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Le latin et la Réforme à Montbéliard, enseignement et imprimerie,


XVIe-XVIIIe siècles
Jean-Marc Debard

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Debard Jean-Marc. Le latin et la Réforme à Montbéliard, enseignement et imprimerie, XVIe-XVIIIe siècles . In: Autour de
Lactance : hommages à Pierre Monat. Besançon : Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité, 2003. pp. 235-248.
(Collection « ISTA », 903)

http://www.persee.fr/doc/ista_0000-0000_2003_ant_903_1_2024

Document généré le 25/09/2015


2-35

Autour
Hommages
Besançon,
de Lactance
2003,
à Pierre
pp. Monat
235-247

Le latin et la Réforme à Montbéliard,


enseignement et imprimerie, XVF-XVIIP siècles

J.-M. Debard*

La Réforme protestante aurait par ses bouleversements sonné le glas du latin


comme langue liturgique et de culture en Occident. En réalité, dans le cadre
de l'humanisme, cela est vite dit et mérite des nuances. Tous les réformateurs,
de Luther à Calvin, ont été des humanistes et des latinistes distingués. Rien n'aurait
pu se faire sans la connaissance du latin, du grec et même de l'hébreu pour traduire
les textes bibliques en langues vernaculaires.
Notre propos veut montrer comment dans le petit pays de Montbéliard,
de tradition luthérienne, le latin est resté une langue enseignée et imprimée.

Rappels historiques et méthodologie

En liminaire, quelques rappels historiques et de méthode sont nécessaires.


Pendant toute la période moderne, la principauté de Montbéliard a vécu
indépendante en marge de la Franche-Comté, dans une sorte d'île entourée de terres
catholiques comtoises, alsaciennes et ajoulottes, avec une vie spirituelle nouvelle,
différente, greffée par le souverain wurtembergeois luthérien. C'est une originalité
avec le seul luthéranisme d'expression française qui a survécu jusqu'à nos jours.
La seconde originalité fut l'établissement d'une imprimerie protestante, montrant
par là le souci évangélique profond de la diffusion de la nouvelle foi fondée sur les
Ecritures : la Bible, donc sur la lecture et l'école, tout en respectant l'idiome local :
un patois de langue d'oïl augmenté d'une nouvelle langue liturgique, le français1.

* Université de Franche-Comté.
1 Debard Jean-Marc, Le patois et le français dans le Pays de Montbéliard, perspectives historiques,
XVIe-XXe siècles, Bulletin de la Société dEmulation de Montbéliard, 1998, p. 355-372.
236 J.-M. Debard

La principauté offre ainsi pour le linguiste et l'historien un poste


d'observation exceptionnel, une sorte de laboratoire. Que lisait-on et surtout qui
lisait dans ce petit pays ?
Sur le plan méthodologique, il y a des outils : des livres et des archives.
Les livres imprimés à Montbéliard sont conservés dans les bibliothèques
comtoises à Besançon, à Montbéliard, mais aussi à l'extérieur : à Strasbourg,
Mulhouse, Bâle, Stuttgart et Tùbingen en Wurtemberg, à Porrentruy aussi, sans
oublier la Bibliothèque Nationale à Paris (qui est loin de tout posséder). Trois
érudits ont recensé les productions montbéliardaises : en 1905, Albert Roux, et
Léon Nardin, tous deux du Pays2. En 1912, l'abbé Maurice Perrod les compila
dans son Répertoire bibliographique des ouvrages franc-comtois imprimés
antérieurement à 17903. Et, sur les 2696 impressions (mais il n'y a pas tout),
il y a les 408 numéros pris à Roux et Nardin, concernant les impressions
montbéliardaises. Soit en gros 15% de la production, en pensant bien qu'en
1790 si la Franche-Comté était peuplée de 777 000 âmes, la principauté de
Montbéliard n'en comprenait que 26 128. On voit la disproportion par ces
chiffres. Si ces ordres de grandeur demeurent, nos recherches nous ont permis
d'ajouter une demi-douzaine de numéros à Roux et Nardin. Pour Perrod, il y a
beaucoup plus de lacunes et d'oublis et il faudra revoir sa liste. Un seul
exemple, les impressions du premier imprimeur de Besançon, Nicolas
de Moingesse entre 1590 et 1620, se réduisent à trois références et il y en a plus
de vingt recensées, connues aujourd'hui. Ainsi avance l'histoire.

L'autre approche de la question est dans les archives de la principauté de


Montbéliard, elle résulte du dépouillement de documents officiels sur la religion et
l'enseignement et sur celui surtout de plusieurs centaines d'inventaires après décès
montbéliardais qui comportent des catalogues de bibliothèques du XVIe au
XVIIIe siècles, ouvrant la porte mystérieuse du monde de la culture et celui des
lecteurs. La société montbéliardaise était hiérarchisée comme ailleurs avec ses
riches privilégiés et ses pauvres, entraînant ainsi de profondes différences dans
la composition des bibliothèques car le livre resta coûteux longtemps.

