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ON DEVIENT
HOMOEOPATHE
PAR
TESTE
V^^e^&^Alphonse
Ancienpri5id|n£â«^a Sociétémédicalehomoeopathique
de France
TROISIEME EDITION
PARIS
J. B. BAILLIÈRE ET FILS, LIBRAIRES
Rue Hautefeuille, 19
1873
OIMAGES DE M. LE Dr A. TESTE
PUKLIÉS PAR
Rixe Hautefeuille, 19
ALEXANDRE MAGUET
A DAMPIERRE-SUR-SALLON
HAUTE-SAONE.
1
i
Je vous dédie la nouvelle édition de ce petit livre;
'.mais à une condition, c'est que vous le lirez. Si sa-
i vant que vous soyez, vous y trouverez maintes cho-
] ses que vous ne savez pas, que.vous ne soupçonnez
\. même pas. Au premier abord elles vous étonneront
au point que vous refuserez d'y croire. Mais si vous
f prenez la peine d'en vérifier expérimentalement l'exac-
| titude, je vous certifie que leur étude vous passion-
mera comme elle m'a passionné moi-même.
« Nihil contemnere, » mon cher Maguet, c'est Hip^
— IV —
Dr A. TESTE'.
ONDEVIENT
HOMOEOPATHE
flèvreintermittenle,a.veevertiges et hémorrhagiespassives,quepro-
duisentquelquefois,dans lesmanufacturesde tabac, les émanations
de cette plante en fermentationet que guérit l'arnica; ïaphlhisie
des sculpteurs, le tremblement des étameurs, etc., etc. Mais cela
m'entraînerait trop loin. i
48 SYMPTOMESMORAUX
ou peut-être spécialement à l'action de l'acétate de
chaux, ne pouvait être la même chez tous, et qu'il
devait y avoir là iune question d'idiosyncrasie, ques-
tion que Hahnemann a, en effet, si merveilleusement
résolue, relativement à un assez grand nombre d'a-
gents médicinaux.
Enfin, la-liste des symptômes moraux devint pour
moi l'objet des réflexions suivantes :
Quel beau livre il y aurait à faire sous ce titre aussi
piquant que nouveau : Symptômes moraux des mala-
dies ! L'esprit philosophique, l'observation médicale
et la physiologie transcendantale pourraient large-
ment s'y donner carrière.
Mais, va-t-on s'écrier sans doute, qu'entendez-
vous par ces paroles : symptômes moraux des mala-
dies ? Toutes les maladies seraient-elles donc pour
vous des affections mentales ? Car nous 'ne voyons
pas trop pourquoi, en dehors de eelles-ci, le médecin
aurait à tenir compte des capriees, de la maussaderie
ou de la gaieté de ses malades, non plus que de toutes
les chimères qui peuvent leur traverser l'esprit. C'est
bien assez déjà de nous occuper de leurs maux phy-*
siques; le reste ne nous regarde point et ne saurait
nous intéresser à aucun titre. Qu'un malade sou
triste, njoro.se, voire même impatient et irritable, il
est dans son dioit * ce n'est pas réjouissant de souf-
frir; qu'il soittaciturne etpréfèrelasolitude à Jasocidto'
SYMPTOMES
MORAUX 47
de ses semblables, tous les animaux malades en sont
là. Enfin, qu'une pusillanimité naturelle, accrue en-
core par l'épuisement, lui suggère de folles appré-
hensions, des remords de conscience, une certaine
exaltation religieuse, la peur de mourir, d'aller en
enfer, etc.; iln'y a rien là qui puisse surprendre: c'est
ce que nous voyons tous les jours, sans nous en
préoccuper jamais. — Et c'est' le tort que nous avons,
mes très-honorés confrères, car je suis convaincu que
toutes ces choses n'ont guère moins d'importance
que les enduits de la langue et Ta fréquence du
pouls.
Et d'abord,, je soutiens qu'il nfyà;rien dans les dià-'
positions-ou tes propensions morales de nos malades;
qui soit conforme à votre logique; Tous; tant s'en
faut, ne- sont- pa* tristes, même parmi ceux qui; selon
vous, auraient le plus dé sujet de 1-êtré 1; fous ne sont
1. J'aisoigné,pendant quëhj^essemaines,deux^pjitroisapsayanf
sa mortj lé célèbrepoëte allemand Henri Heine. La maladie à la-
quelle il finit par succomber,un ramollissement'dç là moelleépi-
nière, avait fait déjàchejs.luide.grandsravages,.Il-y avait parafysie
presque complètedu mouvementdans les membresabdominaux^
qui étaientle siègeidé douleurs atroces,que d-énormesdosesd'acé-
tate de morphine (30 àWcentigrammes par jour) ne parvenaient
point à calmer.Eh bien, malgrécetétat déplorable,sur lequelil ne
se faisait aucune illusion, Heineconservajusqu'à son dernier sou-
pir sa verve, son esprit,pétillait; sa; diaboliquegaieté;Moinsd'un
mois avantde mourir, il écrivit, pou»là Révui4$sDeum-Mondes; up
article éblouissantayant pour titre lesDieuxen mil. Il n'était pas
possibleà ses visiteurs de s'apitoyer longtemps sur son sort : au
43 SYMPTOMESMORAUX
plus fort de ses douleurs, il les faisait rire par ses saillies. Or,
.qu'au lieu, de..la maladie.dpnt.il se mourait, Henri Heine eût eu
seulementune.affectionchronique de la prostate, et sa gaieté aurait
t'ait place,à une hargneuse tristesse.
