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Résumé
Depuis une décennie, le rôle des institutions de l’enseignement s’est beaucoup développé
et diversifié. Traditionnellement, l’université a été considérée comme un lieu de transfert
d’un savoir général et théorique. Aujourd’hui, il est désormais reconnu que le rôle des
universités dans le développement socio-économique du pays est d’une importance
prépondérante. Ces instituions sont actuellement interpelées à devenir l’un des acteurs clé
dans la production et la création de richesse immédiate. Ce ci, en soutenant les
changements économiques et sociaux à travers la production des compétences dynamiques,
capables de créer son propre emploi, et de constituer une base active pour le développement
des entreprises locales.
L’objet de la présente contribution est de lancer une réflexion sur l’incubateur comme
vecteur de développement de la recherche Scientifique. Ainsi, nous proposons d'abord de
comprendre et décrire la relation entre université et entreprise, et de mettre le point sur le
rôle que joue l’université dans le développement de l’esprit entrepreneurial chez les
étudiants universitaires. Ainsi, dans un contexte marocain, nous portons notre réflexion sur
les incubateurs universitaires et leur rôle comme structure de valorisation de recherche et
de création d’entreprise, aussi bien que les apports et les limites de telles organisations.
Malgré l’existence d’une stratégie nationale1 pour la recherche scientifique, et malgré les
avantages et atouts dont bénéficie l’université marocaine, il est évident le système National
de recherche scientifique, connait des obstacles dont il faut être pleinement conscient. Le
premier de ces obstacles réside dans le financement, le second dans l’inexistence d’organes
de liaison entre les acteurs.
Un tels objectifs ne peuvent se faire sans un dispositif complet de recherche qui soit un
levier de décollage économique et social, et qui met en relation tous les acteurs concernés
pour trouver les moyens susceptibles de rehausser la recherche scientifique et de l'orienter
vers la qualification des ressources humaines à travers l'encouragement des compétences
entrepreneuriales. Ceci, est dans le but de répondre aux besoins régionaux de
développement. Les évolutions attendues de la recherche dépendent, en effet, avant tout du
mariage réussi entre le savoir, l’expertise et la technique. Les missions et les objectifs de
la recherche scientifique ne peuvent, cela est prouvé, être envisagés en vase clos, mais
plutôt en interconnexion autant que possible avec des structures intermédiaires. Cela
suppose la constitution de ponts inter et transdisciplinaires, et le développement de
véritables interfaces entre les entreprises, les pouvoirs publics, la société et les universités.
1
Vision et Stratégie de la Recherche Horizon 2025, Ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement
Supérieur, de la Formation des Cadres et de la Rechercher Scientifique
Le défis ici réside à trouver des passerelles entre les différents secteurs productifs du pays
et notamment les missions publiques de l’Université. Dans cette perspective de faire des
liens avec les missions traditionnelles de l’université et le monde socioéconomique,
l’incubateur présente plusieurs intérêts liés à la recherche universitaire. Ces structures
auraient pour mission non seulement la création des entreprises issues de la recherche, mais
également ils seraient garant de la transformation de ces résultats à des entreprises, et/ou
produit commercialisables, profitables à toute la communauté. L’objectif de ce travail sera
donc de procéder à une réflexion approfondie, sur les intérêts que présentent une forte
alliance entre unité de recherche et structure d’incubation.
Pour cela, nous avons été amenés à collecter de façon systématique les contributions qui
relèvent du champ de l’incubation, de la recherche scientifique, et de la relation
entrepreneuriat-université : articles dans des revues scientifiques, communications dans
des colloques, ouvrages, chapitres d’ouvrage ou thèses de Doctorat. Nous avons aussi
inclus dans notre recherche les contributions écrites en anglais qui s’inscrivent dans notre
champ d’étude. La lecture systématique des bibliographies des articles et des
communications identifiées, a permis par la suite de repérer de nouvelles contributions
dans un effet de « boule de neige » et de compléter progressivement notre recension.
Néanmoins, la collecte a fait apparaître un nombre très réduit de travaux sur l’incubation
et la recherche universitaire.
Cette analyse amène à un travail à deux parties. La première fournit un bref survol sur la
situation de la recherche universitaire au Maroc, ce premier point sera suivi par une
présentation de l’incubation de façon générale, et l’évolution de son concept au Maroc. La
deuxième s’inscrit dans une perspective heuristique, et interroge sur l’intérêt de l’université
à travers ses unités de recherche, en relation avec l’incubation universitaire.
