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Notes psychologiques et philosophiques

sur l'amour

Version de mars 2019


Définition de l’amour

C'est par la discipline que nous pouvons évoluer spirituellement. La force qui motive et qui
la dynamise, c'est l'amour.

Mais l'amour est un mystère; en l'étudiant, nous l'effleurons, nous tentons de sonder
l'insondable, de saisir l'insaisissable. L'amour est en effet trop grand et trop profond pour
être jamais compris, ou limité par des mots. L'imperfection de l'étude est donc presque
inévitable.

L'amour ne peut pas se définir de façon vraiment satisfaisante. On a tenté de distinguer


l'éros (amour charnel), la philia (amour d'amitié), l'agapê (amour spirituel)....

Ayons cependant l'audace de donner une seule définition, même si elle est inadéquate:
"L'amour, c'est la volonté de se dépasser dans le but de nourrir sa propre évolution
spirituelle ou celle de quelqu'un d'autre".
Remarquons qu'il y a un but, l'évolution spirituelle.
Ainsi défini, l'amour est un processus circulaire puisqu'il s'agit de se dépasser, d'évoluer
pour se mouvoir dans une sphère d'existence plus large.
L'acte d'aimer participe de l'évolution personnelle, même quand son but est le
développement de quelqu'un d'autre.
S'adonner au développement spirituel de l'homme, c'est se préoccuper de soi-même et de
l'autre. Pour aimer l'autre, nous devons nous aimer nous-mêmes, vraiment.
Se dépasser, étendre ses limites implique un effort. Lorsque nous aimons, notre amour ne
devient réel qu'à travers le fait que pour cette personne, nous faisons un pas ou un
kilomètre de plus.
La volonté est un désir d'une intensité suffisante pour être transformer en action. Je ne dis
plus: "J'aimerais", mais "je vais". Il ne suffit pas de vouloir aimer, il faut réussir. L'amour,
c'est ce qu'on fait, à la fois action et désir. La volonté implique aussi le choix.
On n'est pas obligé d'aimer, on le décide. Si nous n'aimons pas quelqu'un, c'est parce que
nous n'avons pas choisi de l'aimer, malgré nos bonnes intentions. Lorsque nous nous
donnons du mal pour la cause de l'évolution spirituelle, c'est parce que nous avons choisi
de le faire. Nous avons fait le choix d'aimer.
Il faudrait enseigner à tous ce qu'est véritablement l'amour. Mais il faut commencer
l'exploration de sa nature en examinant ce qu'il n'est pas.

I. CE QUI N'EST PAS DE L'AMOUR

1.1. Tomber amoureux

L'idée la plus fausse et la plus répandue est que tomber amoureux, c'est aimer ou au moins
manifester de l'amour.
Subjectivement, cette "chute" est vécue de façon très intense comme étant l'expérience de
l'amour. Dans ce cas, on a tout de suite envie de dire: "je t'aime". Mais il s'agit d'une
illusion. Il y a deux problèmes qui sautent aux yeux:
1. Tomber amoureux est une expérience spécifiquement érotique. D'ailleurs, on aime
profondément les enfants, les personnes du même sexe sans tomber amoureux. Nous ne
tombons donc amoureux que lorsque nous sommes sexuellement motivés, consciemment
ou inconsciemment.
2. Etre amoureux est inévitablement temporaire. Tôt ou tard, la passion s'éteint, la lune de
miel se termine, l'idylle se fane. Il ne s'agit que d'une passion.
Nous souffrons presque tous de la solitude et aspirons à nous échapper des murs de notre
propre identité afin de nous sentir plus en harmonie avec le monde extérieur. Tomber
amoureux permet temporairement cette échappée. Les frontières du moi s'effondrent et
nous fondons notre identité dans celle d'une autre personne. De ce fait, la solitude n'existe
plus.
D'une certaine façon, le fait de tomber amoureux est une régression. Nous avons
l'impression de pouvoir vaincre tous les obstacles. L'avenir ne sera que lumière. Mais la
réalité vient s'imposer et troubler la merveilleuse unité du couple amoureux.
Tôt ou tard, en réponse aux problèmes de la vie quotidienne, l'individu va se réaffirmer. Il
veut faire l'amour, elle n'a pas envie; elle voudrait aller au cinéma, pas lui; elle a besoin de
parler de son travail, et lui du sien; ils n'aiment pas leurs amis respectifs....
Alors, chacun de son côté, dans l'intimité de son coeur, prend amèrement conscience qu'il
ne fait pas "un" avec l'être aimé qui a et aura toujours ses désirs, ses goûts, son vécu
propres et différents des siens. Une à une, petit à petit ou brutalement, les frontières du moi
se remettent en place, la passion s'éteint. Les individus amoureux sont à nouveau séparés.
Et c'est à ce moment-là qu'ils vont, soit dissoudre les liens qui les unissaient, soit
commencer le travail du véritable amour.
Les partenaires peuvent commencer à s'aimer lorsque la passion disparaît, car le véritable
amour ne trouve pas ses racines dans le sentiment d'être amoureux. Il se développe dans un
contexte où l'on agit avec amour.

Tomber amoureux n'est pas un acte de volonté, ce n'est pas un choix conscient. On peut
ainsi tomber amoureux accidentellement, de quelqu'un avec qui on est mal assorti, de toute
évidence.
Heureusement, on peut, avec de la discipline, choisir la façon de réagir par rapport au fait
de tomber amoureux.

Tomber amoureux n'implique pas le dépassement de ses propres limites ou de ses


frontières. C'est simplement leur effondrement partiel. Le dépassement de ses limites
demande un effort, tomber amoureux aucun. Le véritable amour est donc une expérience
d'enrichissement durable, pas un passion.

Tomber amoureux n'a pas grand chose à voir avec le développement spirituel délibéré. Le
seul but est alors de rompre la solitude et peut être de garantir ce résultat par le mariage.
L'évolution spirituelle est oubliée. D'ailleurs, on croit alors être arrivé au sommet, on est
satisfait et on ne perçoit pas chez l'être aimé, le désir de développement spirituel. On
minimise ses défauts, on le sent parfait.
Ce phénomène est sûrement une composante génétique déterminée et instinctive de
l'accouplement. Tomber amoureux, c'est un tour que jouent nos gènes à notre esprit afin de
nous piéger dans le "mariage".

1.2. Le mythe de l'amour romantique

L'une des caractéristiques de la passion doit être que cela durera toujours. Elle est
entretenue dans notre culture par le mythe de l'amour romantique, celui des contes de notre
enfance où le prince et la princesse sont heureux et ont beaucoup d'enfants.
Ce mythe nous dit qu'à chaque jeune homme correspond une jeune fille "faite pour lui" et
inversement, que cela est inscrit dans les astres. Lorsque nous rencontrons la personne qui
nous est destinée, nous la reconnaissons tout de suite par le fait que nous tombons
amoureux. On croit être prêt à vivre l'union sans faille, l'harmonie définitive.
Mais qu'un jour cela vienne à passer, que le désaccord s'installe, il devient évident que
nous avons commis une terrible erreur. Ce que nous croyions être de l'amour n'en était pas
et nous n'avons plus qu'à vivre malheureux pour toujours, ou bien divorcer.
Le mythe de l'amour romantique est un horrible mensonge qui engendre souffrance et
confusion.
Beaucoup d'hommes perdent une énergie folle à essayer désespérément et vainement de
faire concorder la réalité de leur vie avec l'irréalité du mythe. Lorsque les couples ont
compris que la lune de miel est terminée, ils risquent de vouloir faire renaître l'amour
romantique au lieu de prendre un nouveau départ pour réussir leur union.