SYMPTOMES
.MORAUX 49
"sîble que ces dernières, lorsqu'elles préexistent à ces
causes, doivent, par une réciprocité bien légitime,
modifier, chacune selon son espèce, nos idées et nos sen-
timents, et créer en nous un état moral plus ou moins
analogue à celui qui, si elles n'existaient point, aurait
'
pu les faire naîtrei Le caractère d'un homme malade
est donc, comme celui d'un homme ivre, un caractère
factice, offrant pour ainsi dire l'empreinte de la mala-
die, caractère fort souvent tout opposé à celui qu'au-
rait ce même homme, s'il était bien portant. Tel
"hypocondriaque qui, à toute heure du jour et de la
nuit, n'est occupé que de sa santé, qui n'a qu'une
peur, celle dé mourir, est pourtant obsédé par des idées
de suicide. Beaucoup de goutteux sont irritables et
colères, même quand ils souffrent peu; la jeune fille
chlorotique pleure sans savoir pourquoi; l'hystérique
s'exalte à-tout propos, crie, sanglote, extravague, a
des jalousies folles et des goûts désordonnés; le
phthisique, dont la mort est certaine, s'illusionne sur
son état, jusqu'à sa dernière heure; il forme mille
projets pour un avenir éloigné, se fait faire des vête-
ments qu'il ne portera pas, etc., de telle sorte qu'un
phrénologiste pourrait dire, avec quelque apparence
de raison, que la fonte tuberculeuse dans les poumons
surexcite dans le cerveau l'organe de l'espérance. Eh
bienl tous ces faits-là sont caractéristiques; ,et cer-
tainement Hahnemann nous ouvre, en pathologie
50 DÉCOURAGEMENT..
aussi bien qu'en thérapeutique, une nouvelle voie
d'observation, dans laquelle il est intéressant pour
nous de le suivre, lorsqu'il insiste, comme il le fait,
sur les symptômes moraux produits par les médica-
ments,
Nonobstant ces réflexions, je suis forcé d'avouer
que mon ardeur pour l'étude de la matière mé-
dicale homoeopathique, n'égalait point, à beaucoup
près, mon admiration pour Hahnemann. La pa-
thogénésie de terra calcarea acetica avait jeté du
froid sur mon enthousiasme. Je lus pourtant, mais
non sans efforts et non sans m'y reprendre à plur
sieurs fois, celle de l'acétate de manganèse, celle, de
l'acide munatique, celle de I''acide phosphorique. Puis,
enfin, je commençai celle de l'aconit. Mais j'étais
à bout de patience : à la dixième page de celle-ci,
excédé, n'en pouvant plus, hors de moi, je fer-
mai le livre et le jetai avec le dépit d'un enfant
qui brise un jouet dont il ne parvient pas à saisir le
mécanisme. — Non t m'écriai-je, je. ne lirai pas
cela : ce n'est pas un livre; c'est un grimoire. Toutes
ces pathogénésies se ressemblent. Je me perds dans
ce fouillis de symptômes, dont pas un ne me reste
dans l'esprit; j'aimerais mieux apprendre par coeur
le Chou-King, les lois de Manou, les Yeddas et tous
les livres sacrés de l'Orient. Au diable Hahnemann
et ses rêveries ! Fasse de l'homoeopathie qui vou-*
DÉCOURAGEMENT 51
dra, moi j'y renonce, j'en deviendrais fou I — Puis,
ma bile épanchée dans cette puérile boutade, je
me mis à réfléchir et à raisonner plus froidement.
