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Université de Strasbourg

Ecole nationale d’administration

Master spécialité Administration et finances publiques


Parcours Administration Publique Spécialisée

L’impact du processus de la décentralisation au Maroc


sur le rôle des walis et gouverneurs dans la mise en
œuvre et la coordination des politiques publiques

Sous la direction de
Gérard MARCOU
Professeur agrégé de Droit public
Directeur du “Groupement de Recherche sur l’Administration Locale en
Europe” (GRALE), Université Paris I, Panthéon-Sorbonne

soutenu par
Abdelghafour AOUAD
CIP Promotion Palmyre (2015-2016)

Juin 2016
Remerciements

Je tiens à remercier vivement le Professeur Gérard MARCOU, qui a bien voulu diriger ce
travail. Ses conseils précieux m’ont été d’un grand apport dans la réalisation de mon
mémoire.

Mes remerciements vont naturellement à M. Fabrice LARAT, Directeur adjoint de la


formation, directeur du CERA, et à toute l’équipe pédagogique et administrative de l’ENA,
pour leur sympathie et leur collaboration.

Mes sincères remerciements vont, également, à toute l’équipe du centre de documentation,


pour leur professionnalisme, leur disponibilité et leur aide.

Enfin, je remercie vivement mes collègues du Maroc qui m’ont apporté leur soutien lors de
la réalisation de ce mémoire.
Abréviations et acronymes

BO Bulletin officiel
CAS Compte d’affectation spéciale
CCR Commission consultative de la régionalisation
CRI Centre régional d'investissement
CTP Comité technique préfectoral ou provincial
CTR Comité technique régional
DGCL Direction générale des collectivités locales
Dh Dirham
GID Système de gestion intégrée de la dépense
IGAT Inspection générale de l’administration territoriale
INDH Initiative nationale pour le développement humain
JORF Journal officiel de la République Française
MAPTAM Modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles
NOTRe Nouvelle organisation territoriale de la République
PAGER Programme d’approvisionnement groupé en eau potable des populations rurales
PERG Programme d’électrification rurale global
PIACL Pôle interrégional d'appui au contrôle de légalité
PNCRR Programme national de construction des routes rurales
REMALD Revue marocaine d'administration locale et de développement
Sommaire
Introduction ...................................................................................................................................... 1

Première partie : Les walis et gouverneurs acteurs du développement local ....................................... 4

1. Les missions traditionnelles : un représentant de l’Etat gestionnaire et coordinateur ................ 6


1.1. Un représentant de l’Etat coordinateur des services déconcentrés et gestionnaire de certains
programmes gouvernementaux .................................................................................................................... 6
1.1.1 La coordination des activités des services déconcentrés...................................................................... 6
1.1.2 La gestion déconcentrée de l’investissement ....................................................................................... 9
1.1.3 La gestion de certains programmes nationaux au niveau territorial................................................... 10
1.2. Un représentant de l’Etat tuteur des collectivités territoriales et exécutif des conseils des régions,
des préfectures et des provinces ................................................................................................................. 11
1.2.1 La tutelle sur les collectivités territoriales ......................................................................................... 12
1.2.2 L’exécution des délibérations des conseils des régions, des préfectures et des provinces ................. 14
2. La dernière réforme de la décentralisation : du représentant de l’Etat tuteur et gestionnaire
au représentant de l’Etat contrôleur et conseiller des collectivités territoriales ......................... 15
2.1. Les nouvelles missions ................................................................................................................................. 16
2.1.1 Le contrôle administratif.................................................................................................................... 16
2.1.2 Le conseil et l’assistance ................................................................................................................... 19
2.2. La décharge des walis et gouverneurs de certaines missions traditionnelles ............................................ 20
2.2.1 La suppression de la tutelle ................................................................................................................ 20
2.2.2 Le transfert de l’exécutif des régions, des préfectures et des provinces des walis et gouverneurs
aux présidents des conseils élus ......................................................................................................... 22

Deuxième partie : Impact de la réforme de la décentralisation sur le rôle des walis et gouverneurs... 24

1. Effet de la réforme sur le rôle des walis et gouverneurs : le risque de "marginalisation" ........ 24
1.1. Impact sur les missions ................................................................................................................................ 24
1.1.1 Impact du remplacement de la tutelle par le contrôle administratif ................................................... 25
1.1.2 Impact du transfert de l’exécutif des régions, des préfectures et des provinces des walis et
gouverneurs aux présidents des conseils élus .................................................................................... 27
1.2. Impact sur l’organisation et le fonctionnement .......................................................................................... 29
1.2.1 Impact sur l’organisation ................................................................................................................... 29
1.2.2 Impact sur le fonctionnement ............................................................................................................ 32
2. Des pistes pour conforter le rôle des walis et gouverneurs : la poursuite des réformes pour
éviter le déséquilibre des pouvoirs sur le territoire ....................................................................... 33
2.1. La poursuite des réformes : vers de nouveaux champs d’intervention pour les walis et gouverneurs .... 33
2.1.1 La déconcentration............................................................................................................................. 33
2.1.2 La coordination des services déconcentrés ........................................................................................ 36
2.2. La poursuite des réformes : vers de nouveaux mécanismes et outils d’intervention ............................... 37
2.2.1 La contractualisation .......................................................................................................................... 37
2.2.2 Le dialogue Etat-collectivités territoriales ......................................................................................... 39

Conclusion ...................................................................................................................................... 41

Bibliographie...................................................................................................................................... i

Annexes ............................................................................................................................................ 1
Introduction
Le Maroc a engagé en 2015 une réforme importante de son système de décentralisation. Cette
réforme vient consolider le processus graduel de transfert des compétences de l’Etat vers les
collectivités territoriales1, entamé dès les premières années de l’indépendance avec l’adoption
de la première charte communale le 23 juin 1960. Ce processus fut conforté par d’importantes
réformes successives, notamment, en 1976, 1997 et 20022.

Cette dernière réforme s’inscrit dans le cadre d’un vaste chantier de modernisation de l’État et
d’amélioration de son efficacité par une valorisation de ses territoires et une gestion de
proximité. Elle a été impulsée par une volonté de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui n’a
pas cessé depuis son intronisation d’appeler à la consolidation des acquis de la
décentralisation et de la démocratie locale et à faire de la régionalisation le fondement de
l’organisation territoriale du Royaume3, 4.

L’émergence du projet de régionalisation avancée a été amorcée par la mise en place d’une
Commission consultative de la régionalisation (CCR) en 20105. Cette commission a mené une
réflexion collective proactive en lançant une large concertation et un débat national ouvert et
engagé, impliquant tous les acteurs concernés (départements ministériels, élus, partis
politiques, syndicats et organisations professionnelles, universitaires, réseaux associatifs,
etc.).

Les résultats des travaux de la CCR et ses recommandations ont été pris en considération lors
de la réforme de la Constitution de 2011, qui a fait de la régionalisation avancée6 et de la libre
administration7 des principes de base de l’organisation décentralisée du Royaume.

La concrétisation de cette réforme a été accomplie par l’adoption d’un nouveau découpage
régional8 (voir annexe 1) et de trois lois organiques relatives aux régions9, aux préfectures et

1
« Les collectivités territoriales du Royaume sont les régions, les préfectures, les provinces et les communes. » article 135 de
la Constitution du 29 juillet 2011.
2
Harsi Abdallah, Décentralisation et déconcentration administrative : Instruments de la proximité administrative, colloque
maghrébin sur : « L’administration de proximité : concept et implications » organisé par la REMALD et l’Ecole Nationale
de l’Administration, avec le concours de la Fondation Hanss Seidel, le jeudi 24 et vendredi 25 novembre 2005 au siège de
l’ENA, Rabat.
3
Extraits des discours royaux sur la régionalisation : http://www.pncl.gov.ma/fr/Discours/Trone/Pages/default.aspx.
4
El Yaâcoubi Mohammed, La notion de régionalisation avancée dans les Discours Royaux, REMALD n° 94-95, septembre -
décembre 2010, pages : 39-59.
5
Le discours Royal du 3 janvier 2010 d’installation de la CCR a constitué la référence majeure et la feuille de route de la
régionalisation avancée : « […] la régionalisation élargie escomptée n'est pas un simple aménagement technique ou
administratif. Elle traduit, plutôt, une option résolue pour la rénovation et la modernisation des structures de l'Etat, et
pour la consolidation du développement intégré. […] Nous invitons la commission à s'attacher à mettre au point un
modèle maroco-marocain de régionalisation, issu des spécificités de notre pays. […] Notre ambition nationale est de
passer d'une régionalisation naissante à une régionalisation avancée. ».
6
L’article premier de la Constitution de 2011 dispose que : « […] L’organisation territoriale du Royaume est décentralisée.
El1e est fondée sur une régionalisation avancée ».
7
L’article 136 de la Constitution de 2011 dispose que : « L'organisation régionale et territoriale repose sur les principes de
libre administration, de coopération et de solidarité […] ».
1
provinces10 et aux communes11 (qualifiées ici des trois lois organiques de décentralisation) et
l’organisation des élections locales en septembre 2015.

Outre ses apports relatifs à l’organisation territoriale et au renforcement des compétences des
collectivités territoriales et de leurs autonomies administrative et financière, la réforme de la
décentralisation a modulé la relation entre l’Etat et les collectivités territoriales. En effet, elle
a concrétisé la libre administration des collectivités territoriales en remplaçant la tutelle sur
leurs décisions et leurs actes par le contrôle administratif , tout en confiant aux présidents des
conseils des régions, des préfectures et des provinces élus l’exécution de leurs délibérations à
la place des walis et gouverneurs12.

Ces derniers participaient, depuis l’indépendance du Maroc, à la mise en œuvre des politiques
publiques et à leur coordination au niveau territorial. En tant que représentants de l’Etat au
niveau territorial, ils assuraient plusieurs missions, notamment : la veille à l’exécution des
décisions et directives du gouvernement, la coordination des activités des services
déconcentrés, le contrôle a priori de certaines décisions des communes, l’exécution des
délibérations des conseils régionaux, préfectoraux et provinciaux, y compris l’exécution de
leurs budgets, etc.13

Les changements apportés par la nouvelle réforme de la décentralisation, notamment, ceux


concernant la relation entre l’Etat et les collectivités territoriales, seraient de nature à affecter
le rôle des walis et gouverneurs et auraient, certainement, des conséquences sur l’organisation
et le fonctionnement des services déconcentrés du Ministère de l’Intérieur, ainsi que sur
l’équilibre des pouvoirs au niveau territorial et l’évolution de la relation Etat-collectivités
territoriales.

Faire une évaluation préliminaire des conséquences de cette réforme [puisque les nouvelles
dispositions de la réforme viennent d’être mises en application après les dernières élections
locales de 2015] serait d’un grand apport et permettrait de présager les écueils qui pourraient
entraver la mise en œuvre de la réforme et d’essayer de répondre à certains questionnements
et interrogations qui se sont fait jour dès sa mise en application, tels que :

8
Le nouveau découpage régional a divisé le Royaume en 12 régions au lieu de 16 (Décret n°2-15-10 du 20 février 2015,
fixant le nombre des régions, leurs noms, leurs chefs-lieux et les préfectures et provinces les composant, BO n° 6340 du
05 mars 2015.
9
Loi organique n° 111-14 relative aux régions, promulguée par le Dahir n° 1-15-83 du 07 juillet 2015, BO n° 6440 du 18
février 2016.
10
Loi organique n° 112-14 relative aux préfectures et provinces, promulguée par le Dahir n° 1-15-84 du 07 juillet 2015, BO
n° 6440 du 18 février 2016.
11
Loi organique n° 113-14 relative aux communes, promulguée par le Dahir n° 1-15-85 du 07 juillet 2015, BO n° 6440 du 18
février 2016.
12
Wali : équivalent du préfet de région en France - Gouverneur : équivalent du préfet de département en France.
13
Acharki Abdelaziz, Les walis et gouverneurs et la gouvernance territoriale à la lumière des dispositions de la nouvelle
Constitution, REMALD n° 109-110, mars - juin 2013, pages : 101-113, (article en arabe).
2
Quel serait l’impact de la mutation des missions des walis et gouverneurs sur leur rôle
dans la mise en œuvre et la coordination des politiques publiques ?

Y a-t-il un risque de "marginalisation" du rôle des représentants de l’Etat au niveau


territorial ?
Quelles mesures faut-il mettre en place pour réussir la mutation du rôle des walis et
gouverneurs et maintenir leur position en tant qu’acteurs actifs dans la promotion du
développement local et la mise en œuvre des politiques nationales ?

Il importe de souligner, à ce niveau, qu’aucune évaluation des impacts de la dernière réforme


de la décentralisation au Maroc n’a été réalisée à ce jour. Ce qui fait l’intérêt de cette
réflexion qui pourrait être un point de départ pour engager un large débat, à l’échelle
nationale, autour des questions sus-indiquées et essayer de préfigurer les solutions des
problèmes qui peuvent surgir au fur et à mesure de la mise en œuvre des nouvelles mesures
introduites par la dernière réforme de la décentralisation.

La démarche adoptée pour réaliser cette réflexion est basée, particulièrement, sur une analyse
des textes juridiques régissant les missions des walis et gouverneurs, une consultation de
rapports et de ressources bibliographiques nationales et internationales en relation avec le
sujet, ainsi que l’exploitation d’informations issues de ma propre expérience professionnelle
au niveau des services déconcentrés et centraux du Ministère de l’intérieur au Maroc et de
mon stage à la Direction générale des collectivités locales en France.

De surcroît et sans vouloir s’engager dans une approche comparative, quelques enseignements
de l’expérience française de décentralisation sont utilisés pour illustrer et mieux éclaircir les
enjeux de la problématique étudiée.

Ainsi, des éléments de réponse peuvent être apportés aux différentes interrogations posées à
travers une présentation des missions, traditionnelles et nouvelles, des walis et gouverneurs
dans la mise en œuvre et la coordination des politiques publiques (partie I) et une analyse de
l’impact des nouvelles mesures introduites par la dernière réforme de la décentralisation sur
leur rôle dans ce domaine (partie II). Des propositions de mesures d’accompagnement pour
la réussite de la mutation du rôle des représentants de l’Etat au niveau territorial seront
présentées en conclusion.

3
Première partie : Les walis et gouverneurs acteurs du développement local
Les walis de régions et les gouverneurs de préfectures et de provinces représentent le pouvoir
central au niveau territorial. Dès les premières années de l’indépendance, l’Etat unitaire
centralisé a créé le corps des gouverneurs de provinces pour représenter l’Etat et jouer le rôle
d’exécutif dans les provinces14,15.

La qualité du gouverneur en tant que représentant de l’Etat sur le territoire a été acquise au fur
et à mesure de l’évolution des processus de la déconcentration et de la décentralisation.
Désigné comme « représentant de Sa Majesté le Roi et délégué du gouvernement dans la
préfecture ou province où il exerce son commandement » (Dahir portant loi du 15 février
197716), il devient représentant de l’Etat dans les provinces, les préfectures et les régions dans
le texte de la Constitution du 13 septembre 1996.

La dernière Constitution de 2011, évoque pour la première fois, les walis17 de régions et les
qualifie à côté des gouverneurs de préfectures et de provinces de « représentants du pouvoir
central qui assurent, au nom du gouvernement l’application des lois, mettent en œuvre les
règlements et les décisions gouvernementaux et exercent le contrôle administratif »18.

Le statut des walis et gouverneurs est régi par le Dahir n° 1-08-67 du 31 juillet 200819. Ce
sont des agents d’autorité relevant du cadre des gouverneurs, qui comprend le grade de
gouverneur principal et le grade de gouverneur, destinés à occuper les fonctions de wali ou de
gouverneur de préfecture ou de province. Ils sont nommés par Dahir Royal, après délibération
en Conseil des Ministres, sur proposition du Chef du gouvernement et à l’initiative du
Ministre de l’intérieur20.

Les walis et gouverneurs ont une compétence de principe à l'égard d'une généralité de
matières. Ce sont des autorités d'administration générale à l’inverse des autres chefs des
services déconcentrés qui ont des missions techniques spécifiques (éducation, santé,
agriculture, urbanisme, etc.)21. Leurs attributions ont été fixées par les différentes

14
Dahir n° 1-56-046 du 20 mars 1956 fixant le statut des gouverneurs.
15
Dahir n° 1-63-038 du 1er mars 1963 portant statut particulier des administrateurs du Ministère de l'intérieur, BO n° 2629 du
15 mars 1963.
16
Dahir portant loi n° 1-75-168 du 15 février 1977 relatif aux attributions du gouverneur, tel qu'il a été modifié et complété,
BO n° 3359 du 16 mars 1977.
17
La loi n° 47-96 relative à l’organisation de la région ne parlait que de "Gouverneur du chef-lieu de la Région" pour
désigner le wali.
18
Article 145 de la Constitution de 2011.
19
Dahir n° 1-08-67 du 31 juillet 2008 relatif au corps des agents d'autorité, BO n° 5680 du 06 novembre 2008.
20
Article 49 de la Constitution de 2011.
21
Daoudi Imane, Les walis et gouverneurs et la réforme constitutionnelle au Maroc, REMALD n° 108, janvier - février 2013,
pages : 69 - 77, (page 71) (article en arabe).
4
Constitutions successives du Royaume22, ainsi que par d’autres textes, notamment, le Dahir
portant loi n° 1-75-168 du 15 février 1977 relatif aux attributions du gouverneur et les lois
fixant l’organisation et le fonctionnement des collectivités territoriales. Quatre types de leurs
attributions fondamentales peuvent être distingués, comme suit :

1- De représentation de l’Etat ; en veillant à l’application des Dahirs, lois et règlements


et à l’exécution des directives du gouvernement au niveau territorial ;
2- De maintien de l’ordre public23 ; en assurant la sécurité, la tranquillité et la salubrité
publiques ;
3- De coordination des services déconcentrés de l’Etat au niveau territorial ;
4- Des missions auprès des collectivités territoriales.

Ainsi, à l’exception des missions de maintien de l’ordre public, toutes les autres attributions
des walis et gouverneurs sont voués à la mise en œuvre et à la coordination des politiques
publiques au niveau territorial. Pour des raisons liées à la démarche de l’étude, ces attributions
seront présentées en deux catégories :

Des missions traditionnelles, que les walis et gouverneurs ont exercé depuis l’indépendance,
notamment :

- La veille à l’application des lois et des décisions du gouvernement ;


- La coordination des activités des services déconcentrés de l’administration centrale ;
- L’exécution des délibérations des assemblées préfectorales, provinciales et
régionales ;
- La tutelle sur les décisions et les actes des communes rurales ;

et des missions nouvelles, introduites par la dernière Constitution de 2011 et les trois lois
organiques concrétisant la dernière réforme de la décentralisation, qui concernent :

- L’exercice du contrôle administratif ;


- L’assistance des présidents des collectivités territoriales et, notamment, les présidents
des Conseils des régions dans la mise en œuvre des plans et des programmes de
développement.

22
Article 95 de la Constitution du 07 décembre 1962, article 88 de la Constitution du 24 juillet 1970, article 89 de la
Constitution du 15 mars 1972, article 96 de la Constitution du 04 septembre 1992, articles 101 et 102 de la Constitution du
13 septembre 1996 et article 145 de la Constitution du 29 juillet 2011.
23
L’article 3 du Dahir portant loi du 15 février 1977, stipule que « pour le maintien de l’ordre public, le gouverneur peut
utiliser les forces auxiliaires, les forces de police et faire appel à la gendarmerie royale et aux forces armées royales dans
les conditions prévues par la loi ».
5
1. Les missions traditionnelles : un représentant de l’Etat gestionnaire et
coordinateur
Les walis et gouverneurs ont assuré depuis l’indépendance du Maroc des missions de
coordination des services déconcentrés et de gestion de certains programmes
gouvernementaux, ainsi que d’autres missions auprès des collectivités territoriales relatives,
notamment, à l’exercice de la tutelle sur ces collectivités et à l’exécution des délibérations des
conseils des régions, des préfectures et des provinces.

1.1. Un représentant de l’Etat coordinateur des services déconcentrés et gestionnaire


de certains programmes gouvernementaux
Le Maroc est un Etat unitaire dans lequel les services centraux ont des représentations au
niveau territorial. Afin de garantir la cohérence de l’action de l’Etat et la mise en œuvre des
politiques publiques, le législateur a chargé dès les premières années de l’indépendance les
gouverneurs de coordonner les activités des services déconcentrés. Cette mission de
coordination a évolué pour accompagner le processus de décentralisation en intégrant des
missions de gestion.

1.1.1 La coordination des activités des services déconcentrés


Les différentes Constitutions marocaines qui se sont succédé reconnaissent au gouverneur le
pouvoir de coordination de l’action des services déconcentrés œuvrant sur son
commandement.

La mission de coordination constitue le cœur de métier des walis et gouverneurs dans la mise
en œuvre des politiques publiques au niveau territorial. Désignée au Dahir du 20 mars 195624
par « la liaison entre les services extérieurs des divers départements ministériels », elle a
évolué ensuite en mission de coordination proprement dite avec le Dahir portant loi du 15
février 197725.

Cette mission a été renforcée par la Dahir du 6 octobre 199326, qui a donné la possibilité aux
Ministres, Secrétaires d’État et sous-Secrétaires d’État de donner délégation au gouverneur
pour signer ou viser tout acte concernant les activités de leurs services extérieurs dans les
limites territoriales de la préfecture ou la province considérée. La même tendance a été
poursuivie par le Décret du 20 octobre 199327, qui a fixé les principes généraux de la

24
Dahir du 20 mars 1956, Op. cit.
25
Dahir portant loi du 15 février 1977, Op. cit.
26
Dahir n° 1-93-294 du 6 octobre 1993 complétant le dahir n° 1-57-068 du 10 avril 1957 relatif aux délégations de signatures
des Ministres, secrétaires d’Etat et sous-secrétaires d’Etat, BO n° 4223 du 06 Octobre 1993.
27
Décret n° 2-93-625 du 20 octobre 1993 relatif à la déconcentration administrative, BO n° 4227 du 03 novembre 1993.
6
répartition des attributions et des moyens entre les services centraux et les services extérieurs
et par le décret du 30 octobre 200828, qui a abrogé et remplacé celui du 6 octobre 1993.

