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Extrême-Orient, Extrême-

Occident

Le rôle et le sens des nombres dans la cosmologie et l'alchimie


taoïstes
Isabelle Robinet

Abstract
Role and meaning of numbers in Daoist cosmology and alchemy

Isabelle Robinet supplies the reader with a considerable amount of data concerning the use of numbers in texts from the Dao
zang. She shows how the numbers were used symbolically and demonstrates how arithmetical operations (representation as a
sum or a product of several addends or factors) allowed numbers to connect ritual and alchemical practices with Daoist
cosmology in its temporal and spatial aspects.

Résumé
L'auteur fournit d'abondantes données sur l'usage des nombres dans les textes du Daozang. Elle montre comment les nombres
furent utilisés symboliquement et met en évidence comment les opérations arithmétiques (représentation comme somme ou
comme produit de plusieurs termes) ont permis d'articuler, via les nombres, les pratiques rituelles et alchimiques avec la
cosmologie taoïste dans ses aspects temporels aussi bien que spatiaux.

Citer ce document / Cite this document :

Robinet Isabelle. Le rôle et le sens des nombres dans la cosmologie et l'alchimie taoïstes. In: Extrême-Orient, Extrême-
Occident, 1994, n°16. Sous les nombres, le monde : Matériaux pour l'histoire culturelle du nombre en Chine ancienne. pp. 93-
120.

doi : 10.3406/oroc.1994.993

http://www.persee.fr/doc/oroc_0754-5010_1994_num_16_16_993

Document généré le 28/09/2015


Extrême-Orient, Extrême-Occident 16 - 1994

Le rôle et le sens des nombres dans la cosmologie


et l'alchimie taoïstes

Isabelle Robinet

Il a disposé toutes choses en mesure, nombre et poids


Sagesse XI.20
Avec son rayon, il a mesuré les bornes du Ciel et de la Terre
Rig-veda, VIII.25.18

Introduction

Nous ne reviendrons pas sur l'importance des nombres en Chine ni


sur le caractère qu'ils revêtent dans cette civilisation. Marcel Granet
en a très bien rendu compte dans sa Pensée chinoise à laquelle nous
renvoyons le lecteur (Granet 1984). Nous n'aborderons pas non plus
la question du rôle des nombres dans la divination, considérant que
celle-ci ne fait pas partie du taoïsme spécifiquement, même si elle lui
est liée. Cependant, nous aurons à faire état d'un certain nombre de
données traditionnelles dans la mesure où c'est sur elles que s'appuie
la réflexion des taoïstes sur les nombres et leur manipulation !. Il va
de soi que le cadre limité de ce travail ne permettra pas un exposé
exhaustif et qu'il s'agira simplement de fournir quelques données.
Comme nous le verrons plus en détail, on peut, dans cette tradition,
distinguer entre plusieurs fonctions que remplissent les nombres :
- ils servent à compter et donc à dater, et dans ce sens figurent
parmi eux les signes cycliques sexagésimaux, «troncs célestes et
branches terrestres » (un groupe de dix et un autre de douze, qui existent
au moins depuis les Yin), dont le caractère et la fonction sont très
proches de ceux des nombres 2.
Isabelle Robinet

- ils servent à distinguer des ensembles, à grouper. En général, ils


soulignent l'existence d'un élément commun et permettent de corréler
des groupes entre eux, le plus souvent en raison d'un même système
de fonctionnement 3. Par là, ils permettent une modélisation et, à partir
de cette modélisation et des correspondances qu'ils permettent d'établir,
ils servent à construire des « mondes en petit » sur lesquels le taoïste
travaille 4.
- ils assignent une qualité (yin ou yang, terrestre ou céleste, totalité,
centre, etc.) ; que l'on tienne compte, soit de leur groupe de
fonctionnement, soit de leur qualité, ils établissent donc des
appartenances, et par là assignent une signification 5.
- un même nombre n'a pas toujours le même sens 6 ; les nombres
composés par addition ou multiplication prennent leur sens en raison
de la qualité dont sont revêtus ceux qui les composent ; leur sens varie
donc selon la façon dont on les décompose, comme nous le verrons.

I. Les nombres producteurs du monde

1.1 La cosmologie numérologique

Selon certains auteurs, ce sont les nombres qui ont précédé les
« images » xiang, selon d'autres, c'est l'inverse. Mais images et
nombres sont dans les deux cas également considérés comme
primordiaux. Leur apparition précède celles des idées ou concepts, des noms
et des formes des choses 7. La phrase du Zuozhuan (ca. fin IVe s. av. J.-
C, date incertaine) selon laquelle il y eut d'abord les « images », liées
à la divination par la tortue, qui en se multipliant donnèrent les nombres,
liés à l'achillée 8, est prise en compte très souvent par les auteurs
taoïstes (ex. DZ 724.2.6b; 1000.3.14a)9. L'utilisation des nombres
pour figurer le monde en ses différents aspects et répartitions est une
caractéristique fondamentale de la science des xiangshu (« des images
et des nombres ») qui est intimement liée à l'exégèse du Yijing, dont
on sait combien les taoïstes ont hérité. La manipulation arithmétique
des nombres était en effet destinée à rendre compte de la structure des
situations et de leurs changements, et par là à rendre le monde
compréhensible, la connaissance de la structure numérique des nombres
devant entraîner une plus grande compréhension de celui-ci. C'est dans
la ligne de cette tradition que se situent les taoïstes à cet égard.

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Le rôle et le sens des nombres dans la cosmologie et l'alchimie taoïstes

Pour les Chinois et en particulier pour les taoïstes, les nombres sont
producteurs du monde. Ainsi, un commentateur taoïste du 14e siècle
déclare que « le Ciel et la Terre circulent et opèrent par les nombres ;
les dix mille êtres naissent par les nombres ; les nombres sont le
mouvement et le repos du yin et du yang dans le Taiji » (DZ 103. 1 .13a).
Pour Yuanyang zi, les nombres sont des esprits (DZ 238.10a). Pour le
Hunyuan bajing zhenjing (DZ 660.1.1a), c'est lorsque les nombres du
Feu et de l'Eau furent « complets (manzu) » qu'ils commencèrent « à
se nouer en chaos » et « qu'émergea le Souffle un du cosmos » (on
voit qu'ils précèdent ici l'Unité elle-même), lorsque les nombres du
yin et du yang ainsi que du soleil et de la lune furent complets, que
naquirent les étoiles et les repères sidéraux (1.1b), lorsque les nombres
des révolutions du yin et du yang ainsi que des Cinq Agents furent
complets qu'ils purent s'accomplir (1.2a) ; et il en est de même dans
l'uvre alchimique où chacun des Cinq Agents doit atteindre la
plénitude de son nombre (4.2a-3b).
Cette notion d'état « complet » des nombres a pour pendant celle
de leur « épuisement » qui marque la fin du monde (DZ 658.1b) ; elle
comporte, évidemment, sous-jacente, les idées de cycles cosmiques
ainsi que de temps de maturation et de déclin, et relève de l'antique
arithmologie liée à la divination, et de l'arithmologie cosmique qui
l'accompagnait. Cependant, si, appliqués à ces cycles, ils expriment
un déroulement dans le temps, ils rendent compte par la même occasion,
outre celle d'un état (plus ou moins jeune, mûr ou vieux), d'une
configuration dans l'espace, d'une structure ; ils ne mesurent pas une
quantité, mais indiquent un moment, une succession et un emplacement
dans une figure, c'est-à-dire qu'ils assignent une place dans le temps
et dans l'espace qui sont les lieux de la manifestation de possibilités ;
ils assignent donc une qualité et un rapport. Leur fonction consiste à
marquer à la fois une différence, une discontinuité (différences de
qualité et de place), et en même temps à assurer une continuité sous
forme de succession. Ils rendent ainsi compte de l'ordre du monde, un
ordre organique et hiérarchique qu'ils figurent et qui est au fondement
de l'uvre de l'adepte taoïste lequel, dans son rôle de démiurge, à
l'instar de Yu le grand, mesure le Ciel et la Terre, y place des repères
et l'organise. Avec les « images », les nombres sont dans cette uvre
l'un de leurs outils.

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Isabelle Robinet

1.2 Les cosmogonies numérologiques

L'Un, selon les auteurs est, soit identifié au Tao, soit, à la suite de Lao
zi, considéré comme produit par le Tao. Ce sont deux perspectives qui
ne s'opposent pas, mais se complètent, et qui correspondent à deux
conceptions de l'Un : d'une part l'Un métaphysique qui n'est pas un
nombre 10, et d'autre part l'Un producteur et, en tant que tel, premier
nombre u. La plupart du temps, l'Un, origine de la vie, est le chiffre
qui est attribué à l'Eau, et donc au yin, (et l'Un est alors considéré
comme un nombre yin, cf. DZ 999.1.35a) en tant que premier élément,
origine de toutes choses. C'est la règle la plus générale dans les textes
taoïstes, en contraste avec les écoles exégétiques du Yijing qui attribuent
le chiffre Un à Qian, l'Origine, le yang pur et le Ciel, l'origine du
monde étant alors le mouvement qui relève du yang.
L'Un en tant que producteur du monde reflète le monisme
fondamental des Chinois, et le monde est l'effet de son déploiement
dans la multiplicité. Le passage au multiple se fait par l'intermédiaire
du Deux (« L'Un a engendré le Deux », dit Lao zi), qui est représenté
par ce que le Yijing appelle « les deux Principes ». Ceci est généralement
traduit, à quelques exceptions près, comme désignant le yin et le yang,
c'est-à-dire la bi-polarité, l'existence de deux pôles extrêmes dont la
tension et l'attirance mutuelles fondent le dynamisme du monde. Dans
ce cas, c'est le Deux qui est à l'origine du monde, en tant que couple
Ciel-Terre. Il est la dualité. Mais selon un autre sens qu'il prend, le
Deux est le nombre du yin, de Kun et de la Terre qui vient en second
face au Un qui est alors le nombre du yang, de Qian ou du Ciel : c'est
le Deux en tant que discontinu, ligne brisée du Yi jing, face au Un-
yang, continu. Deux signifie aussi duplication : selon une interprétation
généralement reçue qui n'a rien d'une vérité historique mais possède
un sens symbolique, les trigrammes originels ont été multipliés par
deux en un deuxième temps pour constituer les hexagrammes. La
duplication relève du Deux terrestre et signifie qu'on entre dans le
monde des phénomènes.
Chez les taoïstes, généralement, et encore à la suite de Lao zi, le
Deux engendre le Trois (et non le Quatre, comme dans le Yi jing et
chez Shao Yong, par exemple). Ce Trois (contenu dans l'Un du Taiji,
selon une célèbre phrase du Honshu 21 A, souvent rappelée par les
taoïstes) représente le concours des deux forces complémentaires yin-

