Sunteți pe pagina 1din 19

28ème Congrès de l'Association Internationale de Pédagogie Universitaire

AIPU Pédagogie universitaire : entre recherche et enseignement » - Lundi


19 au Jeudi 22 Mai 2015 Mons Belgique

-----------------------------------------------------------------------------------------------
-----

Vers une université entrepreneuriale pour le développement de la


recherche Scientifique

Réflexions sur le rôle des incubateurs universitaires en faveur de la recherche


Scientifique au Maroc

FAKHRI Samia - BAHOUSSA Abdelaziz - ETTAHIR Abdelaziz

Résumé
Depuis une décennie, le rôle des institutions de l’enseignement s’est beaucoup développé
et diversifié. Traditionnellement, l’université a été considérée comme un lieu de transfert
d’un savoir général et théorique. Aujourd’hui, il est désormais reconnu que le rôle des
universités dans le développement socio-économique du pays est d’une importance
prépondérante. Ces instituions sont actuellement interpelées à devenir l’un des acteurs clé
dans la production et la création de richesse immédiate. Ce ci, en soutenant les
changements économiques et sociaux à travers la production des compétences dynamiques,
capables de créer son propre emploi, et de constituer une base active pour le développement
des entreprises locales.

L’objet de la présente contribution est de lancer une réflexion sur l’incubateur comme
vecteur de développement de la recherche Scientifique. Ainsi, nous proposons d'abord de
comprendre et décrire la relation entre université et entreprise, et de mettre le point sur le
rôle que joue l’université dans le développement de l’esprit entrepreneurial chez les
étudiants universitaires. Ainsi, dans un contexte marocain, nous portons notre réflexion sur
les incubateurs universitaires et leur rôle comme structure de valorisation de recherche et
de création d’entreprise, aussi bien que les apports et les limites de telles organisations.

Mots clef : université, enseignement à l’entrepreneuriat, incubateur universitaire ;


Introduction :

Malgré l’existence d’une stratégie nationale1 pour la recherche scientifique, et malgré les
avantages et atouts dont bénéficie l’université marocaine, il est évident le système National
de recherche scientifique, connait des obstacles dont il faut être pleinement conscient. Le
premier de ces obstacles réside dans le financement, le second dans l’inexistence d’organes
de liaison entre les acteurs.

La recherche scientifique est devenue un impératif pour les pays en développement eu


égard à son rôle dans le règlement de questions économiques, techniques et sociales. A
l’heure de la mondialisation et la monté de nouvelle puissances économiques, l’heure
semble adéquate pour mettre en place un dispositif complet pour faire de la recherche
scientifique un levier du développement économique et social du pays.

Un tels objectifs ne peuvent se faire sans un dispositif complet de recherche qui soit un
levier de décollage économique et social, et qui met en relation tous les acteurs concernés
pour trouver les moyens susceptibles de rehausser la recherche scientifique et de l'orienter
vers la qualification des ressources humaines à travers l'encouragement des compétences
entrepreneuriales. Ceci, est dans le but de répondre aux besoins régionaux de
développement. Les évolutions attendues de la recherche dépendent, en effet, avant tout du
mariage réussi entre le savoir, l’expertise et la technique. Les missions et les objectifs de
la recherche scientifique ne peuvent, cela est prouvé, être envisagés en vase clos, mais
plutôt en interconnexion autant que possible avec des structures intermédiaires. Cela
suppose la constitution de ponts inter et transdisciplinaires, et le développement de
véritables interfaces entre les entreprises, les pouvoirs publics, la société et les universités.

1
Vision et Stratégie de la Recherche Horizon 2025, Ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement
Supérieur, de la Formation des Cadres et de la Rechercher Scientifique
Le défis ici réside à trouver des passerelles entre les différents secteurs productifs du pays
et notamment les missions publiques de l’Université. Dans cette perspective de faire des
liens avec les missions traditionnelles de l’université et le monde socioéconomique,
l’incubateur présente plusieurs intérêts liés à la recherche universitaire. Ces structures
auraient pour mission non seulement la création des entreprises issues de la recherche, mais
également ils seraient garant de la transformation de ces résultats à des entreprises, et/ou
produit commercialisables, profitables à toute la communauté. L’objectif de ce travail sera
donc de procéder à une réflexion approfondie, sur les intérêts que présentent une forte
alliance entre unité de recherche et structure d’incubation.

