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REVUE MENSUELLE.

CULTUREllE
ECONOMIQUE cS SOCIALE
Mars-Avril - N" S3 - Prix: 2 DH
Directeur: LOGHLAM Mohamed
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a titres gracieux LIGNES INTE~NATIONALE!' ou MA~OC
lamalif Nu 53 MARS-AVRIL 1972

POINTS DE REPAIRES Il court d'étranges rumeurs - Maro r -


Algéne ou en est Gara DJeblle ? -
Conléren:::e méditerranéenne - Saha-
ra - Apollo XVI et le MOIoc 'l.

DOSSIER LA CRISE
- La CrIse politique Cl
par Lamalil
- La cnse économique 16
par Zakya Daoud
- La crise psychologIque 18
par Hassan Benaddi
- La cnse socIale 19
par Mustapha Isnasni
- RéllexlOns sur les temps présents 21
par Samira Mounir

THESE • La théorIe du contrôle soclOl chez


Ibn Khaldoun " de Fouzia Bel Khayat 23
par Zakya Daoud

,ECONOMIE - La Lotene NatIonale 26


- La B.N DE 30
- L'mdustrie automoblle 32
- L'industne textlle 34
- Le coton au Maroc 3S

LIVRES Notes de lecture 37


Allal ou cUlot Alllllo Gaudlo 40
par Ahmed El Kohen

ETUDE DIX solutIons aux problemes de la


langue en Tunisie 43
par Samira Mounir

NOUVELLE P.;:ise de conscience 47


par El Bérini Mohamed

Directeur Gérant LOGHLAM MOHAMED


Rédacteur en Chef ZAKYA DAOUD
Direction. Rédaction. LOGHLAM PRESSE, angle rues des Lan-
Abonnements des et Ibnou-Tabir (Ain-Diabl - Casa-
bIanca - Tél. 583-97
Publicité 16, rue de Foucauld
Casablanca - Tél. 734-16

Impression IMFRIMERIE DE FEDALA


Mohammédia - Tél.: 22-.6 et 2.-05
IL COURT D'ETRANGES RUMEURS
Le rôle ees r meurs 0:1r,5 la vie poh- 0.7 00 de ia populahon lit un journal chose Des sondages aupres des auto-
t:que marOCOlre ne date pas d'hier et que la radio est muette sur l'essen- ntés ont montré que celleS-CI reee-
Ur.e freq en atlOn assidue de nos hls- hel VOlent chaque Jour plUSieurs co ps de
Orlens le démontrerait amplement. Ré- Or durant le mois de janVier II y eut téléphone de personnes inqUiètes de
r t nous avons rel u manus- deux types de rumeurs CelleS-CI lurent l'annonce d un tremblemen de terre
XVIII' slede d'un lettré de toutes les deux absurdes dans leur Les responsables indiquent que les
R::bat Ab es:.lam er-Rbah Ce chro- contenu apparen, mOlS lort intéres- E ropéens paraissent les plus leroc-
-<",•• ::éCrlVOlt une panique mons- santes par ce qu'elles dévollent. Car r;sés. a la différence de ce qu on ava
tre .rO .t,.. en 1755 apres l'annonce ::lu n oublions pas que la rumeur révele ons até en févner 1969 Les SclrVlvan s
lrembl,.., ent de terre de Meknès La les fantasmes de l'inconscient collectif d'Agadir sont particuherement t:lnXle x
po ulatlon de Fes fUYOlt en tous sens La rumeur dit plus de vérité qu'elle et ris se remémorent la nUit du 29
Il ('st vrOl qu on sortOlt d'une longue n en a l'air fevner
erlode de crise polillqlle a la suite Or toute ce e peur n'a aucun lor. "'-
':l le mor e Moulay Ismail Et Mou- Il y eut out d'abord ces bruits de
sévices sur la personne d un jeune ment objecttl Personne n'est capablE'
.ay Abdallah venell a I:'elne d écraser de préVOIr une catastrophe na'l.lrel1e
étranger CelUI-CI ne s'y est pas trompé
les revolles 'Ahmed ben Ali er-Rdi et comme un tremblemen de terre Il ne
et il a lou de suite compris que ces
'les ...horfe d Ouezzane sert donc strictement a nen de éle-
Inslnuahons avaient «pour but in-
Il est aussI un fOlt que depUIS quel- phoner aux services spéclahsés au a
avoué de porter préjudice aux rapports
q es années les rumeurs se su:cède t la police uand on sait qu'II y a un
conliants e amicaux qui existent entre
~ar s IscontInuer Les deux sUjets prin-
les diliérents éléments de la popu tremblement de terre, c'est qu 11 es'
CII:'a x er. son les iormes de la répres- déja ermlné mais on éVite d'en mlor-
lation de Casablanca. On peu ce-
3,0[1 e les eventuelles redlstnbutlons
pendan se demander si ces rapport.. mer le public pour ne pas 1ailoler
cl pouvoir MOIS parfoIs Il y eut des (ainsi Il y eut une secousse assez
sont aussi «conliants et amicaux.
r meurs b en plus etranges et souvent sérieuse le lundi Il JanvIer dan~ une
qu on veut laire semblant de le croire
prophéhques Ces rOlsons ont fOlt que ville côtière à 0 heure 37 et la plupart
.es r me rs on retenu l'attention des L existence même du succès de cette
rumeur, qUI est un lait indubitable, ne des habitants sortirent aans la n:e
analystes Certes, on peut rêver d'un mOlS cela encore une fOIS n'a aucune
e 're de recherches qui étudierait les prouve-t-elle pas strictement le con rOl-
rC' 7 e s'agit-il pas d un grondement sigmficallon. Il est ngoureusement Im-
r meurs au Maroc et leur ddluslon possible de prédire quand a ra lieu
PlUSieurs personnes nous ont dit leur précurseur qui doit être compris pour
ce qu'il signifie 7 En clair on pouvait la prochaine secousse percep lble par
deslr de créer n tel centre d'expéri- 1 homme).
mentahon et de vérifier les nombreu- hre dans le colportage de ces bruits
ses lOIS trouvees par le chercheur Dodd le désir d'une partie de la population Quelle peut donc être l'ongine de cette
pour le "'ompte de l'armée de l'air de Casablanca de voir mourir certai- peur? On lrouve cette angOIsse latente
a:J éncOlne Celle-CI désirait en eHe, nes personnes au lond d'un commis- en minorité chez des Ma-ocOlns, e.
savoir ou. q and et comment 11 fallait sariat. Si on reste sceptique devant mO]orlté chez des Européens Le rem-
lancer des tracts sur une région qu'on cette explication, qu'on se reporte vingt blement de terre slgmfle que la hr.
veulait influ nç-er ens en arrière. Des bruits semblables d'un monde est imminente On es dans
Er. attendant uni:: ,,,::,, -6f1exlOn sur aVOlent alors circulé, Qu'on se sou- j'attente du discours de l'Aïd Le pou·
les aspects formels des messages, leur vienne de la fête du Trône de novem- voir subira-toi! des transformations?
alterallon et leur allure de diffUSIOn, bre 1952! Le statut des e rangers sera-t-Il modl-
nous pouvons dé]a laire quelques On peut dire de cette première forme lié 7 On a entendu parler des réunlons
remarques sur leur con enu présent de bruits qu'elle a un aspect nette- groupant le ROI et la Koutlah mo s on
Deux causes exp~:quent l'appaTlhon ment extrapunltif On pourrait y lire ne sail pas ce qUI s'y est dit On
d ne rumeur Il faut que la populaholJ de la xénophobie si on ne se souve- pense que cela est Important, que cela
crOIe que les événements d'actualité nait pas que l'opposition est d'abord va engager l'avenir d'un certain nom-
"ont importants. Plus on a 1impreSSIOn et avant tout économique Il exisle bre de personnes On a réeHement
de vivre un changement social essen- maintenant une deUXIème forme de peur et on libère ses anlasmes d'une
tiel et plus on aura tendance a redif· bruits et ceux-ci sont tout aussi inté- façon à peu pres acceptable les
luser le message que l'on aura reçu. re:.sants forces du destin et de la nature 'Ien-
En comparant donc les potentiels de Il s'agit de lormes laiclsées de l'attente r.ent ca=her les clivages et les luttes
ddlusiof>, on saura ce qui est impor- messianique • Rabat \'a être détnllt polihques et économiques. C est ainsi
tant et ce qui est secondaire Deuxiè- par un tremblement de terre le 17. qu'on a pu hre un curieux billet sur
mement 11 faut que les nouvelles Casablan::a sera rasé par n raz-de- adame Soleil dans le tahn. du
conç-ernant ces événements soien ra- l'llarée le 22., On connait le rôle de 20 JanVier,
res et ambigués Cela sera toujours petits calendriers po ulaires a l'origine Tremblement de terre, raz-de-maree?
lb cas a'J Maroc puisque seulement dt' ces rume rs, mais Il y a ien autre Conflits d'mterêts. lutle de clos e
ROC - ALGERIE ou en st Gara Djebilet ?
Entre l'Algérie et le Maroc. les rela· ploitations minières (Sonarem) "'! il disposé à l'admettre comme po:nl d ..
tions. on le sait. d meurent au beau avait semble-t·il. été communiqué au départ et comme compensation. 11 lau·
fixe: la visite récente du ministre de B.R.P.M. drait alors en c.onclure que Ja coopé-
la Défense à Alger. et. surlout l.a che· ration maghrébine n'existe pas. el qu'Il
leur. surprenante. du télégramme du Les études de la Sonarem complétant y a à l'intérieur du Maghreb. non pas
président Boumédienne à M. Karim les dossiers antérieurs tant marocains des rapports d'intégration. et de con:;·
Lamrani. viennent encore de le dé· qu'algériens avaient précisé ~'i!s ca- truction, mais des rapporls rie do:ni-
Dlontrer s1l en était besoin. ractéristiques technologiques. techni· nation. 11 faudrait aussi 513 demander
ques et économiques du gisement. les comment on ose. dans ces conditions,
Mais. au delà de ces relations de bon phases de sa reconnaissance (130 à évoquer, sans ses pendants légitimes.
voisinage. étroites dans la lignée du 300 km2 à 20 mètres de prolondeur et le bornage des frontières comme on
sommet d·Urane. où en sont les rela· à 130 kms de Tindoul). de ses réserves l'a lait en décembre lors de la venue
tions pratiques et concrètes entre les (400 millions à 3 milliards rl.e t.). de au Maro:: du ministre algérien de l'In·
deux pays? sa qualité (50 à 57 ~I., de teneur avec térieur, et il !audrait alors constater
8 % de phosphore). les quantités ex- que. ce seul fait extrêmement carac-
Les renC'Ontres de janvier et lévrier au ploitables (10 à 15 millions de t. par téristique, résulte d'une option d'aban-
niveau ministériel ont abouti à des an) ainsi que les différents procédés don d'une intégration maghrébine bien
communiqués qui donnent comme pers· d'exploitation (trait ment au ,:,az p-:: comprise qui donne des chances éga-
pectives dans ce domaine la création séparation maghétique à sec). av, les aux pays qu'elle prétend englober.
d'une commission ad hoc pour recen· 1 urs coûts. leurs diflicultés. el leu '.,
ser les complémentarités économiques taux de rentabilité. ainsi que les tra·
et aUer plus loin que l'actuel accord cés d'écoulement possibles. Les clients
commercial qui vient d'ailleurs d'être éventuels de ce minerai avaiE'r l ,
augmenté et reconduit. Mais à notre
c.onnaissance. cette commission n'a
lement été recensés. Les inves isse-
ments étaient évalués à 119 milliards
CONFERENCE
toujours pas vu le jour et les complé·
mentarités restent encore ?t recenser.
d'anciens lrs. dont 9 pour la m'se (:".
explo:tation. 58 pour la voie !errée et
MEDITERRANEENNE
32 à ~3 pour le port.
Toutes les autres décisions. créaiion Une offensive qui e précise de plue:
d'un bureau de l'O!alac à Casablanca. Mais. depuis lors. rien n'a ét';' d:V'~' en plus es dernières semaines e-;t
d'une chambre de commerce mixte. gué sur ce projet. 11 semblerait même engag' e par les pays d la rive arabe
expéditions par Ghazouet des produc· que. du côté algérien. on ne sente plus de la Méditerl"anée pour obtenir, se-
tions marocaines de l'Oriental. aug· tellement la nécessité d'une coo lon leurs propres termes un déga-
mentation des échanges. achats accrus tion économique avec le Maroc autre· gement des flottes étrang l'es" et
de pétrole algérien. resssortent de la ment que pour le transport. ce qui est r "taurer la paix et la stabilité dans
concrétisation de mesures antérieures. obligatoire. C·est. tout au moins. le ce: te r 'gion menacée par l'intrusion
Mais s'il y a un problème clont ceite bruit qui circulait à Alger ces derniers des grandes puis ances Il s'agit donc
commission ad hoc pour le moment mois. d faire en sorte que la mal''' no -
inexistante. devrait par.er. c'est bien trum des Romains e transforme n
d'une coopération concrète pour Gara Nous avons pu en avoir la confirma- 4' lac de paix pour reprendre une
Djebilet. telle qu'elle avait été annon· tion en février au Maroc. lors de la id e lancée par de Gaulle et r pri e
cée. Or. il y a lieu de se demander venue du ministre algérien du Commer- par la sui p c notamment en 1970
actuellement où en est ce projet. Du· ce. Interrogé sur le contenu des dis- par Pompidou, L'idée n'est certes pas
rant l'été 1970. une réunion avait eu cussions de la commission ad hoc et nouvelle mais force est d con tater
lieu pour mettre sur pied une société l'inclusion de Gara Djebilet dans cel- qu'elle a connu depuis le début de
mixte algéro - marocaine qui devrait les-cL son homologue marocain s'est 1972 un regain d'intérêt, et surtout
exploiter. en vertu de l'accord de Tlem· contenté de répondre: .. Je ne m'occu- de la par du côté arabe de la Médi-
cen. la mine de 1er de Gara Djebilet. pe pas du transport ... terranée assez réticent au d part à
entrer dans les vues eu l'Op 'enne
D ressortait des discussions techniques Si une telle tendance devait se confir- puisque l'idée française avait tES re-
que l'écoulement du minerai qui avait mer. elle serait extrêmement grave. prise gaIement. on s' n souvient,
posé maints problèmes et lait l'objet On ne peut valablement parler de par la R.F.. t diff rents autr
de plusieurs hypothèses. se ferait fina· recenser les complémentarités. de co- pays d'Europ .
lement par Tan·Tan- et que la sociéto pération économique et de construc-
mixte construirait un port et une vo'e tion du Maghreb si on élude justement En effet, il n'a pas t, entre 1 s
ferrée (voir «Lamalil ". n° 41). Le dos- les points où tout ceci pourrait se pays du Maghr b, entre ceux-ci et
sier était établi par la soci4té natio- laire pratiquement et où un large les pays du Moyen-Orient et entre
nale algérienne de recherches et d·ex· consensus national des deux côtés es' le pay du Maghreb el les pays

'j - 3
IIrop ns, dans 1 cadre d'une int ,lse Il eonc rnent n premier lieu la s -
actlvlt' diplomattqu ,d di ceurs 0 1 curi e.Jrop enne et la onférenr
dc ommuniqués ommuns, qui, c prévue à ce suje n automne pro- AH
d rnl rs mois, ne fas nt allusion à chain, conféren e qui a d'ailleur~ ét(
la M(sditerranée, non plus comme d'U,l annoncée au début d 1972. D s ce Réunis d but jGn7ier à Alger, ~ell mi-
probl' me parmi beaucoup d'autres moment, les Tunisiens I~s premiers
nistres des Affaires Etrangères du Ma-
niaIS pour le ('jter au premi l' plan on pris l'initiative de dire que la roc, de l'Algérie et de la Mauritanie,
dcs pl' 'occupations et en t (les sécur;té europ enne evait ètr 'ten- avaient, se situant dans le cadre de
priorit s due à la M diterranée f ute de quoi la conIérenc tripartite.;le Nouahdibou
elle ne saurait xist l' et être ouvert on septemb=e 1970, lancé un nouvel
L' Ig«!ri" a pri la tét de cette à d'autres nation. Dès lors l'idée
off nrive parce qd'elle a ,sté le centr appel à l'Espagne pour qu'elle opère
a été san ces e reprise et notamment la décolonisation du Sahara, selon le
de ce: agitation diplomatiqu en par le présid nt de la République
n'!' vant des d légations yougos1:lves, processus référendaire décidé par
alg rlen;'le qui a affirmé nettemen : l'O.N.U, Après avoir examin~ ce pro-
1 oumalnes, e.~ragn les, tunisiennes, ous avons lancé des appels pour blème, de la présence coloniale espa-
lIbanaises, et dernl rement gypti n- que la Méditerran'e soit une mer
n s, en préparation du premier voya- gnole à leurs portes, qu'ils estiment
sans flottes étrangères. La M diter- avoir en commun, les trois pays avaient
f{e erre tué par le prtssid nt Sadate l'an e appartient à j'Europe et aux
,lIl Maghreb, voyage qui intervi n passé en revue leurs relations bila-
Arabes. et nous espérons en faire un térales et • régionales .. et décidé d'in-
à ] 0 ans apI' s ux rf ctués dans trait d'union ntre le mond araue e lenter une aclion auprès de Madrid.. Ils
c' il l' gion par le président Nasser.
l'Europe ». On ne saurait être pUs avaient aussi. et surtout, décidé la
C' st à Algel' aus i, qJ les l'ai on. clair. Cependant la volon é de pro- tenue d'un sommet sur ces problèmes
d tout::- 'e: te agitation diplomatiql" fiter de la conférence de sécurit durant la deuxième quinzaine de mars
nt é r'cemment précis ,ave européenne pour faire une conférence à nabat.
l'annonce d'une prochaine conférence de écurité méditerranéenne doit être
m cil erranéenne dont la préparation gaiement vue en liaison avec des La deuxième quinzaine cie mars es!
e tassez avanc e pour que l'on problème poli iques et économiques pc&ssée sans que le sommet se tienne
an non qu'ell n'aura pas pour cri- de la région. Et l'on peut à cet égard el sans même que l'on annonce d'une
t re le non alignem nt, mais l'appar- formuler des hypothèses: l' lancer manière ou . 'une autre !Y.'n repor'.
tenan ou non à de pact s mili- ainsi le débat international sur le Force est de (onslater que l'on a toul
tau'es. L s pays qui, de notoriété probl me palestinien, que les grandes fait pour le faire oublier, Tout jus'e
publIque ont des bases sur leur sol, puissances ont pra: iq<Jement bloqué peut-on noter au plan de l'aetuali;,,
('omme l'Espagne, y seront inclus, t au niveau le plu élevé en mon rant un échange de messages Boumédien-
il faut voir là une des raisons de combien l'Europe est concernée par ne-Ould Daddah début mars, et une
sllenee ntre enu sur le probl me du un tel problèm - relancer le :lon visite d'une délégation marocaine en
ahara, L'O.T.A. . eule étant im- alignement sur de nouvelles bases février à Nouakchott. Pour !e reste, un
plantée dans la l' gion, ses membres régionales plus concrète - ne pas silence qui ne la'sse pas d'ptonner.
n seront pas oncerné par la conf - se couper de l'Europe unie pour de
r n e méditerranéenne, c'est-à-dire le raisons politiques, mais aus i cono- Cependant, on compren':Ù'a mieux ce
Portugal, l'Italie. la Gr ce, la Tur- mique, en liaison avec le accord silence si l'on constate qu'entre le
quie. Le ca de l'Albanie ne semble que les pay du Maghreb doivent début de 1972 et !e mois rie mars
pas avoir ét étudi. Cette conférence d'ailleurs cette année renégocier ave l'Espagne a accentué sa percée éco-
grouperait donc d'ores et déjà l'Alg - le ix du Marché Commun. t afin nomique sur les trois pa s en po-
rie, le Maroc, la Tunisie, la Libye, de favoriser un d 'veloppement ra- culier et sur les autres pays a-cl...-
la R.A.U.. la Syri , le Liban, Malte, pide propre à arracher les peuple en général. Ainsi. on note pour '0
Chypre, la Yougoslavie, la France et sou -développ's à la mis re e à l'im- Maroc une réactivaron de certain~s
l'Espagne. Un pl' -sommet, sans dou- puissance, et difier des structures relations économiques bilalérGles, au
t de pl'éparation, pourrait avoir très solides garan issant une aine orga- plan de la pêche, et surtout la ré!'~
prochalnem nt lieu à Alger entre les ni atlon des échange commerciaux lu lion du problème posé par le pas·
chefs d'Etat d l'Algérie, de la et de la coopération conomique e,lire sage des agrumes marocaines à tra-
R.A.U., de la Tunisie et de la Libye, Tier -Monde et pa indu trialisés vers l'Espagne.
c' s -à-dire en quelque sorte les pl' - pour parler comme le pré ident Bour-
ur eurs de cette rencontre. L'objec- guiba - enfin faire pres ion ur les On note pour la Mauritanie, l'étude
tif de cette offen ive méditerranéenne grandes puis ances pour faire enten- faite par une délégation madrilène des
a fait l'objet de maints di cours, il dre une voix de plus de poids que i problèmes de coopération qui s'est
peut être ainsi l' sumé. !JI umouvoir elle n'avait té compo e que des traduite par une aide en matière
la paix, la curit, la stabilité ur pay sous-développ' de la région, d'agriculture, d'équipement et d'indus-
les l'ives de la M diterranée, instau- et c'est ans doute pourquoi la hine trie.
r r enll'e les riverains une concer- a d jà déclaré appuyer fermement
tation totale t globale, d ider un cett initiative. On note, pour l'Algérie, un achat très
statut de la mer M diterran e, réglel' important de gaz algérien par l'Espa-
1 s problèmes politiques l' gionaux et Quoi qu'il en oit, se po e désormai gne qui se situe à un niveau sans
locaux 1 elatifs aux individus taux le cas du Maroc: à propos de Médi- précédent (232 milliards de thermies
collectivités en toute ind pendance terranée dans quelle mesure omme- à partir de 1974) et la constitution
hors des pressions étrangères, cr el' nou un pay riverain pui que tout d'une société mixte chargée de pro-
entre le riv rains des liens de coopé- notre côte médi rrané nne e t mouvoir la vente de gaz algérien, de
ration troite, promouvoir la n utra- con rôl e par l'Espagne avec Ceuta, développer l'installation d'unités satel·
lIté d la région t la co xisten e de liles de regaziIication, et d'assurer le
1: lllla et le iles affarines? ou-
tou s s riverai. transport par méthaniers ainsi que la
venon - nou gaIement qu'il a commercialisation. De p us, la conclu-
ependant 1 s v l'Itabl s mollfs de quelques jour M. Malrau,' nous sion d'un accord de coopération éco-
tte offensive m diterran nne e con eillait ami alement de nou tour- nomique et financière entre l'Algérie
situ nt au delà d ces affirm tions. n r vers l' tian tique ... et l'Espagne pour augmenter les échan,

t - '1
ges, les diversifier, les ~qui1ibr r et rope aux problèmes du Moyen-Orient, noncent avec vigueur le processus
renforcer les relations, est annonclle et où, d'autre part, les trois pays d'hispanisation et de prolétarisation
comme prochaine. d'A1rique du Nord se soucient de qu'eUes subissent. Elles dénoncent
conclure un nouvel accore'. avec la l'exploitation coloniale de l'Espagne, et
On note, pour la Libye, un accord C.E.E. Raisons politiques: étendre la traduisent concrètement leur mécon-
de coop~ration el la venue de M. Lopez séc."Uritll européenne au bassin médi- tentement. La conséquence en est que
Bravo à Tripoli qui avait lité retardée terra né en: raisons économiques: réa- leurs voix longtemps oubliées retrou-
n raison des déclarations offensives liser le ~ndant d'accords et de coopé- vent quelques échos, et que l'appui à
de M. Khaddafi, à Nouakchott, selon ration que permet, dans une telle la cause du Sahara tend à sp faire
lesquelles il fallait libérer le Sahara. optique, l'Europe des Six. plus réel. En témoignage le colloque
La visite du ministre espagnol des organisé sur ce thème à Rabat et lors
Affaires Etrangères ayant ét' condi- Mais, en dépit de tous ces calculs. le duquel on a englobé le problème du
tionnée par 1 retrait de ces dllclara- problème du Sahara ne se laisse pas Sahara dans le combat global de libé-
tions, les dirigeants libyens ont dû oublier aulant qu'on le vou-:lrait. Des ration du peuple marocain et déclaré
convenir que leurs paroles avaient dé- arrestations à la suite de manifesta- que la lulle armée devait être enga-
passé leur penslle. Un acc.ord a aus- tions, début mars, -:lans le territoire, gée. Même si ce langage peut paraî-
sitôt suivi. ont jeté de l'huile sur le feu qui cou- tre utopique, il y a en tous cas, 17 ans
vait. Les populations sahraouies dé- qu'il n'avait pas été entenclu.
On note, enfin, et ce n'est là qu'un
exemple de la percée espagnole sur
le Machrek. le fait qu'Hispanoi1. la
société espagnole d'hydrocarbures ait
APOLLO XVI ET LE MAROC
été autorisée à prospecter en Egypte,
tandis qu'en Libye elle remplacera la D' une manière générale. les commen- 77 et 79. Cc grand tour (omprendr,1 une
B.P. avec laquelle Tripoli a eu le dif- taires qui ont accompagné la récente VI ite à Jupiter. Saturne. Pluton. Uranus
férend que l'on sail. e 'périence Apol'o ont été fort ternes. e eptune Bien plus Importante sera
Le grand public marocam ne voit pas la mi e au pomt en 79 d'une ndvette
Mais, cependant, la perc~e économi- quelle est la finalité des vols spatiaux: spatiale cap, ble d iltternr sur un ,1I:ro-
que espagnole sur le Maghreb et le ft Dites-moi un peu à quoi cela peut drome.
Machrek n'est pas l'unique raison de servir 7... Quelle importance a la lune?». Parallelement sur t('rre, le, dlver.s regi-
la mise en sourdine de toute réfé- Il e t vrai que même le public amén- mes des pays sous-developpés auront de.
rence au Sahara, au moment d'ailleurs cain emble bla é et que les congre men difficultés à assurer leur decoll'l\Je eco-
où Madrid avoue avoir commencé l'ex- ,echign nt à vo er de nouveaux crédits nomique dans le cadre présent des ech,m-
ploitation des phosphates de Bu-Craa pour la .A . . A. ges mternatlOnaux megiwx. Aussi Id
et a déjà exporté une première livrai- Pour secouer un peu cette apathie. ima- série actuel'e de coup d'Etilt militaIres
son de 6.000 t. sur le Japon, mise en ginons e s énario du futurible u:vaot: se poursuivra-t-elle. Par vOie de consé-
sourdine dont il !aut aussi noler qu'elle la volonté de conquête spatiale et le quence. le grandes pUISSiln(eS devront
c.oncerne même l'O.U.A. puisque le projet Apollo en particulier ont des con entir de dépense dcerue pour
prochain sommet de l'organisation afri- ccnséquen es de la guerre froide qUI maintenir l'ordre International et soute-
caine, qui se tiendra en juin à Rabat, évi sait après 1915 entre l'U.R.S. . et nir leurs régime va saux. d ,1Ut,lnt plus
ne doit pas évoquer le problème du le U. A. Cependant. en 19 O. ce deux que eux-cI seront dépourvus d',lssise
Sahara. impérialismes ont signé à V:enne un populaire. Il est vraisemblable qu a Id
armi tice et ont convenu de se créer même époque. la Chine.s t,1IIIera, elle
Les raisons profondes doivent en êlre deux zone d'influence dan le Tiers- aus i. une zone d'Influence en le ct
cherchées dans la conférence de sécu- Monde. y compri l'Europe. Aussi dans qu'e'le se heurtera aux même proble-
rité européenne el son pendant médi- la seccnde moitié du XX" siècle, les me .
terranéen qui font l'obiet d'une nou- programmes patiau russe et amér:- Dan la première mOitie du XXI' SIt:c1...
veUe stratégie des pay's du Maghreb cain. privés de leur re sort politique. des révolte ince santes. des guérillas
à l'heure où d'une part. du côté arabe vont subir un recul ensible. La .A. multiples. des troubl s divers. conse-
de la Méditerranée on lance le slogan .A. pourra encore effectuer le tour du quen e des dictatures. gêneront l'ache-
du te lac de paix .. pour intéresser l'Eu- propriétaire du sy tème so.aire vers 76- minement de matleres prem:eres brutes

. . ~

.. AI4 AJ Olof ... ... OE LI/IJMMJITe ... ... TOUT EI+JTltRê...

