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Alimentation

Bon pour le climat ?


Sommaire

fini de jouer ! 03
Jean-Luc Fessard (Bon Pour le Climat)

Au-delà de cette limite 05


Yves Leers (L’Atelier du climat)

Que faire ? 06

1
le poids de l’agriculture ou la double peine 08
La viande : haro sur le bœuf !
Des adaptations possibles
Gare à l’eau !

2
Océans, pêche et aquaculture :
le grand chambardement 14
Une mer sans poissons ! (Philippe Cury)
L’avenir de l’aquaculture devra être durable
La pêche française chamboulée par le climat
Choisir un poisson bon pour le climat

3
Nos assiettes débordent de CO2 23
Courts circuits bénéfiques
Mieux conserver pour mieux s’alimenter
Adapter les modes de cuisson
Moins jeter, moins gaspiller : les poubelles au régime !
Que va devenir le vin ?
Et si on se passait des sacs ‘plastique’?
Faites le Bilan carbone® de votre restaurant :
L’exemple instructif de Léon de Bruxelles…
À quoi sert le calculateur Bon pour le climat ?
Pour une alimentation équilibrée : le scénario 2030 de l’Ademe…

Cette brochure est le fruit d’un partenariat entre Bon pour le climat
(www.bonpourleclimat.org) et l’AJEC21, l’Association des Journalistes
Energie Climat (www.ajec21.fr). Les recherches et les textes sont
d’Yves Leers, en collaboration avec SeaWeb Europe, Jean-Luc Fessard
et Petra Sajn. Dessins de Christophe Besse.

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 2


Introduction

Fini de jouer ! Tous les ans depuis 1995, les conférences internationales sur le changement
climatique se succèdent mais n’abordent qu’à la marge l’impact de l’alimentation
sur le climat, alors que LA question de demain sera la capacité ou non
de l’Humanité à se nourrir.
Les conséquences prévisibles du réchauffement sur la production agricole, la pêche et
l’élevage sont telles que nous ne pouvions rester inactifs. Avec plusieurs chefs, l’AJEC 21
(l’Association des journalistes énergie climat) et l’Ademe, nous avons lancé une action
intitulée « Bon pour le Climat ». Cette démarche de sensibilisation aux impacts directs
des changements climatiques sur l’alimentation vise les restaurateurs, les traiteurs,
les hôteliers, mais aussi tous les consommateurs.
“Il faut changer D’ores et déjà, les rendements de céréales et de certaines grandes cultures stagnent.
nos habitudes Avec un écart de température de 2 ou 3 degrés, sans parler des sécheresses ou des
inondations, de l’accroissement de la violence des phénomènes climatiques, c’est tout le
alimentaires sans système alimentaire qui sera remis en question. (Une agriculture qui, elle-même, n’est pas
attendre que cela innocente !) L’accroissement de la température des océans conjugué à une acidification
croissante, menace nombre d’espèces commerciales et de biotopes nécessaires à leur
s’impose à nous.” reproduction.

Plus de végétal que d’animal


Pour nous, un plat qui privilégie le végétal, cuisiné avec des produits locaux et de saison,
est considéré comme « Bon pour le climat ». Quelle est la pertinence de cette approche et
quelles en sont les limites ? Quels sont les impacts réels de l’élevage et de la pêche sur le
climat (la pêche elle-même étant victime du réchauffement) par rapport à la production de
légumes ? Quels sont les impacts respectifs des différentes formes d’agriculture ? Quel est
le modèle d’agriculture, de pêche et d’élevage le plus compatible avec l’objectif préconisé
d’un réchauffement limité à 2°C ?

Des produits d’origine locale…


Logiquement, nous voulons favoriser la production et la consommation locales. Mais les
réseaux de (la grande) distribution sont ainsi organisés que nous ne pouvons négliger la
problématique du dernier kilomètre. Les circuits courts tant vantés ont-ils toujours un
meilleur bilan carbone ? Quel est l’impact des différents modes de transport des produits ?
Même s’il est probable que l’acheminement d’un produit se fera de façon multimodale,
comment évaluer le bilan des différents modes de transport : camion, train, bateau,
avion ? Qu’en est-il de la viande, rouge à fort impact, ou blanche et des volailles ?
Une production locale de poulets en batterie est-elle préférable à une production en
plein air, bio ou label rouge ou AOC venant de plus des 200 kilomètres maximum
habituellement retenus dans une approche locavore. D’ailleurs cette approche est-elle
réaliste ou faut-il la pondérer ?

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 3


Introduction

Et le poisson, doit-il obligatoirement venir de nos côtes, alors même que 60% de notre
consommation de poisson est déjà d’origine extra-communautaire ? D’autres approches
intégrant l’état de la ressource, les techniques de pêche et la taille minimale sont-elles
préférables ? Quels sont les modes de production des légumes et des fruits les plus
pertinents pour que local soit synonyme de bon pour la planète et bon pour la santé ?
Dans quels cas la consommation de produits d’origine lointaine est-elle compatible
avec le local ?
Enfin, question souvent oubliée, le bien-être animal est-il compatible avec un bon bilan
carbone ?

… et de saison
Si on considère l’ensemble du cycle de vie de ce qui atterrit dans une assiette,
est-il possible de ne consommer que des produits de saison ? Quel est l’impact relatif
des différents modes de transport, de conservation et de cuisson ?
Tentons de répondre à toutes ces questions pour contribuer à un changement
d’alimentation éclairé des consommateurs responsables que nous voudrions être et pour
favoriser une approche plus pertinente du contenu des assiettes qui nous sont servies
dans les restaurants que nous fréquentons ou que nous préparons chez nous.

Jean-Luc Fessard
(Bon Pour le Climat)

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 4


Introduction

Au-delà de cette limite…


Depuis un siècle, le réchauffement par million (ppm). À ce rythme, elles
en France a été de l’ordre de 1,5°C devraient s’élever à 550 ppm en 2050 alors
(Jouzel, 2015) mais tout va plus vite. que les scientifiques estiment à 450 ppm
Les prévisions d’il y a vingt ans sont CO2 le seuil critique à ne pas dépasser (*)
toutes dépassées. Demain ? Deux
« Pour limiter le réchauffement à 2°C en
degrés de plus et rien ne sera pareil mais
2020 (par rapport au niveau préindustriel),
l’adaptation restera possible. Trois degrés
il faudrait infléchir les émissions de gaz
de plus, tout sera encore plus difficile, en
à effet de serre (GES) de 20% d’ici à 2020
particulier pour l’agriculture. Au-delà,
et on en est très loin. Avec les mesures
c’est l’inconnu. Compte tenu de l’inertie
envisagées aujourd’hui, cela semble
“Les prévisions du système climatique, tout est déjà joué
pour les deux prochaines décennies. On
impossible. Il faudra ensuite qu’elles

d’il y a vingt ans constate tout de même une accélération


soient divisées par 3 à l’horizon 2050 »,
explique sans détour le climatologue
sont toutes du réchauffement terrestre en oubliant
ce qu’on ne voit pas : l’océan, où tout va
et glaciologue Jean Jouzel, vice-président

dépassées.” encore plus vite.


jusqu’à 2015 du groupe scientifique
du GIEC, le Groupement d’experts
Pour la première fois de façon permanente intergouvernemental sur le climat.
en 2014, les concentrations de CO2 dans
l’atmosphère ont dépassé 400 parties Yves Leers (L’Atelier du climat)

(*) Avant la révolution industrielle, ce seuil était de 260 ppm et de 200 avant les dernières grandes glaciations.
Elles étaient déjà de 315 en 1960 et de 350 en 1988.

Effets attendus du changement climatique


sur différentes régions de l’Union européenne

Pluies hivernales
(inondations) Niveaux de la mer et des lacs
Niveaux de la mer Orages, inondations
Étés plus chauds et plus secs Étés plus chauds et plus secs
Rendements des cultures, Saisons de végétation
diversité des plantes Rendements agricoles
cultivées
Insectes nuisibles
Fonte du pergélisol

Pluies hivernales
(inondations)
Pluies estivales
Températures
Risque de sècheresse
Précipitations
Risque d’érosion des sols
annuelles, disponibilité
en eau Durée des saisons
de végétation
Risque de sècheresse,
stress thermique Rendements des cultures,
diversité des plantes
Rendements des
cultivées
cultures
Zones favorables
à l’agriculture

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 5


Pourquoi manger nuit au climat

Que faire ? Pas besoin de vous dire que le climat change ! Nous le voyons et nous le sentons,
spécialement en cette année 2015, celle de la fameuse COP 21 pendant laquelle
les chefs d’Etat tenteront d’éviter l’inévitable, les 2 degrés de plus. Les émissions
de gaz à effet de serre ne marquent pas la pause, dans l’atmosphère comme
dans les océans. Alors laissons les diplomates négocier et agissons nous-mêmes,
au quotidien.