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Le rôle et le sens des nombres dans la cosmologie et l'alchimie taoïstes

yang, ainsi que leur produit. Il est le signe de l'unité retrouvée après
le partage fondateur du monde. D'un côté, la scissiparité, de l'autre la
fécondité de l'union des contraires complémentaires. C'est l'Harmonie,
le concours, le Fils, l'Homme, ou le monde humain, produit du Ciel
et de la Terre, mixte de yin et de yang. Ainsi le Trois est une réplique
de l'Unité primordiale à partir de laquelle, ainsi que le dit Lao zi, toutes
choses sont nées. C'est en somme l'Unité dans son aspect fécond. Ceci
se trouve bien exprimé dès les Han, entre autres avec le Huainan zi
(140 av. J.-C.) et le Taiping jing (ca. fin des Han, remanié au
IVe siècle (?)) pour qui c'est là un aspect fondamental des choses n.
Le Cinq est le nombre du centre. Il départage, selon une tradition
qui date au moins des Han et qui a été reprise par les taoïstes comme
par bien d'autres traditions de cette époque, les nombres « naissants »
ou « génératifs » sheng 13, de Un à Quatre, dont le total fait Dix, des
nombres « performatifs » cheng de Six à Neuf. Cinq est le nombre des
cinq Agents traditionnels, correspondant aux quatre points cardinaux
et au Centre : en cela encore, il figure la présence du centre qui s'ajoute
au Quatre. Mais il a désigné aussi un dispositif spatio-temporel, en
relation avec l'alternance des saisons et l'action des Cing Agents, ou
le cinquième de ceux-ci joue le rôle de catalyseur ou de force centrale
dynamique.
On trouve plusieurs exemples, dans les textes taoïstes, de description
de la formation du monde en fonction d'une croissance des nombres.
Pour faire bref, je me contenterai d'en traduire un : « Le yin et le yang
ont établi les Trois puissances (Ciel, Terre, Homme) et se sont divisés
en Quatre images xiang (points cardinaux ou trigrammes) ; les Quatre
images se sont déployées en Cinq Agents ; les Cinq Agents ont engendré
les Six tubes musicaux lii ; les Six tubes musicaux se sont divisés en
Sept recteurs 14 ; les Sept recteurs se sont transformés en Huit
trigrammes ; les Huit trigrammes ont fait huit fois huit Soixante-quatre
hexagrammes ; chaque hexagramme compte six traits divins ce qui en
fait 384 » (DZ 660.4.8a-b).
Cependant, les taoïstes ont également fait leur le système du Yi wei
qian zuodu , repris pour cette part par le chap. I du Lie zi (III-IV
siècle ap. J.-C. ; dates incertaines et couches chronologiques diverses),
système selon lequel l'Un, apparu à la suite d'une procession de
plusieurs chaos, les « quatre tai » ,6, et donc après un lent processus

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Isabelle Robinet

de maturation, a engendré le Sept, puis le Neuf. Ceci renvoie au comput


du Yi jing, où le Sept et le Neuf sont les chiffres respectivement du
jeune et du vieux yang. Selon ce système, le Neuf, sur lequel nous
aurons à revenir longuement, est le dernier des nombres premiers (c'est-
à-dire, 1,...,9), leur « épuisement »jiu (un jeu de mots qui rapproche
ce terme de jiu signifiant « neuf ») ; après quoi, le comput revient à
l'Unité. Le Neuf désigne ainsi la Totalité accomplie et l'achèvement.
Dans la même veine, à la suite du chapitre calendérique du Han
shu 21 A, et en conformité avec la systématique des nombres du Yi
jing, certains textes du Shangqing ont adopté les chiffres Six et Neuf
comme chiffres extrêmes du yin et du yang. C'est ainsi qu'il existe
deux fins du monde, l'une par le yin Six, l'autre par le yang Neuf (cf.
(Robinet 1984.1.139)).
Les nombres impairs jouent un rôle essentiel dans la série des
premiers nombres : « Les nombres émergent à Un, s'établissent en
Trois, s'accomplissent en Cinq, s'épanouissent en Sept et culminent
en Neuf », dit un texte du Lingbao ancien (DZ 322.1a-b), qui témoigne
ainsi de la prise en compte de la tradition liée au Yi jing qui opérait
une distinction fondamentale entre les nombres impairs yang et les
nombres pairs yin. Selon le texte cité plus haut, la longévité du cosmos
est consommée avec l'épuisement des nombres 3, 5, 7, 9 (DZ 658.1b).
Les nombres cosmiques de 25 (addition des premiers nombres
impairs) pour le Ciel et de 30 (addition des nombres pairs) pour la
Terre, dont le total fait 55, sont aussi adoptés par les spéculations
taoïstes, en particulier dans le milieu des alchimistes (du neidan, ou
alchimie intérieure) qui les ont hérités du Xici, le Grand appendice du
Yi jing : « Dans le Ciel et sur la Terre », dit un texte taoïste du 13e
siècle exposant clairement et succinctement les principes déjà très
répandus qui gouvernent ces nombres,

il n'y a pas de nombres sans usage. 1, 3, 5, 7, 9 sont les nombres impairs


yang ; le nombre du Ciel est 25. 2, 4, 6, 8, 10 sont les nombres pairs yin ;
le nombre de la terre est 30. Le total fait 55, c'est « le nombre du Ciel et
de la Terre ». On a 50, « le nombre de la grande expansion », en retirant
5 qui est la racine des Cinq Agents. On utilise 49 (tiges d'achillée pour
la divination), car on retire encore Un qui symbolise le Taiji immobile.
De la sorte, on peut savoir qu'il y a fondement constitutif ti (l'Un) et
opération yong (DZ 263.9.6b)

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Le rôle et le sens des nombres dans la cosmologie et l' alchimie taoïstes

1.3 Renversement de l'ordre

Comme nous l'avons dit, en termes de nombres, le monde est produit


par le déploiement de l'Un vers la multiplicité. Il s'ensuit qu'en allant
à rebours, on remonte le temps. C'est le point de vue qu'exprime le
Xianjuan ji lorsqu'il énonce que si l'on va à rebours ni (en tournant
vers la droite), on connaît ce qui n'est pas encore né, alors qu'en allant
dans le bon sens shun, en tournant vers la gauche, on connaît ce qui
est né (DZ 1311.1.27a). Tourner vers la gauche, c'est aller dans le sens
yang et dans le sens croissant des nombres ; tourner vers la droite,
c'est aller dans le sens yin et dans le sens décroissant qui est celui de
la marche des nombres yin (de 8 jeune yin à 6 vieux yin, selon le
système du Yi jing). La méthode dunjia qui permet de disparaître
préconise de marcher vers l'avant sur le carré magique jusqu'au nombre
6 pour les nombres génératifs et célestes, puis de marcher à reculons
pour les nombres performatifs et terrestres 17. Ceci peut être rapproché
d'une disposition des Huit trigrammes dite « antérieure au Ciel » (et
à la Terre, c'est à dire pré-cosmique) qui les place sur un cercle selon
un ordre qui va de haut en bas et de droite à gauche pour les trigrammes
yang, puis de nouveau de haut en bas, mais de gauche à droite pour
les trigrammes yin (DZ 157.1.9a-b ; 244.2. 12b- 13a). Cette disposition,
qui est celle de l'engendrement des trigrammes et du monde, est mise
en regard de la disposition « postérieure au Ciel » qui assigne des
nombres aux trigrammes de telle sorte qu'on va des derniers nés, aux
cadets, puis aux aînés, pour revenir à Gen (symbole d'une pause) et
aboutir à Kun et à Qian : à partir de l'état phénoménal, post-cosmique,
on remonte donc le temps (DZ 244.2.13a). Les taoïstes commencent
ainsi par poser la progression des nombres qui figure le déploiement
de l'Un dans le monde vers la multiplicité, puis ils retournent au Un
en remontant le temps ; c'est un des sens du thème du renversement
de l'ordre d' engendrement des Cinq Agents, et c'est ce qui pousse Li
Daochun (ca. 1290), après avoir rappelé la phrase de Lao zi (Dao de
jing, 42) : « L'Un engendre le Deux, le Deux engendre le Trois, le
Trois engendre les dix mille êtres », à la faire suivre de celle-ci : « Les
dix mille êtres renferment le Trois, le Trois retourne au Deux et le
Deux retourne au Un » (DZ 249.2.5a-b). Shangyang zi reprend la même
phrase en précisant que c'est cela aller « à rebours » ni (DZ 1067.4.7b).