Pour cela, nous avons été amenés à collecter de façon systématique les contributions qui
relèvent du champ de l’incubation, de la recherche scientifique, et de la relation
entrepreneuriat-université : articles dans des revues scientifiques, communications dans
des colloques, ouvrages, chapitres d’ouvrage ou thèses de Doctorat. Nous avons aussi
inclus dans notre recherche les contributions écrites en anglais qui s’inscrivent dans notre
champ d’étude. La lecture systématique des bibliographies des articles et des
communications identifiées, a permis par la suite de repérer de nouvelles contributions
dans un effet de « boule de neige » et de compléter progressivement notre recension.
Néanmoins, la collecte a fait apparaître un nombre très réduit de travaux sur l’incubation
et la recherche universitaire.
Cette analyse amène à un travail à deux parties. La première fournit un bref survol sur la
situation de la recherche universitaire au Maroc, ce premier point sera suivi par une
présentation de l’incubation de façon générale, et l’évolution de son concept au Maroc. La
deuxième s’inscrit dans une perspective heuristique, et interroge sur l’intérêt de l’université
à travers ses unités de recherche, en relation avec l’incubation universitaire.

1 La situation de la recherche Scientifique au Maroc


En considérant les retombées économiques, sociales et culturelles de la recherche
scientifique, nul ne peut nier son rôle considérable dans le développement. L'innovation
technologique est une résultante d'une stratégie efficace en matière de recherche
scientifique. Le Maroc prend de plus en plus conscience du rôle de la recherche scientifique
dans l'épanouissement des connaissances et du développement.
Longtemps, la préoccupation majeure a été celle de former des enseignants, des cadres
administratifs et, plus récemment, des cadres techniques. L'organisation des recherches qui
se développaient spontanément avec l'expansion du système éducatif, le dessin d'une
politique nationale et sa mise en œuvre à la fois souple et suivie n'ont pas été de véritables
priorités. Or à la fin des années 1990, le gouvernement a pris les moyens d'encourager et
de structurer ce potentiel, volontariste et vibrant qui semble dessiner aujourd'hui une
politique de la recherche renforçant et orientant la vive dynamique actuelle dans le sens
d'une recherche plus technologique.
Le Maroc a adopté des mesures ayant permis de mobiliser des ressources financières
importantes destinées à la recherche scientifique, avec un accent mis sur le renforcement
du rôle des universités et des centres de recherche scientifique.

Le Plan d'Urgence pour l'éducation aborde les faiblesses du système de manière explicite
et vise à améliorer la performance, l'efficacité et la qualité du système éducatif dans son
ensemble. Ces efforts ont pour but de développer le volume de la production scientifique
de ces centres et faciliter leur intégration efficace dans le tissu économique national. Afin
de renforcer la recherche scientifique au Maroc, Le programme d’urgence a décrit
‘principaux mesure pour la promotion de la recherche scientifique :
- Amélioration de la gouvernance et du suivi de la recherche scientifique ;

- Renforcement de l’attractivité du métier du chercheur ;

- Augmentation, diversification et pérennisation des sources de financement de la


recherche scientifique ;

- Valorisation des travaux de recherche.

Et afin d’atteindre son objectif, des contrats de développement des universités


décrivaient les engagements suivants :
Engagements des contrats des universités
 Généralisation de l’accréditation des  Passer de 69% à 92% des structures
unités de recherche. accréditées.
 Augmentation du nombre de  Passer de 2 000 par an à 3 500
publications dans les revues publications par an.
internationales indexées.
 Augmentation du nombre de projets de  Passer à 1 700 projets de recherche
recherche appliquée menés avec les appliquée par an
entreprises.
 Augmentation du nombre de thèses de  Passer de 820 à 2 300 thèses de
doctorat soutenues. doctorat soutenues par an.
 Valorisation de la recherche  330 brevets à déposer sur la
scientifique. période 2009-2012.

Ainsi, dans le bilan de l’évaluation des réalisations du programme en mi-chemin, nous


pouvons lire les chiffres suivants :
Réalisations et taux de réalisation des objectifs pour la 1èremoitié 2011
Prévu Réalisé
Taux
Indicateur 1ère moitié 1ère emoitié
Réalisation
2011 2011
Nombre d’articles scientifiques
215 000 204 448 95
téléchargés
Nombre de manifestations
35 37 106%
scientifiques soutenues
Nombre des éditions soutenues 15 11 73%
Nombre de publications
indexées par les unités propres 6 9 150%
du CNRST
008/09 – ma 2011
Ainsi, nous pouvons remarquer que les objectifs contractuels à la moitié de 2011 sont
largement dépassés, et qu’il existe une bonne évolution prometteuse. A noter que bien que
le nombre d’articles scientifiques téléchargés par les universités ait augmenté, il reste
relativement faible en le comparant avec d’autre pays. Et malgré l’importance
augmentation du nombre de publication dans des revues internationales indexées,
seulement deux BDD d’indexation (Scopus et WoS) sont retenus dans le rapport annuel ;
et 49% des publications sont enco-signature étrangère.
Quant au nombre de brevet déposé et accepté, le taux de réalisation est de 31%, et
seulement 23 projets sont conclus durant l’année 2010 sur 279 projets prévus.

