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Dossier pédagogique

Saison 2014-2015

Campo

Quai Ouest
création mondiale
nouvelle production

En deux mots
Un homme qui a tout perdu se rend dans
un endroit hors de son monde et y trouve
la mort. Il y rencontre des âmes errantes
qui s’entredéchirent et va, malgré lui,
précipiter leurs destins.

Contacts
Flora Klein • tél + 33 (0)3 88 75 48 54 • courriel • fklein@onr.fr
Hervé Petit • tél + 33 (0)3 88 75 48 79 • courriel • hpetit@onr.fr
Opéra national du Rhin • 19 place Broglie
BP 80 320 • 67008 Strasbourg www.operanationaldurhin.eu
Photo Nis & For
création mondiale
nouvelle production

Opéra en 30 séquences de Régis Campo


Livret de Kristian Frédric et Florence Doublet
D’après la pièce de Bernard-Marie Koltès

STRASBOURG Direction musicale Marcus Bosch


Opéra Mise en scène Kristian Frédric
Sa 27 septembre 20 h Décors Bruno de Lavenère
Ma 30 septembre 20 h Costumes Gabriele Heimann
Je 2 octobre 20 h Lumières Nicolas Descoteaux

MULHOUSE Maurice Koch Paul Gay


La Filature Monique Pons Mireille Delunsch
ve 10 octobre 20 h Cécile Marie-Ange Todorovitch
Claire Hendrickje Van Kerckhove
Rencontre avec Régis Campo, Rodolfe Christophe Fel
Marcus Bosch et Kristian Frédric Charles Julien Behr
animée par Marc Clémeur
Strasbourg, Opéra, salle Bastide Fak Fabrice di Falco
ve 26 septembre 18 h 30 • entrée libre
Chœurs de l’Opéra national du Rhin
Orchestre symphonique de Mulhouse

Coproduction avec le Staatstheater Nürnberg


Commande de l’Opéra national du Rhin
et du Staatstheater Nürnberg
Avec le soutien du Fonds de Création Lyrique

Représentation du 27 septembre
en partenariat avec Musica

Langue : français surtitré en français et en allemand


Durée approximative : 1 h 40 sans entracte
Conseillé à partir de 15 ans : collège et lycée
Contexte
Koch a 60 ans. C’est un homme d’affaires ruiné. Il ne lui reste qu’un seul désir : mourir. Pour l’aider, il demande à Monique,
sa secrétaire, de l’accompagner. C’est le soir, ensemble, ils se rendent au bord d’un fleuve, près d’un hangar désaffecté. Ce lieu,
apparemment un no man’s land, est pourtant habité par des êtres errants, comme prisonniers de cet endroit, entre la vie et la mort.
Certains d’entre eux veulent s’en échapper à tout prix.

Argument
Dans un hangar désaffecté, qui donne sur un quai.

Première soirée

Koch et Monique arrivent devant le hangar et rencontrent Charles. Koch est prêt à lui léguer tout ce qu’il possède – son briquet
Dupont, des boutons de manchette en or, une bague, une Rolex – contre deux pierres à glisser dans ses poches, pour être sûr de
bien couler au fond du fleuve, de bien mourir. Charles le guide à travers le hangar, pendant que Fak ramasse les objets abandonnés
par Koch. Très vite, l’homme d’affaires remarque la présence tacite d’Abad et s’en inquiète. Charles et Abad s’entretiennent,
Koch négocie le droit de mourir sur leur terrain.

Pendant ce temps, un peu plus loin, Fak tente de convaincre Claire, la jeune sœur de Charles, de se défaire de sa virginité, mais la
jeune fille résiste. Elle sait que perdre ce qui lui reste de pureté la condamnera à rester prisonnière de ce no man’s land. Elle craint
aussi les représailles de son frère. L’arrivée de Monique interrompt leur entretien. Celle-ci croit avoir entendu le bruit d’un corps
qui tombe à l’eau et les prie de bien vouloir l’aider. Elle est prête à tout leur donner en échange de leur bienveillance : de l’argent,
la voiture. Fak l’attire dans le tunnel dans lequel il voulait entraîner Claire, quand Koch paraît, trempé, soutenu par Charles.
Le jour se lève.

Claire soupçonne son frère de vouloir s’enfuir avec Fak et de l’abandonner, sans protection. Pour mettre à exécution son
dessein, Charles vend sa sœur à Fak et empoche en échange les clés de la Jaguar. Arrive Cécile, la mère de Claire et Charles.
Elle aussi, veut sa part du gâteau : elle provoque Charles afin qu’il dépouille Koch. L’union faisant la force, Charles propose à
Abad un marché pour s’associer, puis rejoint Monique, qui demeure auprès de Koch. Constatant rapidement que la tête de delco
manque à la voiture, Monique accuse Charles de vouloir la duper. Celui-ci se rend compte qu’il s’est fait devancer par Fak dans
sa tromperie. Plus loin, Fak donne à Claire la tête de delco et convient avec elle, résignée, d’un rendez-vous. Charles part à la
recherche de Fak, bien décidé à quitter le hangar grâce à la voiture.

Deuxième soirée

Début de soirée. La lumière commence à décliner.


Claire rend la tête de delco à Koch et Monique, mais les pneus de la voiture sont crevés. Entre Cécile, qui leur offre son aide.
Rodolfe, le mari de Cécile, retrouve Abad, lui confie un pistolet et lui demande de tuer Koch. Tous se retrouvent et se disputent
pour retrouver la montre de Koch. Lorsque Monique et Koch tentent de partir, Abad surgit, un fusil à la main. Alors que l’aube
pointe, Abad mène Koch à l’écart, sur la jetée. Ce dernier le supplie de l’abattre.

Dans le hangar, pendant qu’Abad exécute Koch, Fak viole Claire avant de la frapper et de la laisser seule. Charles, quant à lui,
s’apprête à faire ses adieux à son père Rodolfe, qui le rejette et nie toute filiation avec lui. Tous disparaissent progressivement.
Reste Claire, qui déclare son amour et son dévouement à son frère. Plus loin, Abad tire sur Charles.
Des personnages pour une action intérieure

Monique Pons
Référence à Ophélie dans Hamlet, à certaines femmes
des films de Luis Buñuel – Cet obscur objet du désir,
L’Ange exterminateur ou Le Charme discret de la Cécile
bourgeoisie –, de Pedro Almodóvar ou bien encore une
femme des Précieuses Ridicules de Molière.
> Âge : 60 ans
> Âge : 42 ans > Liens avec les autres personnages :
> Liens avec les autres personnages : mère de Charles et Claire, femme de Rodolfe.
secrétaire de Koch, peut-être sa maîtresse. > Portrait : originaire d’Amérique du Sud, des grands
> Portrait : elle est dévouée à Koch. C’est une femme plateaux des Andes, elle a un côté tragédienne et est
terre à terre, au grand sens pratique, ancrée dans excessive. Usée par sa vie faite de petites combines,
le matériel, du moins assez pour s’y connaître en elle fume, elle crache, elle s’est sans doute prostituée
mécanique. Elle vient d’un milieu modeste, mais se par le passé. Elle est probablement malade : la
donne des airs de femme du monde. Son langage et tuberculose, un cancer, une maladie sans nom. Elle
sa gestuelle démesurée lui confèrent un côté comique. est nostalgique, parle de l’avant, de son pays, de sa
Sous ses apparences, elle est pourtant une femme jeunesse. Elle craint d’être exclue par les autres et épie
en profonde détresse, seule. sans cesse, reste à l’affut. Elle a un langage très imagé.
> Son aspiration : être une femme du monde. Elle croit en Dieu, mais par superstition.
> Trajectoire dans l’œuvre : d’abord parée d’allures > Sa plus grande peur : l’abandon.
caricaturales de femme du monde, son costume et sa > Trajectoire dans l’œuvre : elle finit par maudire
coiffure vont ensuite se disloquer et s’abîmer : une fois Dieu, avant de mourir.
le vernis effrité, elle sera condamnée à errer dans
ce lieu jusqu’à la fin des temps.

