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1.3 Structure des postes (T)HT/MT 1.4 Départs souterrains, aériens, mixtes,
Les postes primaires ont des structures très différentes selon les radiaux bouclables et bouclés
pays considérés. On trouve, par exemple, fréquemment dans les
grandes métropoles d’Amérique du Nord des postes à plusieurs Les réseaux MT sont presque toujours radiaux et bouclables,
transformateurs débitant en parallèle sur un jeu de barres MT conformément au schéma simplifié de la figure 3. Cela signifie que
fermé (figure 1). les départs MT (MV Feeders) sont alimentés en régime normal par
Poste primaire 1
Points d'ouverture
Poste primaire 2
Poste A
Poste B
– le neutre MT est isolé, mis à la terre par une impédance de – sur une architecture (type et localisation des protections et des
faible valeur fixe ou variable (bobine de Petersen : cf. § 4.3.3) en un automatismes) ;
seul point dans le poste (T)HT/MT ou, encore, directement mis à la – enfin, sur des réglages qui assurent la coordination du fonc-
terre en un ou plusieurs points ; tionnement des différents éléments du plan (protections et auto-
– le neutre BT est presque toujours directement mis à la terre en matismes).
plusieurs points y compris dans les postes MT/BT (cf. [D 4 815]).
Les fusibles, qui sont aussi des protections d’un type particulier,
assurent simultanément ces trois fonctions, mesure, analyse et
ordre d’ouverture. 2. Généralités sur les plans
de protection
1.8 Localisation des protections
Le plan de protection d’un réseau MT va s’appuyer sur des pro- 2.1 Qualité
tections principalement placées dans le poste (T)HT/MT mais aussi
installés sur le réseau, ainsi que sur des fusibles, par exemple :
– protections d’installations utilisateurs ; Le plan de protection d’un réseau électrique est l’ensemble
– protections d’antennes des départs du poste (T)HT/MT ; des dispositions théoriques mises en œuvre pour détecter et
– fusibles des postes MT/BT. éliminer les défauts susceptibles d’affecter ce réseau, en met-
Les installations des utilisateurs peuvent être consommatrices tant hors tension la portion de réseau défectueuse.
ou, de plus en plus souvent, productrices avec le développement
des énergies renouvelables, voire les deux selon les moments. Il doit remplir trois missions essentielles :
Les protections d’antenne et les protections des utilisateurs – assurer la sécurité des personnes. Il s’agit d’éviter ou de
consommateurs fonctionnent sur les mêmes principes que les pro- limiter, autant faire que se peuvent, pour les tiers et les interve-
tections situées dans les postes primaires, mais elles doivent nants, les risques électriques consécutifs à des défauts intervenant
toutes être coordonnées pour fonctionner à bon escient. sur le réseau. Il est très important de noter que le plan de pro-
Nota : on pourra se reporter aux dossiers [D 4 240] et [D 4 242] pour plus d’informa-
tection n’est pas le seul élément destiné à assurer la sécurité des
tions sur les protections des installations de production. personnes. Il en existe bien d’autres, notamment le respect de la
réglementation en vigueur, les dispositions constructives et le res-
pect des règles d’utilisation ;
1.9 Plan de protection – assurer la pérennité des matériels. Il s’agit, d’une part, de pré-
server les équipements raccordés au réseau des conséquences
Le plan de protection s’appuie, à la fois : thermiques et électrodynamiques d’un défaut affectant ce réseau,
– sur des concepts (en particulier, principes de fonctionnement d’autre part, d’en limiter les conséquences sur le matériel siège du
des protections et automatismes de reprise de service) ; défaut ;
– assurer la continuité de fourniture. Il s’agit de limiter, le plus transit est trop élevé. Les protections déclenchent l’ouvrage en sur-
possible, le nombre d’utilisateurs coupés à la suite d’un défaut sur- charge au bout d’un temps variable, jusqu’à plusieurs minutes,
venu sur le réseau, ainsi que de réduire au maximum la durée de selon le niveau de la surcharge : dans la pratique, on cherche à
cette coupure. prévenir l’opérateur le plus tôt possible pour lui laisser un délai
Pour remplir ces trois missions, le plan de protection doit établir jugé suffisant pour réaménager le réseau, en vue de supprimer la
le meilleur compromis entre différentes qualités, parfois surcharge. Les règles de conception et d’exploitation des réseaux
contradictoires. Il doit être : de distribution sont différentes et font que ce genre de risque n’a
pas à être pris en compte.
– sensible, c’est-à-dire, être capable de détecter le plus grand
nombre possible de types de défauts (concrètement, la sensibilité
d’un plan de protection se résume essentiellement à sa capacité de 2.3 Niveaux de protections
détecter les défauts monophasés résistants) ;
– sélectif, c’est-à-dire, éliminer la partie de réseau en défaut la Les niveaux de protections correspondent aux différents niveaux
plus petite possible ; d’organes de coupure pilotés par le plan de protection ; ils sont
– rapide, pour que les défauts soient éliminés le plus vite placés les uns derrière les autres et numérotés de l’amont vers
possible afin d’en limiter les conséquences ; l’aval. En général, on trouve trois niveaux de protection dans les
– fiable, c’est-à-dire, non seulement détecter à coup sûr les postes primaires :
défauts présents, mais aussi ne pas fonctionner intempestivement ;
– simple. – arrivées (T)HT des transformateurs (T)HT/MT ;
On s’aperçoit que, par exemple, sensibilité et simplicité sont des – arrivées MT sur les jeux de barres MT ;
notions opposées, de même que rapidité et sélectivité. Le meilleur – départs MT ;
compromis qui doit être recherché doit aussi tenir compte de et un, voire deux niveaux, sur le réseau lui-même :
l’aspect économique, en prenant en compte le coût des ouvrages à
protéger, l’impact sur la qualité de fourniture et le coût du plan de • disjoncteur réenclencheur (reclosers) éventuel niveau inter-
protection lui-même. médiaire entre poste primaire et poste utilisateur,
• installations utilisateurs.
2.2 Organisation et principes Il existe quelques cas de figure dans de grands postes primaires,
généralement urbains, où l’on trouve deux jeux de barres MT suc-
Le plan de protection doit être conçu pour répondre à deux cessifs, ce qui porte à quatre le nombre de niveaux de protection
fortes exigences : dans ces postes.