La mission de coordination allait connaître un essor exceptionnel avec la Constitution de 1996


qui a érigé cette mission de "la coordination" à "la gestion". L’article 102 dispose : « Dans les
provinces, les préfectures et les régions, les gouverneurs représentent l'Etat et veillent à
l'exécution des lois. Ils sont responsables de l'application des décisions du gouvernement et, à
cette fin, de la gestion des services locaux des administrations centrales ». Néanmoins, dans
la pratique, ce vœu du constituant n’a pas été concrétisé. Le pouvoir exécutif n’a pas suivi et
n’a pas mis en place les outils nécessaires pour transformer la coordination en gestion comme
fut le cas en France, par exemple, avec le décret de 199329 et celui de 200430.

A cet égard, la dernière Constitution de 2011 a rectifié le tir en revenant à la mission originale
de coordination. Elle précise, dans son article 145, que « sous l’autorité des Ministres
concernés, les walis et gouverneurs coordonnent les activités des services déconcentrés de
l’administration centrale et veillent à leur bon fonctionnement ».

« Cette utilisation oscillatoire des termes et concepts qui visent à déterminer la nature de la
relation qui devrait lier les walis et gouverneurs aux services déconcentrés montre qu’il y a
une difficulté à la préciser et par conséquent à déterminer les pouvoirs des walis et
gouverneurs à l’égard desdits services »31.

Les mécanismes de mise en œuvre de la mission de coordination sont explicités par les
dispositions du Dahir du 15 février 1977, tel qu’il a été modifié par le Dahir du 6 octobre
1993 et se résument comme suit :

L’impulsion, le contrôle et le suivi des activités des services extérieurs et des


établissements publics ;
La reddition des comptes sur les conditions d’exécution des directives et instructions
ministérielles à l’échelle du commandement ;
La centralisation de l’information concernant les activités des services extérieurs ;
Le contrôle de l’activité des fonctionnaires et agents des services extérieurs.

Par ailleurs, les gouverneurs sont dotés d’un outil pour accomplir leur mission de
coordination. Il s’agit du comité technique préfectoral ou provincial (CTP). Ce comité,

28
Décret n° 2-05-768 du 30 octobre 2008 relatif à la délégation de signature des ministres, secrétaires d'Etat et sous-
secrétaires d'Etat, BO n° 5688 du 4 décembre 2008.
29
Décret n° 92-604 du 1er juillet 1992 portant charte de la déconcentration, JORF n° 0154 du 04 juillet 1992.
30
Décret n° 2004-374 du 29 avril 2004 relatif aux pouvoirs des préfets, à l'organisation et à l'action des services de l'Etat dans
les régions et départements, JORF n° 0102 du 30 avril 2004.
31
Serraji Mekki, Place et pouvoirs des walis et gouverneurs dans la Constitution de 2011, REMALD, n° 111, juillet-août
2013, pages : 25-45, (page 40) (article en arabe - traduction libre).
7
présidé par le gouverneur, a été institué par le Dahir portant loi du 15 février 1977 et a été
redynamisé en 1993 suite à la lettre Royale adressée au Ministre d’Etat à l’intérieur et à
l’information32. Le CTP est composé du Secrétaire général de la préfecture ou province, des
chefs de cercles, des chefs des services extérieurs des administrations centrales de l’Etat, des
directeurs des établissements publics et de toute personne jugée qualifiée par le gouverneur. Il
se réunit au moins une fois par mois. Ce comité constitue l’instrument privilégié de mise en
œuvre de la coordination et du contrôle de l’action de l’Etat au niveau préfectoral ou
provincial. Il assure le suivi du déroulement normal des services publics. Il fait le point sur
l’état d’avancement des investissements et des travaux d’équipements de l’Etat et des
établissements publics, en cours de réalisation sur le territoire provincial ou préfectoral, et
examine les difficultés rencontrées et les solutions proposées pour y remédier.

A signaler que les walis exercent les mêmes missions de coordination au niveau des
préfectures et provinces chefs-lieux des régions. Cependant, il n’existe pas d’instance de
coordination à l’échelle régionale. La majorité des services déconcentrés ont une
représentation au niveau préfectoral et provincial.

Sur le plan pratique, force est de constater que le pouvoir de coordination des walis et
gouverneurs demeure nettement insuffisant. Ils n’ont pas de pouvoir effectif sur les chefs des
services déconcentrés. En effet, le pouvoir hiérarchique, sur ces derniers, demeure, sans
partage, entre les mains de leurs Ministres. Ces derniers détiennent, également, le pouvoir de
création de ces services extérieurs et de leur répartition géographique. Celle-ci peut être,
parfois, différente du découpage administratif.

Par opposition, dans le système français, par exemple, le préfet est le chef de l’ensemble des
services déconcentrés de l’Etat. Il arrête l'organisation fonctionnelle et territoriale des services
déconcentrés des administrations civiles de l'Etat placés sous son autorité, conformément aux
orientations des Ministres dont ils relèvent et après avoir recueilli l'avis des chefs des services
intéressés. De plus, le préfet est l'ordonnateur secondaire des services déconcentrés des
administrations civiles de l'Etat et donne son avis sur leurs projets de budgets33. Toutes ces
mesures permettent au préfet d’assurer au mieux son rôle de coordination.

De plus, les chefs des services déconcentrés n’ont pas le pouvoir de décision et ne peuvent
pas honorer leurs engagements vis-à-vis des walis et gouverneurs. Ils doivent souvent
retourner à leurs services centraux et à leurs Ministres, pour la prise de décision.

32
Lettre de Sa Majesté le Roi Hassan II au Ministre de l’Etat à l’intérieur et à l’information relative à la création au sein de
chaque préfecture ou province, d’un conseil fonctionnant sous la présidence du wali ou gouverneur et regroupant les
délégués provinciaux ou préfectoraux de l’ensemble des départements ministériels, 1993.
33
Décret n° 2004-374 du 29 avril 2004, Op. cit.
8
Ceci vide les réunions des comités techniques préfectoraux ou provinciaux (CTP), principal
outil de coordination, de leur objet. Les représentants des départements centraux à l’échelle
locale ne pouvant s’engager, ni sur les décisions, ni sur les moyens à mettre en place pour la
résolution de certains problèmes.

Ce sont là les raisons principales de l’échec de l’outil CTP, dont "la mise en œuvre" n’a pas
permis d’atteindre des résultats probants. Cette situation a été compliquée par la non
publication du texte réglementaire fixant les attributions de ce comité, prévu par le Dahir
portant loi du 15 février 1977. De ce fait, de nombreux walis et gouverneurs ne veillent plus à
l’organisation de ces réunions, ni à leur périodicité. Ils les remplacent par des réunions
occasionnelles spécifiques chaque fois qu’ils le jugent nécessaire.

Un autre aspect important réside dans une sorte de réticence de la part des services centraux
qui tardent à se libérer des tâches de gestion et d’exécution et n’activent pas le mécanisme de
délégation aux walis et gouverneurs. Les dispositions du Dahir du 6 octobre 1993, et du
décret du 20 octobre 1993 (article 3) qui stipulent que « les Ministres peuvent donner
délégation aux gouverneurs pour agir en leur nom et signer ou viser tous les actes concernant
les activités de leurs services extérieurs dans les limites territoriales de la préfecture ou la
province concernée », restent sans application. La seule exception enregistrée dans ce sens,
est la délégation des actes relatifs à l’investissement aux walis de régions, qui est le fruit
d’une volonté Royale34.

1.1.2 La gestion déconcentrée de l’investissement


L'évolution de la politique de la déconcentration que le Maroc a essayé de mener en parallèle
avec la décentralisation a été marquée par une étape importante, qui a fait du représentant de
l’Etat au niveau régional l’acteur clé de l’investissement au niveau local.

En effet, devant l’échec des efforts incitants les services centraux à déléguer leurs pouvoirs
aux responsables des services déconcentrés ou bien aux walis et gouverneurs35, une initiative
Royale36 visant à promouvoir l’investissement a permis de reconfigurer le rôle des services
territoriaux, à travers trois mesures :

1- La création, sous la responsabilité des walis de régions des centres régionaux


d'investissement (CRI), ayant deux fonctions essentielles (chacune correspondant à un
guichet) : l’aide à la création d'entreprises et l’aide aux investisseurs ;

34
Lettre Royale au Premier ministre relative à la gestion déconcentrée de l'investissement, BO n° 4970 du 17 janvier 2002.
35
Harsi Abdallah, Op. cit (page 10).
36
Lettre Royale au Premier ministre relative à la gestion déconcentrée de l'investissement, Op. cit.
9
2- Le transfert des pouvoirs nécessaires de la part des Ministres aux walis de régions pour
conclure ou édicter au nom de l'État des actes liés au secteur de l’investissement37 ;

3- La délégation au profit des walis de région d'une partie du pouvoir de tutelle exercé
jusqu’à lors par le Ministère de l’intérieur, notamment, les actes d’approbation de
certaines délibérations à caractère financier38.

Après que les délégations sus-indiquées ont été données par les ministres concernés et les
centres régionaux d’investissements ont été crées39, les walis de régions sont devenus les
premiers responsables de la promotion et de la gestion des investissements au niveau
territorial et des acteurs principaux dans la mise en œuvre des politiques publiques
d’investissement et d’attractivité des territoires. Ils sont chargés de délivrer les autorisations et
de signer les actes administratifs afférents aux investissements dont le montant est inférieur à
200 millions de Dh.

Malgré que le bilan de l’expérience des CRI soit mitigé40, elle demeure l’une des expériences
réussies de réforme de l’administration marocaine, dans la mesure où elle a permis de
déconcentrer l’investissement et de créer une concurrence entre les régions pour attirer le
maximum d’investissements.

1.1.3 La gestion de certains programmes nationaux au niveau territorial


Les walis et gouverneurs sont chargés occasionnellement de la gestion de certains
programmes nationaux au niveau territorial. Ces programmes ont généralement une portée
nationale, un pilotage interministériel et un financement sous forme des comptes d’affectation
spéciaux (CAS). Les walis et gouverneurs sont institués sous-ordonnateurs et ils sont chargés
de gérer lesdits programmes.

Parmi ces programmes, nous citons l’exemple du programme national de lutte contre les
effets de la sécheresse mené dans les années 2000 et l’Initiative nationale pour le
développement humain (INDH)41 lancée en 2005. Cette dernière est le modèle type d’une
politique publique interministérielle, dont la mise en œuvre et la coordination incombent en

37
Il s’agit des contrats de vente ou de location concernant les immeubles du domaine privé de l'Etat - des actes d'autorisation
d'occupation du domaine public et du domaine forestier - des autorisations d'installation ou d'exploitation des activités
industrielles, agro-industrielles et minières et des autorisations d'ouverture et d'exploitation des établissements
touristiques, le classement et le contrôle desdits établissements, la délivrance des diverses licences ou autorisations
particulières nécessaires à l'exploitation de ces établissements.
38
Il s’agit des actes d'approbation des délibérations pour : les marchés et les conventions passés par les collectivités locales,
lorsque leur montant ne dépasse pas 10 millions de Dh - les décisions de transfert de crédit d'une rubrique à une autre, à
l'intérieur du budget des collectivités et les actes d'acquisition et de cession de terrains des collectivités locales.
39
Les CRI ont été créés par le Décret Royal n° du 7 janvier 2002.
40
Challot Hakim, Le rapport Mckinsey sur les failles des CRI, lavieeco.com, 30 décembre 2011, consultable sur :
http://lavieeco.com/news/economie/le-rapport-mckinsey-sur-les-failles-des-cri-21033.html.
41
Lancée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans son Discours à la nation, Rabat, 18 mai 2005 pour lutter contre la
pauvreté, l’exclusion sociale et la précarité.
10
grande partie aux walis et gouverneurs. En effet, les représentants de l’Etat sont impliqués
dans toutes les étapes de la mise en œuvre des projets INDH depuis la programmation
jusqu'au suivi de l’exécution et l’évaluation.

En tant que présidents des comités régional, préfectoral ou provincial de développement


humain, les walis et gouverneurs sont impliqués dans la programmation et la sélection des
projets. Lesdits comités évaluent, valident et accordent le financement pour les projets de lutte
contre pauvreté et la précarité proposés par les comités locaux de développement humain
(constitués des représentants des associations, des élus et des autorités locales).

Par ailleurs, les walis et gouverneurs sont désignés sous-ordonnateurs des dépenses imputés
sur le compte d’affectation spéciale "fonds de soutien à l’INDH"42,43. Ils sont de ce fait
responsables de l’exécution des projets. Leurs services sont chargés de préparer les études
nécessaires, lancer les appels d’offres et veiller sur la bonne exécution des projets.

Ils assurent, également, le suivi et l’évaluation des projets INDH à travers un "reporting"
mensuel adressé au Ministère de l’intérieur, via le système d’information mis en place à cet
effet, et des rapports périodiques sur l’état d’avancement physique et financier des projets.

En somme, les walis et gouverneurs sont les gestionnaires de l’INDH. Ils assurent le pilotage
des programmes au niveau territorial et pour ce, ils sont investis d’un pouvoir de décision et
d’arbitrage et sont garants de la cohérence globale des projets et de leur concordance avec les
valeurs et les principes de base de l’initiative. Ils sont, également, l’interlocuteur unique du
comité de pilotage stratégique de développement humain, présidé par le Chef du
gouvernement.

L’expérience de l’INDH et ses modalités de mise en œuvre pourraient constituer un modèle à


suivre pour faire évoluer le rôle des walis et gouverneurs dans la mise en œuvre des politiques
publiques.

1.2. Un représentant de l’Etat tuteur des collectivités territoriales et exécutif des


conseils des régions, des préfectures et des provinces
Le début de l’expérience marocaine de décentralisation a été marqué par deux mesures
fondamentales que l’Etat a mis en place pour sauvegarder ses intérêts ; d’une part, il a lié le
transfert des compétences aux collectivités territoriales à une tutelle renforcée, et d’autre part,
il a confié l’exécution de leurs délibérations au représentant de l’Etat. Cette situation n’a pas

42
Décret n° 2-05-1016 du 19 juillet 2005 portant création d’un compte d’affectation spéciale n° 3.1.04.06 intitulé « fonds de
soutien à l’initiative nationale pour le développement humain », BO n° 5340 du 4 août 2005.
43
Arrêté du Premier ministre n° 3-108-05 du 30 novembre 2005, instituant messieurs les walis et gouverneurs en qualité de
sous-ordonnateurs des dépenses imputées sur le compte d’affectation spéciale n° 3.1.04.06 intitulé « fonds de soutien à
l’initiative nationale pour le développement humain ».
11
changé depuis lors, sauf dans le cas des communes, pour lesquelles l’exécution des
délibérations a été confiée au président du conseil élu depuis la réforme de 197644.

1.2.1 La tutelle sur les collectivités territoriales


La mise en place de la décentralisation au Maroc a été marquée par une tutelle renforcée de
l’Etat sur les collectivités territoriales. Qu’il s’agisse de la décentralisation communale,
provinciale et préfectorale ou régionale, le législateur a constamment maintenu l’exercice de
la tutelle sur les actes des élus et sur les délibérations et les décisions des conseils.

Ainsi, tous les textes régissant les collectivités territoriales lui ont consacré une place
privilégiée. La tutelle constitue, en fait, le procédé nécessaire de la défense de l’intérêt général
contre les éventuels excès des collectivités décentralisées45.

Ce choix s’explique naturellement par le fait que, la politique de décentralisation, au sens


moderne, demeure finalement relativement récente au Maroc et ne saurait être aussi
développée que dans les pays où sa pratique remonte à plus d’un siècle46.

La tutelle sur les collectivités territoriales est exercée principalement par le Ministère de
l’intérieur et par les walis et gouverneurs dans des domaines fixés par la loi.

Cette tutelle concerne les délibérations des conseils et les « élus ». Elle prend les formes
suivantes (voir annexe 2) :

a. La tutelle sur les délibérations :

Elle se manifeste par l’approbation de certaines délibérations prises par les conseils des
collectivités territoriales, l’opposition motivée dans les cas de nullité ou d’annulabilité et le
visa des actes réglementaires pris par les présidents des conseils des communes.

b. La tutelle sur « les élus » :

Il s’agit des décisions de démission, de suspension, de dissolution et de révocation prononcées


à l’encontre des conseils élus, de leurs membres, présidents ou vice-présidents dans les cas
prévus par les lois de la décentralisation.

Ces décisions sont prononcées soit par décret motivé (dissolution et révocation des conseils et
révocation de leurs membres y compris les présidents et vice-présidents), soit par arrêté du
Ministre de l’intérieur (suspension des conseils et de leurs membres y compris les présidents

44
Dahir portant loi n° 1-76-583 du 30 septembre 1976 relatif à l'organisation communale, BO n° 3335-bis du 01 octobre
1976.
45
Benabdallah Mohammed Amine, Propos sur la décentralisation territoriale au Maroc, Mélanges offerts au professeur
Jacques Moreau, Ed. Economica, Paris, 2003.
46
Ibid.
12
et vice-présidents et démission d’office des leurs membres y compris les présidents et vice-
présidents).

De plus, en cas de suspension, de dissolution d’un conseil ou de démission de tous ses


membres en exercice, ou lorsqu'un conseil ne peut être constitué, le Ministère de l’intérieur
dans le cas des régions, préfectures, provinces et communes urbaines47 et le wali ou
gouverneur dans le cas des communes rurales, sont chargés de désigner une délégation
spéciale pour remplir les fonctions du conseil.

c. Le pouvoir de substitution :

Les walis et gouverneurs disposent d’un pouvoir de substitution qu’ils peuvent exercer
lorsque le président du conseil régional, préfectoral, provincial ou communal refuse ou
s'abstient de prendre les actes qui lui sont légalement impartis. Dans ce cas, le wali ou le
gouverneur peut, après l'en avoir requis, y procéder d'office.

Dans la pratique, le pouvoir de substitution semble agir plus comme « épouvantail » que
comme mesure courante de dépasser « les blocages »48.

Par ailleurs, il y a lieu de souligner que la tutelle n’est pas toujours prévue uniquement par les
textes qui régissent directement les collectivités territoriales, mais elle est prévue, également,
par d’autres textes, tels que le décret des marchés publics qui conditionnait la validité des
marchés des régions, des préfectures, des provinces et des communes à leur approbation par
l'autorité compétente49. Il s’agit du Ministre de l’intérieur ou son délégué pour les marchés
dont le montant dépasse 10 millions de Dh, du wali pour les marchés des régions, préfectures
et provinces dont le montant est inférieur ou égal à 10 millions de Dh et entre 2 millions et 10
millions pour les communes et du gouverneur pour les marchés des communes dont le
montant est inférieur à 2 millions de Dh50.

La tutelle se manifeste, également, par les interventions de l’Inspection générale de


l’administration territoriale (IGAT). En 2014, 93 missions d’inspection ont été dépêchées par
l’Administration centrale (Ministère de l’intérieur) et ont abouti à 63 décisions, dont la
suspension des dirigeants communaux reste la sanction la plus dominante avec 31 décisions.
Le recours à la justice reste peu utilisé avec un nombre de 16 affaires qui ont été déférées
devant les tribunaux51.

47
Les lois relatives à l’organisation communale distinguaient deux types de communes urbaines et rurales.
48
Rapport sur la régionalisation avancée, livre II, rapports thématiques, Commission consultative de la régionalisation,
Rabat, 202 pages (page 28).
49
Articles 144 et 152 du Décret n° 2-12-349 du 20 mars 2013 relatif aux marchés publics, BO n° 6140 du 4 avril 2013.
50
Arrêté du Ministre de l’intérieur n° 3610.13 du 12 décembre 2013, fixant les autorités habilitées à approuver les marchés
des régions, des préfectures, des provinces et des communes, BO n° 6214 du 19 décembre 2013.
51
Bennajah Younes, Collectivités territoriales : la tutelle serre la vis, Les Eco, 12 janvier 2015, pages 18-32.
13
En somme, l’exercice de la tutelle donnait aux walis et gouverneurs un droit de regard sur la
légalité et l’opportunité des décisions et actes des collectivités territoriales. Elle servait de
levier pour veiller, d’une part, au respect des lois et règlements, et d’autre part, à la
convergence des actions menées au niveau territorial par lesdites collectivités avec les
programmes et les politiques nationaux, ainsi qu’au respect des orientations et des directives
de la politique générale du gouvernement.

1.2.2 L’exécution des délibérations des conseils des régions, des préfectures et des
provinces
Les gouverneurs ont été chargés de l’exécution des délibérations des provinces [et
préfectures] depuis la première loi d’organisation des provinces de 1962 et par toutes les
Constitutions successives du Royaume. De même, pour les régions depuis la première loi
d’organisation des régions de 1997, c’est le gouverneur de la province chef-lieu de la région
(wali) qui assure le rôle d’exécutif.

La décentralisation provinciale et régionale n’a pas été aussi développée que la


décentralisation communale52, puisque depuis pour la réforme de 1976, l’exécution des
délibérations des conseils des communes a été confié au président du conseil.

En exécutant les délibérations des conseils élus des régions, des préfectures et des provinces,
les walis et gouverneurs assuraient, entre autres, l’exécution de leurs budgets, la réalisation
des projets et la conclusion des marchés et contrats. Ceci était considéré au départ comme un
moyen d’assister ces entités peu préparées à des tâches de gestion et d’optimiser les dépenses
publiques53.

Ils disposaient d’un budget qui leur permettait d’intervenir dans différents secteurs ; social,
d’aménagement urbain et d’infrastructures et de participer au financement de certains
programmes et politiques nationales à la place de certaines collectivités qui n’arrivaient pas à
honorer leurs engagements. Les programmes nationaux d’équipement, tels que le programme
d’électrification rurale global (PERG), le programme d’approvisionnement groupé en eau
potable des populations rurales (PAGER) et le programme national de construction des routes
rurales (PNCRR) constituent des exemples illustratifs pour ce type d’intervention.

