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Université du Havre

Faculté des Affaires Internationales


Département des Sciences Economiques

Exposé de Commerce International

ENTREPRISES MULTINATIONALES ET MONDIALISATION

Présenté par

BOUKARI Mamadou

&

TAKOULO Bertrand Alain

Mars 2013
SOMMAIRE

INTRODUCTION--------------------------------------------------------------------------------------- 1

I. Les mouvements internationaux de capitaux : définition et faits stylisés ------------------------------------------ 1


I.1. Définition ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 1
I.2. Les faits stylisés ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 2
I.3. Origine et destination des flux --------------------------------------------------------------------------------------------- 4

II. Les approches théoriques des investissements directs ------------------------------------------------------------------- 5


II.1. L’approche traditionnelle des mouvements internationaux de facteurs de production ------------------ 5
II.2. Pourquoi les FMN existent- elles ? --------------------------------------------------------------------------------------- 6
II.2.a. L’avantage spécifique ---------------------------------------------------------------------------------------------------- 6
II.2.b. Les multinationales horizontales et verticales --------------------------------------------------------------------- 7
II.2.c. L’hétérogénéité des firmes ------------------------------------------------------------------------------------------------- 8

III. L’impact de l’investissement direct ---------------------------------------------------------------------------------------- 10


III.1. L’investissement direct et le commerce ------------------------------------------------------------------------------- 10
III.2. Les tests sur le « tarif jumping » ----------------------------------------------------------------------------------------- 11
III.3. L’investissement direct et l’emploi -------------------------------------------------------------------------------------- 11
III.3.a. L’impact sur l’emploi du pays hôte ---------------------------------------------------------------------------------- 11
III.3.b. L’impact de l’IDE sortant sur l’emploi domestique -------------------------------------------------------------- 12

CONCLUSION -----------------------------------------------------------------------------------------15

BIBLIOGRAPHIE -------------------------------------------------------------------------------------16
Introduction

Depuis plusieurs siècles, le commerce international se développe et contribue au


développement des pays. Dans sa phase actuelle, il est dominé par le phénomène de
mondialisation avec en première ligne les firmes multinationales (FMN). L’action de ces
dernières met en jeu non plus seulement le commerce des biens et services mais aussi les
mouvements internationaux des facteurs de production. Les entreprises multinationales
sont donc un élément essentiel dans le commerce mondial. Mais les avis restent partagés à
leur égard. Certains pensent qu’elles structurent à leur seul profit l’économie mondiale sans
tenir compte de la dégradation de l’environnement ni des conditions sociales. Tandis que
d’autres montrent qu’elles diffusent la technologie, unifient les marchés du capital et du
travail, assurant par ce biais une meilleure allocation internationale des ressources
productives.

Ainsi l'accroissement rapide du poids des firmes multinationaux dans l'économie


mondiale pousse à l'étude de leur rôle dans le commerce international. Cet exposé vise à
mettre en relief le rôle des FMN dans le processus de mondialisation en faisant ressortir les
tenants et les aboutissants des investissements directs étrangers. Pour ce faire notre exposé
s’articule autour de trois sections. La première section s’attache à l’éclairage d’un certain
nombre de concepts et de faits stylisés. La deuxième section porte sur les apports
théoriques dans l’analyse des investissements directs. La troisième et dernière section
analyse l’impact des investissements directs.

I. Les mouvements internationaux de capitaux : définition et faits stylisés


I.1. Définition
Les Investissements Directs Etrangers correspondent selon la définition du Manuel
de la Balance des Paiements du FMI aux différentes opérations financières destinées à agir
sur la marche et la gestion d’entreprises implantées dans un pays différent de celui de la
maison mère(multinationale).Par Investissement Direct Etranger (IDE), on entend «transferts
d’actifs corporels et incorporels d’un pays à un autre, où ils seront utilisés aux fins de
production de richesse sous le contrôle total ou partiel du propriétaire des actifs.

1
Selon la CNUCED, il y a investissement direct étranger lorsqu’un investisseur basé
dans un pays (le pays d’origine) acquiert un actif dans un autre pays (pays d’accueil) avec
l’intention de le gérer.
La notion d’investissement direct est opposée à celle de l’investissement de
portefeuille. En pratique, le critère concret utilisé par les instances officielles pour séparer
les deux types de flux est un critère de taux de participation : 10 % en France et dans de
nombreux pays, 25% dans d’autres. On s’intéresse ici uniquement aux investissements
directs.

