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Rééducation
et de Réadaptation des Pays de Loire
54, rue de la Baugerie
44230 St Sébastien Sur Loire
AUTRET FLORENT
3ème année de kinésithérapie
RESUME
MOTS-CLES
Tétraplégie haute
Autonomie respiratoire
Troubles ventilatoires
Alitement prolongé
Sommaire
1 Introduction ................................................................................................ 1
2 Données anatomo-physio-pathologique..................................................... 2
2.1 Anatomie et physiologie de la moelle épinière .................................... 2
2.2 Syndromes médullaires et tétraplégie ................................................. 3
3 Anamnèse .................................................................................................. 4
3.1 Présentation du patient ....................................................................... 4
3.2 Antécédents ........................................................................................ 5
3.3 Histoire de la pathologie ..................................................................... 5
3.4 Motif d’hospitalisation et traitement ..................................................... 5
3.5 Souhaits du patient ............................................................................. 5
4 Evaluation initiale à J+27 de l’accident (19/09/2011) ................................. 5
4.1 Déficits de structures .......................................................................... 5
4.2 Déficits de fonctions ............................................................................ 6
4.3 Limitations d’activités ........................................................................ 10
4.4 Restrictions de participations ............................................................ 10
5 Bilan ......................................................................................................... 10
5.1 Diagnostic masso-kinésithérapique .................................................. 10
5.2 Objectifs ............................................................................................ 11
5.3 Moyens mis en œuvre ...................................................................... 12
6 Traitement ................................................................................................ 12
6.1 Principes de traitement ..................................................................... 12
6.2 Rééducation musculaire cervico-céphalique ..................................... 13
6.3 Rééducation ventilatoire ................................................................... 14
6.4 Autres techniques ............................................................................. 20
7 Examen de fin de prise en charge à J+58 (20/10/2011) .......................... 26
7.1 Déficiences ....................................................................................... 26
7.2 Limitations d’activités et restrictions de participation......................... 27
8 Discussion................................................................................................ 28
9 Conclusion ............................................................................................... 30
1 Introduction
Ce mémoire traite, sous la forme d’un cas clinique, de la prise en charge d’un
patient tétraplégique C2 incomplet à la suite d'un accident de plongeon dans
une eau peu profonde. La prise en charge se déroule en phase initiale dans le
service de Réanimation du Centre Hospitalier Régional d’Annecy.
Le patient est motivé, ceci est en accord avec la nécessité de réaliser des
séances biquotidiennes. D’après L. Bard-Frenot, JF. Ravaud : « L’assiduité est
vectrice d’une diminution du temps d’hospitalisation et d’une meilleure
réinsertion sociale. » (3)
1
2 Données anatomo-physio-pathologique
2.1 Anatomie et physiologie de la moelle épinière
La moelle épinière naît à la partie supérieure du cou ; elle fait à peu près
l’épaisseur d’un petit doigt et s’amincit à mesure qu’elle descend dans la
colonne vertébrale. Elle fait intégralement partie du SNC; à la fois centre réflexe
sous le contrôle des centres supérieurs, et organe de conduction. D’après
M.J.Y FitzGerald et JF. Curran (4), sur une coupe horizontale de la moelle, on
reconnaît deux zones nettement séparées correspondant à cette double
fonction : la substance grise et la substance blanche.
La substance grise est centrale. Elle a une forme de H, avec deux cornes
antérieures renflées, deux cornes postérieures effilées, et une zone
commissurale péri-ependymaire. Elle est constituée par un amas de corps
cellulaires. A l’intérieur, elle est formée de deux cornes :
La corne antérieure, contient les cellules transportant la motricité volontaire des
muscles striés (somato-motricité) et les cellules transportant la motricité
involontaire des muscles lisses (viscéro-motricité).
La corne postérieure, transporte la sensibilité extéroceptive (tactile
douloureuse et thermique) des téguments, la sensibilité profonde ou
proprioceptive (os, articulations et muscles), ainsi qu’une fonction végétative.