Cette marge de manœuvre dont disposaient les représentants de l’Etat, leur permettait
d’assurer l’équilibre entre les collectivités relevant de leurs commandements en réalisant des
projets d’infrastructure et de développement dans les collectivités moins nanties. De même,

52
El Yaâcoubi Mohammed et Harsi Abdallah, Rapport sur le cadre conceptuel, législatif et réglementaire des processus de
décentralisation et de régionalisation au Maroc, Contribution au Rapport RDH 50, 2005, pages 174-216 (page 179).
53
Rapport sur la régionalisation avancée, livre II, rapports thématiques, Op. cit (page 28).
14
de répondre à quelques besoins des citoyens que certains conseils élus, s’abstiennent à assurer
pour une raison ou une autre, notamment, de nature politique.

Par ailleurs, et au fur et à mesure de l’avancée du processus de décentralisation, le législateur


a mis en place des mesures pour garantir les droits des collectivités territoriales, tels que le
contreseing nécessaire du président du conseil régional à tout acte d’exécution par le wali, ou
la possibilité pour les conseils régionaux, préfectoraux ou provinciaux d’interpeller les walis
et gouverneurs sur l’exécution de leurs décisions et délibérations ou encore les possibilités de
recours auprès du Ministre de l’intérieur ou du Premier Ministre ou auprès des tribunaux
administratifs. Dans les faits, les recours auprès des tribunaux administratifs ne sont
pratiquement jamais utilisés, les usages ont voulu que les conflits se règlent « à l’amiable ».

Cependant, la mission d’exécution des délibérations des régions, préfectures et provinces par
les représentants de l’Etat a été souvent considérée par certains auteurs comme une limite
organique à l’autonomie de ces collectivités54. De surcroît, la cohabitation sur le territoire
entre les walis et gouverneurs et les présidents des conseils des régions, des préfectures et des
provinces n’était pas égalitaire. Les représentants de l’Etat mieux formés, mieux entourées et
dotés du pouvoir d’exécution sont mieux perçus par la population locale et ont éclipsé les
présidents élus.

Les élus et les partis politiques réclamaient que ce rôle d’exécution leur revient. Cette
réclamation a été satisfaite avec la dernière réforme de la Constitution de 2011, qui a précisé
au niveau de son article 138 que : « les présidents des conseils des régions et les présidents
des autres collectivités territoriales exécutent les délibérations et décisions de ces conseils. ».

2. La dernière réforme de la décentralisation : du représentant de l’Etat tuteur et


gestionnaire au représentant de l’Etat contrôleur et conseiller des collectivités
territoriales
La dernière réforme de la Constitution de 2011 a constitué une nouvelle étape du
développement de la décentralisation et de la régionalisation au Maroc. C’est l'aboutissement
des expériences et des réformes accumulées par le Maroc depuis plus d'un demi-siècle. Il était
donc temps de passer à une nouvelle phase de décentralisation et de démocratie locale, fondée
sur le renforcement de l'autonomie administrative et financière des collectivités territoriales,
la consolidation de leurs compétences dans le cadre de la libre administration et
l’amélioration des règles de bonne gouvernance.

Ainsi, la libre administration a été placée au rang de principe constitutionnel qui s’impose au
législateur et à toutes les autres autorités administratives. L’article 136 de la Constitution de

54
El Yaâcoubi Mohammed et Harsi Abdallah, Op. cit (page 179).
15
2011 dispose que : « L’organisation régionale et territoriale repose sur les principes de libre
administration, de coopération et de solidarité. Elle assure la participation des populations
concernées à la gestion de leurs affaires et favorise leur contribution au développement
humain intégré et durable. ».

Ce principe a été repris dans les trois lois organiques relatives aux régions, aux préfectures et
provinces et aux communes55, qui l’explicitent au fait que « chaque collectivité territoriale
dispose, dans la limite de ses compétences, du pouvoir de délibérer de manière démocratique
et du pouvoir d'exécuter ses délibérations et ses décisions, conformément aux dispositions des
textes législatifs et réglementaires ».

Cette conception de la libre administration signifie une coupure avec les pratiques
traditionnelles qui ont prévalu, jusqu’à présent, dans l’exercice de la décentralisation
territoriale au Maroc, notamment, celle en relation avec l’exécution des délibérations des
assemblées élus et leur contrôle. L’Etat était donc obligé de se doter de nouvelles missions
pour accompagner la libre administration, tout en conservant son unité et l’unité de son ordre
juridique.

2.1. Les nouvelles missions


La mise en œuvre de la libre administration des collectivités territoriales a induit deux
impératifs pour l’Etat ; d’une part, renforcer, les compétences décisionnelles et exécutives des
conseils élus, notamment, pour les régions, préfectures et provinces, et d’autre part, mettre en
place un système de contrôle adapté garantissant la sécurité juridique et les intérêts nationaux.
L’exécution et le suivi de la mise en œuvre de ces mesures ne pouvant être pilotés du niveau
central, le représentant de l’Etat au niveau territorial a été chargé de ces nouvelles missions.

2.1.1 Le contrôle administratif


Le contrôle administratif est la principale nouvelle mission constitutionnelle confiée aux walis
et gouverneurs en vertu de l’article 14556 de la Constitution de 2011. Il contribue à garantir la
prééminence des intérêts nationaux, à assurer une application uniforme de la règle de droit sur
le territoire national et à concrétiser, in fine, l’égalité devant la loi des citoyens57.

Les trois lois organiques relatives aux régions, aux préfectures et provinces et aux communes
ont consacré un chapitre à part au contrôle administratif58. Il ressort de la lecture de ces textes

55
Article 4 de la loi organique n° 111-14, article 3 de la loi organique n° 112-14 et article 3 de loi organique n° 113-14.
56
L’article 145 de la Constitution de 2011 dispose que : « Dans les collectivités territoriales, les walis de régions et les
gouverneurs de préfectures et de provinces représentent le pouvoir central. Au nom du gouvernement, ils assurent
l’application des lois, mettent en œuvre les règlements et les décisions gouvernementaux et exercent le contrôle
administratif. [...] ».
57
Daoudi Imane, Op.cit. (page 70) (article en arabe).
58
Chapitre III (articles 113 à 115) de la loi organique n° 111-14, chapitre III (articles 106 à 109) de la loi organique n° 112-
14 et chapitre IV (articles 115 à 118) de loi organique n° 113-14.
16
que les walis et gouverneurs exercent le contrôle administratif sur la légalité des arrêtés des
présidents et des délibérations des conseils des collectivités territoriales. Ainsi, sont
considérés comme nulles de plein droit, les délibérations et les arrêtés ne faisant pas partie des
attributions du conseil de la collectivité territoriale ou de son président, ou ceux pris en
violation des dispositions des textes législatifs et réglementaires en vigueur.

Tout litige à ce sujet est examiné par le tribunal administratif. Ce dernier statue sur la
demande de nullité après sa saisine, à tout moment, par le gouverneur pour les communes, les
préfectures et les provinces, alors que pour les régions cette saisine est confiée à l'autorité
gouvernementale chargée de l'intérieur.

Pour exercer le contrôle administratif, des copies des procès-verbaux des sessions, des
délibérations des conseils des collectivités territoriales et des arrêtés pris par leurs présidents,
dans le cadre du pouvoir réglementaire, doivent être notifiées aux walis pour les régions et
aux gouverneurs pour les communes, les préfectures et les provinces, contre récépissé, dans
un délai maximum de quinze jours ouvrables pour les communes et de dix jours pour les
régions, les préfectures et les provinces. Le délai mentionné est comptabilisé à partir de la
date de clôture de la session ou la date de prise desdits arrêtés.

De même, pour les communes, des copies des arrêtés individuels en matière d'urbanisme
doivent être obligatoirement notifiés au gouverneur, dans un délai maximum de cinq jours à
compter de leur délivrance au concerné.

En cas de violation des dispositions des textes législatifs et réglementaires en vigueur, le


représentant de l’Etat notifie son opposition motivée au président du conseil de la collectivité
concernée dans un délai maximum de trois jours ouvrables à compter de la date de la
réception de la délibération. Le conseil concerné est appelé, dans ce cas, à faire un nouvel
examen de la délibération adoptée.

En cas de maintien de la délibération objet d'opposition, le juge des référés du tribunal


administratif est saisi de l’affaire. Il statue sur la demande de suspension d'exécution dans un
délai de 48 heures à compter de la date d'introduction de la demande auprès du greffe dudit
tribunal. Cette saisine emporte suspension de l'exécution de la délibération jusqu'à ce que le
tribunal statue sur ladite demande.

Le tribunal administratif statue sur la demande de nullité dans un délai maximum de trente
jours à compter de la date de sa saisine. Il doit notifier obligatoirement une copie du jugement

17
à l’autorité l’ayant saisie59 et au président du conseil concerné dans un délai de dix jours de
son prononcé.

En absence d’opposition, les délibérations des conseils des collectivités territoriales


deviennent exécutoires à l'expiration du délai d'opposition sus-indiqué.

Concernant le contrôle administratif des « élus », les trois lois organiques de la


décentralisation ont adopté une démarche similaire à celle appliquée lorsque les collectivités
étaient soumises à la tutelle, tout en encadrant mieux l’exercice de ce contrôle et en mettant en
place un ensemble de règles qui explicitent aux élus leurs droits et obligations.60 Ainsi, les
membres des conseils élus y compris les présidents des conseils et leurs vice-présidents
peuvent être suspendus ou révoqués dans des cas où ils commettent des actes contraires aux
lois et règlements en vigueur, portant atteinte à l'éthique du service public et aux intérêts de la
collectivité ou ils n’assurent pas les responsabilités et les tâches qui leur incombent. De
même, le conseil élu peut être suspendu ou dissous dans les cas où les intérêts de la
collectivité sont menacés pour des raisons touchant au bon fonctionnement du conseil ou si ce
dernier s'abstient de remplir ses missions (voir annexe 3).

Toutes ces sanctions sont prononcées par le tribunal administratif. Les walis et gouverneurs
ou l’autorité gouvernementale chargée de l’intérieur n’a de pouvoir que de saisir le tribunal
administratif en cas d’infraction.

De surcroît, les walis et gouverneurs conservent un pouvoir de substitution, lorsque le


président s'abstient de prendre les actes qui lui sont impartis. Cette substitution est
conditionnée par une décision de justice constatant ledit état d'abstention.

Par ailleurs, le système marocain de contrôle administratif se caractérise par la conservation


du visa préalable à l’exécution de certaines délibérations (voir annexe 4), dans un délai de
vingt jours à compter de la date de leur réception. Il s’agit, notamment, des délibérations
relatives aux :

- Documents de planification des collectivités territoriales ;


- L’organisation de leur administration ;
- Le budget et les délibérations ayant une incidence financière sur les dépenses et les
recettes, notamment, les emprunts, les garanties, la fixation des tarifs des taxes, des
redevances et droits divers et la cession des biens et leur affectation ;

59
Le gouverneur pour les communes, les préfectures et les provinces et l'autorité gouvernementale chargée de l'intérieur pour
les régions.
60
Bahi Mohamed, Le contrôle de légalité des collectivités territoriales à la lumière des nouvelles lois organiques, REMALD
n° 124, septembre - octobre 2015, pages : 35-50, (page 37) (article en arabe).
18
- La coopération décentralisée et le jumelage avec les collectivités territoriales
étrangères ;
- La gestion déléguée et la création des sociétés de développement.

Le visa sus-indiqué est confié au gouverneur pour les délibérations des communes,
préfectures et provinces à l’exception de celles relatives à la gestion déléguée et à la création
des sociétés de développement, dont le visa relève de la compétence de l’autorité
gouvernementale chargée de l'intérieur, au même titre que celui des délibérations des régions.

Toutefois, le visa est réputé comme accordé, si aucune décision n'est prise au sujet de l'une
desdites délibérations, à l'expiration du délai prévu.

Par ailleurs, « malgré que le texte constitutionnel désigne le wali ou le gouverneur comme
étant les seules autorités habilités à exercer le contrôle administratif sur les collectivités
territoriales, force est de constater dans les textes de lois organiques la persistance de
l’intervention du service central du Ministère de l’intérieur dans le contrôle des collectivités
territoriales »61. Cette implication du Ministère de l’intérieur dans le contrôle administratif
pose la question de la validité constitutionnelle de cette implication.

2.1.2 Le conseil et l’assistance


La Constitution du 29 juillet 2011 confie aux walis et gouverneurs une mission de conseil et
d’assistance aux présidents des collectivités territoriales. L’article 145 de la Constitution
stipule que : « Les walis et gouverneurs assistent les présidents des collectivités territoriales
et, notamment, les présidents des conseils des régions dans la mise en œuvre des plans et des
programmes de développement. ».

La portée de cette assistance est générale, elle ne se limite pas uniquement au conseil
juridique, ou au seul domaine de la gestion administrative, mais elle couvre, également, les
domaines de planification, de programmation et d’exécution des politiques de développement,
notamment, au niveau régional.

Néanmoins, il faut signaler que les lois d’organisation des collectivités territoriales qui étaient
en vigueur avant la dernière réforme de la décentralisation ont introduit les bases de cette
mission de conseil et d’assistance aux conseils élus. La loi n° 78-00 portant charte
communale62 dispose, dans son article 68, que les pouvoirs de tutelle ont pour but, entre
autres, d'assurer l'assistance et le concours de l'administration.

61
El Alami El Habib, Le contrôle des collectivités territoriales au Maroc : Quel rôle pour le Ministère de l’intérieur ?,
REMALD, n°122-123, mai-août 2015, pages : 125-135 (pages 134 et 135).
62
Loi n° 78-00 portant charte communale, promulguée par le Dahir n° 1-02-297 du 3 octobre 2002, BO n° 5058 du 21
novembre 2002.
19
Certes, l’assistance et le conseil sous « l’aire de la libre administration » n’auront pas le même
effet et la même portée que durant « l’aire de la tutelle », néanmoins, la constitutionnalisation
de cette mission reflète l’importance que le constituant marocain veut lui accorder et montre
qu’il est conscient que le vide que pourrait engendrerait la suppression de la tutelle ne pourrait
être comblé que par le conseil et l’assistance. Cette nouvelle/ancienne mission fait des walis
et gouverneurs des conseillers des exécutifs des collectivités territoriales, pourvu que ces
derniers en demande.

2.2. La décharge des walis et gouverneurs de certaines missions traditionnelles


Le renforcement de la décentralisation et de la démocratie locale prôné par le Maroc a été mis
en place progressivement à travers un réaménagement des pouvoirs et des missions au niveau
local entre les collectivités territoriales et l’Etat, représenté par les walis et gouverneurs.
Ainsi, la dernière réforme de la décentralisation a poursuivi le renforcement continu et
progressif, des compétences décisionnelles et exécutives des conseils élus et l’allègement du
contrôle exercé sur eux, en contrepartie il a déchargé les walis et gouverneurs de ces missions
qu’ils ont traditionnellement exercé.

2.2.1 La suppression de la tutelle


En faisant le choix de la libre administration, le constituant marocain a voulu rompre avec les
pratiques de la tutelle et du contrôle a priori, asseoir un contrôle administratif, qu’il a confié
aux walis et gouverneurs, et renforcer, ainsi, le rôle du contrôle des juridictions
administratives et financières63.

Les dispositions des trois lois organiques relatives aux régions, aux préfectures et provinces et
aux communes mettant en place le contrôle administratif ont encadré le rôle des walis et
gouverneurs et ont limité leur intervention au seul contrôle du respect des dispositions
législatives et réglementaires. En cas d’illégalité, ils ne peuvent que saisir le tribunal
administratif, en cas de refus de la collectivité concernée de réexaminer la délibération ou la
décision contestée.

La suppression de la tutelle a été amorcée au Maroc depuis plusieurs années. En effet, le


législateur avait annoncé dans le préambule de l’ancienne loi n° 47-96 relative à
l’organisation de la région que : « La tutelle, quant à elle, sera exercée sous le contrôle du
tribunal administratif ». A cet effet, il a précisé que la nullité et l’annulabilité des
délibérations sont prononcées par le tribunal administratif soit à la demande du gouverneur du

63
Ajaoun Ahmed, La régionalisation avancée dans la Constitution marocaine de 2011, REMALD n° 116, mai - juin 2014,
pages : 83 - 90, (page 88) (article en arabe).
20
chef-lieu de la région (wali), soit à la demande de toute personne intéressée64. De même, il a
donné au président de la région le droit d’introduire un recours devant le tribunal administratif
en cas de refus d’approbation d’une délibération par l’autorité de tutelle (le Ministère de
l’intérieur)65.

Néanmoins, le législateur a prévu dans les trois lois organiques de décentralisation un système
de visa du gouverneur ou de l’autorité gouvernementale chargée de l'intérieur, préalable à
l’exécution de certaines délibérations (voir annexe 4).

Bien que les principes de la libre administration et de contrôle administratif soient prévus
dans la Constitution, il s’avère que le législateur marocain s’est montré craintif et hésitant et a
voulu maintenir un droit de regard de l’Etat dans certains domaines jugés à risques
éventuellement élevés : planification, finances, coopération étrangère, gestion déléguée et
création des sociétés de développement, etc.

Il semble que « l’histoire de l’Etat centralisateur et la réalité des collectivités territoriales


peuvent imposer une lecture atténuée du principe de la libre administration »66.

Par ailleurs, il y a lieu de signaler qu’à la différence des mesures de tutelle appliquées avant la
dernière réforme dans lesquelles le refus d’approbation ou de visa par le représentant de l’Etat
ou l’autorité gouvernementale chargée de l’intérieur, le cas échéant, était associé à un pouvoir
d’annulation de la délibération ou de l’acte concerné, le législateur n’a pas précisé les mesures
à prendre en cas de refus de visa et de refus du conseil de réexaminer sa délibération ou son
acte. Est-ce que l’acte sera considéré comme annulé ? Ou bien doit-il être déféré au tribunal
administratif ?

Si on procède à une interprétation extensive des textes, on peut considérer que l’acte doit être
déféré au tribunal administratif, en se basant sur les dispositions des articles qui définissent la
portée du contrôle administratif et qui stipule que « tout litige à ce sujet est examiné par le
tribunal administratif »67. Dans ce cas, le visa préalable est considéré comme faisant partie du
contrôle administratif.

Par contre, si on se limite à une interprétation des seuls articles relatifs au visa préalable68, on
constate que les textes des trois lois organiques relatives aux régions, aux préfectures et

64
Articles 44, 45 et 46 de la loi 47-96 relative à l'organisation de la région, promulguée par le Dahir n° 1-97-84 du 02 avril
1997, BO n° 4470 du 03 avril 1997.
65
Article 43 de la loi 47-96.
66
Zair Tarik, Le principe de libre administration des collectivités territoriales, REMALD n° 107, novembre-décembre 2012,
pages : 9-23 (page 23).
67
Article 112 de la loi organique n° 111-14, article 106 de la loi organique n° 112-14 et article 115 de la loi organique n°
113-14.
68
Article n° 115 de la loi organique n° 111-14, article n° 109 de la loi organique n° 112-14 et article n° 118 de la loi
organique n° 113-14.
21
provinces et aux communes restent muets sur les mesures à prendre en cas de refus de visa et
de refus du conseil de réexaminer sa délibération ou son acte. Dans une telle situation, seule la
pratique pourra apporter une réponse.

Ces dispositions peuvent être considérées comme une exception au principe de la libre
administration, sachant que le Conseil constitutionnel s’est prononcé sur les trois lois
organiques de la décentralisation et n’a émis aucune réserve au sujet desdites dispositions69.
La coexistence de ces dispositions dans les textes de la décentralisation à côté du principe de
la libre administration pose certaines questions du genre : Est-ce que le législateur a
effectivement supprimé la tutelle ? Est-ce que cette suppression est complète ?

De telles questions sont d’actualité même dans des pays comme la France qui a adopté la libre
administration et le contrôle de légalité depuis 198270. Certains auteurs considèrent que la
suppression de la tutelle sur les collectivités territoriales en France n’est pas complète.

En effet, certaines délibérations demeurent soumises à l’approbation du représentant de l’Etat


avant leur exécution, tel est le cas de l’approbation du schéma régional de développement
économique, d'innovation et d'internationalisation, qui a été institué par la loi portant nouvelle
organisation territoriale de la République (NOTRe) 71. Cette approbation assure la cohérence
avec les orientations de l’Etat et légitime l’autorité ainsi conférée à la région sur le bloc
communal72.

Toutefois, elle a été considérée comme un rétablissement du contrôle a priori des préfets sur
l’action de la région et constitue une remise en cause d’un des piliers essentiels des lois de
1982, lesquelles ont justement aboli la tutelle préfectorale73.

2.2.2 Le transfert de l’exécutif des régions, des préfectures et des provinces des
walis et gouverneurs aux présidents des conseils élus
La Constitution de 2011 a institué les présidents des conseils élus des régions, des préfectures
et provinces, comme organe exécutif des délibérations et des décisions de ces conseils à la
place des walis et gouverneurs74.

Ce transfert de l’exécutif aux présidents des conseils régionaux, préfectoraux et provinciaux a


constitué un souhait des élus depuis quelques années pour disposer de leurs pleines

69
Décisions du Conseil constitutionnel n° 966/15 du 30 juin 2015, n° 967/15 du 30 juin 2015 et n° 968/15 du 30 juin 2015.
70
Loi n° 82-213 du 2 mars 1982 relative aux droits et libertés des communes, des départements et des régions, JORF du 03
mars 1982.
71
Article L.4251-16 de la loi n° 2015-991 du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République, JORF
n°0182 du 8 août 2015.
72
Marcou Gérard, Développement économique : la région, chef de file ?, Revue française d’Administration publique, n° 156,
2015, ENA, pages 1037-1048, (page 1040)
73
Cukierman Cécile (Sénatrice de la Loire), Loi NOTRe : Schéma régional de développement, consultable sur :
http://www.cecile-cukierman.fr/?p=4461.
74
Article 138 de la Constitution de 29 juillet 2011.
22
responsabilités75. Il aurait comme conséquence directe le renforcement de la position du
président élu par rapport au représentant de l’Etat au niveau local.