Il existe deux principales modalités d’investissement à l’étranger : la construction


d’un site de production ex nihilo (on parle alors d’investissement « greenfield ») ou le rachat
d’un site existant (on parle de fusion et acquisition internationale). Dans les deux cas, on dit
que la firme à l’origine de la prise de participation se « multinationalise ». Les firmes
étrangères ayant été l’objet de l’investissement sont appelées les filiales de la firme
multinationale.

Une firme multinationale (FMN) est donc une entreprise qui possède plus d’une
unité de production dans plus d’un pays, généralement dans le secteur manufacturier. Mais
le secteur bancaire et celui des services ont progressivement suivi le mouvement de
délocalisation de leurs clients.

I.2. Les faits stylisés


Le phénomène de l’IDE est une des caractéristiques majeures du mouvement
d’intégration des économies du monde. Quelques statistiques descriptives tirées du World
Investment Report de la CNUCED permettent de noter l’ampleur du phénomène (tableau 1).

L’IDE connaît une évolution plus rapide que les autres indicateurs majeurs de
l’économie mondiale : les investissements à l’étranger ont connu une croissance plus élevée
que la production mondiale et que l’investissement intérieur des pays (FBCF). Mais le fait
intéressant, caractérisant la mondialisation, réside dans la croissance comparée des IDE et
des flux commerciaux. Non seulement les flux entrants et sortants d’IDE ont été beaucoup
plus importants que les flux de biens et services, mais les ventes locales des filiales des
multinationales, en général, dépassent en croissance les flux commerciaux.

2
Tableau 1: Evolutions comparées du PIB, du commerce international et des investissements directs
dans le monde

1986-1990 1991-1995 1996-2000 2004-2007


PIB (Prix des facteurs) 10,8 5,6 1,3 10,2
Exportations de biens et services 15,6 5,4 3,4 16,2
Ventes des filiales étrangères 16 10,1 10,9 15
FBCF 13,4 4,2 1 13
Flux d’IED Entrants 23,1 21,1 40,2 34,7
Fusions-acquisitions internationales 25,9 24 51,5 42,1
Stock d’investissement direct Entrants 14,7 9,3 17,2 17
Source: CNUCED, World Investment Report 2009

L’ampleur du phénomène des IDE remet en cause une hypothèse implicite présente
dans les théories traditionnelles du commerce international : le fait que les firmes n’aient
qu’un site de production. Depuis plus de trois décennies, le nombre de FMN n’a cessé de
croître, passant de 7000 au début des années 1970 à 82000 en 2008. La multinationalisation
a ainsi gagné en intensité en s’étendant à tous les secteurs économiques ainsi qu’à tous les
pays.

Les flux mondiaux d’investissement étranger direct (IED) ont augmenté de 16 % en


2011 (graphique 1), dépassant, pour la première fois, le niveau atteint avant la crise sur la
période 2005-2007, en dépit des effets persistants de la crise financière et économique
mondiale.

Graphique 1 : Flux entrants d'IDE


2500000
2000000
1500000
1000000
500000
0
1995
1991
1992
1993
1994

1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011

Monde Économies développées


Économies en développement Économies en transition

Source : les auteurs à partir des données de la CNUCED

3
I.3. Origine et destination des flux
Tableau 2:Part des flux d’IED mondiaux en pourcentage
Entrées d’IED Sorties d’IED
2009 2010 2011 2009 2010 2011
Pays développés 50,6 47,3 49,1 73,0 68,2 73
Pays en développement 43,3 47,1 44,9 22,8 27,6 22,6
Afrique 4,4 3,3 2,8 0,3 0,5 0,2
Asie de l’Est et du Sud-Est 17,2 22,5 22,0 15,0 16,7 14,2
Asie du Sud 3,5 2,4 2,6 1,4 0,9 0,9
Asie occidentale 5,5 4,4 3,2 1,5 1,1 1,5
Amérique latine et Caraïbes 12,5 14,3 14,2 4,6 8,3 5,9
Pays en transition 6,0 5,6 6,0 4,2 4,2 4,3
Petits pays économiquement et 3,8 3,2 3,1 0,4 0,8 0,5
structurellement faibles et vulnérables
Pays les moins avancés 1,5 1,3 1,0 0,1 0,2 0,2
Pays en développement sans littoral 2,3 2,2 2,3 0,3 0,6 0,4
Petits États insulaires en développement 0,4 0,3 0,3 0,0 0,0 0,0
Source: CNUCED, World Investment Report 2012

Le tableau précédent indique que ce sont principalement les pays riches qui
enregistrent une part importante des flux entrants et sortants d’IDE. En 2011, près de la
moitié des IDE a été en direction des pays développés.