De façon générale, l’action engagée par les pouvoirs publics en faveur de la recherche au
cours de la dernière décennie a été jugée bien orientée, ils ont constaté un essor puissant et
continu de la production et des capacités. Cependant, malgré les éléments de force de la
recherche scientifique marocaine, les expert soulignent quelques faiblesses comme
l’absence de structures de valorisation de la recherche, et recommandent la nécessité de
renforcer et d’institutionnaliser les structures d’interface université-entreprise.

2 L’incubation universitaire et l’évolution du concept au Maroc


A nos jours, il n’existe pas encore une définition consensuelle d’un incubateur. Les âpres
débats dans les rencontres et les manifestations académiques ou professionnelles, ainsi que
la multitude de définitions proposées par les auteurs dans les revues scientifiques ou
spécialisées le témoin.
Cette foule de définitions, résulte de la différence entre objectifs et services proposés par
les différents types d’incubateurs. En effet, Albert, Bernasconi et Gaynor (2002)
distinguent entre quatre types d’incubateur :
• Les incubateurs de développement local : financés essentiellement par le
gouvernement, et les programmes d’aide au financement étatique. Ils sont connus
pour leur caractère non lucratif et ont pour objectif de participer à la stimulation de
l’activité économique locale en facilitant la création d’entreprises, la création
d’emplois, en créant une image positive et un lieu de rassemblement de
compétences et de nouveaux réseaux en faveur de l’entrepreneuriat. (Albert,
Bernasconi et Gaynor, 2002)
• Les incubateurs académiques et scientifiques : sont des incubateurs créés
par les institutions d’enseignement supérieur ou des centres de recherche
universitaires. Ils ont pour objectif de promouvoir la création d’entreprises
innovantes issues des résultats de la recherche publique.

• les incubateurs d’entreprises (Corporate) : Ces incubateurs privés ont


des objectifs purement lucratifs, et sont souvent le résultat de considérations
stratégiques ou de la politique d’innovation de l’entreprise mère. l’incubateur
corporate est un moyen pour l’entreprise mère de rester à l’affût des innovations et
de l’évolution technologies et de maîtriser l’apparition de nouveaux concurrents.

• Les incubateurs d’investisseurs privés : certains incubateurs ont été créés


par des investisseurs privés, comme les sociétés de capital-risque, des entrepreneurs
et des Business Angels. Leur objectif est purement lucratif et perçu comme une
occasion d'affaires à fort potentiel.

Finalement, une définition qu’on peut retenir, est que, quel que soit sa typologie, un
incubateur est une organisation qui accélère et favorise la création et le développement
d'entreprises, en leur offrant une gamme complète de prestations de service, s’agissant des
moyens matériels, logistiques et financiers, ou des réseaux de compétence académiques et
professionnelles.

Au Maroc, le concept des incubateurs a été introduit aux universités grâce à la loi n° 01-
00 portant sur l’organisation de l'enseignement supérieur au Maroc. Selon l’article 7 de
cette loi, « les universités peuvent assurer par voie de convention, des prestations de
services à titre onéreux, créer des incubateurs d'entreprises innovantes, exploiter des
brevets et licences et commercialiser les produits de leurs activités. »

Ainsi, le terme « incubateur» désigne des organismes universitaires agissant


principalement sur les projets ayant un lien étroit avec la recherche publique. Ces structures
universitaires ont pour objectif d'assurer le transfert vers le monde socio-économique des
trois missions fondamentales de l'université (formation, recherche et valorisation) par
l'intermédiaire de la création d'activités et d'entreprises innovantes.
Ainsi, l’université peut soit prendre des participations dans des entreprises, ou encore créer
des sociétés dans des domaines qui s’approchent des missions de l’université. (Production,
la valorisation et la commercialisation de biens ou services dans les domaines économique,
scientifique, technologique et culturel).

Cette pratique, encore appelé aussi essaimage académique ou spin-offs académiques


(Pirnay, 2001), consiste pour une université à encourager et à aider les nouvelles Start-up
issu des résultats de la recherche sur plusieurs niveaux. De façons générale, six fonctions
sont habituellement exercées par un incubateur : l’hébergement, les services de base, le
conseil et l’assistance (technique, marketing, juridiques, commerciale…), les formations,
l’accès au financement, et la mise en réseaux. Grace à ces différentes formes d’appuis, le
porteur de projet chercheur, peut bénéficier de la proximité des ressources offertes par
l’incubateur “ en vue de l'exploitation commerciale d'une idée ou d'une invention
universitaire" (Doutriaux, 1992). En d'autres termes, les incubateurs ont pour vocation de
favoriser le développement de conditions propices (techniques, financières, humaines, …)
à la création d'entreprise à partir de projets issus de la recherche publique.

