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Vita Marciana 10, ed. Düring (Aristotle in the Ancient Biographical Tradition, Göte-
borg 1957).
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J'ai traite d'une maniere plus approfondie cette matiere dans mon livre Aristotele:
dalla dialettica alla filosofia prima, Padova, Cedam, 1977.
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Origine et originalitc de la metaphysique aristotelicienne 229
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Dans mon premier livre, La filosofia del primo Aristotele, Padova, Cedam. 1962 (ac-
tuellement distribue par Olschky, Firenze), j'ai analyse les fragments des ouvrages
perdus, y compris le dialogue Sur la philosophie et deux traites scolaires non inclus
dans le corpus aristotelicum, c'est-ä-dire les traites Sur les idees et Sur le hicn. que je
considere composes dans l'Academie et contenant dejä la pensee müre d'Aristote
Dans mon livre successif et dejä citc j'ai complete l'analyse precedcntc par ccllc des
traites conserves et egalement remontant ä la periode academique. c"cst-ä-dire, sclon
mon Interpretation, les Topiques, le traite sur les Categories, la Physique (et peut-ctrc
%
aussi le De caelo et le De generatione et corruptione) et les partics les plus ancicnnos do
la Metaphysique. De cette j'ai chcrchc a reconstruirc la pensee d'Arislt>lc an
point de vue genotique, consideranl non sculcmcnt l'ordrc chronologiquo des liviev
mais aussi la succession logique des doclrines.
Je m'epargne de citer les nombreux ecrits de Krämer et des autres qui ont etudie cet
argument si complexe: on peut les trouver dans mon Aristotele: dalla dialettica alla
filosofia prima.
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Origine et originalite clc la mctaphysicjue aristoteliciennc 23 l
concu par Platon conimc P U n , parcc quc c'est surtout comme principe
des nombrcs quc PUn a raison cTctre invoque, tanclis que les idoes de la
/\i'f)nh/i({ite nc son t pas cncore des nombres.
Pour cc qui eoncerne, au contraire, la deuxieme phase, Penseigne-
incni oral de Platou rapporte par Aristote pose dcux principes des
idees, PUn, identifie avec le Bien de la Republique, et la Dyade inde-
l'inic, identtt'iee avec la du Timec. II s'agit, evidemment, des prin-
cipes des nombres, auxquels les idees ont ete identifiees. Dans les dia-
logucs de la vieillesse il y a des traces claires de ces deux principes: PUn
et le Multiple du Parmenide, PEtre et le Non-etre du Sophiste, la Li-
mite et rillimite du Philebe. Le passage de la premiere ä la deuxieme
phase a du se produire, selon la Chronologie des dialogues, vers Pan
367, c'est-ä-dire au moment de Parrivee d'Aristote ä PAcademie.
A cette deuxieme phase doit etre ramenee aussi la Conference publi-
que donnee par Platon Sur le bien, dont nous parle, rapportant un
temoignage d'Aristote, son disciple Aristoxene. Cette Conference de-
vait etre une sorte de resume, offert ä un auditoire tres large, des doc-
trines orales professees par Platon ä Pinterieur de PAcademie pendant
toute la periode successive ä 367, et fut certainement Pobjet de la rela-
tion des doctrines de Platon faite par Aristote dans son traite Sur le
bien. Elle dut avoir Heu, evidemment, dans un moment determine de
cette periode, probablement lorsque Platon ecrivait le Philebe, qui pre-
sente, parmi les dialogues de la vieillesse, les ressemblances les plus
grandes, au point de vue du contenu et de la terminologie, avec le traite
d'Aristote Sur le bien. J'en attribuerais la composition aux annees im-
mediatement posterieures au troisieme voyage de Platon ä Syracuse,
c'est-ä-dire vers Pan 357, qui par consequent doit marquer la conclu-
sion du processus d'elaboration de la nouvelle doctrine.
