LES FOCUS

TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR

LE MYSTÈRE DE LA
MATIÈRE NOIRE :
DANS LES COULISSES
DE L’UNIVERS Août / 2014
GIANFRANCO BERTONE
TRADUIT DE L’ANGLAIS PAR JACQUES PAUL
LE MYSTÈRE DE LA
MATIÈRE NOIRE :
DANS LES COULISSES
DE L’UNIVERS
La découverte du Boson de Higgs a ré-
cemment ébranlé les fondations de la cos-
mologie et de la physique des particules.
Dans les années 1920, quelques pionniers
avaient bien remarqué des anomalies dans
le mouvement des galaxies, mais ce n'est
TX
jOD¿QGX;;eVLqFOHTXHOHVVFLHQWL¿TXHV
ont été confrontés à une conclusion éton-
nante : l'univers est rempli d'une substance
inconnue fondamentalement différente de
tout ce que les astronomes ont observé
avec leurs télescopes ou mesuré dans
leurs laboratoires. Comprendre ce qu'est
cette matière dite « noire » est aujourd'hui
GHYHQXOHJUDQGGp¿GHODVFLHQFH
Gianfranco Bertone explique en termes
simples et avec enthousiasme les enjeux
de cette quête qui implique des chercheurs
du monde entier, tant en cosmologie qu'en
physique des particules. Explorer la ma-
tière noire risque bien de remettre en cause
les éléments essentiels de notre connais-
sance du monde !
 LES FOCUS
TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR
UN SOMBRE MYSTÈRE
Le 20 décembre 2010, une délégation de haut rang du
Conseil des affaires de l’État de la République Populaire
de Chine inaugurait, avec des représentants de l’université
Tsinghua de Pékin, le laboratoire souterrain d’astroparti-
cule le plus profond du monde. D’un volume utile de 1 400
mètres cubes, il est creusé à grande profondeur au coeur
des monts Jinping, dans la province du Sichuan.
Treize mille kilomètres plus au sud, au même moment ou
SUHVTXHXQHpTXLSHVFLHQWL¿TXHLQMHFWDLWGHO¶HDXFKDXGH
dans la glace du plateau Antarctique pour forer le dernier
d’une série de 80 puits de 60 centimètres de diamètre et
profond de 2 500 mètres, et y déployer la dernière des
chaînes de détecteurs du télescope IceCube. C’était ainsi
OD ¿Q G¶XQH SKDVH GH FRQVWUXFWLRQ FRPPHQFpH VHSW DQV
plus tôt et le début des observations.
Dans un site encore plus improbable, le 19 mai 2011
à 350 kilomètres au-dessus du sol, une équipe d’astro-
nautes, à l’aide de bras robotiques, extrayait AMS-02, un
détecteur d’une masse de six tonnes, de la soute de la
navette spatiale Endeavour de la NASA pour le monter sur
la Station Spatiale Internationale 1.
Ce ne sont là que les dernières en date d’une liste toujours
SOXVORQJXHG¶LQVWDOODWLRQVVFLHQWL¿TXHVPDMHXUHVSRXUO¶DV
WURSDUWLFXOHGRPDLQHVFLHQWL¿TXHHQSOHLQHVVRUpPHUJHDQW
à l’intersection de la physique des particules et de l’astro-
physique. La liste mêle des détecteurs de rayons gamma
et d’antimatière en orbite autour de la Terre à bord de satel-
lites ou montés sur la Station Spatiale Internationale, des
télescopes à neutrinos enfouis dans les glaces du pôle Sud
ou ancrés au fond de la Méditerranée, des accélérateurs
de particules brisant les particules élémentaires à ultra-
haute énergie.
/HV VFLHQWL¿TXHV HVSqUHQW TX¶HQ FRPELQDQW OHV GRQQpHV
de toutes ces expériences, ils seront en mesure de faire
la lumière sur la matière noire, l’un des plus grands pro-
blèmes non résolus de la science moderne, un mystère qui
Gp¿HQRWUHFRQFHSWLRQGHO¶XQLYHUVHWGHODSODFHTXHQRXV
y occupons. Ce mystère s’enracine loin dans le temps,
mais le problème de la matière noire ne s’est manifesté
que très récemment dans toute son implacable complexité,
ébranlant les fondements de la cosmologie et de la phy-
sique des particules.
La compréhension de l’univers s’était plutôt déroulée sans
à-coups une fois que son expansion fut mise en évidence
par Hubble au début du ;;e siècle. Mais dans les années
 TXDQG OHV VFLHQWL¿TXHV V¶HIIRUFqUHQW GH EkWLU XQ
modèle cosmologique cohérent en assemblant les nom-
breuses pièces du puzzle cosmique (comme l’abondance
des éléments chimiques légers dans l’univers, le mouve-
ment des étoiles dans les galaxies et la dispersion des
vitesses des galaxies dans les amas), les pièces ne sem-
blaient tout simplement pas s’ajuster. Pour compléter le
puzzle, il fallait postuler l’existence d’une nouvelle forme de
matière, la matière noire.
Dans un article paru le 1er octobre 1974 dans le presti-
gieux Astrophysical Journal, des cosmologistes de renom
de Princeton décrivaient le changement de paradigme qui
s’opérait alors avec ces mots choquants 2 :
« Il y a de plus en plus de bonnes raisons de croire que les
masses des galaxies ordinaires ont peut-être été sous-
estimées d’un facteur 10 ou plus. »
Un facteur dix ! Tout d’un coup, les galaxies familières étu-