'1 - 5
er5 1 indus nall3é Pou 1
m m s le produi fmlS. a fo e
val ur urr nt plus Ca -
lement -tre écoul'. dilns le marché
restreints des nations prol' Ire5, A 1
arrivera-t-il un moment ou raide au
régunes vassaux tendra a n'être plus
équilibré par 1 s profi tir de l'e -
plolta on de ce méme régimes. U~

A.
coû des d.vers néocolonialISmes ont
tels qu on devra abandonner cette f -
mul comme on avait déja repudlé ve

• •
1960 la formule de 1exploi a lon colo-

• niale directe.
Ce t a ce moment-la que les natlons
industrielles prendront conscumce qu'e'les
avaient découvert l'espace comme C0.-
lomb avait découvert l'Aménque.
premier voyages spatlélux avaient d
motivations politiques qu'on avait tenté
de remplacer après 1971 par de moti-
vations scientifiques. Après tou . Colomb
rech rchait J'Inde et ensuite on avait

SOCIÉTÉ A 0 YME b.en tenté de justifier la conquéte de


1Amérique par l'évangélisation des In-
diens. Ces fausses con cience disparues.
on 'étal mis il e plolter l'or du Pérou.
Alors pourquoi. dans la conquéte spa-
tiale, les moti ations économiques ne

MAROCAI E ITALIE E prendra:ent-e'le pas le relaIS des an-


c:ennes moti atlon politique ou cien-
tifiques 7 On ~e souviendra alors qu'en
1971 on avait décelé la pré ence d'alu-
mlOlum sur la lune. Aussi trouvera-t-on

DE RAFFINAGE
rapidement sur les diverses planètes de
nombreu. métaux am i que des roches
radio-actl es qui fourniront l'énergie
néce aire a la transformation sur place
des matières première. Dans la deu. iéme
moir:é du XXI siècle, on maîtrisera
l'énergie olaire. On utilisera le gran-
de ariations de température qui e, is-
t nt sur les planètes pour mettre au
point des technologies entièrement nou-
velle . On pourrai méme mettre il profit
les grande chaleur ré ultant de l'a cé-
Nouvelle capacité de raffinage lérat:on lors de la rentrée dans l'atmo-
sphère pour provoquer de fusions de
métaux ou opérer de réactions chimi-
ques.
2.500.000 tonnes 1 an Au XXII' st' le. le anciens nu de
l'économie mondiale qui amenaient les
matièr première des néo-colomes »
ver les nations industrielle e tariront.
Une économie interplanétair remplacCT3
l'économie mondiale comme celle-ci avait
r mplacé au < siècle l'économie médi-
terranéenne ou l'économie asiatique. Le
''':''''11/'''''''''1//11114 oc:été de onsommallon n' uront plus
omme corollaire né essaire l'impéria-
li me. Par la uite. le écarts iront
'ac roissant ntre le divers peuple de
la terre, ar l'aid aU:1: pa sous-d' e-
l pp' n'aura plus lieu d'être. pro s
tout, l'Europ 'e t bien dé intére 'e du
aghreb aprè le grande d ou ert s.
Re teralt en U.t à 'a air e que pour-
B. P. 89 Tél 25-01 MOHAMMEDIA rai nt êtr de nou eau. cor aire . Com-
ment utili erai nt-il le faible es due- il
la comple, 'ité d s org nisme qui er nt
le nation avancée ?
Alor la lun , il quoi pourrait-eUe bien
er ir?

6 - 'J
PINO ZAC
Il est convenu d'appeler crise ce que

LA CRISE nous avons vécu, crise gouvernemen-


tale s'entend, car la • crise - est bien
plus profonde et bien plus large, même
si elle a été artiliciellement ramenée,
depuis le début de l'année, aux super-

POLITIOUE structures étatiques qui ont fait l'objet


d"une négociation entre le pouvoir et
l'opposition. Ce tt e négociation
échoué, la crise gouvernementale est
a

close pour l'instant. mais la vraie crise


demeure.

Après l'engagement des pourparlers


entre le Pouvoir et la Koutlah al Wa-
tania en novembre, l'élargissement de
ces contacts en janvier (1), le tout
dans le contexte du procès de Kénilra
el des grèves lycéennes et estudian-
tines, est intervenue l'annonce de
l'organisation d'un référendum sur un
nouveau projet de constitution.

L'EPISODE
CONSTITUTIONNEL
Certes, il semblait que ce tut là la
première étape des changements an-
noncés, qui portaient. croyait-on savoir.
sur un tryptique constitué par la révi-
sion de la constitution, la formation
d'un nouveau gouvernement et l'orga-
nisation d'élections à tous les niveaux.
Mais l'opposition, elle le révéla à celle
occasion, avait réclamé et était d'ail-
leurs en train de négocier, des chan-
gements .. d'ensemble, homogènes, in-
divisibles et concomiltants_,
Prise de vitesse, placée devant le fait
accompli, elle ne pouvait naturelle-
ment que récuser celle initiative qui
ne cadrait pas avec sa démarche glo-
bale et prôner l'abstention.
Tout référendum étant par nature un
plébiscite allant très au delà des ques-
tions qui l'ont motivé, le • oui _ était
de lui-même à exclure dans ces condi-
tions.
Le .non_ n'était pas concevable, parce
qu'il aurait consisté à entrer dans le
jeu d'un processus décrié, d'une part.
et parce que, d'autre part, on e doit
à l'objectivité d'affirmer qu'à quelques
articles, essentiels il est vrai pr s, la
constitution de 1972 présente des pro-
gr S par rapport à ,"elle de 1970 t
représente un retour, un peu amélioré,
à celle de 1962.

8-'1
Mais aussi bien, et on mesure mieux altache outre mesure, cependant ils ne vateurs que gestionnaires - une for-
aujourd'hui combien cela était déter- pouvaient pas ne pas laisser es tra- mule .. médiane .. : des gestionnaires
minant, le consensus populaire n'était ces profondes et indélébiles dans les jeunes et techniciens tant neutres que
pas dans le sens d'une nouvelle cons- sprits, On pourrait passer très vite des forces de l'opposition, présidés pae
titution. La nation réclamait plus que et dire .. c'est un épisode ". Ce serait une personnalité neutre, la différence
des articles de loi dont elle sentait trop facile, même si de part et d'au're entre celte formule et la précédente,
mal combien - les au Ires données on a voulu le faire. Il y a quand même se situant apparemment au niveau de
restant en état - ils pouvaient enga- une logique immanente dont on ne l'engagement politique des techniciens
ger son avenir. Et l'engager à vrai dire peut éviter les effets, il y a quand - et une formule .. maximale .. : un
de manière excessivement rapide, puis- même une conscience collective qui gouvernement d'union nationale ou dit
que 12 jours ont été assignés à ce qui s'exprime inconsciemment ou non, et tel présidé par une personnalité de
a été - imprudemment - appelé cam- un corps social existant au delà de l'opposition prise parmi ses chels.
pagne référendaire. tous les individus qui, lui, ne pouvait
ignorer ni les procédés de la campa- Pour l'opposition, du moins si l'on juge
Dès lors, une dualité dont on avait vu gne référendaire, ni, surtout, oublier les écrits plutôt que certaines rumeurs,
les effets désastreux avant Skhirat, se à quels résultats elle avait conduit. le choix ne s'est jamais placé à ce
trouvait reconfirmée. Celle dualité niveau. Il y avait effectivement trois
existe à maints niveaux: entre le pou- LES TROIS FORMULES formules: l'une dans laquelle l'oppo-
voir et l'opposition, qui, s'ils emploient sition serait venue renforcer une équi-
les mêmes mols, ne parlent pas du DE GOUVERNEMENT pe ministérielle de techniciens qui est
tout le même langage, entre toute la jugée comme étant la poursuite du
classe politique el le reste de la popu- Partant de là, la négociation d'un statu quo, sous une autre forme, une
lation, entre tous ceux qui admellent changement se trouvait naturellement formule médiane, composée de jeunes
qu'un changement. quel qu'il soit, soit viciée à la base et très profondément. techniciens de l'opposition, .. le gou-
imposé et tous ceux qui veulent qu'il Néanmoins, et bien que cela ne fut vernement des minis .. comme on l'a
soit au moins négocié. jamais - à celte époque - annoncé appelé, et une autre formule, maxi-
officiellement, ni de part ni d'autre, les male, celle fois, dans laquel e l'oppo-
On a dit que les résultats de ce réfé- contacts ont repris entre le Pouvoir et sition aurait eu la quasi-totalité des
rendum n'avaient pas causé de sur- la Koutlah al Watania, pour ce qui postes à l'exception de deux (comme
prise. C'est faux. On a parlé de .. stu- était. dans l'optique du pouvoir, consi- cela a été dit par le Pouvoir) ou de
peur N et d' .. hilarité» et la surprise déré comme la seconde phase devant plusieurs, mais, surtout, où celle oppo-
a été réelle, dans le contexte acluel, préJ::arer la troisième: la formalion sition aurait agit non plus en fonction
parce que ces résultats ont dépass6 d'un gouvernement transitoire. du programme déjà tracé et dans une
tous les seuils admis et allendus. perspective immédiate, mais selon son
Dans le discours du 3 mars, la démis-
92,92 % de participation quand on sait programme.
sion du gouvernement en place était
que, de ravis même des officiels, près
d'ailleurs annoncée, si bien que le
de 3 millions de Marocains, les plus Selon l'analyse du Pouvoir qui était
Maroc a vécu la phase apparemment
jeunes, les plus politisés, les plus en faveur des deux premières solu-
la plus cruciale de la crise gouverne-
conscients, ne sont pas inscrits, quand tions, la troisième a été rejetée parce
mentale, en étant dépourvu, de fait.
on a constaté l'indifférence suscitée que dans une pe.spective d'élections,
sinon de droit, pendant plus d'un mo
par la consultation, quand on connait il était exclu d'agir selon un program-
et demi d'une équipe ministérielle diri-
les méthodes - d'ailleurs éprouvées - me issu de la charte de la Koutlah al
geante, le temps que les pourparlers
qui permellent sans peine, mais sans Watania avant toute consultation.
se renouent, s'amplilient et échouent.
pudeur, d'alleindre de tels chiffres, cela Selon l'analyse de l'opposition, étant
Pendant tout ce temps, trois formules
ne pouvait pas ne pas être commenté données les diHérences de nature entre
ont été tour à tour examinées et aban-
comme une preuve de mépris. Et les partisans du statu quo et les par-
données pour des raisons dülérentes
98,75 % de oui, plus qu'en 1962 et en tisans du changement, la première lor-
et parfois contradictoires, trois formules
1970, ne pouvaient pas ne pas être mule s'excluait d'elle-même, la seconde
qui ne se recoupent pas au niveau
contestés, alors que les forces politi- était trop formelle et n'était pas au
de la formulation ni du sens, de la
ques avaient prôné l'abstention et que niveau de la conscience populaire, la
forme et du fond, suivant que l'on voit
la consultation n'intéressait personne, troisième enfin a été mise en échec
la position du pouvoir ou celle de
Ou bien alors, celle opposition, avec par tous ceux qui refuse.,! le change-
l'opposition, ce qui est, une façon
laquelle on était en train de négocier ment et par les intérêts établis, natio-
comme une autre de mesurer le hiatus
les termes d'Un changement et dont naux comme étrangers. M. Abdallah
et la profondeur de la coupure.
on déplorait officiellement l'altitude, Ibrahim a lui (2) traduit ce triple choix
n'existait pas, ou bien les résultats Pour le pouvoir il y avait une formule dans les termes suivants:
étaient faux. .. minimale'» : des techniciens et quel-
ques représentants des partis politi- Ou bien, a-t-il écrit en substance, la
Mais, dans leur outrance, ces résultats ques, présidés par une personnalité crise résulte d'un relâchement et alors
sont trop éloquents pour que l'on s'y neutre, les politiques étant plus obser- il faut des hommes intègres, ou bien

'j - 9
ell est le Iruit d'un absence d'insti- été tenues a l'écart es pourparlers,
tutions démocratiques, et alors il laut et que cette nouvelle mcmilesta 'on de
installer un gouvernement transitoire secret qui peut être assimilée a du
pour laire des lections, ce qui esl mépris, qui a d'ailleurs déçu et exas-
du démocratism lormel. si on n'orga- péré, a pesé grandement sur l'issue
nise pas des él ctions sur un pro' de la crise gouvernementale.
gramme donné, ou bien emin, la crise
Aussi bien, tout ceci a échoué. C'est
est autrement prolonde t exige des peut-être. c'est sûrement, une occasion
changements radicaux, et il faut un
importante qui a été ratée, mais. en
gouvernement pour les préparer,
définitive. au delà de tout, n'était-ce
pas. dès le départ. inscrit dans les
Cependant. au delà de toutes les péri-
faits? N'y a-t-il pas un consensus na-
péties et si l'on y ré:léchit bien, au
tional trop ignoré lors cles pourparlers
niv au de la chose dile olliciellemenl
qui. dans sa logique m;me et dans
ou écrite, il n'y avait que deux concep-
son poids, commandait une te~e i r
tions qui s'opposaient. Dans le discour:;
Peut-on s'étonner d'un blocage poli-
du 3 mars, la lormation gouvernemen-
tique, qui s'est confirmé après avoir
tale évoquée «est constituée dans sa
poussé jusqu'au bout ses po~sibilité:;
majorité de techniciens appelés à veil-
de changement, alors même que le:;
ler à la bonne marche des allaires
blocages économiques, sociaux, psy-
de l'Etat» aux côtés d personnes
chologiques, sont des données VTal-
«connues pour leur attachement aux
ment constatables ? L'Etat peut-il chan-
institutions », Et ce gouvernement « doit
ger dès lors que la société veut à la
poursuivre l'ex cution du programme
fois des changemenls prolonds et s'avè·
qui a servi de base à l'action du pré-
re incapable de les imposer, sinon
cédent gouvernement et qui ne saurait
de les concevoir? N'a-t-on pas au
en aucune lacon être contesté », Il doit
contraire assisté à un déroulement po-
aussi prépare'r les élections, Or, pour
litique inéluctable, dans lequel les
la Koutlah al Watania dans ses com-
superstructures ont coniirmé le blocage
muniqués, notamment celui clu 22 lé-
des structures? Finalement, c'est sur
vri r, il s'agissait de modi/ier prolon-
cela qu'il laut réfléchir aujourd'hui,
dément les structures en place et
alors que le gouvernement existant,
d'instaurer une dynamique cl chan-
avant tous ces épisodes tragi-com'·
gement. Il s'agissait aussi, sur la base
ques, a été reconduit à quelques ex-
d'un renversement des options, ayant
ceptions près et poursuit dans la même
conduit le pays à la crise, de procéder
voie son action.
à une démocratisation de l'Etat et de
la société. C'était donc toujours le mê- Quand on examine toute collectivité,
me dualisme initial avec une lormule on constate soit que l'Etat doit inlluen·
intermédiaire, résultat d'un compromis cer la société, soit que la sociét'; doit
qui n'a pu finalement s'opérer. imluencer l'Etat pour p~ovoque~ les
changements que le co~s social sou-
La lormule de l'union nationale ne haite. Le problème est le même, mais,
pouvait pas aboutir étant donné les suivant que l'on privilégie l'une ou
positions trop tranchées et les diflé- l'autre de ces hypothèses on tend à
rences de nature, Qu'aurait-elle appor- le résoudre de laçon différente. Ou
té au pays sinon le retour, peut-être bien on se dit • l'Etat est prépondé-
amélioré, aux événements de 1956·58, rant.. et on tente de changer l'Etat,
avec leurs épilogues de 1963 et de c'est-à-dire les superstructures cie la
1970, La formule des «m;nis» n'élail société, qui en sont finalement l'éma-
pas, quoique beaucoup veuillent la nalion, ou bien on se dit qu'après
présenter comme séduisante, conceva- tout c'est la société qui comma
ble dans le contexte actuel, et surtout le changement de l'Etat et on s'évertue
elle n'était pas «crédible .., La lormule à réaliser les conditions de ces chan-
maximale aurait été la seule à avoir gements en agissant sur les structures,
une chance de succès si un programme les mentalités, les comportements.
progressiste avait été mis en p ace, et
si la dynamique de changement avai! Et quand on examine toute collectivité
créé le choc psychologique sans lequel qui a changé, on constate qu'il y a
rien ne pourrait vraiment se laire, eu un moment privilégié où !'inter-
action Etal-société a été possible et a
LE BLOCAGE rendu le changement concevable et
réalisable,
DES STRUCTURES
Est-ce un moment de ce genre que le
Mais il laut dire là - simplement Maroc a raté, ou, au contraire. l'inter-
parce que c'est la vérité - , d'une part, action n'a-t-elle pas eu lieu qui lait
qu'il y a une marge très large entre que le dilemme initial n'a pu être sur-
des têtes de chapitre d'un programme monté?
et son contenu, et d'aulr part, qu'au
sein de l'opposition, les positions Ou bien, peut-on retourner le problème
n' taient pas si unitaires qu'il l'aurait 1 se dire que le Maroc n'est pas libre
lallu pour avoir la Lorce de s'imposer. de Son destin, n'est toujours pas libre,
Et surtout il reste que les masses onl t que si l'interaclion existait le jeu

10 - ~
d'int rêts et d'inJluences étrang res l'a LA BOURGEOISIE
fait d vier pour rai rune occa ion qui
ne satisfaisait pas ses plans straté- Il ne l'a pas été, et beaucoup verront
giques et politiques. là une des raisons profondes de l'échec
des pourparlers, c'est-à-dire e l'échec
L'examen objectif fait que l'on ne peut de la négociation des termes d'un
ignorer l'influence trangère. Elle a changement.
joué. beaucoup, sCtrement. Mais on Il importe de se demander pourquoi.
doit à la vérité de dire qu'elle n'a pas Toutes les analyses convergent pour
joué seule. Il y a, inscrit dans les démontrer que. si mécontente qu'elle
comportements. un dilemme trop im- apparaisse formellement de la façon
portant pour que l'on en fasse abstrac- dont le pays est gouverné. tout au
tion: c'est à la fois la fascination- moins une bonne partie d'entre elle,
répulsion devant un changement véri- cette bourgeoisie fait intrinsèquement
tabl et conséquent qui oblige à se partie du pouvoir. Sociologiquement,
changer soi-même. Ou, en d'autres il n'y a aucun doute à avoir. et les
termes, au plan individuel. la reven- structures de la famille patriarcale. les
dication d'un changement que l'on liens tissés durant les études, le dé-
retuse d'assimiler vraiment dans ses montrent. Economiquement, cette bour-
conséquences et ses prolongements. geoisie esl finalement. à quelques ra-
et, au plan collectiL l'exigence de res exceptions de la bourgeoisie fassie.
changements profonds réclamés par le rbatie et slaouie, une création du
corps social. mais pour l'obtention pouvoir qui a favorisé sa naissance
desquels on se contente de revendi- et encouragé beaucoup - il continue
quer, non d·agir. d'ailleurs à le faire - son dévelop-
pement. Il suffit. pour s'en convaincre,
de consulter les chillres et les statis-
LA CLASSE tiques. l'aide bancaire. les préférences
OUVRIERE douanières et tarifaires, les avantages
concédés par les lois. Dépendante éco-
On peut aussi dire. car c'en est la nomiquement, intégrée socialement et
conséquence, qu'en l'état actue le sociologiquement. comment cette bour-
corps social marocain apparaît comme geoisie aurait-elle une indépendance
pas assez conscient et à la fois comme et une autonomie politique consé-
trop conscient. Trop conscient dans la quentes?
mesure où il sait les changements qu'i1 En fait, la bourgeoisie marocaine n'a
veut. pas assez conscient dans la me- pas. pour l'instant du moins, des pers-
sure où il ne s'organise pas pour les pectives politiques qui la conduisent
obtenir. et qu'il s'apprête donc à les à utiliser ses moyens de pression. ses
subir. capitaux, son élite. son idéologie, dans
un sens différent du sens actuel. mêmq
si elle dit le contraire.
Certes. il y a de larges fractions de
ce peuple. notamment la classe ou- LA PETITE
vière. qui sont organisées. mais cette BOURGEOISIE
organisation reste trop embryonnaire
par rapport à l'ensemble de la popu- La petite bourgeoisie est, malgré les
lation. Elle parvient è avoir une in- apparences. dans une situation un peu
fluence très importante sur le dérou- semblable. non pas l'ancienne C'ui a
lement des faits. mais elle ne peut pas été appauvrie par les mécanismes so-
encore avoir un impact déterminant qui ciaux, mais une nouvelle petite bour-
puisse renverser des courants. geoisie qui a quand même. un pel.
certes pas au niveau de la grande
EUe in1luence grandement les événe- bourgeoisie. surtout dans les villes,
ments. elle ne peut pas encore les profité du départ des étrangers. et
transformer. opéré une certaine «marocanisation ..
surtout au niveau des emplois.
Face à cette classe ouvrière qui a Cependant. cette pe ite bourgeoisie a
pzécisé. avec le S' congrès de l'U.M.T., des revendications insatisfaites. une
ses revendications et ses positions, qui éthique que la situation actuelle ne
a, en faisant sans doute elle-même comble pas du tout et une certaine
cetle analyse. prôné l'engagement po- idéologie. encore informulée. dans son
litique et adopté un rapport de doc- contenu précis. qui la conduit à être.
trine et d'orientation qui. pour la pre- par nature. dans l'opposition dont elle
mière fois depuis longtemps et de est un élément important. Malheureu-
cette façon. porte les problèmes qui se sement .on ne peut s'étonner de la voir
posent au Maroc au plan idéologique. inorganisée politiquement dans la me-
el donc contribue à assainir. à clarifier sure où justement, depuis 10 ans. tout
el à élever des débats jusqu'alors qua- a été fait pour l'en empêcher. L'aurait-
si informulés. il y a une bourgeoisie elle pu néanmoins? A-t-elle épuisé
nationale dont le rôle logiquement et pour l'instant ses potentialités? li est
historiquement. si l'on se réfère aux encore trop tôt pour répondre. mais il
schémas d'ailleurs, aurait dû être dé- reste qu'actuellement elle n'est pas en
terminant. mesure d'imposer ses revendications.

'1 - li
LES MUETS
Hormis ces trois couches, principale-
ment urbain s, la campagne est un
grande muelle, soumise aux assauts
d plus en plus contraignants du nou-
v au colonat et qui. de temps à autre,
xplos dans des révoltes épisodiques
et vite réfrénées. Là, bien qu'inorga-
nisées, mais tr s signüiant s, 1 s reven-
dications sont énormes, la soü de terre,
principalement. insatisfaite, Je désir
d'un renouveau bafoué, la misère, le
chômage, le sous-emploi. l'analphabé-
tisme. pesants. Tout comme ces mêmes
données agissent dans le prolonge-
ment urbain du monde rural. entassé
dans les bidonvilles qui font une cein-
tur de mis re à toutes les cités. Gran-
de muelle, aussi, l'armée que l'épilogue
d clémence, él ctorale et politique, du
procès de Kénitra a calmée et qui
reste traumatisée, dans tous les sens,
par le putsch de Skhirat.

