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F. SCHLEIERMACHER Choix de fragments sur la critique et ’herméneutique (1796-1803) Les quelques pensées réunies ici, réflexions sur le lexique, la sociabilité ou Platon (en marge de la traduction de ses ceuvres entreprise en 1800), sug- gérent que les questions de nature herméneutique occupaient Schleiermacher dés la période de fréquentation du groupe romantique, comme le montrent également les nombreux compte-rendus qu'il rédigeait alors. Un des aspects les plus suggestifs de sa mise & profit de certains concepts fichtéens est, au moment oit il formulait la loi de l’échange social, sa conception fonciérement interactive de l’échange verbal qui insiste sur le réle actif de l'écoute (contre Jacobi, qui réinterprétait la raison comme une faculté purement passive). Dans la Théorie du comportement social (Versuch einer Theorie des geselli- gen Betragens, KGA J, 2), parue dans le Berlinisches Archiv der Zeit, 1799, il énonce ainsi la loi formelle de « l’action réciproque » universelle (commu- nauté), la loi matérielle de la communication universelle et libre des pensées, et la loi quantitative de la limitation concréte, des deux autre. lois. Schleiermacher aspire a une meilleure communication entre les différentes sphéres de la société : « Il doit donc y avoir un état qui compleéte les deux autres, qui mette la sphére d’un individu en situation d’étre aussi diversement que possible recoupée par les sphéres d'autres, et qui lui assure, & chacun de ses points de contact, la perspective sur un monde autre et étranger, en sorte que toutes les manifestations de l'humanité lui soient peu @ peu connues, et qu également les esprits et les conditions les plus étrangers puissent lui étre rendus amis et pour ainsi dire voisins » (KGA I, 2, 165). Il y a la l’ébauche d'une « dialogique » que, dans le registre de la « pensée pure » qui est le sien, —279— Ja. Dialectique présentera sous forme systématique aprés 1811. L'entretien infini des romantiques, la sociabilité ou Geselligkeit qu’ils ont tant prisée, devient alors la forme de réciprocité ou se constitue le savoir. L’interaction des points de vue, la nécessité du conflit pour I'élaboration du savoir parta- gé, la volonté de conceptualiser cet « art de la conduite du dialogue selon les régles » par lequel on parvient 4 la connaissance distingue Schleiermacher de la critique romantique du systéme et de la raison au profit d’une « nouvel- le mythologie » entrevue par Schlegel (Entretien sur la Poésie, AL 31] sq.) ou d'une « philosophie de la mythologie » comme chez le dernier Schelling. Pour tui, le charme du récit est ambigu : « le narrateur est dictateur » (qu'il faut entendre comme celui qui dicte ou édicte), car il impose un discours aux autres, de fagon monologigue ; s'il transmet une tradition, c'est sur un mode passif, Schleiermacher distingue toujours entre la tradition assumée active- ment dans le dialogue et la critique, et celle que l'on assimile en « s'insérant dans le procés de la tradition » pour reprendre les termes de Gadamer. La méditation sur la communication qui inspire les différents registres de sa réflexion pendant les années de formation restera décisive pour sa philoso- phie constituée, en particulier pour l’éthique, la dialectique et l’herméneu- tique. Comme pour les cahiers de Schlegel, les notations fragmentaires de Schleiermacher constituaient @ la fois un terrain d’expérimentation pour les idées neuves qui surgissaient, et une réserve qu'il tenait 2 sa disposition pour des travaux futurs, a commencer par les fragments parus anonymement dans la premiére livraison de l'Athenaeum. Les Pensées I-III des années 1796- 180] sont éditées dans KGA 1,2, les pensées IV-V des années 1800-1803 dans KGA I,3. Nous reprenons la numérotation de cette édition. Signalons enfin le choix de fragments procuré par K. Nowak ; F. Schleiermacher, Brachstiicke der unendlichen Menschheit. Fragmente, Aphorismen und Notate der friihro- mantischen Jahre, Union Verlag, Berlin, 1984. Pensées mélées I 1796-1799 il, Sans dictionnaire, on doit souvent deviner la signification par la compa- raison des différents cas, comme lorsque I’on fait une lecture sans avoir les définitions. — 280~ 20. Un exposé est rhétorique quand il est ordonné pour que I’effet des parties soit déterminé par leur place — il s’oppose 4 I"exposé logique, ou la position organique de chaque partie dans un systéme détermine sa place ; on peut dire également : ot la place est déterminée par l’effet. L’aspect rhétorique reléve de Ia mise en ordre, i! ne dépend pas de Ia qualité des parties. Celle-ci rend Vexposé poétique. Un sermon peut étre, dans une certaine mesure, rhétorique, mais trés rarement poétique. Les sermons logiques ne font pas bon effet le plus souvent. Le rhétorique ne peut jamais rendre un sermon impopulaire, le logique ne le rend jamais insaisissable, le poétique ne le rend jamais désa- gréable, mais le rhétorique peut trés vite le rendre immoral, le logique sans intérét et le poétique sans efficace, parce que l’on n’atteint que le sentiment (Empfindung) et non la volonté, et chez homme, i) n’agit pas toujours sur elle. + Le 29 sept. 1797 22. Comme beaucoup disent : « Je ne comprends pas cela, donc cela ne vaut rien », d’autres disent: « I! ne me comprend pas, donc il ne vaut rien ». Lequel est le plus présomptueux ? 68. Connaitre quelqu’un a partir d’une lettre adressée a un tiers est une tache indéterminée. Car I’on doit prouver deux grandeurs inconnues : son rapport 4 ce tiers et son aptitude a le mettre en ceuvre. 78. En histoire, on néglige d’ordinaire I’histoire du sol, et cela méme la rend * si peu visible ; et ce qui constitue 4 proprement parler la gloire de "homme, a savoir la domination de la terre, reste tout 4 fait inapparent. En histoire de la littérature, il en va de méme ; une histoire du public, de ce que I’on a pu dire et de ce qu’on a voulu lire etc, serait une véritable climatologie littéraire. 92. Il y a aussi dans la bonne maniére de vivre un conflit opposant |’essence a lapparence — en effet le bien-étre doit toujours étre la manifestation d’une expression libre de I’humanité. L’aspiration a cette manifestation, quelle qu’en soit le chemin, est |’apparence. L’esprit est |’aspiration 4 une action réciproque libre, la lettre est le retour sur soi. 117. L'antinomie de l’esprit et de la lettre nait de I’antithése qu’il doit y avoir une action réciproque et qu’elle doit cependant étre libre, puisque l’on n’est libre que dans la mesure 08 |’on ne sent pas ses limites. -281-

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