"moindres" : Au
artisans,
bas paysans,
de l'échelle
ne comprenaient
sociale, lesjamais
modestes
au-delàbibliothèques
de cinq volumes
des

attestant néanmoins la pénétration de l'écrit. Tout y est religieux avec des Bibles,
des Psautiers (Clément Marot et Théodore de Bèze), livres de prières et

Roux Albert, "Recherches sur l'imprimerie à Montbéliard depuis ses origines (1586) jusqu'à la
réunion de Montbéliard à la France en 1793, suivies d'un catalogue des impressions, de 1587 à 1793",
Bulletin de la Société dEmulation de Montbéliard, 1905, 164 p.; Nardin Léon, "Jacques Foillet
imprimeur, libraire et papetier (1554-1619)", Bulletin de la Société dEmulation du Doubs, 1905,
p. 203-546.
3 Maurice Perrod, Répertoire etc., Paris, 1 912, 382 p. Réédité par Laffite Reprints, Marseille, 1 976.
Le latin et la Réforme à Montbéliard 237

quelques rares livres profanes. Tout est en français, rien en latin non enseigné
à l'école primaire.
Au-dessus, les bibliothèques des privilégiés (conseillers de régence,
riches bourgeois urbains, gros artisans, professions libérales, les trente pasteurs en
ministère et les régents d'école) se haussent à 50, 60 et parfois plus de 100 volumes,
en latin, en français, en allemand, langues étudiées au Gymnase ou École Latine.
Enfin, tout en haut, -et on pouvait la consulter-, la bibliothèque
du prince au château. Créée au XVIe siècle par le comte Georges Ier et son fils
Frédéric Ier, elle était profondément marquée par l'humanisme et comprenait
beaucoup de livres (plus de 1000) en latin, en grec, en allemand et en français.
Spoliée et pillée au XVIIe siècle, reconstituée après, encore pillée, dévolue
partiellement au Gymnase, elle fut partagée sous la Révolution. Elle constitue à
présent le fonds ancien de la Bibliothèque Municipale de Montbéliard et celui de la
Bibliothèque des pasteurs de l'Inspection ecclésiastique de Montbéliard. Nous y
avons vu des raretés et le fameux dictionnaire latin d'Ambrosius Calepinus en
8 langues, in folio ! dont il nous reste au moins le calepin (de poche) ! Toutes les
uvres d'Erasme etc. Hormis le catalogue partiel du Gymnase au XVIIIe siècle,
il n'y a hélas pas de liste complète.
Mais il faut revenir à la question historiquement fondamentale de l'école et
de la lecture liée à l'établissement de la Réforme. Le prince souverain appliqua à
ses possessions la paix d'Augsbourg de 1555 (cujus regio, ejus religio) et par
ses nouvelles fonctions de "summus episcopus" de l'Eglise luthérienne d'Etat, il
l'organisa par une grande ordonnance ecclésiastique (Kirchenordnung) traduite
en français en 15594. L'uvre scolaire ou "Ordonnance des Escholes" en est
directement issue et comprend 64 pages dans l'édition imprimée (p. 136 à 200).
Elle distingue soigneusement l'école primaire obligatoire pour tous :
garçons et filles de 6 à 14 ans, de l'école latine réservée aux seuls garçons de 14 à
18 ans, les plus aptes du Comté. Une sorte d'école secondaire pour former l'élite du
pays, et passant par l'enseignement du latin, du grec avant de pouvoir se spécialiser
dans les Universités de Tiibingen (théologie, droit), de Bâle (médecine) et de
Strasbourg (au XVIIIe siècle).

L'enseignement du latin à Montbéliard

L'enseignement du latin était ainsi réservé à de jeunes garçons fréquentant


l'École Latine déjà alphabétisés à l'École Française. Il était donné aux fils des bourgeois
de la ville (professions libérales, artisans, négociants...), des pasteurs et aux meilleurs
éléments des trente écoles primaires paroissiales -signalés par les ministres.

Ordonnance Ecclésiastique des Comtés, Terres et Seigneuries de Montbéliart et Richevïlle


(Riquewihr) et Statutz conformes à icelle : lesquels le tems advenir (ayant Dieu) seront gardez en
ce Pays, Imprimé à Basle MDLXVIII par Iselin J.L. et Herold L, 318 p. (311 plus table). Toutes
les citations qui suivent en sont tirées.
238 J.-M. Debard