Graphique 2: flux entrants d’IDE en milliards de dollars

2000

1500

1000

500

0
2009 2010 2011

Flux d’IED mondiaux Pays développés Union européenne


Amérique du Nord Pays en développement Afrique
Amérique latine etCaraïbes Asie Pays en transition

Source : les auteurs à partir des données de la CNUCED

4
Ceci est particulièrement vrai pour l’union européenne qui a accueilli 28% des flux
mondiaux d’IDE (graphique 2). Même si les PVD connaissent depuis quelques années un
afflux important de capitaux étrangers sous forme d’IDE comme le montre ce même
graphique, les investissements sont très concentrés dans un certain nombre de pays
asiatiques comme la chine et les NPI du Sud-Est asiatique.

En fait, comme le souligne le World Investment report 2012 de la CNUCED, la majorité


des flux d’investissement direct a la même caractéristique que les flux bilatéraux. Il s’agit
principalement de flux croisés d’investissement entre pays riches et proches. Un trait majeur
de l’investissement direct mondial est qu’une part dominante des flux est désormais
constituée par des fusions-acquisitions internationales, en particulier pour les flux entre pays
riches. Toutefois il faut souligner que c’est dans les secteurs bancaires et services comme les
télécommunications qu’ont eu lieu les grandes vagues de fusions-acquisitions. Les fusions-
acquisitions internationales ont progressé en 2011 de 53 % pour atteindre 526 milliards de
dollars, sous l’effet d’un accroissement des mégatransactions (transactions d’une valeur
supérieure à 3 milliards de dollars).

Le dernier fait marquant est que les investissements se font de moins en moins
dans les secteurs primaire, de plus en plus dans le secteur des services, avec une part du
secteur manufacturier qui décline fortement pour les pays de l’OCDE.

II. Les approches théoriques des investissements directs


II.1. L’approche traditionnelle des mouvements internationaux de facteurs de
production
La première approche théorique pour expliquer le lien entre flux de biens et flux
d’IDE fut proposée par Mundell (1957)1. L’auteur part du cadre théorique traditionnel
d’Hecksher-Ohlin-Samuelson (HOS). Il montre que la relation de substituabilité entre
commerce et IDE va provenir des différences de rémunération du capital entre les pays. Dès
lors, il y a une substituabilité parfaite entre flux d’investissements et flux de commerce : les
importations de biens intensifs en capital sont remplacées par des entrées de capitaux. S’il y
a parfaite mobilité des capitaux, le transfert de capital va faire disparaître les avantages
comparatifs des pays et donc le commerce international. Cependant, les hypothèses de

1
Mundell, R.A (1957): International Trade and factor mobility, American Economic Review, 47, 321 -35.

5
cette théorie sont beaucoup trop restrictives et l’abandon de l’une d’entre-elles aboutit à
des conclusions différentes.

Ainsi, Kojima (1975)2, en relâchant l’hypothèse de fonctions de production


identiques, montre que la mobilité des capitaux peut augmenter le commerce international
si les entreprises domestiques investissent dans des secteurs pour lesquels le pays d’origine
dispose de désavantages comparatifs. Markusen (1983)3 affirmera, ainsi, que la relation de
substitution entre flux de biens et flux de capitaux est l’exception, et la complémentarité, la
règle. Markusen (1984)4 complète cette analyse et introduit l’hypothèse d’imperfection des
marchés. On peut donc s’interroger sur le fondement des multinationales.

II.2. Pourquoi les FMN existent- elles ?


Il est raisonnable de penser que si une activité est rentable dans un pays elle
pourrait être menée par une firme locale. De plus contrôler la production dans un pays à
partir d’un autre suppose des coûts supplémentaires en termes de communication et de
coordination. Ainsi pour exister la firme multinationale doit disposer d’un avantage
spécifique sur les concurrents locaux. Ces avantages peuvent prendre en particulier la forme
d’une technologie supérieure, de brevets ou d’une image de marque meilleure que les
firmes locales…

II.2.a. L’avantage spécifique


Il a été montré que les secteurs se caractérisant par une présence importante de
multinationales sont les secteurs pour lesquels les dépenses de R&D et de Marketing, le
nombre de chercheurs et d’ingénieurs par rapport au nombre total d’employés , le degré de
renouvellement , de différenciation et de complexité des produits sont les plus importants.
Ces caractéristiques créent des conditions propices à la multinationalisation des firmes car
elles représentent des actifs spécifiques aux firmes basées sur la connaissance. Ils
appartiennent à chaque firme et sont « incarnés» par des actifs non tangibles comme des
brevets, les marques, le capital humain des employés de la firme, la réputation ….