Rodolfe
Maurice Koch Référence à Fernando Rey dans French Connection

> Âge : 58 ans


> Âge : 60 ans > Liens avec les autres personnages :
> Liens avec les autres personnages : mari de Cécile, père de Charles, ce qu’il renie,
patron de Monique. peut-être de Claire.
> Portrait : c’est un homme d’affaires, un homme du > Portrait : ancien soldat, il fait plus que son âge et
monde, ruiné. Il n’a aucun sens pratique, n’accorde boite, à cause de la Kalachnikov qu’il dissimule sous
plus aucune importance à l’argent, ne sait pas conduire. ses vêtements. Il est le plus droit de tous, celui qui
Il possède la panoplie complète de la richesse, mais paraît sans masque. Un monstre, lâche, sans apparat.
s’en défait sans remord. Il a un langage de grand En adoubant Abad et en le poussant à tuer deux
bourgeois, manie le subjonctif avec aisance, mais ne hommes, il représente le véritable bras armé
retient pas sa vulgarité. Il se montre parfois capricieux, de l’œuvre.
immature, comme un enfant gâté. Il peut se montrer > Trajectoire dans l’œuvre : il est le déclencheur
condescendant. de l’arme.
> Son aspiration : la mort.
> Trajectoire dans l’œuvre : son arrivée va précipiter
le destin des autres personnages, il est le déclencheur
de tout.
charles
Référence à Dustin Hoffman dans Macadam Cowboy
fak
> Âge : 28 ans
> Liens avec les autres personnages : Référence à Marlon Brando dans Apocalypse Now
fils de Cécile et Rodolfe, frère de Claire (avec des plaques militaires) ou à Bruce Lee.
> Portrait : il vit de petites magouilles, croit qu’il est
plus malin que les autres, s’habille de façon miséreuse. > Âge : indéterminé.
Il est toujours dans la parole, mais jamais dans l’action. > Liens avec les autres personnages : aucun.
Il est un empêché, impuissant face au monde, > Portrait : animal à sang froid, il est rapide, instinctif,
aux femmes. Il n’a pas encore tout à fait conscience habile, il calcule pour survivre, il agit sans état d’âme.
qu’il est condamné. Il cherche la reconnaissance de Il accorde de l’importance au matériel et prend tout ce
son père. qui est à prendre : le briquet, les clés, la tête de delco
> Son aspiration : quitter cet endroit. et la virginité de Claire. Il complote et parle peu.
> Trajectoire dans l’œuvre : il est condamné à > Son aspiration : rafler les mises.
mourir, tué par Abad et se pare au fur et à mesure > Trajectoire dans l’œuvre : il fait partie intégrante
de l’allure de Koch : sa veste, sa silhouette, son ironie, du lieu et est sans doute le seul qui pourrait y vivre
sa fatalité, son rire, ses expressions. pour l’éternité.

abad
Référence à Roberto Zucco dans la pièce éponyme
de Bernard-Marie Koltès et à Charon, personnage
mythologique. le lieu
> Âge : indéterminé. Un personnage à lui seul, et d’ailleurs le personnage
> Liens avec les autres personnages : aucun. principal.
> Portrait : il est noir et passe inaperçu, telle une
ombre. Sa présence est permanente, mais on ne sait ni > Âge : éternel.
d’où il vient, ni comment il se nomme réellement. Il est > Portrait : une sorte d’entité chargée d’un vécu,
mystérieux, dégage une force impressionnante, ne parle d’événements passés. Les âmes y passent, y meurent,
pas, ou ne le fait que par le seul intermédiaire de son l’histoire se répète en tous temps : on vient dans ce lieu
double et confident, Charles. Il est le passeur du lieu, pour mourir. Tous les personnages y trouvent leur fin.
le révélateur des âmes et est le seul qui n’a pas peur > Trajectoire dans l’œuvre : il est le seul qui
des chiens. demeure, se dresse et impose son existence dans
> Trajectoire dans l’œuvre : il se fait double une intemporalité implacable.
de chacun des personnages, au fur et à mesure
qu’ils se révèlent à lui.

le décor
Bruno de Lavenère, décorateur, a conçu un lieu à la fois ouvert – de passage – et fermé
– puisqu’on y trouve sa propre fin. La structure est modulable et peut s’apparenter à un
labyrinthe ou à une machine. La scénographie utilise des procédés cinématographiques (plan,
cadre). Les matériaux utilisés apportent du réalisme à ce dispositif abstrait : acier, fer, rouille,
bois, béton, pierres. Nicolas Descoteaux, éclairagiste, a créé un jeu entre ombre et lumière,
qui donne écho au sens du livret.
Les personnages, leurs relations

MONIQUE

Protection
Relation amoureuse ?

Récupère Meurtre
FAK ses affaires
koch ABAD

Complicité
Transaction
Désir de Claire Secours Meurtre
Viol

Frère Père
claire Sœur
charles renie
rodolfe
son fils

Mère Mère Relation

cécile

Père

Maquettes de décors de Bruno de Lavenère


Notes d’intention

Régis Campo, compositeur


Quai Ouest, opéra pour sept chanteurs, chœur mixte, un danseur et orchestre
Mon souhait a été de rencontrer le metteur en scène, l’adaptateur du livret ou encore le scénographe dès le début du projet afin
de rejoindre l’esprit de troupe de théâtre que j’ai connu lors de mes études au Conservatoire de Paris avec des amis comédiens
du Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris dans les années 1990.
Ainsi, ma collaboration avec le metteur en scène Kristian Frédric a débuté avant même d’avoir commencé une seule note de
musique. La question de l’adaptation de la pièce Quai Ouest s’est tout de suite posée et j’ai assisté avec joie à ce travail opéré
par Kristian et Florence Doublet.
Nous avions le désir tout en gardant le style de Koltès toujours présent (aucun mot étranger à la pièce n’est ajouté, seule une
découpe chronologique a été faite) de finalement accoucher d’un grand livret d’opéra rassemblant les codes que le genre inspire
et impose.
Plusieurs indications primordiales de la dramaturgie chez Koltès nous sont apparues : à la fois les basculements ambigus entre
le sombre et la lumière, entre un rythme vif proche de la comédie et le temps statique des monologues, menant ainsi l’aventure
de Quai Ouest vers un opéra quasi « sacré » où chacun des sept personnages-chanteurs vit son destin inexorablement.
Le caractère très cinématographique de la pièce (et souvent référencé à Pasolini, notamment à son film Théorème) m’a alors donné
de nouvelles directions dans tous les « dialogues » de la pièce que l’on retrouve abondamment dans le livret. Ce sont des scènes
de rues, nerveuses, rapides qui donnent le ton des scènes de l’opéra.
Cet opéra Quai Ouest est un grand enjeu pour un compositeur : proposer aujourd’hui une nouvelle direction esthétique à la
prosodie française, et un choix de mise en musique de la langue koltésienne.
J’ai toujours en mémoire les indications de mise en scène de Bernard-Marie Koltès pour cette pièce :
« tout langage est ironique (…) Le pire enfin qui peut arriver à la pièce, c’est qu’on la fasse sentimentale, et pas drôle (...)
Ce sont des scènes de commerce, d’échange et de trafic ».
C’est cette ironie « tragique » dans l’art de Koltès avec le souci de fuir l’emphase, d’échapper à un « sérieux » là où une scène
demande à être drôle, qui me semble si proche de ma musique et de mon tempo personnel.