diées pendant des décennies, systèmes ordinaires d’étoiles
et de gaz dont nous croyions bien comprendre la structure,
pWDLHQWGHYHQXHVIkFKHXVHPHQWJURVVHVWURSPDVVLYHVHW
surtout franchement bizarres. Plus personne ne savait de
3
 LES FOCUS
TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR
quoi elles étaient vraiment faites, pas plus d’ailleurs que
le reste de l’univers. L’image courante d’une galaxie, vue
comme un banal disque d’étoiles plongé dans un océan
de gaz dilué, tournant avec leurs planètes autour d’un
même centre, était devenue soudain fausse et trompeuse.
Étoiles et gaz n’étaient plus qu’une petite partie d’un halo
de matière invisible, bien plus grand et bien plus massif.
/HVLPSOLFDWLRQVVWXSp¿DQWHVGHFHFKDQJHPHQWGHSDUD
digme sont si profondes que nous avons à peine com-
mencé à les explorer. Le plus important, peut-être, c’est
qu’étoiles, trous noirs, supernovas, planètes, et la Terre
elle-même, bref, tout ce que nous connaissons, n’existent
TXHJUkFHjXQHVRUWH©G¶pFKDIDXGDJHFRVPLTXHªIDLWGH
matière noire. Retirez la matière noire d’une galaxie, ses
étoiles et leurs planètes s’égailleraient comme des billes
dans l’espace intergalactique. Cela signifie également
que nous autres humains, ne sommes pas de la même
SkWH GRQW O¶HVVHQWLHO GH O¶XQLYHUV HVW IDLW  QRXV VRPPHV
spéciaux, d’une manière insoupçonnée jusqu’ici.
Dans la cosmologie moderne, la matière noire fournit, en
TXHOTXH VRUWH OH © WKpkWUH ª GX © VKRZ FRVPLTXH ª XQ
WKpkWUH TXL D pWp PRQWp TXDQG O¶XQLYHUV pWDLW MHXQH ELHQ
avant que les étoiles commencent à briller et les planètes
jVHIRUPHUHWFHWKpkWUHHVWHQFRUHHQpYROXWLRQ(QEUHI
c’est la structure porteuse de l’univers. Elle résout d’un seul
coup bien des problèmes en astrophysique et cosmologie,
elle fournit un cadre autocohérent pour la structure et l’évo-
lution de l’univers.
5HVWHTXHOHVSK\VLFLHQVVRQWGLI¿FLOHVjFRQYDLQFUH3DU
dessus tout, faute de preuves incontestables, nous hési-
tons à introduire de nouveaux concepts et encore plus de
nouvelles formes de matière. Même si les observations
astrophysiques corroborent l’existence de cette compo-
sante inconnue de l’univers, nous ne pouvons tout sim-
plement pas l’accepter tant qu’il ne sera pas possible d’en
mesurer les propriétés et de l’étudier dans nos laboratoires.
Comme le signale Robert Pirsig dans son traité du Zen et
de l’entretien des motocyclettes,
« Le véritable but de la méthode scientifique est de s’assu-
rer qu’on ne s’imagine pas savoir ce qu’en fait on ignore. »
Plus de contenu, d’actualités et d’informations sur www.techniques-ingenieur.fr
'¶XQHJUDYLWpPRGL¿pHjGHQRXYHOOHVSDUWLFXOHVG¶pWRLOHV
de faible intensité à des mondes miroirs, la liste des solu-
tions proposées à l’énigme de la matière noire est très, très
longue, et de nouvelles idées continuent d’être proposées
aujourd’hui.
Il en résulte qu’aux yeux des profanes, les revues contem-
poraines de physique évoquent parfois ces manuscrits
anciens, qui à l’instar des bestiaires médiévaux ou des
papyrus égyptiens, mêlaient en toute harmonie animaux
réels, monstres bizarres et autres créatures imaginaires.
En fait, nos revues regorgent d’une multitude de particules
exotiques aux noms bizarres et aux propriétés qui le sont
encore plus, se mêlant à un zoo déjà vaste et hétérogène
de particules et de champs connus.
Les physiciens sont un peu comme les anciens géo-
graphes pour qui seuls des monstres et autres créatures
imaginaires devaient peupler le monde au-delà des terres
connues. Pour expliquer la matière noire, les physiciens
ont peuplé de nouveaux spécimens la « terra incognita »
de la physique des particules. Détecter ces candidats à la
PDWLqUHQRLUHRXOHVH[FOXUHHVWO¶XQGHVSOXVJUDQGVGp¿V
VFLHQWL¿TXHVGX;;,e siècle.
Il s’avérera peut-être que ces candidats à la matière noire
n’existent que dans l’esprit imaginatif des physiciens des
particules, comme ce fut le cas des monstres mythologiques
des civilisations anciennes. Mais de même que certains de
ces anciens monstres n’étaient en fait que la perception
déformée de vrais animaux, nous pouvons espérer que
JUkFH j GHV H[SpULHQFHV VRLJQHXVHPHQW FRQoXHV QRXV
¿QLURQVSDUGpWHFWHUGHVSDUWLFXOHVGHPDWLqUHQRLUHHWOHYHU
le voile sur certains des mystères les plus impénétrables de
la science moderne.
Ce livre parle de la quête de la matière noire : les raisons
TXLSRXVVHQWOHVVFLHQWL¿TXHVjDGPHWWUHTX¶HOOHH[LVWHOHV
théories qui ont été avancées pour l’expliquer et la course
PRQGLDOHDFWXHOOHPHQWHQFRXUVSRXUO¶LGHQWL¿HU
Je soutiens que dans les cinq à dix prochaines années,
nous serons les témoins d’une révolution dans ce domaine
de recherche. Soit nous trouverons des particules de