2
Kojima, K. (1975), “International trade and foreign direct investment: Substitutes or complements,”
Hitotsubashi Journal of Economics, vol.16, pp. 1-12.
3
Markusen, J. R. (1983), “Factor movement and commodity trade as complements”, Journal of International
Economics N.14.
4
Markusen, J.R. (1984), “Multinationals, multi-plant economies and the gains from trade”, Journal of
International Economics, vol.16, n°3-4, pp. 205-226.

6
Ces actifs ont deux caractéristiques importantes : 1/ils sont relativement facilement
transférables à l’étranger, 2 /ce sont des biens publics à l’intérieur de la firme
multinationale.

La présence d’actifs spécifiques à chaque firme implique une efficacité différente


des firmes et une structure de marché de type concurrence imparfaite. En effet, cette
situation donne lieu à des économies liées aux firmes multi-usines. C’est ainsi que l’on
observe dans l’industrie pharmaceutique qu’une part importante de la production est
réalisée par les multinationales.

II.2.b. Les multinationales horizontales et verticales

Disposer de plusieurs sites de production dans le monde offre deux autres


avantages qui permettent de distinguer les firmes multinationales horizontales et verticales.
D’un côté, si le transport des biens est coûteux alors, il est avantageux d’approvisionner les
consommateurs dans différents pays à partir d’une usine de production locale qui minimise
les coûts de transport. Ce déterminant donne lieu à des multinationales horizontales qui
produisent le même bien dans différents pays. De l’autre côté, lorsque les firmes disposent
de filiales dans plusieurs pays, elles peuvent exploiter les différences entre ces pays en
choisissant par exemple de produire un bien intermédiaire et leur bien final dans différents
pays afin de profiter des avantages comparatifs des différents pays pour ces biens. Par
exemple, le dessin et la conception d’une chaussure de sport sera faite dans un pays riche, et
son assemblage dans une filiale d’un pays en développement. Ce qui correspond à une
division du travail à l’intérieur de la FMN qui instaure un commerce intra-firme. On parle
dans ce cas de multinationale verticale.

La firme multi-usine a donc beaucoup d’avantages. Cependant, il existe aussi des


firmes comportant un seul site de production. Comment peut –on expliquer cela ?

Dans son modèle de 1984, Markusen montre qu’une firme multinationale décide de
s’implanter sur le marché cible via une filiale plutôt que d’exporter si les coûts fixes
additionnels d’une nouvelle usine dans le pays d’accueil sont plus faibles que le coût fixe
d’une nouvelle entreprise. Dans ce modèle, les firmes s’implantent à l’étranger pour éviter
les coûts d’exportation tels que les coûts de transport ou les barrières tarifaires.

7
Brainard (1997)5 enrichit ce modèle en mettant en avant les notions de proximité
et de concentration de la production. La décision d’exporter ou de s’implanter sur un
marché étranger va alors dépendre de la comparaison entre les bénéfices dégagés si
l’entreprise se rapproche des consommateurs étrangers (proximité avec la demande locale)
et les bénéfices liés à la concentration de la production en un seul lieu afin de jouir
d’économies d’échelle. Si les dotations des pays sont similaires et que les coûts de
transports, notamment les barrières tarifaires, sont élevés, les firmes multinationales sont
dès lors plus rentables que l’exploitation d’un seul site de production. Ainsi, si les avantages
de la proximité sont supérieurs aux avantages de la concentration de la production, il y a
relation de substitution entre IDE et commerce. Le choix entre implantation à l’étranger et
exportation dépendra donc de nombreux facteurs tels que les coûts de transports, les
dotations relatives en facteur et les tailles relatives des pays Markusen et Venables, (1996,
1998)6.

II.2.c. L’hétérogénéité des firmes


Une deuxième explication à la co-existence des firmes multinationales avec d’autres
firmes qui ne disposent que d’un seul site de production tient à l’hétérogénéité des
entreprises. En effet, pour une même activité, certaines entreprises sont plus efficaces que
d’autres et cela a des conséquences sur leur comportement en termes de ventes sur les
marchés étrangers.

