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été Santé Science + Tech En anglais

L’enseignement privé lucratif, premier


responsable de la crise de la dette étudiante
américaine
4 avril 2019, 21:53 CEST

Auteur

Jean-Philippe Ammeux
Directeur, IÉSEG School of
Management

Déclaration d’intérêts

Jean-Philippe Ammeux ne travaille


pas, ne conseille pas, ne possède
pas de parts, ne reçoit pas de
fonds d'une organisation qui
pourrait tirer pro t de cet article,
et n'a déclaré aucune autre
af liation que son poste
universitaire.

Partenaires

Le montant de la dette étudiante américaine est estimée à environ 1 500 milliards de dollars. Arena/Shutterstock IESEG School of Management
apporte un nancement en tant
que membre adhérent de
The Conversation FR.
Adresse La croissance rapide de la dette étudiante américaine inquiète de nombreux
électronique
observateurs qui craignent l’éclatement d’une crise nancière systémique analogue Voir les partenaires de
Twitter 4
à celle des subprimes. The Conversation France

Facebook
Le montant de cette dette est de l’ordre de 1 500 milliards de dollars. Le coût de plus
Linkedin
en plus élevé des études supérieures et la réduction des nancements publics, Republier cet article
Imprimer
entraînent un recours massif à l’endettement de la part des étudiants. Cependant, la
nature de cet endettement est bien différente des autres crédits contractés par les
ménages américains. En effet, à la différence des crédits à la consommation et des Reproduisez nos articles
gratuitement, sur papier ou en
crédits immobiliers, le crédit destiné aux études supérieures permet la constitution ligne, en utilisant notre licence

d’un capital humain susceptible de générer des revenus futurs potentiellement Creative Commons.

élevés.
Les études de l’OCDE montrent clairement que l’investissement dans les études
supérieures est très rentable. Aux États-Unis, l’Université de Georgetown a montré
que les titulaires d’un bachelor ont une espérance de revenu, sur l’ensemble de leur
vie, supérieure d’environ 1 300 000 dollars à ceux qui n’ont pas fait d’études
supérieures. La dette étudiante moyenne, proche de 30 000 dollars, est
remboursable aisément par la majorité des diplômés sachant, qu’en moyenne, le
titulaire d’un bachelor débute dans la vie professionnelle avec un salaire annuel
supérieur à 50 000 dollars.

Selon l’OCDE, l’investissement dans les études supérieures reste très rentable. OCDE

De façon surprenante, Judith Scott-Clayton de l’Université de Columbia a en outre


observé que plus les étudiants contractaient des dettes importantes, moins ils
faisaient face à des problèmes de remboursement. Ceci s’explique par le fait que les
meilleures universités américaines, le plus souvent des institutions privées non
lucratives (fondations, associations), sont chères mais offrent de belles perspectives
professionnelles. L’investissement en capital humain dans les études supérieures de
qualité est donc une très bonne chose pour l’avenir des jeunes et de la société (les
gains privés et publics sont élevés), même si cela conduit à un endettement
important.

Un taux de défaut qui reste élevé


Sachant par ailleurs que 81 % de la dette étudiante américaine est nancée sur
fonds fédéraux, on voit bien qu’il n’y a pas de comparaison possible avec la crise des
subprimes en matière de diffusion d’une crise systémique.
Néanmoins, si le volume de la dette étudiante américaine n’est pas un problème en
soi, on constate que les défaillances de remboursement ont fortement progressé. La
Federal Reserve Bank of New York révèle ainsi que le taux de défaut grave de
remboursement est passé de 6,03 % au premier trimestre 2006 à 11,83 % au
troisième trimestre 2013, lorsqu’il a atteint son maximum. La crise de 2007-2009 a
eu un impact important sur l’emploi des Américains, y compris les diplômés de
l’enseignement supérieur. Mais, ce qui est surprenant, c’est que ce taux de défaut
reste élevé, 11,42 % en décembre 2018, alors que la situation de l’emploi s’est
considérablement améliorée. Il convient d’en rechercher la cause, qui est de nature
structurelle, et d’identi er les mesures correctrices.
En se fondant sur des données détaillées fournies par le département américain de
l’Éducation, Judith Scott-Clayton révèle que les défaillances de remboursement sont
particulièrement concentrées sur les établissements privés lucratifs (for-pro t). En
outre, ses prévisions sont pessimistes : le taux de défaut des emprunteurs ayant
fréquenté un for-pro t college pourrait atteindre 70 % en 2023. Ceci est
incomparable avec le taux de défaut enregistré après l’obtention d’un bachelor dans
une institution publique ou privée non lucrative.

400 000 dollars de publicité par jour


Alexander Angulo, dans son livre Diploma Mills : How For-Pro t Colleges Stiffed
Students, Taxpayers and the American Dream, dénonce les pratiques peu
scrupuleuses de ce type d’institution depuis le XVIIIe siècle. Il remarque que la
recherche de pro t rend très dif cile la compatibilité avec les standards
académiques et professionnels :

« Si vous êtes dépendant des pro ts trimestriels, des revenus de scolarité, si
votre principal objectif est d’impressionner les investisseurs, cela conduit à
tronquer l’objectif fondamental de l’enseignement supérieur. »

Dans une étude menée pour le département du Trésor américain, Nicolas Turner et
Stephanie Riegg constatent, qu’en moyenne, l’écart de revenu entre ceux qui ont
fréquenté un for-pro t college et ceux qui ne sont pas allés dans l’enseignement
supérieur, n’est pas statistiquement signi catif. Cela signi e qu’un grand nombre de
formations dispensées par ces établissements ne correspondent pas aux besoins de
l’économie. En référence à la dé nition de l’OCDE, elles représentent un
investissement en capital humain nul !