– garantir un fonctionnement même partiellement dégradé en
En France, on désigne historiquement ces deux jeux de barres
cas de défaillance d’une protection ou d’un organe de coupure :
par les niveaux 750 MVA et 12,5 kA, en référence à la puissance ou
dans la pratique, c’est la protection et l’organe de coupure amont
à l’intensité de court-circuit qu’ils sont capables de supporter briè-
qui assurent ce secours ;
vement. Une réactance de limitation du courant de court-circuit est
– prendre en compte les modifications temporaires de réseau : il généralement intercalée entre les deux niveaux. En effet, les maté-
s’agit de prévoir le plan de protection pour tenir compte, à la fois, riels sont dimensionnés pour supporter les efforts électrodynami-
des schémas normaux d’exploitation et des schémas de secours. ques dus à un bref courant de court-circuit donné : les normes
Sur ce dernier point, il faut noter que la prise en compte des internationales parlent de courant admissible de courte durée. Le
schémas de secours est pénalisante en termes de sensibilité et de niveau 750 MVA correspond à la puissance de court-circuit
sélectivité. Le ou les schémas de secours à retenir sont donc des d’anciens transformateurs 100 MVA (courant de court-circuit
schémas susceptibles d’être réalisés relativement souvent et relati- 18,7 kA en 20 kV), tandis que le niveau 12,5 kA correspond à la
vement peu pénalisants en termes de qualité du plan de protection tenue actuelle standardisée en France des ouvrages MT (12,5 kA
(on note que l’on retrouve ainsi la nécessité signalée plus haut pendant 1 s). La notion de puissance de court-circuit est désormais
d’établir le meilleur compromis possible). Il faut noter que l’appa- abandonnée car trop imprécise : en effet, la valeur du courant de
rition des matériels numériques qui autorisent des modifications court-circuit dépend de celle de la tension.
de réglages à distance, voire automatiques sur changement de
topologie du réseau, marque un progrès très net par rapport aux La sélectivité consiste à ne faire ouvrir que le bon organe de
matériels des générations précédentes. En effet, les réglages coupure, du bon niveau, ce qui veut dire, entre autres, qu’un
répondant aux schémas de secours peuvent n’être appliqués que défaut amont ne doit pas entraîner le fonctionnement de la pro-
lorsqu’ils sont effectivement nécessaires, c’est-à-dire lorsque l’on tection aval.
exploite effectivement le réseau en schéma de secours.
Autres exigences, prendre en compte les situations temporaires
particulières, comme, par exemple, lorsque l’on accède aux
ouvrages. En France, on cite le cas des travaux sous-tension qui
3. Éléments de base
conduisent à ce que l’on appelle les régimes spéciaux d’exploi- du plan de protection
tation RSE (cf. § 3.4).
Le plan de protection se décompose en deux volets qui peuvent
être totalement indépendants : 3.1 Méthodes de détection des défauts
– la détection et l’élimination des défauts monophasés (défauts
à la terre) ; L’apparition d’un défaut sur un réseau va engendrer la variation
– la détection et l’élimination des défauts polyphasés de ses grandeurs électriques caractéristiques, voire de certaines
(courts-circuits). autres grandeurs physiques associées. C’est en surveillant et en
La pratique généralisée pour les réseaux à moyenne tension est analysant ces grandeurs que les protections vont être en mesure
de ne pas faire assurer de protections contre les surcharges par le de détecter la présence d’un éventuel défaut et d’agir.
plan de protection, à l’inverse du cas des réseaux de transport. En Les défauts polyphasés vont engendrer une augmentation très
effet, les conducteurs d’une ligne de transport s’allongent importante des courants de phase, ce qui va permettre une
lorsqu’ils s’échauffent et la distance au sol peut se réduire détection assez aisée. Les défauts à la terre sont caractérisés par
dangereusement : les protections de surcharge, notamment, per- une « fuite » de courant qui peut être détectée par l’une des trois
mettent d’éviter ce type de risque, en déclenchant la ligne si son méthodes suivantes :
3.3 Automatismes
Figure 8 – Accélération de protection ou sélectivité logique
3.3.1 Généralités
Les protections détectent les défauts et agissent en conséquence
ces conditions, un défaut situé tout juste en aval de cette pro- soit en provoquant le déclenchement direct d’un départ ou d’une
tection est alors maintenu et ses conséquences sont d’autant plus antenne si elles sont situées en réseau, soit en provoquant la mise
importantes qu’il est proche de la source. en route d’automatismes capables d’éliminer le défaut en limitant
La sélectivité logique ou accélération de protection permet d’évi- autant faire que se peuvent les coupures d’utilisateurs.
ter cet écueil : si une protection détecte un défaut et si aucune des
protections situées en aval n’en détecte, cela signifie que le défaut 3.3.2 Réenclencheurs (reclosers )
est entre la protection et les protections aval, comme indiqué par
la figure 8. La protection ordonne alors l’ouverture de son disjonc- 3.3.2.1 Principes de fonctionnement
teur, sans attendre l’écoulement normal de sa temporisation.
L’automatisme réenclencheur est sûrement l’automatisme de
Ce mode de fonctionnement implique donc un dialogue entre protection des réseaux électriques le plus ancien. Il referme un
protections et quelques précautions (cf. § 6.1.2). départ ou une antenne ouvert suite à l’apparition d’un défaut,
après un temps plus ou moins long, en espérant que le défaut se
3.2.13 Technologie et mise en œuvre soit éliminé de lui-même pendant cette coupure : il s’agit d’un
des protections automatisme de reprise de service. Il a été imaginé pour éliminer
des défauts donnant lieu à un arc dans l’air : pour comprendre le
Jusqu’à la fin des années 1960, les protections étaient principa- mécanisme des cycles successifs d’ouvertures/fermetures
lement électromécaniques : leurs principales caractéristiques commandés par cet automatisme, il est nécessaire d’analyser, au
étaient leur robustesse, mais aussi leurs imprécisions relatives. De préalable, le mécanisme d’apparition/disparition des défauts.
plus, les algorithmes de fonctionnement devaient être assez
simples pour pouvoir être réalisés par de simples composants 3.3.2.2 Typologies des défauts
électromécaniques.
Le maintien d’un arc dans l’air nécessite qu’un minimum de cou-
Les premières protections électroniques sont apparues à la fin rant y circule pour ioniser le milieu. Il s’éteint si le courant devient
des années 1960 avec quelques difficultés initiales de mise au suffisamment faible, par exemple, sous l’effet de l’allongement de
point, essentiellement dues à la prise en compte des perturbations l’arc.