LES JEUNES

Tel est le schéma socio-politique pré-


senté par les adultes au Maroc, donc
par 40 i'o de la population. Mais 60 i'o
de cell population est, on le sail,
constituée de moins de 20 ans, et la
fraction de celle jeunesse située entre
15 et 20 ans, en mordant sur les plus
âgés et sur les plus jeunes, conteste
la société adulte, ressent ses limites,
et réclame quelque chose de nouveau
Les grèves estuâiantines et lycéennes
de ces derniers mois en sont la preuve.
Elles se sont traduites, non pas seule-
ment par la cessation des cours la quelque 15.000 étudiants aux quelque de même d'ailleurs que certains adul-
plus longue dans toute l'histoire du 300.000 lycéens, Les premiers, après tes, confréries qui résurgissent actuel-
Maroc. mais encore par des manifes- 4 mois de grèves, el parce qu'ils sont lement de leurs cendres et dont le
tations quasi quotidiennes dans les organisés, ont pu arracher des satis- messianisme ne doit pas être sous-
grands comme dans les petits centres. factions conséquentes - qui restent estimé. Tous, en tous cas, mon ent
qui ont été vues avec sympathie par d'ailleurs à concrétiser, et la preuve une soü de justice, une exjgence de
la population mais qui n'ont rien pu en est qu'ils ont repris les cours. Les changement. qui sont désormais des
changer au déroulement des faits. seconds, s'ils sont plus réticents, si leur données politiques. Car, il apparait
révolte n'est pas apaisée, c'est que aussi que la majorité de celte jeunesse
On a beau dire, comme certains, que les perspectives leur font davantage n'est pas encadrée par les organisa-
ce n'est pas là un phénomène maro- défaut et que l'avenir leur apparail tions, que l'immobilisme apparent de
cain, mais universel que cette révolte beaucoup plus bouché. Et si aujour- celles-ci les a rejetés dans une révolte
de la jeunesse, mais il reste qu'ici il d'hui des lycéens accusent les étu- po:entielle, quasiment un nih.ilisme et
prend la coloration particulière com- diants de .. trahison -, si cette oppo- qu'ils les récusent fondamentalement.
mandée par la situalion. I! reste aussi sition que l'on 'sentait logiquement
que, lorsqu'une jeun sse conteste dans omniprésente, esl apparue au grand GROUPUSCULES
la grève pour les plus privilégiés, et jour bien qu'encore sporadiquement,
dans la criminalité pour les plus défa- c'est que dans l'un ou l'au Ire cas. les ET ELITES
vorisés, le monde que ses parents lu' problèmes sont d'une autre d·mension.
ont fait, il y a là un malaise très pro- En l'état actuel des structures, 15.000 La conséquence en est l'apparition -
fond que l'on ne peut esquiver et qui étudiants peuvent toujours trouver à soupçonnée depuis longtemps, mais
appelle des solutions urgentes. Ce se- s'employer, 300.000 lycéens ne le peu- aujourd'hui plus aUirmée, de ce que
rait aussi vouloir ramener à bon comp- vent pas. l'on appelle des «groupuscules. puis-
te un problème inquiétant à des d;- qu'ils se situent en dehors des partis
mensions trop réduites que de le voir Mais il n'y a pas que les jeunes qui et organisations. Ce sont surtout des
comme une agitation circonstancielle sont à l'école, la majorité même n'y groupes de réflexion, qui tentent de
ou comme le résultat de certaines pres- est pas: la révolte des jeunes ouvriers, pousser plus loin les analvses et de
sions. des jeunes chômeurs (ils le sont pres- les concrétiser. De là vient 'que l'on y
que tous), des jeunes paysans sous- voie aujourd'hui des groupes d'action.
Cependant, pour aller au delà de ce employés ou surexploités n'est pas Ce phénomène, qui n'est d'ailleurs pas
qui esl désormais une évidence, Il moins grande. Si les uns se réfugient inhérent non plus uniquement au Ma-
faut constater qu'une différ nce de dans la criminalité, les autres le font roc, est un avertissement sérieu tant
nature oppose de plus en plus les dans des confréries traditionnelles - pour le pouvoir que pour les auITes

12 - 'j
organisations, et le réduire, comme on ment que commencer pour les problè-
s'y emploie, par la répression ne fera mes politiques.
qu'en accentu r l'ampleur. De ce phé-
nom ne peut également sortir une Tel est l'état apparent du Maroc après
nouvelle élite politique, ce dont on ne celle crise, dans cetle crise qUI a,
peut encore préjuger. c'est son côté positif. éclairci les pro-
blèmes et les solutions à y a,.,porter,
Quant aux intellectuels qui ne sont approfondi les analyses, et, peut-être,
pas inclus dans ces groupes de ré- constitué l'amorce d'un nouveau dé-
flexion, et même ù'ailleurs la minorit' part. Entre autres choses qu'elle aura
qui peut s'en réclamer, on les sent à démontré, il faut souligner que le choix
la fois désarçonnés et démoralisés par n'apparaît plus entre la démocratie
l'évolution des événements. De plus et l'absence de démoCTatie, mais entre
en plus on constate chez les intellec- la démocratie formelle et parlemen-
tuels un quasi refus de s'intégrer dans taire, et la démocratie réelle et socia-
les groupes socio-politiques existants, liste.
une volonté de se tenir en maTge, au-
dessus de la mêlée, avec certaines Le même choix n'apparaît plus ail
contradictions qui ne sont pas toujours niveau de la réforme des structures,
assumées, notamment la sympathie mais bien de leur transformation. Ce-
manifestée pour les revendications de pendant cetle démocratie et cetle trans-
la jeunesse, mais nuancée d'un certain formation, il faut des hommes pour les
ffroi provoqué à la fois par son in- pens;er et les faire, cetle élite, cetle
transigeance el par l'ampleur des pro- classe politique que toute société se-
blèmes qui se posent au Maroc. crète et qui, ici. fait encore défaul.
Son émergence conditionne le futur,
Chez ces intellectuels, l'idéalisme du bien plus que de prochaines échéan-
départ tend de plus en plus à faire ces, qui. en l'état actuel. ne pourront
place à un réalisme amer. Sera-t-il pas être assumées,
surmonté par l'analyse et la réflexion?
Il est encore tôt pour le dire, car même
si cetle réflexion est, pour beaucoup (1) VOIr «Lamal,f», n° 52
très engagée et pratiquement aTrivée
à son terme pour les phénomènes éco- (2) Voir Maghreb -InformatIOns"
nomiques et sociaux, elle ne fait vrai- n° 65 . du 13 avnl 1972

'1 - 13
·
'.
ZAKYA DAOUD

LA CRISE
ECONOMIQUE D comme Demain

La crise économIque n'est pas direc- Le meilleur exemple en est l'indus- à trois ans. 1972 promet au poin
tement inhérente à la crise tout trie. L'industrie au Maroc, implantée de vue récolte de dépasser même
court. par le Protectorat pendant la seconde 196 , puisque l'on parle de 6 mil-
guerre mondiale et renforcée quelque lions de qx de céréales attendus, mai ,
Ell est structul·elle. Elle tient à la peu après l'indépendance par de là encore le phénomène ne sera
dIVIsion du pays en deux conomies nationaux, notamment dans le textile, qu'épisodique.
di tlnctes qUI n'ont entre elles que n'a pas de marché, du fait de cette
de. rapports de ponction à sens uni- coupure. Aujourd'hui, et c'est ce Dépendant de l'étranger pour les
que: l'économi traditionnelle et qu'on nous dit officiellement, elle a apports et les export, les circuits
l' 'conomie mod rne. fait le plein de es ventes sur le commerciaux et financiers, le moti-
marché national et ne voit d'évolu- vation et les mentalités, ce se teur
L'économie traditionnelle regroupe tion qu'en s'orientant vers l'exporta- moderne est extrêmement oum à
dans l'agricultur , 70 (~ de la popu- tion. Les plans gouvernementaux et tou les aléas politique . On conçoit
lation, soit environ, si l'on compte ceux des industriels ont a tuellement donc que, même s'il n'en a pas été
qu les Maro ains sont 17 millions, faits dans ce sens ce qui est extrê- fondamentalement atteint, la crise,
12 millions d'individus qui produis nt mement révélateur. En fait, le sec- politiquement l'a i t profondément
30 « du revenu national. Ell re- teur moderne de l' onomie (un sec- marqué, urtout au plan p -'cholo-
groupe également l'arti anat duquel teur secondaire - industrie - a sez gique.
vIvent» 200.000 familles, soit ap- re treint et ayant fait du point d
proximativem nt 1 million de per- Dè le début de l'année 1971, on a
vue de la tran formation le tour de senti une timide ré ession, timide
sonne . Cette économie n'évolue pas, ses possibilités, et un secteur ter-
elle d pérIt, t mfome si économique- au point de vue des chiffre, mais
tiaire beaucoup trop gonflé pour un grave au point de vue d'un malaise
ment une partie de l'agriculture avec pa s comme le Maroc) rai onne à
le colonat national est passée dans certain qui est allé en se générali-
l'échelle d'un département français. sant.
le secteur moderne, cela n'influe pas
sur l'ensemble, au contrair, ceta Sur 16 à 17 million d'habitant,
accentue la coupure. il n'en retient qu'à peine 5 millions, La raison semble en être qu'incon-
c'e t-à-dire essentiellement les ur- sciemment ou non, e secteur entait
En fait, la ponction devient de plus bains. peut- tre pour la premi re foi de
en plus grande, e une large masse cette fa on es limite. Le put ch de
de la population, la plus forte numé- Ceci étant, on imagine ombien ce Skhirat, coup de tonnerre dan un
riquem nt, s trouve rejetée dans secteur peut être, par ce fait m me, ciel rein mien apparence eu-
un économie dépassée t ondamnée fragile. lement, a naturellement aggravé ce
à une non évolution continuell . malaise, TI l'a pprofondi. Il lui
Certes, il a connu des e or, mai donn de rai on de crainte et de
Quant au s cteur moderne, il est ils n'ont toujour ét que conjonc- peur qui lui manquaient.
plaqué sur c He économie tradition- turels. Le meilleur e emple en est la
nelle, qu'il n'influence que dans un fameuse récolte d 196 qui lui a D'un tri t point de vue économique,
sens n gatü. donné un nouveau souffle ur deux l'été de 1971 a été vide. L rentr 'e
qui claie e poli ique ba tant à s s por-
pro- es, évi el' longtemps le changemen
son structurel qui s'impose.
La preuve en est d'ailleurs les indus-
n mars 1972, 1 diffé- triels français qui parlent de départ
l' nts ct urs professionnels de l'in- plus qu'ils ne l'ont jamais fait. et
du trie marocaine reconnaissaient au certain ment pas ce te fois unique-
cours d 1 urs réunions qu'un «ma- ment pour des questions de maroca-
lai e général incontes able p s sur nisation. La preuve en es égalemen
l' nsemble de la situation é onomi- la fermeture de nombreuses succur-
que. sales e même d'en reprises ces der-
nier temps, ce qui ne . 'était pas
Au niv au des analys s, la ituation vu à ce niveau depuis 1960.
es vue plus en termes de st gna ion
qu' n terme de l' ession, et encor Quant au secteur traditionnel. cie
uniquement pour les secteur a,.'Cés plus en plus attaqué par le colonat
sur l'exportation, sauf pour les mines. national pour l'agriculture et par les
produits industriels de basse qualité
C ux qui travaillent sur le marché pour l'artisanat, il va continuer à
Mais, p ychologiquement, ils peuvent intérieur (boissons, textiles, papiers, -tr le sec ur le plus ouffran du
d'autant moin ni l' l'atmo phère d cartons, m tallurgi ,etc... ) nregis- Maroc et il va de moin en moins
l' ces ion que justement il:; s'effor- trent une baisse, ce qui atteste et de upporter 1 néant auquel il e t
ent de la combattre, ans uccès, en la dégrada~ion du pouvoir d'achat et conduit faute de réform agraire et
alignant les chiffres, du climat d'inquiétude qui s traduit de changement des structures glo-
par un refus de la consommation. bal s. La dich omi va dangereu e-
C'est ain i que le ecteur moderne a ment s'aggraver. ur le plan agricole,
abordé la pha e la plu cru iale de la Et même si finalement la plus forte elle est d'aill urs inscrite dan les
rise ouverte en juille 1971 et qui tendance reste encore jusqu'à pré- plans gouvernementaux puisqu'il
oïncide avec le début de 1972. sent au maintien de l'industrie maro- n'e t envisagé pour les années '\
caine dans son nsemble, ce n'est pas venir que quelques distributions de
Croyant que cette crise allait trouver un ph nomène dont on puisse se
un prolongement conforme à leur terres éparses, certes plus subslan-
féli iter, étant donné le caractère tielles que pré édemment, 50.000 ha
vœux, les tenants du ecteur moder- marginal de ce secteur modern de
n se sont d'abord confiné dan en 1971, selon les dires gouvernemen-
l'économique, et étant donné aussi taux, 0.000 et quelques en 1972, tout
l'attente, puis dans l'impatience, puis ses structures qui ne permettent nul-
dans la déception. L'i sue - si on ceci afin de constituer une cla e
lement d'assurer un décollag , ni cie relativement favorisée de paysans
peut parler d'is ue - n'a fait que faire preuve d'un dynamisme qui
les d cevoir puisqu'ils savent perti- moyens, de tin e à faire barrage face
influence le reste de l'économie. Tout à la masse énorme des sans terre et
nemment que rien n'e t réglé et que au contraire, vue dans cette perspec-
tout est à recommencer. des sans travail, cependant que le
tive, la stagnation des secteurs se- gros colonat poursuit sa progression
Dans le même temps, le affaires condaires et tertiaires e t une chose autori ée. L'affaire du bled Tassoul-
ont été au point mort, chacun n'opé- très grave et bien révélatrice de la tant dans la l' gion du Haouz de
rant dans on entreprise que le tri t crise profonde vécue par le Maroc. Marrakech, venant apI' scelle cies
minimum et tentant tout juste de se Ouled Khalifa dans le Gharb ne m;>
maintenir au-dessu de la vague. Et Que va-t-il se passer maintenant? qu pas non plus d'être révélatrice
les chiffre, là, attestent de cet im- Sans tre prophète on peut penser de ce proce sus.
mobilisme et de cette stagnation qui, que le secteur moderne se servira
en langage économique, équivalent à de l'excellente récolte, qui reste ce- L'hypothèque politique va donc conti-
une dangereuse récession. pendant à démontrer, pour obtenir nuer à peser de tout son poids ur
un nouveau sursis périodique, tont l'économie et à conditionner on
Deux exemples sont à cet égard par- en sachant parfaitement qu'il ne développement.
ticulièrement révélateurs. Si les im- pourra plus dormais, la vague so- Zakya DAO D
portations de pétrole entre 1970 et:
1971 ont augmenté de 200,000 t" les
raffinages eux, ont diminué de 45.900
t On a donc moins consommé de
preduits énergétiques, et les stocks
en réserve sont plus importants, ce
qui montre la gravité de la situa-
tion, pui que non seulement les pers-
l n Cf> fff 1f, 1r fff
pectives s sont av rées fausses, mais
encore le niveau de con ommation a
baissé. D'ailleurs on ne peut dire
mieux qu'un rapport profes ionnel
JAU Il Il ff!E CI. fff
qui affirme «les ventes d'es ence
n'atteignent pas le chiffre réali é
en 1965:.. Autre exemple, pour le
harbon, si la production a été de 144, Avenue Mohamed El Belgal 144
1.292.000 t., ce qui gonfle bien sOr
les bilans économiques, la vente n'a
été que de 420.356 t., soit à peine le MARRAKECH
tiers. Le reste est sans doute entre-
posé sur le carreau des mines.

'1 _ 17
HASSAN BENADDI

LA CRISE PSYCHOLOGIQ E:
il n' a pas de «projet» national
Tout le monde s'accorde à penser que traduit généralement en ayant recours dance, puis pendant les premIères an-
le Maroc traverse actuellement une à un concept emprunté à la mytho· nées de celle-ci, où les gens étaient
.. crise ... la plus grave de son histoire logie religieuse: .. la déchéance... Il tendus d'abord vers la conquête de
récente, On peut la toucher du doigt parle de .. déchéance des temps .. (1) la liberié nationale. ensui e vers la
à tous les niveaux et dans tous les pour stigmatiser la prostitution, la dé- construction du .. Maroc indépendant ...
domaines. économique, politique et personnalisation, l'escalade de !a cri- En deux mots, on peut dire que les
social. minalité, et du brigandage. Il parle Marocains vivent après le 10 juillet
Nous voudrions ici, examiner les réper- également d'insécurité: .. les temps plus dans l'allente angoissée que mus
n'ont plus de quiétude .. (2). par un projet mobilisateur. Ce phé-
cussions de cet état de fait sur le plan
psychologique, non individuel. mais nomène fut exprimé dans le discours
collectif. Après le 10 juillet, on assiste à une d'ouverture du 5 congrès de l'U.M.T.
mutation ou à ce que l'on peut qua- qui disait à cet égard et en substance:
Pour cela, force est de nous limiter lifier de tel. si l'on s'occupe tant soi .. Après juillet le pays se trouve prêt
à l'identification des maniIestations peu à faire la synthèse des jugements. à toutes les avenlures ...
tant économiques que politiques ou des questions, et des pronostics qui
sociales qui ont. ou peuvent, avoir un reviennent dans les discussions de Une première explicat'.on de ce ma-
impact prégnant Sur le groupe social, tous les jours. au calé, dans la rue, rasme se trouve dans le décalage que
dans la mesure où elles sont percep- ou autour de la table du repas. On a l'on peut aisément établir entre les
tibles sans médiation aucune pour la l'impression que le groupe s'occupe partis politiques (aussi bien leurs pro-
conscience collective, en ce sens où laborieusement à faire une prospective grammes que leurs méthodes de tra-
ce sont justement ces manifestations à court ou à moyen terme. Autrement vail) et les exigences des masses. Tant
là qui déterminent circonstanciellemen dit, qu'il cherche à répondre à une qu'une avant-garde politique capabb
la psychologie du groupe, question solennellement porteuse d'es- de mobiliser et de canaliser !e poten-
Sur le plan économique, la détério- parance et d'angoisse: .. Que va-t-il tiel de changement sous-exprimé ac-
ration et la dégradation générale est arriver? ». tuellement par le peuple est absente
perceptible pour le citoyen dans la la société marocaine présentera le
C'est dire combien le groupe social se visage d'un édiIice dont la base est
mesure où elle aUec e directement son
trouve dangereusement préparé et de coupée du sommet. et pour lequel
pouvoir d·achat. chose qu'il traduira
plus en plus, à subir. En d'autres ter- toute aventure ou mésaventure, au
par une expression que les Marocains
mes. la mutation qui s'est opérée peut niveau du sommet, est possible.
ont pris l'habitude d'entendre: .. L'ar-
être interprétée au niveau superficiel
gent n'a plus de valeur, l'argent s'en-
comme une politisation à l'excès, mais Pour le moment, c'est le cas, si l'on
vole...... Ceci dans le cas de citoyens
profondément, comme une démobili- excepte la jeunesse étudiante et ly-
qui ont un emploi. dans le cas contrai-
sation grave, Il sulfit de raPl'eler com- céenne qui exprime plus d'un élément
re, le chômage de l'individu devient
ment les gens ont assisté en specta- susceptible de permettre l'élaboration
un révélateur dans la mesure où il
teurs (très mal informés d'ailleurs, d'un projet conséquent de transforma-
n'est plus perçu par celui-ci comme
une exception mais comme une règle.
comme ra laissé entendre M. Abdallah tion sociale.
Ibrahim dans un article récemment
Sur le plan politique, le critère a été
publié par .. Maghreb - Informations .. (1) En arabe: c laskh: al U'aqt
pendant toute la période bénigne de (3), aux négociations entre les par lis
la crise, l'administration et ses travers,
M"khar
de la Koutlah et le Palais. 11 semble (2) En arab AI Waqr ma bqa
corruption, abus de pouvoir, etc.
qu'il n'y a plus de projet national fih aman ».
Sur le plan social. le Marocain vit prégnant ou structuré, comme ce fut () Voir laghreb-Inf rmation ;),
quotidiennement un phénomène qu'il le cas lors du combat pour l'indépen- nO 65 . jeudi 1 avril 1972.
MUSTAPHA ISNASNI

LA CRISE
SOCIALE
La plus grande caractéristique de la En 1969, sur 70.000 demancies d'em- ré"ultat d l'accaparement des erres
"iluation ociale est l'exploitation ploi déposée auprès de 24 bureaux par les nO'lveaux <'olon. m.u',)c.lir...
des m es populaires par le féodaux d placement, seules 2 .000 ont éttS La comparaison de la SI uatlOn dan~
alli . d'hier du colonialisme et une sati failes. le harb entre 196:> e 1970 s~ l
oligarchie financière alli'e du n 0- fiante.
colonialisme à l'appétit vorace. Mais fait er.core plus grave. nombre
de travailleurs doivent mener un dur insi le paysans san terre qUI
Le acqui âprement gagnés dans la combat non pa en vue d'améliorer représp.ntaient 1 6' de la poputa ion
lutte pour l'indépendance sont âpre- leurs condi ions de Vie, mais pour de cette région en 1965 onl vu lem
ment remis en que tion par les clas- garder leur gagne-pain, le chômage hiffre doubler. Pal' contre les nO~l­
es dirigeante qui usent de la a- a teignant les secteur de l'extraction veaux colons marocains qui pOl' é-
rotte et du bâton avec une prédil c- minlèr (f r, zin , plomb) et l'agri- dai nt le 1 10" des terres en 1965.
tion de plus en plus marqu e pour ulture (y compris 1 s chantiers de se r trouven maîtres du quart 'mq
le cond procédé. la PromotIOn Nationale). ans après.

Le fossé e creuse de plus en plus Mais si le chômage augmente, il Ces terre ne sont évidemm nt au-
entre exploitants et exploit s et la change aUS&1 qualitativ ment. Le tres que les terres ré upérées sur
perspective d'une q; réconciliation na- temps est loin où uls les lravail- les propri tés coloniales. AinSI le pay-
tionale~, agitée récemment semble leurs sans qualification y étaient san maro ain se retr uve plus pauvre
déri oire. voués et les chiffres suivants sont apr s 17 ans d'une indépendance qUi
plus qu'éloquent :. ne lui a apporté qu'une autre spo-
liation. Aucune pel'spective ne lui
Le bureau de placement de Casa- est offerte i e n'e t l'exode v r.·
CHOMAGE blanca a reçu pour la seule période une grande ville où l'attend le chô-
ET SOUS-EMPLOI de janvier-février 1970 : mage et le bidonville.
- 1 .845 demandes d'hommes ayan Il ne faut pa. ('mire cep ndant qu P
au moins le niveau de la 2· année les ma s ouvrière et pay anne su-
Selon le rapport présenté par la Com- secondaire t se répartissant n
mi ion de l'emploi au v" Congr s de bissent passivement l'oppres ion des
11.5 3 ouvriers spécialisés, 5. 17 em- classe exploitantes et la r pres ion.
l' .M.T., il Y a près de 1 million ployés qualifiés et 1 cadres (1.500
de chômeur dans les centres ur- ont été sati faites .
bains, soit le sixième de l'ensemble DES COMBATS,
des travailleurs urbains. - 8.372 demandes de femmes spécia- MAIS...
lisées, qualifiées et une cadre (225
De plus le taux annuel de l'em;:>l~)i ont été satisfaites).
n'a augmenl' que de 1,7 (ft entre Le nombre des grèves organis es
1960 et 196 , ce qui veut dire qu'il dan différent sec .eurs au cours de
n'y a pratiquement pas eu création SPOLIES ces derni l'es ann es et notamment
d'emplois m me pour compenser la PAR DEUX FOIS dan le secteur minier prouve que
croi sanc démographique, dont l'une les travailleurs marocains n'ont fleT:
des principal s conséquences st l'ac- Dans les campagnes, le sous-emploi perdu d leur combativité.
cession de 1150 à 200 mille personnes tou he 50 à 60 '/co de la paysanneri , Cependant quelques remarques s'im-
par an à l'âge du travail. soit 4.000.000 de paysans. C'e t là le posent:

'J - 19
L s gr v s prouvent entre autr Il est paradoxal de nOler que si la
l'attitude du prolétariat urbain pro titutlon s'étale au grana jour
s d f n iv t non offensive, sI l' n peu de gens ont osé en parler, 1
consid re qu la plupart du temps sujet restant tabou pour une oeil:
il s'agi d'emp cher la remise en qui préfère fermer le yeux ur se.,
qu stion d ertains acquis ou les maux.
li< enclem ;,ts massifs, Pour ce qui es~
d l'am lioration des conditions ct Il e t difficile par conséquent d'avan-
VI , elle semble plutôt fictive si l'on cer des chiffres, mais l'on ai que
con id rI.' qu'entre 1959 t 1971, le déjà en 1965, la ville de Casablanca
('oût <i la vi a augment de 0 'f,. comptai à elle seule plu de prosti-
tuées que le POl' ugaL
La lutt politique de la classe ouvri -
rI.' a Jusqu'à présen céd le pas d -
'ant l , l' vendications d'ordre mat - CRIMINALITE
n 1 et les qll Iques grcves politique,; EN PROGRESSION
ol'gani. éf's ail cours de ces derni l'es
années n'ont pas u d'abouti sement attention. En somme cela fait partie CONSTANTE
dll fait qlle les allian es naturelle,; da paysage.
nt' se sont pas en ore scell s, no-
l,lmment ave le paysanat et les Cette pratique dégradante n'est d'ail- TI suffit pour 'en rendre compte de
jelln', étudlan s et lycéens, leur plus le fait des seules profes- suivre au jour le jour les chroniques
sionnelles, des dizaines d'ouvrières, judiciaires. De plu en plus. les cri-
Dl's paysans. morganisé . ne peuvent d'employées et de fonctionnaires aux minel se recruten parmi les jeunes
oppo, el' au vol de leurs terre par un fms de mois difficiles s'y adonllenl et leur niveau d'ins rue ion oS<'ille
colonat repr sent au sein des fac- volontiers à la faveur d'un certa'n entre le certificat d'études pr:m:ti ~.
tIOns dlngeante que des mouve- relâchement de la morale patriarcale. et le première années du secon-
mt'nt. de l' vol e spontanés payant L'argent il est vrai n'a pas d'odeur. daire.
d leur VII.' comme aux Oulad Khalifa
leur revendication principale: la La propagation de ce fléau est favo- On remarque aussi que cert ins cr:-
terre. risée notamment par le chôm ge, le mes sont d'un sadisme qui ne peut
sous-emploi, l'exode rural, mais au si s'expliquer que par le refoalement
Ce soulèv ments paysans (Gharb, par la condition faite à la femme accumulé au nombre des année raI'
l' 'gion de M kn ,province de Mar- dans la ociété marocaine (discrimi- ces jeunes à qui la scciété n'offre
I ai<ech t SOUS) n'ont aucun espoir nation salariale, culte de la virginité, d'autre pel' pective que la délinquan-
d'ab uti sement du fait mÊ'me de aucune protection pour les mères cé- ce.
1 III' spon anéité. ucune organisa- libataires, etc.). Est-il néces aire de rappeler que la
tion t aucune coordination entre ré- major'té écrasante des chômeurs ont
gion oû les pl'obl mes se posent de Il est intéressant de noter que la fer-
meture de maisons dit s close (là des jeune.
la même mani rI.'.
aussi deux poid deux mesure puis-
que les bordels de luxe continuent insi 64 (des jeune entre 15 et 19
Amsl différ nts partis des plus réa - an ont sans travail.
tionnair s aux gauchisants en pas- à fonctionner) a contribué gra:1de-
ant par les réformist s parlent au
nom <i'un pay anat qui n'a pas encore
ment à la propagation de la pro ti-
tution et des maladies vénériennes
57 '* de homme entre 20 et 24 ans.
53 ~(de homm entre 25 et 29 an !
su se forger l'instrument capable d par voie de 'onséquence. Lc,calisées La dépolitisation des jeunes à laqaelle
m ner à bien la lutte pour la terr . auparavant dans des quartier" connus on assi te depuis quelque année
Faut-II être pessimi te ? Il ne saurait et oumi 1.' à certaines règles à'hy- (certains l'expliquent par la répres-
en être question calI.. c-,moagne gi ne, les péripatéticiennes se sont sion et la ps chose de peur qui en
maro aine a su jadis se mobilis l' répandues partout, offrant à celles r' ulte mai ne faudrait-il pas y voir
contre le colonisateur. qui n'ont pas d'autre pel' pectives une démobili ation née de la faillite
l'exemple d'un gain facile t l'image de partis traditionnels et du refus
d'une faus 1.' opulence. de faire le jeu de opportuni me qui
UNE PROSTITUTION Cependânt elles sont con tamment ne se cachent même plus, quelle que
QUI FAIT PARTIE harcelées et rançonnées par de soit leur étiquette) ouvre des pers-
gangs de prox n tes et pas seulement pectives d'autant plus inquiétante
DU PAYSAGE par ceux-ci, d'où la grande mi re que l'évolution uivie par le pay de-
physique de certaine. puis juillet 1971 permet toute les
aventur .
La prostitution prend une am-pleur L'on constat aussi que la mineure
jamai vue t 1 triste spectacl de c protégée .. avant la pert d on Cette ma 1.' e."plosive qui en eut
p ri pat ticiennes marchandant leurs pucelage, esse de l' tr aprè, et le à mort à une oci "té qui la rejette,
charmes dans 1 s rues des grand s nombr de mineures dans la profe - mai qui ne onnaÎt d'autre pel' pec-
villes est devenu si normal que per- sion àépas e de loin celui de femme tive que la vindi te pel' onn Ile 1.' t
sonne ne semble pl' ter la moindre majeures. 1 terrain de pl' dile tion du fasci me.