matière noire, ouvrant un champ entièrement nouveau de
la science, soit nous assisterons au déclin de théories de
premier plan, avec l’obligation de reconsidérer notre des-
cription de l’univers.
UN COUP D’ŒIL EN COULISSE
Si vous regardez le ciel par une nuit noire, vous verrez
la Voie lactée comme une bande de lumière luisant en
WUDYHUVGX¿UPDPHQW&HTXH-DPHV-R\FHQRPPDLW©VLO-
ODJHODLWHX[VFLQWLOODQWHWGLOXpDX[DOOXUHVG¶XQWUHLOOLVLQ¿QLª
n’est que le disque d’étoiles et de gaz vu de l’intérieur de la
galaxie à disque dans laquelle nous vivons. Source d’admi-
ration et d’inspiration pour beaucoup, la Voie lactée procure
à certains une sensation de frisson dans le bas du dos. Elle
met tout le ciel en perspective en donnant de la profondeur
à une voûte céleste par ailleurs sans épaisseur.
En scrutant la constellation du Sagittaire, vous regardez là
où se trouve le centre galactique. C’est le centre du disque
d’étoiles et de gaz de notre galaxie qui constitue pour l’es-
sentiel tout ce que vous pouvez voir dans le ciel à l’œil
nu. C’est aussi le centre du halo, un sphéroïde de matière
noire environ dix fois plus grand et dix fois plus massif que
le disque.
La densité de ce halo est relativement élevée. Chaque cen-
timètre carré de la page que vous lisez voit passer envi-
ron 30 000 particules de matière noire par seconde qui
traversent la feuille à une vitesse d’environ 100 kilomètres
par seconde 3. La raison pour laquelle nous ne percevons
pas ces particules, même si elles nous bombardent en per-
manence, c’est qu’elles n’interagissent que très peu avec
la matière ordinaire ; c’est aussi la raison pour laquelle la
PDWLqUHQRLUHHVWVLGLI¿FLOHjPHVXUHU
La Voie lactée contient de nombreuses sous-structures,
de plus petites concentrations de matière noire avec de
petites proportions d’étoiles et de gaz, dont certaines sont
même visibles à l’œil nu, comme les Nuages de Magellan.
Mais au-delà de la Voie lactée, la plus grande accumu-
lation de matière noire est notre galaxie sœur, la galaxie
d’Andromède.
LE MYSTÈRE DE LA MATIÈRE NOIRE :
DANS LES COULISSES DE L’UNIVERS
Nous pouvons la voir, même à l’œil nu, comme un astre
ÀRXGDQVOHJURXSHGHFRQVWHOODWLRQVQRPPpHVG¶DSUqVOH
mythe de Persée. Sur une image prise au télescope, elle se
révèle comme une belle spirale d’étoiles et de gaz, similaire
en taille et en forme à notre propre Voie lactée. C’est l’objet
le plus lointain que nous pouvons voir à l’œil nu, c’est aussi
le seul objet en dehors de la Voie lactée que l’œil peut per-
cevoir à partir de l’hémisphère nord.
Avec un télescope, nous pouvons faire plus qu’admirer sa
EHDXWp'HSXLV1HZWRQHQIDLWQRXVDYRQVDSSULVjFDO-
culer la vitesse d’un objet céleste que la gravité lie à un
astre d’une masse donnée : plus l’objet céleste se déplace
rapidement, plus grande est la masse de l’astre auquel il
est lié. Nous pouvons calculer, par exemple, la vitesse de
la Terre et de toutes les autres planètes en orbite autour
du Soleil, en tenant compte de la taille de leurs orbites.
Mais si nous tentons d’utiliser cette méthode pour calculer
la vitesse des étoiles dans la galaxie d’Andromède, ça ne
marche pas.
Horace W. Babcock avait déjà noté en 1939 que, même
loin de son centre, la galaxie d’Andromède tourne très vite,
comme si les régions extérieures contenaient la plus grande
SDUWLHGHVDPDVVH4XHOTXHVDQQpHVSOXVW{W)ULW]=ZLFN\
un astronome suisse travaillant en Californie, avait observé
un amas d’environ 1 000 galaxies dans Coma Berenices
(la Chevelure de Bérénice) avec le télescope de 254 cm
GX0RQW:LOVRQOHPrPHWpOHVFRSHTX¶(GZLQ+XEEOHDYDLW
utilisé environ dix ans plus tôt pour prouver l’expansion de
l’univers.
'DQVO¶DUWLFOHRLOSUpVHQWDLWVHVFRQFOXVLRQV=ZLFN\DSUqV
s’être plaint de la pollution lumineuse affectant la ville de
Los Angeles (en 1931 !), notait que la dispersion de vitesse
des galaxies de l’amas était plutôt élevée. Il en concluait
que la masse de l’amas de Coma semblait beaucoup plus
grande que celle qui pouvait être déduite de l’étude des
galaxies visibles dans l’amas 4 :
© 6L FHOD pWDLW FRQ¿UPp QRXV REWLHQGULRQV OH UpVXOWDW
surprenant que de la matière sombre se trouve en plus
grande quantité que la matière lumineuse. »
5
 LES FOCUS
TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR
Figure 1. La galaxie d’Andromède, notre galaxie soeur.
Plusieurs autres éléments de preuve ont fourni un soutien
supplémentaire à l’hypothèse de la matière noire. Jusqu’à
OD¿QGHVDQQpHVHQpWHQGDQWjJUDQGUD\RQO¶pWXGH
des courbes de rotation d’un nombre accru de galaxies, les
astronomes ont mis en évidence de grandes quantités de
matière sur des échelles de taille beaucoup plus grandes
que celle des galaxies à disque 5.
Aujourd’hui, la preuve directe la plus décisive en faveur de
la matière noire vient des lentilles gravitationnelles, un effet
bien établi qui repose sur la relativité générale d’Einstein, et
qui découle directement de l’idée même au cœur de cette
théorie 6.
Le célèbre astrophysicien John Wheeler a résumé le cadre
théorique de cet eff et dans les termes suivants 7 :
« La masse dit à l’espace-temps comment se courber,
l’espace-temps dit à la masse comment se mouvoir. »
En particulier, les grandes concentrations de masses
courbent l’espace d’une manière appréciable, au point
Plus de contenu, d’actualités et d’informations sur www.techniques-ingenieur.fr
que la lumière s’incurve autour d’elles, ce qui déforme
les images des objets situés loin à l’arrière-plan. Regar-
der à travers de grandes concentrations de masse, c’est
donc un peu comme regarder à travers un verre défor-
mant ou un bocal à poissons rouges. Vous pouvez voir
ce qui est de l’autre côté, mais comme le chemin optique
des rayons lumineux est perturbé, l’image que vous
voyez est déformée.
&HWWH WHFKQLTXH HI¿FDFH QRXV SHUPHW GH GpWHUPLQHU OD
masse des grandes structures de l’univers, comme les
amas de galaxies. La masse de ces derniers s’avère ainsi
beaucoup plus grande que la masse de toutes les étoiles et
du gaz que l’amas renferme, prouvant ainsi l’existence de
la matière noire. En outre, dans un cas au moins, le gros
de la masse se sépare physiquement de la matière visible,
une situation qui n’est pas compatible avec les théories
visant à se débarrasser de la matière noire en changeant
les lois de la gravité 8.

