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Le trait du cas, une clinique du réel.

« Notre science ne se transmet que

d’articuler dans l’occasion le


particulier. »

Lacan. « Les
Ecrits ». p.632.

« Le trait du cas » est une formulation de Lacan qui se trouve en


quatrième de couverture du premier numéro de la revue « Scilicet », dont le
premier numéro est paru en 1968.Cette revue que Lacan a initiée avec ses
élèves, proposait une élaboration théorique à partir de l’expérience clinique
de chacun des auteurs. Le principe était de présenter des textes non-signés,
seul apparaissait le nom de Lacan, ses initiales « J.L. »

Avec cette trouvaille, Lacan opère un passage en force, comme il le dit


lui-même, pour « dénouer la contorsion par quoi en psychanalyse
l’expérience se condamne à ne livrer passage à rien de ce qui pourrait la
changer. »[1]

Lacan a toujours été sensible à la manière dont pouvait se transmettre


l’expérience clinique et ce qui lui importait, c’était que celui qui prenait le
risque de la parole puisse repérer « quel truc » avait permis le changement.
L’enjeu était d’éviter une certaine dérive, dans la présentation du cas. En
insistant sur le glissement sémantique du verbe « dénoncer », qui à l’origine,
avait le sens « d’annoncer, faire connaître », et qui aujourd’hui signifie
« accuser, porter plainte », Lacan fustige la référence « qui peut toujours
être dénonciatrice ».[2] Il n’hésite pas à mettre en garde les
psychanalystes, pointant leur souci de « faire bonne figure », « cette vanité »
ou encore « le narcissisme de la petite différence » qui selon lui, les prive
d’une certaine réserve lorsqu’ils font référence au cas.

« Moins de guindage d’autorité. Plus de sécurité pour invoquer le personnel


dans la pratique, et notamment le trait du cas. »[3]

Claude Dumézil se situe dans cette perspective Lacanienne. Après


la mort de Lacan, alors que la plupart de ses élèves ont donné la priorité à
l’enseignement aux dépens de la clinique, il a quant à lui animé un séminaire
clinique et c’est à partir de là, qu’avec d’autres, dont Bernard Bremond, il a
proposé un dispositif de travail où plusieurs psychanalystes se
retrouvent pour évoquer leur pratique.

Qu’est ce que le trait du cas ?


Concrètement, c’est un dispositif sur la pratique articulé en trois
temps :

- le premier temps est celui du séminaire : tous les quinze jours


plusieurs psychanalystes se retrouvent, et chacun à son tour, expose
une question à partir d’un fragment de cure, d’un entretien, d’un trait
isolé ou rejeté. Les collègues présents écoutent et associent ensuite
sur ce qu’ils ont entendus.

- le deuxième temps est celui du cartel : ceux qui le souhaitent (il n’y a
rien d’obligatoire) peuvent participer à un cartel, avec d’autres
membres d’autres séminaires. Le cartel se réunit une fois par mois et
se propose d’élaborer plus théoriquement le matériel survenu dans le
séminaire.

- Le troisième temps est celui du passage au public : là encore il n’y a


pas de caractère obligatoire, ceux qui le souhaitent peuvent présenter
leur travail à un public averti.

« Le Trait du cas » a deux acceptions : d’une part, c’ est un dispositif de


travail sur la pratique, d’autre part, C. Dumézil et ses collègues, ont en fait un
signifiant qui nomme une fiction. Ce dispositif se situe dans le droit fil de la
passe. C’est à propos de la passe que Lacan a fait une critique de ce que l’on
appelait à l’époque « la formation de l’analyste ». Lacan a parlé de
« formations de l’inconscient » et non pas de formation de l’analyste. Le
dispositif prend au sérieux cette remarque.[4] C. Dumézil poursuit ainsi le
questionnement ouvert par Lacan sur ce qui peut se transmettre de ce qui
s’acquiert dans l’expérience
analytique.
Comme le précise M. Safouan[5], toute formation a pour objectif
d’apprendre et relève du discours du maître. Or le savoir inconscient requiert
un travail de déchiffrage comme nous l’a enseigné Freud à partir de
l’interprétation des rêves. Ce savoir se révèle ou se dévoile toujours au
singulier. Ce qui fait dire à Lacan :
« Ce n’est pas l’expérience qui est didactique mais la conquête de ce savoir
inconscient… »[6]

Le dispositif du « Trait du cas » permet d’explorer le rapport que


chaque analyste entretient avec le savoir inconscient. Le dispositif met à la
question l’analyste, sur comment il se débrouille avec « cet
instrument » qu’est l’inconscient, selon l’expression même de
Freud. Si comme le dit M. Safouan, le refoulement « est
l’opération selon laquelle le sujet s’efface comme sujet sachant ce dont il
s’agit… »[7], On peut avancer que le refoulement procède d’un savoir mis au
compte d’un autre, d’un (A) utre sujet supposé savoir. Le refoulement est
ainsi contemporain de « l’effet sujet », de la naissance du sujet, dès lors
qu’on s’accorde à reconnaître que l’apparition du sujet est intimement liée à
sa disparition.