Florence Doublet et Kristian Frédric


Notes sur le livret

C’est la première fois que l’on adapte pour l’opéra une des grandes pièces du dramaturge Bernard-Marie Koltès, aussi, pour
nous koltésiens dans l’âme, mais librettistes, la tâche nous a semblé titanesque. Qu’avait-on le droit d’enlever, de cette langue
si travaillée, si musicale qu’est la langue de Koltès ? Que pouvait-on supprimer à ce texte dense, sans perdre le fil de l’histoire ?
Ni appauvrir l’immense poésie des monologues de chacun des personnages ?
Nous sommes donc partis du texte, didascalie après didascalie, mot après mot, en nous posant chaque fois la question de
l’essentiel : raconter la même histoire en conservant la structure, garder le plus possible du langage de cette écriture, tout
en l’adaptant à la fois à la dramaturgie de l’opéra et aux possibilités techniques de la musique et du chant.
Cet atelier a été réalisé à deux, avec toujours et de manière régulière au cours du travail, une discussion constructive avec le
compositeur Régis Campo. Ainsi, on a pu par exemple conserver ou non certaines répétitions fondamentales du texte original,
adapter de longs monologues à des arias, ou créer pour certaines scènes, des ensembles de voix sans contradiction avec l’esprit de
la pièce. Ce chantier, à trois, permet de ne pas écrire d’un côté le texte, de l’autre la musique, mais d’avoir une vision d’ensemble.
Notes et intentions de Kristian Frédric,
metteur en scène

Un homme (Koch) qui a tout perdu, va dans un endroit, hors de son monde, pour y trouver sa mort. Il entraîne dans son voyage
sa secrétaire (Monique). C’est un endroit qui pourrait se situer entre la vie et la mort. Une sorte de no man’s land où les êtres qui
s’y trouvent sont condamnés à errer. Nous sommes peut-être au bord du fleuve des enfers où chacun ne peut esquiver son destin.
Certains d’entre eux pourtant veulent y échapper à tout prix, sans jamais pourtant y parvenir. Ils ne comprennent pas pourquoi,
mais ils sont ancrés à cet endroit du monde. Il y a quelque chose qui peut nous faire penser à L’Ange exterminateur de Luis
Buñuel.
Malgré lui, Koch sera le déclencheur. Sa venue précipitera le destin de chacun. Chacun apparaîtra en plein jour, ils se dévoileront
et seront tous happés alors par leur destin. N’est-ce pas Charles qui nous prévient en disant à Koch lors de leur première
rencontre :
« Vous ne découvrirez rien ici. Il ne reste plus rien, même pas le moindre rêve, nulle part. Il n’y a que de la sagesse, partout. »
On assiste à une parabole mystique où le déclencheur est d’abord un désir de mort.
Il faut donc ancrer cette mise en scène dans cette vision-là. C’est pourquoi j’ai de suite pensé qu’Abad (celui qui n’a pas besoin de
mots) était l’âme de ce lieu et qu’il en deviendrait le passeur. Abad, celui qui aidera à guider les âmes égarées et son chien qui sera
là pour l’accompagner à devenir ce qu’il est au fond de lui-même : ce psychopompe, qui guidera l’homme dans la nuit de la mort.
Abad et le chien ne feront qu’un, leurs destins seront liés.
Comme seront liées les trois femmes de l’histoire (Monique, Claire et Cécile) par un transfert symbolique qui s’effectuera tout
au long de l’opéra. Monique débarrassée de ces dernières reliques deviendra par sa silhouette et sa coiffure, une nouvelle Cécile.
Claire violée par Fak et abandonnée au milieu du monde deviendra à son tour une nouvelle Monique. Tandis que Cécile sera,
dans sa mort, mangée par le lieu même. Elle n’aura jamais pu s’extraire de cet endroit.
Koch, lui, y trouvera sa mort, tandis que Charles prendra sa veste, sa silhouette, son ironie, sa dérision, sa fatalité, jusqu’à son rire
même et ses expressions : « foutaises ». Il comprendra lui aussi qu’il ne pourra pas lui échapper, qu’il sera condamné à franchir ce
fleuve sans jamais rester dans le souvenir de quelqu’un. N’est-ce pas là, la dernière requête qu’il formulera à Rodolfe (son père) :
« Je veux rester dans le souvenir de quelqu’un, comme tu m’as appris qu’il fallait rester dans le souvenir de quelqu’un pour ne
pas mourir. »

Ce père trop vieux trop foutu, qui pourtant reste le personnage le plus ancré dans l’histoire. Porteur de l’arme, il en deviendra son
déclencheur. Aussi monstrueux que lâche, il sera le bras armé du destin en adoubant Abad. C’est lui qui le poussera aux meurtres
en lui confiant sa mission :
« Si tu n’as tué qu’un seul homme, ta mort ne laissera aucune trace. Il faut en avoir tué deux, pour la gagner. »
On ne peut s’empêcher de penser à la rencontre, dans Apocalypse Now de Francis Ford Coppola, entre le colonel Walter E. Kurtz
et le capitaine Benjamin L. Willard.

Ce qui est passionnant chez Bernard Marie Koltès, c’est la Faculté qu’il a de nous ramener à chaque fois au plus profond de
nous-mêmes. Il érige devant nous un miroir, pour que puissent s’y refléter nos propres peurs, nos propres manques et surtout
notre besoin effréné de vouloir y laisser une trace. Plus qu’une histoire c’est une fable que nous nous proposons de déployer
devant vous à travers cet opéra de Régis Campo.
Un hangar désaffecté qui donne sur un quai.

Le décor fermé

Côté jardin : La structure / ossature d’un hangar (fait d’acier, de fer et d’IPN).