Il faut donc apprendre que la véritable acceptation de l'individualité de chacun est la seule
base sur laquelle une relation "mûre" peut être construite. Alors l'amour véritable pourra se
développer.

1.3. Les frontières du moi

Revenons maintenant en arrière: la passion (tomber amoureux) est en fait très, très proche
du véritable amour. Le malentendu est convaincant, justement parce qu'il contient un
soupçon de vérité. Et le véritable amour implique aussi un dépassement de ses propres
limites, celles du moi.
Nous tendons alors vers l'être aimé dont nous désirons nourrir l'évolution. Pour y parvenir,
l'être aimé doit nous paraître aimable, il doit nous attirer; il faut que nous nous
investissions pour lui, que nous nous engagions vis-à-vis de lui, hors de nos frontières
personnelles. C'est l'ATTRAIT, l'investissement, l'engagement.

L'attrait, avec le temps, développe un sentiment d'extase et au lieu d'être unis


temporairement et de manière irréelle avec un seul objet aimé, nous nous sommes fondus
réellement et durablement avec une grande partie du monde. Il naît une sorte d'union
mystique, stable, durable et plus satisfaisante que la "chute" amoureuse.
Il est évident que les rapports sexuels et l'amour, bien que souvent simultanés, sont parfois
dissociés parce qu'à la base ce sont des phénomènes séparés. Faire l'amour n'est pas EN
SOI un acte d'amour. Pourtant l'amour, et surtout l'orgasme provoque un effondrement des
frontières du moi et l'extase. Cette extase peut être intensifiée lorsqu'elle est partagée avec
l'être aimé. Mais l'extase ne dure que quelques secondes.
L'union n'est donc que momentanée, alors que l'amour véritable consacre une union
durable.
Et cette union ne permet pas les raccourcis faciles et rapides. Les frontières du moi doivent
être durcies avant d'être assouplies. Une identité doit être établie avant d'être transcendée.
On doit se trouver soi-même avant de pouvoir se perdre. Certes la fuite temporaire hors de
soi peut nous laisser entrevoir le sommet, mais juste quelques instants, avant l'arrivée des
nuages. La véritable évolution spirituelle ne peut être atteinte que par la pratique
continuelle de l'amour véritable.
Tomber amoureux doit nous amener à nous engager vis-à-vis de l'autre; alors le véritable
amour peut naître.

1.4. La dépendance

Croire que la dépendance est de l'amour, voilà encore un malentendu très courant.
L'individu peut alors aller jusqu'à menacer ou tenter de se suicider, ou faire de la
dépression à la suite du rejet ou de la séparation d'un amant ou d'un époux.
Si l'on ne peut pas vivre sans son amant, on parasite cet individu. Il n'y a alors aucune
liberté dans la relation. Il s'agit plutôt d'un besoin que de l'amour. L'amour est un choix
délibéré et deux personnes ne s'aiment vraiment que lorsqu'elles sont capables de vivre
l'une sans l'autre tout en choisissant de vivre ensemble.
La dépendance est l'incapacité de se reconnaître comme un tout et de fonctionner
correctement sans avoir la certitude qu'on est pris en charge par quelqu'un.
La dépendance est toujours pathologique chez les adultes. Il faut la distinguer des besoins
ou sentiments de dépendance que nous avons tous, même si nous affirmons à nous-mêmes
et aux autres le contraire. Nous avons tous le désir que quelqu'un s'occupe de nous, de
recevoir sans effort, d'être choyé par quelqu'un de plus fort que nous. Même l'adulte le plus
responsable a le désir d'être chouchouté de temps en temps. Mais ces désirs ne régissent
pas notre vie, sinon on devient un "dépendant".
Le dépendant dépense tant d'énergie à se faire aimer qu'il n'en a plus pour aimer. Il est
affamé, grappillant de la nourriture partout où il peut, sans avoir rien à donner aux autres.
C'est comme s'il y avait en lui un vide; il ne peut jamais être comblé et éprouver la
plénitude. Il a toujours le sentiment qu'il lui manque quelque chose. Il tolère mal la
solitude. A cause de son sentiment de manque permanent, il n'a pas de véritable sens de
l'identité et il se définit par ses relations avec les autres.

Il a une caractéristique: son aptitude à changer très rapidement l'objet de son intérêt. Peu
importe de qui il est dépendant, du moment qu'il y a quelqu'un. Peu importe son identité,
du moment qu'il y a quelqu'un pour lui en donner une. Ses relations avec autrui sont ainsi
extrêmement superficielles, bien que spectaculaires par leur apparente intensité.
Le dépendant peut se satisfaire d'un partenaire inférieur à lui intellectuellement. Il va
s'accrocher à lui, exigeant de plus en plus de preuves de son affection, cherchant à être
avec lui en permanence, refusant qu'il le laisse seul un seul instant. "C'est parce que je
t'aime que je ne peux supporter d'être séparé de toi ".
Tôt ou tard, son compagnon se sent piégé, étouffé par son amour. Il y a alors une violente
explosion, puis rupture, et le cycle recommence, le lendemain.
Une telle personne doit apprendre à apprécier sa propre intelligence et ses atouts, à
identifier son vide intérieur et son besoin des autres, et à le distinguer de l'amour véritable.
Il doit prendre conscience que sa soif d'affection le pousse à entamer des relations
destructrices avec les autres et de s'y accrocher; il doit accepter la nécessité d'imposer la
discipline la plus sévère à sa boulimie s'il veut mettre à profit ses qualités.
Un "dépendant" s'intéresse à ce que les autres peuvent faire pour lui, sans se soucier de ce
qu'il pourrait faire pour eux.
La notion d'effort n'apparaît pas dans ses aspirations; il n'envisage qu'un état passif, où il
ne ferait que recevoir.
En fait, si le but dans la vie est de se faire aimer, on échoue; il faut être digne d'amour;
c'est la seule façon de s'assurer l'amour d'autrui.
Les dépendants ne font des choses pour autrui que pour forcer leur attachement et susciter
leur attention. Et ils ont du mal à agir sans réciprocité immédiate.

