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485 peuple algérien à la vie, à la lumière, à la splen- l'Algérie par la colonisation agricole, à la ma-

deur de son passé chrétien. S'adressant aux nière des moines d'autrefois en Europe. Dans
Musulmans, il leur dit : « J e réclame le privilège ce but il acheta des terres incultes, soit à Maison-
L A V I G E R I E (Charles-Martial), Cardinal, de vous aimer comme des fils, alors même que Carrée, soit dans la plaine du Chelif. Le terrain
Archevêque d'Alger et de Cartilage, Primat vous ne me reconnaîtriez pas pour père. » de l'Algérie est très fertile. I l s'agissait de le
d'Afrique (Bayonne, 31.10.1825-Alger, 2G.11. Gagner un million de Musulmans à la foi transformer en champs de blé, en vignes, en
1892). chrétienne, ce ne sera pas tâche facile. L'évêque pâturages. Ce serait la tâche des familles chré-
Charles Martial Lavigerie naquit à Bayonne trace le plan de cette œuvre : gagner les cœurs tiennes qui se constituaient peu à peu, à mesure
(France), le 31 octobre 1825,'A l'école, il était le et les intelligences par des institutions charita- que les enfants,instruits et baptisés, se mariaient.
premier de sa classe, plein de vie, d'ardeur, de bles et des écoles. Réussira-t-il à obtenir la L'archevêque installa les nouveaux ménages
volonté, bon cœur quand même. liberté de l'apostolat, là où ses deux prédéces- dans les villages de Saint-Cyprien et de Sainte-
Une fois sa première communion faite, il seurs sur le siège épiscopal ont échoué ? Monique, qu'il créa pour eux. « Chaque ménage
déclara résolument qu'il voulait devenir prêtre Monseigneur Lavigerie se rend à Rome et » recevait (en toute propriété) une maison avec
et obtint de ses parents de pouvoir entrer au expose ses projets au Pape, qui l'approuve e t » un petit jardin, un terrain de 25 hectares, un
Petit Séminaire. Car il voulait être curé de l'encourage sans réserve. De là il se rend à » petit cheptel de bœufs et de moutons, un maté-
campagne, avait-il dit à l'évêque de Bayonne. Biarritz. L'Empereur Napoléon I I I s'y trouve. y> riel agricole et une dot de 500 francs. Avec
S a mère va le visiter. Il la console à sa manière : Mgr Lavigerie sollicite son acquiescement. L ' E m - » ces ressources et du travail, ils pouvaient
« Ne te désole pas de ma vocation, lui dit-il. pereur se contente de renvoyer l'archevêque à » réussir ».
J e n'ai pas un caractère à rendre un intérieur Mac-Mahon. « Celui-ci ne devait guère faciliter Dans l'esprit de l'archevêque d'Alger, ces
la tâche de Mgr Lavigerie... Mais bon gré, mal
agréable ; j e me sens fait pour l'action et l'apos- fondations devaient se multiplier peu à peu et
gré, le Gouverneur devra maintes fois céder
tolat ». faire de l'Algérie un pays prospère et de ses
devant le zèle et la volonté de l'apôtre ».
Il fit sa rhétorique à Paris, sous la conduite de habitants arabes une nation chrétienne. Ses
l'Abbé Dupanloup, plus tard évêque de Poitiers, Entre-temps le choléra éclate en Algérie. L a vues ne se sont pas réalisées, mais avouons que
étudia la philosophie à Issy et entra au Grand famine s'y ajoute. Chaque jour des Arabes meu- dans cet essai de colonisation chrétienne on ne
Séminaire de Paris. Il prit la licence ès-lettres rent par centaines. Des parents dévorent trouve rien qui doive effaroucher quiconque.
même leurs enfants. Des orphelins, des orphelines L'Algérie devait en outre être la porte s'ou-
à l'École des Hautes Études, fut ordonné prêtre
par dizaines errent sur les grands chemins, vrant sur un continent barbare de deux cent
en juin 1849 et obtint le doctorat en Sorbonne.
mourant de faim et de misère, repoussés par millions d'âmes. Conquérir l'Afrique pour le
E n 1854, il devient professeur de théologie et
leurs congénères et les membres de leur propre Christ ! Dès 1868 c'est le grand rêve de Mgr
d'histoire ecclésiastique à la Sorbonne. Mais il
famille. L e fléau emporte un cinquième de la Lavigerie. C'est par l'Algérie et le Sahara
étouffait dans cette chaire de Sorbonne, disait-il.
population arabe. adjacent qu'il veut atteindre le Soudan jet
L a vie active seule convenait à son tempéra-
Un jour, l'archevêque rencontre un de ces plus tard tout le continent africain I L e Pape
ment. Il accepta alors la direction de l'Œuvre
enfants et le recueille. « Viens dans la maison avait approuvé ses plans de conquête aposto-
des Écoles d'Orient. Tâche difficile. Mais son
de mes enfants, lui dit le charitable Samaritain. lique. Dès le 2 août 1868, Mgr Lavigerie est
talent d'écrivain et d'orateur, joint à une activité
J e te traiterai comme eux et tu t'appelleras nommé Délégué Apostolique pour le Sahara et
dévorante, rendit bientôt à cette œuvre toute sa
Charles, comme moi. » Désormais on vit chaque le Soudan. « Duc in altum ! » lui avait dit le
prospérité ancienne.
