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Françaises
Faculté des Lettres et des Sciences
Humaines Dhar El Mehraz – Fès Master : Didactique du Français et
(Interculturalité (S1
Exposé :
LA FRANCOPHONIE
EN AFRIQUE
Année universitaire 2010-211
Table des matières
L’un des paradoxes de la Francophonie est que les « pères fondateurs » de cette organisation
ne sont pas nés dans l’Hexagone : Léopold Sédar Senghor (Sénégal, 1906-2001), Habib
Bourguiba (Tunisie, 1903-2000), Hamani Diori (Niger, 1916-1989), Norodom Sihanouk
(Cambodge, 1922-) ont été les promoteurs actifs d’un concept de « communauté organique »
francophone. Léopold Sédar Senghor expose son projet de « communauté spirituelle de
nations qui emploient le français, que celui-ci soit langue nationale, langue officielle ou bien
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langue d’usage » aux chefs d’État africains réunis à Tananarive (Madagascar), lors du
sommet de l’Organisation commune africaine et malgache (OCAM) en juin 1966. L’idée
d’édifier un « Commonwealth à la française » lui serait venue, comme il le dira plus tard, dès
1955, avant même les indépendances africaines. Le désir de « francophonie » a donc tout
d’abord été exprimé hors de France, alors que le général de Gaulle lui-même avait gardé à
l’époque une attitude prudente et réservée à l’égard d’une communauté ainsi définie.
Le terme de « francophonie » avait quant à lui été inventé par le géographe français Onésime
Reclus (1837-1916). Le mot apparaît sous sa plume vers 1880 – autre paradoxe - dans un
tout autre contexte historique. Les empires en cours de constitution au dix-neuvième siècle
semblent à Onésime Reclus être l’avenir du monde, et la France doit selon lui y prendre sa
place. Il prône alors l’expansion de l’empire colonial français, dont le socle et le lien
solidaire des civilisations serait la langue française.
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africaine. Les questions d’éducation et de formation sont qualifiées de « domaine stratégique
d’intervention ». La création de l’Université internationale francophone Senghor
d’Alexandrie est décidée. La France renonce au remboursement de ses créances sur 35 États
africains.
Juillet 1989
Les premiers « Jeux de la Francophonie » ont lieu à Casablanca et Rabat (Maroc), et
réunissent 1 800 participants venus de 30 pays.
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1. L’enseignement de la langue française dans les pays
d’Afrique francophone
Le débat idéologique sur la place des langues nationales dans l’éducation ne peut se
comprendre sans établir un parallèle avec l’histoire coloniale. Durant la colonisation, les
langues africaines furent reléguées à un statut d’infériorité et la langue française imposée
comme langue officielle Cette hiérarchie se retrouvait dès lors dans la qualification de «
dialectes » des langues africaines. Le français fut utilisé comme un moyen de la politique
dite d’assimilation qui visait à imposer la culture occidentale. L’utilisation des langues
africaines fut interdite et réprimée aussi bien au sein des établissements scolaires qu’au sein
de l’administration, où étaient directement destinées les élites des écoles coloniales.
La langue française importée durant la colonisation est toujours la langue officielle de
nombreux pays. L’absence de politique linguistique nationale au moment de l’indépendance
entraîna la suprématie des langues étrangères. Ces dernières auraient alors été l’un des
facteurs d’une unification linguistique neutre face à la multiplicité ethnique et linguistique
africaine. En effet, il est complexe et couteux d’établir des programmes d’enseignement dans
toutes les langues pratiquées, notamment au niveau de l’élaboration des manuels scolaires.
De plus, sur quoi se baser pour choisir une langue parmi tant d’autres ?
Les pays d’Afrique du Nord, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie, ont été arabisés après
l’indépendance. Nous pouvons nous demander quels résultats ont rencontré ces pays. Dans
ces pays, l’arabe est donc la langue d’enseignement primaire et secondaire.
L’enseignement supérieur reste cependant majoritairement en langue française, ce qui pose
certains problèmes. Ayant suivis leur scolarité primaire et secondaire en arabe, les jeunes se
voient étudier en français à l’université mais ne maîtrisent pas toujours bien cette langue ce
qui peut entraîner des problèmes d’acquisition des savoirs. L’enseignement supérieur devrait
alors peut-être également être enseigné majoritairement en arabe. De plus, il est à noter que
la langue tamazight n’a pas été prise en compte, alors que celle-ci est utilisée par une grande
partie de la population. Le processus d’arabisation compte des points positifs mais n’exclue
donc pas des aspects négatifs, et montre combien le choix des langues peut être complexe, et
qu’il est à première vue plus simple de garder le français.