Certaines parties sont encore pleines (acier rouillé…). Sur d’autres, on ne voit
que l’ossature d’acier. C’est une structure à deux étages, dont on n’aperçoit que le
début du deuxième (le reste se perd dans les cintres). Cette partie du décor restera
fixe, tout au long du spectacle. Il y a un escalier en acier qui va du sol au premier.
Derrière, des passerelles donnent aux chanteurs des espaces de jeu.
Au lointain : le quai et la présence du fleuve. Différents pilotis de bois permettent
de donner de la perspective, mais aussi une possibilité de jeu. Il y a dans les dessous
un bassin d’eau. Sur le quai (peut-être à cour), des pierres cubiques sont entassées
(type pavés de chantier). Au loin, un cyclo peut être éclairé ou non.
Côté cour : un mur plein métallique (fait de poutrelles et d’acier). Ce mur, sur une
longueur d’environ six mètres, pourra se désolidariser de sa base. Il pourra aussi
lors du spectacle se diviser en deux parties distinctes. Le reste du mur restera fixe
en avant-scène cour.
Le sol est en béton gris, patiné en différents reliefs.
Maquettes de décors de Bruno de Lavenère

Le décor ouvert
Quai Ouest, la pièce de théâtre

L’auteur
Bernard-Marie Koltès est né à Metz le 9 avril 1948. Il suit des études secondaires au Collège
Saint Clément et des études de piano puis d’orgue auprès de Louis Thiry. Il s’installe à
Strasbourg en 1969 où il assiste à une représentation de Médée de Sénèque, mise en scène par
Jorge Lavelli avec Maria Casarès à la Comédie de l’Est. C’est le déclic : Koltès veut écrire pour
le théâtre. Il entre alors pendant quelques mois au Théâtre National de Strasbourg dans la section
régie avant de fonder une troupe, le Théâtre du Quai. Il écrit et met en scène des pièces telles
que Les Amertumes (1970), La Marche et Procès ivre (1971) ou Récits morts (1973). Il se fait
remarquer par Hubert Gignoux, directeur du TNS, qui deviendra son principal interlocuteur.
Parallèlement à ses projets, il voyage beaucoup, se rend en URSS (Allemagne de l’Est, Kiev,
Moscou, Saint-Pétersbourg), en Amérique latine, en Afrique et à New York. En 1977,
il s’installe à Paris et écrit La Nuit juste avant les forêts, sa dernière mise en scène, jouée dans
le cadre du Festival Off d’Avignon. Reprise par Pierre Audi en 1981 au Festival d’Edimbourg,
cette pièce le fera connaître en France et en Europe.
En 1979, il rencontre Patrice Chéreau qui, à partir de 1983, crée au théâtre Nanterre-Amandiers
la majorité de ses textes, parmi lesquels Combat de nègre et de chiens, qui avait été monté
en 1981 au théâtre de la Mamma (New York) par François Kourilsky. Il rencontre également « J’ai toujours
Claude Stratz, l’assistant de Patrice Chéreau, qui devient dès lors son lecteur et interlocuteur détesté un peu le
privilégié. théâtre, parce que
C’est entre 1983 et 1985 qu’il écrit Quai Ouest sur une commande de la Comédie de l’Est.
La pièce est créée en 1986 à Amsterdam avant d’être mise en scène par Chéreau à Nanterre et le théâtre c’est le
d’être montée dans toute l’Europe, puis dans le monde. Il s’essaie au cinéma en 1985 et écrit contraire de la vie,
un scénario, Nickel Stuff. Il rêve de confier le premier rôle à John Travolta, mais son projet sera mais j’y reviens
abandonné. toujours parce que
Dans la solitude des champs de coton, mise en scène d’abord par Chéreau en 1987 à Nanterre, c’est le seul endroit
sera jouée sur les cinq continents. Sa dernière pièce, Roberto Zucco, écrite en 1988, est créée
à la Schaubühne de Berlin par Peter Stein (1990) puis montée par Bruno Boëglin au T.N.P de où l’on dit que ce
Villeurbanne (1991) avant d’être interdite à Chambéry. Elle reste sans doute sa pièce la plus n’est pas la vie. »
jouée dans le monde. Bernard-Marie Koltes
Bernard-Marie Koltès meurt, victime du sida le 15 avril 1989 à Paris. dans Un Hangar, à l’Ouest

Ses textes, traduits dans une trentaine de langues, font aujourd’hui de lui un des dramaturges les
plus joués dans le monde. Si Koltès aborde des thèmes tout à fait contemporains de son époque,
tels que les difficultés de communication entre les hommes, la tragédie de l’être solitaire et de la mort, il ne s’inscrit pas pour
autant dans le courant du théâtre de l’absurde. Il choisit plutôt de se tourner vers des fondements plus classiques et s’inspire de
Shakespeare, Marivaux, Rimbaud ou Claudel.

Le propos de la pièce

« Je mettrai deux lourdes pierres dans les poches de ma veste ; ainsi, mon corps collera au fond comme un pneu dégonflé
de camion, personne n’y verra rien. » Koch

Les origines

« En ce moment, j’écris une pièce dont le point de départ est aussi un lieu. à l’ouest de New York, à Manhattan, dans un coin
du West End, là où se trouve l’ancien port, il y a des docks ; il y a en particulier un dock désaffecté, un grand hangar vide, dans
lequel j’ai passé quelques nuits, caché. C’est un endroit extrêmement bizarre – un abri pour les clodos, les pédés, les trafics et les
règlements de comptes, un endroit pourtant où les flics ne vont jamais pour des raisons obscures. Dès que l’on y pénètre, on se
Photo Elsa Ruiz

rend compte que l’on se trouve dans un coin privilégié du monde, comme un carré mystérieusement laissé à l’abandon au milieu
d’un jardin, où les plantes se seraient développées différemment ; un lieu où l’ordre normal n’existe pas, mais où un autre ordre,
très curieux, s’est créé. Ce hangar va bientôt être détruit ; le maire de New York, pour sa réélection, a promis de nettoyer tout ce
quartier, probablement parce que, de temps en temps, un cadavre y est jeté à l’eau.
J’ai eu envie de parler de ce petit endroit du monde, exceptionnel et, pourtant, qui ne nous est pas étranger ; j’aimerais rendre
compte de cette impression étrange que l’on ressent en traversant ce lieu immense, apparemment désert, avec, au long de la nuit,
le changement de la lumière à travers les trous du toit, des bruits de pas et de voix qui résonnent, des frôlements, quelqu’un à côté
de vous, une main qui tout à coup vous agrippe. »
Bernard-Marie Koltès

« On aurait tort de penser que les personnages de Quai Ouest sont des ratés » B-M.K.

« À moins de croire naïvement qu’un raté est un homme qui n’a pas réussi au sens le plus vulgaire du terme, on aurait tort de
penser que les personnages de Quai Ouest sont des ratés. Il y a sans doute beaucoup de « ratés » qui n’ont jamais subi d’échec ; de
toute façon, c’est une notion qui n’a pas beaucoup de sens en soi. L’échec, c’est tout autre chose. Charles, par exemple, accumule
une série d’échecs ; or il meurt, si je puis dire, satisfait ; ou le plus satisfait possible. L’échec, ce n’est pas l’impuissance à satisfaire
un désir, c’est un aspect de la complexité d’un désir ; c’est un désir qui existe en soi. Et, pour le faire exister, Charles ne manque
ni d’habileté, ni de courage, ni de cohérence. On pourrait d’ailleurs se dire cela de tous les personnages ; l’avantage des histoires
qu’on raconte, c’est de pouvoir en inventer la meilleure fin possible. On peut donc partir du principe que chacun accomplit
absolument ce qu’il voulait ou avait à accomplir ; le nombre de morts et de blessés ne change rien à l’affaire. »
Un Hangar, à l’Ouest, in Roberto Zucco, éditions de Minuit, 2001, p. 131.