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Isabelle Robinet

IL Les correspondances numérologiques

Trois est à l'origine du monde des hommes dans la tradition chinoise,


mais il l'est aussi à celle du monde céleste dans la cosmogonie taoïste
avec les trois Originels san yuan ou trois Augustes san huang, souvenir
des Trois souverains mythiques chinois, mais qui sont ici des divinités
et qui ont donné naissance aux trois divinités suprêmes du taoïsme, les
trois Seigneurs 18 qui régnent dans les trois Cieux et dont les Souffles,
au nombre de trois, ont créé le monde. Les trois Originels ou les trois
Souffles n'en forment qu'Un, est-il précisé, ce qui confirme que le
Trois est bien la réplique de l'Un primordial. Ce sont d'eux que sont
nés ensuite le yin, le yang et l'Harmonie ou, à un autre niveau, le Ciel,
la Terre et l'Homme (Robinet 1981, 149-173).
Dans le cosmos, cette triade se répète avec les trois luminaires
(soleil, lune, étoiles), et dans l'homme avec la présence des trois
divinités majeures du corps, les san yuan, une pour chacune des parties
qui le divisent verticalement 19. Les trois composantes de l'être humain,
dont l'ordre hiérarchique (du plus bas ou grossier au plus haut ou subtil)
varie avec les écoles : essence, esprit et souffle, ou bien essence, souffle,
esprit, sont aussi des éléments qui sont mis en regard de la Triade-
Une, fondement du monde, et de l'approche qu'en a le taoïste 20. Cette
notion de la Triade-Une préside à diverses formes de méditation où il
s'agit de « préserver le Trois-Un » qui, « éternel, sans nom et
chaotique », est mis en équivalence avec le Tao ou l'Unité, la Vérité
ultime. A ces deux nombres, le Trois et l'Un, les taoïstes ont appliqué
la dialectique mâdhyamika pour rendre compte de leur interpénétration
et de leur identité (Robinet 1981, 198-202) 21.
Le Trois va de pair avec le Cinq déjà dans l'histoire mythique avec
les Trois Augustes et les Cinq empereurs. Les taoïstes ont accordé
beaucoup d'importance à ces deux nombres et à leur rapprochement.
Le Trois marque en général une répartition verticale du monde (bas,
haut et milieu), et le Cinq une division horizontale (quatre quadrants
et centre). En termes de physiologie, le Cinq désigne les cinq viscères
mis en correspondance avec les cinq planètes, les cinq monts cardinaux
et, évidemment, les cinq Agents, Eau, Bois, Feu, Terre et Métal, ainsi
qu'avec tout le système de correspondance auxquels président ceux-
ci dans la tradition chinoise. D'autres distinctions par cinq ont été faites
sur le plan humain ; un commentateur anonyme du Cantongqi, par

100
Le rôle et le sens des nombres dans la cosmologie et l' alchimie taoïstes

exemple, distingue cinq nombres impairs et célestes qui décomptent


l'idée yi, le souffle qi, la volonté zhi, la sagesse hui, et la connaissance
zhi, ainsi que les cinq chiffres pairs et yin qui dénombrent les quatre
membres auxquels s'ajoute l'ensemble du corps (DZ 1000.3.14b).
Le Quatre est le nombre de la Terre, ainsi que son double, le Huit :
quatre points cardinaux et huit points de la rose des vents qui sont huit
« portes », lesquelles furent mises en relation avec les huit trigrammes
à partir du premier siècle avant notre ère, avec le Shuogua, un appendice
du Yi jing. Cependant, sous l'influence du bouddhisme, à partir des
textes du Lingbao ancien (fin 4c-début 5e siècle de notre ère), on voit
apparaître le chiffre Dix pour décompter les directions : ce sont les
huit points de la rose des vents, le haut et le bas 22.
Comme l'a souligné Granet (1984, 104 ; 311), le système
classificatoire par Six fut important en Chine, et les taoïstes l'ont en partie
retenu. La tradition chinoise, remontant, par exemple, à Zhuang zi,
avec les six conjonctions liu he et les six pôles liuji, qu'il mentionne
souvent, au Yijing avec les six lieux liu wei (1er hexagramme) et au
Yuanyou avec les six déserts liu mo, reconnaissait aussi une répartition
de l'espace par six 23. Parallèlement, on compte six souffles
cosmiques 24, mis en correspondance avec six souffles dans l'homme, qui
sont six façons de respirer qui interviennent dans les pratiques
respiratoires taoïstes. Rappelons que les cinq viscères sont couplés avec
six autres organes, dénorrrmés./w. Sur le plan qualitatif, Six est le grand
chiffre du yin et comme tel celui de la lune (DZ 1005.2.16b-17a) 25.
Dans le cadre du comput sexagésimal chinois qui remonte à la dynastie
des Yin, les taoïstes ont divinisé les Six Jia, du nom du premier des
signes cycliques célestes ainsi que les Six Ding, le signe ding étant
celui du sud et du feu. Dans les spéculations de l'alchimie intérieure
qui tournent autour du Yijing, Six acquiert une importance en tant que
nombre de traits des hexagrammes et désigne également les trois « fils »
et trois « filles » que sont les six trigrammes engendrés par les premiers,
Qian et Kun.
D'autre part, Six et Huit sont les nombres du yin. Six est le « grand
nombre du yin, parce que, explique un texte relativement tardif , Six
est le nombre central des nombres yin, 2, 4, 6, 8, 10 » (DZ 157.3.21a-
b). Traditionnellement, Huit est plus particulièrement celui de la Terre
avec ses huit portes (huit points de la rose des vents) mises en rapport

101
Isabelle Robinet

avec les huit trigrammes de base. Dans le temps, ce sont les « huit
articulations » bajie que sont les premiers jours de chaque saison, les
equinoxes et les solstices, dates importantes dans le temps liturgique
des taoïstes. Par groupes de huit se comptent aussi les esprits célestes
lumineux jing qui résident dans le corps.
Sept est le nombre du yang naissant. Il apparaît dans les textes du
Shangqing, par exemple pour combiner le plan horizontal, constitué
de cinq points, avec le haut et le bas, ou bien encore pour ajouter le
yin et le yang aux Cinq Agents. Le point de vue est le même sur le
plan du panthéon lorsque s'ajoutent aux esprits des cinq viscères ou
des cinq registres, le Père d'en haut et la Mère d'en bas.
Physiologiquement on ajoute aux cinq viscères le ying et le wei, les
deux systèmes de construction et de défense, pour arriver au chiffre
sept.
Neuf est un nombre aussi fondamental que Cinq dans la cosmologie
chinoise. Comme nous l'avons dit, c'est le dernier des premiers
nombres. C'est aussi la somme des trois premiers nombres impairs,
comme le fait remarquer un texte alchimique (DZ 247.1.3a). Il signe
donc un aboutissement, une totalité, mais aussi indique un renouveau,
puisque toute chose perpétuellement recommence. Il renvoie à la
division du cosmos en neuf contrées liée au mythe de Yu le grand qui
divisa la Chine en neuf régions, ainsi qu'aux neuf articles du Hongfan
et à l'antique liturgie du Mingtang dont deux variantes semblent avoir
existé, l'une quinaire, l'autre nonaire, que reproduit la disposition
nonaire de l'autel des san huang (cf. Lagerwey 1987, p. 26) .
Neuf possède une connotation céleste toute particulière pour les
taoïstes et joue un rôle dans la formation du monde analogiquement à
Trois 28. Le nombre neuf est celui de la naissance ou de la renaissance :
neuf mois pour la gestation soit de l'embryon humain ordinaire, soit
du corps nouveau du taoïste, neuf transmutations pour obtenir le
Cinabre. Le dieu du Commencement originel yuanshi mesure
90 000 000 zhang, porte un bonnet de neuf lumières, une ceinture de
neuf couleurs (1393.1.10a-b). Le dieu Lao zi a mis 81 ans pour naître ;
il se transforme neuf fois, possède neuf noms et 81 signes ésotériques
sur le corps (Seidel 1969, p. 96-7 ; 100)
Dix est le nombre qui répartit les directions du monde dans le
bouddhisme (8, plus le haut et le bas), et c'est celui qu'a adopté le

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Le rôle et le sens des nombres dans la cosmologie et l'alchimie taoïstes