Le Plan d'Urgence pour l'éducation aborde les faiblesses du système de manière explicite
et vise à améliorer la performance, l'efficacité et la qualité du système éducatif dans son
ensemble. Ces efforts ont pour but de développer le volume de la production scientifique
de ces centres et faciliter leur intégration efficace dans le tissu économique national. Afin
de renforcer la recherche scientifique au Maroc, Le programme d’urgence a décrit
‘principaux mesure pour la promotion de la recherche scientifique :
- Amélioration de la gouvernance et du suivi de la recherche scientifique ;
De façon générale, l’action engagée par les pouvoirs publics en faveur de la recherche au
cours de la dernière décennie a été jugée bien orientée, ils ont constaté un essor puissant et
continu de la production et des capacités. Cependant, malgré les éléments de force de la
recherche scientifique marocaine, les expert soulignent quelques faiblesses comme
l’absence de structures de valorisation de la recherche, et recommandent la nécessité de
renforcer et d’institutionnaliser les structures d’interface université-entreprise.
Finalement, une définition qu’on peut retenir, est que, quel que soit sa typologie, un
incubateur est une organisation qui accélère et favorise la création et le développement
d'entreprises, en leur offrant une gamme complète de prestations de service, s’agissant des
moyens matériels, logistiques et financiers, ou des réseaux de compétence académiques et
professionnelles.
Au Maroc, le concept des incubateurs a été introduit aux universités grâce à la loi n° 01-
00 portant sur l’organisation de l'enseignement supérieur au Maroc. Selon l’article 7 de
cette loi, « les universités peuvent assurer par voie de convention, des prestations de
services à titre onéreux, créer des incubateurs d'entreprises innovantes, exploiter des
brevets et licences et commercialiser les produits de leurs activités. »
2
Dahir n° 1.01-170 l 1422 (ler aout 2001) portant promulgation de la loi n° 80-00
relative au centre national pour la recherche scientifique et technique (CNRT)
L’offre de service du réseau peut se résumer en trois différents axes
L’hébergement
Au sein des incubateurs membres
Au sein de la pépinière du RMIE ;
Accompagnement par la formation,
Accompagnement
L’expertise et le conseil.
Maquettes, prototypes
Etudes techniques juridiques, de marché…
Mise en réseau avec un panel d’experts nationaux et internationaux
Appui financier
Networking
Le seul rapport présent sur les incubateurs au Maroc, fait état en septembre 2011 de
quarante projets soutenus parmi les 84 projets soumis, soit un taux de sélection de 47,61%.
Pour les 13 structures faisant partie du Réseaux Marocain D’Incubation et D’Essaimage.
On dénombre à cette date12 projet en incubation (24%), 10 sortis d’incubation (27%), 18
projets abandonnés ou résiliés (49%).
Au regard des secteurs technologiques concernés, le rapport recense la moitié des projets
sont dans la biotechnologie et agroalimentaire, le quart dans les nouvelles technologies, le
reste est respectivement répartie entre l’industrie et l’industrie minérale. A ceci le rapport
montre une très légère évolution en nombre de projet, en 2007 16 projet ont été soumis et
10 ont été retenu, alors qu’en 2011, treize projets ont été soutenu face à 25 projet soumis.
Le budget alloué quant à lui connait une évolution remarquable, en 2007 un budget de
100.000 Dh a été alloué pour les 10 projets, alors qu’en 2011 le budget a atteint les 291.600
Dh. Aucune donnée sur les emplois créer n’est disponible. Le rapport n’a présenté aucune
autre donnée relatif au nombre d’emploi créé par les entreprises, la durée moyenne
d’incubation, les profils des entrepreneurs.
3 Réflexion autour des intérêts d’une relation Incubateur/laboratoire pour la recherche
Scientifique nationale
Loin des discours politiques et des définitions optimistes, il nous a semblé constructif de
souligner certains intérêts d’une forte liaison entre incubateur et laboratoire de recherche.
Dans ce qui suit, nous distinguons quatre types d’intérêts pour la recherche.
Ce point lié à l’attractivité de l’université, tient à la fois aux ressources financières, mais
aussi au capital humain. Le rôle que joue l’incubateur autant qu’intermédiaire entre
l’entreprise et l’université permet à cette dernière de créer et maintenir un rapport privilégié
avec les entreprises et investisseurs privés qui percevront des opportunités d’investir dans
la dynamisation des recherches menés au sein d’une université capable de transmettre ses
recherches menées au sein de ses laboratoires à des entreprises à forte valeur ajoutée.