Helpman et al. (2004)7 ont montré l’aspect central du facteur productivité dans la
stratégie d’internationalisation de la production. Les firmes les plus productives choisissent
d’investir à l’étranger car elles peuvent surmonter les coûts fixes d’entrée sur le marché
étranger, les firmes ayant une productivité moyenne choisissent l’exportation et les firmes
les moins productives servent uniquement le marché domestique. Ces auteurs confirment
empiriquement ce résultat : en 1996, sur une série de pays occidentaux, les firmes qui
exportent sans faire d’IDE sont en moyenne 40% plus productives que les firmes se

5
Brainard, S.L. (1997), “An empirical assessment of the proximity concentration trade off between
multinational sales and trade”, American Economic Review, vol.87, n°4, pp. 520-544.
6
Markusen, J. R., A.J. Venables, D. Eby-Konan et K.H. Zhang (1996). “A unified treatment of horizontal
direct investment, vertical direct investment, and the pattern of trade in goods and services”,
National Bureau of Economic Research, Cambridge, n°5696.
7
Helpman, E., M.J. Melitz et R.S. Yeaple (2004), “Export versus FDI with heterogeneous firms”,
American Economic Review, vol.94, n°1, pp. 300-316.

8
cantonnant au marché domestique, et 15% moins productives que les firmes
multinationales.

Le paradigme OLI

Avant les développements récents, une première tentative a été effectuée par
Dunning8 qui propose une approche globale des facteurs explicatifs de l’investissement
direct dans laquelle apparaissent des éléments comme la concurrence imparfaite, les
avantages comparatifs ou l’internalisation des coûts de transaction. Cette approche, dite «
éclectique », se réfère au paradigme OLI (pour Ownership, Localisation, Internalization).
Celui-ci fait de la multinationalisation le résultat d'une combinaison de trois éléments
interdépendants. Il s'agit de :

 Ownership advantage (O) qui se traduit par la possession d'un actif spécifique ou
avantage spécifique de la firme. C'est un produit ou une technologie dont les autres firmes
ou sociétés ne disposent pas ou n'y ont pas accès (brevet, marques, secrets commerciaux,
etc.) ;
 Location advantage (L) qui signifie que l'actif doit être durable pour l'entreprise de
l'exploiter à l'étranger plutôt que dans le pays d'origine. C'est un avantage de la localisation
à l'étranger. Il s'agit ici de rechercher les débouchés qui minimisent les coûts de production,
de commercialisation, etc.
 Internalization advantage (I) qui s'explique par le fait qu'il y a moins d'avantage à
sous-traiter qu'à exploiter soi-même cet actif spécifique. C'est un avantage à
l'internalisation, en vue de contourner ou d'éviter le risque lié à la vente de technologie aux
autres firmes pour ne pas s'exposer à la concurrence.

Ainsi, le choix de la modalité de pénétration du marché étranger est fonction de la


conjecture entre ces trois types d'avantages. En effet, une implantation à l'étranger par le
biais des IDE n'est possible que si les trois avantages spécifiques (O, L et I) sont réunis. En
revanche, si l'avantage des coûts à la localisation L n'existe pas en présence des deux autres
avantages O et I, la firme préfère exporter vers les marchés étrangers. La vente de licence
sera le choix le plus favorable si elle ne détient qu'un avantage au niveau de l'industrie O.

8
DUNNING J. H. (1988): Trade, location of economic activity and the multinational enterprise: a search for an
eclectic approach, Chapter One, pp 13-40 in Dunning J H; Explaining international production, Unwin Hyman,
London, 378p

9
III. L’impact de l’investissement direct
Les IDE ont des incidences multiples, aussi bien sur l’économie du pays hôte, que
sur le pays d’origine des investisseurs. Ici, le débat est souvent dominé par les craintes des
effets négatifs des délocalisations. Ce phénomène est perçu comme une menace pour
l’emploi et plus particulièrement les emplois non qualifiés. Ces inquiétudes ont été d’autant
plus fortes que certains pays industrialisés (Allemagne, France, Japon) ont connu une
évolution positive et concomitante du chômage et des IDE. Ainsi, ces craintes renvoient au
sujet plus général de la substitution-complémentarité entre les investissements directs et les
échanges internationaux.