électromagnétiques et une fiabilité moindre, au fur et à mesure
que le nombre de composants s’est accru. En contrepartie, les pos- ■ Défauts auto-extincteurs
sibilités d’algorithmes de fonctionnement se sont accrues, ce qui a Il s’agit de défauts qui s’éteignent naturellement et très rapi-
ouvert la porte à de nouvelles techniques de détection des défauts. dement, en moins de 60 ms environ.
Des protections électroniques particulières fabriquées en France,
à partir de 1985, méritent d’être signalées : il s’agit des protections On a souvent l’habitude de citer comme exemple, celui de brin-
sans alimentation auxiliaire qui, comme leur nom l’indique dilles de paille qui volent au moment des moissons et qui touchent
peuvent fonctionner en l’absence d’alimentation auxiliaire. En brièvement les conducteurs d’une ligne aérienne : les défauts qu’elles
situation normale, leur fonctionnement est tout-à-fait comparable engendrent disparaissent d’eux-mêmes.
à celui de protections traditionnelles, mais lorsqu’une panne de
source auxiliaire survient, elles peuvent fonctionner en s’alimen- ■ Défauts semi-permanents
tant grâce au courant de défaut. Les automatismes comme les
réenclencheurs, par exemple, ne sont plus opérationnels, mais le Il s’agit de défauts qui ne s’éteignent pas naturellement, parce
déclenchement des disjoncteurs reste possible. Comme l’énergie que le courant d’arc est élevé, mais dont la cause disparaît toute
disponible est faible, la bobine des disjoncteurs a dû être rempla- seule : elle disparaît soit très rapidement en quelques dizaines de
cée par un déclencheur à réserve d’énergie électromagnétique millisecondes, soit au bout de quelques secondes ou plus.
appelé percuteur.
Par exemple, deux conducteurs d’une ligne aérienne peuvent se
Les technologies numériques s’imposent désormais, depuis le rapprocher sous l’effet du vent jusqu’à amorcer un arc entre eux ou
début des années 2000, avec pour principales améliorations : bien, une branche d’arbre peut venir toucher un conducteur. Dans les
– des algorithmes de fonctionnement de plus en plus perfor- deux cas, la mise hors tension de la ligne va éteindre l’arc :
mants ; – dans le premier cas, dès que l’air est désionisé autour du siége
– des autotests rendant les matériels beaucoup plus disponibles ; du défaut, la situation redevient normale ; il suffit de quelques
– des communications par réseau local qui simplifient la filerie centaines de millisecondes ;
du poste. – dans le second cas, l’extrémité de la branche peut se consumer
Les protections numériques sont plutôt moins fiables que les en quelques secondes et il n’y a plus de contact accidentel de la
protections électroniques, ce qui s’explique par la fragilité et la branche avec le conducteur.
multitude de composants auxquels elles font appel, mais elles sont
plus disponibles car, grâce aux autotests, elles signalent préventi- ■ Défauts permanents
vement leurs défaillances. À l’opposé, les protections des géné-
rations précédentes étaient dites dormantes, c’est-à-dire que l’on La cause de ces défauts ne peut pas disparaître toute seule.
ne détectait généralement leurs pannes qu’à la suite d’un Il s’agit, par exemple, du claquage d’un isolateur ou de la chute
non-fonctionnement. d’un conducteur.
Apparition du défaut
1 2 3 1 2 3
R1 Relais phase 1
R1 Relais phase 1
R2 Relais phase 2
R2 Relais phase 2
R0 Relais homopolaire
R0 Relais homopolaire
3.5.2 Montage à deux transformateurs Figure 13 – Raccordement des écrans en présence d’un tore
de phase et à un tore résiduel
Le montage est le suivant (figure 12).
3.5.4 Capteurs non conventionnels
La principale différence par rapport au montage précédent
réside dans la mesure du courant résiduel qui est directe grâce au La technologie de capteurs de courant la plus répandue à l’heure
tore qui prend en compte les trois phases. actuelle sur les réseaux MT est celle traditionnelle des transforma-
Cette méthode de mesure présente l’avantage d’être beaucoup teurs de courant bobinés à circuit magnétique : isolation MT ou
plus précise que la précédente. Elle atteint toutefois ses limites BT, tore ouvrant ou fermé.
lorsque le courant résiduel est très faible face aux courants de
phase, sauf à utiliser des matériaux magnétiques très performants. La nouvelle technologie de capteurs à fibre optique utilisant
Elle est utilisée dès lors que les protections nécessitent un certain l’effet Faraday (déviation de la polarisation de la lumière sous
niveau de précision ; c’est, par exemple, le cas des protections l’effet d’un champ magnétique) est largement déjà présente sur les
contre les défauts monophasés des réseaux à neutre MT réseaux de transport : les capteurs optiques ont, par exemple, tota-
compensé où les intensités des courants de défauts sont faibles et lement remplacé les capteurs bobinés à circuit magnétique sur les
où les erreurs angulaires doivent rester faibles. À noter que l’on réseaux THT et HT japonais. Elle commence à apparaître sur les
voit apparaître actuellement des protections numériques capables réseaux MT. Ils présentent l’avantage d’une mise en œuvre simpli-
de compenser l’erreur angulaire du tore. fiée car la mesure se fait via une simple fibre optique, mais, d’une
part, leur coût est encore supérieur à celui des transformateurs
traditionnels bobinés, d’autre part, ils demandent quelques
3.5.3 Raccordement des écrans de câble précautions d’utilisation car la mesure est sensible à la tempé-
rature et aux vibrations : l’électronique associée (conversion
Il y a lieu de prendre des précautions lorsqu’un tore est monté optique/électrique) doit être prévue en conséquence.
autour d’un ou plusieurs câbles. En effet, les écrans voient circuler
en permanence des courants « parasites » et pendant un défaut, ils
véhiculent des courants consécutifs à ce défaut (courants de retour
et courants induits). Pour mesurer la somme des courants circulant 3.6 Mesure des tensions
effectivement dans les âmes des câbles, il faut neutraliser les
courants d’écran. La méthode utilisée consiste à faire passer dans Les tensions des trois phases sont mesurées par rapport à la
le tore les mises à la terre des écrans selon le schéma de la terre. Pour mesurer la tension résiduelle, il suffit de mettre en série
figure 13. les trois tensions images des tensions de phase. En général, on
Les courants d’écrans traversent le tore une fois dans un sens et utilise un générateur de tension homopolaire raccordé selon le
une fois dans l’autre ; ils s’annulent. schéma de la figure 14.