Dans le mariage, il y a généralement entre les époux une répartition efficace des tâches.
D'ordinaire, la femme s'occupe de la maison et des enfants et l'homme du bricolage et du
jardinage. Les couples sains inversent instinctivement les rôles de temps en temps. Le
couple peut prendre cet échange de rôle comme une espèce de jeu qui met du piment dans
la vie et rompt la routine conjugale. Ce processus pratiqué insconsciemment atténue la
dépendance mutuelle. Chaque époux s'entraîne un peu à la survie. Mais, dans ce cas, pour
les dépendants, la perte de l'autre est une perspective tellement effrayante qu'ils ne peuvent
pas supporter l'idée d'une attitude qui diminue leur dépendance ou accroisse la liberté de
l'autre. Ces couples sont rigides dans la répartition des rôles et tendent à accentuer encore
leur dépendance mutuelle, faisant ainsi du mariage un piège, une cage. Au nom de l'amour
qui n'est en fait qu'une dépendance, ils affaiblissent leur autonomie et leur personnalité, de
même que celle de l'autre. Les dépendants mariés abandonnent alors des activités qu'ils
pratiquaient avant leur mariage. Un tel mariage peut être sécurisant et durable, mais il n'est
pas sain ni tenu par l'amour, car la sécurité est obtenue au prix de la liberté. Une telle
attitude retarde ou empêche l'évolution personnelle des époux.
En fait, un bon mariage ne peut exister qu'entre deux personnes fortes et indépendantes.
La dépendance passive prend sa source dans le manque d'amour. Le sentiment de vide
intérieur dont souffrent les dépendants est la conséquence directe de l'incapacité
manifestée par leurs parents d'assouvir leur besoin d'affection et d'attention durant
l'enfance. Les enfants aimés avec constance entrent dans l'âge adulte avec le sentiment
d'avoir de la valeur et d'être dignes d'amour.
Les autres grappillent un peu d'amour où ils peuvent en trouver. Ils s'y accrochent avec
désespoir et manifestent un comportement peu affectueux, manipulateur, machiavélique,
détruisant le lien qu'ils cherchaient à préserver.
En résumé, la dépendance peut apparaître comme de l'amour parce que c'est une force qui
oblige les gens à s'attacher farouchement l'un à l'autre. Mais, en fait, c'est une forme d'anti-
amour qui incite à recevoir plutôt qu'à donner. Il nourrit l'infantilisme plutôt que
l'évolution. Il piège et restreint plutôt que de libérer. Et enfin, il détruit, plutôt qu'il ne
construit, des relations aussi bien que des êtres humains.

1.5. L'attrait sans amour

La personne dépendante est indifférente à l'égard de l'évolution spirituelle. Elle ne


s'intéresse qu'à sa propre nourriture; elle veut être comblée, elle ne désire pas évoluer; elle
n'accepte pas la difficulté, la solitude, la souffrance qu'implique l'évolution spirituelle. Elle
n'aime pas.
La véritable fin de l'amour est l'évolution spirituelle ou humaine.
Avoir une passion est très enrichissant. En nous aimant nous-mêmes, il nous faut toutes
sortes de choses qui ne sont pas spirituelles. Pour nourrir l'esprit, il faut aussi nourrir le
corps. Et nous avons besoin de détente, d'exercice et de distraction. Pratiquer un hobby,
une passion peut être une manière de s'aimer soi-même. Mais que celui-ci constitue une fin
en soi et il se substitue à l'évolution spirituelle, empêche même d'y accéder.
Cet effort appliqué dans un domaine donne à celui qui le pratique l'impression de
progresser dans la vie. Il lui masque le fait qu'il a cessé d'évoluer, qu'il a capitulé dans son
effort pour développer ses qualités humaines. S'il avait un peu plus d'amour-propre, il ne se
laisserait pas aller de la sorte à se contenter d'un objectif aussi superficiel et de
perspectives aussi étroites. Il ne faudrait donc jamais parler de notre "amour" pour telle
activité, même si elle a de l'importance pour nous.

On ne peut aimer que des êtres humains, car eux seuls ont un esprit capable d'évoluer de
façon perceptible.
On dit parfois: "j'aime mon chat". On peut le nourrir, le caresser, le dresser, jouer avec lui,
etc.
Mais la communication avec lui sera toujours très limitée, comparée à celle que nous
pouvons établir avec un être humain.
Nous projetons sur nos animaux nos propres pensées et sentiments et nous les apprécions,
car leur volonté coïncide avec la nôtre. En fait, nous les mettons à l'école de l'obéissance.
En revanche, il nous est possible de désirer que des êtres humains développent leur propre
volonté, et c'est ce désir de différenciation de l'autre qui est une des composantes du
véritable amour.
Nos relations avec les animaux cherchent à entretenir leur dépendance. Nous voulons qu'ils
restent aux pieds. C'est leur attachement à nous que nous apprécions plutôt que leur
indépendance. On peut aimer des animaux et être incapables d'aimer des hommes.
La femme ou l'homme "debout" a raison de se méfier de celui qui l'appelle "mon canard",
"mon lapin", ... Il peut effectivement être un individu dont l'affection repose sur le fait qu'il
puisse le ou la traiter comme un animal familier et qui est incapable de respecter la force,
l'indépendance et l'individualité de l'autre.
L'amour des bébés et des animaux domestiques ou même des époux obéissants relève de
l'instinct parental que l'on peut rapprocher de l'expérience instinctive de tomber amoureux.
Cela assure la survie de l'espèce, mais ce n'est pas un acte de volonté, de choix, qui
requiert un effort.
L'amour ce n'est pas seulement donner: c'est donner avec discernement et parfois ne pas
donner; c'est encourager judicieusement, mais aussi critiquer. C'est argumenter, exiger,
pousser et retenir, en plus de réconforter. Cela implique un esprit de discernement, qui
demande plus que de l'instinct.

1.6. Le sacrifice de soi

Les raisons qui se cachent derrière celui qui donne trop sont nombreuses: le "donneur"
cherche, avec l'amour pour alibi, à satisfaire ses propres besoins sans jamais se soucier des
besoins spirituels de l'autre. En donnant trop, on s'oublie soi-même et on risque
d'infantiliser ses proches. Il ne faut donc pas parler qu'avec son cœur; il faut aussi utiliser
sa tête pour savoir exprimer correctement son amour. Pour ce faire, il faut donner au bon
moment, il faut encourager l'indépendance et ne pas hésiter à exprimer ses propres besoins,
sa colère, sa désapprobation et ses espérances; l'acceptation béate ne suffit pas.

Une personne peut s'arranger pour provoquer l'être aimé, pour qu'il la maltraite; elle endure
alors ces relations difficiles, voire même elle les recherche pour le simple plaisir d'en
parler, d'éprouver un sentiment de supériorité morale qu'elle ne peut éprouver qu'en étant
bafouée, pour trouver le plaisir sadique de voir l'être aimé la supplier de revenir et savourer
sa supériorité momentanée, ayant le pouvoir d'accepter ou non son retour. En analysant ce
genre de personnes, on découvre généralement qu'elles ont été particulièrement humiliées
pendant leur enfance. Par réaction, elles cherchent la vengeance dans un sentiment de
supériorité mentale qui implique au
préalable les mauvais traitements et l'humiliation répétée. Les masochistes voient leur
soumission aux mauvais traitements comme de l'amour, alors qu'en fait cette démarche est
motivée par la haine et la nécessité de rechercher en permanence la revanche.