Une forme classique

« Quai Ouest est une tragédie comme les tragédies anciennes : les personnages parlent à cœur et à cerveau ouverts […] ; unité
de lieu, unité de temps ; à la fin, il y a la mort, les morts, qui jonchent la scène. Chez les anciens, les histoires sont des histoires
de famille, Labdacides – ceux qui s’entretuent par trop d’amour – ou Atrides – ceux qui vont jusqu’aux extrêmes de la haine.
Aujourd’hui, plus de familles royales ; plus de rois, d’ailleurs, dans nos pièces contemporaines. La tragédie n’est pas le fait
de destins exceptionnels. Il y a partout des Andromaque, à chaque journal télévisé nous les voyons ces 18 femmes déchues,
ces familles détruites par la guerre ou par la misère. Ce n’est plus à l’intérieur d’une même famille que se joue la tragédie. Et
c’est peut-être cela la nouvelle conscience du XXIe siècle et de cette pièce de Koltès : il y a bien une mondialisation. Désormais
l’humanité est une grande famille. Ce n’est pas celle rêvée par les Lumières, dans le sens d’une grande famille protectrice et
fraternelle. Cette grande famille, c’est la famille des Atrides, celle dont on tue et dont on dévore les enfants. Et, en effet, ces
enfants, Claire et Charles, la deuxième génération, ceux qui sont nés ici de parents émigrés, sont pris en étau par la génération des
aînés. D’un côté une société, représentée dans Quai Ouest par les riches, Koch et Monique, qui ne leur renvoie que du mépris et de
la haine, qui ne les traite que de « miteux » ; de l’autre côté la malédiction des parents qui trouvent que leurs enfants renient leurs
origines, manquent de fierté et de dignité, ne s’attachent nullement à perpétuer des valeurs essentielles pour eux, les parents, mais
somme toute archaïques. Koltès raconte ainsi très précisément la tragédie de cette deuxième génération déracinée et incapable de
s’intégrer. »
Adel Hakim, « L’argent comme purgatoire. à propos de quai ouest », Europe revue littéraire mensuelle, novembre-décembre 1997, p. 74-79.
Le chien, un passeur d’âmes
La figure du chien est souvent présente dans les
pièces de Koltès : les personnages les évoquent au
cours de leurs conversations et les relations entre
les hommes sont parfois envisagées sous l’angle de
problèmes de territoires, comme il en existe entre
chiens et chats. Dans Quai Ouest, Kristian Frédric a
choisi de mettre en avant cet animal, qui symbolise
un passeur d’âme. Dans les mythes et légendes de
nombreuses cultures, le chien est celui qui guide les
âmes des morts.

La mythologie grecque fait de Cerbère le gardien de l’entrée des Enfers : il empêche ceux qui passent le Styx de pouvoir s’enfuir.
Ici, le chien représente le compagnon d’Abad, être mystérieux, qui ne parle jamais et dont personne ne connaît la véritable
identité. Ce personnage incarne l’âme du lieu et est celui qui tue deux hommes. En cela il est semblable à Charon, ce vieillard
chargé de faire traverser le Styx (ou l’Achéron, selon les versions) aux défunts, moyennant un péage.

« [Le chien] est lié à la trilogie des éléments : terre, eau, lune ; qui est fondamentale tout aussi bien pour le concept
de conscient que pour celui de l’inconscient. Sa fonction est celle de psychopompe, il guide l’homme dans la nuit
de la mort, après avoir été son compagnon dans le jour de sa vie. Dans notre histoire culturelle occidentale, il a
prêté son visage à tous les grands guides des âmes comme Anubis, Cerbère, Thot, Hécate et Hermès. Ici ce chien
est là pour accompagner Abad à devenir ce qu’il est au fond de lui-même : le passeur des âmes. Abad et lui ne font
qu’un. Leurs destins sont liés. »
Kristian Frédric

Abad et son chien comme Charon et Cerbère


Charon, dans la mythologie grecque, est un vieillard à l’aspect impassible, négligé et caractériel
mais suffisamment robuste pour transporter les morts qui lui sont confiés d’une rive à l’autre
du Styx. Il ne se laisse pas apitoyer par ceux qui n’ont pas de quoi payer leur transport. Coiffé
d’une cagoule, il choisit ses passagers parmi ceux qui sont sur la rive. Il faut mériter son
enterrement et pouvoir payer le voyage : entre une obole et trois oboles. La coutume veut qu’on
place une obole sous la langue du mort avant son enterrement. Pour ceux qui ne payent pas,
c’est l’errance sur les bords de la rivière pendant cent ans.
Quant à Cerbère (Kérberos), il est le chien qui garde l’entrée des Enfers, empêchant
ainsi ceux ayant passé le Styx de s’enfuir.

Achille tuant un prisonnier troyen devant Charon (à droite), cratère en calice étrusque à figure rouges,
fin IVe-début IIIe siècle avt J.-C., Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale de France

Le récit au cœur de la réalité de l’Histoire


Le lieu de l’action, une friche industrielle abandonnée dont la
construction date de la grande industrialisation, est le théâtre
– c’est bien le cas de le dire – de règlements de comptes
qui mènent jusqu’au meurtre. La mort que choisit Koch, cet
homme ruiné qui est prêt à tout abandonner, argent, voiture,
montres, tous ces symboles du « bling-bling » comme on les
nomme aujourd’hui, en échange de sa mort, tant il ne croit
plus en rien. Cette mort comme celles d’autres acteurs de ce
drame, se tient dans les restes de ce port très actif à la fin du
XIXe et au début du XXe siècle. Cette aire post-industrielle a accouché notamment des personnages de Quai Ouest et nourrit leurs
péripéties. La pointe de Manhattan et le port dans l’Hudson River (Quai Ouest)
à gauche et l’East River à droite
Extraits du livret de Kristian Frédric et Florence Doublet

Séquence 5
Trois personnages : Koch, Charles et Abad (silencieux)
La jetée. Au-dessus du fleuve flotte une légère lumière blanche. Je cherchais un endroit qui me ressemble.
Éclairage de lune. Abad assis, au loin. Je veux seulement qu’on me laisse approcher
KOCH (bas) du fleuve, qu’on me laisse ramasser deux pierres.
J’ai peur. CHARLES
CHARLES Est-ce que tu es venu seul ?
Tu as ton arme ? KOCH
KOCH Oui. Sauf une femme.
Une arme ? Non. Pourquoi ? (à lui-même pendant que Charles se dirige vers Abad)
Elle conduit la voiture. Elle est encore là-bas, sûrement.
CHARLES Abad et Charles se parlent, longuement, à l’oreille.
Un flic ne viendrait pas sans son arme. La tension monte.
KOCH CHARLES (à Koch)
Je ne suis pas un flic. Il ne veut pas. Il dit qu’un mort ici attirerait la police.
CHARLES KOCH
Quoi, alors ? Foutaises.
KOCH CHARLES (bas)
Rien, normal, un particulier. Qu’est-ce que tu me donnes, en échange ?
CHARLES KOCH
Tu as raison d’avoir peur. Je vous ai déjà tout donné.
KOCH (en direction d’Abad) CHARLES
Qui est-ce ? Je ne ramasse pas, moi.
CHARLES KOCH
Qui ? Prenez la voiture.
KOCH CHARLES
Celui-là, dans l’ombre, qui me regarde. Tu ne m’as pas donné d’argent.
CHARLES (plus bas encore) KOCH
Ne t’énerve pas. Est-ce que tu as une arme ? (Koch s’énerve, hôte sa veste et la tend à Charles.)
KOCH (s’énervant) Prenez ma veste si vous le voulez, et fichez-moi la paix avec
Non, je vous l’ai dit, non. votre argent de sauvages.
Charles ne réagit pas, regarde Abad. Koch s’approche
CHARLES de l’eau, ramasse deux pierres de chantier. Charles l’arrête
Tu as la tête fêlée, mon vieux. par la voix.
Charles se dirige vers Abad. Ils se parlent à l’oreille.
Charles revient vers Koch. CHARLES (à Koch)
Tu as tout ce que tu veux, tu peux partir où tu veux. Pourquoi tu
CHARLES (à Koch) ferais cela ?
Il veut savoir qui vous cherchez.
KOCH (se retournant vers lui)
KOCH Foutaises.
Personne.
CHARLES
CHARLES Et les clés ? Et la femme ? Et tes chaussures ?
Qu’est-ce que vous êtes venu faire ici, alors ?
KOCH
KOCH Les clés, elles sont sur la voiture. La femme,
Mourir, je suis ici pour mourir. débrouillez-vous avec elle. Mes Weston, je les garde.
CHARLES (bas)
Qui c’est qui veut ta mort ? NOIR SEC
KOCH
Personne. Moi. Une histoire d’argent. (un temps)
Séquence 21

