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vocabulaire
technique
de la
psychomécanique
du
langage

© PressesUniversitaires de Rennes 2
et Laboratoire du CERLICO
Dépôt Légal : 2' trimestre 1990 ISBN : 2-86847-039-4
Composition, mise en page, maquene : PUR 2
Impression,reliure,façonnage :Service de Reprographie
catherine Douay da n iel Roulland
vocabulaire
technique
de la
psychomécanique
du
langage

Gustave Guillaume (1883-1960) enseigna la linguistique à


l'Ecole Pratique des Hautes Etudes de 1938 à 1960. Il publia
en 1919 sa thèse surLe problème de l'article (et sa solution
dans la langue Pançaise). Cet ouvrage, d'un exceptionnel
intérêt, est dédié à Antoine Meillet qui fut son directeur
d'études à partir de 1909. Il s *agit d'une thèse de doctorat,
élaborée en grande partie avant la parution en 1916 duCours
de Linguistique Généralede F. de Saussure, et qui développe
l'idée centrale de lathéorieque le langage s'articule autour du
rapport dynamique entre le plan effectif des énoncés réalisés
et le plan potentiel, ou, mieux, « puissanciel x, des conditions
de leur réalisation. Contrairement à F. de Saussure qui pro-
Cet ouvrage posait, selon le texte duCours, une dichotomieentre la langue
a été préparé et la parole fondée sur des nécessités de méthode, Gustave
avec la collaboration Guillaume s'attachait àpenser et démontrer l'opérativité réel-
de le des relations entre les deux plans. Son apport — qu'il situait
Georges Garnier volontiers dans le sillage du Cours, tout en rappelant l'ori-
pour ; ginalité du dépassement qu'il en offrait- consiste ainsi en une
Aspect - Chronogénèse - Chronotype application des caractéristiques de la méthode à l'objet lui-
Conjugaison - Enexie - Indicatif même, application réaliste et maintes fois justifiée par
Interjection - Prédicativité - Présent - Verbe. l'auteur qui avait reconnu que la linguisfique n'était pas - ne
pouvait pas être - une science comme une autre. Science du
et langage qui permet la science - science d'une avant-science
donc, aimait-il àdire — la linguistique nepouvaitpas seconten-
Didier Samain ter de méthodes scientifiques ordinaires. Si elle voulait véri-
pour : tablement percer les secrets du langage, il lui fallait théoriser
AnalyselSynthèse - Causation - Cinétisrne ou plutôt, bien plus exactement, partir à la découverte de la
EspacetTemps - Fait - Phonème théorie qu'est le langage lui-même. Gustave Guillaume ne
Phonétique - Phonologie - Psychosémiologie voulait pas éviter le problème de la circularité par quelque
QualiftcatiflQuantitatif - Synthétique - Thématique astuce de méthode. H voulait l'attaquer de front. Il voulait
patiemment, et avec l'humilité qui fait le scientifique, fusion de la théorie aussi efficace que possible. Par ailleurs,
démonter les rouages par lesquels notre pensée, sans cesse et cette théorie n'a, comme toute théorie, aucun acquis définitif
avec unefacilité qui ne peutque surprendre, se forme etse et intangible. Elle doit vivre et se développer et être soumise
transforme dans le langage, par lui, et avec lui. Il voulait les à discussion et évaluation.
retrouver à partir de leurs effets audibles, visibles, appréhen- C'est pour ces deux raisons que nous avons entrepris le pré-
dables, découvrir les opérations cachées mais obligées qui en
sent travail sur les « mots » de Gustave Guillaume. Nous
étaient à l'origine.
espérons qu'il viendra s'ajouter efficacement aux textes exis-
Pour autant, et malgré les termes aujourd'hui encore ambigus tants et remplira, ne serait-ce que partiellement, ces deux
qui désignent la théorie (psychosystématique, psychoméca- foncfions : faciliter l'accès à la psychomécanique et être un
nique, ...etc), Gustave Guillaume ne faisait ni psychologie, ni instrument de référence commode pour la recherche. 11 se
philosophie, ni logique. Bien qu'il connût parfaitement les présente comme un glossaire recensant sous 236 entrées les
développements des sciences d'observation, bien qu'il fût notionsguiùaumiennes principales.Sans pouvoir en aucune
constammentintéressé par la réflexion philosophique, il éla- façon se substituer aux introductions existantes, il entend les
borait une science du langage dans toute sa rigueur. complétercomme un guide ou un index développé du texte
Les outils et méthodes qu'il fallait furent mis en place avec guillaumien lui-même.
Tempset Verbe, paru en 1929. Puis de 1933 à 1958, le travail Par ailleurs, une réflexion sur la terminologie, en psychomé-
de Gustave Guillaume donna lieu à la publication des articles canique, ne se justifie pas seulement — loin de là —par la com-
réédités dansLangage er Science duLangage par Roch Valin modité et le souci pédagogique. Si, selon l'expression de
en 1964. A partir de 1971 a été entreprise la publication des Condillac, la science est une langue bien faite, la théorie
notes manuscrites des cours de l'Ecole Pratique des Hautes scientifique est undiscours sur les choses. Elle a ses concepts,
Etudes à l'initiative également de Roch Valin, sous le fitre son lexique, sa grammaire, et elle organise le monde par son
Leçons de Linguistique de Gusiave Guillaume. Sont actuel- système de références. Les mots, dans la théorie scientifique,
lement parus 10 volumes. Des extraits essentiels ont été com- sont essentiels. Hs y réclament un soin constant, demandent
pilés dans un recueil paru en 1973,Principes de Linguistique vérifications et recoupements, n'acquièrent finalement droit
Théorique de Gustave GuiIlaume. Ce recueil a été traduit en de cité qu'après un long et patient examen de leur pertinence.
anglais par W. Hirtle et J. Hewson en 1984 sous le titreFoun- Nous savons combien l'apprentissage d'une théorie et d'une
darionsfor aScienceofLanguage. L'ensemblereprésenteune science vade pair avec la découverte des mots qu*on y
documentation importante et qui ne cesse de s'accroître avec emploie. Peut-êue même ce qu'on peut appeler l'évolution
lesvolumes desLeçons.Parailleurs,les recherches s'inspi- des sciences trouve-t-elle sa source dans le décalage entre les
rant du travail de Gustave Guillaume ou se réclamant expli- mots de la théorie et les mots de la prarique, dans le légitime
citement de la théorie sont nombreuses et diversifiées. Une étonnementdu chercheur face àl'acte même de conceptuali-
bibliographie détaillée est disponible au Fonds Gustave Gui- sation.
llaume de l'Université Laval à Québec. Comme toute science, la linguistique a son vocabulaire et ses
On ne peut s'empêcher de noter que, malgré cette activité et tournures d'expression. Mais comme elle est science du lan-
ces textes, la théorie guillaumienne n'est pas toujours bien gage, la question s'y présente, ainsi que nous l'évoquions plus
connue, quoiqu'on en discerne l'influence en filigrane dans haut, d'une manière singulière. Derrière les mots qu'elle étu-
une grandepartie de lalinguistique française. Les raisons sont die se dessinent non pas des choses ou même des classes de
sans doute multiples et variées selon les linguistes, et les choses mais à nouveau et toujours des mots. La linguistique
objections théoriques existent. Mais uneraison nemanquepas est un absolu d'intellection. Leproblème qui s'y pose dès lors
d'être soulignée qui est que le texte guillaumien est difficile ne se trouve même plus être l'adéquation du mot par rapport
à lire. Cette difficulté vient de l'originalité d'une pensée qui à la chose mais la pertinence même du mot et celle du pro-
s'est développée en marge du structuralisme pour une part. cessus dont il a concrétisé la trace. Plus qu'ailleurs, en lin-
Pour une autre part, elle vient du texte lui-même souvent guistique, le mot est clé, clé de la mouvance de la pensée, clé
tellement concis et abstrait qu'il n'est compréhensible qu'à du rapport aux choses, clé de l'intellection. Plus qu'ailleurs,
l'aide des acquis d'une longue pratique. Ainsi la publication le mot peut aussi masquer de son opacité le vide ou l'incohé-
des textes guillaumiens et surtout des Leçons doit s'accom- rence. Le mot peut aussi être l'arme de l'ignorance.
pagner d'une abondante information qui permette une dif-
On peut s'efforcer — cela a été fait - de réduire lapart du mot
pour limiter ces risques et accroître lapuissance de la théorie. mologie très souvent éclairante de ce néologismes, étymo-
Libérée du mot, elle flotte dans un abstrait inteùectif sans logieque nous avons rappelée icipour de nombreux termes.
contrainte et parcourt d'un seul regard un univers sans espace Ensuite, ce lecteur aurait apprécié depouvoirresituer leterme
et sans temps, sans limite et sans direction. Le vocabulaire
problématique dans l'ensemble de la théorie, et de pouvoir en
théorique devient simple auxiliaire, la phrase devient objec-
évaluer l'importance d'une manière commode et rapide qui
tale et trompeuse dans sa forme de surface. Le langage lui-
lui simplifie le travail de lecture. Enfin, il aurait aimé être
même devient une enveloppe qui, au lieu de servir l'âme
guidé dans les textes guillaumiens et pouvoir se reporter tout
rationnelle, la cache et la trouble.
de suite à d'autres contextes susceptibles de compléter, enri-
O n peut aussibien,et,croyons-nous, avec grand profit,pren- chir ou nuancer son information. Il vasans dire que le système
drejustement lemotcommeobjet. Réfléchit-on assez souvent de référencesfourni pour chaque terme permet d'examiner
sur ce fait étrange que la linguistique structurale n'a pas de l'évolution du concept défini dans la pensée de l'auteur.
définition du mot ? Dit-on assez que le mot est autre chose Nous espérons que leprésent ouvrage répondra àces attentes
qu'un espace typographique plein entre deux blancs sur une et qu'il encouragera la lecture et la méditation d'une ceuvre
page écrite ? La systématique de Gustave Guillaume est une riche et stimulante. Au delà de cette utilité pratique et directe,
de ces théories où ces questions sont posées. Elle a ses fai- nous espérons qu'il aidera à stabiliser l'acception des termes
blesses, elle a sa force aussi. Elle est comme toute théorie utilisés en systématique et, sans préjuger de la nécessaire et
authentique un essai de réponse etne secachepas la difficulté inévitable évolution de la théorie, garantira une certaine
du travail. Elle plaide la cause scientifique. fidélité au texte de son fondateur.
Gustave Guillaume aimait les mots. Lalecture de ses articles,
même des manuscritsde ses conférences à l'EcolePratique C. Douay D. Roulland Mars 1990
des Hautes Etudes étonne par la qualité de l'expression, la
justesse du terme, la conviction du ton. On comprend qu'il ait
dû exercer une véritable fascination sur son auditoire. Ces
textesont en eux de la poésie.Chaque paragraphe, chaque
phrasemême, chaque mot révèle une recherche de perfection
formelle propre à mieux traduire la finesse des concepts et de
leurs implications. Sans qu'on puisse l*accuser de cultiver le
néologisme — car quelle science pourrait-elle ne pas créer de
mots àmesure qu'elle élabore ses concepts ? -il s'interrogeait
sans cesse sur l'exactitude des termes employés et proposait
volontiers un nouveau mot avec la même facilité et souvent
le même bonheur qu'il proposait une nouvelle hypothèse. Il
lui paraissait toujours urgent de jalonner sa marche, debaliser
l'espace que sa théorie devait couvrir. On trouve ainsi, avec
l'ensemble terminologique central, des mots qui ou bien ont
étéessayés une foisoubien neréapparaissent qu'àl'occasion,
en fonction de la question traitée.
La lecture de cette ceuvre est certes - il ne faut pas le nier-
difficile. Mais on aurait tortde crier à l'hermétisme. Une fois
un terme compris et accepté, il ne présente plus aucune dif-
ficulté en tant que tel. Le lecteur de Langage er Science du
Langageaurapu garderun souvenirquelquepeu pensifde tel
article théorique sur la notion de système ou sur les rapports
entre observation et explication en linguistique. En fait, s'il
avait été averti de la terminologie, il aurait pu accéder plus
facilement à l'idée que l'auteur y développait et à sa pensée.
Déjà nombre d'obstacles tombent lorsqu'on considère l'éty-
BIBLIOGRAPHIE Leçons de linguistique de Gustave Guillaume,1949-50, série
A, Structure sémiologique et structure psychique de la langue

ET ABRÉVIATIONS française II,publiées parR .Valin,Q uébec,Presses de l'Uni-


versité Laval, et Paris, Klincksieck, 1974, 223p.

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çaise, Paris, Hachette, 1919, rééditépar R.Valin, Paris, Nizet, tèmes li ng uistiques et successivité historique des systèmes 11,
et Presses de l'Université Laval, Québec, 1975, 318p. publiées sous la direction de R.Valin, W.Hirtle et A.Joly,
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versitaires de Lille, 1982, 311p.
Temps et verbe,Paris, Champion, 1929, réédité avec l'Archi-
tectonique du temps dans les langues classiques, Paris,
Champion, 1970, 134p. Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 1945-46, C,
TV
Grammaire particulière dufrançaisetgrammaire générale
L'archttectonique du temps dans les langues classiques, I, publiées sous la direction de R.Valin, W.Hirtle et A.Joly,
Copenhague,hfunksgaard, 1945, réédité avec Temps et Québec, Presses de l'Université Laval, et Lille, Presses Uni-
verbe,Paris, Champion, 1970,66p. versitaires de Lille, 1985, 332p.
AT

Langage et science du langage,(recueil posthume d'articles Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 194546, A,
parus entre 1933 et 1958), Paris, Nizet, et Québec, Presses de Esquissed'une grammaire descriptivedela languePançaise
l'Université Laval, 1964, 287p. IV, publiées sous la direction de R.Valin, W.Hirtle et A.Joly,
LSL Québec, Presses de l'Université Laval, et Lille, Presses Uni-
versitaires de Lille, 1987, 360p.
Principes de linguistique théorique de Gustave Guillaume,
recueil de textes inédits préparé en collaboration sous la
direction de R.Valin, Québec, Presses de l'Université Laval, Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 1947-48, C,
et Paris, Klincksieck, 1973, 279p. Grammaire particulière dufrançaisetgrammaire générale
PLT
III, publiées sous la direction de R.Valin, W.Hirtle et A.Joly,
Québec, Presses de l'Université Laval, et Lille, Presses Uni-
Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 1948-49, série
versitaires de Lille, 1987, 360p.
A, Structure sémiologique et structure psychique de la lang ue
française I, publiées par R.Valin, Québec, Presses de l'Uni-
versité Laval, et Paris, Klincksieck, 1971, 269p.
LL1 Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 1946-47, C,
Grammaire particuliè re dufrançaisetgrammaire générale
Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 1948-49, série Il, publiées sous la direction de R.Valin, W.Hirtle et A.Joly,
B, Psycho-systématique du langage - Principes, méthodes et Québec, Presses de l'Université Laval, et Lille, Presses Uni-
applications I, publiées par R.Valin, Québec, Presses de versitaires de Lille, 1989, 294p.
l'Université Laval, et Paris, Klincksieck, 1971, 222p.
LL2
Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 194344, A,
Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 194849, série Esquissed'une grammaire descriptive de la languejançaise
C, Grammaire particulière dufrançaisetgrammaire géné- Il, publiées sous la direction de R.Valin, W.Hirtle et A.Joly,
raleIV, publiées par R.Valin, Québec, Presses de l'Université Québec, Presses de l'Université Laval, et Lille, Presses Uni-
Laval, et Paris, Klincksieck, 1973, 256p. versitaires de Lille, à paraître en 1990.
LL3 LL10
PRÉSENTATION mentaire visant à préciser la portée du concept dans l'ensem-
ble de la théorie ou par rapport à d'autres approches. Nous
avonsparfoiségalement amorcé dans cettepartie une réfl ex-
ion critique s'il nous aparu qu'elle permettait de mieux com-
Ce vocabulaire a été conçu de façon à offrir au lecteur un prendreleconcept traité. Mais en aucune façon ce vocabulaire
instrument de travail et de réflexion commode et rapide. Les ne se veutcritique et son souciprincipal estlafiidélité àl'esprit
236 entrées sont définies parordre alphabétique etregroupées et à la lettre de Gustave Guillaume.
à la fin du livre dans un index alphabétique et un index thé- A la fin de chaque définition est fourni un système de réfé-
matique. Les notions complémentaires (par exemple « phy- rencesgrâce auquel on pourra non seulement retrouver rapi-
sisme » et « mentalisme ») ont été regroupées sous une seule dement les pages les plus éclairantes sur laquestion dévelop-
entrée ainsi que les notions secondaires, ce qui limite les pée, mais aussi suivre l'évolution de lapensée de l'auteur. Le
reports et les redites. L'entrée se limite alors d'ordinaire à un but de ce vocabulaire étant de simplifier le travail du lecteur
rappel de sa définition. Nous avons utilisé également des en lui permettant d'accéderrapidement àl'essentiel, ces réfé-
indications d'ordre étymologique qui éclairent souvent rences ont été sélectionnées. Un recensement exhaustif des
d'emblée la signification du terme traité etpermettent de s'en occurrences de termes comme« langue » ou « effet de sens »
souvenir facilement. n'aurait aucune signification et égarerait le lecteur plutôt que
Le format réduit nous a semblé tout particulièrement adapté de lui fournir les éléments de réflexion qu'il recherche.
à ce type d'ouvrage qui seveutun guide,un aide-mémoire,et Les citations uùlisées dans les définitions ontun renvoi direct.
un recueil systématique de références. Ces citations apparaissent en italiques grasses afin d'être
immédiatement repérables.
Nous avons souligné en italiques des exemples ou des for-
1. Les définitions mulations typiquement guillaumiennes.
Certaines définitions sont accompagnées d'un renvoi secon-
Le nom del'entrée esten gras eten capitales,accompagné de daire à d'autres entrées au cas où les explicitations se com-
sa traduction anglaise en italiques, que nous avons fournie plètent et permettent là encore de mieux cerner le concept
pour tous les termes, d'une part parce que Gustave Guillaume traité.
est lu dans les pays anglophones et d'autre part parce que
l'anglais est couramment utilisé dans le monde scienùfique.
Nous avonségalement ainsi voulu répondre à la demande
2. Index
d'étudiants d'anglais, préparant par exemple l'option lingui-
stique de l'agrégation. La traduction fournie utilise les pro- On trouvera d'abord un index alphabétique recensant les 236
positions de John Hewson et Walter Hirtle dansFoundations termes avec leur traduction anglaise. Cet index est repris
for a Science of Language ou s'appuie sur l'usage courant. ensuite dans l'ordre alphabétique de ces traductions. L'index
pour certainstermes, nous avons été amenés à proposer thématiqueregroupe les concepts définispargrands secteurs
nous-mêmes une traduction originale. Nous avons eu quel- théoriques. H fournit ainsi au'lecteur un premier classement
ques difficultés avec des néologismes tels que« puissanciel » qui lui permetd'unepartde situerletermerecherché etd'autre
oumême « puissance »,préférables en français à « potentiel » part de visualiserrapidement le contenu du vocabulaire sur de
ou « potentialité » alors que les seuls mots anglais dispo- grandesquestions.Nous avons hiérarchisé lessecteursthéori-
nibles, d'ailleurs utilisés par J.Hewson et W.Hirtle, sont ques le moins possible, mais il nous a paru naturel de placer
« potential » et « potentiality ». Nous avons préféré traduire la systématique générale et la typologie en premier. Cet index
au plus juste, quitte à perdre parfois la subtilité du terme thématique est donc une première approche de la définition
guillaumien. On trouveraàcôté les indications étymologiques des termes guillaumiens, mais il peut aussi constituerun guide
éventuelles. de travail permettant d'aborder la psychomécanique de
Le corps de la définition se subdivise selon les besoins en manière ordonnée. Il peut également suggérer au lecteur des
deux, voire trois parties, parfois plus : d'abord une définition compléments de lecture utiles en signalantdes regroupements
concise du terme, puis une explicitation de cette première qui sont spécifiques à cette théorie et ne se retrouvent pas
définiùon et enfin, pour les notions plus importantes, un com- nécessairement dans la tradition linguistique.
ACCOMPLI - 17

3.Note ACCO M P L I (acc omplished)


Nous avons conservé dans les citations de G.Guillaume les
Les termes accompli, inaccornpli, en accomplissement
chevrons (c>) qui sont utilisés pour signaler une lecture
s'appliquent à la distinction, au sein des événements signifiés
conjecturale desmanuscritsdans leséditionsdes Leçons.Les
par les verbes, entre lapartie présentée comme étant àréaliser
termes soulignés par l'auteur sont transcrits entre guillemets
et la partie présentée comme déjà réalisée. Par exemple, pour
français(« x ). Nous n'avons pas pu éviter de répartir le trai-
lepassé français, leprétéritdéfinipermetde tenir l'événement
tement complet de certaines questionssur plusieurs entrées,
tout entier en accomplissement, du début jusqu'à la fin, alors
en raison même du format alphabétique adopté. Aussi les
que l'imparfait retranche de cet accomplissement une partie
regroupements thématiques suggérés dans l'index indiquent
plus ou moins importante dedéjà accompli, ce qui provoque
quelles sont les entrées complémentaires dont la lecture est
un effet de suspension. Ces termes peuvent s'utiliser comme
souvent indispensable en fonction de la dimension du sujet
équivalents simplifiés d'incident (en accomplissement) et de
traité
décadent (accompli).
Il faut se garder d'interpréter ces notions d'accompli/inac-
compli/en accomplissement en termes de réalisation effec-
tive, totale ou partielle des événements. Il s'agit de formes de
représentation du procès relativement au sujet. Ainsi dans
l'imparfait français, laprésence d'une parcelle d'accompli ne
rend pas l'événementplus ou moins réel mais sert simplement
àdonnerl'image d'un sujetperçu dansun événement encours
d'accomplissement : Quand il l'appela, elle f inissait de se
préparer. C'estainsiquelapartd'accompli,ou de décadence,
peut être utilisée de manière purement formelle et provoquer
alors un effet de suspension qui est un effet d'irréalité dans .'
Heureusement que tuétais là, un pas de plus eije tombais !
( =je serais tombé} ou dans : Sans ton aide, j'étais perdu
(=j'aurais été perdu)

LSL : 201
PLT : 168-171

ACTE DE LANGAGE (act of language)

L'acte de langage ne commence pas exactement avec


lémissionde paroles destinéesà exprimer la pensée mais
avec uneopération sous jacente, ou siPo n veut subsidente,
qui estl'appel que la pensée en instance d'expression
adresse àia langue, dont l'esprita la possession perma-
nente. (pLT : 137}
Par conséquent, l'étudede l'acte de langage, si elle seréduisait
à l'étude de la combinatoire des morphèmes et des groupes
dans le discours oral ou scriptural, ou bien même à celle des
gestes, n'en percevrait que les tout derniers instants. Elle ne
ferait que constater les résultats ou les conséquences sans en
expliquer le développement complet. L'opération qui
consiste àdireprésupposelamobilisation demoyens institués
18 - ACTIF ADIECTIF - 19

en langue, au terme d'opérations glossogénétiques. Ceci sont dans ce rapport d'actualisation, l'avant étant virtuelle-
revient à dire que les opérations productrices du discours sont ment sa propre conséquence, et l'après étant la version
inséparables des opérations productrices de lalangue : langue actuelle (actualisée) de sa condition.
etdiscourssont lesdeux faces du phénomène qu'estl'acte de Le système de l'article, que G. Guillaume utilise sans cesse
langage lui-même. La langue est, dans l'acte de langage, comme référence, estun exemple trèsclairde ce type derap-
l'avant détenteur du savoir-dire puissanciel systématisé et le ports puisqu'il institue entre un et le la forme même du pro-
discoursl'après, lieu du dit résultatif. cessus d'actualisation du substanùf. En règle générale, le
problème d'expression et le système de représentation sont,
PLT : 137-146 et passim à ce niveau, isomorphes.

LL2 : 39,53
ACTIF (active) LIA : 192-193, 201-202
LL5 : 20-21
Lavoix active est une voix analytique, comme lavoixpassive, PLT :70
par opposition à la voix moyenne synthétique. Le sujet d'une
construction verbale active est en position logique de sujet et
porteur uniquement de la fonction dynamique d'agent. A la
AD JECTIF (adj ective)
voix passive, le sujet logique est porteur de la fonction dynà-
mique de patient. La voix moyenne pose le sujet Iogique à la L'adjectif est la partie du discours destinée, dans le plan
fois comme agent et patient. nominal, à l'incidence externe de premier degré. Autrement
cf.voix dit, l'adjectif (de même que le verbe dans le plan verbal) peut
recevoir en discours n'importe quel support. Beau peut en
effet se dire de toute espèce d'être : un beau livre, un beau
paysage, une bellejournée, une belle fille, un bel exposé...
ACT U E L / V I R T U E L (act u al/virtual) Figurativement, dans un groupe nominal tel queun beau livre,
En général cesdeux termes sont employés dans leuracception on peut représentercerapport d'incidence de la m anière sui-
commune, actuel désignant ce qui existe effectivement au vante :
moment présent,virtuel ce qui existe puissanciellement et est un livre(support) ( beau (apport)
donc appelé à être (LLe :1921.En chronologie idéelle, la dis-
tinction virtuel/actuel recouvre la successivité de l'avantet de C'est ce mécanisme d'incidence qui distingue l'adjecùf du
l'après. substantif :
Par exemple, dans l'opéraùon de construction de l'image- Le propre du substanti f estd'avoir une incidence interneà
temps qu'est la chronogénèse française, en langue, le mode l'apport de signification, et le propre de l'adjectif d'avoir
subjonctif est vu précéder le mode indicatif. Il s'ensuit qu'en une incidence externeà l'apport de signification. (LL3 :so)
discours le subjonctif est apte à l'expression du virtuel tandis C'est là la seule différence entre les deux parties du discours
que l'indicatif est en affinité avec l'expression de l'actuel. adjective et substantive, toutes deux appartenant au plan
Plus généralement, cette distinction est en fait celle qui à la nominal. Il suffit derendre l'adjectif incident à lui-mêmepour
fois différencie et associe la langue et le discours dans le lan- qu'il devienne substantif et, de même, rendre le substantif
gage. L'acte de langage est une actualisation de la langue incident à un support externe revient à l'adjectiver. Beau et
virtuelle. Les systèmes sont des représentations instituées de vraisontsubstantivésdans :Le beau estle second visage du
ce rapport fondamental. S'il fallait résumer d'un mot la vrai et le titre substantif Henri IV est adjectivé dans : unfau-
conception guillaumienne du langage, c'est certainement teuil Henri IV.
celui d'actualisation qu'il faudrait retenir. On reconnaîtra Les incidences de l'adjectif et du verbe sont toutes deux
dans ce concept lesdeux valeurs-clé de lapsychomécanique : externes du premier degré. Mais elles ne sont pas identiques.
le dynamisme opératif et la chronologie (soit temporelle, soit Le régime d'incidence du verbe avec l'incorporation d'une
idéelle) entre le précédent et le subséquent. Le rapport lin- incidence à la personne se détermine dès la langue alors que
guistique existe à partir du moment où les termes qu'il associe c'est en discours seulement que l'adjectif obtient une inci-
20 - ADVERBE
AIRE GLOSSOGÉNIQUE - 21

dence exteme à personne nominale ILL2 :145). En français,


du tempsd'univers,parréférence au présentetdansl'au-delà
cette incidence tardive se manifeste sémiologiquement par un
de celui-ci. Le futur afférent au présent (( ) est un
accord ennombre, en genre eten cas.D' autre partl'adjectif
futur porté par un cinétisme temporel descendant, qui mène
achèveson entendement à l'univers-espace etnon comme le
au présent; il caractérise, selon G. Guillaume, le grec ancien.
verbe à l'univers-temps.
Le futur efférent à parùrdu présent ( > ) estfut un
ur
LL2 : 137,138,142,144,149,152,160,161 porté par un cinétisme temporel ascendant, qui éloigne du
LL3 : 53,54,59,63,228 présent; il caractérise par exemple les langues romanes.
LL4 : 201 Lefutur efférent, c'est le temps dont l'extension part de la
LSL : 250 personne humaine et se déveioppe, s'ouvredevant elle,afin
PLT : 203,204,206-208
qu'elle puisse y porter son activité. Lefutur afférent, c'est
Parrivéeà la personne humaine du temps destructeur qui
livretoute chose etlapersonne humaine elle-mêmeau passé
mort. (AT: 49)
ADV E R B E (ad v erb)
L'adverbe se définit comme la partie du discours porteuse Futurafférent
d'une incidence externe de deuxième degré. Futurefférent
PRÉSENT
Ainsi, dans un très beau livre, très n'est incident ni à livre ni
à cher mais à l'incidence de l'adjectif au nom. C'est cette Si l'on prend en compte ce phénomène de la double visuali-
incidenceàuneincidenceen cours qui faitdetrèsun adverbe : sation du temps, l'analyse de l'architecture verbo-temporelle
deslangues permet des comparaisons :en anglais,parexem-
très (apport de 2' degré)
ple, le transpassé de l'indicatif (= présent-futur) est efférent
oo iiv e(aopport) < ~ ch r i ep p ort de l' degré) àpartir de l'instant deconscience actuelle ouprésentdeparole
(l), le passé étant afférent à celui-ci :
Cette situation estrécursive et l'adverbepeut aussi bien avoir
une incidence du troisième degré comme dans la phrase
anglaise:theypondered every term verycarefullyoù very est asse a ferent ranspasse e erent
incident à l'incidence de carefully à pondered, lui-même (i)
incident à son support personnel they. (anaclase)
L'adverbepeut être adverbe de langue,avec parexemple en Ceci explique que les deux temps simples de l'indicatif
français la terminaison -ment qui interdit au mot de sortir de anglais maintiennent l'événement en stricte incidence,
sa conditiond'adverbe, ou adverbe de discours, c'est-à-dire c'est-à-dire dans le cinétisme ascendant du temps d'univers
adoptant une incidence adverbiale en discours seulement. porteur (I ranll run) et que les valeurs décadentes ne puissent
C'estle casen françaisdefort, adjectif dansunhommefort et s'obtenir que par périphrases(I amtwas running), en faisant
adverbe dansun homme fort pauvre. appel aux formes descendantes du mode quasi-nominal.
LL2 : 153,154,163
AT ) 4 9
LL3 : 226-229 LSL : 198
LL4 : 202 LL : 239
LSL : 251

AIRE GLOSSOG É N IQUE


AFFÉRENT/EFFÉRENT (glossogenic area)
(afferentlefferent)
[Lat. afferre : apporter, efferre : emporter] Dans le procès de construcùon des langues, les aires glos-
sogéniques correspondent à trois modes différents de défini-
Ces termes, à l'origine, s'appliquent strictement au futur, dans ùon du vocable :
les langues qui possèdent ce temps. Ils qualifient le cinétisme
Les langues d'un premier groupe (aire prime) définissent
22 - AMORPHOGCNIQ A NALYSE/SY~ S E - 23

leurs vocables au niveau du discours alors que dans l'aire De même, le mode quasi-nominal, mais dans le sens descen-
tierce, le vocable se définit en langue, prévisionnellement. dant cette fois, répartit ses trois formes (infinitif, participe
Entre les deux aires prime et tierce, l'aire seconde apparait présentet participe passé) en deux secteurs séparés par ce
moyenne et transitionnelle et le vocable s'y définit à la fois point anaclastique. L'infinitif est situé dans un secteur A
dans les deux plans : notionnellement en langue et fonction- exosystématique, ce que dénonce le signe de position ro :
nellement en discours.
Afin de fixerles idées, appartiennent à l'aireprime les langues Secteur B Secteur A
agglutinantes et isolantes, à l'aire seconde les langues à
singing to sing
racines de type sémitique et à l'aire tierce les langues flexion- I<
nelles. sung (anaciase)

cf.glossogénii, typologie En allemand, aucontraire, c'estleparticipepassé qui estisolé,


dans lesecteur B, avec comme signede position le préverbe
ge- (gesungen). L'infinifif et le participe présent (singen,
singend) sont associés dans le secteur A.
A M O R P H O G E N IQ U E
(non morphogenic) LL7 . 63-64,66,69,74

Les langues amorphogéniques comme le chinois mandarin


n'incorporent pas au vocabled'indications gramiraticales. Le
vocable se présente le plus souvent sous une forme mono- A NALYSE/ S Y N T H E S E
syllabique et invariable (caractère) autorisant toutefois cer- (analysis/synthesis)
taines compositions. Le morphème grammatical a exacte- [Gr.anaiusis : décomposition d'un tout ensesparties <anaiuein :
dissoudre, synthesis : composition, réunion c sun : avec+ thesis :
ment la même forme que le morphème lexical (comme un action de piacer]
caractère invariant), ce qui est typique de l'aire prime.
Ce sont les deux mouvements qui selon G. Guillaume condi-
LL2 : 23,&,2739,37,97,144,210,211 tionnent de manière générale l'exercice de la pensée.
LL4 : 103 sq L'analyse est dissociative, elle permet la saisie radicale. La
LSL : 94-98,114,115,275 synthèse est associative et aboutit successivement à la saisie
PLT : 54,219,228-230 lexicale et la saisie phrasfique.
Encore qu'il ait parfois un sens plus général, le couple ana-
lyse/synthèsereçoit en principe une acception technique dans
ANACLASTIQUE (anaclasfic) la terminologie guillaumienne. Lié d'abord au concept de
[Gr. anaklastos : réfiéchi, réfracté] saisie, il permet d'aborder cinétiquement la distinction du
puissanciel et de l'effectif : l'analyse est un mouvement des-
Terme qui désigne le point séparateur, le point de brisure ou cendant et dissociatif, producteur d'unités de puissance,et la
d'anaclaseentre le passé et le non-passé dans le mode indi-
synthèse est un mouvement ascendant, susceptible d'agglu-
catif et le mode quasi nominal des langues germaniques,par
tiner les unités de puissance en unités plus larges (saisie
exemple l'anglais. Cette langue en effet ne possède pas de lexicale) puis de les grouper en discours dans la phrase.
présent intégrant comme le français, avec deux parcelles L'alternance des deux mouvements est une nécessité cinéti-
(chronotypes) passée et future superposées. Son présent est
que de la pensée avant d'être le fruit d'une démarche intel-
totalement intégré et se présente comme une séparation, une
lectuelle volontaire, par exemple scientifique. Version dyna-
limite unique portée à l'intérieur de l'infinitude du temps.
mique de l'opposition large/étroit, elle foumit la baseintui-
C'est l'endroit où le passé démissionne au profit d'un non-
tionnelle des autres paires apparentées et notamment
passé, d'un présent-futur efférent etprospectif (aussi appelé des mouvements de particularisation et de généralisation.
transpassé) : G. Guillaume, que son appel occasionnel à la méthodeana-
lyrique inscrit dans la lignée de Condillac, conserve la
passé (I sang) transpassé (f sing) conception classique qui, dans analyse et synthèse, oppose le
(anaclase) simple et le composé. Son originalité est d'avoir articulé ce
24 - ANASTATIQUE
AORISTE - 25

couple sur l'opposition langue/discours. L'analyse se révé- morphème(grammatical). Parexemple, leverbe auxiliaire est
lant glossogénique et la synthèse praxéogénique, c'est anisotopepuisqu'il porte des indications morphologiques qui
l'occasion pour lui de se démarquer explicitement des lin- sont au départ propres au verbe lexical. L'article français,
guistiques dites dephrase enposantles smctures syntaxiques marqué engenre et en nombre, estun autre exemple de ce
comme indissociables des déterminations glossogéniques du déplacement de la morphologie vers un vecteur distinct.
vocable.

