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À L’AUTRE

Le partage des savoirs scientifiques


Étienne Guyon et Bernard Maitte

LES CENTRES DE CULTURE SCIENTIFIQUE,


TECHNIQUE ET INDUSTRIELLE

Cet article devait être écrit avec Michel Crozon. Le décès brutal de celui-ci nous prive d’un témoin, Étienne Guyon est
acteur majeur de ces actions. Physicien des hautes énergies actif et passionné, honnête homme professeur émérite
dont la richesse intellectuelle n’avait d’égale que la modestie et l’humour malicieux, il fut un et travaille au
précurseur des actions de diffusion de la science vers un large public à partir d’initiatives visant à Laboratoire de physique
développer la citoyenneté au sujet des applications scientifiques. Michel Crozon fut directeur de et mécanique des
l’information scientifique et technique au CNRS après 1992. Préalablement, il accompagna, milieux hétérogènes
comme Délégué à l’information scientifique et technique du ministère de la Recherche, sous de l’École supérieure
Hubert Curien, la mise en place des CCSTI, permit aux clubs scientifiques de se développer et de de physique et de
se fédérer au sein du CIRASTI, participa activement aux actions tournées vers les jeunes, dont chimie industrielles
« Les Petits Débrouillards », dont il était encore le parrain à sa mort. L’action de Michel est de la Ville de Paris.
représentative de tout ce mouvement au sein duquel la création des CCSTI prend sens et auquel
Bernard Maitte,
nous voulons associer sa mémoire. Nous avons, dans cet article, choisi de mettre en perspective le
professeur d’histoire
développement des CCSTI au sein du foisonnement qui s’est produit en France de 1973 (première
des sciences et
manifestation « Physique dans la rue ») à 1992 (première « Science en Fête »).
d’épistémologie,
est membre de l'UMR
« Savoirs, textes,
langage ».

Les conditions de la création physique, électronique, science du vivant et de la


Avant la naissance des CCST Terre) avant de conduire à des stages de vacances
Les actions de popularisation d’une science en particulier d’astronomie. D’autres associations
en mouvement, en particulier celles tournées vers se mettent alors en place, telles que l’ANSTJ qui de-
les jeunes, sont bien antérieures aux créations des viendra Planète Sciences en 1982 (avec l’aide du
premiers CCST qui se sont inspirés de ces exem- CNES à partir des projets de lancements de micro
ples. Les animations menées par le Palais de la fusées et de ballons) et les clubs santé avec l’IN-
Découverte illustrent cette démarche. Le Palais SERM. Des clubs d’amateurs prospèrent aussi au-
entretenait des relations continues avec le monde tour des Muséums (National ou de province), ainsi
de la recherche ainsi que l’avait souhaité Jean que du musée du CNAM. L’association nationale
Perrin à sa création en 1937 qui fut synchrone des clubs scientifiques créée en 1962, qui organi-
avec celle de ce qui allait devenir très vite le CNRS. sera des temps de rencontre avec les exposciences
Dans les années 1960, le Palais créait des exposi- permet de fédérer les activités diverses de ces clubs 1.
tions et en assurait leur itinérance. Les échanges
d’expositions se faisaient alors dans l’esprit d’un Le démarrage à Grenoble
« troc », bien différent d’une démarche plus cou- En 1966, à l’occasion de la préfiguration
rante aujourd’hui de vente ou location, et ils d’une Maison de la culture à Grenoble, un groupe
conduisaient à la constitution d’un réseau entre de scientifiques défend l’idée d’y intégrer une ani-
animateurs culturels scientifiques. Par ailleurs, mation scientifique, au même titre que les autres 1. Pour un historique voir :
http://www.planete-sciences.org/
les clubs Jean Perrin d’animation pour des jeunes activités, musicales, théâtrales, cinématographi- national/quisommesnous-
se créent en 1962 à l’intérieur du Palais (chimie, ques... Son but est de « faire admettre que les historique.html