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scientifique sur l’efficacité de l’enseignement dans une langue différente de la langue
maternelle se posent. Dans son ouvrage L’éducation en Afrique, le
Défi de l’excellence, Khadim Sylla affirme que de nombreuses études
prouvent la plus grande efficacité de l’enseignement en langue maternelle et
soulignent les difficultés rencontrées par l’enseignement dans une langue
étrangère :
« L’absence de continuum éducatif entre, d’une part, l’environnement clos d’apprentissage
de l’élève, éduqué en langue étrangère et, d’autre part, son environnement social dominé par
sa langue maternelle, intrinsèquement lié à sa psyché culturelle, explique, dans une large
mesure, les difficultés d’acquisition des connaissances et de développement de la cognition
chez l’enfant, condamné durant ses premières années de scolarisation à la mémorisation , qui
n’est pas propre à développer l’esprit de créativité et d’initiative. ».
Ceci ne revient pas à dire que le français doive totalement disparaître de l’enseignement.
L’apprentissage du français doit être développé de manière à ce que, du passé colonial,
ressorte un atout linguistique, primordial à l’heure de la mondialisation, et non le refus
radical de tout ce qui concerne l’ancien colonisateur. Ainsi, alors que les langues nationales
reviendraient au premier plan, le français serait un atout secondaire non négligeable qui
pourrait servir de passerelle entre les différentes ethnies et vers l’étranger.
Le fait de parler français est perçu comme un outil de promotion sociale, mais
aussi comme un outil d'ouverture à l'autre, notamment dans les pays où
plusieurs langues nationales cohabitent. C'est enfin une ouverture vers
l'extérieur, sachant que le français est, comme l'anglais, même si
quantitativement c'est à une échelle moindre, parlé sur les cinq continents et
dans bon nombre d'enceintes internationales. Surtout, dans le contexte actuel
d'accélération de la mondialisation et face au risque d'uniformisation qui en
découle, parler français est de plus en plus perçu comme un acte d'affirmation
de la diversité du monde.
4 Statistiques 2010 sur les individus sachant lire et écrire le français en Afrique
Cela nous donne donc une image imparfaite du francophone en tant que
locuteur mais nous aide néanmoins à nous faire une idée. Ainsi, pour la Côte
d'Ivoire (ou pour d'autres pays), il faudrait gonfler le nombre de francophones
si l'on considère le nombre de personnes qui parlent le français (presque
90%).
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La littérature francophone
Bien que la littérature africaine ait pour support linguistiques essentiel les quatre principales
langues du continent, à savoir l’arabe, le français, l’anglais et le portugais, langues héritées
de l’histoire tourmentée du continent et des différentes colonisations, il n’en demeure pas
moins que la littérature la plus médiatisée, celle qui a fait plus parler d’elle, est la littérature
francophone.
La littérature francophone négro-africaine
Dans cette dernière, il est né un courant et une philosophie littéraire qui se sont longtemps
imposés sur la scène culturelle par la défense de nombre de principes esthétiques et
culturels spécifiquement africains, par lesquels ce courant entendait entrer dans
l’universalité. Il s’agit bien entendu de la littérature négro-africaine qui a défini et défendu
le principe de négritude. L’école française qui s’est établie dans l’AOF et l’AEF (Afrique
occidentale française et Afrique équatoriale française), comme celle, établie à Ath Yenni, à
Ait Hichem et à Ighil Ali a formé des générations d’élèves qui – en passant par les mailles de
la discrimination et du code de l’indigénat – sont devenus des cadres et des intellectuels
dont l’outil de travail et d’expression est le français. Les partisans du nationalisme le plus
étriqué avaient parlé d’aliénation culturelle et d’acculturation à propos de cette génération
qui a fait pourtant sienne les revendications d’indépendance et de libération de leurs peuples
respectifs.