III.1. L’investissement direct et le commerce


Les travaux empiriques sur la relation IDE-commerce se réfèrent aux modèles
gravitationnels. Ils se sont notamment concentrés sur le caractère de complémentarité ou
de substitution entre ces deux types de flux. Il existe des arguments théoriques qui
soutiennent une relation de substitution (sur l’output dans le modèle de multinationales
horizontales en particulier) et d’autres qui suggèrent une relation de complémentarité (en
particulier au travers des exportations de biens intermédiaires vers les filiales d’assemblage
à l’étranger).
Graphique 3: Evolution des flux mondiaux d'IDE et des Exportations
3000000 20000000
2000000 15000000
10000000
1000000 5000000
0 0
1991
1970
1973
1976
1979
1982
1985
1988

1994
1997
2000
2003
2006
2009

flux mondiaux entrants d'IDE


flux mondiaux sortants d'IDE
Exportations mondiales de marchandises

Source : les auteurs à partir des données CNUCED

De manière générale la littérature empirique conclut à une relation de


complémentarité entre les IDE et le commerce global, et ce quels que soient les pays
étudiés. Le graphique 3 montre une relation positive entre les flux d’IDE et les exportations
mondiales.

10
III.2. Les tests sur le « tarif jumping »
De nombreux investissements apparaissent comme une motivation de contourner
les politiques commerciales protectionnistes notamment les tarifs douaniers (tarif jumping)
ou les barrières non tarifaires. Les investissements américains en Europe au cours des
années 1960 et 1970 peuvent traduire la volonté de contourner les barrières douanières
communes et de prendre pied sur un grand marché européen unifié. Aujourd’hui, les mêmes
explications sont valables pour les investissements japonais, ou coréens en Europe. Ainsi
Belderbos et Sleuwaegen (1998)9 ont montré empiriquement que les investissements
japonais dans le secteur électronique avaient été fortement influencés par les diverses
mesures protectionnistes prises au cours des années 1980 en Europe.

III.3. L’investissement direct et l’emploi

III.3.a. L’impact sur l’emploi du pays hôte


L’entrée de FMN provoque plusieurs effets sur le niveau d’activité du secteur du
pays d’accueil. L’on doit prendre en compte le niveau de concurrence qui prévaut sur le
secteur considéré et l’insertion de ces nouvelles firmes dans l’économie locale. Markusen et
Venables (1999)10 soulignent deux impacts majeurs : l’effet pro-concurrentiel et les liens
amont avec les producteurs de biens intermédiaires. L’implantation des firmes
multinationales a pour effet direct d’accroitre le degré de concurrence du secteur local.
L’arrivée des FMN peut se traduire par une contraction de l’activité ou même par la
fermeture de firmes locales. Dans ce cas, l’effet bénéfique net en termes d’emploi paraît
incertain. Cet effet pro-concurrentiel peut même être négatif pour l’emploi si les firmes
étrangères utilisent une technologie moins intensive en main d’œuvre que les firmes locales.

Néanmoins, il existe un autre effet : les nouvelles firmes vont augmenter la


demande de biens intermédiaires du pays hôte. Cette fois, si la production de ces biens
intermédiaires présente des économies d’échelles, la hausse de la production dans ce
secteur va en retour augmenter sa production. L’impact total de l’implantation des FMN va
donc dépendre de l’ampleur de ces deux effets. Si les FMN qui remplacent les firmes locales
utilisent proportionnellement moins d’intrants locaux, l’effet de contraction de l’activité sera

9
Belderbos R. et L. Sleuwaegen, 1998, « Tarif jumping DFI and Export Substitution: Japanese Electronics Firms
in Europe » International Journal of Industrial Organization, 16(5):601-638.
10
Markusen J. et A. Venables, 1999, « Foreign direct investment as a catalyst for industrialdevelopment »,
European Economic Review 43(2), p. 355-356.

11
renforcé. En revanche, si les firmes étrangères utilisent plus de biens intermédiaires cet effet
peut compenser l’intensification de la concurrence. Dans le cas extrême, l’implantation des
FMN peut même créer des conditions favorables à l’émergence de producteurs locaux. Ici,
l’investissement direct sert de catalyseur au développement. Barrios et al. (2004)11 confirme
empiriquement ce résultat dans le cas irlandais. Ils montrent que l’impact de
l’investissement direct a été initialement négatif sur l’entrée des firmes locales en Irlande,
les effets de concurrence dominant les effets d’entraînement. Néanmoins, cet effet négatif
est ensuite largement dominé par les effets positifs. Les auteurs situent aux alentours de
20% de part des multinationales dans l’emploi sectoriel le point de retournement d’un
impact négatif à un impact positif sur le taux d’entrée des firmes locales.