L'École Latine créée en 1542 par Pierre Toussain lors de l'implantation


de la Réforme fut réorganisée en 1559 par la grande ordonnance ecclésiastique.
Divisée en cinq classes pour que la jeunesse soit bien formée "par des gens
sçavants en cette affaire". Le surintendant et les conseillers du souverain devaient
les inspecter "ayant esgard en l'aage et au prouffit" des enfants. Les plus aptes
étaient dans la classe la plus haute et ensuite par niveau jusqu'aux plus "rudes",
dans la plus basse où l'on continuait l'alphabétisation. Puis, les "sçachants bien
lire" étaient introduits à la connaissance des parties principales pour décliner et
conjuguer peu à peu et par cur. Au degré suivant, on expliquait l'étymologie des
principales parties. Enfin dans les deux dernières divisions on perfectionnait
l'enseignement. Les enfants étaient regroupés par dizaines en provoquant
l'émulation avec chaque semaine un dizainier responsable. C'est un peu le
système mis au point, en même temps, par les Jésuites.
Il y avait, par mesure d'économie pour les parents et pour pouvoir changer
facilement d'École Latine, une uniformisation des livres utilisés.
L'enseignement se dispensait pendant trois heures le matin et autant l'après-midi avec
un horaire d'été et un autre moins matinal l'hiver. Les absents étaient
soigneusement inscrits sur un "catalogue". Les parents jugés fautifs d'absences de
leurs enfants étaient punis d'amendes. L'école était obligatoire mais non gratuite.
Un emploi du temps fut soigneusement élaboré pour préciser les matières
à enseigner et la méthode pédagogique excluant rigoureusement les châtiments
corporels, interdits sévèrement (les maîtres fautifs pouvaient en être punis).
L'enseignement était confessionnel, matin et soir, avec des prières et le
catéchisme de Luther. On devait insister sur la bonne prononciation de la
langue française. On avait appris à assembler les lettres dans le "Donnest"
avec les questions de grammaire5. Après quoi, on passait à la présentation, des
"distiques" de Caton6. Chaque élève avait deux cahiers l'un pour le maître qui
mettait ses modèles, l'autre "pour doubler ce que le maistre aura escript" et que
celui-ci devait corriger en montrant les fautes et les erreurs. Tous les jours "pour
exciter l'estude de la langue latine es petits", il devait, la veille, leur donner deux
mots latins écrits en leurs cahiers et à réciter par cur le lendemain.
Au second niveau, le matin (dès 6 h en été), le maître proposait les
sentences de Mimus Publianus7 suivies de la déclaration du Caton "accommodée
à la capacité des enfans, et qu'il ne charge point leurs esprits foibles en leur baillant
plus qu'ils ne peuvent porter". Le tout reposant sur les mêmes choses mises
oralement en français. Avec l'aide des huit parties de "l'Oraison", il faudra habituer
les enfants à décliner et à conjuguer les verbes. Ainsi, commençait-on à introduire

Donnest, comprendre Donat ou traité élémentaire de grammaire latine très pratiqué au Moyen
Age et imprimé dès le XVe siècle qui devint un classique.
6 Caton Dionysius, poète et moraliste latin, auteur des quatre livres de Distiques moraux qui eurent
une vogue immense au Moyen- Age.
Tirées des Suasoires et controverses de Sénèque le rhéteur, exercices pour grands débutants.
Le latin et la Réforme à Montbéliard 239

les questions de grammaire, peu à peu, avec les "règles générales de l'etymologie"
pour les "apprendre plus alaigrement sans en estre par la difficulté destournez. Car
la charge d'enseigner les enfans requiert un homme d'une singulière industrie, fort
patient et de grand labeur". Après les déclinaisons, conjugaisons faites dans
"l'Oraison" et "es répétitions du Caton", on ajoutera les "Proverbes de Salomon et les
formules" de Sebald Heiden8. Par des exemples, on expliquera l'ordre dans les
phrases utilisant les cas ; nominatif, génitif, datif, puis le présent, le prétérit, le futur. Il
fallait apprendre les règles par cur et les réciter souvent et les utiliser avec une
sentence prise au catéchisme en latin. L'après-midi : musique, c'était le chant
des Psaumes en rimes françaises de Clément Marot et Théodore de Bèze9, suivi
par de nouveaux proverbes de Salomon avec l'etymologie des mots. En fin de
journée, on revenait aux "Dialogues" de Sebald Heyden et on leur demanderait
comment "ils pourroyent dire et parler en latin ceci ou cela, prins de la leçon présente,
ce qui ne leur sera pas difficile à dire si on leur demande en françois ce qu'ils ont
décliné et conjugué, afin que selon la diversité des sentences, ils sçachent changer les
cases des verbes".
Dans la classe suivante, dès le matin, le maître devait commencer par
les "Fables" imprimées et traduites par Joachim Camerarius10. Les demandes
portant sur l'etymologie et la syntaxe ("les deux parties de la grammaire"), puis
enchaîner des exercices d'écriture et de conversation avec des exemples pris dans
les cahiers. "Qu'on exerce les enfans es formules de parler", puis on passera à une
nouvelle leçon. Mais la répétition est requise systématiquement en utilisant
quelques thèmes des dictionnaires avec les phrases, les composés et les dérivés.
L' après midi, après la musique derechef, les enfants apprendront la leçon de
Térence en latin, par cur, à réciter le lendemain. Les maîtres leur donnant une
traduction "soignée" en français pour bien montrer l'intention de l'auteur "qui ne dit
pas tout de soy", décrivant les vices et divers esprits "en diverses personnes, comme
en Demea il montre une trop grande rudesse à corriger les péchez, en Mitio une trop
grande facilité à pardonner...", par des exemples pris avec la paillardise et
l'ivrognerie afin de montrer "que Dieu a puni griefvement et horriblement
la paillardise et tels péchez semblables...". En fin de journée, on revenait sur les
règles de la syntaxe après les questions de la grammaire par des exemples inventés
par le maître, adaptés et toujours récités par cur.