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sciences sont un élément constitutif de la culture Michel Crozon, avec un congressiste suisse, Mi-
contemporaine ». Deux ans plus tard, à l’ouver- chel Sonderegger, décide de conduire une anima-
ture de cette Maison de la culture, un secteur tion de physique dans la rue qui présente des ex-
« sciences » est mis en place, qui veut suivre le périences de physique générale ainsi que de
modèle de présentation du Palais de la Découverte physique nucléaire, comme une grande chambre
(expositions, animations, conférences). Le succès à étincelles qui visualise l’arrivée aléatoire de
rencontré (avec un public aussi important pour le rayons cosmiques. Ils sont aidés par le directeur
secteur « sciences » que pour les autres activités), du relais culturel d’Aix, Charles Nugues, qui me-
la volonté de mettre en itinérance les expositions, nait annuellement des actions de musique dans la
des difficultés aussi de relations avec ces autres ac- rue. Cette animation connaîtra un grand succès.
tivités, font qu’une volonté de créer un « Centre Un des auteurs de cet article (É. G.) était par ha-
culturel scientifique » indépendant se manifeste sard en vacances à Aix à cette date avec de nom-
en 1974. Un colloque se tient cette même année breux enfants qui se passionnent pour ces rencon-
avec les animateurs de la fête dans la rue de Aix tres autour d’expériences... Deux ans plus tard, à
sur la place des sciences dans l’action culturelle, l’occasion du congrès national de la société fran-
qui conclut que l’on ne peut en rester à présenter çaise de physique à Dijon, on lui demande de met-
des explications sur la science, mais qu’il faut tre en place une animation en parallèle avec le
« parler des applications et des implications ». En Congrès. Comment refuser ! L’animation, autour
1975, une Association de type loi de 1901 est créée, d’un thème général la Terre et ses énergies sera de
qui bénéficie de soutiens de la ville, du ministère nouveau un succès. Le pli était pris et de nom-
de la Culture, de la DGRST. Avec le bénévolat de breux congrès seront accompagnés de manifesta-
nombreux scientifiques, des expositions itinéran- tions dans la ville. Ainsi, à Poitiers en 1977, la ma-
tes sont produites, des « Camps scientifiques » or- nifestation prend une ampleur particulière et
ganisés. En 1979, la ville décide de mettre à dispo- associe une quarantaine d’associations, l’École
sition des locaux, La Casemate, pour un Centre des beaux arts, de nombreux universitaires. Une
culturel scientifique et technique. Une équipe se trentaine d’animations, trois journées Physique
met en place, des statuts sont votés. C’est le démar- dans la rue, onze expositions itinérantes, 22
rage du premier CCST. Son équipe contribuera conférences-débats, une exposition sont réalisées.
fortement à l’encadrement de la première équipe Après cette manifestation, un groupe informel se
de la Cité des sciences de la Villette après 1982. constitue. Il organise en 1978 des animations et
des expositions itinérantes en milieu rural « éner-
D’autres actions : gies nouvelles », « les oiseaux de chez nous », en

l A
PHYSIQUE
la physique dans la rue et le GLACS
Au mois de septembre 1973, à l’occasion d’un
congrès international de physique des particules,
1979 « la science et l’enfant », « la fête du so-
leil », en 1980 « Pop santé ». Le groupe forme
alors le projet de créer une Maison des sciences,

SORT DANS
LA RUE
D. R.

Valise-exploration Énergie. D. R.

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scientifiques censés représenter un public inté- 2. http://www.glacs.com


ressé mais ignorant, et des scientifiques. É. G. y
participera ; cette réflexion est à mettre en compte
dans le bagage qu’il emportera lorsqu’il présidera
le comité d’orientation de la Villette à la période
de son ouverture ou au Palais de la Découverte
qu’il dirigera à partir de 1988. Marie Simone nous
a laissé en héritage un site remarquable 2 qui per-
met de suivre l’action du GLACS sur plus de 20 ans
à travers ses réunions mensuelles, ses animations,
colloques et ses réalisations variées, et aussi de
suivre l’évolution des manifestations de culture
scientifique dans cette période.
Nous retiendrons dans ce très riche ensemble
de documents deux actions. La première est la
D. R.