CONJURER L’INCONNU
Nous sommes donc forcés d’accepter le fait qu’il y ait
quelque chose d’autre dans l’univers en plus du gaz ordi-
naire et des étoiles. Nous avons des preuves solides que
la matière noire ne peut pas être faite de matière ordinaire ;
il doit donc exister de nouvelles particules, à moins d’avoir
été complètement trompé par un large éventail d’observa-
tions astrophysiques et cosmologiques.
C’est là que le problème de la matière noire transcende
les limites de l’astrophysique et de la cosmologie, les disci-
plines qui traitent des plus grandes structures de l’univers. Il
GHYLHQWXQP\VWqUHSOXVYDVWHHWSOXVSURIRQGGp¿DQWQRWUH
compréhension de la physique des particules, la discipline
qui étudie les constituants élémentaires de la matière et
leurs interactions. Le modèle standard de la physique des
particules fournit une description étonnamment précise de
toutes les particules élémentaires connues et de leurs inte-
ractions, mais les observations cosmologiques nous disent
que ce que nous avons observé jusqu’ici n’est que la partie
émergée de l’iceberg.
Ce qui donne corps aujourd’hui à la question de la matière
noire, c’est que la plupart des physiciens des particules
sont persuadés, pour des raisons tout à fait indépendantes
de la cosmologie, que le modèle standard n’est que la ver-
VLRQVLPSOL¿pHYDODEOHGDQVXQHJDPPHOLPLWpHG¶pQHUJLH
d’une théorie réellement fondamentale. Situation similaire
au cas de la gravitation, dont nous savons que la théorie de
1HZWRQQ¶HVWTX¶XQHYHUVLRQVLPSOL¿pHHWDSSUR[LPDWLYHGH
la théorie de la relativité générale d’Einstein 9.
Les théories nouvelles avancées ces trois dernières décen-
nies pour aller au-delà du modèle standard ont fourni une
liste interminable de candidats à la matière noire : neutrali-
nos, axions, neutrinos stériles, particules miroir, particules
de Kaluza-Klein, gravitinos, sneutrinos, chacun avec ses
caractéristiques et ses propres stratégies de détection. Il
est fort probable qu’un seul d’entre eux, et encore, s’avé-
rera apte à expliquer l’énigme de la matière noire.
Nous avons comparé plus haut ce zoo de particules ima-
ginaires aux bêtes fabuleuses esquissées en marge des
LE MYSTÈRE DE LA MATIÈRE NOIRE :
DANS LES COULISSES DE L’UNIVERS
cartes géographiques anciennes, au-delà des frontières
des terres connues, dans une tentative visant à « conjurer
la menace de l’inconnu en le nommant » 10. Mais les mots
GH -RQDWKDQ 6ZLIW VH PRTXDQW DPqUHPHQW GHV DQFLHQV
cartographes :
« Ainsi les géographes dans les cartes d’Afrique
Comblent leurs lacunes avec des images de sauvages
Et sur d’inhabitables collines
Faute de ville, placent des éléphants »
nous dissuadent d’accepter des explications fantaisistes
pour des choses que nous ignorons. Nous devons aller
au-delà de cette frontière, détecter ces particules de
matière noire, mesurer leurs propriétés avec la même pré-
cision scrupuleuse que celle atteinte pour les particules du
modèle standard.
Pour ce faire, il nous faut une stratégie. Nous devons
construire des expériences qui optimisent nos chances de
découvrir le type de particule recherché, tout comme les
chasseurs et les pêcheurs adaptent leurs instruments aux
proies qu’ils pourchassent. Heureusement, maints candi-
dats à la matière noire tombent dans une catégorie assez
vaste pour laquelle les mêmes outils peuvent être utilisés,
à savoir celle des WIMPs, acronyme inventé par Michael
Turner pour Weakly Interacting Massive Particles (parti-
cules massives interagissant faiblement).
Si la matière noire est faite de WIMPs, nous devrions être
en mesure de la détecter. Bien que toutes les stratégies de
recherche élaborées jusqu’ici aient échoué à prouver d’une
manière irréfutable l’existence des particules de matière
noire, des expériences de physique des astroparticules de
nouvelle génération sont mises en œuvre, certaines d’entre
elles ont même déjà commencé à recueillir des données.
Mais comment pouvons-nous détecter quelque chose dont
nous ne savons rien ?
LA QUÊTE DE LA MATIÈRE NOIRE
Les physiciens ont beaucoup d’armes dans leur arsenal
pour traquer la matière noire. Les plus performantes sont
7
 LES FOCUS
TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR
peut-être les collisionneurs de particules, où des particules
élémentaires sont accélérées à des énergies très élevées
avant de s’écraser les unes contre les autres au sein de
grands détecteurs. L’impact convertit l’énergie initiale des
particules entrant en collision en une foule de particules
différentes. Nous interprétons si bien ce type d’expérience
que les masses et les forces d’interaction de presque toutes
les particules du modèle standard sont connues avec une
très bonne précision.
Les accélérateurs de particules sont devenus si gigan-
tesques et si performants que le travail de milliers de scien-
WL¿TXHVHVWQpFHVVDLUHSRXUOHVFRQVWUXLUHHWOHVH[SORLWHU
Lorsque j’ai visité le CERN, près de Genève, en 2007 à
l’occasion d’une conférence, les organisateurs nous ont
emmenés visiter le détecteur ATLAS juste avant qu’il soit
Gp¿QLWLYHPHQW DFKHYp HW QRXV VRPPHV GHVFHQGXV GDQV
le tunnel de 27 kilomètres du LHC (Large Hadron Collider,
grand collisionneur de hadrons). J’avais préparé ma visite
en étudiant la structure et les principes de détection de ses
divers composants, mais je fus quand même surpris par
la taille du détecteur : celle d’un géant de 46 mètres de
long, haut comme un immeuble de huit étages, s’insérant
à grand-peine dans son hall souterrain, comme la pomme
verte dans la peinture de Magritte La chambre d’écoute.
Nous devons à Robert Wilson, directeur-fondateur du
Laboratoire national Fermi, près de Chicago, l’analogie
restée fameuse entre la construction des accélérateurs et
celle des cathédrales. Leon Lederman, ancien directeur du
même laboratoire, ajoutait pour sa part 11 :
« Les cathédrales et les accélérateurs sont construits
à grands frais comme un acte de foi. Les deux encou-
ragent l’élévation spirituelle, la transcendance, et pour
les croyants, la révélation. Bien sûr, les cathédrales
n’ont pas toutes atteint leur but. »
La prose pleine d’esprit de Lederman tire parti non seu-
lement de la crainte et de l’excitation inspirée par les
UHFKHUFKHVVFLHQWL¿TXHVPDLVDXVVLGHODSHXUODWHQWHTXL
KDQWHFHX[TXLSDUWLFLSHQWjGHVGp¿VG¶XQHWHOOHDPSOHXU
O¶pFKHF/HVVFLHQWL¿TXHVTXLWUDYDLOOHQWDX/+&HQGpPRQ
WUDQWOD¿DELOLWpWRWDOHGHO¶H[SpULHQFHRQWSDUERQKHXUH[RU
Plus de contenu, d’actualités et d’informations sur www.techniques-ingenieur.fr
cisé cette peur, suscitée dans leur cas par un incident resté
tristement célèbre en 2008.
3RXULGHQWL¿HUOHVSDUWLFXOHVGHPDWLqUHQRLUHDX/+&QRXV
GHYRQV G¶DERUG OHV IDEULTXHU JUkFH j OD FROOLVLRQ GH IDLV
ceaux de protons de haute énergie, puis les chercher parmi
les débris créés au cours des collisions.
Produire de nouvelles particules dans une collision, c’est
un peu comme distribuer un jeu de cartes entre plusieurs
joueurs. Le nombre de cartes dans le jeu correspond à
l’énergie totale disponible dans la collision, les mains
reçues par chaque joueur, aux nouvelles particules créées.
Au LHC, par exemple, l’énergie des protons circulant dans
l’anneau souterrain sera portée à sept mille fois l’énergie
de masse d’un proton.
La raison pour laquelle l’énergie initiale doit être si élevée
est que la matière noire est probablement constituée de
particules massives. Pour les produire, il faut de ce fait
convertir en masse une grande quantité d’énergie, par
application de la célèbre équation d’Einstein E = mc2. Notre
particule de matière noire correspond donc à une main
avec beaucoup de cartes ; pour la produire, le jeu initial
doit en contenir assez. La limite de cette stratégie de détec-
tion est que nous ne pouvons l’envisager que moyennant
certaines hypothèses quant à la nature de la matière noire,
sachant que des modèles théoriques différents impliquent
des stratégies de recherche différentes. Pourrions-nous
mener des recherches plus générales ? La physique des
astroparticules propose deux voies distinctes : opérer au
plus profond dans le sol, ou se rendre dans l’espace.
Les expériences souterraines ont pour but de détecter
dans un dispositif expérimental les rares interactions d’une
particule de matière noire avec un noyau atomique. Si nous
placions notre expérience dans un laboratoire classique,
le détecteur serait noyé sous une averse incessante de
UD\RQV FRVPLTXHV GHV SDUWLFXOHV XOWUDpQHUJpWLTXHV LQ¿O
trées dans l’atmosphère, découvertes voici presque exac-
tement 100 ans. Le signal de la matière noire pourrait bien
être là, mais il serait enfoui sous ces événements intem-
pestifs.