Pour cela, nous devons répondre à deux questions :


1. Pourquoi les aliments que nous mettons dans notre assiette contribuent-ils
à accélérer ou à limiter le dérèglement climatique ?
2. Que pouvons-nous faire – dans la mesure où une part importante
de notre alimentation est importée du reste de l’Europe et du monde
(avec la mention planétaire hypocrite UE-Non UE) ?
On sait depuis longtemps que l’alimentation pèse lourd dans notre bilan carbone,
(« des GES dans mon assiette » du RAC) autant sinon davantage que les transports ou
le bâtiment. On mange tous les jours dans nos pays développés. En général trop et on
avale (…) trop de gaz à effet de serre sans même s’en rendre compte. Ces gaz, ce sont
le carbone ( CO2 ), le méthane et le protoxyde d’azote, émis lors de la production des
aliments (la viande bovine et ovine en tête), lors de leur transport (souvent de l’autre bout
du monde), lors de leur transformation, de leur distribution (nouveau tour du monde) et
enfin lorsqu’ils ont été (partiellement) mangés. Le gaspillage est énorme et il pèse lourd
dans la balance climatique de même que les suremballages, les milliards de bouteilles
en plastique ou en verre. La consigne, solution d’avenir ? Qui n’a pas vu dans son
supermarché de l’ail mexicain ou de l’oignon australien ?
Les restaurants n’échappent pas à la règle et bien peu se sont posé la question de l’impact
des assiettes qu’ils servent à leurs clients. D’ailleurs, pourquoi le feraient-ils ? Parce qu’un
repas français « pèse » en moyenne 3 kg de CO2 mais peut franchir allégrement la barre
des 5 kg si on n’y prend pas garde. Parce que les restaurants sont une vitrine, un lieu
« pédagogique » par excellence. Parce que les restaurants – indépendamment des choix
climatiques ou nutritionnels – sont aussi des lieux de gaspillage alimentaire, ce qui est
loin d’être une fatalité.

“un repas français


« pèse » en moyenne
3 kg de CO2 mais
peut franchir
allégrement
la barre des 5 kg
si on n’y prend pas
garde.”

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 6


Pourquoi manger nuit au climat

Bien sûr, réduire les émissions d’un menu dans un restaurant impose de suivre quelques
règles simples – proximité et saisonnalité au service de la qualité – mais l’important pour
nous est aussi qu’un repas sobre en carbone doit rester un moment de plaisir. Et puis
nous sommes conscients qu’il n’y a pas que le climat dans la vie, il y a aussi la vraie vie
avec ses problèmes quotidiens, ses joies, le boulot, le logement …
Pourtant le changement climatique est devenu un facteur incontournable du XXIème
siècle, qu’on le veuille ou non. Nous avons trop joué avec les énergies fossiles. Alors plutôt
que de se cacher et d’attendre les bras croisés une réalité dont on perçoit bien aujourd’hui
les contours, autant s’y mettre tout de suite car il s’agit aussi d’une belle opportunité
d’inventer un monde nouveau. C’est aussi une occasion d’imaginer une autre cuisine,
créative et dynamique, qui s’invente et réinvente au gré des saisons et de la disponibilité
des produits. Autant se préparer aujourd’hui à l’inévitable de demain. Nous allons voir
que ce n’est pas si compliqué que ça.

Nous mangeons du gaz et du pétrole !


Les émissions de gaz à effet de serre en pour l’élevage. Au niveau mondial,
France - essentiellement provoquées l’élevage émettait 14,5% des émissions
par l’utilisation que nous faisons des de gaz à effet de serre en 2013, selon la
énergies fossiles – atteignent en moyenne FAO (Food & Agricultural organisation).
9 tonnes d’éq.CO2 par personne par « Nous sommes en train de manger la
an. Nos émissions directes : logements planète », comme le dit le WWF à propos
(25%), transports (25%), agriculture- de la surconsommation de viande en
alimentation : près de 30% dont la moitié Allemagne.

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 7


I - Le poids de l’agriculture ou la double peine

1
le poids de l’agriculture
ou la double peine
Le problème est à double tranchant : le changement climatique a un impact sur
l’agriculture et l’agriculture a un impact sur le climat. Tributaire des aléas du
temps, l’agriculture est en effet très exposée au changement climatique, tandis
qu’elle-même contribue aux émissions de gaz à effet de serre dans des proportions
considérables. Dans les prochaines années, elle sera de plus en plus affectée par la
baisse de la pluviométrie, tandis qu’elle devra faire face à des vagues de chaleur et
des sécheresses, mais aussi à des tempêtes, des inondations, et à la multiplication
des maladies contre lesquelles les traitements chimiques dont elle est friande
seront impuissants.
Selon toutes les études et les prévisions du GIEC, ces impacts réciproques seront
croissants : modifications des caractéristiques de certaines cultures et même de
composés, migration géographique (vigne, fruitiers…). Certaines céréales seront moins
nutritives (moins de zinc, moins de fer, moins de protéines), d’où une diminution des
qualités nutritionnelles. Une étude internationale récente (Etats-Unis, Australie, Israël
et Japon) a confirmé la baisse des qualités nutritionnelles de certaines céréales et
légumineuses. Mais toutes les plantes ne réagissent pas de la même façon et certaines
supporteront mieux que d’autres le changement surtout si des stratégies d’adaptation sont
mises en œuvre sans attendre.
Si certaines régions du nord de l’Europe pourraient tirer bénéfice du changement
climatique, les effets seront dans l’ensemble négatifs. C’est dans les régions du sud et du
“C’est dans sud-est que l’agriculture sera la plus touchée.

les régions du sud D’un autre côté, l’activité agricole et en particulier l’élevage bovin et caprin émet deux

et du sud-est gaz qui contribuent fortement à l’effet de serre : le méthane – qui résulte des processus de
digestion du bétail et du stockage du fumier – et le protoxyde d’azote, qui se dégage des
que l’agriculture engrais azotés d’origine organique et minérale et des pesticides de synthèse, produits par

sera la plus des énergies fossiles (gaz et pétrole), les pesticides de synthèse engendrant donc (entre
autres) des émissions de CO2. À l’exception bien sûr des surfaces cultivées en agriculture
touchée.” biologique.

La viande : haro sur le bœuf !


Le bœuf ! 300 millions de tonnes/an en 2008 dans le monde contre 100 millions de tonnes
en 1970. Les animaux d’élevage consomment le tiers des récoltes mondiales de céréales.
Le lait et la viande représentent 15% des calories absorbées par les humains.
Outre le méthane produit par les micro-organismes présents dans les entrailles des
ruminants, ajoutons une grosse pincée de déforestation, le surpâturage et l’érosion des
sols qui en découle libèrent le carbone emprisonné dans la terre.
Selon le rapport de la FAO (Livestock’s Long Shadow, 2006) le bétail représente 18% de la
totalité des émissions de gaz à effet de serre ! Mais si on revenait à l’élevage naturel sur
l’herbe, cela changerait la donne dans une certaine mesure: la qualité, certes, n’a rien
à voir mais l’impact n’est pas réduit dans de fortes proportions. L’atout majeur reste la
protection et l’entretien des sols.
La production de viande bovine est en effet dix fois plus néfaste pour l’environnement que
tout autre type de production de viande. Pour inciter les Européens à consommer moins
de protéines animales, la Suède a proposé une taxe européenne en 2010. L’idée a été vite
oubliée, comme l’écotaxe en France.

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 8


I - Le poids de l’agriculture ou la double peine

À lui seul, l’élevage de ruminants à travers le monde contribue en effet pour 10% (dont
9,3% pour les bovins et 0,7% pour les petits ruminants) de l’ensemble des émissions de
GES, tous secteurs d’activité confondus et de 4,5% pour les élevages de monogastriques
(FAO).

En France, selon le CITEPA (Centre interprofessionnel technique


d’études de la pollution atmosphérique), les 190 000 élevages de grands
ruminants que sont les bovins (lait et viande) produisent 14,7% de la
totalité des émissions de GES du pays (12,6% pour les bovins et 2,1 pour
65 000 élevages de petits ruminants (brebis, chèvres et moutons).

1 kilo
de viande de poulet
(industriel)
représente une
émission de gaz
à effet de serre
de 3,2 kg de CO2, En France, selon l’Institut de l’élevage, le potentiel de réduction est évalué à 20%.
« L’évolution positive des pratiques d’élevage (réduction des apports de fertilisants,
1 kilo de viande de augmentation de la productivité animale, optimisation de l’alimentation,…) a permis
porc : 5,1 kg, et 1 kilo une baisse de l’empreinte carbone de 15 à 25% entre 1990 et 2010, tout en maintenant
globalement les volumes de production. D’autre part, le stockage de carbone par les
de viande de bœuf, prairies permanentes et/ou prairies temporaires associées aux cultures, joue un rôle
35,2 kg de CO2. positif sur l’impact de l’élevage sur le changement climatique. »

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 9


I - Le poids de l’agriculture ou la double peine

Mais le bœuf, le veau et l’agneau ne sont pas les seuls à nous nourrir. Nous savons déjà
tout le bien qu’il faut penser des fruits et des légumes, surtout s’ils sont « bien élevés »,
c’est-à-dire sans recours massif à la chimie dont les effets sont néfastes aussi bien pour le
climat que la santé. Côté animal, la palme revient aux volailles et au porc, qui se gardent
de ruminer de mauvaises pensées climatiques même s’ils ne sont pas aussi innocents
qu’il y parait. Mais la production de 1 000 calories de volaille nécessite tout de même
1 500 calories de ressources végétales.
Il y a 6,9 fois plus de CO2 dans 1 kg de bœuf que dans 1 kg de porc (et oui, les porcs ne
“Et le poisson ? ruminent pas et leur nourriture demande moins d’eau pour la produire que celle des
bovins). Si vous remplacez la moitié de votre consommation de bœuf par de la viande de
C’est une autre porc, vous économisez 200 kg de CO2 par an et par personne. Et 400 kg de CO2 si vous
histoire dont dites à toute viande de bœuf d’aller se faire cuire un oeuf ! Si vous remplacez la moitié de
votre consommation de porc par de la volaille, vous économisez 40 kg de CO2 par an.
nous parlons dans Et 80 kg si vous dites intégralement non au cochon ! En extrapolant, si vous décidiez de
le chapitre : 2
ne plus manger que de la volaille, vous économiseriez 600 kg de CO2. Ouf !