20 - ~
,-
SAMIRA MOUNIR

REFLEXIONS
SUR LES TEMPS
PRESENTS
Une crise profonde. insidieuse, conti- voir se sentent incompétents dans le ne mentalité ou la bonne moralit~
nue, agite notre société. Sa perma- domaine des décisions de la Banque est attribuée à l'intérieur et !a mau-
nence peut sembler un mystère. Com- mondiale, de l'A.I.D.. ou de la section vaise mentalité à l'extérieur (il s'agit
bien de jeunes technocrates brillants de la B.I.R.D. qui s'occupe du Maroc d'une pure perception idéologique. On
se sont brisés sur les écueils d'une vie (et dont le siège est symboliquement ferme les yeux sur les statistiques de
politique agitée! Certains peuvent en à Paris). L'extérieur, c'est également la délinquance, en augmentation consi-
méditer, en prison ou en liberté pro- l'après. On y trouve l'image du futur, dérable en 1971). Les oulémas ont
visoire. D'autres doivent envisager La mode, les modes viennent de Paris. prolongé le raisonnement: il faut donc
s rieusement leur reconversion. Com- On peut réduire ainsi ces équiva- fermer la frontière aux hippies accusés
bien d'énergies se sont dissipées vai- lences: d'être les corrupteurs de notre jeu-
nement! Et cependant on ne peut nesse. En fait, il s'agit. dans leurs
dénier une indiscutable qualification Intérieur = bien = avant. esprits, de colmater magiquement les
professionnelle ou technique à tous ces
cadres, jeunes et moins jeunes, qui se
Extérieur = mal = après. brèches introduites par l'exploitation
extérieure. Car l'ancienne société au-
sont penchés depuis 10 ans sur cette De ce tableau, on peut déduire beau- tarcique a éclaté.
crise et ont essayé de la résoudre. coup de représentations et de compor-
tements. Le pouvoir politique et plu- La condamnation des .. politiciens ~
Il y a donc autre chose. Pour parler sieurs de nos idéologues (M. Benche- participe de la même mentalité pré-
hès franchement, cela semble une in- kroun, M.A. Lahbabi, etc...) ne peuvent logique. De même avec un tel système
capacité à aborder certains problèmes que percevoir, à partir de tels pré- de pensée, on est toujours amené à
en raison même de présupposés qüi supposés, qu'il suffit de réactualiser les supposer une cause cachée externe
déforment la réalité. Mais cela n'existe conditions de l'avant pour obtenir la à tous les troubles sociaux qu'on cons-
pas seulement chez les cadres, cela restauration du bien. Comme l'écono- tate: s'il y a des grèves de lycéens,
existe aussi chez la grande majorité mie et la technologie, surtout chez les c'est qu'il y a des manipulateurs par
de nos compatriotes. Trois codes in- idéologues que nous venons de citer. derrière. Or comme on ne trouve pas
conscients jouent en eHet un rôle capi- ne sont pas considérées comme maî- ces manipulateurs, on arrête des boucs-
tal chez la plupart d'entre nous, un trisables, il ne reste que la morale. émissaires.
code topologique, un code temporel et
un code moral. On pourrait résumer Elle seule relève d'une zone accessi- L'idéal serait donc de retenir l'inté-
ainsi la vision du monde la plus répan- ble. C'est aussi ce que pensent beau- rieur tel qu'il était (bien sûr on ne
due: l'intérieur est assimilé à ce qui coup de nos paysans et le pouvoir voit pas la contradiction qu'il y a à
est bien. Mais ce bien, c'est surtout politique y est sensible. La consé- laisser partir les matières premières
ce qui existait avant, au niveau du quence se trouve dans tous ces dis- et à empêcher le départ des hommes
douar ou au niveau national. avec cours où on indique qu'il faut porter par un contrôle tâtillon des cartes
diverses formes d'autarcies économi- ses efforts dans le domaine de la d'identité ou des passeports). L'hostilité
ques. L'extérieur, c'est ce qui est mal. moralité. Mais très franchement. pense- face à l'exode rural ou à l'émigration
En effet, mais on ne le dit pas, c'est t-on que l'ordre moral règnera alors trouve son complément dans une poli-
de là que viennent les changements que le désordre économique néocolo- tique opposée à la régulation des
niai se perpétuera? naissances. Bien sûr on fait plaisir à
qu'on ne maîtrise pas. Les sources du
la fondation Ford et on organise. à
pouvoir en régime néocolonial sont à Une deuxième conséquence de ces très petite échelle, des .. expériences»
l'étranger. Même les titulaires du pou- mêmes présupposés, c'est que la bon- mais on fait pratiquement tout pour

'1 - 21
qu'Iles llchouent, C'est qu'il y a un Une autre façon de valoriser l'intll- vision, on n peut prendre que des
consensus sur ce point entre tous les rieur, c'est curieusement le tourisme. précautions. On va se mettre l'écoule
ternels leaders politiques, Inutile d de Madame Soleil. n y a un siècle
souligner l'angoisse derri re cett En efJet, 1 tourisme s'extasie sur les certains groupements se Gont cr 6s del'
attitude lace au contrôle d s naissan- • richesses artistiques. (à défaut d'au- paratonnerres, les grands caids u Sud
ces: on a peur que lïntllrieur se vid'3 tres richesses qui filent silencieusement par eJeemple. Les députés remplissent
parce qu'on llprouve des sentimen s le long des voies ferrées vers les les mêmes fonctions. Et comme le pay-
d'mlérloritll face à l'exlllrieur, et cela porls). Le touriste prouve que l'inté- san ou le petit citadin ne peu ven
à tous les niveaux, du douar à la rieur a da la valeur. Sa fonction est rien faire, ils vont se mettre sous la
nation. rassurante. Le touriste est perçu dans protection de ces puissants intermé-
la logique quantitativiste: il gonfle diaires.
Un autre aspect de cette logique à l'intllrieur. L'hôte marocain est flatté,
c.ourte vue est la polilique de rura- même si le tourisme n'est pas renta- La conséquence, c'est l'avènement de
lisme, Il laut arrêter les divers exodes ble conomiquement. Mais ne se rend- la soci' té caïdale... ou du parlement.
el fixer sur place les hommes. façon on pas compte que le tourisme n'est
dans les campagnes de s pro ger pas si innocent qu'iJ en a l'air et qu'il Parlois également. comme récemment
magiqu ment contre la culture arabo- laisse un impact culturel important. dans les Doukkalas, la population se
phone des villes qui est la culture met à attendre un homme aux vertus
dominante, laçon dans les villes de En fait, iJ dlltruit l'intérieur qu'on veut
extraordinaires, un Messie.
s protllger magiquement contre la protéger par lui. Mais l'interdire ne
culture française d'Europe qui est la servirait à rien car les cultures domi-
nantes passent partout. par l'école, par Mais ce qu'on peut prévoir, c'est que
culture dominante, Mais cetle politique tous ces hommes politiques charisma-
ne se conçoit qu'au travers d'équipe- la radio, etc...
tiques sont condamnés à échouer. C~r
ments nouveaux. Elle passe simple- Ainsi l'intérieur qu'on cherche à pro- ils doivent fonctionner comme agent!;
ment sur le fait que s'il y a exode. de liaison. atlénuer la pression de l',,x-
téger est sans cesse plus agressé.
c"est qu'il y a dysfonctionnement au térieur sur l'intérieur. Or ils ne peuvent
niveau du douar ou de la nalion. Que reste-t-il alors comme solution? agir que dans un tout petit champ
de liberté. Ce qu'on appelle leur .. sur-
L étrang ici, c'est qu'on veuille pour- Quand on est menacé des éléments pouvoir. n'est souvent que dérision
SUIvre un rêve irréalisable. foui-il avoir naturels, de l'invasion hippie, des mar-
la naïveté de Sisyphe pour continuer tiens. du raz-de-marée, de tremble- D'autre part, ces hommes rejoignent
amsl? faut - il être impermllable au ments de terre, de la politique perçut' vite la sphère extérieure et échappent
senhment de l'absurde? comme élllment naturel. faule de pré- donc au contrôle local finalement, ils
renforcent l'opposition entre l'intérieur
et l'extérieur et laissen t leurs ancierlS
mandants désemparés. Et il ne laut
pas s'étonner si l'accusation de trahi-
son est bientôt lormulée à leur encon-
tre. Entre temps, ils ont contribué à
l'iniantilisation des groupements locaux
en supprimant leur autonomie et en
créant la relation de vasselage el do
protection.

Au terme du mouvement les paysans


seront seuls dans leur intériorité et
celle-ci changera de sens. Le passé
cessera d'être un reluge et l'cncien:le
intériorité deviendra comme l'actuel'e,
un lieu maléfique. Déjà les jeunes
ruraux interrogés ces dernières années
ont un nouveau schéma de percep-
tion: l'intérieur, c'est le mal présent.

Mais ces jeunes sont parfois encore


sensibles aux anciens schémas. La
transition n'est pas achevée pour eux.

Maintenant que laire? Ou nous pre-


nons en main notre changement soc'al
en créant d'abord une pédagogie des-
tinée à modoer les schllmas de per-
ception, condition nécessaire èt! ~
gination d'une nouvelle politique et à
son acceptation par une large majoritll
de Marocains. Ce ne sera pas simple,
disons le tout de suite. Ou nous nous
laissons a!ler comme avant. avec peut-
C.T.M. onfort - Rapidité - ' curit ' être l'espoir que le temps sera pour
nous un bon maître. Mais qu'avons-
SERVICES TOURISTIQUES DANS TOUT LE MAROC nous à faire d'annlles d'apprentissage
passif? Le temp presse. Les muta-
tions politiques approchent.

22 - '1
Il La théorie du contrôle
social chez Ibn Khaldoun "
de FOUZIA BEL KHAYAT

par a a Da ud

Toute la théorie khaldûnienne du wâzi'


pourrait se résumer par ce petit apologue,
extrêmement connu au Maroc. (, Un riche
rencontre un pauvre,
- Exprime ton désir, lui dit-il, tu seras
satisfait sur-le-champ.
Le pauvre était affamé, squelettique, sans
gîte, en loques.
- Je voudrais une bague, dit-il ».

B aucoup plus qu'un historien, Ibn lité, t de la corruption, la définition voulu par Dieu, pour assurer la sur-
Khaldoun est un philosophe: il a d'un temp ycliqu qu'on ne parvient vie de l'esp ce. Il faut donc un frein,
fondé, ou plutôt formulé, un certain pas à briser. Il y ont aussI trouvé c'e t le wazï. Ibn Khaldoun admet
type de civilisation que l'on peut d'au- des explications rationnelles sur le que les instincts s'expriment direc-
tant mieux comparer à ceux de Freud travail, l'impôt, la irculation de- t ment, mais leur manife tation doit
et d Marcuse qu'il existe encore biens et des marchandises qui ont -tre limitée par le contrôle. Les Ll',-
actuellement, tout comme ces deux ervi de fondement à des thè es é~o­ tincts peuvent changer de but, mai
types de civili ation occidentale qui nomiques marxisantes. Mais ils y ont non d nature et e qui doit guider
cohabitent aujourd'hui dan s les également confirmé un profond pes- le contrôle, c'est l'u ilité so~iale. Ce
conscience européennes et américai- simisme quant à l'avenir. con rôle vi e à la simple sali faction
nes : tel e t le sens de la th e qu'une des désirs élémentaires, donc à une
jeune marocaine, Fouzia B 1 Khayat LA NECESSITE simple domination car la demande
vient d'écrire en prenant pour th me sociale instinctuell est moycnn . Il
«La théorie du contrôle social hez DU BIEN n'y a pas de grands desseins, hormis
Ibn Khaldoun . celui de se maint nir, le temps est
Dans une seconde étap , plus actuel- limité et cyclique.
C'est à la fois actualiser une recher- le, cherchant à dépas er les explica-
che sur l' du ation dont les jeunes tions et les constatation, ils veulent Dans et ordre d'idée d'Ibn Khal-
Marocains, pour ne citer qu'eux parmi trouver chez Ibn Khaldoun, comme doun estime l'aliénation condamnable
les é udJants et penseurs arabe e hez d'autres auteurs anciens, les puisqu'il faut r °aliser la nature véri-
mu ulmans, ont de plus en plus fondements de la civilisation mu ul- table de l'homme, et assumer son
conscience, parce qu'elle leur parait mane, politique et économique, et ambiguïté fondamentale. Il ondamne
le fondement de l'ordre actuel qu'ils non plus ses applications. Prolon- donc une educatIon trop dire tive,
vivent et qu'il contestent, et c'est geant c tte recherche, Fouzia br trop autoritaire, J'injustice, la bruta-
aussi clairer Ibn Khaldoun sous un Khayat a trouvé, elle, chez Ibn Khal- lité, l'oppre sion qui rendent faible,
nouveau jour doun, qu'elle a relu, une théorie de peureux, passif, menteur, hypo ri e
l'éducation t du pouvoir, le contrôle et apathique, oumis. tricheur et vi-
Dans une pr mière étape les jeunes social, ou, pour l'appeler comme le cieux, qui fait décliner la pel' onna-
penseurs arabes, et marocains en penseur maghrébin du 11· siècle, «le lité, anéantit la moralité et provoque
particulier, ont condamné l'ordre poli- wazi' >. Elle fait donc le parall le une anarchie sociale. ~ L'esclave, e ti-
tique qu'ils vivaient. Ibn Khaldoun entre la société contrôlée d'Ibn Khal- me Ibn Khaldoun, en vient alors à
qu'ils ont redécouvert il y a quelque doun, la société répressive de Freud aimer son esclavage:t, et l'homme
20 an ,le y a beaucoup aidés. Ils y et la so iété permissive de Marcuse. réprimé en vi nt à se percevoir com-
ont recherché les explications d'une me ses maîtres le perçoivent.
d cadence, d'un blocage cultur 1 et Ibn Khaldoun s fonde ur le réel,
politique, qui explique le ous-déve- il ne s'agit pas pour lui de le répri- L'homme mesuré, mod ré, tempéré
loppement, face à l'Autre, à l'Occi- mer, puisqu'il st l'œuvre d Dieu, t équilibré qu'il choisit comme mo-
dent. Ils y ont trouvé une condam- mais de le contrôler pour parvenir d le, est Mohamed, le prophète qui
nation de l'absolutisme, de la féoda- à instaurer un équilibre, d'ailleurs a instaur l'âge d'or de l'Islam.

"J - 2
DE FREUD qu'à l'homme 1p ns e, intelligence fond nt ur un certain op Inusm
c'est - à - dire instinc réprimé), le contingen, Ibn Khaldoun con idère
A MARCUSE modèle khaldounl n part du principe les civili tions comme mortell .
qu'il n'y a pas d'mstinct Inférieur à Pour lUI, l'agr sSlvlté e l'inju tice
Fr IId, 1<11, s fond sur Je rationa- l'intelligence ma.s une inspiration qui son inhérentes à l'homme. l'inspira-
li me, les in tin ts son mauvais par décroit peu à peu pour descendré! la tion qui guide les tre e t ambigue
s en , il faut lE réprimer pour chaine d s tres. Tout venant de Dieu (de là à dire que Dieu est ambigu
mieux 1 s sublimer et l'énergie ainsi c'e t lui l'inspirateur qui e sibe au i:. y a un pas qu'Ibn Khaldoun ne
analisée s rt à une construction so- sommet de l' chelle, viennent ensuite franchit pa , quoiqu'il lais e sourdre
Cial progr ssiv ,consacr le rende- le ·tres supérieurs, prophàtes, puis à ce ujet de emp à autre une
m n, la productivité, car le temps :iints, puis l'homme, et enfm l'ani- inquiétude. TI s'agit donc de la
st lm air et mfini. L'ali nation est mai qui n'a ni pensée ni raison, mais con rôler et, de fonder, pour assurer
cl n n ces air, puisque la contrainte seulement d s percep ions sensoriel- la s;.Jrv1e de l'e p ce, un ordre social,
Impe. à des instincts qui sont les. Cette théorie khaldounienne est puisqu'aussi bien l'homme est poli-
xprlmtss mdir tement t dont la donc contraire à la conception occl- tique par nature .
manif station st limitée, est la dentale.
condition du d veloppement de la La théorie du contrôle social chez
IVIIi allon. L' du cation st répressi- Mais l'analyse de Ibn Khaldoun se Ibn Khaldoun se fonde donc après
VE', ("est un proe ssus de mutilation, fonde aussi sur un sentiment profond une socianalyse et un sentiment du
cl slln à capter l'énergie pour la du tragique qui tend à la survie de tragique, sur une théorie sociale de
J utJlis l' so ialeme;1t. l'esp ce, et qui, note Fouzia Bel la nécessité du pouvoir qai est fonda-
Khayat, ne s'est réellement exprim' mentale sur le plan politique et indi-
~areuse se fonde lui sur la surI' a- viduel, par l'éducation. Pour lui, il
qu'aux confins de l'Islam, en Anda-
lité et l'imaginaire dans un princip n'y a pa de mauvais désirs, pui que
lousie, par exemple. Ce sentiment
de plaisir et de jouissan qui carte peut être expliqu par le temps dans ous les désirs sont inspiré par Dieu,
toute temporalité et qui est consacré mais il y a de désirs qui peuvent
lequel Ibn Khaldoun a vécu, son épo-
à con omm l' les biens amass dans tre dangereux pour la survie de l'es-
la scelét& freudienne. Les instmcts que et sa propre personnalité. En
effet, Fouzia Bel Khayat ne souscrit p ce, donc pour la société, ce qu'il
sont xprimés et leur manifestation appelle la fausse conscience
est illimlt' . Tout donc est permissi- pas entièrement aux thè es d'Ibn
Khaldoun, contrai rem n à beaucoup l'agre sivité, la recherche excessive
ble, Il n'y a pas de demande ociale du plaisir, et l'injustice. c: Une fois,
d' 'nergle, allcune aliénation. Et aloI' de ceux qui l'ont étudié avant elle.
Elle tell e avant tout de les expliquer écrit-il que l'homme perd con cience
qll lE' h '1'0 freudien tait Promé- de ce qui est néce aire à sa nature,
thée. le h '1'0 de ~arcuse serait 01'- et elle remarque notamment que pour
beaucoup d'historiens et de penseurs, il ne peut que 'aliéner de plu en
rhtse <'II Narci se. J'autant plus, note plu ... le gen deviennent des escla-
a\' c raison Fouzia Bel Khayat qu'une le 14" siècl mu ulman ne f..lt pa:;
aussi tragique que le présente Ibn ves de leurs habitudes >. Et encore:
d 5 1 aisons profondes de la thè e Le luxe bloque la circulation des
d,. :\1arcuse généralem nt pass e Khaldoun. Dans son dernier ouvrage,
«Histoire du Maghreb », Laroui le riche ses et détruit l'équilibre de la
sou silenc es l'exploitation des ociété.. Ibn Khaldoun incrimine les
pay du TI rs-~onde, l'abondance è" présente comme une ère de déca-
dence quilibrée ». impôt injuste, l'obligation de cor-
centr dont il s'agit de profiter, étant vées qui ruinen ce capital e entiel
réa li au détriment de la p riphé- qu'est le travail, la contrainte exer-
li . ~arcuse, c' t l'utopi lib ratrice UNE AMBIGUITE cée ur la propriété, ce qui provoque
d l'a venir pour les sociét s d velop- FONDAMENTALE le désintérêt et la mis re. L'injus-
p'e . tice, affirme-t-il, à plusieurs repri es,
Face à Fr ud et à ~arcus, Ibn D'où vient donc que Ibn Khaldoun détruit la civilisation ». D'où la néces-
I{haldoun avec son «wazi'» s place soit pour sa part i pe simiste ? Hor- sité absolue d'un frein, puisque, au
comm l'homm de la mesure et de mis sa situation d'andalou exilé, qUI surplu , la sociabilité n'est pas innée
]' 'quilibre qui 01'1' spond à un p- ne l'a pas oublié, qui a vu la mort chez- les hommes.
l'iode et à une conjoncture historique de la civilisation andalouse, le déclin
donné . ~ais c tte société contrôl de plusieurs dynastie , qui a senti les L'INELUCTABILITE
d'Ibn Khaldoun, sur quoi se fonde- effets dévastateur de la grande pe te
(récession démographique valuée au DE LA DECADENCE
t-elle ?
tier de la population), Fouzia Bel
Khayat explique cette attitude par Ce frein, c'est le wazi' », et, com-
LE SENTIMENT la personnalité d'Ibn Khaldoun dans me l'analyse y conduit logiquem n ,
DU TRAGIQU laquelle elle con tate une ambiguïté il doit, selon Ibn Khaldoun, être exer-
cée par une pel' onne, un chef, un
fondamentale, marquée urtout par roi, lequel, dans l'e prit du philo 0-
Tout d'abord sur une socianaly e qui
fait la part du onscient et de l'in- une valorisation du pouvoir en m me phe, a le fonction es entiell s de
con "ci nt et qui estime qu'un voile temps que sa condamnation, par un modérateur, d'arbitre. Ce roi doit
existe sur la conscience, que l'on peut amour de l'autorité immédiatement 'imposer par la force, le clan (aça-
parvenir à lever par des pratique suivi par des critiques morale e biya) et le charisme. M is ce monar-
pl rituelles, la pri re, 1 l' ve, la qu'elle explique par un mélange de que-arbitre qui ne peut tout eul
voyan ,le mysticisme. Il faut arri- réalisme et d'utopie, une subver- exercer le wazi' et qui doit y être
v l' à ce que 1 s sens faiblis ent t sion sous - jacente et discr te» qui idé par eux au: quel il dél gue une
à ce que l'esprit se fortifie. L mots, émanerait, ugg re-t-elle, des consé- parti de on pouvoir (mufti, pro-
dit Ibn Khaldoun, sont des crans quences d'une patriarcalité non as u- te eur, juge, policier) n'e t pas
t d s intermédiaires. Il faut recher- m toujour guidé par le bien. Et c'e t
cher la vérité réelle derri re l'appa- là 1 profonde ambiguïté de 1 pen ée
l' nce. ~ais, alors qu dans le mod 1 Quoi qu'il en soit, contrairement à d'Ibn Khaldoun: eu, qui doi nt
occid ntal, cette analyse part d ses préd cc! eur andalou comme e,'er l' le wazi', le plus ouven
l'animal (in tin ts) pour s' lev l' jus- lui, AI Far bi et Ibn Tufa 1 qui s loin de jouer le rôle de frein, agara-
LE MODELE ANTHROPOLOGIQUE KHALDUNIEN
EN COMPARAISON AVEC LES MODELES
FREUDIEN ET MARCUSIEN

PULSIONS
..• EAl'HESSION des PUL::iIüN::i
1
,•
.'1
'II

..

a) Modèle marcusien
~
• (anarchie = expression directe de
toutes les pulsions)
1
-:-----------------!r~épression de
------------------~i,agressivité

Dérivation
, ......,r;-": :. ..; ' ------~) Culture-
, , , ,
,.. ........ :", .... , ' 1 '

t 1 1 1
Oeuvres de la
raison

Hépression b) Modèle freudien

---------. .
::iublimation

-----------41
---------4( WAzi 1 : frein
entrave, filtre)

--------a1 •·
----4 c) Modèle khaldûnien

---------1'""'------+·
-------1------~)
1 - 2S
v nt 1 s injuslic s (abus, exactions, C n'e t donc p étonnan -, la
spoliations, trafics, inégalité, corvées, fin d on expos', Fouzia Bel Khayat
et .) t provoqu nt m 'me un injus- se Iivr~ à une rapide compa a n
ti l' SI grande qu'Ibn Khaldoun la "!tre le wazi" d'Ibn Khal oun et
d lare illimitée. Le systP""'\e est donc Le pa é impIe» de Dri Chraioi.
port ur d'un tr s grave contradi tion Ù la révolte Tt tïnalemen à ren-
qu'Ibn Khaldoun p rçoi quand il lorcer le pouvoir. Tou pal l' mê-
écrit: L'autocratisme conduit à de' me comme si cet· l' révolte était cons-
dér glements profonds:o. Tout édifi- tit 've du pouvoir. La preuve: üne
C monarchiqu, crit-il ncor. doit hi to;re qui aurait pu êt!'e tumul-
reposer sur deux fondations. La pre- tueuse en est rédui l' à n'être qu'un
mi l'l'es la for l' l'esprit d corps, passé simple .
, st-à-dlre l'arm l', la seconde est l'ar-
g nt qui fournit la sold des troupes Cependant, au-delà de cette explica-
et ntr tient toute la structure de tion et de ces projections al" uellc
l'Etat. 'est là, à ces deux bases que il faut noter qu'Ibn Khaldoun a for-
s'attaque la dé adence . mulé un modèle culturel, une morale
particulière circonscrite dans le
Le syst me qui devait sauver l'ordre mps et dans l'espace. un ccTt::'n
social a donc toute les chances au idéal d'éducation qui demeure lui
contraire de le conduire à la ruin . aussi actuel.
On salt avec quell vigueur Ibn Khal- Cet idéal se fonde sur le naturalisme,
doun condamné le luxe. Pour lui, l'utilitarisme, l'éta isme, l'ordre bio-
(' t app tit d m suré de plaisir en- logique et les besoins vitaux. 'est la
gendr un cercle vicieux dont la recherche d'un équilibre qui condamne
mlst're t't la d cadence sont le terme. tou le excès, qui condamne aussI
la démesure et cela se comprend
Ainsi 1 pouvoir pose le probl me d s puisque l'objectif n'est pas de se
abu., mal il détruit également la dépasser, ni en bien, ni en mal. mais
morallt' collective. Ibn Khaldoun VJ. de se maintenir, de l' reproduire, èe
ju. qu'à affIrmer que le déclin de la UNE CONTESTATION durer. Ce que veut Ibn Khaldoun, ce
nation arab vient du fait qu'elle a CONTROLEE qu'il ouhaite, c'est la mesure, le
dû accepter' les rois et les sultans », discernement, la modération. L:ls
d'au ant plus que d::w tou rég.me Que faire ? Ibn Khaldoun ne répond qualités qu'il met en évidence sont
d'autorité, le courage s'affaiblit, pas: il ne donne pas de solution, les suivantes: la tolérance, la tem
l'apathIe l' gne m 'me au l'in d s mais il sous-entend quand même qu'il pérance, l'hospitalité, l'enduranc~, la
group s dirigeants. ~ Le pouvoir est n'y a pa a:Jtre ho e à faire qu'à libéralité. l'honneur, la vénération. la
par ess:'nce débili ant . La tyran- recommencer. Final ment le khaldou- confiance, la ju tice, la foi, la oli-
nI eng ndre l'inju tice et détruit la nisme serait alors une thêorie de la dari té. Les extrêmes ont blàmé :
p r.onnalit et la société. Ibn Kha~­ légitimité qui Yi l'rait à 1'1' acraliser entre la prodi2'alité et l'avarice, i'
doun présenté par Fouzia Bel Khayat, un pouvoir profanisé. Le «wazi'» choisit la générosité, en~re la témé
c'est un long plaidoyer contre l'in jus- serait alors le refus d'une liberté fol- rité et la couardise. il choisit la bra
ti . MaIS que fair alors si le wazi' lement désir l' et un contrôle qui ne vou 1'1'. Le centrali me et la olidarit(:
conduit au contraire de ce qui a serait accepté qu'après la théâtrali- religieuse prùnsnt toutes les autre-
néces It a réation? sation d'une olution plus ou moins formes de so iabilité. TI n'y a pa3
différente, sa ritualisation en quel- de souci de productivité. pa de vo-
Il Y a, dit Ibn Khaldoun une autre que sorte, d'autant plus néce saire lonté de développement et de pro-
fOI'me d wazi', le «wazi'» inter- que sans elle le pouvoir resterait grè, Ibn Khaldoun ignore ces no-
ne, le l'If control, en quelque sor'e précaire. Le wazi' aboutit à une tions. TI faut reproduire des struc-
qUI peut 'trI' d'origine profane ou contestation contrôlée. tures patriarcales, indéfiniment et
rehgi use. profane dans le sens d'une bannir tout ce qui peut le conduire
démocratie comme on la concevait Ibn Khaldoun 1'1' semble alors beau- à leur perte.
chez les Grecs, religieux comme aux coup aux jeune d'aujourd'hui qui
pl' miel' temps de l'Islam, J'âge d'or. ontinuent à observer tou les signes Mais Ibn Khaldoun est victime lui-
extérieur de J'autorité mai qui en même de l'atrophie de la consciencp
Cep ndant le azi' interne a dis- privé formulent maintes critique morale qu'il condamne: se théorie
paru avec 1 passag du khalifat à acerbes à l'égard des pouvoirs éta- ondui l'nt plu à des impératif so-
la monarchie, aux temps des derniers blis, ce qui finalement est une sou- ciaux qu'à la recherche du bonheur,
Abassrdes: l'institution s'est yidée pape de sécurité qui renforce l'auto- lequel bonheur n'a ap tout pas
de on sens en gardant l'id ologie rité elle-mêm . C qui aussi, ou ligne une fonction ociale. Le en profond
ancienn , mais le consensus religieux Fouzia Bel Khayat, l' tune eon é- du wazi' : le ju te milieu.
a fait place à une contrainte. En le quenee d la patriarcalité. L'âge d'or
déplorant, Ibn Khaldoun sous-entend du «wazi' l' t le rêve, mais pa l' n' t ùrement pas un modèle
qu'il n'y croyait quand même pas sans p l'l', ce qui est un autre façon culturel (acceptant l'autorité et réa-
trop: il suppo l' en effet qu'en don- de le respect r. Ce m the s rait alors, gi sant contre elle) q:Ji peut satis-
nant à l'homme un pouvoir sur lui- sugg 1'1' Fouzia Bel Khayat la pro- faire le jeun et ceu' qui v ulent
m me, il serait devenu maître et jection dans le pa é d'un drame per- changer la vie ou tran former
pos l' s ur de la nature, ce qui serait onn 1 et collectif où crise d'ado- le monde . C'est pourquoi Fouzia Bel
attentatoire à J'autorit de Dieu. Le 1 scence et crise sociale onjugue- Khayat, p raphr ant Chraïbi 'é rie
« wazi' interne échouant, 1 c wa- raient leur ffet pour aboutir à un en conclu ion: rguer le am l'-
zi'» xtern lui su cd, mai «pour regard désespéré sur le pl' l'nt et l'l', t pourquoi p ?
gu l'il' le mal, on le renforce . Il st à un contestation on tante de tou-
donc onciamn à terme. tes 1 s forme d'autorité. Zaky D OUD

