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Un Système Fiscal, pilier pour le

Nouveau Modèle de Développement

Rapport du Conseil Economique Social et


Environnemental, préparé par

La Commission Permanente chargée des Affaires Economiques et des


Projets Stratégiques

Président de la Commission : M. Ahmed Rahhou


Rapporteur de la Commission et du thème : M. Mohamed Bachir Rachdi

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« Il convient de renforcer le rôle stratégique de l’Etat en matière de régulation et d’organisation et
d’engager avec audace les grandes réformes, notamment […] de fiscalité, tout en veillant à
poursuivre l’application des règles de bonne gouvernance dans tous les secteurs »

Extrait du Discours de SA MAJESTÉ LE ROI MOHAMMED VI du 20 août 2014, à l’occasion du


61ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple.

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 Conformément à la loi organique n°128-12 relative au Conseil Economique Social et
Environnemental (CESE) et à son règlement intérieur ;
 Vu la décision du CESE de s’autosaisir du thème relatif au « Un Système Fiscal, pilier
pour le Nouveau Modèle de Développement » ;
 Vu la décision du Bureau du Conseil d’affecter le sujet relatif à « Un Système Fiscal, pilier
pour le Nouveau Modèle de Développement » à la Commission chargée des Affaires
Economiques et des Projets Stratégiques ;
 Vu l’adoption du rapport sur « Un Système Fiscal, pilier pour le Nouveau Modèle de
Développement » par l’Assemblée Générale du jeudi 28 mars 2019 à l’unanimité.

Rapport du Conseil Economique Social et


Environnemental, préparé par

La Commission des Affaires Economiques et des Projets


Stratégiques

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Sommaire

Résumé exécutif…….………………………………………………………………………..……………..5
Avant-propos .................................................................................................................................. 12
Méthodologie adoptée ...................................................................................................................... 17

I. Aperçu de l’évolution historique du système fiscal marocain et cadre de référence actuel


.......................................................................................................................................................... 18
I. 1 – Regard sur l’évolution de l’Histoire du système fiscal marocain : rétrospective et actualités . 18
I. 2 – Cadre de référence et principes généraux régissant la matière fiscale .................................. 21

II. Présentation du système fiscal au Maroc : architecture générale et états de la situation de


la fiscalité nationale ....................................................................................................................... 23
Notions et concepts clés .................................................................................................................. 23
II. 1 – Structure et tendances du système fiscal national ................................................................. 25
A. Recettes fiscales ...................................................................................................................... 25
B. Dépenses fiscales ..................................................................................................................... 30
C. Analyse chiffrée de quelques indicateurs de concentration de l'économie et de l'impôt .......... 41
II. 2 – Contrôle fiscal ......................................................................................................................... 50
II. 3 – Sanctions ................................................................................................................................ 52
II.4 – Pratiques fiscales, civisme fiscal et relation Administration – Contribuable ........................... 53

III. Fiscalité locale : pour une refonte globale du système fiscal d'Etat…………………………56

IV. Analyse combinée du diagnostic et éléments structurants de réflexion ........................... 68


IV. 1 – Reprise de la thématique de la fiscalité par le CESE, et approfondissement des travaux sur
le système fiscal marocain et son impact sur le développement du pays ....................................... 69
IV. 2 – Principales conclusions et constats saillants, représentatifs des limites actuelles de la
politique fiscale marocaine ............................................................................................................... 80

V. Perspectives pour un système fiscal, pilier pour le Nouveau Modèle de Développement. 84

VI. Annexes ................................................................................................................................... 107

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Résumé exécutif
La volonté de promouvoir le système fiscal, de par l’Histoire du pays, a été jalonnée par une
succession de réformes, inscrites dans une volonté de modernisation et de
simplification, pour lui assurer clarté et efficience. Néanmoins, et malgré les avancées et
résultats significatifs et indéniables, le système fiscal marocain continue de présenter des
limites et des difficultés liées aussi bien au manque de cohérence et de visibilité, qu’à la
faiblesse de ses résultats, comparés au vrai potentiel fiscal du pays.

S’inscrivant dans le cadre de la réflexion nationale portant sur l’édification d’un Nouveau
Modèle de Développement, le Conseil Economique, Social et Environnemental appelle à
un changement de paradigme profond dans la manière d’appréhender la matière fiscale
au Maroc, tant sur le plan de la conception de la politique fiscale, de sa gouvernance que de
sa mise en pratique, pour permettre au système fiscal cible de contribuer à la construction
d’un socle solide pour le Modèle de Développement en question, à même de répondre aux
aspirations et attentes légitimes de tous les Citoyens et acteurs intéressés par le devenir du
Maroc.

Les travaux menés par le Conseil, à la base du présent rapport, ont pris leur origine dans les
constats forts et les limites du modèle actuel, qui font aujourd’hui l’unanimité et qui ont
poussé les hautes autorités du pays à faire appel à toutes les forces vives du pays pour
proposer les contours d’un Nouveau Modèle de Développement, capable de faire sortir le
Maroc d’une situation qui pèse lourdement sur les générations actuelles et n’offre pas
suffisamment les perspectives auxquelles ont droit les générations à venir.
L’approfondissement de l’analyse de ces constats, a permis de dégager des convictions très
largement partagées entre les membres du Conseil, qui appelle à opérer des inflexions
majeures, sans lesquelles le Maroc ne pourrait prétendre à un tel Nouveau Modèle de
Développement, et encore moins à l’émergence.

En ce sens, l’orientation du système fiscal cible vers un rôle plus stratégique, constitue
le fer de lance de l’ambition du CESE. Une orientation dudit système fiscal, qui répondrait à
un impératif de cohérence, de visibilité, d’équité, d’efficience et d’appui à l’élargissement de
l’activité et de la production de valeur ajoutée nationale, pérenne. Un système fiscal qui
jouerait pleinement son rôle de solidarité, de réduction des inégalités et de contribution à la
cohésion sociale. Conscient des enjeux et des implications stratégiques d’une telle ambition,
aussi bien sur le moyen et long termes, que sur les changements et impacts à court terme, le
Conseil propose une réforme aussi rationnelle, profonde, que pragmatique, pour pouvoir
engager des évolutions importantes, tout en assurant pendant les différentes étapes du
processus de réforme, l’adhésion la plus large.

Aussi, à travers le présent rapport, le CESE préconise d’inscrire ladite réforme sur la
durée et selon une progression, qui lui assure force, efficience et dynamique
d’entrainement. Elle devrait permettre au système fiscal de sortir de la logique d’équilibre
entre des intérêts sectoriels et catégoriels, sans cohérence ni synergie, à la racine des
constats et limites relevés, pour être plus en phase avec un cadre favorable à la
convergence d’intérêts partagés par le plus grand nombre.

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Les limites du système actuel, mentionnées plus haut, se sont dégagées de plus en plus, au
cours des temps qui ont rythmé les travaux du CESE, et de l’exploitation de toutes les
données recueillies, mettant en évidence des contraintes transversales et institutionnelles
caractérisées par des carences structurelles, à savoir :

 La prédominance de l’économie de rente et le recours fréquent à des ‘avantages et


privilèges’ pour le développement d’activités économiques, favorisant l’inefficience, la
faible valeur ajoutée et contribuant à la persistance des inégalités sociales et
territoriales ;
 La forte concentration économique, caractérisée par un nombre réduit d’entreprises
qui sont à la base de la création d’un volume de la richesse nationale qui reste tout aussi
réduit – Avec des investissements publics qui sont, en taux, parmi les plus élevés au
monde (plus de 30% du PIB annuellement) et qui sont consentis sur une longue durée, le
Maroc continue pourtant à être un pays à revenu intermédiaire bas.
Plus est, 387 entreprises nationales dont le Chiffres d’Affaires (CA) représentent 50% par
rapport au total du CA déclaré, ne constituent que 0,16% par rapport à la base des
entreprises déclarantes. La participation de l’IS à hauteur de 50% est portée par 73
entreprises, soit 0,06% des entreprises déclarantes ;
 La persistance des inégalités, dans un contexte où les politiques publiques et les
services assurés par l’Etat, sont jugés défaillants et ne répondant pas aux besoins et
attentes légitimes des populations ; et où le taux d’activité est en régression et le
chômage maintenu à un niveau élevé. Dans ce contexte, les citoyens acceptent de
moins en moins ces inégalités frappantes et profitent des moyens technologiques offerts
et de l’accessibilité des médias et réseaux sociaux, pour innover dans les formes
d’organisation et d’expression de leur rejet.
 L’instabilité réelle et perçue du système fiscal, à travers les multiples dispositions
introduites par les lois de finances qui se succèdent, faisant perdre la lisibilité et la
cohérence dudit système. Un phénomène accentué par l’introduction de dispositions,
résultat de pressions et de négociations défendant des intérêts catégoriels et/ou
sectoriels (pouvant être légitimes, mais pas forcément réfléchis dans une convergence et
cohérence avec le reste des intérêts, y compris ceux plus globaux de la collectivité) ;
 Un comportement largement répandu, marqué par l’incivilité fiscale et la non-
acceptation de l’impôt. Alors que le système est essentiellement déclaratif, une part
significative de la population des contribuables continue à ne pas déclarer spontanément
ses impôts, et la relation entre l’administration fiscale et les contribuables, reste encore et
souvent conflictuelle, alors même que des efforts importants de dématérialisation et
autres mesures de clarification et simplification, ont été déployées ces dernières années,
pour son amélioration.
 La complexité du système fiscal et la faible efficacité de certains impôts et
prélèvements. A l’arsenal fiscal national, se juxtapose une fiscalité locale qui présente
des problématiques encore plus lourdes, de par sa complexité, son manque de
cohérence, son inefficience et la gouvernance peu pertinente qui l’entoure.

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Pour répondre à ces fragilités, le CESE préconise l’édification d’un nouveau système fiscal
qui s’articule avec force, avec les autres politiques publiques, pour favoriser la
création de valeur ajoutée nationale et d’emplois de qualité, et pour assurer l’inclusion
sociale et la visibilité. Ainsi, ce système fiscal cible constituerait un pilier fondamental
pour le Nouveau Modèle de Développement qui devra essentiellement :
 Assurer la transparence et l’effectivité de l’application des règles à tous, dans le
cadre de l’équité et de l’égalité ;
 Réorienter le système de création de valeur vers l’économie productive ;
 Favoriser l’innovation et la montée en charge dans la chaîne de valeur ;
 Réduire les déséquilibres sociaux et territoriaux ;
 Densifier le tissu économique, libérer les énergies et favoriser l’émergence d’une
nouvelle génération d’acteurs socio-économiques.
Pour répondre à ces défis, la réforme proposée du système fiscal, se veut globale et
articulée autour d’un ensemble de dimensions principales et indissociables. Lesquelles
dimensions sont orientées dans une logique de complémentarité et de cohérence, fortes,
pour une mise en œuvre selon une séquence aussi volontariste que rationnelle. La réforme
recommandée, vise à construire une convergence autour d’intérêts partagés par le plus
grand nombre. Elle est de nature à contribuer fortement à l’édification d’un développement
plus soutenu, plus inclusif et plus juste, fondé sur les principes constitutionnels et sur
l’effectivité de l’Etat de droit. Pour cela, il est recommandé de :

1. Mettre en place un système intégré considérant, dans leur globalité, les


prélèvements fiscaux et sociaux et leurs corollaires en termes de redistribution
et de solidarité. Dans cet objectif, la réforme fiscale souhaitée, devrait être couplée à
une réforme aussi profonde du système de protection sociale visant, à terme, à assurer
une couverture sociale de qualité, à tous les citoyens et tout au long de la vie,
indépendamment de leurs statuts, et de leurs parcours et situations professionnelles.
Une couverture qui ne peut donc continuer à être liée au seul prélèvement sur le
travail, qui continuera à être une source de financement de la couverture sociale, mais
pas la seule. En ce sens, le CESE recommande de réserver à terme, deux à quatre (2
à 4) points de TVA, à verser dans un fonds de solidarité sociale, qui servirait
notamment à contribuer au financement de la couverture et des aides sociales. Les
modalités de programmation de cette affectation, devant prendre en considération,
l’évolution de l’assiette et de la progression de la stabilisation du système de neutralité
totale de la TVA.

2. Définir un pacte fiscal de confiance qui suscite l’adhésion et consacre la


lisibilité, l’accessibilité et l’acceptabilité du système fiscal cible. Cette démarche a
pour objectifs de faciliter la maitrise du système fiscal, d’en automatiser l’application et
l’interaction avec le contribuable, de limiter les marges d’appréciation et d’interprétation
données à l’administration, d’en sanctuariser les normes et les bases et de renforcer
l’impartialité des modalités et du ciblage du contrôle. Sa mise en place suppose :
 L’élargissement de l’assiette fiscale, par l’application effective du principe
constitutionnel de participation de toutes personnes physiques et morales selon
les capacités contributives réelles de chacun. L’atteinte d’un tel résultat est de
nature à susciter l’adhésion à la réforme souhaitée qui doit être renforcée par la

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prise en charge des moins nantis. Pour renforcer ce processus par une meilleure
maitrise de l’assiette, il est alors nécessaire de poursuivre et de fortifier les
mécanismes d’accès et de recoupement des données en relation avec les bases
fiscales ;
 L’application d’un impôt réduit, forfaitaire pour les activités à faible revenu
pour alléger la charge et la complexité sur cette catégorie de contribuables (un
impôt annuel à titre indicatif de 1.500 à 4500 DH). Ces derniers qui seraient, à leur
choix, soumis à cet impôt, bénéficieraient de l’adhésion à la couverture sociale, et
seraient exemptés de toutes autres taxes ou redevances. Cette catégorie
d’acteurs à faible revenu, serait soutenue pour favoriser sa structuration et
protégée contre toutes les formes de difficultés voire d’abus.
 L’évolution du statut d’autoentrepreneur, pour qu’il prenne en considération
la réalité économique, avec des possibilités d’intégrer aux cotés de
l’autoentrepreneur, quelques emplois (2 à 3 emplois) ; d’englober les métiers
d’artisans, et de bénéficier de services de soutien et d’accompagnement vers une
structuration encore plus solide.
 Le renforcement du pouvoir d’achat de la classe moyenne par l’introduction
d’une fiscalité des ménages, plus favorable, prenant en compte les personnes à
charges et consolidée par des allocations familiales plus en phase avec la réalité
socio-économique des familles, dont celle liée au financement de l’éducation des
enfants.

3. Institutionnaliser le partage des "fruits de l’élargissement de l’assiette", selon


une ‘règle des trois tiers’. Dans ce cadre, toute augmentation des recettes fiscales
supérieure à 3%, considérés comme nécessaires au maintien des équilibres macro-
économiques et à l’évolution tendancielle du financement des politiques publiques,
sera affectée comme suit :
 1/3 (un tiers), comme montant additionnel pour consolider le budget de
financement général des politiques publiques ;
 1/3 (un tiers) versé au fonds de solidarité, qui viendrait renforcer les capacités de
financement de la couverture et des aides sociales ;
 1/3 (un tiers) pour baisser les taux d’imposition au titre de l’IR et de l’IS.

4. Favoriser la sortie de la prédominance de la rente et orienter les avantages et


incitations accordés pour :
 Corréler le niveau de protection à celui de la taxation (les secteurs et activités
bénéficiant d’une protection de par leur nature, devraient contribuer plus que les
autres – l’IS progressif, devrait intégrer cette dimension) ;
 Soutenir l’innovation et la Recherche & Développement, notamment à travers
l’instauration du Crédit Impôt Recherche, à combiner avec d’autres mécanismes
de soutien aux activités innovatrices et génératrices de valeur ajoutée forte.
Pour ce qui est des incitations et avantages, particulièrement fiscaux, il y a lieu
d’observer les règles fondamentales suivantes :
 Les avantages devraient être conditionnés par la création de valeur et d’emplois,
projetés et mesurables (année par année) ;

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 Eviter d’octroyer des avantages aux activités pouvant produire des effets
d’éviction, préjudiciables à d’autres secteurs et par suite, à une réelle dynamique
de développement ;
 Les avantages et dépenses fiscales actuels, sont à passer par le filtre de
conformité avec les règles précisées, pour n’en garder que ceux qui respectent
ces nouvelles règles.

5. Compléter l’arsenal fiscal cible par une fiscalité plus juste et plus équitable du
patrimoine. Dans ce cadre, serait visée particulièrement la taxation de l’impôt sur le
patrimoine, à travers :
 La taxation du patrimoine non productif (terrains non bâtis, des biens
immeubles non occupés…), qui au-delà des recettes générées, aurait comme
objectif d’inciter à l’intégration des biens en question dans le circuit productif ;
 L’établissement d’un recensement de l’ensemble des biens fonciers
concernés par toute extension urbaine et la définition de la plus-value latente
qui résulte de leur intégration au périmètre urbain. Sur cette base, 50% de la
valeur de ladite plus-value latente reviendrait de droit à l’Etat. Son encaissement,
au moment de la cession du bien, donnerait lieu à un reversement de 30%, à la
commune concernée par l’extension urbaine et 30% autre au profit de la région qui
abrite ladite commune.
 La dimension impôt sur le patrimoine devrait être étendue à certains biens
de luxe, connus comme signes ostentatoires extérieurs de richesse (yachts, jets
privés, voitures de luxe ou chevaux de course, …) ;
 La mise en place d’un impôt sur la succession par héritage, qui assure un
paiement par génération.
Toujours pour l’héritage, il y a lieu dès la loi de finance 2020 de rétablir
l’alignement fiscal de la succession et de la donation et particulièrement pour que
la base de calcul de la plus-value en cas de vente d’un bien hérité, soit celle de
l’acquisition initiale et non celle du moment du décès.

6. Consacrer la vocation et le rôle de chaque type d’impôt dans une logique de clarté,
de cohérence globale et d’intégrité du système, il y a lieu de garantir une neutralité
totale de la TVA, qui est appelée à être simplifiée sur la base de taux applicables selon
des règles ne laissant place à aucune ambiguïté ni dérogation (0%, 10% et 20% en
plus d’un taux additionnel de 10% à 20% pour les produits de luxe). Un IR dont
l’application équitable à tous les revenus, est assurée en réelle corrélation avec les
capacités contributives de chacun. Et un IS progressif, calculé sur la base des résultats
économiques, en ayant évité au préalable tout frottement fiscal sur les
investissements, et enfin, l’application de la Taxe Intérieure de Consommation (TIC) de
manière objective et rationnalisée, en rapport avec sa raison d’être (appliquée
notamment aux produits ayant un impact sur la santé ou sur l’environnement).
Le maintien de la lisibilité du système devrait être préservé par la force de la loi. Ainsi,
la création de toute nouvelle taxe ne peut se faire sans passer par le filtre de
conformité avec les orientations et les principes de la présente réforme proposée, et
doit faire l’objet d’une validation, selon un processus à institutionnaliser.

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7. Inscrire la réforme comme facteur de dynamisation de la régionalisation
avancée.
La Région doit avoir une position forte dans la conception et le portage de la réforme,
en tant que source et ancrage territorial du développement. La présente réforme
devrait servir aussi comme impulsion pour le rattrapage des déficits territoriaux de
développement, en favorisant la mise à profit et la consolidation des atouts, du
potentiel et des spécificités propres à chaque région.
Les reversements des recettes fiscales aux collectivités locales, devraient être
dorénavant, corrélés à la production de richesse sur les territoires pour les inciter à être
doublement intéressés au développement en leur sein.
Il est recommandé d’indexer lesdits reversements sur les recettes générées par l’IS et
l’IR des emplois et activités sur le territoire.
De même, il est recommandé de procéder à une refonte en profondeur de la fiscalité
locale, dans une totale convergence avec les bases de la fiscalité nationale, et en
s’orientant vers deux impôts locaux principaux qui couvrent, pour le premier, les taxes
en lien avec l’habitation et, pour le second, ce qui relève de l’activité économique. Les
bases pour les redevances devraient être aussi simplifiées et harmonisées.
Enfin, le système fiscal devrait soutenir l’ambition de faire du Maroc une « Usine verte
Régionale », à travers un ensemble de mesures ciblées, parmi lesquelles l’anticipation
de la dimension ‘verdissement de la fiscalité’ au moment de l’aménagement de zones
d’activités, en dotant ces dernières des caractéristiques environnementales les plus
avancées, permettant de bénéficier d’une rationalisation des coûts à travers l’effet
échelle et en même temps d’alléger les démarches d’investissement et ainsi
d’améliorer l’attrait du Maroc pour le lancement de nouveaux projets économiques, aux
niveaux national, régional et local.
En sus, l’arsenal fiscal cible mérite d’intégrer la dimension essentielle portant sur la
dynamique associative, pour que le monde associatif puisse jouer pleinement son rôle
d’encadrement et de contribution à l’intérêt général.

8. Mettre en place un cadre de gouvernance lisible et responsable en


institutionnalisant les cadres, les acteurs, les rôles et les responsabilités et en donnant
de la visibilité à tous. Cela permettra de réduire l’inefficience du système fiscal liée
principalement à l’éclatement et à la multiplicité des intervenants, aussi bien pour la
fiscalité nationale que locale.
Quelle que soit la simplification qui y sera apportée, le système ne pourra atteindre
l’efficience et la transparence escomptées, qu’en poursuivant la dématérialisation et en
la généralisant à l’ensemble des actes et traitements.

9. Sanctuariser la réforme fiscale dans une loi cadre de programmation, consacrant


des objectifs précis et spécifiés, priorisés et planifiés dans des horizons à court, moyen
et long-termes, sur une période étalée sur dix à douze ans, avec des étapes et
échéances clés de 3 années. Dans la pratique, cette loi de programmation devrait
prévoir que les engagements soient assurés dans les délais et conditions prévus et
qu’aucune disposition fiscale ne puisse être introduite par une loi de finances, que si
elle s’inscrit dans la conformité et la convergence avec les principes de la loi cadre
projetée, et participe à la mise en œuvre effective de la réforme.

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Telles sont les orientations majeures que le Conseil Economique, Social et
Environnemental estime appropriées à la réforme du système fiscal national pour faire
de ce dernier un réel levier de développement ; un développement qui se veut
soutenu, inclusif, et au service des besoins et attentes légitimes des Citoyens, des
générations actuelles et de celles à venir.

Tout comme le rapport du CESE de 2012 a constitué une des principales références
pour les Assises de la fiscalité de 2013, le CESE entend porter sa vision, ainsi que les
recommandations stratégiques qu’elles recèlent, au niveau du débat national prévu à
l’occasion des Assises Nationales de la Fiscalité, organisées par les autorités
compétentes les 3 et 4 mai 2019. Un débat qu’il souhaite ouvert, responsable et
largement participatif.

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Avant-propos
La construction d’un état démocratique moderne est un processus dans lequel le Maroc est
engagé depuis de nombreuses années, et qui connaît une accélération forte avec l’adoption
du nouveau texte constitutionnel de 2011. Dans ce cadre, l’instauration d’une politique
fiscale juste et équitable constitue une condition majeure. Cette question est de fait abordée
dans le texte fondateur à travers les articles 39 et 75, marquant de façon claire le principe de
l’égalité devant l’impôt, et attribuant aux représentants de la Nation au sein du Parlement, la
compétence générale en matière fiscale, par le biais du vote de la loi de finances.
La fiscalité marocaine, avec ses avancées, ses contraintes et les résistances au changement
que connaît tout système fiscal, est un processus en évolution continue, et qui a été marqué
par plusieurs inflexions, notamment suite à la grande réforme de 1984. Une réforme,
imposée par la crise économique du pays et dont l’objectif essentiel était de sortir d’un
système devenu complexe et très peu efficace, et de passer à un nouveau système fiscal, à
la fois cohérent, efficient et plus universaliste. La fiscalité marocaine s’est ainsi rapprochée
dans son architecture globale des grands systèmes d’imposition qui constituent des
références à l’échelle internationale.
Par ailleurs et dès 1995, le Maroc a fait le choix d’une économie ouverte, avec une volonté
d’ancrage à l’économie mondiale, et a entrepris de vastes chantiers de modernisation et de
démantèlement douanier à travers une politique ambitieuse d’ouverture à l’international,
appuyée par les accords de libre-échange avec de nombreux pays et zones économiques
importantes. Aujourd’hui, les droits de douane ayant été fortement réduits, l’impôt constitue
l’essentiel des recettes de l’Etat.
La fiscalité présente ainsi un intérêt majeur, d’abord pour les finances publiques, qui jouent
un rôle capital dans l’ordre économique et social du pays, et permettent à l’Etat de faire face
notamment aux dépenses de fonctionnement et d’investissement nécessaires à la mise en
œuvre et le financement des services publics. L’impôt est aussi important pour le Citoyen. Il
constitue un lien entre ce dernier et l’Etat, dans la mesure où il y est soumis comme
contribuable et il bénéficie en retour, des services publics financés par l’impôt. Dans toute
action, dans tout acte, dans toute activité économique et sociale, l’impôt justifie l’utilisation
d’un service financé totalement ou partiellement par l’Etat. Ainsi, le citoyen est aussi
intéressé par les recettes et les bases sur lesquelles elles sont assises que leur utilisation
dans le cadre de différentes dépenses de l’Etat.

Moins de deux ans après sa mise en place, le CESE a publié en 2012, son premier rapport
sur la fiscalité, plaidant pour une réforme globale et cohérente, avec l’objectif de construire
un système fiscal qui respecte les grandes orientations du pays et qui porte les stratégies
économiques, sociales et environnementales, tout en étant au service de politiques
favorables à la création de richesse et d’emplois de qualité, et intégrant les mécanismes qui
garantissent les principes d’équité et de solidarité. Capitalisant notamment sur les travaux du
CESE, l’année 2013 a connu l’organisation des Assises Nationales de la Fiscalité,
auxquelles ont participé l’ensemble des acteurs concernés, constituant ainsi une occasion de
disposer d’un diagnostic commun et concerté en vue d’arrêter de manière collective une
feuille de route visant la modernisation du système fiscal. Les participants ont aussi

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convergé sur la nécessité d’inscrire la réforme fiscale dans le cadre d’une politique socio-
économique plus globale.
Les recommandations issues du rapport du CESE de 2012 ainsi que celles formulées lors
des Assises Nationales qui s’en sont suivies, en 2013, constituent aujourd’hui le référentiel
pour évaluer la politique fiscale du gouvernement ainsi que l’action de l’administration fiscale.
Un certain nombre de recommandations issues de ces Assises ont été mises en œuvre
depuis 2014 (et même par anticipation pour certaines dans la loi de finances de 2013).
Toutefois, et malgré des avancées certaines, les changements apportés n’ont pas
fondamentalement modifié ni la structure économique, ni les impacts sociaux. De plus,
l’évolution de la fiscalité, observée, malgré son importance, s’est faite hors programmation
lisible, au profit d'actions qui n’obéissent pas forcément à une feuille de route basée sur une
stratégie tracée et projetée sur le moyen et long terme (horizon 5,10,15 ans), accompagnée
d’une priorisation, basée sur la recherche d’impacts structurels, et qui donnerait de la
visibilité à tous et à tous les niveaux (national, territorial, général/transverse, sectoriel,
international). Depuis ces deux dates charnières, et de manière générale, les nouveautés
apportées dans les différentes lois de finances, même si elles ont permis de réaliser une part
des orientations et recommandations des Assises, elles ont aussi introduit des dispositions
qui sortent, voire qui s’inscrivent à contre-sens de ces orientations.
Si le système fiscal marocain peut aujourd’hui, dans son architecture générale, être
considéré comme un système moderne, il n’en demeure pas moins qu’il souffre d’un certain
nombre de carences importantes. Fondé dans sa structure de base sur les trois impôts
principaux que sont l’IS, l’IR et la TVA et complété par des impôts, type TIC, et droits
d’enregistrement, le système fiscal marocain a perdu en clarté et en efficacité, à cause de
l’introduction d’une succession de dispositions à travers les différentes lois des finances qui
se succèdent et qui viennent répondre à des contraintes budgétaires et à des doléances,
transverses et sectorielles. Le sentiment général est que les actions menées s’inscrivent
encore dans la continuité du système fiscal existant, qui lui est jugé inéquitable et encore
insuffisamment incitatif, pouvant même être défavorable à la création de valeur basée sur
l’innovation et donc à la compétitivité, au lieu d’être un levier favorisant la production
nationale.
Aussi, le système fiscal n’a pas joué réellement son rôle pour que l’économie marocaine
sorte de la prédominance de la rente et de la persistance des inégalités, qui n’ont pas pu
être réduites ces trois dernières décennies. Cette évolution de la situation socio-économique,
qui conduit l’ensemble des autorités, des responsables et des acteurs du pays à constater
les limites du système fiscal actuel, est aussi le résultat, de la pratique et de la gestion de la
relation entre l’administration fiscale et les contribuables, ainsi que de l’incivisme fiscal. Ces
facteurs combinés font que de grands pans de l’activité et de nombreux contribuables
continuent à échapper, totalement ou en partie, à l’impôt.

Dans ce contexte et de par l’importance de la fiscalité pour l’ensemble des activités


économiques et ses impacts sociaux et environnementaux, le Conseil Economique, Social et
Environnemental reprend la thématique avec l’ambition de proposer des recommandations
pour une réforme globale du système fiscal marocain, en l’orientant vers un rôle plus
stratégique dans le cadre d’un Nouveau Modèle de Développement dont il serait un vecteur
principal, pour un développement socio-économique soutenu, inclusif et durable.

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Dans ce cadre, la réforme du système fiscal marocain devrait intégrer aussi bien le niveau
national que le niveau local, avec l’objectif d’assoir la construction d’un système qui soit au
service des grandes orientations du pays en matière de choix économiques et sociaux. Des
orientations qui, tout en faisant que les interventions de l’Etat, qui vont demeurer encore
longtemps essentielles, favorisent l’accroissement et l’élargissement des bases de création
de richesse et développent les mécanismes de solidarité, de redistribution, d’orientation et
d’encadrement, dans un souci d’efficacité, de justice et d’équité sociales. La conception de la
réforme devrait prévoir une déclinaison qui serait inscrite dans des temps court, moyen et
long, dans le cadre d’une planification stratégique répondant au double objectif de couvrir,
d’une part, les besoins et contraintes à court terme et d’assurer à moyen terme, d’autre part,
l’impératif de faire converger dans la cohérence et la visibilité, les objectifs d’équité,
d’efficience, de performance, de durabilité et de solidarité.

Tout en capitalisant sur les atouts de base et structurants du système fiscal actuel,
notamment à travers ses trois piliers – IR, IS et TVA, et en évitant les biais et distorsions qui
ont été introduits à l’occasion des multiples réformes et qui en ont fait perdre la cohérence
d’ensemble, l’ambition est celle d’aboutir à une vision plus globale et plus audacieuse, qui
devrait porter sur la globalité du système de prélèvements et de réallocation de ressources.
La dimension sociale est ici appréhendée comme un socle important de la démarche, et ne
constitue pas une conséquence du développement mais un de ses éléments fondateurs,
interrogeant même le modèle de société voulue et les modes d’exercice de la solidarité, qui
doivent nécessairement être refondus, le système fiscal ne pouvant plus être isolé du
système de couverture sociale, ce qui exige la redéfinition d’un pacte social novateur avec
de nouvelles formes d’accompagnement des parcours et de protection des individus.

En ce sens, en plus de s’articuler de manière forte avec les autres axes des politiques
publiques, la fiscalité devrait contribuer équitablement au financement de la couverture
sociale. La protection sociale reste en effet très largement parcellaire, des franges entières
de la population ne bénéficiant d’aucune couverture. Cette recommandation n’est pas sans
rejoindre l’orientation prise par le CESE dans son récent rapport portant sur la politique
industrielle1, selon laquelle il est préconisé l’élargissement du système de protection sociale
pour qu’il intègre tous les citoyens et qu’il ne se soit plus lié à la seule source de prélèvement
sur le travail. L’objectif visé étant que tous les droits qui sont aujourd'hui exclusivement
adossés à l'emploi soient couverts pour l’individu, sous différentes formes, tout le long de
son parcours professionnel. Il ne s’agit pas ici d’abandonner les prélèvements sur le travail,
mais bien d’envisager les prélèvements obligatoires dans leur globalité, et d’y agréger les
sources de financements de la protection sociale actuelle et d’adjoindre des nouvelles
sources, notamment à partir de l’impôt.

1
Rapport du CESE, «Changement de paradigme pour une industrie dynamique au service d’un développement
soutenu, inclusif et durable», préparé par la Commission des Affaires Economiques et des Projets Stratégiques,
et adopté en AGO de Novembre 2017.

Page 14
Figure 1 : Vue d’ensemble des principaux prélèvements obligatoires

Pour cela, l’un des enjeux fondamentaux réside dans la mise à plat des prélèvements
obligatoires, qui regroupent aujourd’hui l’ensemble des impôts et taxes, d’une part, et des
cotisations sociales, d’autre part, prélevées par les administrations publiques. Il convient de
distinguer alors les différents types de prélèvements obligatoires, selon la nature de leur
contrepartie :
- Les impôts et taxes, prélevés sur l’ensemble des contribuables, et qui trouvent leur
contrepartie dans les dépenses de l’Etat et la couverture des services publics ;
- Les cotisations sociales, prélevées au profit des organismes de protection sociale, et
qui ont une contrepartie dans les prestations sociales.
C’est dans cette logique générale que le CESE ambitionne d’appréhender la réforme fiscale,
qui ne doit pas être traitée comme une réforme technique mais comme une réforme
stratégique d’ampleur, qui ne concerne pas tant son architecture générale, mais plus les
textes qui la décline, à travers leurs bases, leurs implications, leurs articulations, non
seulement sur le plan purement fiscal, mais aussi de l’usage qui est fait des recettes qui en
découlent. La réforme visée, devrait tout en assurant un élargissement de l’assiette, en
application des principes fondamentaux du respect des capacités contributives de chacun,
inscrits dans la Constitution, devrait permettre de dégager les financements nécessaires à la
généralisation de la couverture sociale et à la solidarité. Cette ambition intègre
fondamentalement et à la base, les préoccupations de vie digne pour tous, qui passe aussi
par la sécurisation de toutes les situations par lesquelles les citoyens peuvent passer.

Page 15
Aussi, une économie en développement a besoin de stabilité politique, de lisibilité et de
prévisibilité. La conjoncture économique actuelle et ses effets sur la situation des finances
publiques mettent le système fiscal, encore plus qu’avant, au cœur des débats de politique
économique et sociale. Ce débat ne peut être fructueux et aboutir à des recommandations
pertinentes que sur la base, sans prétendre à l’exhaustivité, d’un diagnostic de ce système,
décliné aux niveaux national et local, et en termes de structure et de construction législative,
de pratique et de gestion au quotidien par l’administration et les contribuables, et enfin de
perception par l’ensemble des parties concernées. Pour cela, le CESE a procédé à une
lecture critique de l’évolution du système fiscal à ce jour et des réalisations qui en découlent,
afin d’en examiner le potentiel et les perspectives comme élément structurant de la mise en
place d’une politique fiscale équilibrée et lisible. Aussi, l’évaluation du niveau de prise en
compte des orientations et recommandations formulées par le Conseil en 2012 dans son
rapport sur le système fiscal marocain, permet de mettre en lumière les faiblesses voire les
dysfonctionnements majeurs qui persistent encore aujourd’hui, aussi bien au niveau des
textes que de la pratique fiscale et, par ricochet, des biais économiques générés par ledit
système en place.
Si l’actualisation du rapport de 2012 peut répondre à des évolutions notables à court et
moyen termes, le présent rapport a pour ambition d’orienter le système fiscal vers un rôle
plus stratégique, répondant à un impératif de cohérence, de visibilité, d’équité, de solidarité,
de réduction des inégalités, d’appui à la production de valeur économique pérenne au prix
de la réduction du champs de l’économie de rente, en somme, contribuer à poser les
fondements d’un Nouveau Modèle de Développement.

Figure 2 : Une réforme fiscale au service d’un Nouveau Modèle de Développement

Page 16
Méthodologie adoptée
Reprise de la thématique et approfondissement des travaux sur le système fiscal
marocain et son impact sur le développement du pays
Sur la base du rapport du CESE portant sur la fiscalité en tant que levier du développement,
un état desdites avancées a été réalisé, à la lumière des recommandations du CESE et de
celles des Assises Nationales de 2013, afin d’en dégager une analyse critique, sur la base
de laquelle, l’approche participative, largement ancrée dans les pratiques du CESE, a été
mise à profit dans le cadre d’auditions et d’ateliers avec les principaux acteurs concernés.
Les interactions avec ces derniers ont permis non seulement de recouper les points de vue
sur les réalisations ainsi que sur les volets qui continuent à constituer des obstacles, mais
aussi d’enrichir et de valider avec eux les pistes d’orientation actualisées, en vue de
construire une vision portant l’ambition de positionner le système fiscal, comme un pilier
solide de l’édification d’un Nouveau Modèle de Développement.
Pour cela, le Conseil, à travers le présent rapport, souhaite prendre en compte les avancées
réalisées depuis les Assises de 2013, consolider, ajuster et renforcer les orientations de son
rapport de 2012 relatif au même sujet, ainsi que celles amenées par d’autres rapports qui ont
aussi traité de la dimension fiscale et de ses impacts sur le développement. Avec l’ambition
annoncée, le présent rapport veut s’ouvrir sur un horizon encore plus moyen et long termes,
avec une vision plus large qui traite le système fiscal en interaction avec les autres
dimensions à fort impact sur le développement.
Même si le présent rapport a pour vocation de se concentrer principalement sur le système
fiscal et l’évolution qu’il devrait connaître sur les dix à douze prochaines années, il ne peut
éviter de soulever la question majeure de l’orientation des dépenses publiques pour qu’elles
soient elles-mêmes au service du nouveau modèle de développement cible, le tout dans le
cadre d’une gouvernance plus responsable que jamais, et qui assure un lien clair et lisible
entre les contributions fiscales et sociales d’un côté et les dépenses de l’autre.
Aussi, l’ensemble des analyses et des orientations sont consolidées dans le cadre d’une
vision globale cohérente, au service des stratégies nationales, elles-mêmes conçues dans le
cadre dudit nouveau modèle de développement, créateur de valeur ajoutée nationale au
profit du bien-être et de la prospérité de tous les citoyens, dans un cadre de confiance et de
cohésion sociale. Cette vision intègre en son sein plusieurs dimensions et axes,
stratégiques, institutionnels, réglementaires, et organisationnels, structurés selon une
logique d’articulation forte et de complémentarité, qui préfigurent d’une nouvelle politique
fiscale nationale, avec les inflexions majeures qui en découlent, et dont seule la conjonction
d’ensemble serait capable de produire les effets d’entraînement voulus en termes de
cohérence, de visibilité et de solidarité.
Tout comme le rapport du CESE de 2012 a constitué une des principales références
pour les Assises de la fiscalité de 2013, il est suggéré que ce travail
d’approfondissement et d’élargissement de la réflexion, puisse constituer la base de
la contribution du CESE aux Assises sur la fiscalité, organisées par les autorités
compétentes les 3 et 4 mai 2019.

Page 17
I. Aperçu de l’évolution historique du
système fiscal marocain et cadre de
référence actuel
I. 1 – Regard sur l’évolution de l’Histoire du système fiscal marocain :
rétrospective et actualités

Les institutions fiscales de l’Etat marocain, et les règles juridiques qui régissent le
domaine des finances publiques sont le résultat d’une longue évolution historique,
marquée par des transitions qui ont donné naissance, au final, à un système fiscal
moderne, comparable à ceux en vigueur dans les pays développés, et à économie
libérale.
Le système fiscal national a en effet, tout au long du 20ème siècle, connu une évolution
sous la pression de contraintes budgétaires, ayant permis l’instauration des premiers
impôts modernes. Evolution fondée également, depuis l’indépendance, sur le
consentement, la solidarité et l'incitation économique, pour aboutir actuellement à un
système moderne, qui est l’émanation de la volonté d’intégrer l’économie marocaine
dans l’échiquier international.

Trois périodes clés ont marqué l’Histoire du système fiscal marocain :

- D’abord, la période d’avant le protectorat, qui instaure un régime fiscal en réaction


notamment à la pression budgétaire découlant de la situation des finances publiques qui
s’est dégradée pour des raisons multiples, liées aussi bien à l’accroissement des
dépenses qu’à la réduction des recettes.
Principaux prélèvements : la Zakat, l’Achour, la Jezya, le Kharaj, la Hédya, la Harka, la
Mouna, la Sokhra, la Ghorama et la Touiza, le Meks et le Tertib.
- Ensuite, le régime fiscal pendant le protectorat, qui se caractérise par la réforme du
système suite à la détérioration progressive des finances du Maroc et à l’aggravation de
son endettement. Ainsi, le Protectorat fera de l'impôt le principal instrument d'intervention
économique qui s’est traduite par la mise en place d’un système fiscal inspiré du système
français.
- Et enfin, le régime fiscal au lendemain de l’indépendance, évènement majeur qui va
impulser un changement de philosophie de l'impôt, la fiscalité marocaine post colonial,
trouvant sa légitimité dans les textes de la Constitution en tant que loi suprême qui
contient des dispositions définissant les fondements de l’obligation fiscale et l’autorité
compétente pour l’établir.
La configuration actuelle du système fiscal marocain est le fruit de plusieurs réformes
menées tout au long du 20ème siècle, mais le maquis fiscal engendré par la création et
l’amoncellement de multiples taxes, dont certaines obsolètes et peu rentables, ont créé de la
complexité, par la multitude de prélèvements différents et d’interlocuteurs dans
l’administration. Cette situation, aggravée par le contexte du plan d’ajustement structurel qui

Page 18
s’est imposé au Maroc, a conduit les pouvoirs publics à procéder à partir de 1984 à la
réforme du système fiscal en vigueur, en vue de sa modernisation et sa simplification et pour
lui assurer en définitif, une plus grande efficience. Cette réforme s’est traduite par le passage
d’un système analytique, lourd, complexe et caractérisé par des inégalités flagrantes et des
incohérences profondes à un système d’imposition qui se veut moderne et synthétique. La
fiscalité marocaine s’est ainsi rapprochée dans son architecture générale des grands
systèmes d’imposition connus dans le monde occidental.
Portant sur l’instauration des trois principales catégories d’impôts, la réforme, dont les
principes ont été énoncés par la loi-cadre n° 3-83 relative à la réforme fiscale2, a abouti à la
mise en œuvre de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) en 1986, et à l’institution de l’Impôt
sur les Sociétés (IS) en 1988 et de l’Impôt Général sur le Revenu (IGR) en 1990 – devenu
l’Impôt sur le Revenu, qui se sont substitués aux impôts cédulaires en vigueur.
La deuxième phase, allant de 1993 à 1999, était celle de la mise en place de la fiscalité des
valeurs mobilières et des produits de placement à revenu fixes, ainsi que la réforme de la
Taxe sur le Profit Immobilier. Enfin, une troisième étape, s’étalant entre 1999 et 2009, a été
consacrée à la réforme du code de l’enregistrement et des timbres, et à la codification (Code
Général des Impôts) ainsi qu’à la réforme de la fiscalité des collectivités locales.
On assistera, au début des années quatre-vingt-dix, à une tentative de rationalisation des
avantages fiscaux par la mise en place d’une Charte des investissements en 1996. Cette
dernière remplace les différents codes sectoriels qui couvraient précédemment l’essentiel
des activités économiques du pays.
La réforme de la Charte de l’Investissement, annoncée en juillet 2016, tarde à se mettre en
place. Celle-ci viendrait actualiser l’ancienne Charte, qui n’avait pas été révisée depuis une
vingtaine d’années, en y apportant de profonds changements et de nouvelles mesures
incitatives (niches fiscales) pour les investisseurs.

Encadré 1 : Cinq mesures phares de la réforme de l’Investissement

1. L’Impôt sur les Sociétés à 0% pendant 5 ans pour les nouvelles entreprises industrielles ;
2. La mise en place d’une zone franche par région ;
3. L’octroi des avantages de la zone franche aux grandes industries exportatrices, sans que
cela ne soit lié à une implantation territoriale ;
4. La reconnaissance du statut d’exportateur indirect ; mesure destinée aux sous-traitants
des grands groupes exportateurs ;
5. La mise en place d’appuis diversifiés au profit des régions les moins favorisées pour
stimuler l’investissement industriel et favoriser un développement territorial équilibré.