Valise-exploration Énergie.
création d’une exposition La danse de l’Univers,
qui accompagne la présentation de propriétés fon-
dont le but est d’instaurer un dialogue art/scien- damentales de la physique des particules par des
ces et de mettre en relation les domaines des scien- œuvres d’art qui rendent lisible ce qui en fait ne
ces, de l’industrie, de l’artisanat, des cultures tech- l’est pas. La seconde est, dans l'esprit des cabinets
niques et artistiques. Il conduira à la réalisation du XVIIIe siècle, le salon de Madame du Deffant
de l’espace Mendès France, toujours bien vivant. high tech, qui réunit pendant deux ans une tren-
Cette démarche reposait sur la juste prise de taine de personnes d'horizons divers, « gens de
conscience par les chercheurs qu’il fallait infor- lettres et gens de sciences, ignorants et savants,
mer (et écouter !) le public, en particulier celui [...], cartésiens et baladins, croyants et mé-
qui ne va pas dans les musées, et sur le bfesoin de créants [...], en quête de repères pour notre
se justifier sur la légitimité d’une recherche scien- temps », autour de trois thèmes : la mécanique
tifique non finalisée (les manifestations impli- quantique, la représentations de l'Univers, la bio-
quaient presque exclusivement des chercheurs de logie (vie et mort).
sciences de base). On peut penser que ces actions
vont inspirer les opérations de science en fête lan- Les Boutiques de sciences
cées en 1992. La manifestation d’Aix marque Le panorama des actions menées par les
aussi le début d’un mouvement de réflexion et scientifiques ne serait pas complet si nous ne men-
d’action qui a impliqué des scientifiques, des cu- tionnions la création dans les années 1980 des
rieux et des sociologues. Ce mouvement fut initié Boutiques des sciences, à l’image de celles qui
par le colloque de 1974 de Grenoble ; il fut alors fonctionnaient aux Pays-Bas depuis les années
suggéré de créer une structure permanente d’ac- 1970. Ces boutiques voulaient répondre à des be-
compagnement d’actions culturelles en science, soins sociaux en mettant en contact direct des
baptisée GLACS (Groupe de liaison pour une ac- scientifiques et des personnes confrontées à des
tion culturelle scientifique). Elle eut pour premier problèmes de recherche. Lieux de médiation, ces
président Michel Crozon. Il accompagnera cette structures recevaient des demandes concrètes de la
association de façon continue avec clairvoyance et société civile (associations, entreprises), les formu-
bon sens. La cheville ouvrière en était Marie Si- laient en langage scientifique, trouvaient les inter-
mone Detœuf, qui a profité du soutien logistique locuteurs compétents pour y répondre ou pour me-
de l’IN2P3 où elle travaillait et qui a suivi de bout ner les recherches nécessaires. Des boutiques
en bout ce groupe de liaison tant sur le plan de la s’ouvrirent à Grenoble, Lyon, Paris, Strasbourg
logistique que sur le plan de l’animation, jusqu’à mais ne trouvèrent pas d’écho autre qu’universi-
son décès le jour de Pâques 2007, quelques mois taire avant 1981, date à partir de laquelle s’ouvri-
avant Michel. rent aussi celles de Lille, Marseille et Orsay. Par la
L’action sera marquée par un questionne- suite, les boutiques s’adosseront ou non aux CCST,
ment et une mise en cause constante, par les non mais elles disparaîtront peu à peu à partir de 1985.