Les effets d’une lésion médullaire, varient selon le niveau lésionnel, la sévérité
et l’étendue de celle-ci ainsi que la rapidité de son irruption. Dans le cas des
accidents graves, la colonne vertébrale écrase la moelle épinière qui perd toute
fonction au niveau de la blessure et en dessous, et se trouve en « choc
spinal ». Les muscles sous-lésionnels sont paralysés, la sensibilité est abolie et
le système nerveux autonome est altéré dans le corps entier.
2
Le système parasympathique possède des fibres nerveuses prenant leur
origine dans les partie crâniennes (nerf III, VII, IX et X) et sacrées de la moelle
épinière.
Le système orthosympathique, quant à lui, fonctionne sur un modèle à deux
neurones contenus dans les ganglions rachidiens et la moelle épinière dorsale
et lombaire.
En cas de lésion de la moelle épinière, la portion médullaire située en dessous
de la lésion est dans un premier temps sidérée. Elle ne réagit donc plus (ou
pas), ceci, aussi bien au niveau du système somatique (muscles flasques et
abolition des réflexes ostéo-tendineux) qu'au niveau du système végétatif
(ortho sympatique dorsale et lombaire haut et parasympatique sacré). Il y a
donc disparition des réflexes dépendants de ces systèmes (en particulier
vaso-moteurs mais également viscéraux comme par exemple le réflexe
exonérateur pour la défécation).
Le système parasympatique n’est atteint que partiellement, à la différence du
système sympathique. Il y a présence d’un déséquilibre à l’avantage de ce
premier (vagotonie, hypotension orthostatique).
Puis dans un second temps, cette portion de moelle sous-lésionnelle va
fonctionner à nouveau pour son propre compte sans les contrôles habituels (en
général contrôles modérateurs) des centres supérieurs auxquels cette portion
de moelle n'est plus reliée. Ce qui explique que les réflexes aussi bien
somatiques que végétatifs peuvent fonctionner, car ils utilisent des voies
nerveuses périphériques qui ne sont pas atteintes, mais sans contrôles
modérateurs. Les muscles deviennent spastiques, les réflexes ostéo-tendineux
trop importants (ils sont vifs, diffus, polycinétiques), il en est de même pour les
réflexes végétatifs (HRA).
La tétraplégie est la résultante d’un traumatisme (dans plus de 50% des cas)
vertébromédullaire ou plus rarement d’une lésion médullaire vasculaire,
tumorale ou infectieuse dont le niveau est égal ou supérieur à C8.
En France, plus de la moitié des tétraplégies sont liées à des accidents de la
voie publique (les accidents de plongeon à 6,5%).
Elle se caractérise par une paralysie des 4 membres et du tronc.
Il n’existe pas de registre épidémiologique national sur la tétraplégie. Les
données actuelles sont dominées par l’enquête TETRAFIGAP (5).
L’incidence de la tétraplégie traumatique diminue avec le temps, mais
augmente en proportion par rapport à la paraplégie (43.3% / 56.6%). Le niveau
de la lésion apparaît de plus en plus élevé, mais les lésions sont alors de plus
en plus incomplètes, et la moyenne d’âge plus élevée. Au-dessus de 60 ans, la
chute devient la première cause de lésions cervicales.
On estime entre 1000 et 1500 le nombre de nouveaux cas par an en France.
Les sujets sont généralement jeunes (entre 15 et 35 ans) avec une
prédominance masculine, 4 hommes pour une femme.
L’espérance de vie est plus faible chez les tétraplégiques de haut niveau
lésionnel C1-C4 (54,54% des tétraplégiques en France) par rapport à celle de
3
la population des blessés médullaires.
Une étude récente menée aux USA montre qu’elle est dépendante de l’âge de
survenue de la lésion : l’espérance de vie est supérieure à 35 ans lorsque la
lésion survient à 20 ans, de 20 ans lorsqu’elle survient à 40 ans, et seulement
de 8 ans après 60 ans (6).
