les Belges plièrent, six jours, la situation ne se modifia pas sen-
en dépit de leur courage. Mais ils ne tar- siblement sur la ligne de l'Yser, où il y eut
dèrent pas à regagner le terrain perdu, et, des alternatives de recul et d'avance des

LE THÉATRE DE LA BATAILLE GIGANTESQUE A L'OUEST DE LA BELGIQUE

trois jours de suite, ne permirent pas aux deux côtés. Les Allemands parvinrent à
Allemands d'entamer la ligne de l'Yser et chasser les Belges de Dixmude, mais ces
de s'installer soit à Dixmude, soit à Nieu- derniers reparurent tout à coup, chargèrent
port. Les pertes des assaillants furent consi- aux cris de : Louvain! Termonde! et firent
dérables. Les trains emmenant les blessés un affreux massacre de leurs ennemis. Ces
se succédaient sans interruption. On en vit derniers, sans se laisser rebuter par des
passer dix-sept dans la seule gare de Bruges. pertes inouïes, amenaient sans cesse de nou-
Ces insuccès ne découragèrent pas les velles forces sur le terrain et continuaient
assaillants, qui revinrent à l'assaut plus leurs attaques. Néanmoins, dans la dernière
furieusement que jamais. Ils se portèrent
sur le village de Middelkerke, situé à moi-
ils
semaine d'octobre, parvinrent à traverser
l'Yser. Ce fut le succès d'un jour. Le len-
tié chemin, entre Nieuport et Ostende, demain, les alliés les chargèrent à la baïon-
et le combat s'étendit dans toute cette nette, avec une extraordinaire furie, après
région, où les troupes belges et franco- une canonnade terrible, et les repoussèrent
anglaises furent puissamment aidées par sur la rive gauche de la rivière et du canal.
Malheureusement pour eux, le kaiser tenait plus apparent que réel, coûtait aux Alle-
à l'occupation de Dunkerque, Calais et mands près de 80 de leurs effectifs.
Boulogne, d'où il croyait pouvoir intimider Enfin, pour la deuxième fois, des troupes
l'Angleterre. Dans une attaque nocturne, allemandes traversèrent l'Yser, mais, du
l'ennemi parvint à entrer dans Ypres, d'où il 13 au 15 novembre, elles furent écrasées
fut repoussé par une magnifique contre- par les alliés, de telle sorte que les deux
attaque des troupes britanniques. Il fut rives du cours d'eau étaient évacuées à cette
plus heureux à Dixmude, dans la soirée du dernière date. Jamais tant de combats meur-
10 novembre, car il s'y installa malgré triers n'avaient été suivis d'un si complet
l'héroïsme des fusiliers marins, qui ne cédè- échec. Les Allemands perdirent à l'ouest de
rent que devant le nombre. Ce succès, la Belgique plus de cent mille hommes.

Le gouvernement belge à Sainte-Adresse


AFIN DE POUVOIR CONSERVER LEUR LIBERTÉ D'ACTION, LES MINISTRES
DU ROI ALBERT ONT ACCEPTÉ LA CORDIALE HOSPITALITÉ DE LA FRANCE

L'
:
HOTELLERIE", RÉSIDENCE DES MINISTRES BELGES A SAINTE-ADRESSE
Au-dessus M. de Broqueville, président du Conseil des ministres.
GENDARMES BELGES GARDANT LE PALAIS DU GOUVERNEMENT DU ROI ALBERT

lui permet d'agir sur notre territoire comme Bruxelles avaient eu pour devoir de suivre
s'il était toujours en Belgique. le ministère belge dans son exode.
Le drapeau belge seul flotte au-dessus des M. le comte de Broqueville, président du
édifices de la partie de la ville de Sainte- Conseil, ministre de la Guerre, a trouvé à
Adresse réservée aux autorités belges et le sa disposition la villa Roxane, mitoyenne de
bureau de postes du Nice-IIavrais a sa façade son ministère, installé à la villa Louis XVI.
:
surmontée de l'écusson national portant la Les Affaires étrangères occupent la villa
devise « L'Union fait la Force », et ses Bellefontaine. Les Il autres ministères ont
aux couleurs du drapeau
noir, jaune et rouge.
:
boîtes aux lettres sont peintes trouvé place dans un vaste
immeuble, place Frédéric-
Sauvage, véritable palais,
Toujours en vertu du prin- qui fait face à la mer.
cipe dont nous venons de Des gendarmes belges
parler et du régime spécial montent la garde devant les
qui en découle, les lettres principaux édifices de cette
sont affranchies avec des petite ville indépendante qui,
timbres belges et les collec- par sa situation sur une
tionneurs feront bien de con- falaise formant promontoire,
server ces figurines à l'effigie est isolée du reste du dépar-
d'Albert 1er, oblitérées au tement de la Seine-Inférieure.
timbre humide du Havre ou Il n'eût pas été possible de
de Sainte-Adresse. trouver une parcelle de notre
C'est à M. Hennion, ancien territoire mieux appropriée à
préfet de police, que le gou- la destination exceptionnelle
vernement français a confié qui lui était réservée.
la mission de procéder à Depuis que le gouverne-
l'installation du gouverne- ment du roi Albert s'est vu
ment belge au Nice-Havrais.
Cet aimable fonctionnaire,
dansla nécessité de s'ins-
taller à Sainte-Adresse, plu-
aidé par le lieutenant P. des sieurs ministres français ont
Gachons, a accompli cette rendu visite à leurs collè-
importante tâche à la satis- M. IIENNION
Ancien préfet de police. gues belges et ils ont reçu
faction de tous. l'accueil le plus amical, le
Les ministres et leur fa- Délégué du gouvernement fran- plus fraternel.Ilsont échangé
mille ont été installés à çais auprès du gouvernement les vues nécessaires.
»,
l' «Hôtellerie superbe cons- belge, à Sainte-Adresse.
D'autre part, les fonction-
truction dont le hall du rez- naires de tous ordres du
de-chaussée a été transformé en grand salon gouvernement exilé entretiennent avec les au-
de réception, par l'adjonction d'un mobilier torités havraises et celles de Sainte-Adresse
spécial, en velours bouton d'or. des relations empreintes de la plus grande
C'est à l'hôtel des Régates que les repré- cordialité, et le maire de cette dernière com-
sentants des puissances accréditées auprès mune, M. de Quéroent, ne cesse de multi-
du gouvernementbelge ont établi leurs léga- plier pour assurer à ses hôtes le libre se
tions, puisque les ministres plénipotentiaires. cice de la souveraineté belge dans le exer- petit
qui formaient le corps diplomatique à coin de France qu'ils ont choisi.
Sur le sol ensanglanté de la
--
Belgique
.1

LES AUXILIAIRES A QUATRE PATTES DE L'ARMÉE BELGE


Attelés à de petites charrettes, les chiens traînent allègrement les bagages personnels des soldats
et les munitions de guerre. ;

PENDANT UNE ACCALMIE, LES MITRAILLEURS BELGES PRENNENT UX PEU DE REPOS


FANTASSINSBELGESCREUSANT UNE TRANCHÉE POSTE TÉLÉPHONIQUE DE CAMPAGNE
EN AVANT DU VILLAGE DE DIEST COMMUNIQUANT AVEC LE FRONT

LES PREMIÈRES ÉPAVES DES HOSTILITÉS DANS LA BELGIQUE ORIENTALE


de uhlatiç.
La route de Trisé à la frontière est semée de cadavres dechevaux
FANTASSINS ALLEMANDS DANS UNE RUE DÉTRUITE DE VISÉ
Visé, à quelques kilomètres de la frontière allemande, est la première localité belge que les hordes
du kaiser, sous la conduite du général von Emmich, mirent à feu et à sang.

EN GUERRE, UNE CAGE A PIGEONS EST UN PUPITRE PRATIQUE


La Belgique est le pays des pigeons voyageurs; aussi, nos héroïques alliés ont-ils amplement
utilisé ces messagers ailés pour leurscommunications militaires.
fenêtres,

leurs

de
avaient,

LOUVAIN

habitants

DE
belges.

CENTRAUX
ses

de
autorités
quelques-uns

QUARTIERS
les

par

que
démenti

DES prétexte

L'UN formellement
sous

MIS
infernal,

ONT
été

ALLEMANDS a
véritablement
qui

ce
l'envahisseur,

LES
bombardement
ÉTAT

QUEL sur

tiré

DANSun

subi

VOICI
a
ville

malheureuse

Cette
L'HOTEL DE VILLE ET LA CATHÉDRALE DE LOUVAIN AVANT LE BOMBARDEMENT

CE QUI RESTE AUTOUR DE L'HOTEL DE VILLE, HEUREUSEMENT SAUVEGARDÉ


UNE COUPOLE CUIRASSÉE DU FORT DE FLÉRON APRÈS LE BOMBARDEMENT
On peutjuger, d'après cette photographie, des terribles effets des projectiles lancés par l'obusier
allemand de 420 millimètres, et l'on s'explique que les forts de Liège n'aient pu résister à leur
puissance destructive. Les Allemands ont donné le nom de "Bertha" à cette formidable
machine de guerre, en l'honneur de MUe Bertha Krupp, dont le mari dirige les usines d'Essen.

LE CHAOS DE LA RUE DE L'UNIVERSITÉ, A LIEGE


Un cyclone de fer et de feu a passé sur certains quartiers de cette ville, démolissant par pâtés
entiers les maisons les plus solidement construites.
ALLEMANDE
UNE PHYSIONOMIE DE MALlNES PENDANT L'OCCUPATION
Par suite de la pénurie des vivres,les ménagères sont obligées de faire la queue devant le com-
missariat de police pour obtenir des bons de viande et de pain.

L'HOTEL DE VILLE DE MALINES LE MUSÉE DES ANTIQUITÉS DE LA VILLE


la
Un obus a démoli le fronton de porte. Cet intéressant édifice a été en partie détruit.
les

par

anéantie

totalement

presque
volontairement.

RUINES

été

DES
a
Termonde
allumé
MILIEU

l'incendie

AU de

ville
DEBOUT

par
coquette
surtout
RESTÉE

et
et
pittoresque
STATUE allemande

UNE
l'artillerie
la
: raisonss
TERMONDE

de
projectiles
mêmes

les

pour

et
Louvain,

Comme
MAISONS INCENDIÉES DANS L'UNE DES PRINCIPALES RUES DE TERMONDE

LES CLOCHES DE L'ÉGLISE DE TERMONDE GISANT SUR LE TROTTOIR


de énormes
feu

au
ruines
résister

des
defenseurs.
causé

DETHFIT:-i. a
qui
ses
meurtrier
de
FORTS
ÉTÉ:
l'heroïsme

ONT particulièrement
DE

MEUSE
COURONNE malgré humaines.

LA
pu,
SUR
vies
n'a bombardement

SA PONT
cependant,nombreuses
DE
LE
PORTION
ET
un
Liége, de
VILLE
après
perte

UNE LA que
lutte,
la
DE
puissante
et
ET PARTIE haute

NAMUR
de
moins
CETTE
enlevée

mais
TOUTE
été

redoutable,
a
Elle

allemande.

forteresse

l'artillerie
Namur,
LE PONT ET LA CATHÉDRALE DE DINANT AVANT LA BATAJLLE

LES MÊMES, APRÈS LA LUTTE SANGLANTE DONT LA VILLE FUT LE THÉATRE


UN DÉBARQUEMENT DE TROUPES ANGLAISES A OSTENDE

LES AUTOBUS DELONDRES DANS LES RUES D'ANVERS

UNE AUTO BLINDÉE ANGLAISE TRAVERSANT LA CITÉ ANVERSOISE


PRIS DE PANIQUE, LES ANVERSOIS QUITTENT LEURS FOYERS
Ces pauvres gens emportent précipitamment ce qu'ils ont de plus précieux.

LE PONTON D'EMBARQUEMENT DES VAPEURS POUR OSTENDE


Dès qu'ils arrivent à quai, les bateaux se remplissent de fugitifs, tellement sont nombreux ceux
qui veulent se soustraire aux horreurs du bombardement.
LES FUSILIERS MARINS ANGLAIS ÉTAIENT A ANVERS
On les voit ici se rendant aux avant-postes, avecun flegme vraiment admirable.
ANVERS: LES EFFETS DESTRUCTIFS D'UN OBUS DE 420
Le pan coupé de cette maison a été enlevé d'une seule pièce par un projectile de gros calibre
qui est allé ensuite démolir l'immeuble d'en face, après avoir tué une dizaine de
personnes inoffensives.
GROUPES DE MAISONS BOMBARDÉES ET INCENDIÉES, A ANVERS
comprend
Les Allemands ont engagé les infortunés Anversois à rentrer dans leur ville; on
qu'ils se soient empressés de n'en rien faire.
PETITE ÉTUDE
SUR LA
VALEUR PERSONNELLE DES SOLDATS
ENGAGÉS DANS LA LUTTE
Par ARDOUIN-DUMAZET

Le troupier français est gai, brave et débrouillard

M ÊME en remontant aux guerres de Na- pillés sur tout le territoire. Avec le recrute-
poléon, il est impossible de rencontrer ment régional qui peuple nos régiments,
dans l'histoire une mêlée comparable, l'infanterie plus particulièrement, de recrues
par les masses engagées et les races aux prises, provenant sinon toujours de la même pro-
à celle dont nous vince, du moins de
avons aujourd'hui le régions ayant les mê-
spectacle. Les armées mes caractères ethni-
en lutte représentent ques, avec l'afflux des
non seulement la plus réserves qui, en temps
grande partie des peu- de guerre, peuple les
ples européens et leurs corps d'hommes du
principales familles
Latins, Anglo-Saxons,
: même arrondissement
ou d'arrondissements
Flamands et Slaves contigus, le troupier
d'un côté, Germains français n'a plus de
de l'autre, mais encore
les populations les
plus éloignéesde la ci-
caractèresi: nette-
ment national il re-
présente sa province.
vilisation européenne: Il s'agit évidem-
Indiens de toutes ra- ment ici du fantassin
ces, Arabes, Berbères, de ligne. Les armes
noirs du Soudan. Ja- et les subdivisions
mais armée ne fut d'armes recrutées sur
aussi complexe que
celle des alliés lut-
tant contre la barba-
:
l'ensemble du terri-
toire chasseurs à
pied, zouaves, sapeurs
rie allemande. du génie,cavaliers et,
Non seulement cha- moins complètement,
que armée a ses quali- artilleurs rappellent
tés propres mais, dans un peu la diversité
son sein même, le tem- d'origine de l'ancienne
pérament diffère selon armée. On la retrouve
les origines du régi- Après une marche exténuante, ce joyeux fantas- également dans les
ment. Il serait malai- sin répare lui-même, par des moyens de fortune, corps de l'Est et des
sé, par exemple, de ses souliers usés sur les cailloux des routes. Alpes, où la nécessité
définir aussi nette- d'avoir des effectifs
ment le troupier français de nos jours que au complet et des régiments nombreux a
celui des armées d'autrefois, de Napoléon rendu nécessaire l'appel au recrutement de
à l'aurore de la troisième République. Jadis subdivisions éloignées. Si l'on voulait avoir
le recrutement fondait dans un seul moule le type idéal du troupier français, c'est dans
les conscrits issus du tirage au sort et épar- ces pays frontières qu'il fallait le chercher.
Là était le creuset d'où sortait encore le sol- La guerre à la façon allemande nous a
dat d'autrefois, malgré la faible durée du montré que les qualités brillantes de notre
service militaire actuel comparée aux sept soldat n'étaient pas de mise devant les
années de présence au corps de jadis. déloyautés du Germain, devant son astuce,
Peut-être vivait-il trop par le passé. La le soin qu'il prenait de se terrer en attendant
guerre lui apparaissait comme la lutte le moment de la ruée, chez lui forme de
loyale, à armes égales, au grand soleil, poi- l'entrain. Nous avons payé cher, pendant
trine contre poitrine, quand l'heure souhaitée les premières semaines, cette méconnais-
de l'assaut sonnait enfin. On obtenait malai- sance du caractère teuton. Mais l'expérience
sément de lui les précautions pour la marche
en avant, la surveillance, la préparation des
abris. Le métier de terrassier lui répugnait
pourquoi remuer de la terre, se tapir au fond
: :
a rapidement porté ses fruits, les autres
qualités du soldat français ont reparu le
débrouillage, l'art de se plier aux circons-
tances. Aux travaux de terrassement de
d'une tranchée lorsqu'on pouvait aborder
l'ennemi à la baïonnette, à la française !
L'officier lui-même, malgré une éducation
l'ennemi, il en a opposé d'autres. Nul
troupier ne se montre plus prudent que le
nôtre jusqu'à l'heure où il lui est permis de
bien supérieure à celle de l'officier allemand, montrer qu'il n'a rien perdu de la vigueur,
partageait les nobles préjugés de ses hommes. de la vaillance et de l'entrain de ses aînés.

Le soldat anglais est calme et méthodique


L 'ARMÉE anglaise, si différente des autres flegme de sa race lui permet de supporter
armées européennes par sa composition les fatigues, de subir les attaques les plus
exclusive d'engagés volontaires, ne l'est violentes avec un froid mépris de la mort.
pas moins par la vie D'autre façon que le
du soldat auquel on soldat français, il a,
assure une nourri- lui aussi, au début,
ture, un logement, dédaigné d'imiter
un équipement que les Allemands dans
ne possède aucun les ressources em-
autre troupier. Ce pruntées aux mœurs
soldat jouit d'un de la taupe. Mais
confort que bien des maintenant il s'est
petits bourgeois plié à la guerre telle
français envieraient: que la veut l'enne-
il est assuré d'un mi, il est devenu
traitement auprès terrassier, et dans
duquel le sou de cet art nouveaupour
poche de notre fan- lui se montre, dit-
tassin fait bien mi- on, un maître. Son
nable figure. sang-froid en fait,
Cependant ce sy-
barite auquel on as-
sure, même en cam-
par le tir, un adver-
saire dangereux
dans le corps à corps
;
pagne, une nourri- il est le digne émule
ture abondante au- de nos zouaves, de
tant que choisie, que nos marsouins, de
suivent des convois nos turcos, de nos
assurant tous les be
existence chasseurs et de ces
soins d'une régiments de ligne
choyée, est un so\,< qui renouvellent
dat dans toute l'api» chaque jour les
ception du terme. La prouesses des aïeux.
pratique constante Oui, il est calme,
des sports nationaux méthodique et son
l'entretient en vi- courage n'a d'égale
gueur et santé. Le FANTASSIN ANGLAIS EN EMBUSCADE que sa volonté.
Au feu, le soldat russe Le troupier belge pos-
se montre toujours sède toutes les qualités
d'une superbe témérité du vrai soldat français
L E soldat russe ne rappelle guère le nôtre
par la tournure d'esprit, l'instruction,
L ADMIRABLE tenue du soldat belge au
feu, la science et l'instruction de ses
l'initiative. Mais il a le sentiment pro- chefs, l'habileté et la précision des ma-
fond de la grandeur de la patrie. Commandé nœuvres, la conduite si remarquable des
par des chefs dont la plupart vont près de mouvements de retraite qui ont ramené les
lui par les mœurs et les sentiments, il leur régiments de Liége, de Namur et d'Anvers
hors de l'étreinte d'un ennemi si supérieur
voue un dévouement sans bornes, presque
filial. Habitué en nombre,
aux priva- l'allant des
tions et aux cavaliers, la
fatigues, ac- hardiesse des
coutumé aux cyclistes ne
rigueurs d'un peuvent éton-
climat extrê- ner que ceux-
me, il est, par là seuls qui
sa résistance, n'ont pu voir
un fantassin les troupes
merveilleux belges en gar-
et un cava- nison et aux
lier intrépide, manœuvres.
d'une super- Leur nombre
be témérité. était faible,
Sous l'im- car le pays
pulsion d'é- donnait une
ducateurs et bien modique
d'entraîneurs partie de sa
comme Sko- jeunesse,mais
beleff et Dra- il était com-
gomiroff,ilest pensé par
imbu de l'es- l'instruction
prit d'offen- très étendue
sive et con- des officiers,
vaincu que leur ardeur
son nombre, dans l'accom-
autant que plissement
FANTASSIN RUSSE son mépris du d'une tâche FANTASSIN BELGE
danger doit particulière-
lui assurer la victoire. Aussi, malgré le dédain ment ingrate puisque le pays, profondément
que lui témoigne le voisin allemand, il se veut pacifique, était si loin de s'attendre à la
supérieur à celui-ci. Son éducation militaire guerre. Quand on accompagnait ces troupes
est d'ailleurs excellente, car il jouit d'avan- aux manœuvres, comme il m'a été donné
tages que nous pouvons lui envier pour sa de le faire, on reconnaissait un excellent
préparation à la guerre. Autour des garni- outil. Le soldat surprenait par son allure
sons les espaces sont infinis. Partout les régi- décidée et son entrain, on se disait qu'il fau-
ments peuvent manœuvrer à l'aise, même drait compter avec lui. Par son attitude au
avec balles ou obus. Et cette éducation du feu, son dévouement à la patrie, il a dé-
terrain compense largement le peu de déve- passé les espérances. Le soldat belge a été
loppementsde
russe, l'instruction primaire. L'offi-
d'ailleurs, digne de son roi et a mérité l'estime du
cier sait se faire compren- monde, dès le début de la campagne.
dre du soldat, il l'intéresse en lui expliquant Il a toutes les qualités du troupier fran-
la raison et le but d'une manœuvre. Dur dans çais : la gaîté, la subtilité, la vaillance. En
les exigences de la discipline, il est, au fond, un mot, c'est un combattant redoutable
l'ami et le père de ses subordonnés. qu'on ne peut vaincre qu'en le tuant !
Le soldat allemand est lourd et sans initiative
i ci, je suis embarrassé et serai bref. En pline de fer
dépit de toutes les réminiscences, bien comprimant
qui l'enserre de toutes parts,
ses moindres gestes et réglant
que j'aie vu souvent sur le le travail de son cerveau. On
terrain des manœuvres ou les
Champs de Mars les diverses
parties de l'énorme machine
y.
;
ne saurait lui méconnaître une
certaine bravoure mais cette
bravoure n'est point, comme
destinée à nous broyer, toutes chez le soldat français, un élan
les qualités militaires du peuple spontané, l'envolée d'une âme
allemand disparaissent à mes ardente qui recherche la gloire;
yeux devant la férocité, l'esprit — il est brave par ordre et,
de trahison, d'espionnage, de s'il se fait tuer, c'est que son
violence froide, de pillage et de chef lui a commandé de faire
vol que masquait un semblant le sacrifice de sa vie. Il marche
de civilisation. Est-ce bien un à la mort comme il va à l'exer-
soldat que nous avons devant cice, automatiquement, non
nous? C'est plutôt la brute dé- par devoir mais par discipline.
chaînée ne gardant rien du no- Privé de son chef, le soldat
ble métier militaire que la disci-
pline à tout prix, le désir d'aller
à l'assaut, dans l'espoir de
;
allemand est comme désem-
paré c'est un navire sans bous-
sole. Il ne prendra jamais sur
broyer l'ennemi plus que le
vaincre. Le Hun et le Vandale
reparaissent chez cet homme
lui d'accomplir un acte qui ne
lui aura point été commandé
il ignore les initiatives person-
;
:
après plus de dix siècles.
Je le répète le soldat teu-
ton est l'esclave d'une disci-
-

FANTASSIN ALLEMAND
nelles; en un mot, il ne sait
qu'obéir. Cela n'est pas tou-
jours-suffisant pour vaincre !
Le troupier autrichien ne tient pas au feu
E IXISTE-T-IL vraiment un soldat autri- commettre un crime encombattant les Serbes
chien? Dans l'immense masse d'hom- et les Russes, ou qui répugneraient à mar-
(
mes que ce peuple de 50 cher contre des Français. C'est
millions d'âmes peut mettre ce qui explique les échecs en
sur pied, il y a tant de races apparence surprenants infligés
hostiles les unes aux autres, à la grande Autriche par la
tant de groupes ethniques op- petite Serbie. C'est ce qui ex-
primés soit par les Allemands plique aussi la rapidité pres-
d'Autriche — une minorité — que vertigineuse et la grandeur
soit par les Magyars de Hon- du triomphe russe en Galicie.
grie, — autre minorité — que Il n'y a donc pas de soldat
l'on ne saurait rencontrer un autrichien, ou du moins l'Alle-

;
sentiment commun à tous ces
peuples. Slaves, catholiques,
orthodoxes ou musulmans Ita-
liens de l'Adriatique, Roumains
de Transylvanie et de Buko-
mand d'Autriche est pour peu
de chose dans l'ensemble de
l'armée. Celui-ci ressemblerait à
son voisind'Allemagne s'il avait
été soumis à une discipline aussi
vine, Tchèques de Hongrie, rude. Le Hongrois lui-même,
:
Moraves, Polonais et Ruthènes
n'ont qu'un désir reconstituer
leur nationalité propre ou se
en qui l'on voyait une race
;
guerrière, ne paraît pas avoir le
tempérament de soldat onne
fondre avec les souches dont ils signale pas que les régiments
sont séparés. L'ardeur, le senti- de cette origine aient beaucoup

;
ment patriotique font donc dé-
faut à ces légions nombreux
plus tenu que ceux des autres
races devant l'élan admirable
sont les régiments qui croient SOUS-OFFICIERAUTRICHIEN des troupes de Nicolas II.
Le Monténégrin est - Le petit fantassin serbe
tout à la fois fougueux possèdede l'endurance

c et très subtil au combat


,Es deux petits peuples, qui, en réa-
lité, en constituent un seul, se sont
révélés comme un élément guerrier
et une extrême ténacité
œuvre, et ont obtenu du soldat serbe l'ac-
complissementd'efforts souvent surhumains.
Le général français Herr, qui visitait, l'an
de premier ordre. Si le dernier, les territoires
soldat n'est qu'un pay- turcs conquis par la
san peu instruit, il est Serbie, s'étonnait de la
inspiré par un amour formidable énergie dé-
profond de sa patrie; pensée vers Uskub
la foi dans les desti- pour traverser des ma-
nées d'une Serbie plus récages rappelant, dit-
grande, la haine des il, les chemins de la
oppresseurs, Turcs ou Woëvre en hiver. Le
Autrichiens, qui, tant compliment se re-
de siècles, le courbè- tourne à ceux de nos
rent sous un-rude es- soldats qui luttent en
clavage. Sa résistance, ce moment sur les bords
sa sobriété, la dureté dû Rupt de Mad.
de sa vie en font un Quant aux Monté-
outil militaire remar- négrins, Serbes de la
quable. Ses dirigeants montagne, c'est le type
ont su, d'ailleurs, pré- idéal du soldat de
parer des cadres d'offi- naissance; on ne sau-
ciers et de sous-offi- rait, certes, lui deman-
ciers d'une indéniable der les manœuvres ré-
valeur; les états-ma- gulières et précises des
jors,pour la plusgrande grandes armées, mais
part, ont été élevés derrière ses rochers ou
dans les écoles
- fran- SOLDAT SERBE à l'assaut, il est in-
çaises, passant par MONTÉNÉGRIN RÉSERVISTE comparable. Sa fougue
Saint-Cyr, Saumur et- est merveilleuse et il
même l'Ecole supérieure de guerre. Ils ont se montre d'une rare subtilité pour découvrir
su adapter l'enseignement qu'ils avaient et atteindre son ennemi le mieux dissimulé.
reçu aux éléments qu'ils avaient à mettre en ARDOUIN-DUMAZET.

RÉSERVISTES SERBES REJOIGNANT LEURS DÉPOTS

Montés qui sur des chevaux, qui sur des ânes, ils sont gais et contents".
LE GÉNÉRAL ET LA GÉNÉRALE JOFFRE
Les principaux auxiliaires du Généralissime
(Cl.Harlingue.) (Cl.Harlingue.)
-

LE GÉNÉRAL DUBAIL LE GÉNÉRAL FOCH

(CI.Manuel.) (CI.Waléry.)

LE GÉNÉRAL SARRAIL LE GÉNÉRAL MAUNOURY


(Cl..K01..1 LE GÉNÉRAL PAU LE GÉNÉRAL D'AMADE (CI.l\Ianuel.)

LE GÉNÉRAL DUBAIL LE GÉNÉRAL PAU


est né le 15 avril1851, est né à Montélimar le
à Belfort (Haut-Rhin), 29 décembre 1848. Fan-
Grand-officier de la Lé- tassin, il sortit de Saint-
gion d'honneur, il était, Cyr sous-lieutenant, le
au moment de l'ou- 1er octobre 1869, com-
verture des hostilités, mença la campagne de
membre du conseil su- 1870 comme lieute-
périeur de la guerre. nant, fut promu capi-
LE GÉNÉRAL FOCH
taine un mois plus tard,
ayant payé de son
est originaire de Tarbes avant-bras gauche, à
où il est né le 2 octo- Frœschwiller, son troi-
bre 1851. La guerre le sième galon. Il prit sa
trouva commandantdu retraite l'an dernier, et
20e corps d'armée à fut rappelé à l'activité
Nancy. Sa brillante le jour même de la mo-
conduite lui valut de bilisation générale.
recevoir la croix de
grand-officier de la Lé- LE GÉNÉRAL D'AMADE
gion d'honneur sur le
champ de bataille. a vu le jour à Toulouse
le 24 décembre 1856. Il
LE GÉNÉRAL SARRAIL appartient à l'infante-
est né à Carcassonne rie et commanda en
le 6 avril1856. Entré chef au Maroc. Il est
à Saint-Cyr le 20 octo- commandeur de la Lé-
bre 1875, il en sortit gion d'honneur et com-
sous-lieutenant le 1er mandait, au début de
octobre 1877. Il était à la guerre, le 6e corps
la tête du 8e corps d'ar- d'armée, à Châlons.
mée à Bourges, au dé- LE GÉNÉRAL DE CASTELNAU
but des hostilités. LE GÉNÉRAL DE CASTELNAU
LE GÉNÉRAL MAUNOURY
est né le 24 décembre
(CI. Harlingue). 1851, à Saint-Affrique.
naquit le 17 décembre Commandeur de la Lé-
1847, à Maintenon. Il était gouverneur de Paris gion d'honneur, membre du conseil supérieur de
quand l'atteignit la limite d'âge, et fut parmi la guerre, il jouit, dans tous les milieux mili-
les premiers rappelés à l'activité, au lendemain taires, d'une grande réputation de stratège et de
de la mobilisation générale. Il s'est particuliè- tacticien. C'est l'un des meilleurs lieutenants du
rement distingué à la bataille de la Marne. généralissime Joffre, sinon le meilleur.
Les principaux auxiliaires du Généralissime
(Cl.Manuel.)
- SUITE - (Cl.Pirou,rueRoyale.)

LE GÉNÉRAL DUBOIS LE GÉNÉRAL FRANCHET D'ESPEREY

(CI. Pirou, rue Royale.) (CI. Piron. rue Royale.)

LE GÉNÉRAL DE MAUD'HUY LE GÉNÉRAL DE LANGLE DE CARY


LE GÉNÉRAL DUBOIS LE GÉNÉRAL DE LANGLE DE CARY

est né le 21 novembre 1852, àSedan. Grand-offi- a vu le jour à Lorient le 4 juillet 1849. Il se


cier de la Légion d'honneur, il était chef du distingua si bien dans les combats sous Paris,
9e corps d'armée à Tours quand la guerre éclata. qu'il reçut, en janvier 1871, la croix de la Légion
C'est un cavalier émérite et un entraîneur d'hom- d'honneur. Grand-croix dans l'ordre national,
mes qui n'a pas son pareil dans l'armée française. membre du conseil supérieur de la guerre, il a
donné de magnifiques preuves de sa valeur.
LE GÉNÉRAL FRANCHET D'ESPEREY
LE GÉNÉRAL DE MAUD'HUY
est né en Algérie, à Mostaganem, le 25 mai 1856.
Il commandait à Lille le 1er corps d'armée, au est né à Metz le 17 février 1857. Il commandait,
début des opérations, et fut aussi l'un des vain- au début de la guerre, la 80e brigade d'infanterie,
queurs de la bataille de la Marne. I est com-
mandeur de la Légion d'honneur. Précédemment
à Saint-Mihiel. Sa brillante conduite le fit
promouvoir, sur le champ de bataille, au grade
il avait commandé en chef au Maroc. de commandeur de la Légion d'honneur.

M.POINCÀRÉ SUR LE FRONT DES TROUPES


L République,qu'accompagnait
octobre dernier,
E 7 Président
le la
général
le
de nistre de la Guerre d'Angleterre; M. Mille-
rand, ministre de la Guerre de France, et le
Duparge, se rendait au quartier général général Joffre. Après ce dîner, lord Kitchener
de l'armée française, regagnait immédia-
dont le général Jof- tement Londres, et
fre, en compagnie des M. de Broqueville
généraux Pau, de retournait au Havre.
Maud'huy, Foch et Le surlendemain,
Curières de Castel- M. Poincaré allaren-
nau, lui faisait les ,"dre visite au roi AI-
honneurs. Dans la bert, à qui il appor-
même journée, le tait le salut de la
Président allait sa- nation française avec
luer le feld-maréchal l'expression de sa
French, à qui il pré- profondeadm ira tion.
sentait ses plus cha- A Furnes, les deux
leureuses félicita- chefs d'Etat passè-
tions pour l'admi- rent en revue les
rable conduite au feu troupes belges et
des troupes britan- françaises et M.Poin-
niques. Puis ayant caré fut reconduiten
visité, le lendemain, automobile, à la fron-
l'ambulance anglo- tière, par le roi Al-
américaine de Neuil- bert. L'entrevue fut
ly, le chef de l'Etat «longue et affec-
regagna Bordeaux
non sans avoir été
tueuse »
selon les
termes mêmes d'un
visiter les tombes des communiqué pu-
soldats parisiens blié parles journaux.
morts au feu, et fait Enfin, après avoir
remettre au général salué les mineurs de
Niox, gouverneur des Bruay, remis plu-
Invalides, six dra- sieurs décorations
peaux allemands. militaires à leurs ti-
Le 1er novembre, tulaires, assisté, en
M. Poincaré repartit compagnie de M. Mil-
de Bordeaux pour lerand, à une partie
renouveler sa visite du combat d'Ande-
à nos armées. A Dun- chy, le Président de
kerque, le lendemain, la République ren-
il présidait un dîner trait le 5 novembre
auquel assistaient à Paris, faisait dépo-
M. de Broqueville, ser un nouveau dra-
président du Conseil peau allemand aux
et ministre de la Invalides et, le jour
Guerre de Belgique; M. Poincaré se faisant expliquer une manœuvre même, repartait pour
lord Kitchener, mi- par le général de Castelnau. Bordeaux.
0
- N
LA LUTTE SUR LE SOL FRANÇAIS
LE 6 SEPTEMBRE, ON SE BATTAIT PRESQUE SOUS LES MURS DE PARIS

DE PRÈS DE 300 KILOMÈTRES


DEUX
MOIS APRÈS, JOUR POUR JOUR, LE CENTRE DE LA BATAILLE S'ÉTAIT ÉLOIGNÉ

peut dire qu'entre ces deux dates, opérations poursuivies avec une admirable
du 6 septembre et du 6 novembre, ténacité par les Franco-Anglais, aidés en der-
;
se placent huit semaines de victoires nier lieu par ces admirables soldats belges,
non interrompues,de succès incessants, mais dont on ne dira jamais assez la vaillance.
d'un caractère sans doute inconnu jusqu'à Les deux cartes que nous plaçons sous les
présent dans les guerres européennes. Point yeux de nos lecteurs — l'une ci-dessous,
de ces triomphes éclatants, comme il y en l'autre à la page suivante — ont une muette
eut tant dans le passé, aucune de ces ba- éloquence et frappent fortement l'esprit. Elles

LA POSITION DES FORCES ALLIÉES ET DES LIGNES ALLEMANDES, LE 6 SEPTEMBRE

tailles ardentes, engagées à l'aube, parve-.


nues à leurplus. haut degré de violence au
;
valent mieux que tous les discours elles l'em-
portent sur toutes les appréciations. Elles
milieu du jour, gagnées avant la tombée de sont claires et brutales. Elles nous appren-
la nuit, et destinées à laisser dans l'histoire nent que les alliés,se trouvant aux prises,
un nom sonnant ainsi qu'une fanfare. A lors de Charleroi, avec des forces considéra-
l'exception de la bataille de la Marne, au su- blement supérieures, ne voulurent pas ris-
jet de laquelle le généralissime français pro- quer une lourde défaite et exécutèrent, jus-
nonça le mot de victoire, tout s'est accompli que dans la région de Paris, une retraite mer-
dans le silence, dans une espèce d'obscu- veilleuse, arrêtée au lieu précis où le com-
rité, et c'est seulement par le résultat qu'on mandant en chef des armées se proposait de
peut juger de la valeur et de la portée des combattre et de vaincre l'ennemi. Nous ne
mentionnerons ici que pour mémoire ces l'avantage des peuples unis pour la défense
belles journées de la Marne et de l'Ourcq, du droituniversel odieusement violé, de telle
qui s'achevèrent par le recul précipité des sorte que la victoire de la Marne s'est accrue
troupes allemandes, ramenées violemment sur les bords de l'Oise et sur ceux de l'Aisne,
en arrière par l'élan des Anglais et des Fran- dans le Nord et dans les Flandres. Un lien
çais On en trouvera plus loin un récit dé- étroit existe entre les diverses phases de
taillé. Depuis lors, la guerre a changé d'as- cette bataille de deux mois, où la prudence,
pect; elle s'est continuée dans les tranchées; la pondération, la stratégie réfléchie, la
puis un lent mouvement s'est produit vers tactique froidement méditée, ont eu raison
le Nord,l'ennemi espérant toujours déborder des manifestations aveugles de la force mise
les alliés, et échouant dans cette tentative, au service de la plus détestable des causes.