LL1 : 90,91 cf.morphologie


LL2 : 28,3i,35-36,70-7i,93

AOM S T E (aor i st)


ANASTATIQUE (am utali c)
[Gr. anastasis : résurrection] [Gr.aoristos : non limité, non déterminé <a(n) : négatif+ horos :
borne, limite)
Terme utilisé pour désigner la propriété qu'a l'auxiliaire de
recomposeravec un autreverbe un verbe secondaire capable L'aoristeest, universellement, du pointde vuepsychique, la
à nouveau d'être conjugué. forme verbale qui écarte de la pensée Popposilion de Pac-
Cette action anastatique de l'auxiliaire estvisibleen allemand compli dépasséà l'inaccompli perspectif. (AT :61)
parexempleavecwerdendontlerôle esld'imprimer auverbe Contrairement à l'imparfait français, qui distingue dans
uneimpulsion qui le porte au-deiù du présenr, limite qu'il l'événement l'accompli et l'inaccompli, l'aoriste maintient
ne saurait franchir de lui-même. (LSL :56). On obtient avec l'événementen accomplissement dans satotalité. Cette valeur
l'auxiliaire un futur que le verbe seul estincapable de fournir : permet et condiùonne la diversité des effets de sens observés
Ich werde schreiben pour j'écrirai. G. Guillaume signale dans le discours en français où l'aoriste est représenté par le
égalementle futur imperfectif durusse formé avec l'auxiliaire prétérit déftni ou passé simple. Ainsi dans l'exemple proposé
byt' et l'infinitif, à côté du futur perfectif formé à l'aide d'un par G. Guillaume : Pierre se leva et travailla longtemps, le
préverbe :Ia budu pisat' et ia napishu. prétérit défini n'a pas pour fonction de marquer la durée plus
Certaines positions du système peuvent être tenues pour des ou moins brève des événements mais d'indiquer que,quelle
cas limites au-delà desquels le verbe est mort systématique- que soitla durée considérée, brève ou longue, elle se déve-
ment (LSL:57). L'auxiliaire alors, véritablement, leressuscite loppe« in extenso » en accomplissement, sans que soit
en lui apportant sa forme. engagé aucunement l'accomplà (LSL:213)
Un autre cas très frappant qui, jusque là n'avait pas retenu Le prétérit défini a certes, comme le constate souvent la
l'attention des grammairiens, est celui du parfait français. Le grammaire traditionnelle, un caractère ponctuel mais il
participepassé, dans la chronogénèse française,représente importe de souligner que ce caractère ponctuel est en corré-
une deces formes mortes où le verbe a consommé tout le lation étroite avec la valeur de l'aoriste en langue. Il tient au
devenir qu'il contenait sous ia forme infinitive. L'auxiliaire fait que l'aoriste marque nécessairement le départ de l'ac-
avoir ou, dans certains casêtre, permet de le réutiliser en complissement (origine de l'incidence, c'est-à-dire l'instant
localisant le sujet dans la subséquence du procès :écritif'ai d'échéance au temps), ce que ne peut pas faire l'imparfait :
écrit. Le parfait français n'est donc pas un temps mais un
La notion de départ de Paccomplhsement estindispensable
aspect, le verbe auxilié pouvant se reconjuguer exactement pour l'emploi du prétérit défini. Là où elle fait défaut,
aux mêmes tempsetmodes que le verbe simple. l'incldence est aussi en défaut elk verbe apparak' déjà
LSL : 55-58
engagé en décadence. (LLI :122)
En ce qui concerne la sémiologie du prétérit défini, on peut
tout d'abordnoterl'insertion du thème-voyelle auxpremières
ANISOTOPE (anisotopic) et deuxièmes personnes du pluriel (a, u ou i selon la conju-
[Gr. a(n) : négatif+ isos : égal+ topos : lieu] gaison du verbe). Comme au subjonctif, le rôle de la voyelle
thématique est de signaler la présence d'une contradiction
Se dit d'une morphologie qui ne réunitpas dans le même lieu, psychique au sein du prétérit défini. L'aoriste est en effet une
c'est-à-dire dans la même unité, le sémantème (lexical) et le
forme qu'on peut qualifier de paradoxale puisque dans l'ac-
26 - APPORT/SUPPORT
ARTICLE - 27

compli (le passé) elle évoque un événement tout entier tenu


Celaconduit G. Guillaume àassimilerlesconceptsdesupport
en accomplissement :
et depersonne. Le support,comme la personne, c'esttoutce
La contradiction du prétérlt déflni, c'est de porter le verbe
dont on peut dire quelque chose.
dans le
passéen luirefusant de constituer dans ce passé,du
passé. (Lu i24TI cf.personne
Cette contradiction inhérente permet aussi d'expliquer par
uneraisond'ordrepsychique l'abandonduprétéritdéfini dans LL2 : 152
le français parlé usuel. LL3 : 54,61,70,113
Aux autres personnes, on remarque l'absence du thème-
voyelle dont la fonction est alors assurée par un moyen sys-
tématiquement meilleur: l ' exploitation de l ' indice de ART I C L E (art i cle)
virtualisation -r qu'il suffit de retirer pour obtenir un passé [Lat. articulus : petit élément de liaison, d'articulation < dimi •
symétrique du futur (march-er-ailmarch-ai, march-er-as/ nutif de artus : membre]
march-as, march-er-a/march-a). On noterapour la troisième L'article est un des moyens de résoudre le problème de la
personne du pluriel une différence de vocalisation que
transition entre le nom-substantif enpuissance (en langue) et
G. Guillaume considérait comme une très belle réussite
le nom-substantif en ej)et (en discours). Selon G. Guillaume,
sémiologique (march-èrent/march-eront), produite à partir
les noms existent en langue sous la formed'idées pures uni-
des résultats bruts de l'évolution phonétique.
versalisées. Pour rendre le nom applicable à une réalité quel-
Précisonsque, si dans une première étape de la théorie,
conque, l'article est utilisé dans les langues qui le possèdent
G. Guillaume a présenté le prétérit défini français comme
afin deréduire à loisir l'extensité nominale jusqu'à une exten-
l'équivalent exact de l'aoriste grec (AT: á2hil aensuite quel-
sité limite singulière. Le système de l'article se présente
que peunuancé son pointde vue :lethèm e d'incidence abso-
comme un système àdeux tensions orientées àl'inverse l'une
lue ne peut être attribué qu'au grec, le support du prétérit de l'autre, chacune pouvant être interceptée à un moment
français étant lethèmeinversif infini. gsL : Táh
quelconque et livrant des extensités plus ou moins réduites.
Le passé antérieur de la nomenclature traditionnelle (j'eus Figurativement :
écrit) n'est en réalité que le prétérit de l'aspect transcendant I
et non pas un temps spécifique. I

AT : 49Ç2 I
LL1 : 95,111,140,156,157,163,169
I
I
LL2 :207 Tension l (UN)
LL3 :63,203
>S
LL4 : 63,64,80,81,87-90,135,137 S = singulier
LSL :50,194,195+01~3,205 Ul = universel initial
U2 = universel final
PLT : 169
TV : 65-68,90-95 L'article peut aussi bien généraliser que particulariser. La
raison d'être de deux articles indéfini et défini est que le rap-
port entrel'universel et le singulier estparcouru dans les deux
APPO R T / S U P P O R T (imp o rt/support) sens. L'article un est particularisant, et l'article le est géné-
ralisant. On notera que l'article le présupposel'article un et
Larelation apport/support, couverte par le mécanisme d'inci- a donc une valeur anaphorique (rappel de la singularisation
dence, constitue la relation fondamentale du langage : initiale).
Dans le discours, il est toujours parlé de quelque chose, qul Les effets de sens généralisants et particularisants varient
est ce dont on parle, c'est-à-dire le support obligé, auquel d'un article à l'autre selon la tension adoptée. Par exemple,
l apport, qui estcequ'on endira, aura sonincidence.(LL3 : l'article un, anti-anaphorique, livre des généralisations hété-
rogènes visant toujours le cas particulier : un petu whisky,ga
ál)
fait dubien,dii-ilenreposant sonverre.Aucontraire, l'article
Asppcr - 29

le fournit des valeurs anaphoriques homogènes aussi bien


régulateur d'extensité devient ipso facto un nom commun :
dans le particulier que dans le général : le whisky était bon ou
c'est un vrai petit Mozart. Le signifié de ce nouveau nom
le whisky reste cher.
commun est une qualité applicable à un nombre indéterminé
Une analyseplus syntaxiquedel'articleamène G. Guillaume d'êtres et non pas une appellation individuelle.
à le poser en français comme le support de la sémantèse
Bien entendu, ilnefautpascomprendre asémantème au sens
nominale. C'est lui en effet qui porte les indications de genre
du mot vide ou de la forme vide (meaningless unit) de certains
et denombre (formes vectrices de la partie du discours). Les
linguistes. Il ne saurait exister pour G. Guillaume aucune
parties du discours non-substantives le deviennent grâce à
l'article : un liens vaut nueuxque deux tu l'auras, les pour et forme vide dans le langage. Les inoindres outils grammati-
caux ont un sens, même si ce sens intéresse le fonctionnement
les contre, les dessous de l'agaire, le qu'en-dira-t-on, le
de la langue seul (morphèmes et systèmes) et non pas la réfé-
pittoresque de la situation, le plustriste dans l'histoire....
rence à l'extra-linguistique.
Si donc l'article est le support (et le substantif l'apport), il
représentedans lesyntagme nominal la personne, cepourquoi
AT : 9-10
G. Guillaume le range dans la classe des pronoms, à cette
différence près que le pronom traditionnel estrévisionnel au
sens où il est rappel de la matière nominale alors que l'article
estprévisionnel au sens où il appellecette matière.On notera
ASPECT (as p cct)
à ce sujet le rapport de filiation diachronique entre Lat.ille et
l'article le ou le pronom il/le. [Lat. aspectus : regard, fait d'être vu < i-e 'spek- : contempler,
observer]
cf.partitif L'aspect est une forme qui, dans le système même du verbe,
LL2 : 23,120,131,151,158309313
dénoteune opposition transcendant toutes lesautres oppo-
LL3 : 46,54,62,79,92,93,123,130,139,140,239 sitionsdu système etcapableainsi des'intégrerà chacun des
LL4 : 25-27,121
termesentretesquelssemarquent lcsdites oppositions. (TV :
ltst)
LSL : 143-156,157-166,167-183337-239
PA : en entier La théorie de l'aspect, présente dès Temps et verbe, fait
PLT : 18-2L59-61308-217$61,265 l'objet d'un article important de 1933 (Lsb : 46-58).Elle est à
TVi10 comprendre, selon G. Guillaume et comme le dit clairement
la définition rappelée ci-dessus, comme la catégorie supé-
rieure— transcendante- du verbe, supérieure notamment au
mode, autemps etàlapersonne. Cela signifie simplement que
ASÉMANTÈME (pr a pcr noun) l'aspectestcapable de s'instaurer en chacun des modes, des
[Gr. a(n) : négatif+ semainein : signifier< sema :signe/signal] temps et des personnes. Cela signifie également, sans aucune
ambiguïté possible, que l'aspect est distinct du temps gram-
G. Guillaumedésigne par ce term e les noms propres,élé-
matical. La différenceentre les deux catégories est fondée sur
ments linguistiques dépourvus de contenu sémantique. Les
autres unités linguistiques sont les sémantèmes, morphèmes la différence entre temps impliqué et temps expliqué,
c'est-à-dire entre le temps qui est intérieur à l'événement
et systèmes.
qu'exprime le verbe (temps d'événement) et le temps qui lui
La signiTiance étant la condition sine qua non du langage,
est extérieur (tempsd'univers). :
aucun élément linguistique ne peut être qualifié d'asémanti-
que. G. Guillaume notait seulement en 1945 le caractère des Lc verbeestun sémantème quiim plique etexplique lctemps.
noms propres qui est de ne pas avoir de contenu sémantique (LSL :47)
universalisable, c'est-à-dire applicable à une série ouverte. Est de la nature de l'aspecttoute différenciation qui a pour
Un nom propre ne peut se dire que d'un être ou d'un groupe lieu le temps impliqué
limité d'êtres. Cecaractère distingue le nom propre du nom Est de la nature du temps toute différenciation qui a pour
commun qui, lui, peutvoir son extensité réguléedu général au lieu le temps expliqué. (Lst, : 4s)
particulier. En irançais, le nom propre précédé d'un article
Le temps impliqué est celui qui se développe entre les bornes
30 - ASSIGNATION
AS&àéATlqllE - 31

decommencement etdefin (C et F) de l'événement. Le temps en l'absenced'un désigné propre, est déférée au nom par
expliqué est le temps infini porteur de cet événement : simple assignation.
Cette notion d'assignation est importante en ce sens qu'elle
souligne que même là où elle n'est portée par aucun signe
propre, latransition langue-discours existe, bien évidemment,
<— —
—temps explique ———> et demeurefondamentale.
En termes d'évolution, l'aspect qui marquait la distinction Signalons en outre que dans les cas de désignation explicite
de l'extensité du nom en discours, on emploiera par opposi-
entre complétude et incomplétude - à rapprocher de l*oppo-
tion au terme d'assignation le terme de déflexivité.
sition du perfectif et de l'imperfectif - en est venu à marquer
la distinction entre immanence et transcendance. C'est ainsi PLT : 265
qu'on peut comparer, par exemple, le russe — langue qui ne
quittepas laduréeintérieure au verbe - au français qui possède
trois aspects : l'aspect simple (tensif, immanent)de marcher,
l'aspect composé (extensif, transcendant) deavoir marché et ASTÉ M A T I Q U E (n on stematic)
l'aspect surcomposé (bi-extensif, bi-iranscendant ou ultra- [Gr. a(n) : négatif+ stoma csta- : être debout]
transcendant) deavoir eu marché. Un morphème astématique est un morphème qui est inca-
Les catégories de l'aspect et du temps entretiennent des rap- pable, contrairement au morphème stématique, d'exister à
ports systématiques parfois complexes(voir larépartition des l'état de mot indépendant. Les flexions nominales et verbales
compétences de trois formes verbales commej'écrivis, indo-européennes sont typiquement astématiques.
j 'écrivaisj 'aiécrit). De surcroît, l'aspect est denature àjouer
un rôle important lorsque la morphologie temporelle est pau- cf.Stématique
vre,comme c'est le cas en anglais.
La théorie guillaumienne de l'aspect s'inscrit dans une très
longue tradition - le concept même avait été entrevu par les ATH E M A T I Q U E (no nthematic)
grammairiens latins avant d'être redécouvert au dix-septième [Gr. a(n) : négatif + thematikos < thema : œ qui est posé = qui
siècle par des grammairiens tchèques - et elle souligne avec n'appartient pas au radicai]
fermeté l'existence de la catégorie dans une langue comme le
Est dite athématique une forme dépourvue de thème-voyelle
français. Elle a également pu être appliquée à d'autres lan-
et associant directement la flexion au radical du mot. Le sub-
gues, notamment à l'anglais, dont le système des formes
jonctif présent, en français, est athématique ainsi que le futur
verbales avec l'auxiliaire have et le participe passé du verbe
simple. Le subjonctif imparfait (ou passé) ainsi que leprétérit
estassezproche deceluidufrançais,m algréquelques emplois
défini (passé simple) sont thématiques. De manière générale,
notoirement différents.
le thème-voyelle signale une contradiction psychique inhé-
LL1 : 170-173,176-180,185-187 rente à la forme thématisée, la forme athématique étant en
LL3 : 142,172,201-203 regardparfaitement homogène.
LL4 : 91.92
LSL : 46-58,71,122,189,190,251,252 cf.thématique
PLT : 25
TV : 11,15-27,108-111
AT T R I B U T (comp l ement noun or adjective)
[Lat. attribuerec ad : à, vers+ tribuere : aiiouer]
ASSIGNATION (assi gnati on) Le terme d'attribut désigne l'une des trois fonctions
qu'indiscrimine en langue le cas synthétique du français, les
On parled'assignation là où latransition du nom en puissance deux autres fonctions étant celle de sujet logique et d'objet
au nom en effetreste implicite, c'est-à-direlàoù elle n'estpas logique.
explicitement désignée par un signe comme l'article. Le terme d'attribut doit s'entendre dans un sens proche du
Dans les langues sans article on dira que l'extensité du nom, sens traditionnel puisque, dans la définition de l'incidence
32 - AUTOPTIQUE
AVANT/APRÈS - 33

comme rapport entre un apport et un support, l'attribut peut La théorie de l'auxiliaire apporte ainsi une probante affirma-
être : tion de la validité du principe de signifiance.
- incident à la copule (Ce livre est passionnant)
- incident aux verbes menant àl'idée d'être(sefairemoine, cf.avoir/être, subduction
devenir un héros). LL1 : 125,144-146,151,170,238/53
LL2 : 161,191
LL2 : 138 LL3 : 142
LL3 : 225 LL4 : 118,119,123
LSL :57,73-86,189
TV : 18,19,25

AUTOPTIQUE (autoptic)
[sur le modèle deautopsie, Gr. autopsia : action de voir de ses AVAN T / A P R E S (bef o re/after)
propresyeux < autos :sol-m ême+ opsls :vue]
La distinction de l'avant et de l'après est une distinction
Dans la théorie guillaumienne de la démarche scientifique, la méthodologique capitale qui permetde reconstituer l'analyse
syndèse autoptique désigne le rapport initial de compréhen- quelapenséeopèredesespropres démarches.Ellecorrespond
sion soumis auvoir (à l'observation) dont il ne sort pas. Le à une chronologiede raison etnon nécessairement àunechro-
terme traduit en fait la soumission de la compréhension aux nologie temporelle.
donnéesvisibles,c'est-à-dire observables.Le rapportfi nalde Ce que la pensée sépare en elle-même, c'estd'un côté le
compréhension, cryptologique, subordonne la compréhen- résultat qu'au furetà m esure de son développement elle pro-
sionà unerecherche,au delà del'observable,du concevable. duit et, de l'autre, l'opération génétique productrice de ce
On peut associer sommairement autoptique à empirique et résultat. La distinction de l'avant opératif et de l'après résul-
cryptologiqueà théorique. tatif est le fondement de tout système linguistique.
La langue est l'avant du discours, même si, diachronique-
cf.syndèse ment, elle se crée à partir de lui et des essais plus ou moins
réussis qui y sont tentés. De même, le système de l'article se
recompose de deux tensions dont l'une (celle de l'article
indéfini) est l'avant de l'autre (celle de l'article défini). Dans
A UXILIAI R E le système verbal, on peut distinguer autour de l'intériorité de
(auxiliary) l'événement une extériorité d'avant, à partir de laquellel'évé-
[Lat. auxlllum : secours, alde]
nement est vuen perspective, et une extériorité d'après, où il
estconçu rétrospectivement comme révolu.
Estqualifié d'auxiliaire un verbe qui, àla suite d'un processus
desubductionou dématérialisation, est devenu apte àsignifier cf.actueVvirtuel
des rapportsformels.
La subduction correspond à l'atteinte d'un niveau de signifi-
cationsuffisamment généralpour être étendu à la représen-
AVER S I F (thème) (no n versive theme)
tation globale de toutes les situations et non pas seulement à
[Gr. a(n) : négatif + Lat. vertere : tourner, retourner = qul
l'expression de situations particulières. La contrepartie n'lnverse pas]
matérielle est foumie par le verbe lexical associé.
La distinction des thèmes versif et aversif a trait à la double
L'analyse du mécanisme génétique de l'état d'auxiliarité
représentat
ion du temps, en ascendance etendescendance.Si
permet de montrer que - contrairement à l'affirmation de la formereprésentela pensée accompagnant le sens descen-
nombreux linguistes selon laquelle les auxiliaires seraientdes dant du temps, on parle de thème versif (par exemple le pré-
verbes in-signiTiants - l'auxiliaire a bien un sens, dérivé de sent cursif représentant un procès en cours de réalisation de
celuidu verbeplein dontilémane(avoir etêtre, parexemple). Pierredéjeune en ce moment). Si cette forme représente une
34 - Avonvd
mlALE - 35

remontéedutemps, le thèmeestinversif ou aversif (seulement


suppose unediscontinuité au contraire d'avoir. C'est laraison
aversif, c'est-à-dire partiel et contradictoire, au présent dit
pour laquelle on n'emploie pas avoir avec les verbes qui
précursifde Pierre déjeune avec moi demain). Le thème
impliquent une discontinuité : c'est le cas du verbesortir, par
inversif ne se trouve pas au présent.
exemple (mais aussi denaître, mourir, tomber, partir), qui au
participe passé,suppose une dépense complète du procès,et
cf.thème
une absence de subséquence immédiate. C'est cette situation
moyenne du sujet entre le devenir antériorisé et le devenir
subséquent, imposée par ce type de notions, que signifieêtre,
AVOIR / E T R E (ha velbe) lesdeux devenirsétantdiscontinus. Le même phénomène se
retrouve pour les verbes pronominaux où le sujet à la fois
Beaucoup de langues ne possèdent pas le couple avoir/être
conduit l'événementetenreprésente l'objet(seraser, sevêtir,
mais, dans celles qui le possèdent, ces verbes apparaissent se méprendre...). Lesparfaits decesverbessontintégrantset
signifier des relations suffisamment générales pour intéresser non dirimants. L*emploi deêtre marque ainsi uneinterférence
directement la prédication. Avoir, orienté vers le passé de entre l'aspect et la voix, ce qui fait employer à Guillaume le
l'acquisition, etêtre orienté vers le présent de l'existant et
terme dedéponent emprunté à la grammaire latine et y dési-
éventuellement son devenir, représentent les deux aspects
gnant un phénomène similaire (verbe de forme passive et de
fondamentaux del'être présent, parlant et agissant.. sens réputé actif, comme sequor, audior, irascor...). C'est
Ces verbes apparaissent idéellement préexistants à l'ensem- qu'en effet la voix passive signifie la disparité entre le statut
ble des autres verbes : il faut avoir (avoir l'être) etêtre pour logique du sujet et son statut dynamique et là aussi la discon-
pouvoir, vouloir,savoir...etau-delà,pe nser,parler,m archer, tinuité entre le devenir antérieur (le procès réalisé) et le deve-
courir... Quand ils ontsubi uneopération de dématérialisation nir subséquent (la situation du sujet).
qui les ont rendus subductifs par rapport à eux-mêmeset non
plus seulement à la masse des autres verbes, ils sont devenus LL1 : 144-147,237438252,253
auxiliaires : ainsiêtre évoque la distinction inhérente à l'idée LL2 : 161
d'existence entre le devenir antécédent et le devenir consé- LL4 : 174,175
quent; quant à avoir, il ne retient de son sens premier proche LL5 . 48,198,201
de posséder, qu'un regard en direction de l'accompli qu'on LSL : 73-79,85,131,137,144,244
possède, qu'on tient. TV : 25-27
En ce qui concerne avoir, précisons que cette notion peut
connaître en français trois états psychiques différents qui
correspondent à trois degrés de dématérialisation :
AXIALE (consonne) (a x ial consonant)
- un degré initial, où ladématérialisation estvoisinede zéro
et où,conséquemment, avoir estproche de posséder. La consonne axiale est la consonne qui en français termine le
— un degré moyen où la dématérialisation, déjà engagée radical et le sépare de la flexion morphologique. Elle est uti-
produit un verbe auxilime, nécessitant un complément maté- lisée sémiologiquement dans le système verbal pour opposer
riel. le subjonctif et l'indicatif (que le dormej le dors)mais aussi
- un degré final où la dématérialisation, portée à l'extrême, dans le système nominal pour certaines marques de genre(le
faitdeceverbeun morphème astématique,uneflexion,recon- chatlla chaue, le bergerlla bergère ...).
naissable par exemple dans le futur(Je marcherai = l'infinitif
marcher en posifion de radical et la flexion -ai de avoir). cf.consonne axiale
Quant auverbeêtre, il est selon son degré de dématérialisation
soit verbe plein, soit copule, soit auxiliaire.
Les distributions différentes des deux auxiliaires qui, CARACTÈRE (character)
jusqu'ici, n'avaient pu être décrites par la grammaire tradi- [Gr.kharassein :graverl
tionnelle, se trouvent expliquées psychiquement par la psy-
État du vocable dans les langues isolantes de l'aire prime
chomécanique.La différence entre avoir etêtre n'estpas
caractérisé par l'absence de toute indication formelle géné-
essentiellement une différence de contenu. Seulement, être
rale.
36 - CAS
CATEGORIQUE -37

Contrairement aux mots des langues indo-européennes, le


langue dont la base est la distinction de l'animé et de l'ina-
caractère ne se conclut pas avec la partie du discours qu'il
nimé).
ignore. Enconséquence, lerôle de lasyntaxeest extrêmement
Ceci nousamène à préciser la différence entre les cas psy-
important dans ce type de langues dites amorphogéniques.
chiques et sémiologiques. Il s'avère en effet que la réduction
Les langues à caractères témoignent d'une réplique nulle de
du nombredes cassémiologiques (casreprésentésphysique-
l'opération d'entendement à l'opération de discernement au
m ent)dans une langue donnée n'estpas toujours due à leur
cours dela genèse du mot qui n'estainsisoumis à aucune
élimination pure et simple mais peut également être la consé-
tension généralisatrice, d'où la singularité extrême du
quence d'unélargissement de l'assieue de compensation,
caractère et son indépassable puissance d'évocation. c'est-à-dire d'un phénomène de compensation de cas psy-
Cette interprétation du caractère jette une lumière nouvelle chiques(caspurement mentaux) sous un nombre réduitdecas
intéressante sur la motivation du système tonal des langues sémiologiques.
dites isolantes. Au contraire de l'intonation réservée à C'est ainsi que s'est créé en français moderne un cas psychi-
l'expressivité, le ton est indispensable à la bonne compré-
que nouveau qui indiscrimine en lui en les compensant les
hensiondu vocable etfonctionne comme un système d'effec-
fonctions de sujet, d'objet etd'attribut : le cas synthétique, cas
tion du caractère lui-même qui, autrement, n'est qu'une syl- unique du&ançais. Ce cas synthétique ou cas zéro est évi-
labe dépourvue de toute signification.
demment casde langue.
Du point de vue sémiologique, le cas synthétique français se
LL2 : 23,24,27,29,37,97,114,210,211
présente habituellement sous la forme de l'ancien cas régime
LIA : 103
et exceptionnellement sous celle de l'ancien cas sujet. Il est
LSL : 94-98,114,115,275
aussi parfois arrivé qu'il se présente sous la sémiologie des
PLT : 54,219,228-230
deux cas par réemprunt, ce qui a entraîné une discrimination
sémantique entre le mot issu du cas régime etcelui issu du cas
sujet (par exemplepâtre et pasteur ttSL : IOS)).
CAS (ca se)
LL1 : 72
Le casde déclinaison entre dans la catégorie desmorphèmes LL2 : 21,22,130,173
à doubleeffet.Le cas apparaîten effetassumer une double LL3 : 25,47,101,102,104,109-111,118-130,179,180,225
fonction : d'une part, il constitue en langue une indication LIA : 35,38,45,48,51-56
prévisionnelle de la fonction qu'aura le mot en phrase et LSL : 101-103
d'autre part, il joue dans le mot le rôle de déterminant de la PLT : 122,191
partie du discours, les indications de genre et de nombre
introduites dans le mot dès la langue permettant à l'opération
d'entendement de s'achever. CATÉGOMQUE (futur)
Il importede préciser que ces rem arques à propos du cas (categorical future)
concernent le cas de langue (cas intégré au mot dès la langue)
qu'ilne faut pas confondre avec le cas de discours,ob tenu L'architecture du présent français à l'indicatif superpose le
seulement en phrase (par l'intermédiaire de la préposition). chronotype ot (parcelledefutur)etlechronotype t0 (par-
Une autre distinction importante est celle du cas d'extension celle de passé), ce qui détermine dans le futur et le passé deux
ou cas extensif - relatif àl'extension nominale, c'est-à-dire au versions temporelles : l'uneincidente où l'événementest tenu
genre et aunombre dunom - et ducas de fonction aussi appelé en accomplissement et l'autre décadente où l'événement est
fonctionnel ou dynamique — relatif à la fonction du mot en tenu, si peu que ce soit, en accompli relatif à l'accomplisse-
phrase.En effet ces deux cas, bien que réunis sous un cas ment. Le futur catégorique est la version incidente du futur,
sémiologique unique, n'en constituent pas moins deux cas l'autre version étant celle du futur hypothétique. Le futur
psychiquesdifférents. catégorique est le futur simple de la tradition et le futur hypo-
A cette symphyse ou soudure du cas d'extension et du cas de thétique est le conditionnel présent, considéré trop souvent à
fonction s'ajoute celle du cas logique (cas de discours relatif tort comme un mode.
au rapportdes mots en phrase) etdu cas dynamique (casde
cf.futur
38 - CAUSATION
CAUSQ CONSTRUIT — 39

CAUSATION (causati on) l'ensemble causation obverselcausé consiruitlcausation dé-


Dans la causation générale du langage, on distingue trois verse il affirme un déterminisme tant opératif queproprement
diachronique. Enfin, enpréférant le terme de causation àcelui
m oments successif s:
de cause, il invite à reconnaîtie dans le mécanisme de la cau-
1) un moment de causation obverse,causateur du causé
construit non encore employé que constitue la langue salité, plutôt qu'une source ponctuelle, un processus.
Pour être tardif dans l'nuvre, le concept de causation n'en
2) un moment d'existence du causé construit non employé
circonscritpas moins des principes apparusbeaucoupplus tôt.
(la langue)
DèsLeproblème de l'anicle, Guillaume posaitquela pensée,
3) un moment de causation déverse,porteur de l'emploi du
àdéfaut de le créer, apouvoirderetenir l'accidentphonétique
causé construit (le discours)
lorsqu'il convient à la visée systématique inteme. L'article,
Ainsi la formule saussurienne définissant le langage comme
disait-il, a donc pour cause un certain état de langue. C'était
analysable en langue et parole ne fait état que du causé cons-
à la fois suggérer une diachronie des systèmes et rejeter toute
truit (la langue) et de la causation déverse productrice de la
explication d'une forme linguistique à partir de ses emplois.
parole. G. Guillaume ajoute cette troisième causation, l'ob-
Cela explique que le concept de causation obverse puisse
verse, qui correspond au moment, premier en langage, où la
étayer non seulement une typologie des langues indépendante
languen'existequ'en pensée,en puissanced'elle-même etoù
de la sémiologie, une typologie systématique, mais aussi,
elle n est pas encore construite en signes.
occasionnellement l'explication d'un faitparticulier. Ainsi la
Cette miseenévidenced'un en-deçà de lalangueressortissant
définition du nom par son incidence plutôt que par sa signi-
a la causation obverse donne à la recherche linguistique une fication sera qualifiée d'analyse en causation obverse. Façon
direction claire qui est celle de la remontée théorique vers la d'opposer de manière générale une approche systématique
cause : il ne s'agit pas d'observer des faits qui, situés en dis-
intégrante à l'induction empirique, en causation déverse.
cours,sont des faits à expliquer mais d'observer par les Dans ces conditions, l'appel à la causation obverse renvoie
moyens théoriques appropriés les faits explicateurs qui non
donc, autant qu'au mentalisme spontané du sujet parlant, à
seulement déterminent les faits de parole, mais aussi déf
inis- une méthodologie.
sentles faits delangue. La formule saussurienne, alors qu'elle
pose unelangue théorique, situe l'observation au niveau des cf.scheme lmgutsttque
seuls faits construits et ignore la dimension génétique du lan-
gage. G. Guillaume rappelle constamment à la linguistique LSL : 25-45,272-286
qu'elle peut et doit s'engager dans ce domainehypobasique PLT : 113
des faits réellement causateurs :
A cquérir ce savoir<des faits explicateurs>, reconnaître en
quoiilconsiste etlechemin quiyconduit, vadès lorsê~e une
CAUSÉ C O N S T R U I T (con siructed causaia)
tâche du linguiste, tâche dont l'accomplissement suppose
une pénétrationde la causation obverse, lieu du vu hypo- Dans l'architecture générale du langage, le causé construit,
basiqueà visibiliser. (tst :2o) c'est la langue, répondant à une causation obverse qui la pro-
G. Guillaume distingue deux causations : la causation déve- duit et permettant elle-même, et conditionnant, en causation
rse dont rend compte la linguistique traditionnelle relie le déverse, le discours.
système préconstruit qu'est la langue à sa conséquence en
discours. La causation obverse (l'adjectif suggèreune symé- cf.causation
trie avec la précédente bien qu'elle ne soit pas directement
observable) implique que la langue est elle-même le causé
d'une lucidité puissancielle sise en deçà de toutphysisme de
CHRONOGÉNÈSE (chronogenesis)
représentation, c'est-à-dire de toute sémiologie visible.
[Gr. Khronos : temps + genesis : force productrice, origine =
En postulant l'existence de cette causation obverse, construction du tempsl
G. Guillaume rappellequ'il estparadoxal de prétendre rendre
La chronogénèse est l'opération mentale de construction de
compte d'un en-deçà (la langue) par sa conséquence (le dis-
cours). En définissant par ailleurs letout du langage comme l'image du temps (l'image-temps) que véhicule le verbe par
spatialisation. G. Guillaume distingue la « chronogénèse »,
40 — CHRONOGÉNESE CHRONOLOGIE — 4l

qui est -je renvoie mes auditeurs ù mon livre « Temps et indicatif, avec la représentation du présent et ses consé-
verbe »-genèse delapuissance de construire le temps, etla quencesdans le passé etdansle futur.
« chronothèse »,quiestl'exercicede cettepuissance k long Les notions et les termes mêmes dechronogénèse et chrono-
de sonacquisition, exercice correspondant chaque fois à thèsesont spécif iques à la psychomécanique, aucune autre
une coupe caractéristique de cette acquisition de puissance, théorie linguistique ne se préoccupant de la genèsede la
coupe qui en livre un profil, chaque profil ainsi obtenu par représentation mentale du temps. L'intérêt d'une telle ana-
coupe constituantun mode. (PLT: 225) lyse, comparée aux approches traditionnelles de la conjugai-
Mentionnée pour lapremière fois dansTemps etverbe gv :s), son du verbe, outre sagrande simplicité, réside dans le faitque
lathéorie de la chronogénèse est liée àcelledu temps opératif, la prise en compte du temps opératif met clairement en évi-
successivit é d'instants de raison occupés par la pensée pen- dence les relations systématiques interwhronothétiques et,
sante(Sur les circonstances précises de la découverte du partant, inter-modales. Importante pour la description du
temps opératif, voir l' Avant-propos à Temps et verbe et système verbal d'une langue donnée (voir par exemple la
l'Introductionà Langage et science du langage de Roch théorie du subjonctif en français), la chronogénèse l'est
Valin). Le temps ne se laissant pas représenter à partir de encoredavantage pour lacomparaison deslangues naturelles
lui-même, il fait appel à des moyens qui sont empruntés à entre elles.
l'espace, d'où l'expression de spatialisaiion du temps. La
AT : 17-25/6,57
chronogénèse correspond à l ' opération inconsciente à
laquelle se livre le sujet parlant en instance de discours, LL1 : 79,82,88,213
préalablement à l'emploi de toute forme verbale : il parcourt LL2 : 33
l'entier du système verbal en s'arrêtant à la position systé- LL3 : 201
matique qui répond à sa visée, à son intention de discours. LSL t 121•186,253
L'opération est interceptée en trois points de son développe- PLT : 22P25
ment et chaque interception est appeléechronothèse. Le rap- TV :8sq
port qui unit chronogénèse et chronothèse est l'application
d'un principe fondamental selon lequel toute opération de
pensée, defaçon àce quel'espritpuisseprendreconnaissance
des résultats produits, doit être suspendue à tel ou tel moment CHRONOLDG1E (c h ronology)
de son déroulement. Ce principe fonde ce que G. Guillaume
appelle la linguistique de position (voir l'opposition entre la Il existe deux chronologies d'ordre différent :
productioniibre desidéesetlasaisie desidées produites(tsL: - une chronologie réelle, concrète, relative à la succession
228-229)). entre événements (chronologie temporelle)
- une chronologie abstraite, intervenant entre idées (chro-
Dans les langues indo-européennes, aux trois interceptions nologie idéelle ou notionnelle).
(début, étape intermédiaire et fin) correspondent trois modes On dira par exemple que de la condition à la conséquence il
grammaticaux, successivement quasi-nominal (initial), sub- existe une chronologie idéelle, parinstants de raison, selon
jonctif (médian) et indicatif (final). En figure : laquelle la condition est - par définition - antécédente à la
conséquence.
C H R O N O G É N È S E (temps opératif) Cette chronologie abstraite entre idées joue dans les langues
I I >I un rôle très important. C'est par exemple à des faits de chro-
Quasi-nominal Subj o n ctif Indicatif nologie de cet ordre que se rattache toute la théorie psy-
(Chronothèseinitiale) (Chr o nothèse médiale) ( Cht onothèse finale)
chosystématique de l'auxiliaire. Par ailleurs, la chronologie
idéelle étant de langue et la chronologie réelle de discours, il
s'ensuit que la chronologie idéelle devance toujours la chro-
Chaquemode consti tueparrapport aux précédents unprogrès nologie réelle. C'est ainsi que l'aspect, qui ressortit àla chro-
dans la définition de l'image du temps, ce qui explique que le nologie idéelle, est toujours assigné au verbe avant le temps.
contenu en soit de plus en plus complexe. Cette définition est Toujours dans le plan du verbe, dans la chronogénèse &an-
complète en chronothèse troisième, correspondant au mode çaise, le subjonctif occupe idéellement une chronothèse anté-
42 - CHRONOTHÈME
CHRONOTHÈSE - 43

rieure à celle de l'indicatif, ce qui explique sa capacité àsup-


poserlesévénements alors que l*indicatif, situé en raison
CHRONOTHÈSE (chronothesis)
après le subjonctif, lespose. [Gr. khronos : temps+thesis< tithenai : action de poser =temps
posé,construitl

