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Colloque International
Beautiful Israël Center - Tel Aviv 5-6-7 Mai 2019
80 Rokakh Bld, Tel Aviv
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Œuvre d’Alain Kleinmann
Comité d’organisation
Michel Gad Wolkowicz, Sam Tyano, Colette Leinman, Jean-Louis Repelski, Thibault Moreau, Jocelyn
Hattab, Richard Rossin, Michel Granek
Comité scientifique
Michel Gad Wolkowicz, Sam Tyano, Michel Granek, Richard Rossin, Ilan Treves, Viviane Chetrit-
Vatine, Françoise Ouzan, Colette Leinman, Gisèle Vered, Jean-Jacques Moscovitz, Jean-Pierre Winter,
Cyril Aslanov, Philippe Val, Monette Vacquin, Jocelyn Hattab, Simon Epstein, Patrick Bantman, Marc
Cohen, Ofer Lellouche, David Mendelson, Claude Birman, Michel Gurfinkiel, Jean-Louis Repelski,
Marcel Chetrit, Michaël Prazan, Pascal Bruckner, Éric Marty, Georges Bensoussan,
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PROGRAMME
Dimanche 5 Mai
9h — accueil
café-croissants
10h — ouvertures
Rebecca Boukhris [Adélis pour la recherche, l’éducation et la transmission]
Muriel Haïm [La Fondation France-Israël : pour l’échange et la transmission]
Richard Prasquier [le Keren Hayesod: Institution et transmission]
Michel Gad Wolkowicz [Le nom de personne – Transmission de la haine, haine de la transmission /
The transmission of hatred, the hatred of transmission]
Michaël Worbs [Défendre la paix dans l’esprit des hommes – Freud à l’UNESCO — Histoire et rôle
de l’Unesco dans l’éducation, la culture, et la transmission]
Sam Tyano […]
Pause café-patisseries
11h30 — introductions
Pascal Bruckner [La modernité ou la transmission interrompue]
Éric Marty [1950-1980, les Modernes et la transmission symbolique]
Cyril Aslanov [La place de la compétence linguistique dans la transmission de l’identité juive]
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14h30 — session 1
présidents
Pascal Bruckner & Marc Cohen
17h — session 2
Sébastien Linden
Attaché de coopération scientifique et universitaire - Scientific and academic attaché
Ambassade de France en Israël – French Embassy in Israel
20 h — Dîner
Lundi 6 Mai
9h-13h30 — session 3
présidents
Michaël Prazan, Richard Rossin
intervenants
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Marc-Alain Ouaknin [La lecture, de Freud — Le « complexe du chapeau »], s/s rés.
Daniel Sibony [Transmission inconsciente et transmission d’inconscient]
Francine Kaufmann [La transmission de l’identité juive dans les romans d’André Schwarz-Bart]
Alexandra Laignel-Lavastine [« Jeunes Juifs de l'Est à Paris après 1945 : une génération intellec-
tuelle pour "six millions de morts en héritage », à travers les Mémoires inédites de Serge Moscovici »
Michel Gurfinkiel […]
Georges-Elia Sarfati [Transmission, symbolisation/dé-symbolisation : À partir d’Israël]
présidents
Patrick Bantman, Jean-Louis Repelski
intervenants
Daniel Epstein [En quoi cette nuit diffère-t-elle…]
Claude Birman [La transmission, alliance des générations]
Rony Klein [Le sionisme et la crise de la transmission juive]
Marc Cohen [Que nous apprend le midrash sur la transmission des biens matériels et spirituels
d’ABRAHAM à la postérité.]
14h30-18h30 — session 4
présidents
Sam Tyano & Évelyne Chauvet
intervenants
Bernard Golse [La transmission à double sens – maman/bébé, bébé/maman]
Miri Keren [Les devenirs des projections parentales, le « bébé clinique »]
Jean-Pierre Winter [Transmettre, ou pas – L’avenir du père]
Jocelyn Hattab [J’entends un enfant]
Simone Wiener [Les séparations symboliques]
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17h B. Psychopathologie. Le sujet face au réel, et dans la transmission / La transmission dans la
psychanalyse, et la responsabilité généalogique de l’analyste – « Psychanalyse avec fin, psychana-
lyse sans fin »?
présidents
Bernard Golse & Ilan Trèves
20h — session 5
Hommage à Michaël Bar Zvi, à l’homme, à la pensée et à l’oeuvre: projec-
tion de « Michaël Bar Zvi, pour une politique de la transmission - Réflexions
sur la question sioniste » (En référence à son essai publié aux Provinciales.) ; L’-
homme, son parcours, son testament : entretien avec Michaël Grynszpan
(Fréquence Tel Aviv).
Mardi 7 Mai
9h-13h30 — session 6
présidents
Éric Marty & Michel Granek
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intervenants & discutants
Viviane Chetrit-Vatine [Les origines et la transmission de l’éthique comme responsabilité pour l' autre
au regard des constellations familiales contemporaines]
Lysiane Lamantowicz [No name — Transmission et théories du complot]
Charlotte Dudkiewicz-Sibony [Que m’a transmis mon père, rescapé d’Auschwitz à 41ans ?]
Ouriel Rosenblum [L’homme transsexuel, sa femme, leur enfant et le psychanalyste — Un premier
corps qui se transforme, pour aller à la rencontre de ce premier corps, afin de fabriquer un nouveau
corps…]
Yaël Hirsch [Quelle tradition transmet-on ? Penser une forme et un contenu qui fondent le vivre en-
semble sans le figer]
10h45 pause-café-croissants
président(e)s
Jean-Pierre Winter, Monette Vacquin & Daniel Dayan,
14h30-16h30 — session 7
présidents
Cyril Aslanov & Jean-Jacques Moscovitz
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17h clôture du colloque
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Argument
La transmission est au cœur de tous les discours, il y est question de mémoire, d’histoire, de valeurs,
de savoirs ; le terme est le plus souvent utilisé en slogan -fétiche ou -relique, une affirmation ayant
alors sens de dénégation. Pour autant, elle est au centre d’une clinique du contemporain, se mani-
festant en symptômes que nous nous proposons de décrypter et d’analyser, en croisant les regards et
les réflexions issus des différentes disciplines et de diverses filiations et généalogies de pensées. Tel le
registre du Symbolique, la transmission, qui est d’abord un processus psychique, une décision,
une éthique politique et culturelle, avant de représenter des contenus, est essentiellement abor-
dable en négatif, au travers ses échecs, ses avatars, ses formations pathologiques, individuelles et
collectives.
Problématiques anorexiques, addictives, états paranoïaques apathiquement pervers marqués par le
déni, le clivage, la projection, idéologies totalitaires et génocidaires intriquant délires de foule de filia-
tion et d’auto-engendrement, fantasmes d’immortalité, reproduction du même, de l’identique, univer-
salisme du générique, du quelconque, du « on », de l’indifférencié, rejet de l’altérité, paranoïa de
masse compacte, anti-judaïsme et antisionisme dont la transmission de la haine manifeste et agit la
haine de la transmission en tant que la transmission est ce qui nous échappe, ce qui en est en
même temps la condition. Il s'agirait alors d'interroger la transmission, en creux, la langue sous la
langue, dans l’entre-deux, des sexes, des générations, comme processus infini engageant symbolisa-
tion, métaphorisation, conflictalisation des identifications et des idéaux, individuation, subjectivation,
qui ouvre à la circulation des signifiants et des représentations, à l’inconnu, au champ du fantasme et
du transfert, à l’indéfini de la pensée.
La sortie d’Egypte est le récit fondateur de l’invention de la liberté (R.Draï), du passage jusqu’à
l’Alliance, la Parole en dix Paroles du Sinaï engageant l’éthique de responsabilité, de l’élection, de
l’exigence d’élévation intellectuelle, au détriment de la domination de la sensorialité et de la percep-
tion immédiate, et de la transmission: une liberté responsable. Mais sommes-nous, et nous tous, sortis
d'Egypte? Quel serait le sens de cette décision prise et mise en oeuvre suite à la menace de meurtre de
la part du Pharaon sur les Bn’ai (enfants) d’Israël? Et en quoi consiste cette sortie? Ce passage? Le
poros? Comment penser alors transmission en tant que transmission de la transmission, tradition,
et création?