3 Anamnèse
3.1 Présentation du patient
Mr F. est âgé de 38 ans, divorcé et père d’une fille âgée de 12 ans. Sa mère et
ses ami(e)s lui rendent visite quotidiennement à l‘Hôpital. Il habite, seul, à
Annecy dans un appartement au 7 ème étage avec ascenseur. Son activité
professionnelle en tant qu’auto entrepreneur dans la création, l’entretien, le
décor et l’installation d’aquarium se situe à Annecy. Ses clients étant dans le
centre-ville son mode de déplacement est principalement le vélo. Egalement
très actif en dehors de sa vie professionnelle, ses loisirs sont : le ski, le VTT, la
marche, la natation, la navigation etc… Il mesure 1m84 pour 69,5Kg soit un
IMC de 20.6 correspondant à une corpulence normale. La présence d’un
acouphène à l’oreille droite ne le gêne pas et ne cause aucunes déficiences
auditives. Avant l’accident, il était autonome et conduisait une voiture.
4
3.2 Antécédents
6
4.2.4 Examen cutané-trophique-vasculaire
Il n’y a pas de signes de phlébite (le ballant du mollet est normal, pas de
chaleur).
Des bas de contention sont portés, jour et nuit préventivement, ainsi que des
bandes de contention lors de sa verticalisation pour faciliter le retour veineux et
une ceinture abdominale pour limiter la descente des viscères. Des bottes
anti-escarres sont placées sous ses chevilles, les talons ne présentent pas de
signe d’escarres (rougeurs).
Sur le plan trophique, on retrouve une amyotrophie de non-utilisation globale,
celle-ci est non quantifiable, du fait de l’atteinte bilatérale.
Suite à l’accident à des difficultés respiratoires, il est trachéotomisé le
29/08/2011, ce qui est inévitablement une porte d’entrée bactérienne.
7
Vt=600mL (Volume Totale), comme valeur minimum. C’est-à-dire que s’il n’y a
pas assez de cycles respiratoires volontaires ou avec un volume trop faible, le
ventilateur déclenche automatiquement un cycle respiratoire avec ses valeurs
seuils. L’AI permet d’aider le patient à diminuer les résistances que constituent
la longueur des tuyaux auxquels il est relié, mais également, à prendre des
volumes plus importants d’air. La PEP maintient les alvéoles pulmonaires
distales ouvertes en expiration.
8
L’amplitude des membres supérieurs est limitée à 140° en flexion, 80° en
abduction.
L’arrêt est de type « mou » traduisant une origine musculaire et exclu
l’éventualité de la présence de Para Ostéo Arthropathies (POA).
Les autres articulations ne présentent pas de déficits articulaires.
5 Bilan
5.1 Diagnostic masso-kinésithérapique
10
dessous du niveau lésionnel. Les muscles inspirateurs accessoires sus
lésionnels sont préservés mais insuffisants à la conservation d’une respiration
sans aides mécaniques. Les muscles de la face et de la tête ne sont eux, pas
atteints et ne modifient en rien leurs fonctions (mastication, déglutition, parole,
mimique). Il en résulte une absence de contractions efficaces des muscles
expirateurs (abdominaux) et des muscles inspirateurs (diaphragme, scalènes,
intercostaux internes). La ventilation n’étant pas assurée, le patient est
trachéotomisé et placé sous assistance respiratoire mécanique.
La compression de la moelle épinière entraîne également une rupture du
passage des messages nerveux sensitifs. Au niveau sus-lésionnel, la
sensibilité est préservée et l’on constate une ébauche de sensibilité des deux
membres supérieurs.
La rupture du passage des influx nerveux provenant du système sympathique
et parasympathique (rupture partielle) entraîne une baisse de la TA au repos,
une chute de celle-ci aux changements de positions, une hyperréflexie
autonome en cas de présence d’un stimulus nociceptif sous-lésionnel et une
bradycardie.
Les muscles inspirateurs sont sur-sollicités ce qui conditionne les douleurs
dans la région du cou.
Les triceps suraux sont rétractés suite à une station en décubitus prolongée,
entrainant une attitude vicieuse en varus équin.
Le larynx est irrité à cause des frottements de la chemise interne trachéale,
origine des douleurs de la trachée.
Ces déficits de structures sont la cause d’une limitation sociale, car il est en
hospitalisation complète. Ses ami(e)s et sa famille doivent se déplacer pour le
voir.
Au niveau professionnel, Mr F. ne peut plus travailler, son entreprise fonctionne
au ralenti.
En ce qui concerne l’autonomie, il est dépendant d’une tierce personne pour
les AVQ, l’habillage, la toilette, l’alimentation et tous les transferts.