Lorsque nous pensons faire quelque chose pour les autres, nous rejetons notre
responsabilité. Quoique nous fassions, nous le faisons parce que nous l'avons choisi. Dire
"tu devrais être reconnaissante, car j'ai beaucoup fait pour toi" manque singulièrement
d'amour. En fait, quand on aime, c'est parce qu'on le VEUT.
L'amour implique bien un changement de l'individu, mais son sens du dépassement plutôt
que du sacrifice. L'amour est une activité régénérante, il élargit le moi et en ce sens, il est
aussi égoïste que le non-amour. Voilà un paradoxe de l'amour: il est en même temps
égoïste et généreux. Ni la générosité, ni l'égoïsme ne mesurent l'amour, mais le but de nos
actes, qui ne peut être que l'évolution spirituelle.

1.7. L'amour n'est pas un sentiment

L'amour est une action, non un sentiment. Nombreux sont ceux qui éprouvent des
sentiments envers quelqu'un et qui, cependant agissent de manière destructrice et
nullement affectueuse. D'un autre côté, un être capable d'amour véritable peut très bien
prendre des initiatives constructrices et véritablement aimantes en faveur de quelqu'un qui,
à ce moment-là, ne lui inspire aucun sentiment d'amour ou qui lui paraît même peu attirant.
Le sentiment d'amour est en effet une émotion qui accompagne l'attrait. A cause de lui, un
objet devient important pour nous. L'objet aimé est investi de notre énergie comme s'il
faisait partie de nous-mêmes.
Ainsi, dire que l'amour est un sentiment, c'est confondre attrait et amour. Cette confusion
est compréhensible, car les deux processus sont similaires. Cependant, il y a des
différences frappantes:
Nous pouvons être attiré par n'importe quel objet, avec ou sans âme.
Ensuite, l'attrait ne signifie pas que nous nous soucions de l'évolution spirituelle de la
personne. D'ailleurs, l'individu dépendant redoute cette évolution.
Enfin, l'attrait est fugace.
L'amour véritable, en revanche, implique l'engagement et la sagesse. Lorsque nous nous
soucions de l'évolution spirituelle de l'être aimé, nous sommes conscients que notre
engagement vis-à-vis de lui est nécessaire pour lui témoigner activement notre intérêt et
que son absence est néfaste. L'engagement est à la base de toute relation. Pour que l'autre
puisse prendre le risque d'un changement fondamental dans sa vie, il doit sentir la force et
la sécurité que lui procure la foi en un allié stable et constant. Il faut donc prouver la force
et la stabilité de son attention, qui ne peut naître que d'une capacité de s'engager.
Cela ne veut pas dire que l'on ait toujours envie d'écouter l'autre. Mais l'engagement
implique l'attention, qu'on le veuille ou non. Dans une union réussie, les partenaires
doivent être attentifs l'un à l'autre et à la qualité de leurs relations, régulièrement,
quotidiennement, quelles que soient leurs dispositions.
Les partenaires, après le feu qui existe parfois au début, n'éprouvent plus le besoin d'être
en permanence l'un avec l'autre; à certains moments, ils préféreraient même être ailleurs,
sans que leur amour en pâtisse.
L'amour peut exister avec ou sans attrait, avec ou sans sentiments amoureux. Il est plus
facile et même plus amusant d'aimer en étant amoureux ou attiré. Mais ça n'est pas
indispensable. Et c'est justement en cela que l'amour véritable se distingue de l'attrait. Le
mot clé, c'est la VOLONTE.
L'amour véritable est volontaire plutôt qu'émotionnel. Une personne qui aime, aime parce
qu'elle a pris la décision d'aimer; elle a pris l'engagement d'aimer. L'amour et le désir de se
dépasser sont alors présents. Si la personne est amoureuse, elle doit éviter de se laisser
guider par ses sentiments amoureux. Un homme peut rencontrer une femme attirante qu'il
a envie d'aimer; à cause de la stabilité de son mariage, il se dira en son coeur: "J'ai envie de
l'aimer, mais je ne le ferai pas".
L'amour et son contraire ne sont pas des phénomènes purement subjectifs, mais objectifs.
L'amour, c'est ce que l'on fait.

II. CE QU'EST L'AMOUR

2.1. Le travail d'attention

L'amour implique l'effort. Lorsque nous nous dépassons, nous le faisons en combattant
l'inertie due à la paresse ou la résistance due à la peur. Se dépasser ou combattre la paresse,
voilà le travail. Son but, c'est l'évolution spirituelle.
L'amour implique le travail et le courage puisqu'il exige le dépassement de soi. Si un acte
n'est ni du travail, ni du courage, ce n'est pas un acte d'amour. Et il n'y a pas d'exception.
L'un des principaux aspects que peut prendre l'acte d'amour est l'attention. Lorsque nous
aimons quelqu'un, nous lui donnons de l'attention, nous nous préoccupons de son
évolution. Nous occuper de quelqu'un, c'est nous intéresser à lui, et cela demande que nous
fassions l'effort de remplacer nos préoccupations du moment par notre attention consciente
à celle de l'autre. L'attention est un acte de volonté contre l'inertie de notre esprit.

2.2. L'écoute

L'un des moyens, de loin le plus courant et le plus important, d'exercer son attention, c'est
d'écouter. On croit écouter souvent, mais c'est souvent une illusion. Peu d'hommes en sont
capables.
On écoute à cause de l'intérêt pour la personne, pour accroître ses connaissances et pour
nourrir son évolution spirituelle. Celui qui est écouté est récompensé.
Mais comme on ne peut pas toujours écouter, il faut surtout être attentif pour ne pas
manquer les moments de vraie communication. Il faut écouter sélectivement.

Cela exige un grand effort. On ne peut écouter avec attention en faisant autre chose.
Lorsqu'on écoute, rien d'autre ne doit compter. On doit tout oublier, ses préoccupations,
ses soucis. Ecouter est alors un acte d'amour.
La discipline de la mise entre parenthèses, l'abandon temporaire de ses préjugés, références
et désirs, voilà ce qui est essentiel pour comprendre de l'intérieur, autant que faire se peut,
le monde de son interlocuteur et se glisser dans sa peau. Cette union de celui qui parle et
de celui qui écoute constitue toujours un dépassement de soi, une extension de ses limites.
Conscient de cette proximité, l'interlocuteur se sent de moins en moins vulnérable et de
plus en plus enclin à s'ouvrir et à dévoiler le plus profond de sa pensée. Les deux
personnes s'estiment de plus en plus. Le duo d'amour peut commencer.
Dans la vie professionnelle, on croit souvent écouter, mais nous ne le faisons que
sélectivement, en gardant à l'esprit un emploi du temps préétabli, en nous demandant
comment nous pourrons parvenir à certains résultats, ou sinon, terminer cet entretien au
plus vite, au moins le diriger dans le sens le plus favorable.
C'est dans la vie à deux que l'écoute est vraiment possible. Or, pour écouter, il faut prendre
du temps et choisir impérativement des conditions favorables. Cela ne peut pas fonctionner
si on est en train de conduire, de faire la cuisine, de manger, si on est fatigué ou si on a
hâte de se coucher, si on est interrompu ou si on est pressé.
L'amour romantique est sans effort et c'est pourquoi beaucoup de couples rechignent à
supporter l'effort et la discipline de l'écoute véritable.
Mais quand ils ont le courage, l'effort est magnifiquement récompensé. On découvre l'autre
sa vie durant; il nous surprend, même après des décennies.
Heureusement, notre capacité à écouter vraiment s'améliore avec la pratique; mais cela
demande toujours un effort.