7 Personnages (septuor) :
Claire, Monique, Cécile, Fak, Charles, Koche et Rodolfe

Dans le hangar plongé dans l’obscurité, CHARLES (à Rodolfe)


sauf des rayons de lune passant par les trous du toit. Il n’y a que moi qui le comprends,
Entre Charles, Cécile soutient Koch. Plus bas encore.
Accélération de la tension dramatique. Dis-moi où il est, vieux fou.
CÉCILE (se précipitant sur Charles) CÉCILE
à Koch Ne parle pas comme cela de ton père. Où est ta sœur ?
C’est lui, Où est ma petite Claire ?
à Charles Elle pleure.
C’est toi, Charles, mon Charlie !
KOCH (à Charles)
KOCH (à Cécile) Aidez-moi donc, vous, plutôt.
Ce n’est pas lui qui m’a sorti de l’eau. Koch passe des bras de Monique à ceux de Charles.
Elle lui baise la joue.
RODOLFE (à Cécile)
CÉCILE (à Koch) No llores, cabecita negra
Si, c’est lui, bien sûr que c’est lui.
CÉCILE (à Rodolfe)
CÉCILE (à Charles) Ils s’asseyent côte à côte
Ouvre ta gueule, larve. Abandones, machorrôn.
KOCH (à Cécile) RODOLFE
Je veux ma montre. Arrête de te plaindre. Cache tes jambes, putasse.
CÉCILE (à Charles) Il tire sur les jupes de Cécile.
Cherche la montre, aide monsieur à marcher, MONIQUE (à Fak)
bouge-toi, bon à rien. Dites-moi ce que vous aviez à me dire.
KOCH (à Charles) FAK
Je l’avais posée par là. J’ai dit là-haut que je te le dirai.
Koch, maintenant soutenu par Charles, se heurte à Fak
MONIQUE
qui guide Monique par la main.
Quand j’aurai retrouvé la montre, je monterai là-haut.
CÉCILE (à Rodolfe, qui est arrivé, en aparté)
FAK (Il tend la montre dans sa main.)
El negro, machorron ?
Tu l’as retrouvée.
MONIQUE (à Koch)
MONIQUE
Ce monsieur a bien voulu me guider.
Donnez-la-moi.
Elle prend Koch des bras de Charles.
C’est ici que vous l’avez posée ? Seigneur ! FAK
Là-haut je te la donnerai.
CHARLES (à Rodolfe, bas)
Qu’est-ce qu’il t’a dit ? MONIQUE
Ne soyez pas dégoûtant, Seigneur !
RODOLFE (à Cécile)
Cécile, dis-lui de me foutre la paix. KOCH (à Charles)
Foutaises. L’argent, tel que vous l’aimez, ce sont les miettes
KOCH (à Monique)
qu’on jette aux chiens. L’argent n’existe pas.
Vous n’avez pas perdu les clés de la voiture ?
Les affaires existent, c’est tout. Je préfère rentrer.
MONIQUE (à Koch) Laissez-moi. Il se détache de Charles et trébuche.
Votre voiture, votre montre, vos conneries ! Monique !
Séquence pédagogique
par Laurence Grauwet,
professeur chargée de mission DAAC auprès de l’OnR

Les personnages et leurs tessitures

Maurice Koch 60 ans Baryton-basse


Monique Pons Secrétaire, 42 ans Soprano lyrique
Cécile 60 ans Mezzo-soprano lyrique
Claire Fille de Cécile, 14 ans Soprano léger colorature
Rodolfe Mari de Cécile, 58 ans basse
Charles 28 ans, fils de Cécile et Rodolfe Ténor
Fak 22 ans Contre-ténor
Rôle muet
Abad La trentaine
Accessoire : harmonica diatonique (en ut)
Chœurs

La composition de l’orchestre
Cinquante-neuf musiciens

Cordes
10 violons 1
8 violons 2
6 altos
5 violoncelles
4 contrebasses

Harmonie
2 flûtes jouant chacune du piccolo
2 hautbois
2 clarinettes, la deuxième jouant de la clarinette basse
2 bassons, le deuxième jouant du contrebasson

4 cors en Fa
2 trompettes
2 trombones
Tuba

1 timbalier
3 percussionnistes : vibraphone + 2 archets, glockenspiel à pédale + archet, waterphone + archet, crotales, grosse caisse,
éoliphone, 3 tuyaux harmoniques (do, mi, sol), maracas, petits gongs thaïlandais, 1 grand gong, 3 bols chinois, tam-tam,
cymbale suspendue, deux triangles, papier de verre

2 synthétiseurs (2 pianistes) : 2 claviers MIDI reliés à 2 ordinateurs portables où seront chargés les sons

1 harpe

1 guitare électrique (+ archet de violoncelle)


1 guitare basse (+ archet de violoncelle)
Présentation en quelques mots
> Opéra en trente séquences comprenant des « airs » de solistes, des ensembles du duo au septuor, des chœurs, des interludes
orchestraux dynamiques.
> Orchestration : recherche sur la couleur, variété des modes de jeu.
> Répétitions obstinées (voix, livret, orchestre) créant une atmosphère particulière, souvent en tension et en attente.
> Atmosphères visuelles « cinématographiques » : différences de densité, de rythme, nappes sonores, ostinatos suggérant
des situations d’angoisse et d’attente.
> Technique d’écriture aléatoire employée pour certains passages orchestraux (choix du pianiste entre différents motifs,
dans un motif, jouer les notes en variant leur ordre d’apparition, etc.).
> Bruitages : moteur de voiture, chien, etc.
> Mise en scène : importance des jeux de lumière, éclairage de la lune, personnages qui sortent de l’ombre.

Ouverture en deux parties

Repères

1. Première partie, rideau baissé

> Phrase mélodique descendante jouée par une flûte et une flûte piccolo, vibraphone, synthétiseur (sons de célesta) et reprise
cinq fois en crescendo agogique (noires… triolets de noires, croches… triolets de croches, doubles croches) :

> écriture orchestrale : mouvements déferlants / descendants en entrées successives (bois aigus, entrées des cordes de l’aigu
au grave) contrastant avec des nappes de sons tenus (guitares avec archet, cordes en trémolos, cuivres, bois graves, deuxième
synthétiseur).