Aussi, deux autres dates charnières dans l’évolution du système fiscal marocain sont à
souligner : les assises fiscales de 1999 ainsi que celles de l’année 20133 et les séries de
réformes et d’aménagements fiscaux qui les ont suivies. Ces assises ont représenté des
occasions pour établir un diagnostic commun et concerté, accompagnées à chaque fois par
une volonté de dégager de manière collective une feuille de route visant le dépassement de
contraintes et l’amélioration de l’efficience du système fiscal. Ces évènements représentent

2
Réforme fiscale adoptée par la chambre des représentants le 20 décembre 1982 et promulguée par le dahir n°
1-83-38 du 23 Avril 1984.
3
Voir Paragraphe « IV.1-2 - Focus sur les Assises nationales de la Fiscalité de 2013 : contenus et principaux
enseignements ».

Page 19
aussi des occasions pour les représentants sectoriels et catégoriels de développer leur
plaidoyer et défendre leurs revendications.

Figure 3 : Dates clés du système fiscal marocain

De nombreuses réformes ont été introduites par les lois de finances successives jusqu’à
2018, et se sont traduites pour la plupart d'entre elles, par la mise en place d’un ensemble de
mesures, qui se veulent orientées vers plus de simplification, de rationalisation et
d’harmonisation du système fiscal en place. Parmi les résultats, à titre indicatif et non
exhaustif, il est possible de citer :
 Réforme des droits d’enregistrement en 2004 ;
 Amorce de la réforme de la TVA en 2005 ;
 Élaboration du livre des procédures fiscales en 2005 ;
 Entrée en vigueur en 2006 de la Loi 47.06 portant sur la fiscalité locale ;
 Regroupement des textes fiscaux dans un même volume : le Code Général des
Impôts édité en 2007 – dont la revue de l’architecture et la clarification et la
cohérence d’ensemble ont été réalisés en 2017/2018 et la mise dans le circuit de
validation législative est en cours. Ce travail a été fait à la lumière de la réalité
économique et financière des entreprises, mais également en fonction de la réalité de
l’administration fiscale, en pleine transformation numérique ;
 Décision de réintégration fiscale progressive du secteur agricole à partir de 2014 ;
 En 2016, changements majeurs au niveau de l’Impôt sur les Sociétés, notamment
l’instauration de l’IS proportionnel au résultat fiscal réalisé ;
 Toujours en 2016, généralisation du remboursement du crédit de TVA grevant les
biens d’investissement ;
 Mise en place depuis 2016 des procédures de dématérialisation et de numérisation
des services fiscaux ;
 En 2017, exonération de l’IS pendant les cinq premiers exercices au profit des
entreprises industrielles nouvellement créées ;
 Instauration de l’IS progressif avec nouvelles tranches ;
 Et lancement d'un arsenal antifraude fiscal, avec une accélération notable en 2018 ;
 …

Page 20
Ce qu’il y lieu de retenir :
Avec la mise en œuvre de la réforme fiscale depuis 1984, le système fiscal marocain
peut aujourd’hui, dans son architecture générale, être considéré comme un système
moderne. Mais il n’en demeure pas moins qu’il souffre encore de plusieurs carences
dont certaines sont importantes, aussi bien en relation avec sa structure qu’en ce qui
concerne la gestion de la relation entre l’administration fiscale et les contribuables. Le
Maroc continue aussi à être confronté à l’incivisme fiscal qui fait que de grands pans
de l’activité et de nombreux contribuables continuent à œuvrer pour échapper,
totalement ou en partie, à l’impôt.
Aussi, tout en veillant à la préservation de la lisibilité du système fiscal global,
l’analyse mérite d’être approfondie pour couvrir les carences et pour assurer un
élargissement de l’impôt, y compris à d’éventuelles nouvelles natures (exemples de
questions à traiter : patrimoine, succession, taxes écologiques, …).

I. 2 – Cadre de référence et principes généraux régissant la matière


fiscale

* Constitution du Royaume : consécration du principe d’égalité devant l’impôt et du


principe de participation en fonction de la capacité contributive
Le retour à la Constitution du 1er juillet 2011, incite à l’approfondissement de la réflexion pour
l’instauration d’un système fiscal juste et équitable. En effet, la question de l’équité fiscale est
de fait abordée dans le texte constitutionnel qui contient les dispositions définissant les
fondements de l’obligation fiscale et l’autorité compétente pour l’établir. Les articles 39 et 75
notamment, marquent de façon claire le principe de l’égalité devant l’impôt, chacun selon ses
capacités contributives, et attribuant aux représentants de la nation au sein du Parlement la
compétence générale en matière fiscale, par le biais de l’attribution de la compétence
exclusive en matière législative de manière générale et du vote de la loi de finances en
particulier.

« Tous [les citoyens] supportent, en proportion de leurs facultés contributives, les charges
publiques que seule la loi peut, dans les formes prévues par la présente Constitution, créer
et répartir »
« Le Parlement vote la loi de finances, déposée par priorité devant la Chambre des
Représentants, dans les conditions prévues par une loi organique. Celle-ci détermine la
nature des informations, documents et données nécessaires pour enrichir les débats
parlementaires sur le projet de loi de finances »
Extraits de la Constitution Marocaine

Page 21
* Arsenal juridique : le Code Général des Impôts, un acquis dans l’évolution du
système fiscal marocain4
Les principaux impôts et taxes sont actuellement régis par deux textes :

 Le Code Général des Impôts qui régit l’IS, la TVA, l’IR, les droits d’enregistrement, les
droits de timbre et la taxe spéciale annuelle sur les véhicules automobiles ;

 Et la loi n°47-06 relative à la fiscalité des collectivités locales, qui s'articule autour de deux
axes :
- Le premier concerne les taxes gérées par les collectivités locales elles-mêmes ;
- Et le second concerne les taxes locales qui se répartissent en fonction de deux
catégories de redevables : d’abord, (i) la taxe professionnelle et la taxe de services
communaux dues par les entreprises et ensuite, (ii) la taxe d'habitation et la taxe de
services communaux, dues par les particuliers. Si les taxes locales sont émises par la
Direction Générale des Impôts (DGI) au profit des collectivités locales, le recouvrement
de la 1ère catégorie est assuré par cette même Direction, alors que celui de la seconde
catégorie est assuré par la Trésorerie Générale du Royaume (TGR).
* Lois de finances et lois de finances rectificatives

Acte législatif par lequel le Parlement vote le budget de l’Etat, la loi de finances détermine et
autorise, pour chaque année civile, la nature, le montant et l’affectation des ressources et
des charges de l’Etat, que seules les lois de finances dites rectificatives peuvent en cours
d’année venir modifier, lorsque l’évaluation de la conjoncture, eu égard aux prévisions, rend
nécessaire une réévaluation et une actualisation des objectifs en matière de recettes et de
dépenses à engager.

* Recours et jurisprudence

Les contribuables qui ne sont pas satisfaits d’une décision prise à leur encontre par
l’administration ont la possibilité de recourir à la Commission Nationale de Recours Fiscal
ainsi que le droit de contester la décision en question devant les tribunaux administratifs.

* Notes circulaires

Ces notes circulaires relatives aux dispositions fiscales des lois de finances, regroupent un
ensemble de commentaires / compléments formulés par l’Administration, dans le but de
préciser le contenu de certaines dispositions fiscales.

* Sources internationales

Inspiré des meilleurs standards internationaux en la matière, le système fiscal marocain


prend place dans un cadre national et c’est ainsi que la Maroc a pu passer, avec d’autres
pays étrangers, des conventions fiscales de réciprocité tendant à éviter les doubles
impositions, à prévenir l’évasion fiscale en matière d’impôts sur le revenu et sur la fortune et
à échanger les données fiscales (35 conventions au total5).

4
Un volet spécifique détaillant les éléments relevant de l’arsenal juridique est développé plus loin dans le présent
document, à l’occasion de la réalisation du diagnostic du système fiscal (national et local).
5
https://portail.tax.gov.ma/wps/portal/DGI/Documentation-fiscale/Conventions-internationales

Page 22
II. Présentation du système fiscal au
Maroc : architecture générale et
états de la situation de la fiscalité
nationale
Notions et concepts clés
Les impôts et taxes au Maroc sont principalement contenus dans le Code Général des
Impôts (CGI) et la Loi sur la Fiscalité Locale (LFL)6, de même que d’autres taxes parafiscales
sont prévues par des textes spéciaux.

Même si le nombre des impôts et taxes au Maroc, pour ce qui relève du national, ne s’écarte
pas trop des normes et pratiques à l’international, leur efficience et leur efficacité milite en
faveur d’une analyse approfondie pour une simplification, si ce n’est par la réduction du
nombre, par la clarification et l’unification des bases et des modes de calcul. Par contre, pour
ce qui relève de la fiscalité locale, une importante réduction du nombre de taxes locales est
nécessaire, en plus de la clarification et de l’unification des bases, non seulement entre elles,
mais aussi avec la fiscalité dite nationale. Il est à noter, à ce stade, que la quasi-majorité des
recettes fiscales au Maroc proviennent des impôts et taxes prévus par le CGI, des droits de
douanes et de la TIC et enfin de la Taxe Professionnelle, Taxe d’Habitation et Taxe de
Services Communaux.

Toutefois, il y a lieu de relever que par ailleurs, une pléthore de natures de recettes, prévues
au niveau de plusieurs supports budgétaires, couvrent les recettes fiscales au titre des
impôts et taxes les plus connues ainsi que des taxes locales, des redevances, des
dividendes, des amendes, des loyers, etc.

Ces impôts et taxes sont pour certains, déclaratifs7 (une majorité) et pour d’autres soumis à
la retenue à la source. Aussi, le paiement des impôts pour la première catégorie est
spontané, assorti d’un droit de contrôle de l’administration à postériori. Pour la seconde
catégorie, l’imposition se fait par voie de rôle ou par prélèvement à la source, déléguée à des
tiers, comme c’est le cas de l’employeur pour les salaires.

Par ailleurs, le cadre fiscal actuellement en vigueur au Maroc ne couvre pas certaines
catégories d’impôts et taxes appliqués dans d’autres pays, tels que différentes formes
d’impôt sur le patrimoine (fortune, succession, …), ou encore des impôts de solidarité sociale
et des impôts à dimension écologique. De même, une partie non négligeable de l’économie
continue à se développer totalement ou en partie dans l’informel, faisant perdre

6
Loi n° 47-06 relative à la fiscalité des collectivités locales, complétée par la loi 39-07 | Chapitres maintenus de la
Loi 30-89
7
Voir paragraphe dédié, II.4-1., ‘Fonctionnement du système déclaratif’.

Page 23
d’importantes recettes fiscales mais aussi sociales aux caisses de l’Etat. Il n’en demeure pas
moins que les recettes fiscales constituent la principale source de financement du budget
général de l’Etat.

Page 24
II. 1 – Structure et tendances du système fiscal national

Le présent chapitre vise à mettre en exergue les concepts clés et à dresser le


panorama, au niveau national, de la structure des recettes fiscales, des dépenses
fiscales et des subventions budgétaires au Maroc, en ressortant les éléments relatifs à
leur nature, aux profils des bénéficiaires ainsi que les effets induits.
Pour cela, l’évolution des recettes fiscales (depuis 2007, jusqu’à 2017), et celle des
dépenses fiscales, sur la base des rapports accompagnant les projets de lois de
finances (évolution depuis 2007 jusqu’à 2017 puis focus sur le PLF pour l’année budgétaire
2018) sont présentés puis analysés. Sur cette base, est dégagée la ventilation des
recettes et dépenses selon un ou plusieurs des critères ci-après, tels que le type
d’impôt, le secteur d’activité, la vocation sociale, économique ou culturelle de la
mesure, l’objectif visé par la mesure et le bénéficiaire de celle-ci.
De ce travail de consolidation et d’analyse, il est attendu de tirer les premiers
enseignements relatifs à l’évolution de la structure fiscale nationale, des recettes y
afférentes, et de l’impact des régimes dérogatoires, entre dynamisation économique
réelle de certains secteurs et risques de déperdition de moyens, voire la réduction du
potentiel réel de l’économie, due à des effets d’éviction induits dans des secteurs, par
les avantages accordés à d’autres secteurs.

NB : il importe de souligner que pour ce qui est des chiffres retenus en vue de l’analyse des
recettes et des dépenses fiscales, présentés ci-après, et plus précisément s’agissant des
éléments relatifs à chaque année, il est retenu les chiffres relatifs à l’exercice de clôture,
matérialisés par les rapports définitifs réalisés en exercice n+1 (chiffres réalisés et non
prévisionnels, sauf pour la dernière année).

A. Recettes fiscales8

Sur la dernière décennie, les recettes fiscales continuent de croître avec une évolution
de la structure de la fiscalité vers une part grandissante des impôts indirects, avec
une TVA qui en constitue de plus en plus la partie la plus importante.

La structure des recettes fiscales sera présentée à travers leur évolution globale et par type
d’impôt et par le niveau de la pression fiscale et son évolution.

La structure des recettes fiscales au Maroc se présente comme suit :

8
Source des éléments chiffrés (traités par le CESE pour y réintégrer les 30% de la TVA versés aux collectivités
locales) : Direction du Trésor et des Finances Extérieures – Ministère des Finances

Page 25
Tableau 1 : Recettes fiscales | En millions de dirhams
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
Impôts Directs 60 308 81 827 71 734 65 004 70850 78 911 77 390 77 593 80 835 85 075 91 989
IR 28 009 33 312 26 728 26 928 29 121 33 418 34 081 33 985 36 685 39 036 39 307
IS 30 013 46 290 42 395 35 114 39 370 43 187 40 417 41 480 41 091 42 962 49 971
Taxe Professionnelle 278 213 180 205 209 213 292 229 246 288 338
Contribution de solidarité sur
les B & R
- - - - - - - - - -
453
Taxe d’habitation 71 31 29 30 27 36 55 53 52 33 33
Majorations 1865 1885 2315 2650 2055 1986 1994 1796 2705 2742 2328
Autres impôts directs 72 96 87 77 68 71 98 50 56 14 12
Impôts indirects 67 069 79 943 74 709 86 325 93 179 97 530 98 135 97 276 100 003 101 631 108 647
TVA (1) 49 730 61 250 55 079 65 193 71 319 74 786 75 260 73 427 74 637 75 497 81 264
Intérieure 20 707 25 817 22 484 26 759 27 190 27 963 28 921 26 999 28 867 27 626 29 867
Importation 29 023 35 433 32 594 38 434 44 129 46 823 46 339 46 428 45 770 47 871 51 397
TIC 17 339 18 693 19 630 21 132 21 860 22 744 22 875 23 849 25 366 26 134 27 383
Tabacs 6133 6983 6865 7502 7494 8153 8007 8478 8587 9328 9920
Produits énergétiques 10 159 10 639 11 708 12 307 12 943 13 127 13 323 13 918 15 312 15 222 15 732
Autres 1047 1071 1057 1323 1423 1463 1545 1453 1467 1585 1731
Droits de douane 13 415 13 706 11 830 12 242 10 286 9003 7681 7738 7715 9074 8609
Droits d’importation 13386 13 680 11 806 12 242 10 286 8983 7661 7718 7691 9051 8580
Autres 29 26 24 0 0 20 20 20 25 24 29
Enregistrement et timbre 9331 10 175 9104 9992 10 667 13 060 13 559 15 579 16 092 15 827 15 669
Recettes fiscales (1) 150 123 185 651 167 377 173 563 184 982 198 504 196 765 198 186 204 645 211 607 224 914
Source : Direction du Trésor et des Finances Extérieures – Ministère de l’Economie et des Finances
Recettes du budget général
Budget général 171 707 204 675 189 120 193 703 213 694 224 064 228 777 236 990 233 553 241 071 254265
% des recettes fiscales 87,43% 90,71% 88,50% 89,60% 86,56% 88,59% 86,01% 83,63% 87,62% 87,78% 88,46%

(1) La TVA est retraitée pour y réintégrer les 30% de la TVA versés aux collectivités locales

Page 26
L’analyse de l’évolution des recettes fiscales, sur la base des données du ministère de
l’Economie et des Finances – retraitées pour les chiffres des recettes de la TVA en y incluant
les 30¨% de TVA versés aux collectivités locales – montre qu’à fin 2017, les recettes fiscales
s’élèvent à 224,9 MM DH, en augmentation de 6,3% par rapport au 211,6 MM DH de 2016.
Les recettes de la TVA constituent le poste le plus important des recettes fiscales qui elles-
mêmes sont les principales ressources financières pour couvrir les dépenses de l’Etat. En
effet, dans ces recettes, les impôts indirects représentent la part prépondérante, avec une
TVA qui en constitue la partie la plus importante, soit 81,3 MM DH à fin 2017, marquant ainsi
le poids dominant de la consommation dans la constitution des recettes fiscales.

Aussi, cette analyse laisse apparaitre une nette évolution depuis 2007 en volume,
matérialisée par une tendance haussière globale des recettes fiscales sur la période 2007 –
2017, enregistrant des recettes fiscales moyennes à hauteur de 190.574 M DH, avec un
écart global de 74.791 M DH, soit un écart moyen de 6.799 millions par an, représentant
4,13% de croissance annuelle moyenne sur toute la période.

Il convient de relever la croissance importante enregistrée en 2008 (pour atteindre 185 651
M DH) s’expliquant par une très bonne performance des recettes fiscales générées par l’IS,
la TVA et de l’IR. En plus de la bonne tenue de l’activité économique, la performance de
l’année en matière d’IS provient entre autres, des résultats des sociétés cotées en bourses
(à la suite de deux années exceptionnelles d’introductions en bourse), ainsi que de la
réforme du taux d’imposition ramené à 30%. Cette dernière était accompagnée de
l’élargissement de la base imposable par la suppression des abattements sur les plus-values
de cession d’actif immobilisé et des provisions réglementées (provision pour investissement,
provision pour reconstitution de gisement miniers et provision pour logement du personnel).
Quant à la performance de la TVA, elle s’explique par la suppression de certaines
exonérations notamment sur les opérations d’investissement.

Il importe de souligner également la baisse enregistrée au niveau de l’exercice 2013, année


marquée par une conjoncture économique mondiale particulièrement difficile, caractérisée
entre autres, par la persistance de la crise financière et l’affaiblissement de la croissance
mondiale.

Par ailleurs, il convient de préciser que la performance des autres exercices budgétaires
trouve son fondement principalement, en plus de la bonne tenue de la situation économique,
dans la professionnalisation et le renforcement des compétences de la DGI, particulièrement
celles relevant ces dernières années, des opérations de généralisation de la
dématérialisation et de renforcement des contrôles.

Cette évolution concerne également la structure des recettes fiscales. Ainsi, tandis que la
part des impôts directs dans l’ensemble des recettes fiscales, connait une quasi-stagnation
(40,9% en 2017 au lieu de 40,2 en 2007), la part des impôts indirects dans l’ensemble des
recettes fiscales passe de 44,7% en 2007 à 48,3% en 2017. Quant à la part des droits de
douane, elle enregistre une régression, liée principalement à la poursuite du démantèlement
douanier, dans le cadre des accords de libre-échange, passant ainsi de 8,9% en 2007 à
3,8% en 2017.

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Tableau 2 : Evolution des recettes fiscales totales 2007 – 2017 | En millions de dirhams

Désignation 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
Impôts Directs 58 443 79 942 69 419 62 354 68 795 76 925 75 396 75 797 78 130 82 333 89 661
TVA intérieure 20 707 25 817 22 484 26 759 27 190 27 963 28 921 26 999 28 867 27 626 29 867
DET 9 331 10 175 9 104 9 992 10 667 13 060 13 559 15 579 16 092 15 827 15 669
Majorations 1865 1885 2315 2650 2055 1986 1994 1796 2 705 2 742 2 328
Total DGI 90 346 117 819 103 322 101 755 108 707 119 934 119 870 120 171 125 794 128 528 137 525
Droits de douane 13 415 13 706 11 830 12 242 10 286 9 003 7 681 7 738 7 715 9 074 8 609
TVA à l’importation 29 023 35 433 32 594 38 434 44 129 46 823 46 339 46 429 45 770 47 871 51 397
TIC 17 339 18 693 19 630 21 132 21 860 22 744 22 875 23 849 25 366 26 134 27 383
Total des autres
59 777 67 832 64 054 71 808 76 275 78 570 76 895 78 016 78 851 83 079 87 389
recettes fiscales
Recettes fiscales
150 123 185 651 167 377 173 563 184 982 198 504 196 765 198 186 204 645 211 607 224 914
totales

Les recettes fiscales totales ont atteint 224,9 MM DH en 2017 alors qu’elles étaient à 150,1 milliards en 2007, soit une évolution en volume de
74,8 milliards MAD de recettes supplémentaires. Par rapport à 2016, l’année 2017 a enregistré des recettes additionnelles, de plus de 13
milliards MAD, pic historique sur les deux dernières décennies.

Cette évolution a consolidé la part des recettes fiscales dans les recettes ordinaires qui est passée de 87,4% en 2007, à 87,8% en 2016, à
88,5% en 2017. Il faut noter également la prédominance de la TVA à l’importation par rapport à la TVA à l’intérieur, prédominance qui s’est
renforcée au fil du temps pour représenter 63,2% des recettes totales de la TVA en 2017. Cette situation paradoxale, si elle reflète la
croissance continue des importations et donc la demande de consommation tournée de plus en plus vers la production étrangère au détriment
de la production locale, elle questionne aussi le niveau de production de valeur ajoutée locale à partir des importations, qui pourrait s’expliquer
par l’ampleur des fraudes fiscales.

Page 28
Tableau 3 : Evolution de la structure fiscale
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
Impôts Directs 40,17% 44,08% 42,86% 37,45% 38,30% 39,75% 39,33% 39,15% 39,50% 40,20% 40,9%
Impôts Indirects 44,68% 43,06% 44,64% 49,74% 50,37% 49,13% 49,87% 49,08% 48,87% 48% 48,31%
Droits de douane 8,94% 7,38% 7,07% 7,05% 5,56% 4,54% 3,90% 3,90% 3,77% 4,29% 3,83%
Enregistrement et
6,22% 5,48% 5,44% 5,76% 5,77% 6,58% 6,89% 7,86% 7,86% 7% 7%
Timbre
Total 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100%

Pour 2017 :
6,90%
3,90%
Impôts Directs

40,90% Impôts Indirects

Droits de douane

Enregistrement et
48,30% Timbre

Comme il a été signalé précédemment, la structure fiscale s’est caractérisée par la dominance des impôts indirects qui représentent la part
prépondérante des structures fiscales depuis 2007 et jusqu’à 2017 (à l’exception de l’année 2008 où la tendance s’est inversée en faveur des
impôts directs). La structure fiscale se caractérise également par une augmentation relative de la part des impôts directs depuis 2014 qui
revient à un niveau de 40,9%, et une stagnation de ceux indirects, autour de 48% à 49%.

Page 29
B. Dépenses fiscales
1. Structure et évolution des dépenses fiscales

La structure des dépenses fiscales au Maroc se présente comme suit :

Tableau 4 : Structure et évolution des dépenses fiscales

Variation

Variation

Variation

Variation

Variation
Evaluation 2007 Evaluation 2008 Evaluation 2009 Evaluation 2010 Evaluation 2011 Evaluation 2012

08/07

09/08

10/09

11/10

12/11
(Chiffres RDF 2008) (Chiffres RDF 2009) (Chiffres RDF 2010) (Chiffres RDF 2011) (Chiffres RDF 2012) (Chiffres RDF 2013)
Impôts

[1/2] Montant Part Montant Part Montant Part Montant Part Montant Part Montant Part

TVA 11088 47,0% 13768 51,1% 24,2% 14272 49,7% 3,7% 13758 46,2% -3,6% 13821 42,2% 0,5% 14221 39,2% 2,9%

IS 4600 19,5% 3529 13,1% -23,3% 4822 16,8% 36,6% 6016 20,2% 24,8% 7122 21,8% 18,4% 9843 27,2% 38,2%

IR 2998 12,7% 3246 12,0% 8,3% 3439 12,0% 5,9% 4216 14,1% 22,6% 3951 12,1% -6,3% 3815 10,5% -3,4%

-
DET 2745 11,6% 3856 14,3% 40,5% 3470 12,1% 3891 13,1% 12,1% 5537 16,9% 42,3% 5676 15,7% 2,5%
10,0%

TIC 1314 5,6% 1361 5,1% 3,6% 1472 5,1% 8,2% 1285 4,3% -12,7% 1359 4,2% 5,8% 1186 3,3% -12,7%

DD 867 3,7% 1184 4,4% 36,6% 1258 4,4% 6,3% 636 2,1% -49,4% 933 2,9% 46,7% 1497 4,1% 60,5%

Total 23612 100% 26944 100% 14,1% 28733 100% 6,6% 29802 100% 3,7% 32723 100% 9,8% 36238 100% 10,7%

Page 30
Evaluation 2013 Evaluation 2014 Evaluation 2015 Evaluation 2016 Evaluation 2017

Variation
Variation

Variation

Variation

Variation
(Chiffres RDF 2014) (Chiffres RDF 2015) (Chiffres RDF 2016) (Chiffres RDF 2017) (Chiffres RDF 2018)

13/12

14/13

14/15

16/15

17/16
Impôts

[2/2]
Montant Part Montant Part Montant Part Montant Part Montant Part

TVA 14012 42,1% -1,5% 15006 43,6% 15,2% 15161 46,8% -4,1% 15161 46,8% 5,3% 16958 48,8% 11,9%

IS 7115 21,4% -27,7% 8196 23,8% -17,1% 5150 15,9% -29,8% 5150 15,9% -10,4% 5128 14,8% -0,4%

IR 4104 12,3% 7,6% 3404 9,9% 2,7% 4165 12,8% 19,2% 4165 12,8% 2,7% 4592 13,2% 10,3%

DET 5353 16,1% -5,7% 5499 16,0% -25,5% 5747 17,7% -1,6% 5747 17,7% 6,2% 6603 19,0% 14,9%

TIC 1327 4,0% 11,9% 988 2,9% -4,4% 1304 4,0% 28,4% 1304 4,0% 2,8% 153 0,4% -88,3%

DD 1374 4,1% -8,2% 1313 3,8% 3,4% 895 2,8% -33,8% 895 2,8% 3,0% 1314 3,8% 46,8%

Total 33285 100% -8,1% 34406 100% 3,4% 32422 100% -7,7% 32422 100% 2,1% 34748 100% 7,2%

Source : Rapports sur les dépenses fiscales pour les années 2008 à 2018

Le montant moyen des dépenses fiscales au Maroc sur la période allant de 2007 à 2017 s’élève à 31 333 MDH, en notant particulièrement des
variations négatives sur les exercices 2012-2013 et 2014-2015.

Une lecture dans les détails du tableau montre que les grandes masses de variation touchent le plus souvent la consommation (TVA – part la
plus importante des dépenses fiscales tout le long de la période 2007 à 2017), et l’investissement/l’entreprise (IS).

L’analyse plus approfondie du contenu des chiffres présentés ci-haut, permettrait de ne tenir compte que des dépenses fiscales effectives
représentant une dérogation appelée à être abandonnée dans le temps, dès que cela le justifie (ex. un taux de TVA réduit voire même de 0%
sur un produit de première nécessité, relève de la politique fiscale et non d’une dépense fiscale | Aussi, les taux progressifs de l’IR ou même de
l’IS ne devraient pas non plus représenter des dépenses fiscales).

Page 31
2. Principaux bénéficiaires des dépenses fiscales
Les principaux bénéficiaires des dépenses fiscales au Maroc se présentent comme suit :
Tableau 5 : Principaux bénéficiaires des dépenses fiscales

2007 2008 2009 2010 2011


Bénéficiaires (Chiffres RDF 2008) (Chiffres RDF 2009) (Chiffres RDF 2010) (Chiffres RDF 2011) (Chiffres RDF 2012)

Nombre Montant Nombre Montant Nombre Montant Nombre Montant Nombre Montant

Entreprises dont : 168 13662 171 14142 169 15510 166 17091 174 19786
Promoteurs immobiliers 15 2406 13 2802 15 2439 15 2591 16 3072
Exportateurs 16 889 14 1801 12 2353 12 2418 13 3003
Ménages 113 6418 107 9401 105 9965 103 9285 109 9314
Services publics 57 3429 56 3150 59 3106 55 3217 56 3468
Autres (principalement
organismes internationaux, 72 103 58 251 60 153 60 209 60 154
associations et fondations)

Total 410 23612 392 26944 393 28734 384 29802 399 32722

2012 2013 2014 2015 2016 2017


(Chiffres RDF 2013) (Chiffres RDF 2014) (Chiffres RDF 2015) (Chiffres RDF 2016) (Chiffres RDF 2017) (Chiffres RDF 2018 /
Ancien référentiel)

Nombre Montant Nombre Montant Nombre Montant Nombre Montant Nombre Montant Nombre Montant

178 22366 184 19083 177 20599 176 17323 178 16879 186 19468
18 2940 18 2562 18 2765 17 2300 17 2305
13 4389 13 3567 13 2503 11 2422 11 2420
107 9238 111 10057 106 9462 104 9605 106 10083 106 11313
56 4440 56 3833 56 4060 56 4454 57 5103 58 3538
61 194 61 311 63 287 63 367 66 358 68 429
402 36238 412 33284 402 34408 399 31749 407 32423 418 34748
Source : Rapports sur les dépenses fiscales pour les années 2008 à 2018

Page 32
L’analyse par nature de bénéficiaires laisse apparaitre une part importante des dépenses
fiscales au profit des entreprises et des ménages, la somme de ces deux composantes
constituant pour l’année 2017, à titre d’exemple, près de 70% des dépenses fiscales
(tendance généralisable à toute la période). Ce qui n’est pas sans rejoindre la lecture du
tableau 4 ci-dessus, relatif à la structure et à l’évolution des dépenses fiscales, en mettant en
lumière les mesures en la faveur de l’entreprise et au profit de la consommation (ménages).

Les dépenses fiscales, qu’elles soutiennent les entreprises ou les ménages, soulèvent une
problématique de ‘ciblage’ des bénéficiaires, de laquelle découle, en plus des déperditions
de moyens financiers de l’Etat, le renforcement du sentiment d’iniquité et de domination de la
rente.

3. Principaux secteurs bénéficiaires des dépenses fiscales


Les principaux secteurs d’activité qui bénéficient des dépenses fiscales se présentent
comme suit :

Page 33
Tableau 6 : Principaux secteurs bénéficiaires des dépenses fiscales

2007 2008 2009 2010 2011


(Chiffres RDF 2008) (Chiffres RDF 2009) (Chiffres RDF 2010) (Chiffres RDF 2011) (Chiffres RDF 2012)
Secteurs d’activité
[1/2]
Mesures Mesures Mesures Mesures Mesures Mesures Mesures Mesures Mesures Mesures
Montant Montant Montant Montant Montant
recensées évaluées recensées évaluées recensées évaluées recensées évaluées recensées évaluées

Activités immobilières 44 21 3958 38 19 4526 38 23 4086 39 28 4438 41 33 5446


Agriculture, pêche 32 19 2941 32 21 3483 32 21 3804 31 20 4035 31 23 4326
Edition, imprimerie 4 3 400 4 3 435 4 3 417 4 3 357 4 3 237
Electricité, pétrole et
gaz
4 3 1608 5 4 2789 5 4 2639 4 3 1097 4 3 1394

Exportation 13 2 889 13 4 1801 12 4 2353 12 5 2421 13 5 3003


Industrie automobile et
chimique
9 5 714 7 5 929 5 5 1021 5 5 734 5 4 343

Industries alimentaires 15 14 1918 15 14 2350 14 14 2353 14 14 2312 14 14 2696

Intermédiation
financière
36 15 474 33 14 441 34 15 1013 33 16 1322 40 29 1513

Prévoyance sociale 21 7 1804 21 13 2528 21 13 2697 18 14 3564 18 14 2814

Régions 31 11 794 29 12 864 31 12 875 28 15 1091 28 18 929

Santé et action sociale 52 15 827 53 20 1088 54 22 1127 53 24 1253 53 34 1592

Secteur du transport 22 14 1036 22 14 1025 20 13 1259 20 13 1212 20 13 1403

Services publics 14 5 2275 14 4 1980 14 4 2110 14 6 2045 15 7 1970


Tourisme 2 2 249 3 3 482 3 3 433 3 3 423 4 4 636
Mesures communes à
tous les secteurs
31 16 3312 25 16 1638 24 16 1886 24 18 2464 27 20 3575

Autres secteurs 80 24 413 78 26 585 82 30 663 82 38 1033 82 47 846

Total 410 176 23612 392 192 26944 393 202 28736 384 225 29801 399 271 32723

Page 34
2012 2013 2014 2015 2016 2017
(Chiffres RDF 2013) (Chiffres RDF 2014) (Chiffres RDF 2015) (Chiffres RDF 2016) (Chiffres RDF 2017) (Chiffres RDF 2018)
Secteurs
d’activité Mesures Mesures Mesures Mesures Mesures Mesures Mesures Mesures Mesures Mesures Mesures Mesures
[2/2] Montant Montant Montant Montant Montant Montant
recensées évaluées recensées évaluées recensées évaluées recensées évaluées recensées évaluées recensées évaluées

Activités
immobilières
44 35 6258 46 36 5877 44 37 7427 43 35 6792 45 36 7656
Agriculture, pêche 31 23 4222 83 51 3904 26 19 3428 25 21 3264 28 23 3188
Edition, imprimerie 4 4 245 17 8 211 4 4 180 4 4 184 4 4 189
Electricité, pétrole
et gaz
4 4 773 18 14 833 4 4 937 3 3 857 3 3 889
Exportation 13 8 4389 4 4 3567 13 9 2503 11 8 2422 11 8 2420
Industrie
automobile et 5 5 433 27 19 564 4 4 435 4 4 392 4 4 407
chimique
Industries
alimentaires
14 14 2707 13 9 2879 13 13 2682 12 12 2629 12 12 2780 Changement de méthode
Intermédiation
financière
40 28 1703 44 33 1489 45 33 1360 47 36 1924 47 37 2124
Ne sont présentés que les
Prévoyance chiffres du nouveau référentiel
sociale
18 14 2955 4 4 2930 18 14 3115 18 14 3200 18 14 3385
cible.
Régions 28 19 1564 21 16 490 27 19 606 27 20 636 27 21 302
Santé et action Non retenus pour comparer et
sociale
52 35 1611 52 14 1772 52 39 1560 52 39 1736 55 40 1796
rapprocher des chiffres
Secteur du similaires
transport
19 13 1224 29 23 1406 21 15 1307 22 15 1441 24 15 1477

Services publics 16 8 2231 5 5 2513 17 9 2691 17 10 2955 17 11 3142

Tourisme 4 4 446 52 38 362 4 4 167 4 4 173 4 4 166


Mesures
communes à tous 27 22 4531 31 24 3483 29 24 5049 30 23 2126 28 21 1429
les secteurs
Autres secteurs 83 48 947 4 4 1004 81 53 960 80 52 1017 80 53 1073

Total 402 284 36239 450 302 33284 402 300 34407 399 300 31748 407 306 32423

Source : Rapports sur les dépenses fiscales pour les années 2008 à 2018

Page 35
L’analyse sectorielle met en exergue plusieurs éléments pouvant faire l’objet d’une lecture à
double entrée :

i. En fonction du nombre de mesures recensées qui, de façon générale, érige le secteur


de la santé et de l’action sociale comme étant le principal secteur d’activité bénéficiant
des dépenses fiscales, suivi de ceux relatifs aux activités immobilières, de
l’intermédiation financière, de l’agriculture et la pêche, les Régions et enfin, le secteur du
transport.

ii. En fonction des montants alloués : de la même façon, de l’analyse approfondie des
chiffres portant sur l’évolution des dépenses fiscales dans leur composante ‘montants
alloués’, il est à relever la prédominance des dérogations au profit des activités
immobilières qui se classent en premier en tant que secteur bénéficiaire des dépenses
fiscales, suivi de ceux relatifs à l’agriculture et la pêche, aux services publics, à la
prévoyance sociale et enfin, à l’électricité, le pétrole et le gaz.
Ces tendances sont globalement généralisables à l’ensemble de la période étudiée.

Les dépenses fiscales, analysées par secteurs d’activité, soulèvent une problématique
d’effets d’éviction induits dans des secteurs, par les avantages accordés à d’autres secteurs.

4. Analyse comparée entre les dépenses fiscales et les recettes fiscales

Les dépenses fiscales par rapport aux recettes fiscales se présentent ainsi :

Page 36
Tableau 7 : Dépenses fiscales par rapport aux recettes fiscales

2007 2008 2009 2010 2011

Désignation

Dépenses

Dépenses

Dépenses

Dépenses

Dépenses
Recettes

Recettes

Recettes

Recettes

Recettes
Fiscales

Fiscales

Fiscales

Fiscales

Fiscales

Fiscales

Fiscales

Fiscales

Fiscales

Fiscales
Part Part Part Part Part
[1/2] DF/RF DF/RF DF/RF DF/RF DF/RF

TVA 49730 11088 22,30% 61250 13768 22,48% 55079 14272 25,91% 65193 13758 21,10% 71319 13821 19,38%

IS 30013 4600 15,33% 46290 3529 7,62% 42395 4822 11,37% 35114 6016 17,13% 39370 7122 18,09%

IR 28009 2998 10,70% 33312 3246 9,74% 26728 3439 12,87% 26928 4216 15,66% 29121 3951 13,57%

DET 9331 2745 29,42% 10175 3856 37,90% 9104 3470 38,12% 9992 3891 38,94% 10667 5537 51,91%

TIC 17339 1314 7,58% 18693 1361 7,28% 19630 1472 7,50% 21132 1285 6,08% 21860 1359 6,22%

DD 13415 867 6,46% 13706 1184 8,64% 11830 1258 10,63% 12242 636 5,20% 10286 933 9,07%

Total 147 837 23 612 15,97% 183 426 26 944 14,69% 164 766 28 733 17,44% 170 601 29 802 17,47% 182 623 32 723 17,92%

Page 37
2012 2013 2014 2015 2016 2017

Désignation

Dépenses

Dépenses

Dépenses

Dépenses

Dépenses

Dépenses
Recettes

Recettes

Recettes

Recettes

Recettes

Recettes
Fiscales

Fiscales

Fiscales

Fiscales

Fiscales

Fiscales

Fiscales

Fiscales

Fiscales

Fiscales

Fiscales

Fiscales
[2/2] Part Part Part Part Part Part
DF/RF DF/RF DF/RF DF/RF DF/RF DF/RF

TVA 74 786 14221 19,02% 75 260 14012 18,62% 73 427 15006 20,44% 74 637 14392 19,28% 75 497 15161 20,08% 81 264 16958 20,87%

IS 43 187 9843 22,79% 40 417 7115 17,60% 41 480 8196 19,76% 41 091 5750 13,99% 42 962 5150 11,99% 49 971 5128 10,26%

IR 33 418 3815 11,42% 34 081 4104 12,04% 33 985 3404 10,02% 36 685 4056 11,06% 39 036 4165 10,67% 39 307 4592 11,68%

DET 13060 5676 43,46% 13559 5353 39,48% 15579 5499 35,30% 16092 5413 33,64% 15827 5747 36,31% 15 669 6603 42,14%

TIC 22 744 1186 5,21% 22 875 1327 5,80% 23 849 988 4,14% 25 366 1269 5,00% 26 134 1304 4,99% 27 383 153 0,56%

DD 9003 1497 16,63% 7681 1374 17,89% 7738 1313 16,97% 7715 869 11,26% 9074 895 9,86% 8609 1314 15,26%

Total 196 198 36238 18,47% 193 873 33285 17,17% 196 058 34406 17,55% 201 586 31749 15,75% 208 530 32422 15,55% 222 203 34748 15,64%

Globalement, les deux agrégats ‘dépenses fiscales’ et ‘recettes fiscales’ suivent une logique parallèle tout le long de la période observée, entre
2007 et 2017, qu’il s’agisse d’une tendance haussière ou baissière.
En pourcentage, il convient de relever la tendance haussière entre 2007 et 2012, allant de 15,97% à 18,47% en termes de part des dépenses
fiscales dans les recettes fiscales (mise de côté l’année 2008 où le taux a chuté à 14,69%) ; pour ensuite baisser progressivement de 2013
jusqu’à 2017, et s’établir à 15,64%.

Page 38
5. Efficacité des dépenses fiscales et subventions budgétaires

i. Projet de refonte du rapport sur les dépenses fiscales – PLF 2019

Il est à noter que le rapport sur les dépenses fiscales accompagnant le projet de Loi de
Finances pour l’année budgétaire 2019, présente ce qui est qualifié de « refonte du rapport
sur les dépenses fiscales », ainsi que le nouveau référentiel déjà appliqué pour les années
2017 et 2018.
Pour cela, trois principes de référence ont été retenus :
 Principe du caractère général de la disposition : pour distinguer entre les dispositions
fiscales qui touchent la majorité des contribuables et celles qui profitent à des
catégories spécifiques. Seules ces dernières pourraient être comptabilisées, selon le
nouveau référentiel, en tant que dépenses fiscales ;
 Principe de la doctrine fiscale : certaines mesures fiscales ne sont pas qualifiées de
dépenses fiscales et ce, du simple fait de leur rattachement à une règle formulée par
la doctrine fiscale ;
 Principe d’une pratique en vogue à l’échelle internationale : certaines mesures
fiscales à caractère incitatif finissent par devenir des normes et ce, à l’instar d’une
pratique généralisée à l’international.

Sur la base de ces principes, un système fiscal de référence a été établi pour les quatre
types d’impôts, qui ont un fort impact sur la charge fiscale de l’Etat, à savoir la Taxe sur la
Valeur Ajoutée (TVA), l’Impôt sur les Sociétés (IS), l’Impôt sur le Revenu (IR) et les Droits
d'Enregistrement et de Timbre (DET). Ensuite, un classement de l’ensemble des mesures
fiscales incitatives en vigueur a été fait sur la base des critères susmentionnés pour identifier
exactement les dispositions pouvant être qualifiées de dépenses fiscales.

L’examen de l’impact du nouveau référentiel sur le nombre et la structure globale des coûts
a été établi sur la base d’une comparaison avec les mesures fiscales incitatives octroyées en
2017, selon l’ancien système fiscal de référence et ce, en vue de mesurer l’écart entre les
deux méthodes. Ce faisant, le nouveau référentiel proposé favoriserait, particulièrement, le
meilleur ciblage des dépenses fiscales et une déclinaison de mesures sur la base d’étude
d’impacts socio-économiques.

Il s’agit là d’une initiative à accueillir favorablement, car elle présente l’avantage d’aborder de
manière détaillée l’évaluation de certaines mesures fiscales incitatives, et de faire un focus
sur les dépenses fiscales d’envergure, selon le nouveau système fiscal de référence,
notamment à travers :
 La requalification des mesures fiscales (pour l’année de comparaison 2017, plusieurs
mesures fiscales ont été considérées comme norme, alors qu’elles étaient retenues
comme dépenses fiscales par l’ancien système de référence ; à l’inverse, cet
exercice a permis d’intégrer quelques mesures incitatives dans la liste des dépenses
fiscales qui étaient considérées comme norme par l’ancien système de référence) ;
 La sélection de certaines mesures qui feront l'objet d’études d'impacts
socioéconomiques ;
 Et enfin à la mise en place d’une plateforme d'estimation du coût des mesures
dérogatoires.