Deux mois après. — LE FRONT DES FORCES ALLIÉES LE 6 NOVEMBRE

comme dans toutes les furibondes attaques Tout cela, — il faut le répéter parce que
auxquelles il s'est livré à plus de cinquante c'est la vérité, — ne constitue qu'une seule
reprises dans le but d'enfoncer nos lignes. et vaste victoire silencieuse, invisible dans
Au bout de deux mois, le résultat est que- ses détails, éclatante dans ses résultats, et
la lutte, commencée à 30 km de Paris s'est dont le public, dans ses angoisses patrio-
imperceptiblement transportée à 150 lieues tiques. a su apprécier la grandeur. Le
de la capitale. Nous n'avons jamais reculé, 6 septembre, poussant à fond son attaque
jamais cédé, et chaque assaut furieux des brusquée. l'Allemagne était aux portes de
Allemands, marqué pour eux par des pertes Paris; le 6 novembre, repoussée jusqu'à la
énormes en hommes et matériel de cam- mer du Nord, elle s'épuisait en efforts déses-
pagne, sans compter les prisonniers, a été pérés, ressemblant aux soubresauts d'une ter-
suivi d'une avance nouvelle pour nous. En rible et sanglante agonie. Est-il nécessaire de
?
un mot, toutes les journées de ces deux mois commenter de telles constatations Ce n'est
de guerre acharnée se sont terminées à pas à nous de le faire, mais à nos ennemis.
Les commandants de l'armée anglaise

G" DOUGLAS-HAIG G" SMITH-DU.l{.l{lN


le
commandant premier commandant le second
corps anglais. corps anglais.

GÉNÉRAL CHETWODE LE GÉNÉRAL PARIS


commandant la cavalerie qui commandait les An-
britannique. à
glais Anvers.
L aujourd'hui
maréchal French,
E
âgé de
SIR JOHN FRENCH Bientôt, cependant, en
1874, il quittait la ma-
( soixante-deux ans, Généralissime des armees anglaises
opérant France Belgique. rine pour l'armée de
est l'un des plus en et en
terre, et ne tardait pas à
brillants officiers géné- prouver sa valeur dans
raux de l'armée britannique. Sa famille le une série de combats. Il commanda le 19e
destinait à l'église, mais, à l'âge de quatorze hussards, de 1889 à 1893, gagnant rapide-
ans, il annonça sa résolution d'entrer dans ment les hauts grades, et remplit, à partir de
la marine, et fut embarqué sur le Britannia. 1907, les fonctions d'inspecteur général de
l'armée. En 1913, il fut promu feld-maré- des trains qui conduisaient hors de la zone
chal à la satisfaction de tous. dangereuse les femmes et les enfants. French
On n'a pas oublié le rôle décisif qu'il joua parvint à se glisser dans l'un de ces trains,
durant la guerre du Transvaal. Seul, parmi et se cacha sous le siège d'un wagon de
les généraux anglais, il n'y connut que des 2e classe. Hors des lignes ennemies, il par-
succès. On se souvient que la ville de Kim- vint au Cap, prit le commandement d'un
berley, assiégée par les Boers, fut délivrée corps de 8.000 cavaliers, s'élança à bride
par lui, et c'est un curieux épisode qui abattue dans la direction de Kimberley,
montre toute la résolution, l'activité, l'éner- battit, en différentes rencontres, tous les
gie de ce magnifique soldat. Enfermé dans détachements qui s'opposaient à sa marche
Ladysmith avec des troupes anglaises, le et atteignit enfin la ville, étroitement assié-
général French savait que Kimberley était gée. Il était temps. Deux jours encore et
également bloquée. Or il fallait sauver Kimberley eût été forcée de se rendre.
Kimberley à tout prix; mais comment Aujourd'hui, le maréchal French com-
s'évader de Ladysmith, autour de laquelle mande en chef les forces anglaises qui luttent
les Boers faisaient bonne garde? Le général contre les Allemands sur les territoires
French eut bientôt trouvé l'expédient libé- français et belge, et l'on sait l'aide pré-
rateur. Les Boers laissaient sortir de la ville cieuse qu'il prête au généralissime Joffre.

La guerre au jour le jour sur notre territoire


en Haute-Alsace et dans la Lorraine annexée
JUILLET 1914 quiète ets'indi
quiète et g ne de
s'indigne la
de laichietitie.
violente et
Le 22. — La nouvelle de l'envoi d'un vio- brutaleintransigeanceautrichienne.
lent ultimatum de l'Autriche à la Serbie Le 27. — M. Poincaré, interrompant son
cause en France, et particulièrement voyage dans les pays scandinaves,
a Paris, une revientenFran-
profonde émo- ce.Danslajour-
tion. Onsup- née, poursui-
posecependant, vrait un plan
qu'unaccord se combiné avec
produira entre l'Allemagne,
lesdeux pays. l'Autriche dé-
Le 24. — Démar- clare la guerre
che de M. de à la Serbie.
Schœn auprès
de M. Viviani.
-
Le29. Laguerre
apparaît com-
L'ambassadeur me deplusen
d'Allemagne plus probable.
à
donne enten- —
Paris fait
dre queson gou- une réception
vernement dé- enthousiaste au
clarerait la Présidentdela
guerre à la République.
France, si celle- Le30.—LaFrance
ci n'abandon- accepte la pro-
nait pas la Rus- Le premier avis de la mobilisation générale, placardé position de mé-
sie, en conflit le samedi leT août, sur les bureaux de poste parisiens. diation formu-
avec l'Autriche léeparl'Angle-
à l'occasion de la question serbe. terre, et que la Russie et l'Autriche accep-
Le 26. — On apprend qu'en dépit des tent également. L'Allemagne, qui veut la
satisfactions données à l'Autriche par guerre, repousse cette proposition.
la Serbie, le gouvernement de Vienne Le 31. — Le gouvernement, devant les
persiste dans son attitude et rompt toute mesures prises par l'Allemagne, qui
relation avec Belgrade. L'opinion s'in- se déclare en CI état demenace de guerre Q,
procède, par prudence, à des appels Le 7. — Les troupes françaises, après un
individuels. — Nouvelle démarche com- brillant combat, mettent en déroute les
minatoire de M. de Schœn auprès de Allemands dans la Haute-Alsace et
M. Viviani. L'ambassadeur insiste pour s'emparent d'Altkirch, où la population
savoir quelle attitude prendra la France, leur fait un accueil enthousiaste.
dans le cas probable de déclaration de Le 8. — Entrée des Français à Mulhouse,
guerre de l'Allemagne à la Russie. et fuite de l'ennemi vers Neuf-Brisach. —
Nos troupes occupent dans les Vosges
AOUT les cols très importants du Bonhomme
Le 1er. — On affiche l'ordre de mobilisa- et de Sainte-Marie-aux-Mines.
tion générale pour le dimanche 2 août. — Le 9. — Devant un violent retour offensif
La frontière des Allemands,
française est les Français se
violéesurplu- replient vers
sieurs points Altkirch et se
par les Alle- maintiennent
mands, en Al-
sace - Lorraine.
Assassinat
Le 10. -
sur les hauteurs.
M.Vi-
viani demande

de M. Jaurès. àl'am bassa-
deur d'Autriche
Le 2. — M. Poin-
caréadresseun des explications
appel énergique sur la présence
àlanation. — de forces autri-
Les Allemands chiennes en Al-
violentlaneu- sace; l'ambas-
sadeur déclare
xembourg. A -
tralité du Lu-
Joncherey, une
ne pouvoir rien
dire et réclame
sentinelle fran- ses passeports;
çaise est tuée notre ambassa-
par un officier deur à Vienne
allemand,qu'un est rappelé. —
soldat français Occupation de
tueàsontour. Briey par l'en-
Le 3. -- M.de nemi. — Long-
de
SchælZ, ambas- ivy est sommé
sadeur d'Alle- se rendre; refus
magne, arguant ducommandant
degriefsima- deplace.—En
ginaires (pré- Lorraine, vif
tendues agres- à
combat Man-
sions commises giennes, où les
par des avia- Français s'em-
parent de trois
teurs français),
vient informer
M. Viviani,
LE « TRAIN POUR PARIS»EST RESTÉEN PANNE ! canons,dedeux
mitrailleuses et
présidentdu — Surtout, rapporte-moi beaucoup de bijoux, dit de caissons de
Gretchen à son bon ami Michel, au départ de celui-ci
Conseil, que pour la France. munitions.
l'Empire alle- Le12.—LaFrance
mand se déclarait « en état de guerre et l'Angleterre préviennentl'Autriche
avec la France ». —
Paris est mis en qu'elles sont contraintes de la traiter en
ennemie. — Toutes les contre-attaques
état de siège et demeure calme.
Le 4. — Message du Président de la Répu- allemandes contre les troupes occupant
blique au Parlement. — Les Chambres, les cols des Vosges sont repoussées. —
dans une séance émouvante, votent à Bombardement de Pont-à-Mousson.
l'unanimité les crédits et les lois mili- Le 13. — Les Français repoussent l'en-
taires. — L'ahhé fiillet, curé deMoineville, nemi sur l'Othain vigoureusement et
près Briey, est fusillé par les Allemands. et lui font de nombreux prisonniers.
Le 14. — Nous occupons le massif du Le 25.— Abandon de Mulhouse, à la
Donon, et nous faisons cinq cents pri- suite de l'envoi en Lorraine des troupes
sonniers au cours de l'action. de la Haute-Alsace. — La cavalerie
Le 15. — En Haute-Alsace, les Français allemande qui s'était aventurée dans
reprennent Thann, et, dans les Vosges, dans le Nord est anéantie entièrement
à Bouchain par notre artillerie.
-
ils occupent Blamont, Cirey et les hau-
teurs d'Avricourt. Prise d'un dra-
peau allemand à Saint-Blaise. — Vif
Le 26. — L'offensive française progresse
entre Nancy et les Vosges, bien que notre
combat à Badonviller, où l'ennemi a droite recule un peu dans la région de
commis des atrocités abominables. Saint-Dié. — Le cabinet Viviani f,e
Le 16.
Mines.
-- Prise de Sainte-Marie-aux-
Le lieutenant Cesari et le
reconstitue, avec MM. Millerand à la
Guerre, Briand à la Justice, Delcassé
caporal Prud/wmrneau, du champ d'avia- aux Affaires étrangères, Ribot aux
tion de Verdun, vont jeter des bombes Finances,Sembat aux Travaux publics,
sur le hangar des Zeppelins, à Metz. et Jules Guesde (sans portefeuille). —
Le 17. — Développement du front français Le général Galliéni est nommé gouver-
en Lorraine et en Alsace, à une ving- neur du camp retranché de Paris.
taine de kilomètres de la frontière. — Un Le 27. — Le gros des forces allemandes
avion allemand est abattu à coups de s'avance en France, entre l'Aisne et la
fusil, aux environs de Givet. Somme. — Reddition de Longwy, après
Le 18. — Les Français s'avancent victo- vingt-quatre jours de bombardement et
rieusement au sud de Sarrebourg et la perte de la moitié de la garnison; le
occupent la région des étangs vers Fene- gouverneur, le lieutenant-colonel Dar-
trange; ils envahissent la vallée de la che, est promu officier de la Légion
Seille, et leur cavalerie est à Château- d'honneur pour sa conduite héroïque.
Salins. — Le drapeau du 132e d'infan- Le 28. — La marche allemande en France
terie allemande est déposé aux Inva- paraît se ralentir. — En Lorraine, suite
lides, et le 10e chasseurs, qui l'a pris, de combats heureux pour nous.
reçoit des félicitations. — Un monoplan Le 29. — A Guise, les Français infligent
allemand jette trois bombes sur Lunéville.
au 10e corps allemand et à la garde des
Le 19. — Les Français s'emparent de pertes considérables, mais l'ennemi pro-
Château-Salins et de Dieuze et attei- gresse vers la Fère. — En Lorraine, nous
gnent Morhange; leur avant-garde entre nous rendons maîtres de la ligne de la
à Ville, mais elle doit céder bientôt Mortagne. — Des aviateurs allemands
devant des forces importantes. lancent des bombes sur Belfort, sans
Le 20. — Reprise de Mulhouse; les Fran- causer aucun mal sérieux.
çais enlèvent à l'ennemi en déroute Le 30. — Notre aile gauche est contrainte
vingt-quatre canons et six caissons. de céder du terrain devant l'aile mar-
Le 21. — Attaqués par des troupes consi- chante ennemie. — Sur la Meuse,
dérables, les Français, non entamés, se un régiment allemand d'infanterie est
replient lentement en Lorraine. anéanti.

Un Taube allemandjette
Le 22. — L'offensive allemande est arrêtée des bombes sur Paris, tue une femme et
devant le Grand-Couronné de Nancy. — blesse plusieurs personnes. — La classe
Protestation du gouvernement français 1914 est appelée sous les drapeaux,
contre l'emploi, universellement interdit, ainsi que les hommes de la réserve de
des balles dum-dum par l'ennemi. l'armée active et ceux de la territoriale.
Le 23. — Abandon du Donon et du col de Le 31. — A notre ailegauche, nous recu-
Saales, pour des motifs stratégiques. — lons encore. Par contre, nous progres-
Les Allemands occupent Lunéville. — sons en Lorraine. Un violent combat
Le Zeppelin n° 8 est abattu sur la route est engagé au centre. — Un nouvel
de Celles à Badonviller. Offensive des avion, du modèle Taube, jette deux bom-

Français en Belgique; bataille de Char- bes sur Paris, sans résultat.
leroi, sur un front immense.
Le 24. — Repliement général de l'armée SEPTEMBRE
anglo-française. — Apparition de cava- Le 1er. La droite allemande poursuit
lerie allemande dans la région de Cam- sa marchesur Paris. — A Compiègne,
brai et celle de Roubaix-Tourcoing. — dans un combat très vif, les Anglais
En Lorraine, une contre-attaque fran- prennent dix canons à l'ennemi. — Dans
çaise cause de lourdes pertes à l'ennemi. larég'ion de Rethel, les troupes fran-
çaises contiennent les corps prussiens. dition de la forteresse de Maubeuge.

Un aviateur allemand jette des bom- Le 8. — L'avance française se dessine vers
bes sur Paris. Plus de peur que de mal. la Marne, entre Meaux et Sézanne; les
Le 2. — Départ du gouvernement français
pour Bordeaux. — Continuation de la
marche de la droiteennemie vers la
;
Anglo-Français, progressant sur l'Ourcq,
font de nombreux prisonniers les Alle-
mands reculent de quarante kilomètres.
capitale. — Les Français progressent Le 9. — Continuation des succès des
en Lorraine. — Trois aviateurs alle- armées alliées, qui traversent la Marne,
mands jettent de nouvelles bombes sur entre la Ferté-sous-Jouarre et Château-
Paris. Trois femmes sont blessées. Thierry, obligeant l'aile droite allemande
Le 3. — Proclamation du général Galliéni àprécipiter sa retraite. — Les Anglais
disant qu'il défendra s'emparent de douze
Paris jusqu'au bout canons et font de nom-
contre l'envahisseur. breux prisonniers. —
Le 4. — La droite alle- Dans la région de Sé-
mande cesse son mou- zanne, la garde prus-
vement vers Paris. Elle sienne subit de grandes
se dirige vers la Ferté- pertes et est rejetée au
sous-Jouarre, dépasse nord des marais de
Reims et descend le long Saint-Gond. — Les
et à l'ouest de l'Ar- Français poursuivent
gonne. — Bataillear- leur avance en Lor-
dente en Lorraine et raine. — Deux dra-
dans les Vosges. — peaux allemands, pris
Violentbombardement pendant les combats de
de Maubeuge. l'Ourcq, sont apportés
Le 5. — La France, à Paris. — Le réser-
l'Angleterre et la Rus- viste Guilmard, qui
sies'engagent à ne pas a conquis le drapeau,
conclure séparément la décoré de la croix de
paix. —Les Allemands fer, du 36e d'infanterie
renonçant à attaquer (fusiliers de Magde-
le camp retranché de bourg), reçoit avec
Paris, continuent leur émotion la médaille
mouvementvers leSud- militaire des mains du
Est de la capitale. général Galliéni.
Le 6. — De Paris à Ver- Le 10. — L'aile droite
dun, une grande ba- LES TROPHÉES DE NOS SOLDATS
allemande accentue sa
taille est engagée; les Le premier de braves
retraite vers l'Oise et
Anglo-Français obli- che) pris à ces (celui de gau- l'Aisne. — Aucentre,
a La Neuville, un casque
gent l'aile droite alle- d'infanterie saxonne; l'autre s'est em- nous nous maintenons
mande à se replier paré, à Gueux, près de Reims, d'un
entre la Marne et casque de soldat de la gardeprussienne.
l'Ourcq. — L'ennemi
-
sur l'Ornain et dans
l'Argonne. Unnou-
veau drapeau pris aux
se retire derrière Touquin,Vaudon et Allemands est apporté a Paris.
Sézanne. — Malgré la destruction de Le 11. — Félicitations du Président de la
trois de ses forts,Maubeugerésistehéroï- République au généralissime et aux
quement. — Le Journal officie] publie armées pour la bataille de la Marne. —
un décret inscrivant pour la médaille Les Allemands abandonnent Compiègne
militaire les soldats Broussard et Turcot, et Soissons. — Quatre drapeaux alle-
du 137e d'infanterie, qui ont pris le mands sont apportés à Troyes.
drapeau du 68e d'infanterie allemand. Le 12. L'armée allemande de l'Argonne

Le 7. — Les Allemands sont repoussés sur commence à céder. — En Lorraine, nous
tout le front, et subissent en particulier progressons de nouveau dans la forêt
des échecs sensibles à la Fère-Cham- de Champenoux. — L'ennemi évacue
penoise et à Montmirail. Leur recul est Saint-Dié. — Nous réoccupons Lunéville.
sensible à Vitry-le-François. Une de Le 13. — Nous réoccupons Amiens, tandis
leur divisions est battue dans la forêt de que les Allemands se retirent sur Pé-
Champenoux, près de Nancy. — Red- ronne et Saint-Quentin. — Les alliés
re-
traversent l'Aisne derrière les Alle-
mands, à la faveur d'un violent combat
d'artillerie. — Nous reprenons Pont-
cule en Woëvre. -Il
reprendrel'offensive. — L'ennemi
procher de Saint-Mihiel.
continue à s'ap-
à-Mousson, Raon-l'Etape, Baccarat, Le 26. — Progrès franco-anglais entre
Réméréville et Nomény. l'Oise et Soissons. — Les Allemandsfran-
Le 14.— -Commencement d'une grande chissentla Meuse, prèsde Saint-Mihiel,
bataille sur un front jalonné par l'Aisne. mais nous les rejetonspartiellement. —

L'ennemi se retranche sur les hauteurs Au sud de la Wôëvi-e, le 14ecorps alle-
de Reims qu'il bombarde. — Le fort de mand est contraint de se replier. -
Troyon, canonné avec fureur par l'ennemi, Le 27. — Attaques violentes, partout re-
est dégagé par l'artillerie française. poussées, de- l'ennemi sur tout le front.
Le 15. - Vigoureuse résistance des Alle-
mands à Noyon, au nord de Soissons,
La garde prussienne est trèséprouvée.
Nousprenons des canons et nous fai-
sur le plateau de Laon, au nord-ouest sons des prisonniers nombreux.
de Reims, et sur toute la ligne jusqu'au Le 28.- —.La garde prussienne se fait
nord de Verdun. décimer à Roye et abandonne huitcents
Le 16. — De l'Oise à la Meuse, la bataille prisonniers, après une attaque vio-
se poursuit. Solidement retranché, l'en- lente. — Toutes les offensives ennemies
nemi se défend avec de l'artillerie lourde. échouent, et nous progressonssensible
Le 17. — Les Français progressent encore ment sur les Hauts-de-Meuse,
au nord de l'Aisne, et les Anglais re- Le 29. Nous nous élevons à gauçhe,
poussent trois retours offensifs particu- entre Albert et Combles, en repoussant
lièrement violents des Allemands. les attaques allemandes.
Le 19. — Bombardement de la cathédrale Le 30.—L'actionsedéveloppe de plus
de Reims. — L'armée de von Kluck en plus au nordde la Somme. — Les
est repoussée vers Noyon.

les tentatives ennemies échouent entre
Toutes -
Allemands s'avancent vers Douai, mais
sont battus à Lewarde et Auberchi-
Reims et Craonne. — Nous prenons la à
court.— Leur attaque, Tracy-le-Mont,
estaccompagnée de grosses pertes.
position de Souain et le massif dela
Pompelle, tandis que les Allemands
s'emparent de Brimont.. OCTOBRE
Le 20. — Le bombardement de Reimscon- Le ;ler.—Action violente dans la région
tinue. — Lemusée, l'hôtel de ville,la deRoye. Progrès français dans l'Ar-
sous-préfecture, etc., sont en ruines. —
grmne., — Les Allemands cherchent,
Le 21. — Les Allemands reculent surla sans y parvenir, à jeter un pont sur la-
rivedroite de l'Oise. — Nous avançons Meuse, près de Saint-Mihiel. — Atta-
entre Souain et l'Argonne. qués par des forces importantes, nous
Le 22. — Combats ardents, avec avance devons abandonner Douai.
de notre part, dans la région de Lassi- Le 2. — La bataille continue violemment
gny. — Offensive furieuse des Alle- et s'étend jusqu'au sud d'Arras.
mands au nord-est de Verdun. — Ils Le 3. — L'armée du kronprinz,dans l'Ar-
évacuent Nomény et Arracourt. gonne, est de nouveau refoulée au nord.
Le 23. — Progression des Franco-Anglais Le 4. — Bataille autour de Lille que bom-
dans la région de Roye. — Les combats bardent des batteries allemandes.
se poursuivent violemment à l'est de Le 5. — Entre Arras et Douai, la bataille
l'Argonne et sur les Hauts-de-Meuse. est furieuse; l'ennemi, subissant de
- Les Français, après une lutte san-
glante, occupent Péronne.
grosses pertes, est rejeté au nord-est de
Lens, puis il est repoussé entre Nerville
Le 24. - A notre aile gauche, action très
vive entre la Somme et l'Oise, où les
et Armentières.
Le 6. — Violent bombardement d'Arras.
Allemands ont été renforcés par des Le 7. — Les alliés regagnent le terrain
corps venant de leur centre, de la Lor- perdu à Roye. — L'ennemi faiblit au
àl'est de Reims. --
raine et des Vosges. Progrès français
L'ennemi occupe
centre. — Le bombardement d'Arras
continue. — Dans la Haute-Alsace,
Hâton-Châtel, pousse vers Saint-Mihiel, les troupes françaises progressent de
bombarde activement les forts des Paro- façon continue et infligent un grave échec
ches et du Camp-des-Romains, au général von Eberhardt.
Le 25. — Nous cédons au sud de Noyon, Le 8. — Mouvement des Allemands vers
mais des renforts nous permettent de Lille. — Recul de l'ennemi au nord
d'Arrêts, dans la région de Roye et au de Colmar. Les nombreuses atta-
nord d'Hâton-Châtel:- —Un nouveau —
ques nocturnes de l'ennemi sont vaillam-
bombardementdeReims. A Sampigny ment repoussées au nord de Saint-Dié.

(Meuse,), les Allemandsbombardent, par Le 20.— Combats sans résultats pratiques,
,

la
dépit, maisondeM.Poincaré. dans la région d'Armentières.
Le .,--. Combats d'une extrêmeviolence
au norddeLille, à la Bassée, Arras,
-
Le22. Progrès- enWoëvre et
dansl'Ar-
-

gonne. — Partout ailleurs lesattaques


Lens,Chaulnes, Roye, Lassigny, etc.
Grosses-pertesennemies près d'Arras,
•à ils
Les alliés-font denombreux prisonniers
-
allemandes sont repoussées.
Le 23. Succès partiel dans la région
deVerdun.L'ennemireprendlebori-
-

Roye prennentquelquescanons. »

iousprogressûi?,s
bardement d'Arras et détruit le beffroi.
Le 10.—Echec dela cavalerieallemande Le 25. — Depuis Arras jusqu'à la mer,
surlaLys;*elleseretire dans la région violents combats. En Argonne, nous
au emportons le village de Melzocourt.
nord\deVAisne et au nord-ouestde Le 27. — Attaques nocturnes des Alle-
A
Sbissons.— Craonne et Reims des mands entre 'la Somme et la Bassée,
attaquesnoc-
turnes.enne-
- - -
toutes re-
poussées. —
mies'sont L'ennemiest
trèsénergi- rejetéhorsde
quementre- la frontière
poussées. à l'estde
Le11. —Prise, Nancy.
à Lassigny,
du drapeau
du 49e po-
Le 28. -
A-.
vance fran-
- çaise enWoë-
mêranien.— vre, vers
Entre Tour- et
Apremont
Saint-Mi- -
coing et Ar-
mentières,
lesAlle-
-
hiel.-Nous
repoussons,
mandssont près de Cra-
repoussés onne, une
vers l'est et SOLDATS ANGLAIS DANS UNE TRANCHÉE COUVERTE violente of-
lenord. fensive.
Le 13. — Progrès sensibles des alliés entre Le 31. — 'A Arras, nous infligeons de
Arras et Albert..—Offensivefrançaise très grosses pertes aux Allemands.
dans la régionde Béthune et d'Haze-
brouck. — Au centre, nous avançons NOVEMBRE
vers Souain, ainsi qu'entrel'Argonne Le 1er. -On signale que nous avons fait,
et la Meuse, et au sud de Verdun.
dans la régionde Lens entre Albert et
-
depuis six jours, 8.000 prisonniers.
Le 14. — Nous continuons à progresser Le 2. Avance dans les Vosges; nous re-
et prenons les hauteursdu col Sainte-Marie.
-
Arras.Nous avançons vers Craonne. Le 3. Les Français reprennent le ter-
Le 15.Nousgagnons deux kilomètres ';r.ain perdu à Vailly. — Ils progressent
au nord etàl'est deReims,nous avan- au nord de Pont-à-Mousson.
çons au sud de Saint-Mihiel, et nous Le 6. — Offensive franco-anglaise sur tous
prenons Estaires, au nord de la Lys., les points.- Une colonne de voitures
Lé 16,— Lesalliés progressent aunord allemandes est détruite par notre artil-
de laBassée, dans la direction de Lille. lerie au nord de la forêt de Laigue.
Le 17. — Les Franco-Anglais occupent Le
Fleurbaix et les environs d'Armentières.
-
7.

Toutes les attaques allemandes
le centre sont repoussées, et les Fran-
sur
Le18. — Nous reprenons Armentières.
Les Anglais enlèventaux Allemands
--
-
çais progressent dans l'Argonne, au
nord de Verdun et en avant de Nancy,
Fromelles, au sud-ouest de Lille. où l'ennemi subit de grosses pertes.
Le 19. — En Alsace, nous occupons Thann Le 10. — Les Allemands tentent un ijouvel
et la ligne de Sulzern-Piaris, à l'ouest et gigantesque effort dans le
Nord.
(Voir à la fin du volume la suite de la chronologie des faits de guerre sur le sol français.)
---- LE GENERAL COMTE DEMOLTKE
Premier chef d'état-major général des armées allemandes.
Epuisé par la maladie, il a été remplacé dans ses fonctions, après la bataille de la Marne,
par le général de Falkenhayn,ministre de la Guerre dit kaiser.
Les chefs allemands les plus notoires

LE KHUiNJ'KIMZ
Battu en France
GÉNÉRAL VON KLUCK et en Pologne russe. GÉNÉRAL VON HEERINGEN

GÉNÉRAL PRITTWITZ
GÉNÉRAL EICHHORN

GÉNÉRALFALKENHAYN
4 succedé au général de
Moltke, malade, comme
chefd'état-major général
DUC DE WURTEMBERG de l'armée allemande. PRINCE R.' DE BAVIÈRE
GÉNÉRAL VON DEIMLING MARÉCHAL VON HINDENBURG
GRAND-DUC DE BADE

GÉNÉRAL MACKENSEN GENERAL VON HANSEN

GÉNÉRAL VOIGT-RHETZ (+) GÉNÉRAL VON BULOW GÉNÉRAL VON PLESSEN


Les premières hostilités
en Lorraine et dans la Haute-Alsace
QUAND, cinq jours après l'ouverture des espèce de difficulté dans la grande et
hostilités, on appritqu'à vingt-quatre active cité industrielle de la Haute-Alsace.
heures d'intervalle des forces françai- On se doute de la fureur que la nouvelle
à
ses avaient culbuté les Allemands Altkirch
et occupé Mulhouse,lelendemain soir 8 août,
ce fut un débordement de joie. Remportés en
:
provoqua à Berlin et des ordres qui s'en-
suivirent tout le corps d'armée badois devait
s'employer aussitôt, de concert avec les
terre d'Alsace, ces premiers succès parurent effectifs battus et réfugiés dans la forêt de la
symboliques et la satisfaction s'accrut encore Hart, en face de Mulhouse, à déloger nos
lorsqu'il fut avéré qu'ils avaient été relati- troupes et à les écraser en leur coupant la
vement aisés, obtenus sans grands sacrifices retraite. Les nôtres, attaqués nuitamment,

LE THÉATRE DES OPÉRATIONS MILITAIRES EN FRANCE-ALSACE AU DÉBUT DE LA CAMPAGNE

d'hommes. Une brigade partie de Belfort, opposèrent une belle résistance et peut-être
et cheminant moitié par la trouée de ce nom, bien eût-elle été aussi efficace qu'elle fut
moitié sur la vallée de laThur, avait mis glorieuse si nos réserves, laissées à Altkirch,
l'ennemi en déroute, à Thann d'abord, à étaient intervenues à temps. Nous dûmes
Altkirch ensuite et était entrée sans aucune -
finalement céder et nous replier sur Belfort.
Mais ce n'est pas que par ce côté, le plus faubourg de Mulhouse, où nous fimes
facile en apparence, que nous tenions à une nouvelle prise de vingt-quatre canons.
envahir l'Alsace. Toute une admirable cam- Peu de temps après, l'ennemi, menacé d'être
pagne de pénétration par les cols des Vosges coupé du Rhin, s'enfuyait en désordre de
était en voie d'exécution et de préparation. l'autre côté du fleuve, laissant entre nos
Successivement, du sud au nord, nous nous mains des milliers de prisonniers.
emparions du ballon d'Alsace et du col de Mais il était dit que Mulhouse ne nous
Bussang, du Hohneck et de la Schlucht, des resterait pas au cours de cette première
cols du Bonhomme et de Sainte-Marie, pour phase de la guerre. Parallèlement à notre
terminer par l'occupation du Donon. Mais action en Alsace, nous avions pris une offen-
ce qui frappa le plus l'opinion, en raison du sive tout aussi nette en Lorraine. Tout alla
brillant fait d'armes dont elle s'accompagna, pour le mieux jusqu'au moment où nos
c'est la conquête du col de Saales et notre avant-gardes atteignirent Morhange, où les
cheminement consécutif le long de la vallée Allemands avaient multiplié les moyens de
de la Bruche qui, une fois le fort d'arrêt de défense apparents, sans préjudice de toutes
Mutzig réduit, devaitnous faire aboutir dans les chausse-trapes que l'organisateur de
la plaine à quelques lieues de Strasbourg. cette position fortifiée, le vieux général de
Vainement, le 15 août, à Saint-Blaise, la Haeseler, avait su combiner. Attaquée le
99e brigade de Saverne et le 13e d'infanterie 20 août par des forces supérieures, notre
allemand tentèrent-ils d'arrêter la marche armée dut se replier, et la défaillance d'un
de nos troupes. L'assaut de notre 10e ba- corps fit de notre retraite une opération-
taillon de chasseurs fut irrésistible, ainsi méritoire, aussi belle qu'une victoire.
qu'en témoignèrent les 8 canons, les 4 obu- Du coup il fallut laisser le Donon, pivot
;
siers, les 6 mitrailleuses, les 537 hommes
et 6 officiers capturés par nous enfin le
drapeau du 132e bavarois — le premier tro-
des opérations dans les deux provinces
annexées. Enfin, après Charleroi, la situation
stratégique devint telle que l'abandon de

;
phée de guerre tombé en notre pouvoir.
Les circonstances étaient propices pour
reprendre Mulhouse un corps placé sous les
ordres du général Pau reçut mission de s'en
Mulhouse s'imposait pour la seconde fois.
Mais ces mesures de circonstance n'impli-
quent aucun renoncement. Nous continuons
à garder solidement pied dans la Haute-
emparer. Les opérations furent rondement Alsace. Les efforts désespérés des Allemands
menées. Thann et Dannemarie enlevées, n'ont pu venir à bout de nous déloger de
notre centre marcha droit sur la ville tandis Thann, de même que nous avons su nous
que notre droite se portait sur Altkirch et réserver les débouchés d'un certain nombre
que notre gauche s'élevait dans la direction de cols, tels que celui de Sainte-Marie-aux-
de Colmar. La décision intervint à Dornach, Mines, extrêmement précieux pour nous.

La marche des Allemands sur Paris


ELLE FUT VERTIGINEUSE, FOUDROYANTE, IRRÉSISTIBLE, MAIS LES ENVAHIS-
SEURS IGNORAIENT LA PENSÉE SECRÈTE DU COMMANDANT EN CHEF DES
ARMÉES ALLIÉES
Q UAND les vaillantes troupes belges se
replièrent, le 20 août, sous le camp re-
infériorité numérique doit être vraisem-
blablement considérée comme la principale.
tranché d'Anvers, elles avaient rempli La ligne de la Sambre et de la moyenne
une partie essentielle de leur mission qui était Meuse percée par l'ennemi, c'était l'invasion
de retarder dans la mesure du possible la mar- de notre territoire. Et tout de suite elle
che des armées allemandes et si leur résistance, affecta une rapidité peut-être sans égale
doublée par celle de Liège, ne pouvait pré- dans l'histoire militaire. Déployant ses
tendre à arrêter le flot d'un million d'hom- armées sur un front immense, et nous surpre-
mes qui déferla à travers la Belgique, elle nant quelque peu par là, le haut comman-
eut du moins une profonde répercussion sur dement allemand avait dès le début tenté
tout le reste de la campagne. de nous déborder sur notre gauche en pesant
Et cependant il sembla au premier grand avec des forces écrasantes sur nos alliés
choc que, malgré les quinze jours précieux anglais qui, avec quelques formations terri-
perdus par eux, dans les attaques et combats toriales, couvraient la frontière entre Lille
de Lié ge, Namur, Haelen, Aerschot, les et Mons. Cette manœuvre d'enveloppement
Allemands allaient quand même réussir leur il essaya sans cesse de la renouveler. Si elle
attaque brusquée contre la France. La ba- réussissait, c'était l'ensemble des armées
taille de Charleroi, qui se déroula les 23, 24 française et anglaise rejeté vers l'Est, Paris
et 25 août, fut en effet défavorable aux alliés. isolé et livré à ses propres moyens de dé-
Elle le fut pour des causes multiples qu'il fense. C'était presque la débâcle.
seraitprématuré de rechercher et dont notre Elle échoua grâce à la prudence du général
Joffre, grâce à l'habileté avec laquelle cours d'un engagement heureux, les Anglais
s'opéra notre retraite. Rompre tout en lui enlevèrent dix canons. La ville de Com-
combattant, et maintenir les liaisons, tel piègne même n'eut pas trop à souffrir du
semble avoir été passagedesenva-
le mot d'ordre du hisseurs. Il n'en
généralissime. fut pas de même
On ne peut de Senlis, où ils
qualifier de ten- incendièrent a
tative de résis- plus grande par-
tance sérieuse tie de la ville
l'action qui s'en- et fusillèrent le
gagea sur le front maire, M. Odent,
le Cateau - Cam- ainsi que plu-
brai-Avesnes- sieurs de ses ad-
Chimay. Autre- ministrés.
ment importante Le 4 septem-
fut celle qui, le bre, les avant-
29,eutpourthéâ- gardes ennemies
tre une ligne al- sont signalées à
lant de Bapaume Mitry, à 33 kilo-
vers Mézières et mètres de Paris,
Sedan en passant et on prétend
par Péronne, St- même avoir vu
Quentin, Guise et des patrouilles de
Vervins. Mais uhlans plus près
tandis qu'à Guise encore à Gonesse.
M.FIQLET
Maired'Amiens.
à
nousinfligions Tout, dans ces
l'armée du géné- conditions, fait
MSR MARBEAU
Evêque de Meaux.
ral von Hansen présumer une at-
et à la garde prussienne une véritable défaite, taque du camp retranché de Paris, d'autant
plus à gauche nous devions céder partout que des aviateurs ennemis viennent le sur-
devant celle du géné- voler et explorer ses
ral von Bulow et celle moyens de défense. On
de von Kluck dont les Ce magistrat municipal et ce prélat ont s'attend à une ruée
colonnes extrêmes oc- fait des prodiges pour soustraire leur contre le secteur nord,
cupaient Amiens le 31. ville respective Ú la fureur destructive quand, à la surprise gé-
Cette ville, grâce à l'é- des hordes teutonnes, assurer la sécurité nérale, on apprend que
nergie de son maire de leurs habitants et la sauvegarde à l'armée de von Kluck,
septuagénaire, le séna- peu près intégrale de leurs biens. paraissant négliger la
teur Fiquet, s'en tira capitale, s'écoule dans
avec une forterançon. la direction Meaux-
»
Cependant « l'aile marchante allemande, Coulommiers-Provins. Signalons la noble
s'avançant rapidement, débouchait le 1er sep- conduite de l'évêque de Meaux, 1\1,r Mar-
tembre dans la forêt de Compiègne où, au beau, qui évita à sa ville le sort de Senlis.