Océans, pêche et Ajoutons-y une bonne pincée de dioxyde de carbone lié à l’énergie, aux transports, aux
importations, à la conservation, sans même compter les effets de l’eau virtuelle et des
aquaculture”. émissions de l’autre bout du monde pour notre propre consommation.

Emissions mondiales de GES selon les productions : bovin viande, bovin lait, porc, buffle,
poulet de chair, ovin/caprin, autres volailles. (©Fao)

3 000

2 495
2 500
2 128
Million tonnes CO 2 éq

2 000

1 500

1 000 668
618 612
500 474
72
0
bovin bovin poulet ovin/ autres
viande lait porc buffle de chair caprin volailles

Source : GLEAM.

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 10


I - Le poids de l’agriculture ou la double peine

Emissions de GES de l’élevage bovin (©Fao)

Lait Viande
0,9% 0,5%
6,1% 3,6%
17% 18,1%
2,2% 1,4%

5,4%

7,4%
3,8%
7,4%

10,9%

10%
42,6%
0,7%
0,7%

46,5% 14,8%

Épandage et dépôt de fumier, N2 O Changement d’affectation des sols : Consommation d’énergie directe
Engrais et résidus de culture, N2 O extension des pâturages, CO 2 et indirecte, CO 2

Fourrage, CO 2 Fermentation entérique, CH4 Transport, transformation


Gestion du fumier, CH4 et distribution, CO 2
Changement d’affectation des sols :
culture de soja, CO 2 Gestion du fumier, N2 O

Le méthane entérique CH4 arrive en tête, suivi des émissions de N2 0 par les déjections,
du CO2 lié à l’alimentation.

Des adaptations possibles


La priorité des priorités consiste à tout mettre en œuvre pour réduire les émissions
de méthane des bovins et des ovins. Aujourd’hui, l’alimentation dominante des vaches
est à base d’herbe, de maïs, de colza et de soja, ce dernier cumulant inconvénients
chimiques et climatiques. En France, selon le Centre d’information des viandes (CIV),
l’alimentation de la filière bovine (viande et lait) se compose en moyenne de 60% d’herbe,
20% de fourrage de maïs et 20% d’aliments « concentrés », c’est-à-dire les fameux
tourteaux qui viennent d’Argentine ou du Brésil. Et tout dépend si vous êtes vache
à viande ou vache laitière. La première est surtout « herbe » (plus de 60%) et la seconde
à peine 40%. De toute façon, la vache laitière finit sa vie en steak. Dans un cas sur deux
lorsque vous mangez de la « viande bovine » vous ne mangez pas du bœuf mais de la
vache ! Et avant l’abattoir, on les « finit » aux céréales et compléments azotés comme le
soja lointain aux bilans carbone et nutritionnel défavorables (trop d’acides gras Oméga 6)
nuisant à l’équilibre alimentaire des vaches… donc des humains.

20% de méthane en moins grâce à de nouvelles protéines


Il a été démontré scientifiquement qu’une alimentation à base d’herbe, de lin, de luzerne,
ou de lupin est bien meilleure pour les animaux et pour la santé des consommateurs.
Nourries à l’herbe et aux graines, les vaches rejettent moins de méthane. Une entreprise
bretonne – Valorex – a développé, avec l’Inra (Institut national de la recherche
agronomique), des filières de production et de transformation de graines riches en
protéines (lupin, féverole) ou en Oméga 3 (lin) qui réduisent d’environ 20% les émissions
de méthane des bovins. Ce projet baptisé « éco-méthane » et porté par Bleu Blanc Cœur,
donne droit à l’émission de crédits carbone qui sont soustraits de l’inventaire national
d’émission de GES.

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 11


I - Le poids de l’agriculture ou la double peine

Aujourd’hui, l’Inra structure une filière française (projet PROLEVAL) de production


et de transformation d’oléo-protéagineux (féverole, lupin, pois et lin) pour obtenir
« des produits animaux (lait, œufs, viandes) de haute qualité nutritionnelle bénéfiques
pour la santé humaine ». Riches en protéines et en lipides, les oléo-protéagineux peuvent
« théoriquement » remplacer les tourteaux de soja et les céréales, selon l’Inra, à condition
que certains obstacles soient levés dans la sélection de nouvelles variétés afin d’obtenir
un meilleur rendement en protéines. Le projet répond par ailleurs aux défis alimentaires,
climatiques et environnementaux, en incitant à la diversification des cultures,
à la réduction des engrais azotés.
Enfin, sur le plan européen, la Politique agricole commune (PAC) a mis en place –
timidement – quelques mesures susceptibles de réduire les émissions issues de l’activité
agricole. Les programmes de développement rural doivent désormais encourager
les économies d’énergies, le biogaz et les mesures agro-environnementales. Les
agriculteurs sont incités à utiliser des variétés mieux adaptées aux nouvelles conditions
météorologiques, plus résistantes à la chaleur et à la sécheresse. Même les haies sont
revenues en grâce. En gros, l’inverse de ce que préconisait la PAC il y a 20 ou 30 ans. Tout
ça sur fond d’éco-conditionnalité des subventions, ce qui reste le moyen le plus persuasif
de passer à l’acte.

Une agriculture climato-intelligente ?


L’agriculture peut-elle devenir « climato- le cadre d’une « démarche intégrée qui
intelligente » ? Ce concept controversé prend en compte les paramètres locaux
repose sur le postulat qu’il est possible du climat, les incertitudes du changement
d’assurer une production répondant climatique, soutenue par des politiques
aux besoins des agriculteurs (et des publiques innovantes ». Soutenue par
consommateurs) tout en s’adaptant la FAO, cette alliance est néanmoins
au changement climatique. L’idée est très critiquée car elle compte parmi ses
d’atténuer les effets du réchauffement membres les industriels de l’agrochimie
grâce à des techniques améliorées dans les plus puissants.

Gare à l’eau, virtuelle ou réelle !


L’agriculture est la première utilisatrice d’eau : 70% de l’eau disponible sur terre sert à
l’irrigation. Une pratique désormais presque universelle (mais bien plus rare en Afrique),
car les choix de culture ne sont plus dictés par des critères climatiques, mais par des
contingences économiques.
Et les cultures ? Ce que nous consommons le plus : le blé, le maïs qui se retrouve dans
“les choix l’élevage ou encore le riz. Un champ de riz a besoin d’être arrosé de 770 mm d’eau par
de culture ne hectare. Le maïs n’est pas loin : 575 mm/ha. Pas (encore) trop de problème dans des
régions pluvieuses, mais le choix de certaines cultures frise parfois l’absurdité.
sont plus dictés Le maïs, une des plantes les plus cultivées en France pour l’élevage, est à l’origine une
par des critères céréale exotique. Du coup, il est très gourmand en eau, et doit être arrosé en période de
climatiques, floraison, en plein été... Pourtant sa production ne cesse d’augmenter : en 1939, le maïs ne
représentait dans le pays que 300 000 hectares de cultures… Aujourd’hui, il couvre plus
mais par des de 3 millions d’hectares en France. Il est encore encouragé par la PAC, la Politique agricole
contingences commune de l’UE, qui subventionne même son irrigation ! A quoi sert tout ce maïs ?
70% des cultures servent à nourrir les animaux. En effet, la production de viande requiert
économiques.” entre six et vingt fois plus d’eau que les céréales.

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 12


I - Le poids de l’agriculture ou la double peine

Et l’eau virtuelle ? Pas si virtuelle que ça ! Il s’agit de l’eau qui a été nécessaire pour
produire un aliment, chez nous ou à l’autre bout du monde. En consommant cette eau
lointaine, nous en privons un pays pour ses propres besoins. Un régime-type occidental
“consomme” ainsi 4 000 litres d’eau virtuelle par jour contre 1 000 litres pour un régime-
type chinois ou indien. Environ 80% des flux d’eau virtuelle sont liés au commerce des
produits agricoles et 20% au commerce des produits industriels, selon l’UNESCO.
« Une partie des pressions actuelles exercées sur les ressources en eau provient de la
demande croissante nécessaire pour le fourrage, donc pour la production de viande »,
déplore l’UNESCO. Un pays a le choix entre plusieurs solutions pour épargner ses
ressources en eau. Il peut, par exemple, choisir de réduire ses activités agricoles sans
réduire sa consommation. Il va alors importer de « l’eau virtuelle » sous forme de biens
alimentaires ou industriels. Une eau qui, du même coup, va priver les paysans de leurs
moyens d’existence... Mais certains pays encouragent les économies d’eau. Le cas du
Pendjab, en Inde, est à cet égard significatif. Le gouvernement a offert aux paysans une
prime de 12 500 roupies (220 euros) par hectare pour remplacer la culture du blé et du
riz par d’autres plantes comme les légumes secs et les graines oléagineuses. D’où une
économie de 15 milliards de mètres cube d’eau chaque année. La Tunisie, grâce à l’huile
d’olive, est aujourd’hui un exportateur d’eau virtuelle.