4. Importance du régime
4.2.3 Franchissement de la basse tension
de neutre par la moyenne tension
Ligne MT
Réseau BT
Transformateur MT/BT
Mise à la terre
des masses métalliques
Ligne MT
Réseau BT
Amorçage éclateur
masse/neutre BT
Transformateur MT/BT
Mise à la terre
du neutre BT Lave linge
Mise à la terre
des masses métalliques
Le réseau étant durablement exploité en présence d’un défaut, La solution la plus simple et la plus économique est de relier
outre de très bonnes prises de terre, l’isolement du réseau doit directement le neutre à la terre : les tensions des phases saines ne
être correct (les phases saines sont maintenues à des niveaux de changent pratiquement pas en cas de défaut à la terre, ce qui évite
tension élevée, très proches de la tension composée, durant toute de prévoir un isolement dimensionné pour les tensions compo-
la durée du défaut) et la tenue thermique de l’appareillage, essen- sées. Les réseaux à neutre direct et distribué sont économiques.
tiellement l’impédance de compensation, doit être dimensionnée Compte tenu de la valeur des courants de défaut monophasés
en conséquence. On n’oubliera pas non plus, la terre des écrans en jeu, pour limiter les surtensions locales, le neutre est mis à la
des câbles si le réseau comporte des portions souterraines. terre chaque 200 m environ, ce qui permet de réduire la valeur des
Si l’origine du neutre compensé est la recherche de la qualité de prises de terre.
fourniture, la nécessité de la maîtrise des surtensions n’en a été La valeur du courant de défaut est limitée par l’impédance du
qu’une conséquence. À l’opposé, si aujourd’hui plusieurs distribu- tronçon en court-circuit et diminue avec l’éloignement du poste
teurs, comme en France, en Italie ou en Scandinavie, optent désor- primaire, mais reste cependant élevée, ce qui favorise le recours à
mais pour le neutre compensé, c’est en premier lieu pour maîtriser la protection par fusibles.
les surtensions.
Le plan de protection est assez complexe car il faut coordonner
En effet, si le régime de neutre de type faiblement impédant ou les fusibles par niveaux en tenant compte, à la fois, de la distance
de neutre isolé qu’ils avaient respectivement adopté était initia- par rapport à la source et des schémas de reprise.
lement bien adapté à leurs réseaux essentiellement aériens, ce
n’est plus le cas aujourd’hui. En effet, dans le cas d’un réseau 4.3.4.2 Neutre non distribué
aérien et d’un neutre faiblement impédant, le courant de défaut
monophasé est directement égal au courant circulant dans le Ce type de réseau peut être considéré comme un cas particulier
neutre. Il est donc facile de le maîtriser et ainsi de maîtriser les de réseau à neutre faiblement impédant. Il nécessite que la valeur
niveaux de surtension en cas de défaut monophasé. Dans le cas de des prises de terre soit extrêmement faible pour que les niveaux
réseaux aériens à neutre isolé, le courant de défaut est prati- de surtensions restent dans des limites acceptables, mais il pré-
quement nul car les courants capacitifs sont négligeables. sente l’avantage d’engendrer des intensités de courant de défaut
Aujourd’hui, le développement croissant des réseaux souterrains élevées, faciles à détecter.
entraîne de fortes augmentations des courants capacitifs, donc des Cette technique a cours, dans quelques régions de Grande
courants de défaut à la terre nettement plus élevés : 1,5 km de Bretagne et d’Espagne.
câble apporte 2,5 à 4 A de courant capacitif selon sa section et sa
technologie. En comparaison, 1 km de ligne aérienne n’apporte, en 4.3.5 Cas particulier des réseaux souterrains
moyenne, que 0,05 A de courant capacitif, c’est pourquoi on
néglige généralement cet apport. Lorsque les réseaux sont entièrement souterrains, le problème
des montées en potentiel en cas de défaut à la terre se pose diffé-
Dans les pays qui viennent d’adopter le neutre compensé, les
remment. Les écrans des câbles sont connectés à la terre, a
prises de terre en réseau ont été réalisées dans le cadre d’une
minima, à leurs deux extrémités. Lorsqu’un défaut à la terre se
exploitation où un défaut est éliminé dès qu’il est détecté. Leur
produit, le courant de défaut va s’écouler à travers le réseau de
valeur n’est généralement pas compatible avec une exploitation à
terre constitué par le maillage de ces écrans. L’impédance de ce
défaut maintenu, même avec un courant de défaut de faible valeur
réseau maillé est faible, le plus souvent, inférieure à 2 Ω.
(pour mémoire, la normalisation internationale impose que la
montée en potentiel au lieu du défaut reste inférieure en perma- Dans ces conditions, même si la valeur des courants capacitifs
nence à 50 V pour une exploitation à défaut maintenu). est forte, la montée en potentiel au lieu du défaut est limitée. C’est
pourquoi, la mise à la terre du neutre peut être réalisée à l’aide
Il est donc nécessaire de faire appel à des protections assez d’une résistance de faible valeur qui facilite la détection et la loca-
sophistiquées qui analysent les phénomènes transitoires pour lisation des défauts. En France, en 20 kV, le courant de neutre est
détecter et éliminer très vite les défauts monophasés. limité à 1 000 A par une résistance de 12 Ω.
Alors que pour les pionniers du neutre compensé, l’amélioration Le passage progressif de réseaux mixtes en réseaux entièrement
de la qualité de fourniture était la motivation première, pour les souterrains peut donc conduire à remplacer un régime de neutre
nouveaux convertis c’est la maîtrise des surtensions qui en est le compensé par une mise à la terre par résistance : il existe de tels
moteur. Pour eux l’amélioration de la fourniture n’est qu’une cas en Allemagne, même si au Danemark on peut rencontrer des
heureuse conséquence de ce changement de politique de neutre réseaux entièrement souterrains qui ont conservé leur neutre
MT, amélioration toutefois limitée par la non-exploitation à défaut compensé.
maintenu.
Dérivation
souterraine Fusible
Départ aérien
Fusible
Dérivation
souterraine
C’est pourquoi les défauts doubles font de plus en plus, l’objet ce qui conduit à des courants de défauts à la terre et de défauts
de traitements particuliers (déclenchements instantanés et/ou inhi- polyphasés du même ordre de grandeur (cf. § 4.3.4). Souvent, les
bition des cycles de réenclenchement par exemple). D’ailleurs, cer- dérivations sont protégées par de simples fusibles conformément
taines autorités de régulation européennes commencent à fixer à la figure 21.
des règles à leurs sujets (nombre et pourcentage de défauts
doubles annuels autorisés, par exemple). Pour les éviter, la seule
parade est le maintien d’un bon niveau d’isolement du réseau.