Page 39
Néanmoins, l’existence des règles dérogatoires, appréhendées en termes de pertinence et
d’approche méthodologique, sur la base du volet précédent présentant la refonte du rapport
sur les dépenses fiscales, relève davantage de l’ajustement méthodologique, qui a le mérite
d’apporter plus de clarté et de lisibilité du système actuel, mais n’atteint pas le niveau
escompté qui relèverait de la redéfinition de la philosophie même qui sous-tend l’ensemble
des dérogations, les bases d’évaluation et de mesure de leurs impacts, et infine, leur
acceptabilité par tous pour ce qu’elle représentent comme effet d’entrainement de la
dynamique de développement socio-économique.

ii. Eléments d’analyse

A la base, les dépenses fiscales constituent des outils de politique fiscale gouvernementale
visant, sur le principe, le soutien et l’encouragement d’un certain nombre de secteurs
d’activités ou des catégories de contribuables prédéfinies, avec pour conséquence, un
impact significatif sur le budget de l’Etat. Aussi, la terminologie ‘dépense fiscale’, désignant
le manque à gagner pour l'Etat occasionné par les dérogations, peut créer de la confusion et
mérite d’être elle-même clarifiée. De plus, le droit fiscal marocain se caractérisant par une
multitude de mesures préférentielles dont l’objectif, certes louable, vise à encourager
certaines activités économiques, sociales et culturelles, remet en cause le principe de la
neutralité de l’impôt. Enfin, les dépenses fiscales, coûteuses, n’ont pas toujours une
efficacité économique avérée. Pour certaines d’entre elles, elles peuvent même avoir, à
priori, l’effet inverse de celui recherché, si on analysait leur impact dans le temps, à une
échelle plus large que celle du seul secteur concerné par la mesure.

Pour toutes ces raisons, plusieurs questionnements méritent d’être formulés :

 Le concept même de ‘dépense fiscale’ ne manque-t-il pas de clarté ?


 Le contenu des rapports annexés au PLF inclut-il réellement la mesure des effets
induits et le lien avec les objectifs initialement visés pour lesquels ces avantages ont
été accordés ?
 Ces objectifs initiaux, ont-ils été réellement définis de manière claire et mesurable dans
le temps (année par année et non seulement de manière qualitative et approximative
et à la fin de la période concernée)
 Quelle évaluation/mesure de l’efficacité des dépenses fiscales, et/ou de l’effet
d’éviction qu’elles peuvent induire en favorisant un secteur productif par rapport à
d’autres qui pourraient avoir un meilleur rendement socio-économique ?
 Les dépenses fiscales constituent-elles un levier économique d’incitation ou un frein au
développement de secteurs porteurs de valeur ajoutée et de croissance pérenne ?
 Dans quelle mesure la réduction des régimes dérogatoires devrait-elle constituer un
des axes majeurs marquant la réforme de la politique fiscale ?
 Quels objectifs / critères mesurables de maintien de dépenses fiscales suite à la
réforme souhaitée du système (critère qualitatif à envisager également, qui pourrait
préparer l'atteinte de l’objectif) ?
 N’est-il pas plus pertinent de recourir, chaque fois que nécessaire, à des soutiens
budgétaires conditionnés, en lieu et place des dépenses fiscales plus difficiles à
cerner ?

Page 40
La révision des conditions d’incitations à l’investissement pour éviter les effets rente et
d’éviction est aujourd’hui essentielle, et exige la remise à plat, de manière globale, des
dérogations, niches rentières et dépenses fiscales, voire l’abandon de certaines d’entre elles,
sauf pour celles qui assurent une meilleure production de valeur ajoutée pérenne et
structurante pour l’économie nationale, une création d’emplois, sans alimenter de nouvelles
formes de rente, ni présenter des effets d’éviction sur des pans de l’économie nationale.

iii. Subventions budgétaires

Le système des subventions budgétaires en lieu et place de la majorité des dérogations


générant des dépenses fiscales n’est pas largement retenu par le système d’incitation au
Maroc bien que certaines mesures soient mises en place dans ce sens.

Sans abandonner totalement le principe d’incitations fiscales et en le cadrant selon une


approche rationalisée avec programmation et maîtrise des objectifs pour chacune de ces
incitations, les autres dérogations fiscales, surtout lorsqu’elles sont au profit d’une catégorie
ou d’une population limitée, accentuent la complexité du système fiscal. En effet, les
dispositifs dérogatoires altèrent la lisibilité de la fiscalité et peuvent entraîner des coûts de
gestion élevés tant pour les usagers que pour l’administration fiscale. Cette complexité
amène à poser le débat sur le choix entre la dérogation ou la niche fiscale et la dépense
fiscale qui en découle et le système plus direct et ciblé de la subvention budgétaire, étant
entendu que plus généralement, les dépenses fiscales ne font pas l’objet d’un examen aussi
attentif que les dépenses budgétaires.

Aussi, lesdites mesures dérogatoires spécifiques, développent un sentiment d’injustice chez


les contribuables qui n’en bénéficient pas, alors que les systèmes de subventions directes,
pour ces cas, ont le mérite de la clarté et de la possibilité de suivi sur la base de plus grande
corrélation entre subventions, engagements, et niveau de réalisation des résultats
escomptés. La fiscalité dérogatoire traduit également des enjeux essentiels : celui de la
maîtrise de l’impact budgétaire de ces dispositifs dans un contexte de finances publiques
particulièrement tendu, celui de l’efficacité de ces dispositifs et celui de la simplification.

Toute tentative dans ce sens doit, toutefois, prendre en compte le souci de mettre en place
des procédures simples et accessibles pour bénéficier des mesures incitatives budgétaires
et éviter des entraves bureaucratiques rendant le système complexe et non accessible aux
agents économiques qui doivent en bénéficier ou qui y sont éligibles. Il est en effet constaté
en pratique que de nombreux systèmes d’aides mis en place sont souvent inutilisés en
raison de la complexité des procédures exigées pour leur mise en œuvre.

Page 41
C. Analyse chiffrée de quelques indicateurs de concentration de l’économie et de l’impôt

1. Evolution de la pression fiscale

Tableau 8 : Evolution de la pression fiscale | En millions de dirhams

Désignation 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

Recettes
150 123 185 651 167 377 173 563 184 982 198 504 196 765 198 186 204 645 211 607 224 914
fiscales

- PIB (prix
courants)9 647 530 716 959 748 483 784 624 820 077 847 881 897 923 925 376 987 950 1013559 1063297

- Variation du 7,25% 10,72% 4,40% 4,83% 4,52% 3,39% 5,90% 3,06% 6,76% 2,59% 4,91%
PIB

Pression
23,18% 25,89% 22,36% 22,12% 22,56% 23,41% 21,91% 21,42% 20,71% 20,88% 21,15%
fiscale

De l’analyse de l’évolution de la pression fiscale au Maroc, il apparait que le niveau d’imposition évolue selon deux tendances :
- Une évolution variable entre 2007 et 2014, sans marquer de tendance particulière, ni haussière, ni baissière ;
- Une tendance légèrement haussière à partir de 2015, avec un niveau d’imposition qui augmente et qui reste assez élevé, les ratios
recettes fiscales/PIB passant de 20,7% en 2015, à 20,9% en 2016 et enfin à 21,15% en 2017.
NB : à noter que le calcul de la pression fiscale ne couvre ici que les recettes fiscales, et non l’ensemble des prélèvements obligatoires. Une
analyse prenant en compte d’un côté les recettes fiscales, et de l’autre côté les prélèvements fiscaux et sociaux, permettrait de mieux apprécier
la pression de ces prélèvements. De même, l’analyse de la pression fiscale ne pourrait être abordée sans tenir compte de la base des
contribuables du niveau d’élargissement au vrai potentiel fiscal du pays. Pour toutes ces raisons, la comparaison éventuelle avec d’autres pays
devrait se faire avec prudence, puisque les paramètres composant ces ratios sont différents d’un pays à un autre.
9
Source : Chiffres HCP – Principaux agrégats

Page 42
Ainsi, sur les cinq dernières années, le taux de pression fiscale oscille autour de 21%
(malgré l'existence d’incitations fiscales qui se traduisent par une dépense fiscale de l'ordre
de 3% du PIB). Le taux de pression fiscale est encore une fois à prendre avec précaution car
le chiffre ne renseigne pas sur l'organisation de la pression fiscale. En effet, en raison du
nombre élevé de contribuables soumis au régime forfaitaire, de certaines régions bénéficiant
d’une exonération de fait (provinces du sud, statuts particuliers pour certaines régions), de
l’existence d’exonérations ou d’avantages fiscaux pour des activités contribuant de façon
importante à la formation du PIB et de la défiscalisation totale du secteur agricole en matière
de TVA et partiellement en matière d’impôts directs, l'économie structurée et normalement
fiscalisée supporte un taux de pression fiscale réel beaucoup plus élevé que le taux de
pression moyen de l'ensemble de l'économie.

La répartition de cette pression fiscale sur les différentes catégories de contribuables mérite
donc une analyse plus poussée en raison de la concentration de son poids sur un nombre de
contribuables et une base de contribution qui reste loin de représenter le vrai potentiel fiscal
du pays. Aussi, ce constat est alourdi par l’évasion fiscale qui continue à être à des niveaux
estimés élevés. En ce sens, il y’a lieu de procéder à une analyse différenciée et approfondie
de sa relation avec le pouvoir d’achat, la couverture sociale, et plus globalement la réalité
sociale, et la nature de ses causes.

L’évasion fiscale, pour des raisons de préservation du pouvoir d’achat, ne peut être traitée
de la même manière que celle qui relève de la volonté de s’enrichir en s’extrayant à ses
obligations et/ou en contournant le droit fiscal. La fuite des capitaux, le blanchiment d’argent,
les transactions commerciales qui aboutissent directement à des paiements à l’étranger, la
corruption endémique, sont autant d’éléments qui font que le contribuable moyen justifie
voire légitime sa volonté de corriger ce qu’il considère comme profondément injuste.

Par ailleurs, la faible contribution des personnes physiques non salariées (commerçants,
entrepreneurs exerçant à titre individuel, professions libérales,…) est très remarquée et fait
l’objet d’une vague de débats publics et de prises de positions politiques et
gouvernementales.

Tableau 9 : Ventilation de l’IR par professions libérales | Exercice 2018


Contribution
Ventilation IR Poids
globale
IR / Salaires 20294,2 90,3%
Sections d'activité – NMA 2010 2184,0 9,7%
Santé humaine et action sociale
(dont 88% de la contribution provient de l’activité des médecins et 565,1 25,9%
des laboratoires d’analyse)
Commerce ; réparation d'automobiles et de motocycles
(dont 56% de la contribution provient du commerce de détails de 493,7 22,6%
produits pharmaceutiques et du commerce de gros)
Activités spécialisées, scientifiques et techniques
(dont 35% de la contribution provient des avocats et des activités 480,9 22,0%
comptables)
Construction 255,0 11,7%
Activités immobilières 173,5 7,9%
Hébergement et restauration 48,4 2,2%

Page 43
Enseignement 37,1 1,7%
Industrie manufacturière 35,2 1,6%
Activités non conformes à la NMA 27,4 1,3%
Transports et entreposage 19,4 0,9%
Information et communication 17,3 0,8%
Autres activités de services 13,0 0,6%
Activités financières et d'assurance 10,3 0,5%
Activités de services administratifs et de soutien 4,6 0,2%
Arts, spectacles et activités récréatives 2,8 0,1%
Production et distribution d'électricité, de gaz, de vapeur et
0,2 0,0%
d'air conditionné
Source : Direction Générale des Impôts

Ces débats et positions ont été précédés par des dispositions inscrites dans les dernières
lois de finances et par des contrôles et des négociations engagés par la DGI dans le cadre
de ses missions d’élargissement de l’assiette qui rejoint la demande populaire de
l’application de plus en plus équitable du principe constitutionnel visant l’équité fiscale. Dans
le sens des éléments de ces débats, le constat déjà soulevé par le rapport du Conseil sur la
fiscalité en 2012, a été conforté par les éléments liés aux écarts importants relevés et rendus
publics, entre les recettes de l’IR prélevé à la source et l’IR déclaré par ailleurs (par les
professions libérales, les activités de commerces et de services autres que celles des
entreprises,…).

2. Analyse de la concentration de l’économie nationale | Exercice 201710


11
 Niveau de concentration de l’économie : répartition du CA

Tableau 10 : Répartition du CA global déclaré

Pourcentage du CA Poids dans la population


Nombre d’entreprises12
globale
50% 387 0,16%
60% 869 0,36%
70% 2 024 0,83%
80% 5 027 2,07%
90% 14 103 5,80%
95% 28 073 11,54%

o 387 entreprises dont le CA, représente 50% par rapport au total du CA déclaré ; et le
pourcentage par rapport à la base des entreprises déclarantes est de 0,16% ;
o 11,54% d’entreprises qui déclarent, représente 95% du total du CA déclaré.
o De la même façon, après neutralisation des chiffres relatifs à l’OCP et aux banques,
il en ressort que si le nombre d’entreprises augmente, les ordres de grandeur relatifs aux
pourcentages CA, eux, ne changent pas.

10
Source : Direction Générale des Impôts
11
Source : Direction Générale des Impôts
12
Entreprises personnes morales.

Page 44
3. Répartition du poids de l’impôt

Tableau 11 : Niveau de concentration et répartition de l’impôt / nombre d’entreprises


Pourcentage de la Poids dans la
13 Nombre
Impôt recette 14 population des
d’entreprises
contributeurs
50% 73 0,06%
60% 170 0,13%
70% 413 0,32%
IS
80% 1 066 0,83%
90% 3 466 2,70%
95% 7 862 6,12%
50% 126 0,24%
60% 272 0,52%
15,16 70% 579 1,10%
IR/Salaires
80% 1 271 2,41%
90% 3 205 6,09%
95% 6 036 11,47%
50% 140 0,05%
60% 359 0,14%
70% 883 0,33%
IS + IR + TVA
80% 2 337 0,88%
90% 7 950 3,01%
95% 19 544 7,40%

o La participation de l’IS à hauteur de 50% est assumée par 73 entreprises ; et le


pourcentage par rapport à la base des entreprises déclarantes est de 0,06% ;
o 6,12% d’entreprises qui déclarent, participent à 95% de l’IS global.
o Après neutralisation des chiffres relatifs à l’OCP et aux banques, il en ressort que si
le nombre d’entreprises augmente, les ordres de grandeur relatifs à la concentration de
l’économie et de l’impôt, en termes de pourcentages de la population déclarante, eux ne
changent pas :

13
Le critère d’agrégation pour tous les impôts est l’identifiant fiscal.
14
La concentration est calculée par rapport aux contributeurs ayant un identifiant fiscal.
15
Le critère d’agrégation est l’entreprise qui opère la retenue à la source et non pas le salarié.
16
Il s’agit uniquement des salariés du secteur privé.

Page 45
Tableau 12 : Niveau de concentration et répartition de l’impôt – Hors OCP
Pourcentage de la Poids dans la
Nombre
Impôt recette population des
d’entreprises
contributeurs
50% 75 0,06%
60% 174 0,14%
70% 422 0,33%
IS
80% 1 085 0,85%
90% 3 507 2,73%
95% 7 936 6,18%
50% 160 0,30%
60% 329 0,63%
70% 667 1,27%
IR/Salaires
80% 1 411 2,68%
90% 3 430 6,52%
95% 6 337 12,04%
50% 151 0,06%
60% 382 0,14%
70% 924 0,35%
IS + IR + TVA
80% 2 424 0,92%
90% 8 158 3,09%
95% 19 928 7,54%

Tableau 13 : Niveau de concentration et répartition de l’impôt – Hors Banques


Poids dans la
Pourcentage de la Nombre
Impôt population des
recette d’entreprises
contributeurs
50% 139 0,11%
60% 302 0,24%
70% 656 0,51%
IS
80% 1 555 1,21%
90% 4 476 3,49%
95% 9 710 7,56%
50% 156 0,30%
60% 327 0,62%
70% 671 1,28%
IR/Salaires
80% 1 423 2,71%
90% 3 460 6,58%
95% 6 386 12,14%
50% 259 0,10%
60% 584 0,22%
70% 1 299 0,49%
IS + IR + TVA
80% 3 180 1,20%
90% 9 939 3,76%
95% 23 128 8,76%

 Impôt sur le Revenu des salariés de ces entreprises


0,24% des entreprises soit 126 en nombre, représentent 50% de l’IR sur les salaires.
Ces tendances restent valables quand on cumule IS et IR, puis IS, IR payé par ces
entreprises et TVA collectée, les ordres de grandeur restant comparativement au même
niveau.

Page 46
 Poids de l’IR versus poids des charges sociales en fonction des niveaux de salaires

Tableau 14 : Poids des charges sociales / niveaux de salaires

Cotisations Total % Cot. % Cot. % Total


Salaire brut Net à payer Coût total IR à payer
sociales prélèvements sociales fiscales prélèvements

2 500 2342,75 3002,50 659,75 - 659,75 22% 0% 22%


5 500 4998,65 6605,50 1451,45 155,41 1606,86 22% 2% 24%
8 500 7755,22 9993,50 1920,90 744,78 2665,68 19% 7% 27%
10 000 8868,52 11666,00 2123,40 1131,48 3254,88 18% 10% 28%
14 000 11705,72 16126,00 2663,40 2294,28 4957,68 17% 14% 31%
16 500 13483,84 19099,33 3023,40 3182,82 6206,21 16% 17% 32%
20 000 15632,81 22816,00 3473,40 4367,19 7840,59 15% 19% 34%
25 000 18770,81 28391,00 4148,40 6229,19 10377,59 15% 22% 37%
30 000 21908,81 33966,00 4823,40 8091,19 12914,59 14% 24% 38%
36 000 25674,41 40656,00 5633,40 10325,59 15958,99 14% 25% 39%
70 000 47012,81 78566,00 10223,40 22987,19 33210,59 13% 29% 42%
80 000 53288,81 89716,00 11573,40 26711,19 38284,59 13% 30% 43%
100 000 65840,81 112016,00 14273,40 34159,19 48432,59 13% 30% 43%
200 000 128600,81 223516,00 27773,40 71399,19 99172,59 12% 32% 44%

 La tranche allant de 2500 à 5499 est exonérée d’IR. Un IR progressif s’applique aux
tranches suivantes.

 Les contributions sociales représentent une charge importante pour l’employeur et


sont liées exclusivement aux phases d’emploi de l’individu, ce qui réduit les
possibilités de financement et d’accompagnement des différentes phases de la vie
(en termes de formation, d’allocations en cas de chômage, de pertes d’emplois, etc.).

4. Rapprochement entre poids du CA et part dans l’impôt17


Tableau 15 : Rapport entre CA rapproché à la part dans l’impôt
Poids dans le CA Nombre Poids dans la
Impôt
d’entreprises18 recette
50% 300 59%
60% 652 66%
70% 1 467 74%
IS
80% 3 560 82%
90% 9 713 90%
95% 18 981 93%
50% 255 43%
60% 537 51%
70% 1 150 60%
IR/Salaires
80% 2 606 70%
90% 6 565 78%
95% 11 826 83%

17
Source : Direction Générale des Impôts
18
Population des contributeurs parmi les PM.

Page 47
50% 354 53%
60% 785 60%
70% 1 799 69%
IS + IR + TVA
80% 4 418 77%
90% 12 143 85%
95% 23 734 89%

o 300 entreprises parmi les déclarantes, dont le CA représente 50% par rapport au total
du CA déclaré, constituent 59% du poids dans la recette de l’IS.
o La lecture de ce tableau montre qu’il y a une assez bonne corrélation entre part
représentée dans le CA et part de contribution à l’impôt.

5. Rapprochement combiné par poids et par secteur19

Tableau 16 : Poids des secteurs dans les dépenses fiscales, en %


2017 2018
Désignation Part Part
Montant Montant
Activités immobilières 5 782 20% 5 750 20%
Secteur énergétique 4 820 17% 5 453 19%
Sécurité-Prévoyance 4 187 15% 4 787 16%
Exportations 2 517 9% 2 614 9%
Agriculture, pêche 2 367 8% 2 605 9%
Secteur financier 1 986 7% 1 699 6%
Industrie alimentaires 1 594 6% 1 595 5%
Transport 1 406 5% 1 279 4%
Mesures profitant à tous les secteurs 1 395 5% 667 2%
Industrie Automobile et chimique 495 2% 583 2%
Santé-Social 727 3% 535 2%
Activités minières 256 1% 340 1%
Services Publics - 0% 314 1%
Tourisme 166 1% 182 1%
Edition, Imprimerie 161 1% 158 1%
Régions 200 1% 142 0%
Education 108 0% 137 0%
Artisanat 42 0% 44 0%
Autres secteurs 342 1% 382 1%
Total 28 551 - 29 270 -

De l’analyse du poids des secteurs d’activité dans les dépenses fiscales, il ressort, comme
déjà développé par ailleurs dans le présent document à l’occasion du traitement du volet
relatif aux dépenses fiscales, une prédominance des dérogations au profit des activités
immobilières, qui se trouve être le premier secteur bénéficiaire des dépenses fiscales (sans
impact réel sur le développement de son écosystème direct : BTP; matériaux de
construction, ingénierie, …).

19
Source : Direction Générale des Impôts

Page 48
Tableau 17 :
Poids des secteurs dans la contribution 2018 à l’impôt (IS, IR et TVA) selon la NMA*2010

Sections d'activité NMA 2010 Poids

Activités financières et d'assurance 22,8%


Commerce ; réparation d'automobiles et de motocycles 19,4%
Industrie manufacturière 16,6%
Construction 9,2%
Information et communication 7,8%
Activités spécialisées, scientifiques et techniques 7,4%
Transports et entreposage 3,7%
Activités de services administratifs et de soutien 2,9%
Production et distribution d'électricité, de gaz, de vapeur et d'air conditionné 2,3%
Hébergement et restauration 1,9%
Activités immobilières 1,7%
Arts, spectacles et activités récréatives 1,6%
Santé humaine et action sociale 1,1%
Production et distribution d'eau ; assainissement, gestion des déchets et dépollution 1,0%
Enseignement 0,5%
Autres activités de services 0,3%

* NMA : Nomenclature Marocaine d’Activités

Page 49
6. Répartition des recettes de l’IS à l’export
Tableau 18 :
Recettes de l’IS à l’export, par secteur d’activité | 2017

Répartition IS / Population des exportateurs

Section d'activité Recettes IS en DH Poids

Industries extractives 783.767.425 35,96%

Dont OCP 652.154.809 29,92%

Industrie manufacturière 489.042.990 22,44%

Dont Fabrication d'équipements électriques 94.149.680 4,32%

Dont Industrie de l'habillement 87.234.511 4,00%

Commerce 263.507.886 12,09%

Dont Commerce de gros 250.381.642 11,49%

Information et communication 226.948.678 10,41%

Dont Télécom 187.129.650 8,58%

Activités spécialisées, scientifiques et techniques 106.003.350 4,86%

Dont Publicité et études de marché 65.970.793 3,03%

Transports et entreposage 55.317.178 2,54%

Hébergement et restauration 51.633.162 2,37%

Autres (10 sections d'activité) 203.519.404 9,34%


Dont Activités administratives et autres
46.745.458 2,14%
activités de soutien aux entreprises
Dont les Banques 3.385.013 0,16%

Total 2.179.740.073 -

o Les recettes au titre de l’IS à l’export, totalisent 2,180 Mds DH.


o La lecture de ce tableau montre l’importance de la contribution des industries extractives,
constituant près de 36% des recettes de l’IS à l’export, laquelle contribution est portée
principalement par l’OCP à hauteur de 30%.
o Les industries manufacturières contribuent à hauteur de 22,4% du total de l’IS à l’export.
Parmi les premiers contributeurs dans ces industries manufacturières, on trouve la
fabrication d’équipements électriques pour 4,32% et l’industrie de l'habillement pour 4%.

Page 50
De l’ensemble de cette analyse chiffrée, il ressort que, ni en nombre, ni en volume, il
n’y a assez d’entreprises qui créent de la richesse dans le pays. L’économie nationale
se caractérise par sa fragilité, marquée par une trop forte concentration et de la
fiscalité, et de la création de richesse.
L’étroitesse du marché économique touche particulièrement les PMEs, qui
représentent plus de 90% de l’ensemble du tissu productif national. Le décalage entre
leur potentiel et leur contribution à la valeur ajoutée restant beaucoup trop important, et
limite leur capacité à créer de l’emploi et à s’adapter à l’environnement.

II. 2 – Contrôle fiscal


Il convient de relever que l’approche adoptée par l’administration fiscale a gagné en
efficacité sur ces dernières années, grâce notamment à la digitalisation, à la
dématérialisation, au raffermissement des capacités en termes de systèmes, de bases
de données et de contrôle, en qualité et en nombre, et à l’amélioration des délais
d’exécution.

Néanmoins, la pratique du contrôle et la gestion de la relation entre la population des


contribuables qui y sont soumis et les agents de l’administration fiscale n’ont pas
encore permis de dépasser le sentiment que l’objectif de ce contrôle reste la collecte
de recettes fiscales, et qu’il conduit encore à contrôler majoritairement les
contribuables les plus ‘apparents’ et ‘transparents’, auprès desquels il serait plus
facile d’opérer des redressements. Le sentiment dominant, même s’il a eu tendance à
être atténué en 2018, reste que le contrôle n’est pas encore suffisamment orienté vers
les contribuables opérant dans l’informel ou l’opacité, et n’encourage ainsi pas à la
transparence. Si la pratique sur le terrain, la transparence des règles et leur
application stricte et la gestion de la relation entre contribuable et administration
fiscale, n’avance pas au rythme de la volonté affichée, le contrôle continuera à être
remis en cause dans son efficacité et comme moyen de sanction contre les fraudeurs.

Aussi, le règlement des litiges fiscaux continue à se caractériser par un recours


massif à l’accord amiable, qui ne permet pas de disposer de positions
jurisprudentielles constantes permettant de clarifier la règle fiscale. Il ne se traduit pas
nécessairement non plus par la rectification par les contribuables des situations objet
des redressements retenus au titre de la période post contrôle.

De nombreuses critiques restent donc formulées à l’égard du contrôle fiscal et des


voies de recours mises en place jugées parfois non efficaces, dépendantes de
l’administration fiscale et entravées par le manque de moyens nécessaires à leur
application.

Les initiatives de contrôle et de son utilisation comme levier pour l’élargissement du


nombre de contribuables et de l’assiette, notamment celles prises en 2018 pour
intégrer à l’IR professionnel, davantage les fonctions libérales, puis début 2019 pour
intégrer le gros commerce, si elles sont menées jusqu’au bout avec transparence,
équité et justice fiscale et sans retours en arrière, constitueraient un changement dans
la réalité de la pratique fiscale et impacteraient favorablement les perceptions et les
comportements des contribuables.

Page 51
Le contrôle fiscal peut consister en une vérification de comptabilité couvrant la totalité des
opérations effectuées et tous les impôts auxquels est soumis le contribuable (contrôle dit
global) ou couvrant uniquement une opération, un impôt ou une période donnée (contrôle dit
ponctuel). Aussi, il convient de noter que l’administration peut procéder à l’examen de
l’ensemble de la situation fiscale des contribuables ayant leur domicile fiscal au Maroc,
compte tenu de l’ensemble de leurs revenus déclarés, taxés d’office ou bénéficiant d’une
dispense de déclaration et entrant dans le champ d’application de l’impôt sur le revenu
(procédure de vérification de l’ensemble de la situation d’un contribuable personne
physique).

Le contrôle fiscal en chiffres


Tableau 19 : Le contrôle fiscal en chiffres20

Nombre des Chiffres Taux d’évolution


dossiers
vérifiés
2013 2014 2015 2016 2017 2018 2014 2015 2016 2017 2018

Par nature de contrôle


Vérifications
1092 1110 1393 1411 1936 4178 2% 25% 1% 37% 116%
générales
Contrôle
323 329 774 1847 2041 3444 2% 135% 139% 11% 69%
ponctuel
Total VG et VP 1415 1439 2167 3258 3977 7622 2% 51% 50% 22% 92%
Par type de contribuables
Personnes
ND 950 1621 2805 3408 4200 - 36% 73% 21% 23%
morales
Personnes
ND 489 546 453 569 3422 - 123% -17% 26% 501%
physiques
Total PM et PP 1415 1439 2167 3258 3977 7622 2% 51% 50% 22% 92%

Recettes du Chiffres Taux d’évolution


contrôle fiscal
sur place (en
millions de dh) 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2014 2015 2016 2017 2018

Par nature de contrôle


Vérifications
ND 3814 3 258 5 307 5 776 8 357 - -15% 63% 9% 45%
générales
Contrôle
ND 297 1 124 903 974 274 - 278% -20% 8% -72%
ponctuel
Total VG et VP 5 047 4 111 4 382 6 210 6 750 8 631 -19% 7% 42% 9% 28%
Par type de contribuables
Personnes
4611 3785 4 072 6 082 6 440 7 833 -18% 8% 49% 6% 22%
morales
Personnes
436 326 310 128 310 798 -25% -5% -59% 142% 157%
physiques
Total PM et PP 5 047 4 111 4 382 6 210 6 750 8 631 -19% 7% 42% 9% 28%

20
Source : Direction Générale des Impôts

Page 52
A cela se rajoute les recettes de l’amnistie fiscale sur les amendes et les arriérés, qui a
été ouverte jusqu’au 31 décembre 2018 et dont le montant a atteint : 1 313 MDH.

NB : Des éléments portant sur les règles de recouvrement, de contrôle et de sanctions, font
l’objet d’une analyse détaillée en annexe 2 du présent document.

II. 3 – Sanctions

Il convient de relever qu’un effort d’harmonisation des sanctions a été entrepris, mais
que celles-ci comportent toujours des sanctions jugées lourdes ou disproportionnées
par rapport aux infractions commises et aux objectifs recherchés, notamment pour les
cas de déclarations incomplètes ou comportant des erreurs, sans incidences
significatives sur les montants à payer. S’il est admis qu’il est tout à fait légitime et
même recommandé d’œuvrer pour combattre les fausses déclarations et les
déclarations incomplètes, il est tout aussi recommandé de proportionner les
sanctions associées à la nature et à l’impact des erreurs commises, pour éviter que
les contribuables les mieux organisés et visibles, se voient appliquer de telles
sanctions ; pendant que les contribuables opérant dans le secteur informel, non
visibles, n’en subissant aucune.
D’ailleurs, nombreux sont les cas de régularisation qui font l’objet d’une demande de
remise gracieuse souvent suivie d’un avis favorable partiellement ou totalement de la
part de l’administration. Cela contribue à augmenter le sentiment d’insécurité chez les
contribuables de ‘bonne foi’, alimenté par le sentiment d’être en face d’une
administration fiscale disposant d’un pouvoir d’appréciation pouvant être parfois
discrétionnaire. Cette situation participe par ailleurs à l’augmentation de la charge de
travail de cette administration pour le traitement de tous ces dossiers de réclamations
gracieuses ou contentieuses, au détriment du soutien de l’effort d’amélioration de sa
performance sur ses autres missions.

Le montant des majorations21 recouvrées au Maroc en 2016 s’élève à 2 678,5 MDH et à 2


602,6 MDH en 2017.

NB : Des éléments portant sur règles de recouvrement, de contrôle et de sanctions, font


l’objet d’une analyse détaillée en annexe 2 du présent document.

21
Majorations recouvrées par la DGI.

Page 53
II. 4 – Pratiques fiscales, civisme fiscal et relation administration –
contribuable

1. Fonctionnement du système déclaratif

Le système fiscal marocain repose essentiellement sur le régime déclaratif. A ce titre, ce


sont les contribuables qui établissent leurs déclarations fiscales et procèdent à la liquidation
et au paiement de l’impôt sous leur propre responsabilité. Le régime déclaratif comportant
par la force des choses des risques d’erreurs et d’omissions, ne peut limiter les tentatives de
fraude, en plus des divergences d’interprétation devant la diversité des situations nées de
l’application des dispositions fiscales. C’est la raison pour laquelle, le législateur a doté
l’administration fiscale d’un droit de contrôle de ces déclarations, comme présenté plus haut
dans le présent document.
Le contrôle fiscal est donc la contrepartie logique et objective du régime déclaratif. La loi
fiscale reconnaît à l’administration fiscale certains droits dont la nature et l’étendue ont pour
objet de faciliter à celle-ci le contrôle fiscal, regroupant les droits de contrôle, de constatation,
de communication et de préemption. En parallèle, l’administration fiscale dispose également
d’un pouvoir d’appréciation et d’un droit de contrôle des prix et déclarations estimatives.

Encadré 2 : Dématérialisation fiscale : télédéclarations et télépaiements

Les mesures de facilitation et de dématérialisation des procédures mises en place ces


dernières années marquent une avancée appréciable dans la relation du contribuable avec
l’administration fiscale. Un cas récent peut être pris en exemple pour illustrer ce qui peut être
fait pour améliorer le service au citoyen : le paiement de vignettes automobiles via les
réseaux bancaires et leurs plateformes digitales. Cette réforme, qui combine
dématérialisation et intégration d’un réseau existant et sécurisé, a permis au citoyen de
régler cette taxe en toute facilité par internet, dans les guichets bancaires et chez les
sociétés de transfert d’argent. Il en résulte un meilleur service pour le citoyen qui dispose
ainsi d’un réseau de proximité, offrant des milliers de points de paiement contre quelques
dizaines jusque-là, ou de faire toutes ses formalités via son téléphone portable ou son
ordinateur. L’Etat quant à lui réalise une économie substantielle en évitant l’impression des
vignettes sous format papier, qui ne sont plus requises, et une mobilisation de milliers de
fonctionnaires pendant plusieurs semaines pour assurer le service.
Aussi, depuis le 1er janvier 2017, toutes les entreprises marocaines doivent obligatoirement
s’aligner aux nouvelles normes légales de la DGI, en adoptant un nouveau mode de
déclaration et de paiement en ligne. A cet effet, a été mis en place un service des impôts en
ligne permettant, en plus de la télédéclaration fiscale, de procéder au télépaiement des
impôts IS, IR et TVA. Lancée au départ pour les entreprises dont le chiffre d’affaires est
supérieur à 100 millions de dirhams, la télédéclaration est aujourd’hui une obligation pour
toutes les entreprises au Maroc, quel que soit leur chiffre d’affaires réalisé.
De plus, la loi de finances 2018 a institué l’obligation de déclaration et de paiement de l’IR
par voie électronique pour les personnes physiques titulaires de revenus autres que
professionnels, qui représentent la population des contribuables la plus importante non pas
en termes de recettes, mais de nombre. Dorénavant spontané, le paiement accompagne la
télédéclaration et n’attend plus la réception d’un rôle d’imposition.

Page 54
Sont concernées par cette mesure, les personnes physiques percevant (i) des revenus
fonciers, (ii) un salaire et des revenus fonciers, (iii) plusieurs salaires ou plusieurs retraites
versés par des employeurs ou débirentiers différents et (iv) un ou plusieurs revenus de
source étrangère (pensions de retraite, salaires, etc.).
Cette nouvelle démarche change les pratiques en termes de dépôts et paiement des
déclarations fiscales, et facilite de fait l’acquittement des obligations légales.
L’extension des téléservices aux particuliers, et peut-être à d’autres impôts dont certains
locaux, permet à l’administration de se concentrer sur des services à forte valeur ajoutée.
Ainsi, le levier de la digitalisation des procédures représente non seulement un accélérateur
dans l’amélioration du service au citoyen, mais c’est également un moyen efficace de lutte
contre les pratiques illicites de corruption ou autres abus.

Tableau 20 : Télédéclarations et télépaiements, quelques repères22

Nombre de
2016 2017 Variation
télédéclarations

TVA 135 751 1 815 979 1337%


IS 30 681 572 458 1865%
IR 10 359 525 667 5074%

Recettes par
2016 2017
télépaiements

Recettes OP 82 556 M.Dhs 105 855 M.Dhs


Recettes multi canal 3 299 M.Dhs 1 130 M.Dhs
Total 82 560 M.Dhs 106 986 M.Dhs

2. Civisme fiscal et relation administration – contribuable

La relation entre l’Administration fiscale et les contribuables reste, malgré d’importants efforts
déployés pour son amélioration, encore et souvent présentée comme conflictuelle et dans un
rapport déséquilibré et une relation de méfiance. Les raisons principales, souvent mises en
avant sont :
 Un système dans une large mesure déclaratif, mais avec une spontanéité et un respect
des règles, loin d’être observés de manière large (absence de déclaration, informel, sous-
déclaration,…). Un contexte où l’administration est fréquemment en situation de suspicion
vis-à-vis du contribuable, y compris parmi les plus structurés ;
 Une administration fiscale disposant d’un quasi-monopole de l’interprétation des textes.
Une situation accompagnée par une pratique sur le terrain, qui n’atteint pas encore l’esprit
et la volonté affichée au niveau central, visant à instaurer une lecture rationnelle des
textes et un rapport objectif avec le contribuable. La perception chez les contribuables

22
Source : DGI – Rapport d’activité 2017

Page 55
continue à soulever l’existence fréquente d’une lecture extensive des textes et une
application souvent partiale, aboutissant à des redressements qui alimentent un sentiment
de méfiance et d’injustice.
Cette relation conflictuelle entre l’administration et les contribuables n’est pas de nature à
favoriser l’adhésion à l’impôt, l’élargissement de l’assiette et donc la réduction de la pression
fiscale. Une forte demande d’équité de la part des contribuables continue à s’exprimer,
particulièrement en faveur d’une meilleure qualité de service (amélioration de l’accueil, plus
de célérité dans le traitement des réclamations, simplification des démarches et des
procédures), d’une amélioration de la pratique du contrôle fiscal (égalité dans la
programmation des dossiers à vérifier, préservation des droits des contribuables en cours de
vérification de comptabilité, motivation bien argumentée et convaincante des chefs de
redressements et réduction de la durée de vérification) et d’une plus grande facilité d’accès à
la législation et à l’information (clarification et simplification des dispositions fiscales, stabilité
de la doctrine fiscale, multiplication des modes communication pour rendre la loi plus
accessible).
Dans ce sens, la refonte du CGI pour assurer une plus grande clarté du système fiscal,
réalisée dans le cadre d’une approche largement participative et avec l’implication des
parties concernées, des professionnels et d’experts, constitue une initiative louable qu’il
convient de saluer. L’adoption de ce nouveau CGI et le maintien des efforts de clarification et
de limitation des marges d’interprétation, sont de nature à répondre en partie aux
problématiques posées dans la relation entre l’administration et le contribuable.
Aussi, l’amélioration de la relation entre l’administration fiscale et le contribuable et
l’édification d’une culture fiscale du civisme et de la citoyenneté constituent autant
d’éléments qui permettraient d’installer dans la durée un climat de confiance articulé sur le
civisme fiscal et le respect des droits du contribuable. L’amélioration des relations
Administration - contribuables passe d’abord par le respect de la Loi par chacune des
parties. L’administration devant respecter les obligations mises à sa charge en matière
notamment des remboursements, des restitutions d’impôts et de traitement des réclamations
et les contribuables, devant faire preuve de plus de transparence. Si cette relation n’est pas
bâtie sur la confiance, elle va conduire à l’évasion, à la fraude et à la corruption.
Enfin, le développement du civisme fiscal, avec plus d’adhésion spontanée, passe, d’une
part, par un contrôle large, qui serait rassurant pour les contribuables transparents et
dissuasif pour ceux qui veulent échapper à leurs obligations et, d’autre part, par la
sensibilisation et la mobilisation de l’opinion publique autour du droit de tous à voir chacun
accomplir ses obligations fiscales.

Page 56
III. Fiscalité locale : pour une refonte
globale du système fiscal d’Etat
Depuis plusieurs années, le Maroc est inscrit dans la dynamique apportée par la
régionalisation avancée, qui organise les avancées constitutionnellement souhaitées,
appuyées par les lois organiques portant respectivement sur les régions, provinces et
préfectures, et les communes. Celles-ci confèrent à chaque niveau de collectivités locales,
des attributions et des prérogatives parmi lesquelles celles portant sur le développement
économique et social, et qui ne pourraient être envisagées sans y inclure la dimension de la
fiscalité. Dans ce contexte, la fiscalité locale prend toute son importance, en tant que vecteur
principal d’un système basé sur une volonté de décentralisation et porté par les collectivités
territoriales, dans le cadre du rôle majeur que ces dernières jouent en matière de gestion,
dans la proximité, des affaires locales.

Au Maroc, la fiscalité locale a connu plusieurs évolutions dans le temps, dans le sens
d’accompagner et de s’adapter au processus de décentralisation souhaitée. La consolidation
de ce processus a été progressivement menée, notamment à travers la loi 30-89 relative à la
fiscalité des collectivités locales et de leurs groupements, suivie en 2008 des lois 47-06 et
37-0923.

Figure 4 : Dates clés de la fiscalité locale nationale

Pour plus de précision, les éléments relatifs au cadre légal de la fiscalité locale sont
développés dans un paragraphe dédié ci-après.

23
La loi n°39.07 a repris, à titre transitoire, certains taxes, droits, contributions et redevances prévus par la loi
n°30.89.

Page 57
La réussite du processus de décentralisation étant tributaire de la mobilisation des
ressources de financement dont principalement celles liées aux recettes fiscales, justifie de
donner une importance particulière à la fiscalité locale en lui apportant un nouvel éclairage
en tant que composante importante du système fiscal marocain et comme instrument de
politique économique et sociale, qui permettrait aux décideurs publics de disposer des
ressources financières nécessaires à la couverture des dépenses publiques et au
développement local.

Encadré 3 : Sources de financement et dispositif fiscal des collectivités locales

1. Les taxes et redevances locales que les collectivités locales ont été habilitées à prélever,
à travers des instruments fiscaux propres, s’inscrivant dans la logique de conforter leur
autonomie financière et administrative ;

2. Le transfert de ressources aux collectivités locales à partir de recettes fiscales collectées


par l’Etat (TVA et IS), qui viennent en renforcement de leur financement, visant le double
objectif, d’une part, d’assurer un meilleur équilibre sur le territoire et, d’autre part, de servir
de moyen de négociation, d’orientation et d’incitation de l’action des collectivités locales ;

3. Le recours à des ressources d’emprunt à travers la création d’un organisme financier


spécialisé (le FEC).

Comme le fait ressortir le diagnostic développé ci-après, alimenté par l’exploitation de


différents rapports et littérature en la matière, ainsi que par les entretiens et auditions
organisés par le Conseil dans le cadre du présent rapport, la fiscalité locale manque de
cohérence et d’efficacité. Les taxes locales sont souvent complexes et parfois assises sur
des bases jugées inadaptées. L’ensemble des acteurs concernés convergent sur la
nécessité de devoir traiter en profondeur les questions d’assiette, et des bases de taxation et
de leur fondement.

N’ayant pas été développée dans le rapport du CESE sur la fiscalité de 2012, le sujet
de la fiscalité locale est plus largement traité dans la présente étude, avec l’objectif
d’avoir une fiscalité locale qui soit cohérente (intrinsèquement et avec la fiscalité
nationale), efficiente, avec une large couverture, juste, incitative à l’acte d’investir et
taxant plus fortement la rente, le patrimoine non productif et la spéculation.

NB : Pour les besoins de l’analyse portant sur la fiscalité locale, le Conseil Economique,
Social et Environnemental s’est inspiré des travaux de référence sur le sujet, notamment le
Rapport sur l’évaluation de la fiscalité locale produit en 2015 par la Cour des Comptes, ainsi
que le rapport et l’étude produits par le Club Marocain de la Fiscalité, avec toutes les
adaptations qui s’imposent, résultats des auditions et des analyses internes au CESE.
Parmi les auditions organisées par la Commission des Affaires Économiques et des Projets
Stratégiques du CESE, concernant la fiscalité locale, il y a lieu de citer celle de la Direction
Générale des Collectivités Locales (DGCL) / Ministère de l’Intérieur et celle du Club
Marocain de la Fiscalité.

