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désescalade, mais il reste très fragile selon plusieurs salaires, plus d’usines, les produits mettent du temps à
représentants de la société civile yéménite. La raison arriver et sont très chers, les pêcheurs ne peuvent plus
en est que toute forme d’État a quasiment disparu s’éloigner des côtes en raison du blocus. »
au Yémen, aussi bien dans les zones houthies (au
nord-ouest), que dans celles restées dans le giron
gouvernemental (au sud et à l’est). « À Aden [au
sud-ouest – ndlr], on considère généralement que
la guerre est terminée, rapporte Laila Alshabibi,
une responsable associative. Après quatre années, on
s’attendait à un changement, mais ce n’est que le début
d’une autre guerre. » La situation au Yémen début 2019 : en vert la zone contrôlée par les Houthis, en rose
par les forces loyales au gouvernement, et en jaune et blanc par des groupes terroristes.
« Le gouvernement, qui était déjà fragile auparavant, D’après toutes les ONG qui opèrent au Yémen,
s’est complètement effondré et il n’arrive pas à qu’elles soient locales ou internationales, « l’énormité
gérer tous les problèmes : services à la population, de la crise est telle qu’elle dépasse les simples
approvisionnement, déplacés internes… ajoute-t- capacités des humanitaires », comme l’explique Dina
elle. Les prix ont énormément augmenté et il y a de el-Mamoun, la responsable d’Oxfam à Sanaa, la
moins en moins de liquidités, notamment parce que le capitale. « Il y a vingt millions de personnes qui ont
gouvernement a interdit la réception d’argent depuis besoin d’une assistance alimentaire. Qu’est-ce que les
l’étranger. L’essentiel de la population dépend des ONG peuvent faire face à un tel problème ? »
salaires versés par le gouvernement, qui est presque
le seul employeur. Mais toutes les familles n’ont pas Pour Radhya Almutawakel : « Les Yéménites ne
la chance d’avoir un fonctionnaire en leur sein… » souffrent pas de la faim : ils sont affamés. Le Nord
Avant la guerre, le revenu moyen d’une famille était et le Sud sont désormais contrôlés par des groupes
de 1 300 dollars par mois, aujourd’hui, il se situe entre armés fanatiques qui n’ont aucune considération
300 et 400 dollars alors que les prix de la nourriture pour la population ordinaire. Sans même parler
et du carburant ont bien souvent doublé, triplé ou des intervenants extérieurs comme l’Arabie saoudite,
quadruplé. l’Iran ou les groupes terroristes qui jouent avec le
Yémen comme sur un échiquier. La seule possibilité
Quant aux Houthis, ils n’ont pas réellement essayé pour ramener la paix est politique. Le processus
de bâtir un État et une administration dans les de Stockholm est la seule solution que nous ayons
territoires qu’ils contrôlent. Dans la ville d’Hodeïda, aujourd’hui et il faut donc le poursuivre. »
qui comprend le principal port de l’ouest du pays,
« tout est sinistré », selon les mots que Dalia L’an passé, Riyad ne voulait pas écouter les pays qui
Qasim peine à trouver. « La région était déjà très poussaient le Royaume à négocier une sortie politique.
pauvre auparavant, les gens vivaient de l’agriculture Pour le prince héritier Mohammed ben Salmane, il
familiale, ils étaient pêcheurs et il y avait quelques s’agit d’une affaire de prestige – il a démarré cette
ouvriers et commerçants. Aujourd’hui, il n’y a plus de guerre et interdit à quiconque parmi ses sujets de
la critiquer. Mais après l’assassinat du journaliste et
opposant Jamal Khashoggi et l’opprobre qui s’est
ensuivi, l’échine de MBS est soudainement devenue
plus souple. En décembre 2018, Riyad a fait volte-face
et envoyé tout son cortège de diplomates à Stockholm.
Cela fait dire à Radhya Almutawakel qu’« il existe
un équilibre de faiblesse entre toutes les parties en
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présence au Yémen. Personne ne veut négocier, mais mettre fin à ce conflit, confie en off un diplomate du
comme personne n’est puissant, tout le monde est Quai d’Orsay responsable du dossier. Ils veulent que
sensible à la pression ». 2019 marque la dernière année de la guerre. »
Les Houthis comme les forces loyales au Bien évidemment, il est toujours plus aisé de vouloir
gouvernement voient bien qu’ils ne peuvent remporter la paix que de la conclure. Et, comme avertissent les
la guerre ni même rétablir la paix sur leur territoire, les membres de la société civile yémenite par la voix
Émirats arabes unis sont depuis longtemps convaincus de Radhya Almutawakel, « il serait très dangereux
de l’inanité de ce conflit, l’Arabie saoudite est de plus de passer un accord entre l’Arabie saoudite et les
en plus isolée et l’Iran a d’autres chats à fouetter. Dans Houthis qui laisserait de côté le reste du peuple
les chancelleries également prédomine le sentiment yéménite. Il faut que toutes les parties et la population
qu’il est possible d’en finir. « Nous recevons de soient associées à la fin du conflit, autrement la paix
signaux de la part de Riyad et des EAU qu’ils veulent ne tiendra jamais ».
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