III.3.b. L’impact de l’IDE sortant sur l’emploi domestique


Aujourd’hui, beaucoup de débats tournent autour de l’offshoring, c’est-à-dire le
transfert à l’étranger de l’ensemble des activités d’une production donnée ou bien de
certaines d’entre elles. Les interrogations concernent l’impact de la mondialisation sur
l’emploi et les revenus. Si par exemple les préoccupations aux Etats-Unis tournent avant tout
autour de l’impact de l’offshoring sur le niveau domestique des salaires, les Européens
s’inquiètent plutôt de ses effets sur l’emploi. La présence d’une information codifiable plutôt
que tacite, l’importance des tâches de routine ou encore l’exigence d’un contact physique et
d’une proximité géographique jouent sur le caractère potentiellement transférable d’une
activité productive à l'étranger. En prenant en compte ces caractéristiques, Blinder et
Krueger (2009)12 estiment par exemple qu’un quart des emplois aux Etats-Unis sont
délocalisables.

Gene M. Grossman et Esteban Rossi-Hansberg (2008)13 ont cherché à fournir un


cadre théorique cohérent pour étudier la plus fine division du travail à l’œuvre à travers la
fragmentation internationale du processus productif (qu’ils désignent sous le terme de «
commerce de tâches) et son impact sur les prix, l’emploi et les revenus. En modélisant une
économie à deux secteurs et incorporant deux types de travailleurs aux niveaux de

11
Barrios, S., H. Gorg et E. Strobl, 2004, « foreign Direct Investment, competition and industrial development in
the host country » European Economic Review.
12
BLINDER, Alan S., & Alan B. KRUEGER (2009), « Alternative Measures of Offshorability: A Survey Approach »,
CEPS working paper, n° 190.
13
GROSSMAN, Gene M., & Esteban ROSSI-HANSBERG (2008), « Trading Tasks: A Simple Theory of Offshoring »,
in American Economic Review, n° 98.

12
qualifications différents, Grossman et Rossi-Hansberg montrent que l’offshoring est propre à
générer un effet productivité qui bénéficie au facteur dont les tâches sont transférées à
l’étranger. En d’autres termes, même si les emplois à faibles qualifications sont plus
facilement transférables à l’étranger que les emplois à hautes qualifications, les travailleurs
peu qualifiés peuvent finalement tirer profit des délocalisations. L’offshoring diminue en
effet les coûts de production dans les secteurs employant intensivement du travail
faiblement qualifié. La productivité des travailleurs peu qualifiés restants va alors augmenter
et leurs salaires tendre également à s’accroître. De tels enchaînements sont contraires aux
effets distributifs que les théories traditionnelles du commerce international associent
habituellement à une diminution des coûts d’échange.

Deux effets vont toutefois contrarier cette dynamique de hausses salariales. D’une
part, s’exerce en parallèle un effet Stolper-Samuelson : une diminution des prix relatifs des
biens intensifs en travail faiblement qualifié, consécutive à l’accroissement de leur offre
mondiale, va réduire les salaires relatifs des travailleurs peu qualifiés (les travailleurs
qualifiés voient donc les leurs s’accroître). D’autre part, l’offshoring va libérer de la main-
d’œuvre faiblement qualifiée dans l’économie domestique et l’offre excessive en travail peu
qualifié qui en résulte va également tendre à diminuer les salaires relatifs de cette catégorie
de travailleurs. Au final, si l’offshoring d’activités intensives en travail peu qualifié profite aux
plus qualifiés, son impact sur les travailleurs les moins qualifiés apparaît ambigu et dépend
de la puissance relative des forces à l’œuvre.

Hugo Rojas-Romagosa (2011)14 considère que les résultats obtenus par Grossman et
Rossi-Hansberg constituent un cas particulier et ne tiennent pas sous des hypothèses moins
restrictives en ce qui concerne les dotations factorielles ou la taille de l’économie. A partir
d’un modèle d’équilibre général de commerce des tâches, il conclut que l’offshoring est
susceptible de mener à de plus fortes inégalités dans les économies avancées, en particulier
lorsque ces dernières sont larges, et éventuellement à une réduction des inégalités salariales
dans les pays pauvres. Les dynamiques à l’œuvre seraient ainsi contraires à celles attendues
dans les théories traditionnelles de commerce des biens finals.