En 2012, l’Université de Phoenix était le premier annonceur publicitaire de Google. Ken Wolter/Shutterstock

On peut alors se demander pourquoi ces institutions ont connu un succès


considérable en quadruplant leurs effectifs étudiants entre 2002 et 2010 (de 382 600
à 1 590 000 étudiants pour les formations de type de bachelor ou plus). Voici
quelques explications que nous pouvons avancer :
Elles se sont adressées prioritairement à des populations relativement fragiles et
peu informées – des Afro-américains, des personnes de milieu pauvre, des rst
generations (étudiants dont les parents ne sont pas allés à l’université) – et se
sont acheté une légitimité avec la publicité. Par exemple, n 2012, l’Université
de Phoenix était le premier annonceur publicitaire de Google avec une dépense
proche de 400 000 dollars par jour.
Elles ont béné cié de la complicité involontaire de l’État américain qui accorde
de façon quasi systématique, sans véri er une réelle accumulation de capital
humain, des prêts sur fonds fédéraux. Il est probable que les banques auraient
été plus prudentes.
La grande récession américaine (2007-2009) a créé un effet contra-cyclique
d’accroissement de demande de formation (besoin d’être mieux formé face à la
baisse de la demande de travail et réduction du coût d’opportunité des études),
qui a largement béné cié à ces établissements.

Comportement prédateur
Mais, depuis quelques années, de nombreux for-pro t colleges font l’objet de
recours en justice pour leurs pratiques trompeuses et mensongères. 98,6 % des
plaintes enregistrées par le département de l’Éducation viennent d’étudiants victimes
d’institutions lucratives. Ainsi, le groupe privé Corinthian Colleges a payé une
amende de 30 millions de dollars pour publicité mensongère concernant notamment
les emplois des diplômés, avant de disparaître. La crise de réputation et l’effet
contra-cylique de la reprise économique ont entraîné une baisse de
679 000 étudiants dans les for-pro t colleges (- 43 %) entre 2010 et 2017. Sur la
même période, les effectifs des universités publiques ont augmenté de 11,7 % et
ceux des universités privées non lucratives de 6,2 %. La bulle des for-pro t colleges
est illustrée par l’évolution de leurs effectifs depuis 2002.

Évolution des effectifs dans les for-pro t colleges (formation en quatre ans ou plus). Nces.ed.gov

Finalement, la logique de marché conduit à une implosion du secteur for-pro t dans


l’enseignement supérieur américain, ce qui est similaire à la crise des subprimes.
Dans les deux cas, des prêts ont été accordés à des populations fragiles pour des
projets, d’éducation ou immobiliers, non soutenables. L’implosion du secteur for-
pro t devrait naturellement résoudre les problèmes de remboursement de la dette
par les diplômés, mais cela prendra encore plusieurs années.
Pour éviter que des millions de jeunes se retrouvent piégés par des institutions
lucratives peu scrupuleuses, il nécessaire d’instaurer une régulation plus stricte en
contrôlant rigoureusement la qualité des formations et l’adéquation avec les besoins
de l’économie. C’était l’intention de Arne Duncan, secrétaire d’État à l’éducation de
Barack Obama qui voulait mettre n aux dérives de ceux qu’il quali ait de « bad
actors », et qui étaient généralement des institutions lucratives. Mais le dispositif mis
en place dans cette perspective, le Gainful Employment Rule, n’a pas été nalisé
dans son exécution avant l’élection de Donald Trump. Une fois élu, celui-ci a fait en
sorte qu’il ne soit pas appliqué.

nance États-Unis universités dette enseignement supérieur endettement salaires

capital humain marché du travail

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des entreprises des entreprises françaises

2 Commentaires Le plus ancien Le plus récent Se connecter pour


commenter

Bureau Jacques

Pour que cet article soit compréhensible il faudrait nous expliquer exactement
comment fonctionne les prêts étudiants aux États-Unis. La phrase « 80 % de la
dette étudiante est nancée sur fonds fédéraux » mériterait d'être explicitée. J'avais
cru comprendre que les prêts étudiants étaient consentis par les universités elle-
même sans objectif de faire des pro ts. Si les étudiants diplômés ne remboursent
pas, le fond n'est pas abondé et il n'est pas possible de faire de nouveaux prêts.
Mais il y a sans doute autant de mécanismes que d'institutions

il y a 4 heures • Reporter

Jean-Philippe Ammeux
Directeur, IÉSEG School of Management

En réponse à Bureau Jacques

A ma connaissance, seules quelques universités, souvent privées non


lucratives, ont des fonds suf sants pour prêter à leurs étudiants. Cela
n'est pas le cas pour la plupart des for-pro t. Elles proposent à leurs
étudiants, dans plus de 80% des cas, de contracter des prêts nancés
sur fonds fédéraux. Dans le cas où elles auraient accordé les prêts sur
leurs propres fonds, le phénomène ne se serait pas développé à cette
échelle.

il y a 3 heures • Reporter

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