5.2 Objectifs
5.2.1 Court terme (Service de réanimation)
11
5.2.2 Moyen terme (Centre de Rééducation et de Réadaptation
fonctionnelle)
Cough assist®.
Spirométre incitatif type Voldyne®.
Valve de phonation
Ballon Auto-remplisseur à Valve Unidirectionnel (BAVU)
Aspiration trachéale.
Lit électrique.
Table de verticalisation.
Fauteuil Manuel.
6 Traitement
6.1 Principes de traitement
13
une inclinaison de la tête (sollicitation du trapèze également avec épaule en
point fixe).
Le trapèze étant un muscle important chez les patients tétraplégiques à un
niveau cervical haut, il est important de le solliciter en cas de récupération
motrice des membres supérieurs.
On demande ensuite dans un autre exercice de réaliser cette fois-ci une
rotation de la tête.
L’extension haute du rachis cervical est travaillée sans résistances manuelles,
la tête sur le coussin, le lit en position horizontale.
Mr F. réalise la flexion basse du rachis cervical par série de 10 mouvements
durant la journée (Figure 1). Ceci permet de l’autonomiser dans un exercice.
Le mouvement de flexion haute n’est pas réalisé car il induit un frottement de la
trachéotomie au niveau du larynx qui est douloureux et un mouvement
sollicitant plutôt le rachis cervical haut que l’on cherche à protéger.
Ces différents mouvements permettent de solliciter les fibres de type II des
muscles et de conserver une force musculaire suffisante pour explorer
l’environnement. Ces exercices se font sur un mode anaérobie à l’inverse de la
respiration sur un mode aérobie.
A partir de 45 jours, avec l’accord du médecin, on sollicite progressivement ces
mouvements sur un mode dynamique, toujours en respectant le foyer de
fracture dans une amplitude raisonnable.
14
l’élimination des sécrétions bronchiques (8).
Toutes sollicitations des muscles inspirateurs accessoires à travers divers
exercices, doivent commencer par un désencombrement bronchique des voies
aériennes pour faciliter le travail de ventilation. Dans un second temps, on
sollicitera ces muscles dans divers exercices de ventilation (9). La gravité
fonctionnelle des troubles entraînés par la paralysie des muscles intercostaux
et abdominaux est importante. La contraction des trapèzes et des
sternocléidomastoïdiens, augmente le diamètre antéro-postérieur du thorax,
donc la CV (Capacité Ventilatoire) et le retour veineux (10). Le peaucier du cou,
le sternohyoïdien, l’omohyoïdien, le sternothyroïdien jouant également un rôle
à travers leurs insertions respectives.
Dans cette partie de la rééducation, il est indispensable de porter une
surblouse, des gants ainsi qu’un masque afin d’éviter toutes infections du
patient ainsi que du thérapeute.
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Clearway Cough Assistor®
Télécommande
(Ins/Exs)
Valve de la
machine (Ins/Exs)
Dès le réveil, le mode de respiration est modifié pour passer du mode de nuit au
mode de jour. Le jour (8h – 21h environ), on favorise la Ventilation Assistée.
Il déclenche, lui-même, des cycles respiratoires avec une AI=8 cm H2O, une
PEP=5 cm H2O et une FIO2 =0.21. Durant la prise en charge, nous avons
essayé de diminuer l’AI mais cela est encore trop difficile. Le ballonnet est
gonflé toute la journée puis nous sollicitons progressivement la VA avec
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ballonnet dégonflé, ce qui augmente les fuites et la sollicitation des muscles
inspirateurs accessoires. Il est important d’être attentif aux risques de
micro-inhalations (salive, bolus alimentaire, sécrétions) lorsque le ballonnet est
dégonflé (même légèrement).
En fin de prise en charge Mr F. est proche de respirer toute la journée en VA
ballonnet dégonflé, il est gonflé lorsqu’il fait une sieste, en cas de fatigue ou de
douleurs pour diminuer les sollicitations musculaires.
Trois à quatre fois par semaine, Mr F. est sevré de toutes aides par ventilation
mécanique pour être placé en ventilation spontanée. Pour lui permettre de
communiquer, on place une valve de phonation sur la trachéotomie. La valve
de phonation limite la sortie de l’air en expiration par la trachéotomie (Figure 3).