AT : 39,40 On désignedu nom de chronothèse les différentes étapes de


LL1 : 76,112,123,125,177,202,216,232,237238 la formation de l'image-temps (la chronogénèse) chaque
LL2 : 152
étape (ou arrêt) étant représentée par un mode.
LL3 : 195
Afindeprendre connaissance de cequise passe enelle-même
surl'axe chronogénétique (l'axe opératif sur lequel se déroule
LL4 : 108,124,128
l'opération de spatialisation du temps qu'est le système ver-
LSL : 112,122,161,189,190
bal), la pensée est en effet obligée d'opérer par le travers de
sa propre activité des coupes chronothétiques qui sont les
modes. Chaque mode représente un airêt en chronogénèse,
c'est-à-dire un certain état de construction de l'image du
CHR O N O T H È M E (chr o notheme)
temps :
CombinaisoninMale de deux chronotypes qui confère au Construire du temps en pensée, c'estdela chronogé nèse;la
temps saforme générale dans l'esprit. pV : el) chronothèseestla vision du temps construit.trV :103)
En &ançais et plus généralement dans la plupart des langues
D ans la chronogénèse, les chronotypes sont des parcelles de
indo-européennes, la pensée opère trois coupes privilégiées :
temps soustraites au passé et au futur. Elles sont combinées
la première, initiale, est celle du mode quasi-nominal (avec
pour formerpar exemple le présent &ançais avec le chrono-
ses temps quisontl'infinitif, leparticipeprésentetleparticipe
typefuturetle chronotype passé superposés. Le terme de
chronothè meest utilisé pour la description des combinaisons passé), la seconde médiale est celle du mode subjonctif (avec
latines plus complexes que celle du &ançais, avec trois pos- deux temps, le présent et le passé) et la troisième finale celle
de l'indicatif. C'est avec l'indicatif seul qu'on obtient le pré-
sibilités : une combinaison tt + tu, et deux combinaisons
secondaires, ct 0 + tx t et t01 + t00. Comme d'ordinaire, le sent d'époque et, de part et d'autre, les époques future et
passée. La naturespéciale du présenten françaisprovoque un
mot thèmes'applique aux variations éventuelles d'un mode
dédoublement des temps passé et futur si bien que l'indicatif
commun. Du lati n au français on observe le passage d'un
chronothème horizontal à un chronothème simplifié vertical, comporte cinq temps (le présent et, dans le passé, l'imparfait
soit de tu+ tr à — —. G. Guillaume invoquè pour expliquer et le prétérit défini ou passé simple, dans le futur le futur
tu hypothétique ou conditionnel et le futur catégorique ou futur
ce phénomène le principe de sténonomie du présent,
c'est-à-dire sa tendance à réduire autant que possible son simple).
assiette temporelle afin de mieux assurer sa fonction qui est
AT : 23,41
de séparer passé et futur. Le présent latin horizontal est large
LL1 : 80-82,88-89
alors que le présent &ançais a pu trouver, dans sa verticalité,
LSL : 121,122,253
le moyen d'affirmer sa fonction séparatrice. Il serait aven-
TV :10
tureuxde penser que les langues en généralsont condamnées
à définir un présent sténonome. C'est, selon G. Guillaume
lui-même, une voie que le &ançais a suivie parmi d'autres
possibles. La solution trouvée n'est évidemment que relative CHR O N O T Y P E (chr o notype)
au problème posé. Le groupe indo-européen est loin de faire [Gr. khronos : temps+ tupos : marque d'uncoup, image]
front commun sur la question de la représentation du présent
Nom donné àchacune des deux parcelles de tem ps que le
et chaquelangue, chaque sous-groupe, s'estaventuré dans sa
présent, notamment en français, prélève pour sa propre
direction propre. Le lecteur pourra trouver dans les présents
construction sur le futur (chronotype ct ) et sur le passé
anglais, persan et russe des exemples caractéristiques de cette
(chronotype tu ).
variété de solutions.
Le présent français est défini comme un être sténonome,
c'est-à-dire enrecherchede laplus grande étroitessepossible,
TV : 81
de manièreà remplir au mieux son rôle de séparateur d'épo-
44 - CINÈSE/t)ENÈSE C)NErts)v)E - 45

ques, entre le passé et le futur. On notera dans la pensée de riquement aussi, mais différemment, entre lesdits apports.
G.Guillaume une évolution entre 1929, où les chronotypes La Eangue n'estpas consátuéc, et c'est Eà un principe de
sont juxtaposés pv : 53)et 1948 où ils sont superposés(LLt : grammaire générale, avec les apports de l'histoire, qui sont
â283, tâatetstenf LSL: 19âsq). fortuits, mais avec les rapports que de moment en moment
D'un point de vue diachronique, dans ce dernier état de la l'esprit institue entre ces apports. Ce sont ces rapports ins-
théorie, le présent français est passé d'une composition juxta- tituéspar l'esprit entre les apports historiques quifont la
posée (en latin) àune composition superposée (dans la langue Eangue.Par eux-mêmes, et on ne saurait trop en faire la
m oderne) des chronotypes. On peut le représenterainsi: remarque,les apports de l'histoire sont inopérantsà cons-
truire la hsngue. Celle-ci ne se construitque pourautantque
lesapports de l'histoire entrentdans Eecadre -danslecadre
passé systématisé - de certains rapports. Et c'est pourquoi la lan-
PRÉSENT
gue est, selon les termes mêmes de Saussure, un système.
tu Elleestà la vérité,nous le savons, un système complexe,un
Cette superposition des chronotypes, avec la distinction des système de systèmes. (LLt :259-26á)
niveaux qu'elle entraîne (niveau Ot incident et niveau <
Ceci a des conséquences évidentes sur l'organisation interne
décadent) est capitale pour toute l'architecture du système
des systèmes par rapport à leur histoire. La cinèse, en effet,
verbal français. C'est elle qui dédouble le passé en deux
porte l'ordination systématique des éléments et cet ordre ne
temps, le prétérit défini, sur niveau , tout entier incident et
suitpas nécessairement l'ordre historique. Il sepeut très bien,
l'imparfait sur niveau ajoutant à cette incidence, si peu même, que lesdeux ordres soient inversés (phénomène
que ce soit, de la décadence, c'est-à-dire de l'accompli. Ce d'énantiodromie qu'onpeut observer dans le système de
dédoublementseretrouve dans le futur avec le futurcatégo-.
l'article, établissant historiquement l'article indéfini après
rique incident et le futur hypothétique décadent.
l'article défini alors qu'il est avant lui dans le système).

AT :63 Toutefois, tout en insistant sur la nécessité de ne pas


LL1 : 82,83
confondre l'axe génétique desapports et l'axe cinétique des
rapports, la psychosystématique se refuse à maintenir le pos-
LSL : 198sq.211,2á8
tulat saussurien d'indépendance absolue. Aucune synchronie
TV : 52sq
ne peut s'établir sans une diachronie antécédente d'une part,
et d'autre part, la diachronie est en fait une succession des
synchronies multiples que la langue a Iraversées. Cinèse et
CINÈSE/ G E N È SE (k i nesislgenesis) genèsesontlesdeux faces d'un même phénomène qui estla
[Gr.kinêsis :m ouvement, et geuosis :force productrice,créa- construction même de la ]angue.
tion, origine]

Les termesde cinèse etde genèsecorrespondent aux term es LL1 : 166,259


saussuriens desynchronieetdediachronie, lacinèseétant une LL3 : 89-91
coupe parle travers de la genèse qui se développe longitu-
LSL : 158-162,165,166
dinalement.
A la suite de F. de Saussure, G. Guillaume insiste sur l'indé-
pendance delagenèse constructrice (axe diachronique des
apports) vis-à-vis de lacinè se organisatrice (axe synchroni-
quedesrapports institués entre les apports). Ilpose clairement CINÉTI SME (k i netism)
une absolue priorité du système sur les apports historiques [Gr. kinein : mouvoir]
qu'il intègre ou n'intègre pas :
Il n'est pas dénué d'intérêten doctrine de rapporter cette Dynamisme orienté qui sous-tend tout phénomène linguisti-
antécédence du psychisme et du sémiologique à la disánc- que. Inséparable de la distinction entre cinèse et genèse, la
tion que l'on a faite, à maintes reprises ici, de l'axe des notion de cinétisme estégalementliée auconceptguillaumien
apports historiques et de Paxe des rapportsinstitués histo- de langue. Psychomécaniquement, la sémiologie de langue
46 — COHÉRENCE COMPENSATION - 47

représenteen effetnon des états,mais des mouvements qui, langage de la loi de cohérence (génétique) plutôt que de la
interceptés parlavisée momentanée dediscours, déterminent logique. Alors que la logique présente un tableau toujours
alors des effets de sens particuliers. Bien que le terme lui- achevé, même s'il est incomplètement exploité, des rapports
même ne soit pas antérieur à Temps et verbe, la notion de entre prémisses etconclusions, la nonon de cohérence est liée
cinétisme permet notamment de rendre compte de manière àla conception guillaumienne du langage comme un entier en
satisfaisante du mécanisme de l'article : interceptés à égale perpétuel devenir. Rien n'est fixe et réalisé une fois pour
distance du singulier, les mouvements antagonistes qui sous- toutes : la langage est fait d'adaptations permanentes, de
tendent les deux articles un et le produisent des effets de sens dépassement perpétuel des résultats sans cesse produits. Ces
à peu près semblables par statisme (valeurs universalisantes dépassements s'opèrent plus ou moins rapidement en se ser-
ou singularisantes) mais qui sont cinétiquement opposés. vant des divers accidents morphologiques et sémiologiques
Absente de la grammaire générativecomme du structuralisme qui surviennent à tout moment. La loi de cohérence contrôle
classique, la notion de cinétisme évoque plutôt le couple en permanenceces changements, retenant uniquement ceux
humboldtienergon/energeia.Dans lamesure où un courantde qui ne remettent pas en cause l'équilibre global du système.
pensée inspiré de Humboldt semble s'être maintenu tant à Grâce à cette loi, d'une part, aucune langue ne peut se dé-
l'époque comparatiste qu'après Saussure, il est raisonnable sagréger,etd'autrepart, toutelangueestàmêmed'assurerson
d'admettre que G. Guillaume en est un représentant. Si une propre développement.
théorie de l'énonciation, par ailleurs, consiste à référer Ce principe de cohérence met lapsychomécanique àl'abride
l'énoncéproduit à ses conditions deproduction, il estclair que critiques sur un éventuel caractère progressiste de l'histoire
cette approche dynamique des faits de langage fournit des langues en ce sens que chaque langue n'évolue que par
aujourd'hui les bases théoriques de la problématique rapport à elle-même. Avec des degrés d'évolution différents,
moderne. avec une histoire propre, plus ou moins longue, plus ou moins
mouvementée, aucune langue n'estsupérieure àune autre car
AT : 25-32,43-45
elle est toujours parfaitement cohérente dans ses grandes
LL1 : 98,106,112,168,169
lignesrelativement aux problèmes fondamentaux de repré-
LL2 : 34-35 sentation et d'expression.
LL3 : 126-136,237,238 La notionde modèle idéal,de grammaire pure, de modèle
LL5 : 139,201 même, n'appartient pas pour G. Guillaume à la linguistique.
LSL : 143-166 Un modèle supposeen effet l'existence d'un équilibre institué
TV :79 où les parties ont une nature et une fonction déterminées.
Ainsi, un modèle fonctionne sur la prévisibilité. Or, écrit-il,
Combien nous voilà loin de l'étatdu langage (...J Pour que
le langage relevât de la logique, il faudrait que toutes ses
COHÉRENCE (coherence) interactionsfussentréduüesen des actions simples de même
[Lat. cohaerere : adhérer]
ordre, reruiant lejeu prévisible, et qu'au surplus, cej eu tout
La cohérence est une loi, ou un principe qui préside à la entierfût préservé, comme dans l'idéal,de toute influence
construction d'un état systématique en le faisant dépendre extérieure. (pA :34)
d'exigences internes d'équilibre. La loi de cohérence des
systèmes leur impose l'unité - les systèmes les plus achevés cf.logique
étant ceux où les antinomies les plus absolues sont rapportées
PLT : 32-35
à une construction unique (par exemple l'article en français,
dont le système réalise l'intégration en un rapport unique, de
l'universel et du singulier).
Partout où G. Guillaume le peut, il substitue à la notion de
COM P E N S A T IO N (compensation)
logique celle de cohérence, allant même jusqu'à remplacer la
terminaison -logie (chronologie, glossologie, ontologie...) Ce principe général (d'où le terme deloi) a trait au fait que
par la terminaison -génie (morphogénie, glossogénie, onto- toute langue, quelle que soit sa systématique, quelle que soit
génie...) à ses yeux plus apte à évoquer la dépendance du sa définition typologique, est une réponse parfaite et absolue
48 — COMPRÉHENSION/EXTENSION
CONCEPT - 49

aux problèmes humains d'expression. Donc tout ce qui serait êee levée, par l'ordination systématique. L'acception gui-
éventuellement perdu par un sous-système est ipso facto llaumiennereste ainsiparfaitement traditionnelle mais meten
repris par unautre. C'est ce qui explique que la diachronie est évidence le caractère obligé et foncièrement linguistique des
à la fois un processus destructeur d'équilibres anciens et bi-partitions systématiques de ce type.
constructeur d'équilibres nouveaux.
LL2: 215
cf.loi LL3: 139
LIA : 120-121
LSL: 35
COM P R É H E N S ION/EXT E NSION PLT : 91.92,258,259
(comprehensionlextension)
[Lat. cum : avec+ prehendere : prendre= ce que le mot emporte
aveclni]
ÇONCEPT (co n cept)
Le va-et-vient de la pensée entre l'universel et le singulier sur
[Lat. concipere (cnm : avec+ capere : prendre (conceptum =ce
lequel s'appuie la formation du mot dans les langues indo- qni a été appréhendé, saisi par l'esprit))
européennes seretrouve dans sa signification même sous la
forme d'un équilibre de compréhension (ou intension) parti- Le concept est la représentation en langue d'une notion par-
cularisante et d'extension généralisante : ticulière soumise intérieurement à une tension aussi généra-
Quand on parle,en grammaire, de la compréhension du lisante que possible sans que soient remises en cause l'exis-
mot, on fait allusion implicitement à un éloignement de tence et l'autonomie de cette notion.
l'universeletà un rapprochementdu singulier,etquand on Le concept est caractéristique des langues de l'aire tierce où
parledel'extensionà un rapprochement de l'universeletun la matière et la forme du mot interagissent dès la langue.
éloignement du singulier. gSL :SSI L'idéogénèse fournit l'idée particulière, et la morphogénèse
l'idée générale, à savoir la partie du discours. C'est la com-
Ainsi dira-t-on que pomme est plus compréhensif que fruit
binaison des deux qui crée le concept, les tensions se limitant
parce qu'il est plus proche du singulier que ce dernier. Fruit
est plus extensif par sa relative généralité. Ce rapportinver- réciproquement à un niveau moyen. Ainsi le mot maison a
sement proportionnel de la compréhension à l'extension est pour signifié le conceptmai son parce que son statut formel de
dans tout mot fixe etinvariant. En discours interviendra éven- substantif l'oblige à s'appliquer à tout objet pouvant relever
tuellement une variation d'extensité locale, réglée en ftançais de sa définition. L'apparition du concept au plan matériel
par l'article : s'accompagne delacréation d'actualisateurs spéciaux,par
Pris dans la langue (...) un vocable, une unité de puissance exemple l'article des langues indo-européennes par rapport
aux substantifs.
quelconque est un équilibre stabie, invariant, du mouve-
ment d'intension allantà l'étroit et du mouvement d'exten- Il faut veiller particulièrement à garder au terme de concept
sion allant au large. (PLT : 2$9) sa valeur linguistique de mode de construction du signifié
matériel. Ce terme n'a rien à'voir avec sa définition philo-
La matière du mot n'est pas concevable sans une forme lin-
sophique ou psychologique. En d'autres termes, toutes les
guisfique.Compréhension et extension sont en fait les deux
langues du monde permettent de conceptualiser mais pas
aspects formels qui déterminent pour chaque mot son aspect
nécessairement avec un signifié matériel conceptuel. A titre
matériel. Il est à noter que ces deux formes sont inséparables d'exemple, la racine des langues sémitiques est infiniment
et systématiquement reliées. A la singularisation qui fait
plus générale et donc plus conceptuelle que le radical indo-
l'intensionréplique àproportion, quoiqu'avec uneorientation
européen, tout en étant typologiquement antérieure. Quant au
diamétralement opposée, l'universalisation extensive. C'est
vocable le moins conceptuel qui soit, le caractère des langues
selon G. Guillaume la propriété essentielle des êtres linguis-
isolantes, il a permis l'élaboration de philosophies d'un très
tiquesque d'associer deux mouvements adversatifs complé-
haut degré d'abstraction.
mentaires, leur stabilité associative provenant justement de ce
dernier caractère. Les êtres linguistiques sont tous intérieure- PA : 78,91,240,303,312,313
ment contradictoires, cette contradiction étant intégrée, sans LSL : 89,102,106
50 — CONDITIONNEL
coNJQNcïioN - 51

COND I T I O N N E L (con ditional) nomie expressive, appelés disjonctifs. Les pronoms disjonc-
[Lat. condicionalis : soumis à certaines conditions. Ce terme a été tifs français utilisent l'article défini (lequel, laquelle,
utilisé en grammaire pour traduire le grec hupothetikos]
lesquel(le)s). Les pronoms conjonctifs sontqui,que, dont, où.
La définition traditionnelle du conditionnel comme un mode En anglais, les pronoms conjonctifs et disjonctifs ne sont pas
est parfaitement erronée. Il s'agit d'un temps, un des deux distincts bien quewho et which tendrent à être de préférence
temps futurs de l'indicatif français, le futur hypothétique, disjonctifs face au pronom zéro conjonctif.
l'autre étant le futur catégorique (futur simple) comme le
cf.pronom
prouve la sémiologie. Les deux temps (je chanterai/je chan-
terais) sont en effet tous deux construits à l'aide de l'infinitif
en position de radical et d'une version flexionnelle du verbe
avoir. Le futur simple, incident, est comparable au prétérit CON JON C T I O N (c onj unction)
défini etle condifionnel décadent à l'imparfait dontil possède
d'ailleurs la flexion en-ais. La conjonction est définie comme un translatif, c'est-à-dire
un motd'uneespèceparticulièrepermettantlanominalisation
d'une phrase.
cf.hypothétique (futur)
La conjonction n'est employée que dans les cas de nominali-
sation externe de la phrase. S*il s'agit d'une nominalisation
inteme, impliquant un élément spécifique à l'intérieur de la
CONGRUENCE (congruence) phrase,on aura recours non pas à une conjonction mais à un
pronom conjonctif.
Le principe général de congruence a trait à l'obligation faite G. Guillaume distingue en français trois groupes de conjonc-
à la sémiologie de révéler (signifier) les articulations systé- tions :
matiques (psychiques). Cette obligation n'est pas absolue 1) les conjonctions simples (quand, comme...) toujours
puisqu'elle est limitée par la nature et la qualité des apports suivies de l'indicatif.
phonétiques de l'évolution. 2) les conjonctions complexes ou locutions conjonctives
Les innovations non congruentes ne seront donc pas retenues terminées par que : elles se divisent en conjonctions virtuali-
mais le principe de congruence révèle une certaine flexibilité santes et actualisantes selon que le premier élément s'y pré-
(souvent révélatrice d'ailleurs de la nature des problèmes sente anticipatif ou non anticipatif. Par exempleavant est
posés). Il est simplement demandé à la sémiologie de suffire anticipatif et la conjonction complexe avant que est suivie du
(principe de suffisance expressive). subjonctif. Après étant non anticipatif, la conjonction après
Ce principe est la version guillaumienne du principe d'ana- que gouvemera l'indicatif.
logie cher à la grammaire comparée et renvoie directement à 3) les locufions conjoncfives terminées par où (jusqu'au
la nature systématique de lalangue : celle-ci en effet n'intègre moment où...) toujours suivies du mode indicatif, à cause de
que les innovations qui sont de nature à convenir aux besoins où dontla fonction propre ne sauraits'exercer en dehors du
d'expression (d'où le terme parfois utilisé deloi de conve- temps réalisé.
nance). On remarquera ici une possible hésitation sur le statut de
certaines conjonctions qui, comme quand, répondent aussi à
cf.loi la définition des pronoms supplétifs. Par ailleurs, que est aussi
bien pronom que conjonction. G. Guillaume assimile en fait
explicitement les deux fonctions en faisant de tous ces termes
CON JONCTIF (pronom) des éléments translatifs, agents de nominalisation, soit inteme
soit externe. La différence réside dans la position de la per-
(conj unctive pronoun)
sonne-support, à l'intérieur ou à l'extérieur de la phrase
[Lat. conjuctus < conjugare : unir, relier]
nominalisée.
Ce terme est utilisé comme équivalent depronom relatif, au LL1 : 241
sens traditionnel, afin de distinguer les pronoms relatifs LL3 : 148-150
dépendants de l'antécédent de ceux qui manifestentune auto-
TV : 42-45
52 - CONJUGAISON
C ONSONNE ~ E - 53

CON JUGA I S O N (eo n j ugation) rechercher du côté psycho-systématique et non pas, car la
[Lat. eonjugare : unir, reiier] langue tolère de ce côté une certaine irrégularité, du côté
sémiologique :
La conjugaisonestl'ensemble des formes verbales,variables
(...) sousies irrégularités de ia conjugaison sémiologique,
selon le mode, le temps et la personne qui sont l'expression
partout ettoujours se découvre ie même psychisme un et
des divers moments successifs de l'acte de représentation du
extrêmement systématisé, qui est celui des formes verbales
temps. Etant donné que cette représentation est une spatiali-
françaises.g,u : 74)
sation du temps, la conjugaison est l'ensemble de ces cas de
spatialisation : Le dévidement des cas de spatialisaáon du
LL1 70 74 88 163-165
temps et ia conjugaison ne font qu'un. ILLS :130)
LL3 : 65,66
Ces cas de spatialisaiion sont rendus matériellement, compte
tenu de la loi de suffisance expressive qui autorise certaines LL4: 112
irrégularités, par une sémiologie spécifique : LLS : 130,160,161
Le système de iaconjugaison du verbe se recompose de LSL : 120-123,250-269.
conditions psychiques satisfaites rendues sous des signes
TV :129
jugés propresà en assurer lasaisie, ie portetie transport.
Ces signesconstituent iecôté sémiologique du système. Les
conditionspsychiques que ies signes reeouvrent en consti-
tuent iecôtép sycho-systématique. (LSL :2SJ)
CONSO NN E AX I A L E (axi a ! consonant)
La conjugaison repose sur les trois catégories verbales rap-
pelées ci-dessus que sont le mode, le temps et la personne. Consonne qui, dans le mot, sépare le radical de la partie
Outre l'incidence, le verbe est encore caractérisé par deux morphologique postposée, autrement dit marque physique-
autres catégories, l'aspect et la voix. On notera que les formes ment le seuil mental inscrit dans le mot qui sépare l'idéation
verbales, modales ettem porellessontdesformes conjugantes notionnelle de l'idéation formelle ou trans-notionnelle.
alorsque l'aspectetlavoix demeurentdes formes conjuguées
En français, cette consonne joue unrôle très important, amuie
parlesprécédentes(parexemple, la forme d'aspecttranscen-
&équemment à l'indicatif mais présente au subjonctif
dant avoir chanté se reconjugue exactement aux mêmes (j'entendslque j'enten-d-e), ou marquant la distinction de
temps et modes que le verbe d'aspect immanent chanter, et
nombrej('entendsliis enten-d-ent je finislils fini-ss-ent). Elle
j'ai chanté, loin d'être un temps de chanter n'est en fait que
est régulièrement présente à l'imparfait, et connait des for-
le présent deavoir chanté, un présent d'aspect parfait). tunes diverses au passé simple (savoirlje saisj le sus, vivrej le
Dans la langue française il existe trois modes grammaticaux. visjle vécus). Elle est directeinent intéressée par les vocali-
Dans le premier état de sa réflexion, tel qu'il est formulé dans
sations ou non vocalisations des désinences qui marquent le
Temps ei verbe, G. Guillaume faisait une double distinction
paysagechronogénétique français.Son étude,quoique fort
binaire : distinction du plan verbal et du plan nominal (ce compliquée du fait d'interférences phonétiques d'une part et
dernier devient par la suite le mode quasi-nominal, avec les du caractère relativement lâclie de la fonction sémiologique
formes d'infinitif et de participes) ; puis dans le plan verbal, (loi de suffisance expressive) d'autre part, est cependant d'un
distinction du mode temporel ou actuel (l'indicatif) et du intérêt considérable et malheureusement trop souvent négli-
mode intemporel ou virtuel (le subjonctif). La conjugaison gée. En effet, les variations phonétiques sont encore trop
propre du verbe kançais se divise en deux groupes : la conju- souvent tenues pour des héritages aléatoires et mineurs.
gaison dominante ou faible, caractérisée par un-r d'infinitif
G. Guillaume voit en elles au contraire les traces visibles du
fermantetles conjugaisons non dominantes ou fortes,carac- travail systématique autant que le résultat des mises en forme
térisées par un -r d'infinitif ouvrant.
physiques nécessaires à l'intercompréhension (analogie). Il
L'intérêt de cette analyse réside dans la mise en évidence de appelle ainsi à une véritable grammaire comparée, dont il
la remarquable unité qu'a réalisée dans sa conjugaison du consiruit les bases avec la glossogénie, qui ne serait plus
verbe unelangue commele français(ladémonstration apupar aveuglément et exclusivement toumée vers le phonétisme
la suite être appliquée à d'autres langues comme l'anglais, mais saurait retrouver sous le phonétisme les structures psy-
l'allemand ou l'espagnol), unité qu'il faut naturellement chiques impliquées.
54 — eo14vnw~cn CRYPTOLOGIQUE -55

La consonne axialeestrepérable dans les séries de corres- dématérialisation intérieure qui est créatrice de l'état de
pondances sémiologiques comparatives telles que : copule :
La copule, par définition, est un verbe être dématérialisé,
albanais m birni vous apportez diminué à un haut degré, et qui n'a donc retenu en lui
qu'une infime partte dekr signification faisant l'entier du
g ar " de mettre au monde verbeêtre. (LL3 : 221)
anglais er b ear ur poiter Cet inachèvement de sa matière sémantique oblige le verbe,
réduit à l'état de copule, à faire appel à un complément de
arménien er berem je porte matière qui lui sera fourni soit par un adjectif (Pierre est
avesfique m' barami je porte riche), soit par un syntagme nominal (Pierre est un garçon
gothique ee' courageux), soit par un syntagme prépositionnel (Pierre est
baira je porte à l'école).
grec pherô je porte
irlandais ee' berim je porte LL2 : 191
LL3 : 198,217,221
latin fero je porte
LSL: 78
russe beru je prends
sanskrit er bhàrâmi je porte

(LLS :159-160) CRYPTOLO G IQUE (cryptological)


Le -r-est conservé dans cette série comme séparateur de [Gr. kruptos : caché]
l'idéation notionnelle attachée à i-e 'bh- et de l'idéation for-
Dans la théorie guillaumienne de la démarche scientifique, la
melle variante.
syndèsecryptologique désigne le rapportfinal de compré-
LLS : 160-163,167,170,173 hension,subordonnant celle-cinon pas à l'observable (syn-
PLT : 73-74
dèse autoptique) mais au concevable. C'est l'engagement
d'unesyndèse cryptologique qui permet seule à la science
d'accéderau voir supérieur,théorique,capabled'unifi er les
données hétérogènes de l'observation empirique.
CONVENANCE (suitability)
Le terme deconvenance estéquivalent à congruence. L a loi cf.syndèse
deconvenance impose à lasémiologie de révéler au mieux les
articulations systématiques. Cette loi est équilibrée par le
principe de suffisance expressive qui autorise uneraisonnable
CURSIF (cu r si ve)
variété dans la sémiologie, pour autant que l'unité systéma-
tiquen'estpasremise en cause (verbes irréguliers,parexem- [Lat.cursus c currere :courir]
ple). Ce terme désigneun temps qui représente un événement en
cf.loi, congruence coursderéalisation :Pierrelit( = estentraindelire),letemps
du verbe est unprésent cursif. On oppose aux temps cursifs les
temps précursifsquireprésentent un événement en incidence
surdécadence nuùe. Leprésentprécursifestalorstrèsproche
COPULE (c o pula) du futur immédiat : Bon, maintenant, tu te tais ! ( = tu vas te
[Lat. copulare : untr]
taire).
Le verbeêtrejoue lerôledecopule entreun sujetet un attribut.
C'est la subduction ésotérique du verbeêtre, c'est-à-dire sa cf.précursif,
présent, thème
56 - DÉCADENCE/INCIDENCE
DÉCLINAISON - 57