Césaire et la négritude
Le mot « négritude » est un néologisme qu’Aimé Césaire a employé pour la première fois en
1939 dans son « Cahier d’un retour au pays natal ». « L a négritude, dit-il est la simple
reconnaissance du fait d’être noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de noir, de notre
histoire et de notre culture ». le mouvement de négritude et la littérature négro-africaine ont
connu un sort florissant et se sont vraiment universalisés avec le grand écrivain et ancien
président de la République du Sénégal, membre de l’Académie française, Léopold Sedar
Senghor, comme aussi avec des écrivains de grand talent comme Mongo Betti, Camara
Laye, Edouard Glissant( préfacier de « Nedjma » de Kateb Yassine), Sembene Ousmane,
René Depestre, etc. dans une grande revue « Esprit » de septembre 1968, Senghor
écrivait : « Je ne veux retenir, ici, que l’apport positif de la colonisation. L’ennemi est un
complice qui nous a enrichit en s’enrichissant à notre contact ».
La culture Kabyle et les lettres françaises
En Kabylie, l’appropriation de la langue française était le passage à l’écriture littéraire,
roman, poésie, conte théâtre, etc. Pour écrire en français, les écrivains Kabyles de la
première génération avaient pour première substrat la tradition orale Kabyle d’une très
grande richesse. D’ailleurs, une grande partie des travaux réalisés en français consistait en
des traductions de contes et de poèmes, comme le cas de Si Saïd Boulifa qui était en même
temps enseignant de langue Kabyle. Le cas de Belkacem Ibabizène occupait, disait-il la
position de « l’homme frontière » entre les deux cultures. Il serait en effet le « versant » de
la négritude promue par L.S.Senghor.
Le parcours littéraire de Jean Amrouche et de Taous Amrouch, trace les contours de cette
dualité culturelle et linguistique qui exalte l’âme et la parole Kabyle en français. En même
temps que se dessinait le mouvement de négritude en Afrique avec Aimé Césaire et
L.S.Senghor, Jean Amrouche convoque la personnalité et l’âme de Youghourthen dans son
livre « L’éternel Yugurtha » (1946) pour servir de creuset et de substrat historiques dans un
pays où on a essayé – et essaie toujours- de faire table rase de l’histoire millénaire.
De nombreux poèmes et contes récités par sa mère ont été traduits en français par Taous
Amrouche sont un fleuron de la littérature Kabyle de langue française.
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La littérature francophone maghrébine
Seront alors qualifiés de « maghrébins » les écrivains qu’un lien profond unit à leur
communauté d’origine, celle communément - et trop commodément - appelée « civilisation
arabo-musulmane ». (En effet, les Arabes de religion musulmane y sont largement
majoritaires, mais figurent également des juifs - le Tunisien Albert Memmi, le Marocain
Edmond El Maleh - ; des chrétiens - l’Algérien Jean Amrouche - ; des Berbères -
Mohammed Khaïr-Eddine au Maroc, les Kabyles Mouloud Feraoun et Mouloud Mammeri en
Algérie -). Le Maghrébin est conscient et convaincu d’appartenir à une terre commune, à une
société façonnée par l’histoire et reposant sur des traditions communes ; cette
« communauté » s’est formée et renforcée autour d’une revendication nationale, contre
laprésence de la France en Afrique du Nord.
Il est tout à fait acquis que la littérature de ces deux écrivains se situe dans l’algérianité et
dans la dénonciation du système colonial en tant qu’instrument de paupérisation et
d’humiliation de la société algérienne. Outre ces aspects, Mammeri et Feraoun situent leurs
récits et leurs travaux dans une berbérité assumée, et plus clairement encore, dans une
atmosphère et d’ambiance de fière Kabylité. En outre, ils revendiquent sans complexe
l’humanisme français et universel. M.Mammeri dit : « La langue française est pour moi,
non pas du tout la langue honnie d’un ennemi, mais un incomparable instrument de
libération, de communion, ensuite avec le reste du monde , je considère qu’elle nous traduit
infiniment plus qu’elle nous trahit » et il ajoute, pour préciser sa vision de la langue
française : « je me demande, si l’argument que l’on oppose souvent, à savoir qu’on s’aliène
dans une langue qui n’est pas la sienne, n’est pas un très un très mauvais argument, car, il
traduit quelque chose de superficiel : à un certain degré de profondeur, on ne peut se sentir
aliéné dans une langue. C’est même l’inverse, parce qu’on dispose alors d’un moyen de
sortir de soi. Chacun a, bien sûr, une langue maternelle, mais accéder à une langue comme le
français est un enrichissement considérable et je ne suis pas prêt à renoncer à tout ce que
cette langue m’a apporté et continue de m’apporter. Je m y sens tout à fait à l’aise […], il se
peut que les ghettos sécurisent, mais qu’ils stérilisent, c’est sûr. » Par ailleurs, en tant que
« francophones », ces auteurs écrivent directement en français. Ce qui élargit sensiblement
l’auditoire mais peut provoquer des réticences, dans la mesure où cette langue est perçue
comme un héritage de la colonisation et qu’elle vient concurrencer l’arabe classique, celui du
Coran. Ces écrivains assument ce choix, l’expliquent et le justifient ; mais certains tiennent à
préciser : « de langue française, d’expression arabe », ce que confirme Albert Memmi
évoquant « ces curieuses littératures francophones [...] fortement originales dans leurs
contenus, sinon toujours dans leurs formes ».