Le débit d’air passant par les cordes vocales est donc augmenté et permet une
communication verbale. On sollicite le travail des
muscles inspirateurs.
Les muscles cibles lors des différents exercices
inspiratoires sont :
Les SCOM (terminaison : manubrium sternal,
clavicule)
Les trapèzes (terminaison : tiers latéral de la
clavicule, acromion, épine de la scapula) (20)
Le sternohyoïdien (terminaison : manubrium
sternal)
L’omohyoïdien (terminaison : bord supérieur de
la scapula)
Le sternothyroïdien (terminaison : manubrium
sternal)
Figure 3: Voie de passage de
Le peaucier du cou (terminaison : 3 premières l'air avec valve de phonation
côtes, clavicule et deltoïde)
L’ensemble de ces muscles permet de mobiliser la partie supérieure du thorax
en élévation à partir de leurs insertions respectives et réalise un effet de tirage.
L’expiration étant limitée par la canule, il est donc impératif de dégonfler le
ballonnet afin de respirer convenablement. La chemise interne est non
fenêtrée.
La mise en place de la valve diminue le volume courant (Vt) et augmente ainsi
les risques d’hypoxie.
Ainsi en début de prise en charge, 2L d’O2 sont reliés à la valve de phonation
car cet exercice difficile, nécessite beaucoup d’énergie et engendre une légère
désaturation (diminution de 2 à 3% de la FiO2).
18
aussi l’appréhension à rester seul pendant cet exercice car les spasmes
peuvent parfois être violents et le placer dans des positions stressantes
(inclinaison du rachis cervical et thoracique). C’est pour cela que le thérapeute
reste à côté de lui, puis au fur et à mesure des séances, la porte est laissée
ouverte, et le fait de passer de temps en temps suffit à le rassurer. Il y a une
peur naturelle du fait d’une habituation à la ventilation mécanique. Cet exercice
permet de s’en sevrer progressivement et de faire comprendre au patient qu’en
cas de défaillance de la machine, il peut respirer spontanément
indépendamment de celle-ci.
19
Figure 4 : Exercice de spirométrie incitative
6.3.5 Air-stacking
Limiter les risques d’escarres : Lors d’un décubitus prolongé, les risques
d’escarres sont très importants. C’est pour cela que Mr F. est placé de 1 à 2h
en décubitus latéral à gauche et à droite durant la journée. Ce changement de
position permet de changer les zones d’appuis qui sont principalement en
décubitus : les talons, les ischions, le sacrum, la pointe des scapulas, l’occiput.
Un matelas à air est placé sous le patient ce qui permet de répartir le poids du
corps et d’éviter les zones de sur-appui. Les escarres accentuent les risques de
déconditionnement du patient, engendrent des épines irritatives, des spasmes
plus fréquents, une possible HRA.
20
Les bottes anti varus–équin placées au niveau de ses chevilles possèdent une
fente au niveau des talons ce qui permet de les décharger.
Limiter les attitudes vicieuses : Pour les limiter au niveau des avant-bras en
supination et en flexion des métacarpo-phalangiennes, on place un coussin
sous ceux-ci, en positionnant les mains en pronation et en extension des
doigts. Cette position permet en décubitus dorsal de placer le membre
supérieur en déclive et de faciliter le retour du sang veineux vers le cœur.
Au niveau des membres inférieurs, il faut limiter l’attitude vicieuse en rotation
externe de hanche. Pour ceci, on utilise les coussins situés sous les avant-bras
que l’on cale contre les cuisses. Au cas où cette technique est insuffisante,
nous avons la possibilité de poser des sacs de sable en partie latérale des
cuisses pour limiter une rotation externe importante.
La gravité et le poids des draps entraînent une attitude vicieuse des chevilles
en varus équin. Les bottes permettent de placer les chevilles en flexion dorsale.
Elles sont portées toute la journée.
Il est important de limiter ses positions afin qu’elles ne se fixent pas à long
terme et ne deviennent délétères au point de vue fonctionnel.