jour des fourgons militaires amener des enfants Pape Pie I X . Poussez au large ! C'était mettre
Dieu le mène pas à pas vers sa destination
à l'archevêque. Après quelques semaines, il en en ses mains l'évangélisation de presque toute
définitive. E n 1860, les Druses musulmans mas-
eut 1200 à nourrir, à vêtir, à soigner, sans comp- l'Afrique. Entreprise immense et qui en ce
sacrent deux cent cinquante mille chrétiens.
ter deux mille indigènes adultes, qu'il nourris- temps-là pouvait même paraître téméraire.
L a France organise une expédition militaire. L a sait quotidiennement. Son linge et ses vêtements
charité chrétienne se doit de voler au secours Car que connaissait-on, en 1868, du Sahara, du
personnels y passèrent les premiers. Sa caissette Soudan et surtout du centre de l'Afrique ?
des trois cent mille survivants, mourant de se vida rapidement. L a détresse devint extrême. Par ailleurs, seules quelques îles et quelques
froid, de faim, de misère : Dieu le veut ! Lavi- Alors il s'embarqua gour la France et alla solli- bandes côtières de l'Afrique avaient vu éclore
gerie est l'homme tout indiqué pour cette œuvre. citer la charité chrétienne, comme il l'avait sur leur sol des essais d'évangélisation. En outre,
Il s'embarque pour Beyrouth, fonde des comités fait 17 ans auparavant en faveur des chrétiens quels étaient les hommes qui se risqueraient à
de secours, parcourt un pays montagneux de du Liban. L a France répondit généreusement à porter l'Évangile dans ces contrées inconnues
100.000 km 2 de superficie et distribue plus de
son appel et l'archevêque put continuer son et parmi ces populations barbares ?
deux millions de francs, en l'espace d'un an.
Ce séjour en Syrie lui révèle sa vraie voie. œuvre de miséricorde corporelle et spirituelle. Au début de son épiscopat à Alger, Mgr Lavi-
Pour la première fois, il applique sa future mé- Car il ne lui suffisait pas de sauver ces enfants gerie avait compté sur le clergé algérien pour
thode d'apostolat : instruction et charité ! de la mort. Il les confiait aux Frères des Écoles réaliser ses desseins. Il comprit bien vite que
De retour en France, il se voit décerner la Chrétiennes et à ses Religieuses pour les instruire, pour atteindre son but, il lui était indispen-
Croix de la Légion d'Honneur. Mais déjà il les moraliser, leur apprendre à connaître le bon sable de disposer d'une compagnie d'hommes
avait entretenu le Pape de la situation des Dieu, L e prier et se corriger de leurs défauts. apostoliques, parfaitement adaptés à l'œuvre
catholiques et des orthodoxes en Syrie. Peu Cependant il se défendait de les baptiser jusqu'à projetée et entièrement soumis à sa direction.
après le Pape l'appelle à Rome, où il est nommé ce qu'ils eussent l'âge de choisir eux-mêmes, de L a Providence se chargea de les lui fournir. Le
Prélat et Conseiller au Tribunal de la Rote. leur plein gré. 29 janvier 1868, le Supérieur du Grand Sémi-
Mais pas plus à Rome qu'à Paris, Lavigerie Mais dans l'esprit et même selon les dires des naire d'Alger lui présenta trois de ses élèves,
• ne se sent dans son élément. Toutefois son séjour dirigeants de l'Algérie, les entreprises charitables qui avaient exprimé le désir de se consacrer à la
à Rome eut l'avantage de le confirmer dans ses de l'archevêque étaient provisoires et un jour conversion des Arabes. Lorsque le premier
sentiments de soumission filiale au Pape, dont il faudrait rendre ces enfants à leur famille. noviciat s'ouvrit pour les recevoir (18 octobre
il fit un des caractères distinctifs de son activité Mgr Lavigerie protesta avec la dernière énergie 1868), leur nombre s'était accru : ils étaient
apostolique. contre ces intentions. I l dénonça la violence dix. Le fondateur résuma ce qu'il attendait de
L'évêque de Nancy étant mort, Lavigerie est qu'on voulait exercer contre son ministère spiri- ses futurs missionnaires dans le mot Caritas :
nommé à sa place, le 5 mars 1863. Son sacre a tuel, comme ç'avait été le cas pour ses prédéces- charité corporelle (Curate infirmos) et charité
seurs. E t comme le maréchal Mac-Mahon en ap- spirituelle (Docete gentes). Il les revêtit de
lieu à Rome. Il avait alors 37 ans. Bien vite il se
pelait aux autorités impériales, Mgr Lavigerie l'habit blanc des Arabes : gandourah (robe),
sentit à l'aise sur ce terrain d'action. Il réforme
n'hésita pas à se rendre en France, auprès de burnous (manteau) et chéchia ou calotte rouge.