8 Sebald Heiden ou Heyden, vivait dans la première moitié du XVIe siècle. Ouvrage par demandes
et réponses. "Né à Nuremberg en 1494. Cantor en 1509 à l'école de l'hôpital, et en 1525 premier recteur
de l'école luthérienne S1 Sebald de Nuremberg, où il meurt en 1561". (Evangelisches Kirchen
Gesangbuch, Stuttgart, 1 953, p. 2 1 de la IIIe partie, prosopographie).
9 Le premier psautier complet fut imprimé à Genève en 1565, avec la musique de Goudimel.
10 Joachim Camerarius ou Cammermeister (1500-1574), humaniste allemand, professeur de latin
et de grec à Nuremberg, rédigea la Confession d'Augsbourg avec Ph. Mélanchthon.
240 J.-M. Debard

Venait alors l'art de composer "et commencer l'exercice d'escrire en latin",


chaque mercredi et par des arguments brefs, simples et faciles pour mettre
le français en latin, en faisant rappel des choses pour les utiliser.
"Les maistres changeront les genres, les nombres, les personnes,
les moeufs11, les cas et autres accidents". Corrections, vérifications le vendredi
suivant, "par douces paroles, clairement apertement et à haute voix pour que
tous le puisse ouyr, en usant d'une grande modestie d'esprit, car les enfans ont
de coustume de faire plusieurs fautes et se garder d'une répréhension trop
fascheuse pour que les enfans ne perdent courage ou hayssent les lettres..."
Les corrections seront écrites dans un cahier spécial, afin que chaque trimestre
le surintendant-inspecteur puisse vérifier "ensemble le prouffit des enfans et
la diligence des maistres".
Dans la quatrième classe, il faudra lire en entier, les "Épîtres
familières" de Cicéron, en montrant bien les figures de la construction et
"les espèces de ceste figure dicte metaplasmus"12. On répétera les questions de
grammaire ensuite et encore les épîtres et à parler le latin.
L'après-midi, après la musique, on fera l'étude d'une comédie de Térence
puis les livres de Cicéron de Amicitia ou de Senectute ou d'autres comédies de
Térence. Ensuite on reviendra à la "Syntaxe" qui sera suivie de la "Prosodie"
(ou l'accent) et la déclaration de la syntaxe à nouveau. À partir de ce moment
apparaissait l'enseignement des rudiments de la "Grammaire grecque".
Tous les mercredis on reprendra les arguments des leçons lues avec de
nouvelles difficultés corrigées le vendredi suivant. Les enfants s'exerceront à la
composition en écrivant mot à mot les leçons ouïes d'Ésope, de Térence et de
Cicéron que le maître corrigera avec soin à cause de l'orthographe et de la
"distinction" (le style).
Dans la dernière classe (5e niveau), les enfants "moyennement instruits
en grammaire sçachant tolérablement escrire et parler latin seront instruits es
éléments de Dialectique et de Rhétorique". Dès le matin, on commençait
grammaticalement, par "un précepte ou deux des question de Dialectique de
Philippe Mélanchthon"13 à savoir par cur, "afin que les maistres ayent moins de
fascheries à dicter et les enfans moins de peine à retenir plusieurs choses".
L'exercice se faisant tous les jours de l'année scolaire. Le maître prendra alors
la grande grammaire de Philippe Mélanchthon ("de la dernière édition") avec les
enfants pour toutes les dictions en mots latins, les préceptes (par cur),
la grammaire et la prosodie "et qu'on donne souvent des exemples pour rendre

"Moeufs", terme de grammaire, synonyme de modes (indicatif, impératif, etc..) les verbes
irréguliers
12 "Métaplasme",
ont plusieursterme
"moeufs",
de grammaire
désuet. (Dict^
: transformation
de Trévoux)en ajoutant ou ôtant une lettre, une syllabe
à un mot (Dicf6 de Trévoux).
13 Philippe Mélanchthon (1497-1560), humaniste, réformateur, ami de Luther, professeur de grec
à l'Université de Wittenberg. Auteur de plus de 300 titres et de la Confession d'Augsbourg.
Le latin et la Réforme à Montbéliard 24 1