Groucho Marx demandait "Pourquoi ferait-il quelque chose pour les générations suivantes, car
qu'ont-elles fait pour lui?", disant sous la forme de l'humour la responsabilité réciproque, l’am-
bivalence et le libre-arbitre, participant du processus de la transmission.
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Comment se construit un sujet, un peuple, "la psychologie individuelle étant d'abord une psycholo-
gie sociale", selon Freud qui avançait qu’"on peut analyser un peuple comme on analyse un
individu »? De l'enfant, l'adolescent, au sujet collectif, politique, assumant un travail de culture intri-
qué à une éthique de vérité, historique, scientifique et psychique, de progrès de l’esprit, et aux avatars
de la filiation. Et qu'en est il des transmissions brisées et / ou enkystées, de par les pathologies, les
traumatismes trans-générationnels, les génocides et massacres de masse, les deuils impossibles?
Comment remonter, décrypter, analyser les généalogies des cultures qui se crispent, se figent dans le
cours de leur histoire dans l'envie, le mimétisme, la projection, la haine mortifère associée à une iden-
tité mortifiée et honteuse, investissant alors dans la destruction plutôt que dans le développement, la
création et la transmission, passant par la structuration oedipienne, et l’assomption de la dette et de la
castration?
Nous constatons particulièrement aujourd’hui combien, lorsque les Institutions défaillent dans leur
fonction de garantes du Symbolique, des référents anthropologiques civilisationnels, le Droit, l’His-
toire, les Commandements, ainsi les interdits de l’inceste, du meurtre, du vol, du mensonge, la nomi-
nation de la réalité, elles alimentent et valident les délires collectifs, le négationnisme et le révision-
nisme, et ainsi la violence et les passages à l'acte. Certaines problématiques s'avèrent particulièrement
symptomatiques de troubles des processus d'identification, de filiation et de transmission. L'intégrisme
idéologique ou religieux, les utopies entretenant la jouissance du sans-limites, l’appui tant sur un sub-
jectivisme absolu que sur une rationalité instrumentale tout aussi absolue, sur une weltanschauung par
trop totalisante, globalisante et synthétisante, dans un dogmatisme et la désubstancialisation du Réel,
participent d'une psychologie de masse compacte, à l'encontre d’un travail de culture, la kultu-
rarbeit cher à Freud, d’un universel du singulier intriqué à un processus de subjectivation et d'une res-
ponsabilité de pensée et d'action, singulière et collective, du " Et tu choisiras la vie", de l'humour en
tant que paradigme de la pensée et de la disposition interne de Mensch.
L’antisémitisme est une paranoïa apathiquement perverse, un délire grégaire, une psychose de
foule, sans vérité ni langage, requérant un amour radical des certitudes et l’ assurance d’une représen-
tation de complétude narcissique, à quoi la transmission tordue, d'angoisse ou de rire, dont le Judaïsme
renvoie une image en miroir, est insupportable en tant qu’elle engage l’assomption de la différencia-
tion, et ainsi de l’incomplétude, du manque, aux sources d’un travail de symbolisation et de sublima-
tion, et la responsabilité à combattre le destin, y compris celui q'on s'était fait.
Qu'en est-il de l'articulation de l'inconscient avec le langage, le désir et la Loi? Qu'en serait-il d'un
Totem sans tabous, une culture du narcissisme et du fantasme d’omnipotence, qui marquerait le déclin
de l'Oedipe et de la conflictualisation psychique qu'il structure et qui est au fondement de la pensée ?
Que produirait aujourd'hui la théorie du neutre et l'idéologie du genre annihilant à la fois l'invention du
Père et la figure du féminin, dans la continuité du déconstructivisme, du relativisme culturel, de l’uni-
versalisme en vogue, précisément au nom d’un droit à la différence, à l’égalitarisme?
La psychopathologie, une clinique du contemporain et de ses symptômes, l’héritage de Raphaël
Draï et celui de Michaël Bar Zvi, deux des grands penseurs juifs contemporains, à la fois français et
israéliens, nos amis chers récemment disparus mais qui continueront à nous accompagner de près dans
la réflexion des problématiques fondamentales comme cela a été le cas des dizaines d'années, deux
« grands-hommes », des Mann, à qui nous rendons hommage, dont l’existant-Mensch, la pensée et
l’oeuvre, étayent singulièrement à partir de cette thématique de la transmission, notre démarche, des
ouvrages comme L'Homme Moïse et la religion monothéiste de Freud, des oeuvres, Aharon Ap-
pelfeld, Celan, Romain Gary, Perec, Modiano, Schwartzbart, Marquez, Roth, Potok, Bellow, Wiesel,
Husserl, Spinoza, à contrario de Sade, Genet, Céline, Baudelaire, des travaux, ainsi sur l’institutionnel
(Goffmann), l’analyse du politique, pourraient nous guider…
"Ce dont tu hérites de tes pères, acquiers-le pour mieux te l’approprier. », écrit Freud dans la
préface de Totem et tabou (1912), et dans l’Abrégé de psychanalyse (1937), reprenant Goethe qui
poursuivait: « Ce qui sera laissé de côté sera d'un poids lourd »..
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Cette thématique convoquera, ainsi la démarche de Schibboleth-Actualité de Freud, les divers
champs disciplinaires, la psychanalyse et la psychopathologie, le droit, l’histoire et les sciences-géo
politiques, l’analyse des discours, des images, des cultures, des idéologies et des médias, la pensée
juive et les religions, l’anthropologie et les sciences humaines, sociales et du vivant, la littérature et les
arts plastiques et cinématographiques…
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Quelques axes
Le développement de l’enfant, de l’adolescent face au réel et dans la transmission, les processus d’at-
tachement, de symbolisation, d’identification, d’individuation, de subjectivation, la relation d’objet, la
psychopathologie des liens. ¶ Bâtir un sujet collectif, politique, un peuple (le paradigme du sionisme)
– ou pas ¶ Éthique et politique – Héritage-Transmission-Histoire-Tradition – Appartenance et créativi-
té – Construction d’une liberté responsable et de la transmission : La « Sortie d’Égypte », les « To-
piques sinaïtiques », des paradigmes à l’œuvre. ¶ Transmission de la haine et Haine de la transmission
(antisémitisme) ; propagation de la destruction (délires collectifs de filiation, fanatismes génocidaires,
transferts héréditaires ?) ; l’Europe malade de ses dénis, à l’épreuve de la Shoah. ¶ Inconscient, répéti-
tion, élaboration : la transmission dans la cure psychanalytique et ses obstacles (transfert, refoulement,
clivage…) ; la responsabilité généalogique de l’analyste – « Psychanalyse avec fin, psychanalyse sans
fin » ? ¶ Le temps de transmettre, gageure du contemporain : quid de la parentalité, de la place des
générations, du sexuel, de l’attraction de l’indifférencié, du neutre, de l’immédiat ? Nouvelles parenta-
lités, idéologie du neutre et théorie du genre, transhumanisme et transmission. ¶ Transmission, tradi-
tion, création / « Judaïsme terminable, judaïsme interminable » ? « Et tu choisiras la vie » ; l’oral et
l’écrit ; donner, recevoir, critiquer ; responsabilité et libre arbitre dans la réciprocité de la transmission.