— Il est clair, me dis-je, que, faute d'habitude
sans doute, je ne retiens pas grand'chose de ces
pathogénésies. Peut-être faudrait-il consacrer beau-
coup de temps à chacune d'elles, avant de passer
à la suivante. Peut-être même ne parviendrais-je à
me faire une notion un peu précise de chaque médi-
cament qu'en l'expérimentant sur moi-même '. Mais
alors, bon Dieu ! combien d'années mettrais-je à ap-
prendre la matière médicale? Ah ! je conçois mainte-
nant que les Chomel, les Andral, les Récamier et tutti
quanti, à qui la clientèle laisse à peineletemps de dor-
mir, aient reculé devant une pareille besogne, si
jamais ils ont eu (ce qui au reste est fort douteux),
la velléité de l'entreprendre. Il est décidément bien
plus facile de se moquer de l'homoeopathie que de
devenir homoeopathe. Admettons qu'il faille seule-
ment une semaine pour étudier à fond une patho-
génésie, et je suis sûr que Pétroz y consacrait plus de
temps, les pathogénésies faites, se comptant déjà par
centaines, c'est donc tout simplement un travail de
deux ou trois années au moins, que j'aurais en pers-
pective, Et tout cela, pour arriver à quoi ? A me met-
i. Traité de l'auscultationmédicale-,
1.1,p. 1S2et suiv.
70 LA BRONCHORRHÉEET M. TROUSSEAU
catarrhales des voies respiratoires, celles du moins
qui sont accompagnées de flux muqueux abondants,
sont comparables.-aux affections catarrhales des
organes génito-urmaires, auxquels nous donnons le
nom dé blennorrhagies. Or, ces blennorrhagies sont de
diverses espèces 1. » M. Trousseau procède à rémuné-
ration de ces espèces, en compte au moins dix, puis
il ajouté: « En appliquant cette dénomination de
blennorrhagies aux sécrétions catarrhales mucoso-
purulentes qui se iont à a surface des autres mem-
branes muqueuses, de la membrane muqueuse ocu-
laire, par exemple, vous en reconnaîtrez, comme
pour les organes génito-urinaires, de différentes
espèces, » et, en effet, l'éminent professeur décrit
sommairement quatre espèces d'ophthalmiesi catar-
'
rhales. Mais pourquoi seulement quatre? pourrait-on
demander à M. Trousseau, si l'analogie qu'il invoque
n'est point une chimère. Pourquoi pas dix espèces
d'ophthalmies catarrhales, aussi bien que dix espèces
de blennorrhagies? Ce n'est pas à nous de répondre.
Enfin, M. Trousseau, poursuivant son idée et abor-
dant de front son sujet, mentionne, mais sans les
énumérer ni les décrire; différentes espèces de catarrhes
ou de blennorrhagies pulmonaires.
A la bonne heure, nous voilà bien loin de la bron-
1. Organon, p. 110.
NOTESDIVERSES 1CÛ
II
III
Un de mes confrères, le docteur X, me disait, il y a
peu de jours : « Je nie votre force vitale en tant
10£ NOTES DIVERSES
IV
V!
VII
« Dans l'état
de santé, la force vitale qui anime
dynamiquement la partie matérielle du corps, exerce
un pouvoir illimité. Elle entretient toutes les parties
de l'organisme dans une admirable harmonie vitale,
sous le rapport du sentiment et de l'activité, de ma-
nière que l'esprit doué de raison qui réside en nous
peut librement employer ces instruments vivants et
sains pour atteindre au but élevé de notre exis-
tence '*. »
VIIÎ
IX
XI
XII
XIII
XIV
XV
xvii
XVIII
1. Organon, p. 110,
NOTÉS DIVERSES 115
force séparée-de la matière où nous là constatons, il
nous est également bien difficile de concevoir une
force agissant directement sur une autre force, c'est-
à-dire sans l'intermédiaire de la matière. Et cepen-
dant c'est ce qui semble avoir lieu de là forcé Virtuelle
des médicaments relativement à la force vitale. En
effet, la puissante modificatrice dés médicaments infi-
nitésimaux ayant été deâ millions et des millions de
fois constatée, elle n'est plus contestable que pour ceux
qui se sont dbstinés jusqu'ici à hè pas vouloir expéri-
menter ces médicaments. Et si; d'autre part, on réflé-
chit à là prbdigièUse atténuation dé là hïâtiêrè dans
les infinitésimaux les plus ordinairement employés
par les médecins homoeôpàthës, il devient impossible
d'attribuer les effets qu'ils en obtiennent à l'action
mécanique, physique OU chimique de cette matière.
L'action directe des médicaments dynamiques sur la
force vitale est donc une hypothèse que hOUs sommes
Obligés d'admettre.
XX
. XXI' ;
Les maladies médicamenteuses ont comme les ma-
ladies (l'origine miasmatiqu'e leur durée déterniiiiée*
bien que toujours Un peu variable* parce qu'elle est
Subordonnée aux conditions physiologiques dans les-
quelles se trouvent les sujets^ àleur genre de viehabi-
tuel* au régime qu'ils suivent,- etc.- Les excès de tout
gënte de même que les foïtes émottems" morales Sus-
pendent ou dénaturent l'action dès médicaments.