Lingbao sous l'influence de cette religion. La récitation du Lingbao


durenjing (DZ 1) dans les cieux par la divinité suprême à l'aube des
temps se fit dix fois pour les dix directions. Dix serait donc un nombre
adopté plus particulièrement par les milieux du Lingbao. Mais dans la
tradition plus purement chinoise, c'est principalement un nombre relié
à celui des signes cycliques célestes et au soleil (ex. DZ 1005.2.16b-
17a). C'est aussi au dixième mois, après neuf de gestation, que naît
l'enfant. Il semble que, contrairement aux autres nombres, il ne joue
guère de rôle dans les systèmes de correspondance.
Le nombre Douze et ses multiples ont eu une grande importance
dans le taoïsme, en particulier dans les milieux des Maîtres célestes et
dans leurs institutions. Selon la cosmologie traditionnelle chinoise,
douze est le nombre des signes cycliques ou « branches » terrestres,
douze sont les repères zhen du ciel, douze les mois de l'année et 24
dénombre les « souffles de l'année » (un par quinzaine). C'est en se
modelant sur ce décompte que Zhang Daoling aurait institué 24
diocèses, à l'imitation, selon la légende, de l'empereur Gaozu qui avait
sacrifié dans 24 paroisses pour répondre aux 24 souffles ; Zhang
Daoling aurait en effet également sacrifié 24 bufs en 24 endroits où
il aurait érigé 24 autels (Taishô 2103, p. 171b et 2051, p. 208 a-b) 29.
Les neuf bureaux des trois Originels sont occupés chacun par 120
fonctionnaires (DZ 184.1.4-6), et les règlements administratifs
comportent 1 200 paragraphes (DZ 184.1.8a) 30. En outre 24 est la
somme des nombres premiers impairs, 3, 5, 7, 9, qui reviennent
constamment dans les textes. Dans le cadre de la correspondance entre
les différents plans cosmiques, les 24 paroisses des Maîtres célestes
furent mises en relation avec 24 (puis 28) constellations, ainsi qu'avec
24 dieux du corps humain, 24 catégories de gens prédestinés, 24 enfers,
etc 31.
27 (3x9) est aussi un nombre qui a été pris parfois en compte, bien
que moins souvent. Le Sandong zhunang lui accorde un paragraphe,
comptant 27 sortes d'immortels, 27 haut dignitaires (dafu) immortels,
27 « Seigneurs des souffles vivants du corps » (DZ 1139.7.22a-24b),
tandis qu'un autre texte compte 27 esprits du corps. Il s'agit donc d'un
nombre qui décompte, semble-t-il, exclusivement des immortels ou
des divinités, ceci en raison de sa composition à partir du trois et du
neuf.

103
Isabelle Robinet

Trente-six est mis en relation avec les 360 jours de l'année (le
nombre de 365 est parfois retenu, mais assorti de calculs compliqués),
auxquels correspondent trente-six jointures du corps dans la physiologie
taoïste, et trente-six symboles conférés lors de l'ordination, 36 marches
sur l'échelle de couteau que doit gravir le taoïste lors de son initiation,
36 cieux, etc. Sont mis en correspondance 36 000 esprits « extérieurs »,
de trois sortes différentes, au nombre de 12 000 chacun, et 36 000
esprits « intérieurs » (DZ 660.4.8b et 5.3a-b).
Un texte décrit la formation du corps humain en termes de nombres,
après l'avoir fait en termes d'organes : les Trois réchauffeurs engendrent
les Huit artères mo, qui engendrent les Douze capillaires luo, qui
engendrent à leur tour 180 capillaires connexes, lesquels engendrent
encore 180 autres capillaires, qui engendrent 36 000 autres capillaires
qui engendrent 365 os qui engendrent 84 000 pores (84, rappelons-le
est un nombre hérité du bouddhisme qui préside à la distance qui sépare
le Ciel de la Terre) (246.3.1b). Il est évident que ces nombres sont
symboliques et visent à mettre le corps humain en rapport avec le
cosmos.
Les chiffres cosmiques de 25 pour le Ciel et 30 pour la Terre, ont
également été mis en relation avec la physiologie taoïste : 25 s'obtient
par l'addition des 9 orifices, des 5 viscères, des 6 organes fu et des 5
préposés à l'ensemble du corps, guan. 30 est la somme des 20 doigts
de pieds et des mains, de 8 os et des deux reins (1000.3.14b) ; le
nombre de 50 s'obtient de façon similaire.
Au nombre de 72 et de 74 sont les divinités du Shangqing (trois
fois trois groupes de huit auxquels s'ajoutent le Père et la Mère
originels ; (cf. Robinet 1984.1.126)), comme sont traditionnellement
au nombre de 72 les hou, une période de temps de cinq jours, ou cinq
jours et demi lorsqu'on compte 365 jours dans l'année. Outre ses 81
signes corporels, le dieu Lao zi en possède 72 autres.
Comme nous l'avons dit, c'est en vertu de ces correspondances
qu'on parvient à créer un microcosme, comme l'est, par exemple
l'athanor de l'alchimiste. Une stance célèbre du Cantongqi fixe des
nombres symboliques aux dimensions du tripode : sa circonférence
doit mesurer 3.5 (commenté par un pied cinq pouces = 1.5), sa
« bouche » 4.8, sa hauteur 12 pieds, etc. Il existe d'autres versions
établies sur d'autres repères, comme celle que donne le Xiudan

104
Le rôle et le sens des nombres dans la cosmologie et l'alchimie taoïstes

miaoyong zhili lun : pour l'autel : quatre faces pour les quatre saisons ;
trois étages chacun haut d'un pied deux pouces pour les douze mois
et les douze heures ; leur largeur doit mesurer, pour l'étage inférieur,
trois zhang six pour les 36 périodes, le médian deux zhang quatre pour
les 24 heures et le supérieur un zhang six qui font 2x8 = une once
(voir plus bas sur le symbolisme de ces nombres). Le tripode doit
mesurer trois pieds pour le Ciel, la Terre et l'Homme et comprendre
Neuf « palais » pour les neuf étoiles (du Boisseau) (DZ 234.9b) 32.

III. Les combinaisons et décompositions

La plupart des nombres qui jouent un rôle peuvent être décomposés


de façons diverses qui revêtent des significations différentes selon la
forme de ces décompositions. C'est principalement à partir d'une
répartition entre chiffres impairs yang ou célestes, 1, 3, 5, 7, 9, et
chiffres pairs yin ou terrestres, 2, 4, 6, 8, éventuellement 10, qu'on
peut décomposer ou construire les autres chiffres de façon significative.
Pour la Terre, par exemple, 32 = 4x8 ; pour le Ciel 81 = 9x9. Le sens
d'un nombre est donc lié à la façon dont il se décompose.
Les combinaisons des nombres entre eux sont souvent
accompagnées d'un échange d'attributs. Commençons par ceux qui
qualifient les Cinq Agents 33. Ainsi, à chaque Agent est attribué un
chiffre « naissant » ou « génératif » et un autre « performatif », comme
on le voit déjà dans le Hanshu, mais ce système est combiné avec celui
du Xici qui distingue entre chiffres célestes et terrestres ; de la sorte,
chaque Agent possède un nombre céleste et pair ainsi qu'un nombre
terrestre et impair. En outre, on voit que l'Un, s'il est céleste, est mis
en correspondance avec l'Eau, de principe yin, et le Feu-yang avec le
Deux terrestre : c'est bien d'un échange d'attributs qu'il s'agit, et qui
est mis au fondement de la formation du monde.
Trois peut être décompté comme formé de Deux, le yin et le yang,
auquel s'ajoute le yi (du Yijing) qui vaut pour Un (DZ 263.9.1b, texte
du 13e siècle), ou encore comme Un pour l'Eau, Deux pour le Feu, et
Trois pour leur conjonction (comm. anonyme Cantongqi, DZ
1000.1.20b). Six est tantôt décomposé en 3+3, les trois trigrammes yin
et les trois trigrammes yang engendrés par Qian et Kun, ou bien comme
la somme des nombres yin « naissants », 4+2. Cinq est la somme des

105
Isabelle Robinet

nombres attribués par l'alchimie intérieure au Nord (1) et à l'Ouest


(4), ainsi que celle des nombres du Sud (2) et de l'Est (3), et 15 celle
de ces deux sommes lorsqu'on ajoute le nombre de la Terre (5) : cela
fait donc 3 fois 5, « c'est la combinaison des nombres qui assure la
vie » (DZ 1161.3.7b) et qui acquiert une grande importance dans
l'alchimie intérieure, où ces trois Cinq doivent être réduits à Un, ce
sur quoi insiste le Wuzhen pian (paragr. 14), et bien d'autres auteurs
ou commentateurs à sa suite. Mais un commentaire du Cantongqi datant
d'avant 962 compte autrement pour arriver à 15, ajoutant la somme
des nombres performatifs yin et yang, c'est à dire 7+8 et 9+6 (DZ
999.1.19a). De même, le nombre Douze est formé de l'addition du
Neuf, chiffre de l'Est, et du Trois qui vaut pour le Sud, lorsqu'on
adopte le système de nombres induits nayin mais aussi par celle du
Sept qui marque l'Ouest et du Cinq qui chiffre le Nord : c'est dans ce
cas le Douze, et non le Cinq, qui représente le couplage des deux points
cardinaux yin et des deux autres yang (DZ 653.3a-5a ; 1220.67.3a-b
et 114. 14b- 16a). Mais Douze se décompose également comme la
somme des six tubes musicaux mâles et des six femelles, et il se retrouve
encore sous la forme de 10+2 avec la mesure du gros intestin, à savoir
un zhang (qui vaut dix pieds) et deux pieds, en correspondance avec
les douze heures du jour, tandis que l'intestin grêle mesure deux zhang
quatre pieds pour les 24 souffles annuels (DZ 1163.1.7b).
La description de la montagne des enfers par le Daofa huiyuan
cumule les chiffres symboliques : haute de 36 000 li, elle a une
circonférence de 5 000 li ; dans la montagne et au-dessous, il y a Douze
palais, chacun mesurant 10 000 li de circonférence ; de chaque côté
de ces palais, il y en a encore Six, ce qui en fait 24 (6x4, chiffres yin).
Mais 24 peut être considéré comme la somme des neuf premiers
chiffres, ou encore comme 3x8 (un chiffre yang et un autre yin), qui
est le nombre de points divins lumineux du corps, les jing, huit pour
chacun des trois étages du corps.
Le nombre 36 admet plusieurs décompositions. La répartition par
neuf et par 36 des cieux et des terres telles que les décrivent les textes
du Shangqing ne correspond pas à un système numérique par six et
par trois comme le croit (Ziircher 1980, p. 126-7). En effet, les 36
cieux énumérés par le Waiguo fangpin (DZ 1373, 2) dérivent des neuf
Cieux primordiaux, chacun présidant à trois cieux, ce qui donne neuf