¶ Transmission et vieillesse. ¶ Mythes et sciences. ¶ Traumatisme et transgénérationnel vs L’amour de
l’humour. ¶ La transmission dans la langue, vérité et fiction (cinéma, art et littérature, historiographie,
journalisme…)
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Raphaël Draï, Professeur de Droit et de Sciences Politiques, Doyen de la Faculté d’Aix en Provence,
puis d’Amiens, Professeur associé à Paris Diderot au département Psychanalyse et Sciences Hu-
maines, Président d’Honneur de Schibboleth-Actualité de Freud. L’oeuvre et la pensée de Raphaël
Draï pourrait se nommer « l’invention de la liberté responsable » Le champ de sa pensée associe tradi-
tion juive et sciences humaines, qui nous laisse la responsabilité stimulante d’une transmission consti-
tutive du choix de la vie. S’y croisent et s’étaient les unes les autres la pensée psychanalytique, la pen-
sée juive, le Droit, les sciences politiques, le sionisme, la bio-éthique, la philosophie… Depuis La po-
litique de l’inconscient ; La sortie d’Égypte. L’invention de la liberté ; Le mythe de la loi du talion ;
Freud et Moïse. Psychanalyse, loi juive et pouvoir ; Lettre ouverte au Cardinal Lustiger, La traversée
du désert. L’invention de la responsabilité ; La communication prophétique ; Sous le signe de Sion ;
Topiques sinaïtiques, à Totem et Thora, en passant par ses textes dans les ouvrages de Schibboleth –
Actualité de Freud –, dont « Sur une proposition inattendue de Charles Baudelaire relative à “ l’ex-
termination de la race juive ”. Contribution à la notion de “ transfert anti-juif héréditaire ” »
Michaël Bar Zvi, Docteur en philosophie politique ; Professeur de philosophie en France puis en Is-
raël ; Directeur de la formation des enseignants en philosophie à l’Institut Lewinski à Tel aviv ; Délé-
gué général du KKL en France ; professeur à l’Institut Universitaire Elie Wiesel; Vice-Président de
The Interdisciplinary Institute Schibboleth – Presence of Freud – ; auteur d’une dizaine d’ouvrages
dont Le sionisme (PUF, 1978), Philosophie de l’antisémitisme (PUF, 1985) ; Pour une politique de la
transmission (Les Provinciales, 2016). Avec des thématiques qui seront notamment abordées,
s’étayant sur ses écrits : Être et exil, Philosophie de la nation juive ; Éloge de la Guerre après la
Shoah ; Pour une politique de la transmission ; Philosophie de l’antisémitisme ; Israël et la France ;
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Jérusalem, désir de vie et crise de l’être ; Le temps, architecte de la transmission dans le monde
contemporain. Peut-on « guérir » de l’antisémitisme ? Le cas Pierre Boutang ; Descendants, héritiers
ou témoins ; les fondements de la tradition orale du Judaïsme ; Vergangenheitsbewältigung. L’expé-
rience revécue régulièrement de la sortie d’Egypte réunissant les enfants d’Israël autour d’une Loi, et
de la construction du sens de celle-ci, d’une part, et, d’autre part, « le meurtre fondateur », touchent à
l’une des interrogations anthropologiques essentielles de la condition humaine.
Avec
Cyril Aslanov ((Professeur Aix-Marseille Université /CNRS-LPL (UMR 7309) / Membre de l’Institut
Universitaire de France ; Académie de la langue hébraïque, Jérusalem ; Université d’État de Saint-Pé-
tersbourg ; Membre du Comité Scientifique de Schibboleth – Actualité de Freud – Isr-Fr.) : « La place
de la compétence linguistique dans la transmission de l’identité juive. »
(Abstract : Tout au long de l’histoire juive, la connaissance de la langue sainte (hébreu + araméen) a joué un
rôle-clé dans la transmission de l’identité religieuse juive. Les rares cas où cette identité s’est transmise sans le
recours à la dimension linguistique confirment a contrario l’importance de la connaissance des langues ances-
trales dans la préservation et la continuation de l’être juif. Le judaïsme alexandrin de l’époque hellénistique et
romaine qui perdit de bonne heure la pratique de l’hébreu (IIIe siècle avant l’ère courante) a disparu sans laisser
de traces, sans doute parce que du point de vue linguistique, rien ne le protégeait de l’assimilation totale à l’oi-
koumenè hellénistique. Le marranisme hispano-portugais n’a pas résisté en tant que tel, de sorte que les descen-
dants des crypto-juifs de la Péninsule ibérique ou du Nouveau Monde, qui ignoraient tout de l’hébreu, ont pré-
servé la mémoire d’une identité plutôt que l’identité elle-même. Les Beita Israel d’Éthiopie dont la langue sainte
était le ge’ez, également en usage chez les Chrétiens abyssins, ont eu toutes les peines du monde à se faire re-
connaître comme juifs au moment de leur immigration collective en Israël (1984 ; 1991). Enfin, la renonciation
partielle à la pratique de l’hébreu dans le culte synagogal du judaïsme réformé amène à reposer la question de
l’importance du facteur linguistique dans la préservation d’une identité juive capable de résister à long terme aux
rouleaux compresseurs de la pensée unique et de la mondialisation.
Pourtant un contre-exemple de taille pourrait remettre en question la centralité du facteur linguistique dans la
préservation et la transmission de l’héritage juif. De fait, dans la plupart des communautés juives du monde, les
femmes, qui sont pourtant a minima les transmettrices de l’identité juive, n’avaient traditionnellement pas accès
à la connaissance de l’hébreu. Capables de lire et écrire le taytsh (judéo-allemand écrit ; vieux yiddish) en
contexte ashkénaze ou tout simplement illettrées dans d’autres parties du monde juif, elles n’en ont pas moins
assumé un rôle fondamental dans la transmission de l’identité juive (bien au-delà de la matrilinéarité qui est tout
plus une condition sine qua non). Le rôle déterminant des femmes dans la transmission de l’identité juive amène
à supposer l’existence d’une autre dimension, plus sémiotique que proprement linguistique, dans les dynamiques
de la transmission de l’héritage juif tout au long des générations. La prise en compte du facteur sémiotique
propre à la dimension proprement féminine de l’identité juive incite à reposer la question de la transmission
d’une façon qui prend en compte la contrepartie sémiotique du linguistique. Une fois pris en compte ce prolon-
gement sémiotique, la question de savoir si le judaïsme peut se transmettre quand ni la dimension linguistique ni
sa contrepartie sémiotique ne font plus partie du viatique confié aux générations futures, se pose avec d’autant
plus de force.)
Patrick Bantman (Psychiatre, Thérapeute familial, Ancien Chef de Service Hôpital Esquirol, Paris,
Membre du Comité Éditorial de Schibboleth - Actualité de Freud -, Fr, et du Comité Scientifique de
The Interdisciplinary Institute – Presence of Freud –, Israël, Fr, Isr): « Rester vivant malgré la douleur
— De la transmission intergénérationnelle des traumatismes » (Nous empruntons ce titre à Zeruya Sha-
lev, romancière israélienne qui a été victime d’un attentat il y a dix ans, pour évoquer une nouvelle fois la ques-
tion de la transmission de traumatismes. Notre expérience dans ce domaine concerne les traumatismes liés à la
shoah et à ces répercussions à l’écoute de survivants, mais également à l’écoute clinique des victimes d’attentats.
De ces différentes situations il y a des points communs, en particulier la difficulté à rendre compte d’un passé
traumatique dans les termes d’une expérience transmissible, ou d’une épreuve surmontée, et celle de constituer
un récit initiateur ou formateur. Ce sont ces silences, l’absence de paroles, les omissions sur ces vécus trauma-
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tiques, même quand ils n’ont pas la gravité de la shoah, qui creuse une distance d’incompréhension entre généra-
tions, et même au sein de la même génération… Souvent ce qui se transmet passe à l’insu. Nous mesurons le
poids des silences, des « trous » dans la mémoire.)
Guta Tyrangiel Benezra (Professeur émérite en Droit, peintre, écrivain): « Vrai…ment ! Récit de
l’enfance sous la terreur » (Sous la forme d’un dialogue socratique, Guta Tyrangiel Benezra recherche le sens
de sa survie et réfléchie sur son héritage juif qui, malgré l’absence de la tradition familiale et communautaire, l’a
guidé dans sa vie. Elle écrit : Nos racines, nous ne chercherons plus dans une terre définie, car elles sont suspen-
dues entre la terre et le ciel et remplies de cendres de millions de victimes de la cruauté des humains sans
conscience, sans âme, et vides d’amour. Nous sommes un arbre de vie à l’envers… remplis d’un puissant
souffle de vie, le vent nous emporte, et les oiseaux, nous enchantent.)