D'après les observations de HaBnemântf,* la durée des
maladies médicamenteuses Varierait,' suivant les mé-
dicaments, entre un jour ou deux et six semaines,
mais sans jamais s'étendre beaucoup au delà. Le rai-
sonnement et l'expérience semblent prouver qu'en
général les médicaments à courte durée d'action cor-
respondent plus spécialement aux maladies arguës et
les médicaments à longue durée d'action aux maladies
chroniques»
120 NOTES DIVERSES
XXII
OBSERVATION I
MÉNINGITE
OBSERVATION II
PEMPHYGUS
OBSERVATION III
ARTHRITE CHRONIQUE
OBSERVATION. IV
ASTHME
OBSERVATION V
TEIGNEGRANULÉE
OBSERVATION VI
ANHÉMIE
OBSERVATION VII
PNEUMONIE CHRONIQUE
OBSERVATION VIII
NÉVRALGIE
OBSERVATION IX
GASTRALGIE .
OBSERVATION X
FIÈVRE INTERMITTENTE
OBSERVATION XI
FIÈVRE PERNICIEUSE
OBSERVATION XII.
EPILEPSIE.
i. En 1856je fus appelé, près de Paris, pour une dame sujette de-
puis près d'une année àdes accidents épileptiformesqui, s'étantma-
nifestés d'abord à d'assez longs intervalles, revenaient maintenant
deux ou trois fois la semaine. Je ne tardai point à me convaincre en
interrogeant la malade que ces accidents étaient symptomatiques
d'une affection vermineuse. Cette dame avait dans le rectum dos
oxyures qui lui causaient un prurit insupportable. J'étais sur le
point de lui prescrire sulfur lorsque, me ravisant, je lui demandai
si elle avait l'habitude de prendre du café à la crème'! — Depuis
trente ans, me répondit-elle (elle en avait trente-trois). — Eh bien!
madame, lui dis-je, veuillez le cesser, attendu que son action neu-
traliserait celledu médicament que j'ai l'intention de vous adminis-
trer. Je dirai plus, ajoutai-je, il me serait très-agréable de ne vous
faire commencer ce médicament que huit ou dix jours après que
vous auriez entièrement cessé l'usage du café. Ce délai contraria
d'abord la malade, mais enfin elle consentit à tout et la nouvelle
visite que je devais lui faire fut fixée à huitaine. Or quand je re-
vins, les oxyures avaient disparu, et il n'y avait plus eu un seul
accès. Tout naturellement je refusai de faire aucune prescription,
malgré les instances de la malade. Je la revis six semaines plus
tard : les accidents n'avaient point reparu. Cette dame était guérie,
et la suppression d'un aliment, auquel elle était accoutumée depuis
trente ans, avait suffi pour amener cette guérison. Assurément le
café à la crème n'a dû que bien rarement déterminer des accidents
aussi graves que des crises épileptiformes, mais il a d'autres incon-
vénients et je conseille aux personnes nerveuses et délicates, aux
femmes leucorrhéiques surtout, de s'en défier.
HYDROCÉPHALEAIGUË 225
OBSERVATION XIII
HYDROCÉPHALE AIGTJE
RÉCAPITULATION
DE L'AGGRAVATION MÉDICAMENTEUSE
i. Organon, p. lui*
278 DÉ,L'AGGRAVATION
MÉDICAMENTEUSE.
Hahnemann l'ont été à petites doses massives '. Il est
même à présumer qu'à cette époque, le fondateur de
l'homoeopathie n'avait pas'encore découvert la loi de
la dynamisation des médicaments, loi surprenante
que vraisemblablement il ne trpuva qu'en cherchant,
durant le cours même de ses expériences, à atténuer
de plus en plus les doses qu'il essayait. C'est au moins
ce qui semble se déduire assez, naturellement du pa-
ragraphe suivant de l'Qrganon^ qui se trouve deux ou
trois pages après celui qui vient d'être rapporté ;.
« Les observations les plus récentes, ont appris que
les substances médicinales ne manifestent pas à beau-
coup prè§ la totalité de§ forces cachées, en elles, lors-
qu'on le§ prend k l'état grossier, pu telles que la na-
ture nous, les offre. Elles ne déploient complètement
leurs vertus qu'après avoir été amenées à un haut
degré de dilution par le broiement et les succussions,,
mode très-simple de manipulation *W développe, à
un point incroyable, et met en pleine action leurs
forces jusqu'alors latentes et en quelque sorte plongées
dans le sommeil-11 est reconnu aujourd'hui que la
meilleure manière d'essayer, même une substance
réputée faible, consiste à prendre pendant plusieurs
1. Organon, p. 199.
2S0 DE L'AGGRAVATION
MÉDICAMENTEUSE.
DE IiA POSOLOGIE
1. Matièxemédicalepure, p, 92.
233 DE LA POSOLOGIE.