DÉCADENCE/INCIDENCE ment, seulement le futur se caractérise par un augment


(decadencelincidence) virtualisant-r-. Onpeutnoter quecettedésinence d'imparfait,
[Lat. cadere : tomber] signede passage en décadence, estcompétente dans d'autres
cas dedécadence :la décadence syntaxique ( je savaisqu'il
Dans lemouvement d'échéance de l'événement au temps était parti), la décadence stylistique ou allocutive (comme
apparaissentdeux moments successifs caractéristiques : lorsqu'on dit à un peut enfant :Il avait faim, ce bébé-là ? ou
d'abord un moment où leprocès évoqué par le verbe est vu bien poliment à son interlocuteur je venais vous dire que le
arrivant au temps (niveau d'incidence) puis un moment où travail était lerminé).
l'événement est vu arrivé au temps (niveau de décadence).
Cette distinction est instituée en français dès le mode quasi- LL1 : 94,96,108-111,114-119
nominal où l'on voit le verbe occuper ou bien seulement le LL4 : 72.79,80,98,104,147,149
niveau d'incidence (infinitif), ou bien les deux niveaux LSL : 250-268
d'incidence et de décadence (participe présent) ou bien seu-
lement le niveau de décadence (participe passé) :

marcher
i DECLINAISON (declension)
I
marchant La déclinaison est traditionnellement l'ensemble des modi-
I
I I
incidence fications morphologiques, dans le plan nominal, qui signalent
décadence EMPS) la fonction. Ces indications fonctionnelles secombinent avec
les indications de nombre et de genre et varient selon les dif-
D'une manièregénérale appartiennent au niveau supérieur férentes parties du discours. La déclinaison correspond dans
d'incidenceles formes verbales évoquant un procès tout en leplan nominal à laconjugaison verbale. Le terme s'applique
accomplissement, sans y mêler d'accompli (incidence simple aux langues flexionnelles mais est parfois abusivement
sur décadencenulle).Au niveau inférieur de décadence étendu aux suffixations fonctionnelles des langues poly-
appartiennentles formes verbales évoquant un procès entiè- synthétiques, agglutinantes ou à racines.
rement accompli. Enfin appartiennent à la fois aux deux Les études menéespar G. Gui llaume dans ce domaine consti-
niveaux lesformes verbales évoquant un procès en partie tuent une théorie psychique, l'existence et - corrélativement
accompli et pour le reste en accomplissement (incidence sur - la disparition de ladéclinaison dans une languedonnée étant
décadence engagée). le résultat de processus psychiques.
Au mode indicatif, c'est unesurcharge d'époque qui fait en Un examen du déroulement dans le temps desdeuxopérations
quelquesortepasser le verbe au niveau de décadence. Il consIruceicesdu mot dans les langues indo-européennes
s'effectueen effetdanschacune des époques déterminées par (opérations isochrones de discernement et d'entendement)
le présent séparateur unepesée temporelle. La charge et la révèle dans laphase finale de la genèse un intervalle de temps
surcharges'évaluent en hypothèse dans lecasdu futur,épo- qui séparenécessairement l'achèvement respecfi f des deux
que hypothétique par définition, et en réalité dans le cas du opérations. Le lieu de la déclinaison se situe dans cet inter-
passé, époque là aussi réelle par définition. Selon les besoins valle, consécutivement appeléchamp de déc!inaison.
du discours, le verbe peutou bienoccuper seulement leniveau La maùère de déclinaison est constituée par les cas d'emploi
d'incidenceou bien occuper en plus le niveau de décadence. que l'opération d'entendement se voit contrainte d'adjoindre
D'où l'existence en &ançais de deux temps passés (prétérit au sémantème afinde pouvoir s'achever, cas relatif à la
défini incident et imparfait décadent) et de deux temps futurs fonction, au genre et au nombre du mot.
(futur catégorique - le futur simple - incident et futur hypo- Inversement, la réduction de la déclinaison (universellement
thétique - le conditionnel présent traditionnel - décadent). Les constatée dans les langues indo-européennes) s'explique par
tempsdécadents marquent tous deux un surcroît de la charge un étrécissement proportionnel du champ de déclinaison,
naturelle à l'époque. phénomène auquel s'ajoute par ailleurs celui de l'assiette de
La symétrie des temps dans les époques est marquée assez compensation, créateur des morphèmes dissociés de la
nettement dans les désinences : en particulier, les désinences sémantèse, l'article en particulier mais aussi la préposition.
d'imparfait et de futur hypothétique sont les mêmes exacte- Toute mystérieuse et complexe que demeurent la déclinaison
58 — DÉFLEXIVITÉ
DÉMATÉRIALISATION - 59

nominale et la répartition des cas de fonction, l'angle d'atta-


que guillaumien se distingue radicalement de celui des com- DEM A T E M A L I SATION
paratistes classiques qui voyaient dans la perte de la décli- (dematerialization)
naison un simplephénomèned'érosion phonétique. Que cette
érosion phonédque joue un rôle, c'est l'évidence même. Mais La dématérialisation (aussi appeléesubduction) affecte les
on ne saurait lui accorder un rôle essendel car on ne s'expli- notionstrès générales qui apparaissent sous-jacentes ou
querait plus alors l'existence de déclinaisons complexes dans idéellement antérieures aux autres, et peuvent selon les lan-
les langues indo-européennes classiques non plus que leur gues où elles existent apparaître comme fondamentales du
conservationdans beaucoup de langues modemes. L'hy- pointde vue structurel. Cetteréduction de la valeurmatérielle
pothèse guillaumienne permet de situer la question en lin- (lexicale) au profit de la valeur formelle (grammaticale) peut
guistique générale, et de l'expliquer dans les langues indo- rester immanente à la notion ou au contraire la transcender
européennescomme une phaseprobablement transitoireetde auquel cas la notion se généralise au point parfois de devenir
toute façon relativement instable. C'est cette instabilité psy- astématique (suffixes et flexions).
chique et donc systématique qui peut seule expliquer l'évo-
lutionindo-européenne à la faveur, certes,d'accidents pho- cf.subduction
nétiques divers, mais toujours déterminée par le principe de
cohérence interne des grammaires particulières.
DEPO N E N T (de p onent)
PA :87 [Lat.deponere :déposer, mettre de côté = verbe ayant déposé,
perduIesens passlfl
LSL : 75,76,99-107,111
Terme traditionnel désignant une forme verbale à la voix
passiveavec un sensactif.Leverbe dans ce casim plique à la
fois une activité et une passivité du sujet, celui-ci étant autant
conduit ou conditionné par l'événement que le conduisant
DÉF L E X I V I T É (def l exivtty) (Lat. sequor : je suis, imitor : j'imite, loquor : je parle...).
Le français modeme conserve desdéponents sousla forme de
On dira qu'il y a déflexivité là où l'extensité du nom, au lieu ces quelques verbes qui, quoiqu'actifs à l'aspect immanent
d'être déférée par simple assignation, est explicitement dési- (mourir, partir, sortir, tomber...) utilisent l'auxiliaireêtre à
l'aspect transcendant (être mort, être parti, être sorti, être
gnée par un signe propre : l'article, la préposidon, sont des
éléments déflexifs. tornbé...). Les verbes pronominaux ont également une défi-
nition moyenne avec un aspect transcendant en être (se
Ce phénomène hist oriquement observable ne se trouve pas débrouillerls'être débrouillé). Cette voix moyenne résulte
seulement dans le plan nominal. Ainsi le support-sujet du d'une situation mixte du sujet à la fois sujet et objet par le
verbe français, originellement incorporé, s'en est-il ensuite réfléchi se.
détaché et il s'en est suivi la construction déflexive d'un mot
grammatical spécialement chargé de désigner le support du cf.voix
verbe : le pronom personnel. Le déflexif est un petit mot
grammatical chargéderendre explicites les supports auxquels
le discours réfère ses apports. La déflexivité a été un phéno-
mène constant dans l'histoire connue des langues indo-euro- DÈSE (d esis)
[Gr. dein : attacher]
péennes et correspond à une universalisation sans cesse
accruedes noms etdesverbes.Lapréposition avu également Dans la syndèse quiestl'archétype des rapports linguistiques
son domaine s'accroître àmesure queladéclinaison nominale (syndèseveut dire rapport) la dèse est le point de départ de
s'étrécissait. Au latin li ber correspond le français unlle livre chaque cinétisme ou tension, le point terminal étant l'hypo-
et à libris, du livre. dèse. Ainsi, dans le système del'article français, ladèse deun
est l'universel et l'hypodèse le singulier. Avec le, la syndèse
PLT : 260-261 s'inverse et la dèse est le singulier.
Cette seconde tension, inversive mais non-récurrente, est
60 - DÉVERSE DIASTÉME - 61

homogène etrésolutive de laproblématique première. La dèse titre d'une opération médiatrice, certes indispensable mais
est toujours plérotrope (complète, totale) mais l'hypodèse ne transitoire. Elle permet d'obtenir la reconstitution des sys-
l'est pas en première tension. Elle n'atteint la plénitude que tèmes sur l'axe desétats (ou mieux : axe des rapports), mais
dans la seconde tension, ce qui explique la nature binaire et les systèmes dont se recompose une langue étant par défini-
adversative des rapports linguistiques. tion sujets à variation,ù importe de les observer ensuite d'un
pointde vue diachronique sur l'axe des successi vités (axe des
cf.syndèse apports)afitn d'en suivre l'évolution et d'établir entre eux une
filiation.
Il serait donc plus exact de dire qu'à la distinction saussu-
DEV E R S E ( e a u S a t i On ) (deverse causation) rienne de la diachronie et de la synchronie, se substitue celle
de deux diachronies : une diachronie de type iraditionnel qui
L'apportessentieldeG. Guillaumeest lareconnaissance d'un s'intéresse à la genèse des matériaux, autrement dit à leur
principe de causation en trois moments. La causation initiale apport au système, et une diachronie d'un type spécial se
de tout phénomène estobverse et produit le causé construu. rapportant à l'histoire des entités diachroniques que consti-
La causation finale estdéverse etprend appui sur le causé. En tuent les systèmes, autrement dit une diachronie qui s'inté-
d'autres termes, la causation n'estpas linéaire et déterministe resse à la cinèse organisatrice des rapports entre les apports.
mais se médiatise par la présence de ce causé construit pré- Avec l'instauration de cette diachronie des synchronies, on
visionnel. Appliquée au langage, cette analyse reconnaîtpour aboutit à une réconciliation des points de vue synchronique et
le causé construit (la langue) une antécédence obverse et une diachroniquefondamentalementopposéspar Saussure,cequi
subséquence déverse qui aboutit au discours. Ceci fonde en laisse entrevoir par ailleurs lapossibilité d'une collaboration
droitunelinguistiquecryptologique dontunedes tâches estde fructueuse entre linguistes théoriciens et historiens.
mettre à jour les psychomécanismes à l'œuvre en causation C'est cette histoire des systèmes qui constitue d'après
obverse aussi bien qu'en causation déverse. G. Guillaume G. Guillaume la plus belle partie de la science du langage :
résumait ce point en disant qu'avant de réaliser une lingui- Cettediachronic de synchronics estappelée, sijejuge bien,
stique de laphrase et du discours, il était nécessaire d'établir d être k couronnement de la science linguistique. C'est
les conditions psychomécaniques de la langue elle-même. d'elk que Pon <àrera> leplus de fumière sur la véritable
nature du langage. (t.LI : 42)
cf.cansation
cf.c[nèse/genèse

DIACHRONIE/STNCHRONIE LL1 : 259,263


(diachronylsynchrony) LL2 : 103,208,214
[Gr.dia :à travers,sun :avec+ khrouos :temps] LL3 : 44,45,52,89-91,97
LL4 : 13-15,39,185
Dans lc « Cours de linguistique générale » de F. de Saus-
LSL : 166410,244
surel' étude des systèmes estprésentée <comme) relevanl
exclusivementde la synchronic :c'esten eQet en synchro- PLT : 61-64,105-113,116
nie, dans l'instant, que se déterminent ks systèmes, par une
genèseinstantanée et continuellement répétée,<créatrice)
de la relativité réciproque des parties. Mais lc systèmeune
foisdiscerné,par reconstruction, ildevient un être obser-
DIASTÈME (di a stema)
vable, comme un autre, dans k temps. Et il y a en consé-
[Gr. diastema : iutervaiie]
quenceune histoire des syslèmes, de leur filiation, qui en
termes saussuriens- si Saussure avait envisagé cette per- Ce terme issu du mot grec signifiantintervalle est utilisé pour
spective-seraitunediachronic de synchronics. (LL3 :42) désignerl'intervalled'une nature trèsparàculiè re,existant
En fait, entre la diachronie telle que l'envisage la grammaire entredes limites qui sontcelles même de la pensée. (tSL :16O)
comparée et la diachronie des synchronies guillaumienne, la Le diastème où se développe toute l'action linguistique de la
synchronie au sens saussurien du terme n'intervient qu'au pensée humaine inscrit en lui une double tension allant de
62 — otcretLrréottts/131 T ontttvt)err~ l taw T - 63

l'universel ausingulier (tension singularisante) etdusingulier DIRIMANT/INTÉGRANT


à l'universel (tension universalisante) ou vice versa (non conclusi velconclusi ve)
G. Guillaume emploie par ailleurs l'adjectif diastématique [Lat. dirimere : annuler, rompre et integrare : compléter, ache-
qui sert à caractériser les parties du discours incidentes non verl
pas à un mot de discours, mais àl'intervalle psychique entre
Le mot dirimant qualifie le parfait irançais avecavou (avoir
deux mots de discours. La partie du discours diastématique
marché), etintégrant le parfait avecêtre (être tombé). Cette
par excellence est la préposition, incidente non pas à un sup- distinction psychique entre deux types de parfait révèle
port mais à un intervalle entre supports. l'ouvertureàl'achèvement du verbe de deuxperspectives de
LL3 : 155,159 continuation différentes pv :26). Celle avecavoir est ouverte
LSL : 160,165 et autorise sans hiatus la reprise du procès par le sujet. Celle
avec être impose ce hiatus, le sujet passif ne pouvant
reprendrele procès qu'en le recommençant :on sortlon est
D ICIBILITÉ/ D I R E / D I T sorti, on tombelon est tombé, on meurtlon est mort. Etre sup-
poseune fermeture duprocèsquirapproche lesparfaitsintég-
(sayability, saying, said)
rants de la voix passive. L'usage courant trahit un certain
La dicibilité est la condition premièrepour qu'il y ait langage. flottement (j'ai tombéj 'ai monté là-haut j'ai descendu dans
Elle consiste en la mutation, perdue dans les origines, de mon jardin, je suis êté me coucher) du fait de la subtilité de
l'indicible en dicible. Cette mutation s'est opéréeparla séria- certaines règles syntaxiques qui imposentavoir avec un com-
tion d'expériences diverses etrépétéesaboutissant - conver- plément d'objet (j'ai monté trois marches) mais être quand
geant -à une même représentaáon. (LL5 :27) l'opération se referme sur le sujet (je suis monté dans ma
I[ s'agit ici de la dicibilité mentale qui conditionne l'ajuste- chambre).
ment des signes à ce que l'homme pense. Cette intervention
LSL : 131-134
des signes correspond à la dicibilité orale et scripturale et
TV : 25-.27
éventuellement gestuelle. Elle s'institue sous la forme d'une
représentation puissancielle ou d'un savoir/pouvoir dire qui
devra subir d'autres mutations avant d'aboutir au discours
observable : — mutation du dicible en dire DISC E R N E M E N T (di s c erning operation)
— mutation du dire en dit terminal [Lat. discernere : séparer, distinguerl
On reconnaît donc dans l'intégralité de l'acte de langage trois L'opération de discernementréfère àl'opération depensée au
moments successifs, le premier où il se présente en puissance
cours de laquelle lanotion particulière qui fera la matièred'un
delui-même - c'estladicibilité - le secondoù il opèresapropre
mot est individuée, c'est-à-dire abstraite de la masse des
réalisation - c'est le dire — et le troisième où il se présente au
autresidées.L'opération de discernement correspond à un
maximum de son achèvement — c'est le dit.
mouvement particularisateur allant de l'universel au singu-
G. Guillaume applique bien entendu ici, au mécanisme pro-
lier. Sa contrepartie généralisante est l'entendement.
fond dulangage, son schème d'analysedes procès construc-
teurs en trois étapes (puissance, effection, effet) que l'on LL4 : 22-23
retrouvera dans tous les grands systèmes comme la glosso-
LSL : 87-98,100
génieetqu iétaitapparu dans Temps etverbe pourl'examen
de la chronogénèse [rançaise. La dicibilité, moment de l*acte
de langage,ancrée au plus profond de l'expérience et de DISCOURS (d i scourse)
l'histoire humaine, n'entretient aucun rapport avec la com-
[Lat.dis :çà etlà + currere :courir = au senspropre, courir çà
pétence chomskyenne, qui est un modèle abstrait des condi- et là]
tions du discours et non un exposé des véritables conditions
Le terme désigne l'ensemble illimité desrésultats observables
dynamiquesde l'acte de langage.
de l'acte de langage. A l'inverse delalangue, produite par des
LSL : 285 opérations de représentation dupensable, le discours relève
PLT : 40,41,230,231 d'opérations d'expression du pensé.Le discours estdonc le
64 - DISJONCTIF
DUEL - 65

produit de l'exploitation momentanée des ressources insti- laquelle, lesquel(le)s où l'article déïmi substantive l'adjectif
tuées en langue. interrogatif, provoquant ainsi une disjonction expressive
Le terme guillaumien dediscours est beaucoup moins restri- entre l'antécédent et la proposition relative.
ctifque le terme saussurien de parole.D'une pait,discours
réfèreà tout agentphysique d'expression de la langue (parole LL3 : 153-154
orale, parole écrite, et parole gestuelle). Relève du discours
toutproduit à vocation expressive et communicative. D'autre
part la distinction [angueldiscours est opérative, la langue
s'établissant comme de la parole vtrtuelle ou puissancielle DUEL (dual number)
[Lat. duo : deuxl
relativement à de laparole egective, s'il fallait reprendre le
termesaussurien. Enfin, si lalangueinstituée apparaîtêtre une Le duel -casdelacatégoriedu nombre -représenteledernier
condition permissive à l'égard du discours, elle en est aussi le vestige du pluriel interne (deux conçus sous un vu). Le duel
produitau sens où c'està parhr d'essais de discours etpour indo-européen,conservé en sanskriteten grec ancien, a lar-
répondre à ses besoins que la langue se construit et se modifie gementétéabandonné, leslangues modernes ayantrecours au
diachroniquement. pluriel externe. Cette utilisation accrue du pluriel externepeut
Langue et discours sont inséparables car ils sont tous deux s'expliquer par lecaractère homogène de la deuxième tension
engendrés par des opérations génétiques identiques quoiqu'à du système, orientée àpartir du singulier vers lepluriel obtenu
visée différente - la langue recherchant l'institution et le dis- par multiplication. La première tension est hétérogène puis-
cours l'exploitation momentanée de l'institué : que lamultiplication est intérieureàl'unité etnepeut en sortir.
Historiquement, la visée générale du discours n'estpa sde Toutefois, le duel, ou du moins le pluriel intern, a persisté
restreindretacompétence desformes que la iangue lui livre, longtemps,comme en ancien français avec unes belances,
mais, sans sortir des limites de compétence que la langue unes grandesj oes, unes grans narines, unes grosses levres,
impose, et donc dansic cadre d'une restriction de compé- uns grans denr, le pluriel de un se maintenant avec les noms
tence acceptée, de développer autant que possible Eo com- désignantdes pahes ou des ensembles. H en reste quelques
pétence de kr forme. Autrement dit, on commence en Longue traces sémiologiques dans la langue moderne :yeux en face
par unerestriction de compétence, eton achève en discours deccils-de-btcuf est un pluriel irrégulier qui peut s'expliquer
par une extension de compétence tenue dans leslim ites de par sonrapport avec le duel :on notera dans ce plurielune
la restriction primitivement opérée. (Leçon du 19 Mars vocalisation postérieure àlaconsonne axiale [j] alors quedans
194g,série C) le singulier la vocalisation est antérieure.
Aussi G. Guillaume reconnaît-il comme unité de langue le
LSL : 171-173,284
mot, qui représente le plus haut degré d'institution, et comme
unité de discours la phrase, qui en représente le plus bas.

AT : 14
ECTO PI E (ec t opy)
LL1 : 136 [Gr. ektoposc ek : horsde+ topos : lieu, place]
LL2 : 19/0,94
L'ectopie est le phénomène par lequel une forme se trouve
LL3 : 12,13,20-24,32,36.37,197~
écartéede sa position propre outopique. Par exemple, leverbe
LL4 : 16,61,65,67,69,71 anglais qui est congruent au réel, autrement dit dont la posi-
LSL : 28,36,183,185+08+09,211+75 tion topique est le réel, ne peut pas signifier le futur par lui-
même. C'est une forme auxiliée qui est seule capable de le
futuriser (Ishall write). Dans ce type de construction, le verbe
DISJONCTIF (pronom) principal est rejeté dans l'au-delà de l'auxiliaire, ce qui
explique par ailleurs que le futur germanique soit autant
(disj unctive pronoun)
« modal » que temporel, l'au-delà en question étant à la fois
[Lat. disjungere : disjoindre < dis : préfixe indiquant la sépa-
ration+ jungere : joindre] l'époque future non réalisée et le virtueL Ce mécanisme de
rejet correpond à une ectopie, c'est-à-dire un déplacement
Ce terme désigneles pronoms françaiscomposés lequel, hors de l'actuel et vers le virtuel dit alorsectopique.
66 - EFFECTION
EFFET DEsENs —67

La position propre d'une forme se définit dans le système


construit d'une langue, et non pas dans la problématique EFFET DE SE N S (me a ning egect)
généraledu langage humain, selon le principe de cohérence.
A partir d'un signifié de puissance unitaire en langue, et sans
Il ne sauraity avoird'ectopierelative àun quelconque schéma
jamais rompre sa cohésion interne, on peut obtenir en dis-
universel.
cours, momentanément, des effets de sens en nombre non
limité apriori. Ladiversitédes effets de sens d'une formepeut
LL1 : 97,199
parfois aller jusqu'à la contradiction apparente, témoin
LSL : 65,224 l'imparfait français qui peut aussi bien évoquer un événement
effectivement réalisé dans le passé(7ous iesjours à cinq
heures, ii buvait un whisky) qu'un événement non réalisé
(Sans tous ces atermoiements, nous terminions l'ouvrage à
EFF E C T I O N (ef f e ction) temps = ii n'a pasété terminé à temps).
L'effection est le processus de transinon entre le plan de la La tâche du grammairien est deremonter de ki multiplicité
puissance et celui de l ' e ffet. Egection est synonyme des conséquencesdu signe linguistique dans le parler réel
d'actualisation, la puissance étant la face virtuelle de l'effec- à son unité de eondihon dansla langue virtuelle. pV : 1SS
>
tif etl'effectifla face actuelledelapuissance. L'article estde Il n'existe bien sûr qu'un seul imparfait en français, lequel se
ce fait un signe d'effection du nom. définit par saposition dans le systèmeverbo-temporel, et au
fond lacontradiction apparente nerésulteque d'un apriori sur
cf.puissance/effet, actuel/virtuel la valeur de cette forme. Au contraire le linguiste doit être
attentif à ces supposées incompatibilités des effets de sens :
elles peuvent très bien être aussi la clé de la valeur fonda-
mentale de langue. Le débatpeut s'ouvrir alors pour savoir si
EFFÉRENT (e f ferent) cette diversité de l'effet tient au contexte, ou à la stratégie
allocutive au cas où le sujet parlant se servirait d'une forme
Est efférent un temps qui, au lieu d'aboutir au présent, s'en
pour signifier son contráire, ou bien si elle est prévueen lan-
éloigne, et se situe donc sur l'axe ascendant du temps dans le
futur ou surl'axe descendant du temps dans le passé. gue, oubien encore si la forme n'a au fondqu'une seule valeur
L'afférenceetl'efférence sontdesnotions fondamentales de qui reste absolument invariante mais qui est si abstraite
qu'elle doive s'interpréter.
l'étude de l'architecture verbo-temporelle. Elles déterminent
en particulier le statut du présent, clé de voûte de la chrono- G. Guillaume considère les formes comme des dynamismes
dont le domaine d'application est diastématique, c'est-à-dire
génèse.
se présente comme un intervalle. L'effet de sens est une des
cf.afférent/efférent positionspossiblesdans cet intervalle. Ainsi un autre exemple
pourrait être celui de l'arbcle, capable aussi bien d'universa-
liser (Un enfant est toujours l'ouvrage de sa mère) que de
singulariser (J'ai vu un enfant ce matin). En langue, étant le
EFFET (eg e cti vi ty) signe d'un mouvement transitant entre deux termes contra-
dictoires, il a un signifié unique. Mais en discours, par le jeu
Le plan de l'effet est le plan d'étalement des produits termi- des interceptions, les effets de sens s'étagent entre ces limites
naux des opéranons linguistiques dont l'origine est le plan de et peuvent donc paraître opposables selon que l'interception
puissance. Alors que ce plan de puissance est un lieu systé- est très précoce ou au contraire très tardive. Ce sont donc les
matique unitaire, le plan effectif est le lieu où besoins cas limites qui sontles plus révélateurs du systèmerelationnel
d'expression et résultats opératifs sont en contact et donc en cause.
éventuellement en conflit. Ce point est àrelier à la conception
On le voit, le rapport entre la forme et ses effets de sens est le
génétique que G. Guùlaume a de la diachronie puisque c'est pivotdela théorie linguistiquepuisqu'ellereproduitlerapport
de ce type de conflits que provient l'évolution linguistique. qu'on établit entre la langue et le discours. Les théories syn-
taxiques s'intéressent fort peu à cette question alors que les
cf.puissance/effet théories sémantiques concluent souvent très vite à l'impos-
68 - ÉNANTIQDRQMIQUE RNDonav,sTIQI)n - 69

sibilit
é de réunir sous un même chapeau des effets de sens
contradictoires et admettent des synonymies accidentelles.
ENDOPHRASTIQUE (endophrastic)
[Gr. eudou : dedans = à l'intérieur de la phrase]
Une sorte de postulat guillaumien est que la synonymie
n'existe pas pour les formes grammaticales, ou alors que la Est endophrastique une langue ou, dans une langue, une
langue peut simplement tolérer des rencontres sémiologiques construction spécifique, qui détermine la forme terminale du
fortuites quand elles ne rompent pas l'équilibre du système, vocable tardivement, en discours, et non précocement, et
oubienencore, àlalimite, quela synonymie irahitunerelation prévisionnellement, en langue. L'endophrastie est typique de
secrète d'ordre systématique. En tout état de cause, les effets l'aire prime de définition du vocable qui regroupe les langues
de sens sont toujours supposés déterminés par la langue, holophrastiques, agglutinantes et isolantes. On oppose à
même dans ces cas où, dans le discours, ils apparaissent l'endophrastie l'exophrastie où le vocable se détermine hors
chaotiques. L'impossibilité pour une théorie de remonter à de la phrase. L'exophrastie réelle commence en typologie
l'unité équivaut donc à une impossibilité de théoriser la lan- génétiqueavec les langues àracines.
gue. G. Guillaume adresse constamment le reproche à la lin-
cf.glossogénie
guistique historique et la linguistique qu'il appelle tradition-
nelle, en rappelant le caractère systématique et donc néces-
sairement unitaire au niveau le plus profond de leur objet.
ENEX I E (e nexy)

TV : 132,134 Phénomène de rétention, d'intégration, d'incorporation.


Le mot est très vraisemblablement une création de
LSL : 205-207
G. Guillaume qui l'utilise à plusieurs reprises :
- pour la description du présent français :
c(et torquantitésdetempsenéneriedansleprésent(non
ertrapolées). (LSL: 60)
E NANTIODR O M I Q U E (enanliodromic) - àpropos de l'opposition établieentre morphologie interne
[Gr.enantios:iuverse+ dromos :course=courseen sensiuversel et morphologie externe :
(...) la partdc morphologie que le mot, par unc sorted énc-
rie, retient en lui; etlapart de morphologie qui, échappant
Ce mot a trait au phénomène selon lequel l'ordre de produc-
à cetteéneric,sedéveloppe librementen dehorsdu mot,sous
tion historique d'un système peut être l'inverse de l'ordre des
touslesmodes possibicsen cette situation. (LSL :113)
articulations systématiques elles-mêmes, un terme cinétique-
ment antérieur à un autre n'étant élaboré historiquement -ou encore àpropos du pouvoirque manifestela langue de
qu'après celui-ci. maintenir l'équilibre et la concordance du psychique et du
sémiologique.
Ce concept est utùisé une fois par G. Guillaume dans son
article polémique sur La question de l'article (LSL: 157 sq)qui LL1 : 90
l'oppose àdes linguistes historiens. Ceux-ci lui avaientrepro- LL3 : 35,37
chéde défi niren système l'article uncomme une approche du LSL : 60,113
numéral alors qu'il en est historiquement et tardivement issu. PLT : 202
G. Gui[laume souligne parlà (la> relativeindépendance- cn
principe elle est totale - de l'ordre régnant dans unsystème
construitet de l'ordre qu'ila fallu suivre pour en opérer
ENTE N D E M E N T (co m prehcnding operation)
commodément la construction. La similitude des deur
ordres n'a rien d'obligé et ilsc conçoit que lc plan de mon- L'opération d'entendement se réïere au mouvement de pen-
tage d'un mécanisme et celui du mécanisme lui-même res- sée qui va du singulier à l'universel et qui soumet la notion
tent des choses liées sans doute, mais d'une essence diffé- particulièreindividuée par l'opération de discemement à une
rente. (LSL :159) double universalisation, intégrée (concept) puis intégrante
(partie du discours).
LSL : 159 LSL : 86-98,99-102
ENT IE R (who le) entre l'évocation d'un procès réel (Jem'endormais tous les
jours à 7 heures) et celle d'un procès imaginé (Un peu plus,
(.,) La pensée constructrice du Eangage,à iaquelie ilincom- j em'endormais=je neme suispas endornu).Ils'agitlàd'un
be d'être en elle-même une pesée de ses propres démarches, cas limite où le perspectif a occupé la presque totalité de
s'estchoisie pourétalon de mesure des entiers -des entiers l'espace alloué au procès, au détriment de l'accompli qui ne
de mouvementspsychiques - quine sontjamais autre chose subsiste que formellement et - pourrait-on dire - stylistique-
que lespropres mouvements intérieurs de l'esprithumain, ment, pour suggérer la réalisation imminente, contrariée
conhnuésj usqu'à complétude etsaisis - s'il y a lieu - par elle cependant, du procès.
avantcette complétude, ou après (...).gS L: 205) - Autre exemple encore : le concept d'entier permet de
Ce que G. Guillaume montre par l'introduction de ce concept comprendre l'étroite association qui existe entre un verbe
d'entier en linguistique est que la pensée humaine en quête auxiliaire et un verbe auxilié. L'auxiliaire, en perdant plus ou
d'expressionse trouve devant un grave problème de repré- moins samatièreparticulière, reçoiten compensation celledu
sentation, puisqu'elle doit se représenter elle-même et donc verbe auxilié, l'ensemble satisfaisant à nouveauà lacondition
est en l'affaire juge et partie. La théorie avance que l'étalon d'intégrité. Dans le couple matière/forme, toute perte d'un
seul capable de permettre cette analyse intérieure est la côté est compensée de l'autre. Ainsi un groupe tel qu'avoir
conception des mouvements psychiques comme des intég- marchééquivautsystém atiquement auverbesim plemarcher
rités, parrapport auxquelles ces mouvements vont pouvoir et se reconjugue exactement comme lui. Pour autant, laques-
êtrerelativement situés et analysés en leurs différentes étapes. tion de l'intégralité peut se poser à de multiples niveaux et
A plusieurs reprises, G. Guillaume affirme que cette condi- même provoquer des irrégularités : le choix de l'auxiliaire
tion d'entier est absolument capitale dans l'élaboration des être pour les verbes comme naître, mourir, tomber, partir,
langues, etpourchacuned'entreelles, dudiscours. Aussi cette sortir, monter, descendrerévèle une discordance entre l'inté-
recherche d'intégrité doit-elle être au centre de l'analyse lin- gritésémantique trop tôtobtenuedeces verbes(naître =entier
guistique dont la tâche est de révéler les articulations et les sémantique) et l'intégrité systématique du groupe auxiliaire
processus psychiques constructeurs involués dans leur objet. + participe passé(être né = entier formel) qui laisse le sujet
Quelques exemples permettront d'illustrer la démarche ana- dans une situation moyenne, toujours sujet du verbe tout en
lytique suivie par G. Guillaume et lapsychomécanique : étanttransporté dans unesubséquence où leprocèsn'estplus.
- Nombre de systèmes involuant un rapport entre deux Cette discordance admise par la grande majorité des verbes
termes, pour satisfaire à la condition d'entier, doivent s'ana- (avecavoir) demeure problématique au plan de la voix pour
lyseren deux temps intérieurs,adversatifs,comme parexem- quelques-uns et motive leur traitement particulier. <tst.;
ple le système de l'article indo-européen, oucelui du nombre. 131,13Z, note 3).
Un rapport entre l'universel et le singulier ne saurait être Le conceptd'entier est une pierre angulaire de la psychomé-
entier s'il n'était parcouru que dans un seul sens. Chaque canique. C'est lui qui fonde l'analyse des petits systèmes
mouvement d'un terme à l'autre implique le mouvement en particul
er
iscomme ceuxdéveloppés ci-dessus,aussibien que
sensinverse,quiassure leparcours del'entierdurapport.Les les grandes distinctions générales entre langue et discours,
rapports de base sont donc binaires et intérieurement adver- glossogénie et praxéogénie, expression et expressivité, ou
satifs. Cette binarité intérieureest figurativement représentée bien matière et forme. La théorie pose que toute construction
par le tenseur binaire radical. linguistiqueparvenant au discours doit êtreentière etsuppose
- Autre illustration : l'analyse de systèmes comme celui de donc toujours associations ou compensations. Cepointde vue
l'imparfait français. Contrairement au prétérit défini (passé estconfirméparladéfiancede G. Guillaumeenvers lalogique
simple) qui représente immédiatement l'intégralité d'un et la conception ouverte et extériorisée des inférences. La
procès versé en incidence au temps d'univers, l'imparfait se langueguillaumienne, auto-analysée, répond au seul principe
présente comme divisant intérieurement ledéjà accompli du de cohérence, c'est-à-dire ïmalement d'équilibre intérieur et
procès et sonaccomplissemeni perspectif. Pour satisfaire à la d'intégrité.
condition d'entier, à toute variation de la proportion d'ac-
compli répondra une variation équivalente, mais inverse, de LL1 : 221
la proportion d'accomplissement. C'est cette variation inté- LL3 : 173,201-203,205+OS
rieure double qui explique la diversité des effets de sens de ce LSL : 131
temps, capable d'aller jusqu'à la contradiction apparente, PLT: 99
72 - 5POQUE
EsPAcE/IEMPs - 73

EPOQUE (ti m e sphere) flexions à partir de mots indépendants (cf.le futur latin péri-
phrastique du typecantare habeo qui a donné au IV' siècle le
Le terme époque sert à désigner le temps extra-linguistique futur flexionnel gallo-roman de"cantarayyo > chanterai par
selon ses divisions traditionnelles : passé, présent et futur. soudure entre le radical et l'auxiliaire. La subduction de
Ilestessentielde ne pas confondre l'expérience qu'on a des haberea transformé le verbe en morphème astématique, dont
époques et leurreprésentation linguistique.Lareprésentation le lien sémantique avechabere/avoir est pratiquement tota-
du temps varie selon les langues et rares sont à la vérité celles lement perdu).
qui respectent la division temaire. L'exemple proche des
langues germaniques ou slaves est déjà révélateur et très cf.subduction
majoritairement, c'est une distinction binaire qui prévaut
entre le mémoriel et le non-mémoriel, ou bien des plans com-
parables, compte tenu bien sûr des particularités de chaque
système. La distinction anglaise entre time et tense reflète ESPAC E / T E M P S (sp a ce/
time)
cette différenceentre tempsréelet temps linguistiquede façon
Antinomie ordonnée opérativement qui, dans les langues à
commode.
mots, sous-tend l'opposition dunom etdu verbeet, demanière
Ces opérations de représentation sont une spatialisation du
plus générale, la discrimination des parties du discours.
temps correspondant à l'élaboration d'une image-temps (une
Une présentation satisfaisante decette antinomie dans la lin-
chronogénèse). Au terme de cette spatialisafion, se consti-
tuentalors des époques représentées,chacune divisée en un guistique guillaumienne présente des difficultés, d'abord
ou plusieurs niveaux temporels. C'est ainsi que le présent parceque lesfragments publiésdel'ceuvren'enproposentpas
de description systématique, ensuite parce que tout en étant
français s'interpole entre les deux époques passée et future,
perceptible dès lesopuscules des années 1910, elle n'a été
chacune porteuse de deux temps, l'un incident et l'autre déca-
élaboréethéoriquement que beaucoup plus tard.En fi n,pré-
dent. On distinguera donc lesépoques exira-linguistiques et
sentée par G. Guillaume comme le fondement intuitionnel
les époques intérieures àl'image spatialisée en chronogénèse
des parties du discours, ellerisque évidemment de cautionner
du temps d'univers.
l'hypothèse psychologique, voire métaphysique, qui pèse sur
L'observationdes systèmes de représentation différents
le vocabulaire de l'auteur.
semble montrer que la distinction binaire est plus fondamen-
Ceci dit, à condition toutefois de mettre en perspective la
tale. On notera également la très grande variété dans larepré-
problématique telle que G. Guillaume l'a finalement déga-
sentation et l'expression du futur, temps particulièrement
gée, il est possible d'en définir l'orientation générale :
problématique : futurs thétiques et hypothétiques, subjonc-
tifs, optatifs, futurs auxiliés à partir de l'inï™initif... 1) le rapport espaceltemps est asymétrique.Alors que dans
Temps et verbe,G. Guillaume considère simplement que le
TV : passim temps linguistique est construit comme de l'espace, cette
LSL: 251 sq,255
asymétrie s'affirme dansL'architectoniquedu ternps dansles
langues classiquesoù l'auteur postule d'emblée que l'esprit
humain ne possède que l'expérience du temps, et doit en
demander la représentation à l'espace. Afin d'éviter les
ESOTERI QUE (e s oteric) malentendus, il est utile de replacer cette formulation dans un
lGr. osoterikos : de l'Intérleur c eso : au.dedans] contexte, etnotamment derapprocherlecouple espace/temps
d'autres paires cinétiques, telles que les pluriels interne et
Ladématérialisation(ou subduction) qui affectecertains mots externeou les deux articles fondamentaux du á'ançais. En
généraux et en fait des outils formels (verbes auxiliaires, par d'autres termes, il faut le référer au tenseur binaire. Selon
exemple) peut être exotérique, c'est-à-dire extérieure au mot, G. Guillaume en effet, catégoriser l'espacec'est, nécessai-
quand elle correspond à une hiérarchie notionnelle ou idéelle rement, subsumer une infinitude sous un nombre restreint de
(avoir est dématérialisépar rapport àchanter ou marcher). Si dimensions. Il n'y arien qui soitreprésentable sans cetteres-
elle se poursuit, cette fois en dématérialisant le vocable par triction. La saisie spatiale correspond donc au premier mou-
rapport à lui-même, on dit qu*elle est ésotérique, c'est-à-dire vement, singularisant du tenseur binaire. Et, dans la mesure
intérieure. C'est cette subduction qui produit finalement des où la saisie du continu suppose une catégorisation préalable
74 - ESPACE/ZEMPS dVáwat~tEVr -75

du discontinu, la saisie du continuum temporel succède donc selon lui, l'espace catégorise, la première postulaùon est
opérativement à la représentation linguistique de l'espace. aisément compréhensible. Nul doute que la connotation spa-
2) la dichotomie de l'espace et du temps n'est ni un concept tiale du concept d'aire linguistique impose d'y entendre da-
philosophique ru une donnée psychologique.Certes, vantage qu'une simple métaphore : le développement histo-
G. Guillaume pose que l'espace est dimensionnel et que le rique et systématique du langage a effectivement consisté à
temps ne l'est pas. Et comme cette équivalence implicite des dégager unetopique de lareprésentation distincte del'expres-
notions d'espace et de catégorisation repose sans doute sur le sion. Cependant, comme la théorie des aires se veut préci-
postulat, constamment sous-jacent, d'une fonction schémati- sément la description diachronique de cette topique, eùe
sante du visuel, ù paraît se rapprocher de Cassirer et d'une conduit G. Guillaume à poser parallèlement la similitude du
tradition philosophique. Cependant la thèse fondamentale est langage et du temps. Ici encore, il faut se garder de toute
simplement qu'un substrat mécanique sous-tend les cont- interprétation chosiste. Le rapport qui articule l'aire prime et
rastesles plusgénéraux du langage :l'espace estcedontune l'aire tierce est identique à celui qui relie le futur au passé, et
finitude est soustraite; il conditionne la première tension, le langage dansson entier (langue+ discours) est analogue à
fermante, du tenseur binaire. Le temps est ce à quoi une fini- leursomme. En effet,dans les deux cas,s'opposent du non-
tude s'ajoute; il correspond à la seconde tension. construit, à venir, et du préconstruit. Quant au présent, il est
G. Guillaume définit le nom comme lapartie du discours dont voué au même desnn sténonome que l'aireseconde, en
l'entendement s'achève à l'espace et le verbe celle dont d'autres termes à se réduire à un seuil transitionnel de
l'entendements'achève au temps. Ceci ne veut pas dire que construction. G. Guillaume insère donc entre la langue et le
l'une désignerait de l'espace et l'autre désignerait du temps, discours, comme entre l'espace et le temps, le hic et nunc qui
mais que leur généralisation formelle a pour assiette l'un ou les articule, et qu'il définit parfois comme le petit espace
l'autre mouvement du tenseur binaire. Ainsi uneheure est un occupépar la personne pensante. A l'issue d'une démarche
nom enfrançais,non un verbe,parce qu'ell e estun espace de qui, en dépit des apparences, doit bien peu à la psychologie-
temps soustrait au temps. Par conséquent, si la dichotomie et rien, cela va de soi, à la sémiologie des embrayeurs ou des
peut à larigueur être considérée comme le modèle imaginaire marqueurs de RÖ akobson ou E.Benveniste - il semble que le
qui sous-tend objectivement ladistinction entre nom etverbe, rapport espace/temps débouche néanmoins sur unethéoriedu
il importebien plus desouligner qu'en tantqu'opposition vide sujet.
de matière, elle foumitun mécanisme discriminatoire abstrait
qui se substitue à la catégorisation notionnelle (discerne- AT : 17
ment), et rend possible la catégorisation formelle (entende- LL2 : 199-200214
ment). LL3: 208-209,233-237
3) C'est le présent qui lie les représentations de l'espace et
LL4: 21,37-40,101-104,162-163
du temps. Si le temps emprunte ses conditions de représen-
tabilité à l'espace, la constitution d'une image temporelle LSL : 90,100,118,209
implique la traversée préalable de la tension 1. Par consé- PLT : 22-27,97,190-194,258
quent, selon G. Guillaume, non seulement la catégorisation TV : 124
verbalen'estpossible que là où s'estdéveloppée une repré-
sentation antinomique de l'espace et du temps, mais elle sup-
pose enoutre leur successivité opérative. La chronogénèse
s'achèvecomme l'espaceau seuilsrénonome (recherchant EVENEMENT ( t e m p s d'-) (e vent time)
l'étroitesse) constituépar le présent de l'indicatif. La démar-
che adoptée qui pose l'antériorité systématique (et non pas Le temps d'événement, par opposition au temps d'univers
historique) du nom surle verbe a, il fautle souligner, le mérite intégrant, est le temps intégré intérieur à l'événement. Cette
d'en proposer une véritable articulation. distinction est essentielle dans la théorie de l'aspect : relèvent
Enfin cette successivité de l'espace et du temps jusfifie de l'aspect les différenciations intéressant ce temps d'événe-
certains propos, à p remière vue contradictoires, de ment et du ternps celles qui intéressent le temps d'univers.
G. Guillaume. Il affirme en effet simultanément que le lan-
gage est conquête d'espace et qu'il est temporel. Puisque, cf.aspect
76 -EXOPHRASTIQUE EXPRESSION - 77