Georges Bensoussan (Historien, Professeur Agrégé HDR, Membre du Comité Éditorial de Schibbo-
leth – Actualité de Freud –, Fr.): « Transmission, "devoir de mémoire" et ordre social : un équilibre
difficile.» (Une interrogation sur la dérive du « devoir de mémoire », utilisé dans une rivalité perverse entre les
communautés au travers une posture victimaire narcissique et ainsi d’un comblement identitaire, source d’une
mortification envieuse et mimétique, destructrice, plutôt que de véritables processus féconds de transmission)
Évelyne Chauvet (Psychiatre, Psychanalyse, Membre titulaire formateur de la SPP, Société Psycha-
nalytique de Paris ; Secrétaire scientifique de la SPP ; Membre du Comité de rédaction de Schibboleth
– Actualité de Freud – (France) ; Ancien médecin directeur du CMPP de l’OSE, Fr.): « L’analyste-pas-
seur : transmission et identité, l’histoire à l’oeuvre » (Transmission et identité sont deux
notions qui ne sont pas dissociables du concept d’identification, des processus identificatoires qui traversent et
construisent l’histoire familiale et individuelle, pas seulement au sens « historique » mais au sens psychique. Il
s’agira de « transmission identitaire », thème envisagé sous l’angle du trauma historique de la Shoah qui a pris
l’identité pour cible de la destruction. Quelle sont la place et la fonction de l’Histoire dans la clinique des trans-
missions inconscientes dans les générations de survivants ou d’enfants de survivants, quand les identifications
sont indissociables de ce que j’appellerai le « trauma implanté», implanté du fait qu’il n’a pas été vécu directe-
ment mais transmis en creux, en négatif, infiltré sous des formes imperceptibles, infimes. Les questions com-
plexes de transmission comme de non transmission se posent dans notre compréhension de la clinique prise dans
ce contexte spécifique d’un trauma collectif dont on sait la visée d’effacement identitaire total. Lorsque l’histoire
psychique est pétrie de ce trans-générationnel fait d’un « historique d’effroi », cela implique des ajustements
stratégiques et techniques, où l’analyste devient « un passeur » . Toute entreprise thérapeutique, psychothéra-
pique ou psychanalytique, doit tenir compte du risque d’effondrement désorganisateur par fragilisation des dé-
fenses de survie, comme l’expérience le montre souvent.)
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Freud –, Israël -): « Les origines et la transmission de l'éthique comme responsabilite pour l' autre au
regard des constellations familiales contemporaines. » (« La transmission du matriciel autrement dit de
la capacité éthique… » (avec les trois premières années de Moïse à l' appui !!)
Marc Cohen (Médecin-gériatre, directeur médical du pôle santé autonomie de l’OSE, expert inscrit au
TPI ; Frankfurter Center ; Membre du Comité Éditorial de Schibboleth – Actualité de Freud –
(France), et du Comité Scientifique de The Interdisciplinary Institute – Presence of Freud –, Israël,
France): « Que nous apprend le midrash sur la transmission des biens matériels et spirituels
d’ABRAHAM à la postérité. » (Vieillir et transmettre - Depuis Abraham - ….)
Daniel Dayan (« Anthropologue des médias » ; Professeur à The New York School for Social re-
search, New York ; Professeur de Théorie des médias à l’Institut d’Études Politiques de Paris ;
membre de l’Institut Marcel Mauss, École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris ; contribu-
tions à Annals of the American Social and Political Sciences, American journal of Sociology, Commu-
nications, The Journal of Communication, à Cambridge : Harvard University Press ; Membre du Co-
mité Scientifique de Schibboleth — Actualité de Freud; Fr.): « Pour un déminage Conceptuel —
Comment l’invocation du « respect-de l’autre » permet –elle de rendre inaudibles les notions cen-
sées permettre la transmission éthique ». (1. La possibilité de toute transmission commence avec une
certaine continuité dans le sens des mots. Lorsque les mots et leur sens voient leurs significations dévoyées ou
remplacées par d’autres dans une sorte de Guérilla conceptuelle ou de Jihad Notionnel, on aboutit non seule-
ment à l’impossibilité » de la transmission, mais aussi à celle des débats au prix desquels une telle transmission
est possible. La liberté d’expression présuppose la possibilité d’une telle expression. Mais la confiscation autori-
taire du sens des mots et la mise en place de « novlangues » par des minorités actives débouchent sur des ‘diffé-
rends’ au sens de Lyotard. Toute transmission se heurte alors à un dialogue de sourds. 2. Prenons un exemple de
manipulation autoritaire venu du vocabulaire politique, celui de la « liberté d’expression ». Cette notion est prô-
née comme un absolu par la gauche de Chomsky lorsqu’il s’agit de prévenir toute censure des néo-nazis à Sko-
kie en I977. Aujourd’ hui elle est un objet de méfiance pour la gauche de la « New Censorhip Theory ». Un
revirement à I80 degrés s’est opéré, notamment avec la fatwa contre Zalman Rushdie. Celui-ci ne beneficiait
plus d’un droit incondtionnel à s’exprimer. 3. Un tel basculement se réclame d’une primauté de l’éthique (res-
pect de l’autre) sur le politique (discours démocratique). Mais le problème de cette « éthique » est qu’elle répond
elle-même à une politique de l’Autre. En effet, elle opère une distinction entre certains « autres » dignes de res-
pect ou de « reconnaissance » au sens de Honneth, et d’autres « autres » qui, eux , restent moralement négli-
geables. Tous les autres ne se valent donc pas. Il existe ainsi des « super-autres » (souvent fétichisés ) et ceux que
j’appellerais des « subalternes » .
C’est au nom d’une telle distinction que des mots comme, race, racisme, antisémitisme, se voient investis de
nouvelles valeurs et de nouvelles significations créant le doute sur la nature des valeurs qu’ils sont censés trans-
mettre.)
Simon Epstein (Historien, économiste, Hebraïc University of Jerusalem, Israël; professeur à l’Institut
Universitaire Elie Wiesel; Membre du Comité Scientifique de Schibboleth – Actualité de Freud –
(France), et du Comité scientifique de The Interdisciplinary Institute – Presence of Freud –, Israël) :
« Un peuple face a son malheur : la transmission trans-générationnelle du souvenir des éruptions
anti-juives, du Moyen Age a nos jours. » (Le peuple juif a pratiqué plusieurs modèles de transmission du
souvenir des crises, violences et persécutions enregistrées tout au long de son histoire. Certains de ces modèles
valorisent le comportement des Juifs attaqués, d’autres au contraire critiquent les victimes et leur reprochent de
n’avoir pas réagi comme elles auraient du le faire. Une typologie analytique de ces divers modèles de transmis-
sion sera présentée.)
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UNITWIN Program on Violence (UNESCO), Isr.): « Transmission transgénérationnelle du trauma
par les victimes et par les agresseurs »
(Dans cette étude, je montre qu’il y a une véritable « Loi du silence », qui s’impose tant chez les victimes que
chez les agresseurs, lors de la transmission du traumatisme. Comme modèle de victimes, j’ai pris les « enfants
cachés » (en France pendant la Shoah), afin de démontrer cette loi du silence, qui a entraîné le fait que pendant
longtemps, ces victimes n’ont pas parlé à leurs enfants. Pour ce qui est des bourreaux, je parle des Allemands
d’après guerre, et je démontre que le silence s’est aussi installé de telle sorte que les enfants de la première géné-
ration n’ont pas su ce qui s’était vraiment passé pendant la deuxième guerre mondiale. Enfin j’ai noté que ce
silence a permis la perpétuation du comportement et de victimes et d’agresseurs. Néanmoins, dans les deux cas,
ce sont les petits enfants, qui ont commencé à questionner leurs grands-parents, et ont permis de faire une tant
soit peu la lumière sur ce qui s’était vraiment passé. Mots clefs: Trauma – Transgénérationnel – Silence – En-
fants – Shoah)
Michal Govrin (Écrivain, poétesse, Membre du Comité Scientifique de The Interdisciplinary Insti-
tute – Presence of Freud – ; Professeur Emouna College, Institut Van Leer, Isr): « Mémoire et respon-
sabilité - La transmission de la mémoire de la Shoah: la Hagada pour Yom HaShoah, Hitkansut »:
(Présentation des conclusion du groupe interdisciplinaire de recherche, que j'ai dirige a l'Institut Van Leer: La
mémoire transmise et fictionnelle de la Shoah, 75 ans après. Une d'elle est l’élaboration de la Hitkansut: Hagad-
da pour un "seder" de commémoration interactive, sous le titre: La responsabilité de se souvenir/ se souvenir
avec responsabilité. Réclamer pour la Shoah la mémoire juive, confisquée par l'occident chrétien. La Hitkansut,
dissiminée par l"institut Hartman, est adoptée par des milliers d’israéliens de tout le spectre de la société, et est
actuellement en projet de d’adaptation en français.)