5.2 Technologie et mécanisme
de la coupure par un fusible limiteur
5.2.1 Description
5. Protection par fusibles Un fusible MT est constitué d’un noyau en céramique sur lequel
sont enroulés des fils d’argent et placé dans une enveloppe her-
5.1 Domaine d’utilisation métique remplie de sable. Des rétrécissements de section sont pla-
cés à intervalles réguliers sur les fils d’argent (figure 22).
La technologie des fusibles est relativement simple mais leur
La conception des fusibles avec leur fils d’argent crantés
mise en œuvre présente plusieurs inconvénients, sur lesquels on
explique leur relative fragilité, et, cela d’autant plus que le courant
reviendra plus loin :
assigné est faible (le fil est alors de plus en plus fin). Elle conduit
– un domaine de tension limité (MT et BT) ; aussi à des dimensions relativement importantes puisqu’une fois
– une fragilité intrinsèque et des dispositifs supports parfois le fusible fondu, la tenue diélectrique entre entrée et sortie du
complexes ; fusible doit répondre aux exigences de séparation des deux
– des coordinations parfois délicates entre niveaux de circuits, celui alimentant et celui séparé. De plus, le support du
protection ; fusible doit posséder des caractéristiques électriques identiques.
– la nécessité de remplacement après fonctionnement ; C’est une des raisons, avec la difficulté de la coupure, notamment,
– des risques de surtension par effet LdI/dt avec L l’inductance pour lesquelles la technique des fusibles est limitée aux réseaux
du circuit source. MT et BT.
Il n’en reste pas moins que leur simplicité et leur rapidité sont Le principe des fusibles BT est identique mais les contraintes de
des avantages incontournables. Par exemple, ils sont très bien tenue diélectrique sont moindres, ce qui permet la conception de
adaptés à la protection des transformateurs MT/BT scellés. En matériels aux dimensions réduites par rapport à la MT.
effet, un amorçage dans l’huile du transformateur va provoquer la
formation de gaz et de forts échauffements : la pression à 5.2.2 Mécanisme de la coupure
l’intérieur de la cuve du transformateur va augmenter très rapi-
dement. Il est important de réagir très vite pour éviter tout risque La coupure et la limitation du courant sur défaut mettent en
d’éclatement de cette cuve. La rapidité de fusion des fusibles est œuvre trois phénomènes.
appréciable. ■ Pré-arc
Autre exemple, celui des réseaux nord-américains à moyenne Sous l’effet du passage du courant de défaut, les filaments
tension qui sont généralement à neutre direct à la terre distribué, d’argent s’échauffent et fondent au niveau des rétrécissements de
Sable
Noyau
Enveloppe
section. Le temps de pré-arc est le délai qui s’écoule entre le début accepté si l’installation fonctionne dans un milieu à la température
du passage de courant et la première fusion de filament. C’est une particulièrement élevée.
caractéristique temps-courant décroissante.
■ Sous-calibrage
■ Fusion et coupure Les courants de surcharge occasionnelle peuvent entraîner la
En fondant, les fils dégagent des vapeurs métalliques par les- fusion du fusible dans la zone de non-coupure. Aucun sous-cali-
quelles le courant à couper transite (sous la forme d’arcs métal- brage ne peut être accepté.
liques). Le sable du fusible refroidit ces arcs dont la tension s’élève
progressivement. Lorsque le cumul des tensions d’arcs atteint la
tension du réseau, les arcs s’éteignent et le courant est coupé. 5.3 Protection des postes MT/BT
■ Limitation du courant par fusible
L’accroissement des tensions d’arc provoque l’augmentation de
la résistance apparente du fusible, ce qui permet de limiter l’inten- 5.3.1 Principes
sité du courant de défaut.
Dans ces conditions, la coupure d’un courant de défaut par un Pour éviter la coupure complète d’un départ au niveau du poste
fusible est très rapide (quelques millisecondes lorsque le courant primaire, on protège les transformateurs des postes MT/BT afin de
de court-circuit est élevé) et le courant n’atteint pas sa valeur maxi- les déconnecter du réseau lorsqu’un défaut intervient dans l’un
male (ou valeur présumée). En contrepartie, la coupure extrê- d’eux (à l’exception des transformateurs sur poteaux qui ne
mement rapide du courant peut générer, par effet inductif, des possèdent pas toujours de protection).
surtensions très élevées sur le réseau (V = LdI/dt). La solution que l’on rencontre le plus fréquemment est celle de
la protection par fusible qui présente l’avantage de limiter la valeur
du courant de défaut, d’être extrêmement rapide, comme on l’a vu
5.2.3 Zones de fonctionnement d’un fusible précédemment et d’être relativement peu coûteuse.
On distingue trois zones de fonctionnement.
■ Courants normaux 5.3.2 Protection des postes MT/BT
Ce sont des courants inférieurs ou égaux au courant assigné. Le La structure universellement admise pour un poste MT/BT au sol
fusible les transite sans aucune manifestation intérieure ou exté- comprend d’amont en aval :
rieure. – un tableau MT (arrivées et départs du poste MT/BT) protégé
■ Courants de défauts par le disjoncteur de départ du poste primaire ;
– une liaison MT en câbles protégée par un fusible placé en tête
Ce sont des courants de valeur supérieure à environ cinq fois le
du départ du tableau MT, reliant le tableau MT du poste MT/BT au
courant assigné. Dans cette zone, le fusible fond, limite le courant
transformateur MT/BT ;
et assure la séparation du circuit en défaut.
– un transformateur MT/BT ;
■ Zone de non-coupure – une ou plusieurs liaisons BT par câbles entre le transformateur
La valeur du courant se situe entre le courant assigné et environ MT/BT et le tableau BT ;
cinq fois le courant assigné. Le fusible fond mais le courant n’est – le tableau BT des départs réseau BT.
pas coupé. Si l’intensité du courant de défaut est faible, l’accrois- Le fusible MT placé en tête de la liaison MT issue du tableau MT
sement du nombre de points de fusion aux rétrécissements de du poste assure la protection, successivement de la liaison MT, du
section des fils d’argent est lent. La résistance d’arc due à chaque transformateur MT/BT, de la liaison BT et du tableau BT. En
nouvelle fusion est compensée par la diminution, sous l’effet de France, il existe désormais des transformateurs qui intègrent une
l’échauffement, de la résistance d’arc des points de fusion déjà protection puissance ; ils sont appelés transformateurs à protec-
existants. La tension d’arc globale du fusible reste trop longtemps tion coupure (par fusibles notamment mais pas exclusivement).
inférieure à la tension du réseau ; le fusible est détruit Les départs réseau BT possèdent leurs propres fusibles de protec-
consécutivement à son échauffement intense (les explosions sont tion placés sur le tableau BT. Il faut toutefois noter que l’on ren-
fréquentes). contre, désormais de plus en plus souvent, des protections par
disjoncteurs qui présentent l’avantage d’une coupure triphasée.