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La dernière (Strasbourg) fermera en 1991... toute- recherche et de la technologie. Les assises régiona-
fois la Fondation science citoyenne prévoyait d’en les sont un temps où les militants du partage du
rouvrir une à l’ENS Cachan en 2008 ! savoir peuvent se regrouper, trouver l’écho néces-
saire, formuler de nouveaux projets, à l’image de
Le développement des CCST celui que forme à Nice le physicien Jean-Marc
Les assises de la recherche et de la technologie Lévy-Leblond qui fonde l’ANAIS et théorise le mou-
Ce mouvement sera accompagné d’initiatives vement des CCST. Ceux-ci devront « mettre la
de l’État : la création en 1972 du Bureau national science en culture », de manière à « atteindre
d’information scientifique et technique (BNIST) ; des objectifs économiques, politiques et sociaux,
le lancement en 1979 par Valéry Giscard d’Estaing culturels et éducatifs, intellectuels et scientifi-
du projet de La Villette reprenant l’idée des Science ques fondamentaux ». Ils offriront divers espaces
Centers américains et permettant – grâce au pres- spécialisés (expositions, exploratoire, documenta-
tige de la science – de sortir de façon honorable tion, salles d’actualités, lieux de débats et de
des scandales immobiliers sur le site ; la transfor- confrontations, planétarium...) afin de s’adapter à
mation, cette même année, du BNIST en mission la diversité des motivations des citoyens. Les phra-
interministérielle (MIDIST)... Mais c’est l’arrivée ses utilisées seront reprises dans de multiples docu-
de la gauche au pouvoir en 1981 qui va donner ments. En Seine Saint-Denis, la Fondation 93, veut
l’occasion au mouvement de s’épanouir, de se privilégier la mise en réseau des structures cultu-
structurer et de s’exprimer politiquement. Tout relles du département par la mise en circulation
semble alors possible, et les initiatives fleurissent, d’expositions et de « valises expositions », réaliser
tant militantes qu’institutionnelles. un « CCST sans murs » ; à Lille est créée, par un
C’est d’abord le ministère de la Culture qui des auteurs de cet article (B. M.) et un groupe de
crée en son sein une direction nouvelle, la DDC scientifiques, d’enseignants du secondaire, d’ingé-
(Direction du développement culturel), d’où par- nieurs et de syndicalistes, l’ALIAS, qui veut mettre
tent les initiatives nouvelles de ce ministère (telles en place un CCST réunissant les caractéristiques
que la Fête de la musique et le soutien aux actions des deux projets qui viennent d’être cités ainsi
culturelles scientifiques) ; c’est le ministre d’État qu’une boutique des sciences.
Jean-Pierre Chevènement qui dynamise la MI- D’autres centres sont envisagés à Marseille,
DIST, la dote de moyens, organise les assises de la Poitiers, Rennes... Les assises nationales de la re-
cherche et de la technologie vont assurer le débou-
ché politique indispensable au mouvement. Elles
conduisent à la loi d’orientation et de program-
mation de la recherche (1982) et à ses program-
mes mobilisateurs (dont le n°6, « Promotion du
français, langue scientifique et diffusion de la cul-
ture scientifique et technique »), qui assignent
aux enseignants-chercheurs trois missions : la re-
cherche, l’enseignement et la mise à disposition
sociale de leurs travaux. C’est sur ces dispositions
que vont s’appuyer un peu partout en France les
militants pour développer leurs actions. En 1983,
le IXe plan, dans son programme prioritaire d’exé-
cution n°3, indique dans le paragraphe Promou-
voir la culture et l’information scientifique et
technique : « Un réseau de centres de culture
scientifique et technique sera mis en place dans
les régions, articulé avec le Musée de la Villette ».
C’est alors que la MIDIST, sous la pression de
D. R.

mouvements de gauche ajoute le « i » de « indus-


triel » aux CCST et que le ministère de la Culture
La physique dans la rue devant l’église saint Philibert de Dijon, 1975. crée le « Conseil national de la culture scientifi-

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que, technique et industrielle ». Mais cette ad-


jonction ne sera pas prise souvent en compte dans
la réalité.

La création des CCSTI


Dès lors, les propositions des initiateurs vont
être soutenus par les ministères. La MIDIST et DDC,
organismes non décentralisés, donnent directe-
ment des moyens à celles des associations qui trou-
vent un montant égal de subventions à l’échelle lo-
cale. Des départements (Seine Saint-Denis) ou des SIGLES
villes (Grenoble, Poitiers, Rennes...) abondent les
ABRET : Association
financements. C’est plus difficile ailleurs ; mais bretonne de recherche et
l’action d’un DRRT, et l’opportunité de la mise en de technologies
place des contrats de plan État/Régions, permettent ALIAS : Association lilloise
d’information et
de lancer des opérations significatives. d’animation scientifique et
Nous prendrons comme exemple de ce déve- culturelle
D. R.