106
Le rôle et le sens des nombres dans la cosmologie et l' alchimie taoïstes

groupes de quatre (3+1) cieux : ce chiffre de quatre représente donc


3+1, et l'on reste ainsi dans les nombres célestes ; il ne renvoie pas
aux quatre directions de la Terre. Selon un autre comput, il existe,
parallèlement à cette disposition des 36 cieux, celle des textes du
Lingbao, qui est incompatible avec elle et en compte 32 ; ceux-ci sont
disposés horizontalement à raison de huit pour chacun des quatre
quadrants du ciel : on constate une fois de plus que Quatre et Huit
gouvernent le plan horizontal, tandis que Trois et Neuf relèvent du
plan vertical. En revanche, les trente-six terres « extérieures », ou
confins, que dénombre le même Waiguo fangpin, chap.l, se répartissent
par six groupes de six, nombres terrestres (de même dans le DZ
1307.1.9b).
-

Ce nombre de 36 est en outre celui des provinces des Maîtres


célestes. Il entretient un rapport avec les 360 jours de l'année, comme
24 était mis en correspondance avec les 24 souffles annuels : la référence
ici est aux divisions temporelles plus qu'à la qualité terrestre ou céleste
des nombres. Toujours dans le domaine temporel, le Ciel accomplit
360 tours en un an et au bout de 3 600, il boucle une « petite ère »,
et le yang est épuisé ; la Terre, quant à elle, se meut de 330 degrés par
an, ce qui fait qu'après en avoir parcouru 3 300, c'est le yin d'une
« petite ère » qui est épuisé (DZ 1139.9.1a ; rappelons que les grandes
ères cosmiques sont mises sous les nombres 9 900 pour le Ciel et 9 300
pour la Terre). Ce nombre de 330 me semble découler de la
multiplication de six, chiffre du grand yin, par 55, le « nombre du Ciel
et de la Terre ». Pour d'autres le cosmos s'abolit tous les 36 billions
ou trillions d'années (DZ 658.1a-b), c'est le nombre 36 qui compte.
Cependant, si les 360 jointures du corps sont mises en relation avec
le même nombre de jours de l'année, un texte taoïste du treizième
siècle, plus soucieux de se référer au système spéculatif dérivant du K
jing, compte trente-six cieux en raison du fait que trente-six = 4x9 qui
est le nombre de Qian, et trente six terres parce que 6x6 est le nombre
de Kun ; à quoi correspondent alors de la même manière 36 artères
dans la tête (Ciel) et autant dans le ventre (Terre) ; additionnant ces
deux fois 36, on a 72, pour le nombre de hou de l'année (DZ 1307.1 .9b-
10a). Le « nombre fondamental du sang » des menstrues est de 36
boisseaux parce qu'il est le produit de six par six (DZ 246.3.9b- 10a).
Les « grottes célestes » dongtian, qui sont des paradis terrestres, sont

107
Isabelle Robinet

trente-six, et les « terres de bonheurs »fudi, 72 : plus terrestres, elles


sont multipliées par deux, premier nombre yin. Sur la base d'une
division de l'année en six mois yang et six mois yin, 36 en tant que
produit de 6x6 (par le nombre yin), multiplié par quatre pour les quatre
saisons donne 144 (mis en relation avec 144 dents et articulations), le
nombre de jours yin dans l'année selon le décompte des alchimistes,
144 étant le chiffre de Kun, le yin pur, selon le Xici ; en revanche,
celui des jours yang est de 216, chiffre de Qian, le yang pur, (mis en
relation avec 216 tendons, DZ 1000.3.15a) qui doit se lire comme suit :
6x9 (neuf, grand yang) x4 ; le total donne ainsi 360 jours. (Baldrian-
Hussein 1984, p. 127 ; voir aussi, par ex. DZ 1161.3.2a, 261.3.1a-b).
Toujours dans le cadre des spéculations alchimiques inspirées des
nombres symboliques du Yi jing, on compte 360 traits des soixante
hexagrammes, lorsqu'on retire les quatre hexagrammes fondamentaux,
Qian, Kun, Kan et Li, qui additionnent, quant à eux, 24 traits pour les
24 souffles de l'année. Mais 360 s'obtient aussi en comptant 72 jours
pour 12 hexagrammes (un par mois), et si on ajoute le nombre 5 pour
les cinq Agents, on arrive à 365 pour les 365 jours de l'année.
Additionnant encore aux 360 jours de l'année les 24 souffles, on a 384,
qui correspond au nombre de traits total des 64 hexagrammes.
Si, comme on l'a vu, dans la tradition du Yi jing le « nombre du
Ciel et de la Terre », 55, est l'addition des chiffres 30 pour la Terre et
25 pour le Ciel, un texte d'alchimie intérieure trouve cette même somme
en additionnant les chiffres « naissants » aux chiffres performatifs de
chacun des Cinq Agents : pour l'Eau, 1+6= 7, pour le Feu 2+7=9, pour
le Bois 3+8=11, pour le Métal 4+9=13 et pour la Terrre 5+10=15 ; le
total des nombres ainsi attribués aux Cinq Agents est donc de 55, qui
« engendre et parachève les Cinq Agents », et l'auteur présente ce
décompte sous le titre « Diagramme des Cinq Agents » wuxing tu (DZ
1161.2.8a-b).

IV. Alchimie intérieure

Les nombres interviennent en alchimie dite « intérieure »


principalement pour régler le régime du Feu huohou ; c'est pourquoi ils sont
appelés parfois « nombres du feu » huoshu, c'est à dire rythme de
l'uvre alchimique. Le régime du Feu est ce qui fait intervenir le

108
Le rôle et le sens des nombres dans la cosmologie et l' alchimie taoïstes

temps et la mesure, et permet ainsi d'organiser le fonctionnement des


principes de base que sont d'une part l'existence de deux Principes M,
d'autre part leur interpénétration, et qui doivent être à la fois conjoints
et distincts. Le régime du Feu rend compte de l'interaction de ces deux
Principes et donc de leur dynamisme ainsi que du caractère mesurable
et rythmé de ce dynamisme, de la structuration cyclique de leurs
mouvements.
Cette alchimie prétend saisir le ressort secret de l'univers. Le Tao
étant ineffable et incommensurable, en revanche, disent les alchimistes,
la hauteur et la « basseur » du Ciel et de la Terre (l'espace qui les
sépare), ainsi que le commencement et la fin du cycle du yin et du
yang (le temps) peuvent être mesurés au moyen de nombres et de
calculs afin de comprendre le principe du fonctionnement
spatiotemporel, ce qui permet alors de « connaître le grand Tao » (voir par
ex. DZ 1191.1.5b). Cette connaissance par les chiffres est le xuanji
« le ressort caché » du cosmos (DZ 660.4.8b et autres). « Sur une
grande échelle, le Ciel et la Terre, et sur une petite, le corps en son
entier ont tous des nombres de régime du feu naissant et se parachevant »
(DZ 1074.1.10b, date 1392).
Les nombres sont des repères importants dans ce cadre ; non
seulement ils permettent d'accorder le rythme des énergies corporelles
et du travail alchimique à celui de l'univers, mais aussi le comput
auquel ils président correspond à un souci d'intégrité corporelle qui se
chiffre, qui mesure l'accord entre « l'intérieur » et « l'extérieur », et
en outre répond à un souci d'intégrité des « souffles divins » shenqi
du corps (DZ 660.4.8b). C'est pourquoi il est toujours recommandé de
s'y conformer sans faute, sans excès ni manque. Ce souci se traduit
par la fréquence d'emploi de termes tels queju réunir, recueillir, quan,
rendre intégral, manzu remplir suffisamment, ainsi que par l'évocation
fréquente de l'idée de limites, de mesures à ne pas dépasser (par ex.,
chengxian ) et par l'appel non moins courant à la clepsydre. La plupart
du temps, les textes qui insistent le plus sur l'aspect physiologique du
travail alchimique sont ceux qui utilisent des calculs chiffrés,
généralement selon des nombres symboliques et souvent en relation
avec la respiration. Le « régime du feu » représente la part active et
pratique du travail alchimique qui consiste à « activer » le feu (ce qui
se fait en prolongeant ou retenant la respiration) ou à le « diminuer »,

109
Isabelle Robinet

selon les diverses étapes de l'uvre, cuisson ou maturation. Les


nombres, dans ce cadre, permettent, par l'assimilation qu'ils établissent
entre ceux d'un an, d'un mois et d'un jour, d'accélérer le processus
alchimique, mais ceci dépasse, me semble-t-il, le simple procédé
d'accélération du temps dont parle N. Sivin, en s 'incrivant dans le
cadre plus vaste de la miniaturisation du monde 35.