26 _ '1
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10 MILLIO ARE
PAR MO
A L
LOTERIE ATIO AL

Depuis sa création, il y a à peine Et si la chance a souri à ceux qui ont caractère éminemment national et
4 mois, la Loterie Nationale a déjà fait joué à la loterie, il est permis de dire beaucoup plus populaire, de la Loterie
25 millionnaires, au rythme de trois qu'elle a également souri à la loterie, Nationale. Avec la campagne promo-
par semaine, et de 10 par mois, 25 qui, dès sa création. a suscité un tel tionnelle de lancement, c'est celte orga-
millionnaires qui ont gagné entre 1 et engouement dans le public qu'eUe est nisation qui a permis la conquête d'un
50 millions d'anciens francs et qui ont parvenue à doubler les ventes des marché totalement nouveau, et aulre-
té aussi bien de jeunes militaires, deux tranches hebdomadaires de la fois vierge.. Après la mise sur pied
que des agriculteurs, des chefs cuisi- Loterie de Tanger dont la tranche po- de tirages spéciaux dans les diHérentes
niers que des directeurs de sociétés. pulaire du lundi a prix la place, et à provinces, Rabat. Casablanca, Khou-
La chance a souri aussi bien à ces augmenter de 20 à 25 ~o les ventes ribga, Meknès en avriL .. nous avons,
deux jeunes Casablancais qui ont de la loterie française à laquelle a précise M. Hariki, incité les sociétés
acheté ensemble un billet de 1 DH succédé la tranche du jeudi. chargées de la revente des billets ~
(dixi me de la tranche du lundi) ct multiplier leurs points de vente et nous
C'est donc comme on peut le constater
qui ont gagné 500.000 frs chacun, qu'à nous sommes substitués à eUes, cha-
un bilan remarquable que celui que
M. Maati Omari, ancien patron bou- que fois qu'elles étaient réticentes de-
peut d'ores et déjà dresser la Direc-
langer, le gagnant le plus spectacu- vant le risque ou l'investissement que
tion de la Loterie Nationale, qui a su
laire puisqu'il a récolté une mise de cela supposait. Nous avons aussi créé
insuffler à celte institution, auparavant
50 millions d'anciens francs avec un un réseau de vente directe appuyé
privée (Loterie de Tanger) et étran-
billet entier de la tranche du jeudi. sur le réseau du Toto-Foot et un aulre
gère (Loterie Française) le dynamisme
11 est vrai que M. Maati Omari joue utilisant l'armature des P,T.T. Ainsi. un
qui est le sien, en l'asseyant sur les
depuis 30 ans à la loterie et que s'il billet de 1 DH vendu par un facteur,
bases solides d'un effort d'organisa-
a gagné quelquefois il a aussi perdu a permis à un agriculteur de Sidi-
tion, de lancement et de promotion,
assez souvent. Kacem de gagner 10 millions de us •.
propre à assurer la continuité de ce
Mais à la Loterie Nationale, il n'y a M. Hariki ne songe pas à s'arrêter en
succès. 11 faut d'ailleurs là souligner
pas que les gros millionnaires. et ceux si bon chemin. Partant du principe que,
le caractère artistique de cet effort,
les plus nombreux qui récoltent 10.000 selon ses propres termes, • la loterie
et notamment l'idée originale que cons-
fois leur mise, avec un billet de 1 DH, est un impôt volontaire prélevé surtout
titue le sigle qui est aujourd'hui le
il y a aussi. toute la foule des petits sur les classes laborieuses .., il a mis
signe distinctif de la loterie: une main,
gagnants et des remboursables, puis- au point un système de ventes de
synonyme de chance, dont le symbo-
que, en 4 mois, la loterie a distribué billets par correspondances par le ca-
lisme a été renforcé en la remplissant
258.637.600 frs entre ses tirages du nal de comptes ouverts à ses clients
d'or.
lundi (l DH le dixième, 7,50 le billet au sein de la Loterie Nationale, afin
enti r), du jeudi (2,50 le dixième, 20 DH L'organisation mise en place par de toucher les classes aisées qui. cela
le billet entier), ses trois tranches spé- M. Hariki. Directeur de la Loterie Na- a été constaté, hésitent à acheter leurs
ciales (5 DH le dixième, et 40 DH le tionale, reflète, nous dit-il .. le chan- billets publiquement. 11 a déjà proposé
billet entier) et ses 26 tranches nor- gement radical des motivations par ce système de comptes approvisionn s,
males. rapport aux précédentes loteries, et le d'un montant correspondant a un cer-
URQUOI
S
OUS ?

tain nombre de billets et e tranches, luée à 1 mjJ)iard de !cs par an, et aussi de celte question. .. La loterie, dit-il.
à 150 personnalités. Il envisage main- procuraient à des sociétés privées, répond à un principe nature! qu'on
tenant d'étendre ce système, par le dans le cas de la Loterie de Tanger ne peut ignorer. De plus. elle ne pré-
biais de la Banque Centrale Popu aire. dont la concession était arrivée à expi- sente pas les dangers des autres jeux.
aux travailleurs marocains à l'étran- ration, de confortables bénéfices sou- elle présente même plus d'altraits pour
ger, avec lesquels. pense-t-il. .. la Lo- vent investis hors du pays, Il y ave':·. les gens sérieux que pour les vrais
terie Naticnale peut constituer un lien en outre une motivation d'o:dre soc;al : ftflambeurs ... Elle est le jeu rassurant
supplémentaire avec le pays ». Et il créer des emplois. Nous avons 30 em- dE' ceux qui n'ont ni la possibilité ni
a même reçu des demandes dans ce plois permanents, auxque s s'ajoutent l'envie de devenir des joueurs. Et il
sens de la part de Sénégalais el de 300 revendeurs, sans compter l'ac:ivité a été constaté que, contrairement à ce
Mauritaniens surtout qui s'étonnaient supplémentaire qui en résulte pour les que font les gagnants de tous les
de ne pouvoir acheter la \o:erie maro- buralistes et les commerçants, et le fait autres jeux, les gagnants de la lo~erie
caine. de même que de la part d'un que 18 % du chiffre d'affaires de la n'investissent pas leurs gains dans le
touriste américain de passage au Ma- loterie va en commissions de commer- jeu. lis créent avec l'a~gent qu'ils on'
roc et qui voulait continuer à iouer. c;alisation et ajoute donc au circuit gagné. D'autre part, rlans la loterie.
- Mais, pourquoi la Loterie Nationale? conomique. Mais, outre ses motiva- on n'est pas tenté d'augmen'er se:;
.. Dans de nombreux pays. nous ré- tions financières et économiques, la chances en augmentant ses mises et
pond M. Hariki, tant occidentaux, la création d'une loterie nationale a obéi on n'a pas non plus J'impression de
majorité de l'Europe, que socialis!es, surtout à une motivation purement na- forcer la chance, puisque le choix du
et notamment l'U.R.S,S., l'Etat a tou- tionale à laquelle la faveur de la numéro entier est pratiquement impos-
jours mobilisé les ressou ces qui pou- clientèle a amplement répondu ». sible et que seules les terminales sont
vaient provenir du jeu, soit pour réali- à la discrétion du joueur. L'intervention
ser certains investissements sociaux et Les sommes collectées par le canal de personnelle étant réduite, la mentalité
spécifiques, soit pour renflouer leur la loterie doivent de plus être versées du joueur est atténuée. Et si l'on va
budget. Ainsi. l'édit crl>ant la loterie à un fonds spécial. et si leur destina- jusqu'à considérer ce penchant comme
française, le 21 mai 1539 spécifiait-il tion n'a pas été précisée, bien que répréhensible, que l'on sache que la
qu' .. elle habillerait les affaires du la création d'investissements pour la loterie le maintient dans des limites
Royaume fort decoussues », tout en jeunesse ait la faveur générale, M. Ha- raisonnables, tant pour l'individu que
procurant au peuple et aux bourgeois riki souhaite qu'elles soient affectées pour la société ...
..jeux et esbaltements ort honorables». à la création d'un complexe sportif et
Le Maroc se devait d'autant mieux de culturel. par exemple, mais, portant, il - y a-t-il d'autres avantages de la
suivre la même voie, que les loteries y insiste. le nom de la Loterie, afin loterie?
qui existaient sur son territoire, si elles d'encourager la clientèle et de souli-
gner l'intérêt national du jeu. ftOui. répond M, Hariki. les gains sont
lui versaient des redevances de l'ordre dépourvus d'impôts ", et, soudain sé-
de 500 millions de frs par an, consti- - Cependant, le jeu est-il moral? rieux, il ajoute .. la loterie peut aussi
tuaient. suriout pour la loterie fran- M. Harilci a le sourire en coin qui lui suppléer au manque de mobilité so-
çaise, une hémorragie en devises éva- vient sans doute d'une longue habitude ciale ».

'j _ 2
La B.N.O.E.

au service
de l'économie

marocaine
Avec 112 opérations agréées en 1971, nomie du Royaume. C'est en 1964 que La comparai on entre le montant de
la Banqlle ationale pour le Déve- l'on avait enregistré le nombre le ces opérations <264.377.000 OH) et le
loppement Economique (B, .D.E.) a plus faible (3 ) d'opérations agréées montant de celle de 1971 (264. 62. 40
at temt un nIveau d'activité sans pré- pour un montant total de 31.390.000 DH) indique globalement une légère
cédent depuis 1959 - année où c t dirhams. En 1970, ce nombre attei- majoration d'une année à l'autre.
'tabliss ment commença à jouer un gnait 9. Il était à cette époque le Mais la ventilation fait apparaitre les
rôle qui est allé croi sant dans l'éco- plus élevé. données que voici :

1 9 7 0 1 9 7 1
Montant Montant
Crédit direct ......................
39 164.717.000 DH 42 113.250.000 DH
Cr dit à moyen terme réescomptable
49 96.660.000 DH 62 133.660.500 DH
Participation .....................
1 3.000.000 DH 17.952.340 OH

Total .... 9 264.377.000 DH 112 264. 62. 40 DH

Ainsi donc, e Stwt'clll'ment, les in- a obtenu à lui seul un ensemble de utre caractéristique enfin - à la
terventions directes de la B. .D.E. fonds, pri es de participation com- foi nouvelle et ignificative: parmi
ont diminu ,les ngagemcnts soue; prises, de 64 millions de dirhams. Le le opération agréées une prédomi-
torme de crédit à moyen terme ré- nombre d'affaire à capital m roc:l.in nance en faveur de industrie ali-
escomptable (les projet SUCRA- majoritaire financées par la Banque mentaire se manife te. En effet, en
FOR, SU AT et SEFERIF ont tota- en 1971 dépa e largement elui des raison du financement de deux nou-
lisé eux seuls 5.000.000 DH) s projets à majorité étrangère: 3 opé- veau projets ucrier, UCRAF
sont accrus et les participations de ration contre 2 ( CRAFOR non et T, par la B. .D.E. en 1971.
la B.N.D.E. ont presque sextuplé. compris). le ect ur alimentation et bois-
Quant à l'analyse des opérations de on a pri la première place avec
Depuis la cr ation de la Banque, le un total d'intervention de 107.950
la B.N.D.E., selon l'origine du capital affaire à caraet re national ont bé-
des projets financés, elle appelle les million d dirham. oit 41 c( envi-
néfici de 489 opérations représ nt nt ron de l'en emble de concour.
observations suivantes: 10.59 millions de dirham on e
La tendance croissante en faveur des 299 agrément pour un montant de ept u l' rie auront donc été fin an-
soci tés à apital marocain majori- 547.7 9 millions de dirham a cord e'e par la B. .O.E. depuis créa-
taire s'est produit en 1971, compte en faveur des so iété à caractère tion - e qui confirme le rôle pri-
non t nu du projet SUCRAFOR qUI étrang r. mordi 1 joué par eet -t bU ement
dan 1 cré tion el le d \ eloppem n AFFAIRE ve ti sem n sera in égralemen fi-
de etle nou elle tivi agro-indus- nan épI' un crédit à moy n term"
CIMENTS D AGADIR r' omptable de 5.732.000 DH.
tri Il .
Le sect u alim Pour uivre l'augm ntation rapide d
la con ommation dans la l' gion AFFAIRE
e t SUIVl de pl' MAROC FAIENCE
gi , d s mines, d' gadir, la oci a d cidé d dou-
p trol . bl l' sa capa it de produ tion t de
l' ali l' des investissem nts dont le La Soci té Maroc Faï nce s' st pen-
Le teur textil pour sa part, apI' oOt total s' 1 ve 30.2 4.000 DH. ch depuis quelques anné s sur le
avoir onnu un d velopp ment sp c- problème d la céramique au Mal'O :
ta ulaire au cour d la périod Après la réaU ation de et inv stis- ell e propose main enant de cons-
196 -1969 a enr gi tr une diminu- ement, la capacité de la cimen erie truire un complexe qui pourra fabri-
tion l' lativ en 1970, qui s'est a c n- era portée à 600 tonn s par jour, quer les carreaux de céramique, le
tu n 1971; le total d s interven- oit 325.000 tonnes par an. sanitaire et la vaisselle.
tion pour c tt branche d'activit
au cour d l'ann'e coul e n'a t Le concours à long terme a cordé La premi re partie du programmf>
qu de 5,5 " par rapport à l'en em- par la B. .D.E. en faveur de e te onsistant en la fabrication de car-
ble de concours agré ·s. La B. .D.E., socié a ét de 14.000.000 de DH reaux a b néfici d'un crédit B.N.D.E.
en ffet, après avoir activement par- jumel à un moyen terme rées omp- de 2.700.000 DH jumelé à un moyen
ticip à la création et à l'épanoui - table de 5 mi1lions de dirhams. terme l'escomptable de 500.000 DH.
s ment de ce ecteur, a d cidé d
l' S l'ver à partir de 1970 ses concours AFFAIRE AFFAIRE
à la modernisation t à l'exten ior. SONACLI
des entreprises existantes t à la MAROC TUYAUX
div l' ification d la production na- La Société SO ACLI se propos de
tionale telle qu la fabrication d . L'obj t du programme consiste dan.>
la création d'une fabrique de tuyaux fabriquer des plaques de cuir ao-glo-
fils texturé n Ion et polyester. m 'ré et de carton cuir à base prin-
en amiante-ciment jumelée avec la
En ce qui oncerne la répartition de fabrication de laques planes t on- cipalement de déchets de cuir tanné.
l'activité de la B. .D.E. entre le dulée . Ce programme a été partiellemen
différents secteurs, il faut s'attendre financé par un crédit direct B. .D.E.
à un changement important et pro- Cet investis ement a été partielle- de 1.500.000 de dirhams.
gre sif au cour des années à venir ment financé par un crédit direct
dans la distribution des interventions, B. .D.E. de 1. 00.000 DH jumelé et AFFAIRE
le ecteur alimentaire en raison de un moyen t l'me réescomptable de GRANDS MOULINS FASSIS
l'ach vement de la première phase du 1.500.000 DH.
programme sucrier marocain ayant Cette soci 'té a décidé, avec l'accord
pratiquement atteint son plafond et AFFAIRE de l'O.C.I.C. de transférer son usine
le ecteur textile, pour les raison à Casablanca, la ville de Fès dans
expliquées, devant connaître pour quel- SUNAT
laquelle elle était installée, étant de-
que années une certaine stabilisation venue suréquip e. Le transport sera
des investis em nts. L'obje du programme est la cons-
truction d'une troisième sucrerie accompagné d'une rénovation et mo-
Voici, d'autre part, quelques élément dans la région du Tadla; elle aura dernisation de matériel de production
d'information ur les principales in- une capacité de traitement en ann e ce qui permettra de pOl' el' la capa-
terventions de la B .D.E. en faveur de croisière de 321.000 tonne par cité d'écrasement de l'usine à 300.000
de nouveaux clients en 1971 : tonnes par an au minimum.
campagne.
AFFAIRE L'investissemen , dont le oût fonès
Les investis ements globaux dont le de roulement compris, sera de 5.2
SUCRAFOR oOt s'élève à 103.000.000 de dirhams millions de DH s ra partiellement
ont ét partiellement financés par un financé par un long terme direct d€'
Cette société a mis en construction prêt à moyen terme réescomptable
une sucrerie qui est la premi re loca- 1,6 million de DH jumelé à un cr' di t
de 29.500.000 DH. à moyen terme l'escomptable de
lisée dans l'Oriental marocain; elle
est située au centre de gravité des 1 million de dirhams.
nouvelle surfaces irrigables de la AFFAIRE
Basse Moulou'a qui couvrent une ASAFIL AFFAIRE
superficie de 70.000. ha. S.C.I.M.
Cette unité pourra traiter n année 1

de croisière 252.000 t. de betteraves Le projet ASAFIL consiste en la La S.C.I.M. est une des usines de
et 1 0.000 t. de canne à sucre, soit création à Safi d'un ensemble intégré confection du Maroc les plus impor-
une production de 37.000 t. de ucre de filature, teinture de laine peign e tantes par sa production, par le per-
granulé et 16.000 t. de sucre roux. et synthétique. Le programme d'in- sonnel qu'elle emploie et par ses
vestissement, dont le coOt s'él ve à exportations.
Pour financer son programme, la 15.872.000 DH fonds de rouI ment
soci é a bénéfici d'un crédit à long ompris r sera partiellement financé Constatant que les perspectives d' x-
terme direct de 42.000.000 de dirhams par un crédit direct de 5 millions portation sont de plu en plus favo-
jumelé à un prêt à moyen terme de dirhams jumelé à un moyen terme rables, la soci té a lanc un pro-
l'escomptable de 1 .000.000 millions réescomptable de 2 millions de dir- gramme d'extension, dont le coût de
de dirhams; notre Banque a, par hams. 1.420.000 DH, afin de port l' à 5.750
ailleurs, pris une participation de le nombre d'articles produits quoti-
10 'k dans le capital de la société L'objet du programme est la cons- diennement. Ce programme a éte
dont le montant s'él vera, après aug- tructi n d'un pipe-line et l'installa- partiell ment financé par un prêt
mentation de 40 mi1lions de dirhams. tion d'amenée de gaz naturel; l'in- direct B. .D.E. de 00.000 DH.
E aNOMIE

L'INDUSTRIE AUTOMOBILE

Il a ét produit en 1971. 19.154. véhi- En 1971, la SOMACA a produit plus atteindre 10 voitures-heure. Le person-
ul s dE' tourisme contre 19.937 en de 20.000 voitures de tourisme. aux- nel a lui aussi doublé. passant de
1970 t 1 .262 n 1969. On a en re- quelles il faut ajouter 1.500 véhicules quelque 500 personnes à l'origine à
gistr une 1 g l' récession de moi.ns utilitaires. contre 972 en 1970. 1.033. dont 128 cadres et employés et
3.93 (( ; mais qui ne s'est pas conflr- Malgré les aléas de l'économie. la 905 ouvriers.
m au plan des immatriculations, SOMACA continue donc sa progres- Mais tout ceci étant. il restait à porter
puisqu celle - i sont en augmenta- sion: de 2.247 véhicules en 1962. année l'effort sur un domaine. celui de la
tIOn d 3 r ( par rapport à 1971, ayant de son démarrage. elle est passée à valorisation nationale. pour que la
pa. é d 17.416 en 1970 à 17.949 n 4.300 en 1964. à 5.200 en 1966. En 1967, SOMA CA assume son rôle d'industrie
1971. C pendant, il faut no el' que la elle a produit 10.000 véhicules. 1967 pilote et de pôle de développement
production automobile a été infé- est pour la SOMACA une année char- économique.
rieure de 1 .33 r~ aux prévisions éta- nière. grâce à une politique de diver- En effet. si l'essor de la SOMACA a
blie et qui con ernaient 23.4-0 voi- sification des marques et à une nou- rejaillit naturellement sur les industries
tures. velle organisation commerciale basée de sous - traitance. développant leur
sur la spécialisation: Siara commer- production et leurs effectifs. seule une
Au point d vue des v hicules utili-
cialisant Siroca, Auto-Hall et Afric- partie encore trop restreinte des véhi-
lail'es. la r cession est beaucoup plus
Auto commercialisant Fiat. et Magep cules était produite sur place. notam-
imp l'tante: elle est d 14.. Ck commercialisant BM.C.. tandis que Re-
pour la production des chaînes na- ment les pneus. les glaces. les tuyaux
nault pour lequel dès 1967, SOMA CA d·échappement. les radiateurs. les bat-
tional d montage, qui ont sorti
a commencé un travail à façon - de teries. les garnitures de pavillons. et
n 1971 4..610 véhi ules contre 5.414
même qu'ultérieurement pour Opel - de sièges. les tapis de sol. les pein-
n 1970 et ell est de moins 10 %
se charge de l'importation de ses pro- tures. huiles. vernis et mastics. POU!
pour les immatriculations qui ont
pres pièces et de la distribution de ses accentuer cette valorisation marocaine.
concerné n 1971 5.753 véhicules
véhicules. un décret, en date du 8 octobre 1970.
contI' 6.3 9 en 1970.
Avec celle nouvelle organisation. la a suspendu provisoirement l'imporla-
Même onstatation pour les trac- SOMACA a accentué son essor. De tion au Maroc de certaines pièces.
teurs, al' si 1 tracteurs à chenille 1967 à 1969. en deux années donc. éléments ou matériels utilisés dans
ont maintenu la m me vente de 61 et elle a doublé sa production. Depuis l'industrie automobile. Parallèlement.
62 véhicules, ontre 7 en 1969, les lors elle accentue son avance à un la SOMA CA a créé en son sein une
tracteurs à roue ont vu le leur tom- rythme de croisière naturellement cellule de valorisation à laquelle un
ber de 1. 50 à 1.4.70, c'est-à-dire de moindre vu l'état du marché. mais qui un nouvel objectif a été assigné: celui
3 0 v hicul s sur un marché somme reste satisfaisant. Et l'on notera qu'en de rechercher une catégorie de pièces
Lou Le très l' duit. Les ventes de mois- dépit du flottement économique actuel. pouvant être techniquement produites
sonneuses - batteuses t d pr s s et contrairement à des prévisions pes- localement et dont l'élaboration néces-
ramas us s ont ~~I i lement aug- simistes. la SOMA CA a réussi à ven- siterait suffisamment de main-d'œuVTe
menté, mais ces véhicules ne sont dre chaque année davantage. pour qu'eUes puissent être réexpédiées
pas fabriqu au Maro . vers les constructeurs européens à des
Cet essor représente une prouesse
Il est intér ssant de constater, en technique car la SOMACA monte 5 prix comparables à ceux pratiqués
ce qui oncerne les véhicules de tou- marques de véhicules (Fiat. Siroca. par les fournisseurs étrangers.
ri me qu'aussi paradoxal que cela B.M.C.• Renault. Opel). mais quelque Dans ce domaine de valorisation natio-
paraisse d prime abord, ce sont les 22 séries de véhicules, dont 18 voi- nale, de grands efforts sont actuelle-
petites cylindrées qui ont nregistré tures de tourisme. un type d·estafette. ment déployés afin d'assurer à la
la plus for e baisse en 1971 par rap- deux marques de tracteurs et une SOMA CA une orientation nouvelle qui
port à 1970. Le ventes d'Austin ont marque de camions, chacune représen- OUVTe des perspectives intéressantes
chuté de plus de moitié, il n est de tant une technologie différente. sur de nouvelles réalisations. Ainsi. la
m me pour les Fiat et les imca de Tout ceci a naturellement posé des SOMA CA jouerait un raie moteur non
faible ylindré. Par contr ,le voi- problèmes et l'usine a dn opérer de pas seulement sur le plan de la
tur s d forte ylindr e, les R 16, les multiples reconversions puisqu'elle consommation interne, mais également
Fiat 124. et 125 ont tenu le pari que était conçue initialement pour un po- sur le plan de l'industrie nationale et
la S MACA avait lancé et ont pro- tentiel de production de 5 voitures de l'exportation de produits transfo
gressé de 15,56 ,. par heure qui a été doublé jusqu'à més.
" "'
"'" ;".,?