C’est un peu comme si vous receviez un appel télépho-
nique important, assis dans un restaurant. La salle est
bruyante, la voix de votre interlocuteur vous est incon-
nue, une musique de fond s’ajoute au bruit ambiant, des
gens autour de vous ont une voix très semblable à celle
de votre mystérieux correspondant. Que faites-vous ? Si
c’est une communication importante, il faut vous dépla-
cer vers un endroit plus calme où vous pourrez mieux
entendre la voix de la personne qui vous appelle et éviter
toute cette confusion.
De même, pour protéger des rayons cosmiques nos expé-
riences de matière noire et mettre en lumière les événe-
ments rares que nous recherchons, nous devons mener nos
expériences en sous-sol, sous des centaines de mètres de
roche. Pour atteindre de telles profondeurs, il faut tirer parti
d’infrastructures existantes, sinon le coût de l’expérience
dépasserait de beaucoup les moyens de la communauté
des chercheurs en astroparticules. Par exemple, la réalisa-
tion du laboratoire de Jinping évoqué plus haut n’a été ren-
due possible que dans le cadre d’un projet aux proportions
titanesques, la construction au travers des monts Jinping
d’une gigantesque installation hydroélectrique, pour satis-
faire en partie la demande énergétique sans cesse crois-
sante de la Chine.
Il existe un autre moyen de rechercher la matière noire
pour peu qu’elle soit sous la forme de WIMPs : la détec-
tion indirecte. Il s’agit en pratique de détecter des particules
connues, comme les neutrinos, les photons (les particules
de lumière), ou d’autres particules produites lorsque deux
particules de matière noire interagissent (ou, si la particule
de matière noire est instable, quand elle se désintègre).
Des expériences spatiales comme le télescope à rayons
gamma Fermi et le détecteur AMS-02, de même que des
télescopes à neutrinos comme IceCube, nous apprendrons
ELHQW{WVLFHW\SHGHWHFKQLTXHHVWYUDLPHQWHI¿FDFH
Obtenir des preuves convaincantes à partir d’observa-
tions astrophysiques s’est avéré jusqu’à présent être une
WkFKHWUqVGLI¿FLOH(QIDLWSUHVTXHWRXVOHVH[FqVREVHUYpV
dans les mesures du spectre de photons ou d’antimatière,
quel que soit le niveau d’énergie, peuvent être facilement
LE MYSTÈRE DE LA MATIÈRE NOIRE :
DANS LES COULISSES DE L’UNIVERS
interprétés en termes de particules de matière noire aux
propriétés adéquates. Nous avons en pratique assez de
degrés de liberté pour nous adapter à n’importe quelle
observation astrophysique. Les chercheurs ont ainsi tenté
d’interpréter en termes de différents candidats à la matière
noire les particularités relevées dans les données de nom-
breuses expériences menées au cours de ces cinq à dix
dernières années, une question qui sera discutée en détail
au chapitre 4.
LA RÉVOLUTION À VENIR
Il est impossible de prédire si des particules de matière
QRLUHVHURQWLGHQWL¿pHVHWVLRXLFRPPHQWFHVHUDIDLW/H
contexte expérimental est sujet à controverse, les débats
dans les conférences internationales sont souvent plus
qu’animés. Le consensus général est que tout ce domaine
de recherche est à un tournant.
Nous poursuivons peut-être un leurre, comme les person-
nages d’un roman de Conan Doyle. Un bilan souvent dési-
gné comme le « scénario cauchemar » serait que les expé-
riences en cours et à venir échouent à trouver des preuves
de matière noire, que ce soit sous la forme de WIMP ou
autre ; la plupart de nos stratégies de recherche actuelles
seraient alors presque entièrement paralysées.
Le mieux que nous puissions faire dans ce cas serait de tirer
parti de l’absence de signal dans notre détecteur, comme
Sherlock Holmes le fait dans Flamme d’Argent, la nouvelle
de Conan Doyle, où d’une manière éclatante, le détective
DI¿FKHVHVFRPSpWHQFHVDQDO\WLTXHVSURYHUELDOHVGDQVXQ
dialogue avec un inspecteur de police perplexe :
« – Y a-t-il un point sur lequel vous souhaiteriez attirer
mon attention ?
– Sur l’incident curieux du chien durant la nuit.
– Le chien n’a rien fait du tout durant la nuit.
– C’est ça l’incident curieux, remarqua Sherlock Holmes. »
Si, au contraire, nous sommes sur la bonne voie, la détec-
tion de la matière noire pourrait être juste à portée de main,
ouvrant une nouvelle ère en astrophysique, en physique
9
 LES FOcuS
TEchNIquES DE L’INgéNIEuR