Page 58
1. Cadre légal et de gouvernance

Le cadre légal dispersé, auquel s’ajoute les lacunes existantes en matière de


gouvernance, soulevées à l’échelle nationale, et aggravées au niveau local, par la
multiplicité des acteurs et le manque de cadre et de mécanismes appropriés pour
assurer l’articulation des rôles de manière coordonnée et rationalisée, donnent lieu à
une absence de vision fiscale locale tant pour l’administration centrale que pour les
collectivités territoriales.
L’absence d’une construction d’ensemble des prélèvements obligatoires et d’une
gouvernance intégrée entre systèmes d’imposition national et local ne permet pas de
donner de la visibilité aux acteurs, ni de pallier aux difficultés liées aux multiples
dysfonctionnements qui affectent la mise en œuvre du processus fiscal.

i. Un cadre légal dispersé, entre multiplicité d’impôts et taxes superposés et


assiettes hétérogènes

Le système fiscal marocain a connu plusieurs réformes dans l’objectif de la consolidation des
ressources fiscales locales, notamment en 1989 à travers la loi 30-89 qui a institué 37 taxes
dont 34 au profit des communes urbaines et rurales et 3 au profit des préfectures et
provinces. La réforme a été poursuivie en 2008 dans le cadre des lois 47-06 et 37-0924,
aboutissant à un système fiscal local qui compte aujourd’hui, en plus des 13 droits,
contributions et redevances, 17 taxes réparties entre les communes, les préfectures et
provinces et les régions. Ces taxes, ont connu des évolutions successives, les plus
significatives et les plus récurrentes se rapportant à la taxe professionnelle, à la taxe
d’habitation et à la taxe de services communaux, qui sont toutes des taxes gérées par l’Etat
au profit des collectivités locales.

Encadré 4 : 30 taxes et redevances, un nombre élevé à la base d’un système


relativement complexe

17 taxes locales :
4 sur le foncier | 5 liées au CA / ventes de produits | 3 liées aux véhicules terrestres à
moteur.
13 droits, contributions et redevances :
2 liées à l’abattage | 2 liées au stationnement | 3 liées à l’occupation du domaine public | 2
liées aux marchés.

Aussi, le montant de ces prélèvements fiscaux ne dépend presque pas du revenu perçu par
les contribuables assujettis. Ils sont largement insensibles aux réelles facultés contributives.
L’évolution qui a marqué les taxes gérées directement par les communes s’est généralement
limitée aux aspects relatifs aux taux et tarifs et à certaines modifications concernant leur
champ d’application, les instances locales disposant, pour certaines taxes, d‘une liberté pour
la fixation du tarif dans le cadre d’une fourchette établie par la loi ; ceci s’inscrivant dans la
logique de responsabilisation des élus locaux.
24
La loi n°39.07 a repris, à titre transitoire, certains taxes, droits, contributions et redevances prévus par la loi
n°30.89.

Page 59
Si le cadre juridique régissant la fiscalité locale nationale a connu des réformes qui se
voulaient structurantes, il reste encore dispersé et non abouti par rapport aux objectifs visés.
Le système fiscal dans sa globalité, national et local, et avec lui le cadre juridique qui le régit,
pâtissent encore de l’absence de convergence entre la politique fiscale menée en matière
d’impôts de l’Etat et celle relative à la fiscalité locale. Ce qui n’est pas de nature, ni à donner
de la visibilité et faciliter la vie au contribuable, ni à simplifier les procédures et l’action de
l’administration et des collectivités.

ii. Une gouvernance désintégrée

La gouvernance de la fiscalité locale interpelle les collectivités territoriales (CT), la Direction


Générale des Impôts (DGI) et la Trésorerie Générale du Royaume (TGR) en tant qu’acteurs
principaux dans le processus fiscal local ainsi que le Ministère de l’Intérieur en tant que
tutelle, à travers la DGCL.

En pratique, les collectivités locales ne disposent pas de pouvoir de création d’impôts, car
celui-ci reste constitutionnellement du ressort exclusif de l’organe législatif. Dans le cadre
des lois et règlements en vigueur, les collectivités décentralisées se chargent de la gestion
de l’assiette, des tarifs (taux) et des règles de perception (instituées par les lois n°47.06 et
n°39.07), du recouvrement et du contrôle des diverses taxes, redevances et droits divers
qu’elles perçoivent (l’exception de la taxe professionnelle dont la DGI est en charge, de la
taxe d’habitation et de la taxe de services communaux dont la TGR est en charge).
C’est le Conseil Communal qui exerce les prérogatives en matière fiscale locale, notamment
à travers la fixation, dans le cadre de fourchettes prévues par la loi, des taux et des tarifs de
certaines taxes et redevances. Les services communaux assurant la gestion de la fiscalité
locale, se chargent notamment des opérations de recensement et de réception des
déclarations. Aussi, la procédure de recensement est rarement mise en œuvre sur la totalité
du territoire, en raison de sa complexité et de l’importance des moyens qu’elle exige. La
problématique de la valeur locative, principal déterminant de l’assiette, particulièrement
difficile à administrer, et celle du recensement cité ci-avant, sont au centre des insuffisances
relevées. Aussi, l’organisation et les modalités de fonctionnement des collectivités locales
diffèrent d’une localité à l’autre, notamment en fonction de l’importance et des priorités de
leur conseil. La gestion des recettes fiscales, quant à elle, est reléguée au second rang.
Considérant implicitement que les recettes fiscales, aussi bien dans leur dimension locale
que celles en rapport avec les reversements sur la base des recettes de l’Etat, relèvent des
services centraux (DGI et TGR), les communes ne se préoccupent pas assez et ne
disposent en conséquence pas, dans leur majorité, d’une vision claire en la matière, se
contentant d’une gestion ponctuelle sans planification et en l’absence de cadre et d’outils de
bonne gouvernance.

Page 60
Les différents rapports produits en matière de fiscalité locale relèvent les
dysfonctionnements suivants :

 Au niveau des administrations fiscales locales :


Limites d’ordre organisationnel et insuffisances en matière de moyens matériels
(informatiques, locaux, …) et de processus (absence de manuel de procédure,
d’organigramme…). L’administration communale n’est pas assez préparée au plein
exercice de ses prérogatives et n’est pas suffisamment outillée en termes de
compétences, d’expertise, d’encadrement et de moyens humains, notamment pour
gérer l’assiette relative aux taxes et redevances.
 Au niveau de la DGI et de la TGR :
Alors même que ce volet représente une charge importante pour les services
centraux, on observe l’absence d’approche structurée et celle d’un système
d’information intégré, impliquant les différents acteurs concernés, pour gérer de
manière efficiente la fiscalité locale et en assurer le recoupement avec les autres
impôts. Une telle approche devrait permettre une plus grande interaction et une
communication aussi fluide que fondée.
Les attributions de ces entités - collectivités territoriales, DGI et TGR, en tant qu’acteurs
principaux dans le processus fiscal local - et le mode d’organisation et gestion des dispositifs
fiscaux, s’ils ont été fondés sur des acquis et atouts devant être apportés par chacun de ces
intervenants, il n’en demeure pas moins qu’ils montrent clairement leurs limites aujourd’hui.
Des limites qui mettent en évidence des contraintes transversales et institutionnelles
caractérisées par des carences structurelles, qu’il convient de réviser à travers des
dispositions sur l’organisation, visant plus de cohérence, de convergence, et d’articulation
optimale des rôles, avec une délimitation des responsabilités des différentes administrations,
le tout restant orienté vers les objectifs institutionnels, stratégiques et socio-économiques
devant être réalisés au niveau national et au niveau local.

2. Analyse des grandes composantes

Les taxes locales se répartissent en plusieurs catégories, parmi lesquelles certaines


s’appliquent aux entreprises, d’autres concernent les particuliers plus spécifiquement,
en plus de celles qui concernent les deux. Cette dernière catégorie ne représente pas
une majorité.

Ces taxes sont assises sur des stocks / des actifs (taxe professionnelle, taxe
d’habitation, taxe sur les terrains urbains non bâtis, …) ou sur des flux (taxe de séjour,
taxe sur l’extraction des produits de carrière, …).

Page 61
i. Ressources fiscales transférées

Le financement des collectivités locales est composé d’impôts d’Etat affectés aux entités
territoriales et de taxes et redevances spécifiquement locales. La rétrocession d’une part du
produit de certains impôts d’Etat aux collectivités locales s’est imposée suite à la charte
relative aux collectivités locales et au transfert de nouvelles responsabilités économiques et
sociales au niveau local. A titre d’exemple, on trouve les recettes suivantes :

• Taxe urbaine : taxe portant sur immeubles bâtis et les constructions occupées par leurs
propriétaires à titre d'habitation, ou les immeubles à un usage professionnel, affectée à
raison de 90% aux communes, les 10% restant bénéficiant au budget de l’Etat en
contrepartie des frais de recouvrement ;
• Taxe professionnelle : s’appliquant à toute personne physique ou morale de nationalité
marocaine ou étrangère qui exerce au Maroc une activité professionnelle, et qui couvre les
fonds créés par voie législative ou par convention, ne jouissant pas de la personnalité
morale ;
• TVA : son produit est affecté dans une proportion ne pouvant être inférieure à 30% aux
budgets des collectivités locales, sur la base d’une répartition fixée par une circulaire du
Ministère de l’Intérieur.

ii. Ressources propres au profit des collectivités territoriales

A ces impôts affectés totalement ou partiellement aux collectivités décentralisées, se


rajoutent plusieurs taxes et contributions au nombre de 17. En effet, la loi 47-06 relative à la
fiscalité des collectivités locales autorise celles-ci à percevoir les taxes suivantes :
Voir éléments de détail en annexe 1 : Eléments d’analyse portant sur la fiscalité locale.

Taxe professionnelle
Taxe d’habitation
Taxe de services communaux
Taxe sur les terrains urbains non bâtis
Taxes au profit des
Taxe sur les opérations de construction
communes
11 Taxe sur les opérations de lotissement
urbaines et rurales
Taxe sur les débits de boissons
Taxe de séjour
Taxe sur les eaux minérales et de table
Taxe sur le transport public de voyageurs
Taxe sur l'extraction des produits de carrières
Taxes au profit Taxe sur les permis de conduire
des préfectures et 3 Taxe sur les véhicules automobiles soumis à la visite technique
provinces Taxe sur la vente des produits forestiers
Taxe sur les permis de chasse
Taxes au profit
3 Taxe sur les exploitations minières
des régions
Taxe sur les services portuaires

NB : Des éléments portant sur les règles de recouvrement, de contrôle et de sanctions, font
l’objet d’une analyse détaillée en annexe 2 du présent rapport.

Page 62
3. Aspects quantitatifs : données chiffrées relatives aux collectivités territoriales25

Tableau 21 : Recettes des collectivités territoriales | En millions de dirhams

2013 2014 2015 2016 2017 2013 2014 2015 2016 2017
A. Total des recettes B. Total des recettes
des CT provenant de la des CT provenant des
fiscalité locale 10709 9259 10136 10772 11342 transferts de l’Etat 17634 18861 20788 20492 21463

Total taxes gérées par la Part des CT dans le


5929 4917 5447 5953 6100 16902 17800 19517 18697 18830
DGI (TP, TH, TSC) produit de la TVA

Autres recettes
Total taxes gérées par
4780 4342 4689 4819 5242 transférées (IS, IR et 732 1061 1271 1795 2633
les CT
TCA)

 TTUNB 1121 901 1113 1163 1342

 TOC / TOL 980 983 963 939 968

 Redevances OTDP C. Total des recettes


598 614 698 754 840 3453 3791 4959 5891 6206
communal non fiscales

 Redevances recettes
488 479 531 580 585
sur les marchés de gros

 Autres taxes et IV. Total des recettes


1593 1365 1384 1383 1507 31796 31911 35883 37155 39011
redevances des CT (A+B+C)

25
Source : Bulletins mensuels de statistiques des finances locales – Décembre 2012 à Décembre 2017

Page 63
Répartition des sources de revenus des collectivités territoriales : Focus sur l’année 2017

 Répartition des recettes des collectivités territoriales

Page 64
Répartition des recettes fiscales locales Part de la TVA dans la contribution des impôts d’Etat

3 taxes (TSC, TP et TTUNB) représentent près des Et en incluant la taxe d’Habitation :


2/3 des recettes fiscales locales.

Page 65
 Recettes des collectivités territoriales par Région

8,40%

9,90% L'oriental
26,80%
Tanger-Tétouan-AlHoceima

Fès-Meknès
10,30%
Marrakech-Safi

Rabat-Salé-Kenitra
11,50%
19,60% Casablanca-Settat

Autres
13,50%

La répartition des recettes des budgets principaux des collectivités territoriales par région, montre une forte concentration au niveau de 6 régions
avec 73,2% de recettes. Les recettes de la région de Casablanca-Settat (7.658 MDH) représentent 19,6% des recettes globales des collectivités
territoriales. La région de Rabat-Salé-Kénitra vient en second rang avec 13,5% des recettes. Les recettes de la région de Dakhla-Oued Ed Dahab
représentent 1,7%.

Page 66
4. Eléments d’analyse
En dépit des efforts engagés depuis 2008 dans le sens de l’adaptation de la fiscalité locale
au processus de décentralisation amorcé, les mesures fiscales adoptées au plan local
continuent à être décorrélées du paysage de la fiscalité d’Etat et n’ont pas induit d’inflexions
majeures dans l’évolution des recettes et de leurs impacts sur le développement local.

En premier lieu, il convient de noter que le cadre de référence actuel de la fiscalité locale
constitue une source d’insécurité juridique, en raison de la pluralité d’impôts et taxes
superposés et de la complexité de base de leur calcul (anachronisme des bases d’imposition
de certaines taxes, notamment celle sur la valeur locative sur laquelle est indexée la plupart
des taxes liées au foncier, qui semble être prépondérant dans ces bases26 – habitat, services
communaux, taxe professionnelle, etc.). A cela s’ajoutent le chevauchement des textes
juridiques applicables, ainsi que la multiplicité des intervenants (plusieurs administrations
sont en charge de l’émission et du recouvrement de ces taxes) sans cadre de convergence
et de cohérence globale, qui serait capable d’assurer plus d’efficience. L’ensemble étant
caractérisé par des assiettes hétérogènes et étroites, loin du vrai potentiel fiscal et des
modalités complexes et disparates d’établissement et de recouvrement, aboutissant à un
ensemble peu rentable et globalement inefficient. Aussi, plusieurs taxes sont difficiles à
appliquer, à recouvrer et à contrôler, soit par méconnaissance de leur existence, ou encore,
parce que les collectivités territoriales ne disposent pas de l’expertise qui leur permettrait
d’en cerner le périmètre d’application et de les suivre en conséquence, notamment au niveau
des communes, surtout celles petites et rurales qui disposent d’encore moins de moyens.

De nombreuses taxes sont assises sur des éléments déclaratifs sans que les bases puissent
être appréhendées et cernées pour faire l’objet d’un contrôle efficace27. Le dispositif fiscal
local présente également des inégalités territoriales flagrantes, six régions sur les douze
concentrant près de 73% des recettes des budgets principaux des collectivités territoriales.

Pour toutes ces raisons, la fiscalité locale, qui est un levier important pour le développement
territorial, devrait connaître une profonde réforme, afin de consolider les bases réelles de
recettes, avec élargissement effectif, application fluide et sans lourdeur, et garantie de
traitement égal et équitable de tous les contribuables. Face à l’étendue des bases
potentiellement imposables, cet objectif ne pourrait être atteint, sans la recherche d’une
automatisation de la constitution des bases des contribuables et des objets de contribution,
pour aller vers l’élargissement escompté et générer plus de ressources pour les collectivités
territoriales (en adéquation avec le vrai potentiel), et assurer simplification, lisibilité,
pertinence et cohérence, intrinsèque et avec la fiscalité nationale, et par conséquent
l’attractivité et la facilitation pour les acteurs et investisseurs.

Ainsi, la définition d’une vision intégrée portant sur l’ensemble des prélèvements obligatoires
permettrait d’harmoniser les systèmes fiscaux national et local, dans leur contexte général,
et d’appréhender la pression fiscale dans sa globalité, en tenant compte de :

26
Les trois taxes (TP, TSC et TTUNB) qui représentent 63% des recettes sont des taxes à assiette foncière
(totale ou partielle).
27
Taxe sur les opérations de lotissement assise sur une estimation des coûts ; Taxe sur les débits de boissons
assise sur les recettes réalisés sur ces produits, sans recoupement avec l’IS ou la TVA ; Taxe sur les eaux
minérales mises en bouteille, assise sur le nombre de litres mis en bouteilles.

Page 67
 L’évolution de la nouvelle organisation territoriale28 et des marges permises par le vrai
potentiel fiscal local ;
 L’amélioration du rendement, de l’efficience et de la transparence, pour constituer une
incitation à l’adhésion à l’impôt et un facteur en faveur du développement local et de
l’attractivité territoriale. Fiscalité locale et production de richesses devraient être
intimement liées ; les taxes locales devant être orientées dans un objectif de
développement de l’attractivité et de création de richesses et ne plus être perçues
comme seulement limitées à celui de collecte de recettes ;
 La simplification et la modernisation du cadre juridique et institutionnel de la fiscalité
locale, qui constituent des prérequis fondamentaux à l’amélioration du rendement des
taxes et à leur acceptabilité par les contribuables ;
 L’intérêt même de maintenir ou non certaines taxes, qui participent à la lourdeur
administrative sans contribuer significativement au financement des collectivités
territoriales.

L’objectif visé par l’amélioration du système fiscal local devrait permettre aux collectivités
territoriales de disposer de recettes additionnelles pérennes et d’atténuer la dépendance vis-
à-vis des subventions et affectations de recettes à partir du système fiscal d’Etat
(principalement la TVA). Les modalités de répartition de ces dernières devraient être mieux
adaptées aux critères d’équité territoriale, d’équilibre et de péréquation globale, pour garantir
la légitimité et l’opportunité de ces affectations au profit des communes, et celles ayant le
moins de potentiel en priorité.

28
Impact de la fiscalité locale sur la dynamique des collectivités territoriales, à la fois sur le plan économique et
social (principe convergeant avec les différents travaux réalisés par le CESE, notamment celui sur la politique
industrielle, et dont les recommandations abondent dans le sens d’un rôle fort et direct de la Région dans le
développement économique et social du pays).

Page 68
IV. Analyse combinée du diagnostic et
éléments structurants de réflexion
IV. 1 – Reprise de la thématique de la fiscalité par le CESE, et
approfondissement des travaux sur le système fiscal marocain et son
impact sur le développement du pays

1. Réforme fiscale proposée par le CESE en 2012 : rappel des éléments


saillants
Le rapport du Conseil Economique, Social et
Environnemental de 2012, portant sur la fiscalité au
Maroc a, sur la base d’un diagnostic général du système,
proposé une réforme en faveur d’une politique fiscale,
levier de développement économique et de cohésion
sociale.
Celle-ci a été, déjà à l’époque, appréhendée comme une
réforme d’ensemble, devant porter sur la globalité du
système de prélèvements et de réallocation des
ressources, le système fiscal ne pouvant plus être isolé
des autres politiques publiques, notamment celles en
rapports avec le système de couverture sociale, ainsi que
l’orientation des dépenses publiques et particulièrement
celles qui vont vers le système de la compensation.
Il s’agissait de construire un système qui respecte les
grandes orientations du pays et qui soit au service des
stratégies économiques, sociales et environnementales,
en faveur de la création de richesses pérennes et
d’emplois de qualité.

Sept axes de la réforme fiscale proposée

La réforme de la fiscalité telle qu’elle a été définie concernait moins l’architecture générale -
pour laquelle il a été recommandé de consolider le système autour des trois grands impôts
que sont la TVA, l’IR et l’IS, que les textes l’encadrant dans le détail et la pratique fiscale au
quotidien.
Il a été également recommandé, sans aller dans le détail, que les taxes locales soient
simplifiées, et leur base de calcul harmonisée.

Page 69
Figure 5 : Zoom sur les sept axes retenus pour la réforme fiscale

Les principales recommandations de la réforme ont été articulées selon les sept axes
suivants :

Une fiscalité qui s’articule de manière forte avec les autres


I. Justice
dimensions des politiques publiques pour répondre aux
sociale
objectifs de performance économique et de justice sociale

Objectifs : lier la politique fiscale aux questions ayant une incidence sur la politique de
recettes de l’Etat, et par voie de conséquence sur sa politique fiscale, dont celles relatives à
la caisse de compensation, ou encore au financement des différentes caisses de solidarité
ou de péréquation, et enfin à l’importante question de la couverture sociale.
Finalités : dégager des économies substantielles pour l’Etat, qui peut permettre une réforme
profonde de certains impôts qui pèsent lourd sur le tissu économique et par conséquent sur
le développement, et dégager des ressources pour les différentes caisses de solidarité, sans
continuer à alourdir ou à complexifier les prélèvements.

Une juste répartition de la charge fiscale et l’appui au pouvoir


II. Pouvoir
d’achat des classes pauvre et moyenne
d’achat

Objectifs : pour des raisons d’équité et d’égalité devant l’impôt, une batterie de mesures a
été proposée, parmi lesquelles : la fiscalisation du secteur agricole, notamment en ce qui
concerne les exploitations d’une certaine taille ; un rééquilibrage concernant l’IR, les
professions libérales, les commerçants, les intermédiaires, ainsi que tous ceux qui ont des

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revenus autres que les salaires et qui ne supportent pas dans la réalité la même charge
fiscale que les salariés ; l’alliage de la fiscalisation et de la généralisation de la couverture
sociale, par le rapprochement des bases de calcul de l’une et de l’autre ; l’organisation et
l’accès public à l’information concernant la répartition des impôts payés par les différentes
catégories socioprofessionnelles ; et l’indexation des tranches d’IR sur l’inflation de façon à
éviter l’érosion du pouvoir d’achat des classes moyennes par la hausse du coût de la vie.
Finalités : atténuation du sentiment d’injustice et amélioration de la perception d’égalité
devant l’impôt, et élargissement de l’assiette fiscale, en parallèle de l’amélioration de la
transparence des pratiques fiscales et de l’alignement des traitements faits aux contribuables
sur les mêmes bases.

III. Lutte Une fiscalité qui réduit les niches de rente et régule la
contre la spéculation
spéculation

Objectifs : envisager la mise en place d’un impôt qui cible le patrimoine non générateur de
richesse, comme le foncier non bâti ou non exploité, les habitations non occupées ou encore
les valorisations de patrimoine qui ne sont pas liées à des investissements.
Finalités : lutter contre la spéculation et favoriser la mobilisation des actifs nécessaires aux
circuits productifs, à travers des impositions du patrimoine, en plus de celles de ses revenus
– à envisager avec précautions et après de larges débats nationaux.

Une fiscalité qui encourage le secteur productif et


IV. Secteur
productif
l’investissement

Objectifs : orientations qui concernent essentiellement la TVA, à travers laquelle, quelle que
soit la politique de taxation et de taux que l’Etat retient, l’entreprise productrice ne devrait
supporter une TVA autre que sur la valeur ajoutée qu’elle créée. Aussi, toute entreprise qui a
un crédit TVA devrait être remboursée sans délai, de façon à ne pas la pénaliser par des
frais financiers indus, et ne pas obérer sa capacité d’investissement. Concernant les crédits
TVA existants, ils devraient être transformés en créance sur l’Etat, à rembourser sur une
période de 10 ans, éventuellement sans intérêt. De plus, il est question de faire que les aides
de l’Etat, sous forme de réduction ou d’exonération fiscale, soient équitables et profitables
pour le développement général du pays. Elles ne devraient pas créer d’effet d’aubaine, car
lorsqu’un secteur d’activité est trop soutenu, même pour de bonnes raisons, cela peut créer
un effet d’éviction sur les investissements, qui peuvent aller prioritairement à ce secteur, au
détriment d’autres secteurs parfois ayant plus de potentiel en terme de valeur ajoutée pour
l’économie et plus d’emplois, pouvant créer ainsi un effet de bulle dangereux pour
l’économie dans son ensemble.
A noter, pour ce qui concerne la recommandation relative au remboursement de la TVA,
qu’un système de rachat des arriérés de crédits de TVA par les banques a été mis en place
depuis février 2018, avec les caractérisations suivantes :

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Encadré 5 : Financement bancaire des arriérés de TVA, fiche signalétique
*Les sociétés récupèrent une partie de leur crédit TVA, contre le paiement aux banques
des intérêts correspondant aux montants débloqués, auxquels est appliqué un taux de 3,5%
– moins cher de 0.5 à 2.5 points, par rapport aux taux des lignes usuelles de facilité de
caisse.
*Les banques signataires développent une nouvelle offre commerciale, la récupération
du principal étant garantie par l'Etat et le client supportant les intérêts – même si le principe
de la neutralité de la TVA pour les entreprises implique que les sommes indûment retenues
par l’Etat doivent en principe leur être restituées sans délais, et sans qu’elles ne soient
obligées de supporter des intérêts.
*L’état bénéficie d’un échelonnement sur cinq ans, des créances qu’il doit aux
entreprises.
Il a également été retenu la clarification de l’Impôt sur les Sociétés, par le rapprochement
des pratiques fiscales de celles économiques de chaque secteur d’activité sur la base des
usages internationaux en la matière, ainsi que l’instauration de mécanismes annuels
d’évaluation des politiques de soutien afin de mesurer non seulement leur bien fondé, mais
également les effets qu’ils peuvent avoir sur le tissu productif et sur l’investissement dans
son ensemble. Enfin, il a été proposé de mettre en place une stratégie de soutien à
l’innovation et à la recherche et développement – via des mécanismes de crédit impôt
recherche notamment, qui ont montré leur efficacité de par le monde.
Finalité : revenir au principe fondateur de la TVA, à savoir sa neutralité pour le tissu
productif.

Une fiscalité qui permet de réduire le champ de l’informel, à


V. Réduction
travers un cadre favorable à l’intégration, en plus de la lutte
de l’informel
contre la fraude

Objectifs : porter l’attention non pas aux personnes qui ont une activité de survie, mais
plutôt aux circuits en amont qui les alimentent et qui constituent de vrais dangers pour
l’économie nationale (la contrebande, importateurs qui sous déclarent les marchandises
importées pour échapper à la TVA, circuits de distribution occultes qui échappent à tout
impôt, et producteurs qui lèsent leurs employés en ne les déclarant pas et par conséquent
en leur enlevant toute possibilité de couverture sociale). Des mesures de contrôle basées
notamment sur le suivi des factures sont de nature à mieux cerner les activités des
opérateurs et à diminuer sensiblement les pratiques de sous déclaration, de sous facturation
et de fausses factures.
Il faudrait appuyer toute démarche dans ce sens, par la lutte contre l’évasion fiscale et par la
suppression des abattements et avantages fiscaux n’ayant pas de justification économique
ou sociale.
Finalités : fonder une définition moderne de l’égalité des citoyens devant l’impôt, à travers la
lutte contre la concurrence déloyale des opérateurs qui exercent dans l’informel, avec de
gros chiffres d’affaires, et la mise en place d’un environnement économique qui suscite les
réflexes pour que s’opère naturellement le transfert des activités informelles vers la sphère
officielle de l’économie organisée, par la définition d’avantages suffisamment attractifs et
lisibles, procurés par la légalité.

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VI. Une fiscalité qui contribue équitablement au financement de la
Couverture couverture sociale
Sociale

Objectifs : envisager, en plus des prélèvements sur le travail, d’autres sources de


financement pour la généralisation de la couverture sociale.
Ainsi, dans le cadre des réformes touchant les retraites et les nouvelles couvertures
sociales, l’équilibre financier pourrait être trouvé, par un financement partiellement basé sur
la TVA qui doit être réformée en conséquence. Celle-ci devrait être restructurée pour passer
de 5 taux (0%, 7%, 10%, 14% et 20%), à 4 taux (0%, 10%, 20% et 30%), ce qui permettrait
de dégager des ressources à affecter à la couverture sociale et aux mécanismes de
solidarité. Le taux de 30% proposé concernerait de manière plus large les produits de luxe.
Les changements de taux de TVA vont certainement avoir des conséquences sur les prix
des produits. Aussi, est-il nécessaire que cette mesure d’ajustement des taux soit liée à celle
de la suppression des subventions des produits (compensation) et son remplacement par un
système d’aides ciblées.
Finalités : mise en place d’une fiscalité qui prend en charge partiellement le financement de
la couverture sociale afin de ne pas augmenter la pression sur les salaires et les coûts du
travail, tout en dégageant à l’Etat des ressources importantes qui permettent de mettre en
place des mesures nécessaires pour le maintien du pouvoir d’achat des classes moyennes,
en particulier par une prise en charge directe d’une partie du financement de la couverture
sociale.

Une fiscalité permettant d’instaurer un climat de confiance


VII. Climat de
confiance entre administration fiscale et contribuables

Objectifs : diminution de l’aléa fiscal par la publication des barèmes d’imposition pour
l’immobilier, la clarification des règles de détermination des résultats des entreprises, ou
encore la possibilité d’interroger l’administration fiscale préalablement à des opérations
d’investissement, d’acquisition ou de vente de biens. La clarification des règles de
détermination des résultats imposables, en concertation avec les secteurs d’activité
concernés, est également de nature à diminuer l’aléa fiscal pour les entreprises, et à
diminuer les litiges et les frustrations.
De plus, les recours contre les décisions de l’administration, et le pouvoir de redressement
de cette dernière devraient être davantage encadrés et supervisés par des organes
indépendants y compris de l’administration fiscale elle-même. Ainsi la réforme des instances
de recours, et l’encadrement du pouvoir de transaction de la Direction Générale des Impôts
constituent des pistes sérieuses d’amélioration du climat général.
Finalités : amélioration du climat de confiance entre l’administration fiscale et les
contribuables, qui passe nécessairement par une plus grande transparence, un équilibre des
pouvoirs et une meilleure lisibilité des règles, et par ricochet, amélioration du climat national
des affaires.

Page 73
L’analyse approfondie des principaux éléments qui caractérisent le système fiscal
national actuel, objet du présent état des lieux, devrait permettre de mettre en lumière
les avancées réelles, voire parfois des reculs par rapport aux objectifs recherchés à
travers les recommandations du CESE et des Assises Nationales sur la Fiscalité de
2013, et d’identifier le cadre de traduction concrète de ces recommandations, qu’il
s’agisse de la mise en œuvre d’une vision globale ou d’une accumulation (hors
programmation) de mesures spécifiques.

2. Focus sur les Assises nationales de la Fiscalité de 2013 : contenus et


principaux enseignements

Capitalisant notamment sur le rapport de 2012 du CESE sur le système fiscal


marocain, les recommandations retenues lors des Assises Nationales ont confirmé la
nécessité de se doter d’une vision claire au sujet du développement du Maroc, en
inscrivant la réforme fiscale dans le cadre d’une politique socio-économique globale.

Les Assises Nationales sur la Fiscalité, tenues les 29 et 30 avril 2013, ont eu pour objectif
d’évaluer le système fiscal et de mener une réflexion sur les voies de son amélioration, en
réponse aux défis socio-économiques nouveaux auxquels font face le Maroc. Articulées
autour de cinq panels thématiques, lesdites Assises se sont soldées par la formulation d’une
série de recommandations devant favoriser l'équité du système fiscal, la compétitivité des
entreprises et le civisme fiscal, dont l’essentiel est présenté ci-après.

Figure 6 : Panorama des panels constitutifs des Assises et des propositions


formulées

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Les propositions qui constituent la synthèse des débats et échanges qui ont marqué
les travaux de ces panels se présentent comme suit :

Panels

Premier panel Législation Fiscale et Equité


Structure des recettes fiscales
Assurer, à travers la nouvelle réforme fiscale, un rééquilibrage dans la structure des
recettes fiscales entre les impôts directs et indirects en vue de garantir la justice fiscale, et
instaurer un équilibre entre l’imposition du capital et celle du travail.

Rationalisation du système des incitations fiscales


Réduction progressive des distorsions concurrentielles induites par la multiplicité des
dépenses fiscales et des exonérations dont bénéficient certains secteurs.

Fiscalité du secteur agricole


Nécessité d’adopter une démarche progressive pour la fiscalisation de ce secteur, en
prenant en considération ses spécificités.

Réforme de l’impôt sur le revenu


Nécessité d’instaurer une justice fiscale pour les personnes physiques assujetties à cet
impôt, quelle que soit la source de leur revenu (capital ou travail) et de continuer à
rationaliser les taux de cet impôt, notamment ses taux libératoires et son barème progressif.
Impôt sur la Fortune
Mise en place d’un impôt frappant les investissements non productifs, tels que les terrains
non bâtis.
Deuxième panel Lutte contre la Fraude et appréhension de l’Informel
Mise en place d’une politique globale et concertée pour appréhender le secteur
informel ;
Mise en place d’un dispositif fiscal incitatif et approprié aux petites et moyennes
entreprises ;
Lutte contre la fraude et renforcement des moyens d’action de l’administration fiscale ;
Amélioration des travaux des commissions fiscales ;
Recouvrement efficace des créances fiscales.

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Troisième panel Système fiscal et compétitivité du tissu économique
Amélioration de l’environnement des affaires qui offrirait la visibilité nécessaire aux
opérateurs économiques à travers l’instauration d’un pacte de stabilité du système fiscal ;
Poursuivre la politique de la baisse de la pression fiscale et la rationalisation des règles
de détermination de l’assiette fiscale, susceptibles de contribuer au développement de la
compétitivité des entreprises dans le cadre d’une économie ouverte et concurrentielle aussi
bien sur le plan national qu’international ;
Mise en place d’une fiscalité en adéquation avec les capacités contributives des
entreprises ;
Procéder à une réforme globale du système de la TVA pour qu’elle puisse jouer
pleinement son rôle d’impôt neutre ;
Minimisation de l’impact fiscal sur les opérations de restructuration du tissu
économique en révisant la fiscalité applicable aux opérations de fusion-acquisition et
transmission des entreprises.
Quatrième panel Vers une relation de confiance et de partenariat avec le contribuable
Amélioration de la qualité de services aux citoyens, à travers la valorisation et la
poursuite des efforts déployés par l’administration fiscale pour améliorer la qualité des
services offerts au contribuable ;
Rééquilibrage de la relation de pouvoir entre l’administration fiscale et le contribuable
par l’encadrement du pouvoir d’appréciation de l’administration, et la clarification des textes
fiscaux ;
Amélioration des conditions du contrôle fiscal et de la gestion du contentieux ;
Amélioration de la communication de l’administration fiscale, en adoptant une
approche de communication plus ouverte sur les droits et obligations en matière fiscale,
ainsi que l’organisation et le fonctionnement de l’administration fiscale ;
Adoption d’un régime des sanctions permettant de réprimer plus sévèrement les cas de
fraude et de récidive et d’alléger les sanctions en cas de manquements anodins ;
Promotion de l’Ethique et des Principes de la Bonne Gouvernance, en définissant
clairement les responsabilités devant être assumées par les différentes parties prenantes.
Cinquième panel Régionalisation avancée, développement local et fiscalité
Propositions de voies de financement comme pistes de réflexion (affectation des
impôts fonciers au financement des projets locaux ; transfert de certains droits et taxes
d’Etat au profit des collectivités locales ; création d’un fonds spécifique destiné au
financement des projets de développement ; révision des critères de répartition de la TVA
entre les différentes collectivités locales).

Page 76
3. Rapprochement entre les recommandations du CESE en 2012, des Assises
2013 et les avancées fiscales réalisées sur la période de 2014 à 2018
Un rapprochement, qui prend en compte (i) les recommandations du rapport du CESE de
2012, (ii) celles des Assises de 2013 et (iii) les dispositions des mesures fiscales engagées à
travers les différentes Lois de Finances de 2014 à 2018, a été réalisé.
Pour ce faire, un travail de recensement des dispositions fiscales portées par les différentes
Lois de Finances depuis 2014 et d’évaluation de leur étendue pour en apprécier la portée, a
été engagé en amont du rapprochement avec le corpus des recommandations du CESE et
celles des Assises. L’objectif étant de pouvoir évaluer l’état de couverture desdites
recommandations et l'impact global de leur mise en œuvre par rapport à la profondeur des
recommandations initiales.

Illustratif

Voir en annexe 3, les éléments de détail du rapprochement réalisé, regroupés dans une matrice spécifique.

Méthodologie adoptée et principales conclusions


- Création de sous-rubriques thématiques, permettant à la fois de ventiler et de mettre
en correspondance les recommandations des Assises et du CESE, d’un côté et les
mesures fiscales des lois de finances de 2014 à 2018 de l’autre côté ;
- Evaluation de l’avancement de la mise en œuvre des recommandations du CESE, en
vue d’en actualiser les principaux contenus, selon une triple classification, en fonction
de laquelle la mesure serait soit réalisée (partiellement ou totalement), soit non
réalisée, ou constitue une disposition qui traite du même sujet, sans pour autant
être conforme à la recommandation initiale, voire à contre sens de l’orientation
et de l’esprit des recommandations du CESE.

Synthèse quantitative et qualitative de l’exercice


Les recommandations issues du rapport du CESE de 2012 ainsi que celles formulées lors
des Assises Nationales qui s’en sont suivies, auxquelles ont participé l’ensemble des acteurs
concernés (DGI, CGEM, fédérations, commissions des finances des deux chambres
parlementaires, CESE, centrales syndicales, etc.), constituent aujourd’hui le référentiel pour
évaluer la politique fiscale du gouvernement ainsi que l’action de l’administration fiscale. Un
certain nombre de recommandations issues de ces Assises sont mises en œuvre depuis
2014 (et même par anticipation pour certaines dans la loi de finances de 2013).

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 En termes quantitatifs

A. Normes, procédures et simplification des pratiques fiscales


Contrôle fiscal
Simplification Encouragement de
Auto entreprenariat & Litiges & gestion du
Clarification Transparence l'investissement Lutte contre la fraude,
Fluidification de Fiscalité en faveur des contentieux
Rubriques Elargissement & Digitalisation
l’économie
Suppression des
TPME Sanctions
l'informel et l'évasion
Equilibre des Dématérialisation frottements fiscaux fiscale
pouvoirs Structuration d'entreprise Commissions fiscales
& recours
LFs 2014-2018
92 mesures
30 mesures 21 mesures 1 mesure 16 mesures 3 mesures 13 mesures 8 mesures
CESE 2012
27 recommandations
1 1 1 1 1 7 6 3 6
B. Types d’impôts / prélèvements
TVA
Fiscalité du patrimoine
Rubriques IS IR Processus en faveur de TSAVA TNB Epargne / Retraite Fiscalité de groupe Fiscalité locale
sa neutralité
LFs 2014-2018
43 mesures 4 mesures 5 mesures 21 mesures 1 mesure 3 mesures 6 mesures 4 mesures 0 mesure
CESE 2012
37 recommandations 5 1 3 1 1 4 4 1 6 4 1 1 5
C. Mesures sectorielles
Construction
Immobilier Formation
Rubriques Système bancaire Logement Agriculture
Logement social Emploi
LFs 2014-2018
14 mesures 0 mesure 9 mesures 2 mesures 3 mesures
CESE 2012
16 recommandations 1 1 3 8 2 1
D. Mesures sociales
Rubriques Monde associatif Couverture sociale
LFs 2014-2018
2 mesures 2 mesures 0 mesure
CESE 2012
3 recommandations 2 1
E. Mesures transverses, d’ordre général
Rubriques Neutralité de la fiscalité Système de dépenses budgétaires Système d’informations
LFs 2014-2018
0 mesure 0 mesure 0 mesure 0 mesure
CESE 2012
5 recommandations 2 1 1 1

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Du travail d’analyse des recommandations, il ressort que :
 32% propositions du CESE ont été retenues et engagées ou amorcées ;
 59% des pistes n’ont pas été suivies ;
 9% d’entre elles, correspondent à des dispositions qui traitent du même sujet, sans
pour autant correspondre à l’objectif initialement fixé.

Il importe de souligner que les recommandations du CESE se veulent à portée stratégique et


structurante, dans le cadre d’une vision globale et cohérente, seule capable de garantir
l’atteinte des objectifs cibles.
Les dispositions des différentes Lois de Finances quant à elles, sont dans une logique de
réponse à des problématiques spécifiques, souvent dans la progressivité, et représentent en
conséquence un nombre plus important.
Le rapprochement entre les recommandations du CESE d’un côté et les dispositions des
Lois de Finances de l’autre côté, met alors, plusieurs de ces dernières en face de chaque
recommandation, en cherchant la convergence et pour dégager le différentiel, afin d’établir
un état des lieux actualisé et objectif pour alimenter l’analyse la plus pertinente dans le cadre
de la présente étude et ses orientations majeures.
Cette analyse présentée en annexe 3 au présent rapport est détaillée par grands axes et
domaines pour en faciliter la lecture et l’exploitation. Lesdits domaines sont repris sur le plan
qualitatif ci-dessous.

 En termes qualitatifs
Les chiffres et les réalisations présentés ci-dessus relatent des avancées indéniables en
matière de politique fiscale. Néanmoins, il est à noter que lesdites avancées apportées par
les différentes Lois de Finances n’ont pas fondamentalement modifié ni les impacts sociaux,
ni la structure de l’économie nationale qui reste toujours peu diversifiée et avec une valeur
ajoutée qui continue à ne répondre ni aux vrais besoins de développement ni à son vrai
potentiel.
L’évolution observée de la fiscalité, malgré son importance, s’est faite hors programmation
lisible, au profit d'actions qui n’obéissent pas forcément à une feuille de route basée sur une
stratégie tracée et projetée sur le moyen et long terme (horizon 5,10,15 ans), accompagnée

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d’une priorisation, basée sur la recherche d’impacts structurels, et qui donnerait de la
visibilité à tous et à tous les niveaux (national, territorial, général/transverse, sectoriel,
international).
Plus concrètement, plusieurs dispositions fiscales ont été prises en charges dans le cadre
des Lois de Finances depuis 2014, et se présentent comme suit :

A. Normes, procédures et simplification des pratiques fiscales

La normalisation, l’évolution des procédures et la simplification des pratiques fiscales, ont


constitué un axe fondamental de la politique fiscale, particulièrement sur la période étudiée.
En effet, quantitativement, plus de 60% des dispositions prévues par les lois de finances
entre 2014 et 2018 prévoient des éléments portant sur ces différentes dimensions. En
termes qualitatifs, ces aspects ont concerné, notamment des mesures :

(i) Visant l’encouragement de l’investissement, les avantages et dépenses fiscales ;


(ii) Relevant de la gouvernance, permettant d’encadrer l’action de l’administration fiscale
dans ses relations avec les contribuables, en limitant notamment les marges
d’interprétation (obligation de la formalisation du début des travaux de contrôle fiscal
par le biais d’un PV contresigné par les deux parties ou encore la limitation de la
durée du contrôle à 3 ou 6 mois en fonction des cas) ; par la capitalisation sur la
jurisprudence ; par l’élaboration d’un référentiel des prix de l’immobilier et par la
dématérialisation des services fournis par l’administration ;
(iii) Aux fins de mieux cerner l’identification des entreprises (personnes morales et
personnes physiques) et par suite faire converger les procédures et les simplifier,
mais aussi pour favoriser l’intégration des entreprises dans les processus et secteurs
structurés, plusieurs mesures ont été mises en place, parmi lesquelles l’institution de
l’ICE ; l’institution du statut de l’autoentrepreneur ; la prorogation du délai de
prescription à 10 ans pour les non déclarants ; la limitation de l’usage de l’argent
liquide par le plafonnement des charges déductibles....
B. Types d’impôts / prélèvements

Les réalisations fiscales portant sur les types d’impôts et de prélèvements couvrent près de
30% des dispositions prévues par les lois de finances entre 2014 et 2018. En termes
qualitatifs, ces aspects ont concerné, notamment des mesures portant sur l’élargissement de
l’assiette visant la diminution de la pression fiscale, en particulier à travers l’institution d’un
barème progressif de l’IS ; l’application d’un droit de timbre additionnel sur les voitures lors
de la première immatriculation ou encore le lancement d’un processus d’élargissement
significatif du contrôle aux autres activités soumises à l’IR professionnel.

C. Mesures sectorielles

Les réalisations fiscales d’ordre sectoriel représentent 9% des dispositions prévues par les
lois de finances entre 2014 et 2018. La réintégration fiscale progressive du secteur agricole
ainsi que la suppression de l’exonération triennale des revenus fonciers en constituent les
principales mesures à retenir dans ce sens. Toutefois, au vu des chiffres enregistrés jusqu’à
ceux enregistrés au titre de l’exercice 2017, il y a lieu de questionner l’effectivité et
l’efficience de la réintégration du secteur agricole et du besoin de suivre cette mesure pour
qu’elle produise son effet à la hauteur du potentiel contributif dudit secteur.