Dans cette Interpretation je me rattache, en quelque mesure, ä Pinter-
pretation la plus traditionnelle de Pevolution de Platon, professee par
Robin, Stenzel, Gentile, Wilpert, de Vogel, ROSS, Merlan, Ilting,
repoussant les interpretations opposees de Cherniss et de ses partisans
d'un cöte, et de Krämer, Gaiser, Happ, Wippern et autres, de Pautre
cöte. D'autre part il faut avouer que ce probleme reste toujours ouvert,
comme il est prouve par le fait que meme dans ces dernieres annees on
a ecrit de nouveaux livres qui se rallient soit ä Pinterpretation la plus
traditionnelle, comme dans le cas de Guthrie et Cosenza7, soit ä Pinter-
W. K.C. Guthrie, A History of Greek Philosophy, vol. V: The later Plato and the
Academy, Cambridge Uniyersity Press 1978; P. Cosenza, L'incommensurabile nell'e-
voluzione filosofica di Platone, Napoli 1977. Brought to you by | Universite de Mont
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Originc et originalite de la metaphysique aristotelicienne 233
fois des « opposes » (αντικείμενα) et d'autres fois des « relatifs autre chose » (προς
ετέρα) (voir La filosofia del primo Aristotele, pp. 277—285).
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Originc et originalito de la motaphysique aristotelicienne 235
r
Metaph. A 9, 990b 22-991 a 8, et M 4, 1079a 19-b 3. Voir la misc cn valcur de cot
argument comme decisif pour le passage de Platon Aristote, faite par G. F. I Owcn.
The Platonism of Arisotle, Proceedings of the British Acadcmy. 51. IWvV pp
125-150.
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Je devrais ajouter qu'il a ete aussi influence par la doctrine des principes exposee par
Platon dans le Timee, en particulier par le concept de « receptacle » ( ), qu'il
identifie lui-meme avec la Dyade du grand et petit des doctrines orales; et meme par
la doctrine des principes exposee dans le Philebe, comme je Fai montre dans mes Studi
aristotelici, L'Aquila, Japadre, 1975, pp. 329—346.
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Originc et originalitc de 1a metaphysique aristotelicienne 24]
raison l'existenee d'une cansu finale dans l'uruvre de la naturc. D'oü Ic coldbrc finalisme
aiisiotclicicn, qui cependant est, cornnie nous allons voir tout de suite, bien difforent de ce
a souvcnt ciu. La cause finale, en cffet, n'est que la roalisation complete de la
tonne. C'haque ehose, done, a sä propre cause finale, consistant dans son complet
developpement, dans la realisation de sä nature, et non dans quclque chose d'exterieur,
in dans ratteinte d'une fin commune ä toutes les autres choses.
II taut remarquer qu'Aristote ne considere aucun de ces quatre types
de causes comme une propre decouverte originale: dans Metaph. A il
dit que la cause materielle et la cause motrice ont ete decouvertes par
les «physiciens», c'est-ä-dire par les presocratiques, que la cause
formelle a ete decouverte par Platon (et peut-etre par les Pythagori-
ciens), et que la cause finale a ete decouverte par Anaxagore (ou
mieux, il faudrait dire, par Platon dans le Timee et dans le Philebe): son
seul merite est de les avoir admises toutes ensemble. Cependant la
cause finale d'Aristote est bien differente de celle d'Anaxagore et de
Platon, dans le sens qu'elle n'implique aucune intelligence, mais est
simplement une tendance inconsciente interne ä la nature, et qu'elle
n'est pas la meme pour toutes les choses. En effet, comme les trois
principes-elements, les quatre causes aussi sont les memes seulement
par analogie, c'est-ä-dire que chaque chose a sä cause motrice, sä cause
materielle, sä cause formelle et sä cause finale, differentes de celles des
autres choses. Pour cette raison, ä mon avis, plutöt que de «quatre
causes » il faut parier de quatre «genres» ou «types » de causes.