2.3. Autres formes d'attention

Les autres formes d'attention (jeu, activités communes) impliquent aussi que l'on passe du
temps avec celui qu'on aime et la qualité de l'attention est proportionnelle à l'intensité de la
concentration durant ce temps.
Ecouter la personne aimée qui raconte sa journée au travail, essayer de comprendre les
problèmes de l'intérieur, essayer d'être aussi patient ou attentif que possible sont autant de
tâches épuisantes, parfois même ennuyeuses: elles impliquent un travail, celui de l'amour.

2.4. Le risque de la perte

L'acte d'amour demande de réagir contre la paresse (par le travail) et la peur (par le
courage). Mais qu'est-ce que ce courage?
Lorsque nous nous dépassons, nous entrons en territoire inconnu, nous sortons de nos
habitudes, nous changeons. Avoir des activités nouvelles, se trouver en territoire inconnu,
faire les choses différemment: tout cela est effrayant, l'a toujours été et le sera toujours.

La peur est inévitable pour qui veut changer vraiment. Le courage, c'est l'action malgré la
peur, la réaction contre la résistance qu'engendre la peur de l'inconnu et du futur. A un
certain niveau, l'évolution spirituelle et donc l'amour demande du courage et implique un
risque.
Ainsi, au départ, l'amour implique l'attrait: nous ne pouvons aimer que ce qui a de
l'importance pour nous. Or l'attrait implique inévitablement le risque de rejet ou de la
perte. Si vous vous dirigez vers quelqu'un, il y a toujours le risque que cette personne
s'éloigne de vous à votre approche, vous laissant encore plus seul qu'avant.
L'amour, c'est tout ce qui vit et donc qui meurt aussi. Faites confiance à quelqu'un et vous
risquez d'être déçu; comptez sur quelqu'un et il peut vous laisser tomber. Le prix de l'attrait
est la douleur. Si on a l'intention d'éviter la douleur, on doit sacrifier beaucoup de choses:
les enfants, le mariage, l'extase du sexe, l'ambition, l'amitié, c'est-à-dire tout ce qui fait la
vie et lui donne du sens.
Bougez ou évoluez, dans quelque direction que ce soit, et votre récompense sera la peine
autant que la joie. Une vie bien remplie est pleine de douleur. Mais la seule échappatoire
est de ne pas vivre pleinement ou même de ne pas vivre du tout. L'essence de la vie est
l'évolution et le déclin combinés. Choisissez la vie et l'évolution, et vous choisissez en
même temps le changement et la perspective de mort.

Le choix d'une vie étriquée et solitaire vient d'une expérience de douleur que l'on ne veut
plus revivre, fût-ce au prix de la vie elle-même. En fuyant la douleur, on choisit une vie
monotone dépourvue de toute nouveauté, de tout imprévu, une mort vivante, sans risque ni
remise en question. Cette tentative de fuite est à la base de toute maladie mentale ou
psychologique.

Alors, étant en permanence conscients des limites de notre temps pour vivre et pour aimer,
vivons constamment guidés à l'utiliser au mieux et à vivre le plus pleinement possible. Si
nous ne sommes pas prêts à admettre la souffrance, nous nous privons de ses conseils et
nous ne pouvons plus vivre ou aimer librement, sans arrière-pensée.

2.5. Le risque de l'indépendance


La vie toute entière présente des risques. Tout au long de notre vie, nous prenons des
millions de risques; le plus grand est d'évoluer, de grandir.
Par exemple, lorsque nous quittons intérieurement nos parents, lorsque leur emprise sur
nous disparaît, nous prenons un risque, celui de l'indépendance et de l'autodétermination;
ce changement est terriblement douloureux et il demande un énorme courage. C'est
l'amour de soi qui donne la force nécessaire pour opérer un tel changement et il est aussi à
la base du courage dont nous avons besoin pour risquer ce changement. Pour pouvoir le
faire, il faut avoir été aimé, car cela seul donne la force de défier leur attente et prendre un
autre chemin que celui qu'ils m'avaient tracé.

2.6. Le risque de l'engagement

Qu'il soit profond ou non, l'engagement est la base d'une relation d'amour. Un engagement
profond ne garantit pas le succès d'une relation mais, bien plus que d'autres facteurs, il
contribue à l'assurer. Et un engagement superficiel au début peut vite s'approfondir avec le
temps; sinon la relation s'effritera, sera faible ou déficiente. Il arrive fréquemment que
nous ne soyons pas conscients du risque que comporte un engagement profond.
Tomber amoureux nous cache les risques de l'engagement. Mais le sens des responsabilités
permet la transition de l'amour fou à l'amour véritable.

L'engagement est inhérent à toute relation d'amour véritable. Toute personne concernée par
l'évolution spirituelle de quelqu'un sait, consciemment ou inconsciemment, qu'elle ne peut
encourager cette évolution de manière significative que par la constance. La constance
implique le retrait de l'imprévisible et la disparition de la peur d'être abandonné.
Dans le couple, il faut la sécurité de savoir que les problèmes universels du mariage
(l'indépendance et la dépendance, la domination et la soumission, la liberté et la fidélité) ne
le détruira pas.

Les personnes qui souffrent de troubles personnels ont tendance à s'engager très
superficiellement et, s'ils sont très perturbés, pas du tout. Ce n'est pas qu'ils ont peur des
risques que cela comporte, mais qu'ils ne savent même pas ce que cela signifie.
Souvent, c'est parce que leurs parents ne se sont pas engagés vis-à-vis d'eux qu'ils ont
grandi sans faire l'expérience de l'engagement. L'engagement reste pour eux une notion
abstraite qui les dépasse et un phénomène qu'ils ne peuvent concevoir.

D'autres savent ce qu'est l'engagement, mais sont paralysés par la peur. Souvent, c'est que
l'amour parental a disparu à la suite d'un décès, d'un abandon ou d'un rejet et ce sera la
cause d'une douleur intolérable au point qu'il redoutera de s'engager de nouveau.
De telles blessures ne peuvent se cicatriser que si, plus tard, la personne peut avoir une
expérience plus favorable de l'engagement.
Ceux qui n'ont pas perçu l'engagement des autres souffrent souvent, dans leurs relations,
du syndrome du "je te quitterai avant que tu ne me quittes". Ce syndrome peut prendre
toutes sortes d'aspects et de déguisement (frigidité, etc.) et il devient de plus en plus fort au
fur et à mesure qu'ils se rapprochent de quelqu'un d'autre. Si l'engagement persiste, ils vont
s'ouvrir à autrui. Les relations deviendront spontanées et gaies.
2.7. Le risque de la confrontation

Le dernier et probablement le plus grand des risques de l'amour est celui d'exercer son
pouvoir avec humilité. L'exemple le plus courant est la confrontation. Lorsqu'elle apparaît,
nous disons implicitement : "Tu as tort et j'ai raison".
Pour qui aime véritablement, la critique ou la confrontation ne vient pas facilement, car
elle est un signe d'arrogance. S'affronter à la personne aimée, c'est présumer de sa propre
supériorité intellectuelle ou morale. Or, qui aime véritablement reconnaît et respecte
l'individualité et l'identité de l'autre. Il hésitera avant de s'affronter. Mais la réalité de la vie
fait qu'on peut parfois effectivement savoir ce qui est bon pour l'autre, pourtant plus
directement concerné. On se trouve alors dans une position de supériorité vis-à-vis du
problème du moment.