2. Deuxième partie, lever du rideau

> Motif ascendant et répété de quatre notes, commençant dans le grave puis s’élargissant vers l’aigu en s’amplifiant
(entrées en imitation sur le motif), pour aboutir à des intervalles plus grands, en arpèges :

Notions à aborder

> Eléments de langage de l’Ouverture, entre consonance et dissonance : accords dissonants obtenus parfois par juxtaposition
d’éléments mélodiques et intervalles récurrents se référant souvent à la tonalité (notes pivots, intervalles de quinte
des violoncelles, arpèges, répétitions rythmiques et mélodiques évolutives).
> Le timbre (ostinato des gongs joués avec des battes de triangle par exemple), le phrasé, l’accumulation progressive
d’instruments et de notes, les mouvements vers l’aigu ou le grave, l’intensité qui commence pppp et aboutit ff à la fin
de l’Ouverture.
Consignes

> Repérer les éléments mélodiques


> Jeux d’écoute et de pratique vocale : consonance / dissonance, phrasé, accumulation par entrées successives
> Réservoir de mots pour s’approprier le vocabulaire musical
> écouter, connaître les percussions présentes dans Quai ouest

Rapport texte et musique

Dans Quai ouest, le chant, souvent proche du rythme parlé, suit la prosodie. Régis Campo s’appuie entre autres sur :
> la technique « en Parlando »
> le parlé chanté où la voix devient timbre (séquence 24 : phrases de Rodolfe)
> des indications de débit vocal libre à effectuer dans un temps donné. Lors des passages non mesurés, « le rythme de la voix doit
être naturel et non strictement métrique ». L’accompagnement de l’orchestre, Colla Parte, doit alors s’adapter à la voix soliste
(rythme, tempo, expression), à l’exemple de la séquence 2.
> parfois des glissandos entre deux notes
> l’écriture des chœurs : pas de texte, mais émission des notes sur des voyelles permettant des effets de timbre :

« A/O » en entrées successives, ascendante, clustérisant (grappes sonores dissonantes),


Séquence16
« A/E », « A/O » pour la séquence 26
Séquence 25 Chœur de femmes : sur « A », note pivot « La »
Séquence 28 (épilogue) Chœurs invisibles commençant bouche fermée puis sur « AO » en notes tenues

Séquence 21, septuor de solistes :


Cécile, Koch, Monique Charles, Rodolfe, Fak, Claire

Repères

> Après une introduction orchestrale, les voix solistes entrent progressivement en cinq phases.
> Les répétitions entêtées et l’accumulation de motifs mélodiques sur des mots ou phrases du livret (évoluant vers la fin).
> Cristallisation dramatique :
A. Lignes vocales s’enchaînant parfois en dialogue ou se superposant avec une forme d’indépendance (personnages finalement
isolés « dans leur bulle »).
B. Langage cru du livret, tension et violence de certains personnages.

1. Motif des personnages de Cécile et Koch

Cécile (se précipitant sur Charles) Koch

Charles, mon Charlie (x3) Ce n’est pas lui qui m’a sorti de l’eau (x2)
Ouvre ta gueule, ouvre, ouvre ta gueule. Ma montre.
Cherche la montre de Monsieur.
2. Motif du personnage de Monique

Monique (à Koch) Cécile (à Rodolfe) Koch

Ce monsieur a bien voulu me guider (x2) Ma montre (x2)


El negro, machorron ? (x2)
C’est ici que vous l’avez posée ? Et les clefs… (x3)

3. Motif des personnages de Rodolfe et Charles

Charles
Cécile Monique Rodolfe (à Cécile) Koch (à Monique)
(à Rodolfe, bas)
C’est ici que vous
l’avez posée ?
Qu’est-ce qu’il t’a dit ? El negro, machorron ? Dis-lui de me foutre … de la voiture ?
Votre voiture,
(x2) Où est, où est ma la paix (x3) Et les clefs de la voiture ?
votre montre,
Dis-moi. Dis-moi où petite Claire ? Ma petite No llores, cabecita (x2)
Vos conneries ! (x2)
il est, vieux fou. (x2) Claire ? (Elle pleure) negra. Aidez-moi, vous ! (x2)
Dites-moi ce que vous
avez à me dire.

4. Motif du personnage de Fak

Rodolfe Koch Charles Fak Cécile


Monique
(à Cécile) (à Charles) (à Rodolfe) (à Monique) (à Rodolfe)
Quand j’aurai la
J’ai dit là-haut
Abandonnes, montre, quand
Cache tes jambes, Aidez-moi, vous ! Dis-moi où il est, que je te le dirai.
machorron, j’aurai la montre.
putasse. (x2) Aidez-moi ! vieux fou ! Là-haut je te la
machorron. Ne soyez pas
donnerai.
dégoutant, Seigneur !
5. Motif du personnage de Claire

Celle-ci apparaît sur scène après le moment où Koch désigne Abad : « C’est lui ! ».

En appel lumineux et dynamique, ce motif est repris jusqu’à la fin de la séquence, avec quelques changements de hauteurs.
La fin de la scène est chantée à mi-voix par les solistes.

Monique Koch Claire Cécile Fak (à Monique) Rodolfe

Seigneur ! (x2) C’est lui !


Il va tous nous tuer. Foutaises (x3) Venez (x 5)
(En voyant Koch (à Abad) le jour revient (x2) Putasse, putasse.
Qu’ils crèvent ! Là-haut (x 6)
s’éloigner, Pas devant eux. Le jour revient (x5)
désespérée) : Pas devant Revient (x4)
Maurice ! (x6) ces gens.

Pratique musicale

> Jeux de rôles à partir des cinq phases de la scène en variant le débit vocal, l’intonation, l’intensité, en juxtaposant ou non
les répliques (dialogue ou superposition). Il est possible d’expérimenter les techniques du Parlando et du chanté parlé.
> Chanter le premier motif en variant la vitesse des phrases.

Consignes

> Repérer, chanter les motifs en les attribuant aux personnages.


> Connaître les voix et les tessitures des personnages.
> écouter des extraits du Pierrot lunaire de Schönberg (sprechgesang).
Biographies

Régis Campo
Compositeur
Né en 1968 à Marseille, ce compositeur partage sa création musicale entre la musique vocale, de concert,
d’opéra et de film. Après des études d’écriture et de composition auprès de Georges Boeuf au conservatoire
de sa ville natale, ainsi que de philosophie à la faculté de Lettres d’Aix-en-Provence, il poursuit ses études au
CNSM de Paris avec Gérard Grisey où il obtient un Premier prix de composition en 1995. Il reçoit en 1996 le
prix hollandais de la Fondation Gaudeamus pour son œuvre Commedia. De 1999 à 2001, il est pensionnaire
à la Villa Médicis, Académie de France à Rome. Son premier ouvrage lyrique, Les Quatre Jumelles, opéra-
bouffe d’après la pièce de Copi est créé en 2009 à la Maison de la musique de Nanterre et repris en tournée.
Invité du festival d’Auvers-sur-Oise en 2009, il compose Éden pour violon créé par Laurent Korcia et
Hommage à Georges Cziffra pour piano. En 2010, invité à la Folle Journée Chopin à Varsovie, il compose
Sept Humoresques pour chœur mixte à l’attention de la Camerata Silesia. La ville de Marseille en 2012 lui
commande une œuvre pour orchestre Color!. Son catalogue comprend plus de 200 œuvres dont Commedia pour 19 musiciens
(1995), le Concerto pour violon (1997, révisé en 2001), le Livre de Sonates (1997-1999) pour orgue, le Concerto pour piano et
orchestre (1998-1999), le Livre de Fantaisies pour violoncelle (1999), Faërie (2000-2001) pour orchestre, Lumen pour orchestre
(2001) ; Premier Livre pour piano (2000-2002), Pop-Art pour six musiciens (2002), Ouverture en forme d’étoiles (2004) pour
orchestre, les Cris de Marseille (2005), le quatuor à cordes n°3 Ombra Felice (2007), Livre des caractères pour orgue (2010),
Color! (2011) pour orchestre, le quatuor à cordes n°5 Fata Morgana (2012).