La bataille de la Marne
LES FORCES ALLIÉES FONT BRUSQUEMENT FACE A L'ENNEMI, QUI SE CROYAIT
VICTORIEUX, PRENNENT UNE OFFENSIVE ÉNERGIQUE ET LE REPOUSSENT EN LUI
INFLIGEANT DE FORTES PERTES
L unbataille
A de la Marne marqua pour nous direction de Meaux-Coulommiers-Provins.

:
retour complet de fortune. Au
meurant, jamais victoire ne fut plus
méritée nous la dûmes aux géniales dispo-
sitions de notre haut commandement, à
de-

l'excellent moral, à l'élan de nos troupes et


L'armée de von Kluck avait évidemment
pour mission de continuer cette manœuvre
débordante qui lui avait été indiquée dès le
début des hostilités et dont le grand état-
major de Berlin se promettait, comme ré-
aussi — pourquoi ne pas le dire — aux fautes sultat certain, l'enveloppement à peu près
stratégiques et tactiques accumulées comme total des armées françaises.
à plaisir par un ennemi présomptueux, s'illu- Notre gauche, pliant sous le nombre, avait
sionnant sur la faiblessede l'adversaire. dû rétrograder depuis Charlcroi; mais de ce
Nous avons vu la droite allemande aban- fait, seules les deux armées de von Kluck et
donner ses cantonnements de l'Oise pour se de Bulow avaient été à même de réaliser des
diriger obliquement vers le sud-est, dans la progrès rapides; au centre, celle de Hansen
avait presque connu la défaite à Guise. et le dévouement du corps d'artillerie aidant,
Quant aux deux autres, celles du duc de elle suppléait en quelque sorte au manque
Wurtemberg et du kronprinz, elles avaient initial, d'ailleurs progressivement réparé, en
été considérablement retardées par le force- canons lourds de campagne.
ment de la Meuse, d'abord, par une série De plus, la veille même où s'engageait la
de combats meurtriers pour elles, dans la grande action, notre armée avait été sensi-
région de Rethel notamment; ensuite une blement renforcée par l'arrivée de troupes
partie des effectifs dont disposait le prince d'élite, retour d'Algérie et du Maroc. De
héritier restait d'ailleurs immobilisée devant même, le contingent anglais avait été forte-

CARTE MONTRANT LE RECUL DES TROUPES ENNEMIES APRÈS LA BATAILLE DE LA MARNE


Les lignes françaises sont en noir, les allemandes indiquées par des rectangleshachurés.
Verdun et les Hauts-de-Meuse, dont la con- ment augmenté. Enfin, nous non plus, dans
quête ne faisait pas de doute pour le fils du cette guerre dite scientifique, nous ne négli-
kaiser, alors que cette infranchissable mu- gions aucune des ressources capables d'aug-
raille allait précisément servir de pivot à menter le succès. A ce point de vue, nous ne
toutes nos manœuvres ultérieures. signalerons que l'emploi en masse de taxis-
Quant aux sixième et septième groupes autos pour transporter rapidement sur un
allemands, les armées du prince héritier de point du front les effectifs voulus.
Bavière et du général von Heeringen, elles Quand, le 6 septembre, le général Joffre
étaient incapables à ce moment d'apporter
le moindre secours aux autres, car pressées
par l'armée du général de Castelnau, elles
avaient déjà commencé à subir une série
:
ordonna 'l'offensive générale, notre dispo-

;
sitif était le suivant à notre droite, l'armée
Sarrail appuyée sur Verdun et les Hauts-
de-Meuse celle du général de Langle de Cary
de revers qui devaient encore s'accentuer occupait la région au sud de Vitry-le-Fran-
et leur faire perdre tout le terrain gagné par çois. Le général Foch tenait le secteur com-
elles dans la Lorraine et dans les Vosges pris entre le camp de Mailly et Sézanne; te
françaises, à la suite des surprises de Mo- général d'Esperey occupait un front allant
rhange et de Sarrebourg. de Sézanne au nord de Provins. L'armée
Depuis Charleroi nous avions fait des pro- britannique était campée au nord de Crécy-
grès énormes. Nos troupes, les hommes en- en-Brie; enfin, l'armée du général Maunoury,
core plus que les officiers, qui au début re- armée de Paris, opérait à l'extrême gauche.
cherchaient les exploits et les faits d'armes, Cette dernière, dès le 5 septembre, s'était
avaient fini par se plier aux nécessités de la avancée vers l'Ourcq et avait attaqué avec un
guerre moderne. Notre pièce de campagne, franc succès les flancs-gardes chargées de
notre admirable 75, gardait son indéniable couvrir le mouvement du gros de l'armée de
supériorité sur celle de l'ennemi, et la science von Kluck, qui commençait à lâcher pied.
Le second jour de bataille, le 7, la droite sous-Jouarre et Château-Thierry, mais c'est
allemande accentue son mouvement de re- aussi l'armée de Bulow, précédemment
traite et se replie derrière le Petit-Morin; battue à Esternay et à Montmirail, qui se
d'autre part, elle s'efforce, au prix de lourdes replie; c'est enfin la garde prussienne rejetée
pertes, de dénouer l'étreinte du côté de
l'Ourcq. Pendant ce temps des combats
acharnés, de caractère encore indécis, se
livrent entre Fère-Cliampenoise, Vitry-le-
:
derrière les marais de Saint-Gond, après
avoir en vain essayé de rompre notre centre.
Le 9, la retraite s'accentue c'est le centre
maintenant qui évacue Vitry-le-François

;
François et le sud de l'Argonne. Le troisième
jour de bataille, nouveau recul de la droite
allemande le quatrième, ce n'est plus seule-
ment l'armée von Kluck qui aura rétro-
gradé de soixante kilomètres, toujours ta-
et qui, épuisé, se montre incapable de résister
à Sermaize et à Revigny; d'autre part, les
troupes qui tenaient dans l'Argonne com-
mencent à battre en retraite, elles aussi.
Le 10, nous franchissons l'Aisne, à la suite
lonnée par les troupes anglo-françaises, qui de la droite allemande, ayant gagné cent
passent la Marne à sa suite, entre la Ferté- kilomètres en six jours de lutte opiniâtre.

La guerre de tranchées sur l'Aisne


PENDANT DE LONGUES SEMAINES, LES BELLIGÉRANTS VÉCURENT POUR AINSI
DIRE SOUS TERRE, ÉTENDANT SANS CESSE LEUR FRONT VERS LE NORD, CHACUN
D'EUX CHERCHANT A DÉBORDER L'AUTRE DANS CETTE DIRECTION
N oushuit jours
sommes au 14 septembre. Depuis
les armées allemandes, que
les promontoires qui dominent Reims, au
nord et à l'ouest, pour se souder aux côtes
le kaiser s'était flatté de jeter sur Paris, du promontoire boisé de l'Argonne.
sont pourchassées, l'épée dans les reins, par les C'est ici que la bête forcée va s'acculer
troupes,anglo-françaises. Elles ont quitté pour reprendre haleine. C'est à ce moment

MITRAILLEUSE ALLEMANDE ET SES SERVANTS ABRITÉS DANS UNE TRANCHÉE

les riches plaines de la Brie et de la Cham- que commence ce qu'on appelle la bataille
pagne; elles repassent précipitamment la de l'Aisne. Ce sera, quoique en rase cam-
Marne; elles remontent vers le Nord. pagne, une véritable guerre de siège. Les
Mais, brusquement, leur mouvement de Allemands, qui ont tout prévu, même l'échec
recul s'arrête. La horde germanique fait de leur attaque brusquée sur Paris, ont pré-
tête aux forces alliées. Elle a gagné les hau- paré, dès leur premier passage dans cette
teurs qui jalonnent le cours de l'Aisne et région, les terriers oii, maintenant, ils comp-
Reims et sa Cathédrale sous les obus
1 LS ont bombardé Reims et sa cathédrale! maîtres des forts démodés que nous avons
De la grande et riche cité champenoise, ils abandonnés autour de la place. Ils y instal-
n'ont laissé qu'un amas de ruines: à sa leront leurs monstrueux canons et puisque
merveilleuse basilique, témoin auguste de Reims n'a pu être la proie des armées du
notre histoire, joyau de notre art médiéval, kaiser, ils jurent de le détruire jusqu'à la
ils ont arraché toutes ses parures!
C'est le 3 septembre qu'ils arrivent à
dernière pierre par le feu de leurs pièces.
Le lendemain 14 septembre, en effet, les
Reims et, dès le lendemain, ils commencent premiers obus tombent sur la ville, et il en
à la canonner.Deux sera ainsi pendant
cents obus tombent des semaines et des
sur la ville tandis semaines. Le pre-
que l'intendant mier bombarde-
Zimmer dicte ses
réquisitions.
crient au guet-
s ment durera trente-
quatre jours sans
discontinuer. Du
apens, puis recon- fort de Nogent-
naissent leur odieu- l'Abbesse, à l'est,
se fourberie. Ils du fort de Brimont,
s'installent en maî- au nord, les Alle-
tres. Le quatrième mands s'acharne-
fils du kaiser, Au- ront à canonner la
guste-Wilhelm, un malheureuse cité,
docteur en sciences quin'enpeutmais.
historiques, daigne Le 19 septembre,
admirer la cathé- les premières bom-
drale. Un autre bes défoncent la
prince, Henri de toiture de la cathé-
Prusse,exige qu'elle drale, enflamment
serve d'asile à quel- la charpente qui la
ques-uns des in- supporte. Puis l'é-
nombrables blessés REIMS ET SES PRINCIPALES DÉFENSES chafaudage qui
qu'ils reçoivent des flanque la tour du
champs debataille de la Marne. Les Rémois Nord prend feu à son tour. Les flammes
contiennent leur indignation. gagnent les portes, lapaille qui a servi de
Le 12 septembre, à leur réveil, ils voient litière aux blessés. En quelques heures, la
les Allemands s'enfuir précipitamment, et basilique flambe du haut en bas. La lueur
le lendemain, ô joie, les premiers chasseurs sinistre éclaire toute la campagne environ-
à cheval pénétrer dans la ville. Le soir du nante. Les barbares qui la voient sont-ils sa-
même jour, aux portes de la ville, les Fran- tisfaits? Non. Ils continuent à détruire par
çais infligent à l'ennemi une défaite san- le fer ce que le feu n'a pu entamer et, les
glante. Ecrasés, les Allemands doivent aban- jours suivants, ils s'obstineront à crever les
donner Reims. Mais ils sont encore les magnifiques verrières, à pulvériser les fines
LA DIRECTION DU FEU ENNEMI SUR LA CATHÉDRALE DE REIMS

LE nT T.A^OI.RT - DEUX COINS DE L'ANTIQUE BASILTQUE APRÈS LE BOMBARDEMENT


d'être consacré à l'égal de celui d'un vaillant A l'exemple de leur maire, les Rémois
capitaine. Le docteur Langlet fut d'abord opposèrent à la ruine, à la mort menaçante,
cité à l'ordre du jour, puis, le 8 novembre,
M. Viviani lui apportait la croix des braves. :
une inébranlable confiance. La France doit
vaincre Reims peut attendre sa résurrection !

Soissons, Lunéville et Nancy


SOISSONS, ville ouverte, n'ayant qu'une d'un bombardement intensif et meurtrier.
faible garnison, pouvait, semble-t-il, Auparavant, il lui faudra déjà connaître
espérer qu'elle serait épargnée. Mais on les rançonnements et les exactions d'un
sait ce que les lois de la guerre pèsent dans ennemi cupide. Les torrents d'hommes qui

LE PONT SAINT-WAAST, A SOISSONS, DÉTRUIT PAR LES ALLEMANDS DANS LEUR RETRAITE

:
la conscience des armées du kaiser le poids
d'un « chiffon de papier ». Après Louvain,
s'écoulent vers Paris traversent cette riche
et paisible sous-préfecture. Ils se croient
après Malines, en même temps que Reims, déjà vainqueurs et ils 1e font bien voir.
Soissons va subir toutes les horreurs Le Il septembre, enfin, leur rêve insensé

MAISON ANÉANTIE PAR LES OBUS PRÈS DE LA GARE DE LUNÉVILLE


s'effondre. Mais ils s'éloignent la rage au Ce cauchemar dure vingt et un jours,
cœur et, après avoir dynamité les deux pendant lesquels trois hommes, le maire,
ponts qui, par-dessus l'Aisne relient l'agglo- M. Keller, le sous-préfet, M. Minier, et le
mération au faubourg Saint-Waast et à la député, M. Méquillet, résistent pied à pied
route de Laon, ils vont se poster de l'autre aux envahisseurs et maintiennent l'ordre et
côté de la rivière. Là, dans les carrières de la confiance parmi leurs concitoyens.
Pasly, ils sont chez eux. Depuis des années, Le 12 septembre, les Allemands quittent
ils les ont achetées. Ils ont pu y établir des Lunéville. Ils ne doivent plus y reparaître.
plateformes pour leurs grosses pièces. Le kaiser voulait Nancy à tout prix; il
Avant que nous ar- n'eut à payer cher
rivions à les en délo- que sa déconvenue.
ger, ils auront pu dé- Dès le 4 août, trois
truire la moitié de la armées allemandes se
ville,découronner mettent en marche
St- Jean des Vignes,
- -
la curieuse abbaye du
vers la capitale de la
Lorraine. Les deux
XIIIe siècle, de l'une premières se rejoi-
de ses flèches,démolir gnent à Lunéville vers
la chapelle des œuvres le 25 août. La troi-
de la cathédrale,éven- sième atteint, le 6 sep-
trer le séminaire, l'hô- tembre, Cercueil, un
pital, la caserne, ané- village à neuf kilomè-
antir des rues entiè- tres de Nancy. Il ne
res. Pourtant l'âme reste plus qu'à empor-
de Soissons, le courage ter le plateau d'A-
de ses habitants res- mance, la seule dé-
tèrent intacts. fense de la ville. Le
Trois semaines succès lui paraît si
après la déclaration certain que le kaiser
de la guerre, le 22 vient assister à cette
août,Lunéville tombe dernière bataille, prêt
entre les mains des Al- à faire son entrée
lemands. Est-ce pour triomphale sur la
se donner le change place Stanislas. La ju-
à eux-mêmes qu'ils
traitent cette ville ou-
verte comme une
:
melle à la main, voici
ce qu'il distingue son
infanterie culbutée
place forte qui leur dans le bois de Cham-
aurait longtemps ré- penoux, par une
sisté? Est-ce l'enivre-
ment d'un premier
succès? Toujours est-
A Nancy, un obus a pénétré dans la
protestante, rue Sainte-Anne.
chapelle
;
charge à la baïon-
nette son artillerie
démolie par nos irré-
il qu'ils s'abandonnent à leurs instincts d'in- sistibles 75. Fou de rage, il s'enfuit.
cendiaires et de bandits. Sous le prétexte Mais il punira Nancy de lui avoir échappé.
mensonger que des habitants auraient tiré Dans la nuit du 9 au 10 septembre, deux
sur des voitures d'ambulance, ils imposent obusiers de 135 s'installent à Cercueil et
!
à la ville une rançon de 600.000 francs en or bombardent la ville. Mais notre artillerie
et de 50.000 francs en argent En quelques survient enfin et fait taire les pièces enne-
heures, cette somme énorme est recueillie. mies. Depuis, Nancy est restée inviolée.

L'héroïque défense du fort de Troyon


L Efort de Troyon fait partie de la ligne
de défense qui, le longde laMeuse,relie
la position de Verdun à celle de Toul.
gonne. La garnison, 450 hommes d'artillerie
et d'infanterie, les attend de pied ferme.
Les Allemands ont amené leurs gros obu-
C'est un des blocs de cette puissante « digue siers. Un ouragan de fer s'abat sur le fort.
»
du Nord qui protège les plaines de la Cham- Un projectile de 210, « une grosse marmite »
pagne et de l'Ile-de-France contre le flot tombe sur la casemate centrale. Elle était
d'une invasion germanique. pleine de mélinite. Elle saute, et avec elle
C'est à Troyon que, le 8 septembre, les plusieurs pièces de 120 et de 90. N'importe,
Allemands tentent de percer cette muraille. avec celles qui restent, la garnison peut
Il leur faut aller dégager l'armée du kron- tenir quelques jours encore. Elle tient.
prinz qui, après la défaite de la Marne, se L'attaque cesse. Elle reprend dans la nuit
trouve empêtrée dans les massifs de l'Ar- du 8 au 9 septembre et dans la nuit suivante.
Cette fois, les Allemands tentent de prendre avoir réduit le fort au silence, il ordonne qu'on
le fort à l'assaut. Leur élan vient se briser mette le feu à deux voitures de paille qui
devant les défenses que la garnison a accu- sont restées dans une cour. Les Allemands,
mulées au pied des gla- croyant que tous les
cis, défenses consistant bâtiments flambent,
principalement en ré-
seaux de fils de fer
barbelés et en abatis
d'arbres. Alors, ils font
,
poussent des cris de
victoire. Ils s'appro-
chent complètement
découverts. Nos mi-
trailleuses et nos
appel à des renforts, et,
le 11 septembre, des co- canons se démasquent
lonnes serrées s'avan- brusquement et les as-
cent vers Troyon, tam- pergent littéralement
bours et fifres en tête, de projectiles variés.
comme à la parade. Surpris par ce déluge
Leurs rangs s'écrou- de fer, les ennemis
lent les uns après les s'enfuient en désordre,
autres, fauchés par le épouvantés, abandon-
feu de nos canons. Une nant leurs armes et
fois de plus, les assail- leurs munitions.
lants doivent aban- Ils laissaient 7.000
donner la partie, lais- cadavres sur le ter-
sant sur le terrain des rain; nous, nous ne
monceauxde cadavres. comptions que quatre
Cependant, ils ne se dé- morts et quarante
couragent pas. Le len- blessés. Le lendemain
demain, ils amènent même, le fort de
une batterie d'obusiers Troyon était complè-
sur la crête d'Ambly. tement dégagé par
La situation devient l'armée française, et le
critique lorsqu'une général Foch adressait
batterie française de ses chaleureuses félici-
75 arrive, prend les Carte montrant la situation du fort de Troyon, tations au comman-
pièces ennemies en entre Saint-Mihiel et la place de Verdun. dant et à sa petite
écharpe, et les fait troupe de héros.
taire. Enfin, le 13, les Allemands tentent un La défense de ce fort - peut être consi-
dernier effort. Le commandant du fort use dérée comme l'un des plus glorieux faits
alors d'un stratagème. Il fait cesser le feu, et, d'armes de la campagne de 1914 et elle
pour achever l'erreur de l'ennemi, qui croit méritait bien d'être racontée en détail.

Le théâtre principal de la lutte


s'éloigne de plus en plus vers le Nord
DES CONFINS DU DÉPARTEMENT DE L'OISE, IL GAGNE LA SOMME, LE PAS-DE-
CALAIS ET LE DÉPARTEMENT DU NORD, OU LA BATAILLE PREND UN
CARACTÈRE DE RARE VIOLENCE
FINmand
septembre, l'état-major général
doit reconnaître l'échec de
alle-
sa
aux environs d'Arras, et enfin les Flandres,
depuis la Bassée jusqu'à Nieuport, en pas-
stratégie. Il lui faut se laisser manœu- sant par Armentières, Ypres et Dixmude.
vrer et, loin de nous imposer son plan d'opé- Dans cette partie du champ de bataille, ce
rations, il se trouve dans l'obligation de ré- ne sera plus, comme elle continuera de l'être
pondre à nos menaces d'enveloppement de
son aile droite par le mouvement parallèle
dont nous avons parlé plus haut.
;
sur l'Aisne et en Champagne, la guerre de
siège ce sera la lutte enterrain libre, celle
qui convient le mieux à la bravoure de nos
Une nouvelle phase de la lutte commence. soldats. On va se battre avec acharnement,
Ce sera, si l'on veut, ce qu'on pourrait appe- à découvert. On va se disputer les villages
ler les sous-batailles de l'Aisne. Elles se dé- et les villes maison par maison. La cavalerie
rouleront suivant une ligne à peu près per- va se déployer dans ces plaines du Nord, bien
pendiculaire à la précédente et qui, partie du que coupées de ruisseaux nombreux et plan-
confluent de l'Oise et de l'Aisne, gagnera tées de houblonnières très gênantes.
d'abord la Picardie, dans la région de Las- Tout d'abord, l'ennemi s'acharnera à
signy-Roye, Chaulnes et Albert, puis l'Artois, Roye, pour trouer l'angle de l'équerre que
présente la ligne de bataille. Ses efforts dé- Albert a déjà supporté, durant dix-huit
sespérés se traduiront par des sacrifices jours, les douleurs de l'occupation. La pru-
énormes sans lui valoir aucun avantage. dence et la fermeté de son maire, M. Leturcq,
Alors, il remontera vers Arras, où son offen- l'ont préservée de la colère des ennemis.
sive échouera encore contre la
résistance de nos lignes. Il es-
saiera en même temps d'empê-
;
Nos troupes reviennent victo-
rieuses elle croit ses angoisses
finies, lorsque le 28 septembre,
cher l'armée belge échappée dans l'après-midi, commence
la
d'Anvers de tendre main aux
alliés. Toutes ces manœuvres
l'épouvantable bombardement.
Il dure trois jours, pendant
désordonnées,tous ces combats lesquels des centaines d'obus
où il enverra le meilleur de ses à la mélinite et de bombes in-
forces à une mort certaine ne cendiaires s'abattent sur les
pourront faire qu'à la fin d'oc- plus riches quartiers, sur les
tobre nous ne soyons revenus monuments, sur les manufac-
en Belgique, d'où deux mois tures. Une fois de plus, systé-
Mais, hélas !
plus tôt il nous avait refoulés.
de combien de
villes détruites, de villages ra-
matiquement, les Barbares dé-
truiront ce qui constituait la
beauté et la richesse d'une
vagés dûmes-nous payer encore ville française. La célèbre ba-
cette longue série de succès. silique Notre-Dame-de-Breviè-
En tête de ce nouveau cha- res restera debout, mais non
pitre des crimes de la «kultur » intacte, et deux usines seu-
allemande, nous inscrirons Al- M. LETURCQ lement échapperont à la fu-
bert; Albert, l'active et indus- Maire d'Albert. reur destructrice des soldats
trieuse cité de la Somme, à qui du «pacifique empereur».
les Allemands ont fait expier, comme à Albert se relèvera de ses ruines, mais ja-
Reims, comme à Soissons, leur rage de mais l'Allemagne ne fera oublier ce nouveau
n'avoir pu la garder parmi leurs conquêtes. forfait, et l'Histoire dira tout ce qu'il y eut
Et pourtant, après la bataille de Charleroi, de lâche et d'odieux dans sa conduite.

Arras subit un effroyable bombardement


A Arras comme à Reims, vandales mo-
les
dernes rencontrèrent un monument
l'Aisne, il leur faut, à eux, sortir d'Arras; il
leur faut abandonner ces orgies où ils se vau-
L chargé d'art et de traditions. L'hôtel traient pour se terrer dans des trous humides
de ville de la cité artésienne et froids. Arras leur revaudra
n'offusqua pas moins leur cela. Ils attendront un mois s'il
»
«culture que la cathédrale de le faut, au pied de leurs canons,
la ville des sacres. Ils n'eurent mais ils auront leur vengeance.
de répit et de satisfaction C'est le 6 octobre que le bom-
qu'après les avoir, l'un et l'au- bardement commence. Leurs
,
tre cruellement martyrisés.
C'est au commencement de
howitzers sont placés à trois
kilomètres de la ville. Ils cra-
septembre, après Charleroi, que chent sur elle une pluie de fer
les Allemands arrivent dans et de feu et, tout aussitôt, leurs
Arras. Ils sont confiants dans pointeurs visent le haut et fier
l'issue de la bataille qui, sans beffroi, l'orgueil d'Arras, qui
eux, s'engage à ce moment aux dresse, à 75 mètres, le lion doré
portes de Paris. Aussi, selon des ducs de Bourgogne. Mais,
leur habitude, se bornent-ils à ce jour-là, la vieille tour nargue
faire peser sur la population de ses ennemis. Les obus l'effleu-
lourdes réquisitions, à piller rent, aucun ne la touche. Ils
les maisons abandonnées, à tombent sur l'hôtel de ville, ils
souiller d'ordures le drapeau et tombent sur la Petite-Place et
le buste de Napoléon qui dé- M.BRIENS la Grand'Place qui l'entourent,
corent la salle d'honneur de Préfet du Pas-de-Calais. et c'est le cœur d'Arras même
la citadelle. Cette ville et ses qui est écartelé. Ces deux pla-
inestimables trésors d'architecture leur ap- ces et cet hôtel de ville étaient l'un des plus
partiennent, leur resteront toujours, pensent- purs spécimens que nous ayons gardé de
ils ; pourquoi les détérioreraient-ils? l'art hispano-allemand. La barbarie tudesque
Mais lorsque la rude poussée de Joffre a est en train de les détruire. Lorsque le sur-
fait reculer les autres jusqu'aux bords de lendemain les Arrageois sortent des caves
où ils se sont réfugiés, ils courent aussitôt nier effort, celui qui couronnera leur forfait.
;
à la Petite-Place. Un cri d'horreur s'échappe
de leur gorge des larmes de colère mouillent
leurs yeux. Seul, le beffroi reste debout. L'hô-
Le beffroi reste toujours debout. Ils l'abat-
tront. Des « Tauben » viennent repérer soi-
gneusement la place, et le 23 octobre, les
:
tel de ville auquel il s'accote n'est plus qu'une
;
vision d'horreur son toit immense, à trois
étages de lucarnes, s'est écroulé les sculptures
artilleurs de l'empereur des vandales com-
mencent à le prendre pour cible. Deux
heures durant, ils s'acharnèrent contre lui.
;
de ses façades sud-ouest et nord ont été
comme rabotées la façade est a perdu sa belle
loggia, ses délicates fenêtres ogivales, ses
Enfin, à onze heures moins six exactement,
la vieille tour s'écroule tout d'une pièce. Le
crime est consommé. Non, pas encore. La
Grand'Place n'a encore que peu souffert.
rosaces menuisées. Ce n'est plus qu'une
lèpre hideuse.Sur la Petite et la Grand'Place, Il faut, elle aussi, qu'elle disparaisse, et en-
les maisons à pignons et à galeries se sont core la rue Aubert, où se pressent les riches
écroulées. La rue Saint-Géry n'est plus qu'un magasins, la vieille porte fortifiée. La cathé-
amas de décombres. Tous les édifices ont été drale est plus résistante, mais la maison des
touchés. La préfecture, que M. Briens, préfet vieillards leur permettra d'accumuler, avec
du Pas-de-Calais, avec un calme courage,
;
persiste à habiter, a eu son toit défoncé la
cathédrale, ses voûtes crevées en deux en-
plus de certitude, les ruines et les morts.
Cette fois, les Barbares ont parachevé leur
œuvre. Arras n'est plus qu'un cimetière,
droits. Les hôpitaux mêmes n'ont pas été une Pompéi plus farouche. Les habitants
épargnés. A Saint-Jean, un obus est tombé fuient cette horreur et cette dévastation. Ils
tandis qu'on descendait les blessés dans les vont dans les campagnes environnantes
caves. Il a tué un blessé et deux religieuses. attendre que se dénoue la lutte épique qui
Puis, peu à peu, la rafale s'apaise. Vers le depuis plus d'un mois a fait de leur chère
16 octobre, les bourreaux d'Arras se reposent. cité l'enjeu de la victoire. Et le préfet stoï-
Il leur faut reprendre haleine pour le der- que restait toujours à son poste.

Maubeuge succombe glorieusement


s UR tout le développement de notre
: fron-
tière du nord, une seule forteresse veille,
sentinelle avancée de la France c'est
fraction de l'armée du kronprinz s'arrête
;
devant Maubeuge. Dans la ville, la popula-
tion a obéi aux ordres du gouverneur toutes
Maubeuge. Ses forts modernes lui permettent
à elle seule, sinon de résister longuement à
la formidable machine de guerre qui s'a-
vance, du moins de retarder sa marche.
C'est le 24 août. La ligne des alliés vient
sidérable, a reçu sa consigne :
les bouehes inutiles ont été renvoyées. La
garnison, qui est assez forte sans être con-
tenir le
plus longtemps qu'il sera possible. Elle at-
tend le choc; il est tout de suite formidable.
d'être rompue de Mons à Charleroi. Une Les Allemands ont amené les monstrueux

LES EFFETS DE L'ARTILLERIE DE SIÈGE ENNEMIE SUR UNE COUPOLE DE L'UN DES FORTS
DU CAMP RETRANCHÉ DE MAUBEUGE
;
obusiers autrichiens des plates-formes bé-
tonnées les attendent, depuis quatre ans,
silence, la dernière redoute démantelée, la
garnison de Maubeuge dépose les armes.
Et tandis que l'héroïque phalange s'éloi-
sur les plateaux voisins. La partie n'est pas
égale. N'importe, nos artilleurs, nos fan- gne sur la route de l'exil, là-bas, sur les bords
tassins resteront quinze jours sous leurs cou- de la Marne et de l'Ourcq, ses frères d'armes
poles ébranlées, puis disloquées. L'arsenal ont brisé l'élan de l'envahisseur; ils commen-
saute, on se réfugie dans les casemates encore cent à lui reprendre, lambeaux par lam-
intactes. Enfin, le 7 septembre, après quinze beaux, le sol sacré de leur patrie, en le re-
jours de siège, le dernier canon réduit au poussant jusque sur les rives de l'Aisne.

Lille occupée deux fois par l'ennemi


L ILLE, la capitale de la Flandre française,
le centred e notre activité industrielle
« excellence ». Ce mot trouble le soudard.
Le préfet est sauvé, mais il était temps !
f
dans le nord, le nœud d'importantes Le lendemain, un colonel prend la direc-
voies ferrées, ne pouvait manquer de tenter tion des troupes. Pendant les quatre jours
la cupidité des hordes germaniques. qu'elles séjourneront, elles se contenteront
Dès la fin août, dès qu'ils sont les maîtres de célébrer par des beuveries les victoires
des routes qui con- germaniques. Les
duisent de Belgique M.TRÉPONT M. DELESALLE Lillois et tous leurs
en France, ils ac- Préfet du Nord. Maire de Lille. biens seront — on
courent vers Lille. a de la peine à le
Selon leur habi- croire — respectés.
tude, le31 août, ils Un mois se passe.
font annoncer leur La fortune des ar-
arrivée par un lieu- mes a tourné. Me-
tenant de hussards, nacés d'enveloppe-
un certain von Op- ment, les Alle-
pel qui, comme par mands compren-
hasard, avant la nent qu'il leur faut
guerre, menait à la ressaisir Lille pour
Garenne, aux por- conserver leurs
tes de Paris, l'exis- communications.
tence ouverte d'un Une première
placide représen- fois, le 4 octobre,
tant en lampes ils tenteront une
électriques, mais double surprise.
cachait son vilain D'uncôté,un train
rôle d'espion.Notre blindé amène trois
homme revint le 2 cents uhlans jus-
septembre, cavalcadant à la tête qu'aux approches de la gare.
de quinze cents hommes. En Nos territoriaux les accueillent
conquérant, il prend possession à coups de fusil. Les uhlans re-
de la mairie, où ses allures de broussent chemin et, pour se
lansquenet ne parviennent pas venger, incendient Fives. De
à troubler la froide énergie de l'autre côté, trois mille hommes
l'honorable maire, M. Delesalle. débouchent du boulevard Rou-
Puis il se précipite à la pré- baix-Tourcoing. Trois cents chas-
fecture, fait irruption dans l'ap- seurs à pied énergiques suffisent
partement du préfet M. Trépont, à lesmettre en fuite.
qu'il saisit à la gorge et pousse Alors, puisqu'il leur faut Lille,
contre le mur. Il lui reproche ils recourront à leur suprême,
d'avoir continué à opérer la à leur irrésistible ressource. Ils

hommes;
mobilisation. Il va le faire fu-
siller. Déjà il a appelé quatre
les fusils se sont cou-
chés. Le préfet, impassible, at-
tend l'ordre. Un témoin
LE LIEUTENANT
VON OPPEL
la bombarderont. Pendant trois
longs jours, presque sans répit,
ils feront pleuvoir sur la ville,
l'ouragan de fer et de feu qui les
de la scène, M. Pi- a déjà rendus maîtres de Louvain, d'An-
quet, professeur d'allemand à l'Université, vers, de Reims. Les plus riches quartiers,
intervient. Il remontre au farouche von les rues Faidherbe, Nationale, Léon-Gam-
Oppel qu'il va commettre une « gaffe » betta, la Grand'place, le musée des Beaux-
irréparable, en fusillant un préfet, une Arts, l'église Saint-Maurice seront dévastés
par le fer et par le feu. Puis, cette « prépa- l'opulente cité, doit subir l'ignoble violence.
»
ration terminée, ils lanceront trente mille
hommes sur cette ville ouverte que garde
Pour la seconde fois elle devient la proie des
Barbares. D'après des renseignements dignes
une poignée de territoriaux. Lille, la grande, de foi, ils s'y conduisent assez humainement.
-

Les combats au nord de la France


L vement
prise de Lille coïncide avec
A mou-le
dessiné par l'ennemi pour ré-
combat de rues. Les Allemands se retran-
chent à l'intérieur des maisons. Pour les en
pondre, ainsi que nous le signalons dans déloger, il faut abattre des villages à coups
un précédent chapitre, a la continuelle ex- de canon. Cependant, malgré cette résis-
tension de notre ligne vers la mer du Nord. tance, nous réussissons d'abord à maintenir
Mais, si rapide qu'ait été sa contre-manœu- nos positions puis à gagner du terrain entre
vre, elle ne peut nous empêcher de tendre la
main à no salliés anglais et belges et d'ap- Fleurbaix, et a
Armentières et Lille, où nous occupons
nord de la Bassée, où nous

LA RÉGION COMPRISE ENTRE SAINT-OMER ET LILLE

puyer l'extrémité de notre aile gauche au enlevons Fromelles, puis au sud, où nous
rivage même de la mer du Nord. nous emparons de Givenchy. -
Alors, se voyant impuissants à nous tour- Dans les derniers jours d'octobre, une
ner, les Allemands vont tenter de nous accalmie se produit sur cette partie denotre
percer. Le premier contact aura lieu le aile gauche. Les Allemands ont porté leur
Il octobre, dans la région de Bailleul. Ce effort sur l'Yser, entre Nieuport et Dixmude.
sont les Anglais qui le subissent et le re- Mais. lorsqu'à la mi-novembre ils voient
poussent. L'ennemi leur abandonne la rive toutes leurs tentatives brisées pour gagner
gauche de la Lys, et le 18, nos alliés repren- par cette voie Dunkerque et Calais, ils se
nent Armentières. Les jours qui suivent, rejettent sur la Lys. Ils nous y retrouvent
l'action s'étend vers le sud. Les forces avec nos vaillants amis anglais, et d'Armen-
franco-anglaises rencontrent une forte oppo- tières à la Bassée, leurs attaques furieuses
sition dans la région de la Bassée. C'est un se brisent toujours contre un mur d'airain.
LA GUERRE DANS LES AIRS
L'aéronautique
-
-

puissant auxiliairedes armées combattantes


D ANS les premiers jours de novembre,
alors que la bataille faisait rage dans
!f
Oui et non Nos pilotes, militaires et civils
étaient convaincus, ardents, intrépides et
les Flandres, Maurice Farman, le ré-
puté constructeur d'aéroplanes, me disait : ;
maîtres en leur art les appareils étaient bons,
mais, je le répète, on ne croyait guère en
« Au début de la guerre, personne, dans haut lieu à l'aviation: Et notre cinquième
l'armée, n'y croyait. Un mois après, on arme, qui avait reçu, voici bientôttroisans,
s'aperçut qu'il existait. Aujourd'hui, l'état- une bonne impulsionavec le général Roques
major déclare qu'il est indispensable. »
Et,_en fait, l'avion se sera montré, au - tombé des premiers au champ d'honneur
— fut, par suite, un peu trop. administrâ-

