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COURS
LMD
S
Procédure pénale LMD
La procédure pénale est devenue une matière complexe. Car, à la technicité imposée
par le respect du principe de légalité, s’ajoute une diversification des formes de la 2019 Collection dirigée par Bernard Beignier
réponse aux crimes, délits et contraventions qui s’est progressivement imposée dans
un souci, non seulement d’individualisation, mais aussi d’efficacité.
R
Néanmoins, la procédure pénale reste une discipline centrale. Sans elle, il n’y aurait pas
de droit pénal : elle permet sa mise en œuvre. Elle doit être maîtrisée par l’accusation
et donne les meilleurs arguments à la défense. C’est elle qui donne au procès pénal
Procédure pénale
son allure si médiatique mais aussi des traits de caractère irréductibles à tout autre.
Afin d’éveiller l’intérêt du lecteur pour cette matière passionnante, les auteurs sont
systématiquement partis des principes issus du droit à un procès équitable avant
d’aborder dans le détail une réglementation qui tire sa légitimité de sa précision.
U
Les exigences constitutionnelles et européennes sont constamment rappelées. Les
• Cours
Procédure pénale
illustrations jurisprudentielles les plus récentes ont été privilégiées.
Olivier Mouysset est à l’origine des développements consacrés aux principes • Thèmes de travaux dirigés
directeurs du procès pénal, à l’action publique et aux opérations de police judiciaire.
Emmanuel Dreyer a rédigé les chapitres consacrés à l’action civile, à l’instruction
ainsi qu’à la phase de jugement (voies de recours et autorité de la chose jugée,
2e édition
compris).
L’ouvrage est à jour des lois n° 2016-1547 du 18 novembre 2016 de modernisation de la
Justice du xxie siècle, n° 2017-242 du 27 février 2017 portant réforme de la prescription
O
en matière pénale, n° 2018-703 du 3 août 2018 renforçant la lutte contre les violences
sexuelles et sexistes et de la loi n° 2018-898 du 23 octobre 2018 relative à la lutte
contre la fraude ; sont également évoquées les principales innovations qui pourraient
prochainement être introduites par le projet de loi de programmation 2018-2022 et
E. Dreyer
O. Mouysset
de réforme de la Justice. À ce titre, un tel ouvrage s’avère indispensable à l’étudiant
qui découvre la matière comme à celui qui, préparant un examen ou un concours,
souhaite mettre à jour ses connaissances. Des exercices corrigés sur des thèmes
Emmanuel Dreyer
C
essentiels leur offriront, en toute hypothèse, un surcroît de compétence.
Olivier Mouysset
Docteur en droit, Olivier Mouysset est magistrat et chargé de cours à l’Université.
Agrégé des facultés de droit, Emmanuel Dreyer est professeur à l’École de droit de
la Sorbonne (Paris 1) où il dirige le master 2 « Droit pénal fondamental ».
