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Bonjour Dr Gaudreault,
Nous avons pris connaissance de l’article paru dans le journal La Presse[1] dans lequel
vous exprimiez votre souhait de « renverser les perceptions et faire en sorte que les
médecins et la profession médicale retrouvent l'estime du public ». Vous avez déclaré : «
la santé, ce n'est pas juste entre le patient et son médecin. Ça englobe l'éducation, la lutte
contre la pauvreté, l'environnement. Il ne faut pas avoir peur de se prononcer, ce que
selon moi, dans le passé, le Collège a eu peur de faire à certaines occasions. » Vous
mentionniez également : « Si le gouvernement prend une décision qui va à l'encontre de la
santé publique, par exemple, le Collège devrait avoir le courage de le dénoncer haut et
fort. »
Malgré cette forte opposition, les citoyens et les municipalités risquent de se faire imposer
cette technique chimique et à hauts risques alors qu’ils n’en veulent pas. Il est important
de mentionner que les derniers règlements appuyant l’entrée en vigueur de la Loi sur les
hydrocarbures permettent l’utilisation des procédés comme la fracturation hydraulique, la
fracturation à l’acide ou la stimulation des puits à l’acide. La Loi 106 qui a été adoptée,
nous vous rappelons, sous le bâillon en décembre 2016 en dépit d’une opposition quasi
unanime de l’ensemble de la société civile, des partis d’opposition, des Premières Nations
et du monde municipal. Les derniers amendements apportés au Règlement sur le
prélèvement des eaux et leur protection (RPEP), confirment la préséance des pétrolières
sur les municipalités en matière d'eau potable.
Nous attirons aussi votre attention sur les conséquences sanitaires de la fracturation,
concernant la gestion des boues toxiques et possiblement radioactives issues du forage, la
possible contamination des nappes phréatiques, l’activité sismique, l’abandon des puits et
la dégradation de la qualité de l’air. Au moment où nous devrions appliquer le principe de
précaution comme de nombreux pays l’ont fait avant nous, notre gouvernement laisse la
porte ouverte à ces dangereuses techniques non-conventionnelles.
La situation est donc extrêmement préoccupante. D’autant plus que nous sommes en crise
climatique et environnementale et que nous n’avons pas besoin de mettre à risque nos
ressources en eau.
Nous pensons donc que le Collège des médecins du Québec a un rôle majeur à jouer dans
ce dossier. Votre poids politique dans la société est très grand. Plus de 15 000 scientifiques
du monde ont lancé un cri d’alarme face à l’urgence climatique[4] et que le récent Rapport
spécial du GIEC sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C du Groupe
d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a rajouté à cette urgence
en concluant que nous devons réduire les émissions mondiales de CO2 de moitié d’ici 2030
si nous voulons limiter le réchauffement planétaire à 1,5C et éviter des impacts climatiques
catastrophiques[5]. Selon Lancet, ce rapport « a montré que même une petite augmentation
de la température moyenne à la surface de la Terre donnerait lieu à une augmentation
considérable de la morbidité et de la mortalité attribuables à des maladies associées à la
chaleur »[6].
Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a d’ailleurs annoncé sans détour
que « nous sommes en train de tuer notre planète ». L'Association canadienne des
médecins pour l'environnement (ACME), l'Association médicale canadienne (AMC),
l'Association des infirmières et infirmiers du Canada (AIIC), l'Association canadienne de
santé publique (ACSP) et le Réseau pour la santé publique urbain (UPHN) ont récemment
demandé aux partis fédéraux de « reconnaître que les changements climatiques constituent
le plus grand défi de santé publique du XXIe siècle et de faire des solutions climatiques
une priorité aux élections fédérales de 2019 »[7].
Nous vous invitons également à consulter le rapport PDF ci-joint[8], commandé en 2015
par le gouvernement du Québec et réalisé avec l’appui de l’Institut national de santé
publique du Québec, sur les coûts et les conséquences sanitaires du réchauffement
climatique pour notre société. Dans ce contexte, il est particulièrement troublant de savoir
que notre gouvernement, en toute connaissance des risques, va de l’avant avec
l’exploitation pétrolière et gazière.
Pour toutes ces raisons, comme l’ont fait courageusement vos collègues du Nouveau-
Brunswick qui se sont opposés à la fracturation hydraulique[9] et dans l’optique de
contribuer à ce que le Collège des médecins du Québec retrouve l’estime du public, nous
vous invitons Dr Gaudreault, à demander au gouvernement du Québec de mettre fin au
projet d’exploiter les hydrocarbures québécois et, par conséquent, d’abroger la Loi sur les
hydrocarbures et les autres outils légaux qui en découlent. Ceci implique aussi de révoquer
toute autorisation, permis ou bail applicable à l’exploration et à la production d’énergie
fossile au Québec. Il y a déjà eu un précédent : la Loi limitant les activités pétrolières et
gazières en 2011 a permis d’interdire l’activité pétrolière et gazière dans une partie du
Saint-Laurent et de révoquer tous les droits sans aucune indemnité de la part de l’État. Pour
finir, nous vous demandons de soutenir la position de l’Association Canadienne des
médecins pour l’environnement qui recommande d’interdire tous les projets de fracturation
sur l’ensemble du pays[10]
Signataires
Martin Poirier, Stéphane Poirier NON à une marée noire dans la Saint-Laurent
[1]
https://www.lapresse.ca/actualites/sante/201810/27/01-5201948-le-nouveau-president-du-
college-des-medecins-veut-retrouver-lestime-du-public.php
[2]
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1131254/pieridae-energy-veut-utiliser-la-fracturation-en-
gaspesie-lan-prochain
[3]
http://www.bape.gouv.qc.ca/sections/rapports/publications/bape307.pdf , https://ici.radio-
canada.ca/nouvelle/698544/couillard-gaz-schiste-bape
[4]
https://www.ledevoir.com/societe/environnement/512863/15-000-scientifiques-lancent-un-cri-
d-alarme-sur-l-etat-de-la-planete
[5]
https://archive.ipcc.ch/pdf/session48/pr_181008_P48_spm_fr.pdf
[6]
https://www.newswire.ca/fr/news-releases/selon-le--compte-a-rebours--du-lancet-il-est-
temps-de-reduire-davantage-les-emissions-sinon-des-vies-humaines-et-la-survie-des-systemes-
de-sante-seront-menacees-701488542.html
[7]
https://www.newswire.ca/fr/news-releases/les-professionnels-de-la-sante-interpellent-les-
partis-politiques-federaux-il-faut-agir-pour-prevenir-les-changements-climatiques-
catastrophiques-829472797.html
[8]
http://www.mddelcc.gouv.qc.ca/changementsclimatiques/evatuation-impacts-cc-couts-qc-
etat.pdf
[9]
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/559050/medecins-gaz-schiste-nouveau-brunswick
[10]
https://www.msn.com/fr-ca/actualites/quebec-canada/fracturation-hydraulique-un-danger-
pour-la-sant%C3%A9/ar-BBR4hnQ
[11]
https://www.cqde.org/commentaires-cqde-projets-de-reglements-hydrocarbures-aout-2018-2/