IV.l Distances et temps

La distance qui sépare le Ciel de la Terre est mise en relation avec le


temps au moyen des théories sur la montée et la descente du yin et du
yang qui vont de l'un à l'autre en l'espace d'un nycthémère ou d'une
année. Ils accomplissent donc un parcours qui dans la plupart des cas
est considéré comme mesurant 84 000 li (un chiffre emprunté au
bouddhisme). Ainsi donc le yang qui monte du solstice d'hiver au
solstice d'été parcourt 42 000 li, de même que fait le yin dans la seconde
moitié de l'année. En divisant l'année en différentes périodes basées
sur le nombre Cinq (5 jours font un hou, qui fait 60 heures, mises en
relation avec les 60 esprits des signes jia, DZ 660.5.9a ; trois hou
forment un jie de 45 jours, deux jie comptent 90 jours, c'est à dire un
qi, à savoir une saison, et 72 hou constituent un an), on calcule alors
de combien de // monte ou descend soit le yin soit le yang en un an.
De même la journée est divisée en heures marquées au moyen des
signes cycliques terrestres ; le yang monte à partir du signe zi (23h-
lh) au signe wu (llh-13h), après quoi intervient la croissance du yin.
Comme ces signes marquent aussi bien les heures du jour que les
moments de l'année, on parvient à calculer la montée et la descente
des principes yin et yang dans l'année comme dans le nycthémère. Le
travail physiologique du souffle se fait alors sur le modèle des
augmentations et des diminutions de chacun de ces principes. On calcule la
montée et la descente de ces entités dans le corps humain en établissant
une correspondance entre les viscères et les points cardinaux ou saisons,
et donc heures du jour, ce qui est le principe de base de l'aspect
physiologique de l'alchime intérieure. Pour ce faire, on considère
qu'une inspiration vaut une avancée du souffle yin (intériorisation,
contraction), tandis qu'une expiration vaut une avancée du yang
(expansion, extériorisation). Si on prend pour base le nombre de 84 000

110
Le rôle et le sens des nombres dans la cosmologie et l'alchimie taoïstes

// qui séparent le Ciel de la Terre, en vertu du système d'analogie entre


le microcosme et le macrocosme qui gouverne toute cette pensée, on
pose que le cur (= Ciel) et les reins (= Terre) sont séparés de 8.4
pouces. Le parallèle exact peut alors se faire entre le parcours de montée
et de descente du yin et du yang cosmiques et ceux du corps humain
en prenant pour base les signes cycliques indiquant les heures. En
fixant un nombre à chaque viscère en fonction de la répartition des
nombres en naissants, mûrs et vieillis, comme nous l'avons vu, et en
les reliant aux quatre directions cardinales et au Centre, on règle le
nombre de révolutions dévolu à chaque viscère en conséquence de ce
comput, de façon à faire circuler le souffle, viscère après viscère en
accord avec les temps annuels ou diurnes. On accomplit ainsi « un tour
céleste », ce qui consiste à accorder la circulation du souffle corporel
à celle de l'univers. C'est ce qui a été appelé la « Méthode des nombres
et du temps des souffles de la naissance et de l'accomplissement du
yin et du yang, des Trois Originels, des Cinq Agents. » (DZ 660.4.5b).
On divise aussi le jour en 100 ke, ce qui fait 36 000 ke en un an, à
partir de quoi on procède encore à d' autres calculs spéculatifs en rapport
avec les mouvements du soleil ou avec les signes cycliques 36.
D'autre part, et selon le système de correspondances établi depuis
les Han, les 12 mois de l'année sont reliés aux hexagrammes, aux 12
tubes musicaux et aux 12 heures de la journée. Le lien entre les 64
hexagrammes et ce qui se dénombre par 12 se fait par l'entremise du
nombre 6 : 6 traits à chaque hexagramme, comme il y a dans la journée
6 heures yin et 6 heures yang, 6 tubes musicaux femelles et 6 mâles.
En multipliant 6x6 (un tube musical par mois), on obtient 36 qui est
le « chiffre achevé » du yin. Ceci, en termes de mois. Mais si on
multiplie ces 6 mois par 9, le nombre du yang, on obtient 6x9 = 54,
le nombre « achevé » du yang. 6 et 9 sont les nombres pris en compte
pour signifier par exemple les montées et descentes du soleil et de la
lune au cours d'un mois 37.
Les 360 jours de l'année peuvent aussi être considérés comme se
décomposant en 36 (6 mois x 6 yin) que l'on multiplie par 4 = 144,
nombre de Kun, le yin pur, et 54 (6 mois x 9) que multiplie 4 = 216,
nombre de Qian, yang pur ; 216+144= 360. Ceci en s'apppuyant sur
les chiffres de Qian et Kun selon le Xici (auquel se réfère, par exemple,
expressément à cette occasion le DZ 261.31a-b)38. '

111
Isabelle Robinet

IV.2. Les hexagrammes et les trigrammes

Comme on le sait, les trigrammes et les hexagrammes sont, avec les


images proprement alchimiques, les symboles les plus importants sur
lesquels s'appuie cette alchimie dite « intérieure ». Li Daochun, par
exemple, traitant du temps du travail ainsi que de la position et de la
propension (shishi), déclare que c'est l'examen des hexagrammes qui
en témoigne (DZ 249. 1 .10a). Or, les nombres font partie des instruments
qui servent à figurer les hexagrammes, et donc à faire le lien entre ces
figures emblématiques dont le total symbolise le cosmos. 60 est le
nombre qui gouverne le rythme adopté pour régler le temps de
respirations afin de former un hexagramme, à raison de 36 (6x6) pour
former un trait de Qian, dit « feu yang », et 24 (6x4) pour un trait de
Kun-yin, dit « feu yin » (36+24). Il faut alors accomplir ce genre
d'exercice 192 fois pour obtenir le nombre de 384 qui est celui de la
totalité des traits du Yijing (64x6) (cf. Baldrian-Hussein 1984, p. 132
et DZ 1221.2.23b-2b, par exemple). On parvient ainsi symboliquement
à ce chiffre indiquant la totalité cosmique qui figure « le nombre de
la circulation du soleil et de la lune et le ressort de la création du Ciel
et de la Terre » (225.4a-b), et qui se décompte également comme la
multiplication de 24 (24 souffles de l'année) par 16, ce qui constitue
une « révolution céleste » (DZ 600.4. 8a-b). Le Hunyuan bajing zhenjing
fait en outre correspondre ce nombre de traits « extérieurs » à autant
d'esprits « intérieurs » (DZ 660.4.8b et 5.3a-b).
On parvient donc par le décompte des respirations à figurer
l'hexagramme que l'on désire, en formant soit un trait yin, soit un trait
yang, et on s'appuie sur le décours des hexagrammes inscrits dans
l'espace et le temps pour rythmer l'uvre.
Selon un autre comput, on retire les quatre hexagrammes qui figurent
les quatre instruments de l'uvre (Qian, le fourneau ; Kun, le chaudron ;
Li, le Feu, et Kan, l'Eau) pour n'en garder que 60 qui scandent le
rythme du travail au cours de l'année. En effet, ces 60 hexagrammes
totalisent 360 (6x60) traits comme les jours de l'année. On travaille
alors, par exemple, selon l'une des méthodes qui existent, du solstice
d'hiver à celui de l'été, temps du yang croissant, sur les 180 traits yang
du Yijing afin de « purifier l'or jaune » (yang). Puis, lors de la seconde
moitié de l'année, qui est celle de la croissance du yin, sur les 180
traits yin, ce qui purifie « l'argent aqueux » (yin) (DZ 267.8.6a-b).

112
Le rôle et le sens des nombres dans la cosmologie et l'alchimie taoïstes

Par le truchement des hexagrammes ainsi considérés, on établit un


lien avec les heures du jour ou les moments de l'année, puisque chacun
de ceux-ci sont mis en correspondance avec les hexagrammes. En outre,
en optant pour un choix et un ordre des hexagrammes, au nombre de
12, qui vont du yang naissant au yang pur, puis du yin naissant au yin
pur, donc de Fu à Kun, on reproduit le cycle, soit annuel, soit diurne,
de la croissance et de la décroissance du yin et du yang. Ajoutons, bien
qu'il ne soit pas possible de nous étendre sur tous les aspects de cette
question, qu'il est attribué certaines vertus à certains hexagrammes
(pour les hexagrammes Tai et Pi (cf. Baldrian-Hussein 1984, p. 96))
et qu'en outre les traits des hexagrammes sont également mis en relation
avec des mesures de longueur selon des équivalences qui varient (ibid.,
p. 92) et qui permettent d'évaluer l'avancée du souffle et du sang dans
le parcours qu'on veut leur faire accomplir dans le corps.

IV.3 Les mesures de poids. Deux et Huit

Le régime du feu se mesure aussi en termes de poids des divers


ingrédients employés. Les unités choisies sont le plus souvent (il y en
a d'autres, voir ibid., p. 91) le liang (once), constitué de 24 zhu, et le
jin (livre) formé de 16 liang et donc de 384 zhu. Les 64 hexagrammes
« pèsent » 384 zhu.
Mais avec le terme de liang, on tombe sur un jeu de mots, ce
caractère signifiant à la fois « deux » et « once ». Les expressions
« Deux-Huit » et « deux liang », qui se trouvent dans les uvres
fondamentales que sont le Cantongqi et le Wuzhen pian et qui ont été
abondamment glosées, sont ainsi synonymes et désignent alors les deux
Principes opposés/ complémentaires qui constituent le fondement de
l'alchimie, Plomb et Mercure, ou Dragon et Tigre, à quoi, ainsi que le
répètent les alchimistes, se réduit toute l'uvre. Il faut 2x8=16 liang
pour former une once ; aussi faut-il unir (additionner) le Plomb et le
Mercure au poids de 8 liang chacun pour constituer une once qui figure
l'achèvement de l'uvre, à savoir le Cinabre. Comme l'explique Li
Daochun (DZ 249.3.28a), il ne s'agit pas vraiment de poids ; cela
signifie qu'il y a deux éléments qu'il faut prendre à parts égales.
Shangyang zi (DZ 1067.7.6b) dit que les 8 liang correspondent à une
demi-once de l'essence du soleil et de la lune (yang et yin). Par ailleurs,