25
20
15 20/09/2011
28/09/2011
10 04/10/2011
13/10/2011
5
0
0°<α<20° 20°⩽α<30° 30°⩽α<40° 40°⩽α<50° 50°⩽α
23
30
25
10/10/2011
20
11/10/2011 (avec
15 massage/étirement)
12/10/2011
10
13/10/2011 (avec
5 massage/étirement)
0
0°<α<20° 20°<α<30° 30°<α<40° 40°<α<50° 50°<α
24
Figure 6 : Mise au fauteuil à l’extérieur des bâtiments
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contre la formation d’adhérences et de brides rétractiles.
Nerveux : Elles permettent de maintenir les images motrices des
différents mouvements. Il est important de mobiliser parfois, les
membres dans le champ visuel du patient.
Aux membres supérieurs, il est nécessaire de conserver une mobilité articulaire
suffisante afin de conserver un champ d’exploration de l’environnement
suffisant en cas de récupération motrice.
L’attitude en supination de l’avant-bras qui est le fait de tétraplégies hautes, est
corrigée en posturant ceux-ci en pronation.
Les poignets doivent être mobilisés afin de faciliter le jeu des ténodèses.
La tendance à la fermeture des mains et la flexion des
métacarpo-phalangiennes demandent de mobiliser ces articulations afin de
conserver une amplitude fonctionnelle en cas de récupérations motrices
distales.
On réalise une mobilisation passive des membres supérieurs quotidiennement.
La mobilisation du complexe de l’épaule permet d’étirer les muscles
sous-lésionnels (grand pectoral, grand dorsal) et sus-lésionnels en jouant sur
la position de la tête (trapèze, SCOM).
Aux membres inférieurs, il est primordial de sauvegarder la liberté complète
des hanches en flexion afin de permettre une assise équilibrée et des chevilles
en flexion dorsale pour éviter les conflits cutanés.
La mobilisation des membres inférieurs est quotidienne. Au niveau des
chevilles, on réalise un temps posturant pour étirer les triceps suraux.
Examen algique :
Les douleurs spontanées sont toujours présentes côtés en moyenne à 6/10
avec des pics à 8/10 selon l’EVN.
La nuit, les douleurs sont dorénavant présentes, il supporte moins la VAC car il
dit avoir plus de mal à se relâcher et accentue le « tirage » au niveau
musculaire.
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Ventilation
Mr F. est en Ventilation Assistée avec chemise interne fermée et ballonnet
légèrement dégonflé toute la journée. Il supporte le travail musculaire que ce
type de ventilation nécessite sans augmentation des douleurs. Il peut respirer
1h/jour avec valve de phonation sans aide respiratoire mécanique.
La nuit, il est toujours placé en VAC.
Mesures complémentaires
La mesure du volume inspiratoire réalisée avec le Voldyne® est de 300 mL.
Le bilan des gaz du sang ne montre aucun déséquilibre.
Examen neuromusculaire :
Motricité
Il n’y a pas de récupération motrice sous-lésionnelle.
Sensibilité
Il y a une récupération sensitive. Au niveau du score ASIA, on obtient un score
de 23/112 à la piqûre et 26/112 au touché (Annexe 5).
Spasticité
Il n’y a pas d’évolution au niveau de la spasticité musculaire.
La fréquence et la puissance des spasmes ont augmenté en fin de prise en
charge mais leur cotation est toujours de 3 sur l’échelle de Penn.
Hypoextensibilité
Les triceps suraux sont toujours hypoextensibles la flexion dorsale est de 0°.
Sur le plan fonctionnel, il est toujours dépendant d’une tierce personne pour
toutes les AVQ.
Grâce à l’entrainement et à une adaptation physique, il est plus à l’aise en
ventilation spontanée avec canule de phonation. Il a désormais moins
d’appréhension vis-à-vis d’un débranchement malencontreux de la machine
puisqu’il sait qu’il a la capacité de respirer sans celle-ci.
Il est capable de respirer durant toute une journée en VS avec chemise interne
fermée et ballonnet légèrement dégonflé ce qui permet de faire vibrer ses
27
cordes vocales et de s’exprimer normalement.
Cela lui permet également de parler avec sa famille et ses ami(e)s et de limiter
l’isolement social.