loppement l’ALIAS. L’association obtient l’appui AMCSTI : Association des


musées et centres pour la
de l’État, puis de la région Nord-Pas de Calais. Elle culture scientifique et
développe alors des actions destinées à préfigurer technique
ANAIS : Association niçoise
et évaluer les diverses fonctions que devra remplir d’information scientifique
le CCST. Elle réalise des expositions, toutes itiné- ANSTJ : Association
Débat animé devant un panneau, 1975.
rantes. Des valises explorations, inspirées à la fois nationale sciences
techniques jeunesse
de la Fondation 93, des expositions à tiroirs du Tous les porteurs de projets apprennent à se BNIST : Bureau national
Bauhaus et des manipulations des cabinets de cu- connaître et à coordonner leurs actions grâce à pour l’information
riosités circulent entre différentes structures édu- l’AMCSTI (fondée en 1982 sous la présidence de scientifique et technique
CCSTI : Centre de culture
catives de la région et sont transportées dans des Hubert Curien) : elle fédère tous les musées et scientifique, technique et
coffres de voitures. Des émissions radiophoniques structures culturelles scientifiques. En 1985, un industriel
sont programmées. Des salles d’actualités (expo- rapport Les Centres de culture scientifique, tech- CIRASTI : Collectif inter
associatif pour la réalisation
sitions et conférences-débats) soulèvent des ques- nique et industrielle contribue à donner une d’activités scientifiques et
tions vives posées par l’introduction des technolo- meilleure visibilité aux actions entreprises en Bre- techniques internationales
CNAM : Conservatoire
gies dans la société. Un Centre de documentation tagne (ABRET), à Rennes, Grenoble, Lille, Mar- national des arts et métiers
fournit des malles bibliographiques itinérantes et seille, Nice, Poitiers, Seine Saint-Denis (Fonda- CNES : Centre national
mène des opérations sur le livre scientifique de tion 93), Strasbourg et Toulouse. Il reste que d’études spatiales
CSTI : Culture scientifique,
jeunesse Livre ta science. Des espaces enfants sont toujours et partout des difficultés se manifestent technique et industrielle
réalisés dans des écoles. Un planétarium gonfla- quant à la perception de ce qu’est « la culture DDC : Direction du
ble est installé jusque dans les stations de métro de scientifique » : se réduit-elle à la diffusion des ré- développement culturel
DGRST : Direction générale
Lille. Toutes ces actions soutiennent l’idée de sultats de la recherche, à la vulgarisation scienti- de la recherche scientifique
construire un CCST, permettent de réfléchir à ce fique, à l’animation de débats par les chercheurs ? et technique
que seront ses espaces, ses fonctions, son rayonne- « Comment peut-on parler d’une culture DRRT : Délégué à la
recherche et à la
ment hors des murs, testent avec les différents par- scientifique qui existerait actuellement et qu’il technologie
tenaires ce que seront les réseaux culturels scien- suffirait de diffuser, alors que la majorité des GLACS : Groupe de liaison
pour l’animation culturelle
tifiques. scientifiques détient un savoir hautement spé- scientifique
Ces initiatives permettent d’offrir le moyen de cialisé et ignore le plus souvent le développe- IN2P3 : Institut national de
mettre en œuvre une politique qui demande « au- ment historique dans lequel se situe leur propre physique nucléaire et de
physique des particules
tant d’audace, une mobilisation comparable à travail ?... Mettre la science en culture est une INSERM : Institut national
celles déployées à une autre époque par Jules Ferry exigence... qui dépasse le cadre de ce qui a été de la santé et de la
». Elles sont menées dans des locaux de plus en vu jusqu’à présent et qui nécessite, pour être recherche médicale
MIDIST : Mission
plus importants, où sont réalisées en vraie gran- réalisée que soient créés des outils nouveaux, interministérielle pour
D. R.
D. R.

deur chacun des futurs espaces de ce qui devien- des lieux d’échanges et de rencontres : les l’information scientifique et
technique
dra le forum des sciences. CCSTI », peut-on lire dans un rapport de l’ALIAS.