les études dans les séminaires, les collèges et
l'Empereur. Avec habileté, il représenta à Napo- Autour du cou, un chapelet de gros grains
autres écoles, fait prendre le brevet officiel aux
léon I I I que son action visait uniquement à réa- blancs et noirs ressemblant au Tesbih des Ara-
religieuses enseignantes : « L a charité ne suffit
liser le programme que l'Empereur lui-même bes. Pour mieux gagner la sympathie des indi-
pas à faire rayonner l'Église, disait-il; il faut aussi
avait exposé dans son discours de 1860 à Alger : gènes, ils devaient autant que possible s'adapter
la science ».
répandre les bienfaits de la civilisation en l'Algé- aux Arabes, parmi lesquels ils se donneraient
E n novembre 1866, l'évêque de Nancy reçoit
rie, élever les Arabes à la dignité d'hommes libres comme hommes de prière (Marabout) et comme
une lettre du Maréchal Mac Mahon, Gouverneur les instruire, améliorer leur sort, tout en res- guérisseurs (Toubib).
de l'Algérie, lui proposant le siège archiépis- pectant leur religion.
copal d'Alger. Vingt-quatre heures lui suffisent Ce furent les premiers linéaments de cette
pour prendre une décision. Il accepte, car Alger L'Empereur se laissa gagner par l'éloquence société d'apôtres africains, appelés Missionnaires
est pour lui une « porte ouverte sur le continent e t la fermeté de l'archevêque et donna les d'Afrique, mieux connus sous le nom populaire
africain ». Il n'était pas né pour être professeur, ordres lui assurant la liberté dans l'exercice de de Pères Blancs, à cause de la couleur blanche de
ni diplomate, ni juge, ni évêque : son rôle était ses fonctions épiscopales. leur costume. Leur maison généralice est à
Dans la suite, les enfants sauvés de la mort Maison-Carrée, près d'Alger.
de devenir l'apôtre de l'Afrique.
reçurent une formation qui devait les rendre L a fondation des Sœurs Missionnaires de
Il débarque à Alger, le 15 mai 1867. Le temps
capables de se suffire plus tard à eux-mêmes. Notre-Dame d'Afrique (Sœurs Blanches), appe-
était magnifique et il fut reçu en triomphe.
On leur enseignait des métiers, on les préparait à lées à seconder les Pères Blancs dans l'apostolat
Français, Arabes, Juifs, toute la population
la vie agricole. L'indolence et le sans-souci auprès des femmes africaines, date de 1869.
prend part à la joie. Quelques jours après son
de la nature arabe faisaient place à l'esprit de Les premières postulantes furent huit jeunes
arrivée, il publie sa première lettre pastorale :
travail et d'initiative. filles bretonnes, dont deux n'avaient pas seize
l'Algérie autrefois a été chrétienne ; son devoir à
' L'archevêque voulait tenter de christianiser ans ! Elles s'établirent à Birmandreis, près
lui, évêque, le devoir de tous est de ramener le
d'Alger. C'est là que se trouve leur maison Gouverneur de l'Algérie,visita Tunis et Carthage. » c'était une bonne fortune, dont un Léon X I I I
généralice. A Carthage, elle trouva la chapelle bâtie sur la »sut gré à un Lavigerie» (G. Goyau). Mgr
Les années 1869-1870 turent des plus pénibles colline Byrsa en l'honneur de Saint Louis, roi de Lavigerie lui-même aurait la direction des
pour les instituts naissants des Pères Blancs et France, abandonnée et délabrée. Elle s'adressa à missions que Rome venait de créer à son initiati-
des Sœurs Blanches. Des épreuves de toute Mgr Lavigerie et lui demanda que ses mission- ve. Dans ce but, le Pape le nomma délégué
sorte arrêtèrent leur essor. Mais dès 1873, Mgr naires se chargeassent de desservir le sanctuaire. apostolique pour l'Afrique centrale.
Lavigerie envoya ses fils spirituels et plus tard Mgr Lavigerie acquiesça à sa demande et établit Le Décret du 24 février y créait quatre mis-
les Sœurs Blanches fonder des postes de mis- ses Pères Blancs sur la colline de Byrsa. Ce fut là sions : deux au sud de l'Êquateur, dans la région
sion en Kabylie. Cependant Mgr Lavigerie le début de toute une série de fondations, à du Tanganika et deux au nord, dans la région
défendait à ces premiers missionnaires de viser Carthage, à Tunis, dans toute la Tunisie : du lac Victoria Nyanza, La délimitation défini-
à des conversions individuelles. Au début sur- orphelinat pour enfants arabes, collège Sainte tive en était remise à une date ultérieure.