Désormais, les présidents des conseils des régions, des préfectures et des provinces disposent
du pouvoir d’exécuter les délibérations de leurs conseils et leurs décisions. A cet effet, ils
exécutent, chacun dans la limite de ses compétences, le programme de développement
régional, le schéma régional de l'aménagement du territoire et le programme de
développement de la préfecture ou de la province, ils sont ordonnateurs des recettes et des
dépenses, ils gèrent et conservent les biens de la collectivité, ils concluent les marchés et
conventions, etc.

Pour réaliser leurs missions, ils disposent d’une Administration dirigée par un Directeur
général des services. De surcroît, les présidents des régions disposent d’une « agence
régionale d’exécution des projets » dotée de la personnalité morale et de l'autonomie
administrative et financière. Cette agence est chargée d’apporter au conseil de la région toute
forme d'assistance juridique et d'ingénierie, technico-financière lors de l'étude et d'élaboration
des projets et programmes de développement et d’exécuter les projets et programmes de
développement adoptés par le conseil de la région.

75
Rapport sur la régionalisation avancée, livre II, rapports thématiques, Op. cit (page 28).
23
Deuxième partie : Impact de la réforme de la décentralisation sur le rôle
des walis et gouverneurs
Toute réforme de l’Etat visant à mettre en place ou modifier une politique publique a des
impacts sur les relations entre les acteurs impliqués dans cette politique, leur organisation et
leur fonctionnement. Les différentes réformes de la décentralisation, qu’a connu le Maroc
depuis l’indépendance, ont façonné les institutions locales et ont configuré le partage des
compétences entre elles. Que ce soit collectivités territoriales, services déconcentrés ou
représentants de l’Etat, toutes ces institutions ont évolué au fur et à mesure de l’avancement
du processus de décentralisation.

A l’aune de l’importance et de l’ampleur des mesures de la dernière réforme de la


décentralisation et, notamment, celles qui concernent les représentants de l’Etat, il s’avère
intéressant d’examiner l’impact de cette réforme sur le rôle de ces acteurs au niveau
territorial, particulièrement, dans la mise en œuvre et la coordination des politiques publiques.
L’accent sera mis, notamment, sur les risques inhérents à la mise en œuvre de la réforme qui
pourraient affecter le rôle des walis et gouverneurs, d’une part, et sur les opportunités qui
peuvent être mobilisées pour renforcer leur place et leur rôle, d’autre part.

1. Effet de la réforme sur le rôle des walis et gouverneurs : le risque de


"marginalisation"
Le risque principal que peut engendrer la mise en œuvre de la dernière réforme de la
décentralisation est un risque d’isolement des walis et gouverneurs. En effet, en redistribuant
les rôles au niveau territorial, notamment, par le renforcement des attributions des présidents
des conseils des régions, des préfectures et des provinces, il semble que les représentants de
l’Etat vont se trouver à « l’extérieur » de la mise en œuvre des politiques publiques.

Une évaluation ex ante des effets de la réforme sur les missions, l’organisation et le
fonctionnement de l’institution des walis et gouverneurs pourrait fournir des éléments de
réponses quant à l’importance de ce risque.

1.1. Impact sur les missions


Pour illustrer l’impact de la réforme de la décentralisation sur le rôle des walis et gouverneurs
dans la mise en œuvre des politiques publiques au niveau territorial, deux missions
traditionnelles des représentants de l’Etat (la tutelle et l’exécution des délibérations des
conseils des régions, des préfectures et des provinces) qui sont concernées par la réforme,
seront scrutées dans l’objectif de montrer les liens entre leur mutation et l’évolution du rôle
des walis et gouverneurs.

24
1.1.1 Impact du remplacement de la tutelle par le contrôle administratif
Parmi les principaux apports de la dernière réforme de la décentralisation il convient de citer
particulièrement la consécration du principe de la libre administration des collectivités
territoriales. Pour ce faire, le législateur a remplacé la tutelle du Ministère de l’intérieur sur les
collectivités territoriales, à laquelle les walis et gouverneurs ont été associés à plusieurs titres,
par le contrôle administratif.

De prime à bord, on pourra penser que la suppression de la tutelle aurait des effets négatifs sur
le rôle des walis et gouverneurs, notamment, dans leur relation avec les collectivités
territoriales. Les élus auront tendance à se sentir libéré du contrôle renforcé et généralisé des
représentants de l’Etat et pourraient devenir moins soucieux quant au respect des lois et
règlements. De même, leur choix de programmes et projets de développement local pourrait
ne pas respecter ni leurs champs de compétences, ni les orientations des politiques nationales
en l’absence du contrôle d’opportunité. Aussi, certains hommes d’affaires et investisseurs
ayant des relations et des intérêts économiques ou politiques avec les présidents des
collectivités territoriales peuvent exploiter cette situation et bénéficier d’avantages d’une
façon illégale ou ne respectant pas les normes techniques, urbanistiques ou
environnementales.

Ces situations seront d’autant plus prononcées chez les présidents des conseils des régions,
des préfectures et des provinces qui deviennent pour la première fois l’organe exécutif des
délibérations de leurs conseils et qui n’ont jamais exercé ce rôle sous « l’aire de la tutelle ».

De surcroît, le manque d’expertise juridique et technique au niveau de certaines collectivités,


notamment, les petites pourraient entraîner, également, une hausse des irrégularités, surtout en
l’absence de la concertation et de l’encadrement juridiques des services des wilayas,
préfectures et provinces, qui se pratiquaient dans le cadre de la tutelle.

En marge de ces risques, les walis et gouverneurs pourraient sentir qu’ils ont perdu une partie
de leurs pouvoirs, leur droit de regard et de rectification des décisions et des actes des
collectivités territoriales. Néanmoins, cette situation est à nuancer pour deux
raisons principales ; d’une part, des mesures de sécurité sont prévues par le législateur, et
d’autre part, l’attribution du contrôle administratif aux walis et gouverneurs.

En ce qui concerne le premier aspect, l’examen des trois lois organiques relatives aux régions,
aux préfectures et provinces et aux communes montre que le législateur marocain soucieux de
la sécurité juridique et voulant que le passage de la tutelle au contrôle administratif se fasse
graduellement, a mis en place des mesures de sécurité pour compenser le manque de contrôle
induit par la suppression de la tutelle. Ces mesures concernent les volets suivants :
25
- Un droit de regard des walis et gouverneurs sur le règlement intérieur des conseils élus
et l’ordre du jour de leurs sessions : ils peuvent s’opposer au règlement intérieur du
conseil76, s’il est pris en violation des dispositions des textes législatifs et réglementaires
en vigueur, et à toute question inscrite à l'ordre du jour77 qui ne relève pas des
compétences de la collectivité territoriale ou des attributions du conseil. L’opposition
est soumise, le cas échéant, au tribunal administratif, qui est seul habilité pour y statuer.
- Un système de visa préalable à l’exécution de certaines délibérations qui ont une
importance manifeste (voir annexe 4).

En ce qui concerne le contrôle administratif, il vient pour combler le vide laissé par la
suppression de la tutelle. Ainsi, les walis et gouverneurs sont investis de cette nouvelle
mission. Cependant, le rôle du contrôle de légalité reste limité à recevoir les délibérations et
actes des collectivités territoriales, les examiner, relever les irrégularités, inviter la collectivité
territoriale à réexaminer sa décision et déférer l’affaire au tribunal administratif en cas de
refus. Les walis et gouverneurs n’auront plus le pouvoir d’annulation, d’approbation et de
sanction et de ce fait se sentiront diminué devant les collectivités territoriales.

Par ailleurs, la question de l’efficacité du contrôle administratif peut être, également, discutée.
En effet, le nombre élevé de délibérations et d’actes qui sont soumis au contrôle administratif
est le premier handicap qui peut être accentué avec le nombre élevé de collectivités
territoriales relevant de chaque wali ou gouverneur (A titre d’exemple : 89 communes pour la
province de Taroudannt).

Ce nombre sera, également, surhaussé par l’introduction dans le champ des actes soumis au
contrôle administratif des actes qui n’étaient pas soumis au contrôle de légalité. Un seul
exemple suffit pour illustrer cet aspect, et concerne les arrêtés individuels en matière
d'urbanisme délivrés par les communes, dont des copies doivent être obligatoirement notifiées
au gouverneur.

Le second handicap est le délai de trois jours fixé pour les walis et gouverneurs pour se
prononcer sur la légalité des actes transmis par les collectivités territoriales, qui reste très
insuffisant pour garantir l’efficacité du contrôle.

L’efficacité du contrôle peut être, également, biaisée par le ciblage des actes soumis au
contrôle administratif. En effet, les dispositions des trois lois organiques de la décentralisation
laissent penser que les marchés publics des collectivités territoriales ne font pas partie des

76
Article 114 de la loi organique n° 111-14, article 108 de la loi organique n° 112-14 et article 117 de la loi organique n°
113-14.
77
Article 44 de la loi organique n° 111-14, article 42 de la loi organique n° 112-14 et article 41 de la loi organique n° 113-14.
26
matières soumises au contrôle de légalité. Le législateur a tout d’abord confié leur
approbation aux présidents des conseils élus contrairement à ce qui a été d’usage avant la
dernière réforme de la décentralisation, puis il n’a pas indiqué l’obligation de leur
transmission au représentant de l’Etat.

Des difficultés similaires ont été, également, rencontrées en France, suite à l’entrée en vigueur
des lois de la décentralisation en 1982 et persistent jusqu'à ce jour. Les différentes réformes
adoptées ont permis de recouvrir progressivement l’efficacité du contrôle de légalité sans pour
autant arriver à l’objectif escompté78. Les principales mesures prises concernent :

- La réduction du nombre des actes soumis à l'obligation de transmission au


représentant de l'État ;
- La définition de priorités nationales et locales et l’élaboration de stratégies
départementales de contrôle de légalité ;
- La dématérialisation de la transmission des actes soumis au contrôle de légalité ;
- La réorganisation des services de l’État chargés du contrôle de légalité au niveau des
préfectures et des sous-préfectures.
Le Maroc peut s’inspirer de ces mesures, dès maintenant, pour renforcer l’efficacité du
contrôle administratif et garantir la sécurité juridique des actes prises par les collectivités
territoriales.

1.1.2 Impact du transfert de l’exécutif des régions, des préfectures et des provinces
des walis et gouverneurs aux présidents des conseils élus
La question principale qui se pose à ce niveau est de savoir si le changement de l’exécutif du
représentant de l’Etat aux présidents élus des conseils des régions, des préfectures et des
provinces affectera la notoriété et l’image des walis et gouverneurs au niveau territorial ?

Le fait de confier le pouvoir exécutif aux présidentes des conseils des régions, des préfectures
et provinces permettrait de dorer leur image auprès des citoyens et leur confère une place
privilégiée au niveau local. En effet, en disposant de prérogatives larges, d’un budget et des
moyens nécessaires pour exécuter les délibérations, mais aussi les programmes et projets de la
région, de la préfecture ou la province, les présidents élus sont devenus parmi les acteurs
principaux du développement local. Cette position est confortée, également, par l’adoption,
pour la première fois, du mode de scrutin directe pour l’élection des membres des conseils de
régions. Ceci donne aux présidents des conseils régionaux plus de légitimité et les
responsabilise devant les citoyens.

De même, le renforcement des ressources financières des collectivités territoriales,


notamment, les régions, prévu par la dernière réforme de la décentralisation, est un autre

78
Rapport public annuel 2016 de la Cour des comptes, février 2016, 1403 pages (pages 330-366).
27
facteur qui permettrait aux présidents des régions de renforcer leur position davantage au
niveau de leur territoire. Il faut rappeler dans ce sens que pour la première fois, le législateur
fixe dans un texte législatif les ressources réservées par l’Etat à un type de collectivité
territoriale donné. En effet, l’article 188 de la loi organique n° 111-14 relative aux régions
dispose que « l'Etat affecte aux régions en vertu de lois des finances de manière progressive
des taux fixés à 5% du produit de l'impôt sur les sociétés, 5% du produit de l'impôt sur le
revenu et 20% du produit de la taxe sur les contrats d'assurance, auxquels s'ajoutent des
crédits du budget général de l'Etat dans la perspective d'atteindre un plafond de 10 milliards
de dirhams à l'horizon 2021. ».

L’application de ces dispositions a fait grimper les dotations globales des régions du
Royaume de 1,7 milliards de Dh en 2014 à 4,2 milliards de Dh en 2016 79.

Cependant, cette nouvelle position des présidents des conseils des régions, des préfectures et
des provinces ne semble pas affecter le statut des walis et gouverneurs. Ces derniers ont
construits leur réputation et maintenus leur position au niveau local et national pendant plus
d’une cinquantaine d’années, en tant que représentants de l’Etat sur le territoire. Leur attitude
neutre et apolitique leur permet, également, de bénéficier de la confiance des citoyens et
d’être l’incarnation de l’Etat au niveau de leurs commandements.

Les mêmes inquiétudes exprimées par rapport à la position des walis et gouverneurs se sont
posées, également, en France lors de la réforme de 1982. « L’expérience a montré que ces
craintes étaient excessives : les réformes si elles ont modifié le contenu des fonctions
préfectorales, n’ont en rien réduit leur importance et leur signification politique »80.

« L’Etat territorial, et au premier rang les préfets, se sont adaptés à la décentralisation, dont
les grandes étapes ont été accompagnées d’une politique de déconcentration. Dans la mise en
œuvre de cette politique de transfert de pouvoirs de l’Etat aux niveaux locaux, le rôle de
synthèse et de coordination du préfet a toujours été réaffirmé »81.

Néanmoins, les walis et gouverneurs vont perdre une marge de manœuvre importante
notamment, budgétaire, qui leur permettait d’intervenir directement dans la mise en œuvre des
politiques publiques au niveau territorial. Ce rôle que les walis et gouverneurs ont assuré
depuis l’indépendance va être affecté, sauf si l’Etat compte mettre en place des outils pour
compenser le manque de crédits dont souffrirait ses représentants. Cet impact est d’autant plus

79
Données de la Direction générale des collectivités locales du Maroc.
80
Deyon Pierre, De pluviose an VIII à l’an 2000 : l’évolution de la fonction préfectorale, Pouvoirs locaux n° 44, 1/2000,
Institut de la décentralisation, pages 22-28 (pages 27 et 28).
81
Duport Jean-Pierre, Le préfet, immuable et changeant, Pouvoirs locaux n° 44, 1/2000, Institut de la décentralisation, pages
77-28 (page 77).
28
important si l’on prend en considération le fait que lorsque les walis et gouverneurs
exécutaient les budgets des régions, préfectures et provinces, ils pouvaient par une sorte
d’ « unité de caisse » couvrir les frais d’autres missions qui relevaient de leur fonction de
service déconcentré (notamment, de sécurité, de coordination, etc.) par les crédits de la
région, préfecture ou province.

Le législateur, en confiant l’exécutif aux présidents élus, voulait renforcer la démocratie


locale et conforter la place des conseils élus et, notamment, leurs présidents en tant qu’acteurs
actifs dans le développement local, cependant il ne serait imaginable qu’il a voulu affaiblir la
position des walis et gouverneurs.

1.2. Impact sur l’organisation et le fonctionnement


La réforme de la décentralisation va induire des changements profonds dans le rôle des walis
et gouverneurs sur le territoire. De ce fait, elle aura des effets sur la structure et le
fonctionnement des services déconcentrés du Ministère de l’Intérieur.

1.2.1 Impact sur l’organisation


L’organisation des wilayas, préfectures et provinces82, services déconcentrés du Ministère de
l’intérieur, respectivement au niveau des régions, des préfectures et des provinces, est régie
par l’arrêté du Ministre de l'intérieur n° 611-05 du 23 février 200583, qui prévoit neuf (9)
divisions et vingt-quatre (24) services au niveau des préfectures et des provinces chefs-lieux
des régions (wilayas) et sept (7) divisions et dix-huit (18) services pour les autres préfectures
et provinces.

Les divisions et services sus-visés assuraient, avant la dernière réforme de la décentralisation,


les missions qui incombent aux wilayas, préfectures et provinces en tant que services
déconcentrés du Ministère de l’intérieur, mais aussi les missions des collectivités territoriales
[régions, préfectures et provinces], puisque les walis et gouverneurs étaient l’organe exécutif
desdites collectivités. Les services, les moyens de travail et les locaux étaient communs entre
les services déconcentrés du Ministère de l’intérieur et les collectivités correspondantes. Les
présidents des conseils régionaux, préfectoraux et provinciaux n’avaient pratiquement pas
d’administration à l’exception d’un secrétaire général et quelques chargés de mission et
d'études pour les présidents des conseils des régions84 et un chef de cabinet et deux chargés de

82
Wilaya : équivalent de la préfecture de région - préfecture et province : équivalent de préfecture de département, il est
nommé préfecture lorsque la majorité de son territoire est situé au milieu urbain et province lorsqu’il est dominé par des
territoires ruraux. Les services déconcentrés du Ministère de l’intérieur préfecture ou province ont la même appellation
que les collectivités territoriales correspondantes (préfecture ou province).
83
Arrêté du ministre de l'intérieur n° 611-05 du 23 février 2005 fixant l'organisation des préfectures, des provinces, des
préfectures d'arrondissements et des pachaliks, BO n° 5322 du 2 Juin 2005.
84
Article 51 de la loi 47-97.
29
mission pour les présidents des conseils des préfectures et des provinces85. Ils sont détachés
de l'administration ou recrutés par voie contractuelle.

La première conséquence de la dernière réforme de la décentralisation sur l’organisation est


en relation avec le transfert du pouvoir exécutif des walis et gouverneurs aux présidents des
conseils élus est la nécessité de doter ces derniers par une administration en bonne et due
forme, capable de gérer les affaires du conseil et d’exécuter ses décisions et ses délibérations.
Ainsi, un partage du personnel, mais aussi, des moyens du travail et des locaux doit être
effectué entre les services des walis et gouverneurs et ceux des collectivités territoriales
concernées.

A cet égard, il faut signaler que le personnel des wilayas, préfectures et provinces est
généralement rétribué sur le budget général de l’Etat et sur le budget régional, préfectoral ou
provincial. La répartition du personnel peut se faire sur une base budgétaire, mais les deux
entités "service déconcentré" et "collectivité territoriale" risquent d’être lésées de point de vue
quantitative et qualitative, étant donné que le nombre et les profils du personnel n’est pas le
même pour tous les types de budgets. La solution la plus adaptée serait de faire une répartition
basée sur les profils. Chaque entité doit recevoir le personnel qui a les qualifications et
l’expérience nécessaires pour exercer ses missions. La loi organique n° 112-14 relative aux
préfectures et provinces prévoit dans son article 227 que : « les fonctionnaires relevant du
budget des assemblées préfectorales et provinciales seront redéployés entre ces assemblées et
les services de l'administration territoriale du Ministère de l'intérieur par arrêté conjoint de
l'autorité gouvernementale chargée de l'intérieur et de l'autorité gouvernementale chargée
des finances dans un délai maximum de 30 mois à compter de la date de promulgation de
ladite loi organique ».

De même, pour les meubles et les immeubles relevant des préfectures et provinces, la même
loi organique prévoit dans son article 228 une redistribution entre les assemblées préfectorales
et provinciales et les services territoriaux du Ministère de l’intérieur et renvoie sur un arrêté
conjoint de l'autorité gouvernementale chargée de l'intérieur et de l'autorité gouvernementale
chargée des finances pour fixer la régularisation de la situation de ces biens dans un délai
maximum de 30 mois à compter de la date de promulgation de la loi organique sus-visée.

A noter que pour les régions, la loi organique n° 111-14 relative aux régions a prévu dans son
article 256 (et dernier) que les biens immeubles et meubles des régions existantes, ainsi que
leurs fonctionnaires et agents seront transférées aux régions qui prendront leur place. Aucun

85
Article 39 de la loi 79-00 relative à l'organisation des collectivités préfectorales et provinciales, promulguée par le Dahir n°
1-02-269 du 3 octobre 2002, BO n° 5058 du 21 novembre 2002.
30
partage ne sera effectué avec les wilayas. Cette décision est justifiée par le fait que les
effectifs relevant des budgets régionaux ne sont pas nombreux. En somme, les 12 régions
comptent 414 fonctionnaires sur un total de 147.637 fonctionnaires rétribués sur les budgets
des collectivités territoriales86. Aussi, il faut souligner que les wilayas sont en même temps
préfectures ou provinces chefs-lieux des régions et vont bénéficier à cet effet du partage des
moyens et des effectifs avec les préfectures ou provinces correspondantes.

La deuxième conséquence serait une révision de l’organisation des wilayas, provinces et


préfectures. En effet, au vu des nouvelles missions confiées au walis et gouverneurs (contrôle
administratif et conseil) et des missions dont ils ont été déchargés (tutelle et exécution des
délibérations des régions, des préfectures et des provinces) il s’avère nécessaire de revoir
l’organisation de leurs services. Cette révision doit se manifester, d’une part, par la création
d’une entité (au moins de niveau service) chargée du contrôle administratif et du conseil
juridique. Cette entité peut être rattachée à la Division des collectivités locales, qui est la
division qui s’occupe des affaires des collectivités locales au niveau des wilayas, préfectures
et provinces (voir organigramme type d’une province en annexe 5). En France, par exemple,
le contrôle de légalité au niveau des préfectures est assuré par le bureau du contrôle de légalité
qui relève de la Direction des relations avec les collectivités locales.

Aussi, une refonte des autres divisions et services est nécessaire, vu que plusieurs missions
qu’ils assuraient ne seront plus exercées, notamment, tout ce qui concerne la préparation et
l’exécution du budget, la gestion des marchés et contrats, le suivi technique de l’exécution des
projets, etc., à l’exception de ceux relatifs aux crédits délégués du Ministère de l’intérieur à
ces services déconcentrées qui sont généralement d’une importance minime.