Michel Granek (psychanalyste, Membre titulaire et formateur, Psychoanalytic Society of Israël, psy-
chiatre, ancien directeur du département de psychothérapie psychanalytique, université de Tel Aviv ;
Membre du Comité de rédaction de Schibboleth – Actualité de Freud – (France), et Vice-Président de
de The Interdisciplinary Institute – Presence of Freud –; Isr.): « Nos ancêtres les Gaulois » (Une
image d’Epinal, bien naïve, montrant un Vercingétorix aux tresses et moustaches blondes ralliant les tribus gau-
loises n’était pas peu pour transmettre aux petits écoliers français des années 50, qu’ils avaient tous pour ancêtres
les gaulois. Pour certains, les juifs en particulier, mais pas seulement, un autre patrimoine avait été transmis.
Comment ces deux héritages culturels devaient se brasser ou s’affronter, quel étaient leur impact sur les repères
identitaires et la subjectivation de ces sujets, tel est le thème de la réflexion que je propose.)
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Michel Gurfinkiel (philosophe, essayiste, éditorialiste, a contribué à Valeurs actuelles (ex rédac-
teur en chef), Le Spectacle du Monde, Commentary, The Wall Street Journal, The New York Sun,
The Middle East Quarterly (en), The Weekly Standard, The Jerusalem Post.; Membre du Consis-
toire central israélite de France et du Consistoire de Paris; Fr.-Isr):
Yaël Hirsch (Docteur en philosophie, Chargée de conférences, Institut d’Études Politiques, Paris, Institut
d’Études Juives, Paris, Fr): « Quelle tradition transmet-on ? Penser une forme et un contenu qui
fondent le vivre ensemble sans le figer. » (Entre individu, le Contrat social ne peut pas être repensé à zéro à
chaque instant et à chaque génération. Les citoyens et les sujets s’ancrent donc dans des valeurs et des conventions
acquises et transmises. La somme de ces valeurs constitue une tradition. Mais comment s’assurer que la tradition soit
assez solide pour soutenir la société qu’elle articule tout en laissant place au nouveau et à la liberté de chacun des su-
jets qui la partagent ? Il semble que cela soit autant une question de contenu (y a-t-il une hiérarchie des valeurs ?) que
de forme (quelle transmission ?). En tentant de définir une tradition qui n’enferme pas, avec Freud, Arendt, Jonas et
Shields, nous tenterons de répondre à cette question classique qui scinde traditionnellement les « études multicultu-
relles » en deux camps : les communautariens et les libéraux pour essayer de dépasser cette opposition.)
Muriel Katz (Maître d'enseignement et de recherche en psychologie clinique, Laboratoire de recherche en psy-
chologie des dynamiques intra- et inter-subjectives (LARPSYDIS); Psychologue-psychothérapeute FSP; Bureau
4114; GEOPOLIS - Université de Lausanne - CH-1015 Lausanne, Suisse; Membre du Comité de rédaction de
l’Association Internationale Inter-universitaire Schibboleth - Actualité de Freud, Suisse): « De l'absence de
traces à la trace des absents. Un travail polyphonique d'historicisation après la Shoah »
(Eprouver un sentiment de continuité de soi dans le cours du temps constitue le socle du sentiment d’identité.
Cela suppose de pouvoir s’inscrire dans une histoire singulière dont le sujet est à la fois le narrateur et le person-
nage principal. Or, un tel travail d’historicisation s’écrit à plusieurs voix. Il suppose que le sujet puisse progres-
sivement enraciner sa préhistoire, l’histoire de sa naissance, de sa petite enfance et plus largement de son exis-
tence dans un roman des origines qui retrace l’histoire de siens et la sienne propre. Or, comment construire l’his-
toire de ses origines lorsque le contexte socio-politique engendre une catastrophe d’une telle ampleur qu’elle met
à mal l’existence même du groupe d’appartenance, lorsqu’elle dévaste les médiations instituées qui sont préci-
sément supposées garantir la transmission de la mémoire collective et la traces des liens de filiation qui tissent le
corps social ?)
Francine Kaufmann (Prof.Émérite traduction et pensée juive, Université Bar Ilan, Isr., Docteur en
littérature française, essayiste interprète, enseignante à l’Institut Universitaire Élie Wiesel, Paris): « La
transmission de l’identité juive dans les romans d’André Schwarz-Bart » (récit, imitation, identification et
compassion).
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auxquelles le bébé s’identifie (identification projective). Ce processus identificatoire se manifeste souvent
par des symptômes non spécifiques qui amènent le Tout Petit et ses parents à nous consulter. Sans traite-
ment, le Tout Petit risque de devenir un enfant et un adolescent à problèmes psychiques. Nous apporte-
rons des illustrations cliniques de ce processus (Bébé victime, bébé persécuteur….))
Rony Klein (Enseignant à l'Université de Tel Aviv, Isr., Département de Littérature. Spécialisé en phi-
losophie française contemporaine et pensée juive): « Le sionisme et la crise de la transmission juive. »
(Proposition: « Le judaïsme est une tradition fondée sur la transmission d'un texte. On sait en effet que le pas
décisif dans l'Histoire du judaïsme fut l'instauration de la tradition orale, qui se réclame de Moïse lui-même,
comme il est dit: "Moïse reçut la Torah du Sinaï, et la transmit à Josué, lequel la transmit aux Anciens, qui la
transmirent à leur tour aux Prophètes, et ces derniers la transmirent aux hommes de la Grande Assemblée." (Trai-
té Avot 1:1). Le concept de "transmission" (à la fois "kabbalah" et "messira") se trouve au cœur du dispositif de
la Torah orale, dont le rôle est précisément de transmettre le texte de la Torah écrite à chaque génération, par la
voie des maîtres et des enseignants qui la déposent entre les mains des disciples censés eux-mêmes devenir des
maîtres à leur tour. C'est ainsi que le judaïsme a survécu pendant deux mille ans d'exil: dans les maisons d'étude,
au travers d'un enseignement vivant et ininterrompu. Or, le sionisme est précisément venu rompre cette
chaîne de la tradition, en instaurant un Etat juif sur la terre d'Israël. Ce n'est pas que le sionisme soit en
lui-même en contradiction avec la tradition juive de la transmission. En soi, le retour à Sion devrait
permettre de renouer avec une identité plus ancienne, l'identité hébraïque qui s'est constituée aux
temps bibliques sur la terre d'Israël. Mais de fait, le sionisme issu de Herzl et de Ben-Gurion a opéré
une rupture en optant pour une voie étroitement politique, calquée sur le modèle des Etats occiden-
taux. Plutôt que de comprendre que l'Etat n'était qu'un moyen de sauvegarder le trésor de la tradition,
le sionisme politique a adopté un discours idéologique dur, qui stipulait que la vie juive en exil avait
été une dégénérescence des forces vives de la Nation, et qu'il s'agissait d'effacer un mode de vie pour
lui en substituer un autre: un mode de vie plus "sain", lié au travail de la terre et à la défense physique
du peuple par les armes. Bien que l'idéologie sionisme ait perdu du terrain ces dernières décennies,
elle a largement contribué à couper le peuple juif de sa tradition en le transformant en une "Nation is-
raélienne", qui se réclame des mêmes valeurs et du même mode de vie de "l'Occident", considéré
comme une civilisation mondiale.