L'AVIATEUR POPULAIRE VÉDRINES, LE HÉROS DE PARIS-MADRID,


RENDANT COMPTE A SON CAPITAINE DES RÉSULTATS D'UNE RECONNAISSANCE AÉRIENNE

cours de cette terrible guerre, le plus pré- !


tivement conduite Mais il nous est agréable
:
cieux auxiliaire de nos généraux. C'est bien
simple d'ailleurs il a presque complètement
remplacé et supplanté nos vieux éclaireurs.
Au moment où j'écris ces lignes, une bonne
de revoir à sa tête le général Hirschauer.
Déjà,comme,colonel, cet officier éminent
avait fait preuve de toutes les qualités
requises. Le général Hirschauer croyait en
partie de la cavalerie française lâche le che- l'aviation. Et c'est là la vertu primordiale
val, prend le fusil, et rentre dans la ligne,
- !
toujours la reine des batailles
Notre aéronautique militaire était-elle
nécessaire pour mener une chose à bien.
Enfin, l'homme « connaît son métier », il
est de la partie, s'il est permis de s'exprimer
prête lorsque la mobilisation fut ordonnée? ainsi et. on ne lui en conte pas !
QUELQUES TYPES DE DIRIGEABLES FRANÇAIS
Notre flotte aérienne, dont il n'a jamais été parlé dans les communiqués officiels, semble avoir
accompli de bonne besogne.
Ce « chef » ainsiduprésenté, passons rapide-
matériel. Rapidement
cieux pour le réglage du tir. On connaît la
ment la revue manœuvre. Un officier monte à bord de la
et discrètement, on le comprendra. Ce n'est nacelle armé d'une puissante jumelle et
pas le moment, en effet, d'un appareil télépho-
d'étaler au grand jour nique relié au chef de
le nombre et les qualités batterie. La longue-vue
de nos effectifs aériens. lui permet de suivre l'o-
D'ailleurs la censure ne
nous le permettrait pas.
En ce qui touche nos
;
bus dans sa chute sur le
but ennemi le téléphone
a crié au pointeur «trop
dirigeables, nous nepen- long», « trop court »,
sons pas trahir les secrets « un peu à
droite», « un
de la défense nationale peu à gauche ». Grâce à
en avouant notre infé- l'observateur du captif,
riorité vis-à-visde l'Alle- un tir est habituellement
magne. Aussi bien, d'ail- réglé en trois ou quatre
leurs, cet aveu ne peut coups, pas davantage.
être pénible. Si, en effet, Quelques-uns de ces
la campagne de 1914-15 aérostiers - observateurs
paraît devoir être le se sont conduits en véri-
triomphe du «plus lourd tables héros. On a notam-
que l'air », elle semble ment rendu hommage à
bien aussi marquer une la vaillance et au sang-
déchéance assez sensible froid du sergent Tourtay
du « plus léger ». qui, dans la plaine située
Est-ce à dire que nos à l'ouest d'Uesten (Bel-
grands croiseurs aériens gique), demeura dans sa
aient été inutiles? Non nacelle pendant toute
!
pas Nous savons à leur
actif quelques beaux ex-
une journée, ne cessant
pas de signaler les mou-
ploits. reconnaissances vements et les nouvelles
audacieuses et destruc- positions de l'artillerie
GÉNÉRAL
tion de ponts et voies LE HIRSCHAUER ennemie malgré les"tau-
stratégiques, effectuées à Directeur des services acronautiques ben" qui ronflaient au-
la faveur de nuits calmes. de l'armée française. dessus de sa tête, les
L'Adjudant- Vincenot, canonnades et les feux
le Montgolfier, le Fleurus et l'éclaireur Conté desalve, qui, d'en bas, étaient dirigés vers
rivalisent dans l'Est et dans le Nord. Il nous lui. C'est miracle qu'il n'ait point été tué.
faut malheureusement porer commetombée
:
au champ d'honneur, aux environs de Reims,
une de nos belles unités le Dupuy-de-Lôme.
NOS AÉROPLANES
Deux types d'avions se disputaient, avant
Encore ce dirigeable fut-il la victime d'un les hostilités, la faveur des armées euro-
déplorable acci-
dent survenu pen-
péennes
le
:le biplan,
monop..n.L'un
dant qu'il exécu- et l'autre avaient
tait une mission, leurs partisans. Le
accident dont la monoplan se tar-
responsabilité a en guait de sa rapi-
vain été recher- dité et onle voyait
chée, mais qu'on très bien comme
finira bien par dé- éclaireur. Le bi-
couvrir un jour. plan affirmait que
Le ballon sphé- ses qualités de vi-
rique, retenu cap-
tif, n'est pas sans
à
tesse étaient peu
près semblables et
rendre de grands qu'en outre, il pou-
services à notre
armée. Certes, l'a-
vion lui est préfé-
rable et préféré,
;
vait enlever une
çharge bien plus
considérable aussi
on en parlait com-
mais le vieux cap- me d'un sérieux
tif fait encore par- engin de combat.
tie du matériel. A cette époque,
Bien placé, unpeu il était difficile de
à l'arrière d'une MITRAILLEUSEINSTALLÉE ABORD D'UN AÉROPLANE départager les
il
batterie, est pré- POUR DONNER LA CHASSE AUX TAUBEN deux adversaires
et nous n'avions comme ligne que
les prouesses sportives réalisées.
A bord d'un monoplan, les
Garros, les Brindejone des Mou-
linais avaient franchi les mers et
volé au-dessus de l'Europe à de
fantastiques allures. Mais, sur un
biplan, un Fourny avait tourné
sur des aérodromes, du lever au
coucher du soleil, aux plus longs
jours d'été, sans reprendre terre,
sans se ravitailler, emportant en MONOPLAN DEPERDUSSIN
essence, en huile, des centaines
de kilos de charge — cela à la
vitesse d'un train rapide. Enfin, les défen- la guerre, portent surtout sur des biplans.
:
seurs du biplan sortaient cet ultime argu-
ment, juste d'ailleurs le champ de visibilité
Parmi les appareils choisis, les Farmans
et les Voisins ont déjà faitleurs preuves.
Ces appareils emportent aisé-
ment un pilote, un observa-
teur, une mitrailleuse légère et
deux cents kilos de bombes,
de munitions ou de fléchettes.
L'observateur ou le mitrail-
leur, placé ici très en avant,
en dehors des plans, dispose
d'un champ de vue incompa-
rablement plus étendu que son
collègue en monoplan, lequel est
gêné, à droite et à gauche de
l'appareil, par les ailes, à l'avant
MONOPLAN BLÉRIOT
par la rotation de l'hélice.
Un monoplan toutefois, le
de l'observateur est beaucoup plus grand Morane-Saulnier parasol, a obvié a ces in-
dans cet appareil qu'à bord d'un monoplan. convénients. Là, le pilote et l'observateur se
La cause en était là le 2 août etnos ar- placent dans un siège pendulaire, sous les
mees partirent en campagne avec
un nombre à peu près égal
d'avions des deux types.
Depuis, monoplans et biplans,
hâtons-nous de le dire, n'ont
cessé de se couvrir de gloire.
Un communiqué officiel nous
a appris qu'ils furent « l'œil
aérien de notre artillerie, le plus
précieux, le plus efficace collabo-
rateur de l'incomparable 75 ».
Mais, direz-vous, la supériorité
de l'un ou de l'autre type d'ap-
pareils a-t-elle été établie? Peut- MONOPLAN-TORPILLE RUBY
être est-il un peu tôt encore pour
:
juger sans appel, mais il est permis de cons-
tater ceci à.l'actif de l'avion lourd les com-
mandes actuelles, urgentes à livrer pendant.
ailes. La liberté d'observation est ainsi
complète. Nos biplans français possèdent
sur les biplans allemands un gros avantage :
ils ont leur hélice à l'arrière.
Cette disposition est très im-
portante pour un avion de
combat. L'hélice à l'avant,
adoptée par les constructeurs
allemands, est une gêne consi-
dérable pour le tir de la mi-
trailleuse. Nos ennemis s'en
sont rendu compte un peu tard.
On peut même s'étonner
qu'ayant si patiemment et si
soigneusement préparé la guerre,
MONOPLAN NIEUPORT - ils n'aient point prévu cet in-
BIPLAN MAURICE FARMAN BIPLAN DES FRÈRES CAUDRON

convénient pour leurs escadrilles aériennes. En août, en septembre, alors que nous nous
Les officiers aviateurs allemands faits pri- organisions, quelques-uns de ces maudits
sonniers reconnaissentce désavantage. Pour- appareils vinrent jusqu'au zénith de Paris.
tant ils avaient assez, ces dernières années, Mais ces temps sont révolus. Depuis octobre,
copié, mensuré, photographié les appareils la capitale est débarrassée de ce souci. Cela
exposés au Grand-Palais des Champs-Ely- coïncida d'ailleurs avec le retour à la tête
-
sées, lors dessalons de l'aéronautique ! de nos services militaires d'aviation du gé-
En avons-nous rencontré alors de ces
grands garçons blonds, en pardessus jaunes
ou kaki, portant souvent lunettes et qui, dès
l'ouverture des
portes de l'Ex-
Moulineaux;
néral Hirschauer. Au début de la guerre, nos
escadrilles de chasse se tenaient à Issy-les-
c'était trop loin, trop à l'ouest
de Paris. De-
puis, un camp
position, dé- d'aviation a
ambulaient de été organisé
stand en stand. entre Compiè-
L'après - midi,
ilyavaittrop gne et. labar-
rière. Le com-
de monde à mandant Gi-
leur gré, on ne rod, député du
les apercevait Doubs, le di-
pas.Sans dou- rige. Et il y a
te ils remplis- là quelques-
saient ailleurs BIPLAN CONSTRUIT A CHALAIS-MEUDON uns de nos ai-
leur mission glons qui sa-
d'espionnage, Cet appareil militaire est muni de deux moteurs accouplés
et
actionnant deux hélices; il est blindé aimé- d'une mitrailleuse. ventsibien
repérant les regarder le «pi-
bons endroits
où, plus tard, leurs « tauben », oiseaux si- mand en face,
»
geon alle-
que celui-ci s'enfuit à tire
nistres, viendraient jeter des bombes. d'ailes, dès qu'il aperçoit, ses serres ouvertes,
Cela d'ailleurs neles servit que bien peu. le rapace-français prêt à fondre sur lui.

L'escadrille aérienne de l'Angleterre


L ANGLETERRE, notre chère alliée, si fière,
si orgueilleuse à bon droit de sa flotte,
reurs. Une forte unité, construite en France,
par la maison Astra, est également en la pos-
rêvait aussi d'une escadre aérienne im- session de nos voisins. Ce dirigeable a même
battable. La guerre est venue la surprendre réalisé une vitesse de 82 km à l'heure.
en pleins préparatifs, en pleine organisation. Voici, au surplus, l'état des dirigeables
Mais, déjà, son escadrille aérienne n'est anglais en service au début de la guerre,
pas à dédaigner. A l'exemple des autres état dressé par le Naval annual.
nations, l'Angleterre n'a pas encore choisi, N° 4. — Aéronat construit en France,
à titre définitif, entre le plus léger et le plus cubant 10.000 me. Moteurs réalisant une
lourd que l'air. Elle utilise l'un et l'autre. force de 360 chevaux. Ce dirigeable a donné
Comme dirigeables, elle possède des types aux essais 68 km à l'heure.
souples de cube moyen, du genre Delta, pou- N° 3. — Dirigeable Astra,un peu moins
vant rendre quelques services comme éclai- gros que le précédent, mais plus rapide. La
force motrice est de 400 chevaux et aux lieutenants Briggs, Babington et Sippe s'en-
essais la vitesse officiellement enregistrée a levaient de Belfort. Vaillamment, ils sui-
à
atteint82km5 l'heure. vaient le Rhin, parvenaient, après s'être
séparés, au-dessus de Friedrichshafen et
N° 2. — Dirigeable de petit cube, 1.000 m.
Est actionné par un simple moteur de criblaient de bombes l'usine et les hangars.
40 chevaux. Réalise malgré cela 55 km à L'Allemagne dut reconnaître que cette
l'heure. Ne peut être employé que pour de aventure plutôt inattendue lui coûtait un
faibles reconnaissances. matériel détruit et un super-Zeppelin « ko-
Eta. — Dirigeable de 3.500 me; 180 che- »
lossal presque complètement anéanti.
- Ce fait d'armes comptera dans
l'histoire de la campagne de 1914.
Il n'est d'ailleurs pas unique.
Déjà deux des aviateurs précités
avaient lancé et détruit, croit-
on, un dirigeable, à Dusseldorf.
La «méprisable petite armée»
du général French possède tout
au moins d'excellents aviateurs.
Les Allemands auraient vrai-
ment mauvaise grâce à le nier.
Maintenant, comme le disait

LE DIRIGEABLE ANGLAIS « DELTA


Friedrichshafen: !
le lieutenant Briggs à l'officier
allemand qui le fit prisonnier à
« Tout
n'est que le commencement
cela

:
vaux de force. Vitesse d'essais 73 km à
l'heure. Peut faire beaucoup plus.
L'Angleterre est tenace,.elle
sait ce qu'elle veut, elle a l'habitude de
pousser jusqu'à l'extrême limite les aventures
»

Delta. — Dirigeable de 5.300 me; moteur dans lesquelles elle se lance de sang-froid.
de 180 chevaux. A donné 71 km à l'heure. Nous ne pouvons donner des précisions
:
Gamma. — Cube 3.400 m; moteur assez
faible 60 chevaux et ne réalisant pas plus
de 45 à 47 km à l'heure.
sur ses préparatifs, pas plus que sur les
nôtres. Mais nous en savons quelques-uns
qui ne feront pas rire nos ennemis communs.
Beta. — Petite vedette aérienne de 1.200 Dans tout le Royaume-Uni, magnifiquement
mètres cubes, actionnée par un quatre cylin-
dres de 50 chevaux, déjà vieux, et arrivant
a 50 km à l'heure.
!
uni et splendidement courageux, tous ceux
qui ne s'enrôlent pas travaillent Les jour-
En ce qui concerne les avions,
l'Angleterre fut surtout tribu-
taire de la France au cours de
ces dernières années. Mais elle
commence à construire elle-
même et fort bien. Au dernier
-
meeting des hydro aéroplanes
de Monaco, l'Angleterre s'adju-
gea une belle victoire interna-
tionale avec le biplace Sopswith,
entièrement conçu et construit
chez elle. Pour éclairer ses
escadres, le gouvernement du
Royaume-Uni possède de nom-
breux biplans Farman à flot-
teurs qui se comportent bien. HYDRAVION DE LA FLOTTE BRITANNIQUE
Quant à ses pilotes, ils ne
le cèdent en rien à leurs camarades fran- naux de Londres ne cultivent pas le « bluff »
çais. Audacieux et froid, épris d'aventures, comme ceux de Berlin. Ils n'annoncent pas à
le caractère anglais s'adapte parfaitement tous les échos « qu'une flotte de cinquante
à la navigation aérienne, laquelle n'est pas Zeppelins est prête. » Disons seulement
sans analogie avec la navigation maritime. que si, par hasard, profitant de quelques cir-
Et ce n'est pas là une simple affirmation constances atmosphériques exceptionnelles,
platonique. N'est-il pas encore présent à deux ou trois rigides réussissaient à franchir
toutes nos mémoires ce raid particulièrement le bout de mer du Nord qui sépare la côte
audacieux des trois officiers de la marine belge des falaises de Douvres, ils trouve-
royale anglaise au-dessus de l'usine des Zep- raient à qui parler avant même de se trouver
pelins, au bord du lac de Constance? au-dessus de la terre ferme — ce n'est pas
Un beau matin, trois avions pilotés par les pour rien que les hydravions ont été inventés.
Avant l'ouverture des hostilités, l'aéroplane forts répondirent, mais voici que des hydro-
de mer était discuté, comme les autres. De- aéroplanes russes s'élancèrent, passant au-
puis, on s'est aperçu' qu'il pouvait être utile. dessus du croiseur allemand et lâchèrent quel-
Un exemplepris entre cent :
Un beau jour, le Breslau fit son apparition
ques bombes. Cela suffit. Le Breslau en reçut
une sur une cheminée, et il prît la fuite.
aux environs de Sébastopol.Déjà, il avait tiré La guerre aérienne, au-dessus de la terre
sans succès quelquescoups de canon. Les ou au-dessus des flots est aujourd'hui un fait.

Les Russes combattent aussi du haut desairs


Nos amis les Russes furent des pre-
miers à suivre l'exemple de l'armée
hélices sont placées par paire de chaque
côté du fuselage. Une véritable cabine, la-
française et à créer un corps militaire quelle peut être blindée, se trouve placée
aérien de dirigeables et d'aéroplanes. entre les deux plans. Lors des essais, seize
Pour les dirigeables, l'état-major de personnes purent y prendre place, et avec
Petrograd — en ce temps-là Saint-Péters- cette charge l'avion monstre prit facilement
bourg — s'adressa chez nous. La maison son essor. Depuis, ce léviathan des airs a
Astra, d'Issy-les-Moulineaux, reçut diverses entrepris plusieurs voyages heureux avec de
commandes qu'elle livra voici trois ou quatre nombreux passagers. L'Ilia-Mourametz doit
ans. A ce moment-là aussi, les ateliers certainement, à l'heure actuelle, rendre de
Lebaudy, à Moisson, près de Mantes, tra- grands services à nos alliés. Ses dimensions
vaillèrent activement pour la Russie. et sa surface portante lui permettent
Bien vite nos alliés s'initièrent aux secrets d'emporter un grand nombre de bombes.
de la construction et depuis longtemps déjà Mais il n'emporte pas que des bombes.
le «rayon spécial» Car ici il nous
de l'aéronautique faut parler d'une
est prévu dans nouvelle arme,
leurs arsenaux. ingénieusement
C'est encore la créée en France,
France qui eut le
grand honneur au début de la
guerre, arme co-
d'être choisie piée et adoptée de-
comme initiatrice puis par tous les
— et d'ailleurs il belligérants.
n'en pouvait être Il s'agit de la
autrement — lors- fléchette d'avions.
que l'aéroplane Ces fléchettes,
nos écoles:
survint. Toutes
Blé-
riot, Morane, Far-
DIRIGEABLE, TYPE"ASTRA",
EN SERVICE DANS L'ARMÉE DU TSAR
hautes de 7 à 10
centimètres, gros-
ses comme un pe-
man, Nieuport, Deperdussin reçurent des tit crayon d'écolier, pèsent de 17 à 20 gr.
élèves russes et les commandes affluèrent. très acérées, elles se lancent à la poignée.
;
Pendant un temps on ne travailla dans nos Les effets produits sont merveilleux.
usines que pour la Russie. Quant aux pi- Un de nos amis, actuellement sur le front,
lotes, ils devinrent très rapidement des nous donnait, le mois dernier, des rensei-
maîtres. Je ne jurerais même pas — si j'en gnements fort intéressants à leur sujet :
crois certains renseignements personnels
- De 2.000 mètres de hauteur — altitude
que l'audacieux exercice de la boucle ne fut moyenne à laquelle se tiennent les aéro-
pas exécuté par un lieutenant russe, un planes pour éviter les balles — ces fléchettes
peu avant notre célèbre Pégoud. arrivent au sol avec une vitesse de 130 à
A Petrograd, diverses usines construisent 140 mètres par seconde. Lorsqu'elles attei-
maintenant des avions. L'une d'elles détient gnent un homme, elles tuent généralement.
même un record, fort enviable, celui d'avoir Malgré le cuir bouilli des casques allemands,
établi le premier grand aérobus. elles pénètrent dans le crâne de six à sept
L'ingénieur Sikorsky avait mis au point, centimètres. Dans le corps, elles disparais-
u début de cette année, un avion monstre sent complètement, causant d'horribles bles-
qu'il dénomma l'Ilia-Mourametz. sures presque toujours mortelles.
Cet appareil géant, du genre biplan, com- On a vu des fantassins allemands littéra-
porte 37 mètres d'envergure, 20 mètres de lement cloués au sol, la fléchette aérienne
longueur et 182 mètres carrés de surface leur étant tombée sur le pied.
portante. Quatre moteurs de 100 chevaux, D'abord employées par nos aviateurs et
soit au total 400 chevaux, l'actionnent. Cha- nos amis les Russes, ces fléchettes sont main-
que moteur commande une hélice et ces tenant copiées par l'armée du kaiser. Même
L'AÉROPLANE GÉANT DE L'INGÉNIEUR SIKORSKY
-
On assure que cet appareil, qui peut enlever sept ou huit personnes, sert aujourd'hui à effectuer
certaines reconnaissances difficiles ordonnées par le général Soulchomlinoff.

par une lourde ironie, elles portent cette L'un des «maîtres de l'air» qui a rendu,
mention gravée sur leur tige : jusqu'ici, les plus grands services à nos
alliés est un de noscompatriotes, l'aviateur
Invention française Poirée. Il a exécuté des vols particulière-
Fabrication allemande ment audacieux au-dessus des lignes austro-
ment, mais si cela les amuse !.
C'est d'un goût un peu douteux, évidem-
Nous ne connaissons pas exactement le
-
allemandes, et l'empereur Nicolas, émerveillé
par sa vaillance et son sang-froid, a tenu à
le décorer, de sa propre main, de la croix
nombre d'avions actuellement en service de Saint-Georges, sur le champ de bataille.
dans les armées du tsar; il doit être assez Poirée était mobilisable en France, mais
élevé si l'on en juge par les nombreux ex- comme il se trouvait en Russie au moment
ploits que les pilotes accomplissent journelle- où éclata la guerre, il demanda à s'engager
ment en Prusse orientale, en Galicie et sur dans l'armée alliée, pensant, de cette façon,
le théâtre russo-polonais des hostilités. servir tout aussi bien son propre pays.

Les Belges ont également des aéroplanes


L deBelgique, petite
A de territoire, grande
songeait à la
Mais pour ne pas être en retard, quelques
riches sportsmen bruxellois se commandè-
cœur, ne pas guerre.
Aussi bien son armée de l'air était-elle rent en France des avions, et on les vit par-
peu nombreuse lorsque les envahisseurs se fois, au zénith du boulevard Anspacli. Au
montrèrent à leur frontière de l'est.r siège de Liège, ils firent quelques reconnais-
Très sportifs, nos bons amis du Nord, sances extrêmement audacieuses.
devenus un peu nos sauveurs, n'avaient A Anvers, au moment du siège, ils
cependant pas voulu laisser passer le mouve-
ment aérien sans s'y mêler étroitement.
: Je me souviens d'avoir vu aux expositions
bruxelloises d'automobiles des engins aériens
;
n'étaient malheureusement pas nombreux
et encore peu organisés ils ne purent s'oppo-
ser à la visite meurtrière du Zeppelin.
Depuis, les quelques aviateurs militaires
quelque peu bizarres, qui ne volèrent jamais belges, mobilisés, sont passés en France. Ils
ailleurs que dans l'imagination de leurs servent maintenant dans les Flandres, où ils
inventeurs. Seule, l'intention était à retenir. rendent de signalés services aux alliés.
Par contre, s'ils amis l'ont imité
n'ont pas beau- et ils ne déses-
coup d'avions, ils pèrent pas d'avoir,
possèdent mainte- à la fin des hosti-
nant quelques ex- lités, un joli «ta-
cellents chasseurs bleau » à inscrire
d'oiseaux noirs. sur leurs tablettes.
Le baron de Ca- Undirigeable,la
ters par exemple, Ville-de-Bruxelles,
s'est fait installer ne devait pas être
LE DIRIGEABLE BELGE" VILLE-DE-BRUXELLES
sur une automo- en très bon état
bile blindée, un lorsque la guerre
léger canon spécial permettant le tir presque éclata. D'ailleurs, il n'était pas d'un modèle
vertical, et dès qu'un Taube ou un Aviatick très récent. La flotte aérienne belge ne pourra,
est signalé dans le champ de ses opérations, ensomme, être citée que pour mémoire
il se met en chasse. Quelques-uns de ses dans le gigantesque conflit européen de 1914.

La flotte aérienne deVAllemagne


est nombreuse et puissante
K Tout mot favori
OLOSSAL, le Berlin!.
de Z.-IV. — 19.500 mc, 141- m de long,

!
reste Il
!
kolossal
ennemis doit être
chez nos
Leurs atrocités comme
faut donc que médiocrement
ne
le
14 m 80 de diamètre, 450 chevaux de force,
4 hélices. Vitesse, 77 km à l'heure.
En station à Dresde.
s'étonner d'entendre leurs gazettes procla- Z.-V. — Mêmes caractéristiques et puis-
mer que la flotte aérienne allemande est sance que le Z.-IV.
formidable et que les « Zpelins » sontpe En station à Johannistal.
capables de détruire, sinon
le monde, tout au moins
-
Z. VI. — Mêmes carac-
téristiques et puissance.
Londres et Paris. Si nous En station à Leipzig.
en jugeons par leurs exploits
jusqu'à présent réalisés !. -
Z. VII. — 22.000 me,
156 m de long, 14 m 80 de
Avec leur manie habituelle diamètre, 800 chevaux de
du bluff grossier, ils laissent force, 4 hélices. Vitesse, 80 km
également entendre que de- à l'heure.
puis la guerre la construc- En station à Potsdam.
tion des dirigeables est à -
Z. VIII. — Mêmes don-
ce point poussée que plus de nées, même puissance et
cinquante Zeppelins sont même vitesse que le Z.-VII.
prêts à prendre l'air. Station ignorée.
Nous prennent-ils pour de En outre, deux super-Zep-
grands enfants naïfs? pelins étaient en construc-
Passons-la en revue, la tion et destinés à la marine.
flotte aérienne allemande. Le L.-lll, de 27.000 mc,
Au commencement d'août, 158 m de long, 16 m 80 de
elle se composait des unités
suivantes, sauf omission
Z.-I. — 19.500 me, 411 m
: diamètre, faisant 85 km à
l'heure, avec quatre moteurs
et 800 chevaux de force.
de nong, 14 m 80 de dia- Le L.-IV, de 32.000 me
mètre, 450 chevaux de force, dont la vitesse prévueétait
4 hélices. Vitesse, 77 km à de 90 km à l'heure, avec
l'heure. 100chevaux de force.
-
En station à Metz.
Z.-Il. 17.800me,148m I.E COMTE VON ZEPPELIN
de long, 14 m de diamètre, Il a été appelé par le kaiser à
Au total, on arrive à dix
Zeppelins tout au juste.
Depuis, il est vrai, l'usine
450 chevaux de force, 4 hé- commanderl'escadrededread- travaille nuit et jour à Fried-
lices. Vitesse, 76 km à l'heure. nuughts qui portent sun nom. richsliafen. Mais, dans les
En station à Cologne. meilleures conditions, elle
-
Z. III. — 17.500 me, 148 m de long, ne peut produire qu'un dirigeable en trois
14 m de diamètre, 450 chevaux de force, semaines. Or, voici, au 10 décembre, dix-huit
4 hélices.Vitesse, moyenne de 78 km à l'heure. semaines écoulées depuis la mobilisation.
Il se trouve en station près de Metz. Si donc six croiseurs aériens ont pu faire
LES PRINCIPAUX TYPES D'AÉRONEFS MILITAIRES ALLEMANDS
1. ZEPPELIN; 2. PARSEVAL; 3. voon; 4. SCIIUTTE-LANG; 5. MAJOR GROSS; 6. SCHWABEN.
à
Depuis le début des hostilités, quelques-uns d'entre eux ont été détruits.Plusieurs «Zeppelins
notamment, ont été gravement endommagés dans leurs hangars par les bombes de nos aviateurs.
HYDRAVION DE LA FLOTTE ALLEMANDE DE LA MER DU NORD
Quelques tableaux de la Guerre en France

DE LA BONNE HUMEUR ET DE LA VAILLANCE !

Ces deux chasseurs alpins, à demi enfouis dans leurs sacs de couchage en peau de mouton,
devisent gaiement, au fond de la tranchée où ils se sont réfugiés après le combat.

Ces fantassins anglais, en plein centre de combat, ont également le sourire.


POSTE TÉLÉPHONIQUE ANGLAIS ZOUAVES TRAVERSANT UN GUÉ
DANS UN CANTONNEMENT POUR POURSUIVRE L'ENNEMI

(MARNE)
GROUPE DE GENDARMES ALLEMANDS CANTONNÉS A SAINTE-MENEIIOULD
Comme on le voit, ces messieurs ont posé complaisamment devant l'objectif du
photographe.
APRÈS UN COMBAT DE RUES EXTRÊMEMENT
VIOLENT DANS UN VILLAGE DE L'ATSNE
Dans celle petite localité, les Allemands perdirent, en quelques heures, près de 200 des leurs.

L'EFFROYABLE CARNAGE DE HEII,TZ-LE-MAURUPT (MARNE)


Les 6et7septembre, la bataille fut particulièrement acharnée près de
ce DiZZage; des rangs
entiers uAllemands furent fauchés par les balles françaises.
1
RÉQUISITION D'UN TROUPEAU DE CHÈVRES POUR LA NOURRITURE DES INDIENS

TYPEDE VOITURE RÉGIMENTAIRE EN USAGEDANS L'INFANTERIE INDIENNE

ÉTUDIANTS DE L'UNIVERSITÉ DE CAMBRIDGE SERVANT GOMME ÉCLAIRURS


ANCIEN EMPLACEMENT D'UNE BATTERIE ALLEMANDE AU SUD DE REIMS
Dans leur fuite, les ennemis ont abandonné un certain nombre de projectiles renfermés dans
des sortes de paniers cylindriques, un peu comme des bouteilles de vin dans des paillons.

LUGUBRES ÉPAVES PROVENANT D'UN CHAMP DE BATAILLE


Mélancoliquement, des soldats opèrent un tri dans ce monceau d'armes et d'objets d'équipement,
UN MORT SOLITAIRE .- UNE TOMBE ISOLÉE -.
Soldat de la garde prussienne tué dans les bois Sur la sépulture de cetAllemand, on adispose
de Varreddes (Seine-et-Marne) des obus formant une croix. -

LE GÉNIEFRANÇAIS LANÇANT UN PONT SUR LA MARNE, EN AVANT DI MEAUX


Les vandales ont passé par là.

-- LE CLOS", PROPRIÉTÉ DE M. POINCARÉ, A SAMPIGNY (MEUSE)


Sans aucune nécessité stratégique, les Allemands ont bombardéla demeure estivale du Président
de la République et y ont causé des dégâts extrêmement importants. Lapremière fois, leurs obus
n'ayant.pas produit les effets qu'ils désiraient, ils sont revenus à la charge pour parachever
- leur œuvre odieuse et stupidement inutile.

LE CHATEAU DE CONDÉ, CANONNÉ ET INCENDIÉ PAR L'ENNEMI


LA RUE PRINCIPALE DE REHAINVILLER (MEURTHE-ET-MOSELLE)

LUNÉVILLE A PARTICULIEREMENT SOUFFERT DES PROJECTILES ALLEMANDS


La synagogue incendiée et plusieurs maisons de la rue Castéra,complètement anéanties.
Trois incendiaires allemands dans une me dévastée d'Elain (Meuse).

NANCY. — La cour de l'immeuble portant le no 31 de la Les effets d'un obus à la porte d'en-
rue Saint-Nicolas (bombardement des 9-10septembre). trée d'un casernement, à Soissons.
Ce que lesprojectiles des barbares ont fait de l'archevêché de Reims.

On dirait que cetterue de la cité rémoise a été secouée par un violent tremblement de terre,
Voici dans quel état les Allemands ont laissé le pavillon de chasse de M. Gaston Menier,
sénateur de Seine-et-Marne, à Villers-Cotlerets.

- Les Teutons incendiaires ont également passé à Chauny (Aisne).

Uneiwnç incendiée IJ Nogenl-les-Vierges, près de Creil (Oise).


imaginer.

canon.

puisse

de
coups
qiïon

à
désolation
L'INCENDIEabattu

font

de
ET vandales
spectacle
BOMBARDEMENT

les
effroyable
épargné,

LE plus a
feu
APRÈS
le le
que
aujourd'hui
SENLIS
ce
et,
teutons
DE
offre
FAUBOURG
incendiaires
riante,

D'UN si
et
les
vivante
TERRIFIANT
par

détruites
si
l'Oise,
ASPECT
été

de ont

sous-préfecture
entières

rues

Des
jolie

La
Cette malheureuse ville
furent
fut incendiée systématiquement;
GROUPE DE MAISONS A SENLIS, LA CITÉ MARTYRE LA PLUS PROCHE DE PARIS
le maire, M. Odent, et huit notables
arrachés à leur foyer et fusillés sous un prétexte futile.

LE SALON DU CHATEAU D'ACY-EN-MULTIEN (OISE)


Des officiers allemands étaient couchés dans cette pièce quand l'arrivée soudaine de nos troupes
les contraignit de se lever précipitamment et de déguerpir
Les Allemands ne sont pour rien dans la destruction du pont de Compiègne
français qui l'a fait sauter par nécessité stratégique.
: le génie
c'est

Lapetite ville d'Albert (Somme), autrefoissi active et sidécombres.


florissante, n'est plus, aujourd'hui,
qu'un lamentable monceau de
Les ruines des usines Rochet-Schneider, à Albert (Somme),

Les effets du bombardementallemand dans un faubourg de Douai.

D'après l'Illustration.
L'escalier d'honneur de l'hôtel de ville d'Arras, effondré sous les obus.
LE BUREAU DU COMMANDANT D'ARMES DE LA CITADELLE D'ARRAS
Il a été pillé de fonden comble et le coffre-fort a été fracturé par les soldats du kaiser, qui
espéraient y découvrir d'importants documents militaires.

Dans la salle d'honneur du 3" génie, à la citadelle d'Arras, les Allemands ont lacéré un tableau
représentant les différents faits d'armes auxquels le régiment a pris part.
(Voir à la page 449 nos illustrations sur la bataille des Flandres.)
LES BLESSURES DE GUERRE
ET LES EFFETS DES BALLES DUM-DUM
Par le Docteur Eugène ROCHARD
CHIRURGIEN DE L'HOPITAL SAINT-I.OUIS

L deux grandes variétés


ES blessures de
:
guerre sont produites par Ce qui complique encore ces blessures,
de projectiles les ce qui en augmente la gravité, ce sont les
obus, qui sont lancés par les canons, et débris de vêtements que l'éclat entraîne
les balles, qui sont tirées par les fusils et les avec lui et cache au milieu des tissus. De
mitrailleuses. Ces deux sortes d'engins des- telle sorte qu'on voit sortir par ces plaies
tructeurs ne produisent pas les mêmes lé- non seulement une sanie brunâtre, mais
sions, et sans discuter ici la nature de ces encore des parcelles noires plus ou moins
différentes plaies, ce qui sortirait de notre épaisses, qui ne sont autres que des morceaux
sujet, on peut dire, d'une façon générale, que de drap plus ou moins effiloché.
les blessures produites par les éclats d'obus Mais occupons-nous des blessures pro-
et shrapnells sont beaucoup duites par les balles de fusil.
plus sérieuses que celles oc- Celles-ci, quand elles sont
casionnées par les balles, occasionnées par des balles
qu'elles proviennent des fu- arrivant de plein jet, sont
sils ou des mitrailleuses. régulières et peuvent être
Ajoutons encore que le feu peu meurtrières. Grâce à leur
du canon est à l'heure ac- énorme vitesse, ces projec-
tuelle beaucoup plus meur- tiles traversent de part en
trier que celui du fusil. On part un membre en faisant
se bat à des distances de ce qu'on appelle une plaie
plus en plus considérables. en séton, c'est-à-dire un petit
Les soldats français se plai- tunnel avec un orifice d'en-
gnent même de ne pas voir trée et un orifice de sortie.
assez les Prussiens. On reçoit Ces plaies en séton gué-
des obus d'une façon conti- rissent rapidement et sont
nue et à une distance de six, particulièrement bénignes.
huit et quelquefois dix kilo- Nous avons même cons-
mètres, distance à laquelle taté, et c'est un fait reconnu
un tireur ne peut atteindre de tous, que les balles peu-
parce qu'il ne voit pas son vent traverser le poumon
but; tandis que l'artillerie, sans occasionner d'accidents
dissimulée soigneusement graves, quand un gros vais-
derrière un abri, grâce au tir seau de cet organe n'a pas
indirect, renseignée par les été atteint. Aussi, pour les
avions, envoie des projectiles raisons que nous venons
à des distances énormes. d'exposer, a-t-on parfois
Les plaies par éclats d'obus LE DOCTEUR ROCIIARD donné aux balles modernes
diffèrent de gravité suivant le nom de balles humani-
le volume du corps frappant. Quand un taires. Il faut cependant faire bien des
membre est atteint par un gros fragment il réserves sur cette appellation, car, lorsque
peut être arraché, nous en avons constaté ces projectiles rencontrent une grosse ar-
des cas. Les éclats moyens pénètrent dans les tère, ils la coupent net et c'est la mort
tissus et y font des ravages considérables. Cela immédiate, et lorsqu'ils se heurtent à un
se comprend quand on a en mains ces mor- os résistant, comme le fémur, le tibia, l'humé-
ceaux d'acier irréguliers, barbelés sur leurs rus, les os de l'avant-bras, les os du crâne
bords qui ont tout le pouvoir destructeur ou du bassin, ils font, vu leur force de
des corps coupants et contondants à la fois. pénétration, des dégâts très importants, qui
Le plus fréquemment, l'éclat d'obus reste nécessitent des interventions chirurgicales
dans la plaie et, par conséquent, le chirur- très sérieuses et souvent dangereuses.
gien constate assez rarement, sauf pour les Voilà pour les balles qui frappent de plein
petits fragments, un orifice de sortie. fouet. Mais il est une catégorie de blessures
par balles de fusil qui affectent des carac- blent donc à celles faites par un éclat d'obus
tères particuliers et alors se rapprochent de
celles produites par les petits éclats d'obus :
ce sont celles faites par les balles de ricochet.
de petite dimension. Dans les plaies par
balles arrivant de plein jet, l'orifice d'entrée
est tout petit, punctiforme pour ainsi dire;
Le fait de ricocher, c'est-à-dire de heurter cette balle ayant une extrémité très pointue,
un corps dur avant de frapper le combattant, traverse facilement les vêtements sans en
déforme la balle, la transforme en une petite entraîner des parcelles en les poussant de-

BLESSÉ SOIGNÉ DANS UN HOPITAL TEMPORAIRE DE LUCHON (Cl.Benoist,Luchon.)