Les divisions et services qui étaient chargés de ces missions devraient disparaître ou bien
peuvent être redirigés vers les missions de contrôle administratif et financier, sachant que le
personnel qui travaille dans ces services a généralement des compétences et des expériences
qui le qualifie pour exercer les missions de contrôle et d’assistance juridique.

Par ailleurs, les services centraux du Ministère de l’intérieur, notamment, la Direction


générale des collectivités locales (DGCL) doit, également, revoir son organisation et se doter
d’une entité chargée de l’animation du contrôle administratif. Cette entité pourrait être
rattachée à la Direction des affaires juridiques, des études et de la coopération (voir
organigramme de la DGCL en annexe 6).

86
Données de la Direction générale des collectivités territoriales du Maroc.
31
Sur un autre registre, le Ministère de l’intérieur devrait penser à créer des entités chargées
d’apporter le conseil aux services des wilayas, préfectures et provinces lorsqu’ils en ont
besoin. Ces entités peuvent être spécialisées par domaines et doivent servir comme centre
d’expertise pour traiter les cas compliqués de contrôle administratif.

La France a déjà expérimenté ce type de centre d’expertise avec la création en 2002 du pôle
interrégional d'appui au contrôle de légalité (PIACL) et qui a donné de bons résultats.

1.2.2 Impact sur le fonctionnement


L’évolution des missions et de l’organisation des wilayas, préfectures et provinces que
pourrait induire la nouvelle réforme de la décentralisation aurait impérativement des
conséquences sur le mode de fonctionnement de ces entités.

En effet, le passage des missions de gestion, d’exécution et de tutelle aux missions de contrôle
administratif et de conseil juridique impliquerait une refonte des procédures et des méthodes
de travail. Ces dernières doivent être adaptées avec les nouvelles missions.

Aussi, la vision et l’appréhension des missions doivent changer en prenant en considération


les nouveaux paramètres liés aux nouvelles missions (délais de traitement, délivrance des
accusés de réception, motivation des décisions d’opposition, transmission au tribunal
administratif, etc.).

Par ailleurs, des compétences juridiques et techniques pointues seraient nécessaires pour
exercer les nouvelles missions des walis et gouverneurs. Des reconversions de certains cadres
expérimentés en gestion dans les missions de contrôle administratif pourraient être
envisageables. De même, que le recrutement de nouveaux profils de juristes spécialisés.
Toutefois, la formation continue serait une bonne alternative pour mettre à niveau et parfaire
les compétences existantes.

Les outils de travail et de communication doivent, également, être adaptés aux nouvelles
missions. A titre d’exemple, les délais courts de la transmission et d’examen des délibérations
et actes soumis au contrôle administratif imposent de penser à des méthodes modernes de
transmission et de communication. La télétransmission ou transmission électronique des
délibérations ou actes pourraient être une bonne alternative qui permettrait, d’une part, le gain
du temps, et d’autre part, d’améliorer l’efficacité des services et réduire les coûts de gestion.
Le système d’information de gestion intégrée de la dépense (GID)87 peut servir de modèle
pour mettre en place un système informatique efficace de transmission des actes soumis au
contrôle administratif.

87
Il s’agit d’un système d’information budgétaire unifié et commun à l’ensemble des acteurs institutionnels de la dépense
publique, à savoir les ordonnateurs, les sous-ordonnateurs, les trésoriers ainsi que la Direction des budgets.
32
2. Des pistes pour conforter le rôle des walis et gouverneurs : la poursuite des
réformes pour éviter le déséquilibre des pouvoirs sur le territoire
Certes, la réforme de la décentralisation de 2015 va reconfigurer l’organisation des
institutions au niveau territorial et elle entraînerait une mutation du rôle du walis et
gouverneurs, en particulier, dans la mise en œuvre et la coordination des politiques publiques,
ainsi que leur relation avec collectivités territoriales, mais, la mise en place de cette réforme
pourrait être associée à un risque de déséquilibre des pouvoirs sur le territoire. Ce déséquilibre
serait au profit des collectivités territoriales, qui ont vu leurs compétences renforcées et les
pouvoirs exécutifs de leurs présidents confirmés.

Par ailleurs, il est affirmé que la réussite de la réforme de la décentralisation est tributaire de
la coordination et de la collaboration entre les différents acteurs territoriaux, ce qui nécessite
un équilibre entre leurs pouvoirs.

Le passage du rôle de représentant de l’Etat gestionnaire et tuteur au représentant de l’Etat


contrôleur et conseiller nécessite de mettre en place de nouveaux mécanismes et outils pour
préserver une place privilégié aux walis et gouverneurs qui leur permettrait de protéger les
intérêts de l’Etat et de contribuer au développement local. La Constitution de 2011 et les trois
lois organiques de la décentralisation ont donné des indications sur les trajectoires à suivre.

2.1. La poursuite des réformes : vers de nouveaux champs d’intervention pour les
walis et gouverneurs
La réforme de la décentralisation a déchargé les walis et gouverneurs de l’une de leurs
missions traditionnelles les plus importantes (tutelle et exécution des budgets des régions,
préfectures et provinces). Pour assurer l’équilibre des pouvoirs au niveau territorial, de
nouveaux champs d’intervention doivent être ouverts aux walis et gouverneurs.

2.1.1 La déconcentration
L’approfondissement du processus de décentralisation et l’émergence de l’échelon régional en
tant que nouveau acteur de développement économique et social et d’aménagement du
territoire, requièrent impérativement la présence de services déconcentrés couvrant la totalité
du territoire, pourvus de compétences et de modes de fonctionnement leur permettant d’être
des partenaires de prédilection pour la concertation, la coordination et la cohérence des
programmes de développement88. Ainsi, « toute décentralisation administrative doit aller de
pair avec une bonne politique de déconcentration »89.

88
Beenabdelhadi Abdelhay et Chemao Mariam, Décentralisation et déconcentration : les règles de la bonne gouvernance, cas
du Ministère de l’équipement et du transport, REMALD, n° 90 - 2015, 176 pages (page 15).
89
Ouazzani Chahdi Hassan, La région et la politique de la déconcentration, REMALD n° 94-95, septembre - décembre 2010,
pages : 25-38, (pages 28).
33
Cette dernière constitue un mécanisme pour assurer l’équilibre des pouvoirs au niveau
territorial et présente trois avantages : d’abord, correctif de la centralisation, ensuite, corollaire
nécessaire de la décentralisation, enfin, et de plus en plus, moteur et levier de la réforme de
l’Etat.

Au Maroc, le chantier de déconcentration a été ouvert depuis longtemps. Des mesures


juridiques ont été prises pour instaurer les bases de cette déconcentration, tels que les
dispositions du Dahir du 6 octobre 1993 et du décret du 20 octobre 1993 qui ont donné aux
Ministres la possibilité de déléguer leurs signatures aux chefs de leurs services extérieurs et
aux gouverneurs pour agir en leur nom dans la limite de leur compétence territoriale. Cette
tendance a été poursuivie avec le décret du 30 octobre 200890, qui a abrogé et remplacé celui
du 6 octobre 1993.

De plus, le Décret du 02 décembre 200591 fixant les règles d'organisation des départements
ministériels et de la déconcentration administrative a institué une « commission d'organisation
des structures administratives et de déconcentration administrative » et a chargé les ministères
à préparer, dans un délai de 2 à 5 ans, des schémas directeurs de déconcentration comprenant,
entre autres les attributions à transférer aux services déconcentrés, les moyens matériels et
financiers à mettre à leurs dispositions et l'effectif des fonctionnaires et agents à redéployer.

Toutes ces mesures n’ont pas abouti à des résultats tangibles, comme quoi, la déconcentration
ne peut être décrétée et nécessite une volonté des pouvoirs publics et une implication réelle de
tous les responsables centraux.

La question de la déconcentration demeure d’actualité au Maroc, elle est soulevée devant


plusieurs instances officielles et débattue dans des rencontres et colloques nationaux, mais les
blocages persistent. Le rapport sur la régionalisation avancée a, également, préconisé de
renforcer la déconcentration comme corollaire de la régionalisation, en précisant qu’« au-delà
de ses importants aspects organisationnels et techniques, la déconcentration poussée et
effective est tributaire de la consécration normative et pratique de principes touchant à la
conception et à la mise en œuvre des politiques publiques, au style de gouvernement et
d’administration, à l’affectation et à la gestion optimale des ressources humaines et
budgétaires et à la coordination efficiente de l’action publique à chaque niveau territorial
d’intervention de l’Etat dont, désormais et principalement, le niveau régional »92.

90
Décret n° 2-05-768 du 30 octobre 2008 Op. cit.
91
Décret n° 2-05-1369 du 02 décembre 2005 fixant les règles d'organisation des départements ministériels et de la
déconcentration administrative BO n°5386 du 12 décembre 2006.
92
Rapport sur la régionalisation avancée, livre I : conception générale, Commission consultative de la régionalisation, Rabat,
47 pages (page 24).
34
Ainsi, un projet de charte de déconcentration est en gestation, depuis l’appel lancé au
gouvernement par Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans son discours du 20 août 201093.

Actuellement, il s’avère que l’adoption de ladite charte devient une nécessité imminente et ça
ne serait que question de temps. En attendant, deux questions restent en suspens :

- Quelle place va réserver la charte aux walis et gouverneurs dans le système de


déconcentration marocain ?
- Est-ce que les représentants de l’Etat vont récupérer sur la déconcentration ce qu’ils
ont perdu sur la décentralisation ?

Deux scénarii seraient envisageables, soit que les délégations vont aux chefs des services
déconcentrés, soit ils vont aux walis et gouverneurs.

Il semble que le deuxième scénario est le plus plausible et permettrait de rétablir l’équilibre
des pouvoirs au niveau territorial, en confortant le rôle des walis et gouverneurs en tant que
coordinateurs et garants de la cohérence de la mise en œuvre des politiques publiques au
niveau du territoire, conformément aux dispositions de l’article 145 de la Constitution. En
effet, si les walis et gouverneurs n’ont pas de pouvoirs déconcentrés, ils n’auront aucune
marge de manœuvre lorsqu’ils seront amenés à discuter et à négocier avec les élus,
notamment, au niveau régional94. Ils risquent , d’une part, d’être « marginalisés » par les élus
qui détiennent leur pouvoir de leur position d’exécutif du conseil et de leur élection au
suffrage universel direct95, et d’autres part, d’être « court-circuité » dans les relations entre les
Ministres et les chefs des services déconcentrés.

Dans la configuration actuelle, les acteurs locaux sont les mieux placés pour concevoir et
mettre en place les stratégies de développement de leur propre territoire (région), mais à
condition que la coordination soit efficace. Dans ce cadre, le rôle des walis et gouverneurs
doit être confirmé en tant que représentants du pouvoir central, coordinateurs des services
déconcentrés et interlocuteurs uniques capable de s’engager au nom de l’Etat.

Pour ce faire, les walis et gouverneurs doivent être dotés de délégations de pouvoirs de la part
des Ministres et non pas uniquement de délégations de signature. Egalement, ils doivent être
les seuls sous-ordonnateurs des crédits de tous les services déconcentrés au niveau de leurs
commandements. Il leur incombe par la suite de subdéléguer ces crédits aux différents chefs
des services. L’expérience de l’INDH dans ce domaine est riche de leçons.
93
Sa Majesté le Roi a précisé que : « Parallèlement aux travaux de la commission, le gouvernement doit s'atteler à
l'élaboration d'une charte de déconcentration prévoyant essentiellement le transfert aux régions, des attributions et des
ressources humaines et financières nécessaires. Car point de régionalisation dans le cadre de la centralisation ».
94
C’est le cas, par exemple, de mise en œuvre du « schéma régional d'aménagement du territoire » pour laquelle, la loi
organique n° 111-14 prévoit dans son article 88 une assistance du wali de la région au président du conseil.
95
Article 135 de la Constitution de 2011.
35
En évoquant cet aspect, Michel Rousset précise qu’ « il faut que les autorités de la région se
trouvent en présence de représentants de l’Etat qui ne soient pas seulement des représentants
protocolaires. Ceux-ci doivent pouvoir décider et disposer de crédits nécessaires à la mise en
œuvre des décisions. Cela implique une déconcentration effective des pouvoirs juridiques et
de la régionalisation des crédits : on peut penser à une régionalisation du budget de l’Etat
qui aurait comme corollaire le transfert à un ordonnateur unique l’engagement de ces crédits
régionalisés ; cet ordonnateur devrait être le représentant de l’Etat c’est-à-dire la wali »96.

En France, après la réforme de la décentralisation de 1982, le renforcement des pouvoirs des


préfets sur les services extérieurs compensait la perte de leurs pouvoirs envers les collectivités
territoriales97.

2.1.2 La coordination des services déconcentrés


La multiplicité des intervenants au niveau territorial entrave la coordination et la mise en
cohérence de l’action publique confiée, par la Constitution, aux walis et gouverneurs. Le
regroupement des services déconcentrés similaires et interdépendants en pôles régionaux de
compétences, pourrait constituer une solution idoine pour réduire le nombre des intervenants
et concentrer les efforts et les moyens. L’efficacité et l’efficience de l’action publique en
gagneraient certainement, aussi bien au niveau local que national.

Cette configuration est d’usage en France depuis 2004. Les dispositions de l’article 24 du
Décret du 29 avril 200498 stipulent que « lorsque plusieurs services ou parties de services
déconcentrés concourent à la mise en œuvre d'une même politique de l'Etat, leur fusion, totale
ou partielle, peut être opérée. Cette fusion est proposée par le préfet ou l'un des Ministres
dont relèvent les services ou parties de services intéressés, sur la base d'une étude d'impact
préalablement effectuée.».

Pour réussir la mission de coordination, les services fusionnés doivent être placés sous une
même autorité. A cet égard, il convient de poser la question suivante : quel est le niveau
territorial le plus adéquat pour la coordination et la cohérence des politiques publiques ?

Certes, la Constitution garantit l’indépendance des collectivités territoriales [aucune


collectivité territoriale ne peut exercer de tutelle sur une autre]99, néanmoins, le constituant
marocain a réservé à la région un rôle prééminent, dans l’élaboration et le suivi des

96
Rousset Michel, Le projet marocain de régionalisation : défis et perspectives. Quelle autonomie pour quelle région ?,
REMALD n° 90-91, janvier-avril 2010, pages 9-16 (pages 15 et 16).
97
Marcou Gérard, II. Bilan et avenir de la déconcentration, In : Annuaire des collectivités locales, Tomme 22, 2002,
L’organisation territoriale de la France, demain, pages 25-49 (page 30).
98
Décret n° 2004-374 du 29 avril 2004, Op.cit.
99
Article 143 de la Constitution du 29 juillet 2011.
36
programmes de développement régionaux et des schémas régionaux d’aménagement des
territoires.

Le niveau régional semble être le niveau idoine pour la coordination des politiques publiques
au niveau territorial100. A cet effet, le wali de région doit être le pivot de l’Administration
territoriale et doit avoir autorité sur les services déconcentrés et, également, sur les
gouverneurs de préfectures et de provinces relevant de la région.

Or, dans l’état actuel du droit, il n’y a pas de hiérarchie entre les walis et gouverneurs, ni entre
ceux-ci et les services déconcentrés. Cette situation risque d’entraver la mission de
coordination des services et des politiques publiques au niveau territorial. Il importe de
rappeler à cet égard que même en France, la hiérarchie entre le préfet de région et le préfet de
département n’a été établie qu’après 18 ans de l’adoption des lois de décentralisation de
1982101.

2.2. La poursuite des réformes : vers de nouveaux mécanismes et outils d’intervention


La réussite de la réforme de la décentralisation et de la régionalisation avancée nécessite de
nouveaux mécanismes et modes de gestion des relations entre les collectivités territoriales et
les représentants de l’Etat sur le territoire. En effet, la mutation des rôles des walis et
gouverneurs et le déséquilibre des pouvoirs qu’elle pourrait engendrer requièrent de nouveaux
outils de contractualisation et de dialogue entre l’Etat et les collectivités territoriales,
notamment, la région. La mise en place de ces mécanismes et outils concernerait les walis et
gouverneurs et pourrait renforcer leur position en tant qu’interlocuteurs privilégiés au niveau
territorial.

2.2.1 La contractualisation
« La technique de contractualisation est passible pour encadrer les relations du centre avec
la périphérie. En effet, certaines des relations entre l’Etat et les collectivités territoriales sont
susceptibles d’être matérialisées dans un acte contractuel »102.

C’est l’un des leviers par lequel la cohérence de l’action de l’Etat au niveau territorial peut
être assurée et le rôle des walis et gouverneurs valorisé.

Les trois lois organiques relatives aux régions, aux préfectures et provinces et aux communes
renvoient sur la contractualisation comme instrument essentiel de gestion des relations des

100
Ouazzani Chahdi Hassan, Op. cit (pages 37-38).
101
Décret n° 2010-146 du 16 février 2010 modifiant le décret n° 2004-374 du 29 avril 2004 relatif aux pouvoirs des préfets, à
l'organisation et à l'action des services de l'Etat dans les régions et départements, JORF n° 0040 du 17 février 2010.
102
Zair Tarik, La contractualisation des rapports Etat-collectivités locales, REMALD n° 96, janvier - février 2011,
pages : 43-52 (page 44).
37
collectivités territoriales avec leurs partenaires (Etat, établissements publics, partenaires
privés, etc.).

Tout d’abord, les compétences transférées de l’Etat et partagées avec lui sont exercées par
voie contractuelle103. De même, à travers le cadre contractuel avec l'Etat, les collectivités
territoriales peuvent, à leur initiative et moyennant leurs ressources propres, financer ou
participer au financement de la réalisation d'un service ou d'un équipement ou à la prestation
d'un service public qui ne font pas partie de leurs compétences propres104.

Ensuite, le programme de développement régional est, également, mis en œuvre dans un cadre
contractuel entre l'Etat, la région et les autres intervenants105.

Enfin, la contractualisation est, également, le cadre dans lequel les conseils des communes
peuvent transférer au conseil de la préfecture ou de la province, l'exercice d'une ou de
plusieurs des compétences qui leur sont dévolues. Elle fixe les conditions et les modalités de
cet exercice106.

Ces renvois des trois lois de la décentralisation impliquent la nécessité de mettre en place un
cadre juridique qui régisse la contractualisation. La réflexion autour de ce sujet a été entamée
en 2013-2014 avec le projet de dispositif de contractualisation Etat-Régions107.

Les premiers éléments de la réflexion optent pour une extension de l'usage du contrat au-delà
de son unique fonction actuelle : le cofinancement d'investissements. D'autre part, l'usage du
contrat paraît être particulièrement adapté pour formaliser un autre registre de la
coproduction : celui de la clarification des rôles respectifs entre les acteurs pour assurer la
réussite des actions programmées.

Les walis et gouverneurs seraient les pivots de la contractualisation, puisqu’ils vont


représenter l’Etat et signer les contrats en son nom. Cette position va renforcer leur rôle en
tant que coordinateurs des services déconcentrés et garants de la cohérence des politiques
publiques menées au niveau territorial.

La Commission consultative de la régionalisation avait conclu que la démarche contractuelle


nécessite trois prérequis : un représentant unique de l’Etat, une politique de déconcentration

103
Articles 46, 92 et 99 de la loi organique n° 111-14, articles 44, 87 et 94 de la loi organique n° 112-14 et articles 43, 88 et
92 de la loi organique n° 113-14.
104
Article 93 de la loi organique n° 111-14, article 88 de la loi organique n° 112-14 et article 89 de la loi organique 113-14.
105
Article 83 de la loi organique n° 111-14.
106
Article 84 de la loi organique n° 113-14 et article 6 de la loi organique n° 112-14.
107
Il s’agit des missions de réflexion autour de la lère génération de contrats Etat-Régions qui rentrent dans le cadre du
programme d'appui au dispositif de contractualisation Etat-Régions au Maroc DGCL-BIRD.
38
réelle et la création d’une instance nationale indépendante de suivi et d’évaluation des
politiques territoriales108.

En définitive, si la contractualisation n’a qu’une seule vertu, elle serait de garantir à tous les
partenaires d’être associés à la décision. En tant que partenaires, et représentants de l’Etat, les
walis et gouverneurs auront un mot à dire sur les politiques publiques décidées sur le territoire
par les collectivités territoriales et le contraire n’est pas faux. Les collectivités peuvent
également exprimer leur avis sur les politiques nationales programmées par les services
centraux sur leurs territoires.

Ce constat est conforté par les leçons de l’expérience française, qui a montré que « la
procédure des contrats Etat-région, à partir de 1984, a, d’autres part, installé le préfet de
région dans un rôle de préparation et de négociation permanente avec les élus à propos du
développement et de l’aménagement du territoire »109.

2.2.2 Le dialogue Etat-collectivités territoriales


Suite aux réformes successives de la décentralisation, l'action publique n'est dorénavant plus
le fait d'un seul acteur, l'Etat. L'État unitaire décentralisé qu'est le Maroc au titre de l'article 1
de la Constitution, signifie que les collectivités territoriales participent à la mise en œuvre des
politiques publiques décidées à l'échelon national comme le confirme l'article 137 de la
Constitution. De ce fait, la coordination des actions de ces acteurs nécessite de nouveaux
outils de communication, de dialogue et de concertation. L’Etat doit être en dialogue
permanent avec les collectivités territoriales pour les tenir informées de ces orientations
générales des politiques nationales et pour s’enquérir de leurs programmes et projets locaux.
Ce dialogue est nécessaire, également, pour la coordination de la mise en œuvre des politiques
publiques sur le territoire et pour garantir la cohérence des actions et éviter les doubles
emplois.

Dans ce sillage, il paraît que les walis et gouverneurs, représentants du pouvoir central et
coordinateurs des services déconcentrés, sont l’institution la mieux placée pour animer le
« dialogue Etat-collectivités territoriales ». Ils pourraient apporter aux élus locaux un conseil
juridique, un appui technique, et, le cas échéant, une capacité de médiation entre les différents
acteurs publics.