JACQUEAU BERJONNEAU ~1IP'1!r,,>


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et de pare-brises cc PROFILEX » joints, butées, etc...
Tubes et tuyaux pour eau et essence Tapis de voiture
D'ailleurs on peut lire dans le pro- gerie pour femme (21' ,1 e de
L'INDUSTRIE gramme d'intention du patronat tex- \' emen pour enfan (6' ,1. Les
tile français qu' ntre autr mélho- li sus tr vallJés, en majorité du co-
TEXTILE des destinées à lutt l' ontre la
pre ion des pays n voie de déve-
ton et des fibr synthétiques. on a
3 'k importés et à 62 r, fabriqués
loppement qw se fait de plus en localement.
A l'inslar d ce qui a été fait en plus lourde dans 1 domaine du tex- l' ces entreprise , ont, entre 1967 et
Tunisie, 1 dans la perspective de tile , 1 sentI' prises envisagent la 1969 plus que triplé leur exporta-
l'ac ord conclu avec la C.E.E., il m- concen ration, la diversification des tions, surtout pour la lingerie pour
bl qu 1 Maroc s'ori nt , non seule- produits, et, aus i, l'implantation hommes C50 r, des exportation ) el
m nI vers Iln promotion des indu - d'unités de production dans les ter- les vêtement de travail C30 'tr des
tries exportatrices, mais encore vers ritoires à bas salaires, l'Afrique et exportations). Ces exportations sont
un formule de sous-traitance qui l'Asi :t. réalisées d'abord vers l'Europe, puis
on iste à fabriquer sur place des Même si cette politique n'a pas en- vers l'Algérie, et, à un moindre degré
produils industriels pour le ompte core trouvé d'application d'envergure vers l'Afrique et même les U. .A.
de c l'tains pays d'Europe, et, en au Maroc - contrairement à la Tu- Depui 1969, il faut d'ailleurs noter
quelque sorte à «façon:t. C l'tains nisie qui a déjà igné des accords une nouvelle progre Ion de ces ex-
perIs int rnationaux effectuent ac- avec des firmes françaises dans ce portations, en liai on avec les pré-
tuellement des études dans ce sens sens - il faut constater une nette férences tarifaires consenties par la
t ils s raient, apprend-on, arrivés à progression des exportations, notam- C.E.E.
la con lusion, que « le Maroc st fort ment dans le secteur de la bonneterie, La raison en est la faiblesse de
bl n outill pour jouer aupr s de l'Eu- qui en 1971, année difficile pour tous coûts de production et les bénéfices
rope le rôle qu le Mexique joue au- les secteurs, textiles y compris, li sub tantiels réalisés par ce genre de
pl' s des .S.A.:t. C qui est en soi maintenu et étendu ses activités. L'in- fabrication. Quelques exemples: une
parfaitem nt clair. Et le textile se dustrie de la confection qui emploie chemise d'homme a un prix de re-
pl' te parfait ment à une op ration 6.500 personnes, et réalise 14 % du vient se ituant entre 2 et 6 DH, et
d ce genre. Le premier exemple chiffre d'affaires de l'en mble du elle est revendue entre 11 et 44 DH,
oncret de cette nouvelle m thode secteur textile ( oit 123 mtllions d tout comme un pantalon d'homme
indu trielle est celui qui nous est DH en 1970) regroupe 247 entreprise d'ailleurs, une robe a un prix de
donné av la fabrication au Maroc dont certaines datent de 1913, mais revient se situant entre 12 et 79 DH
d 500.000 m2 de pop line de coton dont la majorité ont été mises en et est ensuite revendue entre 60 et
t de polyester mélangé pour la Hol- place à partir de 1956 et dispo ent 120 DR. Ces exemples pourraient
lande qui a pass à cet effet un d'un matériel récent. 190 de ces en- être multipli . La faibles e de coûts
premier contrat t envisage même treprise sont concentrées à Casa- est surtout imputable à la faiblesse
d'acheter ult rieurement un million bIanca ( 3 % du total), le l' te étant de salaires versés. On comprend
de m2 de ce produit au Maroc. dispersé entre Tanger, Rabat et Fès. ainsi mieux les motivations profon-
Autre exempl , celui que nou four- Ce sont pour la plupart des entre- de de cette nouvelle division inter-
nil 1 coton. La production marocaine prises moyennes: 10 seulement ont nationale du travail: au lieu de faire
qui consi te en un produit à longues plus de 100 ouvrie.rs et une seule en venir chez eux de ouvriers immigré
fibl' s est exportée à 95 ~. Dans le a 500. La majorité n'emploient que qui leur posent beaucoup de problè-
m me temps, le Maroc import , pour 30 pel' onnes et moins. Pour 50 % mes, les pays europ errs ten ent de
alimenter son industrie textile, du la main-d'œuvre est féminine. plus en plu de les employer dans
coton à courtes fibres des U.S.A. On La fabrication concerne pour l'e sen- leurs propres pays, à des coût en-
constate qu'après avoir fabriqué du tiel des vêtements de travail pour core beaucoup moindres, pour réaliser
tissu à partir de ce produit, il e t homme (32 % de la lingerie mascu- des productions destinée au marché
l'exporté vers l'Europe. line 2 1< ), des vêtement et Iin- de pa s indu triels.

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34 - ~
LE COTON
AU MAROC

IBA-G G
PRODUITS CHIMIQUES
Ce n'est qu'en 19 1, avec la mise en
eau dans le Tadla des périmètres d s
Beni Amir t des Beni Moussa
la culture du coton fut r introduite
dans les zone irrigu e où ell occu-
pa progressiv ment le 1/10· des su- AGRICULTURE INDUSTRIE
perficies. En 1960, l'O. .1. fournit
un encadrement uffi ant pour que
la culture se développe et soit mêm
tendue à la région de ador (péri-
mètre de la Ba e-Moulouya, au
Gharb, aux DoukkaJa et au Haouz.

LA SITUATION Fongicides Cuirs


DE 1960 A 1965

De 1960 à 1965, les uperficie ense-


mencée en coton triplèrent, passant
Herbicides Matières plastiques
de 7.407 ha à 19. 00, et les r coItes
furent multipliées par 6 passant de
51.000 qx à 300.500 qx. 4 variétés
sont introduites dans les trois zones Hygiène animale Papiers
principales de cul ure; le Tadla qui
représente 70 à 0 (,t, du total, la
Ba se-Moulouya et le Gharb, le Pima
67 cultivé dans le Tadla, qui vient Insecticides Peintures et verniS
d'Egypte t fut amélioré en Arizo:1a,
le Ghiza 7 cultivé dans la Basse-
Moulouya, en provenance d'Egypte
également, importé à travers l'E pa-
gne, le Karnak 55, cultivé dans les Raticides Textiles
Doukkalas et le Haouz, coton égyp-
tien arrivé au Maroc par l'Algérie.
et le Tadla 25 variété marocaine in-
troduite dans le Gharb, et qui a ét
depuis améliorée. Ce sont tous des
cotons à longues fibres, fins, homo-
gèn s, tenaces, destinés à des tis us CIBA-GEIGY (Marocl, 44, rue Mohamed Smiha
de luxe et très appréciés sur les
marchés internationaux.

REGRESSION
APRES 1966
CASABLANCA - Téléphone 759-60
Cependant cette expansion tees
bon résultats ne se sont pas onfir-
més au delà de 1966. De mauvai es
conditions climatiques jointes à la
disparition de 1'0. .1. et donc à des
retards dans les paiements qui dé-

'1 _ 35
cOllrag rent les agricult urs, brisè- culture, il n' pa P'Jur au an~ a u-
l'en le rylhm d'expansion de la r de rentrer dan c frai et d
cu11ur du coton. En 1S6 , bien que g gner 1 prix e e ffo
l'on aIt porté les surfaces ensemen- Les traitemenls insecticides sur
c es à 22.30 ha, la production ne colon sonl de plus en plus réa-
uivit pas el tomba à 155.590 qx. Les lisés par voie aérienne.
rendem nts baissèrent, pas ant de EGRENAGE
14-]5 qx l'ha, à 10 p<Jis m me 9. A La Sociélé CIBA·GEIGY a pour- ET COMMERCIALISATION
l' poque, on voulut y voir un phéno- suivi parallèlement la recherche
m ne conjonctur 1 e 1 gouverne- et la mise au poinl de mélanges
m n avait labli des proj ions qui ne foi récolté, le coton est égrene
el émulSIons susceptibles d'ap-
mamlenaient les rendements à 15 qx dan - cen r ·pécialisé. d'une cap -
porter une amélioration sensible cité totale de 200.000 qx, qui éparen
à l'ha, augmentaient encore les su- à ces techniques.
p rficles, 1 s portant à 2 . "00 ha en le fibre de graines. Le tou' autre-
1970 t à 35. 00 ha en 1975 et chif- C'est ainsi qu'au Maroc. en rela-
fois commercialisé par la Comapra,
frant la produ lion à 4.24.500 qx en l'est, depuis 1966 e 19 par 1'0 C E
tion avec les organismes res- Les graine vont aux huileri s locales
1970 ~t à 537.000 qx en 1975.
ponsables el les services spéCIa- e la production de l'or re de 1 .000 t
Or. l'état ac~uel des récoltes dément lisés. CIBA-GEIGY s est attaché donne en uite, par le canal du raffi-
l'optimlsm de ces pl' visions. Les à perfectionner sur tous les nage ( EPO 1 4.00 t. d'huile raffi-
superficies ens mencées de 22.300 ha plans la technique OI.TRA-BAS- nées, aloI' que les besoins du rJ:aroc,
en 19 . sont tombées à 17.000 en VOLUME. de méme d'ailleur que les capacité
1969. à 20.000 n 1970 et à 17.000 ha de traitement, sont de J'ordre de
en 1971. L s rendements n'ont pas 60.000 t.
dépassé 9,4. qx à l'ha de moyenne. La Les fibre ont exportées à 95 ,;.
production 'est située aux alentours L'industrie locale n'en con omme
de 159.590 qx en 196 , de 1 8.700 (};( qu'environ 00 t. Ces exportations
en 1970 et de 191.000 qx en 1971. Et effectué au détriment de .celle dll
ceton. ont naturellement uivi le rythmes
les profcs ionnel s plaignent. de production, de 14.330 qx en 19~O,
( La situation n'est guèr brillante >, Cependant, il semble que ce sont sur- elle ont pa ées à 65.700 qx en
crivait en mars 1972 l'organe de tout les probl m des oins, contre J 965 et à 96.140 qx en 1967 f pour
J'1Jmon Marocaine de l'Agriculture: les parasite surtout, dont il faut 4 milliards d'anciens fr 1 et à 51.030
( les f llahs des Beni Amir, comme entourer cette culture, celui de l'en- qx en 1970-71. Elles 'opèrent à 50 "
c ux des Doukkalas t de ador ne cadrement et celui du système de vers les pay de la CEE. France.
sont p s du tout satisfaits par les rémunération, qui sont à l'origine R.F. .), à 2- r, sur l'Ind_ qui est
l' ultat qu'ils obtiennent dans cette de la baisse de production du coton. le plus fort acheteur, et à 15 r r sur
culture. Si le gouvernement veut réa- les pays d'Europe de l'e t ( .R. . .).
On sait que pour le coton, c'est la Les . . et l'E pagne sont égale-
li el' une progression importante dans formule des contrats qui a ëté choi-
la production de coton et passer d ment clients du Maroc. L'indus rie
sie, les semences et tous les éléments cotonnière nationale en effet n'utilise
7.000 t. à 25.000 t. à la fin du pro- annexes sont fournie aux paysans,
chain Plan Quinquennal, il doit en pa le qualité à longues fibres pro-
et la récolte achetée en totalité à des duite par le pays.
payer le prix. La qualité du coton prix fixés chaque année, selon les
marocain est tr s appr ciée sur les variétés et les qualités; ce prix Cependant, cette commercialisat~on
march s extérieurs et les prix obte- Sl~ situent entre 70 et 140 DH. Mais, nE' peut donner d'effets réel et surs
nus sur c s marchés sont satisfai- s Ion des calculs effe tué en 196 , tant que la production e t en r' gres-
sants mais les frais qui sont imputés le prix de revient d'un ha cultivé en ion. Et, les cho e é.ant ce qu'elles
à la ~ommercialisation sont excessifs. coton serait de 1.250 DH, c'e t-à- ont on voit mal comment le Maroc
En définitive, lorsque ces frais sont dire que ce n'est qu'au delà d'un pour'rait arriver à produire 100.00
déduits, il ne reste plus grand cho e rendement de 10 qx par ha que le balle de coton ou 25.000 t., produc-
aux producteurs de coton. Pour sortir seuil de rentabilité serait dépas é. tion qui erait uffi ante pour acqué-
ct ette impasse, il faut agir sur les C'e t là que résid le problème pour rir des d bouché table, san une
techniques culturales afin d'amélio- le paysan. Car s'il respecte les nom- refonte de sy tèmes de culture et
rer les rendements d'une part et re- breuses obligations du contrat de d contrat.
voir entièrement le système de com-
mercialisation. d'autre part ,

LE PROBLEME
DES FRAIS ET DU CONTRAT

Il est ertain que la culture du coton


Abonnez - vous
est tr s d licate. Les conditions mé-
t orologiques, le succès - vital -
,
d s traitements anti - parasitaires,
l'exécution des programmes d'irriga-
a
tion, la concurr nce d s autres cultu-
res industrielles, et notamment de la
b tterave, qui a davantage la fav ur
de agriculteurs, sont des éléments Maghreb Informations
qui infJu nt grand m nt. ertains
mettent l'avis que le développem nt
d la culture de la betterave s'est

36 _1

-~------~------------~---~--~-~------~-_.-
NOTES DE LECTURE
• • Roland Meynet: ft L'écriture arabe
en question -. Les projets de l'Aca-
démie du Caire de 1938 à 1968 -
de l'écriture arabe, et ayant accumulé
268 projets dans ses archives, l'auteur
ne pouvait trouver meilleur lieu pour
Octobre 1971 - 142 pp. + 78 plan- son étude, ni mieux saisir sur le vil
ches hors-textes. Prix: 12 L.L. la lutte engagée entre !es réformateurs
et les tenant de la tradition qui se veu-
Les problèmes d'arabisation et du rôle lent les défenseurs de l'authenticité
respectif de la langue arabe et de telle arabe et surlout de la foi musulmane.
ou telle langue étrangère dans l'ensei- Les travaux de l'Académie du Caire
I$aac Yetiv est né en Tunisie en gnement. voire dans la culture des n'ayant abouti à presque rien d'effec-
1929. Instituteur, il a continué ses pays arabes, sont toujours à l'ordre du tif, l'auteur dégage les raisons de ce
études en Tunisie, en France et en jour et ne cessent d'alimenter discus- blocage: raisons soc:ales, cul:urelles,
Israël. En 1967, aprè son D.E.S., sions, polémiques et projets divers. nationalistes, religieuses et enën lin-
il quitte Jérusalem et va se fixe guistiques.
aux Etats-Unis où il prépare cett Les raisons du retard pris par la lan-
thèse sur le roman à l'Universit du gue arabe sont nombreuses et variées. Se référant à un champ plus vaste que
Wisconsin avec Germaine Br e qui Selon l'auteur, l'inadaptation de son celui de la seule écriture et qui va de
préfacera l'ouvrage, alors que Jean écriture n'est pas la moindre entrave la simplification de la grammaire à le
Déjeux Cil fera la postface. au développement et à la renaissance formation des néologismes techniques
L'auteur, comme Kha ibi, distingu' d'une des plus grandes langues de en passant par la diglossie, il regroupe
trois phases dan la thématique du c:vilisation, florissante s'iJ en fut il y alors dans un long épilogue, ses obser-
roman maghrébin: de 1945 à 1952, a dix siècles. Aussi la réforme de vations autour de trois grands pôles
le roman réaliste, ethnocentrique l'écriture arabe lui apparaît - elle qu'il appelle les mythes de la langue
folklorique, de 1.952 à 1956 le roman comme la condition à priori de tout divine, de l'unité et de l'âge d'or.
de l'aliénation, et de 1956 à 1962, le développement global et surtout dé- forces qui entravent les ef10rts nais-
roman c: engagé~, militant, d'une lit- mocratique de la langue arabe. sants de libération du langage el blo-
térature de combat. L'auteur se limitE' quent encore la langue arabe dans la
à la phase où l'écrivain se r ssent ftL'écriture arabe en question .. v'ent contradiction d'une langue absolue,
de son appartenance à un groupe comme une pièce à verser au dossier monolithique et anhistorique.
particulier. La part belle est bien sOr de ces problèmes délicats et graves.
fai e à Memmi. On notera cependant A la fois technique et historique, cette C'est à la fois une étude technique sur
l'étude consacrée à D. Chraïbi. étude apporte ce regard de l'extérieur l'écriture arabe et une réflex'on sur
Il nous a paru que la pen ée man- dont toute société a besoin pour se la société arabe par le biais important
quait d'originalité. TI s'agit là d'un connaître et saisit en même temps de de la vision qu'elle a de sa langue.
travail universitaire tr s convention- l'intérieur ce qui freine et risque de Il va sans dire que cette étude et celte
ne!. Par prudence, l'auteur s'en tient bloquer évolution et réformes. réflexion peuvent prêter à contestation,
aux descriptions et aux résumés. mais leur intérêt n'en est pas pour
Aussi son ouvrage s'adresse essen- L'Académie de Langue Arabe du Caire autant amoindri.
tiellement au public américain non- ayant consacré beaucoup de temps et
informé. d'efforts à la question de la réforme •••

'1 - 37
• tlel d e qu'il faut conn itre pour
comprendre l'évolution si rapIde et
souvent si d concertant du conti-

n nt. A destination exclusive des
non initiés sur les probl mes afri-
cains. Paul Bowle , Américain né à 'ew-
C tt histoire d l'Afrique contem- York. en 1910. 'es fixé depui quel-
porain constitue le deuxi me tome que lemps à Tanger après une vie
dc l'histoire de l'Afrique de Rober d'aven ures (Europe. Maghreb. Amé-
et Marlann Cornevin. Alors qu la rique latine, Extrême-Orient). n e
pr mi r clilion de 1964 et la deuxi - ••• serait spéciali en musique berbère
me d 1966 comprenaient un seul (quoique nou n'ayons pa encore eu
volume. les aut urs ont jugé néces- connaissance d'une quelconque pro-
sair cl scinder la troisième dition duction de sa part en ce domaine J.
n deux volumes, dont le premi r
paru en mai 1970, s'arr te à la deu- Mais il esl surtout connu, depuis
cc ETUDES SOCIOLOGIQUES
xi me guerr mondiale. quelques années, par la rédaction de
SUR LE MAROC.
romans, en collaboration (? J avec de
Le deu. i me conflit mondial a joué jeunes Iarocains (il Y eut en 196
dans ie processus de la décolonisation A la demande des étudiants qui ne ne vie pleine de trous ,récit tiré
un rôle tellement important que l'au- pouvaient guère se procurer d'anciens de la biographie de Driss ben Hamed
t ur a tenu à onsacrer le quart de textes épuisés, le Comité du .. Bulletin Charhadi). La méthode de Bowles
l'ouvrage à l'Afrique avant 1945 en économique et social du Maroc. a ressemblerait à celle qu'utilisa Oscar
insi tant sur les diversités r gionales. décidé de créer une • s4rie sociologie. Lew;s au Mexique: enregistrements
Les grands courants id ologiques de dont la direction a été confiée à A. au magnétophone de récits 0..1 de
l'avant-gl.l rre sont analysés et grou- Khatibi et à P. Pascon. biographies et transcription intégrale
p' en trois catégories: Bible et de ce textes.
panafricamsme dans l'Afrique noire Le premier volume de la collection est
anglophone, Droits de l'homme et un recueil d'articles reproduits par le
Cependant Bowles ne se borne pas
négritude dans J'Afrique noire franco- procédé de l'offset, ce qui permet un
à transcrire comme Lewis (ce qui
phone. Islam t panarabisme dans très bas prix de vente (15 OH et la OH
exige une connai sance parfaite de
l'Afrique méditerran enne. Les réper- pour les étudiants).
la langue et de la civilisation arabe
cussions économiques, sociales et poli- Sept articles ont ainsi été repris. Trois que Bowle ne pos de sans ,1 lute
liques de la guerr sont exposées ont été conçus sous la direction de pas). D'autre part, un texte bi ra-
avec un précision qui fait droit à P. Pascon dans le cadre de l'O.RM. phique dans sa crudité serait trop
l'importance des revendication na- V.AR. (Ja main - d'œuvre et l'emploi souvent insou enable pour le lecteur
tionalistes xprimées avant et pen- dans le secteur traditionnel; ce que occidental ou même pour un lecte'jr
dant la guerre en Afrique et tout disent 296 jeunes ruraux; et les rela- appartenant à la bourgeoisie natIo-
particulièrement en Afrique du ord. tions féminines et le statut de la femme nale marocaine. Est - ce parce que
dans la famille rurale dans trois villa- Charhadi a déclaré, après la parution
Marianne Cornevin ambitionne de ges de la Tessaout). de «son roman, qu'il était un
répondre avant tout à cette opinion homme qui vit dans un pays pourri
qui, longtemps abus e par une infor- Deux articles ont été empruntés à à une époque pourrie ", qu'on cher-
mation orientée en fonction des inté- l'œuvre de G. Lazarev (Jes concessions cherait en vain une vie pleine de
rêts des puissances coloniales, pense foncières au Maroc - contribulion à trous , dans les librairies marocai-
que les indépendances africaines et l'étude de la formation des domaines ne ? Bowles, par prudence donc,
surtout le premières, celles du Ma- personnels dans les campagnes maro- transcrit, c'est-à-dire, corrige, élague
roc, de la Tunisie et du Ghana (1956 caines; et changement social et déve- et occidentalise.
et 1957), ont été le résultat de la loppement dans les campagnes maro-
seule générosité française ou britan- caines). Enfin un article de Khatibi L'amour pour quelques chevelL'C e t
nique. Encore aujourd'hui, les tenants (Etat et classes sociales) et de Lahlimi ain i une œuvre qui étonnerait sans
du mythe de la dé olonisation refu- (Jes collectivités rurales traditionnelles doute fort on prétendu auteur I! fra-
sent d'admettre que le point d vue et leur évolution) complètent le recueil. bel) i on lui disait qu'il a fail un
du colonisé ne peut correspondre avec prototype de roman behavioriste
celui du colonisateur. La face afri- Il est inutile de souligner la valeur américain (phrases courtes unique-
caine des événements est traitée n de l'œuvre de Pascon et de Lazarev ment de criptive , découpage du ré-
trois parties: L'lmméù'a apr s- (et de leurs collaborateur:;). Les Ira- cit en de trè nombrelL'C chapitres,
guerre. (1945-1947), «De l'indépen- vaux de ces deux chercheurs demeu- aucune vie interne des personnage ).
dance de l'Inde à la Conférence de reront ce qui a été fait de plus impor- On peut rappeler ici que Camus, dans
Bando ng (1947-1955),« Marche à tant en sociologie marocaine pour la son racisme subtil, avait la même
l'indépendance de l'Afrique du ord période contemporaine. La lecture de attitude face alL'C rabes dan
au Zambèze"b (1956-1965). ces textes est donc d'une nécessité L'Etranger et pour les même
indispensable pour quiconque cherche tai on .
Ensuite l'auteur s'attache au «Bas- à réfléchir sur la situation sociale dE<
tion blanc de l'Afrique australe ; notre pays. L'histoire du roman n'a au fond guè-
il donne des pr cisions sur le com- re d'importance. On y voit un n-
pl x réseau d sociétés financières La collection cc série sociologie» annon- gl i homo e. uel, 1. David. hôtelier
et industri Iles qui joue un rôl mo- ce des volumes ultérieurs consacrés à Tanger, amener le jeune {oham-
teur déterminant dans l'évolution à des .. études moins descriptives ... med boire pui à rompre avec a
conomiqu et politique de toute femme. L' nglai et e mi amé-
l'Afrique australe jusqu'au Katanga. ri in, gr ce à leur arg nt, fa i-
En fait, il s'agit d'un ouvrag , cert s n nt l' dole l'nt marocain. ns ne
tr s sommaire mais qui donne l'es en· ••• ont pa mé ontent d'aller voir

38 - '1
7). e qui 1 s fai Quant aux thèmes traités. Hunnebelle NE ETUDE D'AHMED SEFRIO l
les a regroupés en 6 chapitres princi-
paux: la lulle contre l'ultra colonia-
!ism • la résistance au colonialisme.
les maladies infantiles de l'indépen-

dance. les lendemains qui déchantent,
la nouvelle traite des nègres. c'est-à·
dire l'émigration et la situation de la
femme. Le thème de la dialectique
Orient·Occident. celui de la frustration Du 5 au 10 octobre 1970 s'est t~nue
des peuples. et du rôle de la bour- à Sherbrooke (Canada) , la « Pre-
geoisie nationale. celui de la classe mière semaine culturelle d la Fran-
Mais ce sp tacle, il faut le auver. au pouvoir. de la religion. de la liberté cophonie~, clôturée p r un colloque
De temps n t mps, M. David donne d·expression. des parvenus. des jeunes.
un peu d'aruent à son protégé, com- international sur 4' Le roman contem-
des dangers de la mystification. des porain d'expression française ». De
me d'autres Am ricains font Qes en- niveaux de conscience, etc.. sont éga-
vois de blé. Mais personne nE" d 'sire nombreuses communications ont é é
lement passés en revue. faites à ce colloque: Hassan el Nou-
supprimer radicalement la plluvreté.
Comme il n' a aucune prise de ty, Maurice Nadeau, Emmanuel Ro-
On peut dire finalement que les films blès, etc... Le Maroc était représenté
conscience hez Bowles de son propre africains se divisent en deux caté-
ethnocentrisme, il n'y a ch z lui au- par Ahmed Sefrioui. On trouvera
gorie selon qu'ils abordent les pro- dans ce livre qui vient de paraître
eune d nonciation de l'injusti e. Bow- blèmes de l'avant ou de l'après de
le reste totalement étranger à la vie le texte intégral de sa communica-
l'indépenaance. Au point de vue esthé- tion.
des Marocains de Tanger, comme tique. selon Hunnebelle, les films afri-
l'hôtelier du roman, M. David, prêt cains pourraient être classés entre le
à vendre son hôtel e~ à retourner néo-réalisme. le mélodrame style égyp-
chez lui. tien. et l'intellectualisme à la manière
:.
Ce roman est donc bien folklorique occidentale. mais il note «dans l'en-
dans la me ure ot) il oppose un centre semble. les cinémas africains se carac-
térisent par une convention certaine .. ALIF ": NOUVELLE REVUE
étranger (les Etats - Unis d'avant-
sur le plan esthétique .., Ils ne sont TUNISIENNE
guerre car la principale référence
littéraire semble être Hemingway ou pas, écrit - il. innovateurs... mais il
1ais s e apparaître pour prochaine Une nouvelle revue tunisienne,
Dos Passos) et une périphérie déva-
l'émergence de certains stvles natio- .. Alif ". vient de paraître en dé-
lorisée (Le Maroc t en particulier
Tanger). Laroui, dans ses intelligen- naux plus authentiques, do~t on com- cembre dernier. Celle revue
mence à percevoir les prémisses. culturelle est .. ouverte à tous
te intuitions, avait raison de se de-
ceu~ qui vivent l'expérience du
mander, à propos de Bowles, si celui-
ci pouvait percevoir autre chose que Ces considérations générales abordées, Tiers-Monde ".
se propre fantasmes (on con eille Hunnebelle se livre alors à une étude
Celle première livraison présente
vivement de relire la page qui est approfondie des différents cinémas
outre un important dossier sur
consactée à cet auteur dans « L'Id' 0- africains. en premier lieu du cinéma
le bilinguisme et le bicultura-
logie arabe contemporaine », p. 176). égyptien. Il passe ensuite longuement
lisme, des poètes et romanciers
en revue les cinémas algérien. tuni-
de tous les pays arabes, le Ma-
sien et marocain. avec une mention
roc étant représenté par Moha-
particulière dans ce dernier cas pour
..** med Khair-Eddine, Celui - ci a
les 4 seuls longs métrages produits à
ce jour: ..Vaincre pour vivre..... Quand donné à la revue .. le tombeau
mûrissent les dalles Soleil de prin- de Che Guevara.. extrait de
LES CINEMAS AFRICAINS EN 1972 son prochain livre .. Le D 'ter-
temps .. et .. Traces Dans chaque cas.
Société Africaine d'Edition - Paris • reur.. qui paraîtra avec .. Les
Prix: 20 FF. une filmographie fait suite aux notes
explicatives et descriptives, Il s'allache Cerbères de bois ...