www.lextenso-editions.fr
ISBN 978-2-275-06075-0 37 €
496
Travaux dirigés
de l’infraction sur laquelle porte l’enquête, des droits mentionnés aux articles 63-2, 63-3 et
63-4 ainsi que des dispositions relatives à la durée de la garde à vue prévues par
l’article 63 ; que, selon l’alinéa 3 de ce texte, ces informations doivent être communiquées
dans une langue que la personne gardée à vue comprend, le cas échéant au moyen de
formulaires écrits ;
Et attendu que pour déclarer la procédure régulière, l’ordonnance retient que l’intéressé a
été placé en garde à vue le 4 novembre 2004 à 0 heure 45, que le procès-verbal mentionne
que les services de police ont aussitôt pris attache avec un interprète en langue portu-
gaise, sans résultat, et que dans l’attente, il lui a été remis un exemplaire de ses droits
de gardé à vue en langue portugaise, et que, dès lors, il a reçu notification de ses droits
dès qu’il a été placé en garde à vue, par cette note ;
Qu’il résulte, en outre, du dossier que l’officier de police judiciaire, qui avait placé M. X... en
garde à vue pour des faits d’infraction à la législation sur les étrangers, a, par une
mention de « carence », relaté les diligences infructueuses qu’il avait immédiatement
effectuées auprès de deux interprètes en langue portugaise nommément désignés, qu’au
moyen d’un formulaire écrit en cette langue comprise par l’étranger qui a signé ce docu-
ment, il lui a communiqué les informations exigées relatives à ses droits en garde à vue et
à la durée de celle-ci, et qu’à 9 heures 30, il a à nouveau, par le truchement d’un des
interprètes en langue portugaise arrivé au service de police, notifié par un procès-verbal
signé de l’intéressé, son placement en garde à vue pour les nécessités de l’enquête en
raison d’une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner qu’il avait commis une infrac-
tion à la législation sur les étrangers, en lui rappelant les droits y afférents ;
D’où il suit qu’en raison de ces informations données au moyen d’un formulaire écrit dans
une langue comprise par l’étranger, ainsi que de l’impossibilité, du fait de ces circons-
tances insurmontables, de faire appel immédiatement à un interprète en langue portu-
gaise lors du placement en garde à vue de l’intéressé, le moyen n’est pas fondé ;
PAR CES MOTIFS :
REJETTE le pourvoi ;
Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, Première chambre civile, et prononcé par le
président en son audience publique du dix mai deux mille six.
Proposition de corrigé
La garde à vue constitue une réelle atteinte à la liberté individuelle, même si elle condi-
tionne directement l’efficacité de l’enquête policière. Cette mesure ne faisant l’objet
d’une réglementation que depuis l’entrée en vigueur du Code de procédure pénale en
1958, les différentes réformes successives qui sont intervenues au cours de ces
dernières années témoignent, de manière significative, du recul du caractère inquisito-
rial de la procédure d’enquête, au regard des garanties qui sont aujourd’hui accordées
à l’individu qui subit cette mesure privative de liberté avant jugement. L’époque récente
démontre également le contrôle strict auquel les juridictions se livrent en la matière,
comme le souligne l’arrêt rendu le 10 mai 2006 par la première chambre civile de la
Cour de cassation.
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PROCÉDURE PÉNALE
Placé en garde à vue du chef de violation de la législation française sur les étrangers,
un ressortissant angolais a, par la suite, fait l’objet d’une procédure tendant à l’éloigner
du territoire national. À l’occasion de cette procédure, le juge des libertés et de la déten-
tion a accueilli favorablement une requête en annulation de la procédure pénale dirigée
contre lui. Mais l’appel interjeté par le préfet contre cette décision a abouti à une déci-
sion du premier président de la cour d’appel compétente, qui a rejeté l’exception de
nullité soulevée et ordonné corrélativement la prolongation du maintien en rétention
administrative du prévenu. Sur le pourvoi formé contre cette ordonnance, la première
chambre civile de la Cour de cassation approuve pleinement le premier président
d’avoir conclu à la régularité de la procédure judiciaire de garde à vue dont avait fait
l’objet l’intéressé. En l’occurrence, elle juge qu’il était parfaitement concevable qu’un
officier de policier judiciaire recoure à un formulaire pré-imprimé, à défaut de pouvoir
obtenir dans les plus brefs délais l’assistance d’un interprète, pour notifier au prévenu
ses droits de personne gardée à vue dans une langue qu’il soit en mesure de
comprendre. De plus, elle ajoute que l’impossibilité de faire appel immédiatement à un
interprète doit être analysée comme une circonstance insurmontable justifiant le report
de la notification de certains de ses droits par l’intermédiaire d’un interprète de langue
portugaise, qui a bien eu lieu ultérieurement à son placement en garde à vue.