5. Par les doctrines des trois principes-elements et des quatre genres
de causes Aristote est passe decidement du domaine de la dialectique ä
celui de la science. Cela est confirme par sä theorie de la science,
exposee dans les Analytiques posterieurs, qui semblent etre contempo-
rains des premiers livres de la Physique.
Selon cette theorie, la science est connaissance d'une chose ä travers ses causes et
trouve son expression dans la demonstration, qui est un syllogisme doue de premisses
vraies. Puisque le syllogisme permet de relier deux termes, c'est-ä-dire de dire quelque
chose de quelque chose, en vertu de leur connexion avec un troisieme terme, dit terme
moyen, le terme moyen est la cause de ce qu'on dit dans la conclusion. Or, selon Aristote,
le terme moyen peut etre constitue par n'importe quel genre de cause, donc la doctrine
des quatres genres de cause est parfaitement fonctionnelle ä la theorie de la science.
En outre, comme nous l'avons vu, les causes des choses ne sont pas les memes, sinon
par analogie, c'est-ä-dire que chaque genre de choses a ses propres causes. Par
consequent la science devra connaitre les choses qui forment son objet ä travers les
causes qui leur sont propres, et non ä travers d'autres. Cela signifie qu'il y aura autant de
sciences que sont les genres des choses et que toutes les sciences seront particulieres et
independantes l'une de l'autre.
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Origine et originalite de la metaphysique aristoteliciennc 243
Cependant Aristotc n'ignorc pas qu'ä partir des premiers philosophes on a toujours
chcrche, au-delä des scicnces particulieres, unc science qui etait de quelque facon
universelle et qui etait appelce sagesse ( ). Elle etait comme science de la
nature chcz les presocratiques et comme science des idees, des nombres et de leurs
principes chez les Academicicns. Selon la theorie de la science formulee par Aristote,
cette sagesse, pour etre vraiment universelle, devrait connaitre les causes de toutes les
choses et celles-ci, selon Aristote, ne peuvent etre que les causes premieres, c'est-ä-dire
les causes dont dependent toutes les autres et qui ne dependent pas d'autres. La sagesse
sera donc la science des causes premieres.
une qui lui est propre. Si les produits de l'art ont comme fin l'usage en vue duquel ils ont
otc produits, oü consiste le rcalisation coinplete de leur forme, les etres existant par
naturc ont comme fin leur Heu naturel, s'ils sont inanimcs, et l'explication complete de
Icurs facultes s'ils sont anim<§s. Parmi ces derniers les plantes et les animaux ont comme
facultc fondamcntalc celle de se reproduire, donc on peut dire que leur fin primaire est la
reproduction. Les hommes ont comme faculte fundamentale celle de connaitre, donc leur
fin primaire est d'exercer les activites cognitives jusqu'au plus haut niveau, qui est celui
de la connaissance intellectuelle: c'est dans Texercice de celles-ci que consiste, en effet,
leur felicite.
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Metaph, 3, 995a 17-20; 3, 1005a 29-b 2; EBrought
l, 1026a 23-31.
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Origine et originalite de la mctaphysique aristotclicienne 247
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Voir la discussion de la septieme aporie dans Metaph. B 3, o Aristote oppose, il est
vrai, Xenocrate Platon, mais o il observe aussi, contre Xenocrate, que l'Un peut
exister comme separe seulement s'il est οοηςυ comme un genre. J'ai discute ce
chapitre dans mes Studi aristotelici, pp. 181-208.
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Origine et originalite de la metaphysique aristotolicienne 249
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Cf. Metaph. Γ 2, 1004b 8-10. Je rapporte toutes les mentions des « dialccticicns
" qu'Aristotc fait dans la Metaphysique Platon et aux Academicicns.
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Voir spocialement Metaph. Z 11-12 et H 2-3.
'" Cf. Metaph Γ 3, 1005 a 35; Λ 8, 1073 a 30 et H)74b 9 (voir aussi A 7. 1072 a 31- 3:
o la substance immobile est dite implicitemcnt prcmiere).