tout, ils devaient se contenter d'effectuer des Louis, séminaire pour le clergé tunisien, scolas- Dès le 25 mai 1878 une première caravane,
travaux d'approche, gagnant le cœur des mon- ticat des Pères Blancs, etc. Le P. Delattre, comprenant dix Pères Blancs, partit d'Alger
tagnards Kabyles par l'exercice de la charité, encouragé par Mgr Lavigerie, commença à pour « monter à l'assaut des pays nègres ». Les
évitant la prédication publique de la doctrine fouiller le sol de Carthage et rassembla le fruit missionnaires destinés à la mission du Nyanza
chrétienne, se bornant à l'exposé des préceptes de ses travaux dans le Musée Lavigerie. n'atteignirent Rubaga, capitale de l'Uganda,
de la loi naturelle. Méthode sage et prudente, qui Mais Mgr Lavigerie ne songeait à rien moins que le 19 juin 1879 ; ceux du Tanganika parvin-
convenait parfaitement au milieu musulman, qu'à faire revivre l'ancienne métropole chré- rent à Ujiji à la fin de janvier de la même année.
si ignorant et si facilement porté à des réactions tienne de l'Afrique. Il fit construire une magni- La seconde caravane se mit en route le 21 juin
fanatiques. fique basilique en style mauresque, au sommet 1879. Elle comptait 11 Pères Blancs. Mgr Lavi-
En cette même année, Mgr Lavigerie décide de de la colline de Byrsa (1884). Au mois de novem- gerie leur avait adjoint quatre anciens zouaves
porter l'Évangile au Sahara. Il envoie ses mis- bre de cette même année, Léon X I I I rétablis- pontificaux, en qualité d'auxiliaires. Ils devaient
sionnaires successivement à Biskra et à Géry- sait l'ancienne métropole de l'Afrique et élevait protéger les missionnaires en caravane et une
ville et, en 1874, à Metlili et à Ouargla. Le Sahara, fois arrivés sur place les aider à s'établir sur les
Mgr Lavigerie à la dignité d'archevêque de
c'était aussi le chemin tout indiqué, pensait-on, lieux. La troisième caravane comptait six mis-
Carthage et de primat d'Afrique. C'est à Car-
pour atteindre le Soudan. A la fin de 1875, sionnaires et huit de ces auxiliaires. Parmi ceux-
thage que celui-ci voulut recevoir le premier
trois Pères Blancs quittèrent Metlili et s'enfon- ci, nous aimons à nommer les Belges D'Hoop,
insigne de la dignité cardinalice, que Léon X I I I
cèrent dans le désert, décidés à atteindre Tom- Loosveld, Van Oost, Taillieu, Staes et Verhaert,
lui conféra en 1882, à la demande du Gouver-
bouctou. Plusieurs mois se passèrent : aucune ainsi que le Capitaine Joubert, français, mais qui
nement français. Les adversaires de l'Église
nouvelle de la caravane. Un beau jour un acquit plus tard la nationalité congolaise.
et de l'archevêque, comprenant l'intérêt de leur
message vint révéler la triste réalité : les trois patrie, s'étaient enfin résignés à accepter la La délimitation ecclésiastique des quatre
missionnaires avaient été massacrés par les candidature au cardinalat de ce grand Français, missions, dirigées par Mgr Lavigerie, se fit le
Touaregs, ensemble avec leur guide. En 1881, qui <t à lui seul valait une armée ». 26 septembre 1880. Le Tanganika et le Nyanza
nouvelle tentative du même genre et nouvel Mgr Lavigerie suivait d'un œil attentif les devenaient provicariats. Les limites du provi-
échec. Le 18 décembre, les Pères Richard, Morat voyages et les découvertes des grands explora- cariat du" Tanganika s'allongeaient du Kenia
et Pouplard partent de Rhadamès. Dans la teurs africains, tels que Livingstone, Stanley jusqu'à la pointe nord du lac Nyassa, passaient
nuit du 20 au 21 suivants, ils tombent victimes et autres. Celles-ci révélaient l'existence au de là j usqu'à l'extrémité méridionale dù lac Bang-
de leur zèle, assassinés traîtreusement par les centre de l'Afrique d'immenses richesses, mais weolo, suivaient ensuite le cours du Congo jus-
mêmes Touaregs. surtout de millions d'indigènes complètement qu'aux Stanley-Falls et de là rejoignaient le
Au Sahara, les Pères Blancs eurent souvent étrangers à la religion du Christ. Son âme d'apô- Kenia, par le sud du lac Victoria. Le territoire
l'occasion de racheter des enfants soudanais tre s'en émut. Il fallait sans tarder conquérir du Nyanza n'était pas moins grand en super-
pris et vendus comme esclaves. Mgr Lavigerie ces contrées pacifiquement, convertir ces païens ficie car au nord il s'étendait jusqu'aux confins
les réunit dans un institut, qu'il créa pour eux, et en faire des fils de l'Église. de l'Abyssinie, sur la rivière Sobat.