Ce jeune soldat a reçu, au défaut de l'épaule gauche, une balle dum-dum qui a effroyablement labouré
les chairs et réduit la clavicule en miettes.

masse irrégulière et, lui faisant perdre ses vant elle dans les tissus. Au contraire, dans
qualités balistiques, lui imprime un mou- les plaies par balles de ricochet, l'orifice
vement de bascule sur ses différents axes d'entrée est large, irrégulier, déchiqueté. Au
qui fait que sa direction change d'abord et lieu d'un tunnel régulier fait dans les parties
qu'au lieu de frapper normalement le corps molles, cette balle déformée donne naissance
humain, elle pénètre dans un sens quelcon- à une cavité ou à un trajet plus ou moins
que. Elle dilacère ainsi la peau et les tissus anfractueux, toujours infecté par le fait
qu'elle rencontre et se comporte tout autre- même que le projectile s'est contaminé en
ment qu'une balle de plein fouet. prenant contact avec l'objet sur lequel il a
Les plaies par balles de ricochet ressem- rebondi et qu'il a repoussé devant lui les
fragments de vêtement qu'il a rencontrés. métaux (cuivre, fer, nickel, etc.), remplie
La plaie de sortie dans toutes les blessures d'une masse de plomb qui épouse intégra-
par balles est plus grande et plus irrégulière lement la forme de l'enveloppe.
que la plaie d'entrée. Cela se comprend, le Pour faire de cette balle ordinaire une

Fig. I. —BALLES A POINTES DE MÉTAL DOUX


L'extrémité de ces projectiles s'écrase en heurtant
Fig. II. - BALLES DUM-DUM ALLEMANDES
Projectiles limés et entaillés de façon à provoquer,
un corps tant soit peu dur, faisant ensuite par aplatissement, l'extension du métal et à
d'effroyables déchirures dans les chairs. aggraver considérablement les blessures.

projectile faisant éclater la peau en la for- balle dum-dum, il suffit d'enlever l'extré-
çant et la distendant pour sortir. Dans les mité de l'enveloppe par une incision circu-
blessures par balles de ricochet, cet orifice' de laire (figure I). La pointe n'est alors cons-
sortie est encore beaucoup plus large et beau- tituée que par du plomb, métal très malléa-
coup plus irrégulier. Mais, en revanche, les ble, qui, sous l'influence du coup de feu,
dégâts faits au squelette sont en général se déforme, se transforme en une petite
de - moindre importance. Le fait masse irrégulière, à bords plus ou
même d'avoir heurté une surface moins tranchants, et est suscep-
dure avant de pénétrer dans le tible de produire, de ce fait, dans
corps humain amortit considéra- le corps humain, des dégâts plus
blement la force de pénétration considérables.
du projectile, qui s'arrête volon- On peut encore faire des balles
tiers à la moindre résistance. dum-dum en incisant en croix
Voilà donc une balle qui, par l'extrémité pointue de la balle, ce
le fait du ricochet, a été déformée qui permet au plomb de faire
et ressemble à une balle dum-dum. hernie, ou en pratiquant une in-
Qu'est, en effet, une balle dum- cision latérale (figure ll).
dum, dont on parle tant? BALLE A POINTE DE La présence de ces balles dum-
Pour l'expliquer, il est néces- MÉTAL DOUX RETIRÉE
D'UNE dum a été nettement constatée
saire de savoir comment sont BLESSURE
sur des prisonniers qui en avaient
faites les balles de fusil ou de dans leurs cartouchières.
mitrailleuse moderne. Qu'elles soient fran- Donc une balle dum-dum est une balle
çaises, anglaises, allemandes, belges ou dont l'enveloppe, n'ayant plus son homo-
russes, les balles modernes sont toutes des généité et par suite sa résistance normale,
balles cylindro-coniques très effilées à la se déforme d'elle-même sous l'influence du
pointe et composées d'une enveloppe métal- coup de feu, tandis qu'une balle ayant ri-
lique dure, faite d'un alliage de différents coché est une balle qui s'est déformée en
rencontrant un obstacle. La cause est diffé- projectiles rencontrent, sur le soldat lui-
rente, il est vrai, mais le résultat est le même même, soit son fusil, soit le fourreau de son
et nous prouverons plus loin que, la nature sabre-baïonnette, soit les boutons de sa
des blessures étant semblable, il est impos- capote. En touchant le sol, ils ricochent sur
sible d'affirmer, d'après leur constatation, des cailloux. Ils rencontrent des parois de
l'usage ou non de balles dites balles dum- murs et même nous ne serions pas éloigné
dum dans les tirs de l'ennemi. de croire que, dans l'espace, les projectiles,
Mais auparavant, il est nécessaire d'éta- se croisant, se heurtent entre eux dans une
blir nettement que les balles de fusils ou formidable combinaison d'obus, de shrap-
nells et de balles de fusils,
comme on voit le plomb de
chasse se rencontrer dans l'air
et donner lieu à des ricochets
souvent invraisemblables.
Les observations ci-jointes
vont maintenant prouver sura-
bondamment que les blessures
constatées n'ont pu être faites
que par des balles de ricochet.
Voici d'abord (figure lll) une
blessure de la région iliaque. La
radiographie montre que la crête
de cet os (1) au-dessus de la-
quelle se trouve la balle (2) est
absolument intacte. Le malade
est opéré et, dans la paroi, à
une petite profondeur,nous trou-
vons une balle dont la pointe a
été convertie en une surface
irrégulière formée par le plomb
et les bords crénelés de l'enve-
loppe. La balle ne s'est pas
déformée sur l'os puisque celui-
ci est intact et le peu de profon-
deur à laquelle elle se trouve
prouve indubitablement qu'elle
a épuisé sa force en rencontrant
un obstacle et qu'elle est venue
mourir à fleur de peau.
Voici un deuxième cas. plus
net encore. Il s'agit d'une balle
tout à fait déformée (1) que la
radiographie (figure IV) montre
dans le creux de la main, ayant
fracturé le deuxième métacar-
pien (2) sans presque le déplacer
et écorné légèrement le premier.
La forme du corps étranger est
Fig. lll. tellement particulière que nous
Balle déformée par ricochet (2), n'ayantpas touché l'os iliaque (1) pensions d'abord avoir affaire à
et s'étant arrêtée à une petite profondeur sous la peau. — (îî) Côtes. un éclat d'obus et que nous
fûmes tout à fait étonné quand,
l'extraction faite, nous recon-
de mitrailleuses ricochent souvent, car on mîmes une balle à la nature du métal. Elle
a été presque jusqu'à nier ce fait. s'était, en effet,sous l'influence d'un choc
Et d'abord personne ne peut mettre en violent, non seulement complètement défor-
doute, à l'heure actuelle, qu'avec les engins mée, mais encore vidée comme par enchan-
modernes à répétition, la quantité de balles tement de son contenu de plomb.
envoyées en quelques minutes, sur un même Ici encore ce n'est pas le métacarpien qui
point, atteint un chiffre considérable. Les a pu produire une telle déformation, car la
Allemands, pour tirer plus vite, ne mettraient force nécessaire pour la réaliser aurait fait
même plus le fusil à l'épaule et tireraient sauter complètement ce petit os, qui aurait,
au jugé en marchant. Il est certain que, pour du reste, été incapable d'offrir une assez
eux, le point capital est de faire tomber sur grande résistance pour vider de son contenu
l'ennemi une quantité énorme de fer et de le projectile. Une balle de plein jet aurait
plomb. Dès lors, il est forcé que bien des du reste certainement traversé la main de
Différents aspects de la balle représentée dans la figure précédente et qui, en ricochant, s'est déformée
au point qu'elle est complètement méconnaissable.
LE GRAND-DUC NICOLAS DE RUSSIE
Né le 6 novembre 1856, oncle du tsar, généralissime dès armées russes, le grand-duc Nicolas
de stratège. Il a reçu
a fait valoir, sur le théâtre oriental de laguerre, ses éminentes qualités
les félicitations de Nicolas II et celles du général Joffre.
LES RUSSES AUX PRISES
AVEC L'ALLEMAGNE ET L'AUTRICHE
SUR LE THÉATRE ORIENTAL DE LA GUERRE, LES ARMÉES DU
KAISER N'ONT ÉGALEMENT POINT VU LA VICTOIRE COURONNER
LEUR FORMIDABLE EFFORT

! L faut, une fois encore, rappeler les gran- En faisant la part de l'exagération que com-
dioses projets de l'Allemagne belliqueuse portent les chiffres de la presse pangerma-
et mégalomane pour bien mesurer l'éten- niste, la double alliance se croyait assurée
due et la gravité des échecs qu'elle a subis de la supériorité numérique sur la Russie
sur le front oriental de la guerre. livrée à elle-même. Certes, on savait bien
Le plan primitif de son grand état-major que les ressources en hommes de l'empire
était d'abord de n'opposer à la Russie qu'un des tsars étaient immenses, mais on croyait
simple rideau de troupes. L'armée austro- fermement que ces hommes jamais l'inten-
hongroise de première li- dance n'arriverait à les
gne, concentrée enGalicie, équiper, à les armer, en-
devait envahir la Pologne Consulter, au début du volume, suite que jamais l'état-
russe et « occuper JI, pen- la grande carte en couleurs du major ne les amènerait
dant le premier mois de théâtre général des hostilités sur sur le front en temps
la guerre, les troupes de le front oriental. voulu. L'armée de pre-
couverture de nos alliés. mière ligne une fois dé-
On pensait que la mobi- truite, la Russie serait
lisation et la concentration complète des hors d'état de nuire. Peut-être compta-t-on
armées du tsar exigeraient plusieurs mois. également à Berlin sur quelques « diver-
Bien avant ce délai, l'armée allemande de sions intérieures », telles que les grèves
première ligne en aurait fini avec la France suscitées en juillet à Saint-Pétersbourg,
et se retournerait contre la Russie, qui l'agitation révolutionnaire que l'on pensait
devrait ainsi affronter seule la plus grande déchaîner aisément dans divers centres
partie des forces germaniques. ouvriers, l'insurrection de la Pologne.
Les Allemands et les Austro-Hongrois Toutes ces espérances devaient être
»
avaient calculé que leur « bloc représen- déçues. L'agression provoqua en Russie,
tait onze millions de soldats — six millions comme en France, l'unanimité nationale.
d'Allemands, cinq millions d'Autrichiens. La grande puissance de l'Est étonna le

LIGNE DE TIRAILLEURS RUSSES EN AVANT D'EYDTKUNNEN


monde par la rapidité de sa mobilisation, C'est ce deuxième plan que le troisième
par la vigueur et la décision des coups que mois de la guerre a vu s'effondrer. Du nord
ses innombrables armées surent porter. au sud, les armées d'invasion ont éprouvé
Les trois corps allemands laissés en une triple série de défaites. Von Hindenburg,
Prusse orientale furent, dès la première battu par Rennenkampf à Augustowo, puis
quinzaine d'août, enfoncés par le général à Bakatarjewo, laisse de nouveau violer le
Rennenkampf. D'importants renforts — 250 territoire de la Prusse orientale. Le kron-
à 300.000 hommes au moins— durent être prinz essuie des échecs sanglants à Varsovie
retirés de Belgique et,
fondus avec des corps
;
et à Ivangorod son aile
droite est enfoncée entre
d'armée de réserve, for- Kielce et Sandomir; il bat
mèrent une armée d'envi- en retraite sur la Silésie.
ron 750.000 hommes qui, Enfin, les Autrichiens,
sous les ordres du général laissés « en l'air» par leurs
von Hindenburg, rem- alliés, évacuent précipi-
porta des avantages par- tamment la Galicie. Les
tiels et momentanés à Russes arrivent devant
Thannenberg et à Soldau. Cracovie et leurs avant-
Mais, pendant ce temps, gardes menacent les ri-
les Autrichiens étaient ches provinces alleman-
complètement défaits en des du Sud-Est.
Galicie. Avec une par- C'est l'invasion, semble-
faite entente de la situa- t-il, inéluctable. Pour
tion et conformémentaux tenter de la retarder, en
principes les plus classi- dehors des obstacles ac-
ques de la stratégie, les cumulés par eux dans leur
Russes avaient porté le retraite, les Allemands
gros de leurs torces contre ont élaboré un troisième
la masse piincipale enne- plan qui consisterait à
mie. Après dix-huit jours attirer la masse russe sur
de batailles, les victoires la ligne fortifiée Kalisch-
successives de Lemberg et Cracovie, et lorsqu'elle
de Rawa-Russka ame- serait fixée dans son at-
naient leur aile gauche taque, à l'envelopper par
sous les murs de Prze- les deux ailes, au nord
mysl. La barrière austro- par Posen, au sud par les
hongroise, qui devait ar- défilés des Carpathes.
rêter l'adversaire de l'Est, C'est un plan bien am-
était entièrement rompue. bitieux pour qu'il ait
A la fin du deuxième LE GRAND-DUC NICOLAS quelque chance de succès
mois de guerre, les Alle- ET M. MILLERAND contre un ennemi qui en
mands devaient voler au Cette curieuse photographie a été prise a déjà déjoué de beau-
secours de leurs alliés et, aux grandes manœuvres françaises de coup plus redoutables.
dans ce but, envoyer en 1912, le grand-duc dirigeant la mission La tentative de mou-
Pologne la majeure partie militaire russe et M.Millerand étant vement tournant exécu-
de leurs troupes de deu- ministre de la Guerre. tée vers la mi-novembre,
xième ligne, d'abord des- contre l'aile droite de
tinées à occuper la France. Une offensive l'armée russe de Pologne, n'a obtenu que des
générale n'en fut pas moins décidée. Au nord, succès éphémères, imprudemment transfor-
le général von Hindenburg continuerait sa més en victoires par l'état-major allemand.
marche sur Vilna; au centre, le kronprinz, L'effort gigantesque pour mener la lutte
avec une armée d'environ un million sur deux fronts à la fois dépasse de beau-
d'hommes, s'emparerait de Varsovie, tandis coup la puissance et les ressources du kaiser,
qu'au sud le général autrichien Dankl déga- si considérables soient-elles. Ce n'est pas en
gerait Przemysl et chasserait les Russes de la maintenant à la frontière française la ma-
Galicie. Fortement retranchées dans Var- jeure partie de ses troupes que Guillaume II
sovie et sur la longue ligne de la Vistule, les arrêtera quatre millions de Russes. Il lui
forces austro-allemandesy défieraient ensuite faudrait pour cela un fort contingent de
les assauts des armées moscovites. nouvelles troupes, mais où le trouver ?
Les principaux chefs des armées russes

LE GÉNÉRAL SOUKHOMLINOFF, CHEF D'ÉTAT-MAJOR GÉNÉRAL

Gtl RENNENKAMPF GÉNÉRAL ROUSSKY GÉNÉRAL YVANOFF GÉNÉRAL DIMITRIEFF


LE GÉNÉRAL SOUKHOMLINOFF LE GÉNÉRAL PAUL YVANOFF
ministre de la Guerre et chef de est un vétéran desguerres d'Asie.
l'état-major général de l'armée Il fut l'un des principaux colla-
russe, prit une part active à la borateurs des illustres hommes
guerre russo-japonaise, où il com- de guerre qui s'appelaient Sko-
mandait un corps d'armée. Il beleff et Dragomiroff. Il appar-
succéda, au ministère, au général tient au corps d'état-major et
Sackharoff, et c'est à son habile prit une part brillante, sous les
et énergique impulsion que l'ar- ordres de Grippenberg, à la fa-
mée russe, de l'état-major géné- meuse bataille de Sandepou.
ral aux corps de troupes, dut sa
réforme totale et sa complète
réorganisation. C'est un cerveau. LE GÉNÉRAL RADKO DIMITRIEFF

LE GÉNÉRAL RENNENKAMPF
est Bulgare. C'est le vainqueur
de Mustapha-Pacha, de Kirk-
qui appartient au génie, dut aux Kilissé, de Tchorlou, l'homme
hasards de la guerre de se voir héroïque et rude qui battit à
la
nommer, après bataille de Liao- plates coutures le maréchal Mah-
Yang, commandant en chef de la moud Moukhtar pacha, ami et
cavalerie cosaque, avec laquelle GÉNÉRAL BROUSSILOFF disciple militaire du fameux Von
il exécuta, vers Niou-Tchouang, der Goltz. Chef d'armée, il a
une série de raids restés fa- déjà été blessé à deux reprises.
meux dans les fastes militaires russes. C'est un C'est un beau soldat et un valeureux entraîneur
chef de valeur et d'une extraordinaire énergie. d'hommes qui fait des prouesses en Galicie.
LE GÉNÉRAL ROUSSKY LE GÉNÉRAL BROUSSILOFF

commandant de l'armée russe de Pologne, fut, est, lui aussi, l'un des vainqueurs de Lemberg.
après la guerre russo-japonaise, l'un des plus Et sa magnifique conduite lui valut de recevoir,
fermes lieutenants du général Soukhomlinoff. On de la main même du tsar Nicolas II, la croix
lui doit la réorganisation de l'artillerie de cam- de Saint-Georges de première classe, récom-
pagne. C'est lui qui prit Lemberg aux Autrichiens. pense — rarement accordée — de la valeur
C'est un chef résolu, froid, d'esprit très moderne. militaire. Il est à peine âgé de soixante ans.

La lutte au jour le jour sur le front oriental


JUILLET 1914 nome. — Le grand-duc Nicolas, géné-
ralissime des armées russes, adresse un
Le 26. — Rupture des relations diploma- appel aux Polonais de Russie, d'Au-
tiques entre la Serbie et l'Autriche. — La
Russie mobilise trois corps d'armée sur triche et d'Allemagne. — Dans une
la frontière balkanique. série d'engagements les Russes battent
les Allemands. — Près de Wilna, des
Le 29. — Mobilisation de quatorze corps aviateurs allemands sont abattus par
d'armée russes sur la frontière autri-
chienne. Vif émoi dans toute l'Europe. les Russes à coups de canon.
Le 30. — Négociations hypocrites de Le 16. — Succès russes en Galicie, et, en
l'Allemagne avec la Russie. Prusse orientale, magnifique victoire sur
Le 31.

- Mobilisation générale russe.
L'état de guerre est proclamé en
les Allemands à Eydtkunnen.
Le 18. — Levée en masse des Allemands
de dix-sept à soixante ans.
Allemagne. Leshostilitéssont prochaines.
Le 20. — En Prusse, les Russes battent
AOUT les Allemands à Stallupœnen, et leur
prennent huit canons et des mitrail-
Le 2.
--
Le 1er. Mobilisation générale allemande.
L'Allemagne déclare la guerre à
leuses. — Sur toutes les frontières
autrichiennes l'offensiverusses'affirme.
la Russie et rappelle son ambassadeur. Le 22. — Victoire russe sur les Allemands
Le 5. — L'Autriche adresse à son tour une à Gumbinnen; occupation d'Intersburg
déclaration de guerre à la Russie. et mise en déroute de trois corps prus-
Le 7. — La Douma adopte avec enthou- siens, avec pertes très importantes.
siasme tous les crédits de guerre de- Le 25. — Les Allemands, menacés d'en-
mandés par le gouvernement russe. veloppement, évacuent précipitamment
Le 15. — Manifeste du tsar promettant Osterode et se replient vers Kœnigsberg.
la reconstitution de la Pologne auto- Une division autrichienne est mise

en déroute en Galicie et perd ses deux Gorodck. — Panique à Vienne, où l'on
batteries; les Russes font deux cents pri- entreprend des travaux de défense.
sonniers et poursuivent leur avance. Le 9. — Les Russes battent une forte
Le 27. — Sous la poussée russe, les Alle- armée austro-allemande dans la région
mands évacuent la partie de la Prusse de Krasnik. — Grande bataille au sud
nommée la Mazurie. de Lemberg; les Autrichiens sont re-
Le 29. — Les Russes occupent Allenstein poussés. — Occupation par les Russes
et commencent à investir Kœnigsberg; des villes autrichiennes de Soutchovo
ils réoccupent Lodz, enPologne russe, et Gotno, près de la frontière roumaine
et s'emparent d'un Zeppelin. — L'Alle- Le 10. — En Galicie, le front de bataille
magne envoie des renforts en Prusse; s'étenddeRawa-Ruskajusqu'auDniester.
160 trains traversent la Le 11. — Prise de Tomaszoff
Belgique, emmenant des (Pologne russe) par les
troupes prises sur la fron- Russes, qui coupent l'aile
tière. Défaite deSamsonof droiteautrichienne.
à Thannenberg. Le 12. — Défaite de deux
Le 30. — Les Russes font divisions allemandes à
3.000 prisonniers Autri- Ulawa, en Pologne russe.
chiens près de Lemberg, Le 13. —La grande bataille
et 3.000 en Galicie. Ils de Galicie, dite aussi ba-
cernent, près de Toma- taille de Razva-Ruska,
chow,la 15e division hon- prend fin, après dix-sept
groise, dont plusieurs ré- jours, par l'écrasement
giments se rendent. complet des armées austro-
allemandes.
SEPTEMBRE Le 15. — Les Russes,après
Le 1er. — Fin d'une grande

Lemberg ;
bataille de sept jours, à
les Autrichiens
comptent des milliers de
avoir cédé en Prusse
orientale,devant des forces
considérables, reprennent
l'offensive. — Ils réussis-
morts et de blessés et per- sent à occuper Czernowitz,
dent un énorme matériel. capitale de la Bukovine.

Le tsar décide que Le 16. — Les Autrichiens
Saint-Pétersbourg, la ca- sont de nouveau battus,
pitale russe, s'appellera et les Russes, traversant
désormais Petrograd. L'AVIATEUR POIRÉE la rivière San, les pour-
Le 3. — Les Russes ayant Au service de la Russie depuis suivent avec vigueur.
pris Lemberg et Haliez, le début des hostilités, notre Le 17. — Une division de
poursuivent l'armée autri- héroïque compatriote a reçu, sur cavalerie saxonne est déci-
chienne en lui infligeant le champ de bataille, la croix de mée en Prusse orientale.
de très grosses pertes. Saint-Georges.
Le 18. — Les Russes, au
Le 4. — Sortieinfruc- pied des Carpathes,
tueuse de la garnison de Kœnigsberg. s'emparent des positionsfortifiées de

La ville de Radom, en Pologne Siniava et de Sambar, et marchent vic-
russe. est évacuée par les Allemands. torieusement sur Jaroslaw.

Offensive russe extrêmement violente Le 19. Abandon de Jaroslaw par les

sur la Vistule et le Bug. Autrichiens, qui sont battùs sous San-
Le 5. — Les Russes se rendent maîtres domir. — Début du bombardement de
des puissantes fortifications à coupoles la place forte de Przemysl.
blindées de Nicolaïeff, au sud de Lem- Le 20. Au cours de la poursuite qu'ils

berg, et s'emparent d'un matériel im- font aux Autrichiens, les Russes s'em-
mense. — Une grande bataille est parent d'un matériel considérable et
engagée à fond près de Rawa-Ruska. prennent plus de 15,000 ennemis.
Le 6. — Continuation de la bataille de Le 21. — Les Russes prennent Jaroslaw.
Rawa-Ruska. — Les Autrichiens, battus Le 23. Les Allemands cherchent à re-

à Lublin, continuent leur retraite vers prendre l'offensive en Prusse orientale.
le Sud.

Les Russes commencent l'in- Le 24. — Publication d'un «Livre orange »
vestissement de Przemysl et chassent les russe, prouvant la préméditation austro-
Autrichiens de la forte position de allemande et la duplicité de ces États.
Le 25. — Les Autrichiens se replient sur d'assaut un des principaux ouvrages
Cracovie. — Les Russes semblent vou- de la place. — Tout un détachement
loir marcher sur Breslau. — Ils inves- allemand est détruit, en Prusse orien-
tissent graduellement IÚenigsberg. tale, dans la forêt de West-Ratchki, et
Le 26. — Marche des Russes sur Cracovie. les Russess'emparent de plusieurs

L'investissement de Przemysl, à la mitrailleuses et de quelques canons.
suite de combats heureux, est complet. — Le 8. — Nouvelle défaite des troupes alle-
Les Allemands se fortifient sur les mandes déjà vaincues à Augustowo.
routes conduisant à Breslau. Le 9. — Les Russes, poursuivant leurs
Le 27. — L'armée russe, dépassant Prze- succèsenPrusse orientale, s'emparent
mysl, prend Sanok et Chirow, en de Lyck, Margrabovo et Biala.
Galicie, à la suite de batailles désas- Le 10. — Les Allemands, devant lesquels,
treuses pour les Autrichiens, qui per- en vertu d'un plan très étudié, l'armée
dent de nombreux canons et des convois. de la Pologne russe s'est retirée,viennent
Le 28. — En essayant de traverser le à quelques kilomètres de Varsovie et
Niémen, les Allemands subissent des se heurtent à l'avant-garde russe.
pertes énormes et sont forcés de reculer. Le 11. — Commencement de la grande ba-

Sur le front de Thorn-Kalish ils éta- taille de la Vistule, engagée violemment
blissent des fortifications destinées à sur le front Ivangorod-Varsovie.
couvrir Berlin. — Passant- les Car- Le 13. — En avant de Varsovie, plusieurs
pathes au col d'Oyok, les Russes battent corps allemands sont refoulés. — En
les Hongrois et se montrent en masses Prusse orientale, les Russes chassent
dans la région de Hunghwas. l'ennemi de Vladislavof et de Wirbalen.
Le 29. - Bombardement infructueux
d'Ossovietz par la grosse artillerie alle-

Dans leur marche sur Cracovie, dont
la population se sauve vers Vienne, les
mande. — Repoussées dans la Prusse Russes occupent diverses localités et
orientale, les armées allemandes opèrent infligent aux Autrichiens des pertes
leur retraite dans des conditions infi- extrêmement sensibles.
niment pénibles et dangereuses. Le 11. — Dans une sortie, la garnison de
Le 30. — Le général Auffenberg, comman- Przemysl laisse 3.000 prisonniers et de
dant l'une des armées autrichiennes, est l'artillerie aux mains des Russes.
grièvementblessé. — La Galicie est Le 15. — Les Austro-Allemands, ren-
évacuée par la population autrichienne. forcés, prennent l'offensive près d'Ivan-
gorod et sont de nouveau battus.
OCTOBRE Le 17. — L'offensive allemande est com-
Le 1er. — Les Allemands battent en re- plètement arrêtée en Prusse orientale. —
traite devant les Russes et abandonnent Dans la région de Varsovie, les Russes
l'attaque d'Ossovietz. — Prise d'un fort font de nombreux prisonniers et pren-
de Przemysl par les Russes. nent deux drapeaux et cinquante canons.
Le 2. — Grande bataille à Augnstowo, où Le 18. — Suite des succès russes en Po-
les Allemands semblent faiblir; succès logne russe et dans les environs de
des Russes contre les Prussiens dans la Przemysl, et recul général des Allemands
région de Kielce, et défaite sanglante dans la région de Sandomir.
des Autrichiens à Mikouliotz. Le 19. — Essais infructueux des Allemands
Le 3. — A Augustowo, les Allemands, com- pour franchir la rivière San, et bataille
plètement battus, subissent des pertes de plus en plus acharnée autour de
considérables en hommes et en matériel. Przemysl, qui est toujours investie.
Le 4. — Le grand-duc Nicolas informe le Le 21. — Chassée de ses positions, l'armée
général Joffre, qui félicite l'armée alliée, allemande qui s'était portée devant Var-
de la victoired'Augustowo,obtenue après sovie est contrainte à une retraite pré-
dix jours de lutte. — Les Russes s'em- cipitée et tout à fait désastreuse.
parent des hauteurs voisines de Prze- Le 22. — Accentuation de la déroute des
mysl dont ils poursuiventl'investissement. Allemands devant Varsovie. — Avance
Le 6. — Vains essais de résistance des marquée des Russes auprèsd'Ivan-
Allemands en Prusse orientale, où les gorod. L'armée du tsar avance toujours.
Russes prennent la position de Kamenka. Le 24. — Sanglante défaite des Austro-
Le 7. — Deux colonnes russes envahissent Allemands au nord de Rawa.
la Hongrie par le Nord. — L'armée Le 25. — Près de Sambor, une division
d'investissement de Przemysl prend allemande est anéantie par les Russes..
Le 28. — En Pologne, les Allemands re- déroute. — Défaite complète d'un corps
culent en déscrdre vers Radom. turc devant Kœprikeuy.
Le 31. — Sans aucune déclaration de Le 8. — Les Russes sont à 80 kilomètres
guerre préalable, la flotte ottomane, de Posen et poursuivent victorieusement
accompagnée du Breslau et du Gœben, leur marche vers Cracovie.
bombardeviolemment les ports russes Le 9. — En Prusseorientale, les Russes
d'Odessa, de Théodosia et de Novorossisk. occupent Soldau. — Les troupes autri-
chiennes d'arrière-garde sont battues
NOVEMBRE et dispersés sur la route de Cracovie.
Le 1er. —. Progression des troupes russes Le 10. — Les Allemands, cherchant à
au delà de la Vistule et sur le San. — s'opposer à l'avance des Russes en
Dans la mer Noire, la flotte russe donne Prusse orientale, sont repoussés vers
la chasse au Gœben et au Breslau. les lacs de la Mazurie. — La Galicie
Le 2. — Les ambassa- est de plus en plus
deurs de la France, de occupéepar les armées
la Grande-Bretagne et russes. — Nos alliés
de la Russie quittent ne rencontrent aucune
Constantinople. résistance sérieuse sur
Le 3. — Le tsar se rend la route de Cracovie.
sur le front des armées. Le 12. — Deux divisions

Manifeste impérial autrichiennes sont
déclarant que l'attaque anéanties en Buko-
turque sera suivie du vine. — Le blocus de
châtiment qu'elle mé-
rite. — Le ministre de
Serbie abandonne
Przemysl est complè-
tement rétabli.
L'armée russe prend
-
Constantinople. une nouvelle avance en
Le 4. — La guerre est Arménie et défait la
officiellement déclarée cavalerie kurde.
à la Turquie par VAn- Le 13. — Dans la région
gleterre et la France. des lacs de la Mazurie,

Une escadre anglo- les troupes allemandes
française bombarde, à cèdent sous la pression
longue portée, les forts des Russes. — La
des Dardanelles. — Turquie se déclare en-
L'armée russe du Cau- fin en état de guerre
case franchit la fron- LIMAN VON SANDERS contre la Russie, l'An-
tière mahométane et Général allemand, commandant en chef gleterre et la France.
s'empare de plusieurs des troupes ottomanes. Le 14. — Les Allemands
localités, infligeant commencent à masser
aux Turcs des pertes sensibles. — Les des troupes de renfort, en vue d'une gran-
troupes turques reçoivent des of ficiers de bataille, entre la Vistule et la rVart/w.
allemands.—Bombardement de JafJa Le 16. — Nouveaux succès des Russes
par un croiseur anglais. — Les Russes dans la Prusse orientale, et violente
poursuivent leur avance contre les TUTCS, bataille dans la région de Soldau. Début
qui reculent vers Erzeroum. d'une grosse bataille sur le front de Plock
Le 6. — La grande bataille de Galicie est et de la Wartha. — Les Turcs d'Asie-
terminée. Les Autrichiens, vaincus, bat- Mineure battent en retraite, marquant
tent en retraite. Leurs pertes sont énormes leur marche par des cruautés atroces.
Les Russes font 25.000 prisonniers, Le 17.

Les combats se développent entre
dont 5.000 à Jaroslaw. — Les Russes la Vistule et la Wartha. EnPrusse orien-
bombardent Sanguldack et coulent quatre tale, les Russes s'emparentdeGoldap.
transports turcs dans la mer Noire. — Ils Le 18. — La bataillecontinue acharnée dans
occupent Kœprikeuy, en Asie-Mineure. la région de Soldau. — L'escadre alle-
Le 7. — L'offensive russe s'accentue vic- mande bombarde le port de Libau.
torieusement dans la Prusse orientale. — Le 20. Près de Lodz, la contre-offensive

Sur la Vistule, les Allemands exécutent russemarque un succès sur les Allemands.
une retraite qui prend le caractère d'une Cracovie est investie au nord et à l'est.
(Voir à lafin du volume la suite de la chronologie des faits de guerresur le théâtre oriental de lalutte.)
Le commandement austro-hongrois

L'ARCHIDUC CHARLES-FRANÇOIS-JOSEPH L'ARCHIDUC FRÉDÉRIC D'AUTRICHE


Généralissime actuel Il a dû céder son commandement en chef
des armées de l'empereur François-Joseph. après la défaite de Lemberg.

LE GÉNÉRAL DANKL GÉNÉRAL DE ItrKTStENPOTlFF GÉNÉRAL AUFFENBERG


L'ARCHIDUCCHARLES-FRANÇOIS-JOSEPH LE GÉNÉRAL DANKL

prince héritier de la double couronne des Habs- est le seul général de valeur de l'armée autri-
bourg, est né à Persenberg, le 17 août 1887. Il chienne. Il a soixante ans et s'est fort bien com-
a par conséquent vingt-sept ans, et a dû à la porté pendant toute la guerre. Il commande
mort tragique de l'archiduc François-Ferdinand, actuellement, sous les ordres du kronprinz d'Al-
tué à Sarajevo, au mois de juin 1914, d'être lemagne, une arméeautrichienne qui coopère
appelé à recueillir le lourd héritage du vieil avec l'armée allemande en Prusse orientale.
empereur François-Joseph. Il a épousé, le 21 oc-
tobre 1911, la princesse Zita de Bourbon de LE GÉNÉRAL DE HŒTZENDORFF
Parme, et ne s est en rien signalé à l'atten- chef d'état-major général, est l'un des grands
tion du monde au cours de cette guerre des responsables des conflits actuels. C'est lui qui
nations. C'est à peine si son nom a été prononcé.
poussa son souverain à l'annexion de la Bosnie
et de l'Herzégovine, lui qui lança l'Autriche à l'at-
L'ARCHIDUC FRÉDÉRIC D'AUTRICHE taque de la Serbie. Il était le collaborateurintime,
duc de Teschen, est né le 4 juin 1856, à Gross- l'âme damnée de l'archiduc François-Ferdinand.
Seclowitz. Général d'infanterie, inspecteur gé- LE GÉNÉRAL VON AUFFENBERG
néral d'armée, commandant en chef de la land-
wehr autrichienne. Il a épousé la princesse Isa- est d'origine allemande, mais possède parfai-
belle de Croy. L'archiduc Frédéric commandait tement la grande tradition de l'armée autri-
en chef à Lemberg, où il fut superbement battu chienne, c'est-à-dire qu'il s'est fait battre partout
par l'armée russe. C'est à la suite de cette défaite où il a commandé. II est en grande partie respon-
qu'il se vit retirer son commandement en chef. sable des défaites que son pays subit en Galicie.