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3. Voir le site de l’AMCSTI : L’âge mûr lisation. De nouveaux établissements, créés avec
http://www.amcsti.fr et aussi Tout ce mouvement s’épanouit sous l’in- des investissements assurés par des communautés
http://www.ccsti.fr/
index.php?option=com
fluence de Hubert Curien, ministre de la Recher- locales, s’ouvrent à Bordeaux, Rennes et Lyon...
che à partir de 1984. La Cité des sciences et de l’in- Mais d’autres, malgré leur rayonnement, sont
dustrie ouvre ses portes en 1986. La rénovation des contraints de fermer faute de ce soutien (très ré-
grands établissements parisiens (Muséum natio- cemment, à Marseille... deuxième ville de
nal, Musée des arts et métiers, Palais de la Décou- France !). Cet état de jachère est grandement pré-
verte), ainsi que de quelques musées de province judiciable à notre pays. Il est nécessaire qu’une ré-
est lancée après le rapport Héritier Augé. Le réseau flexion ait lieu quant aux objectifs (pédagogi-
des CCSTI est soutenu et étendu : le ministère sou- ques, informative, culturelle, critique,
haite que s’ouvre au moins un CCSTI par Région, publicitaire...), plus ou moins compatibles entre
ce qui ne sera pas tout à fait réalisé, pas plus que eux, des établissements créés et de leur avenir, ré-
l’harmonisation du maillage de CCSTI avec la po- flexion que visait l’opportune création de la
litique régionale de La Villette, vécue comme hé- « Réunion nationale des CCSTI », mais pour
gémonique. Des actions avec les grands organis- quels résultats ?
mes de recherche (mille chercheurs/mille classes Les CCST ont été créés pour aider les citoyens
avec le CNRS, clubs de l’INSERM...) se dévelop- à mieux connaître et évaluer les enjeux de la so-
pent. Grâce au Cirasti créé en 1984, le mouvement ciété en proposant une information de base et un
des exposciences est dynamisé. Des tentatives sont cadre de dialogue autour des sciences. Mais dans le
faites pour introduire des émissions scientifiques à même temps, ils se sont efforcés de présenter la
la télévision... Cet élan continuera malgré les science comme une partie intégrante de la culture.
changements politiques, et sera réaffirmé à l’oc- La société qui réussira cette intégration pourra
Remerciements casion des « États généraux de la CSTI » de 1989. évaluer de manière plus lucide les enjeux cultu-
Nous remercions Michel Briantais,
Michel Darche, Jean-Claude En 1992, est lancée par Hubert Curien, à nouveau rels, économiques, sociaux, éthiques des dévelop-
Guiraudon, Charles Penel et Brigitte ministre, La Science en Fête à l’occasion du pements technoscientifiques. Ce défi passe-t-il par
Vogler pour leurs informations sur dixième anniversaire de l’implantation du minis- une extension de ce qui existe actuellement ou par
l’histoire du mouvement d’animation
culturelle scientifique.
tère sur le site Descartes. des formes nouvelles tenant compte des modes
Au-delà des fluctuations de l’intérêt des mi- nouveaux d’échanges et de communication ? La
nistres qui lui ont succédé (un d’entre eux trouvait réponse à cette interrogation reste à trouver.
même que parler de fête à propos de la science était
Bibliogra
phie incongru !), le mouvement a continué jusqu’à ce
jour avec des soutiens des différentes communau-
tés territoriales. Dans le même temps, plusieurs
• Crozon M., Maitte B. « La
culture scientifique en France : CCSTI en dur se créent à Poitiers (1989), dans le
institutions, enjeux ». Esprit, Nord-Pas de Calais (Forum des sciences, 1996) qui
n°10, oct. 2001, pp. 105- à 119. prolongent leurs actions hors les murs ; dans d’au-
• « Science et culture en tres cas, ils restent des centres de création et de dif-
Europe », Alliage, n°16-17,
été/automne 1993. fusion d’expositions, aux niveaux départemental
• « Médiation et culture
(Fondation 93), régional (ABRET) ou national et
scientifique, Alliage, n°59, international (Centre sciences à Orléans).
déc. 2006. Mis en place dans un temps bref, le dispositif
• Les Musées de l'Éducation français de ces CST est important 3. Il présente un
nationale. Mission d'étude et de certain nombre de faiblesses : tutelles diverses où
réflexion. Rapport au ministre
d'État, ministre de l'Éducation l’Éducation nationale n’est pas le partenaire ma-
nationale. La Documentation jeur que l’on aurait attendu ; querelles de territoi-
française, Collection des rapports
officiels, 1991.
res et de responsabilités ; non uniformisation des
carrières et impossibilité d’évolution profession-
•Guyon É. « Hubert Curien et la
science en fête ». In Hubert nelle ; disparité Paris/régions ; financements de
Curien. Pour une politique fonctionnement non assurés. Actuellement, nous
internationale de la science,
pouvons dire qu’il n’y a quasi plus de politique
D. R.

presses de l’ENS, 1994, p. 53.


nationale d’accompagnement de projets et de réa- Valise-exploration Symétrie de l'ALIAS.

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