des particules et en cosmologie. Des centaines de scienti-
fiques ont relevé le défi : un effort expérimental et théorique
sans précédent est aujourd’hui en cours pour découvrir la
nature des particules de matière noire.
Mais pour mieux comprendre l’importance de ce qui est
en jeu et l’intensité de ce défi, nous devons aller dans les
coulisses de l’univers visible et découvrir ce qui se cache
dans les halos qui enveloppent les galaxies. Comment
savons-nous qu’il s’y trouve de la matière noire ? Comment
pouvons-nous estimer son abondance et sa répartition ?
Quel est le lien avec les nouvelles théories de la physique
des particules ? Qu’implique la matière noire sur notre rôle,
en tant qu’êtres humains, dans l’univers ? Ces questions
feront l’objet des chapitres suivants.

réFérences
1. Des images spectaculaires de ce transfert sont disponibles sur YouTube à l’adresse http:// www.youtube.com/watch?v=RqksBepilVs.
2. J. P. Ostriker, P. J. E. Peebles, and A. Yahil, The size and mass of galaxies, and the mass of the universe (La taille et la masse des galaxies, et la masse de l’univers),
Astrophysical Journal 193 (1974) pp. L1-L4.
3. La contrainte réelle provenant de l’observation est la densité de masse de la matière noire, environ 0,3 GeV cm–3. Pour calculer le nombre de particules traversant la feuille,
j’ai supposé que la masse d’une particule de matière noire est d’environ 100 GeV, soit en gros une centaine de fois la masse d’un proton.
4. F. Zwicky, Die Rotverschiebung von extragalaktischen Nebeln, (Le décalage vers le rouge des nébuleuses extragalactiques), Helvetica Physica Acta 6 (1933) pp. 110-127 ;
Traduction en anglais dans General Relativity and Gravitation 41 (2009) pp. 207-224.
5. Voir le chapitre suivant pour plus de détails.
6. Cet eff et a été testé pour la première fois en 1919 par Sir Arthur Eddington, lors d’une expédition menée à l’île du Prince, au large des côtes de l’Afrique, pour observer
une éclipse solaire, fournissant une confi rmation spectaculaire de la théorie d’Einstein. Pour plus de détails, voir chapitre 2, page 32 ».
7. J. A. Wheeler, Geons, Black Holes, and Quantum Foam (Geons, trous noirs et mousse cosmique), W. W. Norton (2000).
8. Voir le chapitre 2 pour plus de détails.
9. Cette conviction n’est pas fondée sur des écarts avec les résultats expérimentaux, mais sur des arguments théoriques, comme le problème de hiérarchie. Voir discussion
dans le chapitre 4.
10. Anne McClintock, Imperial Leather : Race, Gender, and Sexuality in the Colonial Contest (Cuir Impérial : race, genres et sexualité dans le combat colonial) Routledge (1995).
11. L. Lederman, (La particule de Dieu : si l’univers est la réponse, quelle est la question ?) Mariner Books (2006).

LE MYSTÈRE DE LA MATIÈRE NOIRE

Gianfranco Bertone
Collection: Quai des Sciences, Dunod
2014 - 224 pages
Acheter le livre : http://www.dunod.com/loisirs-scientifiques-techniques/culture-scientifique/sciences-de-la-matiere-et-de-lunivers/le-mystere-de-la-matiere-noi

Plus de contenu, d’actualités et d’informations sur www.techniques-ingenieur.fr

 LE MYSTÈRE DE LA MATIÈRE NOIRE :
DANS LES COULISSES DE L’UNIVERS

TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR
QUI SOMMES-NOUS ?
Fondées en 1946 et membres du groupe Weka depuis 1996, les Éditions T.I. sont un leader incontesté
de l’information scientifique et technique. Intégrées depuis leur création au paysage mondial de la
documentation francophone, elles se déclinent aujourd’hui en deux grandes activités :
t La publication de ressources documentaires de référence (Dossiers fondamentaux, Fiches et
outils pratiques », Services associés, articles de Veille & Actualités, etc.)
t Un service de conseil en ingénierie technologique : « Conseil et Formation »

TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR C’EST :

t La plus importante collection documentaire technique et scientifique en langue française,
t Un département dédié à la formation, externe et interne,
t Un acteur majeur du conseil pour l’industrie française et la recherche,
t Le partenaire de référence qui accompagne les industriels français dans leurs projets
depuis 60 ans.

TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR EN QUELQUES CHIFFRES :

t Une référence pour les ingénieurs depuis plus de 60 ans,
t Plus de 400 bases documentaires,
t Un réseau de 3 500 experts,
t Plus de 8 000 articles de base documentaire (ou scientifiques), dont 3 000 articles d’archives,
t Près de 2 000 articles d’actualité,
t Plus de 700 fiches de mise en application pratique,
t Un bouquet de 9 services,
t Plus de 300 000 utilisateurs,
t Plus d’un million de pages vues chaque mois sur www.techniques-ingenieur.fr.

LES THÉMATIQUES COUVERTES :

Sciences fondamentales | Génie industriel | Procédés Chimie Agro Bio | Mesures Analyse
Matériaux | Mécanique | Énergies | Électronique Photonique | Technologies de l’information
Construction | Innovation | Environnement

EDITIONS TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR (E.T.I.)

249 RUE DE CRIMÉE, 75019 PARIS, FRANCE
TÉLÉPHONE : 01 53 35 20 00
MAIL : ACTUS@TECHING.COM
WWW.TECHNIQUES-INGENIEUR.FR
 LES FOCUS
TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR

TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR
UNE APPROCHE GLOBALE DE VOS BESOINS

Plus de 8000 articles scientifiques et
techniques en français et les services
associés pour aller plus loin dans vos
recherches documentaires et biblio-
graphiques.
Techniques de l’ingénieur est la base de
référence des bureaux d’études et de la
conception, de la R&D, de la recherche et
de l’innovation industrielle.
Les experts des Techniques
de l’Ingénieur partagent leurs
savoir-faire techniques et
organisationnels.
Montez en compétence grâce aux
journées techniques et formations HSE
ou privilégiez un parcours sur
mesure développé par les conseillers
formation et réalisé à vos dates et dans
votre établissement.
Tout l’ADN des Techniques de l’Ingé-
nieur à votre disposition.
Nos experts et spécialistes scientifiques,
praticiens expérimentés, vous accom-
pagnent tout au long de vos projets pour
vous conseiller : diagnostics, recomman-
dations techniques et montée en capa-
cité de votre R&D jusqu’à l’innovation.

LES THÉMATIQUES COUVERTES :

Sciences fondamentales | Génie industriel | Procédés Chimie-Agro-Bio | Mesures-Analyse
Matériaux | Mécanique | Énergies | Électronique Automatique | Technologies de l’information
Construction | Innovations | Environnement-Sécurité | Transports | Santé-Biomédical

TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR
249 RUE DE CRIMÉE, 75019 PARIS, FRANCE
TÉLÉPHONE : 01 53 35 20 00
MAIL : INFOS.CLIENTS@TECHING.COM
WWW.TECHNIQUES-INGENIEUR.FR
TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR
UNE APPROCHE GLOBALE DE VOS BESOINS

RESSOURCES DOCUMENTAIRES
L’EXPERTISE TECHNIQUE & SCIENTIFIQUE DE RÉFÉRENCE

Intégrer la communauté des utilisateurs de Techniques de l’Ingénieur, c’est accéder à plus de 8000 articles :
les fondamentaux, mais aussi des fiches pratiques et les archives.
Validé par nos comités scientifiques, ce corpus scientifique et technique, riche de 400 bases documentaires, est la plus
importante ressource de ce type en français. En permanence mis à jour et avec plus de 300 000 utilisateurs, c’est l’outil des
entreprises industrielles innovantes, plébiscité par les bureaux d’études et les services de conception et de R&D, les direc-
tions techniques, les formations d’ingénieur.