Par ailleurs, la conduite de ce dialogue nécessite la mise en place d’une instance qui regroupe,
autour d’une même table, tous les acteurs impliqués dans la conception, la programmation et

108
Rapport sur la régionalisation, livre III : La régionalisation avancée au service du développement économique et social,
Commission consultative de la régionalisation, Rabat, 169 pages (page 11).
109
Deyon Pierre, Op. cit (page 28).
39
la mise en œuvre des politiques publiques au niveau territorial. Cette instance devrait être
placée au niveau régional et présidée par le wali de région, puisque la région jouit, désormais,
d’une prééminence par rapport aux autres collectivités territoriales, notamment, dans les
domaines du développement régional et d’aménagement du territoire, comme le prévoit
l’article 143 de la Constitution.

L’instance pourrait constituer une sorte de « comité d’administration régional » et


comprendrait le président du conseil de la région, les présidents des conseils des préfectures et
des provinces relevant de la région, des représentants des présidents des conseils des
communes de la région, les gouverneurs de préfectures et de provinces relevant de la région,
les chefs des services déconcentrés au niveau de la région, les directeurs des établissements
publics régionaux et les directeurs régionaux des établissements publics nationaux.

Les trois lois organiques de décentralisation renvoient à la voie réglementaire


pour fixer les mécanismes de dialogue et de concertation pour l’élaboration du programme de
développement régional, du programme de développement de la préfecture ou de la province
et du plan d'action de la commune110.

Par ailleurs, un dialogue plus large entre l’Etat et les collectivités territoriales peut, également,
être institué au niveau national. Les colloques nationaux des collectivités territoriales
organisés, depuis 1977, par la Ministère de l’intérieur constituaient un espace de
communication, de dialogue et de concertation entre l’Etat et ses démembrements
territoriaux111. Ils peuvent être redynamisés et institutionnalisés en les adossant d’une base
juridique pour jouer ce rôle, d’une manière plus efficace.

Le dialogue Etat-collectivités territoriales est une pratique courante dans d’autres systèmes
étrangers de décentralisation. A titre d’illustration en France, le dialogue entre l’Etat et les
collectivités territoriales est marqué par une surabondance d’instances compétentes qui
interviennent soit sur le plan national, ou local, sur des sujets aussi importants que les
finances locales, le transfert de compétences ou la cohérence territoriale112 Parmi ces
instances, on peut citer : le comité des finances locales, la conférence des exécutifs, la
conférence régionale d’harmonisation des investissements, et récemment la conférence
territoriale de l’action publique113.

110
Article 86 de la loi organique n° 111-14, article 82 de la loi organique n° 112-14 et 81 de la loi organique n° 113-14.
111
Mostafa Fikri, Les colloques nationaux des collectivités locales en tant qu’espaces de communication, de formation et de
marketing politique et territorial, REMALD n° 12, juillet - septembre 1995, pages : 45-52.
112
Gourault Jacqueline et Guillaume Didier, Rapport d´information fait au nom de la délégation aux collectivités territoriales
et à la décentralisation sur le dialogue entre l’État et les collectivités territoriales, Sénat, 2011, 96 pages.
113
Instituée au niveau régional par la loi du 27 janvier 2014 de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation
des métropoles (MAPTAM). Elle peut débattre et rendre des avis sur tous les sujets relatifs à l’exercice de compétences
40
Conclusion

La mutation des rôles des walis et gouverneurs sous l’effet de la dernière réforme de la
décentralisation, pourrait être accompagnée de deux risques majeurs : la "marginalisation" de
l’institution du représentant de l’Etat et un déséquilibre des pouvoirs au niveau territorial, sauf
si des réformes de déconcentration interviennent pour affirmer le rôle des walis et
gouverneurs dans la gestion des services déconcentrés et comme interlocuteur unique des
collectivités territoriales. « En comparaison avec les Constitutions antérieures, l’actuelle
Constitution a renforcée la place et les pouvoirs des walis et gouverneurs. Elle a, également,
présenté un cadre adéquat pour les orienter vers leur destination naturelle qui est la
déconcentration, notamment, après leur décharge de l’exécution des délibérations des
conseils des préfectures et provinces et des régions. Ceci va leur permettre de concentrer
leurs efforts sur la déconcentration, qu’on considère comme un système corollaire de la
décentralisation administrative, qui l’accompagne et l’appui et un préambule fondamental
pour la réussite de la régionalisation avancée »114.

La mise en œuvre de la réforme nécessitera du temps pour l’adaptation des différents acteurs
avec leurs nouveaux rôles et pour l’appréhension des réaménagements des pouvoirs au niveau
territorial. Aussi, afin de préserver le rôle des walis et gouverneurs comme pivots de
l’Administration territoriale et acteurs principaux dans la mise en œuvre et la coordination des
politiques publiques, il semble qu’il soit fondamental de mettre en place les mesures
d’accompagnement suivantes :

Accélérer l’adoption des textes d’application :


La réussite de la mise en œuvre de la réforme de la décentralisation est tributaire de l’adoption
rapide des lois, décrets et arrêtés d’application. Faute de quoi, les apports des trois lois
organiques relatives aux régions, aux préfectures et provinces et aux communes, notamment,
celles qui concernent le rôle des walis et gouverneurs, vont rester lettre morte. L’expérience
montre que plusieurs textes d’application n’ont jamais vu le jour, comme fut le cas de l’arrêté
du Ministre de l'intérieur qui devait fixer l'organisation de l'administration communale115.

Cette question est d’autant plus importante dans le contexte actuel, vu le nombre très élevé
des textes d’application auxquels renvoient les trois lois organiques, dont le nombre atteint
89 textes : 10 lois, 76 décrets et 3 arrêtés. Parmi ces textes, certains sont très importants pour

et à la conduite de politiques publiques nécessitant une coordination ou une délégation de compétences entre les
collectivités territoriales et leurs groupements.
114
Serraji Mekki, Place et pouvoirs des walis et gouverneurs dans la Constitution de 2011, Op cit (page 45) (article en arabe -
traduction libre).
115
Article n° 54 bis de loi n° 78-00 du 3 octobre 2002.
41
définir les contours de la relation des walis et gouverneurs avec les collectivités
territoriales116.

Il importe de souligner, dans ce sillage, qu’après 10 mois de la publication des trois lois
organiques, seuls trois textes d’application ont été adoptés117.

Améliorer les dotations des crédits délégués aux walis et gouverneurs :


Afin de compenser les conséquences budgétaires engendrées par le transfert de l’exécution
des délibérations et décisions des régions, des préfectures et des provinces aux présidents de
leurs conseils, il est impératif d’améliorer les dotations budgétaires affectées aux walis et
gouverneurs, en tant que services déconcentrés du Ministère de l’intérieur, afin qu’ils puissent
assurer dans les meilleures conditions les missions qui leur incombent. Aussi, leur permettre
d’être des partenaires fiables et équivalents aux collectivités territoriales, notamment, les
régions, préfectures et provinces.

Améliorer les compétences techniques et administratives des services des walis et


gouverneurs :
Les nouvelles missions confiées aux walis et gouverneurs, notamment, dans le domaine du
contrôle administratif et du conseil requiert une expertise technique et juridique. Pour assurer
leurs missions dans de bonnes conditions, les services des wilayas, préfectures et provinces
doivent être dotés de ressources humaines qualifiées. La formation continue est, également,
un levier qui pourrait être utilisé pour améliorer les compétences existences.

Par ailleurs, les services des wilayas, préfectures et provinces doivent être accompagnés,
assistés et suivis par les services centraux du Ministère de l’intérieur.

La réforme de la décentralisation va entraîner une mutation réelle des missions des walis et
gouverneurs. Certes, cette mutation ne va pas affecter le statut et la position des représentants
de l’Etat sur le territoire, mais elle sera une étape marquante dans l’évolution de l’institution
des walis et gouverneurs.

En passant de la gestion et la tutelle au contrôle et conseil, le profil des représentants de l’Etat


doit, également, se transformer. D’ailleurs, l’institution a déjà connu dans son histoire des

116
Il s’agit du :
- Décret fixant la procédure d'élaboration, d'actualisation et d'évaluation du schéma régional d'aménagement du territoire.
- Décret fixant la procédure d'élaboration, de suivi, d'actualisation et d'évaluation du programme de développement régional,
du programme de développement de la préfecture ou de la province et du plan d'action de la commune.
- Arrêté fixant la régularisation de la situation des immeubles et meubles qui seront redistribués entre les assemblées
préfectorales et provinciales et les services de l'administration territoriale du Ministère de l'intérieur.
- Arrêté relative au redéploiement des fonctionnaires relevant du budget des assemblées préfectorales et provinciales entre
ces assemblées et les services de l'administration territoriale du Ministère de l'intérieur.
117
Il s’agit du :
- Décret fixant la procédure de subrogation des nouvelles régions aux régions existantes dans tous leurs droits et obligations.
- Décret fixant les critères de répartition de la participation du budget général de l’Etat entre les régions.
- Décret fixant la liste est des communes qui disposent d’une direction générale des services.
42
évolutions de profils en fonction des circonstances et du contexte politique, en alternant des
profils d’agents d’autorité lorsque les missions sécuritaires sont prioritaires et des profils de
managers lorsque le développement local est privilégié. Le contexte actuel semble favorable
aux profils de juristes. La mise en œuvre de la réforme, l’exercice du contrôle administratif, la
veille au respect des lois et règlements, la contractualisation, etc., sont tant de missions qui
plaident en faveur de ce choix.

A l’évidence, la réforme actuelle de décentralisation va configurer les profils des walis et


gouverneurs de demain. Leur fonction doit aller vers la professionnalisation ; le représentant
territorial de l’État doit être un "haut fonctionnaire" et un "grand subordonné" comme le
qualifie le Professeur Gérard Marcou118.

Sans doute, ils doivent consacrer plus d’attention au contrôle administratif et budgétaire des
actes des collectivités territoriales en collaboration avec les tribunaux administratifs et les
Cours régionales des comptes. Ils seront ainsi placés au cœur du système de régulation
juridique des institutions locales. Cette évolution serait comparable à celle constatée chez
plusieurs de nos voisins du nord (France, Espagne, Italie), où l’institution du préfet s’est
métamorphosée avec les différentes réformes de décentralisation, et pourrait constituer un
modèle pour nos voisins de l’est et du sud.

En somme, la réussite de la réforme de la décentralisation et de régionalisation avancée au


Maroc sera évaluée avec le temps. Son impact sur le rôle des walis et gouverneurs dans la
mise en œuvre des politiques publiques s’appréciera en fonction de leur performance dans
l’exercice de leurs nouvelles missions, mais aussi à travers l’évolution du mode de
management pratiqué par le corps gubernatorial (corps des walis et gouverneurs).

118
Marcou Gérard, Le représentant territorial de l'Etat et le fait régional dans les Etats européens, Revue française
d'administration publique, 2010/3 (n° 135), pages : 567-582 (page 578).
43
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REMALD n° 116, mai - juin 2014, pages : 83 - 90, (article en arabe).

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en arabe).

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Pouvoirs locaux n° 44, 1/2000, Institut de la décentralisation, pages 22-28.

Duport Jean-Pierre, Le préfet, immuable et changeant, Pouvoirs locaux n° 44, 1/2000, Institut
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REMALD n° 94-95, septembre - décembre 2010, pages : 39-59.

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concours de la Fondation Hanss Seidel, le jeudi 24 et vendredi 25 novembre 2005 au siège de
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Marcou Gérard, Développement économique : la région, chef de file ?, Revue française


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consultable sur : http://lavieeco.com/news/economie/le-rapport-mckinsey-sur-les-failles-des-
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Rapport public annuel 2016 de la Cour des comptes, février 2016, 1403 pages.

Rapport sur la régionalisation avancée, livre I : conception générale, Commission consultative


de la régionalisation, Rabat, 47 pages.

Rapport sur la régionalisation avancée, livre II, rapports thématiques, Commission


consultative de la régionalisation, Rabat, 202 pages.

Rapport sur la régionalisation, livre III : La régionalisation avancée au service du


développement économique et social, Commission consultative de la régionalisation, Rabat,
169 pages.

Extraits des discours royaux sur la régionalisation, consultable sur :


http://www.pncl.gov.ma/fr/Discours/Trone/Pages/default.aspx.

ii
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5964 bis du 30 juillet 2011.

Loi organique n° 111-14 relative aux régions, promulguée par le Dahir n° 1-15-83 du 07
juillet 2015, BO n° 6440 du 18 février 2016.

Loi organique n° 112-14 relative aux préfectures et provinces, promulguée par le Dahir n° 1-
15-84 du 07 juillet 2015, BO n° 6440 du 18 février 2016.

Loi organique n° 113-14 relative aux communes, promulguée par le Dahir n° 1-15-85 du 07
juillet 2015, BO n° 6440 du 18 février 2016.

Dahir n° 1-08-67 du 31 juillet 2008 relatif au corps des agents d'autorité, BO n° 5680 du 06
novembre 2008.

Dahir n° 1-93-294 du 6 octobre 1993 complétant le dahir n° 1-57-068 du 10 avril 1957 relatif
aux délégations de signatures des Ministres, secrétaires d’Etat et sous-secrétaires d’Etat, BO
n° 4223 du 06 Octobre 1993.

Dahir portant loi n° 1-75-168 du 15 février 1977 relatif aux attributions du gouverneur, tel
qu'il a été modifié et complété, BO n° 3359 du 16 mars 1977.

Dahir portant loi n° 1-76-583 du 30 septembre 1976 relatif à l'organisation communale, BO n°


3335-bis du 01 octobre 1976.

Dahir n° 1-63-038 du 1er mars 1963 portant statut particulier des administrateurs du Ministère
de l'intérieur, BO n° 2629 du 15 mars 1963.

Dahir n° 1-56-046 du 20 mars 1956 fixant le statut des gouverneurs.

Loi 79-00 relative à l'organisation des collectivités préfectorales et provinciales, promulguée


par le Dahir n° 1-02-269 du 3 octobre 2002, BO n° 5058 du 21 novembre 2002.

Loi n° 78-00 portant charte communale, promulguée par le Dahir n° 1-02-297 du 3 octobre
2002, BO n° 5058 du 21 novembre 2002.

Loi 47-96 relative à l'organisation de la région, promulguée par le Dahir n° 1-97-84 du 02


avril 1997, BO n° 4470 du 03 avril 1997.

Décret n°2-15-10 du 20 février 2015, fixant le nombre des régions, leurs noms, leurs chefs-
lieux et les préfectures et provinces les composant, BO n° 6340 du 05 mars 2015.

Décret n° 2-12-349 du 20 mars 2013 relatif aux marchés publics, BO n° 6140 du 4 avril 2013.

Décret n° 2-05-768 du 30 octobre 2008 relatif à la délégation de signature des ministres,


secrétaires d'Etat et sous-secrétaires d'Etat, BO n° 5688 du 4 décembre 2008.

Décret n° 2-05-1369 du 02 décembre 2005 fixant les règles d'organisation des départements
ministériels et de la déconcentration administrative BO n°5386 du 12 décembre 2006.

Décret n° 2-05-1016 du 19 juillet 2005 portant création d’un compte d’affectation spéciale n°
3.1.04.06 intitulé « fonds de soutien à l’initiative nationale pour le développement humain »,
BO n° 5340 du 4 août 2005.

iii
Décret n° 2-93-625 du 20 octobre 1993 relatif à la déconcentration administrative, BO n°
4227 du 03 novembre 1993.

Décision du Conseil constitutionnel n° 966/15 du 30 juin 2015.

Décision du Conseil constitutionnel n° 967/15 du 30 juin 2015.

Décision du Conseil constitutionnel n° 968/15 du 30 juin 2015.

Lettre Royale au Premier ministre relative à la gestion déconcentrée de l'investissement, BO


n° 4970 du 17 janvier 2002.

Lettre de Sa Majesté le Roi Hassan II au Ministre de l’Etat à l’intérieur et à l’information


relative à la création au sein de chaque préfecture ou province, d’un conseil fonctionnant sous
la présidence du wali ou gouverneur et regroupant les délégués provinciaux ou préfectoraux
de l’ensemble des départements ministériels, 1993.

Arrêté du Ministre de l’intérieur n° 3610.13 du 12 décembre 2013, fixant les autorités


habilitées à approuver les marchés des régions, des préfectures, des provinces et des
communes, BO n° 6214 du 19 décembre 2013.

Arrêté du ministre de l'intérieur n° 611-05 du 23 février 2005 fixant l'organisation des


préfectures, des provinces, des préfectures d'arrondissements et des pachaliks, BO n° 5322 du
2 Juin 2005.

Arrêté du Premier ministre n° 3-108-05 du 30 novembre 2005, instituant messieurs les walis
et gouverneurs en qualité de sous-ordonnateurs des dépenses imputées sur le compte
d’affectation spéciale n° 3.1.04.06 intitulé « fonds de soutien à l’initiative nationale pour le
développement humain ».

Références juridiques françaises :

Loi n° 2015-991 du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République,


JORF n°0182 du 8 août 2015.

Loi du 27 janvier 2014 de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des


métropoles (MAPTAM), JORF n°0023 du 28 janvier 2014.

Loi n° 82-213 du 2 mars 1982 relative aux droits et libertés des communes, des départements
et des régions, JORF du 03 mars 1982.

Décret n° 2010-146 du 16 février 2010 modifiant le décret n° 2004-374 du 29 avril 2004


relatif aux pouvoirs des préfets, à l'organisation et à l'action des services de l'Etat dans les
régions et départements, JORF n° 0040 du 17 février 2010.

Décret n° 2004-374 du 29 avril 2004 relatif aux pouvoirs des préfets, à l'organisation et à
l'action des services de l'Etat dans les régions et départements, JORF n° 0102 du 30 avril
2004.

Décret n° 92-604 du 1er juillet 1992 portant charte de la déconcentration, JORF n° 0154 du 04
juillet 1992.

iv
Annexes
Annexe 1 : Carte du nouveau découpage régional du Maroc.

I
Annexe 2 : Les formes de tutelle dans les lois n° 78-00 portant charte communale, n° 79-00 relative à l'organisation des collectivités
préfectorales et provinciales et n° 47-96 relative à l’organisation de la région.

Type de tutelle Commune Préfecture ou province Région


119
L’approbation Certaines délibérations du conseil ne sont Certaines délibérations du conseil ne sont Certaines délibérations du conseil ne sont
exécutoires qu'après avoir été approuvées exécutoires qu'après avoir été approuvées exécutoires qu'après avoir été approuvées
par le ministre de l'intérieur ou son par le Ministère de l’Intérieur dans les 45 par le Ministère de l’Intérieur dans les 30
délégué pour les communes urbaines et par jours, à compter de la date de réception de jours à compter de la date de réception de la
le wali ou le gouverneur pour les la délibération. délibération.
Tutelle sur les délibérations

communes rurales.
En cas de refus motivé de l’approbation, le Le ministre de l'intérieur peut provoquer un
4 matières120 sont approuvées par le wali ou ministre de l'intérieur peut provoquer, par nouvel examen s'il ne lui paraît pas possible
le gouverneur pour les communes urbaines demande motivée, un nouvel examen par le d'approuver la délibération prise, pour des
et rurales. conseil. motifs qu'il expose dans sa demande de
nouvel examen.
En cas de refus motivé de l’approbation Si le conseil maintient sa décision, après ce
l'autorité chargée de l'approbation peut nouvel examen, le Premier ministre peut Dans le cas d'un refus, le conseil régional
provoquer par demande motivée, un nouvel décider par décret motivé, sur proposition peut saisir le tribunal administratif dans un
examen par le conseil. du ministre de l'intérieur, de la suite à délai de 8 jours à compter de la date de la
donner notification du refus.
Si le conseil communal maintient sa
décision après le nouvel examen, le Premier
ministre peut, dans un délai de 3 mois,
décider par décret motivé, sur proposition du
Ministre de l'intérieur, de la suite à donner.

119
Il s’agit des délibérations relatives aux actes les plus importants dans la gestion des collectivités territoriales, tels que ; le budget, les emprunts et garanties, la fixation du taux des
taxes et des tarifs des redevances et droits divers, les concessions, gérances et autres modes de gestion des services publics, les acquisitions, aliénations et transactions portant sur
les biens du domaine privé, la création ou participation aux entreprises et sociétés d'économie mixte, les conventions d'association ou de partenariat, les accords de coopération
décentralisée et de jumelage avec des collectivités locales étrangères,
120
Il s’agit des délibérations relatives à l’ouverture de nouveaux crédits, relèvement de crédits, virement d'article à article, aux occupations temporaires du domaine public avec
emprises, aux baux dont la durée dépasse 10 ans ou dont la reconduction dépasse la durée cumulée de 10 ans et aux établissement, suppression ou changement d'emplacement ou
de date de souks ruraux hebdomadaires.