les règles plus évidentes et que le maistre essaye aussi, s'il pourra obtenir des enfans
qu'ils escrivent des vers". Après quoi, il y aura lecture de la "Rhétorique"
de Philippe Mélanchthon que Georgius Maior14 a traité par questions avec des
exemples à tous les genres et "poincts des causes", et un ou deux préceptes à
savoir par cur. Les exemples seront pris dans les "Oraisons" de Tite-Live et de
Cicéron, recueillies aussi par Georgius Maior. Le maître montrera l'argument
de "l'Oraison", le point et les lieux de la confirmation et comment toutes les parties
de "l'Oraison" ont été ornées et traitées en ayant égard à la disposition et à
l'élocution.
L'après-midi, après la musique, la "Syntaxe" de Mélanchthon "imprimée
à Nuremberg" sera expliquée et montrée chaque jour par une règle et des
exemples. On lira ensuite quelques livres "des Aénéides" de Virgile ou des
"Offices" de Cicéron toujours en répétant la grammaire. En dernière heure, de
deux en deux jours, on enseignera la grammaire grecque entière "ou les fables
grecques d'Ésope ou d'Isocrate à Démonique ou de la Plaidie de Xénophon
selon la portée des auditeurs". On appendra à chercher des thèmes et à exercer les
enfants à les former d'eux-mêmes. L'exercice de la composition utilisera en
français les périodes et clausules principes de la Dialectique et de la Rhétorique avec
toutes sortes d'exercices : épîtres, exordes, narrations, lieux communs, descriptions
de quelque chose, confirmations, conclusions etc et que les enfants "s'efforcent
d'escrire et de composer des oraisons et déclarations doctes et élégantes" en suivant
"surtout la phrase et la diction de Cicéron". Les corrections des maîtres seront
circonstanciées et personnalisées afin que "les enfans puissent librement sans
empeschement es universitez aspirer aux estudes plus hautes et utilement
s'avancer en icelles". On devait achever la Grammaire, la Dialectique et la
Rhétorique "tous les ans es classes où on les lit" depuis la fête de la saint Georges
(23 avril) à la même date de l'année suivante.

Dans la seconde partie de l'ordonnance relative aux écoles, il est surtout


question de Religion, de "la Crainte de Dieu" et de la discipline des enfants
comme de celle des maîtres, avec les conditions de recrutement de ces derniers.
Sans reprendre ici leur formation notons que l'école n'était pas gratuite mais
obligatoire. Ceux qui enseignaient étaient rétribués par la recette ecclésiastique et
par les parents des élèves, les maîtres en latin recevaient plus par "quart d'an" que
les maîtres en français : un quart de batz pour trois gros et demi. Rythmant les
journées, les exercices de piété étaient marqués matin et soir par une obéissance
absolue à l'Ordonnance ecclésiastique et à la Confession d'Augsbourg organisant le
dogme luthérien.
spiritus..." et l'après-midi
Les écolierspar
commençaient
celui du "Veni
la journée
creatorpar
spiritus").
le chant du
Une"Veni
discipline
sancte

stricte était observée pour les entrées et les sorties de classes comme dans

Georgius Maior (1502-1574), théologien allemand, professeur à Wittenberg, disciple


de Mélanchthon.
242 J.-M. Debard

les heures de travail. On chantait des Psaumes en français et aussi le calendrier


des syllabes ("lequel calendrier ils appellent Cisio Janus"). On récitait les
questions de grammaire, et par cur aussi le catéchisme et chaque vendredi en
français dans les deux premières classes et en latin dans les deux autres. Le
samedi, le maître lisait l'Évangile du dimanche en grec et en latin selon la
classe. On exerçait les élèves "es presches de l'Église en français et en latin,
comme à chanter les psaumes". Toute l'école allait au prêche chaque vendredi,
aux prières publiques et aux services dominicaux, y compris aux vêpres, pour
écouter l'édification et chanter des louanges à Dieu. Ainsi, tous les enfants
étaient "nourris dans la crainte de Dieu" et considérés "non comme des bestes
mais comme un thrésor céleste gardé avec grand soin".

Sept commandements devaient être observés avec rigueur à l'école :


1. Craindre Dieu et fréquenter assidûment l'école.
2. Obéir aux parents et aux maîtres.
3. Observer la discipline à l'école et au temple ("pas de jasements").
4. "que les enfants soyent punis de parler français hors de l'escole ou dedans.
Et que le maistre s'étudie entièrement de les contraindre à parler latin".
5. Que les enfants aient toujours leurs cahiers, livres et écritoires.
6. Que l'appel soit fait chaque jour.
7. Que le règlement soit affiché à l'école, appris et récité souvent.

C'est l'article IV qui a ici son importance. Il instituait dans l'École Latine un
véritable bain linguistique obligatoire en faveur du latin. La même obligation
existait aussi dans les écoles catholiques tenues par les pères. Réussissait-on
à imposer cela ? On aura remarqué aussi combien il était fait usage des exercices de
répétition et de mémoire par le par cur.
Ce système scolaire secondaire fonctionna à Montbéliard jusqu'à l'annexion
du Pays par la France en 1793. Il fut, après les tourmentes du XVIIe siècle (guerres
de Trente Ans et guerres de Louis XIV), revigoré en 1724 par le Supplément aux
ordonnances ecclésiastiques de la principauté de Montbéliard dans sa seconde
partie pour " une réformation de l'école tant par rapport à la Religion qu'aux autres
sciences utiles et nécessaires"15.
En fait, rien n'était aboli de la précédente ordonnance. On précisa seulement
quelques nouvelles intentions : "le suc et la moiielle de l'Évangile" restant toujours
omniprésents selon les catéchismes de Luther, de Brentz16 et l'Écriture Sainte, selon
le chant des Psaumes aussi. Chaque enfant sachant lire "sera pourvu d'un Nouveau
Testament avec un livre de Psaumes".