L'objet de notre intervention est d'examiner la révolution sioniste à la lumière de la question de la transmission,
et de poser la question des enjeux de cette mutation de l'identité juive aujourd’hui. »)
Colette Leinman (Docteur en littératures, Chargée d’enseignement à l’Université Tel Aviv, membre
du Groupe ADDAR, Secrétaire et membre du Comité Scientifique de The Interdisciplinary Institute
Schibboleth- Presence of Freud, artiste plasticienne, écrivain) : « Transmission de l'expérience de
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l’exil ou de la représentation de l'utopie chez les artistes juifs et israéliens. » (L’expérience de
l’exil prend une part active dans le narratif de l’histoire juive. L’exil, sanction punitive autant collective qu’indi-
viduelle, se manifeste par l’image du « juif errant » véhiculée par la tradition chrétienne. A ces périodes d’incer-
titude, d’inquiétude et de souffrance, une projection dans l’avenir propose une issue. L’attente messianique qui
rejette l’ordre établi suscite de nombreuses utopies qui ont permis de sublimer cet exil subi. Le sionisme, avec
pour projet l'établissement rationnel d'une société idéale (eutopia) et la ‘création’ d’un homme nouveau (le tsa-
bar), n’a-t-il pas été perçu comme une forme sécularisée du messianisme ? Dans cadre de notre réflexion, l’ima-
ginaire artistique offre lui-aussi un ailleurs meilleur, une rupture avec le passé, une re-naissance. Ainsi en
1919, des artistes juifs se joignent à Chagall qui vient d’ouvrir les portes d’une « École d'art populaire ». Ils y
enseignent une révolution esthétique, l’abstraction, selon laquelle une représentation innovante de la réalité peut
régénérer la société (El Lissitzky ; Kasimir Malevich)[1]. Après la seconde guerre mondiale, de nombreux artistes
juifs américains (Barnett Newman, Mark Rothko, Eva Hesse, Adolph Gotlieb,..) et plus tardivement, israéliens,
(Yossef Zaritzky ; Avigdor Stematsky et Yehezkel Streichman) ont rompu eux-aussi avec les codes esthétiques
associés à une civilisation qui a débouché sur l’horreur. On pourrait alors se demander si la recherche de l’abs-
traction lyrique et l’expressionnisme abstrait ne s’inscriraient pas dans une transmission de l’expérience existen-
tielle juive, éthique et mystique, cette fois dans une dimension universelle.)
Ofer Lellouche (Peintre- sculpteur/Tel Aviv, Membre du Comité Scientifique de Schibboleth- Actuali-
té de Freud, et de The Interdisciplinary Institute – Presence of Freud –, Isr.): w.Michel Gad Wolko-
wicz: « Le veau d’or & la Gradiva : de la chose au verbe » (Transmission et mémoire dans l’art et la
psychanalyse: différentiel entre la transmission comme investissement identificatoire intériorisé conflictuali-
sable et l’investissement en la destruction par identification mimétique par introjection. Discussion autour de
l’actuel de l’expérience ambivalentielle de la sortie d’Égypte et de Délire et rêve dans la Gradiva de Jensen, de
Freud).
Eric Marty ( Professeur de littérature Moderne, Université Paris Diderot, Institut Universitaire de
France, philosophe, écrivain, éditeur des oeuvres de R. Barthes, Membre du Comité Éditorial de
Schibboleth – Actualité de Freud –, Fr.): « 1950-1980, les Modernes et la transmission symbolique ».
(« En postulant l’existence d’un ordre symbolique structurant la place de l’homme dans le monde comme sujet
parlant, le courant structuraliste ou post-structuraliste (de Lévi-Strauss à Barthes en passant par Lacan et tant
d’autres), les Modernes se sont engagés dans une aventure intellectuelle au cœur de laquelle la transmission était
en jeu : on s’intéressera à la dimension juive impliquée dans cette transmission et son lien avec l’entreprise de
subversion ou de déconstruction qui lui était parallèlement attachée. »)
Yehouda Moraly (Professeur Émérite et ancien directeur du Département d’études théâtrales Univer-
sité Hébraïque de Jérusalem, PhD, Paris III, Université fédérale de Rio de Janeiro, Université de Tel
Aviv, Bar-Ilan ; écrivain, metteur en scène de théâtre, Isr.); « La représentation du rapport maître-
élève dans le cinema, le theatre occidental et dans l’univers juif » (Dans le théatre et le cine-
ma occidentaux, la transmission du savoir est souvent montrée de manière négative. Le maître est ridicule.Il est
parfois criminel. Ou bien, se révoltant, l’élève veut détruire le maître. Dans le meilleur des cas le rapport maître-
élève évolue vers un rapport amoureux. La vision de la transmission dans le monde juif est toute différente. Le
rapport maître-élève est idéalisé et montré comme un rapport essentiel. On pourrait tenter d’expliquer cette diffé-
rence de vues par un rapport inverse concernant la vieillesse. L’Occident met en valeur la jeunesse. Le vieux
maître doit être renversé. Au contraire, dans un monde traditionnel, la vieillesse est un signe de sagesse qui fait
du maitre la source de savoir à laquelle on va puiser.)
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tage ? Que deviennent les notions d’acquisition et d’héritage, si elles sont vouées non pas à la possession mais à
la transmission ?)
Richard Prasquier (Médecin cardiologue, Président du Keren Hayessod, France, ex-Vice Pré-
sident de la Fondation de la Mémoire de la Shoah, Président d’Honneur du CRIF): allocution d’ou-
verture.
Franklin Rausky (Docteur d’Etat Ès-Lettres et Sciences Humaines, Directeur de Recherches docto-
rales à l’Université Paris-Diderot -Psychopathologie et Psychanalyse-, Doyen de l’Institut Universi-
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taire Elie Wiesel de Paris, Co-directeur du groupe de recherches « Judaïsme et Christianisme » (Insti-
tut Elie Wiesel et Collège des Bernardins): « Transmettre l’aventure d’Israël : l’histoire du sionisme
dans les sciences politiques et dans les études juives selon Michaël Bar Zvi ».
Jean-Louis Repelski (Universitaire, Université de Tel Aviv, membre du Comité Éditorial de The Interdis-
ciplinary Institute – Presence of Freud –, Isr.); discutant.
Ouriel Rosenblum (Prof. Psychopathologie Paris Diderot, psychiatre d’enfants et d’adolescents; respon-
sable médical, pôle enfants OSE; attaché de recherches au CHU Pitié Salpêtrière, CECOS Hôpital Co-
chin, périnatalité, service Prof. David Cohen, psychanalyste (Paris, France): « L’homme transsexuel, sa
femme, leur enfant et le psychanalyste — Un premier corps qui se transforme, pour aller à la rencontre
de ce premier corps, afin de fabriquer un nouveau corps… » (Une personne transsexuelle féminin vers
masculin (Female to Male, FtM) est une personne qui, ayant un corps de femme, se sent une identité d’homme, et
demande une réassignation de son sexe, par une transformation hormono-chirurgicale et un changement d’état civil.