Cultures Besoins en eau en mm (10 m³/ hectare)


Canne à sucre 1 250
Bananes 1 200
Dattes 1 100
Pamplemousses 825
Riz 770
Coton 750
Betterave à sucre 650
Soja 637
Arachide 600
Maïs 575
Blé 550
Patate douce 537
Pommes de terre 487
Sorgho 475
Oignons 475
Tomate 450
Tabac 400
Haricots 375
Source : FAO

Le citoyen allemand consomme en moyenne 679 kg de nourriture par


an, dont 53 kg de porc, 19 kg de volaille et 26 kg de bœuf. Les légumes
et produits céréaliers représentent 95,5 kg, les pommes de terre 71 kg,
les fruits 110 kg et les produits laitiers 119 kg. Ajoutez-y 48 kg de sucre.
La bière n’est pas comptabilisée !

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 13


II - Océans, pêche et aquaculture : le grand chambardement

2
Océans, pêche et aquaculture :
le grand chambardement
Les océans représentent 71% de la surface du globe (soit 361 millions de km2 ) et
constituent la presque totalité de la ressource en eau : 97% contre 3% pour l’eau dite
douce. Et comme ils assurent 1 200 fois la capacité calorifique de l’atmosphère, on
comprend mieux le rôle que jouent les océans dans la régulation du climat. En revanche,
la biomasse animale et végétale marine est 200 fois moins importante que la biomasse
terrestre, ce qui n’empêche pas l’exploitation de la ressource qui se situe le plus souvent
près des côtes et à moins de 200 mètres de profondeur.
Selon l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO, 2009),
environ 110 millions de tonnes de poisson ont été pêchées ou « cultivées » en 2006, dont
92 millions de tonnes de pêche de capture pour une valeur marchande de 91 milliards de
dollars. 82 Mt provenaient des eaux marines et 10 Mt des eaux intérieures. Jamais un tel
chiffre n’avait été atteint. Conclusion de la FAO : « le potentiel maximal de prélèvement sur
les stocks naturels des océans a été probablement atteint ». Mais c’était en 2006, dernières
statistiques connues à ce niveau.
Et le changement climatique dans cette histoire ? Ses principales conséquences sur
le milieu marin sont de deux ordres : l’augmentation de la température de l’eau et
l’acidification du milieu. En 30 ans (1970-2000), le réchauffement du golfe de Gascogne a
été de 1,5°C entre 0 et 50 mètres de fond, selon l’ouvrage (1) que Jean-François Soussana
(Inra) a coordonné. D’une part, la surexploitation des écosystèmes marins accroît leur
instabilité et d’autre part les changements climatiques contribuent à aggraver l’instabilité
de ces mêmes écosystèmes, avec un risque d’appauvrissement du phytoplancton.
Le poisson n’avait pas besoin de ça. Subissant déjà fortement les effets catastrophiques
de la surpêche et de la pêche en eaux profondes (moins 30%), voilà que le changement
climatique en rajoute une couche. Il est en effet de plus en plus clair que le réchauffement
“+ 1°C des océans affecte l’habitat de nombreuses espèces de poisson. L’élévation de la
dans la mer température des eaux est souvent supérieure à ce qui se passe sur terre : + 1°C dans la
mer du Nord en une trentaine d’années seulement. Or les impacts d’une eau plus chaude
du Nord en une peuvent être dramatiques sur la ressource halieutique. Ce n’est pas tout. Les scientifiques
trentaine d’années ont découvert que le changement climatique affectait aussi les périodes de migration des
poissons. Pour certaines espèces, le décalage a atteint deux mois, ce qui a un impact
seulement” négatif sur la survie des jeunes.

(1) S’adapter au changement climatique : agricultures, écosystèmes et territoires (éditions Quae, 2013).
© vpardi

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 14


II - Océans, pêche et aquaculture : le grand chambardement

Bien que le déclin de nombreuses espèces soit largement le reflet de la pression de la


pêche, certaines comme les sardines, sont victimes des changements de température
de l’eau. La taille des poissons change aussi et les écosystèmes évoluent également au
détriment de la biodiversité marine. Dans les eaux douces aussi, des poissons comme la
truite et l’omble chevalier sont touchés.
Comme on le constate sur terre en arboriculture, la précocité est devenue la règle en mer
avec une progression moyenne de 4,4 jours par décennie pour de nombreuses espèces
tandis que les changements de distribution atteignent déjà jusqu’à 1 000 kilomètres.
Selon plusieurs études internationales, la partie sud de la mer du Nord subit un processus
de « méditerranéisation ». Des espèces comme la morue cherchent à s’en échapper. La
menace concerne aussi des poissons d’eaux froides comme le saumon de l’Atlantique et
l’omble de l’Arctique. D’autres commencent à décliner mais s’il y a des perdants, il y aura
aussi des gagnants. L’influence du changement climatique peut être à la fois néfaste et
bénéfique. C’est le cas pour certaines anguilles (du Lough Neagh) qui deviennent plus
grosses dans des eaux plus chaudes. Cette migration des eaux tempérées vers les eaux
froides est très rapide. Exemple avec le rouget barbet, ressource importante désormais
exploitée en Manche Est alors qu’elle était inexistante il y a seulement une vingtaine
“la partie d’années. Les espèces pourraient alors devenir beaucoup plus abondantes (jusqu’à 70%)
dans les régions nord tandis qu’elles pourraient diminuer (jusqu’à 40%) dans les régions
sud de la mer tropicales. On imagine les conséquences en termes de sécurité alimentaire, en particulier
du Nord subit dans les pays en développement.

un processus de Enfin, certaines espèces réagissent à la température en changeant de sexe (les embryons
deviennent presque tous mâles) ce qui met en cause leur survie. D’autres disparaissent
méditerranéisation.” carrément.

Faire baisser de 3 ou 4 fois la pression de la pêche


Que faire face à ce double problème, sachant que – sur terre comme en mer – le
changement climatique aggrave les déséquilibres existants, en particulier ceux qui
sont liés à la surexploitation du milieu. « Il faut, dit Jean-François Soussana, évaluer
les potentialités d’adaptation de la filière pêche océanique compte tenu des pressions
anthropiques excessives et de la nécessité de baisser de 3 à 4 fois la pression de la pêche
actuelle. » Mais comment éviter la surexploitation des espèces alors que la demande est
croissante et que la surpêche des grands poissons permet aux petits de proliférer ?
La création d’immenses aires marines protégées est une des solutions souvent suggérées
d’autant que cela permettrait une meilleure séquestration du carbone.

Les dix espèces les plus pêchées dans le monde


L’anchois du Pérou, le lieu de l’Alaska, blanc, le chinchard du Chili, l’anchois
la bonite à ventre rayé, le hareng de du Japon, le poisson sabre commun et le
l’Atlantique, le merlan bleu, le maquereau thon albacore. Et notre sardine, alors ?

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 15


II - Océans, pêche et aquaculture : le grand chambardement

Une mer sans poissons !


Philippe Cury est un scientifique à la pirogue, toutes les embarcations
passionné de la mer qui travaille capturent des espèces réputées
beaucoup sur la Méditerranée, inaccessibles ou non consommables.
directeur de recherche à l’IRD, Le pillage est systématique et aveugle,
l’Institut de recherche sur le car il est particulièrement difficile de
développement, et qui ne manie pas sélectionner les espèces capturées. À
la langue de bois. Cet extrait ce rythme, ce sont des maillons entiers
de son livre le montre : de la chaîne alimentaire marine qui
ont déjà été rayés de la liste du vivant,
« Si la mer, vue du rivage, continue à
avec comme conséquence, à terme,
“ danser le long des golfes clairs “, sous la
une déstabilisation inquiétante de tout
surface, c’est une tragédie qui se joue : à
l’écosystème marin. L’effondrement brutal
force d’être mangée par l’homme, la mer
et irréversible des ressources halieutiques
se meurt. En l’espace d’un siècle et demi,
n’est plus une hypothèse fantaisiste. Que
loin des regards, des ressources qu’on
font les pouvoirs publics ? Si peu, alors
pensait inépuisables ont été poussées au
qu’il faudrait une mobilisation générale.
bord de l’effondrement par une surpêche
On cherche en vain les prémices d’une
qui prélève plus de cent millions de tonnes
gouvernance mondiale, seule à même de
de poissons par an dans le monde. En
rétablir la productivité des océans. Et la
pêchant toujours plus loin, toujours plus
plupart des pays redoutent de se mettre à
profond, et à présent toujours plus “ petit “,
dos leurs pêcheurs, la France plus que tout
l’homme est en train de transformer les
autre... »
océans du globe en désert liquide. Des
bateaux et des technologies toujours Philippe Cury,
plus performants ne laissent aucune « Une mer sans poissons »
chance aux poissons. Du bateau-usine (Calmann-Lévy 2008)

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 16


II - Océans, pêche et aquaculture : le grand chambardement

“Si l’atmosphère La pêche française chamboulée par le climat

se réchauffe (Une dépêche de l’Agence France-Presse qui situe bien le problème)

(+1,5°C en France Paris, 5 avril 2014 (AFP) – Face au réchauffement climatique, déjà perceptible sur les
côtes françaises, certaines pêcheries aujourd’hui gagnantes risquent de perdre demain en
en un siècle) variétés et en disponibilité, selon les experts.
les océans Au large de la Normandie ou dans le Golfe de Gascogne, les patrons pêcheurs ont
suivent.” déjà noté les changements, la présence de nouveaux venus comme le rouget barbet en
Manche depuis une dizaine d’années, d’autres plus ponctuels comme les hippocampes à
Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais).
Des constats qui illustrent les conclusions du Groupe intergouvernemental d’experts
sur l’évolution du climat (GIEC) : dans son dernier rapport, il prévient que les effets du
réchauffement devraient aller crescendo dans les prochaines décennies, affectant en
priorité les eaux tropicales et polaires sans épargner les plus tempérées.