113
Isabelle Robinet

16 liang, comme nous l'avons dit, étant constitués de 384 zhu, on


obtient ce chiffre cosmique de 384 qui résume tout le Yijing. De plus,
ces Deux-Huit sont également un équivalent du chiffre du yang pur,
Qian, qui est de 216 (2x8=16) (DZ 1067.7.13a).
Enfin, lorsqu'on accorde le rythme du travail sur celui des phases
de la lune et des mouvements du soleil, ces « deux liang » désignent
les signes cycliques mao et you, emblèmes de l'Est et de l'Ouest, et
donc, dans l'année, des equinoxes de printemps et d'automne où le yin
et le yang sont à égalité, ou bien, si l'on reste dans le cadre du mois,
les moments de demi-lune, puisqu'au 8e jour du mois la première demi-
lune est dans « le Cur du Ciel » à l'heure you, et qu'au 23e la seconde
demi-lune est dans le « Centre du Ciel » à l'heure mao 39. Les deux
phases, l'une croissante, l'autre décroissante de la lune sont les deux
liang « montant » et « descendant » qui font Deux-Huit, dont la totalité
fait la pleine lune, emblème aussi de l'achèvement de l'uvre et d'une
once (DZ 1082.5b, 10e siècle) 40. Ces Deux-Huit, selon une autre
formulation, constituent le « corps d'or d'un zhang six (=16 pieds) »
(DZ 1067.16.2a), et « la création est incluse dans le fourneau Deux-
Huit » (ibid. 5.5a). L'union des Deux-Huit figurant celle des pôles
opposés est aussi un symbole du Chaos primordial. C'est grâce à elle,
et au moment où elle s'accomplit, que le « Souffle de l'Un véritable »,
materia prima de l'uvre, apparaît, et grâce à cette union des Deux,
qu'en Un moment le Saint obtient « un grain » ( = un grain de Cinabre)
et que le Cinabre yang s'élève comme le soleil au dessus de la mer
(DZ 141.3.5a-6a). Un commentaire du Wuzhen pian distingue entre le
« cinabre extérieur » (c'est à dire ici : les symboles cosmiques) qui
compare les Deux-Huit qui font une once parce que deux demi-lunes
font une lune entière, et le « cinabre intérieur » où l'on fait circuler le
Feu en rapport avec les 64 hexagrammes, ce qui est comparable à
Deux-Huit puisque les 64 hexagrammes totalisent . 384 traits,
correspondant aux 384 zhu d'une once (DZ 141.3.8b-9a).

IV.4 Conclusion

Cependant, il est indispensable de rappeler l'insistance avec laquelle


les mêmes alchimistes répètent que tous ces nombres ne sont que des
métaphores. On a « établi des symboles », de sorte qu'on réduit un an

114
Le rôle et le sens des nombres dans la cosmologie et l'alchimie taoïstes

à un mois, un mois à un jour, un jour à une heure et l'uvre à une


respiration, dit par exemple le Huanzhenji, qui rappelle à cette occasion
que Zhang Ziyang énonce qu'il « ne faut pas diviser le temps en zi et
wu, établir Qian et Kun en traits et hexagrammes » (DZ 1074.1.10b-
11a). Zhang Boduan également affirme que « le régime du feu n'utilise
pas le temps » et que « miao et you ne sont que des comparaisons
vides (xubi) » (DZ 1081. 9a). Le Jindan zhizhi dit aussi que si on veut
attraper les chiffre de 36 000 (le nombre de ke dans l'année), on « met
la main sur le ressort de l'axe du yin et du yang, on dérobe l'activité
créatrice du Ciel et de la Terre, et ceci correspond (au temps) d'une
pensée unique chez l'homme » (DZ 1072.10a-b). Ceci est une façon
de rectification qui entre dans le cadre général d'une mise en garde
maintes fois répétée par les alchimistes contre ceux qui prennent leurs
dires au pied de la lettre. Elle rend compte d'un certain caractère
subitiste de l'uvre, récurrente et éternelle, ainsi que du caractère
paradoxal de l'alchimie intérieure qui à la fois consruit et déconstruit,
et cherche à joindre l'Un et le multiple 41. En outre, ce genre de propos
rappelle qu'il s'agit d'un temps vécu qui échappe à tout enchaînement
chronologique défini où le commencement et la fin sont soit
interchangeables, soit confondus ; ceci est aussi exprimé par le fait que
les textes mêmes qui exposent toutes sortes de détails sur les temps
du régime du feu disent en même temps que le rythme de ce régime
reste secret et n'est jamais divulgué par les maîtres, sinon de bouche
à oreille, ou de cur à cur.
Ainsi les alchimistes mettent en evidence la limite de la fonction
des nombres, marquée par ce qui est non-mesurable, l'infini, mais aussi
l'infime des nuances des changements et des mouvements.

Notes

1. On peut distinguer à cet égard deux sources principales, bien qu'elles fusionnent
étroitement le plus souvent : l'école du yin-yang et des Cinq Agents, et le Yi
jing ; la différence entre les deux vient principalement de la distinction qu'opère
le Yi jing entre nombres pairs ou impairs, d'une part, et, d'autre part, de
spéculations sur les trigrammes et hexagrammes qui sont mis en relation avec
les nombres. L'influence de cet ouvrage devient plus nettement visible avec
l'alchimie intérieure (dont les premières traces sûres datent du VIIIe siècle de
notre ère).

115
Isabelle Robinet

2. Dans l'histoire des nombres tels qu'en ont hérité les taoïstes, un grand rôle a été
joué par la nécessité qui s'est faite sentir, surtout sous les Han, d'accorder
ensemble différents systèmes de repérages spatio-temporels, les signes cycliques
sexagésimaux, les quatre saisons, les cinq Agents, les neuf premiers nombres
qui présidaient à un système de répartition nonaire, les huit trigrammes et les
soixante-quatre hexagrammes, les douze mois de l'année, les douze heures du
nycthémère, les douze tubes musicaux, les vingt-quatre soufles (un par quinzaine),
les vingt-huit constellations du zodiaque, les soixante-douze périodes de cinq
jours de l'année, etc. Ce fut principalement l'uvre, au 1er siècle avant notre
ère, de Meng Xi, de Jing Fang, puis de Zheng Xuan (127-200), qui tentèrent de
résoudre ces problèmes en organisant toutes ces quantités ou groupes sur le
pourtour de cercles concentriques pour tâcher de répartir de façon symétrique ce
qui se compte par cinq (cinq Agents) et ce qui se compte par douze, par exemple,
quitte, inévitablement, à ce que la symétrie soit parfois rompue, en organisant
tantôt un groupe de deux, tantôt un groupe de trois. Il me semble que c'est
principalement de cette façon que la question du dénombrement s'est posée.
3. Ils permettent par exemple de mettre en relation alternance temporelle et
distribution spatiale, donc un rythme avec un heu, mais sans qu'il y ait idée
véritablement de mesure spatiale, mais plutôt de position, de fonction, et de
qualité.
4. La numérologie joue un rôle important dans la cosmologie taoïste car elle est
l'un des instruments qui fondent des rapports entre des domaines différents, par
exemple entre le cosmos et le corps humain, qu'ils rendent également
commensurables ; c'est une des bases de l'analogie en tant que celle-ci établit
des relations qui portent sur des attributs ou des fonctions, et fait le pont entre
des domaines différents pour y retrouver ou y insérer une unité de sens. Ainsi,
les « mesures » qu'établissent les nombres sont une des formes de ces analogies.
Elles permettent de constituer comme des « blocs » de pensée qui fournissent
des structures organisatrices.
5. En outre, les nombres permettent de faire apparaître une symétrie, symétrie droite-
gauche, haut-bas, yin-yang. L'articulation de la pensée est alors faite de renvois
d'images et de structures arrangées symétriquement et acquiert la valeur
convaincante d'une image de la réalité, et donc une valeur démonstrative.
6. Par exemple, nous aurons à distinguer entre Deux au sens de couple ou dualité,
Deux au sens de scission, Deux au sens de duplication, et Deux au sens de
second ; entre Trois au sens de fusion de deux en un ou de triade hiérarchique,
etc.
7. Il existe des exceptions, comme dans le Zhuandaoji, par exemple, qui place
l'apparition des formes avant celle des nombres (Xiushen shishu 14.9a).
8. La chronique de la principauté de Lou, tr. par S. Couvreur, Tien-tsin, Cathasia,
1951,vol.I, p. 306
9. Les chiffres qui suivent le sigle DZ renvoient à la numérotation de la Concordance
du Tao-Tsang (par K.M.Schipper), Paris : Ecole française d'Extrême-Orient,
1975.