Le partenariat universités-entreprises est un duo gagnant sur tous les niveaux. Et les
retombées ne se limitent pas à ces dernières, elles bénéficient à toute la société. Les
chercheurs et praticiens de leur part, avec leur différence spécialités préféreront, faire partie
et participer aux travaux réalisés au sein d’une université qui détient des ressources
financières suffisantes et un appui considérable de la communauté des praticiens.
Ceci, il leur permet de développer et d’améliorer leurs recherches et idées, et les
transformer en projet d’entreprise et des produits commercialisables.
L’incubateur fait en sorte que recherche et entrepreneuriat s'intègrent l'une dans l'autre, sa
position intermédiaire va donc permettre de favoriser le développement d’une relation
dialectique entre l’université et l’entrepreneuriat (Schmitt, Berger-Douce et Schmitt, 2004,
Schmitt et Bayad, 2003a). L’incubateur universitaire est le point de rencontre des deux
sphères, leur intérêt commun, si l'on peut dire, consiste que la production de connaissances
permet de satisfaire les besoins de développement professionnel des praticiens et que la
pratique éclaire la production de connaissances.
Un projet se construit sur une double identité, recherche et entrepreneuriat, ces deux volets
peuvent, à la limite, se mener plus ou moins en parallèle. Les incubateurs universitaires
sollicitent la collaboration des praticiens pour aboutir à un projet d’entreprise issu de la
recherche universitaire et s'engagent à créer les conditions nécessaires pour que les
praticiens entrent avec les chercheurs dans une démarche de réflexion sur un aspect de la
pratique.
L’objectif de l’incubateur est de s'engager, avec le laboratoire de recherche, dans une
démarche de réflexion sur un aspect de la pratique, démarche qui, selon la nature des
projets, les amènera à explorer une situation nouvelle liée à leur pratique ou encore à
s'arrêter à une situation qu'ils vivent déjà, mais sur laquelle ils souhaitent se donner un
éclairage. En fait, partant du pivot central que constitue la démarche de réflexion conjointe
ou de écoconstruction réalisée dans l'interaction entre le chercheur et les praticiens, le
projet va s'articuler, d'une part, comme un projet de perfectionnement pour des praticiens
qui souhaitent questionner ou explorer un aspect de leur pratique professionnelle, d'autre
part, comme un projet d'investigation pour un chercheur qui souhaite, de l'intérieur de la
démarche de réflexion qu'il va encadrer, investiguer un objet de recherche qui le préoccupe.
Cette double identité, comme on la conçoit, est exigée par le concept même de l’incubateur,
car ce concept suppose que chaque type de partenaires puisse s'y engager à partir de ses
préoccupations et de ses intérêts respectifs (St-Arnaud, 1986), et qui les réunit par
l’incubateur. Le personnel de l’incubateur joue le rôle d’un « agent double », chercheur et
formateur, et cela, en vue de répondre à la fois aux préoccupations du milieu de pratique
(en termes de développement professionnel) et du milieu de recherche (en termes
d'avancement des connaissances), voire de créer un point de jonction entre les deux cultures
de travail. La finalité recherchée est l’édification d’une culture commune, issue de cette
démarche de médiation, où les connaissances construites en collaboration tiennent compte
à la fois des contraintes et des ressources des deux mondes, celui de la recherche et celui
de la pratique. L’intermédiaire des différents acteurs de l’incubateur est une mission à
géométrie variable selon les phases de développement du projet de création.
Comme le souligne M.-J. Avenier (2000) une intermédiation a un double but pour les
porteurs de projet ; elle favorise aussi bien l’évolution des représentations des porteurs de
projet que la co-construction par ces derniers avec l’aide du personnel de l’incubateur mais
aussi les autres porteurs de projet d’une représentation intelligible d’une réalité à venir sans
chercher à les amener à adhérer à des représentations prédéfinies.
La question des incitations physiques et morales n’est pas à sous-estimer. En effet, tant que
l’exploitation économique des résultats de la recherche est considérée comme débouché
difficilement atteint, la motivation et l’intérêt incitant à s’engager dans des processus de
recherche inventif et qui nécessitent des engagements financières couteuses disparaissent.
En revanche, lorsqu’un incubateur est intégré avec des structures de recherche scientifique,
ceci représente de fortes incitations à la fois structurelles et morales capable de contribuer
dans l’amélioration de la productivité scientifique tant qualitative que quantitative.