Supplément aux Ordonnances ecclésiastiques de la principauté de Montbéliard, à Montbéliard,


Jean-Jacques Biber, imprimeur de S.A. S., 1726, 52 p. Pour l'école, voir p. 37-52.
16 Johannes Brentz ou Brenz (1499-1570), réformateur du Wurtemberg, auteur de la Grande
Ordonnance ecclésiastique, donc de celle des écoles et d'un catéchisme (imprimé en français
àTubingenen 1563).
Le latin et la Réforme à Montbéliard 243

Concernant l'École Latine, celle-ci fut transformée en Gymnase, toujours


divisé en cinq classes où "les garçons seront enseignés à bien lire et écrire en
français, en latin et aussi en allemand".
On apprendra en première classe par cœur avec la grammaire l'étymologie des
mots et le vocabulaire ou nomenclature de Cellarius 7. En seconde classe, on
enseignait totalement la petite grammaire latine et encore le Cellarius. On
commencera à expliquer les Colloque de Langhius18 ou YOrbis pictus Commenii19 , avec
la composition simple. La syntaxe sera appliquée par des imitations très souvent.
Dans la troisième classe on introduira avec la syntaxe la grande grammaire
latine en répétant le Cellarius. On expliquera les Colloques d'Érasme ou le Soldat
chrétien et Cornélius Nepos.
On continuera dans la composition avec des exercices de thèmes et de
versions. On passera à la langue grecque que l'on enseignera à bien lire et écrire,
plus l'étymologie des mots dans la grammaire.
En quatrième classe, les syntaxes grecques et latines "imprimis ornata", puis
en latin : Jules César ou Cornélius Nepos, en poésie les Tristes d'Ovide et en grec le
Nouveau Testament, en insistant sur les versions et les imitations, en joignant la
composition grecque à celle du latin. De plus, pendant toute l'année en fonction des
auteurs, on enseignera l'Histoire Universelle et la Morale chrétienne. On débutera
aussi la logique et la rhétorique, avec les premiers exercices de progymnastibus
(variation, arrangements des périodes).
Enfin, en cinquième classe ("la plus haute"), on expliquera les Offices,
Épîtres et Oraisons de Cicéron, Virgile ou Horace, en grec : les plus faciles Oraisons
de Démosthène et Saint Chrysostome et en hébreu (qui apparaît) la Genèse après
avoir appris la grammaire de Schickhardus20. Pour la composition, on insistera sur la
pureté et l'élégance du style avec des essais de poésie latine et française. Toute la
logique sera traitée, avec des analyses et des discussions. Pour la rhétorique, on
proposera des petits discours et courtes oraisons avec des thèmes. Nous en avons
relevé quelques uns jusqu'en 1787 comme : "Le plan d'un acte oratoire qui sera
exécuté par les écoliers de la classe supérieure du Gymnase de Montbéliard

17 Cellarius, probablement auteur d'un dictionnaire latin, imprimé à Montbéliard en 1716 pour
l'École Latine, cf. plus loin. Cellarius Christophe (1698-1707), éminent professeur et linguiste, auteur
de nombreux ouvrages (cf. Dict. de Moréri).
18 Langhius Paul (XVIe s.), allemand, prêtre, moine. Dans une chronique il fit l'éloge de Luther,
Carlstadt et Mélanchthon (Cf. Dict. de Moréri).
19 Comenius ou Jean Amos Komensky (1592-1670), humaniste tchèque, professeur de latin,
grammairien, pédagogue aux idées nouvelles, appartint aux "Frères Moraves" (piétistes).
Wilhelm Schickhardt (1592-1635), neveu de l'architecte Heinrich Schickhardt, astronome et
mathématicien génial (inventeur de la première machine à calculer en 1623), polyglotte et professeur
d'hébreu et d'araméen à l'Université de Tubingen, spécialiste des langues bibliques de chaldéen,
persique, turc, d'arabe ; il publia une grammaire de l'hébreu utilisée jusqu'au XVIIIe siècle
(une quarantaine d'éditions).
244 J.-M. Debard

le 11 février 1787, à l'occasion du jour anniversaire de la naissance de S.A.S. Mgr


le Duc régnant de Wurtemberg et Teck, prince souverain de Montbéliard etc", avec
pour thème de réflexion : "L'éducation de l'esprit et du cœur", douze élèves y ont
participé en français, en latin et en grec... mais pas en hébreu. L'année suivante
le thème proposé fut : "l'utilité de la raison et les moyens de la perfectionner".
Enfin, quelques heures par semaine il y avait un enseignement sur l'Histoire
Universelle, la Morale et la Physique (qui regroupait toutes sortes de choses :
géographie, sciences naturelles, mathématiques...). L'enseignement demeurait
assez figé, avec les mêmes méthodes (répétitions par cœur, exercices) et sur
le modèle du XVIe siècle, avec seulement quelques changements d'auteurs.
Le reste s'apprenait ensuite aux Universités de Tiibingen, Bâle,
Strasbourg ou à l 'Académia Carolina (Hochschule) de Stuttgart (pour quelques
uns) plus directement influencée par les "Lumières".
Le "rendement" local des élèves n'était pas toujours à la hauteur si l'on en croit
les plaintes de "l'éphore" de Tiibingen transmises plusieurs fois au Conseil de
Régence de Stuttgart. Π reprochait la faiblesse de formation de certains élèves
montbéliardais pourtant jugés dignes et boursiers (stipendiaires) du prince. Mais
le système continua à fonctionner jusqu'en 1793. Aussi bien, après d'autres
Montbéliardais, un Georges Cuvier y avait fait toute sa scolarité (et avec excellence)
avant d'aller à l'Académie Caroline. Le latin, le grec, un peu d'hébreu, étaient donc
connus et pratiqués par l'élite luthérienne montbéliardaise d'alors.