Accédez à l’information ou la documentation la plus pertinente, en allant la chercher là où sont vos clients, fournisseurs ou
partenaires, avec, dans votre abonnement, des services(1) tels que :

SÉMINAIRES EN LIGNE : profitez, tout au COMPLÉMENT 360 : en complément des res-

long de l’année, de formations à distance sur
le thème : « Optimiser sa veille scientifique et
technologique avec Techniques de l’Ingénieur
». Ces séminaires vous montrent comment
exploiter au mieux les ressources et fonction-
nalités de techniques-ingenieur.fr et améliorer
la pertinence de vos résultats de recherche.
sources documentaires comprises dans votre abonne-
ment, utilisez cet outil pour approfondir vos recherches
en découvrant les autres publications également
disponibles sur internet.Vous accédez à toutes les
références bibliographiques liées à l’écosystème qui
vous concerne.

ANNUAIRE DES LABORATOIRES ET

SERVICE QUESTIONS-RÉPONSES :
besoin de complément d’information ou de
validation pour mieux prendre vos décisions
? Posez des questions techniques, scienti-
fiques, réglementaires, juridiques ou encore
économiques aux plus grands spécialistes des
domaines couverts par vos bases documen-
taires, c’est compris dans votre abonnement !
DICTIONNAIRE TECHNIQUE MULTI-
LINGUE : cet outil en ligne propose plus de
45 000 termes scientifiques et techniques rela-
tifs aux domaines qui vous concernent. Pour
10 000 d’entre eux, retrouvez des illustrations,
avec légendes, elles aussi toujours traduites
en 4 langues
ARTICLES DÉCOUVERTE : bénéficiez
d’un crédit de 1 à 5 articles au choix, à consul-
ter gratuitement, dans les bases documen-
taires auxquelles vous n’êtes pas abonné.
CENTRES DE RECHERCHE : pour chacune
des bases documentaires, vous avez à disposition
une sélection pertinente des 15 premiers centres de
recherche, profils de chercheur, projets et publica-
tions parmi les données de plus de 50 000 centres de
recherche privés et publics
ARCHIVES : accédez aux versions antérieures de
vos articles, ainsi qu’à ceux qui traitent des technolo-
gies plus anciennes.
SERVICE ACTUALITÉ : pour une vision globale et
quotidienne de l’actualité et des innovations tech-
nologiques, Techniques de l’Ingénieur met à votre
disposition un service de Veille & Actualités. Ce service
regroupe en 11 thématiques les grands domaines de
l’ingénierie pour donner au lecteur une visibilité glo-
bale des dernières innovations.
MOBILITÉ : Techniques de l’Ingénieur propose
un site internet intégralement compatible mobile et
tablettes (iPad).

ET AUSSI : le statut d’abonné vous donne accès à des prestations complémentaires, sur devis : l’impression à la demande
pour obtenir un ou plusieurs ouvrages supplémentaires (versions imprimées de vos bases documentaires) ou encore la traduc-
tion d’un article dans la langue de votre choix.

(1) La disponibilité des services dépend du périmètre de votre abonnement.

TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR
UNE APPROCHE GLOBALE DE VOS BESOINS

FORMATION
LES EXPERTS DE TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR PARTAGENT LEURS SAVOIR-FAIRE
TECHNIQUES ET ORGANISATIONNELS.

Montez en compétence grâce à la selection de formations techniques et réglementaires ou privilégiez un par-

cours sur mesure développé par nos conseillers formation et réalisé à vos dates et dans votre établissement.

JOURNÉES TECHNIQUES : toutes les évolutions Sélection de formations techniques et règle-

scientifiques et techniques en énergie, matériaux, procédés,
traitement de surface...
CONSTRUCTION : pathologies, solutions techniques pour
l’efficacité énergétique, direction de chantier...
CONCEPTION - INNOVATION : les méthodes d’inno-
vation et de veille, les outils de conception et de simulation
pour accélérer le développement.
EFFICACITÉ PROFESSIONNELLE : toutes les compé-
tences de l’encadrement, de la communication et de l’effica-
cité professionnelle.
mentaires
• Sessions courtes ou cycles longs
• Formations certifiantes : faites reconnaitre vos connais-
sances et compétences.
• Workshop : un état de l’art technique mis en pratique à
partir d’une sélection d’articles Techniques de l’Ingénieur.
Formation sur-mesure & coaching
Pour accompagner votre politique de développement des
compétences, Techniques de l’Ingénieur met en place des
actions de formation personnalisées et de coaching indivi-
duel ou collectif.