Le CNRST (le Centre National pour la Recherche Scientifique et Technique Marocaine),


créé le 1er août 2001, par le Ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement
Supérieur, de la Formation des Cadres et de la Rechercher Scientifique, a pour principale
mission la promotion, le développement et la valorisation de la recherche scientifique, en
fonction des besoins culturels, économiques et sociaux du pays et en liaison avec les
organismes publics et privés poursuivant les mêmes objectifs. 2 Cette organisme a mis en
place un Réseau Marocain d’Incubation et d’Essaimage (RMIE) en 2002. Le réseau mis en
place, par les pouvoirs publics en partenariat avec des acteurs socio-économiques afin de
contribuer au rapprochement entre l’université et le monde des entreprises et de favoriser
l’innovation et la création d’entreprises innovantes, regroupe actuellement 13 incubateurs
universitaires doté d’une liberté de gestion et d'action liée au contexte local dans lequel ils
sont implantés.

2
Dahir n° 1.01-170 l 1422 (ler aout 2001) portant promulgation de la loi n° 80-00
relative au centre national pour la recherche scientifique et technique (CNRT)
L’offre de service du réseau peut se résumer en trois différents axes

L’hébergement
 Au sein des incubateurs membres
 Au sein de la pépinière du RMIE ;
Accompagnement par la formation,
Accompagnement
L’expertise et le conseil.

Maquettes, prototypes
Etudes techniques juridiques, de marché…
Mise en réseau avec un panel d’experts nationaux et internationaux
Appui financier

Mise en réseau avec un panel d’experts nationaux et internationaux

Networking

Le seul rapport présent sur les incubateurs au Maroc, fait état en septembre 2011 de
quarante projets soutenus parmi les 84 projets soumis, soit un taux de sélection de 47,61%.
Pour les 13 structures faisant partie du Réseaux Marocain D’Incubation et D’Essaimage.
On dénombre à cette date12 projet en incubation (24%), 10 sortis d’incubation (27%), 18
projets abandonnés ou résiliés (49%).
Au regard des secteurs technologiques concernés, le rapport recense la moitié des projets
sont dans la biotechnologie et agroalimentaire, le quart dans les nouvelles technologies, le
reste est respectivement répartie entre l’industrie et l’industrie minérale. A ceci le rapport
montre une très légère évolution en nombre de projet, en 2007 16 projet ont été soumis et
10 ont été retenu, alors qu’en 2011, treize projets ont été soutenu face à 25 projet soumis.
Le budget alloué quant à lui connait une évolution remarquable, en 2007 un budget de
100.000 Dh a été alloué pour les 10 projets, alors qu’en 2011 le budget a atteint les 291.600
Dh. Aucune donnée sur les emplois créer n’est disponible. Le rapport n’a présenté aucune
autre donnée relatif au nombre d’emploi créé par les entreprises, la durée moyenne
d’incubation, les profils des entrepreneurs.
3 Réflexion autour des intérêts d’une relation Incubateur/laboratoire pour la recherche
Scientifique nationale

Loin des discours politiques et des définitions optimistes, il nous a semblé constructif de
souligner certains intérêts d’une forte liaison entre incubateur et laboratoire de recherche.
Dans ce qui suit, nous distinguons quatre types d’intérêts pour la recherche.

3.1. Attirer les investisseurs, les chercheurs et les collaborateurs

Ce point lié à l’attractivité de l’université, tient à la fois aux ressources financières, mais
aussi au capital humain. Le rôle que joue l’incubateur autant qu’intermédiaire entre
l’entreprise et l’université permet à cette dernière de créer et maintenir un rapport privilégié
avec les entreprises et investisseurs privés qui percevront des opportunités d’investir dans
la dynamisation des recherches menés au sein d’une université capable de transmettre ses
recherches menées au sein de ses laboratoires à des entreprises à forte valeur ajoutée.