5.2.4 Calibrage d’un fusible L’examen du schéma de la figure 23 montre que :
– en cas de défaut situé en zone (4), le fusible BT du départ
Les zones de fonctionnement d’un fusible sont référencées par
concerné doit fondre mais le fusible MT du tableau MT, ne doit ni
rapport au courant assigné. Cela veut dire qu’un fusible est adapté
fondre, ni être dégradé par le passage du courant de défaut ;
au matériel qu’il doit protéger et notamment à la charge qu’il
– en cas de défaut situé en zone (1), (2) ou (3), le fusible du
représente. Il doit laisser passer les surintensités occasionnelles,
tableau MT doit fondre dans des temps compatibles avec la sécu-
par exemple, les surcharges temporaires dues au courant d’appel
rité des biens et des personnes ;
à la mise sous tension de l’installation (courant magnétisant d’un
transformateur, courant de démarrage d’un moteur). Le courant de – en particulier, le transformateur MT/BT ne doit ni exploser ni
charge normale doit être situé au-dessous de la zone de non-cou- être abîmé lorsqu’il voit circuler un courant de défaut dû à un
pure du fusible et les courants de défauts, quel que soit l’endroit court-circuit situé en aval sur la basse tension.
où le défaut est situé, doivent se situer dans la zone de coupure du
fusible. 5.3.3 Calibres des fusibles
C’est pourquoi, les fusibles sont différents selon l’installation
qu’ils doivent protéger (transformateur, moteur...) ; leur calibre Par le jeu de grandeurs de valeurs normalisées, il est possible de
exprimé en ampère correspond à la puissance assignée de l’appa- caractériser une installation MT raccordée à un réseau de distri-
reil à protéger. bution grâce aux valeurs suivantes :
– tensions assignées MT ;
■ Surcalibrage – courant admissible permanent (puissance assignée) et courant
Il peut conduire à des non-coupures dans le cas de courants de admissible de courte durée (courant et durée du courant de
défauts de faible intensité. Le surcalibrage peut toutefois être court-circuit admissible).
Fusibles BT
Fusible MT
1
4
10 6,3 A 16 A 32 A 32 A 63 A 63 A
15 6,3 A 16 A 16 A 16 A 43 A 43 A 63 A
20 6,3 A 16 A 16 A 16 A 43 A 43 A 63 A/43 A
de défaut est trop faible pour solliciter les fusibles. Deux cas de 5.4.2 Précautions d’emploi
figure sont alors à considérer :
On a déjà vu que l’utilisation d’un fusible de nature et de calibre
– le défaut reste monophasé et il est éliminé par les protections adaptés est un impératif. Ne pas respecter cette exigence, c’est
du poste primaire ; l’intensité du courant de défaut est suf- s’exposer à des non-coupures c’est-à-dire à des explosions de
fisamment faible et de durée suffisamment courte pour ne pas être fusibles.
dangereuse ;
Par ailleurs, un fusible est un élément fragile, d’autant plus que
– le défaut évolue rapidement en défaut polyphasé et il est nor- son calibre est faible. En effet, dans ce cas, le courant d’appel des
malement éliminé par les fusibles MT. transformateurs MT/BT est proportionnellement plus élevé et la
Le nombre de cas de défaut monophasé stable dans les postes petite section des fils d’argent les fragilise sur le plan mécanique.
MT/BT est suffisamment faible pour que la qualité globale de la C’est pourquoi, un fusible doit être manipulé avec soin. Si l’on met
fourniture ne soit pas sensiblement affectée. sous tension un fusible coupé ou abîmé, le courant va transiter au
sein du fusible, dès le départ ou au bout de quelque temps, sous
forme d’arcs métalliques.
À terme, en général quelques heures, le fusible va être détruit
5.4 Quelques compléments par l’échauffement avec un risque non négligeable d’explosion.
sur les fusibles MT
■ Ponts fusibles
6.1 Principes de sélectivité
Ils sont utilisés sur les réseaux aériens et sont placés à l’air libre. entre protections
Ils sont incorporés aux ponts de raccordement des transforma-
teurs « hauts de poteaux » à la ligne MT. Ce sont des matériels
protégés contre le rayonnement solaire, car la température 6.1.1 Sélectivité chronométrique
ambiante du fusible est un paramètre essentiel de son
Le principe est extrêmement simple, seul le disjoncteur placé
comportement, et qui doivent résister à des contraintes mécani-
immédiatement en amont d’un éventuel défaut doit être le premier
ques fortes.
à s’ouvrir. Pour y parvenir, il est nécessaire de respecter certaines
Leur calibrage est prévu pour protéger les personnes et l’envi- règles.
ronnement (il faut éviter les explosions de transformateurs) et il ne
protège pas forcément le transformateur. En effet, la réunion des 6.1.1.1 Protections à temps constant (sélectivité
deux critères peut conduire à une impossibilité de conception. longitudinale)
On trouve souvent dans les pays étrangers des fusibles placés Soit le schéma de la figure 25 où un défaut apparaît en aval du
dans des portes fusibles fixés sur l’armement du poteau support disjoncteur A : il doit s’ouvrir sans que le disjoncteur B ne s’ouvre.
du transformateur. Les deux disjoncteurs sont respectivement temporisés aux
valeurs tA et tB , c’est-à-dire qu’ils s’ouvrent au bout des temps tA
■ Fusibles à expulsion et tB. Ces deux valeurs doivent être coordonnées pour éviter qu’un
Ces fusibles sont construits autour d’un fil fusible tendu au sein défaut situé en aval du point A ne fasse ouvrir en premier le dis-
d’une ampoule de gaz. Au moment de passage du courant et de la joncteur placé en B.
fusion du fil, le gaz monte en pression et s’échappe par une sou- On suppose que les deux protections en A et B ont les mêmes
pape. En s’échappant, il souffle l’arc qui s’est établi après la fusion caractéristiques constructives : à l’apparition du défaut, les deux
du fil. Ce type de fusible présente deux inconvénients : l’expulsion protections vont réagir de la même manière et à partir de cet ins-
de gaz chauds et la non-limitation du courant de défaut. tant, les deux temporisations tA et tB vont courir.