En statuant ainsi, la Cour de cassation approuve le principe du recours temporaire à
l’utilisation d’une notice pré-imprimée pour procéder, à l’égard d’une personne d’origine
étrangère, à la notification des droits imposée par l’article 63-1 du Code de procédure
pénale dans une langue compréhensible (I), et son arrêt fournit une nouvelle illustration
de la jurisprudence relative aux circonstances insurmontables, selon laquelle la notifica-
tion orale, destinée à faire connaître à une personne gardée à vue l’étendue exacte de
ses droits, peut être différée par rapport au moment de son placement effectif en
garde à vue (II).
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poursuivie ne comprend pas la langue française, elle a droit, dans une langue qu’elle
comprend et jusqu’au terme de la procédure, à l’assistance d’un interprète, y compris pour
les entretiens avec son avocat ayant un lien direct avec tout interrogatoire ou toute audience,
et, sauf renonciation expresse et éclairée de sa part, à la traduction des pièces essentielles à
l’exercice de sa défense et à la garantie du caractère équitable du procès qui doivent, à ce
titre, lui être remises ou notifiées en application du présent code ». Ces textes impliquent
dès lors nécessairement de recourir à l’assistance d’un interprète (A). Toutefois, ils ne
prohibent nullement la communication des droits en cause au moyen d’un formulaire
écrit dans une langue comprise par l’étranger (B).
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PROCÉDURE PÉNALE
En effet, quoique la Chancellerie invite les parquets à établir une liste d’interprètes en
mesure d’intervenir dans ce type de situation particulière, il n’en demeure pas moins
que des difficultés peuvent survenir lorsqu’il s’agit de faire appel à l’un d’eux, quel que
soit d’ailleurs le type de langue étrangère en cause. S’il est acquis que l’absence de
notification de ses droits à une personne gardée à vue dans une langue qu’elle
comprend (par ex., CA Toulouse, 23 février 2005, Juris Data nº 2005-271340), de même
que la notification tardive de ces droits en raison de l’absence d’interprète, constituent
des causes de nullité de la procédure, le droit à l’assistance d’un interprète, à défaut
d’avoir été suffisamment défini par la loi, a pu soulever une question juridique intéres-
sante : il s’agit de celle qui est relative aux moyens utilisés pour porter à la connais-
sance de la personne gardée à vue les droits afférents à sa situation dans une langue
qu’elle comprend. À ce propos, l’officier de police avait justement pris le parti, en
l’espèce, de rédiger un procès-verbal de « carence », dans lequel il avait retranscrit les
diligences infructueuses qu’il avait entreprises auprès de deux interprètes en langue
portugaise, avant de communiquer à la personne gardée à vue les informations
prévues par la loi au moyen d’un formulaire écrit dans cette même langue.
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Travaux dirigés
relatives à la garde à vue : BO, 30 juin 2011 ; voir aussi, Cass. 1re civ., 21 nov. 2012, préc. ;
Cass. crim., 18 oct. 2016, nº 16-81117 : JurisData nº 2016-021512 ; Cass. crim., 2 nov.
2016, nº 16-81537). Ce qui s’explique par le fait que le formulaire, aussi complet soit-il,
ne peut prévoir la nature de l’infraction reprochée et sur laquelle porte l’enquête de
police, de même que le lieu de commission des faits reprochés, alors qu’il incombe
précisément d’évoquer désormais de tels éléments lors de la notification des droits
(voir, par ex., Cass. crim., 16 juin 2015, nº 14-87878 ; RSC 2015, p. 678, obs. A. Giudicelli ;
Cass. crim., 27 mai 2015 : Bull. crim., nº 126 ; RSC 2015, p. 676, obs. A. Giudicelli). Si un tel
modus operandi constitue dès lors une sorte de palliatif temporaire, il rend tout de
même nécessaire l’intervention d’un interprète, éventuellement par téléphone
(CA Versailles, 3 mai 2000 : JCP G, IV, 1032) ou par visio-conférence, sous peine de
nullité de la procédure en raison de la notification tardive des droits.