Marcus Bosch
Direction musicale

Après des études musicales à Heidelberg et Mannheim, il mène une carrière de chef invité et se
produit à aux Opéras d’Osnabrück, Wiesbaden, Halle et Saarbrücken où il se forge son répertoire
allant du baroque au contemporain. Il a été directeur musical de l’Opéra d’Aachen de 2002 à
2011, et est directeur musical de l’Opéra de Nuremberg depuis la saison 2011-2012. Il est invité
à diriger les grands orchestres européens tels que l’Orchestre national de Belgique, Staatskapelle
de Dresde, les orchestres de Munich, Berlin, Göteborg, Rai de Turin… Il est invité régulièrement
à l’Opéra de Hambourg (Fidelio, Der fliegende Holländer, Le Maître et Marguerite). Au cours
de la saison 2013-2014, il dirige à Nuremberg La Traviata, Die Walküre, Arabella, Cosi fan tutte... Ses engagements futurs
comprennent les concerts avec les orchestres de la radio de Berlin, l’Orchestre philharmonique de Stuttgart, du Rheinland-Pfalz,
d’Athènes et de Gran Canaria.

Kristian Frédric
Mise en scène

Comédien, auteur, metteur en scène, animateur radio, journaliste, technicien de théâtre et


depuis quelques années scénographe. Il dirige la compagnie Lézards Qui Bougent depuis 1989.
Il y a produit de nombreuses créations et mises en scènes en France, Canada, Suisse, Pologne,
Luxembourg, République Tchèque et Allemagne. Il s’engage également dans la promotion
des auteurs contemporains. Il a mis en place dans sa région à Bayonne différents festivals tels
« Paroles à ma tribu » et « Rencontres Improbables ». Il a, entre autres, mis en scène de La Nuit
juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès, qui fut présentée à l’Usine C en mai 2004.
Lauréat de la Villa Médicis Hors Les Murs 2005, il a enseigné le théâtre à l’École Nationale de
théâtre du Canada à Montréal (2007) et le fera à l’Université de l’UQAM à Montréal en 2015.
Sa dernière mise en scène : Andromaque 10-43 d’après Jean Racine en 2014, présenté en France,
Suisse et Québec.
Bibliographie d’ouvrages autour de B. M. Koltès

disponibles au Théâtre National de Strasbourg

> Bernard-Marie Koltès, Les Nouveaux Cahiers de la Comédie Française, Avant-scène Théâtre, mars 2007.

> BIDENT, Christophe, Bernard-Marie Koltès, généalogies, Paris : Farrago - Les Belles lettres, 2000.

> BOGUMIL, Sieghild, DUQUENET-KRÄMER, Patricia, Bernard-Marie Koltès au carrefour des écritures contemporaines,
Centre d’études théâtrales.

> BON, François, Pour Koltès, Besançon : Les Solitaires Intempestifs, 2000.

> Europe : Bernard-Marie Koltès, Paris : Europe, revue littéraire, 1997.

> GAUTHIER, Roger-François, LALLIAS, Jean-Claude, BENHAMOU, Anne-Françoise, Koltès : Combats avec la scène,
Paris : Centre national de documentation pédagogique, 1996.

> JOB, André, Koltès : La rhétorique vive, Paris : Hermann, 2008.

> KOLTèS, Bernard-Marie, Lettres, Paris : Les éditions de Minuit, 2009.

> L’école du TNS 1954-2006, une école dans un théâtre, Revue Outrescène, mai 2006, n°7-8.

> PATRICE, Stéphane, Koltès subversif, Paris : Descartes & Cie, 2008.

> SALINO, Brigitte, Bernard-Marie Koltès, Paris : Stock, 2009.

> SEBASTIEN, Marie-Paule, Bernard-Marie Koltès et l’espace théâtral, Paris : L’Harmattan, 2001.

> UBERSFELD, Anne, Bernard-Marie Koltès, Paris : Actes Sud, 1999.

Source : Centre de documentation, Théâtre National de Strasbourg


> Contact : D.Pasquali@tns.fr
Les thèmes
> L’errance, la solitude, les gens venus d’ailleurs,
des personnages hors du temps ou parfaitement
de leur temps
> La création d’un opéra
> L’importance de la composition contemporaine pour le genre
opéra : le processus, l’impact d’une création dans une maison
d’opéra qui vit au rythme de modifications de la partition,
de l’adaptation de la musique aux chanteurs le cas échéant.

Les liens avec le cinéma


Les personnages
> Monique Pons se rapproche de certaines femmes des films de
Luis Buñuel dans Cet obscur objet du désir, L’Ange exterminateur,
Le Charme discret de la bourgeoisie ou de Pedro Almodóvar
> Rodolfe : référence à Fernando Rey dans French Connection
> Charles : référence à Dustin Hoffman dans Macadam Cowboy
> Fak : référence à Marlon Brando dans Apocalypse Now avec
des plaques militaires ou à Bruce Lee
> Abad : référence à Roberto Zucco de la pièce éponyme de
Bernard-Marie Koltès et Roberto Succo, film de Cédric Kahn
> Le chien : dans La Grande Bouffe de Ferreri, un chien annonce
la mort

Le travail de la lumière
Théorème de Pasolini (travail de la lumière ; thèmes de la vraie
nature des gens, du « vernis qui se casse »)

Prolongements pédagogiques
Arts du son
> Régis Campo, compositeur contemporain tourné vers la musique vocale, d’opéra, de concert
et de film
> Quai Ouest : un orchestre classique associé à des instruments « rock » : guitare, guitare basse,
batterie, synthétiseur
> Un univers artistique souvent ludique, teinté d’humour
> Voix et écriture contemporaine, l’opéra en devenir

Arts du langage
> La différence, l’exclusion, les personnages de Quai Ouest en retrait des codes de la société :
« Mes personnages ont envie de vivre et en sont empêchés ; ce sont des êtres qui se cognent
contre les murs. »
> Koltès inspiré par des scènes de trafic dans un hangar désaffecté, sur les docks de New York
> Abad, personnage central du livret, l’ange, l’intercesseur, le passeur
> La pièce de Koltès : entre le tranchant de la langue parlée et le plus grand raffinement littéraire
> Une œuvre en huis clos

Arts du spectacle vivant


> La mise en scène de Kristian Frédric, auteur et scénographe
> Quai Ouest et sa création mondiale : de la conception à la réalisation… le spectacle d’opéra
et ses multiples facettes artistiques et techniques

Document audio
> Mireille Delunsch, chanteuse lyrique

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