Faire l’épreuve de la levée du refoulement, participe d’une


réappropriation du savoir inconscient, d’une conquête, qui dans le même
mouvement opère la destitution du sujet supposé savoir. Le sujet devient
ainsi analyste de sa propre expérience. Il s’autorise de sa propre expérience.

Le travail qui s’opère dans le dispositif favorise la chute des


identifications imaginaires et plus particulièrement, l’identification à un
analyste idéal. Le dispositif entame la croyance en un analyste paré du savoir
et défait nos allégeances, puisque ce sont elles qui souvent « passent à
l’acte ». C’est ce dont témoigne O. Mannoni[8], lorsqu’il reconnait une de ses
erreurs et son identification à Lacan, tout en l’agissant.

Le dispositif subvertit le rapport théorie/pratique. Il démonte ce


qui demeure « hypnotique » dans le transfert et rend possible un
changement de place, celle du sujet dans l’énonciation. Il œuvre dans le sens
du désir d’analyste qui va dans le sens contraire de l’identification comme l’a
montré Lacan. L’imaginaire ainsi débouté, l’analysant/analyste n’est plus
sous la férule du surmoi.

Le trait est un trait de transfert.

Je me propose de définir le T.D.C. par ce qu’il n’est


pas. -Il ne s’agit pas d’un groupe d’inter
contrôle qui s’organise autour de l’autorité d’un analyste plus
expérimenté. Dans le séminaire, il s’agit de répondre à la question :
comment faire pour que celui qui est en position d’occuper la fonction
d’analyste puisse devenir analyste de sa propre expérience et ne s’en
remette pas au savoir supposé d’un autre, le contrôleur ?… On ne parle pas
sous couvert d’un contrôleur, chacun parle en son nom.

- Il ne s’agit pas d’une présentation de cas, ni d’une étude de cas comme on


peut le faire en psychopathologie. Dans le dispositif, l’enjeu est mis sur la
mise au travail de l’inconscient du psychanalyste, sur les associations qui
viennent à l’analyste, sur « les formations de l’inconscient ». Ce qui vient à
l’analyste à l’écoute de l’analysant, ce ne sont pas des réponses à des
questions, mais des associations, que Freud, à propos de l’oubli des noms,
définit comme « un courant constant de rapports personnels. »[9]

Octave Mannoni, dans un petit texte plein d’humour


intitulé « La férule », illustre ce que Freud appelle « ce courant constant
de rapports personnels » « …des associations qui avaient toujours été là et
cependant revenaient comme nouvelles…je ne peux pas décrire mieux ce
travail qui se fait dans l’obscurité. »[10]

On est là au plus près de ce qui se travaille dans le dispositif


du T.D.C., dont un des effets est de permettre la relance des associations là
où un évènement dans la cure avait pu les interrompre. Les associations de
l’analyste constituent la matière même du transfert, matière qui opère dans
le dispositif. C’est une clinique du transfert, dans la mesure où c’est le
transfert qui mobilise l’inconscient. C’est en ce sens que le trait peut être
définit comme un « trait de transfert »[11]

Le trait est un trait d’esprit.


En pensant à cette présentation pour nos amis italiens, je me suis
beaucoup attardé sur la traduction de ce signifiant « Trait du cas ». C’est
pourquoi il me semble important de rappeler que la première publication
française du livre intitulé « Le trait du cas », portait comme sous titre « Le
psychanalyste à la trace ». Ce sous titre est intéressant à plus d’un point de
vue. D’une part on peut l’entendre comme suivre pas à pas le travail du
psychanalyste, comment il travaille son instrument (on dit cela en
musique…), l’inconscient. D’autre part, on peut aussi l’entendre en français
dans le texte, avec l’équivoque sur le « a », qui est aussi le présent du verbe
avoir. Quelles traces inconscientes sont sollicitées chez chaque
psychanalyste, à l’écoute d’un analysant ? Si nous sommes freudiens, nous
pouvons répondre que ces traces concernent la partie des complexes
infantiles où la résistance surgit, et cette région est aussi le lieu où vient se
nouer le transfert.[12]

C’est pourquoi, l’accent est mis davantage sur le trait, comme


trace, que sur le cas. C’est souvent difficile à saisir et cela arrive toujours
après-coup. On a pu dire que le « Trait du cas » c’était toujours la même
chose. Il me semble important de préciser que ce n’est pas la même chose,
mais c’est « la même place », dans le sens où comme nous l’a appris
Lacan, « le réel revient toujours à la même place ». C’est la place de la
répétition qui est un concept essentiel en psychanalyse, passage obligé de
toute réflexion sur la
clinique.

L’on doit à Lacan d’avoir articulé le frayage freudien de


« L’esquisse… » Texte de 1895, avec « L’au-delà du principe de plaisir et la
compulsion de répétition », texte de 1920. Le sujet tient à certains traits.
C’est dans « L’Ethique de la psychanalyse » que Lacan articule cette logique
du frayage avec le rapport du sujet au langage et à la chaîne signifiante. Ce
qui lui fait dire que la compulsion de répétition est l’insistance de la chaîne
signifiante. L’on peut dire ainsi que le sujet tient à certains
signifiants.