près de La Valette, dans l'île de Malte (1881). Les Pères Blancs semblaient condamnés Quant aux limites des missions du Haut-Congo
Devenus plus grands, il fit suivre aux plus à végéter et à disparaître sans avoir porté de septentrional et méridional, elles devaient at-
intelligents des cours de médecine, à l'Université fruits, dans cette Algérie, qui était leur base teindre le méridien du Stanley-Pool, englobant
de Malte. d'opération, mais qui devenait de plus en plus tout le territoire compris entre le bassin du Zam-
Plusieurs de ces jeunes noirs, leurs études inhospitalière. Les routes s'ouvraient vers un bèse, au sud et celui du Nil, au nord. Ces mis-
achevées, furent adjoints aux Pères Blancs autre champ d'apostolat et par d'autres voies sions du Haut-Congo embrassaient donc presque
partant pour les missions. C'est ainsi qu'en 1888, que le Sahara meurtrier. Mgr Lavigerie s'y la totalité du Congo Belge.
nous voyons trois de ces médecins-catéchistes engagea résolument et y entraîna d'enthousiasme Cette situation persista jusqu'à la création, le
accompagner Mgr Bridoux au centre de l'Afri- sa société d'apôtres. 11 mai 1888, du Vicariat Apostolique du Congo
que. Joseph Gatchi s'établit à la mission de Ki- Vers la fin de 1877, Mgr Lavigerie présenta Indépendant, comprenant tout le territoire du
banga (Congo Belge) et Joseph Faraghit, à au Cardinal Franchi un long Mémoire sur l'A sso- Congo Belge, à l'exception de la région située
Mpala (Congo Belge), tandis que Adrien Atiman, ciation Internationale de Bruxelles et l'évangélisa- entre le lac Tanganika et le Lualaba. Cette
qui vit encore actuellement, prodigua ses soins tion de l'Afrique Équatoriale. Comme conclusion à région fut érigée en mission distincte sous le
dévoués et intelligents aux missionnaires et aux ce Mémoire, Mgr Lavigerie proposait la créa- nom de Haut-Congo et resta confiée aux Pères
indigènes dans la mission de Karema (Tanga- tion de quatre missions, au cœur même de Blancs. Ce fut là l'origine du Vicariat Aposto-
nika Territory). Joseph Chalula, encore en l'Afrique. Comme personnel pour cette œuvre, il lique du Haut-Congo (aujourd'hui Baudouin-
vie à la mission de Mpala, partit en mai 1893. proposait ses Pères Blancs. Comme méthode, il ville), auquel Mgr Roelens a attaché son nom,
Un autre fut André Mweza, qui lui aussi fut fallait « transformer l'Afrique par les Africains, comme Provicaire et plus tard comme Vicaire
affecté à la Mission du Haut-Congo (Baudouin- ne pas faire d'eux des Européens à peau noire, Apostolique.
ville). se créer des auxiliaires nombreux et capables Il n'entre pas dans le plan de cette notice de
En 1877, Mgr Lavigerie réalisa une fondation, d'acquérir une influence décisive sur leurs con- suivre le développement des missions créées par
celle-ci en dehors de l'Afrique. Après la guerre génères. » A ce dernier point de vue, il mettait Mgr Lavigerie. Nous nous permettons pourtant
de Crimée, la Turquie céda le sanctuaire de en avant l'envoi en Afrique de nombreux d'emprunter à la brochure de Marie André l'in-
Sainte-Anne (Jérusalem) à la France. Ce sanc- médecins catliéchistes. Enfin il fallait arborer dication sommaire des résultats obtenus à l'heure
tuaire s'élève sur l'emplacement de la maison hautement, au nom de l'Église, le drapeau de actuelle, tout en en précisant quelques chiffres
vénérable, où la tradition veut que soit née la l'abolition de l'esclavage africain. récents : « A la mort du Cardinal Lavigerie
Vierge Marie. A la demande du Gouvernement Le Mémoire en question était accompagné » (1892), la Société des Pères Blancs comptait
français, Mgr Lavigerie y envoya quelques-uns d'une Supplique adressée au Saint-Siège, por- » deux cent trente-cinq missionnaires, Pères
de ses missionnaires pour la garde du sanctuaire tant la signature de plus de cinquante Pères » et Frères, et quatre-vingt treize Sœurs Blan-
et éventuellement la fondation d'une école Blancs, s'offrant pour les Missions d'Afrique, )>ches... Aujourd'hui, plus de deux mille cinq
biblique. Cette fondation se transforma plus désirant « se consacrer au salut de ces pauvres » cents Pères Blancs, plus de quinze cents Sœurs
tard en un séminaire oriental, pour la formation » peuples infidèles, leur porter la parole de vie et y> Blanches continuent le magnifique labeur de
d'un clergé du rite grec-melchite. Mgr Lavigerie » mourir en les servant ». » leurs devanciers, gagnant toujours du terrain et
voulut que ces prêtres fussent éduqués et Les Pères Charmetant et Aubert furent dépu- » multipliant leurs chrétientés.