I
Type de tutelle Commune Préfecture ou province Région

L’opposition Les autres délibérations que celles soumises Les autres délibérations que celles soumises Les autres délibérations que celles soumises
à l’approbation doivent être transmises aux à l’approbation doivent être transmises aux à l’approbation doivent être transmises au
walis et gouverneurs et sont exécutoires, walis et gouverneurs et sont exécutoires, wali et sont exécutoires, sauf opposition du
sauf opposition motivée du wali ou du sauf opposition motivée du wali ou du wali dans les cas de nullité ou d'annulabilité
gouverneur dans les cas de nullité ou gouverneur dans les cas de nullité ou prévus, respectivement, dans le cas d’une
d'annulabilité prévues, respectivement, dans d'annulabilité prévus, respectivement, dans délibération portant sur un objet étranger
le cas d’une délibération portant sur un objet le cas d’une délibération portant sur un aux attributions du conseil ou prise en
étranger aux attributions du conseil ou prise objet étranger aux attributions du conseil ou violation de la législation ou de la
en violation de la législation ou de la prise en violation de la législation ou de la réglementation en vigueur et dans le cas de
réglementation en vigueur et dans le cas de réglementation en vigueur et dans le cas de la participation à une délibération d’un
la participation à une délibération d’un la participation à une délibération d’un conseiller intéressé à l’affaire qui a fait
Tutelle sur les délibérations

conseiller intéressé à l’affaire qui a fait conseiller intéressé à l’affaire qui a fait l'objet de cette délibération.
l'objet de cette délibération. Les décisions de l'objet de cette délibération.
L'opposition de l'autorité de tutelle oblige le
nullité et d’annulation sont déclarées par
Les décisions de nullité et d’annulation sont conseil à procéder à un nouvel examen de la
arrêté motivé du Ministre de l'intérieur ou
déclarées par arrêté motivé du Ministre de délibération dans un délai de 15 jours à
du wali ou gouverneur.
l'intérieur. compter de la notification de l'opposition.
En cas de refus du conseil de procéder à un
nouvel examen, ou en cas de maintien de la
délibération litigieuse, le wali peut saisir le
tribunal administratif, qui statue dans un
délai n'excédant pas 30 jours.

Le Visa Sont soumis au visa du Ministre de Les décisions de nomination du chef de Les décisions de nomination du secrétaire
l'intérieur ou son délégué pour les cabinet et des chargés de mission par le général et des chargés de mission et d'études
communes urbaines et du wali ou du président du conseil préfectoral ou par le président du conseil sont soumises au
gouverneur pour les communes rurales : provincial sont soumises au visa wali ou le visa du wali.
gouverneur.
- Les arrêtés à caractère réglementaire pris
par le président du conseil communal pour
qu’ils deviennent exécutoires ;
- Les arrêtés pris par le président du conseil
pour organiser les services communaux.

II
Type de tutelle Commune Préfecture ou province Région

La suspension Le conseil peut être suspendu, pour une Le conseil peut être suspendu, pour une S'il y a urgence, le conseil peut être
des conseils durée qui ne peut excéder 3 mois, par arrêté durée qui ne peut excéder 3 mois, par arrêté suspendu par arrêté motivé du ministre de
motivé du ministre de l'intérieur publié au motivé du ministre de l'intérieur publié au l'intérieur publié au Bulletin officiel. La
Bulletin officiel, en cas d’urgence, lorsque, Bulletin officiel, en cas d’urgence, lorsque, durée de la suspension ne peut excéder trois
pour des raisons portant atteinte au bon pour des raisons portant atteinte au bon mois.
fonctionnement du conseil, les intérêts de la fonctionnement du conseil, les intérêts de la
collectivité sont menacés. collectivité sont menacés.

La dissolution Le conseil peut être dissous par décret Le conseil peut être dissous par décret Le conseil peut être dissous par décret
des conseils motivé, publié au Bulletin officiel, lorsque, motivé, publié au Bulletin officiel, lorsque, motivé publié au Bulletin officiel.
Tutelle sur les élus

pour des raisons portant atteinte au bon pour des raisons portant atteinte au bon
fonctionnement du conseil, les intérêts de la fonctionnement du conseil, les intérêts de la
collectivité sont menacés. collectivité sont menacés.

La Dans les 15 jours qui suivent la suspension, Dans les 15 jours qui suivent la suspension, Dans les 15 jours qui suivent la suspension
Désignation de la dissolution d'un conseil ou la démission la dissolution d'un conseil ou la démission ou la dissolution d'un conseil ou lorsqu'un
la délégation de tous ses membres en exercice, ou de tous ses membres en exercice, ou conseil ne peut être constitué, le ministre
spéciale lorsqu'un conseil ne peut être constitué, le lorsqu'un conseil ne peut être constitué, le de l'intérieur nomme, par arrêté, une
ministre de l'intérieur pour les communes ministre de l'intérieur nomme, par arrêté, délégation spéciale pour remplir les
urbaines et le wali ou gouverneur pour les une délégation spéciale pour remplir les fonctions dudit conseil jusqu'à ce qu'il soit
communes rurales nomment, par arrêté, une fonctions du conseil. complété ou constitué.
délégation spéciale pour remplir les
fonctions du conseil.
Le wali ou le gouverneur préside de droit la
délégation spéciale et exerce les attributions
dévolues au président du conseil.

III
Type de tutelle Commune Préfecture ou province Région

La Démission Sont déclarés démissionnaires par arrêté du Sont déclarés démissionnaires par arrêté du Tout membre du conseil qui, sans motif
d’office ministre de l'intérieur publié au Bulletin ministre de l'intérieur publié au Bulletin reconnu légitime par le conseil, n'a pas
officiel : officiel : déféré à 2 convocations successives ou qui,
- Les présidents ou les vice-présidents - Les présidents ou les vice-présidents sans excuse valable, a refusé de remplir une
élisant domicile à l'étranger postérieurement élisant domicile à l'étranger postérieurement des fonctions qui lui sont dévolues par les
à leur élection ; à leur élection ; textes en vigueur, peut être, après avoir été
admis à fournir des explications, déclaré
- Tout membre du conseil qui, sans motif - Tout membre du conseil qui, sans motif démissionnaire par un arrêté motivé du
reconnu légitime par le conseil, n'a pas reconnu légitime par le conseil, n'a pas ministre de l'intérieur.
déféré aux convocations à 3 sessions déféré aux convocations à 3 sessions
successives ou qui, sans excuse valable, a successives ou qui, sans excuse valable, a
refusé de remplir une des fonctions qui lui refusé de remplir une des fonctions qui lui
sont dévolues par les textes en vigueur, sont dévolues par les textes en vigueur,
Tutelle sur les élus

après avoir été admis à fournir des après avoir été admis à fournir des
explications. explications.

La suspension Peuvent être suspendus, pour une période Peuvent être suspendus, pour une période Les présidents des conseils et les vice-
des élus qui ne peut excéder un mois, par arrêté qui ne peut excéder un mois, par arrêté présidents, peuvent, après avoir été
motivé du ministre de l'intérieur, publié au motivé du ministre de l'intérieur, publié entendus ou invités à fournir des
Bulletin officiel : au Bulletin officiel : explications écrites sur les faits qui leur sont
reprochés, être suspendus, pour une période
- Les présidents des conseils et les vice- - Les présidents des conseils et les vice-
qui ne peut excéder un mois, par arrêté
présidents, reconnus responsables de fautes présidents, reconnus responsables de fautes
motivé du ministre de l'intérieur, publié
graves, dûment établies, après avoir été graves, dûment établies, après avoir été
au Bulletin officiel.
entendus ou invités à fournir des entendus ou invités à fournir des
explications écrites sur les faits qui leur sont explications écrites sur les faits qui leur sont
reprochés ; reprochés ;
- Tout membre du conseil, reconnu - Tout membre du conseil, reconnu
responsable d'actes ou de faits graves responsable d'actes ou de faits contraires à
contraires à la loi et à l'éthique du service la loi et à l'éthique du service public peut,
public peut, après avoir été invité à fournir après avoir été invité à fournir des
des explications écrites sur les faits qui lui explications écrites sur les faits qui lui sont
sont reprochés. reprochés.

IV
Type de tutelle Commune Préfecture ou province Région
Peuvent être révoqués par décret motivé, Peuvent être révoqués par décret motivé, Les présidents des conseils et les vice-
La révocation publié au Bulletin officiel : publié au Bulletin officiel : présidents, peuvent, après avoir été
des élus
- Les présidents des conseils et les vice- - Les présidents des conseils et les vice- entendus ou invités à fournir des
présidents, reconnus responsables de fautes présidents, reconnus responsables de fautes explications écrites sur les faits qui leur sont
graves, dûment établies, après avoir été graves, dûment établies, après avoir été reprochés être révoqués par décret motivé,
entendus ou invités à fournir des entendus ou invités à fournir des publié au Bulletin officiel.
explications écrites sur les faits qui leur sont explications écrites sur les faits qui leur sont
reprochés ; reprochés ;
- Tout membre du conseil, reconnu - Tout membre du conseil, reconnu
responsable d'actes ou de faits graves responsable d'actes ou de faits contraires à
contraires à la loi et à l'éthique du service la loi et à l'éthique du service public peut,
public peut, après avoir été invité à fournir après avoir été invité à fournir des
des explications écrites sur les faits qui lui explications écrites sur les faits qui lui sont
Tutelle sur les élus

sont reprochés. reprochés.


- Tout membre du conseil qui entretient des
- Tout membre du conseil qui entretient des
intérêts privés avec la collectivité dont il est
intérêts privés avec la collectivité dont il est
membre, conclut des actes ou des contrats de
membre, conclut des actes ou des contrats
location, d'acquisition, d'échange ou toute
de location, d'acquisition, d'échange ou
transaction portant sur des biens de la
toute transaction portant sur des biens de la
collectivité, ou passe avec elle des marchés
collectivité, ou passe avec elle des marchés
de travaux, de fourniture ou de services, ou
de travaux, de fourniture ou de services, ou
des contrats de concession, de gérance et
des contrats de concession, de gérance et
toutes autres formes de gestion des services
toutes autres formes de gestion des services
publics.
publics.
- Tout conseiller communal, en dehors du
président et des vice-présidents, qui exerce
au-delà de son rôle délibérant au sein du
conseil ou des commissions qui en dépend,
des fonctions administratives de la
commune, de signer des actes administratifs,
de gérer ou de s'immiscer dans la gestion
des services publics communaux.

V
Type de tutelle Commune Préfecture ou province Région

La Lorsque le président du conseil refuse ou Lorsque le président du conseil refuse ou Lorsque le président du conseil refuse ou
substitution s'abstient de prendre les actes qui lui sont s'abstient de prendre les actes qui lui sont s'abstient de prendre les actes qui lui sont
Tutelle sur les élus

légalement impartis, et que ce refus ou cette légalement impartis, et que ce refus ou cette légalement impartis, le wali peut, après l'en
abstention a pour effet de se soustraire à une abstention a pour effet de se soustraire à une avoir requis, y procéder d'office.
disposition législative ou réglementaire, de disposition législative ou réglementaire, de
nuire à l'intérêt général ou de porter atteinte nuire à l'intérêt général ou de porter atteinte
à des droits des particuliers, le wali ou le à des droits des particuliers, le wali ou le
gouverneur peut, après l'en avoir requis, y gouverneur peut, après l'en avoir requis, y
procéder d'office par arrêté motivé, fixant procéder d'office par arrêté motivé, fixant
l'objet précis de cette substitution. l'objet précis de cette substitution.

VI
Annexe 3 : Les formes de contrôle administratif prévus par les lois organiques n° 113-14 relative aux communes, n° 112-14 relative aux
préfectures et provinces et n° 111-14 relative aux régions.

Type de contrôle
Commune Préfecture ou province Région
administratif
La nullité
Sont nulles de plein droit, les délibérations et Sont nulles de plein droit, les délibérations et Sont nulles de plein droit, les délibérations et
les arrêtés ne faisant pas partie des les arrêtés ne faisant pas partie des les arrêtés ne faisant pas partie des
attributions du conseil ou de son président, attributions du conseil ou de son président, attributions du conseil ou de son président,
ou ceux pris en violation des dispositions des ou ceux pris en violation des dispositions des ou ceux pris en violation des dispositions des
Contrôle administratif des délibérations des conseils

textes législatifs et réglementaires en textes législatifs et réglementaires en textes législatifs et réglementaires en


vigueur. Le tribunal administratif statue vigueur. Le tribunal administratif statue vigueur. Le tribunal administratif statue
sur la demande de nullité après sa saisine, à sur la demande de nullité après sa saisine, à sur la demande de nullité après sa saisine, à
tout moment, par le gouverneur ou son tout moment, par le gouverneur. tout moment, par l'autorité
intérimaire. gouvernementale chargée de l'intérieur.
et des arrêtés des présidents

Des copies des procès-verbaux des sessions,


Des copies des procès-verbaux des sessions, des délibérations du conseil ainsi que des Des copies des procès-verbaux des sessions
des délibérations du conseil et des arrêtés copies des arrêtés pris par son président, et des délibérations du conseil ainsi que des
pris par son président, dans le cadre du dans le cadre du pouvoir réglementaire, copies des arrêtés à caractère général pris par
pouvoir réglementaire, doivent être notifiées doivent être notifiées au gouverneur, contre son président, dans le cadre du pouvoir
au gouverneur ou à son intérimaire, contre récépissé, dans un délai maximum de 10 réglementaire, doivent être notifiées au wali
récépissé, dans un délai maximum de 15 jours ouvrables qui suivent la date de clôture de la région, contre récépissé, dans un délai
jours ouvrables qui suivent la date de clôture de la session ou la date de prise desdits maximum de 10 jours ouvrables qui suivent
de la session ou la date de prise desdits arrêtés. la date de clôture de la session ou la date de
arrêtés. prise desdits arrêtés.

Des copies des arrêtés individuels en matière


d'urbanisme doivent être obligatoirement
notifiés au gouverneur ou à son
intérimaire, dans un délai maximum de 5
jours à compter de leur délivrance au
concerné.

VII
Type de contrôle
Commune Préfecture ou province Région
administratif
L’opposition Le gouverneur ou son intérimaire s'oppose Le gouverneur s'oppose au règlement Le wali s'oppose au règlement intérieur du
au règlement au règlement intérieur du conseil, ainsi intérieur du conseil ainsi qu'aux conseil ainsi qu'aux délibérations ne faisant
intérieur et qu'aux délibérations ne faisant pas partie de délibérations n'entrant pas dans ses pas partie de ses attributions ou pris en
aux ses attributions ou pris en violation des attributions ou pris en violation des violation des dispositions des textes
délibérations textes législatifs et réglementaires en dispositions des textes législatifs et législatifs et réglementaires en vigueur.
du conseil vigueur. réglementaires en vigueur.
Son opposition motivée est notifiée au
Contrôle administratif des règlements intérieurs

Son opposition motivée est notifiée au Son opposition motivée est notifiée au président du conseil dans un délai maximum
président du conseil dans un délai maximum président du conseil dans un délai maximum de 3 jours ouvrables à compter de la date de
de 3 jours ouvrables à compter de la date de de 3 jours ouvrables à compter de la date de la réception de la délibération.
la réception de la délibération. la réception de la délibération.
et des délibérations des conseils

L'opposition implique un nouvel examen par


L'opposition implique un nouvel examen par L'opposition implique un nouvel examen par le conseil de la délibération adoptée.
le conseil de la délibération adoptée. le conseil de la délibération adoptée
Si le conseil maintient la délibération objet
Si le conseil maintient la délibération objet Si le conseil maintient la délibération objet d'opposition, l'autorité gouvernementale
d'opposition, le gouverneur ou son d'opposition, le gouverneur saisit de chargée de l'intérieur saisit de l'affaire la
intérimaire saisit de l'affaire la juridiction l'affaire la juridiction des référés du tribunal juridiction des référés du tribunal
des référés du tribunal administratif qui administratif qui statue sur la demande de administratif qui statue sur la demande de
statue sur la demande de suspension suspension d'exécution dans un délai de 48 suspension d'exécution dans un délai de 48
d'exécution dans un délai de 48 heures à heures à compter de la date d'introduction de heures à compter de la date d'introduction de
compter de la date d'introduction de cette cette demande auprès du greffe de ce cette demande auprès du greffe de ce
demande auprès du greffe de ce tribunal. tribunal. Cette saisine emporte suspension de tribunal. Cette saisine emporte suspension de
Cette saisine emporte suspension de l'exécution de la délibération jusqu'à ce que l'exécution de la délibération jusqu'à ce que
l'exécution de la délibération jusqu'à ce que le tribunal statue sur ladite demande. le tribunal statue sur ladite demande.
le tribunal statue sur ladite demande.
Le tribunal administratif statue sur la Le tribunal administratif statue sur la
Le tribunal administratif statue sur la demande de nullité dans un délai maximum demande de nullité dans un délai maximum
demande de nullité dans un délai maximum de 30 jours à compter de la date de sa de 30 jours à compter de la date de sa
de 30 jours à compter de la date de sa saisine. saisine.
saisine.
Les délibérations du conseil ne deviennent Les délibérations du conseil ne deviennent
Les délibérations du conseil ne deviennent exécutoires qu’à l'expiration du délai exécutoires qu’à l'expiration du délai
exécutoires qu’à l'expiration du délai d'opposition. d'opposition.
d'opposition.

VIII
Type de contrôle
Commune Préfecture ou province Région
administratif
La L’exécution des délibérations du conseil est L’exécution des délibérations du conseil est L’exécution des délibérations du conseil est
suspendue, jusqu'à ce que le tribunal suspendue, jusqu'à ce que le tribunal suspendue, jusqu'à ce que le tribunal
Contrôle administratif des

suspension
de administratif statue, lorsque ce dernier est administratif statue, lorsque ce dernier est administratif statue, lorsque ce dernier est
l’exécution saisi par le gouverneur ou son intérimaire saisi par le gouverneur d’une demande de saisi par l'autorité gouvernementale
délibérations

d’une demande de nullité d’une délibération nullité d’une délibération ayant fait l’objet chargée de l'intérieur d’une demande de
ayant fait l’objet d’une opposition. d’une opposition. nullité d’une délibération ayant fait l’objet
La juridiction des référés du tribunal La juridiction des référés du tribunal d’une opposition.
administratif statue sur la demande de administratif statue sur la demande de La juridiction des référés du tribunal
suspension d'exécution dans un délai de 48 suspension d'exécution dans un délai de 48 administratif statue sur la demande de
heures à compter de la date d'introduction de heures à compter de la date d'introduction de suspension d'exécution dans un délai de 48
la demande auprès du greffe de ce tribunal. la demande auprès du greffe de ce tribunal. heures à compter de la date d'introduction de
la demande auprès du greffe de ce tribunal.

L’opposition Le gouverneur ou son intérimaire s'oppose Le gouverneur s'oppose à toute question Le wali s'oppose à toute question inscrite à
Contrôle administratif des ordres du jour

à l’ordre du à toute question inscrite à l'ordre du jour et inscrite à l'ordre du jour et qui ne relève pas l'ordre du jour et qui ne relève pas des
jour qui n'entre pas dans les compétences de la des compétences de la préfecture ou de la compétences de la région ou des attributions
commune ou les attributions du conseil. Il province ou des attributions du conseil. Il du conseil. Il notifie son opposition motivée
notifie son opposition motivée au président notifie son opposition motivée au président au président du conseil dans le délai de 8
du conseil dans le délai de 8 jours à compter du conseil dans le délai de 8 jours à compter jours à compter de la date de réception de
de la date de réception de l'ordre du jour. de la date de réception de l'ordre du jour. l'ordre du jour.
Le gouverneur ou son intérimaire soumet Le gouverneur soumet son opposition, le Le wali soumet son opposition, le cas
son opposition, le cas échéant, à la cas échéant, à la juridiction des référés du échéant, à la juridiction des référés du
juridiction des référés du tribunal tribunal administratif pour y statuer dans tribunal administratif pour y statuer dans
administratif pour y statuer dans un délai de un délai de 48 heures. un délai de 48 heures.
48 heures. Le conseil ne délibère pas, à peine de nullité, Le conseil ne délibère pas, à peine de nullité,
Le conseil ne délibère pas, à peine de nullité, sur les questions objet d'une opposition sur les questions objet d'une opposition
sur les questions objet d'une opposition notifiée au président du conseil par le notifiée au président du conseil par le wali et
notifiée au président du conseil par le gouverneur et soumise à la juridiction des soumise à la juridiction des référés du
gouverneur et soumise à la juridiction des référés du tribunal administratif et sur tribunal administratif et sur laquelle il n'a pas
référés du tribunal administratif et sur laquelle il n'a pas encore été statué. encore été statué.
laquelle il n'a pas encore été statué.

IX
Type de contrôle
Commune Préfecture ou province Région
administratif
La Le conseil peut être dissout par décision du Le conseil peut être dissout par décision du Le conseil peut être dissout par décision du
dissolution tribunal administratif, après saisine du tribunal administratif, après saisine du tribunal administratif, après saisine de
du conseil gouverneur, si : gouverneur, si : l'autorité gouvernementale chargée de
- les intérêts de la commune sont menacés - les intérêts de la préfecture ou de la l'intérieur, si :
pour des raisons touchant au bon province sont menacés pour des raisons - les intérêts de la région sont menacés pour
fonctionnement du conseil ; touchant au bon fonctionnement du conseil ; des raisons touchant au bon fonctionnement
- le conseil refuse de remplir les missions - le conseil refuse de remplir les missions du conseil ;
qui lui sont dévolues par les lois et qui lui sont dévolues par les lois et - le conseil refuse de remplir les missions qui
règlements en vigueur, ou s'il refuse de règlements en vigueur, ou s'il refuse de lui sont dévolues par les lois et règlements
Contrôle administratif des élus

délibérer et d'adopter la décision relative au délibérer et d'adopter la décision relative au en vigueur, ou s'il refuse de délibérer et
budget ou à la gestion des services publics budget ou à la gestion des services publics d'adopter la décision relative au budget ou à
relevant de la commune, ou en cas de relevant de la préfecture ou de la province, la gestion des services publics relevant de la
dysfonctionnement du conseil de nature à ou en cas de dysfonctionnement du conseil région, ou en cas de dysfonctionnement du
menacer son fonctionnement normal, après de nature à menacer son fonctionnement conseil de nature à menacer son
sa mise en demeure par le gouverneur, suite normal, après sa mise en demeure par fonctionnement normal, après sa mise en
à la demande adressée par le président et gouverneur, suite à la demande adressée par demeure par l'autorité gouvernementale
que le conseil refuse de redresser la le président et que le conseil refuse de chargée de l'intérieur, suite à la demande
situation, ou si le dysfonctionnement persiste redresser la situation, ou si le adressée par le président à travers le wali et
après l'expiration d'un mois à compter de la dysfonctionnement persiste après l'expiration que le conseil refuse de redresser la
date de sa mise en demeure ; d'un mois à compter de la date de sa mise en situation, ou si le dysfonctionnement persiste
- le conseil ou ses commissions violent demeure ; après l'expiration d'un mois à compter de la
d’une façon volontaire les dispositions - le conseil ou ses commissions violent date de sa mise en demeure ;
relatives à l’interdiction de délibérer sur les d’une façon volontaire les dispositions - le conseil ou ses commissions violent
questions ne relevant pas de leur champ relatives à l’interdiction de délibérer sur les d’une façon volontaire les dispositions
d'attributions, qui ne sont inscrites pas à questions ne relevant pas de leur champ relatives à l’interdiction de délibérer sur les
l'ordre du jour ou qui font l’objet d’une d'attributions, qui ne sont inscrites pas à questions ne relevant pas de leur champ
opposition notifiée au président du conseil l'ordre du jour ou qui font l’objet d’une d'attributions, qui ne sont inscrites pas à
par le gouverneur et soumise à la juridiction opposition notifiée au président du conseil l'ordre du jour ou qui font l’objet d’une
des référés du tribunal administratif. par le gouverneur et soumise à la juridiction opposition notifiée au président du conseil
des référés du tribunal administratif. par le wali et soumise à la juridiction des
référés du tribunal administratif.