Mais le « Trait » n’est pas un signifiant. Il tient davantage de la trace


et de son effacement, c'est-à-dire d’une conjonction paradoxale d’où résulte
le sujet. C’est un trait qui unit et sépare à la fois. Il serait plutôt à situer du
côté de la lettre, et du réel, c'est-à-dire de ce qui fait bord entre savoir et
jouissance. Le trait, côté jouissance, arrête le travail inconscient. Côté savoir,
il défait, dénoue et met en lumière ce à quoi le sujet était suspendu, là où il
était annulé. Il serait proche ainsi du trait de lumière, du trait d’esprit.

Comme la passe, ce dispositif permet d’éclairer la dimension du réel,


il permet de faire avec la surprise du réel. Lacan a pu dire qu’il n’y avait pas
d’analyse s’il n’y avait pas surgissement du
réel.

En 2010, parait une nouvelle édition du livre sur le trait du cas avec
l’ajout de nouveaux articles. Son titre « L’invention du
psychanalyste »[13] est une belle trouvaille. « Du psychanalyste à la
trace… », Sous-titre du premier ouvrage, à « L’invention du
psychanalyste », 21 ans sont passés, et entre les deux il y a eu, sous la
direction de Claude Dumézil, un autre livre, « A l’école du sujet », paru en
2003.

Cette réédition rend compte du chemin parcouru. Là où dans la


première édition, l’accent est mis sur la question des traces, la réédition pose
que le psychanalyste n’existe pas, c’est une invention. Je
cite B.Brémond,[14]

« …le trait du cas, c’est l’invention du psychanalyste, au double sens de


l’expression, actif (ce qu’il invente) et passif (en quoi il est inventé). »

Le psychanalyste est à inventer dans chaque cure. Il est inventé


dans la mesure où il invente. Il n’a dès lors pas d’autre existence que dans
l’éphémère de l’acte « qu’il invente » et « qui l’invente », c'est-à-dire ce
mouvement où il remet à chaque fois à l’épreuve le désir d’analyste et ce qui
va faire bascule de l’analysant à l’analyste. Comme le précise C.
Dumézil : le Trait du cas « …touche l’analyste en un point de sa structure
qui a rapport à son désir d’analyste, à la fois côté ouverture et côté
résistance de l’inconscient. »

Dans l’introduction du premier numéro de la revue Scilicet, Lacan


émet le souhait que son enseignement puisse ouvrir à certains points de
pratique encore « intouchables ». Ces points concernent la psychanalyse
didactique et la fin de la cure. Quarante ans après, ce texte de Lacan est
toujours d’actualité.

Le dispositif du «Trait du cas » s’inscrit dans le droit fil de cette


perspective lacanienne. Lacan souhaitait que la psychanalyse soit un « acte à
venir ». Ce dispositif s’inscrit avec d’autres dans cet acte qu’il appelait. Acte
courageux et téméraire dans l’ambiant actuel, car il faut un certain courage
pour soutenir et promouvoir toujours et encore la spécificité de la
psychanalyse, alors que le mouvement engagé par les pouvoirs publics est
de la réduire à une branche de la psychothérapie ou à une thérapie parmi
d’autres.

Dolorès Frau – Frérot. (août 2012)


[1] Lacan J. Scilicet n°1, p.5. Ed. Du seuil, Paris, 1968.

[2] Lacan J. Scilicet n°1, ibid, p.5.

[3] Lacan J. ibid., 4° de couverture.

Dumézil C. Le trait du cas. Le psychanalyste à la trace, p.129. Ed. Point Hors


[4]
Ligne. 1989.

[5] Safouan M. Malaise dans la psychanalyse, p.95-96. Ed. Arcanes. 1995.

Lacan J. « Intervention sur la passe » in Lettres de l’Ecole Freudienne XV 1973.


[6]
Cité par M. Safouan in « Malaise dans la psychanalyse »p. 96. Ed. Arcanes. 1995.

[7] Safouan M. Lacan et la formation des analystes, p.24. Ed. Du Seuil.

Mannoni O. Un si vif étonnement. « Le divan de Procuste », pP110. Ed. Du


[8]
Seuil. 1988.

[9] Freud S. Psychopathologie de la vie quotidienne. P.B.Payot. 1997, p.33.

Mannoni O. « La férule », in « Ca n’empêche pas d’exister ». Seuil. 1982,


[10]
p.74-75.

Ziri M. « Pour une clinque de L’Ethique », p.124, in Dumézil C. Le trait du cas.


[11]
Ed. Point hors Ligne.1989.

[12] Freud S. La Technique Psychanalytique, p.54-55. Ed. PUF.

[13] Dumézil C., Brémond B. L’invention du psychanalyste. Ed. Eres .2010

[14] Dumézil C., Bremond B. Ibid., p.124.

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