instruits dans leur rite national ; car, disait-il, tés à Rome et chargés de déposer Mémoire et « Les résultats obtenus ont été si considérables
« une seule méthode peut être féconde en Orient Supplique aux pieds de Pie I X . » qu'il a fallu décupler les postes missionnaires
et il faut la formuler ainsi : accepter et respecter La Sacrée Congrégation de la Propagande » (qui sont actuellement au nombre de quatre
chez les Orientaux tout absolument, excepté agréa les propositions de Mgr Lavigerie. Le 24 » cent quatorze)... Dans les régions où régnaient
le vice et l'erreur. » Le Séminaire Sainte- février 1878, Léon X I I I ratifiait un Décret de » autrefois l'idolâtrie et l'islamisme se trouvent
Anne a formé des centaines de prêtres bien ins- la Congrégation, créant les missions catholiques » maintenant des chrétientés florissantes, dont
truits, dont quelques-uns se sont vu conférer la » l'ensemble comprend deux millions et demi de
dignité épiscopale. Leur influence continue à en Afrique Équatoriale. Le nouveau Pape se
» baptisés et plus de sept cent mille catéchu-
rayonner sur toute la Syrie. disait heureux d'inaugurer son pontificat par » mènes.
un acte de cette importance, n Etre Pape depuis
Les fondations en Tunisie ont une autre » quatre jours et recevoir comme cadeau de « Chaque année des prêtres nouveaux sont
origine. En 1875, Madame Chanzy, femme du » ordonnés, qui appartiennent à cette race
» joyeux avènement un monde à convertir,
x noire, jadis si méprisée. Ils sont actuellement approuva le projet de Mgr Lavigerie concernant lieu. Cependant, à la fin les Gouvernements ne
» plus de trois cents. L'un d'eux a été élevé aux le recrutement des zouaves pontificaux. purent rester indifférents. Les Puissances, réu-
«honneurs de l'épiscopat » (ï). Au mois d'août 1884, Mgr Lavigerie fonda une nies en conférence à Bruxelles, signèrent un
On nous saura gré d'ajouter ici un mot sur les école apostolique au château de Crainhem, à acte, qui donna largement satisfaction aux vœux
débuts des missions des Pères Blancs en terri- Woluwe-Saint-Lambert. Cet institut passa à du grand philanthrope, de l'apôtre ardent que
toire du Congo Belge. Malines en 1891, puis à Anvers en 1901, mais fut le Cardinal Lavigerie.
Le premier poste dans la région du Tanga- se mua en Séminaire de philosophie. Mgr A Bruxelles, il trouvait dans la personne de
nika fut établi chez Rumonge, dans le sud de Lavigerie avait offert ses missionnaires pour Léopold I I un actif collaborateur. D'ailleurs
l'Urundi (30 juillet 1879). Le 28 novembre 1880, prendre la direction de l'institut missionnaire son sermon à Sainte-Gudule fit une telle im-
les Pères Blancs s'installèrent dans leur première que le roi Léopold et les évêques belges voulaient pression «qu'en peu de jours, cinq cents volon-
mission sur le territoire du Congo Indépendant, créer, dans le but d'y former des prêtres se » taires s'offrirent pour voler au secours des
notamment à Mulweba, sur la rive occidentale destinant à donner les soins spirituels tant aux » opprimés. Une Société antiesclavagiste fut
du lac Tanganika. Le massacre des Pères Indigènes convertis qu'aux Blancs, au Congo. » immédiatement constituée (25 août), avec des
Deniaud et Augier et de l'auxiliaire D'Hoop Mais cette proposition n'eut pas de suite. » comités locaux et des associations de dames
forcèrent les Pères Blancs à évacuer Rumonge. L'Europe avait détruit la piraterie, dans la » patronesses et quelques jours plus tard, le
En 1883, ils fondent Kibanga et Kapakwe et Mer Méditerranée. II n'y avait plus d'esclaves » Cardinal put présider la première réunion du
en 1885, ils reprennent les stations de Mpala et blancs. Mais les esclavagistes musulmans prati- » comité central » ( 2 ).
de Karema, à eux cédées par le roi Léopold. On quaient la chasse à l'homme au centre de l'Afri- On sait comment ce comité belge organisa
remarquera à ce propos que ce n'est qu'en 1885 que. Les explorateurs avaient renseigné l'Europe quatre expéditions antiesclavagistes et les
que fut fondé l ' É t a t Indépendant du Congo. sur les horreurs de l'esclavage africain. Dans envoya combattre les traitants d'esclaves sur
Dès 1883, le Cardinal Lavigerie tenta une leurs lettres à Mgr Lavigerie, les Pères Blancs la Lomami et surtout sur les bords du lac Tan-
fondation par la côte occidentale du Congo, Il ne cessaient d'informer leur Fondateur et Supé- ganika. C'est là que le Capitaine Jacques (plus
envoya deux prêtres algériens, les abbés Guyot rieur des ravages affreux causés par ces pra- tard Général baron Jacques de Dixmude), le
et Baudonnet sur les rives du Fleuve. Mal- tiques inhumaines. capitaine Descamps et d'autres se couvrirent
heureusement l'abbé Guyot se noya dans le Mgr Lavigerie ne pouvait rester insensible de gloire en coopérant efficacement à la campa-
Fleuve (12 juillet 1883), avant d'avoir pu attein- aux cris de douleur qui lui parvenaient du fond gne héroïque, menée par nos officiers belges
dre Kwamouth, sa destination. En 1885, le du continent noir. Déjà en mai 1867, dans sa contre les esclavagistes arabes.