© pict rider

Si l’atmosphère se réchauffe (+1,5°C en France en un siècle) les océans suivent.


« Les masses marines européennes ont déjà gagné un degré en 30 ans », souligne
Sandrine Vaz, chercheuse à l’Ifremer, spécialiste des Ressources halieutiques.
En conséquence, explique Jean-François Soussana, chercheur à l’Inra et membre
du GIEC, « on assiste à un changement de distribution des aires de répartition
des poissons, les espèces remontent à des latitudes plus élevées ». C’est vrai, confirme
Hubert Carré, directeur général du Comité national des pêches, « depuis dix ans,
les pêcheurs constatent une migration des poissons (...) cela bouleverse les équilibres ».
« Ainsi, il faut désormais pousser jusqu’à 200 km des côtes pour trouver du thon blanc, qui
nageait auparavant à seulement 50 km du littoral », assure M. Carré. À l’inverse « on trouve
aujourd’hui du rouget barbet à Boulogne-sur-Mer », explique-t-il, alors que ce poisson
se pêchait traditionnellement dans le golfe de Gascogne et en Bretagne-Sud. Ce que
confirme Sandrine Vaz.

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 17


II - Océans, pêche et aquaculture : le grand chambardement

Même chose pour le bar qui, remonté le long du Golfe de Gascogne, “va maintenant
au-delà de Cherbourg”, poursuit-il. Quant au cabillaud, poisson d’eau froide chouchou
des consommateurs français, on remarque “une remontée très nette vers la Norvège”. Vu
ainsi, comme l’arrivée du maigre, un poisson “à forte valeur marchande” pêché auparavant
au large de l’Afrique, ces déplacements constituent une bonne nouvelle, estime M. Carré.
Comme la prolifération de crabes et de homards, en “augmentation de 20% depuis 4 à 5
ans”.
Selon le Giec, les pays tempérés verraient dans un premier temps les rendements des
pêcheries augmenter de 30 à 70% d’ici à 2055 quand celles des pays tropicaux chuteraient
de 40%. “Pour le moment on ne voit pas encore vraiment de perdants et on a même des
gagnants”, reprend Sandrine Vaz. “En revanche si on extrapole sur ces tendances, va se
poser la question des limites des déplacements notamment au sud”. Pour le moment, on
voit davantage de poissons au nord et des stocks qui se dégradent progressivement plus
au sud. Ainsi le centre de gravité de la morue ou du hareng se déplace vers le nord: “mais
jusqu’où où vont-ils pouvoir monter ?”, se demande la chercheuse.
Et ceux du pôle ? Où iront-ils ? “L’inquiétude est maximale pour les zones polaires”,
rappelle-t-elle, celles où le réchauffement sera le plus marqué.
“Le risque principal du réchauffement pour les pêcheries est la fragilisation
de la plupart d’entre elles du fait de la surexploitation des ressources”, juge Mme Vaz.
“Des changements environnementaux auraient pu être encaissés sur des populations
(de poissons, NDLR) en bon état, mais quand on additionne, on a des situations de grande
fragilité”.
Au plan commercial, la valeur des nouvelles espèces reste difficile à évaluer, souligne
aussi Jean-François Soussana. D’autant qu’on assiste simultanément à une “réduction
de la taille des poissons” liée au réchauffement autant qu’à la surpêche. Et les pêcheurs
français sauront-ils, pour les plus artisanaux, s’adapter aux nouvelles espèces ? “Si des
gambas arrivaient, les bateaux ne seraient pas forcément équipés”, juge José Jouneau,
président du Comité des pêches des Pays de Loire. Enfin, le pêcheur note que déjà
“le comportement de l’océan change. Il y a des houles qu’on ne voyait pas avant, plus
importantes”, ou des phénomènes à répétition comme les tempêtes cet hiver.

Le changement climatique et les océans


L’eau de mer et des océans est impactée interactions différentes avec leurs proies
par le changement climatique ; elle et leurs prédateurs, modification de leur
subit des modifications au niveau de métabolisme.
sa composition chimique et de ses Les pêcheries sont donc impactées par
mécanismes physiques. ces changements de comportement
Sur les espèces halieutiques (poissons, et d’aires de répartition. Rappelons
crustacés et mollusques), ceci entraîne que le poisson est la principale source
des modifications sur leur cycle de de protéines animales pour plus d’un
vie : changement de leur habitat, milliard de personnes sur notre planète.
déplacement vers les eaux plus froides,

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 18


II - Océans, pêche et aquaculture : le grand chambardement

“En 2030, L’avenir de l’aquaculture devra être durable !

l’aquaculture La moitié des produits aquacoles dans le monde vient déjà de l’élevage. Aujourd’hui – et
encore plus dans les années à venir – l’aquaculture pourrait permettre de répondre à une
devrait représenter demande croissante que la pêche ne pourra couvrir. La progression actuelle est de l’ordre
62% des produits de 8% par an. En 2030, l’aquaculture devrait représenter 62% des produits de la mer contre
38% pour la pêche de capture, selon la FAO.
de la mer contre En 2050, la production aquacole aura doublé, toujours selon la FAO, ce qui implique une
38% pour la pêche croissance parallèle des approvisionnements en matière première… qui justement vient
de capture, de la mer. L’aquaculture dépend en effet largement d’une source de protéines clé, la farine
de poisson qui provient de la pêche et dont la production va continuer à baisser.
selon la FAO”. D’où une forte pression sur les petits poissons pélagiques comme l’anchois et la sardine
tandis que la recherche d’alternatives se développe sur les micro-algues et les huiles
végétales, entre autres. Les recherches ont déjà permis de réduire les matières premières
d’origine marine mais cela reste très insuffisant.
Question climat, les élevages ne seront pas épargnés mais les effets négatifs et positifs
pourraient s’équilibrer. Une eau plus chaude et une élévation de l’acidité fragilisent les
espèces fragiles comme les huîtres. Mais elle peut aussi favoriser un meilleur taux de
croissance des poissons et la création de nouvelles zones de pisciculture. En revanche,
les évènements extrêmes liés au réchauffement peuvent constituer un handicap
supplémentaire car les impacts seront plus forts sur les côtes, où sont concentrées les
fermes d’élevage.
Mais un effort considérable reste à faire – spécialement en Asie où est concentrée
l’essentiel de l’aquaculture – pour réduire l’impact environnemental et climatique des
méthodes intensives utilisées comme des « traitements » à base d’antibiotiques et
d’antidépresseurs, qui polluent et détruisent le milieu, spécialement les mangroves.
C’est vrai aussi des immenses élevages de saumon en Norvège. L’aquaculture mondiale
a du chemin à faire vers la durabilité sous peine de voir son avenir hypothéqué et les
consommateurs s’en détourner.

Le changement climatique et l’aquaculture


L’aquaculture produit à ce jour la continentale via l’eutrophisation des eaux.
moitié des produits de la mer que nous Ceci se traduit par des mortalités plus ou
consommons, au niveau mondial. Les moins élevées des animaux.
modes de production aquacole doivent Le réchauffement des océans a lui
adapter leur technique à l’évolution des un impact positif sur l’accroissement
conditions environnementales liées au de la production aquacole : via son
changement climatique. développement dans les eaux nordiques
Le changement climatique a un impact qui se réchauffent et une croissance plus
sur les fermes en milieu marin via rapide des individus en milieu plus chaud.
l’acidification et les fermes en zone

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 19


II - Océans, pêche et aquaculture : le grand chambardement

Choisir un poisson bon pour le climat

C’est choisir …
… un poisson dont la production a un impact carbone minimisé mais qui a également
été pêché ou élevé dans des conditions respectueuses de la biodiversité et de
l’environnement.
À noter : la démarche « Bon pour le climat » dépend du produit dont on parle.
Les démarches seront différentes pour fruits et légumes, produits carnés, poissons…
Les poissons et produits de la mer en général font l’objet d’une démarche plus spécifique
en termes d’impact sur le climat.