C'est un dossier sur le cinéma africain, par la suite aux cinémas sénégalais,
On trouve en traduction quel-
un dossier complet assorti de ses ré- ivoirien, nigérien. guinéen, et congo-
ques poètes du Moyen-Orient:
flexions que Guy Hunnebelle. qui a lais, et note que dans toute l'Afrique
Nizar Quabbani. Adonis. mais
coordonné sa rédaction. nous offre Noire à l'exception du .. cas Sénégal .. ,
ce sont surtout les jeunes au-
avec cet ouvrage dans lequel il a le le cinéma piétine encore beaucoup
teurs tunisiens qui sont l'objet
plus qu'au Maghreb.
mérite de passer en revue aussi bien de celle publication.
la thématique que les diUicultés. essen-
tielles. de programmation, t:'Ie dis ribu- Un dossier complet indispensable à
tion et de production. Les diUcultés tous les cinéphiles. **.
pratiques en effet sont teHes qu'elles
outrepassent celles provoquées par la
censure et qu'elles font écrire à Ilun-
nebelle: «Dans bien des cas. c'est vrai-
ment Mozart qu'on assassine... Ceci Abonnez- vous
vient du (ait que les écrans des pays
africains sont en majorité occupés par
des films américains et européens dont à
la qualité est très souvent douteuse
et qui ont de plus contribué à fausser
les mentalités des spectateurs. Nul
étonnement à ce que des créateurs
LAMALIF
soient découragés.

'J - 39
L'éditeur parisi n Alain Moreau vient faire davantag remarquer la ym-
de fair parattre au débu d l'année pathie qu'II porte au leader de 1'1 1-
1972 un ouvrag sur AUal El Fas 1 qlal ? Quoi qu'lJ en oit, 1 Prof eur
Il cri par un journaliste Italien, up- Berque surprend et tonne par un
ALLAL pos être habitué aux chos du Ma-
10C depulB plus de vingt ans: Attilio
élan apologétique vi -à-vis du leader
i tlqlali n, profondément mis n cau-
audio, déjà connu de quelques spé- se par la jeune e et le force viv
ou cialistes et de c rtaines agences de
voyag pour avoir crit un livre sur
de la nation. Ce champion, écrit
Berque dan sa préfac , insa iable d
le Rif intitulé Rif, te re marocaine la ouve raineté marocaine, ce patrio' e
d'épopée e de légende.. publié à jaloux d'in égri é e même d'e.xpan-
'lliat Paris en 1962 chez René Julliard.
Le noavel ouvrage est intitulé Allal
ion, est donc, en un sens, le plus
ouvert des hommes aux valear d'au-
El Fas i ou l'histoire de l'Istiqlal . trui ! ... Cette consé ration d'un

Attilio Cetle œuvr qui s' tale sur quelque


365 pages n'est au fond qu'une copie
surchargée et hâtivement mise à jour
penseur contesté est venue à un mo-
ment critique de l'histoire marocaine,
ce que le Professeur Berque n'ivnore

Gaudio ?•
d'un mémoire que l'auteur avai pré- pas. Comment pourrait-il être ouvert
Il enté à l'E ole Pratique d Hau es aux valeur d'autrui, alors qu'il fut,
Etudes, VI' S ction, durant l'année comme l'écrit Berque dans la même
univer itaire 1969-70 pour l'obtention préface, inaccessible aa.x en hou-
du diplôme de cette Ecole. Ce m - siasmes premiers d l'Egypte nas- -
moire que les intéressés peuvent rienne. Peut-être lui reprochait-i.
consulter à la bibliothèque de l'Ecolp. d'avoir précédé les autres pays arab-s
par des Hautes Etudes, 54, rue de a- dans un modernisme de type OCCI-
renne, est intitulé 4' La pensée morale dental, et d'en tirer quelqll avantage
ociale et politique d' Ual El Fassl de maturité et d'orgueil! ?
ahmed el kohen dans le Maroc contemporain,.. En
fouillant dans nos notes de lectures, Le travail de Gaudio apparait comme
lamghili nous avons trouvé une fiche à pro- un impie alignement des texte de
pos de ce mémoire où nous avions AUal El Fa i ou des textes du PartI
crit sur le vif c Attilio, n'a rien de l'Istiqlal. Le travail propre à l'au-
compris une fois de plus aux chose eur n'excède pas une centaine de
marocaines, et le mémoire n'est pages ur 365 de l'ouvrage. D'ail-
qu'une suit de compilativns et de leurs, le textes choisis ne sont pas
citations. Absence totale d'analyse! les meilleurs, même dan~ le sons
On ne fait pas un mémoire avec d'une apologétique telle qu'a voulu
s ulem nt des citation. ! . ou li- la faire l'auteur. De même. le travail
vrons c tte note aux lecteur pour est con titué de ries d'affirmatton'
sa inc rité car elle n'était point de - sans preuves, sans démon tratlOn et
tinée à être publiée. A l'annonce sans esprit de recherche aucun. C'e t
d'une future publication sur Allal El une absence totale d'analy. e dan
Fassi. nous l'attendions avec grand tous les domaines. Les citation sont
intérêt, espérant que l'auteur allait trop longaes, trop fréquente ct trop
parfaire et ompl t r son premier ennuyeuses. [ ê m e l'introduction
travail ce que peut-être le rigueurs n'échappe pas u citation. L'au eur
acad miques l'avaient empêch de aurait beaucoup gagné s'il avait pris
faire. fais hélas, cet e poir a été suffi amment de temps pour prendre
d çu. connai ance de l'œuvre de Allal ou
des ré olutions de l'Istiqlal. Les an-
LA CHARPENTE ne 'es, à elle seules, occupent plu
de 100 page ,et ont mal choi le . On
DE L'OUVRAGE y trouve par exemple une lettre d
liai à Gaudio, le projet de con 1-
L'ouvrage e t composé d'une préface tution remi à bdelaziz et que Allal
du Profes eur Jacques Berque, de prétend avoir découvert, 1Il s'agit du
inq chapitre, d'une onclu ion de fameux petit livre Hifujât (fouilles l,
l'auteur et d'annexes. Ayant 'té dI- l'appel du 20 aoùt 1953 lancé par
recteur d'études du mémoire que Gau- liai de la Radio du Caire, etc... \.
dio a pr enté à l'Ecole Pratique, le
Professeur J. Berque, du Collège de A LA DECOUVERTE
Franc , était natur lIement tout a
fait désigné pour préfacer et ouvra- DE ALLAL
ge. Tout di posait B rque à une tell
mi ion' l'amitié qui 1 lie Gaudio Logiquement, le travail de Gaudio
la grande amitié qui le lie à liai El aurait dù nous inviter la découverte
Fassi et sa profonde onnais an'c de liai et du Parti de l'Istiqlal.
des cho cs marocaine t du Parti d Dan e en, l' uvr a raté on
l'Istiqlal. Le Prof2s eur Berque, dont objectif dans la m sure où l'auteur
le style ab trait a fait 01, a ét a té inc pabl de se livrer à une
très clair dan a pI' fac au li re an Iy a ez fouiIJ e de cet homme
de Gaudlo. Et it-ce là le igne d'un t de on parti, mai dan un autl'e
1 ger mbarra ou plutôt elui de en le tra ail n lui-même con titue

40 - 'j
lme ertaine do um ntation p ur d - en pla d ins itutions au th ntiqu - particuli rement avertie d la pensée
u\'rir parti Il ment liaI et 1 pal'ti m nt populaire ou ne deman- occidentale et d s nouvellps exigen-
ct l'Is iqlal. c ùJ1e grand n:ll- dons pas à 11 1 d' tre aussi pén - ces d terminist s qui en ont fait le
v té audio affirme que llal tOI' trant, mais nou s mme profond- premier t peüt- - re le seul réforma-
jour u un e. tr-me oh l'en e m nt choqué quand il s ontredi teur islamique moderne d'Afrique du
dans la pen ée tout au long de v- d'un li re à l'au re ou d'un di cours ord» Cp. 30). Il Y a là des affir-
n ment qui e u èd nt dans la à l'autr. C' st ainsi par exemple mations qui sont inconst('stablemen
I\lU politique ~ (p. 30). Il Y a ert s qu'AlIal l' niait tout lutte de classes gratuites. Examinons donc bien les
oh renc dans la p nsée de lIal 1 dan son « utocritique» et dans choses de plus pl' s. A voir les nom-
l'on ~ limite seul ment à l'a:;pect quida \: a jihad », mais reconnais- br uses œuvres de Allal, s s abon-
l' ligi ux al' lIal fait d 1'1 1 m le ait son existenc dans co Mouhaj Al dan s discours e conférences. on ne
pilier de toute hos et dan toute Irtiqlaliya» à la paO'e 25: «L'isti- peut s'empêcher de constater que le
ho . insi, comme le fi remarquer qlalisme ne ni pas l'existen e des leader istiqlalien st très actif. Mais
Laroui dans l'Idéologie arabe luttes de clas », De m -me, nous d là à lui attribuer une ha,lte cultu-
ontemporaine~, • toute croissance. vo on difficilement comment Altal re, voilà qui ne résiste pas à la cri-
tout d veloppem nt, tou e action s ra pourrait appliquer on égalit risme tique. En effe, hormis sa culture
don toujours t à jamais dans 1 économique et ses d clarations socia- islamique qu'il avait acquise à la
n de 1'1 lam~. Et Abdallah La- lisantes s'il continue à afficher une Karaouiyne, et malgré un effort im-
l' ui d'ajouter: «L phénom:le de si grande admiration aux Frèr s Mu- portan de lectures par comparaison
la double cons lence et partout pa- sulmans, comme il l'a fait l' cem- à ertaines de ses limules marocaines.
tent dans la pensée d' ltal El Fa si ment ncor dan un article publi AlIal n'a au fond qu'une maigre et
il appr hende sa soci t à trav rs une dan _ Afaq» paru au courant de superficielle onnaissance de l'his-
conscience religieus et critique de l'été 1970, «et p tit à petit, le Frè- to;re universelle d'une par, et des
l'Occident, à partir d'une cons ience res Musulmans luttèrent pour l'édi- autres doctrines politiques, économi-
libérale; il dénie pOlir lui un déter- fication d'une société musulmane dé- que et sociales d'autre part. C'es
mini me qu'il affirme pour l'Autre t mocratique garantissant la justice ainsi par exemple que nous pouvons
soutient une permanence islamique o ial à tout cito en... ~. De même, affirmer que Allal a pris rapidement
anhi torique qu'il refuse au hrist r> quelle démocratie le président iStl- connaissance de doctrines matéria-
ni me occidental~. D même la pen- qlalien veut-il nous donner quand il listes, et qu'il en a par conséquent
ée de AlIal est restée étonnamment ne reconnait m me pas la possibilité une connaissanc assez maigre, sür-
aristocratique car lIe a toujours dé- d'une simple laïcité? II: Si nous ap- tout quand on lit dans son utocri-
nié à la masse toute source 2 pen- profondissions, crit-il dans l'Auto- tique cette assertion: Tout ce
s e. Il est convaincu que seul l'élit critiqu, l'id 'e qui veut séparer la qu'ont pu obtenir les matérialistes d
peut laborer de pensée saines et religion de l'Etat, nous trouverions notre ère, c'est d'enseigner à la masse
par conséquent dignes d'être pris s qu'elle vise à instaurer un Etat dans le mépris des valeurs morales ». Ceci
n considération. AlIal a même pou - l'Etat ». Le caract re d'homm le plus ct passe donc de loin une simple aver-
é plus loin ce caractère arisLOcra- ouvert aux valeurs d'autrui dont l'a sion qu'il a envers ces doctrines car
tique en écrivant: «L'adversaire le qualüi Berque, semble s'effondr l' s'il connais3ait réellement ce phéno-
plus acharné de cet homme (il 'agit de lui-même. AlIal a longuement en- mè:le, il aurait pu le critiquer vala-
du pen eur) hors série e t la logique foncé des portes ouvertes, et longu - blement. Pour s cramponner à un
de la rue, qui se retrouve dan la ment épilogué sur de faux probl mes. socialisme qui n'a de fondement
mentalité de la grande majorité d s En effet, l'ouverture de AlIal sur qu'une orienta ion mystiquement re-
gens... La nation a be 'oin d'une p n- d'autr s so iétés et sur d'autres doc- ligi use, Allal qui e t séduit par
ée aine, apte à la délivrer de es trines, semble avoir été à travers une Jamal Eddine l-Afghani dont il se
malheurs, laquelle n peut ertaine- étroite lucarne qui ne lui a permis con idère le disciple, le qualifie de
ment pa être la pensée de la rue, de voir que les choses les moins dé- «socialiste d'avant la l'évolution
fondée sur des origines vulgaires t terminantes. Ainsi comme le fit ob- d'octobre ». D telles affirmations
que nous rec von régulièrement, server Laroui dans l' «Id ologie ara- sont aussi gratuites que dangereu-
mais bien celle de la classe clairée, be contemporaine» : «Nou avon dit ses. Ces derniers temps encore, et
apable d'études profonde :1>. Mais la que l'Orient s'est fait archéologue c'e t ce qui montre l'indigence pro-
cohérence de la pensée de AlIal n pour se comprendre et omprendre fonde de l'esprit de Si Allal, le leader
matière politique, conomique, etc... l'Occident, dison alors que le Mal'O istiqlalien tait invité à parler du
e t complètement absente. Où est ert doublement arch ologlle. Les ac- problème du dualisme 101' du collo-
cette cohérence quand Allal par t urs de notre drame: réunion, liber- que qui lui a été consacré à la Fa-
exemple sortait dans les rues en té, a tion, nous les avons aperçu culté des Lettres de Rabat, confon-
1962 en criant de voter «oui ~ pour jeunes en Occident, un p u f tigué dant le ujet avec ses prolongements
la constituti n, et que deux an plus n Orient arabe. ous les retrouvon du jour, il s'était livré à une histoire
tard, exactement le 20 janvier 1964, dans l'ensemble pâles et exténués au d roisades et d croisés qui n'ap-
A liaI demanda la révision de cet e Maroc, et la pi ce jouée nous rap- portait aucun 'Iaircissement ur la
même constitution! En effet, comme pelle dans tous ses détails de vieux question débattu .
l'avait si bien noté Mehdi Ben Barka souvenirs toujours présents à nos De même quand Gaudio compare
dans son livre «Option révolution- m moires... :lo. Allal à Abdouh dont il aurait fait
naire:l-, «Il ne faudrait pas que la D'autre part, Gaudio a essayé d'étu- fructifi l' l'h ritage après sa mort
constitution devienne un mot magi- dier un phénomène qui semble lui plus au Maroc qu'en Egypte, nous
que qui va régler tous les problèmes. tre compl tement inconnu, C'est ne pouvons que onstater que cette
A mon sens, la constitution n'est v - ainsi par exemple que, en voulant affirmation st gratuite car llal e t
lable que dans la mesure où elle ga- montrer sa « haute culture~, il écrivit le moins proche de Abdouh par ra!>-
rantit les libert publiques, leur per- du rôle de Allal: « ...Ainsi grâce à port à certains tenants de la ala-
met de contre-carrer les influences AlIal El Fassi, entre les deux guer- fiya au Maghreb comme au Machreq.
trang l'es dans les affaires de notre res, l'héritage de Mohamed Abdouh Continuant ses analogi s sans fonde-
pays. Ce qui import pour nous, c'est a fructifié, après sa mort. plus au ment, Gaudio écrit à propos dUal
la définition des pouvoirs et de res- Maroc qu'en Egypte. En plus, AlIal et d'Abdouh: «En plus, Ual El
ponsabilités devant le peuple, la mise El Fassi y a apporté sa connaissance Fassi y a apporté sa connai sance

'1 - 41
parti ull l' 01 nt verti de la p ns 1.' l' ns mble ce jugement t que au- \'1 lam. ou de la émo-
o Id ntal ... . Là aussi, il ne serait diO nQUS p rmett d lui faire r mar- tie, ou de la R forme graue, 0
pas difficil d gag l' que la prét n- quer qu'II l'a pur m nt simplement tout a pl.' t, AUal n'aura épuis~
du connai ance de liai d 1 pen- 1 epri d Laroui. En eff ,1 'his orien forc que pour mi wc d tendre
sé 0 cidenlal esl en réalit assez marocain écrit dans L'Idéologie ara- lam, e ins itu Ions 1.' éven-
maigr t qu 1 P u de choses qu'il be cont mporain Injustement u Iles ohér nce en ou e cho
en connais 1.' lui ~lait v hi ul par trai par les Occidentaux, pour qui L'Islam, écrit-il, 1.' t une évolution.
1 s faux ccid nlaux ux-m mes ou II n'est qu le porte-parole de la ou devons donc évoluer dan son
ceux cl s rab s qui ont fait une réac ion religieuse et par la jeune lude et on interpréta ion, sans qui -
mauvaise approche de J'Oc ident. Il gén ration qui J'accu de dé! ndre ter le ch min sur lequel il nous a
n'a él amené à avoir cel' aines hypocritement les privil ges bour· plac', mals en choisissant les
('onnalssan es ur 1'0ccidenl que pour geois... . Effectivement Anal n'est moyen de locomo ion adapt' à no-
monlrel' 1 s faibles s du christianis- l'id 01 gue d'aucune classe pl' cise tre époque 1.' en prenant soin d'éviter
01 par rapport à l'Islam t la dif- elles que c s classe se présenten de nouvelles panne et de nouveau.'(
fér nce presque ongénital entr eux actuellement dans la ocl t,s maro- accidents . Qui sait q~e c' peu -
el nous. Le but tait donc profon- cain , mals Il esl par con rI.' J'idéo- ëtre là le meilleur et le plu -r
d 01 nt vi·j n lui-m me à la base. logue d'une bourgeoi il.' en form tlon, moyen pour prolonger le panne 1.'
Parlant d s dimensions dAllai, Gau- elle qui aura p l'du toute empreinte multiplier les accident ?
dlO écrivit: Allal n'est pas seule- f odale et dont la cristallisation com- A la fin de sa préface, Berque écrivit,
01 nt l'expr sion d la se u 1 e men 1.' à s' ffec uer depuis quelque parlant de Allal' Cette énergie in-
conscience b urgeoise marocaine, mê- années. Allal, contrairement à c domptable, cette vie ans lassitude,
01 si on p ut trouver dans ses crils qu'a affirmé Laroui, n'e t pas un mais non san mélancolie, méritaient
et dans ses discours des inspirations pens ur fini et ne représente pas leur biographie . Et bieD l'id 1.' rI.' te
d'un Intell ctualisme tr s libéral, tou- ~eul ment une étape d notre cultu- toujours po ée car Gaudio n'a pas
Jours l' formiste mais rarement révo- re moderne et de notre processus d~ du tou répondu à cette attente, il
lutlOnnair . C' st le grand reproche structur tion 50 iale >, il continuera n'a fait au contraire que confirmer
àe ses adver aires positivi tes t à avoir de prolongement car sa l'utilité et la néce ité d'une réflexion
marxi tes. l'Injuste acc~sa' ion de classe n'a pa encore termlné sa for- plus profonde sur un homme et sur
c rtains c identaux d' tr le por l'- mation 1.' son épanouissement. Disons un parti qui ont longtemp influé sur
parole de la pire réaction théocra- plut t dans cette perspective qu' liai l-d destin national, et dont l'approche
tique t le principaJ défenseur des aura ét pris durant tou 1.' sa vie du phénomène ocial r te encore trè
pnvil ges bourgeois maro ains:» (p. dan un cercle a ez vicieux, à savoir mutilante.
100). En Het, nous partageons dans l'attitude défen ive. En effet, qu'il Ahmed El Kohen ~[GHILI

Les hommes d'affaires savent pourquoi ils vont à


Centre du Commerce Leipzig! C'est là qu'ils découvrent les tendances
et trouvent les idées garantissant le succès qu'ils
Est-Ouest rencontrent des partenaires compétents - pour
établir notamment des relations commerciales de
Foire de Leipzig longue durée avec le marché stable des pays socia-
listes.
République Démocratique Des possibilités uniques de prendre des contac s
dans une ambiance internationale, une présentation
Allemande claire et bien structurée des branches - c'est tout
cela que les hommes d'affaires apprécient à Leipzig.
Cartes de Légitimation délivrées par:
Chambre de Commerce et d'Industrie,
Maison Atwater & Cie, 24, bd Mohammed-EI-Hansali -
Casablanca et à la frontière de la République Démo-
cratique Allemande.

Tous renseignements:

REPRESENTATION COMMERCIALE
DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE
ALLEMANDE

1, rue Galilée, à Casablanca.


SAM IRA MOUNIR

10 solutions aux problemes


• •
e la langue en tunlsle
Dan son pl' miel' numéro (dé embre Pour les un, e doit tre l'arabe C'est ainsi qu'il faut craindre. non
1971), la revue tunisienne «Alif» classique. Telle est la solution de ceux qui prétendûment attaquent
pl' sent une table ronde sur le bilin- Messadi. Les avan ages de et uni- l'arabe, mais eux qui sont cens s
gui "me en Tunisie. Le discus!!ion linguisme intégriste sont n effet le d fendre. Ceux-là sont dangereux
ont un particulier intér"t car, au fil nombreux. La langue arabe st un pour notre langue car ils veulent
de int l'ventions, on voit e d gag l' modèle incomparable. C'est la «lan- la figer à jamais ~ (p. 33).
10 solution possibles du problème gue du V rbe si cher aux Arabes»
lingui tique en Tunisie. Certes e (p. 50). Cette langue prestigieuse POUR UN ARABE
probl me e t encore as ez simple sera le fondemenl de l'unité de tous
chez nos fr re tunisi ns car il n' le peuple arabes. Par ailleurs, «if REFORME
a pas chez eux de problème anne es est faux que la langue classique que
lié au statut futur de la berbéro- nous utilisons actuellement véhicule Deuxième reproche: le clas ique est
phonie. Malgré cela, nou penson le lexique d'il y a 13 iècles» (p. 46). n rupture av c la vie quotidienne.
qu'il p ut tre intéressant pour un Le tort de l'arab classique, c'est
lec' ur marocain d'examiner es 10 Cependan les adver aires du clas- d'être d'une sécheresse navrante:b
solutions et surtout les arguments sique sont tr s nombreux. Ils formu- p. 30). Il n'utilise qu'une seule cou-
contradictoire qui les éta ent ou lent les reproche suivants: ce pres- leur (p. 3 ). Et un des participant
tentent de les détruire. O'-ls ferons tige appartient irr médiablement au met quiconque <r au défi d d crire
et e présentation sans prendre parti pa sé. Il n'y a plus aujourd'hui que en arabe le plateau, par exemple, qUI
de façon à lai sel' chacun juge n des «ve tige moyenâgeux », «trame se trou v devant nous en ce moment
on âme et conscience. d'une sous-littérature» (p. 19). «Au (p. 45). Bref le classique 4' tue l'ex-
moment où je décide d'écrire en arabe pres ion littéraire qui veut être créa-
Ainsi 10 solutions sont proposées pour classique, je me trouve limité par tric . La réation, en effet, ne peul
résoudre le problème linguistique, 6 une langue qui m'a ét' transmise venir que de l'improvisation dont les
sont monolingues t 4 plurilingue. depuis 13 siè les:. (p. 37). Un autre fond m nt doivent être l' cherch'<;
auteur dit se sentir «brimé, toujours dan les dilectes arabes vivants (p.
On appelle monolingue une solution bridé par une sorte d'incommunica- 20).
qui veut que les Tunisiens ne parlent bilité... aggravée par 1 caract re
plu à l'avenir qu'une seule langue figé, dépass, le carac~ re parfois Troisième reproche: le classique est
et donc on nommera plurilingue une mort des formes syntaxiques et mor- la langue d'une élite, c'est une lan-
olution qui préconise deux ou plu- phologiques arabes anciennes» (p. gue d mandarins (p. 43', un privi-
sieurs langues. 37). lège social comme un autre. Un au-
teur pl' tend qu'il ne «permet pas
Le premier reproche revient à dire de fouiller toutes les réalités qui
RESSUSCITER que le classique «souffre d'une cer- m'entourent, oules les couches so-
taine anémie . Par exemple, tout le ciales du monde où je vis» (p. 3 ).
LE PRESTlGE monde reconnaîtrait que l'œuvre ro-
DU CLASSIQUE mancée de Taha Hu sain est compo- «La littérature arabe a tendance à
sée de descriptions «d'un généralité, carter de la création littéraire cer-
d'un vague absolument navrants» tains secteurs des couches sociales
(p. 30). Comment fair autrement qui ont leur vie, leurs idées (p. 29).
La solution du monolinguisme semble Car enfin, «la produc ion littéraire
être celle qui ait le plus de partisans avec c: une langue qui réduit les no- est-elle une qualité, est-elle une acti-
en rai on de sa simplicité. D'autre tions modernes à des termes bé- vit privil giée réserv e à certain
part, i on veut que la nation forme douins consacrés au chameau essen- élites culturelles hautement qualifi e
une unité, il est logique d'adme tre tiellement» (p. 3 ) ? Car «l'arabe possédant un langage conforme au
que la langue doive être unique. La modèle propos par la tradition ? »
langue serait dans ce cas l'expression classique n'a pas créé de nouveaux
termes de civilisation: ils sont tous (p. 35).
de l'authenticité nationale. Mais là
où plus personne n'est d'accord, c' st dus à l'arab dialectal qui les a em- Enfin d l'nier repro he: «Cett lan-
sur e que doit être cette langue pruntés au turc, à l'anglais, au fran- gue-m re n'est ni tellement définie,
unique. çais et à d'autres langues:. (p. 39). ni même homogène» (p. 21).