Les impressions montbéliardaises

L'imprimerie arriva tardivement à Montbéliard en 1587 par l'autorisation du


comte Frédéric Ier (1557-1608), presque au même moment qu'à Dole et Besançon où
les Jésuites venaient de s'installer. Le souverain voulait créer dans sa ville une
imprimerie protestante. Il avait pour devise : "Deus aspiret caeptis". Le premier
imprimeur, réfugié huguenot, fut Jacques Foillet et son premier livre en 1587,
en français, a été les Actes du Colloque de Montbéliard tenu entre les théologiens
calvinistes (de Bèze) et luthérien (Andreae), en latin, au château pendant la Semaine
Sainte, sans accord d'ailleurs et renvoyant dos à dos les deux dogmes réformés.
Libre jusqu'en 1609, l'imprimerie fut ensuite contrôlée par le pouvoir pour éviter
les dérapages politiques et religieux contraire au pays.
J. Foillet imprima 160 livres de 1587 à 1618 et son fils Samuel, 12 seulement
de 1619 à 1633. Les successeurs furent plus modestes jusqu'à la fin du XVÏÏT siècle.
On se reportera à l'article publié par nos soins21 et aux catalogues dressés par
A. Roux et L. Nardin22 pour trouver les références. Trois cent ouvrages couvrent

21 Jean-Marc Debard, "La Réforme, le Livre et l'Imprimerie dans la Principauté de Montbéliard du


XVIe au XVIIIe siècle", in Le livre en Franche-Comté, Recherches, Nouvelle Revue Franc-Comtoise,
Dole, 1984, p. 103-120.
22 Cf. note 2.
Le latin et la Réforme à Montbéliard 245

la période de 1587 à 1724, plus une centaine d'autres pour la fin du XVIIIe siècle.
Après la riche phase d'établissement jusqu'en 1618, il y eut ensuite une contraction
pendant toutes les guerres du XVIIe siècle, avec un trou pendant celle de Trente Ans.
Dans la première période, il parut 172 livres, soit en 46 ans, 57,4% de la production,
puis 128 ouvrages (42,6%) pendant les 90 années suivantes.
L'analyse des impressions montre que le français est utilisé à égalité avec le
latin et l'allemand de 1557 à 1618 (55 + 50 + 54 et un ouvrage en 4 langues). Ensuite,
le nombre des impressions françaises ne cessa d'augmenter et les autres de fléchir.
Français : 81 livres, allemand : 27, latin : 26 et 6 ouvrages bi ou trilingues (1 en latin,
allemand et français, 1 en allemand-latin, 3 en allemand-français, 1 en latin-hébreu),
enfin 1 en quatre langues, nous y reviendrons ; le français l'emporte avec 45,33 %.
Il y a quatre ouvrages catholiques dont le Missel dit de Mandeure en latin de 1667
sur 131 livres luthériens. La théologie et les lettres dominent avec presque 80%
des impressions, les sciences avec 16 % et le reste 4 %. Ensuite, le "Siècle des
Lumières" ne marque pas les impressions de Montbéliard. À côté de quelques
livres, il n'y a plus que des placards, facta, plaquettes de circonstances (insipides
félicitations ou cyprès mortuaires...). Ainsi, de 1724 à 1793, il n'y a que 26
ouvrages dignes du nom de livres avec 6 catéchismes dont un catholique, 2 liturgies
luthériennes pour le Pays de 1741 et 1766, 3 livres d'édification et 2 de théologie,
3 psautiers de Marot et Th. De Bèze, 4 livres de littérature dont une grammaire latine,
un cours de la sphère et Géographie Universelle et 3 grandes ordonnances du
souverain (ecclésiastique en 1726, Hôpital en 1768 et Eaux et Forêts en 1780) et nous
laissons de côté 111 courts feuillets d'ordonnances princières pour la période.
Les ouvrages religieux (les 3/4) montrent toujours la présence du luthéranisme
avec psautiers, liturgies, livres de prières et la première impression de la Confession
d'Augsbourg en français en 1767. C'est un pauvre bilan au "Siècle des Lumières et
de la Philosophie".
Mais pour rester dans le sujet, nous voudrions évoquer deux ouvrages
particulièrement intéressants datés de 1615 et 1716.
D'abord : Le Galatée de J. de la Case en quatre langues, imprimé par J. Foillet
en 161623, qui est en latin, français, allemand et espagnol, un traité de civilité pour la
jeunesse, en format de poche avec titre explicatif, dont la disposition typographique
est remarquable. Elle montrait le savoir-faire de Foillet qui imprima aussi des livres
à planches (sciences, fortifications, botanique, animaux ; ex : les ouvrages
de Bauhin, Flamand).