Pour les poissons et crustacés sauvages


une technique de
issu d’un stock pêche passive telle ayant atteint
pêché sur nos côtes
en bon état que la ligne, le filet une taille minimale
ou le casier
pour limiter afin d’assurer
afin d’assurer
la consommation de km de transport qu’il ait eu le temps
le renouvellement de
carburant limité de se reproduire
l’espèce
des engins traînants avant d’être pêché
Exemple : dorade et autres sparidés, hareng, maquereau, mulet,
tourteau, langouste de Méditerranée, homard du Cotentin MSC,
sardine de bolinche bretonne MSC
Pour les poissons d’élevage
une espèce élevée un produit labellisé
et conditionnée en France Agriculture Biologique
km de transport dont l’impact environnemental est limité par
limité rapport à l’élevage conventionnel
Exemple : truite, daurade royale
Pour les coquillages (pêche ou élevage)
dont les coquilles, fabriquées à partir des carbonates dans l’eau,
sont fragilisées par l’acidification progressive des océans
Exemple :
Élevage : huître, moule,
Sauvage (pêche à pied) : bulot, coque, palourde grise

L’acidification des océans et les coquillages


L’acidité des océans a augmenté de essentiels à la fabrication de la coquille
30% en 250 ans. Les océans absorbent des mollusques. L’acidification des océans
actuellement, par dissolution, plus de menace donc la production sauvage et
25% du CO2 produit par l’homme. La d’élevage de l’ensemble des coquillages
dissolution du CO2 dans l’eau des océans (mollusques à coquilles : huîtres,
entraîne une augmentation de l’acidité moules...) consommés par l’homme.
et une baisse de carbonates, éléments

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 20


II - Océans, pêche et aquaculture : le grand chambardement

Pour un approvisionnement en produits de la mer durables


Valable pour l’année 2015 (révision annuelle)
Liste couleur des espèces
à l’étal Poissons
Recommandé à la consommation, Aiguillat Saint-Pierre
stock en bon état
À consommer avec modération Anchois (Atlantique) Sar commun
À éviter, espèces menacées Sardine (sauf Méditerranée,
Anchois (Méditerrannée)
péninsule ibérique)
Sardine (Méditerranée,
Anguille
péninsule ibérique)
Bar/Loup (élevage) Saumonette
Bar/Loup (sauvage) Saumon sauvage du Pacifique
Barbue Saumon d’élevage
Bogue Saumon sauvage d’Atlantique
Cabillaud (Islande, Norvège) Saupe
Sébaste mentella (Norvège,
Cabillaud du Pacifique
mer de Barents)
Sébaste norvegicus
Cabillaud (sauf Islande, Norvège)
(Islande, Groenland)
Chinchard (côtes portugaises) Sébaste
Sole (Manche occidentale,
Chinchard (sauf côtes portugaises)
mer du Nord)
Colin d’Alaska Sole
Congre Sole du Sénégal
Daurade royale (sauvage) Tacaud
Daurade royale (élevage) Thon albacore (Pacifique, Indien)
Dorade rose Thon albacore (Atlantique)
Eglefin/Haddock (sauf Féroé,
Thon germon (Pacifique Sud)
Irlande, mer Celtique)
Eglefin/Haddock (Féroé, Irlande,
Thon germon (Atlantique Nord)
mer Celtique)
Empereur Thon germon (Mediterranée, Indien)
Espadon (canne, harpon) Thon listao/Bonite (sauf palangre)
Espadon (sauf Méditerranée, sud-ouest
Thon listao/Bonite (palangre)
Indien)
Espadon (Méditerrannée, Thon rouge de Méditerranée
sud-ouest Indien) et Atlantique Est (canne, ligne)
Flétan blanc/Flétan de l’Atlantique Thon rouge
Flétan noir/Flétan du Groenland Tilapia (élevage)
Flétan du Pacifique Truite (élevage)
Grenadier Turbot (sauvage)
Griset Turbot (élevage)
Grondin Légine australe (sauf zones françaises)
Hareng Lieu jaune
Légine australe (zones françaises) Lieu noir (Islande)

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 21


II - Océans, pêche et aquaculture : le grand chambardement

Lieu noir Merlu (littoral ibérique, Pacifique)


Lieu noir (Nord-Est Arctique) Mulet/Muge
Limande commune Oblade
Lingue franche/Julienne Panga/Pangasius (élevage)
Lingue bleue (palangre) Perche du Nil
Lingue bleue (chalut de fond) Petite roussette (canicula)
Lotte/Baudroie (Espagne,
Plie/Carrelet
Portugal, ANO)
Lotte/Baudroie (sauf Espagne,
Raies américaines
Portugal et ANO)
Maigre (sauvage) Raie bouclée (Raja clavata)
Maigre (élevage) Raies européennes (sauf raie bouclée)
Maquereau Requins (sauf petite roussette)
Merlan (mer Celtique) Rouget barbet
Merlan (sauf mer Celtique) Sabre noir
Merlu (sauf littoral ibérique, Pacifique)

Coquillages et crustacés
Langouste (Australie, Mediterranée,
Araignée de mer
Afrique du Sud)
Bulot/Buccin Langouste (Atlantique)
Coque Langoustine (casier)
Coquille Saint-Jacques (sauvage) Langoustine (chalut de fond)
Crabe Royal Moule (élevage)
Crevette grise et bouquet Moule (sauvage)
Crevette tropicale/Gambas (élevage) Palourde grise
Crevettes tropicales/Gambas (sauvage) Pétoncle blanc/Vanneau
Ecrevisse (élevage) Pétoncle noir
Ecrevisse européennes (sauvage) Poulpe
Encornet/Calamar Praire
Homard américain (Canada) Seiche
Homard américain (Etats-Unis) Tourteau (France)
Homard bleu européen Tourteau (Irlande, Royaume-Uni)
Huître

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 22


III – Nos assiettes débordent de CO2

3
Nos assiettes
débordent de CO2
Voilà. Les animaux, les légumes, les céréales, les fruits, les graines, etc.
quittent les espaces agricoles mais le chemin peut être encore très long et très
lourd en carbone jusqu’à ce qu’ils atterrissent dans nos assiettes. Nous avons
divisé ce chapitre en quatre points : le transport-distribution, la conservation,
la cuisson et l’aval, c’est-à-dire le gaspillage et les déchets.
Le transport des denrées alimentaires représente à lui seul 20% du seul trafic routier
“Les denrées auquel il faut ajouter celui lié à l’importation et le transport à domicile. Résultat carbone :
+ ou - 30 MtéqCO2 /an. Des solutions sont possibles : le dernier kilomètre avec des
alimentaires véhicules adaptés les moins polluants, des stockages de proximité ou de mini-marchés
= 20% du transport de gros en centre-ville qui éviteraient aux restaurateurs d’aller plusieurs fois par semaine
à un marché de gros. Ou bien s’approvisionner près de chez soi directement auprès de
routier.” producteurs ou sur les marchés.

Courts circuits bénéfiques


L’achat en circuits courts existe depuis la nuit des temps : ce sont les marchés ! Mais
les circuits courts ont pris une autre forme ces dernières années par la vente directe du
producteur au consommateur sur différents lieux. Favorisant la proximité, la fraîcheur
et la qualité, c’est incontestablement un plus pour limiter les émissions carbonées de
l’alimentation. Outre le fait que cela permet de maintenir ou même de développer une
agriculture péri-urbaine, les productions locales évitent la délocalisation des impacts.
Le lien direct entre le producteur et le consommateur peut aussi favoriser la prise de
conscience de certains impacts de l’agriculture et conduire à une consommation plus
responsable. De plus, les producteurs vendant en direct des fruits et des légumes de
saison sont souvent des agriculteurs bio (dans les AMAP) ou très vigilants sur les intrants
qu’ils utilisent. La saisonnalité est essentielle y compris en circuits courts comme le
souligne l’avis de l’Ademe sur le sujet. Une salade qui pousse sous serre chauffée près de
chez vous aura un impact carbone beaucoup plus élevé qu’une salade cultivée en plein air
venue d’Espagne malgré le transport. Enfin, ce n’est pas parce qu’un produit a parcouru
une faible distance que son impact est moindre : tout dépend alors du mode de transport.
Pour la restauration, les circuits courts restent à adapter à des besoins bien différents de
ceux d’un ménage, surtout en ville.

Mieux conserver pour mieux s’alimenter


Les modes de conservation actuels passent la plupart du temps par la réfrigération
voire la surgélation ou la conserve classique. Depuis quelques années, pas mal de chefs
reviennent à une méthode traditionnelle qui permet de conserver les fruits et légumes de
saison… hors saison. Ce sont les bocaux de verre qui permettent de ressortir en hiver des
fruits et légumes d’été et évitent ainsi la surgélation. On pense bien sûr aussi au fumage –
qui existe depuis le néolithique – mais s’il est efficace, il n’est pas innocent en termes de
carbone.

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 23


III – Nos assiettes débordent de CO2

Le froid : il représente 20% de la consommation d’électricité des ménages hors chauffage.


Si le réfrigérateur est indispensable, le congélateur doit faire l’objet d’un usage raisonné.
Quant aux produits surgelés, ils consomment beaucoup d’énergie : celle de leur
conditionnement à une température de -18°C, celle de l’entreposage dans le lieu de
vente puis chez les consommateurs. De plus, les gaz frigorigènes ont un fort impact de
réchauffement climatique. Cette remarque s’applique également aux plats préparés (aux
qualités nutritionnelles médiocres – trop salés, trop sucés, sur-emballés) qui nécessitent
beaucoup d’énergie pour leur confection, leur transport et leur conservation.
D’où l’intérêt de… cuisiner soi-même ! Parrain de l’opération « Manger pour agir »
en Alsace, le Pr Michel Pinget, endocrinologue à Strasbourg, estime qu’il faut privilégier
le « faire soi-même » en limitant la consommation de plats préparés industriels dans
lesquels sel, sucres et huiles saturées sont présents en quantité importante et améliorer
l’hygiène de vie en consommant des produits de qualité.
En revanche, il n’existe toujours pas de réglementation concernant l’affichage des mets
surgelés par les restaurateurs malgré plusieurs tentatives au Parlement depuis 2011.
Le restaurateur ne peut cependant faire passer pour « frais » ou « du jour » des plats
et ingrédients surgelés. Encore faut-il que cela soit établi.
Le froid, c’est aussi la ventilation (dont on peut moduler le débit) et la climatisation,
deux postes très énergivores, le second pouvant être compensé par une bonne isolation
du bâtiment.