Ensuite, cette personne peut jouir de toutes les prérogatives liées à son nouveau sexe. Ainsi, la loi française lui re-
connaît la possibilité de se marier avec une femme. Le couple étant stérile par absence de spermatozoïdes chez cet
homme, ils ont le droit de demander une AMP pour infertilité. Les Centres d’Étude et de Conservation des Oeufs et
du Sperme (CECOS) ont été réticents à la leur accorder craignant que l’homme transsexuel ne puisse être un père
adéquat et que l’enfant ne puisse pas avoir un développement normal, en particulier, en ce qui concerne son identité
sexuée. C’est dans ce contexte, que le CECOS de Cochin Port-Royal, à Paris, a initié un programme d’insémination
pour ces couples en 1999. La prise en charge comprend deux entretiens avec des psychanalystes, psychologue ou
psychiatre formé à la thérapie psychanalytique familiale et de couple. Nous proposons, à partir de ces entretiens,
d’analyser la dynamique du couple à la lumière de la transformation corporelle de genre, de tenter de définir la spé-
cificité du choix d’objet amoureux et les caractéristiques de la transmission auprès de leurs futurs enfants. Mots-
clés : AMP, Couple, Corps, Transsexuel, Transmission, enfant)
Richard Rossin (Cofondateur de Médecins du Monde, Ancien Secr. Gal.de Médecins Sans Frontières,
chirurgien, écrivain, ancien Vice-Président de l’académie Européenne de Géopolitique, Vice-Président
de The Interdisciplinary Institute – Presence of Freud –, Israël); « Transmission, judaïsme, sionisme,
Éléments de démontage » (ABSTRACT : Pour une histoire de la transmission à travers les
mythes, le graphisme hébraïque, les tribulations, d’Eber à Moïse, du peuple construisant son éthique : le couple
liberté/altérité est clairement défini lors de l’Exode ; c’est LA valeur dont, symboliquement, la pérennité est dans
son rapport à la pierre et son rapport à la divinité. Le sionisme qui nait durant l’exil de Babylone est arrimé à
cette valeur ; elle et lui, en permanence scandés, survivent aux empires et aux destructions nationales, ils tra-
versent le temps. La valeur va s’imposer parmi les Nations mais le sionisme parmi elles qui ne s’interrogent
plus, souffre toujours d’un ostracisme… une façon d’être à mi-Sion. Mischa Gad Wolkowicz m’a dit transmis-
sion. C’était à Césarée ou dans un restaurant telavivien. Trans-mission, au-delà de la mission, de la mission du
quotidien. Transmission, mission transmise pourrait-on dire.)
Georges-Elia Sarfati (Professeur des Universités; Ecole française d'analyse et de thérapie existen-
tielles (Logothérapie) V. Frankl; Réseau d'étude des discours institutionnels et politiques; Université
populaire de Jérusalem, professeur à l’Institut Universitaire Elie Wiesel; Membre du Comité de rédac-
tion de Schibboleth – Actualité de Freud – , France): «Transmission, symbolisation/dé-symbolisation:
A partir d’Israël ». (Il s'agit de réfléchir à la fonction ainsi qu'aux défis que rencontre la
transmission à notre époque (qualifié de post-moderne, ou d'hyper-moderne), en se centrant sur la portée de ces
notions en considérant le signifiant Israël (incidemment l'histoire récente du peuple juif. Mais le "à partir d'Is-
raël", indique bien que ce signifiant nous en dit aussi long sur le reste du monde»).
18
de philosophie que j’ai soutenu autrefois avec Lévinas Michel de Certeau, R. Mizrahi, J-T Desanti, O. Revault
d’Allonnes et H. Atlan)
Jacques Tarnero (Sociologue, ancien Chargé de mission CNRS, Membre du Comité Éditorial de
Schibboleth-Actualité de Freud, Fr): « « Zakhor » confisqué : les pièges institutionnels du « devoir de
mémoire » (Peut on dire de « Zakhor ! » qu’il constitue le onzième commandement pour un peuple qui
a frôlé tant de fois la disparition ? Se souvenir, rappeler, transmettre, que veulent dire aujourd’hui ces injonctions
quand le « ça » du "plus jamais ça » fonctionne comme une incantation vaine parce que que « ça » a recommen-
cé. A la barbarie extrême des crimes de masse, fait place une barbarie plus douce: si la langue du IIIe Reich
n’éructe plus des recommandations explicites ou secrètes de mise à mort, la langue du XXIe siècle s’inscrit dans
d’autres dispositifs dont la langue reste le premier vecteur. Auréolé de l’apparat d’une extension du droit, de la
science, de l’idée du progrès, le surhumain, le transhumain s’installe dans nos sociétés, saccageant un ordre
symbolique, abolissant des catégories construites au fil des siècles et des générations. Ainsi le vrai ne serait pas
le vrai, la "post vérité" concurrencerait la vérité, la terre ne serait pas ronde et les chambres à gaz n’auraient pas
existé. Des fake news au négationnisme historique parrainé par l’UNESCO ou l’ONU, des éléments de langage
nouveaux autorisent l’avancée des mots confortant l’ensauvagement du monde. La puissance médiatique
contemporaine, portée par un développement technologique inégalé, réduisant le temps et l’espace avance bien
plus vite que notre capacité à la penser et à l’apprécier d’un point de vue éthique. Comment penser cela ?
Comment préserver un ordre symbolique fondateur de l’idée d’humanité ? Comment penser l’histoire contempo-
raine à l’aune du brouillard actuel ? Pourquoi est il si difficile aujourd’hui de donner corps à ce "devoir de mé-
moire" ? Comment parler vrai au milieu des bruits du monde ou bien au contraire des abimes d’oublis ?)
Michèle Tauber (Maître de conférence HDR en langue et littérature hébraïque moderne et contempo-
raine, Université Sorbonne Nouvelle, Paris, Fr.) : « Le yiddish, langue de la transmission dans l’œuvre
d’Aharon Appelfeld » (Dès ses premières nouvelles dans les années cinquante et jusqu’à ses derniers romans,
Aharon Appelfeld transmet la langue et la culture de ses aïeux via la langue de la Bible. En effet c’est par le truche-
ment de l’hébreu que l’écrivain fait parler ses personnages en yiddish, leur confiant par là-même la mission sacrée de
continuer à transmettre tradition et culture juives dans la langue assassinée.)
Ilan Trèves (Ancien Chef de Service de Psychiatrie Hôpital Shelvata, Professeur et ex-Directeur à
l’Institut de Psychothérapie de l’Université de Tel Aviv, Membre Titulaire et superviseur de la Société
Psychanalytique d’Israël, Membre du Comité Scientifique de The Interdisciplinary Institute – Presence
of Freud –, Israël); Président de séance.
Sam Tyano (Professeur Emérite en Psychiatrie, Ancien Chef de service de Psychiatrie à l’Hô- pital
Gueha, Université de Tel Aviv ; former President of the Israeli Council for Mental Health,1997 Chair-
man of the National project on Infant Mental Health, 2004 Vice President of the International Associa-
tion for Child and Adolescent PsychiatryPrésident du Comité d’Ethique au sein de la WPA (Associa-
tion Mondiale de Psychiatrie de l’enfant et de l’Adolescent) ; Membre du Comité Scientifique de
Schibboleth – Actualité de Freud – (France), et Président d’Honneur de The Interdisciplinary Institute
– Presence of Freud – (Israël);
Philippe Val (Écrivain, journaliste, essayiste ancien directeur de Charlie-Hebdo, et de France Inter ;
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Membre du Comité Éditorial de Schibboleth – Actualité de Freud –, Fr.): « Athènes et Jérusalem,
sources de la démocratie; Cachez cette identité que nous ne saurions voir — Tu finiras clochard
comme ton Zola — »: ( Depuis le 11 septembre 2001, c’est par milliers que les démocraties mo-
dernes comptent leurs citoyens assassinés, victimes d’une guerre identitaire. Nous n’en sortirons victorieux qu’à
la condition de transmettre la connaissance et l’amour de notre démocratie. Mais comment faire si l’histoire de
celle-ci n’est pas enseignée ? Et pire encore, si cette histoire, qui est la nôtre, fait l’objet d’un rejet, d’une scanda-
leuse dissimulation ? Pendant des siècles, l’Europe de l’Ouest était les confins du monde connu où les exclus, les
commerçants, les aventuriers, les convertis de toutes sortes sont venus s’amalgamer pour inventer une civilisa-
tion où tous seraient des citoyens de plein droit. Notre précieuse identité, c’est d’abord celle d’un peuple de bâ-
tards, seul capable de penser le droit et la liberté universels. Il y a en chacun de nous un Grec, qui, depuis deux
mille cinq cents ans, arpente l’agora en améliorant sa définition du juste et de l’injuste, un Juif qui ne cesse d’in-
terroger la langue pour lui faire dire un droit universel, et tout un peuple de bâtards qui met son génie à leur prê-
ter main-forte. Voilà notre véritable identité, celle que nous devons chérir (avant toutes les autres). Cette identité,
elle est ce que nous sommes de plus élevé. Elle est la seule qui vaille qu’on la revendique haut et fort, que notre
fierté la féconde, qu’on la défende quand elle est attaquée, et qu’on l’aime passionnément. Pour l’heure, elle est
une Belle au Bois Dormant. Cachez cette identité que je ne saurais voir se penche sur elle pour lui dire que
l’heure du réveil est venue ; Quand il m’a confié la tâche de rédiger son histoire, Philippe m’a dit : “Je voudrais,
qu’à la fin, je puisse savoir ce que je garde du siècle passé pour le léguer sans rougir – ou sans frémir – à l’inno-
cence de mon fils.” Tâche délicate... Quelle autre époque française a produit autant de grands esprits qui se sont
contentés de prodiguer les leçons d’une morale fondée sur le mépris de l’innocence ? En suivant ton père pas à
pas, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’à nos jours, j’ai décidé d’écrire ce livre à ton usage pour
que sa conclusion prenne la forme d’une évidence qui ne soit pas très éloignée d’un effet comique. Tu sais que
son premier métier, et sans doute le seul qu’il exerçât jamais, consistait à divertir les honnêtes gens. À mesure
que je croisais les destins des acteurs de premier plan et des anonymes – du petit commerce, du monde ouvrier,
du music-hall, du journalisme ou de la politique – qui ont jalonné la vie de ton père, c’est la fresque tragi-co-
mique du siècle qui apparaissait. C’est ce que nous désirions t’offrir. C’était éprouvant, mais on a beaucoup ri.