Les entreprises qui souhaitent s’engager dans des activités de recherche et de


développement mais qui n’ont pas suffisamment de moyens pour se doter de laboratoires
de recherche au sein de leur locaux, préfèrent collaborer avec des universités et de rester à
l’affut des évolutions technologiques.
Concrètement, les universités dans les pays émergents, sont financées majoritairement,
voire même exclusivement par l’Etat. Ce financement apprêté à l’enseignement supérieur
s’avèrent amplement insuffisantes et sont aujourd’hui d’autant plus indispensables. Ainsi,
un intérêt considérable est attaché aux questions de financement. L’incubateur pourra
assurer à l’université ces ressources financières supplémentaires, grâce au développement
de partenariats à fortes incidences financières avec les milieux économiques (contrats de
recherche, activités de conseil, etc.), mais aussi grâce à la valorisation des résultats de la
recherche par la création d’entreprise fiables et pérennes.

Le partenariat universités-entreprises est un duo gagnant sur tous les niveaux. Et les
retombées ne se limitent pas à ces dernières, elles bénéficient à toute la société. Les
chercheurs et praticiens de leur part, avec leur différence spécialités préféreront, faire partie
et participer aux travaux réalisés au sein d’une université qui détient des ressources
financières suffisantes et un appui considérable de la communauté des praticiens.
Ceci, il leur permet de développer et d’améliorer leurs recherches et idées, et les
transformer en projet d’entreprise et des produits commercialisables.

3.2. Développer une recherche au service de l’économie et de la société

L’incubateur universitaire permet d’instrumenter la relation entre l’université et


l’entreprise. Il est avant tout un instrument et un espace de dialogue et de construction entre
les porteurs de projet et les parties prenantes possibles par rapport au projet. Dans cette
perspective, l’incubateur peut être considéré comme un artefact ayant entre autres pour
objet l’intermédiation entre l’université et l’entrepreneuriat, cette intermédiation permet
l’introduction délibérée au sein du processus entrepreneurial d’une structure, ici les
incubateurs, destinée à faciliter le rapprochement entre université et entrepreneuriat.

L’incubateur fait en sorte que recherche et entrepreneuriat s'intègrent l'une dans l'autre, sa
position intermédiaire va donc permettre de favoriser le développement d’une relation
dialectique entre l’université et l’entrepreneuriat (Schmitt, Berger-Douce et Schmitt, 2004,
Schmitt et Bayad, 2003a). L’incubateur universitaire est le point de rencontre des deux
sphères, leur intérêt commun, si l'on peut dire, consiste que la production de connaissances
permet de satisfaire les besoins de développement professionnel des praticiens et que la
pratique éclaire la production de connaissances.

Un projet se construit sur une double identité, recherche et entrepreneuriat, ces deux volets
peuvent, à la limite, se mener plus ou moins en parallèle. Les incubateurs universitaires
sollicitent la collaboration des praticiens pour aboutir à un projet d’entreprise issu de la
recherche universitaire et s'engagent à créer les conditions nécessaires pour que les
praticiens entrent avec les chercheurs dans une démarche de réflexion sur un aspect de la
pratique.
L’objectif de l’incubateur est de s'engager, avec le laboratoire de recherche, dans une
démarche de réflexion sur un aspect de la pratique, démarche qui, selon la nature des
projets, les amènera à explorer une situation nouvelle liée à leur pratique ou encore à
s'arrêter à une situation qu'ils vivent déjà, mais sur laquelle ils souhaitent se donner un
éclairage. En fait, partant du pivot central que constitue la démarche de réflexion conjointe
ou de écoconstruction réalisée dans l'interaction entre le chercheur et les praticiens, le
projet va s'articuler, d'une part, comme un projet de perfectionnement pour des praticiens
qui souhaitent questionner ou explorer un aspect de leur pratique professionnelle, d'autre
part, comme un projet d'investigation pour un chercheur qui souhaite, de l'intérieur de la
démarche de réflexion qu'il va encadrer, investiguer un objet de recherche qui le préoccupe.

Cette double identité, comme on la conçoit, est exigée par le concept même de l’incubateur,
car ce concept suppose que chaque type de partenaires puisse s'y engager à partir de ses
préoccupations et de ses intérêts respectifs (St-Arnaud, 1986), et qui les réunit par
l’incubateur. Le personnel de l’incubateur joue le rôle d’un « agent double », chercheur et
formateur, et cela, en vue de répondre à la fois aux préoccupations du milieu de pratique
(en termes de développement professionnel) et du milieu de recherche (en termes
d'avancement des connaissances), voire de créer un point de jonction entre les deux cultures
de travail. La finalité recherchée est l’édification d’une culture commune, issue de cette
démarche de médiation, où les connaissances construites en collaboration tiennent compte
à la fois des contraintes et des ressources des deux mondes, celui de la recherche et celui
de la pratique. L’intermédiaire des différents acteurs de l’incubateur est une mission à
géométrie variable selon les phases de développement du projet de création.