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l’emprise de la drogue), puisque, dans ce cas précis, l’intempérant est placé dans l’inca-
pacité de comprendre et d’apprécier la portée, mais aussi l’utilité des droits qui lui sont
octroyés par la loi (en ce sens, Cass. crim., 3 avr. 1995 : Bull. crim., nº 140 ; v. aussi,
CA Toulouse, 3 juill. 2007 : Juris Data nº 2007-337549). Dans une telle situation, la notifi-
cation des droits doit être différée jusqu’au moment où la personne est dégrisée et a
recouvré la raison, ou, tout au moins, ses facultés de compréhension. Cependant, cette
circonstance n’est pas la seule à avoir obtenu le qualificatif d’insurmontable. Le fait
qu’un commissariat fût assiégé par des manifestants a pu ainsi être jugé constitutif
d’une circonstance insurmontable empêchant la notification immédiate des droits affé-
rents à la situation de personne gardée à vue (Cass. crim., 10 avr. 1996 : Gaz. Pal. 1996, II,
p. 136).
À côté de ces situations, il a également été jugé que l’impossibilité de faire immédiate-
ment appel à un interprète en langue étrangère pouvait parfaitement résulter d’une
circonstance insurmontable de nature à justifier le caractère tardif d’une notification
des droits.
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La procédure pénale est devenue une matière complexe. Car, à la technicité imposée
par le respect du principe de légalité, s’ajoute une diversification des formes de la 2019 Collection dirigée par Bernard Beignier
réponse aux crimes, délits et contraventions qui s’est progressivement imposée dans
un souci, non seulement d’individualisation, mais aussi d’efficacité.
R
Néanmoins, la procédure pénale reste une discipline centrale. Sans elle, il n’y aurait pas
de droit pénal : elle permet sa mise en œuvre. Elle doit être maîtrisée par l’accusation
et donne les meilleurs arguments à la défense. C’est elle qui donne au procès pénal
Procédure pénale
son allure si médiatique mais aussi des traits de caractère irréductibles à tout autre.
Afin d’éveiller l’intérêt du lecteur pour cette matière passionnante, les auteurs sont
systématiquement partis des principes issus du droit à un procès équitable avant
d’aborder dans le détail une réglementation qui tire sa légitimité de sa précision.
U
Les exigences constitutionnelles et européennes sont constamment rappelées. Les
• Cours
Procédure pénale
illustrations jurisprudentielles les plus récentes ont été privilégiées.
Olivier Mouysset est à l’origine des développements consacrés aux principes • Thèmes de travaux dirigés
directeurs du procès pénal, à l’action publique et aux opérations de police judiciaire.
Emmanuel Dreyer a rédigé les chapitres consacrés à l’action civile, à l’instruction
ainsi qu’à la phase de jugement (voies de recours et autorité de la chose jugée,
2e édition
compris).
L’ouvrage est à jour des lois n° 2016-1547 du 18 novembre 2016 de modernisation de la
Justice du xxie siècle, n° 2017-242 du 27 février 2017 portant réforme de la prescription
O
en matière pénale, n° 2018-703 du 3 août 2018 renforçant la lutte contre les violences
sexuelles et sexistes et de la loi n° 2018-898 du 23 octobre 2018 relative à la lutte
contre la fraude ; sont également évoquées les principales innovations qui pourraient
prochainement être introduites par le projet de loi de programmation 2018-2022 et
E. Dreyer
O. Mouysset
de réforme de la Justice. À ce titre, un tel ouvrage s’avère indispensable à l’étudiant
qui découvre la matière comme à celui qui, préparant un examen ou un concours,
souhaite mettre à jour ses connaissances. Des exercices corrigés sur des thèmes
Emmanuel Dreyer
C
essentiels leur offriront, en toute hypothèse, un surcroît de compétence.
Olivier Mouysset
Docteur en droit, Olivier Mouysset est magistrat et chargé de cours à l’Université.
Agrégé des facultés de droit, Emmanuel Dreyer est professeur à l’École de droit de
la Sorbonne (Paris 1) où il dirige le master 2 « Droit pénal fondamental ».
www.lextenso-editions.fr
ISBN 978-2-275-06075-0 37 €