Par ailleurs, il est à souligné que la demande, est relativement évolutive, des diplômés pour
les recrutements dans la fonction publique, la faible insertion des diplômés dans le marché
de l’emploi, et l’augmentation du taux de chômage (Le nombre de personnes sans emploi
dans le monde a atteint les 197 millions, pour un taux de chômage mondial de 5,9% en
2012 selon les tendances mondiales de l’emploi . Au Maroc le taux de chômage s’établit
désormais à 8,8% en 2012, ainsi, le taux de chômage chez les diplômé d’un niveau
supérieur (18%) dépasse largement celui des « sans diplômés », 4%). Il est désormais
primordial que l’université ouvre aux étudiants la perspective de la création d’entreprise,
et leur permet un accès à des débouchés autre que le recrutement. En d’autre terme, en
l’absence de débouchés dans la société, l’université, afin d’améliorer son efficacité doit
contribuer à en créer. La promotion de l’entrepreneuriat et la création d’entreprises issues
des efforts de recherche et d’investigation de ses étudiants et/ou enseignants chercheurs
pourra être le remède efficace à cette problématique. Ce qui impactera positivement la
qualité et l’image de l’université et donc son efficacité.
Aux Etats-Unis David Birch (1979,1981), dans ses travaux, pionniers ont montré que les
PME étaient les premiers fournisseurs d’emplois. En Europe, les PME constituent
également le principal moteur de la croissance nette de l’emploi.
Quant à notre pays, la PME, joue un rôle central dans la dynamique économique et sociale
en tant que vecteur de la promotion de l’emploi et de la distribution des richesses. Elle
représente 50% des effectifs employés, 50% de l’investissement, 30% des exportations et
40% de la production. Malgré cette forte contribution, il est a mentionné que la PME au
Maroc, ne contribue qu’à 20% de la création de valeur. (Doing business, 2013).
Cette médiocre participation à la création de valeur trouve son explication dans les
statistiques du ministère de l’Economie et des Finances en 2010. En effet, l’une des
difficultés qui subsiste à l’heure actuelle réside dans la modélisation économique des
profils disparates des PME marocaines, dominées à 97% par les micro-entreprises dont
plus de 60% sont occultées dans le secteur informel. Les entrepreneurs actuelles désireux
d’échapper à la précarité de leur situation et à la médiocrité de leur rémunération dans le
secteur formel, se lance dans l’aventure entrepreneurial sans évaluation préalable et du
marché (analyses de l’accès aux marchés, des obstacles à l’obtention des prêts, du coût du
crédit, des niveaux des fonds propres, de la dépendance à l’égard des clients ou des
fournisseurs les plus importants, etc.) et de l’étendu de la demande latente.
Ainsi, dans tous les pays, le rôle de la PME dans la croissance économique est reconnu.
Cette économie se caractérise par une accélération du progrès technique et par la
concurrence accrue entre les pays. Ainsi, aujourd'hui, les pays dits développés tirent leurs
avantages comparatifs d’une production à forte valeur ajoutée intellectuelle. Pour une
nation moderne, l'innovation industrielle, tire sa force de l'exploitation des découvertes et
de la créativité scientifique liée aux efforts de recherche. (Yves Aurelle, 1998).
Devenue indispensable pour sauvegarder à terme l’avenir économique d’un pays, seules
les personnes qui sont fortement qualifiés peuvent établir et maintenir ces évolutions. Dès
lors, on constate immédiatement les enjeux économiques pour notre pays de réaliser des
efforts importants en matière d’incitation à la recherche innovante en vue de soutenir notre
compétitivité et, à partir de celle-ci, de maintenir et développer notre croissance. La
question qui se pose à ce niveau est de savoir comment permettre à la recherche de réaliser
un bon transfert technologique entre les laboratoires et les entreprise. La création
scientifique apporte un savoir supplémentaire, mais le problème est souvent : comment
transférer et utiliser ce savoir au sein des entreprises ?
Ainsi, les évolutions qualitatives en ce sens dépendent, en effet, avant tout d’une
association réussite entre le la recherche et la pratique pour parvenir au savoir-faire et à
l’action. Le rôle de l’incubateur doit donc être clair. Il doit rechercher l’ouverture sur
l’environnement à fins de mieux coopérer, communiquer et surtout se désenclaver. Ce sont
quelques perspectives nécessaires à la contribution de la recherche pour devenir un vecteur
de développement global, ou comme on dit de plus en plus, de développement durable.
Le but serait de donner un souffle nouveau qui se traduirait par des réalisations concrètes
et des changements réels et qui feraient de la recherche et du partenariat des facteurs de
rénovation pour eux-mêmes, pour les ancrer dans la collectivité et pour mieux la servir.
Bibliographie