Dans ces conditions, le plus sage des deux a l'obligation, par amour et donc pour
l'évolution spirituelle de l'autre, d'affronter le problème. Celui qui aime se trouve alors face
à un dilemme, pris entre l'amour, qui lui impose le respect du chemin pris par la personne
aimée, et la responsabilité d'intervenir par amour lorsque cette dernière en a besoin.
Il faut alors faire un examen minutieux de soi pour établir le bien-fondé de sa "sagesse" et
les motifs qui se cachent derrière le besoin d'exercer sa domination. Ai-je vu clair? Ai-je
bien compris? Ne suis-je pas en train de servir mes intérêts? Cet auto-examen est l'essence
de l'humilité et de la douceur. On peut donc affronter l'autre de façon arrogante et peu
réfléchie ou avec détermination et douceur, après avoir douté et s'être scrupuleusement
interrogé. Cette dernière est une véritable humilité, qui exige un dépassement de soi. Elle a
des chances d'être positive, mais, au moins, elle n'est jamais destructrice.

Il ne faut pas éviter toute confrontation pour se réfugier derrière la sécurité morale de
l'humilité, et ne jamais oser assumer un quelconque pouvoir; car aucun mariage ne peut
être considéré comme réussi si le mari et la femme ne sont pas l'un pour l'autre le meilleur
critique. Une relation sans orages, reposant uniquement sur un échange de compliments et
de faveurs est superficielle.

Par l'exercice du pouvoir, on veut simplement essayer de changer le cours des événements,
de façon consciente et prédéterminée.

Il existe d'autres manières d'exercer son pouvoir que la confrontation : la suggestion, la


récompense ou la punition, l'interrogation, l'interdiction ou la permission, etc.
Et si nous voulons aimer, il faut ajuster nos moyens de communication aux capacités de
l'être aimé.
Disons pour conclure que c'est seulement avec l'humilité de l'amour que nous pouvons
exercer un pouvoir.

2.8. L'amour se discipline

L'autodiscipline est en général de l'amour traduit en action. Si on aime, on agira


évidemment de manière à contribuer au maximum à l'évolution spirituelle de l'être aimé.
Un sentiment contrôlé est plus profond qu'un sentiment incontrôlé, car "les rivières
profondes sont silencieuses".
Et même si les sentiments sont notre source d'énergie, même s'ils nous donnent la
puissance pour accomplir les tâches de la vie, nous devons tout en les traitant avec respect,
ne pas en devenir l'esclave.
Celui qu'il faut discipliner le plus, dans ce contexte, c'est celui de l'attrait. Il faut certes le
nourrir, pour l'énergie créatrice qu'il donne. Pourtant, parce que le capital "attrait" est
limité, il ne faut pas gâcher notre énergie.
On ne peut pas aimer au-delà des limites de notre énergie. Vouloir les dépasser, c'est
vouloir offrir plus que l'on ne peut donner. Il existe une limite, un point de non-retour au-
delà duquel un tentative d'aimer tous ceux que l'on rencontre devient malhonnête et néfaste
pour ceux que l'on veut aider. Si plusieurs personnes demandent de l'attention, il faut
choisir qui on veut aimer véritablement. Ce choix est douloureux, mais indispensable. Il
faut prendre en compte de nombreux facteurs, mais surtout la capacité du récepteur
potentiel de cet amour à répondre par l'évolution spirituelle. Sinon, on sème en terrain
infertile; or l'amour est si précieux qu'il faut l'orienter vers le succès.

A force de d'autodiscipline, on peut être saturé et croire qu'il ne s'agit que d'un puritanisme
extrême ou d'un style de vie monacal. Non. L'amour véritable est le seul chemin de la joie
réelle et il impose cette discipline. Et le véritable amour est régénérant; plus j'aime et plus
j'évolue; plus j'encourage l'évolution de l'autre et plus j'encourage la mienne. Et pourtant
l'autre reste autre, avec son identité distincte de la mienne. L'amour respecte et encourage
l'individualité et l'originalité de l'être aimé.

Le mariage est une institution de coopération qui n'a qu'un but: encourager chacun des
participants dans son voyage individuel vers les sommets de son évolution spirituelle. Les
grandes unions ne peuvent être construites entre des êtres terrifiés par la solitude et qui
cherchent à se fondre dans le mariage, comme c'est souvent le cas. Le véritable amour
respecte et cultive l'individualité de l'autre, même au risque de la séparation et de la perte.

2.9. Le mystère de l'amour

Il est des questions auxquelles on ne peut répondre.


D'où vient l'amour?
Quelle est l'origine de l'absence d'amour?
Certains disent qu'elle est la cause principale de toutes les maladies, mais c'est une autre
question.
Comment des êtres peu aimés peuvent-ils devenir des êtres sains et parfois saints?
Aspects concrets sur l'amour
mai 1995

Chacun se demande un jour ou l'autre, si la relation qu'il vit est la bonne, la définitive, celle
sur laquelle il peut construire solidement. Car la décision du choix amoureux est difficile,
importante et elle nécessite une attention toute particulière, une réflexion profonde,
spirituelle et mature.

Alors, quelle pistes peut-on suivre pour bien décider?

Première condition

L'élément incontournable et fondamental est de


NE PAS SE LAISSER INFLUENCER.
Il faut mettre toute ses énergies pour ne se laisser POUSSER par personne; le choix
amoureux est un choix éminemment personnel; L'homme qui choisit son conjoint va vivre
avec lui et lui seul, pas (en principe!) avec les "conseillers" et les "proches".
Le mariage est un engagement entre deux êtres qui se perçoivent comme des personnes
complètes, autonomes, globales, uniques.

Le mariage ne peut pas se satisfaire d'un ou deux aspects; essayons donc d'énumérer de
façon ordonnée les caractéristiques fondamentales d'une alliance réussie.

1. L'amour

Il faut intérieurement se sentir concerné par l'autre, aimer être avec lui, lui faire confiance,
désirer être proche de lui, ce qui est beaucoup plus important que de dire "je t'aime!".
Ce sentiment intérieur se démontre chaque jour, instant après instant: l'amour fait que l'on
se préoccupe du bien-être de l'autre, en l’aidant, en le soutenant, en manifestant par de
nombreux petits détails que son bien nous importe énormément. On est alors attentif dans
tous les détails de la vie, on facilite le travail de l'autre, on le remercie pour ce qu'il fait.