première lettre pastorale à ses diocésains d'Alger, « C'est au Congo belge, écrivaient en ce temps
Cardinal envoya trois de ses missionnaires par la
Mgr Lavigerie dénonçait au monde civilisé » là les missionnaires de Kibanga, de Mpala, de
même voie. Après des avatars sans nombre, ils
l'esclavage africain. Il revint sur le même sujet » Karema, qu'est réservée la lutte définitive
parvinrent à Kwamouth et y fondèrent la mis-
en 1878, dans son Mémoire à la Sainte Congré- » contre la traite armée des musulmans esclava-
sion de Notre-Dame de Bungana. Mais la nouvelle
gation de la Propagande. 11 aurait voulu dès ce » gistes. » La Belgique a glorieusement accompli
division ecclésiastique du Congo fit abandonner
moment une Bulle pontificale solennelle, appe- cette tâche si noble. Elle a définitivement
cette mission, dès le mois de mars 1887. Bungana
lant le monde chrétien à défendre la vie et la vaincu les trafiquants de bétail humain. Mais
fut repris l'année suivante par les missionnaires
liberté des Noirs. personne ne voudra nier que le Cardinal Lavi-
de Scheut (Berghe-Sainte-Marie).
Actuellement les Pères Blancs exercent leur L'Association Internationale de Bruxelles gerie fut l'initiateur de cette croisade si émi-
activité dans six Vicariats Apostoliques au (1877) avait témoigné d'intentions excellentes nemment humanitaire. C'est justement que la
Congo Belge et au Ruanda-Urundi. L e nombre concernant l'abolition de l'esclavage. Mais ses postérité lui donnera un de ses plus beaux
de leurs postes de mission s'y élève à 120, avec projets « furent sinon abandonnés, du moins titres de gloire : le nom de Libérateur des
un personnel missionnaire européen de 375 laissés au second plan comme un but à pour- esclaves ».
prêtres, 92 Frères et 323 Soeurs Blanches, aidés suivre ultérieurement ».
Disons un mot sur le toast d'Alger, événement
par un personnel indigène de 133 prêtres, 116 « Avant 1888, en dehors des généreuses ten- dont le Cardinal Lavigerie dira lui-même : « Cela
Frères, 297 Sœurs et 5.167 instituteurs-caté- tatives du roi des Belges, ni la philosophie, ni la m'a tué. »
chistes. L a chrétienté compte 1.217.000 baptisés politique, ni la presse, ni les assemblées, ni les
Dès son avènement, Léon X I I I s'était montré
et environ un demi-million de catéchumènes. gouvernements n'avaient pris en main sérieu-
animé d'un esprit conciliateur envers les Gou-
Dans ces missions, les Pères Blancs se sont sement la cause des malheureux Nègres «f1).
vernements au pouvoir. En France, après la
appliqués d'une façon toute particulière à pro- Ce rôle revient au Cardinal Lavigerie.
chute de l'Empire en 1870, l'immense majorité
mouvoir l'enseignement religieux et profane. Le Dans une Supplique au Pape du 16 février
des catholiques resta fidèle aux idées monar-
nombre des élèves fréquentant leurs 7.148 écoles 1888, il revient sur son Mémoire de 1878. Il
chistes et se montra ennemie du régime nou-
de tout degré s'élève au chiffre respectable de rappelle que c'est en Afrique que l'esclavage
veau. D'où l'hostilité croissante des dirigeants
417.000. garde toutes ses horreurs. « Les évêques d'Afri-
français envers les catholiques.
que, écrit-il, peuvent contribuer efficacement à
Grâce à l'audace chrétienne et apostolique Le Cardinal comprenait la nécessité pour
supprimer la traite des noirs. Mais personne ne
d'un Mgr Lavigerie, grâce à la persévérance et ceux-ci d'accepter la forme existante du pou-
peut leur rappeler ce devoir d'humanité et de
au dévouement de ses missionnaires, les missions voir et de cesser une opposition qui avait donné
charité chrétienne avec plus d'autorité que
sur les rives du Tanganika, du Kivu et du L a c si peu de fruit. Les catholiques devaient concen-
Votre Sainteté ».