Comme le souligne M.-J. Avenier (2000) une intermédiation a un double but pour les
porteurs de projet ; elle favorise aussi bien l’évolution des représentations des porteurs de
projet que la co-construction par ces derniers avec l’aide du personnel de l’incubateur mais
aussi les autres porteurs de projet d’une représentation intelligible d’une réalité à venir sans
chercher à les amener à adhérer à des représentations prédéfinies.

3.3. Améliorer le rendement et la productivité de la recherche scientifique


Il est reconnu que la mission de l’université ne se limite pas au transfert du savoir et que
cette dernière a aussi pour vocation de participer activement à sa création. (Abdoul Alpha
Dia, 2011). Sur cette question, les universités des pays émergents généralement et du
Maroc spécifiquement y sont insuffisamment engagées.

A cet effet, l’incubateur à travers son rôle de catalyseur (SCHMITT, BERGER-DOUCE,


BAYAD, 2004), permettra à cette vocation somnolée de se revitaliser et renverser la donne.
Ainsi le phénomène de catalyse décrit par Gasse et D’Amours (2000), dans une perspective
entrepreneuriale, s’appuie sur l’existence d’un milieu qui prédispose à l’entrepreneuriat,
sur lequel vont agir les déclencheurs dans la décision de se lancer en affaires. Dans cette
optique l’incubateur est un catalyseur de la décision de se lancer dans l’aventure
entrepreneuriale.

L’intégration d’un incubateur avec les laboratoires de recherche universitaire agirait en


amont sur le niveau et l’intensité de la recherche scientifique. Ainsi, par exemple, la
collaboration entre chercheurs et incubateur permet d’orienter les études de faisabilité
économique, d’affiner le plan de développement avant d’accompagner l’équipe dans ses
recherches de financement. Par ailleurs, la proximité spatiale avec d’autres chercheurs
constitue un atout indéniable pour le moral. Ainsi les étudiants et chercheurs en début de
leur processus de recherche, s’inspirent des échanges d’expériences des chercheurs
incubés, et discernent plus d’opportunités qui leur seront ouvertes pour éveiller leur esprit
de créativité et augmenter leur productivité scientifique, susceptible de faire objet d’un
projet entrepreneurial. La création d’incubateurs d’entreprises constitue à la fois un lieu
d’apprentissage pour les étudiants mais aussi un terrain de recherche et d’expérimentation
(recherche-action) pour les enseignants chercheurs dans les universités. (PAUL2012).

La question des incitations physiques et morales n’est pas à sous-estimer. En effet, tant que
l’exploitation économique des résultats de la recherche est considérée comme débouché
difficilement atteint, la motivation et l’intérêt incitant à s’engager dans des processus de
recherche inventif et qui nécessitent des engagements financières couteuses disparaissent.
En revanche, lorsqu’un incubateur est intégré avec des structures de recherche scientifique,
ceci représente de fortes incitations à la fois structurelles et morales capable de contribuer
dans l’amélioration de la productivité scientifique tant qualitative que quantitative.

Par ailleurs, il est à souligné que la demande, est relativement évolutive, des diplômés pour
les recrutements dans la fonction publique, la faible insertion des diplômés dans le marché
de l’emploi, et l’augmentation du taux de chômage (Le nombre de personnes sans emploi
dans le monde a atteint les 197 millions, pour un taux de chômage mondial de 5,9% en
2012 selon les tendances mondiales de l’emploi . Au Maroc le taux de chômage s’établit
désormais à 8,8% en 2012, ainsi, le taux de chômage chez les diplômé d’un niveau
supérieur (18%) dépasse largement celui des « sans diplômés », 4%). Il est désormais
primordial que l’université ouvre aux étudiants la perspective de la création d’entreprise,
et leur permet un accès à des débouchés autre que le recrutement. En d’autre terme, en
l’absence de débouchés dans la société, l’université, afin d’améliorer son efficacité doit
contribuer à en créer. La promotion de l’entrepreneuriat et la création d’entreprises issues
des efforts de recherche et d’investigation de ses étudiants et/ou enseignants chercheurs
pourra être le remède efficace à cette problématique. Ce qui impactera positivement la
qualité et l’image de l’université et donc son efficacité.

3.4. Renforcer la participation de l’université dans le développement économique et


sociale de la nation

Aux Etats-Unis David Birch (1979,1981), dans ses travaux, pionniers ont montré que les
PME étaient les premiers fournisseurs d’emplois. En Europe, les PME constituent
également le principal moteur de la croissance nette de l’emploi.