2. Le sens de l'humour

La vie n'est de loin pas toujours facile, que l'on soit seul, en couple ou en famille.
Cependant, lorsqu'un conjoint sait rire (cad relativiser), sait voir le côté drôle des
situations, la vie est plus légère. Savoir rire de soi, des situations, sans devenir cynique ou
moqueur, c'est un cadeau du ciel et un élément fondamental du mariage.

3. La communication

La capacité de communiquer avec son conjoint se cultive; ne pas s'en occuper, c'est
détruire progressivement tout ce qui est construit. Répondre à une question par une autre
question ou par une banalité généralisante est fort dangereux.
Communiquer, c'est partager les pensées, les informations, les projets, la vie au travail, ce
qui est agréable, ce qui l'est moins, ce qui se vit intérieurement et spirituellement.
Communiquer, c'est dire ce que l'on ressent, c'est être ouvert et honnête; cela demande que
l'on n'ait pas peur de l'autre, de ses réactions, de ses émotions.
Si la peur existe, il n'y aura pas de bonne communication et le mariage risque de ne pas
être heureux, ni durable.

4. Le partage

Une structure rigide des rôles peut mettre en péril les ménages et faire souffrir la femme,
en particulier. Partager les tâches ménagères semble bien être important, si l'épouse
travaille hors du foyer.
Dans tous les cas, ce point gagne à être discuté ouvertement et régulièrement, afin que
l'harmonie puisse régner. Et les décisions seront discutées et prises ensemble.

5. Etre impliqué dans des projets communs


Dans la vie à deux, il faut des buts communs, en particulier sur les grandes dimensions de
la vie humaine: la dimension religieuse, la famille, les enfants, et aussi hors du foyer, dans
la vie sociale.
On peut alors avoir des activités religieuses, culturelles, sportives, de bénévolat ou
politique: l'important, c'est de travailler ensemble à ces buts.
On se sait alors utile l'un à l'autre, on sait que l'on est en route.
Souvent, on développe ensemble une activité professionnelle; plus souvent encore, il s'agit
d'activités de loisirs. L'essentiel est de créer quelque chose ensemble.

6. Cultiver les amitiés à l'extérieur du couple

Au début d'un amour, on peut se perdre dans l'autre, s'extraire un peu du monde et se
couper de toute autre relation. C'est compréhensible, mais assez dangereux à terme. Une
vie équilibrée suppose en effet que l'on ait des attachements divers. Il est donc indiqué
d'avoir des amis communs, mais aussi des amis personnels que l'on voit régulièrement sans
la présence du partenaire et qui permettent de partager d'autres intérêts, d'autres
souvenirs...
Cela est sain et favorise le bonheur du couple.

7. la capacité d'adaptation

Etre capable de s'adapter à l'autre, à ses réactions parfois inattendues, au fait qu'il est
unique et qu'il ou qu'elle n'est pas moi!
Cela veut dire: permettre à l'autre d'être ce qu'il est, même s'il est différent de ce que
j'attendais. Etre capable de s'adapter, c'est aussi rester ouvert à l'imprévu, aux
changements, à la vie et à tout ce qu'elle nous réserve.

8. La tolérance

Etre tolérant, c'est être capable d'accepter que l'autre soit parfois gauche, qu'il oublie, bref,
qu'il ne soit pas parfait, qu'il a de mauvais jours ou de mauvais moments, comme j'en ai
aussi.
C'est aussi être capable de tolérer la frustration, les petits inconvénients de la vie, sans
perdre son calme et sans en faire un drame.

9. La compatibilité sexuelle

Cela ne vient qu'en 9ème position. C'est parce que la sexualité est une expression de
l'intimité partagée, et elle a besoin de reposer sur l'amour pour apporter au couple ce qu'il
attend. La sexualité est importante lorsqu'elle est associée aux neuf autres aspects.

10. L'intégrité

Le dernier ingrédient fort de tout mariage est le fait d'être une personne intègre, sur qui on
peut compter et qui ne fait pas de compromis sur les valeurs fondamentales, essentielles de
l'être humain.
Telles sont les pistes de réflexion pour décider si le partenaire avec qui on partage ou on
veut partager sa vie est celui avec qui il vaut la peine d'envisager le mariage.

D'après Sol Gordon, directeur de l'institut de recherche sur la famille de l'université de Syracuse (USA)

Simple charte de l’amour

Mon voeu:

Pouvoir t’aimer sans t’agripper


T’apprécier sans te juger

Te rejoindre sans t’envahir

T’inviter sans insistance

T’aider sans te diminuer

Te dire sans me trahir

Te garder sans te posséder

Et être au plus secret de toi

Si tu veux m’accorder la même chose

Alors nous pourrons vraiment nous rencontrer

Et grandir ensemble.

Jacqueline Kelen https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacqueline_Kelen

La femme est l’initiatrice spirituelle de l’homme

Propos de Jacqueline Kelen recueillis par Anik Doussau.


Les femmes ont une chance inouïe, certifie Jacqueline Kelen, passionnée par les mythes et les symboles
: elles sont porteuses d’amour ; de cet amour sacré capable de révéler les hommes à eux-mêmes et de
transfigurer le monde.

– Être femme est une chance pour vous ou vous arrive-t-il de le regretter ?
J’ai toujours trouvé qu’il était magnifique d’être une femme. Non pas que ce soit une catastrophe d’être
un homme, ni une infériorité… […] Selon que l’on est homme ou femme, notre mission diffère et il
m’apparaît de plus en plus que celle de la femme est d’être la gardienne de l’Éternel par la voie de
l’amour. Elle est une passeuse d’amour et elle incarne, ou du moins peut, au mieux d’elle-même,
incarner cette verticalité qui relie l’être humain à Dieu.

– Qu’est-ce qui vous fait dire que c’est là sa mission ?


Cela ne s’explique ni rationnellement ni biologiquement, ni même psychologiquement. C’est une
question d’intuition et d’expérience. Il est troublant, pourtant, de voir que tous les grands mythes légués
par les traditions les plus anciennes, ceux de la civilisation égyptienne et avant elle, il y a 6000 ans, de
la civilisation sumérienne ou de la Chine antique, se rejoignent pour décrire la femme comme la « Porte
du ciel » ou l’intermédiaire entre le ciel et la terre. C’est elle qui est la dépositaire des secrets célestes,
par elle que l’être humain peut retrouver la trace de la divinité…

– D’où lui viendrait cette mission, selon vous ?


De sa nature même. Aujourd’hui, beaucoup de femmes se sentent en éclat, morcelées. Elles se
demandent comment concilier leur vie de mère, d’épouse et de femme qui travaille mais il me semble
que ce malaise vient d’une confusion entre les rôles sociaux, familiaux et professionnels et le moi
profond de la femme. À force de s’éparpiller à travers toutes ses fonctions, elle a un peu perdu contact
avec elle-même, avec sa nature féminine. Les féministes de la première heure contesteraient
violemment cette notion de nature féminine… Mais, pour moi, ce qui fait le fondement même de l’éternel
féminin, c’est la capacité qu’a la femme à aimer, sa faculté de transfigurer le monde visible et de montrer
qu’il peut prendre une autre dimension grâce à l’amour qu’elle incarne.