14
ROJAS-ROMAGOSA, Hugo (2011), « Wage inequality in trade-in-tasks models ».

13
Les études empiriques trouvent que les effets de l’offshoring sur l’emploi
domestique sont soit négatifs, mais faibles, soit positifs. Si l’impact sur l’emploi est
ambivalent, l’impact sur les salaires est plus précis. Les études s’accordent en effet pour
montrer que l’offshoring a participé à l'accroissement des inégalités salariales entre les
travailleurs qualifiés et les non qualifiés. L’externalisation des tâches productives à l’étranger
se traduit généralement par une plus forte demande de travail qualifié et donc une hausse
des salaires pour les plus qualifiés. Sascha O Becker, Karolina Ekholm et Marc Muendler
(2009)15, en observant les multinationales allemandes, constatent en l’occurrence une
corrélation positive entre la pratique de l’offshoring et la proportion de travailleurs
hautement diplômés dans les entreprises.

Plus spécifiquement, les études se sont ces dernières années portées sur l’impact
sur l’emploi et les salaires de l’offshoring de services : si celle-ci demeure encore
relativement réduite, elle tend toutefois à rapidement se développer.

Dans un travail récent basé sur un panel de 1511 petites et moyennes entreprises
japonaises, Yasuyuki Todo (2012)16 observe que les transferts d’activités réalisés par les PME
nipponnes vers le reste du monde ne réduisent pas forcément l’emploi domestique. Les
données révèlent une corrélation positive entre l’offshoring et les variations du nombre de
travailleurs, mais celle-ci est due à la causalité allant de l’emploi à l’offshoring et non du
dernier au premier. Les effets des délocalisations sur l’emploi au Japon apparaissent au final
statistiquement peu significatifs. En outre, les entreprises transférant tout ou partie de leurs
activités à l’étranger emploient une part croissante de travailleurs diplômés. Enfin, Todo
(2012)17 décèle une légère amélioration du niveau de productivité des PME ; les gains de
productivité ne constituent pas une source d’effet négatif de l’offshoring sur l’emploi.

15
BECKER, Sascha O, Karolina EKHOLM & Marc MUENDLER (2009), « Offshoring and home employment », in
VoxEU.org, 9 novembre.
16
TODO, Yasuyuki (2012), « Effects of offshoring on home employment and skill upgrading », in VoxEU.org, 15
juillet.
17
ibid

14
Conclusion

L’objectif de notre exposé était de faire ressortir le rôle des FMN dans la
mondialisation économique. Les faits stylisés révèlent l’importance du comportement de ces
firmes sur la structuration actuelle du commerce international. La littérature abonde
d’approches essayant d’appréhender les effets de la mondialisation. Le problème central
dans les discussions récentes reste celui des gains à l’échange. Si pour les pays d’accueil,
l’effet positif majeur attendu d’un IDE est la création d’emplois, dans les pays d’origine la
crainte est celle d’une hausse du chômage surtout des non qualifiés.

Par ailleurs, l’implantation d’une entreprise étrangère a un effet d’entraînement sur


l’économie et contribue au développement économique (par exemple, création
d’infrastructures, densification du tissu industriel, rentrées fiscales permettant
l’amélioration des services publics). Les IDE contribuent à la croissance locale (augmentation
du PIB). Ils favorisent les transferts de technologie et l’augmentation de la productivité. Ce
qui justifie que les Etats mettent en œuvre des politiques économiques structurelles visant à
attirer les FMN.

Mais, les FMN présentent aussi des risques pour les Etats. Elles créent leur propre
espace économique, indépendamment des Etats, et leur flexibilité leur permet d’exploiter
les disparités de législations sociales ou environnementales, de mettre les Etats en
concurrence. Ces sociétés peuvent exploiter massivement les ressources naturelles d’un
pays ou relocaliser leurs activités les plus polluantes vers les Etats les moins regardants. En
cas de fraudes, il est difficile de les réprimer, car leurs activités illicites sont souvent
installées entre deux ordres juridiques peu capables de les sanctionner.

Enfin, tout comme les flux de marchandises, les IDE sont dominés par les flux intra-
régionaux avec une concentration dans les pays développés. Certaines parties du monde (en
particulier l’Afrique) tendent à être marginalisées. Ainsi, il serait intéressant dans des
développements ultérieurs de s’interroger sur la possibilité de véritable insertion de ce
continent à l’économie mondiale à travers les IDE.

15
Bibliographie

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