Les Russes pénètrent dans la Prusse orientale


EFFRAYÉS PAR LA VIGOUREUSE OFFENSIVE DES ARMÉES DU TSAR, LES
ALLEMANDS PRÉLÈVENT DES RENFORTS SUR LEURS TROUPES DE BELGIQUE
POUR LES ENVOYER EN AVANT DE TILSITT
L orientale,
raid
E au d'août, Prusse
accompli mois
par général Rennenkampf,
le
en raid de cavalerie n'eût pas poussé aussi loin,
et surtout n'eût pas effrayé à ce point l'en-
restera l'un des plus magnifiques et des nemi. Les Allemands ont prétendu avoir
plus réussis que relate l'histoire des guerres. défait à Thannenberg onze corps d'armée
Jamais on n'a eux aussi ont exa-
:
mieux fait « mar- géré. En réalité,
»
cher un ennemi.
A travers la région
deux armées rus-
ses, pourvues des
la plus difficile de trois armes, ont
l'empire allemand marché de concert
— pays de marais dans cette région.
et de fondrières— Pendant que celle
le commandant de de Rennenkampf
l'armée de Vilna a abordait de front
menacé directe- les corps ennemis
ment la capitale de la frontière, les
même de cet em- enfoncant à Stal-
pire, dont les Co- lupœnen et à Gum-
saques n'étaient binnen, celle de
plus qu'à 250 kilo- Samsonof les tour-
mètres. Le résul- nait par Soldau.
:
tat ne s'est pas
fait attendre deux
à trois cent mille
Toute la région des
lacs, dite la Mazu-
rie, tombait ainsi
hommesdetroupes au pouvoir de nos
actives, prêts à se alliés qui, par Al-
ruer sur la France, lenstein, s'avancè-
durent se diriger rent jusqu'à la
vers la frontière LA FRONTIÈRE NORD RUSSO-ALLEMANDE ligne de la Vis-
de l'Est et la tule. barrée par
victoire de la Marne put être remportée. les places fortes de Thorn et de Dantzig.
On a dit de l'opération du général Rennen- La province de Prusse orientale était
»
kampf que ce ne fut qu'un « raid de cava- tout entière aux mains des Russes. L'évé-
lerie. C'est une erreur manifeste, car un nement alarmait fort nos ennemis,el le coup
leur était en outre particulièrement sensible, forces écrasantes, près de Thannenberg, le
car la plupart des nobles Prussiens, des général Samsonof, qui périt dans cette mal-
junkers qui fournissent à l'armée ses offi- heureuse journée. Mais le général Ren-
ciers, sont originaires de cette province et nenkampf, à l'est, put se retirer en bon ordre-
y conservent, avec un soin jaloux, leurs sur le Niémen et y attendre une revanche
biens familiaux. C'est non loin de là qu'était qui ne tarda pas. Elle fut éclatante.
né Bismarck, c'est dans son domaine de Cependant, les bénéfices escomptés par
Varzin que le célèbre chancelier allait,chaque la « diversion » russe avaient été recueillis.
printemps, se refaire en « regardant pousser L'armée française et ses alliés anglais avaient
son avoine ». L'empereur lui-même est un pu repousser les envahisseurs jusque sur
des principaux propriétaires fonciers de la l'Aisne; Paris était préservé. L'armée alle-
région. A Trakennen, Guillaume II possédait mande de première ligne, loin de pouvoir
des écuries renommées; il y avait joint une se retourner contre les Russes, devait atten-
collection de cerfs et de daims qu'il montrait dre, décimée, les renforts considérables qui
avec orgueil et qui passait pour la plus belle lui permettraient de résister à la contre-
du monde. A Rominten, il avait d'immenses offensive hardie du général Joffre.
chasses. On comprend son chagrin et son L'armée de von Hindenburg ne devait
humiliation, lorsqu'il apprit que le gibier pas aller bien loin. Elle échouait à l'attaque
de ses parcs et ses animaux les plus rares de la position très fortifiée d'Ossowietz et
!
avaient servi à varier l'« ordinaire
Cosaques
»
Avant que la moisson fût faite,
des sa masse principale se faisait décimer dans
les forêts d'Augustowo. Rennenkampf la
les nobles propriétaires campagnards, suivis poursuivait, la forçait à rentrer en Prusse
par les habitants des villes, s'enfuyaient à orientale et lui infligeait, à la fin d'octobre,
Berlin. Les domestiques et les fermiers une nouvelle défaite à Bakalarjewo. Les
impériaux, les yeux pleins de larmes, allaient Cosaques campèrent de nouveau dans les
se jeter aux pieds de leur maître. C'était la chasses célèbres de Guillaume II.
ruine pour les serviteurs les plus fidèlesdes rois Depuis, en même temps que les armées
de Prusse et presque pour le roi lui-même.. russes du centre et du sud s'avançaient,
Guillaume II ne crut pas pouvoir se d'une marche irrésistible, vers la frontière
dérober à des sollicitations aussi intéres- austro-allemande, celle du nord, autrement
santes. Les débris des trois corps d'armée
qui s'étaient retirés sur la Vistule, fondus
forte - cela va sans dire — qu'au mois
d'août, recommençait méthodiquement la
conquête de la Prusse orientale. La même
avec trois ou quatre corps ramenés de Bel-
gique et renforcés de nombreux éléments de manœuvre semble devoir lui en livrer les
« landwehr », furent placés sous le com- clefs. Une pression exercée dans la région
mandement d'un vieux général rappelé à de Soldau, accompagnée d'une attaque de
l'activité, von Hindenburg, à qui l'empereur front, a forcé les troupes de Hindenburg à
prescrivit, selon sa formule habituelle, une abandonner les défilés de la Mazurie. Pour
« offensive vigoureuse ». A la fin d'août, la deuxième fois, le chemin d'Allenstein
cette armée réussit à surprendre, avec des et de la Vistule s'ouvre devant les Russes.

En Galicie, les armées autrichiennes


sont littéralement écrasées
1L était naturel que les Autrichiens, dont qui s'étaient jusque-là repliées, entraient
l'ultimatum à la Serbie a déclenché toute en action, précédant cette fois le gros des
la guerre actuelle, fussent prêts à entrer en forces slaves. L'armée de Kiew, commandée
campagne avant les Russes. Profitant de par le généralYvanoff, et en sous-ordre par
remarquables
cet avantage momentané, ils envahissaient des chefs qui se sont révélés de
au mois d'août la Pologne, par Miéchow, stratèges, les généraux Roussky et Brous-
Kielce et Sandomir, tandis que des déta- siloff, contre-attaquait selon un plan exac-
chements allemands les flanquaient sur leur tement inverse de celui des Autrichiens.
gauche, dans la région de Lodz. Nos alliés Tandis que le général von Auffenberg,
n'avaient encore à leur opposer que des
:
troupes de couverture. L'armée austro-hon-
groise se déployait en éventail le centre
et l'aile droite le long de la frontière de
Galicie, en avant de Lemberg, l'aile gauche
généralissime austro-hongrois, massait ses
forces principales à son aile gauche, sur le
cours inférieur du San, les Russes ne lui
opposaient, de ce côté, que des éléments
destinés à le retarder et concentraient leur
remontant hardiment la rivière le San et masse à l'autre extrémité de la ligne, en
marchant offensivement vers Lublin. Galicie. Ils envahissaient rapidement cette
A la fin d'août, les avant-gardes russes. province, ainsi que la Bukovine, située plus
au sud et, après sept jours de combats retirer provisoirement soncommandement.
acharnés, mettaient en déroute complète Toutes les troupes austro-allemandes seront
la droite autrichienne. Lemberg, capitale placées sous l'autorité du kaiser et la direc-
de la Galicie, bien que solidement fortifiée, tion effective de l'état-major germanique.
était enlevée après un énergique assaut. Le kronprinzcommandera en personne l'ar-
;
Le centre austro-hongrois devait céder à
son tour l'aile gauche, qui persistait à pour-
suivre son avantage en Pologne, fut tota-
mée du centre, tandis que von Hindenburg,
promu maréchal, conservera le commande-
ment de l'armée de gauche et que le géné-
lement battue, après une lutte de dix-huit ral Dankl dirigera, à l'aile droite, les forces
jours, sur le front Rawa-Russka. Les déta- austro-hongroises en Galicie.
chements qui tentaient encore de tenir au Une offensive générale est prise. Les

LA POLOGNE RUSSE MÉRIDIONALE ET LA GALICIE, PROVINCE AUTRICHIENNE

sud de Lemberg étaient repoussés, les uns Russes, se repliant sur leurs renforts, exécu-
dans les Carpathes, les autres dans la di- tent une marche rétrograde. L'armée de
rection de Cracovie. L'armée russe victo- Dankl enprofite pour marquer quelques
rieuse s'emparait de Iaroslaf et investissait
Przemysl. Presque toute la Pologne autri-
chienne (Galicie) recevait des administra-
;
succès-: elle dégage Przemysl, elle reprend
Iaroslaf au sud, des troupes hongroises
réoccupent la Bukovine. Au nord, des forces
teurs nommés par le tsar lui-même. autrichiennes appuient l'aile droite du
Ainsi se terminait, à la fin deseptembre, kronprinz. Dans les premiers jours de no-
la première phase des opérations. vembre, entraînées par la défaite du prince
Avec la deuxième phase apparaît un nou- héritier allemand, elles étaient battues
veau plan, élaboré par le grand état-major d'abord entre Kielce et Sandomir, puis sur
de Berlin. Une armée allemande de plus le San, devaient abandonner Iaroslaf, laisser
d'un million d'hommes vient appuyer l'ar- réinvestir Przemysl et, après avoir perdu
: mée austro-hongroise qui s'est reformée des milliers de prisonniers, des centaines
sous les murs de Cracovie. Le général von de bouches à feu, un matériel innombrable,
Auffenberg, à qui l'on attribue la respon- se retirer précipitamment par les défilésdes
sabilité de l'offensive sur Lublin, se voit Carpathes couverts de neige. Une faible
:
partie pouvait se réfugier dans Cracovie.
L'Autriche était hors de cause les débris
de ses armées étaient séparés des forces
allemandes. L'empire d'Allemagne devait
été remportée, sur le front oriental, depuis
le début de la guerre. »
Depuis, les Autrichiens ont vainement
tenté de disputer le terrain, devant Cracovie,
désormais pourvoir seul à la défense de ses aux troupes victorieuses du ~isar. Celles-ci
frontières, ne comptant plus sur son alliée. les ont constamment défaits. Elles inves-
C'était ainsi que l'annonçait officielle- tissent la place forte au nord, à l'est et au
:
ment le grand-duc Nicolas, généralissime
russe «Laplus importante victoire qui eût
sud, où elles sont parvenues à moins de
vingt kilomètres de la cité galicienne.

Les Allemands subissent, à deux reprises


de gros échecs, à l'ouest de la Pologne russe
Q UELQUES détachements allemands
avaient pu, dès la déclaration de
dont très peu appartenaient à l'active, pres-
»,
que toutes à la «landwehr fut groupée avec
une rapidité bien faite pour surprendre
guerre, pénétrer dans la Pologne russe,
que la Prusse orientale d'une part, la Galicie
l'adversaire. La célérité des transports et des
autrichienne de l'autre, débordent au nord déplacements de l'armée germanique est
et au sud, et qu'il était par conséquent digne de tous les éloges. Divisée en quatre
impossible de défendre, du moins au début armées, elle franchit la Wartha et se dirigea,
par des routes « concentriques », sur Var-
des hostilités. Cette configuration « excen-
sovie. Le grand-duc Nicolas ordonna à ses
trique » de la frontière russe devait du reste,
troupes une retraite générale sur la Vistule
on va le voir, jouer un rôle considérable dans
le développement des opérations. et sur le San, de manière à ce que toute sa
Bien que le pays occupé soit riche, à laligne fût à peu prè s à la même hauteur, for-
mant, du Niémen aux Carpathes, une bar-
fois agricole et industriel, les envahisseurs
n'en retirèrent pas grand avantage. Ils rière perpendiculaire à la direction de l'as-
étaient d'ailleurs en petit nombre, et lorsque
saillant. Cette opération se fit promptement.
Rennenkampf, en Prusse orientale, Roussky Le généralissime russe avait, pour agir
de la sorte, d'autres raisons encore que la
et Broussiloff en Galicie, eurent dégagé les
configuration de la frontière. Ainsi qu'il l'a
flancs de la Pologne, les partis allemands qui
bivouaquaient au centre durent se retirer. parfaitement expliqué lui-même, il laissait
l'ennemi avancer dans un pays très pauvre
Les tentatives faites pour soulever les popu-
en chemins de fer et en routes, tandis qu'à
lations n'eurent pas le moindre succès. Con-
fiants dans la promesse du tsar, les Polonais
l'est de Varsovie, un réseau ferré assez riche
se montrèrent extrêmement loyaux, et leurs permettait aux Russes de recevoir rapide-
régiments se battirent avec un courage qui ment et sans interruption des renforts venus
arracha à tous des cris d'admiration. de toutes leurs provinces. Ainsi se concentra,
à l'insu des envahisseurs, devant Varsovie et
La reprise des opérations se fit, sur ce
sur la Vistule, une armée formidable. Les
front, vers la fin de septembre. Le kronprinz,
battu dans l'Argonne et sous Verdun, vint colonnes du kronprinz, qui avaient avancé
chercher en Russie des lauriers qu'il croyait
jusque-là sans rencontrer de résistance,
faciles. Les calculs de l'état-major allemand,
furent arrêtées, à quatorze kilomètres de
cette fois encore, se trouvèrent déçus, et le
Varsovie, par un feu violent dirigé par des
prince impérial ne rencontra qu'une im- troupes nombreuses et résolues. Elles durent
mense défaite. Il faut dire, cependant, quese rabattre en désordre sur Skiernewice.
les apparences pouvaient justifier de grands
Deux armées qui, plus au sud, cherchaient
espoirs. Après soixante jours de mobilisation,
à traverser la Vistule vers Ivangorod, pour
la Russie ne devait, d'après les renseigne-prendre la position russe à revers, en même
ments que l'on possédait à Berlin, disposertemps que le prince impérial attaquait de
que d'environ deux millions d'hommes. front, éprouvèrent également un sanglant
L'armée de Rennenkampf se reformait sur échec. Là se distinguèrent les régiments de
le Niémen. Celle de Galicie ne comptait pasSibérie et aussi ceux du Caucase, ce qui
plus d'un million d'hommes. Entre les deux montra aux Allemands que la Russie en-
apparaissait un immense vide dont le centretière, depuis ses extrémités les plus éloignées
était Varsovie. C'est là que le grand état-jusqu'à la frontière d'occident, était main-
major résolut de frapper et c'est au kron- tenant sur le front. Les vaincus, dans leur
prinz qu'il réserva cette action décisive. retraite, firent sauter les ponts, détruisirent
L'armée austro-hongroise, reconstituée les gares, les voies ferrées, les routes, les
- Cracovie, comptait près d'un million lignes télégraphiques. Quatre armées russes
sous
d'hommes. Une masse d'un chiffre au moins n'en franchirent pas moins la Vistule pour
égal, composée de troupes allemandes, mais s'élancer à leur poursuite. Les troupes du
Caucase traversèrent la rivière à la nage. Le général von Hindenburg — si l'on
Les prisonniers et le butin, en artillerie et en croit, du moins, les journalistes tudes-
en matériel, furent considérables. ques qui l'encensent — crut avoir surpris
L'armée austro-allemande qui flanquait nos alliés. Il lançait le général von Macken-
»
la marche du « gros entre Kielce et San-
domir, en liaison avec l'armée autrichienne
sen, avec une force évaluée à cinq corps
d'armée (200,000 hommes), entre l'armée
de Galicie,— armée déjà démoralisée — dut russe qui s'avançait vers Soldau et la masse

CARTE DES TERRITOIRES RUSSO-POLONAIS QUE LES ALLEMANDS ONT EN PARTIE ENVAHIS

reculer à son tour, ce qui amena, sur tout le plus considérable qui, à travers la Pologne
front, une retraite générale de l'ennemi. dévastée, s'ébranlait dans la direction de
Les Russes se trouvaient, après une pour- la Silésie. De ce côté, le grand-duc Nicolas
suite d'une dizaine de jours, sur la ligne ne paraissait disposer, comme flanc-garde,
de la frontière. Il leur restait à affronter, que d'un ou deux corps d'armée. Cette
pour aborder les provinces allemandes de extrême aile droite de l'immense armée de
Silésie et de Posnanie, la défense, que l'on Pologne, dont l'aile gauche poursuivait les
dit extrêmement forte, organisée de Kalisch Austro-Hongrois dans les cols des Carpathes,
à Cracovie. Pendant qu'ils se portaient dans dut momentanément se replier devant des
cette direction, les Allemands exécutaient, forces de beaucoup supérieures en nombre.
le 16 novembre, une contre-attaque-partie La presse allemande chanta victoire. Elle
de Thorn et qui cherchait à déborder la enregistra comme d'éclatants succès les
droite russe, entre la Wartha et la Vistule. batailles de Kutno et de Plotsk, annonçant
même un chiffre de prisonniers supérieur partie cherchait à se retirer vers le nord,
à l'effectif probable des troupes russes ren- dans la direction de Thorn. L'autre faisait
contrées sur ces deux points. Mais, bientôt, front, retranchée entre Zgierz (au nord-est
entre la Vistule et la Wartha, nos alliés de Lodz) et la Wartha. Renouvelant sans
reçurent de sérieux renforts. De den¡{ côtés, doute la manœuvre de la bataille de l'Aisne,
sur chaque flanc de l'armée Mackensen, elle attendait, sur cette position fortifiée
surgissaient de nombreux contingents russes, de façon gigantesque, un renfort que l'on
venus les uns de Varsovie, les autres du sud disait être de deux corps d'armée, — peut-
de la Pologne. Ces derniers repoussaient une être la force repoussée et coupée à Wielun.
deuxième armée allemande partie de Kalisch A la fin de novembre, la victoire des
et qui s'avançait vers Wielun, pour assurer Russes, que la presse quotidienne s'était
la jonction de la première avec le gros des un peu trop hâtée d'annoncer, ne faisait
forces austro-allemandes, resté en avant de néanmoins de doute pour personne. Si
la frontière, sur la ligne Czenstochowa- l'enveloppement total des deux armées
Cracovie. Vers le 25 novembre, les deux allemandes qui avaient réenvahi le nord-
armées germaniques du nord de la Po- ouest de la Pologne ne comporte pas toutes
logne semblaient coupées et hors d'état les conséquences que l'on a pu en espérer—
de se rejoindre. L'armée de Mackensen ce qu'il est impossible de savoir à l'heure
surtout apparaissait dans une situation où nous écrivons — les ennemis ne sortiront
critique. Le communiqué de Petrograd du pas, dans tous les cas, du territoire envahi
28 novembre annonçait que les Russes, sans éprouver des pertes immenses.
tournant sa gauche, occupaient Gombin. Le résultat de cette deuxième offensive
Elle tentait alors d'échapper aux deux allemande apparaît donc, dès maintenant,
pinces de la tenaille qui l'enserrait; une comme un désastre pour les Austro-Germains.

A l'instigation de l'Allemagne
la Turquie se dresse-contre la Russie
C 'EST pour forcer la main au gouver- par deux guerres successives avec l'Italie et
nement turc et l'obliger à entrer en les puissances balkaniques, ne peut ni inquié-
guerre avec la Triple-Entente,
Gœ-
que les ter, ni même gêner laRussie. Les cinquante
croiseurs allemands millions que le gouverne-
ben et Breslau, portant le ment de Berlin lui a, dit-
pavillon ottoman, mais on, avancés pour entrer
commandés par des offi- en campagne, ne sau-
ciers et montés par des raient lui permettre de
équipages germaniques, réorganiser son armée et
ont, le 31 octobre, ca- de maintenir sur le pied
nonné Odessa, Théodosia, de guerre des effectifs très
et quelques autres ports importants.
russes de la mer Noire. Deux des alliés seule-
Ainsi, le sultan, le grand-
vizir, la plupart des mi-
nistres encore hésitants
ou même récalcitrants
ont été mis en face de
quie :
ment ont des frontières
communes avec la Tur-
l'Angleterre en
Egypte, la Russie au Cau-
case. Sur mer, la flotte
»
l' « irréparable et lancés
dans une guerre dont ils
ottomane, qui se montra
impuissante en 1912-1913
prévoient bien les désas- à protéger les îles de
treuses conséquences. l'Egée contre les escadres
La diversion a, évidem- italiennes et mêmecontre
ment, pour but de tenter la flotte grecque, ne pour-
de distraire de la frontière rait sortir des Dardanelles
orientale de l'Allemagne
une partie de l'immense
armée qui la menace, ou
-
sans se heurter aux forces
franco anglaises. L'ad-
jonction du Gœben et du
de rendre, tout au moins, Breslau est loin de lui
indisponibles quelques- donner la maîtrise de la
unes des réserves russes. mer Noire, que domine
Il est peu probable qu'elle toujours la flotte russe.
atteigne son objet. La ENVER PACIIA Tout au plus favorise-
Turquie, saignée à blanc Ministre de la Guerre de Turquie. t-elle quelques raids qui
ne sont, d'ailleurs, pas sans péril. Dès le quie a cherché à transporter par mer des
début, les alliés ont montré aux Turcs troupes dans cette région pour menacer les
qu'ils n'appréhendaient nullement leur en- armées du tsar sur leur flanc droit. La flotte
trée en ligne. Partout, ils ont pris l'offen- russe de la mer Noire a fait bonne garde. Le
sive. Dans la péninsule du Sinaï, le croi- <5 novembre, ses torpilleurs ont coulé six
seur anglais Minerva bombardait le port transports; le 17, elle a bombardé Trébi-
et les fortins d'Akaba, où se rassemblaient zonde. Enfin, le 18, en rentrant à Sébastopol,
quelques troupes ottomanes. Ainsi, les amis ses cuirassés ont surpris et canonné le
de l'Allemagne apprenaient quelle difficulté Gœben, qui paraît avoir été sérieusement
présente une attaque sur l'Egypte par avarié et n'a dû son salut qu'à la fuite.
l'isthme de Suez lorsque l'assaillant n'est L'entrée en ligne de la Turquie peut,
pas maître de la mer. Le 4 novembre, l'An- néanmoins, avoir des répercussions impor-
gleterre proclamait l'annexion de Chypre, tantes, mais cela ne sera probablement pas
qu'elle occupait en fait depuis 1878. En dans le sens qu'espérait l'Allemagne. Elle
Arabie, sur le peut, en effet,
détroitdeBab- amener la re-
el-Mandeb,elle constitution
débarquaitdes de la ligue bal-
troupes in- kanique, dont
diennes dans l'empire otto-
l'ancienne fac- man a éprou-
torerie fran- vé les terribles
çaisedeSheik- effets en 1913
Saïd. Enfin, et à laquelle
au fond du adhérerait,
golfe Persique, cette fois, la
elle occupait Roumanie. Ce
les bouches du serait la liqui-
Chatt-el-Arab, dation défini-
le point termi- tive de la fa-
nus du fameux meuse ques-
chemin de fer tion d'Orient.
de Bagdad, Il est à pré-
dont la con- voir qu'une
cession avait opération de
été, comme on cette impor-
sait, accor- tancenelaisse-
dée aux Alle- rait pas l'Italie
mands. indifférente.
Dès le4 no- Dans tous les
vembre, le cas, les préoc-
bruit du canon cupations de
THÉATRE PREMIÈRES

:
était entendu
à Constantino-
plemême une
ENTRE
LE
LES FORCES
DES
RUSSES ET LES
RENCONTRES
TROUPES OTTOMANES
la Turquie en
Europe, join-
tes à la fai-
escadre anglo-française, composée probable- blesse de ses moyens d'action, ne lui per-
ment de croiseurs britanniques du type mettront d'entreprendre de grandes opéra-
Invincible et Indefatigable, et de croiseurs tions ni en Egypte ni en Asie Mineure.
français du type Édgar-Quinet, bombardait Au bout d'un mois, malgré la « prépa-
les forts de l'entrée des Dardanelles. Les ration méthodique dont ils annonçaient
»
ouvrages ottomans ripostaient sans pouvoir que leur armée et leur flotte avaient été
atteindre les navires de guerre. Les forts de l'objet, sous la haute direction de tout un
Kum-Kaleh et de Sedil-Barach ont parti- état-major allemand, les Turcs n'ont marqué
culièrement souffert des projectiles. aucun succès, ni sur terre, ni sur mer. Une
En Arménie, dès les premiers jours de tentative faite par eux pour s'avancer le
tait en marche dans une triple direction :
novembre, l'armée russe du Caucase se met- long de la côte de la mer Noire, vers Ba-
toum, a été repoussée. La « formidable »
1° celle d'Erzeroum; 2° celle de Van; 3° celle armée qui devait envahir l'Egypte et, en
d'Ourmia, sur la frontière de Perse, menacée s'emparant du canal de Suez, couper les
par des contingents turcs. Elle ne se heurtait, lignes de communication des alliés avec

corps d'armée, trois au maximum -


sur cette vaste étendue de territoire, qu'à des l'Inde et l'Extrême-Orient, a été tenue en
forces relativement peu importantes deux respect par les troupes anglo-égyptiennes.

dont les De nouvelles troupes venues de l'Inde, de
effectifs paraissent incomplets et composés l'Australie et de la Nouvelle-Zélande ont,
en grande partie d'éléments irréguliers, d'ailleurs, renforcé considérablement le corps
notamment de Kurdes. Vainement, la Tur- d'occupation de l'Egypte.
CEUX QUI CONDUISENT AU COMBAT
LES ARMÉES SERBES ET MONTÉNÉGRINES
LES SERBES ET LES MONTÉNÉGRINS
EN LUTTE CONTRE L'AUTRICHE
LES ARMÉES DE FRANÇOIS-JOSEPH, QUI CROYAIENT TRIOMPHER
AISÉMENT DE CES DEUX PETITS PEUPLES, N'ONT, JUSQU'A PRÉ-
SENT, ÉPROUVÉ QUE DES ÉCHECS

L A Serbie, dont la destruction méditée


par l'Autriche-Hongrie a été le pré-
pher de sa résistance. Les Monténégrins
avaient pris le parti de leurs frères de race,
- e texte de la guerre actuelle, s'est admi- de langue et de religion. Après les deux
rablement défendue contre ses agresseurs. guerres victorieuses contre les Turcs et les
Pendant près de quatre mois ceux-ci n'ont pu Bulgares, les Jougo-Slaves,que l'on pouvait

LE THÉÂTRE DES HOSTILITÉS AUSTRO-SERBO-MONTÉNÉGRINES

marquer aucun avantage sérieux; ils ont croire affaiblis, démunis d'hommes, de ma-
même éprouvé de sanglants désastres et ce tériel et de munitions, ont infligé de rudes
n'est qu'après avoir réuni des forces écra- échecs à un ennemi qui, depuis plus de dix
santes et un nombreux matériel qu'ils ont pé- ans, se préparait à la guerre, selon la mé-
nétré sur quelques points du territoire serbe. thode allemande, avec un soin méticuleux
Assurément, les Austro-Hongrois avaient et des ressources considérables.
à lutter au nord contre un adversaire autre- L'armée austro-hongroise s'est présentée
ment redoutable. Pour arrêter les Russes, ils
avaient cru pouvoir ne laisser contre les
Serbes que des forces légèrement supérieures
:
sur trois fronts pour envahir le territoire
serbe 1° au nord-est, le long de la frontière
serbo-roumaine; 2° au nord-ouest, dans la
à celles de ce vaillant petit peuple. Mais plus boucle de la Save et de la Drina; 3° au sud-
de 300.000 hommes n'ont pas suffi à triom- ouest, dans le sandjak de Novi-Bazar.
Sur ces trois fronts, ses troupes ont été afin d'effacer dans l'opinion publique l'im-
complètement battues et sont inutilement pression déplorable produite par les défaites
revenues à la charge. Au nord, les Serbes ont en Galicie, la monarchie austro-hongroise
même réussi à franchir le Danube, à occuper a réussi à entamer le territoire serbe, à l'ouest.
temporairement Semlin et à esquisser une dans le district de Valjevo. Mais la marche
marche sur Budapest. A la frontière de des colonnes russes en Hongrie, les craintes
Bosnie, une de leurs armées, jointe aux forces que l'Autriche peut et doit éprouver d'autre
monténégrines, est venue très courageu- part pour ses frontières du Tyrol et de
sement mettre le siège devant Sarajevo. Transylvanie, jointes à la défensive in-
Ce n'est que dans la première quinzaine domptable des envahis, ne lui permettront
de novembre que, rassemblant une nouvelle sans doute pas de pousser bien loin ses succès
armée, dans un but sans doute politique, ou d'en tirer un très grand avantage.

Chronologie des faits de guerre sur le front sud


autrichien
JUILLET 1914 Le 25. — Poursuite des Autrichiens par
les Serbes, qui détruisent, à Yadar,une
Le 26. — L'Autriche, trouvant insuffi- forte colonne d'artillerie et d'infanterie.
sante la réponse de la Serbie, acceptant Le 27. — Evacuation du sandjak de Novi-
presque toutes ses conditions, rappelle Bazar par les armées autrichiennes en
son chargé d'affaires à Belgrade. retraite, poursuivies par les Serbes.
Le 27. — Déclaration de guerre del'Au-
triche à la petite nation serbe. SEPTEMBRE
Le 28. — L'Autriche mobilise huit corps
d'armée. — De son côté, le Monténégro
déclare la guerre à l'Autriche.
Le 1er. - Nouveau bombardement de
Belgrade. Les dégâts sont importants.
Le 5. — Petit échec des Serbes à Mi-
Le 29. — LesAutrichiensproclament qu'ils Trowitza; ils passent cependant la Save.
n'occuperont pas Belgrade. Les armées serbes et monténégrines
Le 30. -BombardementdeBelgrade. —
prennent Fsicha et rejettent l'ennemi
sur la rive gauche de la Drina.
AOUT Le 8. — Les Serbes prennent Semlin,
après un violent et héroïque combat.
Le 6. — Les Serbes prennent d'assaut la
ville de Potcho. — Le bombardement Le 11. — Un avion autrichien jette des
,, de Belgrade, qui n'a jamais cessé, bombes sur Antivari.
augmente d'intensité et de violence. Le 13. — Les Autrichiens cherchent à
-
Le 8. La flotte austro-hongroise bom-
barde Antivari, sur la côte adriatique.
passer la Drina et sont repoussés avec
des pertes énormes. — Les Serbes pren-
--
Le 10.
triche.
Les Serbes pénètrent en Au-
Les Monténégrins s'emparent
nent Visegrad et avancent en Bosnie. —
A Kowlilovo, les troupes autrichiennes
de plusieurs positions très importantes sont battues par les Monténégrins.
,
en Dalmatie et en Herzégovine. Le 15. — Les Monténégrins prennent
Le 12. — Les Autrichiens tentent vaine- Goradza, près de Sarajevo.
ment le passage devant Belgrade et Le 17. — Les armées de la Serbie et du
- subissent des pertes sensibles. — Les Monténégro opèrent leur jonction pour
marcher sur Sarajevo. — Le prince
Monténégrins bombardent Cattaro.
Le 17. — Victoire des Serbes à Chabatz, héritier de Serbie est décoré par le tsar.
où ils prennent quatorze canons et détrui- Le 20. — Les Serbes occupent les hauteurs
sent trois régiments. — Avance des de Rogatitza, à 15 kilomètres de Sara-
Monténégrins en Herzégovine. jevo, et s'apprêtent à marcher sur la ville.
Le 19. — Victoire des Serbes à Plonitza, Le 21. — Victoire des Serbes à Krou-
où les Autrichiens laissent12.000 morts panje, sur la Drina. — La flotte autri-
sur le terrain et beaucoup de matériel. chienne bombarde Antivari,mais elle
Le 22. — Avouant leur défaite sur la Drina, est mise en fuite par l'artillerie monté-
les Autrichiens renoncent à l'offensive. négrine, qui se comporte admirablement.
Le 23. —
Occupation des abords de Sara- Le 26. — Infructueux essai des Autri-
jevo par les Serbo-Mon énégrins. chiens pour franchir la Save; ils sont
Le 24. — En Bosnie, des contingents ser- repoussés et perdent beaucoup de monde.
bes occupent Sebreniza.
Le 28. — Les Serbes,quiavaient dû NOVEMBRE
évacuer Semlin, y entrent de nouveau.
Le 30. — Les Serbes, en Bosnie, occupent
Le 3. - Nouvelle attaque des Autrichiens
contre les positions de Goutchovo. Ils
la ville d'Harnojak. sont de nouveau re-
poussés par les Serbes
OCTOBRE et les Monténégrins.
Le 1er. — Sanglante dé- Le 5. — Une colonne
faite des Autrichiens de 12.000 Albanais eM
sur leshauteurs de Rou- massacrée dans un
mania, en Bosnie. défilé par lestroupes
Le 2. — Les Autrichiens, monténégrines.
voulant s'opposer à ra- Le 10. — Dans la ré-
vance des Serbes et des gion de Chabatz, les
=
Monténégrins vers Sa- Serbes infligent de
rajevo, sont battus à nouveau une sanglante
Grahovo, et subissent défaite aux Autri-
de fortes pertes. chiens, s'emparent de
Le 5. — Les Monténé- plusieurs canons, d'un
grinss'emparent des matériel important, et
positions de Klivatch, font plusieurs milliers
Ollak et Itepanitza, de prisonniers.
après avoir infligé un Le 11. — Les Autri-
sanglant échec à l'en- chiens ayant reçu
nemi sur le front d'importants renforts
Billek-Gatsko. marquent lUn.succès
Le 11. — Défaite des sur la Drina. L'armée
Autrichiens par les serbe doit se retirer
Serbes et lesMonténé- dans la direction de
grins près de Rogatica. Kroupanje.
Le 13, — Attaque de Le 14. — Les chantiers
Raguse par une hé- de constructionfluviale
roïque colonne serbo - d'Orchava sont détruits
monténégrine. - par l'artillerie serbe.
Le 14. - Les Autri-
chiens attaquent leurs LE PRINCE GEORGES DE SERBIE
Le 15. — En présence
de la supériorité nu-
adversaires à Koutche- Combattant sous les ordres de son frère mérique des Autri-
vo, et sont finalement
cadet,il aétéassez grièvementblessé chiens, les Serbes
repoussés avec des per- à Plonitza et à Belgrade. battent graduellement
tes considérables. en retraite afin de
Le 16. — Nouvelle défaite des Autrichiens, se reporter sur une ligne plus favo-
- dans les défilés des monts Romania, rable. — Les Monténégrins repoussent
à quelques kilomètres de Sarajevo. une attaque autrichienne à Grahovo.
Le 18. — Seconde attaque des positions Le 16. — Les Serbes évacuent Valjevo.
de Koutchevo par les Autrichiens, qui Pendant la retraite, leur artillerie in-
sont encore battus. — Les Serbes occu- flige des pertes sérieuses à l'ennemi.
pent l'île Peya, sur la Drina. Le 18. — Les Autrichiens sont repoussés
Le 19. — Bombardement de Cattaro par au sud-ouest de Lazarevatz.
les Monténégrins et les Serbes.