RISQUE CHIMIQUE : REACH, FDS étendues, SGH/CLP,
ATEX.
SANTÉ - SÉCURITÉ : prévenir les risques et mobiliser les
équipes.
ENVIRONNEMENT : couvrir les exigences réglementaires
et choisir les solutions techniques les plus adaptées.
3 avantages d’une formation effectuée dans votre entreprise
:
• Personnalisation : un programme adapté à vos besoins
et aux spécificités de votre activité, en toute confidentialité.
• Flexibilité : une mission réalisée aux dates et lieu de
votre choix.
• Coûts maîtrisés : un budget optimisé en fonction de vos
priorités et contraintes.
TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR
UNE APPROCHE GLOBALE DE VOS BESOINS
CONSEIL
TOUT L’ADN DES TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR À VOTRE DISPOSITION.
Techniques de l’Ingénieur vous accompagne tout au long de vos projets par des missions d’audit et de recom-
mandations techniques. À chaque besoin, sa mission correspondante...
• Vous cherchez à réaliser un diagnos-
tic scientifique, technique ou réglemen-
taire ?
• Vous souhaitez bénéficier de conseils
stratégiques, d’une aide à la décision ou
de soutien opérationnel ?
• Vous voulez être accompagné dans
vos démarches d’optimisation des
matériaux-process ?
• Vous souhaitez compléter votre capa-
cité R&D et sécuriser vos innovations ?
TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR
ACCOMPAGNE VOTRE PROJET, DE
L’ÉTUDE À L’INDUSTRIALISATION.
Les meilleurs experts à votre service
« l’ADN » des Techniques de l’Ingénieur
à votre disposition : son réseau d’experts,
ses connaissances scientifiques et tech-
niques les plus récentes et sa capacité à
transmettre les bonnes pratiques indus-
trielles.
• Des experts à la pointe de leur spécialité
• Des praticiens à l’expérience éprouvée
• Des pédagogues reconnus
DOMAINES D’INTERVENTION UNE METHODE EN 6 ÉTAPES
Gardez une longueur d’avance dans tous Toutes les missions sur-mesure mises
les domaines couverts par Techniques de sont co-construites avec vous.
l’Ingénieur.
1. Recueillir et analyser votre besoin
• Expertise technique : matériaux,
procédés, traitement de surface, chimie 2. Élaborer votre mission sur-mesure :
durable, mécanique, composite, agro-ali- clarifier les objectifs, méthodes et indica-
mentaire... teurs de performance
• Qualité, environnement et préven-
tion santé sécurité : ICPE, HACCP, ISO 3. Préparer la mission et rencontrer votre
18001, 9001, 14001, ergonomie... équipe projet
• Gestion du risque chimique : toxi-
cologie, FDS, classification et étiquetage 4. Réaliser la mission suivant le calen-
SGH/CLP... drier fixé
• Management des hommes et des
projets : encadrement, conduite de 5. Assurer le suivi et ajuster le dispositif
projet, communication, efficacité profes- si besoin
sionnelle.
6. Evaluer la mission : bilans intermé-
TROIS BONNES RAISONS DE diaires et actions de pérennisation.
CHOISIR TECHNIQUES DE
L’INGÉNIEUR POUR VOTRE
CONSEIL EN INGÉNIERIE :
• Un réseau d’experts reconnus en conseil
technique
• Un accompagnement technique et
scientifique de référence
• Un benchmarking permanent des meil-
leures pratiques industrielles.
 TECHNIQUE DE L’INGÉNIEUR
RESDSOURCES DOCUMENTAIRES
249, rue de crimée - 75019 Paris
tel. 01.53.35.20.20
..........................................................................................
S.A.S. au capital de 1.375.000 Euros
RCS Paris B 380 985 937 - SIRET 380 985 937 000 24
NAF 5814Z - TVA FR 33 380 985 937

BASE DOCUMENTAIRE
Structure de la matière
Le socle de connaissances théoriques nécessaires pour comprendre la structure des particules
Ref : TIB113DUO

Cette base documentaire appartient au Pack : Physique Chimie

PRÉSENTATION

Structure de la matière
L'étude de l'infiniment petit impose de travailler dans le domaine des très hautes énergies et requiert l'utilisation de très grands instruments. En
physique des particules ou dans le domaine du nucléaire, la connaissance et la maîtrise des propriétés des atomes sont donc indispensables, du
noyau de l'atome aux interactions particule-matière.
Destinée aux chercheurs et ingénieurs en bureau d'étude et R&D, cette base documentaire est un rappel complet de l'ensemble des savoirs
nécessaires à la bonne compréhension des phénomènes liés à la physique des particules: cristallographie, structure électronique,
interaction particule-matière, particules élémentaires, etc., sans oublier l'aspect expérimental avec l'étude des accélérateurs de particules.
L'abonnement comprend :
1. L'accès à la ressource documentaire sur le site Internet des abonnés et en exclusivité sur notre application iPad
2. Les services inclus dans l'abonnement.
3. Offert la première année : l'édition papier associée
En commandant en ligne vous bénéficiez de 15 jours pour essayer sans engagement l'offre complète :
- vous recevez les codes d'accès pour naviguer librement sur la version Internet
- vous recevez et consultez l'édition papier associée.
Pour vous abonner à la fin de la période d'essai et bénéficier de l'intégralité de l'offre, il suffit de régler la facture jointe au colis. Dans le cas
contraire, merci de nous retourner le colis dans son emballage. Sans autre coût que les frais de retour, sans engagement à l'égard des Editions . . .

VOTRE COMMANDE :

Référence Titre de l’ouvrage Prix unitaire H.T Qté P rix total H.T

TIB113DUO Structure de la matière 280 € 1 280 €

Frais de port par ouvrage 7,50 € 1 7,50 €

Total H.T en € 287,50 €
VOS COORDONNÉES :
T.V.A : 5,5% 15,81 €
Civilité M. Mme Frais d’ouverture d’abonnement TTC 42 €
Prénom Total TTC en € 345,31 €
Nom

Fonction
Date :
E-mail

Raison sociale Signature et cachet obligatoire

Adresse

Code postal

Ville

Pays

CONDITIONS GÉNÉRALES DE VENTE

Conditions générales de vente détaillée sur simple demande ou sur www.technique-ingenieur.fr
Si vous n’étiez pas totalement satisfait, vous disposeriez d’un délai de 15 jours à compter de la réception de l’ouvrage pour le retourner à vos frais par voie postale. Livraison sous 30 jours maximum.
 Pour avoir un panorama plus large sur ce sujet, nous vous conseillons le pack :

Physique Chimie 1 490 € HT*

*Hors licences et services associés
Pour comprendre les recherches et développements en physique
et chimie

REF : TIP053DUO

Nos experts vous recommandent aussi les ressources documentaires suivantes:

Physique nucléaire Matériaux à propriétés électriques et optiques

280 € HT 390 € HT

Les bases physiques permettant la production d'électricité Quels matériaux isolants, semi-conducteurs, conducteurs ou
nucléaire supraconducteurs ?

Optez pour une formation scientifique, technique ou réglementaire:

CYCLE Management CYCLE Management : CYCLE Spécialiste

de projet technique Ingénieur et Manager Analyse des métaux

2 450 € HT 3 350 € HT 5 390 € HT

Acquérir les techniques de pilotage et la

dimension managériale pour réussir ses Renforcer l'efficacité de son management
projets avec autodiagnostic de personnalité sous
pression et hors pression, accompagnement
2*2 jours - 28 heures personnalisé
Maîtrisez les techniques de caractérisation
microscopiques et macroscopiques
10 jours - 70 heures

3*2 jours - 42 heures

Bénéficiez d'un diagnostic et d'un accompagnement technique sur mesure:

Cartographie de Choix des traitements Diagnostic technique

travaux et de réseaux de surface matériaux / procédé
de scientifiques

Accédez aux documents scientifiques et Mieux connaitre les différents traitements de

aux réseaux d’experts internationaux. surface sur les composants utilisés et Retour d'expérience d'audit technique d'un
analyse de leurs impacts sur les soudures. process de traitement de surface, de
l'approvisionnement matériaux jusqu'au
produit fini