116
Le rôle et le sens des nombres dans la cosmologie et l'alchimie taoïstes

10. Cf. (Solomon 1954).


11. Je ne m'attarderai pas sur cette question qui demanderait un trop long
développement et qui fait l'objet d'un travail qui paraîtra ultérieurement dans
les Cahiers d'Extrême-Asie 18.
12. C'est en raison du caractère de ce nombre que celui de trente jours, parfois trois
cents, ou de trois ans réglant le temps d'une pratique est considéré comme
« achevé » ou plein bei ou man (ex. DZ 660.5.12a). Ce partage du monde en
trois plans fondamentaux, Ciel, Terre, Homme, est resté essentiel dans toute la
cosmologie taoïste de toutes les époques et de tous les courants, même lorsque
les concepts et les formulations évoluent ; on trouve, par exemple cette déclaration
dans un texte alchimique des Song, le Zhuandaoji : « Un est le corps constitutif
ti, Deux est son exercice yong ; Trois est la création zaohua. La création s'appuie
entièrement sur l'union (du yin et du yang). Le haut, le milieu et le bas font les
trois Puissances, Ciel, Terre, Homme » (DZ 263.14.8a). En ce sens, le Trois est
significatif à la fois de hiérarchie et de correspondance entre des plans étages
verticalement.
13. J'adopte ici la terminologie de (Kalinowski 1991).
14. En général, soleil, lune et cinq planètes.
15. Un weishu (ca. dynastie des Han) du Yijing : voir Congshu jicheng, xia, 27.
16. Qui sont Tai Yi, Tai Chu, Tai Shi, Tai Su ; cinq, quand on lui ajoutera plus tard
le Taiji ; cf. (Robinet 1990).
17. Cf. (Schipper et Wang 1986).
18. Du Ciel, Tianjun ; du Lingbao ; et de l'esprit, Shenbao jun.
19. Abdomen, correspondant à la Terre, thorax mis en relation avec l'Homme, et
tête répondant au Ciel.
20. Ibid., p. 174-190
21. C'est à cette conception du trois que se réfère un rituel taoïste assertant que le
Trois est le souffle « ancêtre », tandis que l'Un est le souffle « naissant » (Daofa
huiyuan 65.4a et 67.230). Ceci désigne l'Un en tant que producteur dont nous
avons parlé plus haut et correspond, dans les textes plus anciens datant du Ve
siècle, à la conception d'un Lao zi divinisé qui naît de la réunion des trois Souffles
et représente le principe unique des multiples doctrines taoïstes (I. Robinet 1981,
p. 168-9).
22. Ce Dix, ainsi que ses multiples, est parfois représentatif lui aussi d'une totalité.
Il est en outre le chiffre « performatif » de l'Agent Terre, qui est le Centre. Mais
il est loin d'avoir l'importance que lui accordent les Grecs et la Kabbale, et c'est
en général le Neuf qui figure plutôt la totalité.
23. Contrairement à ce qu'a écrit E. Ziircher (1980, p. 124) celle-ci ne doit donc rien
au bouddhisme, mais est rarement reprise dans le taoïsme, sauf dans quelques
textes du Shangqing, comme le DZ 1373 Waiguo fangpin (IVe ap. J.-C. ?) qui
compte six « pays extérieurs », répartis sur la base des cinq traditionnels auxquels
s'ajoute le haut (voir aussi DZ 1331.2a-b).
24. Le vent, la chaleur, l'humidité, le feu, la sécheresse et le froid ; pour le 648. lia,
ce sont les Cinq Agents et le vent.

117
Isabelle Robinet

25. C'est probablement en tant que grand chiffre yin que le nombre de Six a été
attribué aux cieux fauteurs de désordre que Zhang Daoling a eu pour mission de
chasser pour les remplacer par neuf cieux (chiffres yang) ; ces six cieux sont
devenus les enfers.
26. Peut-être de Zhang Li, des Yuan.
27. Tandis que la disposition par Cinq traite de la circulation et de l'alternance des
Cinq Agents, celle par Neuf fait référence à la circulation du dieu stellaire Taiyi,
adopté par les taoïstes, liée aux spéculations sur le Yijing, et donc au milieu des
devins et des apocryphes des Han. Le système quinaire « se structure autour des
phases, des secteurs et des saisons, résume M. Kalinowski, l'autre (nonaire)
autour des nombres premiers, des palais et des trigrammes » (Kalinowski 1985,
p. 805). C'est sous les Six dynasties que la synthèse entre ces deux systèmes a
été faite, et ceci dans les milieux taoïstes, ainsi que l'a montré M. Kalinowski
(ibid).
28. Les textes du Shangqing, par exemple, considèrent que les trois Souffles
fondateurs du monde se sont subdivisés en neuf qui ont fait les neuf cieux, qui
semblent être en fait les neuf cieux dont Zhang Daoling a institué le règne (cf.
(Robinet 1984, 11.90), et (DZ 1194.1a)), et qui sont, bien sûr, apparus avant les
« huit directions » terrestres (ibid., 2a). C'est par neuf que se comptent les régions
de la terre à l'instar de celles du ciel, mais aussi les couches - ou encore les
méandres - des enfers souterrains, mises en correspondance avec les neuf
circonvolutions des intestins. Neuf sont les étoiles du Boisseau (dont deux
invisibles), comme sont neuf les orifices du corps humain et ceux du cur du
Sage. Lorsque les girations du Ciel atteignent le nombre de 9 900, les nombres
des neuf cieux sont « épuisés », et c'est la fin du monde (Robinet 1984.1.139).
Neuf au carré qui fait Quatre-vingt-un est le « nombre fondamental » tishu du
souffle yang, tandis que Six au carré est celui du yin ; semblablement, le sang
(yin) des filles se mesure en 360 boisseaux et le souffle des garçons (yang) des
garçons, lorsqu'il est parvenu à son maximum (à 15 ans) est long de 810 pieds
(DZ 146.3.10a). Le Souffle originel parcourt 810 zhang par jour. La « chambre
pure », lieu de méditation des taoïstes doit mesurer 81 pieds car c'est le chiffre
« du souffle du yang qui s'élève » (cf. Chen Guofu, Dao zang yuan liu kao,
Beijing, 1963, vol. 2, p. 334). 90 000 li séparent le Ciel de la Terre, ainsi que
chacune des étoiles du Boisseau l'une de l'autre (DZ 322. la-b ; texte appartenant
au Lingbao ancien, c'est à dire fin 4e-début 5 siècles de notre ère). Le soleil a
neuf rayons habités par des esprits.
29. Taishô renvoie au Taishô Shinshû Daizôkyô, Takakusu Junjirô et Watanabe
Kaikyoku (eds.), Tokyo, édition Daizô, 1924-34.
30. Comme on le sait, l'administration ecclésiastique des Maîtres célestes a cherché
à se modeler sur l'administration officielle (DZ 421.3.11b), en particulier sur
celle des Zhou dont le chiffre idéal est 120, et qui se réglait sur le Ciel, avec ses
trois ducs gong, neuf grands ministres qing, 27 haut-dignitaires dafu, 81
fonctionnaires, ce qui forme un total de 120.
31. Cf. le juan 7 du Sandong zhunang : DZ 1139, 7. 6a-7b, 17b, sqq.

118
Le rôle et le sens des nombres dans la cosmologie et l' alchimie taoïstes

32. Voir aussi, par ex. le DZ 1068.8b, Ho Ping-yû and J. Needham, 1959, p. 66-67,
ou Needham 1980, vol. V, pt. 4, p. 279-280.
33. Selon un principe fondamental souvent rappelé, le Ciel avec l'Un a formé l'Eau,
la Terre avec le Deux a formé le Feu, le Ciel avec le Trois a formé le Bois, la
Terre avec le Quatre a formé le Métal, le Ciel avec le Cinq a formé la Terre, la
Terre avec le Six a formé l'Eau, le Ciel avec le Sept a formé le Feu, la Terre
avec le Huit a formé le Bois, le Ciel avec le Neuf a formé le Métal, la Terre
avec le Dix a formé la Terre.
34. Dont le type est donné par le couple yin yang, mais qui peuvent être le Ciel et
la Terre, l'Eau et le Feu, le Pb et le Me etc. (voir ci-dessous).
35. N. Si vin, dans sa contribution in Science and Civilisation in China (éd.
J.Needham), vol. V, pt. 4, Cambridge University Press, 1980, p. 243
36. Le calcul du nombre et des temps de respirations en rapport avec la distance
parcourue par les instances cosmiques serait trop long à expliquer dans le cadre
de ce travail. Nous renvoyons le lecteur à l'ouvrage de F. Baldrian-Hussein
(1984), en particulier p. 95-96, et éventuellement à d'autres textes comme le
Jindan z/uzni, 1072. lOa-b, au Jindan sibai zi, 1081.3a et au Hunyuan bajing
zhenjing 660.5. lOa-b qui donne un système différent.
37. Il existe donc, outre le comput basé sur le nombre 5, un système qui est adopté
en fonction des nombres symboliques du yin et du yang, 6 et 9, et éventuellement
7 et 8. Ainsi, l'on compte que le nombre des 72 hou qui composent l'année est
obtenu par la multiplication 9x8.
38. Pour tout cela, voir, par exemple, (Baldrian-Hussein 1984, p. 133-4), mais aussi
(DZ 660.4. lOa-b et 5.9a-b), ainsi que (DZ 648.5a-b).
39. Equinoxes et demi-lunes sont des moments cruciaux où soit le yin soit le yang
va l'emporter sur l'autre (ex. (DZ 1067.7.8b-9b)).
40. Comme dit le Cantongqi : « La demi-lune croissante correspond au trigramme
Dui (Sud-est selon la disposition "antérieure au Ciel") et la demi-lune décroissante
à Gen (Nord-ouest) ; elles font deux poids de huit liang qui en unissant leur
essence parachèvent Qian et Kun ; Deux-huit correspond à une once »
(DZ.999.1.15a).
41 . Voir I. Robinet, Introduction à l 'alchimie intérieure taoïste, Unité et multiplicité,
à paraître, Le Cerf, Paris 1994.

Bibliographie

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d'Alchimie Taoïste du XIe siècle, Paris, les Deux Océans.
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Medieval Chinese Alchemy », Ambix VII (juin 1959, n°2), p. 57-116.
Granet Marcel, 1984, La pensée chinoise, Paris : Editions Gallimard (rééd. de 1968).
Kalinowski Marc, 1985, « La transmission du dispositif des neuf palais sous les Six-
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