Près Le 19.— Les troupes autrichiennes com-
de Kalinovik, les Autrichiens sont battus mettent des atrocités à Valjevo.
par les Monténégrins. Le 20. — Le gouvernement serbe annonce
Le 23. — Défaite autrichienne en Bosnie. que la retraite s'exécute en bon ordre.
Le 24. — Une tentative autrichienne vers —
Le bombardement de Belgrade con-
Ratcha est suivie d'un grave échec. tinue avec une extrême violence.
(Voiràlafinduvolumelasuitedelachronologie des faits de guerre sur le front sud autrichien.)
Franchissant la Save, les Serbes pénètrent
sur le territoire autrichien
L huit
'Autriche avait mobilisé contre la Serbie
corps d'armée, c'est-à-dire environ
qui se glissaient la nuit sur la rivière et s'ef-
forçaient d'atteindre la rive opposée, étaient
320.000 hommes. Elle commença lesopé- découverts par les projecteurs et coulés.
rations dès les premiersjours d'août en tentant Dans la boucle de la Drina se déroulèrent
le passage du Danube devant Belgrade, tan- les opérations les plus importantes. La confi-
dis qu'une deuxième armée se présentait à guration du terrain permettait aux Autri-

BELGRADE, CAPITALE DE LA SERBIE, ET SEMLIN (AUTRICHE), LES DEUX VILLES


ENNEMIES SÉPARÉES PAR LA SAVE

l'entrée de la plaine serbe, le point qui parais- chiens d'entourer les forces serbes, qu'ils
sait le plus propice à une invasion, — dans la enveloppaient sur trois faces. Néanmoins,
boucle formée par la Save, après son con- dès le 17 août, ils éprouvaient une défaite
fluent avec la Drina,— et que des contin- à Chabatz et devaient battre en retraite.
gents, d'importance moindre, se glissaient Cet échec sur le front occidental entraî-
au sud, dans le sandjak de Novi-Bazar, pour nait le recul du détachement qui opérait
essayer de ressaisir ce fameux couloir, route dans le sandjak de Novi-Bazar. Les Serbes,
de Salonique, et empêcher la jonction des au nord, passaient la Save et s'emparaient
forces serbes et monténégrines. de Semlin, tandis qu'au sud-ouest, leurs
Devant Belgrade, les envahisseurs n'éprou- colonnes, jointes aux troupes monténégrines,
vèrent que des échecs. En vain bombar- occupaient Visegrad et s'avançaient en
dèrent-ils la ville pendant de longs jours. Bosnie, dans la direction de Sarajevo. Pen-
Jamais ils ne réussirent à réduire au silence dant les mois de septembre et d'octobre,
l'artillerie serbe. Les multiples tentatives Serbes et Monténégrins continuèrent métho-
qu'ils firent pour passer la Save, à l'ouest de diquement la conquête de la province habi-
la capitale, n'eurent pas plus de succès. Cha- tée par leurs frères de race et annexée en
que fois, les transports chargés de troupes 1908, après trente ans d'occupation, par les
Autrichiens. Le caractère montagneux de la Leurs adversaires compensaient l'infériorité
Bosnie et de l'Herzégovine, les formidables
défenses accumulées devant Sarajevo, ren-
daient toutefois assez lents leurs progrès.
:
croissante du nombre, — car il leur est très
difficile de réparer leurs pertes dès le début,
pour lutter contre leur formidable ennemi,
A plusieurs reprises, les Austro-Hongrois ils ont dû appeler tout le monde sous les
ont tenté de reprendre l'offensive, le 13 sep- armes — ils compensaient donc ce désavan-
tembre, sur la Drina, le 14 et le 18 octobre, à tage par une tactique adroite, que favori-
Koutchevo, le 26 du même mois, sur laSave. saient la connaissance du pays et l'admi-
Toujours ils ont été repoussés avec pertes. rable patriotisme des populations.
Ce n'est que le 10 novembre, après que la Déjà, tandis qu'ils luttaient en Bosnie, les
principale armée austro-hongroise, battue Austro-Hongrois avaient dû se méfier de
par les Russes en Galicie, se fut retirée pré- la majeure partie des habitants, prêts à se
cipitamment, d'une part sur Cracovie, de jeter dans les bras des Serbes, et, en atten-
l'autre sur les Carpathes, qu'une deuxième dant cette émouvante jonction, à favoriser
armée, forte, cette fois, de 450.000 hommes et à renseigner par tous les moyens leurs
et composée de troupes fraîches, se présenta grands frères indépendants; déjà ils avaient

LES SERBES PASSENT LA SAVE SUR DES RADEAUX ESCORTÉS DE BATEAUX


de nouveau dans la boucle de la Save, comp- dû appeler sous les drapeaux, pour les em-
tant facilement triompher d'hommes épui- ployer sur d'autres frontières, ou bien dé-
sés par trois mois de combats continuels. placer, incarcérer, ou même fusiller ces
Une double offensive se prononce, au nord
par Chabatz, au sud par Kroupanje. L'aile
droite serbe est victorieuse à Chabatz, mais
!
suspects, mais, en Serbie même, combien la
difficulté de leur marche s'est accrue Alors,
et préventivement, semble-t-il, ils ont
la gauche doit se replier devant des forces employé la méthode allemande.
numériquement écrasantes. L'ennemi pénè- Lorsque le 19 novembre ils pénétrèrent
tre dans le territoire de Valjevo. Les Serbes à Valjevo, chef-lieu du district de la Serbie
battent lentement en retraite, infligeant à du nord-ouest, les soldats de François-
leurs adversaires des pertes énormes. Habiles
dans la défense de leur pays, ils ne lais-
sent pas les envahisseurs aller très loin,
Joseph alléguèrent que des bombes avaient
été jetées sur eux du haut des fenêtres ils;
en profitèrent pour fusiller les habitants et
et tout indique, d'ailleurs, que les Austro- incendier les maisons. C'est, décidément,
Hongrois auront bientôt, sur d'autres fronts, le système préféré de nos ennemis pour ne
des préoccupations plus graves, qui ne leur laisser derrière eux aucun témoin gênant.
permettront pas de maintenir contre les Jamais on ne vit l'humanité aussi délibéré-
Seibes des effectifs importants.
Pendantla deuxième moitié de novembre,
ment foulée aux pieds que dans cette guerre
Mais bien qu'elle fasse le désert devant
!
les Autrichiens n'ont fait dans l'ouest de la et derrière elle, bien qu'elle dispose d'effectifs
Serbie que des progrès très peu sensibles. doubles et d'une grosse artillerie puissante,
l'armée autrichienne paie cher chacune des serbe qui opérait avec eux en Bosnie de se
attaques auxquelles elle se livre. Ses forma- retirer pour couvrir son propre territoire.
tions serrées sont décimées par l'artillerie Cependant, le 3 décembre, l'empereur
de campagne serbe — qui est, on le sait, de
fabrication française — et par les feux de
l'infanterie, qui excelle à combattre en ordre
:
François-Joseph a pu inscrire à son tableau
une grosse pièce la prise de Belgrade. Il
est douteux que l'événement ait une portée
-

dispersé. C'est une guerre de guérillas fet politique considérable; il n'a aucune impor-
d'embuscades qui « mange »
d'hommes à ceux qui en sont l'objet.
beaucoup tance militaire. La ville n'est pas fortifiée;
elle a été canonnée dès le début de la
Les Monténégrins se sont avancés au guerre et le gouvernement serbe l'a quittée
nord-est afin de permettre à la colonne depuis longtemps pour s'installer à Nisch.

Les Monténégrins opèrent en Dalmatie


en Herzégovine et en Bosnie -
-
L enMonténégrins
ES ont vigoureusement pris
main la cause de leurs frères Ser- les
Cattaro, toutefois, se trouve dominé au
sud-est par le mont Lovcen, qui est resté au
bes. Nous avons vu qu'ils ont collaboré à pouvoir des Monténégrins. Dès le début de
la marche sur Sarajevo. En dehors de cette la guerre, le peuple de la « Zernagora » est

OFFICIERS MONTÉNÉGRINS AU REPOS DEVANT UNE AUBERGE DE GORADZA

colonne, ils en ont lancé d'autres en Herzé- venu mettre le siège devant la place, que la
govine, et, enfin, ils ont pris part à d'inté- flotte franco-anglaise, commandée par l'ami-
ressantes opérations sur la côte de Dalmatie. ral Boué de Lapeyrère, bloquait du côté de la
Lorsque, au traité de Berlin, l'Autriche- mer. De puissants canons de marine, maniés
Hongrie avait reconnu l'indépendance des par des artilleurs français, ont été hissés sur
énergiques habitants de la Montagne-Noire, le mont Lovcen, et le bombardement de la
elle s'était efforcée de les priver de tout débou- place a commencé, à la fois par terre et par
ché sur l'Adriatique. Antivarileur avait été mer, produisant des effets terrifiants.devant
laissé à regret, avec défense d'y élever des Les Monténégrins ont encore paru
fortifications. Mais le gouvernement de le port dalmate deRaguse. Les diversions
François-Joseph s'était adjugé Cattaro, port tentées contre eux au début de novembre par
naturel du Monténégro, dont la position et des bandes albanaises, évidemment à la
la configuration, en raison des fameuses solde de l'Autriche, n'ont pas réussi à les
»,
« bouches
devaient lui permettre de consti- détourner de leur objectif.
Ils ont continué la lutte à la frontière de
tuer la plus puissante station navale qui
ait jamais été créée sur l'Adriatique. Bosnie, pour protéger la retraite des Serbes.
LEURS PRISONNIERS ET LES NOTRES
Quel est le nombre des hommes capturés, de part et d'autre
depuis le début des hostilités?

On ne possède à ce sujet que de vagues indications

N ous avons fait, au cours de ces trois


mois de guerre, environ 280.000 pri-
Tels également les otages lorrains, internés
au fort Von-der-Thann et à Ingolstadt.
sonniers aux troupes françaises. »
Ainsi s'exprimait, avec impudence, le Lo- Les camps de prisonniers
kalanzeiger, c'est-à-dire l'un des journaux Les prisonniers français sont internés dans
les plus populaires de l'empire d'Allemagne. des camps. Ils conservent, naturellement,
Plus modeste, le ministre de la Guerre, au leurs uniformes et sont soumis à la disci-
cours d'une interview accordée le 17 octobre pline la plus sévère. Leurs sous-officiers et
dernier a un jour- caporaux les com-
naliste hollandais, mandent et sont
déclarait que le eux-mêmes placés
chiffre des prison- sous les ordresd'in-
niers français en traitables sous-
Allemagne s'é 1 e - officiers prussiens.
à
vait 115.000.Un On connaît déjà
peu plus tard, une les camps deHalle
statistique offi- (Prusse), d'Ober-
cielle allemande tine-Ingolstadt. de
abaissait encore ce Grafenwohr (Ba-
nombre à 63.000 vière), d'Ohrdruf
— et il est fort pro- (Saxe), de Senne
bable qu'il est en- (Westphalie), de
core bien enflé, car Friedrichsfeld, de
les Allemands dé- Munster, de Mu-
clarent avoir fait nich, deMinden,
40.000 prisonniers de Doberitz.
à Maubeuge.Or,
les soldats de cette
Parquelqueslet-
tres, pleines de ma-
garnison qui ont pu licieuse bonne hu-
s'échapper sont meur, farcies d'ex-
environ au nom- pressions patoises
bre de 3.000. Et ou d'allusions lo-
la garnison de Mau- cales, absolument
beuge ne s'élevait incompréhensibles
qu'à 15.000 hom- pour d'épais cen-
mes. Ils n'ont donc seurs allemands,
pu faire là que UN CONVOI DE PRISONNIERS ALLEMANDS nos soldats prison-
12,000prisonniers, niers ont pu con-
au lieu des 40.000 annoncés, soit une diffé- ter comment ils sont traités. « Nous som-
rence de 28.000 hommes qui, retranchée du mes bien logés, bien nourris, écrivait l'un
nombre de 63.000 avoué par la statistique d'eux, un Bourguignon, à ses parents, presque
officielle du bureau du ministère de la Guerre aussi bien que les pensionnaires de la mère
»
prussien, porte à 35.000 le nombre des pri- X. Or, la bonne femme ainsi désignée
sonniers français internés en Allemagne. élève des porcs, dont elle fait le commerce.
Presque tous ces prisonniers sont mili- La nourriture d'un prisonnier comporte
:
taires, mais on compte parmi eux, cependant, une soupe à la farine, le matin; une tranche
d'assez nombreux civils tels les 1.200 jeunes de pain et un peu de légumes à midi; une
gens et jeunes hommes mobilisables, qu'à soupe ou du thé le soir. Trois fois par se-
Amiens le général von Stockhaugen fit con- maine, une ratatouille de viande et de pom-
voquer à la citadelle et envoya à Munich. mes de terre non épluchées. C'est là leur
comme

attentive,

BERLIN

surveillance
A
d'évasion.
",
NOUVEAU-MONDE

une
velléités
eux

sur

des
exerce

DU avoir

allemande
L'HÔPITAL

pouvaient

sentinelle
DE
sont,
JARDINS

une
ils


atteints;
LES

l'état
DANS

gravement
dans
BLESSÉS,

compatriotes,

été

FRANÇAIS,
avoir

paraissent
infortunés

PRISONNIERS

banc

nos
le
DE
sur si
assis
GROUPE

sont

qui

Ceux
maigre menu,qu'ils communiquer
ne pouvaient, en avec les captifs.
ces derniers temps, L'agence
pas
suppléments:
améliorer
achetant quelques
leur avait refusé
des cantines et on
en
on
des prisonniers
à Genève
Cette agence a
été organisée pour
leur prenait tout fournir aux famil-
leur argent, voire les intéressées,
leurs bijoux. françaises, anglai-
Cependant, les ses, belges et alle-
rudes geôliers teu- mandes, des nou-
tons ont tendance velles de ceux de
depuis peu à s'hu- leurs membres qui
Ils
maniser. ont au- sont internés.
Elle fut fondée
torisé quelques en-
vois d'argent, de à la fin du mois
vivres, de lettres,
de vêtements d'hi-
ver; à ce sujet,
d'ailleurs, le bu-
;
d'août, par cinq ou
six personnes elle
compte mainte-
nant 350 collabo-
reau de l'Agence rateurs. Sa direc-
des prisonniers de L'INTERROGATOIRE D'UN PRISONNIER PRUSSIEN tion incombe au
guerre français, 26 Comité internatio-
bis,rue FrançoisIer nal, que dirige M.
à Paris, fournit tous les renseignements dé- Gustave Ador. Elle est organisée dans les lo-
sirables aux familles qui s'adressent à lui pour caux du musée Rath, gracieusement concé dés

TIRAILLEURS SOUDANAIS ET TURCOS PRISONNIERS EN WESTPHALIE


par la ville de Genève. L'Agence suisse de sucre et de café. Ils ne travaillent guère.
a également accepté de servir d'intermédiaire Pourtant on commence, dans certaines ré-
entre les Serbes et les Autrichiens. Elle trans- gions, à les employer à des travaux de voirie,
met à Nisch et à Vienne les fiches qui lui à la construction de bâtiments provisoires,
sont adressées. Un bureau de prisonniers de aux travaux agricoles et de charroi.
guerre est installé également à Copenhague Aussi nos prisonniers ne se trouvent-ils
etrenseignesur les Russes capturés. pas malheureux. Ils préfèrent la prison fran-
L'Agence de Genève reçoit un peu plus de çaise à la caserne allemande. C'est peut-être
10.000 demandes de renseignements par ce qui explique pourquoi les soldats du kaiser
jour et expédie un millier de lettres: en mettent si facilement bas les armes.
outre, elle envoie par jour 3.000 lettres aux On ne peut, pour résumer la situation
prisonniers et 3 ou 400 colis postaux. faite aux prisonniers allemands en France,

SOLDATS ÉCOSSAIS CAPTURÉS EN BEI GIQUE ET INTERNÉS A DOBERITZ, (ALLEMAGNE)

Prisonniers allemands en France que citer cette très authentique anecdote :


Dans une petite ville du Midi, un officier,
Il est difficile, pour ne pas dire impossible, pour se rendre compte de la mentalité des
de donner même approximativement le nom- prisonniers, fit sonner leur rassemblement
bre des soldats Allemands prisonniers en et les informa qu'un échange de soldats
France. On les a internés dans les vieilles villes captifs devant avoir lieu entre la France et
fortifiées du midi de la France, vers les Pyré- l'Allemagne; cinquante d'entre eux seraient
nées principalement. Mais les villes du cen- désignés pour regagner éventuellement leur
tre, du littoral de la Méditerranée et de pays et leur régiment.
l'Atlantique, les garnisons tunisiennes, algé- mutuellement, ajouta
riennes, marocaines même, en ont reçu de — Désignez-vous très
le capitaine d'un ton sérieux.
véritables et lamentables bataillons. Ces hommes alors tinrent un conseil, puis
Les prisonniers Allemands en France sont l'un d'eux revint vers l'officier :
très bien traités. D'aucuns, même, disent — Cherchez donc ailleurs, mon capi-
qu'on les traite trop bien. Ils reçoivent les taine, dit-il, nous ne tenons pas du tout à
mêmes vivres que nos soldats de l'armée retourner à nos régiments, nous aimons
active, touchent les mêmes rations de thé, mieux, pour l'instant, rester ici!
La bataille des Flandres par l'image

LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DANS UN PETIT VILLAGE DU NORD

GOUMIERS ALGÉRIENS ACCOMPAGNANT UNE COLONNE DE PRISONNIERS ALLEMANDS, SUR LA


arvEGAUCHEnu CANAL DE L'YSER
UNE BOUCHERIE MILITAIRE DANS UN VILLAGE DU PAS-DE-CALAIS

LE REFUGE SOUTERRAIN D'UN LIEUTENANT BELGE, EN AVANT D'YPRES

LES TERRES VOLONTAIREMENT INONDÉES, ENTRE NIEUPORT ET DIXMUDE


DEUX CAVALIERS ALLEMANDS TUÉS PAR DES BALLES FRANÇAISES
Ce tableau macabre a étéphotographié dans la cour d'une ferme. à Ramscappelle (Belgique).

UNE VICTIME BIEN INNOCENTE DE LA GUERRE


Ce moulin des environs de Nieuport a été littéralement coupé en deux par un obus.
FANTASSINS BELGES TIRANT SUR UN AÉROPLANE ALLEMAND

DANS LES TROUS-ABRIS DU FRONT, ENTRE


DIXMUDE ET YPRES
LE PAUVRE CLOCHER DE L'ÉGLISE AU COUVENT DES PETITES SŒURS
DU VILLAGE D'ANS (BELGIQUE) DES PAUVRES, A NIEUPORT
Un projectile allemand a complètement abattu Par un trou béantfait dans un mur par un obus
sa flèche et endommagé gravement sa tour. on aperçoit un grand christ demeuré intact.

CE QUI RESTE D'UNE GRANDE SUCRERIE DU NORD, PRÈS DE LILLE


On sait que lesAllemands détruisent systématiquement nos fabriquesetnosusines, dansl'espoir
d'anéantir, du même coup, notre industrie nationale.
DÉVASTATION

DE

guerre.
TABLEAU

la
de
EFFRAYANT
horreurs

les
UN
toutes
REGARDS

subi

AUX
a
localité

OFFRE

celte

OCCIDENTALE)
alliés

les

par

fois
(BELGIQUE

plusieurs

PERVYSE
reprise

et
DE
Prise
,¡., RUE

PRINCIPALE

LA
LA NEF PRINCIPALE DE L'ÉGLISE DE NIEUPORT APRÈS LE BOMBARDEMENT

LE MAITRE-AUTEL DE LA MÊME ÉGLISE A ÉTÉ FRAPPÉ DE PLUSIEURS OBUS


PAUVRE PIANO! ON PEUT LE VOIR AINSI,DANS UNE VILLA, PRÈS DE NIEUPORT

GROUPE DE MAISONS VOISINES DE L'ÉGLISE, A HUVÉ (BELGIQUE)


LES EFFETS D'UN UNIQUE OBUS TOMBÉ SUR UNE MAISON DE NIEUPORT

DANS CE HAMEAU DU NORD, PAS UNE CHAUMIÈRE N'EST RESTÉE INTACTE


1
IL EST A PEU PRÈS IMPOSSIBLE DE CIRCULER DANS CETTE RUE DE DIXMUDE

UN PETIT VILLAGE BELGE, NON LOIN DES BORDS DE LA LYS


Une traie et ses deux gorets mettent seuls un semblant de vie dans cette rue devastée.
Sur le front oriental des hostilités

LES GRANDES-DUCHESSES RUSSES SE SONT TOUTES ENRÔLÉES DANS LA CROIX-ROUGE


Les grandes-duchesses Olga (A) et Tatiana (B), filles du tsar Nicolas.

LE TSAR SORTANT DE VISITER UN HÔPITAL DE LA CROIX-ROUGE RUSSE


UN ESPION ALLEMAND VIENT D'ÊTRE ARRÊTÉ DANS LES LIGNES RUSSES
Le dessinateur Kraschenkoff, attaché aux armées du tsar, prend un croquis du personnage,
dont l'accoutrement est plutôt bizarre.
PRISONNIERS RUSSES BLESSÉS SOIGNÉS PAR DES INFIRMIERS ALLEMANDS

PRISONNIERS AUTRICHIENS FAITS PAR LES RUSSES A LA BATAILLE HE LEMHERO


suite.

la
par

l'abandonner
ORIENTALE)


(PRUSSE

avaient

SOLDAU
ils
mais

DE
campagne,
PLACE

UNE
la
SURde

début
ALLEMANDES

au

importante

TROUPES

ville

DE cette

DÉTACHEMENT
de
emparés

s'étaient
UN

Russes

Les
ÉQUIPEMENTS AUTRICHIENS RAMASSÉS PAR LES RUSSES EN GALICIE

LA PLACE DU MARCHÉ DE NIEDENBURG APRÈS LE BOMBARDEMENT RUSSE

UNE GARE COMPLÈTEMENT DÉTRUITE A LA FRONTIÈRE RUSSO-ALLEMANDE


UN VILLAGE A DEMI RUINÉ DANS LA PRUSSE ORIENTALE

AUTRE PETITE VILLE ALLEMANDE BOMBARDÉE PAR L'ARTILLERIE RUSSE


Nos alliés (lelriiiscnl les villes sans toucher aux églises, comme enfait foi cellephotographie.
BUTIN ET TROPHÉES DE GUERRE
Comme pour les prisonniers, il est difficile d'énumérer le matériel
de campagne de toute nature dont les alliés se sont emparés ou
celui que l'ennemi leur a pris.

D ANS les Vosges, en Alsace, puis sur la


Marne et l'Aisne, l'héroïsme de nos
aux couleurs de la campagne de 1866, est
rehaussée de deux épées croisées, en cuivre
troupes a conquis de nombreux tro- doré. Ce drapeau estabsolument intact.
phées. Nous avons toutefois subi, au début 3° Drapeau du 68e régiment de la land-
de la campagne, des insuccès dont l'exposé wehr. 1er bataillon. Il porte la cravate aux
détaillé ne pourra être fait que plus tard, et couleurs de la guerre de 1870, avec la mé-
les Allemands ont réussi, de leur côté, à daille de cette campagne et. l'agrafe de
s'emparer de quelques canons et à faire pri- Mézières. Le fer de lance montre la Croix
sonniers un certain nombre de nos soldats. de fer datée de 1813 et 1870. (Intact.)
En attendant qu'il soit possible d'établir un 4° Drapeau du 36e régiment de fusiliers,
relevé exact de nos prises, nous donnons ici 1er bataillon. Sous la flamme en soie rouge,

Les sept derniers drapeaux pris aux Allemands, suspendus dans la chapelle des Invalides, devant la
tribune des grandes orgues. Ils sont la preuve incontestable de nos victoires.

la nomenclature très exacte des drapeaux


enlevés à l'ennemi, par les troupes fran-
çaises, jusqu'à la date du 15 novembre.
:
on lit sur une bague argentée Erneut unter
Kœnig Wilhelm II, 1903, ce qui veut dire
Restauré par le roi Guillaume II en 1903.
:
La chapelle des Invalides doit à la vail- Ce drapeau, provenant de la garnison de
lance de nos soldats une parure guerrière Magdebourg, a été pris par le soldat Guil-
composée actuellement de sept drapeaux mard, à la bataille de l'Ourcq. (Déchiré.)
dont les hampes ont été fixées au rebord de 5° Drapeau du 94e régiment de la land-
la tribune, et que nous désignerons, de la
gauche à la droite, en commençant par
1°Le drapeau du 85e régiment de la
: wehr, 11e bataillon, orné d'un blason saxon,
aux armes- allemandes. Ces armes sont en-
tourées d'un manteau d'hermine, sommées
landwehr,1er bataillon, avec cravate aux de la couronne de Prusse, le tout sur fond à
couleurs de la guerre de 1870. (Déchiré.) quatre parties en vert et blanc. Dans le coin
20 Drapeau du 72e régiment de la land-
wehr, 2e bataillon. Il porte deux cravates
l'une rappelant la remise du drapeau par
: supérieur, près de la hampe, on voit un
écusson formé de deux rameaux de laurier
et surmonté d'une couronne identique à
l'empereur Guillaume II, en 1900; l'autre, celle qui figure au centre. (Déchiré.)
6° Drapeau du 69e régiment, seul dra- bien que, la position n'étant plus tenable,
peau de régiment de la série, orné d'un les artilleurs allemands durent abandonner
cravate commémorative de la remise de leurs pièces. Le 132e bavarois demeura seul
l'emblême en 1900. (Largement déchiré.) aux prises avec l'infanterie française. La
7° Drapeau du 49e régiment poméranien. nuit approchait. On lança le 10e bataillon
Ce drapeau est blanc. Le fer de lance qui de chasseurs à pied contre les tranchées
surmonte la hampe porte la Croix de fer. allemandes. Dans une ruée formidable, nos
Cravate réglementaire avec passants por- chasseurs enlevèrent les ouvrages de dé-
tant les dates de 1860 et de 1900. Flamme fense. Il y eut là un rapide combat à la
de soie blanche décorée de broderies dorées baïonnette, et c'est dans ce mouvement que
sienne au centre :
du modèle courant, l'aigle et la devise'prus-
Pro Gloria, Pro Patria.
le drapeau du 132e tomba en notre pouvoir,
ainsi que huit canons, quatre obusiers, six
:
Bague réglementaire avec l'inscription sui-
vante J. R. n° 49, F. B. 6. B. R., c'est-à-dire,
49e régiment d'infanterie, fusiliers du 6e ré-
mitrailleuses, quatre-vingt-six chevaux et
cinq cent trente-sept prisonniers, dont dix
officiers. L'honneur d'avoir pris le drapeau
giment poméra- revient à la 5ecom-
nien. Ce régiment pagnie, mais les
tient garnison de détails de ce bril-
paix à Gnesen et lant fait d'armes
fait partie du 11e ne sont pas encore
corps. Une autre connus d'une ma-
genté,
bague, en métal ar-
porte une
inscription analo-
nière assez précise
pour que l'on puis-
se désigner, dans
gue à celle que cette poignée de
héros,celui qui mit
nous avons repro-
duite pour le n°4
Erneut unter Kœ-
: lamainsurletro-
phée. Il n'est pas
nig Wilhelm -Il,
:
1910, soit Restau-
réparleroiGuil-
sans intérêt de rap-
peler à ce sujet
qu'une somme de
laume II en 1910. 5.000 francs « des-
Ce drapeau paraît tinée à récompen-
être celui que la ser le soldat fran-
cavalerie française çais qui, lors de la
prit au cours d'une revanche, pren-
charge furieuse, le drait le premier
10 octobre, à l'est drapeau alle-
de Lassigny. mand », avait été
A ce lot de tro-
phées, les circons-
à
laissée laVille
de Paris par M. de
tances n'ont pas Le drapeau lacéré du 69e régiment d'infanterie allemande. Plunkett qui fut,
encore permis de durant vingt-cinq
joindre le premier drapeau pris à l'ennemi. ans, directeur du théâtre du Palais-Royal.
Il n'a fait qu'un court séjour aux Inva- Ce testament date de 1893. A cette époque,
lides, dans la première période de la guerre, la Ville ne crut pas devoir accepter le don
etl'on peut espérer qu'il ne tardera pas à y qui lui était fait. Fidèle exécutrice des
reprendre sa place, C'est le drapeau d'un intentions de son mari, Mme de Plunkett
régiment bavarois, le 132e régiment d'in- a tout récemment versé le montant du legs
fanterie allemande. La prise de ce drapeau entre les mains d'un de nos confrères, avec
eut lieu le 14 août, à la suite des violents mission de le remettre à celui de nos vaillants
combats qui se livrèrent en Alsace, aux défenseurs, soldat ou officier, qui lui sera
environs de Thann, et qui nous assurèrent désigné par le gouverneur militaire de Paris.
la possession de cette ville. Durant toute L'un des drapeaux allemands que nous
la journée, la brigade allemande de Saverne, venons d'énumérer (nous ne saurions malheu-
à laquelle appartenait le 132e régiment, reusement préciser lequel), fut pris par le 24°
avait été engagée contre nos troupes. L'en- régiment d'infanterie coloniale, qui a ainsi
nemi s'était fortement retranché dans le mérité de voir son propre drapeau décoré de
village de Saint-Blaise et son artillerie, l'ordre de la Légion d'honneur. L'émou-
comprenant deux batteries de campagne, vante cérémonie dont s'accompagne la re-
une d'obusiers et une de mitrailleuses, en mise de la décoration a eu lieu à Valmy, le
cinq
défendait l'approche. Mais nos canons de 22 octobre dernier. En présence de
75 couvrirent la grosse artillerie allemande régiments rassemblés et formés en carré,
d'une grêle d'obus, décimant les servants, au pied de la statue de Kellermann, vain-
détruisant les attelages, abattant les murs queur de Valmy en 1792, le général de
où s'accrochait désespérément la défense, si Langle de Cary a suspendu la croix des
Canons pris aux Allemands au cours d'un combat en Haute-Alsace et exposés, à Belfort, devantle
monument élevé à la mémoire des défenseurs de la ville en 1870-71.

braves à la hampe du glorieux emblème. pendant le défilé, un aéroplane allemand


puis, visiblement ému, il a embrassé le dra- vint jeter bien inutilement sur le village.
peau. Et ce qui rendait cette solennité plus Tandis que les drapeaux allemands sont
impressionnante encore, c'est qu'elle avait envoyés à Paris, les batteries capturées
lieu à une distance assez rapprochée de la s'acheminent vers nos grandes villes de pro-
zone des combats, sur un champ de bataille vince. Belfort qui, en 1870, résista avec une
illustre d'où l'ennemi avait été chassé depuis invincible fermeté à l'un des plus furieux
peu, et parmi les explosions des bombes que, bombardements qui marquèrent l'année

Train de matériel allemand pris par les Anglais à la bataille de la Marne.


Batterie d'artillerie ennemie capturée en Alsace et exposée sur la place Bellecour, à Lyon.

terrible. Belfort est à l'honneur après avoir de matériel allemand fut capturé par eux.
été à la peine. Les premiers canons pris aux Mais si le butin faitpar nos armées est
Allemands y furent exposés. Il était juste important, nous devons reconnaître que
que cette artillerie conquise en Alsace figurât l'ennemi, de son côté, réussit à s'emparer
devant le monument élevé en l'honneur de quelques-uns des canons des alliés, au
des défenseurs de la ville, en 1870-1871. cours de la retraite qui suivit la bataille de
De même que Belfort, Lyon a reçu des Charleroi. L'une de ces pièces, un canon
canons ennemis. On les a alignés sur l'im- anglais, fut envoyée à Munich. Nos lecteurs
mense place Bellecour, où ils ont attiré une peuvent se rendre compte, par la photogra-
foule de curieux. Pendant que nos soldats phie que nous donnons ci-dessous, de l'em-
faisaient dans l'Est une fructueuse « cueil- pressement avec lequel la foule examine cet

Le roi Louis III de Bavière examinant une pièce de campagne anglaise transportée à Munich.
»
lette de pièces allemandes, nos braves
alliés anglais infligeaient aux ennemis une
exemplaire de l'artillerie britannique. Le roi
de Bavière lui-même est au premier rang des
série de graves échecs, depuis Guise jusqu'à badauds. Et la curiosité allemande, dans un
Compiègne. Aux environs de cette ville, ils tel ordre de faits, apparaît d'autant plus
s'emparaient de douze canons. Durant la vive qu'elle a plus rarement— ce qui est heu-
fameuse bataille de la Marne, tout un train reux pour nous — l'occasion de se manifester.
LES HOSTILITÉS SUR MER
-
ET -

LA PRISE DES COLONIES ALLEMANDES

LE ROLE DES FLOTTES ALLIÉES


A -

Ucommencement de la guerre actuelle, Ce plan, on le sait, consistait à détruire


beaucoup de personnes, se méprenant les bâtiments français et à bombarder suc-
sur le rôle et les devoirs des flottes cessivement Dunkerque, Calais, Boulogne,
alliées, marquèrent une vive surprise de Cherbourg, Brest, le Havre, Saint-Nazaire,
l'inaction de la marine franco-anglaise. On etc., etc. Il ne reçut qu'un faible et inoffensif
s'attendait à un coup de foudre, à une commencement d'exécution, quand deux
attaque subite des vaisseaux unités allemandes lancèrent
allemands par les escadres AMIRAL DE LAPEYRÈRE
quelques obus sur deux de
britanniques, et l'on es- Commandantenchefl'armée navale nos villes algériennes.
comptait la défaite des pre- de la Méditerranée. Sous ce rapport encore,
miers, infiniment moins forts les conceptions de Berlin
que'leurs adversaires. furent tuées dans l'œuf, et,
Il n'en fut rien. La marine à l'exception de quelques
de guerre, dont l'Allemagne actions de détail dont il sera
se montrait silongtemps
fière, et qui parlé plus loin, la marine
devait avant lui allemande, à la fin du qua-
assurer la suprématie sur trième mois de la guerre
tous les océans, cette ma- n'était pas sortie de son
rine, au lendemain du début immobilité Au contraire,
des hostilités, se réfugia les flottes alliées purent rem-
dans les ports germaniques, plir avec succès la tâche qui
pour n'en plus sortir, tan- leur incombait et dont l'in-
dis que la flotte anglaise fluence devait être capitale
.prenait faction dans la mer sur la suite des opérations.
duNord, empêchant par là le Leur inactivité appa-
plan allemandde se réaliser. rente permettait, en effet,

LORD FISHER AMIRAL VON TIRPITZ AMIRAL JELLICOE


Premier lord de l'Amirauté Commandant en chef Commandant de l'escadre
britannique. de l'escadre allemande. anglaise du Nord.
à l'Angleterre et à la France d'amener à Charleroi, sur la Marne et à Ypres, et qui
sur le théâtre occidental de la guerre toutes fut bientôt grossie de milliers de volontaires.
les forces dont elles disposaient. Tandis que En même temps, elle n'avait plus à redouter
la marine anglo-française bloquait la marine une brusque attaque contre les transports
autrichienne d'un côté, et pendant que les venant des Indes, du Cap, du Canada, de la
escadres anglaises contraignaient la flotte Nouvelle-Zélande, de l'Australie, et qui ame-
de guerre allemande à rester à l'abri dans naient sans cesse de nouveaux renforts.
ses ports, nous pouvions, en ce qui nous con- Tel fut le rôle des flottes alliées, au cours
cerne, le Gœben et le Breslau ayant été des premiers mois de la guerre. Le canon
contraints de se réfugier dans les Darda- tonna relativement peu sur les flots, mais
nelles, amener sur le continent notre armée n'est-on pas en droit de considérer comme
d'Afrique et les contingents noirs qui de- équivalente aux plus belles campagnes na-
vaient montrer tant de courage sur les vales, une conception ayant eu pour résultat
champs de bataille français et belges et de- de permettre aux deux nations unies de jeter
venir rapidement la terreur de nos ennemis. un million de combattants sur la route des
L'Angleterre, de son côté, devenait libre armées allemandes? Mieux encore peut-être
de transporter en France toutes ses troupes que si elles avaient eu à combattre, les esca-
immédiatement disponibles, la « mépri- dres de l'Angleterre et de la France devaient
»
sable petite armée qui se couvrit de gloire ainsi contribuer à la victoire finale.