[Jean de la Case], Le Galatée, premièrement composé en Italie par J. de la Case, et depuis mis en
françois, latin, allemand et espagnol. Traité très utile et très nécessaire pour bien dresser une jeunesse
en toutes manières et façons défaire louables, bien receues et approuvées par toutes gents d'honneur
et de vérité et propre pour ceux, qui non seulement prennent plaisir en la langue latine mais aussi aux
vulgaires qui pour le jour d'huy sont les plus prisés, À Montbéliard par Jacques Foillet, MDCXV,
619 p., format 3 χ 1 1 ,5 cm.
246 J.-M. Debard

Puis, c'est une découverte lors d'une vente récente, un livre inconnu de Roux :
la Nomenclatura trilinguis germanico-latino-gallica in usum Schola Latinae
Montbelgardensis, Montbelgardi apud Johann Jacobum Biberum serenissimi
principis typographum, 1716, in 12. Dont l'intérêt apparaît, c'était le vocabulaire en
usage à l'École Latine. Le Cellarius peut-être ? Il porte en marge manuscrite :
"ad usum Capucini", marque des Capucins voisins, de Belfort24.

Somme toute, une imprimerie qui fut surtout marquée par J. Foillet
(fin XVIe, début XVIIe siècle) avec quelques rares réussites postérieures. Puis ce fut
la quasi-disparition du latin au XVIIIe siècle. Les livres, moins chers, étaient alors
achetés ailleurs, en Allemagne et en Suisse. Le Montbeliard était un petit marché de
consommation, entouré, menacé par la France et contraint pas les questions
politiques et religieuses dans une situation obsidionale de survie. Ceci explique
peut-être cela. L'imprimerie n'a survécu que par des travaux mineurs et quelques
livres pieux, elle ne reprendra vie qu'au début du XIXe siècle, avec les Deckherr,
mais ceci est une autre histoire.

Montbéliard, terre luthérienne, a donc connu du XVIe siècle au XVIIIe


l'implantation d'une imprimerie ducale surtout marquée par les travaux de Foillet.
Le prince souverain avait voulu avoir aussi, parallèlement, un développement scolaire
lié à la Réforme. D créa une école française primaire, paroissiale et à Montbéliard une
école secondaire ou "École Latine" puis "Gymnase" où au XVHF siècle on continua à
enseigner le latin. La pédagogie et la méthode, comme partout, étaient fondées sur la
mémorisation (le par cœur), la répétition et les exercices sur les auteurs classiques.
On rappellera que les élèves ne devaient parler que latin à l'école et même au dehors !
Organisé par l'ordonnance de 1559, revigorée en 1724, cet enseignement des langues
anciennes (latin, grec et un peu d'hébreu) était destiné à former l'élite d'un petit pays
environné de terres catholiques. Malgré les tourmentes de l'histoire au XVIIe et
XVIIIe siècle, il put se poursuivre. Toute l'intelligentsia montbéliardaise passa par ce
moule de "l'École Latine/Gymnase" avant de pouvoir, isolément pour les riches,
en groupe pour les boursiers du prince (6 par an), partir faire des études supérieures à
Tiibingen, Stuttgart, Bâle et Strasbourg... Par le nombre de ces étudiants, près de
1000 pour la période dont 500 théologiens futurs pasteurs, des médecins, des avocats,
des notaires, des fonctionnaires du Conseil de Régence, il faut croire que les résultats
obtenus à Montbéliard permirent de tels cursus avec l'émergence de plusieurs
célébrités, des théologiens, des médecins (Bauhin, Binninger...), un historien
(Charles Duvernoy), des juristes (les Parrot, Perdrix, Rossel...), de nombreux
pédagogues (les Masson. . .) et un grand savant Georges Cuvier.

Il y eut pourtant une rupture en 1793 lors de l'annexion du Montbéliard par la


France et la suppression du "Gymnase". Mais dès 1810 et jusqu'à nos jours, "l'École

24 La Nomenclatura trilinguis, exemplaire unique, a été préemptée par la Bibliothèque Municipale


de Besançon où on peut le consulter (format 1 2 χ 1 6,5 cm), cf. note 1 7.
Le latin et la Réforme à Montbéliard 247

Latine" a poursuivi son chemin par un nouveau "Collège" devenu ensuite le "Lycée
Georges Cuvier". La Réforme avait ainsi continué et amplifié l'enseignement, dont
celui du latin et des auteurs classiques à Montbéliard depuis le XVIe siècle. Mais qui
aujourd'hui serait encore capable de parler latin couramment et de faire un acte
oratoire en latin ou en grec comme les élèves du Gymnase en 1787 ?

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