EXOPHRASTIQUE (exophrasti c) EXPRESSION (expression)


[Gr.exo :au dehors = en dehors de Ia phrase]
L'expression, producwce de discours, se développe à partir
L'exophrastie est le mode de définition du vocable en dehors de la représentation qui lui fournit les moyens institués en
de la phrase, l'autre mode, selon lequel le vocable se définit langue dont elle a besoin. La représentation permet à
dans la phrase, étant l'endophrastie. L'exophrastie est carac- l'expression de se libérer des contraintes du langage impro-
téristique des langues de l'aire tierce, ou langues à mots, alors visé, ce qui est une caractéristique du langage humain.
que l'endophrastie est typique de l'aire prime. Le passage du L'institution delareprésentation n'estdoncpascontraignante
mode endophrastique au mode exophrastique suppose de mais simplement permissive. Par ailleurs, elle est elle-même
franchir le stade de la racine. Il est à noter que dans un langue glossogénétiquement conditionnée par les besoins de
l'expression.
à mots de l'aire tierce, l'endophrastie peutpersister de même
que les langues agglutinantes montrent des traits exophrasti- cf.représentat[on/express[on
ques avecdes vocables trèsproche du statutde mot.

cf.glossogénie
EXP R E S S I V I T É (exp r essi vily)
L'expression et l'expressivité sont les deux composants
EX O T E R I Q U E (ex o teric)
[Gr. exo : au dehors] constitutifs de l'entier du discours selon la formule :
EXPRESSION + EXPRESSIVITÉ = l
Ladématérialisation(ou subduction) qui affectecertains mots L'expression
recouvre ceque,dansAr,G uillaume appelaitle
généraux et en fait des outils formels (verbes auxiliaires, par sens littéral, l'expressivité correspondant au sens d'inten-
exemple) est d'abord exotérique, c'est-à-dire extérieure au tion : On sait combien complexe est lej eu desforces qui
mot. Elle correspond à une hiérarchisation notionnelle ou interviennentdans ce qu'on nomme une « signification ».
idéelle qui partage les notions ordinaires de notions puissan- Toute action de langage, considérée du seulpointde vue de
cielles, senties sous-jacentes,antérieures dans la conception la pensée exprimée, met en contact deux différentes catégo-
guillaumienne. H en est ainsi du verbe auxiliaire qui est dès le riesdêtres :d'une part, despenséesfaites etincluses dans
départ un de ces verbes conditionnels (il faut être, pouvoir, des formes finies, des « sens littéraux »; d'autre part, des
vouloir... avant de chanter et de courir...). N'importe quel pensées,et surtout des buts de pensée, des « sens d'inten-
verbe ne peut pas devenir auxiliaire et, parmi les verbes qui tion »,qui se renouvellent sans cesse et n 'ontà leur service
semblent ordinaires, ceux qui de près ou de loin avoisinent le que leriche ou modeste héritage du passé. Une langue a
puissanciel ont souventdes comportements particuliers. Cela beau être très développée, elle est toujours insuffisante;
tient à leur caractère subductif. Pour qu'un verbe passeàl'état toujourselle résiste par quelque côté à la pensée qui la
de mot-outil, il faut que cette subduction exotérique se com- manie « : un elangue riche offre des ressources abondantes
plète par une subduction ésotérique (intérieure) qui le déma- en ce qui concerne la matière, mais il peuty être di~icile de
térialisera par rapport à lui-même. donnerà cettematière toutes lesformes qu'ilfaudraitpour
que tous buts de pensée fussent atteints et que l'intention du
cf.subduction discoursdominât partout. » (PA :3$-36).
Cette distinction qu'établit Guillaume e ntre ce que d i t
l'énoncé au niveau de l'expression (son contenu proposi-
EXPLIQUÉ (t emPS) (explicated time) tionnel) et l'intention qui le sous-entend au niveau de l'ex-
[Lat. ex : au dehors+ plicare : pller] pressivité (sa valeur pragmatique) découle de sa conception
Le temps expliqué est le temps qui n'est pas intérieur au foncièrementpragmatique du discours :Le discours répond
procès représenté par le verbe (impliqué). Le temps expliqué à une viséed'effet : engager une opération dediscours, c'est
est aussi appelé temps d'univers, par opposition au temps de touteévidence vouloir agir,produire un effetsur quel-
d'événement. qu'un. (Pt T : 157).L'expressivité, autrement dit la visée d'effet
ou viséede discoursdu sujetparlant, peutêtrerévéléede façon
cf.aspect plus ou moins directe, ce qui amène Guillaume à distinguer
78 - EXTENSION
EXTENS1TE - 79

l'expressivité explicite, véhiculée par des supports lexico- d'extensité afin de décrire le mécanisme d'actualisation
syntaxiques spécifiques (Ex.:-C'est lui qui s'est trompé,
nominalepropre à l'article. La différence entre extension et
- Nous, nous avons compris) et l'expressivité implicite, qui
extensité est celle qui sépare la langue et le discours. Le
n'est révélée qu'indirectement par une certaine manière de
nom-substantif sedétermine enintension eten extension dans
parler, de s'adresserà mapersonne (Lu : tâs). Les modalités la langue, et le rapport entre les deux aspects de la détermi-
posodiques (intonanon, accentuation, pauses etc.) et/ou nation est constant. C'est lui qui fait le mot de langue, l'unité
mimo-gestuelles apparaissent comme des vecteurs privilé-
depuissance. Lorsque ce substantif est utilisé dans unephrase,
giés de l'expressivité implicite(Ex. vraiment ?). Qu'elle soit dans le discours, son extension puissancielle ne change pas
explicite ou implicite, l'expressivité doit être systématique-
mais son extensité, elle, change. L'extensité est une propriété
mentpriseen considérationparl'analysesyntaxiqueetconsti-
assignéetardivement au nom <pLT :26âh en discours.
tue l'objet de ce que Guillaume appelle, par contraste avec la
Il est à noter que cette différence terminologique est récente
syntaxe d'expression, la syntaxe d'expressivité. L'impor-
(Prolégomè nes inédits de 1954 en particulier tpLTr2$âsq)
tance de l'expressivité croît souvent aux dépens de l'expres- ).
G. Guillaume parle)1illeurs de l'article comme un régulateur
sion, l'interjection (Ex.: Silence!) étant le cas limite où d'extension nomirdle. La nonon d'extensité est utile en ce
l'expressivité est au maximum de la formule. Le sens d'inten-
sens qu'elle permet aussi de distinguer l *article des autres
tion éclipse alors totalement (dévore, abolit dit Guillaume
discriminants ou déterminants d'extension.
pLT :tso) le sens littéraL Guillaume remarque que, du nom et
du verbe, c'est le nom qui est capable de porter le plus net- cf.compréhension/extension
tement l'expressivité, au point que des phrases deviennent
expressi vesen se nominalisant à l'aide de la conjonction que LL1 : 74
(Ex.: Il fait beau I Qu'il... ouJ'ai eu plaisir à vous lire I Que LL2 : 22,23,139
j'ai eu...). Le concept de modalisation expressive auquel on LL3 : 54,62,79,123,127,139,140,239
assimile souvent celui d'expressivité apparaît donc tout à fait LSL : 155,156
réducteurparrapport à la problématique posée qui estcelle de
la signiïïcation pragmatique des énoncés et de ses modalités
d'émergence.
EXT E N S I T É (ext e nsivity)
AT : 3436
LL3 : 66-68,73,81,82,86,87,94,95,101,102,157,167,185,196,205-207 L'extensité désigne le champ d'application (l'étendue)
211-213 momentanément recouvert par la notion en discours et donc
LL4 : 46,47 l'ensemble des objets auxquels momentanément le discours
LSL: 84 réîere.
PLT : 146-252
Alors que le nom se définit dans leplan de la langue en com-
préhension (intension) et en extension, les emplois auxquels
TV :46
il se prête en discours relèvent de la variation d'extensité.
L'extension dénote virtuellement tous le êtres dontle substan-
tif peut se dire. L'extensité opère de manière indépendante,
EXT E N S I O N ( extension) dans les limites tracées par cette dernière. Elle est en effet liée
à la situation discursive au sein de laquelle ne sematérialise
Le terme est utilisé dans son sens habituel, c'est-à-dire qu'il qu'un des cas possibles d'extension. La variation de discours
désigne l'ensemble des êtres auquel s'applique un concept. est ainsi caractérisée par la momentanéité et par son rôle
L'extension croît à mesure que la compréhension ou (inten- d'actualisation. Elle ajuste la notion au contexte particulier
sion), c'est-à-dire l*ensembledes caractères communs à une d'un acte de langage.
classe diminue et inversement. Soit le nom homme qui n'implique comme tel aucune situa-
G. Guillaume considère comme la tradition qu'un substantif tion donnée. LaphraseL'hommeest un loup pour l'homme lui
se définit en intension et en extension. Le nombre, les pos- conïere un caractère de généralité, tandis que celle-ci : Voici
sessifs, les démonstratifs, les articles, sont des discriminants lhomme dontj e l'ai parlé est marquée par une interprétation
de cette extension nominale. Il ajoute le concept linguistique singularisante du nom. Les deux emplois rentrent dans les cas
80-FmT
FtGURATION - 81

d'extension prévus en langue, mais la variation observée de


turauxassez simples et assez généraux pour fonder l'ensem-
l'un à l'autre relève de l'extensité.
ble des phénomènes de langage, quels qu'ils soient. C'est le
C'est l'article, dans les langues où il existe, qui permet de
cas, selon G. Guillaume, du tenseur binaire radical. Derrière
régler cette extensité entre les limites de l'universel et du l'idéalisme méthodologique se révèle donc ce qu'il convient
singulier. Mais d'autres déterminants, plus ou moins étoffés d'appeler, dans la stricte acception du terme, le réalisme
sémantiquement, sont porteurs d'indications relatives à la guillaumien.
catégorie. Il en est ainsi, par exemple, dans l'énoncé :Deux La polémique qui s'est développée entre G. Guillaume et ses
hommes seulement oruéié nommés oùle numéral dénote une contemporains autour du fait linguistique est liée aux boule-
quantité définie et discrète, à la différence de l'article. versements épistémologiques de l'époque.Leretour enforce,
face àun objet supposé, de l'observateur et de sa méthode,
PLT : 259,260,264,265
effectif dès le début du siècle dans les sciences exactes, a
quelque peutardé en linguistique. H a fallu le déferlement de
la grammaire générative pour que le paysage change, etque
FAIT gact) G. Guillaume soit perçu comme un précurseur. Quelque arti-
ficielque puisse être un rapprochement des mentalismes
Ce termedésigne soitun phénomène empiriquement obser- chomskyen et guillaumien, du moins l'âge du positivisme
vable, soit un phénomène sous-jacent qui explique les don- linguistique semble-t-il provisoirement révolu. De même
nées de l'observation. qu'est devenue problématique l'accusation, aussi datée
La volontéde nepass'en teniràl'observable etd'en chercher qu'injus©ée, de non-falsifiabilité. L'épistémologie con-
plutôt la cohérence sous-jacente est un principe fondamental temporaine tend à reconnaître que la définition idéaliste du
de la psychomécanique. Aux yeux de G. Guillaume, les deux fait, loin de leruiner, fonde au contraire la valeur de la science.
versants du travail scientifique que sont d'une part l'obser-
vation empirique et d'autre part l'explication abstraite pro- LL1 : 214,221,229
duisent, chacun dans leur ordre,des faits. Pour n'être pas LL2 : 56,59-61
concrets, lesmécanismes de langue n'en sont pas moins des LL3 : 9,236-240
faits, au même titre que les faits de discours qu'ils condition- LL4 : 16-18/3-24,29-30,71,1t8-120
nent. Ilen vadem ême de lapsychosystématique auregardde
LL5 : 85-90,149-150,161,222-225329335;Al
la psychosémiologie qui en est la traduction en signes physi-
LSL : 29,126,136,145$21-222,285-286
ques. Cela dit, si G. Guillaume condamne l'empirisme, il
récuse par ailleurs le reproche de spéculation gratuite qu'on PLT : 38-39,176
lui a souvent adressé : son approche idéaliste du fait place ce
derniersous ladépendancede laméthode qui lerendravisible,
mais le va-et-vient qu'il préconise entre l'observation et
l'explication laisse à l'objectivité la fonction critique qui est F IGURATI O N (scheming)
la sienne dans une démarche scientifique. La langue étant en soi une théorie de l'univers, le discours
En revanche, le rôle qu'il accorde à la réflexion abstraite le s'adosse à une dicibilité mentale, laquelle est la traduction
conduit àrejeter tout appel, autre que pédagogique, à l'induc- d'une visibilité. Celle-ci, inscrite dans les systèmes lingui-
tion. Celle-ci présente selon lui le défaut de définir une cause stiques, constitue la base de la représentation du réel. Les
à partir de ses conséquences et, de surcroît, celui d'aboutir à schèmes figuratifs utilisés enpsychomécanique sontdonc des
un nominalisme pratique puisque, bien souvent, les mêmes moyens notationnels parfaitement congruents à la nature de
faits peuvent être expliqués par des théories différentes, voire leur référent puisqu'ils permettent de traduire sous forme
contradictoires. Aussi, c'est toujours sur une exigence théori- visuelle ce qui est au plus profond de la nature du voir.
que abstraite, en l'occurrence les conditions que détermine a Cette figuration est justifiée heuristiquement : à la suite de
priori le fait linguistique, que se construit la démarche gui- Leibniz, à qui il renvoie souvent, G. Guillaume conseille de
llaumienne. Et ce n'est qu'en fin de course qu'elle aboutit à
penser enfigures:R ien mieux qu'un schème n'aide à penser
ce que G. Guillaume appelle lebutoir des faits. Cela suppose car lareprésentation graphique permet d'embrasser d'un
bien sûr qu'il existe, en deçà de ces butoirs, des faits struc- regard toutes les relations internes d'un système.
Pomm-83

Les systèmes que décrivent les schèmes figuratifs ne sont pas


la distingue de la dérivation et de l'agglutination, où les
de vastes et vagues structures d'interdépendance multiforme suffixes sont spécialisés et isolables.
mais des rapports binaires fondés sur le contraste et la succes-
Cet état linguistique flexionnel est celui des langues indo-
sivité (le rapport est non-récurrent) : il s'agit de la totalité des
européennes. C'est un état relativement instable si on en juge
mouvements que la pensée peut se représenter entre des parl'histoireconnuedeces langues quiont toutes été affectées
limites non-dépassables. Les systèmes sont par conséquent
par une déflexité qui a été très loin dans les langues romanes
des êtres dynamiques, l'effet de sens étantproduit par l'inter-
et germaniques,par exemple. Le français a perdu pratique-
ception et la fixation contextuelle et situationnelle de ces
ment toute flexion dans le plan nominal mais le système ver-
mouvements. La tiguration ne fait que traduire les latitudes
bal,bien que réorganisé,demeure fl exionnel.
d'activité de la pensée. Aussi elle est une transcription spa-
On notera à titre d'exemple la flexion du futur obtenue àpartir
tialisée de phénomènes eux aussi spatialisés intéressant cette
du verbe avoir, historiquement dématérialisé au point de
acnvité. Par exemple les vecteurs qui sous-tendent la chro-
devenir auxiliaire à un premier stade mais aussi flexion asté-
nogénèse, par delà certaines conventions graphiques indis-
matiquedans le futur : àpartiede habere latin on aj'ai marché
pensables, ne se distinguent pas en principe de la spatialisa- ouj'ai à marcherlje marcher-ai. La flexion est apparue par
tion réelle du temps qui constitue le système. Il s'agit pour le
soudure avec le radical àpartirdu futurpériphrastique du type
linguiste dedire la théorie qu'est le système et non pas de le
cantare habeo.
copier dans ses résultats. La nécessité de la figuration fait que
G. Guillaume parlait parfois de sa linguistique comme d'une LL1 : 80,81,111
linguistique vectorielle. LSL : 147
C'estlatîiche du linguiste, etc'estson mérite en même temps
que son moyen descience, que de retraduire - de savoir
retraduire- en des visibilités, sous les traits de f igures
explicahves,ce dont le langage ne livre directement, Pana- FORME (f o rm)
lyse n'intervenant pas, que la dicibilité efficiente. (PLT: 2ZO)
La retraduction de la dicibilité, seuieconnue du lecteur, en La forme est inséparable de la matière. Une forme vide est
visibilité de lui ignorée, bien qu'il la possède au profond de aussi inconcevable que de la matière informe. L'extraction à
lui-même, est en linguistique structurale la tîîche scientifi- partir de l'univers pensable d'une idée matérielle (idéation
que. C'estcelle que nous accomplissons iei.De hi nos notionnelle) est forcémentcorrélatived'uneréversion àl'uni-
schèmes et l'impossibilité d'avancer dans la tîiche en vers de cette idée et c'est cette réversion (idéation formelle)
accomplissement sansy recourir. iPLT :42) qui constitue la forme, en définitive la catégorie.

cf.matière/forme
AT : 17sq,22,26
LSL : 51,230,285,
PA :42
F ORME VE C T R I C E (vectorial form)
PLT :40-42,93,107-108,113,201,210
TV :124 La forme est le moule linguistique dans lequel est déposée la
matièreou signification matérielled'un mot. Dansleslangues
indo-européennes, la forme du mot est obtenue à l'issue de
l'opération généralisante d'entendement, qui succède en sys-
FLEXION (inflection) tème à celle particularisante de discernement productrice de
matière. La forme constitue ainsi la pàrtie du discours. Il
La flexion est un suffixe spécial, propre aux langues dites importe de noter que cette forme conclusive est intégrante à
fiexionnelles (langues à mots, à radicaux), qui s'applique au l'égard de la matière du mot, mais aussi à l'égard de toutes les
*
nom, à l adjectif, au pronom ou au verbe et porte diverses formes intégrées qui participent à l'opération d'entendement.
indications morphologiques. La flexion regroupe dans le Ces formesintégrées sont appeléesform es vectrices car ce
même suffixe compact des indications aussi variées que le sont elles qui mènent à la partie du discours terminale.
genie, le nombre, la fonction, et la partie du discours, ce qui En fait il existe donc deux types de forme dans ces langues :
84- mrua
GÉNÉRALISATION -85

1) les formes vectrices intégrées au mot, formes pré-


est moins parfaite entre prétérit et futur catégorique, leurs
conclusives, à savoir le genre, le nombre, le cas de fonction
désinences n'étant identiques qu'au singulier (-ai, -as, -a),
dans le plan du nom, et le mode, le temps et la personne dans
mais on note qu'à la troisième personne du pluriel on a le
celle du verbe. C'est selon la nature des formes vectrices que
l'on obtient un substantif ou un verbe, c'est-à-dire que ces même groupevocaliséaccentuédifféremment :-èrentpourle
passé et-eront pour le futur. Le futur se distingue essentiel-
formes sont les déternunants catégoriels des parties du dis-
lement du passé en sémiologie par la présence du-r- virtuali-
cours.
sant d'infinitif.
2) les formes générales intégrantes et conclusives : les
Dans d'autres langues, le futur s'obtient par ectopie ou dépla-
parties du discours elles-mêmes.
cement du verbe hors du présent grâce à un auxiliaire spécial
LL2 : 89,122,126,128,133,142,144
(auxiliaires modaux anglais et shalllwill en particulier, en
allemandwerden, russe byt', persankhâstan) etl'infinitif. Ou
LSL : 87-97,100
encore le futur se marque par un élément virtualisant (adver-
PLT : 195-199,214
be, préverbe ou suffixe) combiné avec le présent. Il faut
remarquer encore que le présent est loin de toujours jouer le
rôle séparateur qu'il a en français : en anglais, par exemple,
le futur est construit comme un prolongement naturel du pré-
FUTUR (fut u re) sent et associé à lui, par opposition au passé.
Il s'agit d'une époque faite de temps qui n'a pas encore La répartition des modes et des temps que propose
existé réelkment et que, par suite, on imagine, on suppose. G. Guillaume frappepar sa cohérence face au catalogue
(rv : $4) confus deggrammaire traditionnelle qui va jusqu'à opposer
en &ançais un conditionnel temps à un conditionnel mode ou
Le futur, époque non-mémorielle, s'oppose au passé, époque
bien qui cherche à retrouver en toute langue la triade passé/
mémorielle, et l'histoire des langues en la matière consiste à
présent/f utur sans s'interroger sur les problèmes que pose la
réaliser lasymétrie deces deux époques autour duprésentqui,
construction d'une telle architecture et au mépris même de
par principe, les sépare.
simples évidences morphologiques.
La représentation linéaire et temaire du tempsen passé, pré-
sent,futur est une représentation très élaborée qui ne se ren-
AT :49
contre que tardivement dans l'histoire du langage. Elle est le
résultat d'une construction qui, peu à peu, établit au mieux la LLI : 93,96,117,135-137,144,147-149,253-255
représentat ion des époques non-présentes autour du présent. LL3 : 239
Le futur en particulier pose le problème dela représentation LL4 : 63,65,79,87,93-95,143,149
d'uneépoqueque l'on suppose. Il s'agitdonc dela réaliser au
LSL : 51,66,67,82,197,198P02316
maximum, de manièreà en faire l'équiraientsymétrique du
TV : 52,54-59
passé.pv : 54)
Cette réalisation, si elle est achevée, fournit un temps où le
futur est le moins hypothétiquepossible. En français, il s'agit
dufuturcatégorique oufutur thétique(communément appelé
GÉNÉ R A L I S A T I O N (gen eralization)
futur simple : je marcherai). Si, un tant soit peu, cette réali-
sation reste incomplète,irréalisable - lefutur demeuré plus ou
La penséehumaine linguistiquement formée opère par rap-
moins supposé - on obtient une surcharge d'hypothèse carac-
ports contrastifs. Le contraste le plus profond et le plus déter-
téristique du futur hypothétique (communément appelé
minantestceluiqu'elleétablit entrele général et leparuculier,
conditionnel présent : je marcherais). L'architecture fran-
voire entre l'universel et le singulier. Ainsi, à un mouvement
çaise offre donc dans le futur deux temps du mode indicatif departicularisation réplique toujours un mouvementrésolutif
tout à fait symétriques des deux temps dupassé, prétéritdéfini
de généralisation. L'article français est un exemple très clair
(aoriste ou passé simple) etimparfait. Cettesymétrie s'obser-
de cepsychomécanisme fondamental.
ve sémiologiquement : imparfait et futur hypothétique ont les
mêmes désinences(-ais, -ait, -ions, -iez, -aient). La symétrie
cf.unlverseVslngulier
86 - GENÈSE oLossooÈNiE - 87

GENÈSE (g e nesis) déclinaison de « templum » d'un cas nominatif distinct du


[Gr. genesis :force productrice, originel cas accusatif. (LL3 : 180-181)
Le genre entretient donc des rapports très étroits avec les cas
Le terme degenèse correspond au terme saussurien de dia-
de fonction mais aussi avec le système du nombre.
chronieets'oppose à la cinèse/synchronie.Contrairement à
G. Guillaume indique ainsi à nombreuses reprises, en cher-
F. de Saussure qui distingue radicalement les deux plans,
chant la racine systématique du genre, que le féminin fait
G. Guillaume souligne la nature dynamique des rapports
figure de duel (par division interne) (LLs: 285)en refusant à
cinétiques qui consntuent les systèmes, et par là-même
la fois le masculin et le neutre et que féminin et neutre sont en
l'interdépendance entre la cinèse et la genèse, c'est-à-dire
relation avec lapluralité interne. (cf en latin laconfusionbien
entre le système et son histoire.
connuedes historiens de lalangue entre le féminin etlepluriel
cf.cinèse/genèse neutre en -a).

LL1 : 72-74
LL2 : 152
GENRE (ge n der)
LL3 : 100,157,158,180
Le genre en français est une catégorisation grammaticale qui
entreau nombre des formes vecirices du nom. Psychique-
ment, il existe trois genres(genres mentaux) : le masculin, le
féminin et le neutre. Mais cette distinction n'est pas toujours Gr,PSSPGÉNIE (gl o ssogeny)
marquée sémiologiquement. Ainsi le substantif anglais est-il [Gr. giossa : iangue+ genos : origine, naissance]
dépourvu de marque.Quant au français,il ne distingue La glossogénie est le procès de construction de la langue par
sémiologiquement que deux genres : le masculin et le fémi- rapport à la praxéogénie qui est le procès de construction du
nin. Cette distinction sémiologique ne doit cependant pas
discours. Laglossogénieestcontinueet historique, livrantdes
m asquer l'existence du neutre,représenté par le genrefictif
résultats quisontdesétatsdc langue quel'onregroupeen trois
qui n'autorise pas l'alternance entre masculin et féminin (par
aires : l'aire prime, l 'aire seconde et l'aire tierce.
exemple : le fauteuil, la chaise) par opposinon au genrevrai
G. Guillaurhd la définit comme la construction du langage
des couples tels quele bergerlla bergère (LLS :234).
dans le temps, ce qui montre l'importance du concept en
Le système du genretrouve sa source dans la distinction entre psychomécanique. C'estun terme si général qu'il estemployé
l'animé et l'inanimé : finalement assez peu, l'auteur lui préférant de plus en plus
Quej smereprésenteunêtre endehorsdetoute construction nettement le terme d'ontogénie (glossogénie n'apparaît pas
de phraseje levois pourvu ou non pourvu de la p uissance dansLLsqui regroupe pourtant des leçons de1956-57 et traite
d'agir à partir de lui-même et c'est en cela que consiste d'ontogénie).
respectivement la distinction de l'animé et de l'inanimé. Les trois aires glossogéniques correspondent à trois modes de
(LI3 : 181) définition de l'unité de puissance, ou vocable. Dans l'aire
La basedu genre -quiressortità l'extension -estcette dis- tierce, le vocable oumot est caractérisé par une double déter-
tinction du vivant animé et du non-vivant <inanimé), et mination dès la langue.' la détermination matérielle ou
cette même distinction està la basede la varialion dynami- notionnellc (idéogénèse) qui livre le concept et la détermina-
que dunom, vu que Pinanimé refuse « a priori » iafonclion tion formelle ou grammaticale (morphogénèse) qui livre la
dynamique desujeletn'accepteque lafonction dynamique, paitie du discours. La notion ne peut apparaître comme mot
ou plus exactement « adynamique », d'obj et. De iù vientque que sousla forme d'un substantif,d'un verbe,d'un adjectif...
la déclinaison latine du neutre - et plus généralement la Cemode de définition estcelui des langues indo-européennes
déclinaisonindo-européenne -nefasse pas la séparation du mais il s'agit d'un équilibre entre idéations matérielle et for-
nominatif(cassuj et)etde l'accusatif(cas objet).Le seulcas melle qui n'est pas toujours réalisé de façon exacte, en parti-
dynamique existant « a priori » dans le cas où il s'agit du culier dans les langues classiques oà les flexions développées
neutre,c'està -dire de l'inanimé, c'estceluid'objet. Le cas trahissent une conclusion relativement tardive du mot à
dynamique sujet est inexistant. De là l'absence dans la proximité de la phrase : ces flexions restreignent la compé-
88 - GLOSSOGÉNIE
GLOSSOGÉNIE - 89

tence générale du mot en lui assignant une fonction spécifi- de ce type sont visibles dans les langues indo-européennes
que. Pour autant, cette conclusion tardive reste tributaire de classiques qui incorporent au verbe des désinences d'origine
la partie du discours terminale. pronominale affixées (Lat. venit = il vient), lui conservant,
Dans l'aireseconde à laquelle apparfiennent les langues très partiellement il est vrai, un statut de phrase-mot.
sémitiques, le vocable est défini pour partie en langue et pour 2) La seconde consiste à établir de mieux en mieux les
partie en discours, dans la phrase.En langue, on obtient la unités lexicales sans les désassembler, c'est-à-dire en conser-
racine consonantique porteuse du signifié matériel très géné- vant des groupements minimaux de deux ou trois syllabes.
ralisé (digluent) et en discours, on obtient le vocable achevé, C'estle passage d'un stade où l'assemblage estencorephras-
caractérisé à la fois matériellement et formellement par tique etprécaire (endophrastique) à un stade où l'assemblage
l'insertion de voyelles de traitement morphologique. Ce stade
est définitif (exophrastique) qui crée les languesà mots. Afin
est immédiatement antérieur à l'aire tierce où la racine s'est de s'établir, ces langues doivent franchir une étape transitoire
trouvée stabilisée sous la forme du radical. L'indo-européen qui est celle de la racine, où le mot en devenir monte en exo-
ancien était une langue à racines de ce type. phrastie pour ce qui est de samatière (laracine) mais demeure
L'aire prime est l'aire où le vocable se détermine en tant que endophrastique dans sa forme (insertion des voyelles de
tel au niveau même delaphrase. Les unités isolablessont àdes traitement).Dans l'histoire attestée du langage humain, la
degrés divers des éléments formateurs et non des mots. La glossogénie a consisté à définir le vocable (non bien sûr les
distinction entre nom et verbe y est extrêmement précaire, éléments formateurs eux-mêmes) de plus en plus tôt dans le
voire inexistante. C'est le cas par exemple des langues dites dynamisme del'acte de langage, l'aire seconde représentant
agglutinantes où les possibilités de dérivation et de compo- l'étape transitionnelle entre letout discours et le tout langue.
sition sont considérables. Deux types radicaux se distinguent On notera cependant que l'intrication des phénomènes tou-
nettement : d'une part le type holophrastique (polysynthéti- chant au langage nepermetjamais d'obtenir un typepur et que
que) del'esquimau etde nombreuses langues amérindiennes ces modes de définition du vocable sont en fait des tendances
où il n'existe pas par principe de frontière entre le vocable et plus ou moins nettement affirmées et stabilisées. Chaque
la phrase, et d'autre part le type isolant du chinois mandarin langue est faite, relativement à son histoire, de traits
où le vocable est un earactère syllabique (parfois composé) archaïsants ou novateurs.
de format unique et qui n'incorpore aucune indication mor- L'élaboration d'une typologie génétique a été chez
phologique.Chaque caractèreestaccompagné d'un ton.Ces G. Guillaume une préoccupation constante et elle a suivi des
langues isolantes sont des langues trèsévoluées mais qui ont
~m ins divers jusqu'à la distinction des saisies radicale,
développé lesressources de l'aire prime seule.
phrastique et lexicale. Il est logique que cette théorie repré-
C'est la nécessité de positionner le représenté et l'exprimé en
sente le point central de la pensée guillaumienne toute entière
relation systématique qui provoque le développement de tournéevers le problème de lagenèse du langage etde sa
l'ontogénie du langage ou glossogénie. Le langage en se motivation, à travers son architecture. Laméthodeelle-même
construisant, et désertant ainsi la primitivité au profit de la appelle l'investigation de la glossogénie étant donné qu'en
lucidité humaine, occupe de plus en plus un lieu de définition demier recours, c'est l'état typologique et historique d'une
du vocable opposable à la phrase. A partir du type holophra- langue (du système qu'est une langue) qui explique les faits
stique (esquimau) que G. Guùlaume considère comme le plus de discoursobservables. On peut certes fixer des niveaux
archaïsant, deux voies sont possibles quivont déterminer les d'analyse mais la glossogénie demeure au total le niveau le
trois aires glossogéniques : plus intéressant dans la mesure où elle rejoint la problémati-
1) La première consiste à réduire quantitativement la que générale du langage.
phrase à ses éléments formateurs désassemblés (langues iso- En aucuncas cette glossogénie ne doitêtre comprise comme
lantes). Cette première voie ne sort pas de l'aire prime, même une histoire du développement des capacités linguistiques de
si la distance théorique qui sépare des langues comme le l'être humain puisque les langues attestées ont déjà derrière
chinois mandarin et l'esquimau est très grande. On trouve elles une histoire qu'on ne saurait mesurer et que toutes pré-
aussi dans l'aire prime un mode d'évolution qui consiste à sentent les mêmes compétences au regard de la pensée (à
rejeter de la phrase-mot tout le particulier lexical sous forme l'invention de quelques mots près dans certains cas). Chaque
d'unités séparées, les fonctions étant maintenues dans les
langue quel que soit son type est une solution aux problèmes
affixes pronominaux du verbe (basque). Des traits archaïsants universels dereprésentation etd'expression. L'affirmation de
90- GitAMmma HYPODÈSE - 91