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D. Mesures sociales & E. Mesures transverses, d’ordre général

Les réalisations fiscales d’ordre social à caractère transversal représentent, de manière


cumulée, moins de 2% des dispositions prévues par les lois de finances entre 2014 et 2018.
A travers ce constat, il apparait que la dimension sociale, et son corollaire couverture
sociale, pourtant fondamentales, ne sont à ce jour que faiblement prises en charge.
Ainsi, le système fiscal continue à être jugé insuffisamment incitatif, pouvant même
avoir des effets défavorables sur la compétitivité, au lieu d’être un levier favorisant la
productivité nationale. La TVA en particulier reste le domaine sur lequel il y a eu le
moins d’avancement structurel depuis les Assises, notamment en raison des choix
qui conditionnent le rythme de mise en application des décisions, alors même que ces
dernières ont un fort impact sur l’investissement et de manière générale sur l’activité
économique du pays.

IV. 2 – Principales conclusions et constats saillants à retenir,


représentatifs des limites actuelles de la politique fiscale marocaine

Plus de 80% des ressources de l’Etat sont aujourd’hui assurées par la fiscalité, et le
système présente d’importantes limites quant à son inélasticité. Cela n’est pas sans
rejoindre la question de la volonté réelle, accompagnée d’une approche audacieuse, de
lutter contre l’évasion et les fraudes d’une part, et contre les iniquités créées par le modèle
de développement en général et par le système fiscal lui-même en particulier – dépenses
fiscales, exonérations et réductions, d’autre part.
Dans son architecture générale, la configuration du système fiscal en vigueur au
Maroc présente les caractéristiques d'une fiscalité moderne basée sur des piliers (IS,
IR, TVA) largement connus et pratiqués dans les pays à économie libérale.
Paysage fiscal national : un vaste chantier de modernisation
 Un système fiscal essentiellement déclaratif, qui continue de souffrir du niveau de
spontanéité et respect des règles
Favorisation des procédés électroniques, télédéclarations et télépaiements
La plupart des impôts étant basés sur le principe déclaratif, ils supposent une initiative de
déclaration de la part des assujettis (IS, TVA, IR professionnel, foncier, droits
d’enregistrements, etc.). Les autres impôts, prélevés à la source (IR sur les salaires,
prélèvements sur les placements financiers), le sont sur une base également déclarative
par les organismes responsables des prélèvements (Employeurs, Banques, etc.).
Dans un environnement, où une part significative de la population des contribuables,
continue à être marquée par le manque de civisme fiscal, où la confiance entre
contribuable et administration fiscale, reste sujette à un grand débat, et où le système
déclaratif met cette dernière en situation de suspicion permanente vis-à-vis du
contribuable.
 Recours à la fiscalité comme levier d’incitation, soit à l’investissement de façon
transverse (charte de l’investissement, en ciblant des niveaux ou des natures
d’investissement), soit de manière plus spécifique, à l’investissement dans des secteurs
particuliers, tels que, à titre d’exemples, le logement social, l’export, l’offshoring, voire
même pour l’action sociale au profit de certaines associations / fondations. Pour cela, le

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système fiscal introduit des dérogations. Certaines de ces dérogations, dépenses fiscales
et niches qui peuvent être rentières et coûteuses, ne sont pas toujours à efficacité
économique avérée, et alimentent le sentiment grandissant d’iniquité fiscale et d’injustice,
favorisant l’accroissement des inégalités et altérant en conséquence la cohésion sociale.
Certaines peuvent induire des effets d’éviction en favorisant un secteur productif ayant
une plus faible contribution à la valeur ajoutée économique et sociale que d’autres. A
priori, ces dérogations peuvent même avoir l’effet inverse de celui recherché, si on
analysait leur impact dans le temps, à une échelle socio-économique plus large que celle
du seul secteur concerné par la mesure.
 L’instabilité réelle et perçue du système fiscal, à travers les multiples dispositions
introduites par les lois de finances
Dans la pratique, la fiscalité marocaine reste un domaine en perpétuelle réforme, dont
l’évolution s’effectue par à-coups. A l’occasion de chaque loi de finances, 20, 30 voire 50
mesures fiscales sont introduites, dans une logique certes, de soutenir la politique choisie
par le Gouvernement, avec des incitations économiques nouvelles ou pour répondre aux
soucis d’un secteur économique spécifique, ou d’une catégorie sociale. Mais à la longue
et en dehors d’une programmation stratégique et une priorisation rationnelle, cela remet
en cause le principe de la stabilité fiscale et le système est exposé à un risque majeur de
perte en lisibilité. Cette situation peut être accentuée par la doctrine administrative en
place, qui, via les circulaires de la Direction Générale des Impôts ou ses autres
publications, fixe la manière dont la loi doit être interprétée.
Toutefois, il y a lieu de souligner que, depuis la loi de finances de 2016, et surtout celle de
2017, il est à noter que beaucoup de mesures temporaires sont transformées en mesures
permanentes, ce qui donne plus de visibilité et de sécurité au système dans sa globalité.
Encadré 6 : Fiscalité appliquée aux biens d’héritage
Illustratif des possibles retours en arrière occasionnés par les programmations fiscales

Le présent cas est donné pour illustrer, dans le cadre actuel et en l’absence d’une
vision cohérente, traduite dans une programmation stratégique, les possibles retours
en arrière qui peuvent être observés :

Ainsi, la loi de finances de 2018 qui marque un recul sur certains points, dont celui qui
concerne l’amendement sur la fiscalité appliqué aux biens d’héritage.

Dans son rapport de 2012, le CESE a recommandé à ce sujet l’alignement de l’héritage sur
la donation, c’est-à-dire le même taux d’enregistrement et surtout le maintien de la valeur
d’acquisition initiale comme base de calcul pour la taxe sur la plus-value au moment de la
cession (recommandation introduite dans la LF 2013).

La loi de finances 2018 est revenue sur la disposition de la base de calcul de la valeur
ajoutée au moment de la cession et a introduit la valeur marché au moment de l’héritage, qui
consiste en l’effacement de la taxe sur toute la valeur construite entre le moment de
l’acquisition du propriétaire initial (pour beaucoup de fortunes, elle remonte à plusieurs
décennies) et le moment de son décès (date héritage). Cela représente des milliards de
dirhams (dette implicite au profit de la collectivité) abandonnés par l’Etat au profit de grands
héritiers. Ce qui représente une iniquité fiscale et un manque à gagner potentiel pour la
recette de l’Etat.

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Encadré 7 : Fiscalité des commerçants
Illustratif d’un recul du Gouvernement qui suscite bien des interrogations

Avec la transformation digitale et l’échange des données entre l’Administration de la douane


et l’Administration fiscale, la fraude et l’évasion fiscale deviennent plus compliquées, les
recoupements faisant ressortir automatiquement les anomalies. Plus est, l’Administration a
identifié un nombre important de contribuables potentiels, qui ne déclarent pas et ne paient
pas ou très peu d’impôts. Les opérations de contrôle menées par l’ADII, ont permis
d’identifier un certain nombre de marchandises non déclarées et qui sont écoulées sur le
marché. Ce qui fait le lien entre contrebande et évasion fiscale.
Selon les chiffres publiés dans la presse, plus de 280.000 entreprises identifiées ne
déposent aucune déclaration fiscale. Pourtant, 47.000 d’entre elles, émettent des factures
pour 53 MM DH en 2017. Ce qui donne une idée de l’ampleur du manque à gagner pour
l’Etat et par conséquent pour le développement du pays, avec en parallèle des possibilités
de baisse de la pression fiscale pour ceux qui sont en règle de leurs devoirs.

Dans le prolongement de ces initiatives de transparence, d’élargissement de l’assiette et de


simplification du contrôle aussi bien pour l’administration fiscale que pour le contribuable
(clarté des bases et recoupement digitalisé, favorisant un meilleur ciblage), la Loi de
Finances 2018 a ramené une disposition fiscale instaurant l’obligation de la facturation
électronique, avec numérotation et sur des séries continues, en plus de l’Identifiant Commun
de l’Entreprise (déjà en place depuis 2017), lors des transactions commerciales et des
mesures douanières de contrôle.
Cette disposition a suscité une vive réaction auprès des commerçants de plusieurs villes, qui
ont exprimé leur colère contre ces nouvelles mesures fiscales. Certains d’entre eux allant
même jusqu’à suspendre leurs activités pour faire entendre leur voix, alors même que cette
disposition ne concerne pas, à la base, les petits commerçants de détail, qui sont soumis au
forfait.
En marge de ces mouvements, les positions et déclarations qui ont été prises, montrent la
fragilité qui pourrait guetter la construction d’un système fiscal, transparent, lisible et fondé
sur le principe de l’équité et de la justice sociale. Cela interpelle sur la nécessité d’assurer
une réforme qui mobilise l’ensemble des citoyens autour de leur droit de voir chacun
assumer son devoir et de contribuer à la hauteur de ses capacités contributives.

Un système fiscal encore perfectible notamment (i) en matière de répartition de la


charge fiscale et (ii) dans le sens de la simplification pour une meilleure gestion et une
meilleure perception de l’impôt (existence de taxes qui sont nombreuses mais dont
l’efficacité n’est pas avérée) :
 Le poids de la fiscalité ne pèse pas de façon équilibrée, ni sur les citoyens, ni sur
les agents économiques
Malgré les récents efforts d’élargissements, le sentiment général que le système est
inéquitable et injuste continue à être très présent et accentué par le fait que la pression
fiscale sur l’économie et sur le contribuable, reste vécue comme assez lourde. Elle l’est
parce que le système fiscal est le pourvoyeur principal des recettes de l’Etat et que
l’élargissement de l’assiette, qui n’est encore qu’à ses débuts, ne produit pas encore les
résultats attendus. En effet, le poids de la fiscalité ne pèse pas de façon équilibrée, ni sur
les citoyens, ni sur les agents économiques, dans le sens où :

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- L’IR repose pour l’essentiel sur les revenus des salaires des fonctionnaires et dans
les secteurs organisés, et pèse en conséquence essentiellement sur les classes
moyennes salariées.
- Le poids de l’IS reste supporté par une petite minorité d’entreprises. C’est un
indicateur en même temps de concentration de l’économie (surtout au niveau de
secteurs régulés et/ou rentiers) et de concentration de l’impôt. Il n’en demeure pas
moins que même pour les autres acteurs économiques, cet impôt ne résulte pas que
de l’activité et des résultats dégagés mais se trouve contraint par d’autres impôts et
par un niveau qui touche l’attractivité et la compétitivité.
- En plus de l’absence dans les faits de la neutralité totale de la TVA, celle-ci ne touche
pas de grands pans de l’activité économique, à cause de l’ampleur de l’informel. Des
circuits entiers, de production et surtout de distribution restent en effet en dehors du
champ de l’impôt, réduisant ainsi les recettes qui devraient être naturellement
dégagées de cet impôt et alourdissant par conséquence la pression fiscale supportée
par le secteur formel, et plus particulièrement sur les entreprises les plus
transparentes.
 La complexité du système fiscal, et la faible efficacité de certains impôts et
prélèvements

A l’arsenal fiscal national, se juxtapose une fiscalité locale qui présente des problématiques
encore plus profondes, de par sa complexité, son manque de cohérence, son inefficience et
la gouvernance peut efficiente qui l’entoure. Les taxes locales sont souvent jugées trop
nombreuses et encore plus inéquitables que les impôts appliqués au niveau national. Elles
sont pour la plupart assises sur des bases considérées inadaptées et les questions
d’assiette sont centrales et devraient faire l’objet d’une profonde réflexion.

Aussi, les règles appliquées à certains impôts n’étant pas toujours lisibles pour tous et par
tous, laissent souvent une marge trop large d’appréciation aux acteurs locaux et aux agents
des impôts. La relation entre l’administration fiscale et les contribuables reste ainsi, malgré
les efforts importants déployés pour son amélioration, encore et souvent conflictuelle. Aussi,
le fait que l’administration fiscale dispose quasiment du monopole de l’interprétation des
textes voire une extension souvent partiale dans leur application, lui donne un pouvoir jugé
exorbitant, d’appréciation, de redressement, dont encore beaucoup d’agents de
l’administration fiscale usent largement sur le terrain, ce qui renforce davantage le sentiment
général de méfiance et d’injustice, voire même qui alimente les justifications des fraudeurs
pour tenter de défendre leur incivisme fiscal.
De plus, malgré l’engagement fort du Maroc, notamment à l’occasion de la COP22, le pays
manque d’un dispositif complet de fiscalité environnementale et énergétique équitable, en
faveur des objectifs de développement durable, qui inciterait à la rationalisation de la
consommation des ressources naturelles et à la dépollution des rejets d’activités
économiques et domestiques (conformément aux dispositions de la loi cadre 99.12 portant la
Charte Nationale de l’Environnement et du Développement Durable).

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V. Perspectives pour un système
fiscal, pilier pour le Nouveau
Modèle de Développement
Orientation générale : pour un nouveau système fiscal contribuant à un
développement en faveur de la création de Valeur Ajoutée Nationale, largement
Inclusif, et au service de l’Equité et de la Cohésion Sociale

Le Maroc se trouve aujourd’hui devant le défi majeur de construire les fondements d’un
Nouveau Modèle de Développement, capable de répondre aux besoins et attentes légitimes
de tous les citoyens et de leur assurer à tous le bien-être, dans un cadre de renaissance de
la confiance, de la cohésion et de l’équité sociales, conformément aux objectifs maintes fois
rappelés par Sa Majesté Le Roi Mohammed VI.

Le Conseil Économique, Social et Environnemental estime qu’un tel défi ne peut être relevé,
sans que soit engagée une réforme fiscale profonde et pérenne, avec ce qu’elle représente
comme leviers potentiels de mobilisation de l’investissement, d’élargissement de l’assiette et
par suite des ressources et des moyens d’actions pour l’Etat, dont la vision doit constituer un
des fondements solides du Nouveau Modèle de Développement cible.

En effet, tant au niveau des limites, mises en relief par le présent rapport en nombre et en
importance, qui caractérisent le système fiscal actuel et son environnement, qu’au niveau de
la densité et de la consistance des changements profonds, identifiés, et qui peuvent être
apportés, il devient nécessaire de repenser notre système fiscal, pour en faire un levier au
service d’un projet de société capable d’unir tous les marocains dans l’harmonie et le bien-
être commun. Un système fiscal fort et inclusif, articulé autour d’intérêts partagés par le plus
grand nombre plutôt que l’accumulation de compromis et d’équilibres servant des intérêts
sectoriels et catégoriels.

Ainsi, le CESE ambitionne à travers ce rapport, d’apporter sa contribution à l’élaboration


d’une vision globale, audacieuse et cohérente, dans l’objectif d’édifier un nouveau système
fiscal capable de mobiliser un large front national pour la transparence et le civisme fiscal, au
profit du bien-être des générations actuelles et celles à venir. Le Maroc pourrait ainsi
répondre aux enjeux de compétitivité, en favorisant davantage la création de valeur ajoutée
nationale, qui s’inscrit dans la pérennité, la création d’emplois de qualité et l’inclusion sociale.

Cette ambition, la vision et les recommandations qu’elle sous-tend, constituent aussi la


contribution du CESE, aux Assises Nationales sur la Fiscalité, dont l’organisation est
confirmée pour le début du mois de mai 2019.

Le Nouveau Modèle de Développement voulu pour le Maroc de demain a des


ambitions fortes, à commencer par celles de sortir des constats et dépasser les
limites du modèle actuel

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Les limites et contraintes de notre modèle actuel de développement, rappelées à plusieurs
reprises dans les récents Discours Royaux, et particulièrement dans celui prononcé en 2018,
à l’occasion de la Fête du Trône, renvoient d’une part, à l’accroissement des inégalités
sociales et territoriales – précarisation, accroissement de la pauvreté et marginalisation de
certains territoires, et d’autre part, à la faible production de valeur ajoutée nationale – pour
l’économie et le développement, en pointant notamment la concentration du marché
économique, encore caractérisé par une faible base d’acteurs capables d’entrainer le
développement – notamment en termes de capacités et de nombre de PME.

« Accomplir des réalisations, corriger les failles et remédier aux problèmes économiques ou
sociaux, sont autant d’objectifs qui nécessitent une action collective, planifiée et coordonnée
entre les institutions et les divers acteurs. […] Il importe de dépasser les différends
conjoncturels, […], de renforcer le climat de confiance et de sérénité au sein de la société et
toutes ses composantes.
[…]
"L’ampleur du déficit social et les modalités de réalisation de la justice sociale et territoriale
sont parmi les principales raisons qui nous ont incité à appeler, dans le discours d’ouverture
du Parlement, au renouvellement du modèle de développement national.
[…]
Nous insistons en outre sur la nécessité d’une mise à jour des programmes
d’accompagnement destinés aux entreprises, en particulier ceux visant la facilitation de leur
accès au financement, l’accroissement de leur productivité, et la formation et la mise à
niveau de leurs ressources humaines.
[…]
Le but recherché est bien de rehausser la compétitivité de l’entreprise marocaine, de
renforcer ses capacités exportatrices, et d’accroître son potentiel de création d’emplois. Une
attention particulière doit être portée aux petites et moyennes entreprises qui représentent
95% du tissu économique national.
[…]
L’entreprise productive a aujourd’hui besoin de davantage de confiance de la part de l’Etat et
de la société. C’est la voie à travers laquelle l’investissement pourra retrouver le niveau
souhaité, et l’attentisme délétère cèdera la place à une dynamique marquée par la
prépondérance d’un esprit d’initiative responsable et d’innovation ».
Extraits du Discours de Sa Majesté du 29 Juillet 2018, prononcé à l’occasion de la Fête du Trône

Dans ce contexte, le présent rapport, sans préjuger de ce que sera le Nouveau Modèle de
Développement, anticipe, sur la base des contraintes et des biais que ledit modèle devrait
corriger et faire dépasser, à savoir :
 Assurer la transparence et l’effectivité de l’application des règles à tous, dans le cadre
de l’équité et de l’égalité ;
 Réorienter le système de création de valeur vers l’économie productive ;
 Favoriser l’innovation et la montée en charge dans la chaîne de valeur ;
 Réduire les déséquilibres sociaux et territoriaux ;
 Densifier le tissu économique, libérer les énergies et favoriser l’émergence d’une
nouvelle génération d’acteurs socio-économiques.

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Mettre au service du Modèle de Développement cible, un nouveau système fiscal
Huit principales orientations pour dépasser les contraintes mises en lumière et bâtir le
nouveau système fiscal cible

Les travaux à la base du présent rapport, articulant état des lieux et analyse combinée des
facteurs structurels d’ensemble, ont abouti à une conviction partagée selon laquelle la
réforme souhaitée du système fiscal, ne peut atteindre ses objectifs qu’à travers une portée
globale et multidimensionnelle.
Cette conviction est traduite à travers une vision globale et ambitieuse, qui intègre en son
sein le corpus de recommandations développé ci-après, avec ses dimensions stratégiques,
institutionnelles, réglementaires, et organisationnelles, structuré selon une logique
d’articulation forte, de complémentarité, de cohérence d’ensemble et de recherche
d’amplification des impacts.
Une stratégie qui se veut intégrée et articulée aux niveaux national et local, co-construite et
portée par tous les acteurs et cherchant à bénéficier de l’adhésion la plus large.
Ainsi, parmi ces recommandations, certaines vont dans le détail et ont une portée pratique et
concrète, quand elles sont applicables particulièrement à court terme, alors que d’autres,
relèvent davantage de règles d’orientation stratégique ("règles d’or"), qui sont de nature à
encadrer et à garantir la préservation de la cohérence et de la force de la réforme globale,
qui est à inscrite dans la durée.
La réforme proposée a une logique qui n’est pas celle de traiter et d’assurer l’équilibre entre
des intérêts sectoriels et catégoriels, mais plutôt de mettre en place un cadre favorable à la
convergence d’intérêts partagés par le plus grand nombre.
Cela participe fondamentalement à la construction du pacte fiscal ambitionné, lui-même à la
base d’un pacte de confiance, et constitue une dimension incontournable pour pouvoir
prétendre à un Nouveau Modèle de Développement.

Page 87
L’ancrage de cette réforme tient compte du cadre de référence régissant la matière fiscale
avec, en tête, la consécration dans le texte constitutionnel du principe d’égalité devant
l’impôt. Les articles 39 et 40 de la Constitution, qui mettent en avant les facultés
contributives, la solidarité et la contribution proportionnelle aux moyens, sont en effet le
fondement normatif de l’équité fiscale29, celle-ci devant constituer le socle et le principe
normatif premier de toute la réforme fiscale.

A la référence constitutionnelle, s’ajoutent les différents discours royaux qui ont insisté sur
l’impératif d’orienter les politiques publiques vers plus d’équité sociale, en corrigeant les biais
du modèle de développement actuel, tels que présentés ci-dessus.

Enfin, les référentiels internationaux, y compris leur évolution projetée, constituent également
des besoins de convergence et des points d’ancrage forts, dont les transformations
pourraient, en fonction de leur assimilation et l’anticipation de leur prise en charge, être
porteuses de nouvelles perspectives pour notre système fiscal, dans le sens de la prise en
compte de la tendance internationale de révision des grands principes de la fiscalité à
l’échelle mondiale, qui contribue à éliminer les cloisonnements des fiscalités nationales et à
aller vers des principes qui deviendraient universels, et qui permettraient de ne pas pénaliser
des pays au profit d’autres.

I. Un système fiscal considérant, dans leur globalité, les prélèvements fiscaux et


sociaux et leurs corollaires en termes de redistribution et de solidarité.

Le Conseil Economique, Social et Environnemental, considère que le système fiscal cible


devrait constituer un des éléments forts du socle nécessaire à la construction du nouveau
modèle de développement. Pour cela, sa conception et sa mise en place devraient l’inscrire
dans une articulation forte avec les autres axes des politiques publiques, en respectant deux
principes majeurs qui devraient être observés en parallèle à la mise en place du système
fiscal cible, à savoir :
 Créer plus de visibilité pour la structure des recettes, mais aussi plus de clarté quant à
l’orientation de leurs usages et par conséquent, la gestion des dépenses publiques,
qu’il convient de mettre fortement et prioritairement au service des objectifs
stratégiques du Nouveau Modèle de Développement.
 Les droits liés à la couverture sociale, ne peuvent rester exclusivement liés à l'emploi.
Ils devraient être à l’avenir généralisés et assurés de manière universelle pour
l’individu, sous différentes formes, tout le long de son parcours dans la vie de Citoyen.
Pour la généralisation du système de la protection sociale, il ne s’agit pas
d’abandonner les prélèvements actuels sur le travail, mais de les renforcer par de
nouvelles sources, notamment à partir de l’impôt.

29
Est développée en annexe 4, une analyse spécifique réservée au lien entre l’équité et les principes de l’égalité
et de la capacité contributive.

Page 88
« La Conférence générale de l’OIT réaffirmant que le droit à la sécurité sociale est un droit
de la personne, reconnaissant que le droit à la sécurité sociale est, avec la promotion de
l’emploi, une nécessité économique et sociale pour le développement et le progrès ».
« Reconnaissant la responsabilité générale et principale qui incombe à l’Etat de donner
effet à la présente recommandation, les Membres devraient appliquer les principes
suivants : universalité de la protection, fondée sur la solidarité sociale ; non-discrimination
; inclusion sociale ; etc. ».
« … les socles de protection sociale devraient comporter des garanties élémentaires de
sécurité sociale. Ces garanties devraient assurer au minimum à toute personne dans le
besoin, tout au long de la vie, l’accès à des soins de santé essentiels et une sécurité
élémentaire de revenu qui ensemble garantissent un accès effectif aux biens et services
définis comme nécessaires à l’échelle nationale ».
Conférence générale de l’Organisation internationale du Travail,
Recommandation n°202 concernant les socles de protection sociale, 2012.

Aussi, les prélèvements obligatoires dans leur globalité, d’un côté, et les besoins de
financements des aides sociales et d’une couverture sociale de qualité, généralisée à
tous les Marocains, de l’autre côté, ne peuvent plus être abordés de manière séparée et
exigent une approche globale, intégrée et rationalisée. Cette dernière doit prendre en
considération, en même temps, l’ambition et les moyens financiers à mobiliser pour
l’atteindre et le poids desdits prélèvements obligatoires (impôts, cotisations sociales,
taxes, redevances, …), qui pèse essentiellement sur les employés, les ménages et le
tissu productif.
La fiscalité doit en conséquence s’inscrire dans une logique d’ensemble, encourageant
l’investissement et l’emploi, et contribuant directement au financement de la couverture
et des aides sociales notamment.
De par son caractère transverse, lié à la consommation et touchant la plus grande
frange de la population, la TVA constitue l’impôt qui se prête le plus à cette logique de
contribution à l’effort national de solidarité, pour atténuer son effet sur le pouvoir d’achat
et pour assurer les financements nécessaires au soutien de la population qui en a le
plus besoin. Le CESE considère qu’il y’a lieu de réserver à terme, deux à quatre (2 à 4)
points de TVA, à verser dans un fonds de solidarité sociale qui servirait notamment à
contribuer au financement de la couverture et des aides sociales. Les modalités de
programmation de cette affectation, devant prendre en considération, l’évolution de
l’assiette et de la progression de la stabilisation du système de neutralité totale de la
TVA.
Il convient de rappeler que le rapport du CESE de 2012, sur la fiscalité, avait intégré certaines
recommandations parmi celles présentées ci-dessous, qui sont en rapport avec cette même
dimension, et qu’il y a lieu de consolider avec les objectifs et recommandations susmentionnés.
Mesures proposées dans le Système de prélèvements obligatoires et de
rapport du CESE de 2012 réallocation des ressources
Transférer une partie du financement de la couverture sociale sur l’impôt pour ne pas alourdir
trop le coût du travail.
Poursuivre le traitement de la couverture sociale pour pouvoir mieux appréhender la base
fiscale, pour les professions libérales, les commerçants et les agriculteurs.
Traiter la problématique de la couverture sociale en parallèle des mesures concernant la lutte
contre l'informel et l'évasion fiscale.

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II. Définition d’un pacte fiscal de confiance, qui suscite l’adhésion et consacre la
lisibilité, l’accessibilité et l’acceptabilité du système fiscal cible.

La réussite de tout système fiscal, nécessite de lui assurer une adhésion la plus large et par
conséquent, une fluidification de son application et une garantie de ses impacts, bénéfiques
à la dynamique du développement. Un tel pacte fiscal repose sur deux composantes
complémentaires :
 La première, visant à consacrer la lisibilité et l’accessibilité du système fiscal à tous,
par la simplification, la communication et la vulgarisation auprès des citoyens, de ses
fondements, de ses règles, de ses impacts et de ses projections. Les données
fiscales et toutes celles relevant du pacte associé, doivent être rendues accessibles,
notamment en application de la loi sur le droit d’accès à l’information ;
 La seconde, consistant à institutionnaliser le partage et l’impact des fruits de son
élargissement.
L’élargissement de l’assiette fiscale est devenu aussi bien une affaire de justice et d’équité,
de plus en plus, réclamée par les citoyens, qu’une problématique de recettes pour l’Etat et
de pression fiscale pour les contribuables. C’est pourquoi, il convient d’acter, à l’occasion de
cette réforme fiscale, une démarche qui permet d’aboutir à une simplification des bases de
taxation, et à leur uniformisation, aussi bien entre impôts nationaux, qu’avec les impôts
locaux, ce qui rendrait leur appréhension et leur application, non seulement plus juste mais
plus large, aussi bien au niveau national, qu’au niveau local, et plus acceptable par une
grande majorité.
Cette démarche a pour ambition de faciliter la maitrise du système fiscal dans sa globalité,
en automatiser dans une large mesure l’application, de limiter les marges de lecture et
d’appréciation et de fluidifier en conséquence le contrôle en le rendant naturellement plus
ciblé vers les risques importants d’évasion et de fraude fiscales.
Ces bases d’imposition, ainsi conçues, doivent être adossées à un système qui les
sanctuarisent, et qui rend le choix de nouvelles bases, soumis à un processus
institutionnalisé de validation, qui en limite la démultiplication et en préserve les fondements
et la clarté.
Par ailleurs, l’adhésion souhaitée, suppose que toutes les catégories de la population se
trouvent intéressées par les évolutions et les retombées de la réforme, pour faire profiter le
plus grand nombre des fruits de la performance, à travers :
 L’élargissement, de manière rationnelle, du domaine d’application de la TVA sur les
produits de luxe, dans l’objectif de mettre davantage à contribution les personnes qui en
ont la capacité (avec des taux additionnels de 10% à 20%, comme c’est déjà le cas pour
les voitures considérées de luxe).
 L’application d’un impôt réduit, forfaitaire pour les activités qui sont caractérisées par leur
faible revenu pour alléger la charge et la complexité sur cette catégorie de contribuables
(à titre indicatif : 1.500 à 4500 DH annuel en fonction de critères représentatifs de la
réalité économique des activités : situation géographique, nature de
l’activité/superficie,…). A cette fin, il y a lieu de mettre en place le cadre qui permettrait
de définir et de cerner ces activités (dont le petit commerce de proximité, les artisans,
autres services, …), qui seraient, à leur choix, soumises à cet impôt forfaitaire et
exemptées de toutes autres taxes ou redevances. A cette catégorie, serait ouverte

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l’adhésion à la couverture sociale, et serait assurées des mesures de protection contre
toutes les formes de difficultés voire d’abus. Elle bénéficierait, gratuitement, des services
de tenue de comptabilité adaptés et de systèmes de gestion pour leur permettre
d’optimiser leur activité, dans la transparence et évoluer vers une structuration de plus en
plus efficiente.
Une étape intermédiaire à horizon cinq ans, pourrait être prévue, pour assurer en
concertation avec les représentants de ces activités, une évaluation sur leur maturité et
statuer sur la possibilité de leur passage à la déclaration au réel. Lequel passage pourrait
être anticipé, au choix de chacun, individuellement et à tout moment.
Parallèlement, il y a lieu de faire évoluer le statut d’auto-entrepreneur, pour qu’il prenne
en considération la réalité économique, avec des possibilités d’intégrer aux cotés de
l’auto-entrepreneur, quelques emplois (2 à 3 emplois) ; d’englober les métiers d’artisans,
et d’assurer le soutien nécessaire pour bénéficier d’une comptabilité utile à la
structuration, l’optimisation et l’évolution de leur activité, en perspective, à terme, qu’ils
puissent eux aussi faire des déclarations au réel.
Un tel dispositif est de nature à contribuer significativement au traitement de l’informel, en
en sortant cette catégorie qui en constitue la masse aujourd’hui ; et libérer les énergies et
les horizons pour traiter le reste de l’informel qui relèverait dans ces conditions de la
fraude et de l’évasion fiscale.
 La contribution à la construction d’un système viable de couverture sociale universelle et
de qualité, telle que développée ci-haut, en prévoyant en plus, les aides aux populations
les moins nanties ;
 Le soutien du pouvoir d’achat pour la classe moyenne, dont l’élargissement représente le
socle de consolidation du développement de toute société, à travers :
 L’introduction d’une fiscalité des ménages, plus favorable, pour alléger le poids sur
les foyers, avec élargissement de la déductibilité aux personnes à charge, de
manière modulée et en tenant compte de la présence de personnes à besoins
spécifiques dans le foyer.
 La mise à disposition d’allocations familiales plus en phase avec la réalité
économique des familles, dont celle liée au financement de l’éducation des enfants.
Dans le prolongement de cette logique d’intéressement et d’adhésion de toutes les
catégories de la société à la dynamique de cette réforme, il est proposé d’institutionnaliser le
partage des « fruits de l’élargissement », selon une ‘règle des trois tiers’. Dans ce cadre,
toute augmentation des recettes fiscales supérieure à 3%, considérés comme nécessaires
au maintien des équilibres macro-économiques et à l’évolution tendancielle du financement
des politiques publiques, sera affectée comme suit :
 1/3 (un tiers), comme montant additionnel pour consolider le budget de financement
général des politiques publiques ;
 1/3 (un tiers) versé à travers un engagement par la force de la loi, au fonds social déjà
mentionné plus haut (lequel fonds fait l’objet d’autres sources de financement, parmi
lesquelles les 2 à 4 points de TVA cités plus haut) ;
 1/3 (un tiers) devrait servir à baisser les taux, aussi bien de l’IR que de l’IS, pour
permettre de baisser la charge fiscale sur les contribuables, citoyens et agents
économiques.

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A travers ces engagements, l’ensemble des catégories de la population, seraient
intéressés, alimentant ainsi la dynamique et l’attractivité du système fiscal et par
conséquent, le soutien au Nouveau Modèle de Développement du pays.

III. Un pacte fiscal qui nécessite de compléter l’arsenal fiscal pour qu’il réponde aux
objectifs d’efficience et d’équité.

L’adhésion au pacte fiscal, que la réforme veut aussi fort que naturel, nécessite d’installer le
sentiment d’équité, basé sur le principe constitutionnel de la contribution de tous à hauteur
des capacités de chacun. Ce sentiment ne peut être complet, tant que l’arsenal fiscal
n’englobe pas la dimension de taxation juste et rationnelle du patrimoine.
C’est pourquoi, il importe de compléter l’orientation stratégique fondatrice de l’architecture du
système fiscal, en y intégrant le traitement de l’impôt sur le patrimoine, avec des mesures à
très court terme et d’autres qui nécessitent approfondissement de la réflexion, et projection à
moyen terme.
Pour cela, il y a lieu de distinguer le patrimoine productif, générateur par ailleurs de revenu et
donc d’impôt, du patrimoine non productif pour la collectivité, qui non seulement ne contribue
pas à l’impôt, mais peut être générateur de charge pour la collectivité.
La taxation du patrimoine non productif englobe notamment le foncier qui n’est pas dans le
circuit productif, ne rentrant ni dans le cadre d’un investissement productif, ni d’une
exploitation économique génératrice de revenu et d’impôt (il s’agit notamment des terrains
non bâtis, des biens immeubles non occupés ni en principal ni en location, …).
Ce type d’impôt qui pourrait aussi avoir comme effet d’entrainement, l’incitation à intégrer les
biens en question dans le circuit productif, devrait tenir compte des éléments de conjoncture
(à encadrer par des textes réglementaires), et prévoir en conséquence une suspension
ponctuelle de l’application de la règle, pour les cas de zones à activités réduites, ou de
secteurs en phase de difficulté.
De même, il y’a lieu d’établir un recensement de l’ensemble des biens fonciers concernés
par toute extension urbaine et de définir la plus-value latente qui résulte de leur intégration
au périmètre urbain. Sur cette base, 50% de la valeur de ladite plus-value latente est inscrite
comme droit de l’Etat sur chacun des biens concernés, notamment au niveau des titres
fonciers, quand le bien est immatriculé à la Conservation Foncière. L’encaissement de ce
droit par l’administration fiscale, au moment de la cession du bien, est reversé à hauteur de
30% du montant encaissé, à la commune concernée par l’extension urbaine et 30% au profit
de la région qui abrite ladite commune.
Aussi, il est recommandé d’étendre la dimension impôt sur le patrimoine, à certains biens de
luxe, connus comme signes ostentatoires extérieurs de richesse, tels que les yachts, les jets
privés, les voitures de luxe ou les chevaux de course, biens mobiliers mais non productifs
pour l’économie, …
Par ailleurs, cette réflexion sur l’impôt sur le patrimoine, ne peut être complète sans avoir
englobé la dimension de l’impôt sur la succession par héritage. En effet, comme présenté
plus haut et développé à l’occasion de l’encadré 6 du présent document, la loi de finances de
2018 est revenue sur la disposition de la loi de finances de 2013, elle-même en alignement
avec une recommandation du rapport 2012 du CESE, et qui avait pour objet d’aligner le taux
d’enregistrement et la base de calcul de la valeur ajoutée au moment de la cession, sur ceux
de la donation. Le recul marqué par cette disposition de la LF 2018, en contradiction avec le

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principe d’équité, a introduit la valeur marché au moment de l’héritage, comme base de
calcul de la plus-value, pour les transactions futures.
A ce titre, il y a lieu dès la loi de finance 2020 de rétablir l’alignement fiscal de la succession
et de la donation et particulièrement pour que la base de calcul de la plus-value en cas de
vente d’un bien hérité, soit celle de l’acquisition initiale et non celle du moment du décès.
Si cette disposition permet à court terme de sortir d’une atteinte lourde à l’équité et au
principe de contribution ajustée aux capacités de chacun, la réforme concernant le traitement
fiscal de l’héritage, devrait être poursuivie, par la taxation de ce patrimoine une fois par
génération, tout en protégeant, d’un côté, les "petits" héritiers (ex. exonérer une habitation
familiale principale, un bien de production vivrière, une valeur forfaitaire qui reviendrait à
chacun des héritiers – 1 MDh) et de l’autre côté, instaurant un impôt plus conséquent, en
conformité avec les capacités contributives, pour le reste des fortunes, au moment du
passage par héritage.

L’arsenal fiscal cible, mérite d’intégrer aussi la dimension de la dynamique


associative et celle de la fiscalité verte.

 La mise en œuvre des recommandations du CESE portant sur la fiscalité des


associations, telles que proposées à l’occasion de son rapport de 2016, portant sur le
‘Statut et dynamisation de la vie associative’, afin que le monde associatif puisse jouer
pleinement son rôle d’encadrement et de contribution à l’intérêt général. Il est important
que le système fiscal puisse jouer positivement son rôle dans la consolidation des
capacités des associations et l’incitation à leur structuration et à leur implication, dans la
transparence.
Ledit rapport de 2016 avait intégré les recommandations suivantes qui sont de nature à être
consolider avec les objectifs et recommandations susmentionnés.
Mesures proposées dans le
Fiscalité des associations
rapport du CESE de 2016
Adopter le plan comptable spécifique aux associations et intégrer dans son préambule les
critères de bonne gouvernance (tenue régulière des assemblées générales avec validation
des rapports annuels d’activité et financier ; réunions des instances dirigeantes
conformément aux statuts; tenue d’une comptabilité ; respect du code du travail…).
Exonérer fiscalement, au titre de l’IS et de la TVA, les activités économiques des
associations intéressées à la chose publique, qualifiées de non lucrative selon les critères
en usage définis par la règlementation fiscale (gestion non intéressée de l’association,
caractère non concurrentiel de l’activité et de ses conditions d’exercice), sous réserve du
respect des règles de bonne gouvernance qui auront été édictées par le plan comptable.
La réglementation fiscale précisera la liste des documents à joindre aux déclarations pour
attester du respect de ces exigences.
Prévoir une imposition réduite forfaitaire de 20 % en matière d’impôt sur le revenu frappant
les rémunérations soumises à un taux supérieur, versées par les associations intéressées
à la chose publique, à leurs salariés.
Exonérer les associations des droits d’enregistrement et de timbre.
Permettre aux donateurs (personnes physiques et personnes morales) de faire des dons
déductibles de leurs impôts (IS ou IR), aux associations intéressées à la chose publique,
même si elles ne sont pas RUP, et ce dans la limite d’un seuil du chiffre d’affaires du
donateur ou de son revenu, seuil qui sera défini par voie réglementaire.

Page 93
 Le verdissement de la fiscalité, implique un renforcement dans le temps du système
fiscal cible par la dimension ‘durabilité’, qui constitue un des éléments essentiels
d’orientation du nouveau modèle de développement. Une dimension détaillée dans la
suite du document, à travers des recommandations aussi bien pour le niveau national
que pour le niveau local, et qui représentent autant de facteurs qui soutiennent l’ambition
de faire du Maroc, une « Usine verte régionale ».
La conjonction de l’ensemble de ces mesures participe à l’installation du pacte fiscal et, par
ricochet, au renforcement du pacte social lié, établit l’équité constitutionnelle souhaitée,
fondée sur le respect des capacités contributives de chacun, pour installer durablement le
sentiment que l’effort est porté par tous et au profit de tous, générations actuelles et à venir.

IV. Consécration de la vocation et du rôle de chaque type d’impôt dans une logique
de clarté, de cohérence globale et d’intégrité du système.

Le pacte fiscal ainsi complété, mérite à ce que le système fiscal cible, puisse consacrer
définitivement la vocation et le rôle de chaque type d’impôt, pour assurer lisibilité et
efficience de mobilisation.

Il devrait assurer une contribution, indépendante du cadre qui est à la base de la génération
de la base imposable. Un contribuable devrait pouvoir choisir librement d’organiser son
activité dans le cadre juridique qui lui convient le mieux. Ainsi, être imposable au titre de l’IR
ou de l’IS, ne devrait pas impacter le montant à payer.

Pour la réforme fiscale en cours, l’architecture générale actuelle du système, basée sur les
trois grands principes – IR, IS et TVA, amène depuis la réforme du milieu des années 80, de
la clarté et une orientation moderne du système fiscale national. Si son maintien comme
base pour toute réforme fiscale, ne soulève pas d’interrogation, il est toutefois recommandé
de ramener les fondements des piliers de ce système à leurs principes de base, dans une
logique de clarté, de cohérence globale et d’intégration du système, à savoir :

 Neutralité totale de la Taxe sur la Valeur Ajoutée


La TVA, comme exposé plus haut dans le présent document, continue de représenter
l’impôt le plus décrié par les agents économiques. La poursuite de sa réforme est
aujourd’hui une nécessité pour restaurer le principe fondamental de sa neutralité totale,
préserver la trésorerie de l’entreprise, assurer un développement cohérent du secteur
productif formel et relancer l’investissement. Sa simplification requiert la réduction du
nombre de taux applicables dans le droit commun (0% ; 10% ; 20% et taxe de luxe
additionnelle 10-20%) et la clarification des règles de rattachement à un taux plutôt
qu’un autre.
Il convient de rappeler que le rapport du CESE de 2012, sur la fiscalité, avait intégré les
recommandations suivantes qui sont en rapport avec cette même dimension, et qu’il y a lieu de
consolider avec les objectifs et recommandations susmentionnés.
Mesures proposées dans le
TVA & processus en faveur de sa neutralité
rapport du CESE de 2012
Passer à trois taux de TVA, un taux normal à 20%, un taux réduit à 10%, en plus du
taux à 0%, légitime (pour les produits de première nécessité, bénéficiant d’une
exonération, et qu’il s’agit d’identifier selon des critères clairs et ne souffrant d’aucune
ambiguïté). Dans ces conditions, le taux 0% ne devrait plus être considéré comme une
dérogation mais devrait rentrer dans la norme

Page 94
Prévoir un taux additionnel (de 10% à 20%) de TVA sur les produits de consommation
de luxe, tel que présenté ci-haut.
Réexaminer la liste de l’ensemble des produits pour les reclasser, sur des bases
objectives, au niveau de la nouvelle grille.

 Application de l’Impôt sur le Revenu de manière équitable à tous les revenus, et


en réelle corrélation avec les capacités contributives de chacun
La réflexion portant sur l’Impôt sur le Revenu se fonde sur les principes de rationalité et
d’équité au niveau des taux applicables, tout en œuvrant à préserver la simplicité du
système y afférent.

Il est important de développer les moyens et outils pour appréhender les revenus là où
ils sont générés et d’en assurer la couverture la plus large, par l’impôt. Condition sine
qua non de l’élargissement équitable, de la réussite de la réforme fiscale et de celle du
renouveau de notre modèle de développement, de manière encore plus générale.

Dans le cadre de l’élargissement, de la baisse de la pression fiscale et du soutien du


pouvoir d’achat, une adaptation de la grille applicable, devrait être faite en plus d’une
indexation, tous les trois ans, sur l’inflation.

 Application de l’Impôt sur les Sociétés, progressif, calculé sur la base des
résultats économiques, en évitant tout frottement fiscal sur les investissements
En conformité avec les principes cités plus haut, il convient d’éliminer les complications
et les risques de divergence d’application et d’appréciation des bases de calcul des
résultats et de l’impôt qui en découle. Aussi, il est important de faire évoluer les plans à
la base des comptes comptables pour qu’ils deviennent la seule référence en matière de
calcul de l’impôt sur le résultat. Ces plans comptables, en évitant toute complexité,
devraient intégrer les réalités économiques et les spécificités réelles des activités
sectorielles.

Ces plans (bases comptables et fiscales), devraient converger à termes vers l’adoption
des normes internationales.

Par ailleurs, dans le cadre du traitement des dépenses fiscales et considérant que la
production nationale est confrontée à la concurrence, autant sur le marché local que sur
les marchés à l'export, il convient de faire évoluer dans un horizon de 4 à 5 ans l'Impôt
sur les Sociétés, selon un barème progressif global et adapté, bénéficiant de la baisse
de la pression fiscale escomptée, et ce, sans distinction entre le chiffre réalisé en local et
celui à l'export.