Moins de GES dans le bio


Les émissions de gaz à effet de serre sont diminuées de 30% environ pour les
liées à la production d’1 kg de nourriture viandes rouges et de 50% – voire plus –
en bio : les émissions de CO2 et de N2O pour les produits végétaux et les volailles.
baissent, et les émissions globales par kg

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 24


III – Nos assiettes débordent de CO2

Adapter les modes de cuisson


La cuisson des aliments représente 7% de la consommation d’énergie en France
et 3 MtéqCO2. Mais dans un restaurant, elle peut aller jusqu’à 25% de la consommation
énergétique (et pas seulement d’électricité). Une manie à oublier qui semble fréquente :
l’allumage systématique (donc à vide) de tous les appareils de cuisson dès le matin.
Un plan d’allumage des appareils permet une utilisation au fur et à mesure des besoins.
L’optimisation des pratiques et du matériel au quotidien permet de réaliser de solides
économies (et de réduire les émissions).
La consommation de gaz ou d’électricité varie suivant les différents modes de cuisson,
le gaz connaissant la plus forte déperdition, le plus efficace sur le plan énergétique étant
l’électrique à induction. Chaque chef a ses préférences : gaz très rapide, électricité sur
d’immenses plaques chauffantes. Mais la palme de l’efficacité et de l’économie revient de
très loin aux plaques de cuisson à induction. Pas de flamme, pas de surface brûlante mais
un champ magnétique généré par une bobine de cuivre et dont les ondes ne chauffent que
les récipients « magnétisables », donc contenant du fer. Côté consommation, les chiffres
(Engie) sont là : pour chauffer 1 litre d’eau de 20°C à 95°C, un chauffage par induction
consommera 162 Wh, une plaque vitrocéramique 220 Wh, une plaque fonte 252 Wh
et enfin le gaz naturel 295 Wh. Le gain moyen peut atteindre 40% grâce au réglage de
température d’une grande précision.
Des gestes simples valables pour tout le monde (couvercle…) permettent aussi de faire
des économies mais le choix du mode de cuisson reste le plus important, comme celui
d’utiliser le four à bon escient, par exemple en couplant plusieurs cuissons.
Et la cuisson « basse température » qui a la faveur de nombreux chefs ? Ce mode de
cuisson au four (de 65 à 90 degrés) consomme au final moins d’énergie car il demande
moins de puissance. La perte de poids de l’ingrédient est beaucoup moins importante
qu’en cuisson traditionnelle. Enfin l’absence de déperdition calorifique permet de garder
une cuisine plus fraîche et d’économiser sur la clim ou la ventilation. Dernier avantage :
elle est économe en temps car nécessite moins de surveillance – plus de « coup de feu » –
et permet de cuire pendant les heures creuses.
Et la cuisson sous vide ? IL s’agit d’une méthode de cuisson ultra lente au bain marie,
autour de 65°C. L’aliment est placé dans un sachet plastique sous vide. L’intérêt est
double : la qualité de la cuisson et la préservation des qualités organoleptiques des
aliments. Sauf qu’on ne connait pas les risques de transfert des composants plastiques.
Cette technique a été inventée par le cuisinier Georges Pralus en 1974 pour les frères
Troisgros à Roanne. Le même Georges Pralus a aussi inventé le Vaposaveur, sorte de
cloche qui permet de cuire les aliments à la vapeur au four à micro-ondes. La cuisson est
rapide et précise, conserve toutes les qualités des aliments sans les effets potentiellement
nocifs des ondes électromagnétiques.

Estimation de l’impact en gaz à effet de serre du régime alimentaire


français moyen (hors boissons) en 2007 : 3,5 kg éq.CO2/jour et 2030 :
2,9 kg éq.CO2/jour.

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 25


III – Nos assiettes débordent de CO2

“le regime
mediterraneen
traditionnel est
plus « économe »
puisqu’il permet déjà
de descendre sous
la barre des 3 kg
éq.CO2/jour.”
Moins jeter, moins gaspiller : les poubelles au régime !
Commençons par ce qu’on peut éviter, c’est-à-dire le gaspillage. Le gaspillage alimentaire
émet chaque année dans le monde l’équivalent de 3,3 milliards d’équivalent CO2, soit
plus de 24 fois les émissions liées aux transports en France (FNE). Dans le monde, près de
860 millions de personnes sont victimes de la malnutrition. Sur les 4 milliards de tonnes
d’aliments produits tous les ans, de 30 à 50% finissent aux ordures. Plus les pays sont
riches, plus ils jettent de la nourriture, la palme revenant aux États-Unis.
Le bilan carbone du gaspillage alimentaire est impressionnant : 1,6 milliard de tonnes par
an toutes productions confondues. Cela correspond à 3,3 milliards de tonnes d’équivalents
de dioxyde de carbone (ONU, 2013). Les céréales (25% du gaspillage) sont responsables de
34% de ces émissions. La filière viande, elle, en émet 21,5%, alors qu’elle ne représente que
4% du gaspillage.
En France, le total des émissions de carbone liées à la production et au traitement des
déchets s’élève à environ 40 Mtéq CO2 /an soit 8% de toutes les émissions françaises.
Le potentiel d’économie pourrait atteindre 50% si on adopte les bons gestes à tous
les niveaux. Dans tous les cas ou presque il s’agit de modifier nos habitudes de
consommation.
Le traitement des déchets alimentaires ou biodéchets (30% de notre poubelle) n’est pas
encore entré dans les mœurs en France avec un niveau de compostage très insuffisant,
sauf dans les régions où il est encouragé. Pourtant des solutions existent : un test de
collecte des biodéchets a été mené à l’automne 2014 auprès de 80 restaurants parisiens
à l’initiative de Moulinot Compost et Biogaz pour le Synhorcat. Tous les jours, un
camion GNV collectait les biodéchets et les acheminait à Etampes où ils étaient traités
par méthanisation en biogaz ou digestat. En six mois, 560 tonnes de déchets ont été
collectées alors que les prévisions étaient de 200 tonnes.

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 26


III – Nos assiettes débordent de CO2

A partir de 2016, tout établissement qui produira plus de 10 tonnes de biodéchets par an
devra se préoccuper de leur traitement et valorisation sous peine d’amende.
Quant aux déchets d’emballage, ils représentent un tiers de nos déchets ménagers en
France. Pour les restaurants, il est difficile de se passer des emballages carton mais les
marchés de gros mettent souvent en place des systèmes de récupération. Quant aux
bouteilles plastique, la solution passe par la carafe d’eau micro-filtrée : moins de transport
de bouteilles vides ou pleines, moins de manipulation, moins de déchets, moins de
bouteilles à trier pour un recyclage coûteux, incomplet et inefficace. De 6 à 8 milliards
de bouteilles plastique sont achetées tous les ans en France, le taux de recyclage étant
inférieur à 50%, le reste partant à l’incinération.

Que va devenir le vin ?


Les bouteilles en verre – devenues inutiles pour l’eau sauf minérale – sont réservées
au vin, en privilégiant lorsque c’est possible les vins de la région, sachant que les vins
en culture biologique ou biodynamiques et les vrais vins « naturels » ont un impact
moindre sur le climat parce qu’ils se passent d’intrants chimiques, entre autres.

“Depuis
une trentaine
d’années, le vin
a « pris » un degré
d’alcool tous
les dix ans .”

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 27


III – Nos assiettes débordent de CO2

Depuis une trentaine d’années, le vin a « pris » un degré d’alcool tous les dix ans et il faut
s’attendre à une redistribution planétaire. En Europe, le vin n’a jamais été aussi bon et
c’est bien ça le problème ! On se trouve aujourd’hui à un optimum mais la limite risque
d’être atteinte si le réchauffement s’accélère. Deux degrés de plus et l’adaptation reste
possible. Au-delà, on ne sait pas. Que faire ? Changer les cépages, irriguer, nanofiltrer
pour faire baisser le degré ou encore planter plus en altitude là où c’est possible
(lire : « Menace sur le vin, les défis du changement climatique », chez Buchet-Chastel).

Et si on se passait des sacs « plastique » ?


Quant aux sacs en plastique, ils ne sont pas du tout recyclés même les sacs
biodégradables ou soi-disant biodégradables. Attention aux sacs dits “oxodégradables”
qui trompent de nombreux commerçants de bonne volonté : ce sont des sacs qui
effectivement se dégradent mais sont 100% pétrole ! Cette supercherie devrait être
interdite prochainement. Pourtant, il existe de vrais sacs entièrement biodégradables
produits à partir de cultures non alimentaires. Tous les sacs de l’Expo universelle 2015
de Milan étaient des sacs fabriqués par Novamont en Sardaigne à partir de chardons
spécialement sélectionnés.
Se passer de sacs, c’est se promener avec des sacs réutilisables et ce sera d’autant plus
fréquent lorsque les sacs de caisse seront interdits, au 1er janvier 2016. Et le vrac, qui est
l’option zéro déchet des courses. La vente en vrac contribue à la réduction du gaspillage
alimentaire, responsabilise le consommateur et favorise les circuits courts. Pas de surplus,
on consomme ce qu’on a acheté et pas plus.