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Caractéristiques de la littérature francophone maghrébine
Elle privilégie largement la forme romanesque, sans doute la plus apte à rendre
témoignage des difficultés, à dénoncer les injustices, à faire état des revendications.
Elle n’oublie pas la poésie ni l’essai, l’une autorisant l’épanchement des sentiments
personnels; et par exemple les recueils de Jean Amrouche, de Nabile Farès,
d’Abdellatif Laâbi), l’autre permettant de disserter, d’argumenter, articles consacrés
à la décolonisation en Algérie, au Maroc, en Tunisie ; et aussi les diverses études de
Tahar Ben Jelloun sur l’immigration et le racisme ; d’Albert Memmi sur le
colonialisme et les relations entre communautés...). Elle néglige en revanche le
théâtre, que viennent concurrencer des pièces populaires en arabe dialectal, comme
l’illustre l’œuvre de Kateb Yacine.
D’abord celle des fondateurs, des « classiques », marquée - pour simplifier - par
la prise de conscience identitaire et la réflexion sociale. Ce sont surtout : en Tunisie,
Albert MEMMI (né en 1920). En Algérie, Mouloud FERAOUN (1913-1962),
Mouloud MAMMERI (1917-1989), Mohammed DIB (né en 1920), Malek
HADDAD (1927-1978), KATEB Yacine (1929-1989). Au Maroc, Ahmed
SEFRIOUI (né en 1913), Driss CHRAÏBI (né en 1926).
Puis la génération de 1970, qui traite des mêmes thèmes que ses aînés, mais
souvent avec une violence accrue, et à la recherche d’une écriture originale.
Quelques auteurs : en Algérie, Assia DJEBAR (née en 1936), Mourad
BOURBOUNE (né en 1938), Nabile FARES (né en 1940), Rachid BOUDJEDRA
(né en 1941). Au Maroc, Abdelkebir KHATIBI (né en 1938), Mohammed KHAÏR-
EDDINE (1941-1995), Abdellatif LAÂBI (né en 1942), Tahar BEN JELLOUN (né
en 1944).
• Une littérature « cousine » est apparue depuis quelques années, celle des
« Beurs » comme Azouz Begag, Farida Belghoul, Nina Bouraoui, Mehdi Charef,
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Nacer Kettane, Leïla Sebbar... Les thèmes peuvent être voisins mais l’ « ancrage »
principal, lui, est européen.
L’espace public est investi non seulement par les mouvements des droits de
l’homme et des associations, il l’est aussi par l’activité littéraire et les hommes de
lettres qui font partie de la société civile. A travers le cas de laâbi, il a été montré
que la prise de conscience civique et culturelle ainsi que les choix esthétiques des
écrivains la nouvelle littérature de souffles-innovateurs par rapport aux romans
marocains de la première génération écrits sur le modèle du roman occidental du
XIX ème siècle – préparent le terrain pour les solutions à apporter au dilemme
identitaire sur de nouveaux modes de conceptualisation, et incite à penser à de
nouvelles lectures de tendances littéraires moins étudiées comme la littérature
judéo-marocaine francophone , la littérature d’écrivains marocains expatriés, et
franco- marocains, ainsi que les littératures subversives au Maroc d’aujourd’hui,
notamment la littérature féminine et la littérature carcérale . les écrivains de la
littérature carcérale comme Tahar ben jelloun, Fatna el Bouih, Youness Fennich,
Ahmed Merzouki, Rachida Yacoubi,… manifestent une volonté de problématiser
davantage les rapports entre la littérature, la société et le pouvoir et de revendiquer
plus de libertés civiles par le biais de la littérature.
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