Les appuis et facilitations pour l'accès et le développement des activités liées à l'export,
notamment pour les PMEs, devrait se faire autrement (renforcements des capacités,
mise en place d'outils de marketing, de promotion, de positionnement, de financement
des projets dans les pays cibles, renforcement et réorientation de la diplomatie
économique, ...) et en ayant recours plutôt au levier budgétaire.

Page 95
Le rapport du CESE de 2012, sur la fiscalité, avait intégré plusieurs recommandations en relation
avec cette même dimension, et qu’il y a lieu de reprendre ci-après, d’actualiser et de consolider.
Mesures proposées dans le
Impôt sur les Sociétés
rapport du CESE de 2012
Clarifier les textes pour la fixation du résultat imposable (provisions, taux de chute ou de
pertes, prix de transfert, etc.), à réaliser avec les différents secteurs d’activité. Même si la
réflexion est avancée à ce sujet, il y’a lieu de définir des mesures concrètes en ce sens
pour aboutir à une clarification, résultat d’une convergence entre représentants des
opérateurs économiques et administration fiscale.
Aligner les pratiques fiscales pour les professions organisées selon des lois spécifiques
et selon une comptabilité spécifique, sur les modalités du plan de compte concerné
(provisions, durée d’amortissement, placements etc.)
Le renforcement en matière d’IS progressif avec des taux (actuellement 10%, 20%, et
31%, 37%) appliqués selon le montant des bénéfices nets fiscaux réalisés. Ce qui devrait
répondre à la progressivité, mais également pour assurer plus d’équité et de solidarité
fiscale, en faveur des petites et moyennes entreprises. Prévoir une baisse, notamment
les taux les plus élevés, de manière corrélée à l’élargissement de l’assiette et en tenant
compte des recettes de TVA qui devraient retrouver un rythme stabilisé (suite à
l’application de la neutralité et aux remboursements du passif).
Cette logique de l’impôt progressif, devrait être aussi un moyen de soutenir la masse des
TPME et contribuer à rendre le secteur formel plus attractif pour les acteurs dans
l’informel.
Poursuivre la revue de la fiscalité de groupe pour rendre plus simple les regroupements
d’activité, les apports d’actifs à une activité ou les séparations d’activité. Pour cela,
commencer par définir précisément ce qui est entendu par ‘fiscalité de groupe’, consistant
à consolider l'ensemble des résultats fiscaux des sociétés d'un groupe – la société
holding détermine le résultat d'ensemble imposable à l'impôt sur les sociétés et paie
l'impôt dû par le groupe intégré fiscalement. Aussi, le CESE préconise de lier pour un
groupe la possibilité de bénéficier de la fiscalité de groupe comme proposé ci-avant, à la
nécessité de payer l’IS sur le résultat consolidé, étant entendu que les résultats
déficitaires ne seraient pas consolidés mais garderaient dans l’entité juridique où ils ont
été enregistrés la possibilité de report.
Alors que certaines dispositions fiscales mises en place depuis 2012 ont abouti à une
augmentation de la cotisation minimale qui est devenue non récupérable, ce qui est
contraire à l’esprit de la recommandation formulée par le CESE à l’époque, le Conseil
propose d’abandonner cette cotisation minimale, au terme d’un processus qui donnerait
plus de maîtrise des bases et des activités. Dans l’intervalle, il est de nouveau
recommandé, de prévoir une cotisation minimale plus faible mais dont le taux augmente
progressivement en fonction du nombre d’années où l’impôt payé correspond à la
cotisation minimale, tout en tenant compte du cas particulier des secteurs dont la marge
est règlementée. Les taux suivants peuvent être retenus : 0% pour les trois premières
années ; 0,5% pour les deux années suivantes et 1% à partir de la 6ème année jusqu’à la
10ème année. Puis 2,5%.

 Application de la TIC de manière objective et rationalisée


Etablissement et respect des règles à travers lesquelles un produit serait soumis à la Taxe
Intérieure de Consommation (parmi les critères devant être fixés et soumis à la mesure
fondée, on peut citer : les impacts sur la santé, sur l'environnement, sur la consommation
d’énergies non renouvelables,...).

Le nouveau système fiscal devrait cadrer la création de toute nouvelle taxe pour
préserver clarté, lisibilité et efficience.

Page 96
Au même titre que les bases d’imposition, la création de nouvelles taxes et impôts ne
peut se faire sans qu’elle ne s’inscrive dans une conformité avec les orientations et
les principes de la présente réforme proposée, et doit faire l’objet d’une validation,
selon un processus formalisé et institutionnalisé, qui protège le système dans sa
globalité, des risques de perte en lisibilité, en clarté et en efficience.

V. Un système fiscal en faveur de la sortie de la prédominance de la rente, et au


profit de plus de création de valeur pérenne pour l’économie, et d’emplois en
nombre et en qualité.

A. Des avantages orientés vers une création de valeur mesurable.

La révision des conditions d’instauration d’incitations, y compris celles destinées à


l’investissement, constitue un prérequis vertueux qu’il convient de considérer, pour réduire la
prédominance de la rente et éviter les effets d’éviction préjudiciables à une réelle dynamique
de développement.
Pour cela, il y a lieu d’assoir un cadre rigoureux et précis qui permet d’orienter les avantages
de manière maîtrisée vers les activités créatrices d’emplois en nombre et en qualité et
génératrice de valeur ajoutée nationale qui s’inscrit dans la pérennité et dont la pertinence et
les impacts sont mesurables.
Le même cadre devrait permettre d’aiguiller les soutiens justifiés en fonction de leur nature,
vers des supports budgétaires à développer, avant d’envisager le levier fiscal, qu’il faudrait
préserver de la complexité. Pour tous les soutiens, budgétaires et fiscaux, l’analyse
maîtrisée et préalable des impacts est impérative. La mesure des impacts réels et donc la
validation de l’atteinte ou non des objectifs stratégiques assignés (chiffrés année par année
et non à la fin de la période), devraient devenir incontournables pour alimenter la décision du
maintien ou non de l’incitation conditionnelle. Des impacts à rechercher sur l’amélioration de
la production de valeur, la création d’emplois, la transformation écologique et digitale de la
société, le renforcement des capacités humaines et de l’expertise nationale, et
l’élargissement de l’économie sociale. L’évaluation de l’impact et sa mesure devraient aussi
concerner les risques d’éviction qu’une disposition pourrait induire de manière collatérale,
sur d’autres secteurs.
Tableau 22 : Intérêts et limites des dépenses budgétaires et des dépenses fiscales
Intérêt de recourir à une dépense Intérêt de recourir à une dépense
fiscale plutôt qu’à une dépense budgétaire plutôt qu’à une
budgétaire dépense fiscale
Faible : l’aide peut être à guichet Forte : le coût de l’aide peut rester
Maitrise budgétaire
ouvert en deçà d’un plafond donné
Etendue des L’aide concerne un grand nombre L’aide concerne un nombre restreint
bénéficiaires de bénéficiaires de bénéficiaires
Les conditions sont objectives et ne L’attribution de l’aide nécessite
Conditions
nécessitent pas l’intervention d’une l’intervention d’une administration
d’obtention
administration spécialisée spécialisée
Dépend d’informations non
Détermination du Ne dépend que de données
contenues dans les déclarations
montant de l’aide déclaratives fiscales
fiscales
Il n’existe pas d’administration en Il existe déjà une administration en
Distribution
charge de distribuer ce type d’aide charge de distribuer ce type d’aide

Page 97
Complexité et coûts faibles pour les Complexité et coûts élevés pour les
Gestion
services fiscaux services fiscaux
Calendrier
L’aide peut être accordée ex post L’aide doit être accordée ex ante
d’attribution
Le niveau usuel des contrôles L’aide nécessite la mise en œuvre de
Niveau des contrôles effectués par les services fiscaux est contrôles spécifiques en raison d’un
adapté risque de fraude élevé

Source : Rapport du Conseil des Impôts (France, 2003)

A la lumière de la refonte et l’élaboration de ce nouveau cadre, il y a lieu de mettre à plat les


dérogations, les niches rentières et les dépenses fiscales, pour n’en garder, à la sortie, que
celles qui répondent aux critères prédéfinis tel que souligné ci-haut et donc celles qui ont une
utilité économique et/ou sociale avérée et mesurable objectivement. Les autres dérogations
et niches fiscales devraient être abandonnées, surtout quand elles alimentent de nouvelles
formes de rente ou présentent des effets d’éviction sur des pans de l’économie nationale.
Il est recommandé en ce sens d’auditer toutes les dépenses fiscales pour les qualifier, puis
les filtrer selon la grille de ces principes.

Dans le sens de l’assainissement du passif des avantages fiscaux, pour une réelle
efficience, les dépenses fiscales doivent être limitées dans le temps et être évaluées :
(i) En amont (phase conception), avant l’entrée en vigueur, pour une anticipation/
prévision et planification des retombées ;
(ii) Dès leur adoption et tout le long de la période, selon des mécanismes de mesure
d’impacts et rapprochement avec les objectifs prédéfinis ;
(iii) A posteriori pour s’assurer de l’atteinte des objectifs escomptés sur toute la période.

B. Une corrélation entre le niveau de protection et le niveau de taxation.

Le système fiscal devrait s’orienter pour que plus un secteur est protégé sur le marché (du
fait de la nature de l’activité économique qui le caractérise), plus il est taxé ; à contrario, plus
un secteur est soumis à une rude concurrence aussi bien nationale qu’internationale - avec
ce que cela sous-tend comme investissements, innovation et développement de capacités -,
moins il est taxé et plus il est soutenu.

Il s’agit de déterminer les secteurs et activités bénéficiant de par leur nature d’un niveau de
protection (secteurs régulés et activités soumises à licences, …) induisant une restriction du
nombre d’acteurs rentrant en concurrence et permettant en conséquence de dégager des
chiffres et des marges conséquentes, pour définir en conséquence la surtaxe à leur faire
supporter en guise de contribution complémentaire à l’effort fiscal national. Ceci revient
notamment à élargir le principe de sur-taxation appliqué actuellement au secteur financier, à
l’ensemble des secteurs qui se trouvent dans des situations comparables.

Ce principe, mérite à être conjugué avec celui de la progressivité de l’impôt, pour que ladite
sur-taxation, soit appliquée aux dits secteurs et activités, dont les résultats se trouvent en
plus dans des tranches supérieures à un plafond donné (ex. 200 MDH).

Page 98
C. Un soutien significatif à l’innovation et à la R&D, devient un impératif de
développement.

Les mutations de plus en plus profondes, avec un rythme de plus en plus accéléré, imposent
à tous les pays et acteurs, de se positionner dans un monde totalement ouvert à une
concurrence ardue, où la compétition par l’innovation est devenue cruciale et incontournable.
Aussi, devient-il impératif de mettre en place des mécanismes de soutien et d’incitation pour
encourager l’innovation et la Recherche et Développement au sein du monde économique et
dans le milieu académique, ainsi que pour favoriser l’articulation, la complémentarité et les
passerelles qui devraient être facilitées entre les entreprises, d’un côté, et les universités et
les écoles de l’autre côté, sur base d’ouverture à de nouveaux modes de production et
d’accès au marché. Pour atteindre cet objectif, il convient de renforcer le processus par la
capitalisation sur les leçons des modèles qui ont réussi au niveau international, en
favorisant le soutien de la production de valeur à forte valeur ajoutée, et la montée en
gamme du couple capital humain et innovation comme avantage compétitif du pays, et en
retenant les solutions les plus adaptées à la situation marocaine. Ce soutien à la recherche
et à l’innovation devrait conduire à la fois à ouvrir de nouveaux marchés et à développer au
plan national de nouveaux modes de production.

Cette politique est un levier indispensable à l’évolution vers des productions à forte valeur
ajoutée, l’accroissement des emplois à forte qualification, et la prise en compte des normes
du développement durable. Elle doit aussi apporter aux instances de recherche
académiques un dynamisme et des ressources financières qui doivent permettre de mettre
en place un cercle vertueux entre développement universitaire, compétitivité du pays et
emploi des plus qualifiés.

Ces mesures enverraient un signal particulièrement fort pour tous les acteurs concernés,
ainsi que pour les investisseurs nationaux et étrangers : elles marqueraient le passage à un
modèle de développement fondé sur le Capital humain, l’économie du savoir, l’innovation et
le développement durable. Parmi elles, l’instauration du Crédit Impôt Recherche &
Innovation constitue un impératif urgent, à combiner avec d’autres mécanismes de soutien
de l’innovation et de la R&D, tel que développé ci-après. Celui-ci doit être remboursable aux
entreprises qui ne dégagent pas d’IS, pour lesquelles leur investissement en Impôt
Recherche et Développement doit être financé, et complété par d’autres dispositions de
soutien aux activités génératrices de valeur.

Le rapport du CESE de 2012, sur la fiscalité, avait intégré plusieurs recommandations en relation
avec cette même dimension, et qu’il y a lieu de reprendre ci-après, d’actualiser et de consolider.
Il faut aussi noter que ces recommandations ont été approuvées à deux reprises (2013 et 2018)
par l’Académie Hassan II des Sciences, lors de séminaires consacrés à ce sujet.
Mesures proposées dans le
Soutien à l’innovation
rapport du CESE de 2012
La mise en place du Crédit Impôt Recherche & Innovation, est à combiner avec une batterie de
mesures d’accompagnement, en termes d’apport de garanties publiques facilitant l’accès au
financement, en accès privilégié des TPME innovantes à la commande publique, en soutien au
développement des capacités pour le positionnement sur les marchés à l’export, devrait agir
comme catalyseur de la densification des acteurs, particulièrement dans certains secteurs à
fort potentiel et à fortes composantes technologiques et innovation

Page 99
Développement d’une fiscalité appropriée à l’Innovation et à la Recherche et Développement,
applicable à l’ensemble des acteurs du tissu économique, et qui requière principalement :
• De permettre la déduction de l’impôt des financements de brevets nationaux, tout en
étendant leur couverture à l’international par des outils financiers et fiscaux appropriés ;
• Permettre la déduction de l’impôt des financements des activités de recherche-innovation
stratégiques ou sensibles non nécessairement divulguées sous forme de brevet ;
• Défiscaliser les équipements de RDI servant à la mise en place de procédés industriels
nouveaux sur le marché ou complètement innovants (nouveaux matériaux, composants,
équipements, systèmes …).
Favorisation de l’intégration des chercheurs dans le monde économique, à commencer par la
défiscalisation des bourses des doctorants (à des hauteurs significatives : ex. 10.000 DH,
montant appelé à progresser dans le temps).
Favorisation de l’émergence et l’intégration des startups, et les accompagner par des outils.
fiscaux spécifiques.
Renforcement des mesures portant sur le soutien à la création de solutions plus adaptées aux
spécificités régionales et aux besoins des populations locales.
Création de vecteurs de mutualisation entre les entreprises pour mettre à profit les nouvelles
technologies et opérer leur transformation digitale.

VI. Un système fiscal favorisant le développement régional et local.

L’ambition du CESE, avec ces orientations et besoins d’adaptation, doit être adossée à une
déclinaison territoriale pour laquelle la Région doit être le maillon central en charge
d’assurer, dans la cohérence, cette déclinaison. C’est pourquoi, est mis en relief le rôle
central de la Région dans la conception et le portage de la réforme fiscale, en tant que
source et ancrage territorial, mais aussi, comme levier de rattrapage des déficits territoriaux
de développement, mettant à profit la consolidation du potentiel et des spécificités propres à
chaque région.

A. Procéder à une refonte en profondeur de la fiscalité locale, dans une totale


convergence avec la fiscalité nationale.

La réforme cible du système fiscal, intègre parmi ses principes fondamentaux, la refonte en
profondeur de la fiscalité locale, afin de consolider les bases réelles de recettes, avec
élargissement effectif, application fluide et sans lourdeur et garantie de couverture égale de
tous les contribuables : automatisation de la constitution des bases des contribuables et des
objets de contribution avec une très large convergence et une unification des bases avec le
niveau national ; éviter en conséquence les approches de recensement et reconstitution des
bases imposables. La réorganisation des impôts locaux, pourrait être envisagée selon une
ventilation sur deux impôts locaux principaux qui couvrent, pour le premier, les taxes en lien
avec l’habitation et, pour le second, ce qui relève de l’activité économique. L’objectif étant de
générer plus de ressources pour les collectivités territoriales et assurer simplification,
lisibilité, pertinence et cohérence, intrinsèque et avec la fiscalité nationale, et par conséquent
l’attractivité territoriale et la facilitation pour les citoyens, les acteurs et investisseurs.

Cette approche permettra par la même occasion de dépasser des aberrations, décriées par
tous, telle que celle de la taxe professionnelle qui s’applique sur l’accumulation des
investissements et la constitution de l’outil de production, ce qui la met en opposition avec
les principes d’encouragement de l’investissement, en évitant tout frottement fiscal.

Page 100
Les incitations pour le développement local, doivent également être orientées dans un
objectif de création de richesses, et pas seulement limités à celui de collecte de recettes.
Ces dernières verront leur assiette s’élargir et se renforcer naturellement par la dynamique
du développement.

B. Repenser la territorialité de l’impôt et lier les recettes de la Région à la


production de richesses sur son territoire.

Les régions et autres collectivités territoriales sont peu impactées aujourd’hui en termes de
recettes par la création de richesses sur leur territoire. L’essentiel des impôts générés par les
différentes activités économiques sont des impôts au niveau national qui alimentent d’abord
le budget de l’Etat et dont une partie est redistribuée aux collectivités sur des critères sans
relation avec l’effort fourni par chacune de ces collectivités pour favoriser et accompagner la
génération de ces richesses. Afin d’intéresser davantage les régions à attirer et
accompagner les investissements et d’être dans une dynamique davantage favorable à ceux
qui déploient le plus d’effort dans ce sens, il est nécessaire de créer un lien entre la
production de richesses sur un territoire et les recettes qui reviennent audit territoire. Un lien
devrait ainsi être établi en particulier entre une part des impôts directs (Impôt sur les
Sociétés et Impôts sur les Revenus) générés dans une région, et les reversements dont elle
peut bénéficier. Cela devrait encourager toutes les régions à améliorer le climat des affaires
chez elle et créer les infrastructures et les conditions à même d’attirer les investisseurs.
Cette recommandation d’institution d’un lien direct entre production de richesses et intérêts
financiers des collectivités territoriales, devrait aussi être au service de l’accélération du
rattrapage des distorsions du développement territorial. Elle suppose de faire valoir les
potentialités spécifiques de chaque région, avec une approche territorialisée, et que les
Régions soient dotées des pouvoirs les plus avancés et des moyens associés, leur
permettant de jouer pleinement leur rôle dans le cadre de leurs nouvelles missions.

Le rapport du CESE de 2012, sur la fiscalité, intégrait déjà plusieurs recommandations en relation
avec cette même dimension, qu’il y a lieu de reprendre, d’actualiser et de consolider.
Mesures proposées dans le
Refonte de la fiscalité locale
rapport du CESE de 2012
Améliorer la perception de la taxe d’habitation.
Supprimer la taxe professionnelle pour les contribuables, notamment ceux soumis à l’IS et
son remplacement par un financement alternatif pour les collectivités locales éventuellement
basé sur la même base que l’IS. Cette mesure devrait s’intégrer dans le cadre de la réforme
de la fiscalité locale qui devrait s’orienter vers deux taxes une pour l’habitat et une pour les
activités économiques
Mettre en place un financement (versé par l’Etat au profit des collectivités) basé sur l’IS et
l’IR, sur les profits immobiliers générés dans la collectivité de façon à assurer un lien entre
richesse créée dans la collectivité et les recettes fiscales reçues.
Réduire le nombre et simplifier les taxes pesant notamment sur certains secteurs (réduire à
2 taxes au lieu de 17).
Simplifier les bases de calcul des taxes locales, pour les adosser soit à l’activité soit au
résultat.

Page 101
C. Ancrer l’impôt dans la dynamique de la régionalisation avancée.

La fiscalité devrait contribuer à un rééquilibrage et une plus grande équité territoriale, en


faveur d’un rattrapage des déficits de développement observés sur des régions, voire des
localités. Pour ce faire, les collectivités territoriales doivent, désormais, avoir une
responsabilité forte, compatible avec la nouvelle organisation territoriale, l’étendue et la
nature des compétences qui leurs sont dévolues, et les exigences d’autonomie et de
responsabilité que requiert la libre administration des affaires locales par les collectivités
territoriales.
Il s’agit de sortir de la logique qui a prévalu dans la construction de la fiscalité locale et de la
structure des recettes des collectivités locales, au profit d’une logique basée sur des recettes
dynamiques et corrélées au développement économique local. Un développement qui
devrait trouver ses sources premières dans l’attractivité territoriale, mais aussi et surtout
dans la libération des énergies, les plus capables de valoriser les atouts et capacités locales
et de contribuer en conséquence à l’objectif de densification en nombre et en profils des
acteurs créateurs de richesse. Les critères d’équilibre et de péréquation globale entre les
régions et plus finement même entre les localités, devraient être pris en compte dans le
niveau d’appui et d’incitations à accorder.
L’objectif final étant de faire de la régionalisation avancée une composante structurante de la
réflexion autour de la construction puis du déploiement du système fiscal marocain (dans ses
deux composantes nationale et locale), servant par la même la restructuration des recettes
des collectivités locales, pour les rendre compatibles avec les pouvoirs que les régions
devraient assumer.

D. Favoriser le principe de péréquation et moduler l’approche des incitations


fiscales, avec un ciblage territorial.

La favorisation du principe de péréquation contribue à garder la cohérence d’ensemble de


régionalisation de l’approche, tout en renforçant l’attractivité des territoires, qui seraient dotés
d’une fiscalité attractive et associeraient aux activités productives les services nécessaires,
privés et publics.
Aussi, il est recommandé de moduler l’approche des incitations (taux fiscaux applicables ou
remboursements budgétaires), en faveur d’une discrimination positive au profit du rattrapage
des disparités de développement régional, d’origine géographique ou historique. En
conséquence, lesdites incitations doivent être modulables dépendamment de l’évolution et
de l’atteinte des objectifs de développement socio-économique, et plus fortes pour les
régions à besoins de rattrapage. Aussi, lesdites incitations doivent concerner en priorité
l’impôt lié au travail (IR des emplois effectifs sur le territoire) plutôt que ceux relatifs à la
consommation (TVA) qui requièrent une neutralité de par la circulation des produits de
consommation et ce qu’elle peut induire comme biais en cas de différentiation.
Il est à rappeler à ce titre que le CESE, dans son Rapport sur le Modèle de Développement
des Provinces du Sud, plaidait déjà pour la consécration des mécanismes permettant
d’assurer un développement équilibré des régions, à travers la capitalisation sur les atouts
régionaux et l’appui au rattrapage de développement, au profit des populations de ces
régions. Cette politique visant d’infléchir la tendance pour éviter le creusement des
inégalités, devrait s’appuyer sur un système de solidarité et de péréquation régionale.
L’exploitation optimale des ressources des Régions (intégrant la gestion et la répartition des

Page 102
ressources naturelles selon les règles de la durabilité et de l’équité en priorité au bénéfice
des populations locales, ainsi que la mise à profit des fonds dédiés au développement
régional et à l’équité régionale – Fonds interrégional, mécanismes d’incitation et de solidarité
– devraient permettre d’accompagner une évolution vers plus d’équité territoriale, basée sur
la consolidation d’une réforme fiscale, régionalisée, inclusive et intégrée.

E. Une fiscalité verte, nationale et territoriale pour contribuer à faire du Maroc, une
« Usine verte régionale »

Le Maroc s’est doté d’une politique ambitieuse de protection de l’environnement et de


production d’énergie propre. Cette politique est certainement une source d’opportunités,
aussi bien pour développer l’attractivité du pays, que pour générer de nouvelles activités.
L’anticipation de cette problématique au moment de l’aménagement de zones d’activités, en
dotant ces dernières des caractéristiques environnementales les plus avancées, permettrait
de bénéficier d’une rationalisation des coûts à travers l’effet échelle et en même temps
d’alléger les démarches d’investissement et d’améliorer l’attrait du Maroc pour le lancement
de nouveaux projets économiques, dans le cadre d’une vision intégrée du ‘Maroc Usine
Verte régionale’, La fiscalité, avec ses deux dimensions, nationale et locale, devrait jouer un
rôle direct, en support à cette ambition, qui est de nature à créer des activités à forte valeur
ajoutée et des emplois de qualité.

VII. Une gouvernance lisible et responsable, pour porter l’ambition du système fiscal
cible.

Pour que le système fiscal puisse jouer pleinement son rôle et que la réforme fiscale puisse
atteindre ses objectifs à court, moyen et long termes, il importe de remplacer la
réflexion/action conjoncturelle basée sur la succession des lois de finances par une réforme
stratégique, tracée sur un horizon temps plus long. Ce qui nécessite d’inscrire la démarche
dans une dynamique double, adressant à la fois les priorités et les réponses aux besoins
immédiats ainsi que les changements structurels et de fond, selon une approche qui s’inscrit
dans le temps pour consolider et fortifier le système dans une cohérence sans faille.
Il s’agit d’une réforme profonde qui doit s’opérer dans le cadre d’une démarche d’agilité
stratégique, garantissant à la dynamique d’ensemble d’être fondée sur la cohérence et la
convergence globale. Dès lors et à toutes les étapes, la matière fiscale ne devrait plus
souffrir d’ambiguïté, de divergences d’interprétation, d’application différentiée en fonction de
celui qui l’applique et/ou du contribuable concerné, et devrait s’opérer dans la clarté et la
transparence, en s’ouvrant à toutes les dimensions, et en s’adaptant à tous les
changements, y compris les plus avancées d’entre eux, comme la fiscalité du numérique.

Page 103
Encadré 8 : Optimisation fiscale et taxation internationale

Au fur et à mesure que les services transfrontaliers se développent grâce aux technologies
et aux moyens de communication modernes, il est nécessaire de faire évoluer la taxation
des entreprises qui réalisent un chiffre d’affaires important sur le territoire marocain, sans
pour autant être présentes physiquement dans le pays, et qui implantent leurs filiales dans
des pays où les impôts sont les plus bas. Il s’agit en particulier des géants du numérique,
appelés les « GAFA » (Google, Apple, Facebook, Amazon), mais également de toutes les
entreprises permettant les locations touristiques ou encore celles qui proposent des services
logiciels ou de distribution internationale.
Le Maroc doit donc préparer des procédures crédibles et réalisables pour adapter sa fiscalité
et capter une part des recettes sur ces services. Dans ce cadre, la dite évolution devrait
rejoindre les pays qui sont dans des situations similaires, pour pouvoir disposer des moyens
de négociations nécessaires vis à vis des multinationales concernées.

Par ailleurs, la réforme suppose l’institutionnalisation des cadres, des acteurs et de leurs
rôles respectifs, avec des responsabilités clairement définies et totalement articulées, tenant
compte de l’état actuel du développement et des contraintes et objectifs projetés, et qui
consacrent une gouvernance forte et transparente, inscrite dans une architecture claire et
lisible.
Cela préfigure aussi de la sortie de l’éclatement et de la multiplicité des intervenants, aussi
bien pour la fiscalité nationale que locale, avec une plus forte intégration, dans la
gouvernance et la gestion des deux dimensions.
Quelle que soit la simplification qui y sera apportée, le système ne pourra atteindre
l’efficience et la transparence escomptées, qu’en poursuivant la dématérialisation et en la
généralisant à l’ensemble des actes et traitements.

Une relation de confiance, fondée sur les deux piliers du civisme fiscal, et du respect
des droits du contribuable.

Le climat de confiance voulu repose sur deux piliers, le civisme fiscal d’un côté, et le respect
des droits du contribuable de l’autre ; la conjonction de ces deux dimensions qui s’alimentent
mutuellement est la garantie d’une amélioration de la relation entre l’administration fiscale et
le contribuable et de l’édification d’une culture fiscale comme partie intégrante de la
citoyenneté.

Sur cette base, et avec la poursuite du chantier de la dématérialisation, largement engagé, le


plus gros des efforts de l’administration fiscale devant être orienté vers l’amélioration des
services à valeur ajoutée et l’élargissement du périmètre des contribuables et de l’assiette en
conséquence.

La révision en cours du Code Général des Impôts, en marche et dans le circuit législatif,
constitue une initiative importante dont il faudrait maintenir l’effort, et qu’il convient de
compléter par des mesures qui garantiraient un meilleur équilibre dans la relation
administration-contribuable, et qui inciteraient à plus de transparence, tout en renforçant la
confiance et l’adhésion au système fiscal.

Page 104
Parmi ces mesures, les bases comptables, une fois normalisées, qui devraient intégrer la
télédéclaration. L’interconnexion entre les systèmes d’information comptables et les
systèmes de télédéclaration devrait en faciliter la mise en œuvre.

Aussi, l’identification des contribuables et la traçabilité, constituent en même temps une base
de facilitation des services aux contribuables, une fluidification de la communication des
données et une garantie de transparence et d’équité fiscale.

Pour atteindre une parfaite convergence entre les comptes comptables et les bases fiscales :

 A défaut d’une fusion, rapprochement entre le Conseil National de la Comptabilité, en


charge de la normalisation, et l’entité en charge de la lecture et de l’interprétation de
la doctrine fiscale.

 Un meilleur équilibre entre le contribuable et l’administration fiscale qui passe par :


 Une lecture unifiée et indépendante de la justice fiscale ;
 La publication de la doctrine fiscale, de manière consolidée, uniformisée et
accessible aussi bien en contenu qu’au niveau de la forme et de la facilitation de
naviguer aisément dedans, qui constituerait ainsi un référentiel unique et
accessible (incluant l’impact de toutes modifications législative/ réglementaire, de
toutes lectures et interprétations à travers les circulaires, les arrêtés, les
décisions, mais aussi le résultat de tout arbitrage de cas significatif qu’il y a lieu
de systématiser pour une égalité d’application des règles à tous les contribuables)
;
 En plus de l’accélération de la généralisation de la dématérialisation, évoquée
plus haut, il y a lieu d’investir dans l’extension de l’utilisation des technologies (Big
Data, intelligence artificielle, interconnexion des systèmes) à des fins d’analyse et
pour mieux orienter la maîtrise des risques de fraude, mieux appréhender le vrai
potentiel fiscal, ainsi que pour optimiser les processus et faire évoluer les
pratiques, dans l’intérêt des objectifs fixés.
Dans le même sens, la programmation du contrôle, pour qu’elle soit plus
pertinente et plus efficiente, devrait renforcer les moyens et les critères de
ciblage, pour rendre ce dernier entièrement automatisé et anonyme. En plus de
ce mode de ciblage, la programmation du contrôle, devrait inclure une part basée
sur un échantillon aléatoire dont la formation est elle-même automatisée et
anonyme.
 Une plus grande clarté et transparence du processus de contrôle, depuis la
transparence des règles du ciblage – comme évoqué dans le paragraphe
précédent, jusqu’à la garantie de l’équilibre dans la confrontation des positions
relatives aux motifs de redressement. L’établissement de ce cadre en phase de
contrôle, gagnerait à ouvrir la possibilité de bénéficier d’une étape de recours
supplémentaire, de conciliation, indépendant des parties en jeu (contribuable,
inspecteur, responsable hiérarchique direct) ;
 Une réduction de la marge d’interprétation et une responsabilisation personnelle
de l’agent de l’administration, vis-à-vis de motifs et des montants notifiés ;

Page 105
 Une pénalisation, à terme, de l’évasion et de la fraude fiscales, sous réserves
d’avoir éliminé les risques d’interprétation à la base de l’engagement d’une telle
procédure et la capacité d’établir des preuves irréfutables.
Une telle disposition qui renforce l’état de droit, de par ses répercussions, doit
être assortie des garanties d’assurer les conditions de sécurité juridique, de
présomption d’innocence, et des conditions objectives de défense des droits des
contribuables.
La réforme fiscale cible, qui s’inscrit sur la durée et se projette sur les moyens et
long termes, devrait amener la maturation des conditions nécessaires à
l’application adaptée d’une telle mesure.

Enfin, pour favoriser le développement d’une culture fiscale partagée par tous les marocains,
la dimension liée à la vulgarisation de la matière fiscale devrait être prolongée y compris au
sein du dispositif d’éducation et de formation, aux niveaux des écoles et des universités,
pour qu’elle devienne une matière assimilée et intégrée, y compris dans ses dimensions de
citoyenneté et de préservation des droits et des devoirs, et assoir, ainsi, une adhésion
naturelle au système en lui-même.

Le rapport du CESE de 2012, sur la fiscalité, intégrait déjà plusieurs recommandations en relation
avec cette même dimension, qu’il y a lieu de reprendre, d’actualiser et de consolider.
Mesures proposées dans le
Qualité de services rendus aux citoyens
rapport du CESE de 2012
Même si un certain nombre de dispositions contribuant à l’amélioration de la qualité de
services rendus aux citoyens ont été mises en place sur les dernières années, cela
demeure insuffisamment ressenti sur le terrain. Le CESE préconise de poursuivre le
chantier, de la simplification des pratiques fiscales, par le renforcement de la
dématérialisation déjà bien engagée, de la fiabilisation et la maîtrise des données fiscales,
de la simplification et la clarification des procédures, l’harmonisation des dispositions
fiscales, et l’amélioration au final des relations entre l'administration et les contribuables.

VIII. Une loi de programmation fiscale, pour sanctuariser la réforme.

De par l’importance et l’ampleur de la réforme proposée, pour l’ensemble des activités


économiques et ses impacts sociaux et environnementaux, il est fortement recommandé par
le CESE d’inscrire cette réforme dans une loi cadre de programmation fiscale, visant des
objectifs précis et spécifiés, priorisés et planifiés dans des horizons temps, court, moyen et
long termes.

En effet, pour lui en assurer les meilleures conditions de mise en place, y compris en tenant
compte des contraintes objectives, induites par le passif existant et des impacts potentiels
sur les finances publiques, sur l’économie, sur les intérêts installés, sur le contribuable et sur
la société de manière plus générale, il est proposé d’inscrire et de sanctuariser ladite réforme
dans une loi cadre de programmation fiscale, qui devrait être engagée sur une période
étalée sur 10 à 12 ans, avec des étapes et échéances clés de 3 années, visant à installer les
fondements dont les effets se renforcent avec le temps, pour atteindre les objectifs définis et
qui sont mesurables à la fin de chaque étape, non seulement en réalisations mais aussi et
surtout en impacts.

Page 106
Dans la pratique, cette loi de programmation devrait prévoir que les engagements soient
assurés dans les délais et conditions prévus et qu’aucune disposition fiscale ne puisse être
introduite par une loi de finances, que si elle s’inscrit dans la conformité et la convergence
avec les principes de la loi cadre projetée, et participe à la mise en œuvre effective de la
réforme.

La première étape, à échéance et impacts immédiats, pour les 2-3 ans à venir, est
indispensable pour la structuration du cadre et du socle fondamental de la réforme, à
commencer par la publication de la loi cadre en 2019 et ses premières mises en œuvre
concrètes à travers les lois de finances 2020 et 2021.

En conclusion…

Telles sont les orientations majeures que le Conseil Economique, Social et


Environnemental estime appropriées à la réforme du système fiscal national. Le CESE
entend porter sa vision, ainsi que les recommandations stratégiques qu’elles recèlent,
au niveau du débat national prévu à l’occasion des Assises Nationales de la Fiscalité
de 2019, entre tous les acteurs et parties prenantes. Un débat qu’il souhaite ouvert,
responsable et largement participatif.

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VI. Annexes
Annexe 1 : Eléments d’analyse portant sur la fiscalité locale30

a. Taxes au profit des communes urbaines et rurales


Sont instituées au profit des communes urbaines et rurales, les taxes suivantes :

Taxe professionnelle (TP)

Règles générales
Champ d’application : la taxe professionnelle (ex-impôts des patentes) s’applique à toute
personne physique ou morale, de nationalité marocaine ou étrangère qui exerce une activité
professionnelle au Maroc. La TP est établie sur la valeur locative des locaux et équipements
professionnels.
Le champ d’application de cette taxe se trouve réduit par des exonérations permanentes (35)
ou temporaires (3) ainsi qu’une réduction permanente de 50% accordé au redevables ayant
leur domicile fiscal ou leur siège dans l’ex province de Tanger. Cette taxe est assortie d’une
franchise lorsque son montant est inférieur à 100 Dhs.
Base imposable : la TP est établie sur la valeur locative (VL) annuelle brute des locaux
servant à l’exercice d’activités professionnelles ou toute forme d’exploitation imposables.
La VL ne peut être inférieure à 3 % du prix de revient des terrains, constructions,
agencements, matériel et outillages.
La valeur locative servant de base de calcul à la TP est limitée à la partie de leur prix de
revient égale ou inférieure à 50 millions de dirhams.
Taux applicable : la TP est déterminée en appliquant à la VL retenue les taux suivants :
Classe 3 (C3) ..................................................... 10%
Classe 2 (C2) ..................................................... 20%
Classe 1 (C1) ..................................................... 30%
Droit minimum : un droit minimum est perçu au titre de la TP variant entre 100 DH et 1.200
DH, selon qu’il s’agisse d’activités exercées dans des communes urbaines ou rurales.
La taxe dont le montant est inférieur à cent (100) dirhams n'est pas émise.

30
Références : rapport et étude produits par le Club Marocain de la Fiscalité.

Page 108
Difficultés d’application :
Les principales difficultés soulevées par la TP sont les suivantes :
♦ La TP frappe l’investissement chaque année (de manière déconnectée par rapport aux
flux financiers), et donc indépendamment de l’intensité de l’activité ;
♦ La TP pèse lourdement sur la trésorerie de l’entreprise avec un paiement en une fois ;
♦ Taxe discriminatoire et complexe, avec des tarifs et modalités d’application très variés et
un mode de calcul et fonctionnement souvent source d’erreurs et de réclamations, voire
de contentieux.

Taxe d'habitation (TH)

Règles générales

L’assiette de la TH est déterminée par l’article 23 de la loi 47-06 qui dispose :

« La taxe d'habitation est assise sur la valeur locative des immeubles, déterminée par voie
de comparaison par la commission de recensement. Cette valeur locative est fixée d'après la
moyenne des loyers pratiqués pour les habitations similaires situées dans le même quartier.
Lorsqu'une unité d'habitation est occupée par un ou plusieurs copropriétaires dans
l'indivision et qui versent un loyer aux autres copropriétaires n'occupant pas ladite habitation,
la valeur locative imposable est déterminée uniquement sur la quote-part revenant à
l'occupant de l'habitation. Le montant dudit loyer est passible de l'impôt sur le revenu.
La valeur locative est révisée tous les cinq ans par une augmentation de 2%. »
Le champ d’application de cette taxe se trouve réduit par des exonérations permanentes (8)
ou temporaire (1) ainsi qu’une réduction permanente.

Le tarif de la TH est fixé à l’article 27 de la loi 47-06 qui prévoit :

Les taux de la taxe sont fixés comme suit :

Valeur locative annuelle Taux

- de 0 à 5 000 dirhams ............................................................................. exonérée


- de 5 001 à 20 000 dirhams...................................................................... 10%
- de 20 001 à 40 000 dirhams ................................................................... 20%
- de 40 001 dirhams et plus ..................................................................... 30%

Difficultés d’application
 Fixation arbitraire de la valeur locative, en référence à des précédents ou des cas
exceptionnels de location à des tarifs élevés (ou pas assez élevés) pour en faire une
règle générale ;
 Le niveau des taux est jugé élevé, ce qui implique une tentation à la sous-estimation de
la valeur locative de manière fréquente ;
 Cas d’exonération et/ou de réduction qui rendent la gestion de la taxe complexe.

Page 109
Taxe de services communaux (TSC)

Règles générales

L’assiette de la TSC est déterminée à l’article 33 de la loi 47-06 qui dispose :

« La taxe de services communaux est assise :

a) en ce qui concerne les immeubles soumis à la taxe d'habitation et à la taxe


professionnelle y compris ceux qui bénéficient de l'exonération permanente ou temporaire,
sur la valeur locative servant de base au calcul desdites taxes ;

b) en ce qui concerne les immeubles non soumis à la taxe d'habitation, sur le montant global
des loyers lorsque lesdits immeubles sont donnés en location ou sur leur valeur locative
lorsqu'ils sont mis gratuitement à la disposition de tiers. »

Le champ d’application de cette taxe se trouve réduit par les exonérations de la TP et de la


TH, mais avec quelques exclusions.

Le tarif de la TSC est déterminé à l’article 36 de la loi 47-06 qui dispose :

« Les taux de la taxe de services communaux sont fixés comme suit :

- 10,50% de la valeur locative visée à l'article 35 ci-dessus, pour les biens situés dans
le périmètre des communes urbaines, des centres délimités, des stations estivales,
hivernales et thermales ;

- 6,50 % de ladite valeur locative pour les biens situés dans les zones périphériques
des communes urbaines ».

Difficultés d’application

 Taxe assise sur la valeur locative, qui présente les mêmes problèmes que la taxe
d’habitation ;
 Le paiement annuel.

Taxe sur les terrains urbains non bâtis (TTUNB) | Secteur immobilier

Règles générales

L’assiette de la TTUNB est déterminée à l’article 43 de la loi 47-06 qui dispose :

« La taxe est assise sur la superficie du terrain au mètre carré. Chaque fraction de mètre
carré étant comptée pour un mètre carré entier. »

Le tarif est fixé à l’article 45 qui dispose :

« Les tarifs de la taxe sur les terrains urbains non bâtis sont fixés, dans les formes et
conditions prévues à l'article 168 ci-dessous, comme suit :

Page 110
- Zone immeuble ...................................................................... 4 à 20 DH/m2 ;

- Zones villa, zone logement individuel et autres zones .......... 2 à 12 DH/m2.

La taxe dont le montant est inférieur à cent (100) dirhams ne fait l'objet ni d'émission ni de
paiement ».

Difficultés d’application

 Les articles 41 et 42 de la loi 47-06 mettent en place un grand nombre d’exonérations,


permanentes ou temporaires. A titre d’exemple il existe 23 exonérations permanentes ;
 Le recensement des terrains est inefficient, voire inopérant, alors même que de moyens
fiable existent pour aborder l’identification simple de ces terrains (enregistrement,
cadastre, cartographie,…) ;
 La taxe n’est matériellement payée qu’à l’occasion d’une cession ou que lorsqu’une
demande d’autorisation de construire est formulée, ce qui pose les éventuels problèmes
de recouvrement et de la prescription ;
 La taxe constitue une charge liée à l’existence de stock chez les promoteurs
immobiliers ;
 La taxe peut s’appliquer sur des terrains matériellement inexploitables (ex : non encore
accessibles, non raccordés aux réseaux, occupés par des bidonvilles,
inconstructibles,…) ;
 Le tarif est fixé dans une fourchette mais la pratique soit aligne le montant à régler sur le
plafond légal et dans tous les cas la fixation du taux n’est pas fondée sur des critères
objectifs et affichés.

Taxe sur les opérations de construction (TOC) | Secteur immobilier

Règles générales

L’assiette de cette taxe est fixée par l’article 53 de la loi 47-06 qui dispose :

« La taxe sur les opérations de construction est calculée sur la superficie au mètre carré
couvert. Chaque fraction de mètre carré étant comptée pour un mètre carré (m2) entier.

En ce qui concerne les constructions comportant des saillies situées sur le domaine public
communal, la superficie desdites saillies compte pour double pour le calcul de la taxe.

La taxe sur les opérations de construction est payable une seule fois lors de la délivrance de
l'autorisation de construire. »

L’article 54 fixe le tarif comme suit :

« Les tarifs de la taxe sont fixés, dans les formes et conditions prévues à l'article 168 ci-
dessous, au mètre carré couvert comme suit :

Page 111
- Immeubles collectifs de logements ou ensembles immobiliers, de 10 à 20 DH/m2 ;
immeubles à usage industriel, commercial, professionnel ou
administratif .................................................................................
- Logements individuels................................................................ de 20 à 30 DH/m2.