X
Type de contrôle
Commune Préfecture ou province Région
administratif
La En cas de dissolution du conseil ou de En cas de suspension ou de dissolution du En cas de suspension ou de dissolution du
désignation démission de la moitié au moins de ses conseil, ou de démission de la moitié au conseil, ou de démission de la moitié au
de la membres en exercice, ou lorsque les moins de ses membres en exercice, ou moins de ses membres en exercice, ou
délégation membres du conseil ne peuvent être élus lorsque les membres du conseil ne peuvent lorsque les membres du conseil ne peuvent
spéciale pour quelque cause que ce soit, une être élus pour quelque cause que ce soit, une être élus pour quelque cause que ce soit, une
délégation spéciale doit être nommée par délégation spéciale doit être nommée par délégation spéciale doit être nommée par
arrêté de l'autorité gouvernementale arrêté de l'autorité gouvernementale arrêté de l'autorité gouvernementale
chargée de l'intérieur, dans un délai chargée de l'intérieur, dans un délai chargée de l'Intérieur, dans un délai
maximum de 15 jours. maximum de 15 jours. maximum de 15 jours.
Le gouverneur ou son intérimaire préside Le gouverneur préside la délégation Le wali préside la délégation spéciale et
Contrôle administratif des élus

la délégation spéciale et exerce, es-qualité, spéciale et exerce, es-qualité, les attributions exerce, es-qualité, les attributions dévolues
les attributions dévolues au président du dévolues au président du conseil. au président du conseil.
conseil.

La Le bureau du conseil est dissous de plein Le bureau du conseil est dissous de plein Le bureau du conseil est dissous de plein
dissolution droit, lorsque : droit, lorsque : droit, lorsque :
du bureau - le président du conseil est considéré démis - le président du conseil est considéré démis - le président du conseil est considéré démis
de ses fonctions ; de ses fonctions ; de ses fonctions ;
- la juridiction des référés confirme l'état de - la juridiction des référés confirme l'état de
- la juridiction des référés confirme l'état de
cessation ou d'abstention du président. Dans cessation ou d'abstention du président. Dans
cessation ou d'abstention du président. Dans
ce cas, la juridiction des référés du tribunal ce cas, la juridiction des référés du tribunal
ce cas, la juridiction des référés du tribunal
administratif est saisi par le gouverneur ou administratif est saisi par le gouverneur
administratif est saisi par l'autorité
son intérimaire après avoir mis en demeure, après avoir mis en demeure, par écrit avec
gouvernementale chargée de l'intérieur
par écrit avec accusé de réception, la accusé de réception, la président de
après que le wali met en demeure, par écrit
président de reprendre ses fonctions dans un reprendre ses fonctions dans un délai de 7
avec accusé de réception, la président de
délai de 7 jours ouvrables et que ce dernier jours ouvrables et que ce dernier ne défère
reprendre ses fonctions dans un délai de 7
ne défère pas ou refuse de déférer à cette pas ou refuse de déférer à cette mise en
jours ouvrables et que ce dernier ne défère
mise en demeure à l'expiration du délai ; demeure à l'expiration du délai ; pas ou refuse de déférer à cette mise en
- le président est révoqué ou démissionne - le président est révoqué ou démissionne demeure à l'expiration du délai ;
volontairement. volontairement. - le président est révoqué ou démissionne
volontairement.

XI
Type de contrôle
Commune Préfecture ou province Région
administratif
La démission Le président du conseil est considéré démis Le président du conseil est considéré démis Le président du conseil est considéré démis
du président de ses fonctions lorsqu’il cesse d'exercer ses de ses fonctions lorsqu’il cesse d'exercer ses de ses fonctions lorsqu’il cesse d'exercer ses
fonctions pour l'un des motifs suivants : fonctions pour l'un des motifs suivants : fonctions pour l'un des motifs suivants :
• le décès ; • le décès ; • le décès ;
• la démission volontaire ; • la démission volontaire ; • la démission volontaire ;
• la démission de plein droit ; • la démission de plein droit ; • la démission de plein droit ;
• la révocation, y compris le cas de • la révocation, y compris le cas de • la révocation, y compris le cas de
Contrôle administratif des élus

déchéance ; déchéance ; déchéance ;


• l'annulation définitive de l'élection ; • l'annulation définitive de l'élection ; • l'annulation définitive de l'élection ;
• la détention pendant une durée • la détention pendant une durée • la détention pendant une durée
supérieure à six mois ; supérieure à six mois ; supérieure à six mois ;
• la condamnation en vertu d'un jugement • la condamnation en vertu d'un jugement • la condamnation en vertu d'un jugement
définitif ayant conduit à l'inéligibilité. définitif ayant conduit à l'inéligibilité. définitif ayant conduit à l'inéligibilité.
Ladite cessation est constatée par arrêté du Ladite cessation est constatée par arrêté de Ladite cessation est constatée par arrêté de
gouverneur. l'autorité gouvernementale chargée de l'autorité gouvernementale chargée de
l'intérieur. l'intérieur.

La démission Le président du conseil ou l'un des vice- Le président du conseil ou l'un des vice- Le président du conseil ou l'un des vice-
du président présidents est considéré démis de ses présidents est considéré démis de ses présidents est considéré démis de ses
ou de l’un fonctions lorsqu'il est prouvé fonctions lorsqu'il est prouvé fonctions lorsqu'il est prouvé
des vice- postérieurement à son élection qu’il réside à postérieurement à son élection qu’il réside à postérieurement à son élection qu’il réside à
présidents l'étranger. l'étranger. l'étranger.
La démission est déclarée par arrêté de La démission est déclarée par arrêté de La démission est déclarée par arrêté de
l'autorité gouvernementale chargée de l'autorité gouvernementale chargée de l'autorité gouvernementale chargée de
l'intérieur, après sa saisine par le l'intérieur, après sa saisine par le l'intérieur, après sa saisine par le wali.
gouverneur. gouverneur.

XII
Type de contrôle
Commune Préfecture ou province Région
administratif
Les membres du conseil, le président ou ses Les membres du conseil, le président ou ses Les membres du conseil, le président ou ses
La
vice-présidents peuvent être révoqués par vice-présidents peuvent être révoqués par vice-présidents peuvent être révoqués par
révocation
décision du tribunal administratif. décision du tribunal administratif. décision du tribunal administratif.
des élus
Le tribunal administratif est saisi par le Le tribunal administratif est saisi par le Le tribunal administratif est saisi par
gouverneur ou son intérimaire, après gouverneur, après réception des l'autorité gouvernementale chargée de
réception des explications écrites, ou à explications écrites, ou à défaut l'intérieur (dans le cas du président du
défaut d'explications dans le délai maximum d'explications dans le délai maximum de 10 conseil) ou le wali (pour les autres membres)
de 10 jours, si : jours, si : après réception des explications écrites, ou à
- le président du conseil commet des actes - le président du conseil commet des actes défaut d'explications dans le délai maximum
Contrôle administratif des élus

contraires aux lois et règlements en contraires aux lois et règlements en vigueur1; de 10 jours, si :
vigueur121 ; - un membre du conseil, autre que son - le président du conseil commet des actes
- un membre du conseil, autre que son président, commet des actes contraires aux contraires aux lois et règlements en vigueur1;
président, commet des actes contraires aux lois et règlements en vigueur portant atteinte - un membre du conseil, autre que son
lois et règlements en vigueur portant atteinte à l'éthique du service public et aux intérêts président, commet des actes contraires aux
à l'éthique du service public et aux intérêts de la préfecture ou de la province1 ; lois et règlements en vigueur, portant atteinte
de la commune1 ; - un membre est reconnu responsable de à l'éthique du service public et aux intérêts
- un membre est reconnu responsable de délits d'initié, de trafic d'influence et de de la région1 ;
délits d'initié, de trafic d'influence et de privilèges ou commet une infraction d'ordre - un membre du conseil est reconnu
privilèges ou commet une infraction d'ordre financier portant préjudices aux intérêts de la responsable de délits d'initié, de trafic
financier portant préjudices aux intérêts de la préfecture ou de la province ; d'influence et de privilèges ou commet une
commune ; - un membre du conseil, en dehors du infraction d'ordre financier portant
- un membre du conseil, en dehors du président et des vice-présidents, exerce en préjudices aux intérêts de la région.
président et des vice-présidents, exerce en dehors de son rôle délibérant au sein du - un membre du conseil, en dehors du
dehors de son rôle délibérant au sein du conseil ou des commissions qui en dépend, président et des vice-présidents, exerce en
conseil ou des commissions qui en dépend, les fonctions administratives de la préfecture dehors de son rôle délibérant au sein du
les fonctions administratives de la commune, ou de la province, signe des actes conseil ou des commissions qui en dépend,
signe des actes administratifs, gère ou administratifs, gère ou s'immisce dans la les fonctions administratives de la région,
s'immisce dans la gestion des services de la gestion des services de la préfecture ou de la signe des actes administratifs, gère ou
commune ; province ; s'immisce dans la gestion des services de la
région ;

121
Dans ce cas, le président ou de ses vice-présidents peuvent être révoqués du bureau ou du conseil.

XIII
Type de contrôle
Commune Préfecture ou province Région
administratif
La - un membre du conseil entretien des intérêts - un membre du conseil entretien des intérêts - un membre du conseil entretien des intérêts
révocation privés avec la commune, les établissements privés avec la préfecture ou la province, les privés avec la région, les groupements de
des élus de coopération intercommunale ou les groupements des préfectures ou provinces ou régions ou les groupements des collectivités
groupements des collectivités territoriales les groupements des collectivités territoriales territoriales dont la région est membre, ou
(suite)
dont la commune est membre, ou avec les dont la préfecture ou province est membre avec les instances ou établissements publics,
instances ou établissements publics, ou avec ou avec les instances ou établissements ou avec les sociétés de développement qui
les sociétés de développement qui en publics, ou avec les sociétés de en dépendent ou conclut avec eux des actes
dépendent ou conclut avec eux des actes ou développement qui en dépendent ou conclut ou des contrats de location, d'acquisition,
des contrats de location, d'acquisition, avec eux des actes ou des contrats de d'échange ou toute autre transaction portant
d'échange ou toute autre transaction portant location, d'acquisition, d'échange ou toute sur des biens de la région, ou passe avec eux
Contrôle administratif des élus

sur des biens de la commune, ou passe avec autre transaction portant sur des biens de la des marchés de travaux, de fournitures ou de
eux des marchés de travaux, de fournitures préfecture ou de la province, ou passe avec services, ou des contrats de concession, de
ou de services, ou des contrats de eux des marchés de travaux, de fournitures gérance ou tout contrat relatif aux formes de
concession, de gérance ou tout contrat relatif ou de services, ou des contrats de gestion des services publics de la région, ou
aux formes de gestion des services publics concession, de gérance ou tout contrat relatif exerce, de manière générale, toute activité
de la commune, ou exerce, de manière aux formes de gestion des services publics pouvant conduire à un conflit d'intérêts. De
générale, toute activité pouvant conduire à de la préfecture ou de la province, ou exerce, même, s’il conclut des contrats de
un conflit d'intérêts. De même, s’il conclut de manière générale, toute activité pouvant partenariat et de financement des projets des
des contrats de partenariat et de financement conduire à un conflit d'intérêts. De même, associations dont il est membre ;
des projets des associations dont il est s’il conclut des contrats de partenariat et de
- le conseil ou ses commissions violent
membre ; financement des projets des associations
d’une façon volontaire les dispositions
dont il est membre ;
- le conseil ou ses commissions violent relatives à l’interdiction de délibérer sur les
d’une façon volontaire les dispositions - le conseil ou ses commissions violent questions ne relevant pas de leur champ
relatives à l’interdiction de délibérer sur les d’une façon volontaire les dispositions d'attributions, qui ne sont inscrites pas à
questions ne relevant pas de leur champ relatives à l’interdiction de délibérer sur les l'ordre du jour ou qui font l’objet d’une
d'attributions, qui ne sont inscrites pas à questions ne relevant pas de leur champ opposition notifiée au président du conseil
l'ordre du jour ou qui font l’objet d’une d'attributions, qui ne sont inscrites pas à par le wali et soumise à la juridiction des
opposition notifiée au président du conseil l'ordre du jour ou qui font l’objet d’une référés du tribunal administratif.
par le gouverneur et soumise à la juridiction opposition notifiée au président du conseil
des référés du tribunal administratif. par le gouverneur et soumise à la juridiction
des référés du tribunal administratif.

XIV
Type de contrôle
Commune Préfecture ou province Région
administratif
La Le président du conseil peut être, également,
révocation révoqué par décision du tribunal
des élus administratif s’il refuse de présenter sa
démission, suite à la requête présentée, à
(suite)
l'expiration d'un délai de trois années du
mandat du conseil, et que ce dernier
demande par une délibération, approuvée par
les trois quarts (3/4) des membres en
exercice, au gouverneur de saisir le tribunal
administratif compétent pour demander la
révocation du président.

La Les membres du conseil, le président ou ses Les membres du conseil, le président ou ses Les membres du conseil, le président ou ses
suspension vice-présidents sont suspendus de l’exercice vice-présidents sont suspendus de l’exercice vice-présidents sont suspendus de l’exercice
des élus de leurs fonctions, jusqu'à ce que le tribunal de leurs fonctions, jusqu'à ce que le tribunal de leurs fonctions, jusqu'à ce que le tribunal
administratif statue, lorsque ce dernier est administratif statue, lorsque ce dernier est administratif statue, lorsque ce dernier est
Contrôle administratif des élus

saisi par le gouverneur ou son intérimaire, saisi par le gouverneur, par une demande de saisi par l'autorité gouvernementale
par une demande de révocation. révocation. chargée de l'intérieur (dans le cas du
président du conseil) ou le wali (pour les
autres membres du conseil) par une demande
de révocation.

XV
Type de contrôle
Commune Préfecture ou province Région
administratif
La Le gouverneur peut se substituer au Le gouverneur peut se substituer au Le wali peut se substituer au président dans
substitution président dans l'exercice des actes que ce président dans l'exercice des actes que ce l'exercice des actes que ce dernier s'abstient
dernier s'abstient d'exercer, lorsque l’état dernier s'abstient d'exercer, lorsque l’état d'exercer, lorsque l’état d’abstention est
d'abstention est constaté par décision du juge d'abstention est constaté par décision du juge constaté par décision du juge des référés du
des référés du tribunal administratif. des référés du tribunal administratif. tribunal administratif.
Contrôle administratif des élus

Le juge des référés est saisi par le Le juge des référés est saisi par le
Le juge des référés est saisi par l'autorité
gouverneur lorsque le président s'abstient gouverneur, lorsque le président s'abstient
gouvernementale chargée de l'intérieur,
de prendre les actes qui lui sont impartis par de prendre les actes qui lui sont impartis par
lorsque le président s'abstient de prendre les
la présente loi organique et que cette la présente loi organique et que cette
actes qui lui sont impartis par la loi
abstention nuit au fonctionnement normal abstention nuit au fonctionnement normal
organique relative aux régions et que cette
des services de la commune, après que le des services de la préfecture ou de la
abstention nuit au fonctionnement normal
gouverneur demande au président d'exercer province, après que le gouverneur demande
des services de la région, après que
les fonctions qui lui sont dévolues et que ce au président d'exercer les fonctions qui lui
l'autorité gouvernementale chargée de
dernier n'y donne suite à l'expiration d'un sont dévolues et que ce dernier n'y donne
l'intérieur, à travers le wali, demande au
délai de 7 jours à compter de la date d'envoi suite à l'expiration d'un délai de 10 jours à
président d'exercer les fonctions qui lui sont
de la demande. compter de la date d'envoi de la demande.
dévolues et que ce dernier n'y donne suite à
l'expiration d'un délai de 15 jours ouvrables
La juridiction des référés statue dans un La juridiction des référés statue dans un
à compter de la date d'envoi de la demande.
délai de 48 heures. délai de 48 heures.
La juridiction des référés statue dans un
délai de 48 heures.

XVI
Annexe 4 : Liste des délibérations qui ne sont pas exécutoires qu’après visa du gouverneur ou de l’autorité gouvernementale chargée de
l'intérieur.

Commune Préfectures ou province Région


(article n° 118 de la loi organique n° 113-14) (article n° 109 de la loi organique n° 112-14) (article n° 115 de la loi organique n° 111-14)

A/ Visa du gouverneur : A/ Visa du gouverneur : Visa de l’autorité gouvernementale chargée de


l'intérieur :
- plan d'action de la commune ; - programme de développement de la préfecture ou
de la province ; - programme de développement régional ;
- budget ;
- budget ; - schéma régional d'aménagement du territoire ;
- organisation de l'administration de la commune et
ses attributions ; - organisation de l'administration de la préfecture ou - organisation de l'administration de la région et
de la province et ses attributions ; fixant ses attributions ;
- ayant une incidence financière sur les dépenses et
les recettes, notamment, les emprunts, les garanties, - ayant une incidence financière sur les dépenses et - gestion déléguée des services et des ouvrages
la fixation des tarifs des taxes, des redevances et les recettes, notamment, les emprunts, les garanties, publics régionaux ;
droits divers et la cession des biens de la commune et la fixation des tarifs des taxes, des redevances et
- création des sociétés de développement régional ;
leur affectation ; droits divers et la cession des biens de la préfecture
ou province et leur affectation ; - ayant une incidence financière sur les dépenses et
- dénomination des places et voies publiques lorsque
les recettes, notamment, la fixation des tarifs des
cette dénomination constitue un hommage public ou - conventions de coopération décentralisée et de
taxes, des redevances et droits divers et la cession
un rappel d'un événement historique ; jumelage que la préfecture ou la province conclut
des biens de la région et leur affectation ;
avec les collectivités locales étrangères.
- conventions de coopération décentralisée et au
- conventions de coopération décentralisée et de
jumelage que la commune conclut avec les
jumelage que la région conclut avec les collectivités
collectivités locales étrangères ;
locales étrangères et avec des acteurs en dehors du
- création et modes de gestion des services publics Royaume.
communaux.
- budget, emprunts et garanties.
B/ Visa de l’autorité gouvernementale chargée de B/ Visa de l’autorité gouvernementale chargée de
l'intérieur : l'intérieur :
- gestion déléguée des services et des ouvrages - gestion déléguée des services et des ouvrages
publics communaux et création des sociétés de publics relevant de la préfecture ou de la province et
développement local. création des sociétés de développent.

XVII
Annexe 5 : Organigramme type d’une province au Maroc.

Gouverneur

Secrétaire Général
Division des Affaires
Cabinet
Intérieures

DIVISION DU BUDGET, DIVISION DES


DIVISION DES DES MARCHES, DES DIVISION DE AFFAIRES DIVISION DE DIVISION DES
DIVISION DES
COLLECTIVITES RESSOURCES HUMAINES L'ACTION ECONOMIQUES ET L'URBANISME ET DE AFFAIRES
ET DES MOYENS EQUIPEMENTS L'ENVIRONNEMENT
LOCALES GENERAUX
SOCIALE DE LA RURALES
COORDINATION

Service des Conseils Service de la Service des Etudes, de la


Service du Budget, de Service de l'Urbanisme
Formation et du Planification et de la Service des Etudes Service des Terres
Elus et de la Police la Comptabilité et des Coordination des
des Constructions et du
Moyens Généraux
Renforcement de Techniques Contrôle Collectives
Administrative Capacités Programmes

Service des Finances Service des Affaires Service de Service de Service du


Service des Service du Suivi-
Locales et des Personnels Economiques et du l'Equipement et des l'Environnement et Développement
Communaux Marchés Evaluation
Contrôle Infrastructures des Espaces Verts Rural

Service du Patrimoine, Service des


Service de la
de la Planification et Ressources
de l'Equipement Communication
Humaines

Service de l'Etat-
Civil XVIII
Annexe 6 : Organigramme de la Direction générale des collectivités locales (DGCL) du Maroc.

Directeur Général des


Collectivités Locales

Direction des affaires


juridiques, des Direction de la
Direction des Direction de l'eau et Direction du Direction de la
études, de la planification et de
finances locales de l'assainissement patrimoine promotion nationale
documentation et de l'équipement
la coopération

Division du Division de la
Division des Division des Division de la Division de la
développement réglementation et
assemblées ressources conservation du L'inspection coordination
des collectivités de la
locales humaines patrimoine administrative
locales normalisation

Division des Division de la Division des Division de


Division de l‘état
ressources programmation et Division de l'eau études et des l'administration
civil
financières de l'équipement transactions générale

Division des Division de Division de Division du


Division du service
budgets et l'hygiène l'assainissement développement Division technique
militaire
marchés communale liquide du patrimoine

Division de la Division des Division des Division de Délégations


Division technique
coopération archives et espaces verts et l'assainissement préfectorales ou
et urbanistique
décentralisée statistiques des plantations solide provinciales

Division des
Service
études et des
informatique
statistiques

Centre de
documentation
des collectivités
locales
XIX

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