– Manifestement, vous donnez au mot amour un sens très fort qui n’est pas
forcément celui que tout le monde reconnaît…
Nous réduisons trop souvent l’amour à sa dimension psychologique. Si notre époque est malheureuse
c’est peut-être, justement, parce qu’elle se fourvoie en rabaissant sans cesse l’amour au niveau de la
psychologie.
Le sentiment amoureux est de cet ordre, tout comme la jalousie, la possession ou cette forme d’amour
que l’on oppose à la haine… Chacun de ces sentiments relève du mental et de la psyché, un domaine
obscur, compliqué, toujours en proie à des remous et des tourments… Mais l’amour dont je parle est
synonyme de sacré et quand on le vit, on entre dans une dimension d’éternité, de pure offrande et de
pure louange. Il ne s’agit pas là d’une formule, mais d’une expérience dont témoignent tous les
mystiques et que l’homme et la femme peuvent connaître dans l’acte amoureux : dans les moments de
ravissement de l’amour, nous prenons conscience que notre véritable nature est la joie et que nous
sommes, par essence, des êtres d’allégresse.

– Ne craignez-vous pas de choquer en mettant sur le même plan la relation


physique entre un homme et une femme, et la spiritualité ou l’expérience
mystique ?
Si j’en choque certains, c’est parce que nous voyons tout en termes antinomiques: on a voulu séparer le
corps et l’esprit comme si la spiritualité était d’ordre mental. Comme si elle impliquait de renoncer aux
sensations, aux émotions et à la plus belle chose qui soit en ce monde: le désir. Ce serait une spiritualité
d’eunuque. Si nous sommes vivants, nous sommes dans ce corps qui nous a été donné et l’amour, alors,
passe par lui. Or, peut-être parce que la femme a la possibilité d’héberger en elle un enfant, elle est
moins portée que l’homme à dissocier le corps et l’âme. Elle a gardé plus que lui le souvenir que le corps
est sacré et qu’il est infiniment précieux. Elle reste la mémoire de ce lieu de plénitude et de lumière
qu’est le paradis…

– Mais n’est-ce pas une femme, Eve, au contraire, qui a fait chasser l’homme du
paradis ?
On a beaucoup calomnié Eve et on lui a fait un fort mauvais procès car Eve, en réalité, signifie la vivante.
Or, s’il est une caractéristique féminine par excellence, c’est bien cette qualité de vivante. C’est à elle que
la Femme, dans les femmes que nous sommes, doit sa dimension d’initiatrice auprès de l’homme. Une
initiation qui n’a rien à voir avec le kamasutra ou les jeux sexuels… C’est la Shakti qui danse sur le corps
de Shiva dans la tradition hindoue, la femme qui danse sur le corps de l’homme dans les traditions
antiques… Dans l’acte amoureux, elle fait cadeau à l’homme de son corps à lui, elle lui donne le sens de
son corps à lui. Il est rare, en effet, que l’homme ait un contact juste et amical avec son corps. Même un
sportif ou un homme très actif n’est pas vraiment dans son corps. Il n’éprouve aucune reconnaissance à
son égard. Mais dans l’étreinte, l’homme prend conscience que son corps est infiniment plus qu’un
corps. Il s’éveille à cette dimension d’éternité où tout se rejoint, le corps, l’esprit et l’âme, le ciel et la
terre, ici et là-bas…

– Face à cette femme éternelle que vous évoquez, capable d’éveiller l’homme à
la vie et à lui-même, comment voyez-vous les femmes d’aujourd’hui ?
La plupart n’ont pas conscience de la puissance d’amour dont elles sont porteuses. Elles cherchent à
être désirées, aimées, chouchoutées, toutes choses qui sont très agréables et extrêmement importantes
sur le plan humain mais qui n’engagent pas leur nature profonde… Elles devraient retrouver le rôle que
jouait au XIIème siècle la dame courtoise vis-à-vis du troubadour, celui qu’incarne la dame à la licorne
que nous voyons au musée de Cluny à Paris: ce n’est pas la femme qui demande à l’homme de rester
auprès d’elle, de faire couple, et d’avoir des enfants avec lui. C’est celle qui tend à l’homme un miroir et
qui l’invite à se hisser jusqu’au plus beau, au plus rare de lui-même; celle qui lui murmure qu’il doit se
mettre au monde et découvrir en lui cet être de lumière qu’il est fondamentalement. C’est un rôle à la
fois douloureux et exaltant: il lui faut sans cesse rappeler à l’homme qu’il ne doit pas se contenter d’être
un bon père, un bon époux et un homme d’affaires -ce qui va de soi au demeurant- mais qu’il est aussi
un pèlerin de la sagesse et qu’il ne doit pas oublier son âme…

Pensez-vous que les femmes renoueront un jour avec leur mission spirituelle ?
Oui, parce qu’elles continuent malgré tout d’incarner l’amour. Encore aujourd’hui, celui-ci reste l’enjeu
de leur vie comme il l’a été de tout temps et dans toutes les sociétés. Au nom de l’amour, la femme est
prête à brûler tous ses vaisseaux et à prendre tous les risques, alors que l’homme se réserve. Les hommes
sont très forts pour débattre d’idées, de politique, d’économie ou de technique mais ils ont des réticences
à s’impliquer. Ils ont un mal fou à parler de leurs émotions et s’accrochent à des concepts. L’homme
moderne, efficace, rentable, matérialiste se réfugie dans un monde cérébral auquel beaucoup de femmes
se laissent prendre aussi, du reste. Pourtant, même si elles ne voient pas toujours son caractère sacré,
vous remarquerez que c’est toujours les femmes qui parlent d’amour, comme c’est toujours elles,
d’ailleurs, qui témoignent du corps. Moi je m’en aperçois constamment dans les conférences et les
colloques: même sur des sujets scientifiques, les femmes ont une parole beaucoup plus incarnée. Elles
parlent du lieu de leur corps et de leur coeur. Leurs propos sont à la fois sensuels, charnels, violents
aussi peut-être mais toujours vibrants d’émotion et de vie.

– Voyez-vous dans le fait que l’on valorise davantage aujourd’hui les valeurs
féminines un espoir pour notre société ?
L’espoir, je le vois plutôt dans cette puissance capable de tout transfigurer qu’est l’amour. Les mystiques
n’ont cessé de le dire : l’amour est tout. C’est lui qui crée les mondes. Lui qui nous a suscité et nous a fait
émerger. Sans lui, nous tombons en poussière. Ce n’est pas une relation entre deux êtres, entre un
homme et une femme ou une femme et un enfant; c’est ce qui permet toute relation. L’amour est la
finalité même de l’univers. Et si nous avions davantage conscience que l’amour circule en nous comme
le sang dans nos veines, je pense que nous serions infiniment plus respectueux de nous-même, de notre
corps et des autres. Nous aurions aussi davantage de gratitude envers la vie, car la vie est un cadeau de
l’amour.
Source internet : https://www.conscience-et-eveil-spirituel.com/la-femme-initiatrice-spirituelle.html
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