Un montant de cent (100) dirhams à cinq cents (500) dirhams est dû pour les opérations de
restauration prévue à l'article 50 ».

Difficultés d’application
 La TOC a un tarif légalement compris dans une fourchette, la plupart des communes
appliquant le plafond légal, et dans tous les cas la fixation du taux n’est pas fondée sur
des critères objectifs et affichés ;
 Le rendement de la TOC est insignifiant ;
 Cette taxe alourdit les procédures et les coûts.
 De plus, cette taxe doit être acquittée avant toute construction et toute commercialisation
par les entreprises.

Taxe sur les opérations de lotissement (TOL) | Secteur immobilier

Règles générales

L’assiette de la TOL est fixée par l’article 60 de la loi 47-06 qui dispose :

« La taxe est assise sur le coût total des travaux d'équipement du lotissement hors taxe sur
la valeur ajoutée. »

Le tarif est fixé à l’article 61 qui prévoit :

« Le taux de la taxe est fixé, dans les formes et conditions prévues à l'article 168 ci-dessous,
de 3% à 5% du coût total des travaux d'équipement du lotissement. »

Difficultés d’application

 L’assiette de la TOL est indépendante de tout flux financier et sujette à difficultés dans
sa détermination ;
 Le rendement de la TOL est insignifiant ;
 Cette taxe alourdit les procédures et les coûts.
 De plus, cette taxe doit être acquittée avant toute construction et toute commercialisation
par les entreprises.

Page 112
Taxe sur les débits de boissons (TDB) | Secteur Industriel et commercial

Règles générales

L’assiette de la TDB est déterminée à l’article 65 de la loi 47-06 qui dispose :

« La taxe sur les débits de boissons est assise sur les recettes, hors taxe sur la valeur
ajoutée, réalisées sur la vente des boissons à consommer sur place et effectuées par les
exploitants des établissements soumis à la taxe. »

Le tarif de la TDB est fixé à l’article 66 qui prévoit :

« Le taux de la taxe est fixé, dans les formes et conditions prévues à l'article 168 ci-dessous,
de 2% à 10% des recettes, hors taxe sur la valeur ajoutée, réalisées par l'établissement ».

Difficultés d’application

 Un rendement très faible ;


 Fondée sur une déclaration annuelle de recette à remplir spontanément. La forme et le
fait de devoir établir une déclaration distincte est un obstacle au bon recouvrement de
cette taxe.

Taxe de séjour (TS) | Tourisme

Règles générales

L’assiette de la TS est déterminée à l’article 72 de la loi 47-06 qui dispose :

« La taxe est due par personne et par nuitée selon les tarifs fixés pour les différentes
catégories d'établissements d'hébergement touristiques. »

Le tarif de la TS est fixé à l’article 73 qui prévoit :

« Les tarifs de la taxe sont fixés comme suit :

a) Maisons d'hôtes, centres ou palais de congrès et hôtels de luxe de 15 à 30 DH ;

b) Hôtels :

- 5 étoiles de 10 à 25 DH ;

- 4 étoiles de 5 à 10 DH ;
- 3 étoiles de 3 à 7 DH ;
- 2 et 1 étoile de 2 à 5 DH ;
- Clubs privés de 10 à 25 DH ;
- Villages de vacances de 5 à 10 DH ;
- Résidences touristiques de 3 à 7 DH ;
- Motels, gîtes, relais et autres établissements touristiques de 2 à 5 DH.

Page 113
Difficultés d’application

 Elle est l’objet d’un arbitraire important lors du recouvrement ;


 Elle fait l’objet d’une déclaration annuelle ;
 Elle pèse injustement sur les trésoreries des entreprises avec un paiement annuel, à
une période peu favorable pour la plupart des entreprises qui y sont soumises.

Taxe sur les eaux minérales et de table (TEMT) | Secteur industriel et commercial

Règles générales

L’assiette de la TEMT est déterminée à l’article 78 de la loi 47-06 qui dispose :

« Les eaux minérales et les eaux de table taxables sont les eaux de source ou de puits telles
qu'elles sont réglementées par la législation en vigueur relative à leur exploitation et à leur
vente ».

Le tarif de la TEMT est fixé à l’article 80 qui prévoit :

« Le tarif de la taxe est fixé à 0,10 dirham par litre ou fraction de litre des eaux minérales et
de tables devant être livrées à la consommation sous forme de bouteilles ».

Difficultés d’application

 Elle a un rendement très faible ;


 Elle est fondée sur la base d’une déclaration annuelle de recette à remplir
spontanément ;
 Elle est forfaitaire, et porte sur la production et non la vente, indépendamment des flux
financiers.

Taxe sur le transport public de voyageurs | Transport

Règles générales

L’assiette de la TTPV est déterminée à l’article 85 de la loi 47-06 qui dispose :

« La taxe est assise sur l'activité de transport public de voyageurs en fonction des catégories
de véhicules qui en sont affectés. »

Le tarif de la TTPP est fixé à l’article 86 qui prévoit :

« Les tarifs de la taxe sont fixés par trimestre, selon le barème ci-après dans les formes et
conditions prévues à l'article 168 :

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Catégorie Tarif
Taxis
Taxis de 2e catégorie de 80 à 200 dirhams
Taxis de 1ere catégorie de 120 à 300 dirhams
Cars
Moins de 7 places de 150 à 400 dirhams
Cars de série C de 300 à 800 dirhams
Cars de série B de 500 à 1.400 dirhams
Cars de série A de 800 à 2.000 dirhams

Difficultés d’application

 Un rendement très faible ;


 Taxe forfaitaire et porte sur l’exercice de l’activité.

Taxe sur l'extraction des produits de carrières (TEPC)

Règles générales

L’assiette de la TEPC est déterminée à l’article 92 de la loi 47-06 qui dispose :

« La taxe est assise sur la quantité extraite des produits de carrières en fonction de la nature
de ces produits. »

Le tarif de la TEPC est fixé à l’article 93 qui prévoit :

« Le tarif de la taxe est fixé comme suit :

Catégorie de produit extrait Tarif par m3 extrait

- Pour les roches à usage ornemental et cosmétique, De 20 à 30 DH


vanadinite, ghassoul, agate corail et saphir

- Pour les variétés de marbre De 15 à 20 DH

- Pour le sable et les roches destinés à la


construction (pierre, gypse, tout venant) et les
De 3 à 6 DH
roches destinées à un usage industriel (calcaire,
argile, pouzzolane.)

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Difficultés d’application

 Un rendement très faible ;


 Fait l’objet d’une déclaration annuelle et est payée sur le même rythme ;
 Assise sur un volume extrait et non un chiffre d’affaires.

b. Taxes au profit des préfectures et provinces (3)

Sont instituées au profit des préfectures et provinces, les taxes suivantes :

Taxe sur les permis de conduire | Transport

Règles générales

L’assiette de la Taxe sur les permis de conduire est déterminée à l’article 97 de la loi 47-06
qui dispose :

« La taxe sur les permis de conduire est établie à l'occasion de la délivrance du permis de
conduire ou de son extension à une autre catégorie ».

Le tarif de la Taxe sur les permis de conduire est fixé à l’article 99 qui prévoit :

« Le montant de la taxe est fixé à 150 dirhams ».

Taxe sur les véhicules automobiles soumis à la visite technique | Transport

Règles générales

L’assiette de la Taxe sur les véhicules automobiles soumis à la visite technique est
déterminée à l’article 104 de la loi 47-06 qui dispose :

« La taxe sur les véhicules automobiles soumis à la visite technique est due à l'occasion de
la visite technique annuelle desdits véhicules ».

Son tarif est fixé à l’article 106 qui prévoit :

« Les tarifs de la taxe sont fixés par puissance fiscale comme suit :

Puissance fiscale Tarif


Inférieure à 8 chevaux................................................ 30 DH
De 8 à 10 chevaux inclus ........................................... 50 DH
De 11 à 14 chevaux inclus ......................................... 70 DH
Egale ou supérieure à 15 chevaux............................. 100 DHS

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Déclaration et versement de la taxe : « l’organisme qui procède à la visite technique des
véhicules doit déposer une déclaration trimestrielle et procéder au versement spontané du
produit de la taxe à la caisse du régisseur de la préfecture ou province sur le territoire de
laquelle est installé l'établissement ».

Taxe sur la vente des produits forestiers (TVPF)

Règles générales

L’assiette de la TVPF est déterminée à l’article 109 de la loi 47-06 qui dispose :

« La taxe sur la vente des produits forestiers est appliquée sur le montant, hors taxe sur la
valeur ajoutée, des ventes des produits forestiers, y compris les coupes de bois. »

Le tarif de la TVPF est fixé à l’article 111 qui prévoit :

« Le taux de la taxe est fixé à 10% du montant des ventes ».

Difficulté d’application

 Un rendement très faible.

c. Taxes au profit des régions (3)

Sont instituées au profit des régions les taxes suivantes :

Taxe sur les permis de chasse (TPC) | Secteur industriel et commercial

Règles générales

L’assiette de la Taxe sur les permis de chasse est déterminée à l’article 114 de la loi 47-06
qui dispose :

« La taxe sur les permis de chasse est due par le bénéficiaire du permis de chasse ».

Le tarif de la Taxe sur les permis de chasse est déterminé à l’article 115 qui dispose :

« Le montant annuel de la taxe est fixé à six cents (600) dirhams ».

Perception de la taxe : « la taxe sur les permis de chasse est perçue par le régisseur de la
province ou de la préfecture qui en délivre une vignette au redevable lors de la délivrance du
permis. Il assure le versement du produit de la taxe à la fin de chaque mois au receveur
trésorier de la région dont relève la préfecture ou la province concernée ».

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Taxe sur les exploitations minières (TEM)

Règles générales

L’assiette de la TEM est déterminée à l’article 118 de la loi 47-06 qui dispose :

« Est appliquée une taxe annuelle sur les quantités extraites des exploitations minières
réalisées par les concessionnaires et exploitants de mines quelle que soit la forme juridique
de cette exploitation. »

Le tarif de la TEM est déterminé à l’article 119 qui dispose :

« Le tarif de la taxe sur les exploitations minières est fixé de 1 à 3 dhs par tonne extraite. »

Difficultés d’application

 Un rendement très faible ;


 Taxe assise sur un volume extrait et non un chiffre d’affaires.

Taxe sur les services portuaires (TSP)

Règles générales

L’assiette de la TSP est déterminée à l’article 122 de la loi 47-06 qui dispose :

« La taxe sur les services portuaires qui est à la charge des usagers, est assise sur le
montant global des services rendus visés à l'article 121 ci-dessus, même en cas de leur
exonération de la taxe sur la valeur ajoutée. »

Le tarif de la TSP est fixé à l’article 123 qui prévoit :

« Le taux de la taxe est fixé de 2% à 5% du chiffre d'affaires, hors taxe sur la valeur
ajoutée. »

Difficultés d’application

 Elle a un rendement très faible ;


 Le texte n’est pas clair sur l’assiette et l’identification des redevables (cas des
transitaires).

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Annexe 2 : Eléments d’analyse portant sur les règles de recouvrement, de
contrôle et de sanctions, aux niveaux national et local

a. Au niveau national

Procédure de contrôle fiscal et de recours

La procédure de vérification de la comptabilité se présente comme suit : deux procédures de


rectification des impositions sont prévues, la procédure normale et la procédure accélérée.
Cette dernière est une procédure exceptionnelle qui ne s’applique que dans les cas prévus
par les dispositions de l’article 221 du CGI, notamment les cas de cession, cessation,
redressement ou liquidation judiciaire et qui se distingue de la procédure normale par
l’émission des impositions après pourvoi exercé par le contribuable devant les commissions.

La procédure normale de rectification des impositions se présente comme suit :

- Avis de vérification :
Le contrôle ne peut débuter qu’après avoir avisé le contribuable par un avis de vérification
envoyé au moins 15 jours avant la date prévue pour le démarrage de la vérification sur
place, sans dépasser le cinquième jour ouvrable à compter de la date fixée pour le début
du contrôle.
En cas de défaut de notification aux intéressés de l'avis de vérification dans le délai
précité, la procédure de rectification est frappée de nullité.
L’Administration doit informer les contribuables de leurs droits et obligations en matière de
contrôle en accompagnant l’avis de vérification d’une copie de la charte du contribuable.
A défaut, la procédure de rectification est frappée de nullité.
La date de commencement de l’opération de contrôle est constatée par un procès-verbal
établi par l’administration et signé par les deux parties, dont une copie est remise au
contribuable.
- Délai de vérification :
Le délai de vérification ne peut durer :
o Plus de trois (3) mois pour les entreprises dont le montant du chiffre d’affaires
déclaré au compte de produits et charges, au titre des exercices soumis à
vérification, est inférieur ou égal à cinquante (50) millions de dirhams hors taxe sur
la valeur ajoutée ;
o Plus de six (6) mois pour les entreprises dont le montant du chiffre d’affaires
déclaré au compte de produits et charges, au titre de l’un des exercices soumis à
vérification, est supérieur à cinquante (50) millions de dirhams hors taxe sur la
valeur ajoutée.
- Clôture de la vérification :
L’inspecteur vérificateur doit informer par écrit la société de la clôture des opérations de
vérification sur place.
Au cas où la vérification n’aboutit à aucun redressement, l'Administration doit en aviser le
contribuable dans les formes prévues à l’article 219 du C.G.I.
- 1ère notification :
A l’issue de la vérification de la comptabilité, l’administration fiscale notifie au contribuable
les chefs de redressement qu’elle propose d’apporter à ses déclarations. La notification

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doit être détaillée et motivée et remise au contribuable dans les formes prévues à l’article
219 du CGI.
- Réponse à la première notification :
Le contribuable dispose d’un délai de 30 jours pour répondre à la première notification. Ce
délai court à compter de la date de réception de la première notification.
- 2ème notification :
L’administration fiscale dispose d’un délai de 60 jours pour notifier au contribuable les
motifs de son rejet partiel ou total des arguments du contribuable sur la première
notification.
- Réponse à la 2ème notification : Recours devant la Commission Locale de Taxation
(CLT) ou devant la Commission Nationale du Recours Fiscal, selon le cas. La Loi de
finances 2016 ayant instauré un seul niveau de recours.

NB : La phase de recours devant les commissions appelée dans le document « Procédure


administrative » pourrait être changée par « Phase de recours devant les commissions ».

- Recours devant la CLT :


La C.L.T est compétente pour statuer dans les cas suivants :
o Rectifications en matière de revenus professionnels déterminés selon le régime du
bénéfice forfaitaire, de revenus et profits fonciers, de revenus et profits de capitaux
mobiliers et des droits d’enregistrement et de timbre ;
o Vérification de comptabilité des contribuables dont le chiffre d’affaires déclaré au
compte de produits et charges, au titre de chaque exercice de la période non
prescrite vérifiée, est inférieur à 10 millions de dirhams.
La requête de pourvoi devant la C.L.T est adressée par le contribuable à l’inspecteur. Elle
doit définir l’objet du désaccord et contenir un exposé des arguments invoqués.
Un délai maximum de 3 mois est fixé pour la communication par l’administration des
requêtes et documents relatifs aux actes de la procédure contradictoire à la C.L.T, à
compter de la date de notification à l’administration du pourvoi du contribuable devant
ladite commission.
A défaut de communication de la requête et des documents susvisés, dans le délai
prescrit, les bases d’imposition ne peuvent être supérieures à celles déclarées ou
acceptées par le contribuable.
La CLT dispose d’un délai de 12 mois pour statuer.

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La CLT statue sur les litiges qui lui sont soumis et doit se déclarer incompétente sur les
questions qu'elle estime portant sur l'interprétation des dispositions légales ou
réglementaires.
La CLT comprend :
o Un magistrat, président ;
o Un représentant du gouverneur de la préfecture ou de la province dans le ressort
de laquelle est situé le siège de la commission ;
o Le chef du service local des impôts ou son représentant qui tient le rôle de
secrétaire rapporteur ;
o Un représentant des contribuables appartenant à la branche professionnelle la
plus représentative de l'activité exercée par le contribuable requérant.

Lorsqu’à l’expiration du délai précité, la C.L.T n’a pas pris de décision, le secrétaire
rapporteur de la commission en informe les parties dans les deux mois suivant la date
d’expiration du délai de 12 mois.
Dans ce cas, l’administration doit transmettre la requête et les documents précités à la
C.N.R.F dans un délai de 2 mois, à compter de la date de réception de la lettre d’information.
A défaut de communication par l’administration de la requête et des documents susvisés à la
C.N.R.F dans le délai précité, les bases d’imposition ne peuvent être supérieures à celles
déclarées ou acceptées par le contribuable.
- Recours devant la Commission Nationale du Recours Fiscal (CNRF) :

La C.N.R.F est compétente pour statuer dans les cas suivants :


o L’examen de l’ensemble de la situation fiscale des contribuables prévu à l’article
216 du C.G.I, quel que soit le chiffre d’affaires déclaré ;
o Les vérifications de comptabilité des contribuables lorsque le chiffre d’affaires
déclaré, au compte de produits et charges, au titre de l’un des exercices vérifiés,
est égal ou supérieur à 10 millions de dirhams ;
o Aux rectifications des bases d’imposition pour lesquelles l’administration invoque
l’abus de droit visé à l’article 213 V du CGI ;
o Pour lesquels les C.L.T n’ont pas pris de décision dans le délai de 12 mois.

La requête de pourvoi devant la C.N.R.F est adressée par le contribuable à l’inspecteur. Elle
doit définir l’objet du désaccord et contenir un exposé des arguments invoqués.

Un délai maximum de trois mois est fixé pour la communication par l’administration des
requêtes et documents relatifs aux actes de la procédure contradictoire à la C.N.R.F, à
compter de la date de notification à l’administration du pourvoi du contribuable devant ladite
commission.

A défaut de communication de la requête et des documents susvisés, dans le délai prescrit,


les bases d’imposition ne peuvent être supérieures à celles déclarées ou acceptées par le
contribuable.

Dans le cas où la C.N.R.F n’aurait pas pris de décision dans le délai imparti de 12 mois,
aucune rectification ne peut être apportée à la déclaration du contribuable ou à la base
d’imposition retenue par l’administration en cas de taxation d’office.

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Toutefois, lorsque le contribuable donne son accord partiel sur les bases notifiées par
l’administration ou ne fait pas d’observations sur les chefs de redressements de
l’administration, la base retenue pour l’établissement de l’impôt est celle résultant de l’accord
partiel ou des chefs de redressements précités.

Sont adressés à la CNRF, les recours pour lesquels les commissions locales de taxation
n’ont pas pris de décision dans le délai de (12) douze mois

La CNRF comprend :
o Sept (7) magistrats appartenant au corps de la magistrature, désignés par le Chef
du Gouvernement sur proposition du ministre de la justice;
o Trente (30) fonctionnaires, désignés par le Chef du Gouvernement, sur proposition
du ministre des finances, ayant une formation fiscale, comptable, juridique ou
économique et qui ont au moins le grade d'inspecteur ou un grade classé dans
une échelle de rémunération équivalente. Ces fonctionnaires sont détachés
auprès de la commission ;
o Cent (100) personnes du monde des affaires désignées par le Premier ministre
sur proposition conjointe des ministres chargés du commerce, de l'industrie et de
l'artisanat, des pêches maritimes et du ministre chargé des finances, pour une
période de trois ans, en qualité de représentants des contribuables. Ces
représentants sont choisis parmi les personnes physiques membres des
organisations professionnelles les plus représentatives exerçant des activités
commerciales, industrielles, de services, artisanales ou de pêches maritimes,
figurant sur les listes présentées par lesdites organisations et par les présidents
des chambres de commerce d'industrie et de services, des chambres d'artisanat,
des chambres d'agriculture et des chambres maritimes et ce, avant le 31 octobre
de l'année précédant celle au cours de laquelle les membres désignés sont
appelés à siéger au sein de la commission nationale.

La CNRF se subdivise en sept sous-commissions délibérantes. Chaque sous-commission se


compose :
o D'un magistrat, président ;
o De deux fonctionnaires tirés au sort parmi ceux qui n'ont pas instruit le dossier
soumis à délibération ;
o De deux représentants des contribuables choisis par le président de la
commission parmi les représentants visés ci-dessus ;
o D’un secrétaire rapporteur choisi en dehors des deux fonctionnaires membres de
la sous-commission, par le président de la commission pour assister aux réunions
de ladite sous-commission sans voix délibérative.

Les rôles afférents aux droits supplémentaires sont émis après la notification de la
décision de la CLT ou de la CNRF selon le cas.

- Commission consultative du recours pour abus de droit (article 226 bis du CGI)

Il est institué une commission permanente paritaire dite « commission consultative du


recours pour abus de droit ». Cette commission est compétente pour statuer sur les recours
relatifs aux rectifications des bases d’imposition pour lesquelles l’administration invoque
l’abus de droit.

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Cette commission comprend des membres, désignés par voie réglementaire, représentant
l’administration fiscale et le monde des affaires. L’organisation de cette commission et son
fonctionnement, sont également fixés par voie réglementaire.

Le contribuable doit demander le pourvoi devant la commission dans sa lettre de réponse à


la première notification.

L’inspecteur des impôts doit, dans un délai ne dépassant pas quinze (15) jours à compter de
la date de réception de la réponse du contribuable à la notification susvisée, transmettre à la
commission précitée la demande du contribuable accompagnée des documents relatifs aux
actes de la procédure contradictoire permettant à ladite commission de se prononcer.

La commission précitée doit rendre son avis consultatif exclusivement sur les rectifications
relatives à l’abus de droit dans un délai ne dépassant pas trente (30) jours, à compter de la
date de réception de la lettre de transmission adressée par l’inspecteur des impôts à ladite
commission. De même, elle doit notifier son avis consultatif à l’inspecteur des impôts et aux
contribuables dans un délai ne dépassant pas trente (30) jours, à compter de la date
d’émission de l’avis.

L’inspecteur des impôts doit notifier au contribuable concerné la deuxième lettre de


notification dans un délai ne dépassant pas soixante (60) jours suivant la date de réception
de l’avis de la commission précitée.

Enfin, la procédure de rectification des impositions est poursuivie selon les dispositions
prévues aux articles 220 ou 221 du CGI.

Nb : les dispositions du présent article sont applicables aux opérations constitutives d’abus
de droit réalisées à compter de la date de publication au BO de la LF 2017 et tributaire de la
publication de l’arrêté d’application y afférent.

- Recours devant le Tribunal Administratif contre la décision de la CLT de la CNRF


selon le cas :

Les décisions définitives des CLT ou de la CNRF et celles portant reconnaissance desdites
commissions de leur incompétence, peuvent être contestées par l’administration et le
contribuable, par voie judiciaire, dans le délai de trente (30) jours suivant la date de
notification des décisions desdites commissions. A défaut de réponse de l'administration
dans le délai de trois (3) mois suivant la date de la réclamation, le contribuable requérant
peut également introduire une demande devant le tribunal compétent dans le délai de trente
(30) jours suivant la date de l'expiration du délai de réponse précité.
Ce recours n’est pas suspensif de poursuites pour le recouvrement des rôles émis. En
pratique, il peut être envisagé d’introduire une requête en référé pour obtenir la suspension
des poursuites par un jugement, dans l’attente d’un jugement au fond à condition de
présenter des garanties suffisantes pour couvrir les rôles émis (cautions bancaires…etc.).

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Sanctions

Les sanctions applicables au Maroc se présentent principalement comme suit :

o Des majorations de 5%, 15% et 20% sont applicables en matière de déclaration du


résultat fiscal, des plus-values, du revenu global, des revenus fonciers, des profits
immobiliers, des profits de capitaux mobiliers, du chiffre d’affaires, de la taxe sur les
contrats d’assurances et des actes et conventions, dans les cas suivants :
 5% :
 Dans le cas de dépôt des déclarations, des actes et conventions, dans un délai
ne dépassant pas trente (30) jours de retard ;
 Dans le cas de dépôt d’une déclaration rectificative hors délai, donnant lieu au
paiement de droits complémentaires ;
 15%, dans le cas de dépôt des déclarations, des actes et conventions, après ledit
délai de trente (30) jours ;
 20%, dans le cas d’imposition d’office pour défaut de dépôt de déclaration,
déclaration incomplète ou insuffisante.
o Des majorations de 5%, 15%, 20% sont applicables lorsque le contribuable ne produit
pas la déclaration des rémunérations allouées ou versées à des tiers ou lorsque la
déclaration est produite hors délai.
 5% :
 Dans le cas de dépôt de la déclaration, dans un délai ne dépassant pas trente
(30) jours de retard ;
 Dans le cas de dépôt d’une déclaration rectificative hors délai, donnant lieu au
paiement de droits complémentaires.
 15%, dans le cas de dépôt de la déclaration susvisée, après ledit délai de trente
(30) jours ;
 20%, dans le cas de défaut de déclaration, déclaration incomplète ou insuffisante.
Cette majoration est calculée sur le montant des rémunérations allouées ou versées à
des tiers. Lorsque le contribuable produit une déclaration comportant des
renseignements incomplets ou lorsque les montants déclarés ou versés sont insuffisants,
les majorations précitées sont calculées sur les montants correspondant aux
renseignements incomplets ou aux montants insuffisants
o Toute déclaration des traitements et salaires incomplète ou comportant des éléments
discordants est assortie de majorations selon le schéma suivant :
 5% :
 Dans le cas de dépôt des déclarations prévues aux articles 79 et 81 ci-
dessus, dans un délai ne dépassant pas trente (30) jours de retard ;
 Dans le cas de dépôt d’une déclaration rectificative hors délai, donnant lieu au
paiement de droits complémentaires ;

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 15%, dans le cas de dépôt des déclarations susvisées, après ledit délai de trente
(30) jours ;
 20%, dans le cas de défaut de déclaration, déclaration incomplète ou insuffisante.
Cette majoration est calculée sur le montant de l’impôt retenu ou qui aurait dû être
retenu. Le montant de chacune des majorations prévues ci-dessus ne peut être inférieur
à cinq cents (500) dirhams.
o Lorsque la déclaration de TVA est déposée en dehors du délai légal, mais comporte un
crédit de taxe, ledit crédit est réduit de 15%.
o En matière de recouvrement de l’impôt une pénalité de 10% et une majoration de 5 %
pour le premier mois de retard et de 0,50% par mois ou fraction de mois supplémentaire.
 En cas de paiement tardif des impôts, droits et taxes :
Dans le cadre d’adaptation des sanctions à la gravité des infractions commises, les
sanctions pour paiement tardif des impôts, droits et taxes ont été réaménagés comme
suit (LF 2016) :
o La réduction de la pénalité de recouvrement de 10% à 5%, si le paiement des droits dus
est effectué dans un délai de retard ne dépassant pas trente (30) jours ;
o L’augmentation de ladite pénalité de 10% à 20%, pour les collecteurs d’impôt défaillants,
en cas de défaut de versement ou de versement hors délai du montant de la taxe sur la
valeur ajoutée due ou des droits retenus à la source, visés aux articles 110, 111, 116,
117 et 156 à 160 du CGI.
 En matière de droit de communication (à compter de 2016) :
Dans le cadre de l’amélioration du dispositif régissant le droit de communication, à compter
de 2016 les personnes qui ne communiquent pas les informations demandées dans le délai
et les conditions prévus à l’article 214-I du CGI sont sanctionnées par une astreinte
journalière de cinq cents (500) dirhams, dans la limite de cinquante mille (50.000) dirhams.
 En cas de rectification de la base imposable (à compter de 2016)
Dans le cadre de modulation des sanctions à la gravité des infractions commises et afin de
renforcer les actions menées pour lutter contre la fraude fiscale et assurer l’équité dans
l’application des sanctions, les dispositions de l’article 186 du C.G.I. pour introduire les
mesures suivantes :
o L’augmentation de la majoration de 15% à 30%, en cas de rectification de la base
imposable, lorsque les défaillants sont des collecteurs d’impôt, en l’occurrence les
contribuables soumis à la taxe sur la valeur ajoutée et à l’obligation de retenue à la
source visée aux articles 110, 111, 116, 117 et 156 à 160 du CGI ;
o L’augmentation de la majoration de 15% à 20%, en cas de rectification de la base
imposable, pour les autres contribuables.
Par ailleurs, dans un souci de clarification, il a été également précisé dans l’article 186
précité que les cas pouvant être considérés comme de mauvaise foi, pour l’application de la
majoration de 100%, notamment ceux constatés suite à l’usage de manœuvres visées à
l’article 192-I du CGI, à savoir :
o La délivrance ou production de factures fictives ;
o La production d’écritures comptables fausses ou fictives ;
o La vente sans factures de manière répétitive ;

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o La soustraction ou destruction de pièces comptables légalement exigibles ;
o La dissimulation de tout ou partie de l’actif de la société ou augmentation frauduleuse de
son passif en vue d’organiser son insolvabilité.

Institution d’une sanction pour infraction aux dispositions relatives à la


télédéclaration et au télépaiement
Pour accompagner la télé déclaration et le télépaiement généralisés en 2017 et afin d’éviter
les divergences d’interprétation quant à la sanction à appliquer, notamment, en cas de dépôt
de déclaration sous format papier au lieu de la déclaration électronique et/ou de paiement
direct auprès du receveur de l’administration fiscale au lieu du paiement électronique, une
sanction spécifique a été instituée en cas de non-respect de l’obligation de télé déclaration et
de télépaiement. La majoration est de 1% sur les droits dus ou qui auraient été dus en
l’absence d’exonération et le montant de cette majoration ne peut être inférieur à mille (1
000) dirhams.
b. Au niveau local

i. Procédures de recouvrement

Modes de recouvrement
Les taxes instituées au profit des collectivités locales sont perçues :
 Spontanément au vu des déclarations des redevables pour les taxes déclaratives ou
par versement au comptant pour les droits au comptant ;
 En vertu d'ordres de recettes individuels ou collectifs régulièrement émis.

Taxes recouvrées par le régisseur


Les taxes déclaratives et les droits au comptant sont encaissés par le régisseur des recettes
de la collectivité concernée.

Émission des ordres de recettes


Les ordres de recettes sont émis et revêtus de la formule exécutoire par :

 Le ministre chargé des finances ou la personne déléguée par lui à cet effet pour la
taxe professionnelle (DGI), la taxe d'habitation et la taxe de services communaux
(TGR);
 L'ordonnateur de la collectivité locale concernée ou toute personne déléguée par lui à
cet effet, pour les autres taxes prévues par ladite loi.

Recouvrement des ordres de recettes


Les ordres de recettes sont adressés au moins quinze jours avant la date de mise en
recouvrement, au comptable chargé du recouvrement qui les prend en charge et en assure
le recouvrement conformément aux dispositions de la présente loi et de la loi n° 15-97
formant code de recouvrement des créances publiques.

Exigibilité

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Les taxes établies par voie d'ordres de recettes sont exigibles à l'expiration du deuxième
mois qui suit celui de leur mise en recouvrement. Toutefois, sont exigibles immédiatement,
les ordres de recettes émis à titre de régularisation en matière de taxes payables sur
déclaration.

Recouvrement forcé
Les dispositions de la loi n° 15-97 formant code de recouvrement des créances publiques
sont applicables au recouvrement des taxes prévues par la loi 47-06.

ii. Sanctions

Sanctions communes
 Sanctions pour défaut de déclaration, déclaration déposée hors délai ou suite à
rectification :
- En cas de défaut de déclaration ou de déclaration déposée hors délai, le
montant de la taxe exigible est majoré de 15% ;
- En cas de rectification de la base d'imposition résultant de la déclaration, une
majoration de 15% est établie sur le montant des droits correspondant à cette
rectification sans préjudice de l'application des sanctions prévues à l'article
147 de loi 47.06 ;
- Le complément de la taxe et les sanctions visées ci-dessus sont émis par voie
de rôle.
 Sanctions pour défaut de déclaration de cession, cessation, transfert d'activité ou
transformation de la forme juridique :
Le redevable qui n'a pas produit dans le délai prescrit les déclarations prévues aux
articles 16, 48, 68, 75 et 87 de loi 47.06 encourt une majoration de 15% calculée sur
le montant de la taxe due ou qui aurait été due en l'absence de toute exonération ou
réduction de la taxe.

 Sanctions pour infraction aux dispositions relatives au droit de communication et à la


présentation des documents comptables :
Les infractions relatives au droit de communication prévu par l'article 151 de la loi
47.06, ainsi qu'au défaut de présentation des documents prévus à l'article 149 sont
sanctionnées par une amende de cinq cents (500) dirhams, et d'une astreinte de cent
(100) dirhams par jour de retard dans la limite de mille (1000) dirhams, dans les
formes et les conditions prévues à l'article 159.

 Sanctions pour défaut de présentation des autorisations :


Lorsqu'un redevable refuse de présenter les autorisations délivrées par
l'administration lors d'une opération de vérification d'une taxe, il lui est adressé une
lettre l'invitant à présenter lesdites autorisations dans un délai de quinze (15) jours à
compter de la date de réception de ladite lettre.

 Sanctions pécuniaires ou pénales

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Indépendamment des sanctions fiscales édictées par la loi 47.06, est punie d'une
amende de cinq mille (5.000) à cinquante mille (50.000) dirhams, toute personne qui
en vue de se soustraire à sa qualité de redevable ou au paiement de la taxe ou en
vue d'obtenir des déductions ou remboursements indus, utilise l'un des moyens
suivants :
- Délivrance ou production de factures fictives ;
- Production d'écritures comptables fausses ou fictives ;
- Vente sans factures de manière répétitive ;
- Soustraction ou destruction de pièces comptables légalement exigibles ;
- Dissimulation de tout ou partie de l'actif de la société ou augmentation
frauduleuse de son passif en vue d'organiser son insolvabilité.

 Sanctions pour complicité de fraude


Toute personne convaincue d'avoir participé aux manœuvres destinées à éluder le
paiement de la taxe, assisté ou conseillé une entreprise dans l'exécution desdites
manœuvres, est passible d'une amende égale au minimum à mille (1000) dirhams et
au maximum à 100% du montant de la taxe éludée. Le montant de l'amende est émis
par voie de rôle

Sanctions en matière de recouvrement


 Sanctions pour paiement tardif de la taxe
Une pénalité de 10% et une majoration de 5 % pour le premier mois de retard et de
0,50% par mois ou fraction de mois supplémentaire.

 Majoration de retard en cas de paiement tardif des ordres de recettes de


régularisation
Par dérogation aux dispositions de l'article 147 de loi 47.06 en matière de taxes
émises par voie d'ordres de recettes de régularisation, seule sera appliquée, la
majoration de 0,50% par mois ou fraction de mois de retard supplémentaire écoulé
entre la date de mise en recouvrement de l'ordre de recettes de régularisation de la
taxe objet de mise en l'exécution et celle du paiement.

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iii. Procédures de contrôle et de contentieux

Procédures de contrôle

Après avoir fournis toutes justifications nécessaires et présenté tous les documents
comptables aux agents de l'administration commissionnés pour procéder au contrôle fiscal,
l'administration, conformément à l’article 149 de la loi 47-06, contrôle les déclarations et
documents utilisés pour l'établissement des taxes suivantes : la taxe sur les opérations de
lotissements, la taxe sur les débits de boissons, la taxe de séjour, la taxe sur les eaux
minérales et de table, la taxe sur le transport public de voyageur, la taxe sur l'extraction des
produits de carrières, la taxe sur les services portuaires, et la taxe sur les exploitations
minières.
[Il convient de souligner que la loi cite de manière limitative les taxes objet du contrôle, ce qui
constitue en soi une interrogation à relever].
Pour les redevables soumis au régime du forfait, ils doivent tenir un registre coté et signé par
le service d'assiette faisant ressortir, selon le cas, le montant des recettes mensuelles ou les
éléments de liquidation de la taxe.
Dans le cas où l'administration est amenée à rectifier la base d'imposition des taxes, elle
précise les motifs, la nature et le montant détaillé des redressements envisagés et invite le
redevable à produire ses observations dans un délai de trente jours suivant la date de
réception de la lettre de notification. Si l’administration estime le non fondement des
observations du redevable, elle lui communique les modifications de son rejet dans un délai
de 60 jours et envoie la base imposable définitive.

Contentieux
En référence à l’article 161 de la loi 47.06, les redevables qui contestent tout ou partie du
montant des taxes mises à leur charge doivent adresser leurs réclamations à l'ordonnateur
ou à la personne déléguée par lui à cet effet :
 En cas de taxation par voie de rôle ou ordre de recettes, dans les six (6) mois suivant
celui de la date de leur mise en recouvrement ;
 En cas de paiement spontané de la taxe dans les six (6) mois qui suivent l'expiration
des délais de déclarations, prescrits.
Après instruction de la réclamation par le service compétent, il est statué sur la réclamation
par :

 Le ministre chargé des finances ou la personne déléguée par lui à cet effet, en matière
de taxe professionnelle (DGI), taxe d'habitation et taxe de services communaux (TGR)
;
 L'ordonnateur de la collectivité locale ou la personne déléguée par lui à cet effet, pour
les autres taxes.

Si le redevable est insatisfait de la décision de l’administration il peut introduire une demande


devant le tribunal compétent dans le délai de trente (30) jours suivant la date de notification
de la décision précitée.

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Procédure judiciaire suite au contrôle fiscal
Les taxes émises suite aux décisions de la commission locale de taxation et celles établies
d'office par l'administration d'après la base qu'elle a notifié du fait de la reconnaissance par
ladite commission de son incompétence, peuvent être contestées par le redevable, par voie
judiciaire, dans le délai de soixante (60) jours suivant la date de mise en recouvrement de
l'ordre de recettes.
Dans le cas où la décision de la commission locale de taxation ne donne pas lieu à
l'émission d'un ordre de recettes, le recours judiciaire peut être exercé dans les soixante (60)
jours suivant la date de notification de la décision de ladite commission.
L'administration peut également contester, par voie judiciaire, dans le délai précité selon les
cas prévus au premier ou deuxième alinéa ci-dessus, les décisions de la commission locale
de taxation que celles-ci portent sur des questions de droit ou de fait.
Nonobstant toutes dispositions contraires, l'administration est valablement représentée en
justice en tant que demandeur ou défendeur par le directeur des impôts ou l'ordonnateur de
la collectivité locale concernée ou les personnes déléguées par eux à cet effet qui peuvent,
le cas échéant, mandater un avocat. Les litiges mettant en cause l'application de la présente
loi ne peuvent faire objet d'arbitrage.

Procédure judiciaire suite à réclamation


Si le redevable n'accepte pas la décision rendue par l'administration concernée suite à
l'instruction de sa réclamation, il peut saisir le tribunal compétent dans le délai de trente (30)
jours suivant la date de la notification de la décision précitée.
A défaut de réponse de l'administration dans le délai de six (6) mois suivant la date de la
réclamation, le redevable requérant peut également introduire une demande devant le
tribunal compétent dans le délai de trente (30) jours suivant la date de l'expiration du délai de
réponse précité.

Procédure pour l'application des sanctions pénales aux infractions fiscales

La plainte tendant à l'application des sanctions prévues à l'article 138 doit, au préalable, être
présentée par le ministre chargé des finances ou par l'ordonnateur de la collectivité locale ou
par les personnes déléguées par eux à cet effet, à titre consultatif, à l'avis de la commission
des infractions fiscales prévue par l'article 231 du Code Général des Impôts, présidée par un
magistrat et comprenant deux représentants de l'administration fiscale et deux représentants
des redevables choisis sur des listes présentées par les organisations professionnelles les
plus représentatives. Les membres de cette commission sont désignés par arrêté du Chef du
Gouvernement.

Après consultation de la commission précitée, le ministre chargé des finances ou


l'ordonnateur de la collectivité locale ou les personnes déléguées par eux à cet effet, peuvent
saisir de la plainte tendant à l'application des sanctions pénales prévues à l'article 138, le
procureur du Roi compétent à raison du lieu de l'infraction.

Le procureur du Roi doit saisir de la plainte le juge d'instruction.

Page 130
Annexe 3 : Matrice de rapprochement entre les recommandations du CESE 2012 / Assises 2013 / LFs 2014 - 2018

NB : le tableau ci-après regroupe l’essentiel des dispositions fiscales portées les différentes lois de finances sur la période allant de
2014 à 2018. Par souci de clarté et de lisibilité de ses contenus, ledit tableau s’articule autour de cinq sous-rubriques thématiques,
permettant à la fois de ventiler et de mettre en correspondance les recommandations des Assises et du CESE, d’un côté, et lesdites
mesures fiscales des lois de finances retenues, de l’autre côté. Les sous-rubriques en question se présentent comme suit :

A. Normes, procédures et simplification des pratiques fiscales ;


B. Types d'impôts / prélèvements ;
C. Mesures sectorielles ;
D. Mesures sociales ;
E. Mesures transverses / d’ordre général.

Aussi, le choix en termes de ventilation des dispositions fiscales en fonction des sous-rubriques identifiées, s’est fait selon une
approche qui en facilite la lecture et l’appréhension. Le classement desdites dispositions n’est donc pas l’élément principal à retenir
de cet exercice ; mais plutôt la couverture des réalisations sur la période retenue.

Rappel de la méthodologie adoptée : Evaluation de l’avancement de la mise en œuvre des recommandations du CESE, en vue d’en
actualiser les principaux contenus, selon une triple classification, en fonction de laquelle la mesure serait soit réalisée (partiellement ou
totalement), soit non réalisée, ou constitue une disposition qui traite du même sujet, sans pour autant être conforme à la
recommandation initiale, voire à contre sens de l’orientation et de l’esprit des recommandations du CESE.

Page 131
Recommandations Recommandations Dispositions LF sur la période 2014 - 2018
Rubriques
Assises 2013 CESE 2014 2015 2016 2017 2018
A. Normes, procédures et simplification des pratiques fiscales
- Amélioration de la - Améliorer la qualité de - Suppression de - Abrogation de - Dispense de la - Harmonisation du - Exonération des
qualité de services services aux citoyens l'obligation pour les l’obligation de tenue déclaration annuelle traitement fiscal des indemnités pour
rendus aux citoyens (Simplification des bailleurs de de registre pour les de revenu global acquisitions de dommages et
- Simplification des procédures, accueil) - en logements sociaux contribuables dont pour les terrains : intérêts accordés
procédures partie / dispositions mises de joindre le cahier le revenu est contribuables suppression de dans le cadre d’une
- Harmonisation de en place y contribuant des charges à leur déterminé selon le disposant l'engagement de 7 procédure arbitrale
certaines dispositions même si cela demeure déclaration. régime du uniquement d’un ans et unification
- Amélioration des insuffisant bénéficiaire revenu des droits
relations entre - Clarifier les textes pour la forfaitaire. professionnel d'enregistrements
l'administration et les fixation du résultat déterminé d’après le applicables aux
contribuables imposable (provisions, régime du bénéfice acquisitions de
taux de chute ou de forfaitaire et terrains (5%).
pertes, prix de transfert, imposés sur le base
etc.), à définir avec les du bénéfice
différents secteurs minimum.
d’activité. - Amélioration du - Simplification et - Simplification des - Changement du - Institution d’une
Simplification régime d'imposition allègement des obligations délai de paiement contribution
des sociétés non obligations incombant aux des droits de timbre libératoire au titre
Clarification résidentes en déclaratives et de notaires en cas de de quittance sur des revenus et
instituant un paiement des formalités déclaration. profits générés par
Elargissement et système unifié de impôts des sociétés d’enregistrement les avoirs et
équilibre des déclaration et de à prépondérance accomplies par liquidités détenus
pouvoirs paiement. immobilière, cotées procédés par les personnes
en bourse. électroniques. physiques
[1/3] résidentes de
nationalité
étrangère.
- Imputation de - Changement du - Dispense de la - Recouvrement par
l’excédent d’IS mode de déclaration de voie de paiement
privé, au titre d’un recouvrement de revenu global pour spontané de l’IR dû
exercice donné, sur l’impôt dû par les les contribuables au titre de la
les acomptes contribuables dont disposant des déclaration annuelle
provisionnels dus le revenu revenus ou profits du revenu global, de
au titre des professionnel et/ou soumis à des taux la déclaration en
exercices suivants. agricole est libératoires. cas de départ du
déterminé selon le Maroc en cas de
régime du résultat décès et la
net réel ou celui du déclaration de
résultat net simplifié cessation, cession
et par ceux exerçant ou transformation
des professions de l’entreprise.
libérales.