Si ∆tA est l’imprécision sur tA , le disjoncteur A va s’ouvrir entre
■ Fusibles à percuteur tA – ∆tA et tA + ∆tA . Dans le cas le plus défavorable, ce sera au bout
La fusion du fusible libère un percuteur qui va agir sur un dispo- de tA + ∆tA. À cet instant, l’ordre est donné au disjoncteur A de
sitif à réserve d’énergie, en général un interrupteur qui s’ouvre s’ouvrir : le courant de défaut disparaît au bout de tc (temps
donc après la fusion du fusible. L’ensemble, appelé fréquemment d’ouverture du disjoncteur et d’extinction du courant).
fusibles combinés, présente l’avantage d’une déconnexion tripo- Dès lors, le défaut est effectivement éliminé et les deux protec-
laire, mais est plus coûteux que de simples fusibles. tions, A et B, vont revenir en position de veille au bout de tr (temps
de retombée des protections supposée identique pour les deux
■ Transformateur à protection coupure protections).
Ces transformateurs ont vu le jour en France. Ils possèdent un
système de protection interne qui assure leur déconnexion du
réseau. Basées sur des dispositifs à fusibles, certaines réalisations
sont capables de se déconnecter sur les trois phases, y compris en
cas de défaut monophasé, grâce à la mesure du courant résiduel B A
qui agit sur un dispositif mécanique de coupure. D’autres disposi-
tifs internes, pression, gaz… peuvent aussi intervenir. Le transfor-
mateur doit être remis en état en usine en cas de fonctionnement
du dispositif de déconnexion. Figure 25 – Sélectivité longitudinale
Temps
de montée ∆tA ∆tA tc élimination
tA du défaut
tr retour
du relais ∆tB ∆tB
tB
Intervalle minimal
Figure 26 – Intervalle de sélectivité entre une protection amont et une protection aval
t
Courbe enveloppe la plus lente
B
Courbe théorique
Courbe enveloppe la plus rapide C
A
tB – ∆tB D
Intervalle supérieur
à tc + tr E
tA + ∆tA
E
6.2.1 Niveaux de seuils
Les réglages d’une protection doivent répondre à deux
impératifs :
Figure 29 – Accélération de protection (sélectivité logique)
– être les plus bas possibles pour détecter le plus grand nombre
de défauts possibles ;
– être assez élevés pour éviter les fonctionnements intempestifs.
Intervalle de sélectivité = 200 ms + écart entre la courbe la De ce fait, on risque de se heurter à des difficultés dans les deux
plus rapide et la courbe la plus lente cas suivants.
■ Défauts polyphasés
Le courant de défaut en extrémité de réseau peut être plus faible
6.1.2 Sélectivité logique que le courant assigné du départ ; il y a lieu de faire le meilleur
compromis possible entre, modification du schéma d’exploitation,
Ce type de sélectivité s’appuie sur un raisonnement logique. restructuration du réseau... Le plus souvent, ce cas de figure cor-
Ci-après, deux exemples. respond à un schéma de dépannage.
6.1.2.1 Accélération de protection Dans les réseaux nord-américains, on utilise des protections
décentralisées en réseau qui ont des seuils de réglages décrois-
Lorsqu’un défaut apparaît (figure 29) entre le disjoncteur A et sants au fur et à mesure que l'on s'éloigne de la source ; toutefois,
les disjoncteurs B, C, D, E, il est détecté par la protection A et il ne cette technique pose problème en cas de reprise de réseau
l’est pas par les protections B, C, D et E. Dans ces conditions, il consécutivement à un défaut, par exemple, avec changement du
n’est pas nécessaire d’attendre l’échéance de la temporisation de flux d’énergie.
la protection A pour ordonner l’ouverture du disjoncteur A. Toute-
fois, pour appliquer ce principe logique, il est nécessaire que la ■ Défauts monophasés
protection A soit informée du comportement des protections B, C, Le réglage doit être supérieur au courant capacitif. Ce point est
D et E, ce qui implique une communication entre protections. largement développé dans [D 4 812] car la sensibilité du plan de
protection peut être très fortement réduite, voire nulle lorsque le
Ce type de logique est fréquemment utilisé pour protéger les
courant capacitif croît.
jeux de barres MT, mais il est nécessaire d’observer certaines
règles :
– les communications entre protections doivent être rapides et 6.2.2 Coefficients de sécurité
fiables, c’est pourquoi, les liaisons fils à fils sont souvent privilé- Pour que deux protections placées l’une derrière l’autre fonc-
giées par rapport à des communications par bus de terrains (toute- tionnent correctement, il est nécessaire que la protection amont
fois, cette disposition a tendance à disparaître avec l’apparition de soit moins sensible que l’aval. C’est pourquoi, on affecte le réglage
nouvelles normes de communication, notamment la norme de la protection amont d’un coefficient de sécurité d’au moins 1,2
CEI 61 850 et ses informations prioritaires GOOSE) ; en terme de sensibilité, par rapport à la protection aval.
– les protections doivent avoir les mêmes caractéristiques de
Ce coefficient s’applique directement sur les réglages voltmé-
détection des défauts ainsi que des réglages coordonnés (par
triques ou les réglages wattmétriques, mais ce n’est pas direc-
exemple, il ne faut pas que la protection A détecte plus de défauts
tement possible pour les réglages ampèremétriques. En effet, si on
que les protections B, C, D et E, ou ne les détecte plus rapidement).
peut le faire pour les seuils ampèremétriques de détection des
La topologie des installations doit être soigneusement prise en défauts polyphasés, ce serait une erreur dans le cas de la détection
compte (en particulier, les schémas de secours). des défauts monophasés. En effet, d’autres coefficients intervien-
nent : ce point fait l’objet d’un développement complet dans le ■ Réenclenchements automatiques
§ 3.1.2 de [D 4 812]. Le rôle principal de l’automatisme réenclencheur est d’éliminer
les défauts semi-permanents. À noter qu’un réenclenchement
Sensibilité amont 1,2 Sensibilité aval rapide peut aussi provoquer l’élimination d’éventuelles pro-
ductions décentralisées lorsqu’apparaît un défaut sur le départ.
maintenu et son rôle se limite alors à signaler quel est le départ Elle détecte, grâce à un deuxième seuil, également de manière
défectueux. centralisée, la présence de défauts résistants et très résistants sur-
venant sur le réseau MT ; cette détection, dite de terre résistante et
■ Protection directionnelle homopolaire qui n’est pas sélective a été présentée au § 3.3.4.