Vraiment beaucoup. Dès le commencement. Bien sûr, au début, c’était les choses bêtes et laides qui nous amu-
saient. Puis on s’est aperçu que les choses intelligentes et belles faisaient encore plus rire, mais d’un rire diffé-
rent. Un rire avec la gorge un peu serrée, comme il arrive toujours lorsque souffle le courant d’air furtif de la
grâce, laquelle est l’expression ultime de la liberté que ton père désire te laisser en héritage.)
Gisèle Vered (psychanalyste, Machon de Tel Aviv, TAICP. Tel Aviv institut de psychanalyse contem-
poraine, Membre du Comité Scientifique de The Interdisciplinary Institute – Presence of Freud –, Is-
raël, Israël) (« Pères-versions; transmissions conscientes et inconscientes de nouveaux modèles? » (version,
non pas père-version ou mère-version mais PÈRES-versions. Eclatement de la triangulation classique. Transmis-
sions conscientes et inconscientes de nouveaux modeles. Revolte/Revolution ou bien simple sursaut de civilisa-
tion ? »)
Olivier Véron (Directeur des Éditions Les provinciales): "Politique et métaphysique de la langue chez
Michaël Bar-Zvi et Pierre Boutang » (Michaël Bar-Zvi comme Pierre Boutang, l’un en tant que juif
israélien, l’autre comme catholique, tous deux en philosophes de langue française et théoriciens politiques du
nationalisme – ont été attentifs à la dimension politique du langage, au « caractère politique de la langue » et à ce
que cela traduit de notre rapport à l’être, à l’origine : peut-il y avoir relation à l’autre absolu, échange, découverte
et désir sans singularité et sans secret ? Signe le plus singulier de l’appartenance, la langue est pour la nation son
ultime frontière, sa citadelle et se trouve au principe de toute souveraineté. Pour l’esprit la langue est à la fois
raison (logos) et mémoire historique, vérité transmissible et indéniable, aventure vers l’absolument autre. « Je ne
dis plus seulement que ma patrie c’est la langue française, écrivait Pierre Boutang, mais que c’est l’enseignement
et la transmission de cette langue dans son intégrité. » Et Michaël Bar-Zvi : « La langue hébraïque est le modèle
le plus essentiel et le plus secret de la nation juive.»)
Éva Weil (Membre de la Société Psychanalytique de Paris ; Chercheur associé à Paris I et CNRS,
UMR IRICE ; Chercheur associé Paris VII Paris Diderot dans l’équipe du Centre de Recherche Psy-
chanalyse et Médecine ; Chargée d’enseignement à l’Université René Descartes, Paris V, Fr.): discu-
tante de séance
20
» un savoir, des valeurs, un héritage. Or, dans ce domaine de la transmission, l’essentiel nous échappe : on
échoue le plus souvent à prodiguer les richesses que notre volontarisme voudrait transmettre, et d’autres conte-
nus passent par nous, hors de notre maîtrise et souvent même de notre conscience. Sur ces questions qui
concernent tout un chacun, le psychanalyste Jean-Pierre Winter apporte ici un éclairage singulier, à partir de trois
conférences données à Paris au Collège des Bernardins. Prenant les exemples de l’apprentissage de la lecture,
des héritages familiaux et des processus à l’œuvre dans les religions, il nous invite à découvrir les étranges para-
doxes de la transmission. Son érudition aussi bien littéraire ou talmudique que psychanalytique est souvent tein-
tée d’un humour et d’une vitalité propres à éveiller en nous des interrogations surprenantes. Un livre qui aide à
déconstruire les déterminismes et renvoie chacun à sa responsabilité de sujet.Avec la fin du patriarcat occidental
classique, la position du père au sein de la famille a radicalement changé, sa manière d’exercer la paternité aussi.
Le nombre de familles monoparentales a explosé et, désormais, un spermatozoïde suffit pour qu’une femme
donne naissance à un enfant : elle n’a plus besoin d’un homme. Quels seront les effets de ces bouleversements
sur la filiation et les générations à venir ? Les hommes, mais aussi les enfants et les femmes pourront-ils s’y re-
trouver ? Le psychanalyste Jean-Pierre Winter invite à réfléchir à ces questions dans un monde caractérisé par
l’effacement du père. En rappelant que sa place n’est pas simplement celle d’une figure éducative masculine,
l’auteur de Transmettre (ou pas) dessine les contours d’une fonction à réinventer.)
Docteur Michaël Worbs (Former Executive President UNESCO, Deutschland): « Défendre la paix
dans l’esprit des hommes — Histoire et rôle de l’Unesco dans l’éducation et la culture
» (l’expérience du Président Exécutif sortant de l’Unesco (qui a pris la décision d’inviter Freud, au
travers des psychanalystes notoires, à l’Unesco à la session extraordinaire des ambassadeurs à l’occasion de ses
adieux), sur l’éthique politique et l’exigence de la transmission, des échanges inter-culturels.)
« Les pierres sont moins importantes que les souvenirs des hommes »
(Haïm Joseph Yerushalmi, 1982, University of Washington Press).
––ש
21
INSCRIPTIONS :
1) pour les 3 jours 180 Euros ou 755 Shekels , collation midi et pauses rafraîchisse-
ment et café incluses.
4) Les étudiants de moins de 26 ans sont libres de participation aux frais pour le colloque (non
pas pour le dîner).
en euros , par carte, sur le site, par la page faire un don (en utilisant la case « montant libre »),
ou par chèque à l’ordre de Schibboleth, à envoyer chez Thibault Moreau, 2 rue Marie Stuart,
5110 REIMS ;
RENSEIGNEMENTS :
Pour toute question ne touchant pas à l’organisation des transports et du séjour, vous pouvez vous
adresser à :
contact@schibboleth.fr
ou Michel Gad Wolkowicz ; mgad.wolkowicz@gmail.com Tél.: +33 142 332 517 / +33 687
454 123 / Golan : +972 587 874 541 / +33 177 471 628
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Organisation (voyage et d’hébergement)
Pour les participants partant de France, notre partenaire habituel Continents5 est à votre disposition
(tél : 01 53 34 15 55 ; gilbert.allali@continents5.fr ; marcallali@continents5.fr) pour l’or-
ganisation du voyage vols et/ou hôtel, et peut vous proposer un forfait adapté au colloque, et, si vous
le souhaitez, une prolongation pour un tour, une excursion et des visites.
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