Page 132
- Paiement sur - Changement du - Clarification du - Simplification du
déclaration des délai de dépôt de régime fiscal des dispositif de
droits de timbre de déclaration des actes rédigés par déclaration relatif au
quittance, pour les titulaires de revenus les avocats en leur droit de timbre sur
entreprises dont le professionnels accordant date les annonces
chiffre d’affaires déterminés selon le certaine et les publicitaires sur
annuel réalisé au régime du résultat soumettant aux DE. écran en prévoyant
titre du dernier net réel ou celui du un interlocuteur
exercice clos, est résultat net unique en matière
égal ou supérieur à simplifié. de dépôt de
2.000.000 DH. déclaration et
d’acquittement des
droits.
- Simplification des - Assouplissement - Institution de - Réaménagement
obligations de de l’obligation l’obligation pour tout des dispositions
déclaration et relative à la rédacteur d’actes relatives aux modes
paiement de l'IR sur production de soumis à de recouvrement
les revenus et l’attestation justifiant l’enregistrement, de des droits de timbre.
profits de capitaux le paiement des donner lecture aux
Simplification mobiliers de source impôts et taxes parties des
étrangère. grevant l’immeuble dispositions
Clarification objet de cession. relatives à certaines
sanctions
Elargissement et applicables,
équilibre des notamment en
pouvoirs matière de
dissimulation de prix
[2/3] ou du véritable
caractère du contrat
- Clarification du - Réduction du délai - Simplification des - Simplification de la
mode de accordé à formalités pour procédure de
détermination du l’administration pour bénéficier de déclaration du
profit net imposable répondre aux l'exonération du transfert du siège
des obligations et réclamations du logement social social, de
autres titres de contribuable de six changement du
créance. à trois mois. domicile fiscal ou du
principal
établissement
- Exclusion par voie - Harmonisation du - Introduction de la
réglementaire de traitement fiscal des possibilité
certaines contrats 'Ijara d'annulation des
professions, Mountahiya amendes, pénalités,
activités et Bitamlik', en matière majorations et frais
prestataires de d'IR, de TVA et de de recouvrement
service du bénéfice DET.
du régime de
l'autoentrepreneur.

Page 133
- Clarification de
l’application de
Simplification l’abattement de
100% aux
Clarification dividendes perçus
et de l’exonération
Elargissement et des plus-values sur
équilibre des cession de valeur
pouvoirs mobilières, pour
certains organismes
[3/3] jouissant de
l’exonération totale
permanente
- Dématérialisation Généraliser l’utilisation des - Institution pour les - Institution de - Institution de - Obligation de - Institution de
- Publication de la technologies de contribuables l’obligation de l'obligation pour les compléter le relevé l'obligation de
jurisprudence fiscale l’information et de la soumis au régime présentation des contribuables de déduction par le disposer de l'ICE
- Réécriture du CGI communication, avec une du bénéfice pièces justificatives d'indiquer nom et prénom ou pour bénéficier de
- Promotion de interconnexion entre les forfaitaire, de des achats pour les l'identifiant commun la raison sociale du toutes les
l'éthique et des bases de données des l’obligation de tenir contribuables dont de l'entreprise sur fournisseur et son exonérations
Transparence principes de la bonne administrations et un registre des le revenu les documents identifiant fiscal prévues par le CGI.
gouvernance organismes de l’Etat, pour achats et des professionnel est délivrés à leurs ainsi que l'Identifiant
Digitalisation - Amélioration de la une plus grande ventes, ainsi qu’une déterminé selon le clients ou à des Commun de
communication de transparence et pour procédure de régime du tiers. l'Entreprise.
Dématérialisation l'administration fiscale optimiser davantage les contrôle dudit bénéficiaire
(NB : le sens de la moyens humains de registre. forfaitaire et le
[1/4] communication ici n'est l’administration fiscale en montant des droits
pas le même que celui matière de contrôle et de en principal
de la recommandation recoupement. dépasse 5000 DH
du CESE qui est dans au titre dudit
le sens de la revenu.
communication de
données pour une plus
grande transparence)

Page 134
- Institution du - Elargissement de - Amélioration des - Institution de - Institution de
système d'auto l'obligation de dispositions l’obligation pour les l’obligation de tenir
liquidation pour les télédéclaration et de régissant le droit de notaires d’accomplir la comptabilité sous
entreprises non télépaiement en communication la formalité format électronique
résidentes. matière d'IS, d'IR et dans le sens de leur d’enregistrement selon des critères
TVA. renforcement : par procédé qui seront fixés par
Institution par électronique. voie réglementaire.
l’administration de
l’obligation
d’envoyer aux
personnes
concernées une
demande écrite ;
Insertion des
supports
informatiques parmi
les supports de
communication des
renseignements à
transmettre à
l’administration
Institution pour le
contribuable de
Transparence l’obligation de
répondre aux
Digitalisation demandes de
communication,
Dématérialisation dans un délai
maximum de 30
[2/4] jours
Renforcement des
outils juridiques
permettant à
l’administration
d’exercer son droit
de communication
sans qu’elle ne se
voit opposer le
secret
professionnel.
- Institution de - Dispense - Elargissement de
l'obligation de télé d’émission d’ordre l’assiette des droits
déclaration et de recette pour les de timbre sur les
télépaiement pour droits ‘annonces
les professions d’enregistrement publicitaires sur
libérales. recouvrés par écran’ aux
procédés annonces diffusées
électroniques sur tous écrans
numériques

Page 135
- Généralisation de - Dématérialisation
la télédéclaration et de certains services
du télépaiement à fournis par
partir du 1er janvier l’administration
2017 à tous les fiscale.
contribuables, quel
que soit leur chiffre
d’affaires, excepté
le cas des
entreprises
soumises à l’IR
selon le régime du
bénéficiaire
forfaitaire.
- Externalisation du - Généralisation de
recouvrement de la la déclaration et du
TSAVA, en versement par
permettant le procédé
paiement par électronique de l’IR
l’intermédiaire des afférent à certains
Transparence
banques et autres revenus et profits
organismes soumis à l’IR.
Digitalisation
proposant des
solutions de
Dématérialisation
paiement et ce,
selon les modalités
[3/4]
fixées par voie
réglementaire.
- Dématérialisation,
avec effet au 1er
janvier 2019, de la
formalité de
l’enregistrement au
bénéfice des
‘Adouls’, des
experts comptables
et des comptables
agréés
- Instauration de
l’obligation
mensuelle de
télédéclaration et
télépaiement des
droits de timbres
payés sur
déclaration

Page 136
- Institution du
timbre électronique,
avec effet au 1er
janvier 2019, pour le
recouvrement des
droits de timbre
Transparence relatifs aux
passeports, permis
Digitalisation de chasse et de port
d’armes et au
Dématérialisation permis international
de conduire.
[4/4] - Institution de la
notification
électronique en
matière fiscale,
parallèlement à la
procédure normale
de notification
- Mise en place d'un - Déductibilité des
cadre fiscal stable indemnités de
Fluidification de retard afférentes
l’économie aux délais de
paiement.
- Mise en place d'un - Exonération de la - Prolongement de - Institution du - Institution en
cadre fiscal stable plus-value nette la durée régime de la matière d'IS d'un
Encouragement de - Mise en place d'un d'apport à une d’exonération de la neutralité fiscale en barème progressif
l'investissement dispositif fiscal incitatif société holding TVA des biens matière d’IS des au lieu du barème
et approprié aux PME résidente au Maroc d’investissement de opérations de proportionnel
Suppression des - Mise en place d'une et soumise à l'IS. 24 à 36 mois à transfert des biens existant, avec un
frottements fiscaux fiscalité en adéquation compter de la date d’investissement réaménagement
avec les capacités du début d'activité. entre les membres des tranches et taux
Structuration contributives des d’un groupe de applicables.
d'entreprise entreprises sociétés et
application d’un
[1/3] droit fixe
d’enregistrement de
1000 DH au lieu du
droit proportionnel
pour lesdites
opérations.

Page 137
- Exonération de la - Institution de la - Extension de la
TVA des projets neutralité fiscale en neutralité fiscale
dans le cadre des faveur des aux opérations
conventions opérations d’apport d’apports de biens
d’investissement de biens immeubles immeubles et autres
dont le montant est du patrimoine privé droits réels
égal à 100 millions à l’actif immobilisé immobiliers du
de DH pendant 36 d’une société. patrimoine privé
mois, réalisés par d’un contribuable,
des entreprises au stock d’une
existantes. société.
- Réduction du seuil - Institution - Exonération en
d’exonération de la permanente du matière de droits
TVA à l’importation dispositif relatif à d’enregistrement
des projets l’encouragement des cessions
conventionnels des opérations d’actions ou de
d’investissement de d’apport du parts sociales des
200 millions à 100 patrimoine sociétés et des
Encouragement de millions de DH. professionnel et groupements
l'investissement agricole d’une ou de d’intérêt
plusieurs personnes économique.
Suppression des physiques à une
frottements fiscaux société passible de
l’IS.
Structuration - Prorogation - Institution d’une
d'entreprise jusqu'au 31.12.2016 neutralité fiscale en
de l'avantage relatif faveur des
[2/3] à l'apport du contribuables qui
patrimoine procèdent à l’apport
professionnel d'une de leurs biens
ou de plusieurs immeubles à un
personnes OPCI.
physiques à une
société passible de
l'IS.
- Exonération des
droits
d’enregistrement
des actes relatifs
aux variations du
capital et aux
modifications des
statuts ou des
règlements de
gestion des actes
réalisés par les
OPCI.

Page 138
- Exonération des
sociétés
industrielles
nouvellement
créées pendant 5
ans.
- Institution, de
Encouragement de manière
l'investissement permanente, de la
réduction d’IS en
Suppression des cas d’introduction
frottements fiscaux en bourse.
- Possibilité de
Structuration répartir sur une
d'entreprise durée de 10
exercices,
[3/3] l’imposition des
subventions
affectées à
l’acquisition de
terrains pour la
réalisation des
projets.
- Simplifier le système - Institution de la
fiscal pour les TPE possibilité de
(déclaration, recouvrement télédéclaration et de
etc.); avec une télépaiement en
comptabilité simplifiée faveur de
basée sur le relevé de l'autoentrepreneur.
compte bancaire. - Octroi du choix de
- Mettre en place un taxation au titre des
dispositif fiscal incitatif et traitements,
approprié : la baisse du émoluments et
Auto entreprenariat taux d’IS et/ou d’IR salaires bruts,
& Fiscalité en faveur professionnel au profit des versés aux salariés
des TPME « TPE » permettant de les des sociétés ayant
(+Avantages CFC) inciter à sortir de l’informel. le statut de
Cette baisse peut se ‘Casablanca
matérialiser par la mise en Finance City’
place d’un taux - Régime fiscal
d’imposition progressif en spécifique en
matière d’IS comme en matière d’IS, pour
matière d’IR. les bureaux de
représentation,
ouverts par les
entreprises non
résidentes, ayant le
statut de ‘CFC’.

Page 139
- Amélioration des - Améliorer les process de - Institution d'un - Réduction du délai - Clarification des - Clarification de la
conditions du contrôle contrôle qui doivent être délai de 6 mois pour imparti à irrégularités graves date de début de
fiscal et de la gestion informatisés et adossés à des la notification des l’inspecteur pour de nature à remettre l’opération de
procédures d’alerte.
du contentieux - Revoir les sanctions
redressements aux notifier les en cause la valeur vérification fiscale
- Adaptation du régime administratives en cas contribuables. redressements au probante de la
des sanctions d’inexactitude des contribuable de six comptabilité
- Lutte contre la fraude déclarations. à trois mois.
et renforcement des - Réorganiser les procédures - Institution d'un PV - Réaménagement - Elargissement des - Prorogation du
moyens d'actions de de recours selon les règles attestant le début de de la durée de compétences de la délai de déclaration
l'administration fiscale suivantes :
l'opération de vérification sur CNRF aux recours en cas de perte de
• Commission Régionale pour
(augmentation nombre les redressements inférieurs à contrôle fiscal. place. relatifs aux documents
inspecteurs ; 10 millions dirhams. redressements pour comptables
programmation et • Commission Nationale pour abus de droit.
ciblage des dossiers à les redressements supérieurs - Réalisation - Simplification des - Institution d’une
contrôler ; opérations ou égaux à 10 millions. d'opérations de recours devant les commission
de contrôle conjoint • Revoir la composition des contrôle conjoint et Commissions. consultative du
entre administration) commissions de façon à
rendre ses membres
institution de recours pour abus
- Recouvrement indépendants vis-à-vis de la dérogations au de droit.
efficace des créances Direction Générale des Impôts. secret professionnel
fiscales • Adjoindre de façon au profit de certains
Contrôle fiscal obligatoire un expert- organismes.
comptable aux réunions des - Institution d'une
Litiges & gestion du commissions.
procédure de
contentieux • Doter ces commissions d’un
budget autonome dépendant régularisation de
du Chef de l'impôt retenu à la
Sanctions Gouvernement. source au titre des
• Publier obligatoirement les revenus et profits de
Commissions avis des commissions et de capitaux mobiliers
fiscales & recours leurs attendus. de source étrangère
- Institution d'une
[1/2] - Encadrer le pouvoir de
transaction du Directeur procédure pour
Général des Impôts et de ses l'application des
collaborateurs par la définition sanctions par défaut
d’une politique générale en de déclaration ou
matière de gestion amiable déclaration
des dossiers. incomplète en
- Concrétiser, à la demande du
contribuable, le recours par les
matière des
commissions aux expertises traitements et
nécessaires et prévoir les salaires, des
modalités de prise en charge pensions et autres
des frais par les parties. prestations servies.
- Améliorer la qualité des
textes et développer la
doctrine et la jurisprudence par
la publication des décisions
des commissions et des
tribunaux.

Page 140
- Rendre obligatoire la réunion
de fin de contrôle, en présence
du conseil du contribuable,
permettant d’améliorer la
relation entre l’administration
fiscale et les contribuables en
dissipant les malentendus.
- Exiger la notification de
l’ensemble des redressements
proposés pour toute la période
objet du contrôle dans un délai
maximum de 3 mois à l’issue
du contrôle fiscal sur place.
- Clarifier et publier les termes
de comparaison utilisés par
l’administration pour réduire le
droit d’appréciation de
l’administration et les
tentatives de dissimulation par
les contribuables.
- Rattacher la Direction de la
Législation Fiscale au Ministre
des Finances.
- Améliorer les délais
Litiges & gestion du d’exécution des jugements
contentieux rendus
- Mettre en place des cours
spécialisées avec des
Sanctions compétences adaptées aux
problèmes fiscaux au niveau
Commissions des tribunaux administratifs en
fiscales & recours veillant à l’amélioration des
délais de traitement et de
[2/2] jugement des dossiers
- Exiger de l’administration de
respecter les obligations mises
à sa charge en matière
notamment des
remboursements, des
restitutions d’impôts, de
traitement des réclamations.
- Responsabiliser les agents
de l’administration au titre des
chefs de redressements
exagérés notifiés aux
contribuables et qui s’avèrent
non fondés.
- Supprimer les abus :
• Quitus fiscal non octroyé à
une entreprise en cours de
révision fiscale.
• Compensation des sommes
dues sur le remboursement de
TVA ou de l’IS à celles à payer
par l’Etat.

Page 141
- Lutte contre la fraude - Mettre en place une - Dérogation aux - Renforcement du - Institution de
et appréhension de politique volontariste de règles de pouvoir l'obligation de
l'informel, lutte contre les fausses prescription, pour d'appréciation de mentionner sur les
essentiellement à factures, par un système permettre à l'administration par factures délivrées
travers la mise en de croisement des fichiers l'administration de l'institution d'une l'ICE des clients
place d'une politique entre déclarants, (facturés se doter des disposition exerçant une
globale et concertée et facturant), surtout dans moyens permettant de lutter activité
le BTP. Ce type de nécessaires pour contre les professionnelle.
contrôle peut faire l’objet lutter contre la opérations
d’un contrat avec le privé, fraude et l'évasion constitutives d'abus
qui inclut éventuellement la fiscale, par le de droit.
saisie des données. renforcement du
- Demander aux dispositif juridique
importateurs de justifier notamment.
leur chiffre d’affaires par - Plafonnement des - Institution de - Obligation d'utiliser
des factures comportant charges déductibles sanctions pour non des logiciels de
l’identifiant des dont le règlement conservation des facturation :
commerçants ou des peut être effectué documents institution de
entreprises auxquels ils en espèce à 10000 comptables ou des manière progressive
ont vendu leur DH par jour et par copies de ces de l'obligation pour
marchandise. En cas fournisseur. documents pendant les contribuables
d’insuffisance ou de défaut 10 ans. exerçant dans des
Lutte contre la de déclaration, suspension secteurs d'activité
fraude, l'informel et pour l’opérateur concerné qui seront définis
l'évasion fiscale de la possibilité d’importer. par voie
- Avoir une approche de réglementaire, de
[1/2] contrôle par profession se doter d'un
pour éviter les sentiments système
d'injustice induits par les informatique de
contrôles ciblés. facturation qui
- Croiser les fichiers répond à des
douane, impôts et Office critères techniques
des changes, pour lutter déterminés par
contre les sous l'administration et
déclarations en douane qui respecte les
des marchandises exigences prévues
importées, notamment par aux paragraphes III
le contrôle des règlements et IV de l'article 145
des importations via du CGI.
transfert de devises. - Obligation de
- Renforcer les équipes compléter le
d’inspection et de contrôle caractère de
de la Direction Générale 'régularité' par le
des Impôts et la doter des critère d'effectivité
moyens informatiques de l'objet de la pièce
adéquats. de dépense.

Page 142
- Instaurer une Direction - Institution d'une
de l’inclusion de l’informel, procédure de
au sein du Ministère des contrôle permettant
Finances, qui a pour rôle une régularisation
d’accompagner les spontanée par
sociétés qui choisissent de déclaration
rentrer dans le formel, de rectificative.
proposer des mesures
d’encouragement et
d’assurer le suivi des
contrôles et des sanctions.
- Prévoir pour les
entreprises qui démarrent
que seule la cotisation
salariale soit payée, pour
Lutte contre la encourager les
fraude, l'informel et déclarations.
l'évasion fiscale - Réguler et taxer le
secteur de la distribution,
[2/2] en particulier les grossistes
et les importateurs de
produits finis.
- Etablir des barèmes de
prix de revient avec les
professionnels concernés
pour les produits importés
en masse, de façon à
détecter assez vite les
fraudeurs potentiels et de
les mettre sous contrôle
(prix de référence, pas de
revient)

B. Types d’impôts / prélèvements


- Structure des recettes - Indexer les tranches de - Relèvement du - Exonération d’IR - Suppression de
fiscales l’IR sur l’inflation de façon minimum de la du salaire mensuel l’imputation de la
à maintenir le pouvoir cotisation minimale brut plafonné à cotisation minimale
- Baisse de la pression d’achat de la classe en matière d'IR. 10.000 DH en matière d’IR au
fiscale et rationalisation moyenne. titre des revenus
des règles d'assiette - Elargir la déductibilité professionnels et
IR pour personnes à charge agricoles.
aux ascendants et aux
[1/2] collatéraux (frères et
sœurs) à charge, toujours
dans la limite de six
personnes.

Page 143
- Augmenter la quotité de
déduction pour personne à
charge de 30 à 60
dirhams.
- Relever de façon
progressive la tranche
exonérée à 4.000 dirhams.
- Uniformiser la base de
taxation sociale, et fiscale
(notamment pour l’IR), cela
évite la multiplicité des
IR bases pour les contrôles et
crée une incitation plus
[2/2] forte à la déclaration,
notamment pour la retraite.
- Encourager des métiers
indépendants à payer l’IR
avec un système
permettant de bénéficier
d’une dotation en devises
supplémentaires indexée
sur le revenu imposable
(20% des revenus
imposables déclarés, dans
la limite du montant de l’IR
payée).
- Structure des recettes - Clarifier les textes pour la - Relèvement du - Institution des taux - Extension de la - Imposition des
fiscales fixation du résultat minimum de la proportionnels en neutralité en dividendes servis
imposable (provisions, cotisation minimale matière d’IS (10%, matière d’IS aux aux sociétés
- Baisse de la pression taux de chute ou de en matière d'IS. 20%, 30% et 31%) opérations de prêt actionnaires des
fiscale et rationalisation pertes, prix de transfert, selon le montant des certificats sukuk OPCI, en tant que
des règles d'assiette etc.), à définir avec les des bénéfices nets produits financiers
différents secteurs fiscaux réalisés sans aucun
d’activité - Suppression de abattement.
- Aligner les pratiques l’imputation de la
IS fiscales pour les cotisation minimale
professions organisées en matière d’IS au
[1/2] selon des lois spécifiques titre des revenus
et selon une comptabilité professionnels et
spécifique, sur les agricoles.
modalités du plan de
compte concerné
(provisions, durée
d’amortissement,
placements etc.)

Page 144
- Fixer un barème
progressif à l’IS adossé au
résultat imposable (Pas
encore de progressivité ;
création de quelques taux)
• 15% jusqu’à 1 million de
dirhams.
• 20% de 1 à 10 millions de
dirhams.
• 25% de 10 à 20 millions
de dirhams.
• 30% jusqu’à 200 millions
de dirhams.
• 35% jusqu’à 1.000
millions de dirhams.
• 40% au-delà.
- Prévoir que ces deux
derniers taux pourraient
être abaissés après une
période maximum de 3
ans, le temps que l’assiette
soit élargie et que les
IS recettes de TVA retrouvent
un rythme normal après
[2/2] que la réforme de la TVA
soit entrée en vigueur.
- Prévoir une cotisation
minimale dont le taux
augmente
progressivement en
fonction du nombre
d’années où l’impôt payé
correspond à la cotisation
minimale, tout en tenant
compte du cas particulier
des secteurs dont la marge
est règlementée. Les taux
suivants peuvent être
retenus:
• 0,5% pour les premières
cinq années.
• 1% à partir de la 6ème
année jusqu’à la 10e
année.
• 1,5% au-delà

Page 145
- Réforme globale de la - Assurer la neutralité de la - Application du taux - Application du taux - Application de la - Exclusion de - Application du
TVA TVA pour l’entreprise. Pour de 10% à certains réduit de 10% aux TVA au taux de l'exonération de la régime de la TVA
se faire, il faudrait que produits ou services opérations et 20% aux opérations TVA des véhicules non apparente aux
chaque mois la différence exonérés ou soumis produits suivants : de transport acquis par les achats de lait non
entre TVA payée et TVA au taux de 7% : Opérations de crédit ferroviaire (14%) agences de location transformé servant
collectée soit soldée. Restauration fournie se rapportant au de voitures à la production des
L’entreprise paye à l’Etat le par l’entreprise à logement social dérivés laitiers
solde quand il est à sa son salarié (exo) (exo) taxables.
charge, l’Etat verse à Matériel à usage Chauffe-eaux
l’entreprise le solde quand agricole (exo) solaires (14%)
il est bénéficiaire (Fait pour Bois en grume (exo) Œuvres et objets
la première partie de la Aliments destinés à d’art (20%)
recommandation | l’alimentation du Engins et filets de
Deuxième volet de la bétail et animaux de pêche (exo)
recommandation non la basse-cour (7%)
réalisé) - Application du taux - Application du taux - Application du taux - Limitation de
- A défaut de de 20% à certains normal de 20% aux de 10% à l'exercice du droit à
remboursement de la TVA produits ou services opérations et l’acquisition de déduction de la TVA
TVA créditrice dans le mois qui exonérés ou soumis produits suivants : l’habitation à un délai
suit la déclaration, au taux de 14% : Farines et semoules personnelle par voie n'excédant pas une
Processus en faveur appliquer pour les retards Raisins secs et de riz et farines de de ‘Ijara Mountahia année, à compter
de la neutralité de la de paiement un intérêt figues sèches (exo) féculents (10%) Bitamlik’ (20%) du mois ou du
TVA identique à celui retenu Acquisitions Thé en vrac ou trimestre de sa
pour les retards de effectuées par conditionné (14%) naissance.
paiement pour les l’Université Al Péage dû pour
[1/2] créances commerciales. Akhawayn (exo) emprunter les
- Transformer le stock de Margarines et autoroutes (10%)
TVA dû à l’effet butoir en graisses
dette sur le Trésor à alimentaires (14%)
échéance 10 ans à zéro Véhicules utilitaires
coupon. (14%)
- Revenir au régime - Remboursement, - Exonération de la - Application du taux
d’exonération des à compter du TVA à l’importation unique de 10% à
investissements de la TVA 01.01.2014, du des aéronefs l’importation de
pour encourager crédit de taxe utilisés dans le l’orge et du maïs
l’investissement sur les cumulé du transport
infrastructures. 01.01.2004 au commercial
- Donner au secteur 31.12.2013 est international
agroalimentaire la inférieur ou égal à régulier, sans
possibilité de récupérer 20 millions de DH. aucune limitation du
une partie de la TVA nombre de places
collectée via un - Remboursement, - Institution en - Taxation des biens
mécanisme de TVA payée à compter de 2015, matière de TVA du immobiliers
fictive sur les produits du crédit de taxe régime de taxation d’occasion au taux
agricoles achetés (Fait sur cumulé au titre des de la marge pour de 20%
un périmètre donné, à années 2015, 2016 les agences de
généraliser). et 2017, à voyages.
concurrence d'un

Page 146
- Passer à deux taux de tiers par année, aux
TVA donnant droit à contribuables dont
récupération, un taux le crédit de taxe
normal à 20%, et un taux cumulé du
réduit à 10%, en plus du 01.01.2004 au
taux à 0% pour les 31.12.2013 est
produits nécessitant une supérieur à 20
exonération. millions de DH et
En liaison avec cette inférieur ou égal à
mesure, réserver 2 points 500 millions de DH.
de TVA au financement de - Suppression de la - Exonération de la
la couverture sociale règle de décalage TVA des
(partiellement fait) d'un mois en importations
- Réintroduire un taux de matière de TVA. d’aéronefs d’une
TVA super élevé (30%) sur capacité de 100
les produits de places destinés au
consommation de luxe transport aérien
TVA dont la recette ainsi que ainsi que du
celle de l’équivalent de 2 matériel et pièces
Processus en faveur points de TVA au taux de de rechange
de la neutralité de la 20% peuvent être affectés destinés à la
TVA au financement des réparation desdits
cotisations sociales et/ou aéronefs
au fonds d’appui à la - Exonération de la
[2/2] cohésion sociale (La TVA sur les
notion de '30%' existe, opérations de
notamment sur les voitures démantèlement
de luxe. (Réflexion à lier à d’avions
la notion d'équité sociale, - Exonération de la
et à la définition à donner TVA de l’importation
aux produits de luxe) des équipements
- Réexaminer la liste de destinés au
l’ensemble des produits transport ferroviaire
actuellement à 0, 7, 10 ou - Généralisation du
14% de TVA pour les remboursement du
reclasser sur la nouvelle crédit de taxe
grille (Taux actuellement : grevant les biens
0, 7, 10, 14, 20 et 30%.) d’investissement.
- Application du
régime de la TVA
non apparente aux
achats de lait non
transformé servant
à la production des
dérives laitiers
taxables.

Page 147
- Clarification du
- Structure des recettes
TSAVA champ d'application
fiscales
de la TSAVA
- Mep d'un impôt - Aligner la taxation des - LF 2013 : Aligner - Application du tarif - Retour sur la
frappant les plus-values entre héritage la taxation des plus- de la TSAVA des disposition de 2013
investissements non et donation. values entre véhicules à essence qui alignait la
productifs - TNB - Passer les droits héritage et donation aux véhicules à taxation des plus-
- Institution d'un impôt d’enregistrement sur les moteur électrique et values entre
de solidarité pour les héritages et les donations aux voitures à héritage et donation
ménages aisés - à 2% moteur hybride
restitution subventions - Créer la notion de utilisant, à la fois,
compensation majorité qualifiée (à 66% l’électricité et le
des parts) pour rendre carburant
possible la vente ou la
valorisation d’un bien dans
l’indivision, sans qu’un
héritier minoritaire ne
puisse s’opposer. Cette
règle ne s’appliquerait pas
à la résidence principale
que continuerait d’occuper
une veuve avec des
Fiscalité du enfants.
patrimoine - Prévoir, afin de lutter
contre la spéculation et
TNB encourager la mobilisation
du foncier nécessaire aux
[1/3] investissements, un impôt
de solidarité sur le
patrimoine non productif,
qui se substitue ou
complète la taxe sur les
terrains urbains non bâtis
(TNB), avec des taux
progressifs dans le temps
(Mesure faite à contre-
sens ; résultat non
conforme et contre-
productif)
- Donner la possibilité aux
promoteurs immobiliers de
suspendre le paiement de
l'impôt de solidarité sur le
patrimoine non productif
pour une période de 7 ans
à partir de la date
d’acquisition. Si un
programme est réalisé sur

Page 148
ce foncier, cet impôt ne
serait pas dû, dans le cas
contraire, ou en cas de
vente, il serait payé
rétroactivement, majoré
d’un intérêt correspondant
au taux des bons de trésor
(Mesure faite à contre-
sens ; résultat non
conforme et contre-
productif).
- Créer la notion de zone à
activité réduite ou en
difficulté pour permettre
aux promoteurs de ne pas
être pénalisé en cas de
difficulté économique (cas
actuel de Marrakech et
Tanger), les empêchant à
réaliser leur projet dans les
délais requis.
Fiscalité du - Donner la possibilité à un
patrimoine promoteur en difficulté
d’avoir droit à un
TNB traitement similaire à celui
envisagé au point 32 pour
[2/3] une période à fixer
conjointement avec la
Direction Générale des
Impôts.
- Supprimer la règle qui
soumet à la TNB les
portions de terrains au-
delà de 5 fois le terrain
bâti, et la remplacer par la
non soumission à la TNB
de tout titre foncier sur
lequel il y a un bâti. En cas
de demande de
morcellement ou de
distraction de parcelle, la
part distraite pourrait être
soumise à la TNB avec
révision sur toute la durée
de possession passée.
- Veiller à une meilleure
application et perception
de la taxe d’habitation et
de la taxe sur les services

Page 149
communaux sur les
logements inoccupés.
- Prévoir la taxation dans
les deux années suite au
Fiscalité du classement d’un terrain en
patrimoine périmètre urbain ou en cas
de changement significatif
TNB d’affectation (zoning).
Cette taxe pourrait
[3/3] correspondre à la valeur
créée sur ce terrain avec
un abattement de 50%.
Cet abattement n’est pas
libératoire du paiement de
l’impôt exigible au moment
de la vente.
- Réaménagement - Imposition des - Clarification du
du taux de avances accordées régime fiscal
l’abattement dans le cadre des applicable aux
forfaitaire applicable contrats opérations de
aux pensions et d'assurance retraite. transfert des
rentes viagères. cotisations ou
primes se
rapportant aux
contrats
d’assurance-retraite
complémentaire
d’un organisme à un
autre.
Epargne / Retraite - Relèvement des
taux de déduction
[1/2] des primes se
rapportant aux
contrats
d'assurance retraite
à 50% pour les
salariés et 10%
pour les titulaires
d'autres revenus.
- Limitation et
relèvement des taux
de la déduction des
primes ou
cotisations se
rapportant aux
contrats
d’assurance retraite.

Page 150
- Institution de la
progressivité au
Epargne / Retraite niveau des taux
d’abattement
[2/2] applicable au
montant brut des
retraites : 40 et
50%.
- Minimisation de - Revoir la fiscalité de - Institution - Report du déficit
l'impact fiscal sur les groupe pour rendre plus permanente du fiscal cumulé par les
opérations de simple les regroupements régime fiscal sociétés
restructuration du tissu d’activité, les apports particulier au profit absorbantes dans le
économique d’actifs à une activité ou des opérations de cadre d’une
- Fusion ; Fiscalité les séparations d’activité - fusion et de scission opération de fusion
groupe (biens Lier pour un groupe la de sociétés. ou de scission.
d'investissement) ; possibilité de bénéficier de - Institution de
Coût fiscal : la fiscalité de groupe l'obligation pour la
restructuration droits comme proposé ci-dessus société absorbante
sociaux familiaux à la nécessité de payer l’IS ou née de la fusion
sur le résultat consolidé, ou de la scission de
étant entendu que les verser l'impôt
résultats déficitaires ne afférent aux plus-
seraient pas consolidés values sur les
mais garderaient dans éléments d'actif non
Fiscalité de groupe l’entité juridique où ils ont amortissables qui lui
été enregistrés la ont été transférés
possibilité de report suite à fusion ou
comme c’est le cas scission
actuellement. indépendamment
du résultat de
l'exercice.
- Octroi aux
sociétés
absorbantes de la
possibilité de
reporter leurs
déficits
correspondant aux
amortissements
régulièrement
comptabilisés sur
les bénéfices des
exercices suivants.

Page 151
- Améliorer la perception
de la taxe d’habitation.
Uniformisation et
publication des barèmes
par quartier, tenant compte
éventuellement de
l’ancienneté du bien pour
éviter une trop grande
hausse des tarifs pour
certains
- Supprimer la taxe
professionnelle pour les
contribuables soumis à l’IS
et son remplacement par
un financement alternatif
pour les collectivités
locales éventuellement
basé sur l’IS.
- Mettre en place un
financement basé sur l’IS
et l’IR sur les profits
immobiliers générés dans
la collectivité de façon à
assurer un lien entre
richesse créée dans la
collectivité et les recettes
Fiscalité locale fiscales reçues
- Simplifier le nombre de
taxes pesant sur certains
secteurs, notamment le
tourisme
- Simplifier les bases de
calcul des taxes locales,
pour les adosser soit à
l’activité soit au résultat.
C. Mesures sectorielles
-Prévoir un échange avec
le système bancaire afin
que la catégorisation
puisse être un critère de
notation. Les bonnes
entreprises doivent
Système bancaire
bénéficier d’un meilleur
rating, et par conséquent
d’une meilleure tarification
et d’une meilleure prime de
risque

Page 152
- Suppression de - Relèvement du - Limitation du taux - Refonte du régime
- S'agissant de la taxe sur l'exonération taux des DE réduit des DE de fiscal applicable aux
les profits immobiliers, triennale prévue en applicable aux 4% à 5 fois la coopératives et
droits d’enregistrement et matière de revenus cessions de valeurs superficie couverte associations
taxe d’habitation : fonciers, de la mobilières de 3 à par les acquisitions d'habitation.
• Publier les barèmes pour location des 4%. de terrains à
l’immobilier, par ville, constructions construire.
quartier et par type de nouvelles et
bien. Ces barèmes doivent additions de
être fixés en concertation construction.
avec les professionnels et - Modification du - Relèvement de la - Suppression des
révisés tous les ans prix de cession et la redevance locative modalités
• Prévoir la taxation des superficie relatifs du logement social d’application des
Construction droits d’enregistrements et aux logements et du logement à dispositions
des profits immobiliers sur destinés à la classe faible valeur relatives à la
Immobilier les mêmes bases, moyenne. immobilière et déductibilité prévue
adossée à ces barèmes. réduction de la à l’article 28-II, en
Logement • Prévoir le paiement de la durée cas d’acquisition
taxe sur les profits d’exonération. d’une habitation
Logement social immobiliers sous forme de principale dans le
prélèvement à la source cadre de l’indivision.
par le notaire, avocat ou - Prolongement de
Adouls qui supervise la la période de
transaction vacance pour le
• Instaurer la possibilité à bénéfice de
un acquéreur ou à un l’exonération de l’IR
vendeur de bien de valider au titre du profit
le prix a priori par foncier résultant de
l’administration fiscale. En la cession d’un
cas de non réponse dans logement destiné à
un délai d’un mois, les l’habitation
barèmes en vigueur principale
s’appliquent sans - Introduction de
possibilité de recours par nouvelles
l’administration fiscale dispositions
relatives au
logement social

Page 153
-Fiscalité du secteur Lancer une étude - Institution - Octroi du bénéfice
agricole approfondie pour la mise progressive du et de l'abattement
en place de la fiscalité secteur agricole, en de 40% aux
-Fiscalisation du agricole en définissant en matière d'IS et d'IR. revenus fonciers
secteur selon une particulier sur le plan afférents aux
démarche progressive technique : propriétés agricoles.
qui prend en - Les modalités de mise en
considération ses place de la TVA agricole :
spécificités notamment les taux à
retenir et le mode de
recouvrement de la TVA
(une première approche
consiste à considérer les
points d’accès au marché
comme lieu de liquidation
de la TVA ou prévoir une
taxation à la TVA entre les
mains des circuits de
distribution).
- Le rétablissement de
l'équilibre entre la TVA
payée par l'amont et l'aval
du secteur.
- L’imposition des revenus
des agriculteurs en matière
d’IS ou d’IR: Prévoir des
seuils d’exonération et des
Agriculture modalités pratiques
d’imposition en l’absence
[1/2] d’un plan comptable
agricole.
-La mise en place d’un
plan comptable agricole
permettant aux
exploitations agricoles une
meilleure maitrise
financière de leur activité.
- L’accompagnement de la
structuration des
exploitations agricoles
d’une certaine taille pour
les transformer en
sociétés.
- Eventuellement, la voie
d’un impôt basé sur la
possession de la terre, en
excluant les zones
défavorables ou arides.

Page 154
- La fiscalisation et la
couverture sociale qui
doivent aller de pair
(maladie, retraite,
allocations familiales). Il en
est de même pour les
mécanismes de soutien en
cas de difficulté naturelle
(sécheresse, inondation,
grêle etc.).
- Passer le seuil
Agriculture d’exonération des
coopératives agricoles à
[2/2] 10 millions de dirhams de
chiffre d’affaire au lieu de 5
millions actuellement.
- Inciter les coopératives
agricoles à séparer leurs
activités de transformation
de leurs activités agricoles
ou de collecte de produits
agricoles pour leur éviter
une taxation de leur chiffre
d’affaire global.
Mettre en place un - Limitation du délai - Institution de
mécanisme de crédit impôt du bénéfice de manière
recherche l'exonération, en permanente de
matière d'IR, de l’exonération de
l'indemnité de l’indemnité de stage
stage.
Formation - Exonération des
Emploi rémunérations et
indemnités
occasionnelles
brutes versées par
une entreprise à
des étudiants
inscrits dans le
cycle de doctorat
D. Mesures sociales
- Exonération de la - Exonération totale
TVA des permanente en
associations de matière d’IS des
Monde associatif microcrédit fédérations et des
associations
sportives reconnues
d’utilité publique.

Page 155
- Structure des recettes - Traiter la problématique
fiscales : équilibre entre de la couverture sociale
l'imposition du capital dans le cadre des mesures
et celle du travail concernant la lutte contre
l'informel et l'évasion
fiscale
- Transférer une partie du
financement de la
couverture sociale sur
l’impôt pour ne pas alourdir
Couverture sociale trop le coût du travail.
- Associer le traitement de
la couverture sociale pour
pouvoir mieux
appréhender la base
fiscale, pour les
professions libérales, les
commerçants et les
agriculteurs
E. Mesures transverses / d’ordre général
- Analyser les filières pour
vérifier la neutralité de la
fiscalité et pour encourager
la production nationale
(TVA, ex. de la taxe
forestière qui était
appliquée au bois importé
brut et non appliquée aux
meubles en bois importés,
ce qui défavorise les
producteurs locaux de
meubles).
Neutralité de la - Donner la possibilité aux
fiscalité producteurs nationaux de
recourir aux mécanismes
de production sous
douane, les intrants étant
soumis au maximum aux
conditions douanières et
fiscales (TVA) qui
concernent leurs produits
finis.
Assurer la neutralité de la
fiscalité en fonction de la
nature juridique de celui
qui possède le bien
(personne physique ou
morale).

Page 156
- Passer d’un système de
Système de dépense fiscale à un
dépenses système de dépense
budgétaires budgétaire, davantage
transparent.
- Uniformiser les systèmes
d’information des différents
organes de l’Etat :
Direction Générale des
Système
Impôts, Douane, CNSS,
d'informations
Office des Changes,
Trésorerie Générale du
Royaume par un Identifiant
unique.

Page 157
Annexe 4 : Synthèse portant sur la notion d’équité fiscale
– Lien entre l’équité et les principes de l’égalité et de la capacité
contributive.

L’équité fiscale est érigée en principe fondamental, consacré à plusieurs égards par le texte
constitutionnel. Ainsi, les articles 39, 40 mettent en avant les facultés contributives, la
solidarité et la contribution proportionnelle aux moyens. L’article 162, quant à lui, met
l’accent sur la diffusion des principes de justice et d’équité dans le cadre des rapports entre
l’administration et les usagers. Enfin, l’article 166 consacre le principe de la transparence et
de l’équité dans les relations économiques, notamment pour lutter contre les pratiques
anticoncurrentielles, et les pratiques commerciales déloyales.

Equité et égalité devant l’impôt

Si le principe d’égalité devant les charges publiques est une composante de l’équité, cela
signifie que les citoyens sont égaux devant la loi fiscale. Ainsi, les individus se trouvant dans
une situation similaire ne doivent bénéficier d’aucun traitement différencié à travers une
exemption ou un privilège fiscal qui n’est pas accessible à tous. Dans cette optique, tout
citoyen marocain est tenu de contribuer équitablement dans la charge fiscale. Cette égalité
devant l’impôt découle de celle de l’égalité devant la loi consacrée par l’article 6 de la
constitution de 2011.

Equité et capacité contributive

L’équité fiscale est également liée à un autre principe qu’est celui de la capacité contributive.
Toutefois, il est difficile à travers les tranches du barème progressif de prétendre situer
objectivement et avec suffisamment de pertinence, les niveaux d’imposition qui assurent
l’équité. De même, le critère de l’indice du coût de la vie qui connait des écarts significatifs
entre une région et une autre, pèse également sur cette capacité contributive.

Equité et efficacité du système fiscal

Plusieurs aspects peuvent être examinés sous ce chapitre, parmi lesquels ceux ayant trait (i)
à la gestion administrative (compétence des agents de l’administration, célérité dans le
traitement des demandes des contribuables, etc.) ; (ii) ou encore à la bonne application des
règles fiscales (impartialité, bonne interprétation des textes, etc.).
Souvent, l’équité est invoquée chaque fois qu’il s’agit d’évaluer la rigueur avec laquelle la loi
sanctionne l’incivisme ou l’évitement de l’impôt. En effet, le paiement de l’impôt par tous
ceux qui en sont redevables est un facteur fondamental en matière d’équité. Par ailleurs, la
fraude fiscale non suffisamment punie créée un sentiment d’injustice chez les contribuables
de ‘bonne foi’.

Equité et efficience

Dès lors que la fiscalité comporte une mesure à effet incitatif, elle entraîne potentiellement
un risque de distorsions dans les comportements économiques (en matière d’épargne,
d’investissement, de consommation et d’offre de travail) à court et à long terme. Le système
fiscal devrait réduire au minimum les discriminations en faveur ou à l’encontre de tout choix
économique particulier, sauf lorsqu’il existe des externalités manifestes.

Page 158
Annexe 5 : Liste des membres de la Commission Permanente chargée des
Affaires Economiques et des Projets Stratégiques

Catégorie des Experts

Ahmed Rahhou
Amine Mounir Alaoui
Fouad Ben Seddik
Khalida Azbane Belkady
Mohamed Bachir Rachdi
Tarik Aguizoul

Catégorie des Syndicats

Allal Benlarbi
Latifa Benwakrim
Mohammed Alaoui
Najat Simou

Catégorie des Organisations et Associations Professionnelles

Abdelkarim Foutat
Ahmed Abbouh
Abdallah Deguig
Ahmed Ouayach
Ali Ghannam
Amine Berrada Sounni
Meriem Bensalah Chaqroun
Mohammed Fikrat
Moncef Ziani
Mouncef Kettani
Larbi Belarbi

Catégorie des Organisations et Associations œuvrant dans les domaines de


l’économie sociale et de l’activité associative

Karima Mkika
Mohamed Mostaghfir
Tariq Sijilmassi

Catégorie des Membres de Droits

Ahmed Alami Lahlimi


Lotfi Boujendar

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