8 Discussion
Lors de la prise en charge, nous nous sommes intéressés à l’amélioration de la
capacité ventilatoire afin d’augmenter l’autonomie respiratoire. D’autre part,
nous avons cherché, à limiter les troubles liés à l’alitement, à habituer le corps
du patient à la verticalisation et aux changements de positions ainsi qu’à
optimiser la présence des muscles sus-lésionnels afin d’augmenter les
capacités fonctionnelles.
28
C’est une technique alternative, d’une efficacité rapide, à court terme.
Chez un patient ayant des troubles de l’hypotension orthostatique, cette
technique permet, au niveau psychologique, de limiter l’angoisse causée par la
survenue de signes physiques liés à la chute de la TA, sans pour autant
diminuer l’angle de verticalisation et d’augmenter la motivation, chez un patient
où l’arrêt précoce de cet exercice peut être ressenti comme un échec.
Au niveau physique elle permet, théoriquement, d’augmenter le retour veineux
au niveau des membres inférieurs jusqu’à la mise en jeu des mécanismes
secondaires limitant l’hypotension, prenant le relais. Ce qui est validé au vue de
l’amélioration globale de la verticalisation.
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La technique d’air stacking étant difficile à mettre en place, nous lui avons
expliqué la technique de la respiration glossopharyngé (Frog-breathing), qui
consiste, à l’aide de mouvements de rétropulsions de la langue à avaler des
petits volumes d’air vers la trachée. Cette technique est très difficile à mettre en
place pour le thérapeute d’une part et pour le patient d’autre part. Nous lui
rappelons donc parfois cet exercice en lui expliquant que c’est une technique
alternative qui permet d’emmagasiner un volume inspiratoire, d’augmenter la
pression intra-pulmonaire et de remonter des sécrétions proximales dans un
second temps à travers les mains du thérapeute en mobilisant passivement les
côtes.
9 Conclusion
Lors de cette prise en charge pluridisciplinaire, nous avons objectivé une
amélioration de la fonction ventilatoire. En 5 semaines, le temps de respiration
sans aides ventilatoires mécaniques a été augmenté, l’apport d’oxygène fut
également supprimé au vue de l’adaptation des constantes physiologiques aux
exercices. De plus, le travail avec valve de phonation permet une
communication claire avec l’équipe soignante et son entourage tout en
augmentant la dépense d’énergie signe d’une progression dans la capacité
d’autonomie.
L’adaptation progressive du corps à la verticalisation, mais également à la mise
au fauteuil a permis d’entrevoir une autonomie en fauteuil roulant électrique
(FRE) à commande mentonnière. Ceci facilité par le travail de l’équipe
soignante ayant aidé à éviter l’apparition d’escarres fessières.
30
Références
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causes of death among persons with spinal cord injury. Archives of Physical
Medecine and Rehabiliation. 80: 1411-9. 1999.
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période d’alitement. Cahiers de kinésithérapie. Volume 122, n°6, p.31-43.
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Tetraplegic Spinal Cord Injury: Social and Clinical Factors. Archives of Physical
Medecine and Rehabiliation. 2001.
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physique-réadaptation. 2008.
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Annexe 1
Titre: Différentes cotations utilisées lors du bilan.
Cotation d’Ashworth :
1 = Tonus musculaire normal
2 = Légère hypertonie avec sensation d’accrochage quand l’articulation est
mobilisée
3 = Hypertonie marquée mais le segment affecté est facilement mobilisé
4 = Hypertonie considérable, le mouvement passif est difficile
5 = Hypertonie majeure, le segment est totalement rigide, le mouvement passif
impossible
Echelle de Penn :
0 = Absence de spasmes
1 = Absence de spasmes spontanés ; spasmes induits par stimulation
sensorielle ou mobilisation passive
2 = Spasmes spontanés occasionnels
3 = Nombre de spasmes de 1 à 10 par heure
4 = Nombre de spasmes supérieur à 10 par heure
Annexe 2
Titre : Manœuvre de kinésithérapie respiratoire manuelle à 2 mains.
Les deux mains sur la partie haute de la cage thoracique (côtes hautes)
effectuent une poussée vers le bas et le dedans. A l’inspiration, le MK stimule le
patient et à l’expiration, les pressions manuelles réalisent le mouvement
passivement.
Annexe 3
Réalisation du soin chez un patient intubé par voie endo-trachéale :