't - 43
Dcuxi -me solution propos e par c'est d'ê re accessible à tou le') (p. 29'. Ce te langue nouvelle ré ul-
Hamz;)oul. POUl' l' ndre au classique utili ateurs de la langue (p. 35'. tant de l'b erféeondation du c1as i-
on expr' .Ivit, pour le d pous iér l', si la langue n'est pas une propriété que et du dialectal épur erait!a
on pOlllrall créer un arabe néo-cla - privée. mais une propriét commune:» wlution à l'emploi un peu trop
siqu 011 arabe réformé . Pcur cela, (p. 36). on ne peu que choi il' le facile de l'arabe dialectal (p. 29,.
on gaIne la syntaxe et on renouv;::)1e dialectal.
le v eabulaire. Le écriv<:.ms du Car c'est un fait, il y a une inter-
."loven- r1!'nt ont dépassé c pro- Mai là au"si. il y a de nombreuses influence entre le c1as~ique et le
01('nH''', et 1 rsqu'un é rivain gyp- ritique . Celui qui choisit de s'expri- dialectal... C'est le classique qUI in-
tI n v!'ut parler du d or, il emploie mer en dialectal s'expos aux risque fluence le plus le dialectal t p. 491.
le mot dikour. n Maghrébin e- du régionalisme (p. 1 ). Il faudra
l ail 1'j(!Iculi é l"il employait le rn-me un dicticnnaire à un Tunisien du Mais on se heurterait toujours au
ter me (p. 39 '. Amsi on pourrait ord pour comprendre certaines cho- l'proche de régionalisme. Par
fall-e que nous n s ri ;1S plus à ses du Tunisien du Sud (p. 24). Qu'on malheur, l'arabisation e t conçue par
la ùlspositIon de la langue, mais ce e ouvienne de «tentative de cer- certain comme une tuni lfication
!' lait la langue qui ~ rait à notre tains orientaliste pour valor:ser 1 (p. 51).
dlsro_ition (p. 3S 1. ependant, cet diale tal et même l'introduire dans
al'abe réform' resterai une langue l'enseignement en Tunisie» (p. 16). On pourrait alOI' e tourner ver une
de mandarins. i l' n veu instaur l' cinquième clution, celle de l'arabe
une 1 elle démocratie, on n peut Ces manœuvres visaient à détacher fondamental maghrébin ou arabe
paIl 1 autrement qu'en diale al. linguistiquement la popula ion Jni- néo-dialectal à l' 'chelle du .laghreb.
sienne de l'en emble des pays ara-
bes (p. 16). Cette expérie:lce e_t tent€e dormi
VIVE 1969 en Algérie, au .laro , en Libve.
LE DIALECTAL Deuxième reproche: cho' il' le dia- et en Tuni ie pour e ayer de me tre
lectal, ' st une olution de facilité au point un arabe vivant fondamen!al
Telle est la tr 1 i me solution. celle Il ne s'agit pa de tomber au ni- au ni eau de quatre pa)' t p. 42)

de l'arabe dial etaI. On é rira inté- veau des 90 '.fi: des citoy ns qui n'ont
pas encore acc dé à la culture. il C'e t une olution officielle qui COI:-
gralem nt n alab parlé. Ce fut le re pond à un certain projet politique.
projet de Douaji ou de Laribi. On s'agit de les 'Iever jusqu'à cette
ulture (p. 51). La preJve en e t Mais tout le monde n'a pas commp
utili ela d e Ue faço, la langue du but de réaliser le Iaghreb, il reste
peuple. n pourra faire des descr:p- que les hommes du peuple eux-m<;-
mes veulent une h ute littérature un rêve panarabe.
lions pl'ls l' ah tes, cn aura un OUtil
de cr aUon en u ilisant la partie Le docker qui n'a jamais fréquenté Pour le partisan du panarabisme
vivant d la laugl.c ~rabe las iqu , l'école.... s'il . rit à on cou in pour démocratique, il y aurait une sLxi me
car le da siqu n' t qu'un ancien demander sa fille en mariage, es aie- "olution que Hamzaoui présente à
dialectal. , Prenons le Prophète, lors- ra t ujoJrs de trouver les formules titre d'hypoth e, elle de l'arabe néo-
qU'lI a proclamé le oran dans la clas ique » (p. 47). dialectal international ou arabe dla-
langue courante de "on poque: il 1 etaI commun à tou les pay ara-
n'a pa té hel hé s'il employait 1 s DU NEODIALECTAL bophone L'arabe dialectal pourrait
mots d ongin latine ou autr qui NATIONAL être un facteur d'unité i, retenant
eXls aient aloI' (P, 22). C'e t le dialecte ccmmun à tou le p ys
l'arabe dialectal lui-même qui a tOJ- A UNE LANGUE MAGHREBINE arab s. on l'inventoriait, le réperto-
jours enri hi l'arabe classique (p. riait. le cataloguait. ce momen -là.
50). 1er on peut essa l' de trouver la création artistique pourrait trouver
une quatri me olution. celle que d n une certaine me ure on che-
Av c 1 dialectal, on p ut tirer «un Bouabid app Ile «la quatri me lan- mm et peut- tre son éclat d'antan
effet d'expressivité extraordinair ... gue , «l'arabe n odialectal national , (P, 2 ).
qui provient d tte dose énorme car il exi te qu Iques mot d
d'aftectivit , de sen ations famili l' s, l'arabe dial ctal qui e ont élevé Telle ~ont le olution mono-
de réel v cu, qu'il re le» (p. 30), à un niveau interm di ire qui est lingue . Le hi.' ont f it en fonc-
Donc. i 1 sens de la httératur. celui de l'al' be dialectal n tion 1 tion de considération de politique
d mass populair t que c'es Les cl'llîqu s sont immt'idlates. «II
la langue de ce ma e n tan que faut être mod ste quand on parle
telle, qui her he à avoir droit de des Tunisiens bilingues. car j' stim
it dans la lit ratur (p. 34). que le parfait bilingue n' xiste pas
Les reproches sont impl : pourquoi en Tunisie (p. 411. Ce" hommo
compliquer l' J t nc avec d ux connalt deux langues mais n'en mai-
arab ? erte par out la la.'gue trise vraiment aucune (p. 191. Le
parlé diff re de la langu écrite, bilingu ... est aussi m di cre dan.,
mai il n'y a nulle part de diffé- l'une que dans l'autre. co;> qui semblf?
l' nce aus i grande que dan le c s expliquer en parti c phénom ne Of?
LE BILINGUISME d l'arab: ous cri von une lan- locag cultur 1 qui se manifeste par
ET SES PARTISANS gue que nou n parlons pas. C'e là l'extr-mc raret d'œuvres litt l'aires
un anachronisme dont ne ouifrent dignes de ce nom, que c soit en
lai il 'i te maintenant quatr 0-
pas 1e au tre pays (p. 39). français ou en arabe (p. 1 ).
luüon plurilin ue : un de bilin- bordons maintenant 1 s trois for- La neuvi me solution pourrait êtr
gui me arab t trois de bilinguisme me de bilinguisme fran o-arabe. appelée «le bilingüisme de complé-
franc -arabe. D'une mani re gén l'al cette forme mentarité : il y a un domaine pour
Examinon tout d'abord le bilingui - de bilinguism st défendue parce le fran ai , il Y a un domain pour
me arabe qui repr sent la septi me qu'elle constitu une ouverture sur l'arabe. Chacun sur ses positions. Au
olution. Il e t d fendue par Krai f l' ccident et sur la modernité. « Les lieu d la guerre. ce sera l'armistiCE'.
qui l'app Il «arabe méJang . Dan~ plurilingues, franchis ant 1 s fron- C'est la théorie des palier. Le cl;!s-
l'arab m lang, le cla sique et le tières linguistiques, ont depuis tou- sique sera réservé à la mosqu 1", au
diale tal urvivront euls en di ri- jours cré' cette circulation si enri- cours du professeur et a~1 bulletin
bution complémentaire. Mai ils ne chissante entre cultures:t (p. 11), La d'informations. le dialectal servira à
fu ionneront pas pour engendrer un ri tique g nérale s ra la suivante: xprimer 1 s profondeurs du moi. Il
néo-classique ou un néo-dial ctal. Ils accepter cette forme de bilinguisme, sera l'outil de la vie quotidienne. Le
urvivront ind pendam ment l'un de c'est faire une «grave entorse au français s ra utilisé dans la com-
l'autre ar« le dialecte permet d'ex- pact de recouvrement calturel et de munication usuelle et encore elon
primer cel'taines choses et non d'au- l' cupération culturelle que fut ... l'in- c l'tains registre . du pamphlet
tre , de m 'me pour le cla sique ~ (p. dépendance acquise depuis 1956" politique, de l'écrit journalis ique ou
40). Au si on gardera le classique (p. 17). ussi serait-il souhaitable de l'étude de type univer itaire (p.
pour l' 'rit et les récits, le dialectal d'abandonner cette forme de bilin- 13) car un frein p ychologique tr
pour la langue parI e et les dialogues guisme. pu:ssant, qui n'existerait pas en 1-
dan les texte écri ts. gérie ou au Mal'O . s'oppo e à c que
La langue d' criture est une chose, l'expre ivit affective soit traduit
DE L'EGALITE en français. Telle est la position d
la langue d'usage en est une autre:.
(p. 23). Cette po ition est p . entée A LA COMPLEMENTARITE Yalaoui e de armadi.
comme moderniste: «II nou faut On peut donc accepter le fran ais
vivI' à notre époque t suivre on o ons tout d'abord le bilingui me parce que cet e production hLceraire
évolution naturelle, nous situer dans vrai qui est la huiti me solution. C'est d'expr ion française demeure faible
le temps et ne plus rêver (p. 23). la olution officielle qu défend le en quantité et en qualité (p. 16).
L'id e d'un arabe mélangé apparaît Président Bourguiba. L'idéal, c'est la Il n'y a (donc) aucun inconvénien
en 1930, elle coïncide avec 1 mouve- diglossie parfaite: les enfants appren- à ce qu'un aut ur tunisien s'expnm
ment national tuni ien (p. 52). «Pour- n nt dès leur jeune âge à la fois le dan une langue autre que l'arabe
quoi sentons-nous le he oin ... d'in 1'0- classique et le français, comme deux (p. 16).
duire un certain nombre d' léments langue vivantes. Ainsi l'adulte pour- Deuxi me argument: le fran ais t
du dialecte dans nos productions lit- ra s'exprimer aussi bien dans l'une une langu de culture. Il sert pour
téraires ? Je crois que la raison en des langues que dans l'autre. Les d ux l'acc s aux sciences.
est que cela s'accompagne histori- langues seront donc en con urrence Troisième argument: le français a
quement d'une montée extraordi- et 1 choix seront parfaitement indif- des significations psycholog;ques qui
naire, d'une mergence formidable férents. le lient à l'idée de liberté. Je l'avoue,

Lisez et faites lire

MAGHREB informations

Le quotidien de l'homme qUI compte
et dont le temps compte
(,' • t par l'intermédiair de la langue l' gime (p. 17', Ce te langue d'une
française que je me sens le plus petite classe économique qui dirige
llblSré du poids d la tradition (p. le pays ( p. 46) est un pri vil g
~71. ocial comme tou 1 s privil g s 0-
claux. Le bilingue francophone res-
L'ARABE era n cessairement i olé.
DE PRESSE
LE FRANCARABE
Qua ri" me argument observons avec
J'alisme ce qui s passe. Il y a eu Il ne pourra s'adre sel' qu'au public
un ph&n m ne que l'on a con tat uropéen ou à se concitoyen bilin-
Immédiateml'nt après l'ind pend n e, gues. «Qui lit ette littérature, cù
("e~t qu Ip français a plus progre e s recrutent se lecteur ? Je croi"
que regres en Tunisie (p. 24) ; que les lecteurs, c'est nou quelques
• c' st maintenant en temps d'ind - centaines (p. 31 .
pendance qu'une revue 0 m m e D uxi me critique: Les an agonis-
ultule parait sous forme bilin- me colonisation - nationalisme sont
gue. avec une partie arabe et un trop récents, la blessure est trop frai-
partie n fran ais et qu'il y a de che pour que pareille solution e
rlus en plus d gens qui écriven fasse sans douleur (p. 1 ). Il ne
cians (' tle dernl re partie, donc en faut pas oublier qu'il s'agit de la
fran ais (p. 25'" C'est un phéno- langue d l'autre, ex-colonisateur
m ne obje tif ob ervable qui cor- (p, 50). us i n'est-ce pas san
respond à des réalité sodo - ultu- drames de toutes ortes que la situa-
J Il!? et politiques. Je me sui tion actuelle de plurilinguisme es'
aper u que. depuis l'ind p ndanc2. 1 vécue chez nous (p. 19). Le bilin-
françaJ. falsai de progr' s... dans gue complémentaire e t un tre dé-
les grandes villes. Tunis. en parti- chiré (p. 25), profondément mutil
l'ulier, il est d moins en moins senti (p. 1 ) qui 'enferme -ouvent dans
('Ol11m~ un langue é rangère (p. un double muti me (p. 19).
:nl Reste alors la dixième solution: le
Il \'a d 01 que ceux qui choisissent francarab . C'est un fait que l'arabe
cette olution se pl' 'sentent eux-m'- a déjà beaucoup emprunté au fran-
JI1 s comm progressistes. 11 sont çais. Ce ph "nom ne va e prolonger,
dOllc ho tiles à l'arabe clas ique et d'autant plus gue le français repré-
prim nt on remplacement par un sente la langue dcminan e. Les em-
arabe régulier ou arabe littéral prunts vont donc se multiplier. TI
y a aussi du français à l'arabe un
actudlis '. En clair, ce sera l'araba
moderne de presse (p. 18). Puisqu rapport de fécondation ... Le français MIS
l'arabe parlé « e t inapte à exprimer sert très souvent de modèle à l'arabe
des exp 'ri nces affectives rares ou
à \' "hlculer des id es sortant du
pour évoluer, se moderniser. Cette
influence du français e t, à mon EN BOUTELLE
l'ommun (p. 1 ). on créera, comme avis, énorme» (p. 47). Au lieu du
('ompl 'ment du françai un arabe bilinguisme interchangeable et du
n 'o-cla sique expre'" if qui p l'mettra bilinguisme par palier, on aurait un
une plus grande communication tout bilinguisme fusionnant.
Maintenant gue faire dans le pré-
PAR:
n maint nant l'authenticité. Car
ain i on pourra onserver le lien sent? « ne réalité hétéro lite ne
affectif ave un pas é prestigieux p ut ëtre l' ndue que par une Iitté- THE COCA-COLA
(p. 1 J. ra ure hétéroclite, en attendant le
n voit clairement la conséquenc restructuration jugée désirables par
de cette neuvième solution. «Libert ! t ut un chacun, et pour le meilleure EXPORT
Lib l'té; Liberté! A condition qu desquelles nous devrions tou lutt l'
(p. 43). La crise vient pour l'e en-
c tt libert soit f conde t donne
un crit de val ur (p. 2). Il ne tiel du fait que le con ommateur CORPORATION
nous apparU nt}Ja à nous ... d' 'met· a tuel de littérature appartiennent
tre des pl' script ions et d' lever une à certaine couches sociale privilé-
série de balTi l'es qui, à la longue. gi es ' (p. 3 ). La 1 ngue, «instru-
peuv nt stérilisel' l' rivain (p. 47). ment de communication ociale, évo-
L'auteur pourra, selon 1 s cas, écrire luera parall lement à l'évolution
à la fois en arabe e en français, tel é on mico- ociale (p. 391. La olu-
Garmadi qui avoue: «dans le adr tion du problèm d la langu pa
de ma situation d'homme libéré, j'ai
fait un certain nombre d'essai qui
d'abord par le d veloppement écono-
miqu . Elle passe au si et enfin par Route
e sont traduit par la diversité le règlement de la question de l'anal-
(p. 361.
Mais cette position n' st pa san
phab tisme al' l'exi ten e m me de
dernier phénom' n pourrait ju - des Ouled liane
oulev l' d s critiques. Ce progres- tifier la ondamnation de tou le
sisme t ce lib l'alisme sont bien
beaux mais le français reste la lan-
rit , m me de ceux qUI utili ent la
langue d destructuratlon, la langue CASABLA CA
gue d'une oligarchi politiqu arri- l' volutlonnaire (p. 3 ).
vée (p. 161, d'une cast privil-
gi joui sant d l'appui objectif du
NOUVELLE

P~'SE 7)E CONSC'ENCE

par el bérini mohamed

Comme d'hab:tude, depuis plu ieur l'main • Mokhtar avait il travers les rues ans abri, sans aIde. sans force. se
pa é cette nuit, n eloppé dans sa djellaba, devant le dressait devant lui comme une vérité severe. La honte
Bureau de Placement. Le matin, il avait le vi age brûlé par l'envahissait: 4: Je n'ai pas le droit de mettre fin il ma
le vent glacial qui n'avait ce é de souffler. Il l' leva vie. C'est trop tard~. Une autre idée lui tr,lverSillt de
p niblement. Flageola ur l' faibles jambe dont le articu~ temps en temps l'esprit. Voler. «Oui, pourquoI pas 7 pU! que
lation - lui emb!ait-il - s'étaient soudées. l' doigt tout le monde me rejette et puisque je ne peux pas laIS el'
refu aient de remuer. Ils taient paralysé par le froid. Son mes enfants mourir de faim, je vais voler. C'est SI facile
c l'veau bouillonnait comme 'il 'tait ur une fournaise. de voler. Vou apercevez un portefeuille garnI d'argent dans
Des larme chaude dégoulinaient ur l' joue fanées et une poche, vous tendez doucement le bras et hop! Il est
lui cau aient une douleur atroce. Comment faire pour l' à vou. Ou bien, vous découvrez que les occupants d'une
nettoyer les yeux? Impui ance. Gêne. Désir de disparaître maison sont en voyage; vous attendez la tombée de la nUIt.
dan un gouffre sans fond. Mai il fallait essayer encore vous enfoncez la fenêtre; vous pénétrez; vous trouvez
d'amadouer ce gen. l' pa perdre l' poir. Peut-être qu'on des bijoux. de vêtements cachés quelque part; vous em-
finirait. aprè tout. par l'embau her... Illusion. La répon l' portez tout cela; vous le vendez ailleurs; et ça y est, vous
du respon able était toujours la même, Catégorique: «Le êtes riche. Et si on m'arrète? Je l'rai condamne a la
tra ail? Il n'y en a pa ! Je te l'ai rép té maintes fois... ». prison, aux remords, aux regrets. Me enfants me refileront.
- Monsieur, je vous en supplie: écoutez-moi. Moi-même on... voler n'e t pas une solution ».
j'en ai a ez d'attendre et de quémander. Me enfants meu- Epuisé par une longu marche et une longue méditatIon,
rent de faim... de froid. La maladie ronge leurs corps. Ils Mokhtar rentrait chez lui. la tête ba s , rasant les murs.
ont renvoyés de l'école parce qu'il n'ont pa de cahiers. - Bonsoir Aïcha, di ait-il à a femme d'une VOIX il pelO~
L'infirmier du Di pen a:r a refusé de les soigner parce audible. Où sont les enfants?
qu'ils n'ont pa de quoi acheter un carnet de visites. Je - Oris est três fiévreux. Il s'est évanoui tout à l'heure.
vou en upplie. Monsieur, faites quelque chose. J ne peux Ahmed et Fatima ont b aucoup pleuré. Ils ont faim. Je n'ai
plu supporter cette ituation. Je... trouvé à leur donner qu'un morceau de pain sec. Ah! j'allais
Il ne pouvait plus continuer car il sentait une grosse boule oublier. Tu connais Sid El OuaH? II paraît qu'il a un
lui fermer la gorge, Sa respiration se condensa dan a pouvoir magique et qu'il peut t'aider à trouver un travail.
pOitrine qui ri quait d'éclater. Ses lèvres tremblantes devin~ Mokhtar l' l' 'veilla di crètement â l'aube, fit ses ablutIOns
l'l'nt blanches. Le' respon able. absorbé par le jeu de mot et sortit. Les rues baignaient encore dan une lumière gaie
croi és, ne daignait même pas jet l' un regard ur Mokhtar t éblouissant. Les ampoules multicolores formaient un ciel
qui baissa la tête et sortit. étoHé au-de su des boulevards. Un grand arbre de oël.
La ie devenait de plus en plus lourde â upporter. Tous les encor frais, d 'coré et de guirlandes lumineuses, était plantè
chemins taient f rmés. Aucune i ue. 4: Pourquoi n'y a-t-il au milieu d la place. Mokhtar rappela sa baraque
aucune issue? Pourquoi le un sont-il h ureux et les autr s plongée dans l'obscurité. Il sentit quelque ch l' lU! serrer
non? Pourquoi suis-je obligé d naître, de grandir et de le cœur. Ne pas penser. Oublier. Au pied d'un mur deux
vivre dans un monde pareil? Pourquoi, mon Dieu m'as-tu j unes vagabonds dormaient l'un dans le bras de J'autre. Ils
créé â leur image si tu ne voulais pa que je fus l' leur parais aient immunisé contre le froid par l'habitude.
égal? Pourquoi? Pourquoi? Ob! Mon Dieu, assez de A la mosquée, aprè la prière du matin, Mokhtar s'i ola
« pourquoi ?~. Le dé arroi de Mokhtar s'accentuait au fur dans un coin et se noya dans une longue rêverie: la maison
et a me ure que les qu stions 'a umulai nt dan sa de Sid El Ouali. L Bureau de Pla l'ment. Les ampoules
conscienc. Mamtes fois J'idée du suicide effleurait on électriques d'où fusait une lumi'r enjouée. La baraque
esprit. Mai à chaque fois qu'il voulait la mettre â exécution sombre. Des hommes et des femme pendus, Un grand
j image de ses enfants es euJés. condamnés â la disper Ion cimeti rI'. Une foule efferv sc nte. De slogan. id El

'J - 47
Sans paroles.

Ouali bouch<Jnt e oreilles. Quand il r vint à sa lucidité. phére devint étouffante, Le dévot a pergea. ensuite, ses
Il d (ouvnt qu'd était seul. entouré d'un silence opaque. clten avec un liquide qu'il avait - prétendaIt-il - bént
Dehors, un soleil splendIde - celui qui succédait ouvent lors de sa rencontre avec les grands samts enterrés depuis
,lU m<Juval temps - mondait la ville d'une chaleur doucE'. des d;zaines de iècles, «Mais. n'ayez aucune crainte. Je
Les lampes éle tnques étalent encore allumées. «Allons chez demanderai le pardon de SalOts. Je chas l'rai les mauvaIs
Id El Ouali , décida Mokhtar. esprits de votre chemin. Je vous aiderai à trouver du travail.
Dans la s<llle d·attente. il y aValt une a sistance nombreu e. Vous ne erez plus malh ureux~, Il articula quelques mots
Tout eux qUI avaient cherché en vain du travail. Tou incompréhensibles; puis effleura sa figure et sa poitnne avec
.tttendalent, avec Impatience, le commencement de la céré- la paume de se mams. La séance s'acheva alOSI. Armé
monte Chacun guettait la levée du rideau blanc - qUI d'optimisme et d'espoir, chacun se leva. se dirigea ers le
, par<llt la salle d'attente de l'autre de id El Ouali - sur dévot et lui embras a, pieusement, les deux faces de la ma.n.
une s en ou se détermln rait, peut-être, l'avenir. Aucun Sur le seuil de la salle, l' tenait l'homm à l'encensOIr,
eLhange de paroles ou de regards. Les corp étaient immo· une grande tirelire à la main, Personne ne pouvait sortir
hdes, raIdes. Des stat~, eules le r spi rations, que l'on ayant d'y glisser une certaine omme d'argent. okhtar,
efforçait de rendre ai ées. permettaient la distinction entre omme le autres, sa ait qu'il allait se priver de plusieurs
Les vIvants et le morts. Sid El Oualt ne l'manifestait repas. Sacrifice. «Tout l'ra rendu quand j'aurai du tra·
pdS encore. L'attente e prolongeait. Le nerfs s'alanguis- vail .
~iJlent. Un homme sortit, on ne savait d'où. un encen oir Plusieurs jour 'étaient écoulé, Pas de travail. Aucune
il la main. Il passait, repassait entre les rangs en l'agitant lueur d'espoir, Au contraire la Ituation emblait se déténorer.
et en psalmodIant des pr:ères. Une fumée aromatique 'épan- D'autres usines fermèrent leurs portes et licencièrent une
dl! dans la pnere. Les cœurs se mirent à battre plu fort. nuée de travailleurs. En revanche, Sid El Oualt acquit une
Le specta k tant attendu. allait commencer. Le rideau réputation incomparable. a clientèle de enait, de plus en
blan e levait, peu à peu laIssant apparaître le visage plus. nombreuse. Elle venait le voir ou l'nt. Les séances
dun devôt masqué d'une dignité acerdotale. L'a Istance d'absolution et de sorcellerie l' multipltaient avec la même
s'lOc!lOa pour expr.mer son re pect et on al!égeance. id rigueur et l' terminaient. toujour par la même affirmation.
El Ouali tou auta pui 'adre sa à s client avec un «Vou trouverez du travail~,
voix grave. lent". dis.,,,rte, sentimentale: «Louange à Dieu. Attentes interminable. La itude, doute. Enfin, de espoir.
Mes enhlOt, vous m'av z chOIsi pour être l'lntermédia;re Mokhtar ortit d bonne heure de a baraque, comme d'habi-
entre DIeu et vou, pour lui demander - Dieu exauce le tude. Les ru étaient ombre, ette fOI. D'énorme nuag..
d' sir de ses fldeles - de vous aider à trouver du travail. furieu , dont les rugi ement fal aient trembler la terre,
MdIS, auparavant, d est de mon devoir de vous ab oudr , mena aient la Ille d'un orage terrible. Une grande foule
car vos pechés sont nombr ux. Tou vos malheur ctuels l' bou culait et dirigeait du même côté. okhtar la
ne sont que le pnx que Dieu vous fait payer à cause de suivit.
o peches: vous avez manqué à vos devoir en er les Arri ée de ant la mai on de id El Ouali, la foule enfon a
samts. Vous deVIez leur rendre hommage. éclairer leurs la porte. Entra. id El Ou li, a canne à la mam. l' planta
mausolees avec des bougie. embras er leurs tombeau'. C' t devant okhtar n fai ant des ffort pour a her on
1 urs VOIX qu DI u entendra ... », Les pauvr s niais. berlu trouble: Il t ncore trop tôt pour la seance , murmura·
par cette éloquence factice. avaient les armes au' y ux. Il t-il. ans prononc r un mot, okhtar tendit la m, in et. d'un
étalent tout or iIles et n pen aient plu a 1 ur m lheur, g t bru:que et pre i il arra ha le ma que qu le dé ot
1 El Ouali prit sept pincées d'une poudre noirâtre t le mettait ur son vi age, Un brUit de urpn e et d IOdlgnatlon
Jeta dans un brasero en usurrant de prier . Un fumée urut d, n la Ile L'h mme dma qué n était autre que
bl.mchâtre l'dégagea t se r pandit dans la sali, L'atme- 1 rI' p n able du Bur au de Pla ment~.

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