Sur mer et dans les colonies au jour le jour


JUILLET 1914 Le 17. — A Antivari, la flotte anglo-fran-
çaise, commandée par l'amiral Boué de
Le31. — Concentrationde la flotte italienne. Lapeyrère, coule un croiseur autrichien.
La flotte austro-hongroise juge pru-
AOUT —
dent de se réfugier dans le port de Pola.
Le 3. — Mobilisation de la flotte anglaise. Le 22. — La flotte alliée fait sauter un
Le 4. — Les escadres anglaises forment autre croiseur autrichien. — Le Japon
leurs lignes de combat dans la Manche déclare la guerre à l'Allemagne.
et la mer du Nord. — Le Breslau et le Le 24. — Les Japonais bombardent Tsing-
Gœben bombardent Bône et Philippe- Tao, possession allemande en Chine.
ville. Quelques tués et peu de dégâts. Le 27. — Le croiseur anglais High Flyer
Le 5. — Dans la mer du Nord, l'Amphion,
navire anglais, est coulé par une mine
- - -
coule le Kaiser Willielm der Grosse,
croiseur auxiliaire allemand de grande
déposée par le Kœningin-Luise, lequel puissance, au large de Rio-de-Oro.
est coulé à son tour, cinq minutes après. Le 28. — Plusieurs croiseurs cuirassés
Le 9. — Prise de la colonie allemande du allemands sont coulés par les Anglais,
Togoland par des forces anglo-fran- dans la baie d'Héligoland. — Les Alle-
çaises opérant de concert. mands attaquent le Congo belge.
Le 11. — Le Gœben et le Breslau, pour Le 29. — La ville d'Apia, dans la Samoa
échapper à la poursuite des flottes allemande, est occupée brillamment par
franco-anglaises, se réfugient dans le une force expéditionnaire britannique
détroit des Dardanelles. venue de la Nouvelle-Zélande.
Le 12. — Un sous-marin allemand est
coulé par les Anglais. La Turquie dé- SEPTEMBRE
clare qu'elle vient d'acheter le Gœben et Le 2. — La flotte franco-anglaise bom-
le Breslau, ce qui n'est qu'une manœuvre. barde Cattaro, sur l'Adriatique.
Le 14. — Les ambassadeurs de la Triple Le 5. — Des aviateurs japoiiaie.lancent
Entente remettent une protestation au des bombes sur Tsing-Tao.
gouvernement ottoman, à l'occasion de Le 10. — Dans la mer du Nord, le paquebot
l'incident du Breslau et du Gœben. Runo est coulé par une mine.
Le 16. — Le Japon somme l'Allemagne Le 12. — Herbertshœhe, capitale de la Nou-
de retirer ses navires de guerre des mers velle-Guinée allemande, est prise par les
de Chine et d'évacuer le territoire de Anglais. — La cavalerie japonaise prend
Kiao-Tcheou. Pas de réponse. Tsi-Mo, à 16 kilomètresdeKiao-Tcheou.
Le 13. — Le sous-marin anglais E-9 tor- OCTOBRE
pille le Héla, croiseur léger allemand, à du
six milles environ d'Héligoland. Le 1er. — Reprise bombardement de
Le 14. — Le croiseur anglais Carmania Cattaro par la flotte anglo-franraise,
coule un vapeur allemand armé. qui détruit en partie la forteresse de
Le 18. — Les Japonais attaquent les Alle- Kabeela et la station de Luscica.
mands, qu'ils contraignent à évacuer Le 4. — Le chemin de fer du Chan-Toung
Wang-Ho-Huang, à l'est de Tsi-Mo. — tombe aux mains des Japonais.
Deux des forts de Tsing-Tao sont dé- Le 5. — Les Allemands sont repoussés
truits par des aviateurs japonais. avec de grandes pertes dans une contre-
Le 20.— Le croiseur légeranglais Pe- attaque de nuit, à Tsing-Tao.
gasus est surpris et coulé par le croiseur Le 6. — Les Japonais occupent les îles
allemand Kœmgsberg. Marshall (Océanie).
Le 21. — La station de télé- Le 7. — A la hauteur de
graphie sans fil allemande l'Ems, un contre-torpilleur
de l'île Nauru, dans le allemand est coulé par le
Pacifique, est détruite par sous-marin anglais n° 9.
les Anglais. — Dans le Le 10. — Un sous-marin
Cameroun allemand, la allemand est coulé par un
station de Cocobeach est navire anglais au large
enlevée par la canonnière des côtes d'Ecosse.
française Surprise. — En Le 11. — Le croiseur russe
Afrique centrale, le poste Pallada est coulé par un
allemand de Schuksmann- sous-marin allemand. —
burg se rend à une petite
force rhodésienne.
-
Deux sous marins alle-
mands sont coulés dans
Le 22. — Les croiseurs an- la Baltique.
glais Aboukir, Hogue et Le12. — Tentative de ré-
Cressy, sont coulés dans la bellion, fomentée par les
mer du Nord par deux Allemands, dans le Sud-
sous-marins allemands. — Africain britannique.
Le croiseur cuirassé russe Le 14. — L'escadre japo-
Bayan coule dans la Bal- naise détruit deux forts
tique un croiseur et deux de Tsing-Tao, tandis que
torpilleurs allemands qui des aviateurs jettent des
posaient des mines. — bombes sur la place. —
Papeete à Tahiti, capi- Le transatlantique alle-
tale des établissements mand Markomania est
français d'Océanie, est AMIRAL GRIGOROWITCH coulé par un navire de
bombardée par plusieurs Ministre de la Marine de l'empire à
guerre anglais, quelques
croiseursallemands. russe. kilomètres de Sumatra.
Le 23. — L'Emden, croiseur Le 15. — Le croiseur bri-
allemand, lance quelquesobussurMadras. tannique Hawke est coulé dans la mer

ien
Le 24. — L'escadre allemande tente vai- du Nord par le sous-marin allemand 49.
nement de débarquer des troupes à Le 16.. — La marine française coule un
Windau, Courlande.—L'Emden torpilleur autrichien dans l'Adriatique.-
est signalé près de Pondichéry. Les Russes capturent deux navires alle-
Le 25. — Des troupes anglaises débar- mands chargés de céréales. — Deux navires
blquent en Chine pour prendre part aux allemands munis d'appareils de télégra-
te' opérations japonaises contre Tsing-Tao. phie sans fil sont pris par les Anglais.
Le 27. — Douala, capitale du Cameroun Le 17. — Dans la mer du Nord, à la hau-
allemand, est obligée de se rendre à une teur descôtes de Hollande, le croiseur
force franco-anglaise, débarquée par le anglais Undaunted coule quatre contre-
Cumberland et le Bruix. torpilleurs allemands. — Le croiseur
Le 28. — Les alliés commencent l'attaque
des positions avancées de Tsing-Tao.
Le 30. — Remontrances italiennes à l'Au-
japonais Takachiho est coulé par une
mine dans la baie de Kiao-Tcheou.
Des aviateurs autrichiens lancent des
-
triche, au sujet des mines flottantes bombes sur les navires français ancrés
semées dans la mer Adriatique. en rade d'Antivari, sans les atteindre.
Le 19. — Occupation par les Japonais turcs, qui tirent sur le vapeur français
des îles Mariannes et des Carolines Portugal et tuent à bord deux passagers.
orientales et occidentales, appartenant à Le 31. — Violente attaque des Japonais,
l'Allemagne. —Le torpilleur allemand890 sur terre et sur mer, contre Tsing-Tao.
est détruit au sud de Kiao-Tcheou.
Le 21. — Des sous-marins allemands atta- NOVEMBRE
quent vainement des canonnières an- Le 1er. — Le croiseur anglais Hermès est
glaises occupées à bom- coulé parun sous-marin alle-
mand,danslePasde Calais.
barder les positions enne-
mies sur la côte belge.
Le 24. — Le contre-torpil-
-
Le 6. Uncroiseurallemand
est coulé par une mine à
leur anglaisBadger coule l'entrée de la baie deJahde.
un sous-marinallemand —Combat naval sur lescôtes
sur la côte hollandaise. — du Chili; des navires alle-
Un torpilleur allemand est
capturé dans la baie de
Kiao-Tcheou. — Les Alle-
mandscoulent plusieurs bli-
thnentsanglais. A Kiao-
Tcheou, l'action japonaise
-
mands envahissent la colo- redouble d'intensité.L'ins-
nie portugaise d'Angola. tant décisif est proche.
Le 26.— Le vapeur Amiral- Le 7. — Capitulationgénérale
Ganteaume, chargé de réfu- de Tsing-Tao. Toutes les
giésdu Nord, est coulé par
gne-sur-Mer ;
une mine, près. de Boulo-
il y a une
trentaine de noyés. CAPITAINE MULLER
Le 28. — L'Emden entre Commandant Emden" l"
troupesallemandes de la
colonie de Kiao-Tcheouse
rendent aux Japonais.
Le 9. — Les Français re-
prennent possession de la
sous pavillon russe dans un plus grande partiedu Congo
port anglais de Malacca, coule un croi- cédé autrefois à VAllemagne.
seur russe et un torpilleur français. — Le 10. — Le croiseur australien Sidney
Les Allemands sont battus par les parvient à rejoindre et à détruire l'Em-
Belges, au Congo. — Dans la Nigeria den. — Le croiseur anglais Chatam
et le Cameroun allemand, les Anglo- contraint le croiseur allemand Kœ-
Français bombardent et prennent Duala nigsberg à entrer dans la rivière Rufigi,
et Bonaberi après de brillants combats. en face de l'ile Mofia(Afrique orien-
Le 29. — Dans la mer Noire, une canon- tale); le Kœnigsberg,embouteilléetbom-
nière russe est coulée par des croiseurs bardé, est hors d'état de nuire.
(Voir à la fin du volume la suite de la chronologie des hostilités sur mer et dans les colonies allemandes.)

Prises maritimes et combats navals


s i, depuis le début de la guerre jusqu'à
la fin du mois de novembre, il n'y eut
été coulés par l'ennemi, quelques rares
navires de Brême et de Hambourg étaient
à enregistrer aucune grande bataille restés sur la mer, et les prises anglaises
navale, en raison de ce fait que la flotte atteignaient un chiffre formidable. En fait,
militaire allemande avait pris dès le premier le commerce maritime allemand avait cessé
jour le sage parti de fuir le combat et de se d'exister. Son ascension avait été rapide;
tenir à l'abri des fortifications d'Héligoland sa chute fut plus soudaine encore.
et du canal de Kiel, les opérations mari- Quant aux opérations de guerre pro-
timessur les mers diverses, furentcependant prement dites, elles se poursuivirent dans
intéressantes à plusieurs points de vue. des conditions diverses. Elles débutèrent
En premier lieu, la chasse énergique que par le bombardement de Bône et de Phi-
les navires anglais donnèrent aux vaisseaux lippeville par le Gœben et le Breslau qui,
de commerce allemands eut pour résultat ne pouvant affronter le combat avec l'es-
de détruire complètement, en quelques cadre franco-anglaise lancée à leur pour-
semaines, la richesse commerciale mari- suite, finirent par entrer dans les Darda-
time de l'Allemagne. Alors qu'à la fin du nelles. On devait les retrouver plus tard,
mois d'octobre, sur 4.000 bateaux anglais participant à l'agression de la flotte turque
parcourant les mers, 27 seulement avaient contre plusieurs ports russes. Peu de jours
après, devant Antivari, la flotte alliée, que deux d'entre eux, dans la journée du
sous le commandement en chef de l'amiral 22 septembre,coulèrent dans la mer du Nord
Boué de Lapeyrère, coulait le croiseur autri- les vieux croiseurs anglais Aboukir, Hogue
chien Zenta. On n'a eu à signaler, d'ailleurs, et Cressy. La valeur combative assez mé- -
aucun succès de la flotte autrichienne. - diocre de ces navires ne saurait diminuer
Il n'en a pas été de même pour la marine en rien le mérite de cette heureuse attaque.
allemande. Si, dans son ensemble, comme En revanche, les pertes allemandes ont
nous le rappe- été relative-
lons plus haut, ment considé-
elle s'est retirée rables sur mer.
devant les An- Plusieursim-
glo-Français, portantes uni-
certaines de tés furent dé-
ses unités se truites par une
sont distin- escadre an-
guées par des
efforts auda-
cieux. Les An- le
;
glaise au large
d'Héligoland
cuirassé
glais ont été les russe - Bayan
à
premiers ren- coula dans la
Baltique un
dre hommage à
la témérité du croiseur et
fameux croi-
seur Emden
qui, après avoir
LE CROISEUR ANGLAIS "MONMOUTH"
L'un des deux navires de la fatte britannique coulés
leurs ;
deux torpil-
nous
avons rappelé
bombardé Ma-
dras, menacé
Pondichéry , par une escadre allemande sur les côtes du Chili.

;
tout à l'heure
le sort de YEm-
den et du Kœ-
coulé, près de Malacca, uncroiseur russe nigsberg quelquesgrands croiseurs,parmi les-
et un torpilleur français, détruit plusieurs quels le Kaiser-W'ilhelm-der-Grosse et le Héla
navires de commerce, fut enfin rejoint et furent détruits également; dans la mer du
brûlé par le croiseur australien Sydney, le Nord, le croiseur anglais Undaunted coula
jour même où le croiseur anglais Chatham à lui seul quatre contre-torpilleurs, etc.
poursuivait, embouteillait et bombardait Enfin, il convient de rappeler l'interven-
le croiseur allemand Kœnigsberg, lequel, tion brillante des escadres alliées lors des
vers le milieu ae septembre, avait surpris violents combats livrés en octobre et no-
et coulé le croiseur léger anglais Pegasus. vembre sur le littoral des Flandres et de
De même, à plusieurs reprises, les sous- pousser un cri de victoire en l'honneur de
marins allemands ont fait preuve d'adresse l'amiral anglais Sturdee, dont la flotte, les
et de décision. Certains sont venus jusque 7 et 8 décembre, coula quatre croiseurs
sur les côtes anglaises, et l'on n'a pas oublié allemands non loin des îles Falkland.
1

Les colonies du kaiser ont vécu


LES JAPONAIS S'EMPARENT DE TSING-TAO MALGRÉ LA DÉFENSE OPINIATRE
DU CORPS D'OCCUPATION ALLEMAND
A peine les hostilités étaient-elles enga- L'agression allemande contre l'Europe
gées que les puissances alliées por- eut pour premier résultat l'effondrement
taient des coups sensibles à l'Alle- de la puissance coloniale de l'empire. Dès
magne, en attaquant et prenant ses colonies. le 9août; les Anglo-Français s'emparaient
Créer un vaste empire colonial en Afrique, du Togoland, et la semaine suivante le Japon
en Asie, dans le Pacifique, et l'augmenter par sommait les Allemands de retirer ses navires
la suite de possessions arrachées à l'Angle- des mers de la Chine et d'évacuer le terri-
terre et des riches colonies africaines de la toire de Kiao-Tcheou, où, par l'établis-
France, y compris la Tunisie, le Maroc et sement considérable de Tsing-Tao, très
l'Algérie, telle était la grande pensée ger- - fortifié, le gouvernement de Berlin comptait
manique. Onentrevoyait déjà, à Berlin, régner en maître sur tout le monde asiatique.
l'heure où l'onrégnerait dans toutes les AvantJa fin du mois d'août, un contingent
pàrties du globe, et où l'Italie, à son tour venu de la Nouvelle-Zélandes'emparait de la
bloqùée dans ses ports, soumise aux volon- Samoa allemande, et peu après on apprenait
tés absolues de l'Autriche et de l'Allemagne, que les possessions de l'ennemi dans la
ne serait plus qu'une humble vassale au Nouvelle-Guinée étaient tombées au pouvoir
lieu de garder le rang d'une alliée. des Anglais. Bientôt, les Anglais et les Fran-
çais, aidés du Cumberland et du Bruix, celle qui arracha à l'empereur Guillaume
entreprenaient contre le Cameroun allemand des paroles de chagrin et de colère, fut sans
une série d'opérations qui recevaient leur contredit, après une belle défense, la chute
plein effet dans les derniers jours du mois de Tsing-Tao, entraînant avec elle l'évacua-
de septembre, après un hardi coup de main tion du territoire chinois de Kiao-Tcheou.
de la canonnière française Surprise. sur la Les Japonais entreprirent l'attaque de
station germanique de Cocobeach. cette colonie allemande le 24 août et la pour-
Presque partout, d'ailleurs les Allemands suivirent avec une extrême vigueur durant
n'opposèrent à leurs adversaires qu'une les semaines qui suivirent, avec la coopé-
résistance passive. Tout au plus essayèrent- ration d'un corps anglais, débarqué le
ils une attaque contre le Congo belge, mais 25 septembre. Les défenseurs de Tsing-Tao
ils furent repoussés avec des pertes sen- se conduisirent avec courage, mais leur sort

Dans l'angle supérieur gauche:


PLAN DE LA VILLE DE TSING-TAO ET DE SES DÉFENSES
le palais de l'ancien gouverneur allemand.

sibles, tandis qu'au début du mois de était fixé dès la première heure, et ils durent
novembre, la France rentrait en possession capituler le 7 novembre, après la prise du fort
de la plus grosse partie du Congo qu'elle central par les Japonais. La garnison était
avait été contrainte de céder à l'Allemagne, d'environ 6.000 hommes, et l'Allemagne
dans des circonstances sur lesquelles nous occupait ce territoire depuis dix-sept ans.
ne croyons pas nécessaire de revenir ici. En le perdant, elle voyait s'évanouir toute
Sans entrer autrement dans le détail de chance d'extension en Extrême-Orient et
la guerre aux colonies, on peut dire qu'en ne pouvait espérer aucune compensation afin de
moins de trois mois il ne restait rien aux pour les millions employés par elle
Allemands de l'énorme domaine qu'ils donner à ce poste asiatique une importance
étaient parvenus à créer. Mais, de toutes de premier ordre. Son prestige, dans ces
ces pertes, celle qui leur fut la plus sensible,
!
régions, était à tout jamais détruit
LES SOCIÉTÉS DE SECOURS AUX BLESSÉS
ET LES INITIATIVES PRIVÉES
Par PAUL STRAUSS
SÉNATEUR DE LA SEINE

c EST
MEMBRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE

l'honneur de la civilisation con-


temporaine de placer, en tous pays et
durant toutes les guerres, les blessés
elles sont placées, à cet effet, sous l'autorité
immédiate du commandement et des direc-
teurs du service de santé.
et les malades militaires sous l'égide tutélaire L'article 2 du décret du 2 mai 1913 dé-
de la Croix-Rouge. Le dossier des atrocités finit avec précision le rôle des sociétés d'as-
allemandes, tel qu'il se constitue au jour le sistance, qui consiste à créer des hôpitaux
jour, sur la foi de témoins authentiques, lais- auxiliaires, à prêter éventuellement leur
sera malheureusement apparaître des vio- concours au service de l'arrière, à faire par-
lations flagrantes de cette convention de venir aux destinations indiquées les dons
Genève par laquelle les puissances signa- qu'elles recueillent pour les malades et
taires se sont proposé « d'adoucir autant blessés. De plus, la Société de secours aux
qu'il dépend d'elles, les maux irréparables blessés reste tout spécialement chargée du
de la guerre, de supprimer les rigueurs inu- service des infirmeries de gare.
tiles et d'améliorer le sort des Ce mandat concis et limi-
militaires blessés sur les tatif ne saurait donner une
champs de bataille ». idée exacte du rôle considé-
L'article 28 de la nouvelle rable joué dès le temps de
convention de Genève, celle paix par les sociétés d'assis-
en date du 11 juin 1906, pré- tance militaire et un aperçu
voit, en cas de besoin, que les rapide de leurs efforts en
mesures nécessaires seront temps de guerre est nécessai-
prises pour réprimer, en temps rement incomplet.
de guerre, les actes indivi- En effet, le bon sens l'indi-
duels de pillage et de mau- que, la participation éven-
vais traitements envers des tuelle des Croix-Rouges à
blessés et malades des armées, l'œuvre du service de santé
ainsi que pour punir, comme militaire les oblige à des pré-
usurpation d'insignes mili- paratifs sans lesquels cette
taires, l'usage abusif du dra- mobilisation sanitaire serait
peau et du brassard de la tardive ou stérile.
Croix-Rouge. La première condition, pour
Chaque pays civilisé a son que ces hôpitaux auxiliaires
organisation de Croix-Rouge puissent entrer en fonction-
nationale. Les règles sont nement normal, est de les
partout les mêmes; l'inspira- pourvoir d'avance du per-
tion est identique. sonnel médical et hospitalier
La Croix-Rouge française M. PAUL STRAUSS nécessaire. Le concours des
se compose de trois sociétés médecins et des chirurgiens
d'assistance aux blessés et malades des
lité publique :
armées de terre et de mer, reconnues d'uti-
la Société de secours aux
blessés, l'Union des Femmes de France,
l'Association des Dames françaises. Ces
de toutes catégories est facilement obtenu,
dans les conditions habituelles de désinté-
ressement et de dévouement qui sont l'apa-
nage et font la gloire des praticiens.
La formation de dames infirmières di-
sociétés sont autorisées à prêter leur pré- plômées, d'infirmiers et brancardiers est
cieux concours, en temps de guerre, au ser- la principale des préoccupations permanen-
vice de santé des armées de terre et de mer; tes de la Croix-Rouge et rien n'est plus
méritoire, même au point de vue civil, ne d'assistance militaire en temps de paix est
fût-ce qu'à titre d'éducation sociale de la de préparer un personnel exercé d'infir-
bonté, que cet apprentissage féminin du mières. Cette préparation, très sérieuse,
soignage des blessés et des malades. a lieu, pour chacune des sociétés, dans des
Les cours théoriques, méthodiquement dispensaires-écoles, dans des hôpitaux-éco-
organisés, sont complétés par une éducation les, dans les hôpitaux civils et militaires. Ce
technique dans les dispensaires-écoles, dans double enseignement, théorique et pratique,
les hôpitaux-écoles, par un stage dans les atteint pleinement son but; il contribue à
services de l'Assistance publique. pourvoir les hôpitaux auxiliaires du terri-
Chacune des Associations a des comités, toire, préparés en temps de paix et renforcés
des groupes, en grande partie composés de numériquement au lendemain d'une mobi-
dames, pour la propagande, le recrutement lisation, d'auxiliaires expertes, qui, sans
du personnel, la collecte des ressources, les sortir de leur rôle d'infirmières, animent les
comités locaux restant chargés de respon- ambulances de leur dévouement sans bornes

AMBULANCE INSTALLÉE PAR LA CROIX-ROUGE FRANÇAISE DANS LA GRANDE SALLE


DES FÊTES DU CASINO DE LUCHON (HAUTE-GARONNE)

sabilités et d'initiatives grâce auxquelles et savent même les égayer de leurs sourires.
les formations sanitaires se multiplient dans Nos trois sociétés de la Croix-Rouge se
des proportions plus fortes que si un grou- sont de longue date entraînées, par leurs
pement central en avait seul et exclusive- services rendus aux colonies, ou bien lors
ment la charge. L'esprit d'émulation fé- de certains désastres publics, par leur zèle
conde ainsi les efforts locaux, décuplés par philanthropique. Chacune a son Livre d'or
l'idée du devoir et la notion toujours vivace de victimes modestes et d'héroïnes inou-
du plus pur patriotisme. bliables, au Maroc et ailleurs.
En temps de paix, l'Union des Femmes L'apprentissage du temps de paix, pour
de France comptait en France 300 comités lequel d'autres Croix-Rouges ont donné
représentant 52.000 membres. l'exemple, notamment dans la lutte anti-
La Société française de secours aux blessés tuberculeuse, est fondamental pour la for-
militaires avait 400 comités ou sous-comités mation d'administratrices, de soignantes,
et l'Association des Dames françaises com- de secouristes, d'infirmières prêtes à être
prenait également 188 comités ou groupes. mobilisées à la première alerte.
La préoccupation constante des sociétés Qu'il s'agisse des secours aux victimes
des désastres publics, tremblements de terre, le prendre à leur compte. Il y faut la partici-
inondations, des secours à des soldats rapa- pation financière et surtout l'élan soutenu,
triés des corps expéditionnaires, des dons le don de soi-même, la passion du devoir,
aux troupes en campagne ou en séjour aux la flamme du sacrifice. Ce ne sont pas des
colonies, des dons aux bibliothèques mili- postes de tout repos qu'occupent ces chirur-
taires, des salles de repos du soldat, des giens, ces médecins, ces infirmières et aides-
maisons de convalescence, des œuvres du infirmières, ces infirmiers-brancardiers,venus
livre du soldat, ou bien de la section anti- de toutes parts, impatients d'agir et de se
tuberculeuse militaire, de la participation rendre utiles, uniquement préoccupés de faire
aux œuvres d'assistance maternelle et infan- le bien et de servir leur pays.
tile, de tels préparatifs, efficaces en eux- En dehors de ses énormes ressources
mêmes, ont un profit particulièrement du- d'hospitalisation, qu'il emprunte pour la
rable et un retentissement prolongé. plupart à l'Assistance publique, aux hôpi-

PENICHE AMÉNAGÉE EN AMBULANCE PAR LES DAMES DE FRANCE


par
Les blessés sont descendus dans le bateau au moyen d'un brancard manœuvré un treuil.

Que de patience et combien d'efforts ont taux et hospices, ou qu'il crée de toutes
déployés ces fourmis prévoyantes pour pièces dans des hôpitaux militaires et des
amasser l'énorme outillage qui, du jour au hôpitaux de complément, le service de
lendemain, sur un ordre du service de santé santé dispose actuellement, dans les places
!
militaire, prend sa place régulière dans l'as-
sistance à nos héroïques soldats La nation
ne saurait avoir trop de reconnaissance pour
de l'intérieur non comprises dans la zone de
l'armée, de 51.000 lits pour la Société fran-
çaise de secours aux blessés, de 30.000 pour
ces volontaires du bien public, dont toutes l'Union des Femmes de France, de 18.000
les activités bienfaisantes et secourables pour l'Association des Dames françaises.
tendent, pendant de longues années, à A elle seule, l'Œuvre d'assistance aux
mettre éventuellement une puissante orga- convalescents, fondée par Mme la comtesse
nisation au service de l'armée et de la patrie. Greffulhe, MM. Maurice Bernard et Pierre
Car, ce qui caractérise ce prodigieux Dupuy, offre plus de 16.000 lits dont le
effort, c'est qu'il ne saurait être improvisé, nombre actuel est en perpétuel accroissement.
c'est que les pouvoirs publics ne peuvent C'est un résultat des plus satisfaisants.
A titre d'exemple, nous pouvons spécifier meries de gare, à concourir à la création de
que, pour réaliser son programme, l'Union ces cantines, où les blessés trouvent, à leur
des Femmes de France, pour ses 300 hôpi- passage, des boissons chaudes et récon-
taux auxiliaires du territoire, compte 800 fortantes et parfois des vêtements.
chirurgiens et médecins, 12.000 infirmières Sous les auspices de la presse française
et aides-infirmières, et qu'elle peut faire et sous la présidence de M. Jean Dupuy,
immédiatement appel, grâce à l'affiliation
de la société des Secouristes français, à 1.000
infirmiers-brancardiers.
:
l'Œuvre des trains de blessés a pris nais-
sancepour un triple objet approvisionne-
ment des cantines de gare, adjonction aux
On ne saurait avoir une idée de l'affluence trains sanitaires improvisés ou aux trains
de concours volontaires, qui, parmi les de ravitaillement de fourgons-cuisines,
Secouristes français, à la Fédération natio- distribution d'objets indispensables aux
nale de sauvetage et de secours publics, aux combattants et aux blessés.
Amitiés françaises, dans des groupements La guerre et les nécessités de l'aide aux
divers et des sociétés nombreuses, sont à la soldats et aux blessés ont, en effet, fait
disposition de la Croix-Rouge française et jaillir du sol les initiatives les plus variées,
du service de santé militaire. les plus généreuses, et cela est tout à l'hon-
Les associations nouvelles se multiplient, neur de notre belle patrie, aux inlassables
à côté de ce merveilleux hôpital américain dévouements qui se manifestent dans tou-
de Neuilly, des ambulances américaines de tes les classes de la société.
première ligne (M. et Mme Harjes, Mme Sous la présidence de M. Ernest Lavisse,
Depew, etc.), à côté de la belle Croix-Rouge et avec l'incomparable concours de l'Ins-
britannique, de cette vaillante Croix-Rouge titut, de l'Académie de médecine, du Parle-
belge, bref de toutes ces formations dans ment, des forces vives de l'industrie et de
lesquelles la science et la bonté s'associent la Banque, le Patronage national des blessés
étroitement avec un surcroît d'ardeur, à s'est assigné pour rôle de compléter, surtout
mesure que les nécessités patriotiques et dans l'ordre sanitaire et chirurgical, les
humanitaires nécessitent et provoquent des installations insuffisantes, de faciliter la
initiatives supplémentaires. radiographie, la délivrance du sérum, d'amé-
L'ambulance et l'assistance coloniales liorer le transport des blessés et les postes
représentent, dans cet ordre d'idées, un de secours sur tout le territoire.
apport touchant de bons vouloirs, de dévoue- Un office national d'aide et de prévoyance
ments absolument désintéressés et d'ar- en faveur des soldats, l'Office départemental
gent. C'est un témoignage impressionnant de d'assistance publique et privée de l'Hôtel
l'union et de la solidarité françaises à travers de Ville, les œuvres créées par la plupart des
le monde et au delà des mers. journaux, par des revues, par l'Automobile-
Paris est comme toujours un foyer rayon- Club, par des arrondissements de Paris, le
nant d'action bienfaisante. Chacune des Vestiaire des blessés, bref, une infinie va-
grandes sociétés de Croix-Rouge, en dehors riété de dévouements spontanés ou orga-
de sa coûteuse part contributive au fonc- nisés, dont la nomenclature est des plus diffi-
tionnement des hôpitaux auxiliaires du ter-
ritoire, c'est-à-dire de l'intérieur, a des
missionnaires dans des formations d'avant-
ciles, fait le plus grand honneur à l'esprit
de solidarité française.
L'heure viendra des bilans raisonnés et
t
garde; chacune a préparé, pour les besoins aussi des commentaires critiques, en ce qui
de l'armée et pour une utilisation éventuelle touche l'emploi judicieux de toutes ces col-
dans la zone de l'arrière, des hôpitaux de laborations magnifiquement empressées. Les
campagne, avec un approvisionnementpour services publics auront, après la victoire,
600 lits (automobiles, médecins, brancardiers, à rendre leurs comptes.
infirmiers, matériel de pansement, etc.). Tant que dure cette guerre pour la civi-
Et le moindre appel ferait jaillir d'autres lisation, pour le droit, pour le salut de la
formations mobiles, non moins utiles, non France, c'est vers l'action incessante, con-
moins précieuses. C'est ainsi que, pour le tinue, pour la sauvegarde de nos chers
transport fluvial des blessés et des malades, combattants, pour le sauvetage des blessés
des péniches sont aménagées, des bateaux- et des malades, que doivent tendre, d'un
ambulances sont prêts ou préparés, afin élan inlassable, les énergies bienfaisantes et
d'utiliser les canaux et les rivières. les activités fraternelles passionnément mises
Chacune des Croix-Rouges s'ingénie, en au service de l'humanité et de la patrie.
dehors du mandat officiel conféré à la So- PAUL STRAUSS,
ciété de secours aux blessés pour les infir- Sénateur de la Seine.
Suite de la chronologie des faits de guerre
FRANCE Dans les Vosges, nous nous emparons de la
Tête-de-Faux, position dominant la crête
Novembre 1914
Le 11. — Au nord de Soissons et près de
Vailly nous réalisons quelques progrès.
Le 12. — Belle action de notre artillerie à la
vation de l'ennemi.
prenons Burnhaupt
--
des montagnes, et qui était le poste d'obser-
En Alsace, nous
Au cours de cette
journée, dans la seule région du Nord,
ferme Heurtebise, près de Craonne, où nous nous avons fait 991 prisonniers.
détruisons plusieurs pièces allemandes. Le 3. — En Alsace, progrès vers Altkirch.
Le 13. — Avance générale dans la région de Du 7 au 10. — Combats d'artillerie tournant à
l'Aisne où nous prenons Tracy-le-Val. notre avantage en Argonne et dans les Vosges.
Le 14. — Echec de plusieurs offensives alle-
mandes autour de Verdun. BELGIQUE
Le 16. — Une tentative allemande sur le bois Novembre 1914
d'Apremontaboutit à un échec. Le 16. — Près de Dixmude, un régiment alle-
Le 17. — Les Allemands sont repoussés avec mand est détruit par l'artillerie des alliés.
des pertes sérieuses, à Vailly. — Nous nous Le 17. — Echec des attaques allemandes
emparons d'une partie du village de Chau- autour d'Ypres et de Dixmude.
voncourt, près de Saint-Mihiel. Le 21. — Deux vives attaques de l'infanterie
Le 18. — Succès français aux alentours de ennemie sont repoussées à Hollebeke.
Sainte-Marie-aux-Mines, où les Allemands Le 22. — Furieux bombardement d'Ypres
perdent la moitié de leurs effectifs. — Con- par les Allemands, qui détruisent les halles
traint d'abandonner la partie du village
de Chauvoncourt qu'il possédait encore,
l'ennemi la fait sauter.
Le 19. — Furieuse attaque allemande, re-
Le 26. -
historiques et l'hôtel de ville.
l'
Sur la rive droite de Yser, deux
attaques allemandes sont repoussées.
poussée par les Algériens, à Tracy-le-Val. Décembre
Le 20. — Les Allemands reviennent occuper Le 1er. — Au sud d'Ypres, des attaques enne-
la partie détruite de Chauvoncourt. mies sont repoussées et trois batteries alle-
Le 21. — En Woëvre, cinq attaques alle- mandes de gros calibre sont endommagées.—
mandes, exécutées par masses dans l'espace Violent bombardement de Lampernisse.
de deux heures, sont arrêtées par notre Le 3. — Plusieurs échecs de l'infanterie alle-
mande aux abords d'Ypres.
artillerie. Nousprogressons dans les Vosges.
Le 23. — Nouveau bombardement de Reims
et de Soissons, et très violentes attaques,
toutes repoussées, des Allemands dans
;
Le 4. — D'importants mouvements de troupes
allemandes ont lieu en Belgique on prévoit
un nouvel effort contre les lignes alliées.
Le 7. —- Près de Merken, sur le canal de
l'Argonne. — Trois aviateurs anglais
bombardent le chantier des Zeppelins, sur l'Yser, nos troupess'emparentbrillamment
les bords du lac de Constance. de la maison du passeur.
Le 24. — Dans l'Argonne, nous occupons les
positions dites du Four-de-Paris. SUR LE FRONT ORIENTAL
Le 25. — Accalmie générale, sauf à la Bassée, Novembre 1914
où les troupes indiennes reprennent des Le 21. — Przemysl offre de capituler à des
tranchées perdues la veille. conditions que les Russes ne jugent pas
Le 26. — Le Président de la République acceptables. Ils poursuivent le siège.
remet la médaille militaire au général Joffre. Le 22. — Bataille acharnée entre la Vistule
Le 27. — Notre artillerie lourde inflige en et la Wartha, où les armées russes parais-
Champagne despertes extrêmementsérieuses sent devoir prendre l'avantage.
à l'artillerie allemande. Le 24. — Dans la région de Varsovie, la nou-
Le 28. — Attaque menée furieusement par velle offensive allemande est cruellement
trois régiments allemands, et brillamment arrêtée par les Russes, qui infligent de
repoussée dans la région d'Arras. — Dans grosses pertes aux corps du maréchal Hin-
la région de l'Aisne, entre Vailly et Berry- denburg. — Six mille Autrichiens sont
au-Bac, nous détruisons un groupe de mi- faits prisonniers aux abords de Cracovie.
trailleuses ennemies. — Trois attaques
allemandes sont repoussées dans l'Argonne.
Décembre
Le 25. — La bataille de Lodz prend pour les
Allemands la proportion d'un désastre
plusieurs de leurs corps sont détruits.
;
Le 1er. - Entre Béthune et Lens, nous nous
emparons du parc et du château de Ver-
melles.—EnAlsace, nos troupes s'emparent
Le 29. — Les Autrichiens abandonnent la
Bukovine et les Russes occupent Czernovitz.
Décembre
d'Aspach-le-Haut et d'Aspach-le-Bas. Le 1er. Les Allemands menacés d'être coupés

Le 2. — Sur la rive droite de la Moselle, nous enPologne russe,parviennent à se dégager.
occupons Lesménil et le Signal-de-Xon. — Le 2. — Les furieuses attaques allemandes,
entre Lodz et Loviez, se brisent contre le Le 3. — On annonce officiellement que l'armée
front russe. — Les troupes du tsar occupent austro-hongroise est entrée dans Belgrade.
Vielieza, à six milles au sud-est de Cracovie. Le 8. — Les Serbes font aux Autrichiens
Le 3. — La bataille de Lodz-Lovicz continue, gravement défaits 27.000 prisonniers.
mais elle semble définitivement perdue pour SUR MER
les Allemands. - - La Russie convoque
1.200.000 hommes sous les drapeaux. Novembre 1914
Le 7. — Le grand état-major russe annonce Le 12. — La canonnièreanglaise Niger est
des Allemands ont
que les efforts désespérés torpillée par un sous-marin allemand.
échoué sur tout le front oriental. Cependant, Le 14.-Un croiseur anglais bombarde Sheikh-
les Allemands se sont emparés de Lodz. Saïd, sur le détroit de Bab-el-Mandeb.
SERBIE ET MONTENEGRO Le 19. — Le Gœben et le Breslau sont
canonnés dans la mer Noire par l'escadre
Novembre 1914 cuirassée russe. Le Gœben est avarié.
Le 21. — Une attaque autrichienne au sud- Le 23. — Des torpilleurs turcs qui apparais-
ouest de Lazarevatch est repoussée. — Une sent à l'entrée des Dardanelles, sont canonnés
par la flotte franco-anglaise.
deuxième colonne est défaite sur la route de
Valjevo à Korieritch.
Le 25. -- Les Serbes annoncent des succès
Le 25. - Zeebrugge, port de la ville de Bruges,
ou les Allemands avaient installé des han-
sur la rivière Kaloubara. gars pour « Zeppelins» et des sous-marins,
Le 27. — Les Serbes ont l'avantage à Ro- est bombardé par la flotte anglaise.
gatchiza sur une colonne autrichienne. — Décembre
Les Monténégrins repoussent huit batail- Le 2. — On annonce que la flotte française
lons autrichiens à Vichegrad. coopère à la défense de l'Egypte.
Décembre Les 7 et 8. — Quatre croiseursallemands sont
Le 2. — Les Monténégrins prennent l'offen- couléspar laflotte anglaisedel'amiral Stur-
sive dans la direction de Vichegrad. dee, près des îlesFalkland (Atlantique sud).

LE BILAN DE LA CAMPAGNE AU 1er DECEMBRE 1914

:
Dans son numéro du 5 décembre, le Bulletin des Armées a publié le résumé suivant de la
situation militaire sur les divers fronts, au lei décembre
Quant au nombre, l'armée française est aujourd'hui égale à ce
qu'elle était au 2 août, toutes les unités ayant été recomplétées.
La qualité de la troupe s'est infiniment améliorée. Nos hommes font
aujourd'hui la guerre en vieux soldats.
Le commandement, renouvelé par des sanctions nécessaires, n'a commis,
dans les trois derniers mois, aucune des erreurs constatées et frappées en août.
Notre approvisionnement en munitions d'artillerie s'est largement
augmenté. L'artillerie lourde a été constituée et jugée à l'œuvre.
L'armée anglaise a reçu en novembre de très nombreux renforts. Elle
est plus forte numériquement qu'à son entrée en campagne. Les divisions
de l'Inde ont achevé leur apprentissage de la guerre européenne.
L'armée belge est reconstituée à six divisions, prête et résolue à recon-
quérir le sol national.
Le plan allemand a enregistré sept échecs d'une haute portée
Echec de l'attaque brusquée projetée sur Nancy;
:
Echec de la marche rapide sur Paris;
Echec de l'enveloppement de notre gauche en août;
Echec de ce même enveloppement en novembre;
Echec de la percée de notre centre en septembre;
Echec de l'attaque par la côte sur, Dunkerque et Calais;
Echec de l'attaque sur Ypres.
Dans cet effort stérile, l'Allemagne a épuisé ses réserves. Les troupes
qu'elle forme aujourd'hui sont mal encadrées et mal instruites.
Or, de plus en plus, la Russie affirme sa supériorité aussi bien contre
l'Allemagne que contre l'Autriche.
L'arrêt des armées allemandes est donc condamné à se changer en retraite.

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