Cette protection est utilisée dans le cas des réseaux avec déclen-
chement sur défaut ; elle est conçue pour détecter et éliminer des ■ Protection contre les défauts résistants et très résistants
défauts stables à 50 Hz avec une très bonne sensibilité (la limite de Depuis peu, on voit apparaître des protections centralisées
sensibilité est liée au courant de déséquilibre naturel du départ) : capables de détecter les défauts résistants et très résistants selon
le courant de défaut doit être suffisamment élevé pour que le cou- le principe de la variation d’impédance homopolaire exposé au
rant de déséquilibre naturel soit négligeable devant lui. § 3.2.10.
■ Détection des défauts réamorçants
Ces défauts n’ont, pendant longtemps, pas été traités, car ils 6.3.7 Contrôles avant mise en œuvre
étaient rares sur les réseaux aériens. Par ailleurs, ils sont sans Il y a lieu de vérifier lors de l’élaboration du plan de protection et
conséquences particulières sur les réseaux à défaut maintenu et du calcul des réglages que les contraintes suivantes sont bien
dans le cas des réseaux avec déclenchement sur défaut, la ten- respectées :
dance est de les éliminer par des protections directionnelles 50 Hz :
en effet, elles sont assez souvent capables de les détecter, sinon le – la sensibilité du plan de protection est satisfaisante ;
défaut évolue en défaut stable 50 Hz. – la sensibilité décroît de l’aval vers l’amont avec, entre deux
niveaux de protections consécutifs, un coefficient de sécurité d’au
Il existe désormais des protections dérivées des relais wischer moins 1,2 ;
(détection et comptage des réamorçages dans une fenêtre de
– un intervalle de temps minimal existe entre deux niveaux de
temps donnée) qui sont associées à des protections directionnelles
protections consécutifs (0,25 ou 0,3 s selon la technologie des pro-
50 Hz. II existe aussi des protections appelées PWH2, développées
tections pour des protections à temps constant).
en France, et qui analysent le sens du transit de l’énergie active
résiduelle ; elles sont sensibles, à la fois, aux défauts réamorçants
et aux défauts stables à 50 Hz.
6.4 Exemple concret
■ Réenclenchements automatiques
Il n’y en a généralement pas car son efficacité est très limitée, Le schéma de la figure 31 illustre le plan de protection des
compte tenu du caractère naturellement auto-extincteur des réseaux français lorsqu’ils sont à neutre faiblement impédant. La
défauts. technologie retenue pour cet exemple est celle dite du « palier
classique » français. Il existe, en France, deux autres plans de pro-
6.3.6.2 Arrivées MT tections, plus complexes et liées à des technologies de protection
différentes, celui relatif au palier 86 faisant appel à des protections
■ Protection voltmétrique sans alimentation auxiliaire (PSAA) et celui lié aux protections
Elle permet d’assurer le secours des protections de départs et la numériques du palier de contrôle-commande numérique (PCCN).
protection du jeu de barres MT. Elles ne sont pas utilisées systé- En plus des indications données précédemment, il est néces-
matiquement car on peut préférer d’autres solutions (par exemple, saire de fournir quelques compléments pour comprendre ce
protection voltmétrique située au niveau du transformateur ou schéma :
arrivée traitée comme un départ si l’impédance de neutre est
– la signification des symboles RPh, RH et T est successivement
située sur le jeu de barres MT).
relais ampèremétrique à maximum d’intensité de phase, relais
ampèremétrique homopolaire à maximum d’intensité et
6.3.6.3 Transformateurs (T)HT/MT
temporisation ;
■ Relais Buccholz – la résistance de mise à la terre du neutre bénéficie de deux
Il est cité, pour mémoire, car fonctionnant sur des grandeurs protections :
non électriques ; il ne fait pas la distinction entre défauts mono- • d’une part, une protection thermique, appelée thermique
phasés et polyphasés. neutre dans le schéma, réalisée grâce à une courbe à temps
inverse image de l’échauffement admissible de l’équipement
■ Protection différentielle et qui provoque le déclenchement du transformateur,
Elle est citée, pour mémoire, car elle est efficace à la fois contre • d’autre part, une détection de rupture de neutre par absence
certains défauts monophasés (lorsqu’ils sont situés du côté pri- de courant permanent (le déséquilibre naturel du réseau pro-
maire, les défauts côté secondaire ne donnant souvent pas lieu à voque la circulation d’un très faible courant dans la mise à la
la circulation de courants de défaut mesurables, à ce niveau) et terre du neutre), qui n’engendre qu’une alarme ;
ceux polyphasés. – le relais pression gaz température du transformateur des
■ Protections de masse services auxiliaires détecte les défauts survenant dans cet appareil
(apparition d’une surpression dans la cuve, d’un dégagement de
Elles peuvent être multiples pour protéger, d’une part, le trans- gaz ou d’une augmentation de la température d’huile) ;
formateur lui-même, d’autre part, ses équipements annexes (mise
– deux accélérations de protection distinctes, notées sélectivité
à la terre du neutre, MT, services auxiliaires...). Elles sont peu fré-
logique (Sél. logique) dans le schéma, protègent, d’une part, le jeu
quentes, la plupart des distributeurs préférant installer des pro-
de barres MT (entre arrivée et départs MT), d’autre part, la liaison
tections différentielles. En France, les protections de masse
MT (entre bornes MT du transformateur HT/MT et arrivée MT) ;
associent des protections ampèremétriques et des protections
wattmétriques insensibles au sens de circulation de l’énergie. – deux protections de masse distinctes protègent, d’un côté, le
transformateur HT/MT, de l’autre, le transformateur des services
■ Protection voltmétrique auxiliaires et les câbles de la liaison contre les défauts monopha-
Placée dans la connexion de mise à la terre du neutre MT et pos- sés et biphasés à la terre ;
sédant plusieurs seuils, elle protège, à l’aide d’un premier seuil, la – la protection de terre résistante sollicite un dispositif automa-
liaison entre le transformateur et le ou les disjoncteurs d’arrivée tique de recherche qui ouvre successivement les départs ;
MT et secourt les protections de départs contre les défauts mono- – une protection wattmétrique PWH figure en option sur les
phasés. départs pour améliorer la sensibilité des protections de départ.
Transformateur Liaison : 2RPh, 1RH, T Arrivée : 2RPh, 1RH, T Départ : 2RPh, 1RH, T PWH
Relais Buccholz
Déshinibinition
Thermique
neutre
Masse cuve
Automatisme shunt
Masse grille