Albert peuvent compter parmi les plus belles trer tous leurs efforts afin d'obtenir de bonnes
du monde. Grâce à ces missions, sous l'égide et Au mois de mai suivant, Léon X I I I adressa
aux évêques du Brésil une longue lettre applau- lois. C'était la doctrine du Pape régnant, doc-
avec l'aide efficace de la Belgique, ces peuplades trine qui avait trouvé très peu d'adhésion en
autrefois si arriérées réalisent des progrès cons- dissant à la suppression de l'esclavage en ce
pays et invitant les puissants et les croyants à France.
tants et rapides dans la voie qui conduit à la
s'unir pour abolir « le plus honteux et le plus Lorsque le Cardinal Lavigerie se rendit à
vraie civilisation.
criminel de tous les trafics ». Rome en 1890, le Pape lui demanda «en termes
Ce fut le seul but que poursuivit Mgr Lavigerie qui n'admettaient guère de refus » (*) de poser
et sa société de missionnaires, qu'il a voulue Peu de jours après cette lettre, le Cardinal
un acte qui fut une adhésion éclatante à la
« catholique ;> dans ses membres, son but et son Lavigerie conduisit à Rome un pèlerinage
République. Dans l'esprit de Léon X I I I , cet
organisation. Qu'on nous permette un détail, africain comprenant entre autres un groupe de
acte serait de nature à opérer « le ralliement »
qui en dit long sur ce sujet : la deuxième caravane douze Noirs de l'Afrique centrale, rachetés de
au nouveau régime.
de Pères Blancs, partie en 1879, se composait de l'esclavage par les Pères Blancs, convertis et
baptisés. Le Cardinal Lavigerie les présenta au Le Cardinal obéit au Pape, tout en prévoyant
neuf Pères français, trois Frères allemands,
Pape, revêtus de gandouras blanches. Il rappela que son obéissance soulèverait contre lui-même
quatre zoiîaves flamands et deux auxiliaires
au Saint-Père qu'ils avaient tous subi la servi- et contre ses œuvres la plus grande partie des
écossais. E t cet autre: un jour, un visiteur
tude et il promit au Pape d'aider de tout son catholiques français.
français s'extasiait, en présence des novices,
sur les résultats obtenus « par les Pères français pouvoir à l'abolition de l'esclavage. Léon X I I I C'est dans ces conditions que le 12 novembre
dans les missions d'Afrique ». Le Cardinal l'ar- lui répondit par ces mots : « C'est surtout sur 1890, il invita à sa table l'état-major de l'esca-
rêta : « Ce ne sont pas tous des Français, dit-il. vous que Nous comptons pour le succès de dre de la Méditerranée, les autorités civiles et
Ma société de Pères Blancs est catholique,^ donc cette entreprise. » militaires et que, dans un toast devenu célèbre,
universelle et elle restera telle comme l'Église. Aussitôt le Cardinal se mit en campagne, mal- il fit appel au ralliement.
Mais mon grand corps de réserve, mon dernier gré son grand âge et ses infirmités. Le l o r juillet, Cet acte courageux souleva une tempête de
carré, ce sont les Belges et les Bretons. » il inaugura sa croisade contre l'esclavagisme colère, de sarcasmes et de mépris contre son
Le Cardinal Lavigerie comptait beaucoup sur africain par un sermon dans l'église Sainte-Sul- auteur. Mais quelques mois plus tard, les car-
le recrutement en Belgique. Dès le mois d'avril pice, à Paris. Son discours dura une heure et dinaux et les évêques français souscrivaient aux
1879, le Père Charmetant fut envoyé en Belgique demie et souleva l'enthousiasme de ses audi- directives de Léon X I I I et en 1892, le Saint
pour se mettre en contact avec les anciens zoua- teurs et de la presse. Il parla de même à Bruxelles Père lui-même exprimait dans une Encyclique
ves pontificaux, que Mgr Lavigerie songeait à le 15 août, à Londres, à Naples, à Milan, à Mar- son désir de voir les catholiques se soumettre
adjoindre à ses missionnaires partant pour seille. à la nouvelle forme politique.
l'Afrique Équatoriale. Le roi Léopold fit venir Mais le Cardinal ne se contenta pas de prêcher. 1892 fut la dernière année de la vie du grand
le Père Charmetant à Bruxelles, pour s'entre- Il traitait avec les Gouvernements, constituait cardinal. Il mourut à Alger, le 26 novembre.
tenir avec lui des missions au Congo. Le roi des Comités antiesclavagistes et projetait un Un navire de guerre français transporta sa
Congrès international, qui ne put jamais avoir dépouille mortelle à Tunis. Elle fut déposée dans
Inst. roy. colon. belge
Biographie Coloniale Belge,
T. III, 1952, col. 504-518

un caveau qu'il s'était fait préparer dans la


cathédrale de Carthage.
• Un monument magnifique orne son tombeau.
Deux Pères Blancs y prient, agenouillés, tandis
qu'un Arabe et un Nègre rendent un hommage
reconnaissant à leur bienfaiteur.
C'est là, c'est ailleurs encore que, sous l'égide de
l'Apôtre de l'Afrique, des centaines de mis-
sionnaires se sont préparés, que d'autres se
préparent à la conquête des âmes, à gagner
l'Afrique à la vraie civilisation, au Christ, par
la Charité : Caritas !
7 décembre 194!).
P. M. Varmeste.
(!) Marie A N D R É , Le Libérateur de l'Afrique. Le
Cardinal Lavigerie. Éditions du Clocher, Toulouse,
1947, pp. 21, 46, 55 passim.
(2) Félix K L E I N , Le Cardinal Lavigerie et ses
Œuvres d'Afrique. Grands Lacs, Namur, Paris,
1949, pp. 25, 80, 89, 150 passim.

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