Quant à notre pays, la PME, joue un rôle central dans la dynamique économique et sociale
en tant que vecteur de la promotion de l’emploi et de la distribution des richesses. Elle
représente 50% des effectifs employés, 50% de l’investissement, 30% des exportations et
40% de la production. Malgré cette forte contribution, il est a mentionné que la PME au
Maroc, ne contribue qu’à 20% de la création de valeur. (Doing business, 2013).
Cette médiocre participation à la création de valeur trouve son explication dans les
statistiques du ministère de l’Economie et des Finances en 2010. En effet, l’une des
difficultés qui subsiste à l’heure actuelle réside dans la modélisation économique des
profils disparates des PME marocaines, dominées à 97% par les micro-entreprises dont
plus de 60% sont occultées dans le secteur informel. Les entrepreneurs actuelles désireux
d’échapper à la précarité de leur situation et à la médiocrité de leur rémunération dans le
secteur formel, se lance dans l’aventure entrepreneurial sans évaluation préalable et du
marché (analyses de l’accès aux marchés, des obstacles à l’obtention des prêts, du coût du
crédit, des niveaux des fonds propres, de la dépendance à l’égard des clients ou des
fournisseurs les plus importants, etc.) et de l’étendu de la demande latente.

Ainsi, dans tous les pays, le rôle de la PME dans la croissance économique est reconnu.
Cette économie se caractérise par une accélération du progrès technique et par la
concurrence accrue entre les pays. Ainsi, aujourd'hui, les pays dits développés tirent leurs
avantages comparatifs d’une production à forte valeur ajoutée intellectuelle. Pour une
nation moderne, l'innovation industrielle, tire sa force de l'exploitation des découvertes et
de la créativité scientifique liée aux efforts de recherche. (Yves Aurelle, 1998).

Devenue indispensable pour sauvegarder à terme l’avenir économique d’un pays, seules
les personnes qui sont fortement qualifiés peuvent établir et maintenir ces évolutions. Dès
lors, on constate immédiatement les enjeux économiques pour notre pays de réaliser des
efforts importants en matière d’incitation à la recherche innovante en vue de soutenir notre
compétitivité et, à partir de celle-ci, de maintenir et développer notre croissance. La
question qui se pose à ce niveau est de savoir comment permettre à la recherche de réaliser
un bon transfert technologique entre les laboratoires et les entreprise. La création
scientifique apporte un savoir supplémentaire, mais le problème est souvent : comment
transférer et utiliser ce savoir au sein des entreprises ?

Pour en revenir maintenant à la question de l’incubation, il est à rappeler que l’incubateur


s’inscrit tout particulièrement dans la volonté de favoriser la création des entreprises issues
des activités de l’université. Selon la définition donnée dans le rapport Cuby (2001)
l’organisation de l’incubateur doit permettre de mobiliser un réseau de compétences,
d’accompagner concrètement les porteurs de projets sélectionnés avec des moyens
humains, matériels et financiers. Il a pour objectif d’assurer le transfert vers le monde
socio-économique des trois missions fondamentales de l’université (formation,
valorisation et recherche) par l’intermédiaire de la création d’activités et d’entreprises
innovantes. Il s’agit d’une pratique volontariste consistant pour une université
d’encourager et d’aider sur les plans financier, technique et managérial, ses employés et
ses étudiants à créer leurs propres entreprises, grâce à toutes forme d’appui et
d’accompagnement « en vue de l’exploitation commerciale d’une idée ou d’une invention
universitaire » (Doutriaux, 1992).

Ainsi, ces structures seraient en mesure d’augmenter de manière significative le taux de


survie des entreprises nouvellement créées. Un élément moteur de cette définition est donc
la capacité de l’incubateur d’accélérer le processus de création d’une nouvelle entité
économique basée sur les résultats de la recherche scientifique.
Conclusion

Au terme de cette réflexion sur l’intérêt d’un rapprochement de la recherche à l’incubation


au Maroc, nous pouvons conclure que l’incubation universitaire joue une fonction
stimulatrice. En effet, la recherche scientifique requiert transdisciplinarité et travail
intergroupes. Dans ce sens, l’incubation universitaire peut contribuer, à partir de
programmes faisant appel à diverses spécialisations, au processus de développement et à
l’émergence de pôles d’excellence, fournissant un terrain de recherche non négligeable. Et
à l’instar des expériences des pays avancés où l’incubation tend à s’imposer comme
instrument nécessaire de l’entrepreneuriat innovant, la réglementation marocaine doit
accompagner les initiatives prises par les universités.

Ainsi, les évolutions qualitatives en ce sens dépendent, en effet, avant tout d’une
association réussite entre le la recherche et la pratique pour parvenir au savoir-faire et à
l’action. Le rôle de l’incubateur doit donc être clair. Il doit rechercher l’ouverture sur
l’environnement à fins de mieux coopérer, communiquer et surtout se désenclaver. Ce sont
quelques perspectives nécessaires à la contribution de la recherche pour devenir un vecteur
de développement global, ou comme on dit de plus en plus, de développement durable.