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 28


III – Nos assiettes débordent de CO2

Faites le Bilan carbone® de votre restaurant

L’exemple instructif de Léon de Bruxelles


Le Bilan carbone® est une méthode développée par l’ADEME (Agence de l’Environnement
et de la Maîtrise de l’Energie) pour comptabiliser les émissions de Gaz à Effet de Serre
(GES) résultant de l’activité d’une entreprise. Les résultats obtenus sont traduits en tonnes
d’équivalent CO2. http://ecocitoyens.ademe.fr. Cette méthode permet à un restaurateur
d’identifier les points critiques sur le plan énergétique de son activité et d’établir un plan
d’amélioration.

Le métier de Léon de Bruxelles décomposé selon l’angle C02

Année 2008, 20 545 t éq CO2

12 000
Produits agro-
alimentaires
10 000
43%

8 000
8 861
Fret et
6 000 Déplacements
emballages Énergie
Immos clients et déchets
+ déplacements 14%
salariés
13% Produits non 15%
4 000 agro-
10% alimentaires
2 894 2 891
2 000 2 758 5%
2 010

0 1 041
Construire Faire Produire Produire Approvisionner Gérer
le restaurent venir les clients ce qu’il y a ce qu’il y a les restaurants la nourriture
et le faire dans l’assiette autour du restaurant :
fonctionner de l’assiette refroidir -
chauffer - jeter

Au vu des résultats, il apparait que l’essentiel des émissions de CO2 provient des activités
externes aux restaurants : par exemple, la production agroalimentaire (43%) et les
déplacements des clients (13%) et 20% pour l’activité du restaurant.

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 29


III – Nos assiettes débordent de CO2

Flux de biens 5% Produits agro-alimentaires


et de personnes 13%
Produits non agro-
= 32% du bilan alimentaires
Énergie
Déchets
5%
Biens immobilisés
43%
Emballages

9% Fret
Déplacements des clients
Fabrication
Déplacements des salariés
5% des produits entrants
2% = 48% du bilan

Émissions liées 5%
au fonctionnement 13%
des restaurants
= 20% du bilan

Les produits phares des restaurants Léon de Bruxelles : les moules, les frites et la bière,
ont un impact réduit ; 18% des émissions totales (incluant la fabrication, le transport
et les emballages).

12%

4%
Émissions hors
2% Moules-Frites-Bières
Moules
Frites
Bières

82%

La moule, un produit naturel avec un excellent Bilan carbone® :


Quant à la moule, elle a un excellent Bilan carbone®. C’est une très bonne source de
protéines qui génère 40 fois moins de CO2 qu’un kilo de bœuf et 100 fois moins qu’un
kilo de veau. Tout aussi diététique, son impact est comparable à celui des légumes. Elle
se nourrit de phytoplancton, des micro-algues marines produites naturellement dans le
milieu où elle vit et ne nécessite aucun traitement chimique.

Le Bilan carbone® débouche sur un plan d’action


Au-delà du constat qu’il permet de faire, le Bilan carbone® n’a d’intérêt que s’il débouche
sur un plan d’action d’amélioration. Les premières actions ont concerné les émissions
directes sur lesquelles l’entreprise peut agir : baisse de 12% de la consommation d’énergie
au siège, baisse de consommation de 10% du papier, diminution de 30% des impressions
couleurs, un allégement de 22% des imprimés publicitaires et une réduction de 11% des
frais de carburants.

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 30


III – Nos assiettes débordent de CO2

Dans les restaurants, les huiles usagées sont recueillies pour être recyclées, mais surtout il
a été réalisé un vaste programme de relamping et d’équipement de mousseurs réducteurs
de débit sur l’ensemble des points d’eau. Les consommations d’énergie sont mesurées,
pour 80% d’entre elles, toutes les semaines pour analyser les évolutions et les réduire. Pour
les sets de table, une réduction de 20% du papier consommé a d’ores et déjà été réalisée,
ils sont par ailleurs imprimés avec le label Imprim’vert®.

“Une « taxe Afin d’encourager les initiatives, une taxe carbone de 0,1% du chiffre
d’affaires a été créée en interne depuis 2010. Les sommes ainsi
carbone » interne générées sont mutualisées pour financer les investissements permettant
pour financer de mener à bien les actions de développement durable décidées par
chaque restaurant. Ainsi les nouveaux restaurants du groupe ont
les initiatives été systématiquement équipés de chauffe-eau solaire avec isolation
locales des renforcée du bâtiment. Un de ces restaurants a été équipé d’une
balleuse à cartons.
restaurants !”
Agir sur les approvisionnements
Plus délicat est d’agir sur les émissions indirectes. Dès 2004, un plan d’action avait divisé
le nombre de livraisons par 3. Depuis les efforts ont surtout porté sur la sélection des
fournisseurs, aujourd’hui tous impliqués dans des démarches de développement durable.
Le plus emblématique d’entre eux est la société Médithau. Cette société fournit environ
le quart des 3000 tonnes de moules consommées annuellement par Léon de Bruxelles.
Cette PME s’est investie dans la réduction de l’impact environnemental de l’entreprise et
pour la préservation de la biodiversité dans l’étang de Thau, sa zone de production grâce
à un système très performant de traitement et d’assainissement de l’eau (300 m³ d’eau par
heure). http://www.leon-de-bruxelles.fr/

À quoi sert le Calculateur Bon Pour Le Climat ?


Cet éco-calculateur a plusieurs fonctions : s 0OUR CHAQUE INGRÏDIENT UNE
moyenne est évaluée qui donne une
s %VALUER LEMPREINTE CARBONE DUN PLAT indication précise. Mais on ne peut
s #OMPARER LEMPREINTE DES PLATS EN donc différencier, par exemple, deux
fonction du choix des ingrédients, variétés d’aubergines produites toutes
de leur saison et de leur lieu de les deux en France
production et/ou de leur mode de s ,A SAISONNALITÏ DES PRODUITS  SELON
conservation le lieu où vous vous trouvez, on peut
s #EST UN OUTIL PÏDAGOGIQUE DE constater un léger décalage selon les
sensibilisation aux enjeux liés à espèces (par exemple entre Paris et
l’alimentation et au changement Nice) mais le tableau de saisonnalité
climatique est établi pour les saisons moyennes
s ,A BASE DE DONNÏES EST LIMITÏE  IL en France. Vous pouvez, si vous avez
existe autant de produits différents l’information, indiquer que l’ingrédient
que de filières agricoles ou de est de saison sans qu’il le soit dans le
transformation. Tous les ingrédients tableau
n’ont donc pas fait l’objet d’études s ,UTILISATEUR DOIT CONNAÔTRE CERTAINES
scientifiques validées par l’Ademe informations de base sur chaque
comme c’est le cas pour les ingrédients ingrédient : provenance, saisonnalité,
de la base de données du calculateur grammage exact
(Les données sont issues d’études validées par l’Ademe)

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 31


III – Nos assiettes débordent de CO2

Faire converger les enjeux santé/environnement


Le scénario 2030 de l’Ademe pour une alimentation rééquilibrée
s 2ÏÏQUILIBRER LES RÏGIMES ALIMENTAIRES baisse des intrants…), en améliorant
pour faire converger enjeux de santé l’efficacité énergétique et en
et enjeux environnementaux : en développant les productions sous
réduisant la consommation de viande label, - en améliorant les procédés dans
(-10% par individu moyen de 2007 à les industries agro-alimentaires et la
2030), en augmentant la consommation chaîne de distribution, notamment
de céréales et légumineuses et en dans une approche d’écoconception,
diminuant la consommation de se traduisant par une amélioration de
boissons embouteillées (alcool, l’efficacité énergétique, un découplage
boissons sucrées). entre les quantités de produits et l’essor
s 2ÏDUIRE DRASTIQUEMENT LE GASPILLAGE des emballages.
alimentaire, à chaque étape de la Pour parvenir à ces différents objectifs,
chaîne alimentaire : en visant une un engagement de l’ensemble des acteurs
baisse de 60% de 2007 à 2030. est nécessaire : notamment au niveau
s !MÏLIORER LES PRATIQUES AGRICOLES ET de la production agricole (agriculteurs) ;
développer l’écoconception dans les des industries agro-alimentaires et de
industries agro-alimentaires : - en la restauration collective (lien entre offre
favorisant la diffusion de pratiques et demande) ; ainsi qu’au niveau du
agro-écologiques (valorisation des consommateur, qu’il faut sensibiliser,
ressources naturelles disponibles, informer et former aux enjeux d’une
développement des légumineuses, alimentation durable.

Bon pour le climat remercie tous ses partenaires :


l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, la région
Ile de France, la mairie de Paris, le Synhorcat, SeaWeb Europe.

“À suivre… en 2016 Merci a tous ceux qui soutiennent l’action Bon pour le climat :
avec un premier
bilan de notre action
et de nouvelles
initiatives.”
Bon pour le climat
Association loi 1901
23 rue Henri Barbusse
94110 Arcueil
Tél : 07 86 03 47 35
www.bonpourleclimat.org

Bon pour le climat : Pourquoi et comment — page 32

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