supériorité et d'infériorité ne saurait être linguistiquement gues amérindiennes où le mot se détermine au voisinage
fondée. immédiatdelaphrase, « en conánuité avec elle »,etdèslors
LLS : 242sq (csl> inapteà s'en distinguer catégoriquement. (LSL: 112)
LSL : 33,275
L'holophrase estun mot capable d'incorporer des indications
PLT: 114
grammaticales d'ordre prédicatif et peut équivaloir à une
phrase complète. On peut aussi bien dire que c'est unephrase
qui incorpore tous les éléments lexicaux qu'elle relie en un
seul ensemble. L'exemple suivant est un des innombrables
GRAM V D QR E (gra n unar) mots (ou une des innombrables phrases) que l'on peut pro-
La représentation de langue conditionnant partout l'expres- duire dans le dialecte Kangiryuarmiut à l'aide de la base
sion,lagrammaire apour fonctiond'étudier des problèmes de umingmak- signifiant brcuf musqué :
représentation. Autrement dit, toute théorie d'expression sera umingmakhiuriaqtuqatigilqilimaiqtara ( = je ne retournerai
subordonnéeà une théorie de représentation : plus chasser le b(eufmusqué avec lui) (Lowe, R., 1985, Basic
On continuera d'errer aussilongtemps que l'on s'efforcera Kangiryuarmiut Eskimo Grammar, The Committee for Ori-
Çet quels efforts dignes d'un meilleur sort ontété employés ginal Peoples Entitlement, p.16).
à cettetâche vaine) d'expliquer Ea langue (qui estreprésen- G. Guillaumepensait que l'holophrase est lepremier stade du
tation) par Ea seule observation du discours (qui estexpres- langage humain et qu'aucune langue ne la présente plus à
sion àpartirde la représentation de la langue). (LL4: 1SO) l'étatpur. Des traces deconstruction holophrasfiques s'obser-
La grammairecomporte donc une double étude : vent dans des langues très évoluées et fort disparates comme
le basque et les langues agglutinantes en général, ou les lan-
1) une étude des actes de représentation aboutissant aux
représentati ons de langue 2)uneétude des actesd'expression gues indo-européennes : le verbe latin conserve ainsi des
flexions verbales à caractère pronominal qui permettent au
obtenus à partir des représentations de langue.
C'est seulement à partir du moment où les grammairiens verbe dese suffire dans une large mesure à lui même sans
référence à un sujetextériorisé (Ex. Petrus veni t = Pierre vient
feront cette distinction du représenté conditionnant et de
)'exprimé conditionné que la grammaire, quittant la pure ou pouvant s'interpréter comme Pierre,il vient. (Lu : 98-)OO)
description, deviendra explicative :
LL2 : 36,37,71-73,79-83,87,96,104,107,108,112,198
Une erreur certaine de la linguistique traditionnelle histo-
LSL : 112
rique ou descripáve,estd'avoir voulu rendre raison des
emplois par ies emplois. Les emplois ne sont pas explicables
à partird'eux-mêmes, mais par référence à ce qu'est la
forme en système, dans la Eangue, avant emploi. (LL1 :104) HYPODÈSE (h y podesi s)
[Gr. upo : au-dessous+ dein : lier, attacher = arrangement, liai-
LL1 : 110,232,242,258 son sous-jacente)
LL2 : 95,113,142,143,147,149
Dans la syndèse qui est l'archétype des rapports linguistiques
LL3 : 11,35,48,61,89,97,107,108,113,115,138,170, 218,233-237,240
(syndèse veut dire rapport) l'hypodèse est le point d'arrivée
LL4 : 13,31,434153,5448-60,61,69,72-77,106,118,164
de chaque cinétisme ou tension, le point de départ étant la
LSL : 166
dèse. Ainsi, dans le système de l'article irancais, la dèse deun
PLT : 39,54,72,110
est l'universel et l'hypodèse le singulier. Avec le, la syndèse
TV : 56,123 s'inverse et la dèse est le singulier.
Cette seconde tension, inversive mais non-récurrente, est
homogèneetrésolutive de laproblématiquepremière. Ladèse
HOL O P H R A S E (hol o phrase) est toujours plérotrope (complète, totale) mais l'hypodèse ne
[Gr. holos : tout, entier) l'est pas en première tension. Elle n'atteint la plénitude que
Le termeholophrastique est utilisé comme un équivalent des dans la seconde tension, ce qui explique la nature binaire et
termes incorporant ou polysynthétique pour qualifier en adversative des rapports linguistiques.
typologie des langues comme l'esquimau ou certaines lan- cf.syndèse
92- ttvpoméngtiP. 113CE ttzGA1113A14TpittpGA1113m - 93

HYPOTHÉTIQUE (futur) Le termed'idéation est subsntué à celui d'idée pour mettre en


(hypothetical future) évidence le caractère opératif et génétique du langage. Une
[Gr.upo :au-dessous+. thesis:actlon deposer] notion n'est jamais donnée ou pré-fournie mais elle est
construite selon une idéation systématique qui se répartit en
Un des deux temps du futurdans le mode indicatif français où deux temps dans les langues indo-européennes :
l'imageverbale s'appuie sur une décadence plus ou moins
1) l'idéation notionnelle ou matérielle productrice du
engagée, contrairement au futur catégorique où elle est exclu-
sivement tenue en incidence. concept.
Ce terme, qui remplace celui de conditionnel habituellement 2) l'idéation trans-notionnelle ou formelle productrice de
utilisé permet de révéler l'équilibre systématique du mode la catégorie.
indicatif en français. Le futur comporte deux temps comme le Ainsi, en français, le mot maison est le résultat de deux idéa-
passé et le rapport entre futur catégorique et futur hypothéti- tions successives - la première (idéation notionnelle) livrant
que est le même que le rapport entre prétérit défini (passé le contenu notionnel du mot et la seconde (idéation trans-
simple) et imparfait dans le passé : incidence pour les pre- notionnelle) déterminant son statut grammatical de substan-
miersetdécadence plus ou moins engagée pour les seconds. tif. L'économie de cette double idéation varie selon les lan-
Dans la grammaire traditionnelle, la confusion est trèsgrave :
outre le fait qu'elle ne voit pas les relations entre indicatif et gues en déterminant historiquement l'état du vocable.
conditionnel, elle conçoit ce dernier tantôt comme un temps,
tantôt comme un mode a trois temps. En fait, le conditionnel cf.mot
présent n'est qu'un type de futur (hypothétique) et le condi-
tionnel passé première forme n'est que le futur hypothétique
du verbe secondaire,d'aspect transcendant, formé avec I DÉE REGAR D A N T E / R E G A R D É E
avoir :
(viewi nglvi ewed idea)
futur catégorique, aspect immanent : je marcherai
futur hypothétique, aspect immanent : je marcherais G .Guillaume décrit l'esprit humain comme un tableau pro-
futur hypothétique, aspect transcendant :j'aurais marché fonddontleplusproche horizonporte cequi,dansla pensée
Le conditionnel passé deuxième forme est, lui, le subjonctif même, est regardé et le plus lointain horiZon, ce qui, non
passéde ce même aspecttranscendant (j'eusse m arché). encoreregardé, n'esten elle que du regardant.A l'horizon
Quant au conditionnel-temps que la grammaire traditionnelle du regardé apparáennent le discours, les phrases qui le
distingue du conditionnel-mode dans les constructions du conslituenlet les mols assemblés dans ces phrases. A
typeje savais qu'ii viendrait, il s'agit toujours du futur hypo- lgorizon du regardant appartiennent les mors dont se
thétique qui se substitue au futur catégorique làoù le verbe est recompose la langue et dont la condition d'exislence en elle
subordonné au passé. La terminaison -ait, compétente en estune attentedu traitement transitionnel qui les portera de
françaispour toute espèce de décadence, exprime en l'occu- l'horizon du regardant,où ils siègent en permanence, à
rrenceune décadence non plus morphologique mais syntaxi- l'horiZon du regardé où ils peuvent éventuellement être
que, la subordination étant contrainte, à cause de son attache appelésà siéger. (PLT: 263)
au passé, de descendre elle-même danscette époque. Il faut donc entendreidée regardante au sens d'idée en puis-
sancesiégeant dans lalangue etidée regardée au sens d'idée
LL1 : 119,135,137,149,188,195,197201,203,205
en effet parvenue au niveau du discours.On peut donc assi-
LL4 : 94,95,97,99,115,117
miler comme le fait G. Guillaume (pLT :265)idée regardante
LSL: 67
à signifié de puissance et idée regardée à signifié d'effet. La
TV : 11,54-59 langue est l'ensemble des idées regardantes qui constituent
notre univers pensable
Quelques années plus tôt, en 1949, l'auteur appliquait cette
IDÉATION (i d ealion) distinction àl'étude des modes en français et faisaitéquivaloir
idée regardante àproposition principale et idée regardée à
L'idéation est l ' opération constructrice d' une id é e, proposition subordonnée. Selon l'idée à travers laquelle on
c'est-à-dire de la représentation matérielle et formelle d'une appréhendel'idée regardée, on emploiera le subjonctif ou
notion. l'indicatif (ll est possible qu'il viennelil est probable qu'il
9 4- ID~ L E
IM1vhVKNCE/IRANSCENDANCE - 95

viendra) (u,t : tw-196).Le point commun à ces deux problé-


matiques apparemment différentes est le rôle de filtres que
I MMAN E N C E / T R A N S C E N D A N C E
G. Guillaume fait jouer aux idées regardantes aussi bien au (i mmanenceltranscendance)
niveau de la langue qu'au niveau du discours.
La distinction, au sein de toute opération de pensée, entre une
LL1 : 191-198300-211,226 partie immanente et une partie transcendante est ab&lument
PLT : 258-268 capitale pour la compréhension de lasystématique linguisti-
que. Commentant l'expression d'A.Meillet selon laquellela
langue a uneimmanence etunetranscendance,G. G uillaume
IDÉELLE (chronologie) s'est attaché toute sa vie à démontrer que c'est sur la base de
rational (chronology) cette distinction que sont fondés tous les systèmes.
Contrairement à ce qu'admet laplupartdes linguistes, aucune
Tout système étant fondé sur le rapport entre l'avant puis- catégorie n'est donnée a priori : pour prendre des exemples,
sanciel et l'après résultatif (ou effectif), il existe dans le lan- il n'y a pas d'époque passée, présente ou future, il n'y a pas
gage unechronologiecomparable àlachronologie temporelle de pluriel et de singulier, il n'y a pas de particulier et de géné-
mais d'un autre ordre, qui est la chronologie de raison sys- ral. Il y a toujours, par nécessité, une construction des épo-
tématique, chronologie entre idées, ou chronologie idéelle. ques, du nombre, de la classe. Ceci posé, comment cette
construction s'opère-t-eùe ? Non pas bien entendu de façon
cf.chronologie
linéaire et univoquepuisque c'estelle-même qui doitfixer ses
propres limites. Il lui faut au minimum un temps deréfraction
IDÉo G É N ÈsE (id eogenesis) qui le lui permette. Aussi fixe-t-elle les limites cherchées-
selon G. Guillaume, elle ne peut les fixer qu'à cette condition
Opération productrice de l'idée singulière qui constitue la - en contrastant dans un même espace systématique deux
matière du mot, l'opération corrélative de réversion de l'idée représentations adversatives d'elle-même.
singulière à l'universel étant dénommée morphogénèse Une première représentation la fait immanente au sens où,
(genèse ou idéation formeùe). restant au même niveau que la problématique qu'elle est
censéerésoudre, elle reste aussi au stade du processus de
cf.mot résolution sans pouvoir atteindre lerésultat visé. Par exemple,
l'article un est le signe d'une opération de singularisation qui
est immanente car elleestindéfiniment, etasymptotiquement,
IMAGE-TEMPS (time image) une approchedu singulier.Ilestdonc nécessaire de dépasser
Lesdeux catégories du « mode » etdu « temps » ne dénotent (transcendef) ce processus initial dans une représentation
pas, ainsi qu'on a commis parfois Perreur de le supposer, finale qui présuppose achevée l'opération précédente. Ce
deux phénomènesdifférents mais deux moments di fférents dépassements'opère parsim pleinversion duprocessus.C 'est
d'un phénomène unique:la construction de Pimage-temps exactement ce que réalise l'article le.
dans l'esprit. On notera que le singulier qui est lepivot du système n'existe
Le mode est l'opération de pensée par laquelle l'esprit que dès lors qu'il est visé en immanence et outrepassé en
acquiert la « puissance » d'une représentation spatialisée transcendance:ilestengendré par les opérauons qu'on peut
de l'image-temps : il indique un procès mental que nous lui appliquer. D'un point de vue opératif, il apparaît comme
nommons la « chronogénèse ». Quant au temps, il est la une limite inoccupable par l'esprit, et donc infixable dans
mise en reuvre de la puissance ainsi acquise; c'est-àMire la l'absolu. On peut leconcevoir - commeonpeutconcevoir tout
définition, compte tenu du progrès accompli en chronogé- terme produit dans des conditions similaires - comme une
nèse,d'une certaine thèse de l'image-temps. Ilindique un limite zéro (LO) que l'on peut ou bien approcher au plus près
procès mental que nous nommons la « chronothè se ».<ZSL : (L-1) oudépasser, sipeu que ce soit(L+l). Seuls les seuils L-1
121) et L+1 sont représentables sémiologiquement.
G. Guillaume applique constamment cette distinction entre
cf.chronogénèse,chronothèse immanence et transcendancejusqu'à des faits localisés
96 - IMPARFAIT
IMPAV TIF-97

comme l'opposition entre un aspect immanent et un aspect


ple 1, ou 2), d'autres vont jusqu'à rendre l'événement tout
transcendant du verbe.
entier hypothétique (exemple 4). Cesimparfaits sont précur-
Appliquée à la langue en général, cette distinction s'établit
sifsform és surle thèm e aversifetcorrespondent aux cas où
entre la production immanente de matière et la production en
laproportion d'accompli est réduite aupointdeneplus exister
transcendance delaforme.
que formellement. A ce type d'imparfaits, G.Guillaume
oppose les imparfaits cursifs formés sur le thèmeversif. Il
LL1 : 181
s'agit des imparfaits de type duratif montrant la conversion
LL2 : 140
ininterrompue de l'accomplissement perspectif en accompli.
LL3 : 142,150,151,186 Enfin remarquons que le plus-que-parfait de lanomenclature
LL6 : 46,47,55,57,160 traditionnelle n'esten faitquel'imparfaitdel'aspectcomposé
LSL : 58,71,222,252381382 avec avoir (marcherjle marchais - avoir marchéjl'avais
marché).

cf.décadence, entier
IMP A R F A I T (i m perfect tense)
AT : 61-62
Un des deux temps du passé du mode indicatif français où LL1 : 77,95,102,114,127-133,139
l'image verbale est déclarée engagée, si peu que ce soit, en
LL2 : 207
décadence:
LL3 : 203
L'ouverture devant paccompli d'une perspective d'inac-
compli (plus ou moins subtîlement perçue) est, universel- LL4 : 63,64,73-75,80,82,85,86,88,90
lement, du point de vue psychique, la caractéristique de LSL : 50,68,69301305,214384
l'imparfait. (AT : át) TV :93
Cette définition permet de comprendre le lien entre des
emplois que l'on tient encore souvent pour anormaux, voire
contradictoires. Par exemple :
1) ll dînait tous les soirsà 8 heures(imparfait d'habitude). IMPERATI F (m Ode) (imperative mood)
2) Qu'est-ce qu'il faisait quand tu l'as vu ? (imparfait [Lat.
Imperare :ordonner,commander]
descriptif).
L'impératif n'est pas, comme le déclare l'ensemble de la
3) Le 18 Juin 1940, de Gaulle lançait son appel historique
grammaire traditionnelle, un mode de pensée, mais simple-
(imparfait emphatique).
ment unmode deparole, c'est-à-dire une manièreparticulière
4) Un fauxmouvement, et tout s'écroulait (= tout se serait de s'adresser à autrui : il permet de solliciter l'allocutaire de
écroulé) (imparfait d'hypothèse).
façon particulièrement expressive et directe. L'impératif est
5) Oh,ilavait faim, lepetit bébé(imparfaithypocoristique). un mode d'expression ou mode allocutif.
6) Je venais direà Monsieur que lerepasétait servi (impar-
De n)ftme, le vocatif, sorted'impératif nominal, ne constitue
fait de politesse).
pas un cas de pensée mais un cas de parole.
7) Jesavais que vous veniez demain(imparfait de subordi-
Signalons que G. Guillaume emploie également le terme
nation). d'impératifs nominaux à propos des interjections comme
Tous ces exemples, dans leur diversité montrent une attache Silence!, La paix ! où le mouvement expressif est porté au
de l'événement à une parcelle de passé à l'intérieur du passé
maximum au détriment de l'expression.
(décadence) et manifestent tous une suspension de l'accom-
Pour ce qui est de sa sémiologie, l'impératif verbal français
plissementqui,en conséquence, demeure perspectif.C'est
l'emprunte généralement à l'indicatif (agis!, courons !) et
pour cetteraison quebeaucoup d'imparfaits sont suggestifs,
exceptionnellement au subjonctif pour les verbes ditspuis-
étant donné qu'ils laissent supposer l'achèvement du procès
sanciels (Sois !, Sache !). Précisons que cette disconvenance
au lieu de le poser. Alors que certains deces imparfaits ins-
de certains verbes à l'impéraiif normal est un fait relevant de
tallent le procès dans laréalité sans aucune ambiguïté (exem-
la chronologie notionnelle, les verbes de puissance étant, par
98 - nvipLIQUE
INCIDENCE SYNTAXIQUE -99

définition, subductifs par rapport aux autres verbes, ce que


en situation d'observant, les fait voir volontiers descendants
marque le retrait vers le subjonctif chronogénétiquement
(avec l'incidence en premier) alors que, par principe systé-
antérieur à l'indicatif.
matique, leur représentation est alternative.
AT: 25 G. Guillaume a constamment privilégié l'interprétation des-
cendante, en prenant modèle sur la succession infinitif/parti-
LLI : 235,237,238
cipe présent/participe passé du mode quasi-nominal, alors
LL3 : 68-100
qu'il semble très difficile d'ordonner dans l'indicatif le pré-
LSL : 73,74,125,186 térit défini et l'imparfait ou le futur catégorique et le futur
TV : 12-47 hypothétique. I[ parait clair que nous avons affaire à des
représentations adversatives du rapportpersonnel plutôt qu'à
des phasestemporelles du déroulement des événements.
Rétablir l'ordre systématique entre des formes immanentes
IMPLIQUE (te m p S ) (i m plicaled time) hétérogèneset des formes transcendantes homogènes sem-
[Lat. In: au dedans+ plicare : plier] bleraitdenature àmieux faire voirle travaù systématiquedans
Le tempsimpliqué est le temps intérieur au procès signifiépar la chronogénèse,appuyé comme il se doit sur le tenseur
le verbe,le temps que le procès suppose pour sa propreréa- binaire radical.
lisation. On opposera le temps impliqué au tempsexpliqué On note aussi que la valeurd'échéance globale du mot inci-
aussi appelétemps d'univers. C'est la catégorie de l'aspect dence seretrouve dansl'analysedel'incidencesyntaxiqueoù
qui marque le traitement du temps impliqué et letemps celui lesapportssontréférés à un support.
du temps expliqué par le verbe.
cf.décadence/inci
dence
cf.aspect

INCIDENCE SYNTAXIQUE
INCI D E N C E (i n c idence) (syntaclical incidence)
[Lat. In : sur+ cadere : tomber)
Le mécanisme d*incidence est le mécanisme par lequel tout
Les notions d'incidence etde décadencereprésentent les deux vocable prend appui sur un support : cLe mouvement d'inci-
modes adversatifs et complémentaires de l'échéance d'un dence> atraitau mouvement, absolument général dans le
procès au temps. Cette échéance est incidente au cas où le Eangage,selon lequel,parroul olloujours, ily a apportde
procès est versé globalement au temps sans qu'il soitpossible significationetréférencede l apportà un support. (LL2 : 137)
de distinguer des moments spécifiques dans le processus. Elle La notion d'incidence est fondamentale car c'est elle qui éta-
est décadente au cas où, non dissociée de la prédication elle- blit le rapport de subordination syntaxique, c'est-à-dire qui
même, elle distingue les moments qui lui sont antérieur et assembleentreeux les élém entsde la phrasem aisce m éca-
postérieur.La version décadente de l'échéance au temps nisme qui règle la façon dont les mots prennent support dans
apparaît donc initiale et hétérogène puisqu'elle associe dans laréalité du discours étantdéterminée dès la langue,la même
l'événement l'accompli rétrospectif et l'inaccompli perspec-
notion d'incidence permet dedéfinir les différentes parties du
tif (l'imparfait français, par exemple), alors que sa version discours :
incidente apparaît finale et homogène (le passé simple). On Pour n'avoirpas éré ap erçu par lesgrammairiens du passé,
remarquera que cette ordination systématique est l'inverse de le régime d'incidence n'en estpas moins le déterminanl
l'ordination temporelle apparente, faisant transiter l'événe-
prinjegal de Eapartie du discours dont Eu théorie ne fait plus
mentdesaphaseincidente (ou arrivante) à saphasedécadente
difficulté dès l'instant qu'il en est tenu un juste compte.
(plus ou moins déjà arrivée au temps). Cette inversion pro- (LSL :2$11
blématique prend sa source dans la double visualisation du
C'est ainsi que le substantif et l'infinitif se définissentpar une
temps général,ascendante du passé vers le futur (de la per-
incidence interne selon laquellele support se trouve compris
sonneversleprocès) ou descendante du futurverslepassé(du
dans la signification apportée, tandis que l'adjectif et le verbe
procès vers lapersonne). Notreperceptionrelativedesprocès,
conjugué se caractérisent par une incidence externe, selon
100 - INDICATIF
INDICATIF- 101

laquellel'apport n'annonce pas le support, dont le choix est


niveaux dans ces époques en superposant les deux chrono-
reporté au discours. Cette incidence exteme à un support
types (parcelles de temps) dont il est constitué, le chronotype
nominal ou pronominal constitue une incidence extemede ct qu'il emprunte au futuret le chronotype (0 qu'il emprunte
premier degré. L'incidence de l'adverbe est différente : le au passé. Lechronotype ot détermine un niveau d'incidence
support de l'apport adverbial n'est pas un nom ou un pronom seule qui est représentée dans le passé par le prétérit défini et
mais les diverses incidences externes qui leursont appliquées. dans le futur par le futur catégorique (futur simple). Le chro-
L'incidence de l'adverbe est ainsi une incidence externede notype tu détermine un niveau où, si peu que ce soit, l'inci-
second degrê(Par exemple, dansii danse bien, bien est inci- denceserésout en décadence,avec dans lepassé,l'im parfait,
dent à l'incidence dedanse àii etne modifie pas seulementle et, dans le futur, le futur hypothétique improprement appelé
verbe). d'ordinaire le conditionnel présent. Les désinences verbales
Le mot incidence doit être entendu ici dans le sens de réfé- de cestemps traduisentce double rapport entre époques et
renceà unsupport.Pour ce quiestde l'incidence au tem ps, niveaux de manière très révélatrice : l'imparfait et Ie futur
voir le termedécadence. Cependant il existe un rapport entre hypothétique ont exactement les mêmes désinences (le futur
ajoute l'augment -r- d'infinitif) et entre le prétérit défini et le
cesdeuxespècesd incidence,etc'estpourquoi G. Gu illaume
n'a pas jugé utile de chercher un autre terme : l'incidence futur catégorique, seules les personnes du pluriel varient (par
exemplenous chantâmes etnous chanterons m aison notera
syntaxiquedésigne la façon dont le mo ts'appuie surun sup-
le remarquable parallèle entre ils chantèrent et ils chante-
port, tout comme l'incidence au temps désigne la façon dont ront). L'indicatif français possède donc 5 temps. D'autres
le verbe échoit au temps. Dans les deux cas il est question de
temps attribués à tort àce mode par la tradition sont en fait des
l'échéance globale d'un apport à un support.
formes complexes avecavoir ouêtre, c'est-à-dire des formes
LL2 : 137,138,147,149,152,153,163,170,185
aspectuelles et non pas temporelles. Si on tient compte de
l'aspect, il faut ajouter les tempsparfaits, à savoir le présent
LL3 : 53,54,51-63,65,S0,228
(j'ai chanté), le prétérit (j'eus chanté), l'imparfait (j'avais
LL4 : 201402 chanté),le futur catégorique(j'aurai chanté) et le futur hypo-
LSL : 37,250,251 thétique(j'aurai" chanté).L'aspect bi-transcendantdonnede
même : j'ai eu chanté,j'eus eu chanté,j'avais eu chanté,
j'aurai eu chantéj'aurais eu chanté. Au total donc, 5 temps
multipliés par 3 aspects, soit 15 formes dont certaines, il faut
le reconnaître, sont inusitées (j'eus eu chanté,par exem ple).
Toutes les langues n'ont pas d*indicatif, bien entendu, et
INDICATIF (mode) celles qui le possèdent ne leconstruisentpas toutes de la même
(indicative mood) manière. En anglais, le présent de l'indicatif n'est pas sépa-
[Lat, Indlcare : Indlquer, tnontrer] rateur à l'endroit du passé et du futur. Il en ressort une archi-
tecture binaire composée d'un passé et d'un présent-futur
Mode grammatical qui correspond dans la chronogénèse
ouvert(LL4:145) :
française (construction de l'image-temps) à la dernière chro-
nothèse. A ce stade, l'image-temps est achevée et foumit une
représentation des époques complète. passé (I sang) prés e nt ouvert (I sing)
Aboutissement de la chronogénèse, l'indicatif représente le )I
temps in esse. Les chronothèsesantérieures à l'indicatif anaclase
représentent le temps de manière moins construite : le mode
quasi-nominal, d'abord, premier stade de la construction, où A T :4 1
le tempsse présente in posse avecl'infinitif et les participes LLI : 93,94,99,105
et le mode subjonctif, deuxième stade, où le temps se présente
LL3: 201
in jteri sans réelle distinction d'époques.
LL5 : 11@173
Ce qui caractérise l'indicatif, c'est l'institution d'une époque
présente qui détermine l'architecture du mode. Le présent LL6: 31
sépare l'infinitude du temps en deux époques opposées : le LSL : 196sq
passé et le futur. Par ailleurs, il institue en français deux
TV :31
102- IN17NITII: INTENSION - 103

I NFINIT I F (i nfi niti ve) INTE N S I O N (i n tension)


[Lat. infinitivus : non limité, non défini, non fini]
Ce terme est synonyme de compréhension par rapport à
Temps du modequasi-nominal où l'événement seprésente au exlension.
maximum de sa virtualité. L'infinitif, quand il existe, est le
moment initial de la chronogénèse. cf.compréhension/extension, extension, extensité
Le statut de l'infinitif est très variable d'une langue à l'autre,
et même dans les langues indo-européennes (il est inusité en
grec moderne,par exemple). En français,ilprésente deux INTE R J E C T I O N (i n t erj ection)
caractéristiques remarquables :
- il est exclusivement incident Ce terme désigne un mot particulier qui entre très diff icile-
- il est pourvu d'une incidence interne. Plus précisément, ment dans le système des parties du discours/parties de lan-
l'infinitif est rapporté dans le plan du verbe à une personne gue, système qui est fondé sur les deux notions de prédicati-
virtuelle, ce qui explique ses emplois absolus du type :tondre vité et d'incidence. L'interjection, à charge expressive forte,
sa pelouse à celte heure esl très agréable. serait plus justement caractérisée comme un mot-phrase. En
Cet infinitif ne saurait donc avoir de sujet au sens propre du termesguillaumiens, le mouvement expressif est porté à son
terme.Dans laphraseJ'aivu PierrepleurerttsL:251),Pierre maximum dans ce petit mot, lui permettant defaire phrase à
n'est pas sujet de pleurer. Les deux mots se partagent, l'un lui seul : Silence !, La paix !, Aïe !, Tiens !, Oh !...
comme nom et l'autre comme verbe, la fonction d'objet. La distinction qui permet la meilleure description de l'inter-
Pierrepleurer n'estpas unephrasepossible en françaisalors jection est celle qu'établit G. Guillaume entre l'expression et
qu'on peutavoir J'ai vu Pierrej'ai vu pleurerj'ai vu Pierre l'expressivité. Des analogies de grand intérêt sont également
pleurer. faites avec un mode verbal, l'impératif, et un cas nominal, le
vocatif. Ce dernier, ainsi que l'interjection, sont souvent
LL1 : 238 appelésimpératifs nominaux.
LL3 : 103
LL4 : 200201 LL3 : 68,207
LSL : 57,123,187,251+66,267 PLT : 150
PLT : 204-206
TV :16
INTR A N S I T I F (i n t ransiti ve)
Le verbe intransitif est caractérisépar une incidence unique
INT E G R A N T (con clusive perfect) au sujet. L incidencepassiveà l'objet est annulée. Cette inci-
[Lat. integrare : rendre complet, achever] dence au sujet peut être active (Pierre marche) ou passive
L'adjectif inlégranl qualifie les parfaits français avec l'auxi- (Paul est bauu).
liaireêtre. Les parfaits formés avecavoir sont dits dirimants.
La caractéristique des parfaits intégrants est de signaler que cf.transitif/intransitif
l'aspect transcendant provoque une fermeture du procès qui
passive le sujet à son achèvement. Le procès, au lieu d'être
simplement interrompu doit, si on le recommence, être refait INVE R S E U R (inv e rsive preposition)
en totalité (mourirlêtre mort, tomberlêtre tombé, sortirlêlre
sorti...). Ceparfait est aussi utilisé avec la construction réflé- Le terme d'inverseur est réservé àl'emploi très particulier de
chie (se souvenirls'être souvenu) du fait de la présence con- la préposition de dans le système français de l'article. Tout
jointe de deux aspects de la personne, active comme sujet et commegpréposition à, la préposition de n'est pas un signe
passive comme objet. Ces constructions sont à rapprocher de de position mais de mouvement : elle signifie un retour,
inversant ainsi le sens du mouvement indiqué par à,
la voix moyenne.
Ce rôle d'inverseur du mouvement aller est exploité dans le
cf.dirimant système afin d'inverser le mouvement d'extension signifié
104- INVEIISIP
LANGAGE - 105