Le but serait de donner un souffle nouveau qui se traduirait par des réalisations concrètes
et des changements réels et qui feraient de la recherche et du partenariat des facteurs de
rénovation pour eux-mêmes, pour les ancrer dans la collectivité et pour mieux la servir.
Bibliographie

[1] AGRAR Abdelbequi : Les performances de la Recherche Scientifique


Universitaires marocaine. Doctorat d’Etat, Grenoble I, 1987
[2] Albert P., Marion S. (1998), « Ouvrir l’enseignement à l’esprit d’entreprendre », in
[3] L’Art d’entreprendre, Village Mondial, pp. 28-30.
[4] Aurelle Y. (1998), « De la création scientifique à la création industrielle », Réalité
industrielle, Novembre 1998.
[5] BAÏNA Abdelkader : Le Système de l’enseignement au Maroc, tome II. Rabat : ed.
Maghrébines, 1981
[6] BAÏNA Abdelkader : La politique de l’enseignement au Maroc. Doctorat d’Etat
Paris II, 1979. Casablanca : ed. Maghreb, 1982 (3 Tomes)
[7] Berger-Douce S., Schmitt C. (2004), « Entrepreneuriat et incubateurs universitaires
: une relation en quête de sens », 3ème Congrès de l’Académie de l’Entrepreneuriat,
Lyon, 31 mars et 1er Avril 2004.
[8] Brocart J.-P., (2008), « La valorisation de la recherche par la création d’entreprises
innovantes, le rôle des incubateurs », Université Euro-méditerranéenne TETHYS,
Sfax, 12 Décembre.
[9] Schmitt C., Bayad M. (2003), « L’entrepreneuriat dans les universités françaises :
regard sur le dispositif d’incubation », Colloque « L’entrepreneuriat en action »,
Agadir, 23 et 24 Octobre.
[10] Schmitt C., Bayad M. (2003), « Entrepreneurship and university: reflections on the

role of university incubators », IAMOT, 13-15 may.


[11] Schmitt C. (2004), « Pour une approche dialectique de la relation entre recherche
et pratiques entrepreneuriales : une relation en quête de sens », dans revue
Internationale PME, à paraître vol 17, n° 3-4
[12] Schmitt, C. (2005), Université et entreprise : une relation en quête de sens, Vol. 1,
ouvrage collectif, L’Harmattan, Collection Mouvements Économiques et Sociaux,
322 pages.
[13] Flesia, E. et Dou, H., « La création d’entreprise par les chercheurs : une donnée
sociologique nouvelle en France », Politiques et management public, Vol. 12, no.
2, 1994, p. 115-133.
[14] Gasse, Y., Chercheurs-Entrepreneurs : profil et perspectives, document de
recherche, Centre d’entrepreneuriat et de PME, Université Laval, Ste-Foy, Québec,
2000.
[15] Marion S., Philippart P, et Verstraete T. (2000), « La valorisation de la recherche
publique par la création d’entreprise », dans T. Verstraete, Histoire d’entreprendre,
Editions EMS.
[16] Mustar, P., La création d’entreprise par les chercheurs : dynamique d’intégration
de la science et du marché, Thèse de doctorat, Sciences économiques : ENSM,
Paris, 1993.
[17] Pirnay F. (2001), « Les phénomènes de « spin-offs universitaires » : élaboration
d’un cadre de référence conceptuel », in Xième conférence de l’AIMS, Québec, 13-
15 Juin.
[18] Pirnay, F., La création d’entreprise en contexte universitaire : les facteurs de
l’engagement, Thèse de doctorat, ESA, Université de Lille 2, 2001.
[19] Rapport Cuby (2001), « Les incubateurs publics d’entreprises technologiques
innovantes », Ministère de l’Education Nationale et Ministère de la Recherche,
n°01060, août.
[20] Rapport Ernst & Young (2003), « Evaluation à mi-parcours des incubateurs des
entreprises innovantes liées à la recherche publique », Ministère chargé de la
recherche, Rapport de synthèse final 10 septembre 2003.
[21] Actes des Journées Maroco-françaises : La Valorisation de la recherche et le
transfert des savoirs entre l’Université et l’Entreprise au Maroc. Rabat 18 et
19/04/96.
[22] Groupe d’étude et de recherches sur les ressources humaines (GERRH) : La
réforme de l’enseignement au Maroc, une contribution au débat. Rabat,
L’Association des Economistes Marocains, 1995

S-ar putea să vă placă și