Alain Robbe-Grillet

Alain Robbe-Grillet (1922-2008) est un romancier, scénariste et réalisateur français. Il est

connu comme romancier et théoricien du Nouveau Roman.

Ses œuvres les plus connus sont Les Gommes (1953), Le Voyeur (1955), La Jalousie (1957) et
Dans le labyrinthe (1959). Dans sa construction romanesque, l’un des éléments principaux est
la description. L’atmosphère de ses romans est celle d’un univers impénétrable, dont
l’écrivain sait dominer l’angoisse par des idées préconçues et par une froide lucidité.

Le roman Le Voyeur est défendu avec ferveur par des critiques modernes, comme Roland
Barthes, qui y voit le prototype d’une nouvelle conception du roman.

Après la publication des romans La Jalousie et Dans le labyrinthe, Robbe-Grillet apparait

comme le chef de file d’un nouveau mouvement littéraire, appelés Nouveau Roman. De ce
mouvement font parti aussi Michel Butor, Claude Simon, Nathalie Sarraute et Rober Pinget.
Ces écrivains ne constitueront jamais à proprement parler une école mais ils prennent
une distance à l’égard du roman traditionnel.

Robbe-Grillet expose ses théories dans Pour un nouveau roman (1963), œuvre qui réunit
l’ensemble des articles qu’il a écrit sur le sujet depuis 1955. Il substitue à la notion de style
littéraire celle d’écriture, plus neutre, minimaliste.

L’auteur –même affirme que ces textes ne constituent en rien une théorie du roman. Leur
objectif est de dégager quelques lignes d’évolution dans la littérature contemporaine. Le
Nouveau Roman ne constitue pas pour l’écrivain une école, ni même un groupe défini
d’écrivains, mais une appellation qui englobe tous ceux qui cherchent de nouvelles formes
romanesque, capables de créer de nouvelles relations entre l’homme et le monde.

Le Nouveau Roman

Le Nouveau Roman est une appellation donnée par la critique à un ensemble d’écrivains qui,
dans les années 1950-1960 ont remis en cause le roman traditionnel. Les nouveaux
romanciers ont tenté de renouveler les techniques romanesques en rompant avec la tradition
balzacienne de l’intrigue et des personnages héritées du XIX-eme siècle (Réalisme). Ils sont
en cela influencés par certains romanciers étrangers (Kafka, Virginia Woolf), mais l'influence
de Stendhal et de Flaubert est aussi notable, ainsi que celle de L'Étranger d'Albert Camus ou
de La Nauséede Jean-Paul Sartre.

Ainsi, ils rejettent la notion de héros, l’omniscience de l’écrivain, la cohérence psychologique

des personnages et la vraisemblance. Dans leurs œuvres les romanciers renoncent également
au déroulement linéaire du temps, remettent en question l’intrigue traditionnelle et
s’intéressent surtout à la vie intérieure de l’individu qui devient le centre du récit.

Leur première dénonciation vise le personnage traditionnel. Le Nouveau Roman

préfère l'exploration des flux de conscience. Devenus anonymes et ambigus, les personnages
évoluent du même coup dans une intrigue énigmatique. Car le Nouveau Roman fait aussi le
procès de la connaissance en se limitant à ce subjectivisme : l'étrangeté du monde, soulignée
par la minutie des descriptions (c'est ainsi que ces romanciers se réclament d'un « nouveau
réalisme »), sollicite une participation accrue du lecteur.

Quelques caractéristiques du Nouveau Roman sont :

1. La mort du personnage
Le Nouveau Roman est le produit d'une époque qui voit s'imposer les masses et doute de la
nature humaine. Le personnage dans le Nouveau Roman, souvent privé de nom, parfois
réduit à une initiale, subit les conséquences d'une mutation profonde des mentalités et des
structures sociales ; Le roman est l'expression d'une société qui change.

2. L'exploration des flux de conscience

Le Nouveau Roman est une fiction de l'intime. Avec les Nouveaux Romanciers, c'est
l'intrigue tout entière qui se trouve subordonnée à la conscience d'un sujet.

3. Un nouveau réalisme
L'influence du cinéma sur le Nouveau Roman est essentielle. Certains romanciers ont été des
réalisateurs (Robbe-Grillet, Marguerite Duras) et ont trouvé là un outil particulièrement docile
pour illustrer leurs théories. Mais le cinéma a surtout entraîné dans le roman une nouvelle
vision de l'espace et un nouveau statut de l'objet.