par le. Ainsi, on dira que de est un inverseur de tension. Cette


impulsioninversive qui estopposéeàl'impulsion extensive de
LANGAGE (language)
l'article aboutit à la composition des articles ditspartiti fs (du, Le terme de langage est un terme tout à fait général qui
de la, des). Ceux-ci demeurent cependant des articles com- englobe le fait de langue et le fait de discours. Autrement dit,
posés et de ne peut assumer simultanément ses fonctions de lelangage serecomposed'unestructurepsychique (lalangue)
préposition et d'inverseur : à laquelle se superpose unestructure sémiologique chargéede
Le mot grammatical « de » se trouve en permanence dans donner à la langue une existence physique : le discours
Paiternativede devoir se déclarer préposition ou partie (parole, écriture, geste).
composante d'arnclc, une qualité excluant l'autre. (LsL : Comme F. de Saussure, G. Guillaume conçoit le langage
17S). comme un phénomène dichotomique tout en apportant à la
I formule saussiirienne (langage = langue+ parole) deux modi-
fications fondamentales. D'une part, par souci de générali-
sation, il remplace le terme restricdf deparole par celui de
discours et d'autre part il fait intervenir entre les deux com-
inverseur DE posantes le facteurtemps, tout acte de langage impliquant une
singulier universel successivité, une transition de la langue au discours (temps
article LE — > opératif). Soit figurativement :
LL3 : 159 DISCOURS
LIA : 56-59
LSL : 175-179
LANGAGE
PA : 261-265 LANGUE
Lc langageestun acte,lediscours un résultat,atteintou non
atteintpar cetacte, etqui n'estatteintque là où il existeune
INVERSIF (t h b me) (i n versive theme) Azngue,et proportionnelkmentà son étatde définition. On
voudra bien remarquer queje distoujours, de par ma
Le thème inversif, dans l'indicatif français, est un mode conceptionmême des choses, « acte de langage » etjamais
d'appréhension du temps selon lequel la pensée le remonte, acte delangue ou acte de discours. Quand il s'agit du dis-
au contraire du thème versif où elle le descend. G. Guillaume cours ou de la langue, je dis : e fait de langue, fait de dis-
suppose aussi un thème aversif où cette remontée, contradic- cours ». Le discours, sur le plan d'effet,etla Eangue, surle
toire, reste partielle. Le thème inversif caractérise les temps plan de puissance, sont des résultats de Pacte de langage :
incidents du prétérit défini et du futur catégorique. Cette en d'autres termes desfaits résultants. <LLI : 20i
analyse en thèmes aétépar lasuite abandonnée par Guillaume
En outre G. Guillaume insiste sur le fait que le langage avant
auprofitd'une analyse fondée sur ladistinction de l'incidence d*être un fait social, est un fait humain :
et de la décadence.
En thèse générale, il conviendrait, pour leprogrès parallèle
cf.thème désirable de la linguistique et de la philosophie, de ne pas
trop rabâcher lelieu commun que le langage est un fait
social,car s'il est cela indubitablement dans la relation
d'hommes qui s'enservent, ilestbien autre chose que cela
ISOT O P E (iso topic)
au profond de la pensée humaine qui en elle Pédifie, et
[Gr. isos : semblable+ topos : lieu) s'édifie en lui et par lui (I.SL :45)
Se dit d'une morphologie qui réunit dans un même lieu,dans Ce grand fait humain du langage, autrement dit ce qui fait la
le même mot, lc sémantème et le morphème iLst. : 76).La spécificité du langage humain, c'est l'existence au fond de la
morphologie portée par des vecteurs distincts est dite aniso- pensée humaine d'une représentation mentale, l'homme
tope. s'exprimant non pas comme l'animal à partir de l'expérience
des choses mais à partir d'une représentation qu'il se donne
cf.morphologie, subduction de l'univers, à savoir la langue :
Le langage humain n'existe qu'à partir du moment où le On voit combiencette langue est, pour l'auteur, inséparable
vécu expérimentatestmuté en représentalion. (PLT : 241). du discours. La réalité profonde du langage, c'est l'acte de
Langage et
pensée sont en rapport de causation réciproque : langage, dont la langue constitue le côté institué en systèmes
Le langage apporleà ia pensée iapuissance de sauvegarder et le discours le côté non institué. Elle n'est pas seulement le
ia puissanceacquise, qui estcelle de son étatconstruü, et trésor saussurien hérité de l'histoire linguistique. Elle est
d'accroître celte puissance. A la racine de celte opération et aussi et surtout une réalité dynamique qui se chargede fournir
de sa particularité, ii y a la lucidilé humaine - la lucidité à l'expression la représentalion des relations linguistiques
propre à l'espèce humaine. (PLT : 246) dont il a besoin. G. Guillaume la définit également comme
une parole virtuelle par rapport à la parole actuelle que l'on
LL1 : 68 observe, terme particulièrement heureux qui traduitbien cette
LL2 : 17,19,20,26,35,77,93,95,96,118,120,121,200,210 interdépendance. Elle n'est pas un héritage mais
une
LL3 : 12,14,15,18-20,28-30,35,37,20523 t construction, ce qui fait d'elle une réalité profondément his-
LL4 : 16,17,68-70,120,150
torique et changeante. C'est sur ce point général que
G. Guillaume se distingue nettement des structuralistes : si la
LSL : 28,36,44,111,208,îA1
langue, à tout moment, pour tout sujet parlant, est un état
PA : 313,314
synchronique, elleestau plusprofond en tension permanente
PLT : 40,64-72,98,121,122,124,137-139,146-149,156,166, versson propre achèvement. Diachronie et synchronie sont
217231PA1,242P45,246,26$-268,270,274 ainsi réconciliées dans une finalité commune, qui est d'assu-
TV ; 121,134
rer à chaque étape une meilleure institution, meilleure au sens
où elle débarrasse le discours,de plusen plus efficacement,
des soucis de l'improvisation : l'invention de l'article et le
LANGUE (tongue) développementdes prépositions dans les langues fl exion-
nelles sont un bel exemple d'une institution meilleure, parce
La langue est l'ensemble systématisé des moyens institués que plus générale, que la déclinaison nominale.
sous forme desystèmes de représentation, un système de Il reste que cette conception, proche d'un jugement de valeur,
systèmes donc, permettant d'assurer en permanence la saisie peut prêter à confusion en laissant penser que les types lin-
du pensable et son expression. Les unités de langue sont les guistiques (forcément historiques ou génétiques) s'étagent
vocables(mot pour les langues flexionnelles, caractère pour dans lesens d'un progrès. Il faut reconnaître que le principe
les langues isolantes...) à l'état puissanciel. constructiviste guillaumien autorise cette interprétation.
Lalangue nes'observepas : elle se conçoit. Elle nesauraitêtre G. Guillaume déclare que les langues ont une histoire, et
qu'une reconstruction théorique du linguiste qui essaie de connaissent un progrès dans leur développement. Il dit aussi
retrouver l'invariance sous la variance infinie des formes du que les types sont historiquement ordonnés etque,parexem-
discours. Cette remontée théorique peut s'arrêter à l'étique- ple, les langues flexionnelles sont issues de langues àracines.
tage de cette variété, se poursuivre par l'élaboration de Ou encore que les langues holophrastiques sont archaïsantes,
modèles grâce à la manipulation et/ou tenter de fournir une ou que les langues germaniques conservent des traces
explication synthétique. C'est cette troisième étape que d'endophrastie dont les langues romanes se sont libérées.
G. Guillaume se propose d'atteindre. Il considère la langue Maisil fautnoterdeuxchoses ici : d'unepart, l'évolution n'est
comme le résultat construit d'une institution dynamique des percevablequ'après coup,c'est-à-dire que l'histoire estfor-
moyens d'appréhension du pensable et il la pose comme une cément toujours révisée en fonction de la synchronie à partir
théorie des rapports de l'homme à l'univers. de laquelle on l'observe et tel étatde langue, parfait quant à
La langue est définie comme unsavoir-dire puissanciei (un lui-même, pourra apparaître ultérieurement comme une étape
discours à l'état prévisionnel), dont le rôle est de fournir au historique secondaire. D'autre part rien ne permet de prouver
sujet parlant la possibilité permanente d'exprimer avec que toutes les langues sont issues du même moule initial
aisance ce qu'il peut concevoir. Autrement dit, la langue holophrastique. D'autre part encore, certaines langues peu-
s'institue pour libérer ia pensée humaine en instance vent demeurer dans un type (une aire linguistique) relative-
d'expression des diffkuüés pénibks du langage improvisé. ment archaïsant mais y développer une systématique à un
(LL2 : 94). degré très élevé (comme le chinois mandarin dans l'aire
108- LExlGEMsE
LINGUISTIQUE - 109

prime). Enfin toutes les langues connues possèdentles mêmes Pour se référer à la construction du vocable, G. Guillaume
caractéristiques générales en tant que réalisation de la faculté emploie aussi parfois le termed'ontogenèse.
humaine de langage : il n'y a jamais de type pur, et toutes ces
langues ont derrière elles la très longue histoire de l'humanité LL2: 133
en regard de laquelle les évolutions connues sonttrès brèves,
PLT : 224
de sorte que, si on peutrepérer des variations progressistes de
principe, ces variations intéressent des langues qui se situent
toutes àun degré deperfection très élevé.On pourraitrésumer
ceci dans une formule un peu lapidaire qui serait la suivante : LINGUISTIQUE (linguistics)
il n'y a d'histoire déterminée qu'individuelle, le reste n'étant
Une scienced'observation se constitue en sciencethéorique
que variahons aléatoires.
à parlir du momenloù elEe consentà voir dansla réalltéplus
Il faut noter aussi que cette histoire linguistique conceme les et autrechose que ce qu'en montrent Eesapparences sen-
moyens de représentation et non, bien entendu, les choses sibles.Autrement dit,une science ne devient vraiment une
représentées et exprimées. La traduction est toujours parfai- science que par pacceptation d'une opéralion intellective,
tement possible linguistiquement. Les problèmes en la dont Ee propre estde substüuerà l'ob jet de réalüé sensible,
matière ne peuvent être que culturels. Il faut se garder d'iden- n'exigeantde l'espritque la peine de k constater, un objet
tifier la langue à lapensée ou vice versa. Lalangue est l'image d'une réalité supérieure issue d'une opéralion constructive
des moyensdont la pensée dispose pour saisirsapropre acti- de l'esprit. (LL2 :to)
vité : La lingu!stique est nécessairement théorique et mentaliste si
La langue est absolument indépendante de la pensée elk- elle veut être scientifique. G. Guillaume reproche à la lin-
même, mais elletendà s'identifier avec la puissance qu'ala guistique historique d'avoir accumulé des études de détail
sans s'être attachée à la reconstruction des systèmes causa-
pensée de saisir en elle-même sa propre activité, quelle que
teurs. A la grammaire générale -à laquelEe il arrive qu'on
soit celle-ci La pensée est libre, entièrement libre,infinie en
revienne malenconlreusement depuisqu'a été remise en
son devenir, activement libre, mais les moyens qu'elle a honneur, par l'. de Saussure, la grammaire descriptive
d'opérersa propre saisie sont des moyens systématisés, (PLT: 53) -il reproche de voir dans Pétat de structure
organisés,en nombre restreint, dont la langue en sa slru- d'idiomes trèsévolués l'effet de distinctions obligées inhé-
cture offre une image fidèk. (L~ : 14) renlesà la pensée humaine. (PLT :$3)
La grammaire générale peut en effet considérer que la dis-
AT : 14,58
tinction du nom et du verbe est universelle alors qu'elle ne se
LL1 : 69,70,110,257,258-262 trouve que dans une fraction réduite des quelques 3500 lan-
LL2 : 9,10,18,19,77,94,103,118,208 gues répertoriées dans le monde. G. Guillaume fait bien
LL3 : 12,13,20,22,23,28,29,32,35,36,38,39,43,89,90,91,230,235,236~0 entendu appel à des catégories générales et à des lois réputées
de portée universelle (par exemple le coupleuniversel/singu-
LL4 : 14-16,21,22,68,70
lier, la loi de non-récurrence, le principe de la chronologie
LSL : 28,33,45,113,119,145,153-155,1S3,185,208,209,211,220-240,250, notionnelle...) mais à un niveau de causation tellement pro-
268,275-277 fond qu'ellesne se retrouventà l'état pur dans aucune langue
PA : 305 particulière. Entre l'inventaire minutieux des données obser-
PLT : 18,23.25,32,40,48,92.95.146,476,211,224330.244,246.253~8, vables et laconcepfion de systèmes purement logiques, il y a
261,267,268 place pour une science humaine fondamentale —l'avant-
TV :42 science de toutes les sciences - celle qui met à jour les méca-
nismes de la pensée (psycho-mécanismes) générateurs des
systèmes linguistiques institués et de l e ur exploitation
momentanée endiscours.
LEXIGÉNÈSE (le xi genesis)
cf.schème sublinguistique
Terme suggérépour désigner l'opération de pensée format-
rice du vocable. Ce terme est d'ailleurs formé sur le modèle AT : 13-16
du nom donné à l'opération de pensée formatrice de l'image- LSL : 25-45,126,143,145,158,159,183306~0,247368,272-286
temps : la chronogénèse.
TV : 121,124,132-134
110 - LOGIQUE
I.ot- 111

LOGIQUE (l o gic) par l'analyseintérieure par la pensée de ses propres mouve-


[Gr. Iogos : ralson] ments. Aussi, chaque plan analysé et reconnu ne peut fonc-
tionner que par rapport aux autres. La sémiologie anomale
La logique, c'est Pimaginaire d'une conduitedeschoses qui s'explique parlemaintien de formes héritées quiperdure aussi
n'auraitpas à tenir compte des accidents de la route etdes
longtemps que la variation phonétique n'aura pas fourni de
empêchementsqueleschoses,parcequ'ellessontdeschoses signe ou de paradigme convenant mieux à l'expression du
et passeulement des idées, emportent avec elles. (LtS :tà)
représenté. Dans certains cas, ce maintien peut même révéler
G. Guillaume parle du déficit de la logique en matière de de subtiles nuances dans lareprésentation elle-même. Un très
langagedans la mesure où la logique établit des rapports de belexemple estceluidu verbealler en français, quireconslruit
dépendance statiques et universels alors que le langage, selon sa sémiologie à partir de trois radicaux : face à v- pour le
lui, est un dynamisme constructeur et conditionnant. Pour présent etir- pour le futur, la sémiologie conserveall- pour le
G. Guillaume, tout dans le langage est condition alors qu'en passé qui, selon la chronogénèse, se répartit en t rois
logique,toutestinférence,c'est-à-dire conséquence des pré- domaines : lepassé temporel ou chronothéùque (passé simple
misses posées. et imparfait), mais aussi le passé modal ou chronogénétique
(subjonctif et mode quasi-nominal) et, leplus remarquable, le
cf.cohérence passé de dualité personnelle dans le présent, à savoir celui
LL4 : 148
impliqué par les personnes allocunvement doubles que sont
nouset vous.(tst. : 12à sà).Cette sémiologie complexe, loin de
PA : 29-31,32-34,89,90
remettre en cause la réalité de la chronogénèse, apporte au
PLT : 32-35,55-58 contraire la démonstration de sa cohérence, à condition bien
entendud'être bien observée etbien comprise.

LOI (l a w) Loi de sugisance cxpressive : il s'agit de la loi régnante en


sémiologie selon laquelle le signe n'a pour charge que de
Il faut reprocher à la linguistique traditionnelle d'avoir refléter au mieux l'architecture systématique, sans être tenu
employé lc mot loi là où il ne faut pas et de ne pas s'en être d'en signifier intégralement etdistinctement les articulations.
servi là où il faudrait. (tSLi 281, note 1). Là où l'expression est suffisante, le signe se maintient tel quel
Les lois traditionnelles sont les régularités phonétiques dont puisque son changement serait totalement immotivé. (Pt.T:
en effet le caractère légal est très discutable puisque la psy- 128)
cho-sémiologie, dont le rôle est d'extérioriser la psycho-sys-
tématique, est continuellement veillante et surveillante Loi decompensation : loi qui, nonobstant lcs systé matiques
(t.sL i 2àà).Il est par principe exclu que les accidents phonéti- divergentes auxquelles lcs langues défèrent, tend àégaler
ques puissent désorganiser la sémiologie qui, à des fins de celles-ci in globo, quelle qu'en soit ladiversité.(uL: 98). De
meilleure adaptation du phonétique au systématique, choisit façon plus générale, le système, étant produit par l'analyse
continuellement entre l'hérité etle reconstruit, et ne s'accom- d'entiers, etde ce faitparfaitementéquilibré, toutes ses parties
mode de l'accidentque si celui-ci s'avèreprofitable.Le terme se compensentnécessairement, depuis les sous-ensembles
de loi est donc très abusif en la matière. On ne retiendra que jusqu'aux grandes systématiques les plus intégrantes. La lan-
les lois - vraies celles-là, et impératives - qui président à gue est toujours une solution exactement îniégrale aux pro-
l'organisation systématique et - ultérieurement — à son exté- blèmes de représentation. A ce sujet, il ne faut pas se laisser
riorisation. abuserpar certains écarts sémiologiques (voir ci-dessus) non
Les principales lois du langage sont au nombre de 5 : plus que par certains déficits lexicaux. Le lexique, ensemble
ouvert, utilise lasystématique mais ne ladétermine en aucune
Loi de cohérence : loi qui régit la construction du système façon. (ISL :98).
psychique de la langue et selon laquelle ses articulations sont
constamment en parfait équilibre, même si apparemment Loi decongruence : également appelée loi de convenance,
ellescomportent-des exceptions ou des formes anomales. cetteloi impose à la sémiologie de ne fonctionner qu'en étroit
Cette cohérence obligée vient de ce que le système est obtenu rapport avec la systématique signifiée. De ce fait, il ne sera
112- )é) Ttàttzn:o~ Mm )4)gt)P. 114Tt)tTtoma~ - 1 13

retenu par la langue aucun accident phonétique qui ne serait Cette association étroite de la matière et de la forme que l'on
pas profitable ou mieux adapté à la réalité du système. retrouve à tous les niveaux du langage entraîne par ailleurs
(LSL :11á, Ll.l : á9). une remise en question de la dichotomie saussurienne
matière/forme selon laquelle lalangue serait uneforme et non
Loi de non-récurrence : loi fondamentale de la construction une substance (voir F. de Saussure, Cours de Linguistique
du langage selon laquelle la langue, constituée de tensions Générale, p.157).
dynamiques, ne tolèreaucunmouvementretourqui annulerait
le bénéfice du mouvement initial institué. Un rapport - et la LL2 : 12,56,108,109,111,204
langue n'est faite que de rapports - doitpour exister satisfaire LL3: 89
à la condition primordiale d'intégrité. Cette intégrité, inté- LL4 : 23,129
rieurementanalysée, impose à ses deux sous-rapports com- PLT : 188-190,197,198
posants d'être successifs et non superposés. Ce principe estle
principe du dynamisme même. Ainsi, mettre en rapport le
pluriel et le singulier dans le système du nombre impose
d'avoir deux cinèses, l'une singularisante et l'autre plurali- MÉCANIQUE INTUITIONNELLE
sante, mais en aucun cas ces mouvements ne s'annulent (intuitional mechanics)
mutuellement : ils ne sont pas contradictoires mais complé-
mentaires et successifs, chacun se développant à l'inverse de G. Guillaume a donné le nom de mécanique intuitionnelle à
l'autre touten étant tributaire de lui. Cette loi impérieuse régit l'ensemble des opérations auxquelles la pensée a recours (à
les analyses d'entiers par lesquels seuls le langage humain notre insu) pour se construire, ces opérations de pensée res-
peut exister. (LsL : 30-3(), PLT : 99).On notera aussi le principe sortissant au mécanisme même de l'esprit humain.
d'intégrité mécanique, promu au rang de loi à partir des Le terme sesubstitueparfois àcelui depsychomécaniquepour
années1940, selon lequel lacondition d'entier intérieurement désigner la branche spéciale de la linguistique qui étudie
non-récurrent est une condition absolue d'institution du sys- méthodiquement ces mouvements, opérateurs universels de
tème. la construction formelle tîtiZangage se ramenant tous à une
variance fine de la relation uruversel/singulier. (PLT :273)

LL2 : 200
M ATIÈRE/FO R M E (matterlform) LSL : 282~
PLT : 44,45,209,256-258,269,273
La matière d'un mot c'est l'idée particulière qu'il exprime.
Elle est obtenue au terme de l'opération de discernement au
cours de laquelle la pensée abstrait de l'univers, sous formes
d'idées particulières, tout le particulier qu'il contient. Autre-
MENTALISME/PHYSISME
ment dit, la matière - par opposition à la forme constituée par (the rnentallthe physical)
un retour du particulier à l'universel dont l'esprit s'était On emploie le terme dementalisme pour référer à la langue en
d'abord éloigné - est engendrée par un mouvement (premier
tant qu'ouvrage construit en pensée. Quant au terme phy-
dans l'ontogénèse du mot) de la pensée en direction du sin- sisme, il désigne l'ouvrage construit en signes qui vient se
gulier. superposer au dit ouvrage construit en penséeauquel il sert
Il existe ainsi entre la matière et la forme un rapport étroit qui d'agent d'extériorisation.
est unrapport d'ordre, de consécution (pLT: 188).D e là une La relation du mentalisme au physisme est capitale pour
remise en question de la distinction rigoureuse établie par la l'existence même du langage humain, le physisme étant in-
grammaire traditionnelle entre la sémantique (défilé peu signifiant (dépourvu de toute signification) s'il nerenvoie pas
ordonné, non systématisé, des substances)et la morphologie à du mentalisme (principe de signifiance).
(défilé ordonné, systématisé desformes). En fait, il s'agit Par ailleurs la démarche guillaumienne repose sur unpostulat
d'une interaction de la matièrepassant pourêtre saisie et de d'indépendance entre le menralisme de signifiance d'une
la formeinventée pour la saisir. (tSL :274) forme de langue et lephysisme de représentation qui en per-
114- mvrALtsmn)tysîsm
MÉROTROPIE - 115

met l'emploi. Le but de la démarche est de décrocher le


mentalisme de sonphysisme dereprésentation afin depouvoir
MÉR O T R O P IE (mcrotropy)
l'observer à découvert. Ce qui est observé alors, c'est la sys- [Gr. meros :partle+ tropos : tour = tour partlel]
tématique de la langue : G. Guillaume pose que les systèmes
sont des êtres relationnels exclusivement mentaux et que Paroppositionàplérotrope (complet, total), le motméroirope
(partiel) qualifie le premier état de l'hypodèse, c'est-à-diredu
seules leurs articulaùons peuvent être physifiées :
terme visé dans l'état initial immanent durapport linguistique
Ilestaffirmé (...) que le mentalisme de signifiance peut être,
(tension 1). Cette mérotropie est due à ce que la première
en science du langage complète, autoptique et cryptologi-
tension situe l'objet à construire au même niveau que le pro-
que,décrochéde son physismede représentation etexaminé cessus de construction et s'avère incapable de l'objectiver.
à découvert, indépendamment de ce physisme. (Lst. :2ss) Dans le système del'article français, un tend vers un singulier
Privilégiant l'étude du mentalisme, la psychomécanique se mérotropepuisqu'il représente une tension singularisante. La
présente comme une linguistiquedu dedansoulinguistique de plérotropie du singulier n'est atteinte qu'en tension 2 avecle,
la pensée pensante, s'opposant ainsi à la linguistique dite mais alors le singulier, outrepassé, est anaphorisé.
traditionnelle, linguistiquedu dehors ou de lapenséepensée,
qui s'intéresse presque exclusivement au physisme de la lan- cf. Syndèse
gue. Des formes de langue tellesque les articles sontanalysées
par G. Guillaume de façon mentaliste lorsqu'il explique leur
relation et leur signification par leur posiùon dansun système
qui n'est pas observable mais qui peut être reconstruit par METAPHYSI QUE (me iaphysics)
recoupements entre leurs divers effets de sens.
La permanencede laplace etlarégularité du sensdesformes
Qui concerne la logique immanente du langage,etse dérobe
ne sont que des indices d'une construction mentale préalable. à l'observation empirique.
Il en est ainsi pour les formes verbales. Par exemple le présent
Ce qu'on a appelé (...) Ea métaphysique du langage, c'est
françaisne se comprend véritablement que comme un cas
tout simpEement Ea production en lui de discriminations
particulier observable de toute la construction mentale de
d'une extrêmefinessesur lesquelles repose sa systématisa-
l'image-tempsdans la langue française.De façon plus géné-
tion et auxquelies accède difficilement l'observation com-
rale, une occurrence linguistique, même observée sur un
mune trop peu pénétrante. (LSL :171).
corpus très étendu, ne peut livrer par elle-même l'explication
de son existence et de son comportement. Il faut nécessaire- Par ailleurs, G. Guillaume souligne clairement dans un autre
ment remonter au système mental caché dont elle représente article que la métaphysique est en fait la dimension profonde
une articulation et qui la conditionne. Le mentalisme traduit et secrète du langage. Il met en garde contre l'interprétation
par conséquentla foidansun ordre que m asque àl'observa- traditionnelle du terme :
tion le désordre apparent des accidents particuliers. La recherche cdes faitsprofonds qui président à la
Sur le plan méthodologique, le mot menialisie qualifie ainsi construction dela langue> n'estniune métaphysique ni une
une position qui reconnaît au langage une existence non- métagrammaire, motsqui au surplus n'ont pas de quoi
physique, non observable directement, en relation avec les effiayer; elle est tout simpiement ki marque d'un réalisme
propriétés intellectuelles, voire affectives de l'esprit humain. tenace, qui veut aller aufond des choses. Il ne dépend pas
Par extension, unelinguistique sera déclarée mentaliste si elle diichercheur que cefond deschoses qu'ilnepeutrenoncer
à decouvru -sa découverte n'est-ellepas le but même de ia
accompagne l'observation des faits d'une théorie du non
science? - soit ce qu'il est : un jeu de rapports lointains
observable qui soit explicative. N. Chomsky partage avec
d'unefinesse extrême. Immense subtilité des choses ! disait
G.Guillaume le souci d'exposer les condiùons mentales
Leibniz. (LsL :126, note s).
préalables au discours observable,même siles deux théories
divergent (très notablement) sur la nature de ces conditions.
LL3 : i32
LSL : 275-277,282-285 LSL : i26,i7i
PLT : i23-125
PA :24
116 - MÉTHODE
MDtTE- 11'l

M ETHOD E (melhod) ce soità la systémologie des modes et des temps.(Leçon du


18 Mars 1943, B).
Au lieu derechercher Ia quiétude que Iuiprocurerait une Les oppositions les plus contradictoires observées dans le
investigation limitée à l'apparent, Ealinguistique doit réso- discours sont d'ailleurs les plus intéressantes car ce sont elles
lumentprendre son parti de linquiétude qui fait letourment qui permettent de s'engager leplus loin dans lareconstruction
des autres grandes sciences, au regard desquelles l'appa- de la valeur de la forme. Ce travail de recherche de l'unité
rent estincessamment une invitation à découvrir la réalüé théorique explicative présente quelque analogie avec la
- secrètejusqu'à ce qu'on l'ait découverte -que les appa- méthode reconstructive de la grammaire comparée. C'est
rences recouvreni'. (LSL :243) ainsi que G. Guillaume aputrèstôtreconnaîtredanssapropre
Pour accéderà la face cachée des phénomènes, le linguiste méthodeune véritable grammaire comparée appliquée à la
doit avoir recours à une technique particulière d'analyse : la partie formelle des langues.Notons que cette analogie n'est
linguistique de posilion. Les oppositions et positions propres àlavérité qu'apparente car, s'adressant àla forme, lelinguiste
à l'analyse structurale sont insuffisantes en ce sens qu'elles ne reconstruit pas un prototype originel mais au contraire ce
autorisent uneclassification privéed'explication synthétique. qu'on pourrait appeler un prototype final : la forme de saisie
La méthode consiste donc à référer l'inventaire le plus large s'établitpourrépondre à un besoin de structuration et non pas
et le plus minutieux possible des faits attestables à une forme pour conditionner, au sens exact du terme, ses emplois. Der-
générale. Tout le problème est alors de positionner cette rière le mot condition, souvent employé, il faut penser davan-
forme générale dans le système intégrant auquel elle appar- tagepermission de la diversité, cette permission pouvant et
tient, en veillant constamment à ce que ce positionnement devant aller jusqu'à l'infini à mesure qu'on s'approche du
continued'expliquerladiversité observée en discours. A titre cnur leplus abstraitet leplus général du systèmelinguistique.
d'exemple, laforme générale de l'imparfait français se définit
dans lesystème de la chronogénèse en tant que forme per- LL3 : 9,10,14 15
missive à l'endroit de tous les emplois de ce temps enphrase, LSL : 72,126,143,145,165,206,211+22,242,272,2S3
y compris des emplois limites susceptibles dans le cours du PLT : 37-51
temps et des échanges linguistiques de déséquilibrer la chro- TV : 132,134
nogénèse.
Les systèmes sont cinétiques et peuvent être figurés par des
vecteurs - d'où le terme de linguistique vectorielle parfois
employépourdésigner laméthode d'analyse etdereconstruc- MIXTE (voix) (m i ddle voice)
tion. Les positions formelles à l'intérieur d'un système sont
La voix mixte (moyenne ou médiopassive) est une voix syn-
tenuespour des interceptions possibles de ces cinétismes par
thétique où le sujet logique est vu à la fois agent et patient.
la pensée :
Le principe qui présideà mes recherches, toujours Ee même cf.voix
etd'une monotonieabsolue, c'estquela iangue se compose
de résuEtatssous Eesquels ils'agitdedécouvrir,afin de ren-
dre raison des choses, Popération de pensee créatrice.
MODE (mo o d)
Autrement dit, Ea règle d'or qui guide ici nos lravaux, c'est
la réversion du résultatconslaté en procès - en procès Dans le temps opératif porteur de la construction de l'image-
génétique (...). temps, ou chronogénèse (le système de la conjugaison du
Tout (... ) dans Ea langue estprocès. Et les résultats qu'on verbe), les modes correspondent aux chronothèses intercep-
constatesont,sij 'ose dire,une sorte detrompe-PteiE Iln'y tives :
a pas de substannf : il y a dans la langue une substanti vation Lafonction du mode est de daterles chronothèses dansla
plus ou moins tôtinterceptée (...), il n'y a pas de mot, il y a chronogénèse. gsL :253)
une genèse extraordinairement compliquée du mot,une En français, la chronogénèse est interceptée en trois endroits,
lexigénèse.Iln'y apasde temps, ilya un phénomène de ia ce qui donne trois modes.
formation de l'image-lemps - la chronogénèse- auquelil est La première interception, précoce, est celle du mode quasi-
indispensablede remonter siPon veut comprendre quoi que nominal où l'image-temps se présente potentielle etrelative-
118- MODE
MODE- 119

ment embryonnaire (tempsinposse). Dans ce mode, il n'y a


non-passé. Iln'a alors pas d'étendue. En français,en revan-
pas de distinction d'époques et la personne n'est pas établie,
sinon virtuellement. Situé à ce niveau au plus près du nom, le che, le présent, intégrant, a une étendue dont il propage
l'architecture vers les deux époquespasséeetfuture qu'il crée
verbe représenteles événements sous leurs conditions de
réalisation les plus générales et les plus fondamentales. Ces en les séparant.
conditions, au nombre de trois, sont celles de l'infinitif, du Temps etmodes sont ainsi deux catégories verbales liées : les
participe présent et du participe passé. Ces trois ternps du temps sont des variations internes au mode. Mais il importe
mode quasi-nominal représentent les trois degrés possibles de nepas confondre ces deux catégories.La grammaire tra-
d'accomplissement de l'image verbale, dans l'ordre : stric- ditionnelle embrouille jusqu'à la masquer entièrement
l'architecture verbale en nommant mode toute catégorie qui
tement puissancielle (infinitif), puis mi-puissancielle et mi-
effective (participe présent) et enfin totalement effective (le semble représenter quelque variation dans l'attitude du sujet
participe passé). Ce sont ces temps minimaux qui pourront parlant vis-à-vis des énoncés. Il y aurait ainsi un mode impé-
être réutilisés grâce à leur qualité semi-nominale par des ratif, un mode participe, infinitif, un mode conditionnel
auxiliaires afin de former les temps composés qui sont en fait (encore qu'il faille distinguer un conditionnel-temps du
les voix et les aspects (en françaismarché et avoir marché ou conditionnel mode), un mode subjonctif et un mode indicatif.
avoir eumarché, ou en anglais walking etwalked avec be Ces modesposés,la confusion s'accroît avec la méconnais-
walking et have walked). sance de l'aspect qui fait attribuer au temps des variations
auxquelles ù est totalement étranger (comme le prouve le
La seconde interception, intermédiaire, voit apparaître la
terme depassé composé pour désigner en faitle présent
personne, mais non la distinction d'époques qui ne peut se
d'aspect parfait, ouprésent de parfait pourtant bien reconnu
faire que par l'établissement d'un présent. Ce mode est le
comme tel en anglais (je marche est à marcher ce quej'ai
subjonctif où le temps s'organise à partir de la personne
marchéest à avoir marché; même équilibre en anglais avec
comme ascendant (le subjonctif présent) ou descendant (le
walk,verbe d'aspect sim ple ethave w alked,verbe d'aspect
subjonctif passé ou imparfait du subjonctif). L'image-temps
n'est plus potentielle. Elle est assumée, si l'on peut dire, par composé,qui donne le present perfect : I have walked).
Certes, l'emploi d'un subjonctif a quelques conséquences
la personne qui la dirige et la conditionne. Le temps est en
allocutives en discours, et marque un retrait de l'ordre de
construction, d'où l'appellation temps in fieri. Pour autant,
l'hypothèse par rapport à l'indicatif (de là sa valeurmodale)
l'image-temps n'a pas atteint encore le stade achevé et ter-
mais c'est une grave erreur méthodologique et scientifique
minal où l'établissement d'époques la réaliserait complète-
que d'at tribueràlalangue desphénomènes d'usage,decarac-
ment.
tère strictement discursif. Le mode se définit en langue selon
Ce stade n'est atteint qu'à latroisième etdernière interception
des nécessités architecturalespropresaux chronogénèses sin-
où l'image-tempss'organise autour d'une époque présente
gulières et non pas selon des nécessités somme toute univer-
qui sépare de part et d'autre d'elle-même le passé et le futur.
selles propres aux besoins d'expression. Autrement dit, avant
Le temps est alors représenté effectivement,in esse. Le mode de poser desmodes en fonction desbesoinsexpressifsou des
correspondant à cette chronothèse finale est l'indicatif qui,
états d'âme des sujets parlants, il serait utile de se demander
étant donné l'architecture particulière du présent français, à quelles nécessités de représentation mécanique et d'ordina-
comporte cinq temps : le présent d'abord, puis deux tetnps
tion syntaxique ils répondent. G. Guillaume, en les définis-
passés (prétérit défini ou passé simple, et imparfait) et deux sant comme des étapes obligées (quoique variant selon les
temps futurs (le futur catégorique et le futur hypothétique ou
langues)de la chronogénèse, les situe à un niveau causateur
conditionnel présent).
profond qui échappe à la grammaire commune, emprisonnée
Dansd'autres langues, l'image-temps seconstruit de manière dans l'usage, et mal arméepour théoriser cequi pourtant n'est
différente et même dans les langues germaniques où l'on que théorisable, à savoir le système institué.
reconnaît pourtant les mêmes trois modes des langues
romanes (au moins les deux modes initial et final, comme en LL1 :st,s9
anglais), la répartition des temps dans ces modess'opère sur LIA : 115-117
des bases totalement différentes. Le présent y est complète-
LSL : 186,187
ment intégré et ne vaut que comme une limite anaclastique
PLT : 225-226
(comme une cassure, un point de version) entre le passé et le
TV : 11,30,37
120- MOEEHÈME
MORPHOGÉNÈSE 121

MOR P H È M E (mor p heme) M ORPH O G É N E SE (morphogenesis)

Les morphèmes constituent l'une des quatre unités dont se Opération productrice de la catégorisation générale qui
recompose tout idiome. A l'inverse des sémantèmes et des constitue la forme du mot. La morphogénèse réplique à
asémantèmes créés par le mouvement de particularisation qui l'idéogénèse productrice de matière particulière.
anime enpermanence l'esprithumain, les morphèmes sont
cf.mot
produits au cours du mouvement de la pensée en direction de
l'universel.
Au terme du mouvement de généralisation, les morphèmes
MORPHOGÉ NIE (m o rphogeny)
sont intégrés dans des systèmes et c'est de leur position en
système que dépend leur valeur essentielle. C'est donc dans Ce terme est employé à la place de morphologie pour situer
le système dont ils font partie intégrante que les morphèmes l'étudedela formedans leplan génétiqueetnon dans celui des
sont étudiés par la psychomécanique alors que, tradition- résultats produits et classables.
nellement, ils sont étudiés en eux-mêmes, hors système. Selon les idiomes, la morphologie est présente ou absente,
La psychomécanique introduit dans l'étude des morphèmes flexionnelle ou agglutinante, importante ou non. L'orienta-
une distinction très importante entre deux catégories : les tion de l'analyse linguistique vers la genèse de ces caracté-
morphèmes àsimple effetet ceux à double effet.Les mor- ristiques morphologiques permet de l'introduire au plus
phèmes à simple effet sont, en général, des morphèmes sté- général et de mettre à jour les ressorts cachés des systèmes
matiques, c'est-à-dire capables d'exister à l'état de mots formels. Cette conception débouche sur une typologie géné-
indépendants, et ils servent à exprimer une certaine fonction tiquedes langues au lieu d'unconstatdeladiversitédesmodes
du mot dans la phrase. Parmi cette catégorie de morphèmes, de construction des vocables et d'une classification empiri-
on trouve par exemple la préposition. Les morphèmes à dou- que.
ble effet sont toujours - tout au moins dans les langues indo-
européennes - des morphèmes astématiques,incapables cf.ontogénie
d'exister à l'état de mot. Leur rôle est double : non seulement LLS : 1L25,74,75,92
ils indiquent la fonction du mot en phrase, mais en outre ils
jouentlerôlededéterminants delapartie du discours. Comme
exemples de morphèmes à doubleeffet,on peut citer les
morphèmes flexionnels des cas de déclinaison et de conju- MORPHOGÉ N I QUE (mo rphogeni c)
gaison et les suffixes.
Le terme morphogénique caractérise les langues dont les
Précisonsqu'un morphème à simple effetpeutfortbien être vocables font état d'une morphologie. Les vocables des lan-
astématique mais que, néanmoins, on observe une facilité de gues amorphogéniques en sont dépourvus (cf.chinois
ce genrede morphème à devenir stématique (par exemple la mandarin).
particulepréfixée re-duf iançais,ouencoreanti-,quipeuvent
se rencontrer isolées, faisant mot, au contraire des suffixes et cf.amorphogénique
flexions).

AT :9-12 MORPH O L O G IE (morphology)


LL1: 151 Dans les langues qui possèdent une morphologie, il s'agit de
LL2 : 9,131,134-136,142,143
l'ensemble des indications formelles qui, dès la langue,
conduisent le vocable à sa détermination conclusive, à savoir.
LIA : 48 la partie du discours.
LSL : 103 En soi, morphologie et syntaxe sont complémentaires :toute
langue a la syntaxe de sa morphologie. Cette complémen-
PLT : 138-139
tarité est particulièrement évidente dans les langues indo-
MoT- 123

européennesoù le mot est défini en langue avant son emploi l'unité de puissance de toute langue, à savoir le vocable.
effectif en discours (langues exophrastiques). Par contre dans
La genèsedu mot dans leslangues indo-européennes est
les langues dites endophrastiques, la distinction entre mor-
analysée en la référant au temps opératif qui la porte. On y
phologie et syntaxe n'est pas opérative, le mot n'étant pas
reconnaîtdeux moments successifs :
caractérisé formellement en dehors de la phrase. Le cas
extrême est celui des langues isolantes appelées par l'idéogénèse, une opération singularisante de discernement,
producaice de l'idée singulière qui constitue la matière du
G. Guillaume languesamorphogéniques où lecaractère est
dépouillé de toute indication morphologique. C'est donc le mot
rapport entre morphologie et syntaxe qui constitue la base du la morphogénèse, une opération généralisante d'entende-
classement typologique des langues. ment, qui consiste à universaliser sous la forme de lapartie du
Les notions de morphologie isotope et anisotope permettent discours la matière produite par l'idéogénèse.
d'affiner la classification : la morphologie est isotope quand Ces deux opérations sont successives et toutmot possèdedonc
le mot se définiten langue avant toutemploi enphrase, carelle un signifié matériel (sa signification) et un signifié formel (sa
occupe le même lieu que le sémantème. Autrement, elle est catégorisation) selon la formule :
anisotope en se signifiant par des mots distincts. Par exemple,
parmi les langues indo-européennes, l'anglais privilégie lar- Matière + Forme = 1 (entier)
gement la morphologie anisotope (verbes auxiliaires, postpo-
sitions, pauvreté des flexions, interpénétration des plans Avec des variations qui peuvent être très grandes entre lan-
nominal et verbal). gues, forme et matière sont indissociables. Ainsi, en &ançais,
Entre les deux grands types de morphologie existe typologi- il nous est tout à fait impossible d'évoquer un mot qui ne
quement un stadeintermédiaire où la morphologie n'est pas seraitque mot',qui ne seraitpas en même temps etde sur-
horizontale (radical + formes vectrices ou combinaison syn- croît,substantif, verbe.... L'être général nous est aussi
taxique des sémantèmes et morphèmes) mais verticale, indispensable que l'être particulier. gSL : ?7)
lorsqu'elle assure la transition entre le mot et la phrase : c'est Au sens strict du terme, le mot est une création tardive dans
le cas des langues à racines. l'histoire des langues et il n'est pas universel. Le vocable qui
Ilfautnoterque les langues peuvent faire usage d'une mor- possède trois grands modes de définition (au niveau de la
phologie qui n'est pas une absence de morphologie mais bien phrase dans l'aire prime de la glossogénie, pour partie hors-
une morphologie négative dont la fonction est denc pas dire phrase et pour partie en phrase dans l'aire seconde, et hors de
ce qu'une morphologie positive dirait. Par exemple, l'article laphraseseulementdans l'aire tierce) n'estunmot quelorsque
zéro français est essentiellement un refus desarticles repré- sa définition est assurée totalement dans la langue, en dehors
sentés un et le. du discours, donc. Le mot n'existe à proprement parler que
dans les langues flexionnelles.
AT :12
Rappelons la place privilégiée que G. Guillaume accorde au
LL1: 68 mot dans sa théorie du langage. C'est la structure du mot qui
LL2 : 14,24,32,62,63,129,130,214 conditionne celle de la phrase :
LL3 : 24,25,139 Un mot, par constitution, apporte avec lui ses possibilités
LL4 : 101-103 associativesen phrase.Desorte que lastructure dela phrase
LSL : 14,76,81,112,113,274,275 apparaît conditionnée, etjouée, par la structure du mot.
PLT : 132,133,142 (LLz : 30)
G. Guillaume est un des rares linguistes à s'être penché aussi
sérieusement sur la nature du mot, sa définition et sa genèse.
Le mot est ou bien admis sans discussion, ou bien tout sim-
MOT (wo r d ) plement ignoré, voire récusé comme unité. Il est vrai que.
l'extraordinaire diversité des formes que peut prendre le
Au sens propre, mot s'applique exclusivement à l'unité de
vocable dans les différentes langues doit inciter à une grande
puissance des langues à radicaux (aire tierce). Mais il arrive,
prudence alors que d'un autre côté, le sujet parlant a une
de temps à autre, que ce terme soit employé pour désigner
conscience aiguë de sa réalité. En situant le mot dans une
124- MovsNNP.
NOM- 125

théorie générale du vocable,G. Guillaume clarifie le débat et


NOM (n o un)
redonne à la notion toute sa pertinence.
Le nom se définit comme le mot dont l'entendement uni-
LL2 : 24,27,28,30,36,37,41,108,110,113,114,126-129,133,134, 142,143,
versalisateur s'achève à l'univers-espace, par opposition au
152,210+14
LL3 : 13-16+0,64,173
verbe,dont l'entendement s'achève à l'univers-temps. La
catégorie nominale inclut les sous-catégories du substantif et
LL4 : 22-%,202
de l'adjectif.
LSL : 77,99-101,275
Les formes vectrices menant à la définition de la partie du
PLT : 54,73,144,145,153,155,185,188-199,201,219,224460
discours appelée nom, autrement dit les déterminants catégo-
riels du nom sont, en français : le genre, le nombre, le cas de
fonction etle régime d'incidence, interne pour le substantif et
MOY E N N E (V O iX) (mi d dle voice) externepour l'adjectif.
Soulignons que la distinction grammaticale du nom et du
La voix moyenne (mixte ou médiopassive) est une voix syn- verbe, base de la définition des parties du discours, n'est pas
thétique où le sujet logique est vu à la fois agent et patient. un fait de grammaire générale mais un fait de grammaire
particulière.
cf.voix La grande généralité de la définition du motnom autorise des
expressions commenom-adj ecti f ou nom-arti cle. Il est à noter
que cette dernièreexpression traduit laprééminencerarement
NEGATION (negation) remarquée de l'article sur le substantif en &ançais : le sub-
stantif est chargé de compléter matériellement l'article conçu
Lanégation, comme tout motdelangue, ne signifiepas un état comme support d'actualisation.
mais un mouvement, celui d'une marche à l'inexistant, à
l'absent, à la nullité. Les systèmes négatifs variables s'arti- LL1 : 238
culent autour de cette tension. LL2 : 11,46,89.91,122.126.133,144,200
En lrançais, ce cinétisme estsignifié par laparticulene qui est LL3 : 11,60,99-103
le signe d'une négativation immanente. Cette négation est
LSL : 110,111,118
imparfaite puisqu'elle tend vers l'inexistant, le négatif, sans
jamais l'atteindre. La négation complète doit transcender ce
seuil et en quelque sorte le positiver. C'est le rôledes négatifs
1
complementaires pas, point, mais aussi des mots comme NOM P R O P R E (pro per noun)
personne(je ne connais personne) ourien(je ne sais rien). Les
mots commegoutte (je n'y vois goutte) ont nettement subi une Les noms propres,appelés par G. Gu illaume asémantèmes,
érosion sémannque : on disait autrefois je ne bois goutte, constituent l'une des quatre unités dont se recompose tout
commej e ne mange mie,j e ne marche pasj e ne vois point. idiome, les trois autres unités étant les sémantèmes, les mor-
Ces mots, par ailleurs ordinaires, fonctionnent ainsi car ils phèmes et les systèmes. La caractéristique des noms propres
sont, de manière très intéressante, privés d'article. Avec un estdenepas avoir de contenu sémantique universalisable, par
article, opét ateur de statisme(LL3 : tseh ils retrouvent l'inté- opposition avec les noms communs dont les signifiés sont
gralité de leur signifié : un pas, une personne, un rien, une applicables à un nombre indéterminé d'êtres.
goutte, une mie, un point. Cette complémentarité fonctionne
bienentendu grâce àl'amorce négative de ne,m aison notera cf.asémantème
que le français courant n'utilise que les compléments :je le
connaispasj econnaispersonnej evois rien j'y voisgoutte.

LL3 : 123,124,127-130,132,133,135-137,143,144303 NOM B R E (num ber)


LSL : 178,281
Le système du nombre apparaît composé de deux tensions ;
PA : 303
une tension allant du pluriel au singulier (genèse de l'unité)
126 - NOMINALISATION NON-RÉCURRENCE- 127

suivie d'une tension allant du singulier au pluriel (genèse de signer ce papier ?Jamais !) ou encore la conjonction trans-
la pluralité). lative que (Quctout ceci est admirable !)
Le pluriel livré par la première tension est un pluriel contenu
ou pluriel interne intégré au singulier dont il ne sort pas. Le LL3 : 146,149,150,152,169,188418
pluriel obtenu en seconde tension, en revanche, estobtenu à LSL : 108
partir du singulier qu'il intègre puisqu'il le multiplie (pluriel
externe).

Pluriel interne Pluriel externe NON-R E C U R R E N C E (no nrecurrence)


tension l tension 2 La loi de non-récurrence est à relier au rapport entre les deux
genèse du singulier S gen èse du pluriel plans de l'immanence et de la transcendance systématiques.
Le rapport immanent initial, intérieurement hétérogène,
La catégoriedu nombre dans les langues indo-européennes reçoit une résolution dans une systématique qui l'inverse,
s'est réduite pratiquement partout à la seule pluralité externe mais de manière non-récurrente, c'est-à-dire que la systéma-
homogène,en rapport très certainement avec le développe- tique transcendante ne revientpas sur l'opération antécédente
ment du système de l'article (lesystème de l'article - dont la et les résultats qu'elle a produits. La récurrence reviendrait à
première tension a été finalement empruntée au système du annuler la première tension, ce qui interdirait au système
nombre parl'extensiondes compétences du premier numéral contrastif de s'établir. Ainsi l'article français défini le repré-
un — représente l'extension nominaleêontinue confiée aupa- sente une inversion par rapport à un, mais cette inversion
ravantau nombre. L'extension discontinue seule estsuppor- présuppose la tension, immanente initiale, ce qui explique la
tée par le nombre). Il reste cependant des traces du duel dans valeur anaphorique du défini. Sans cette loi de non-récur-
les langues modernes. rence, le singulier ne pourrait pas être conçu.
LL2 : 2243,130,135P11,212+14
cf.loi
LSL : 168-170,225-228,236-239,284

OBJET (o b j ect)
N OMINALISATI O N (nomi nalizati on)
Il convient d'établir une distinction rigoureuse entre deux
La nominalisation ou translation désigne le processus par senstrèsdifférents de ce mot :
lequelune phraseestportée de son planpropre,leplan verbal, L'objet entendu dans un sens grammatical, c'est-à-dire ayant
dans le plan nominal. trait uniquement à la fonction syntaxique du substantif (objet
Cetteréduction de laphrase en groupe nominal ou mieuxnom logique)
de discourspar opposition ànomdelangue peutêtrelerésultat L'objet entendu relativement à l'activité, au dynamisme pro-
soit d'un traitement externe (avec la conjonction) soit d'un pre de l'être considéré dans la réalité extralinguistique(obj et
traitement interne (avec le pronom conjonctif, traditionnelle- dynamique).
ment appelé relatif). L'objet logique et l'objet dynamique s'opposent respective-
Il apparait ainsi que les propositions ditessubordonnéessont ment au sujetlogiqueetau sujetdynamique. Ladistinction qui
des phrases nominalisées àl'aide de la conjonction ou à l'aide est à l'origine des notions adversatives de sujet et d'objet est
d'un pronom conjonctif. On trouve une explication analogue celle de l'animé et de l'inanimé .
chez L. Tesnière pour qui les propositions subordonnées sont A l'animé revientla puissanced'activité propre,à l'inanimé
un exemple de ce qu'il appelle unetranslation dé verbale. le refus de cette puissance (...). A la nodon de sujet se Be
La nominalisation est un procédé grammatical très iréquent. lidée d'une puissance dynamique, positive etpropre. A celle
Elle a trait bien entendu aux enchâssements récursifs de pro- d'objet l'idée'd'une puissance adynamique, négaáve,'
positions mais elle fonctionne également au niveau de c'est-à Mire d'une puissance ne sortant pas de la passivité.
l'expressivité dont elle est en &ançais un vecteur très produ- ÇLl3 : 119).
ctif avec l'infinitif (Et g renouilles de se plaindreou bien Moi, L'ambiguïté des termes sujet et objet vient du fait que ces
128-oavEasE omooámz - 129

notionsse trouvent modifiées parle m écanisme de phrase, ce gories et classifications existantes en pensée et donc déjà
qui, dans la réalité extralinguistique, est objet (patient) pou- exprimées linguistiquement. Situant l'analyse linguistique au
vant se présenter dans la phrase en position de sujet (sujet
niveau des conditions d'existence de ces catégories,
logique). Ainsi dans laphrase passivePierreest battu, Pierre
G . Guillaumepose le problèmede leurgenèseaussibien dans
est en position de sujet tout en étant dynamiquement objet.
l'esprit synchronique que dans leur élaboration diachronique
La définition de l'objet logique est tributaire de l'existence avec sa théorie des aires.Ontogénie signifie doncexistence en
linguistique de la transitivité qui requiert pour la situation de
devenir ou en genèse,nécessairement antérieure,sipeu que
patient un support différent de celui du sujet logique.
ce soit, à l'existence constatée.
Les fonction adversatives de sujet et d'objet sont, en français
Le caractère impropre en linguistique des mots en-logie tient
moderne, indiscriminées dans un cas synthétique unique.
au fait qu'ils développent philosophiquement une vision
panchronique et universelle de la pensée humaine. Or la lin-
LL2 : 194,195,203
guistique, qui cherche les racines de l'expression et de la
LL3 : 118,119 représentation de la pensée, est amenée à mettre en perspec-
tive cette panchronie afin d'étudier les étapes de sa construc-
tion. Si, du point de vue de la constitution de la pensée, toutes
les langues du monde satisfont à la condition d'entier, il
OBVERSE (causation) s'avire que la distribution intérieure des opérations linguis-
(obverse causati on) tiques génétiques est fort variable et connait trois étapes
caractéristiques hiérarchisées, selon laproportion allouée aux
La causation en linguistique n'est pas un simple rapport de constructions de langue et à celles de discours (cf. glos-
cause àeffet, mais se médiatise par la constitution d'uncausé sogénie). H fautremarquer que cette hiérarchisation concerne
construit qu'alternativement on vise ou bien on rappelle. La lesmoyens utilisésdanschaque langue pour produirelapen-
causation obverse est la phase initiale et immanente de la
sée saisissable en panchronie, et non les résultats effective-
causation et la causation déverse la phase finale transcen-
ment réalisés. H faut remarquer aussi que l'évolution de ces
dante.
moyens n'est pas nécessairement linéaire et peut, tout en
tenant compte des acquis, emprunter des voies originales (par
cf.causation
exemple le chinois mandarin qui a radicalisé à l'extrême sa
proprearchitecture sans changer son appartenance à l'aire
prime).
ONTOGÉNÈSE (o n togenesis) L'homme philosophique peut, par une exponentation qui
le sépare de l'homme linguistique - exponentation dont la
Le termed'ontogénèse estl'équivalent de lexigénèse etdési- validitéest contestable - être considéré comme une cons-
gne leprocessus mental de formation du vocable. tanteetjustifier,en ce cas,desvuesde panchronie en -logie.
L'homme linguistique ne peut pas être considéré comme
cf.lexigénèse une constante,pour la raison que son devenir s'identifieà
celui dulangage, identification qu'on peut, en philosophie,
considérersuperficielle, non profonde, ou, au contraire,
profonde,tout le reste étant superficieL La question est
ONTOGÉNIE (on togeny) ouverte en philosophie. En linguistique - et mon malheur
(momentanément>, mon malheuriciestde ne vouloirêtre
La terminaison-génierem placeen psychomécanique later- que linguiste - en linguisáque, il y a des hommes linguisti-
minaison -logie, si bienqu'ontogénie conespond àontologie. ques différents (...)(LL5: tsr).
Pour autant, cette substitution marque une différence radicale
entre les deuxtermes etontologie estquasi-totalement inusité LL5 : 127-128
chez G. Guillaume.-Logie renvoie explicitement à des caté- PLT : 32-35,153.227.229,230
130- PARoLE
PARTICIPE - 131

PAROLE ( «pa role») partage du temps : le niveau d'incidence (accomplissement)


Le terme deparole doit être entendu dans un sens très étroit. et le niveau de décadence (accompli) :
La parole n'est en fait qu'un des moyens d'extériorisation de Le mot «marchant » éveille dans l'esprit l'image d'un
lalangue,un des vecteurspossibles de l'expression. procèsdéjà commencé, appartenant pour une part de lui-
A côté de la parole, il existe en effet d'autres vecteurs même à l'accompli positif, et dont, perspecávement, on
d'expression : l'écriture, le geste, la pictographie... Si la envisage un accomplissement en continuation (...). Le par-
parole est le principal de ces vecteurs, c'est qu'elle se prête ticipe en -ant est uneforme opposant en soi au « posüif »
parfaitement au langage intérieur, alors qu'on ne pourrait perçu le « perspectif » aperçu. ÇLSL:I88)
aussisecrètement se gesticulerà soi-même ÇLL3 :27)
On distingue deux états de la parole : marcher
Un état psychique de puissance où la parole n'existe qu'à marchant
I
l'état virtuel (parole de langue ou parole idéelle) I marché
I
unétat physique d'effet où la parole devient audible, réelle EMPS)
(parole de discours).
Parler effectivement, par langage extérieur, n'estpas autre Mode quasi-nominalfrançais
chose Ç... ) que de transiter de la parole silencieuse erpsy-
chiqueà la parole d'effet non silencieuse etphysique. ÇLL3 : Au contraire du français, où le mode quasi-nominal inclut un
28) temps présent hétérogène, image du présent de l'indicatif
composite, le mode quasi-nominal anglais représenteletemps
LL2: 17 comme descendant. Il fait état sur cette représentation d'un
LL3 : 17-19,27,28,30,32,43,44 présentanaclastique qui n'est qu'une limite séparatrice entre
LL4 : 69 l'infinitif en to (to walk) et les participes. Le participeprésent
LSL: 28
anglais est ainsi très différent, dans son architecture et sa
position en système, du participe présent français. Cette dif-
PLT : 70-72,242
férence peut expliquer laform e composée diteprogressive(I
om walking) fort utile en anglais alors quej e suis marchant
avoisine l'agrammaticalité en français.
PARTICIPE (participe)
[Lat. participium < pars : part+ capere : prendre = verbe qui walking
participe de ia nature du nom]
walked anaclase
Le participe dit présent et le participe dit passé constituent
Mode quasi-nominal anglais
avec l'infinitif le mode quasi-nominal dans la chronogénèse
française, mode dont ils représentent les trois temps gram- Quant au participe passé, troisième et ultime construction
maticaux. A ce niveau de la chronogénèse, le verbe est au temporelle du mode quasi-nominal, il représente la forme
minimum verbeetdonc trèsproche encore du nom. Les temps morte du verbe :
quasi-nominaux ne marquent pas de distinction d'époques et
En contrasteabsolu avec Pinfinitif « marcher », leparticipe
ne font pas étatde la personne réelle.En français,à ce stade
« marché » éveille dans l'esprit l'image d'un procès dont
précoce de la chronogénèse, le temps est représenté non-
Pentier appartientà Paccompli et qui n'a plus rien de lui-
directionnel.
même en accomplissement. ÇLSL:lâs)
Le participe présent correspond au temps médian du mode,
situé entre l'infinitif etleparticipepassé. Au participeprésent, La particularité du participe passé réside en ceci que l'idée
d'accomplissement inhérente par définidon à tout verbe étant
le verbe n'a plus devant lui la totalité de son devenir
puisqu'une partie de l'événement — aussi petite que l'on vou- bannie,la forme de participe passé n'estplus verbe que par
dra — est déclarée accomplie. Le participe présent est la seule position, d'où la nécessité de lui adjoindre un auxiliaire
forme quasi-nominale àêtre hétérogène, autrementdit à occu- (anastatique) afin de lui redonner vie et lui rendre un statut de
per les deux niveaux temporels déterminés par la ligne de verbe complet (marché et avoir marché). La position en
anglais des deux participes dans l'au-delà du point d'anaclase
132- PARTICULARISATION PARTITIP - 133

rapproche le participe en -ing du participe passé et l'autorise langues manifestentvis-à-vis delapartie du discours uneplus
à serenouveler de même par l'auxiliaire. grande liberté, et d'autres l'ignorent complètement.
Si G. Guillaume, pour des raisons de clarté évidente, emploie Cette universalisation finale intégrante qui ferme le mot est
lui-même les termes departicipe passé et participe présent, produite à l'issue de l'opération généralisatrice d'entende-
il prend bien soin de souligner que c'est à tort qu'on attribue ment répliquant, au cours de l'ontogénèse du mot, à l'opé-
à un participe une qualiTication d'ordre temporel car comme ration particularisatrice de discemement qui fournitlanotion.
nous l'avons rappelé plus haut, les temps quasi-nominaux ne L'obtention de la partie du discours estainsi un fait de langue
marquent pas de distinction d'époques. Sur ce problème de et G. Guillaume note qu'il serait plus judicieux de direpartie
l'indifférence au temps du participe, se reporter notamment de langue g,z4: 221.
à z,sL: 192et en ce qui concerne tout particulièrement le par-
A la base de la détermination des parties du discours (ou
ticipe passé àLL4: 19ooù G.Guillaume montre l'amorce en
parties delangue) se trouve la distinction entre le plan nominal
latin de cette indifférence du participe passé au temps. et le plan verbal, distinction qui recouvre en fait la distinction
entre l'univers-espace et l'univers-temps. La psychomécani-
LL1 : 170-175
que fonde ensuite sa classification sur deux critères qui sont,
LL4 : 190
dans l'ordre, laprédicativiié et l'incidence (voir ces termes).
LSL : 57,136,187-188,190,266,267 On distinguera donc les parties de langue prédicatives (sub-
TV : 17 stantif, adjectif, verbe et adverbe) et les parties de langue
non-prédicatives (toutes les autres). Quant au régime d'inci-
dence, il permet de distinguer par exemple le substantif (inci-
dence interne) de l'adjectif (incidence externe du premier
PARTICULARISATION degré) et de l'adverbe (incidence externe du second degré).
(particularizafion)
LL2 : 46,77,121,126,128,129,133,134,142,147,150,157,214
Particularisation (tension singularisante) et généralisation LL3: 64
(tension universalisante) sont les deux opérations fondamen-
LL4 : 21,22,201+02
tales de la pensée linguistiquement formée. Elles correspon-
LSL : 112,114,118,251
dent aux deux modes d'appréhension de l'objet linguistique,
l'approche immanente initialeetl'exploitation (éloignement) PA :57
transcendante finale. On ne peut saisir un objet que pour PLT : 73,187,190,193,195-199
autant qu'on peut leréfracterdansces deux modes. Ce couple
opératif, celui du tenseurbinaireradical, est labase obligée de
tout rapport formel.
PART I T I F (par t i tive)
cf.universel/singulier
Les articles partitifs sont issus d'une combinaison, en fran-
çais, de l'article le et de la préposition de qui joue ici le rôle
d'inverseur d'extension, le propre des articles partitifs étant
PARTIE DU DISCOURS d'opposer à l'extension indiquée par l'arrkle « le » une
(part of speech) inversion lui faisantéchec, qui, en la compensant, l'immo-
bilise avant qu'elle n'ait atteint sa plénitude. ItsL :Jzs).
La partie du discours se définit dans les langues indo-euro- Les partitifs servant à restreindre une extension, leur nom est
péennescomme la forme généraleconclusive du mot. C'est parfaitement fondé (voir la remarque de G.Guillaume
une forme intégrante àl'égardde la matière du motd'unepart, LSL:174). Il convient de souligner que, contrairement à une
mais aussi à l'égard des formes vectrices de la morphologie. conception assez courante, des n'est pas le pluriel deunlune
Particulièrement en français, il est impossible pratiquement mais une combmaison de l'article les et de la préposition-
de penser un mot qui ne soit catégorisé comme substantif, inverseur de. Cet article pluriel rentre donc dans la catégorie
adjectif, adverbe ou verbe. C'est parce que la partie du dis- des articles partitifs au même titre que du et de la.
cours est inscrite dans sa morphologie conclusive. D'autres Lanécessité deces articles composés vientdecequelatension
134 - PASSÉ
PASSIF - 135

1 du système, celle deun, est singularisante et incapable, de qui amuissent leur consonne axiale au présent aux autres
ce fait, de quantifier. De même, la tension 2, celle de le, est personnes quenous et vous (je dors, nous dor-m-ons, vous
universalisante ets'appuie sur le singulier obtenu au terme de dor-m-ez, encore que dans ce cas la consonne axialesoitpré-
la tension 1. La langue française aurait pu, comme cela se sente avecilslelles également).
pratique dans nombre d'autres langues, utiliser un article zéro Les temps du passé connaissent une définition différente
aïin de présenter conjointement au concept une quantité non selon le type de présent obtenu en chronogénèse. Ainsi entre
déterminée de référents. Cependant, le substantif français est le français etl'anglais existe-t-il uneoppositionradicale entre
établi à un tel degré d'universalisation qu'il est incapable de un présent étroit(sténonome), séparateur du passé et dufutur,
désigner directement un référent. Force est donc de se servir et un présent large, essentiellement ultérieur au passé(ceci
de la morphologie existante, avec traitement spécifique, pour provoque d'ailleurs un futur de caractère modal ou proposi-
l'amener à signifier ensemble l'actualité du substantif et tionnel, et non temporel au sens propre du terme). Donc, le
l'indétermination quantitative de cette actualité. Il est ainsi
passéanglaisne recouvre pas exactement le passé français :
demandé àle d'actualiser et à de de limiter cette actualisation il est simple, alors que le passé français, en vertu de la consti-
à un niveau indéterminé. tution interne du présent, est double, et par ailleurs il est apte
LL4 : 56-57 à signifier le non-présent jusqu'au non-valide ou à l'irréel
LL6 : 100-140,145-147,165-167 (temps passé traditionnellement appeléprétérit modal dans
LSL : 172-180 par exempleIw ish he came more ofien).
PA : 16,60-61,78-81,104-105 LLI : 82,83,152.173.183-187
LL4 : 64
LSL : 50,97,125,202
PASSÉ (p a st)
TV : 50-60
L'époque passée est faite de temps mémoriel, contrairement
à l'époque future faite de temps a-mémoriel et imaginaire.
Cependant, tout comme le futur, le passé s'obtient grâce à une PASSIF (passive)
analysedu temps d'univers.
Le temps d'univers, tenu pour un entier, doit être analysé La voix passive est une voixanalytique comme la voix active
intérieurement en deux plans adversatifs. Le passé est l'un de par opposition au moyensynthétique. Contrairement àlavoix
ces deux plans, l'autre étant réservé au présent et par traite- active, la voix passive assigne au sujet logique la fonction
ment spécialau futur.La psychomécanique reconnaitdonc dynamique de patient.
dans le passé tout plan antérieur à un autre et utilise le concept
aussi bien pour définir l'antériorité temporelle que l'antério- cf.voix
rité notionnelle(subduction) ouencorel'antériorité systéma-
tique. Par exemple, le subjonctif français peut être tenu pour
un passé relativement àl'indicatif (passé chronogénétique ou PERSONNE (p e rson)
modal), ou bien les formes de parfait avec avoir + participe [Lat. persona, terme d'origine étrnsque (phorsn) signitiant
« masque de thââtre »)
passé, localisant le procès dans l'antériorité du sujet, combi-
nent le passé événementiel avec le présent de la prédication. D'une manière générale, la personne grammaticale se définit
En français, cette notion estégalement utilisée pour expliquer comme support de
prédication. Le systèmedela personne est
lecomportement spécifique des personnes nous etvous.E tant lesystème des supports auxquels lapensée attache en discours
non pas simplement des personnes plurielles mais surtout des les apports de signification déterminés en langue :
personnes allocutives doubles, elles requièrent en plus du La personne,c'est au fond,partout ettoujours, iesupport
présent l'assiette du passé, d'un passé opératif soustrait au auquel est référée la signification apportée parle mot. (PLT :
présent de l i nierlocution. gst. : tzsh Non seulement elles sont 2oîl
traitées de façon spéciale du point de vue de la désinence mais Le mécanismedominant du système de la personne estcelui
encoreparfois du pointde vue duradical commepour leverbe
très général de l'incidence de l'apport au support et un mot
aller (je v-ais, nous all-ons, vous all-ez), ou pour ces verbes
comme l'article appartient donc — en tant que régulateur de
136- PEttSONNE
PHONÈME - 137

l'extension des supports - au système de la personne. Cette


PHQN È M E (p/t o ncmc)
question de la personne, très importante on le voit, est la plus
vaste question linguistique :
Le phonème est l'unité minimale en phonétique et en phono-
Il n'est pas dans le langage de problème plus étendu que
logie.
celui de la personne. La personne, par présence ou par
G. Guillaume disfingue deux états du phonème : le phonème
absence, seretrouve partout dansl'ouvrage construitqu'est
la langue. (ua : 461 physiquement prononcé, observé par la phonétique, et le
phonèmeabstrait, discriminant et structural, théorisé par la
En ce qui concerne tout particulièrement le système de la
personne dans le plan du verbe, il convient tout d'abord de phonologie. Cette distinction correspond selon lui à la dis-
distinguer les personnes dites simples de celles ditesdoubles tinction entre langue et discours : le phonème phonologique
ou composites. Les personnes simples ne font état que d'un estconsidéré comme lacondition puissancielle (en langue) du
rang et elles sont représentées en français par les pronoms son effec tifémis en discours.
personnels je,tu, il ou elle. A ces trois personnes du singulier, Il importe à ce sujet de remarquer que les locuteurs ont
il faut ajouter la troisième personne du plurielils ou elles qui conscience de cette relation. L'écriture alphabétique est sou-
multiplie unepersonne derang unique et constitue donc aussi vent considérée comme relevant d'une phonétique parfois
unepersonnesimple. Lespersonnes doubles associenten elles sommaire. En fait, elle résulte, comme il est facile de le
des personnesd'au moins deux rangs différents et sontren- montrer, d'une analyse phonologique intuitive qui sait faire
dues enfrançaisparlespronoms personnelsnous (m oi + toi la part entre l'unité de puissance, théorique et l'unité d'effet,
/+ lui ou elle) et vous(pas moi mais toi+lui ou elle)(LL3 :so).
pratique.
Les personnes doubles ont en français un statut tout à fait En toute rigueur, le phonème phonologique est spécifique à
spécial, ce qui est signalé par une sémiologie propre. l'aire tierce de construction des langues, c'est-à-dire aux lan-
Ce n'est pas la première personne qui estlapersonne fonda-
gues flexionnelles, et dans une certaine mesure à l'aire
mentale : c'est la troisième, celle dont on parle. C'est à partir
seconde(noterles remarquables alphabets consonantiques
de cettepersonne appelée personne logique ou objective
qu'on compose les deux autres. La première personne est des langues sémitiques). En deçà de ces aires, l'unité phono-
issue d'une identification de la personne logique avec le logique est la syllabe. Selon la théorie des aires glossogéni-
locuteur et la deuxième d'une identification avec l'allocu- ques, en effet, l'anlyse du signe opérée entre les saisies phras-
taire. Le substantif est toujours de rang troisième. L'adjectif tique et radicale ne peut produire de phonèmes qu'à la suite
et le verbe, d'incidence externe de premier degré, ne déter- d'unemontée del'unité analysée en exophrastie. Malgré une
minent leur personne-support qu'en discours. référence explicite à Troubetzkoy, la définition guillau-
Il exist e des systèmes verbaux où leverbe incorpore laper- mienne du phonème paraît surtout tributaire de la dichotomie
sonne sous la forme d'affixes pronominaux ou de désinences saussurienne langue/parole. Il est vrai que cette dernière a
de conjugaison. Dans une langue comme le français,la per- également inspiré certains travaux du Cercle de Prague. Mais
sonne verbale est exclusivement prédicafive, d'où l'impossi- comme il était postulé une indépendance de principe de
bilitéd'utiliser le verbe sans un pronom, un nom ou une forme l'organisation phonologique, il était inévitable que la problé-
nominalisée externe en position de sujet. En latin, le verbe
matique initiale s'effaçât progressivement au profit d'une
incorporait une personne qui pouvait être sujet, auquel cas le
verbe se suffisait à lui-même. Il y a une tendance historique méthodologie plus étroitement fonctionnaliste. Le maintien
du latin au français à rendre le verbe plus homogène en atiri- chez G.Guillaume des deux modèles (laréférence fonction-
buant à lapersonne verbale une fonction strictement prédica- naliste jouant un rôle un peu rhétorique d'ailleurs) s'explique
tive. sans doute par le fait qu'il récuse quant à lui, et fortement, la
thèse d'une autonomie des niveaux d'organisation.
LL1 : 75,83,152
LL2 : 145-147 LL2 : 9.13
LL3 : 46,48-54,56,57,61-68,75-77,101,113 LL3 : 31-32,38-40
LSL : 123,124,125,265
LL4 : 35,42,112,125
PLT : 207408~7,268
LL6: 18
138 - PHONETIQUE
PHONOLOGIE -139

PHON E T I Q U E (pho netics) (comme observation expérimentale), la phonétique ne serait


donc susceptible d'expliciter la logique du systématique.
Ce terme renvoie à deux disciplines distinctes, à savoir d'une
part la recherche expérimentale moderne et d'autre part la cf.consonne axiale, déclinaison, loi
phonétique historique et la grammaire comparée.
AT : 65-66
G. Guillaume n'a employé phonétique dans son acception
LL2: 9
expérimentale qu'à partir du moment où il a intégré à sa
LL3 : 31,38
théoriele concept de phonologie. Jusqu'à la fin desannées 40,
LIA : 69-70
et même occasionnellement par la suite, le mot (qu'il utilise
LLS : 119,120,168-170,200,210
souventcomme adjectif) fait référence au corpus compara-
LL6 : 11-13
tiste. Il s'agit essentiellement pour lui - et cette stratégie se
LL7 : 222,244
maintiendra lors du changement d'acception - de se définir
LSL : 261-262
une topique propre par rapport au champ théorique existant.
A l'époque duProblème de l'article, l'enjeu explicite est de PA : 35,39
construire pour les systèmes formels l'équivalent de ce qu'a TV : 5,13
produitla grammaire comparée pour la phonétique. Par
conséquent, même si, à la date, cette dernière peut jouer
idéologiquement le rôle de modèle de scientificité, elle n'en PHONOLOGIE (p h onology)
fonctionne pas moins négativement dans l'économie de la
Discipline qui étudie les éléments qui constituent, dans la
théorie. Il s'agira ensuite de superposer à l'explication pho-
langue, le signe (au sens guillaumien, c'est-à-dire lesignifiant
nétique une explication psychosémiologique, de chercher
saussurien).
derrière les actes de prononciation effectifs (phonétique Pour G.Guillaume, la distinction phonologie/phonétique
expérimentale) leurs conditionsidéelles. Les grandsprincipes recouvre exactement la distinction de la langue et du dis-
de la psychomécanique une fois constitués, la phonétique est cours:alorsquelaphonétique (entendue au sensexpérimen-
ainsi renvoyée à l'effectif et au discours, face relativement tal) traite des sons réellement émis, la phonologie décrit les
externedu phénomène dont G. Gui llaume cherche la cohé- systèmesabstraits qui en conditionnent la prononciation. La
rence nouménale. terminologie psychologisante de G. Guillaume, qui évoque
Les deux acceptions dephonétique ont pourpoint commun de uneparoleidéelie, un son parlé tel qu'il se résume (...) après
renvoyer àdes savoirs empiriques. G. Guillaume récuse (...) psychisation paraîtra certes sujette à caution, mais elle
d'ailleurs commeO. Jespersen le concept de loi phonétique n'est qu'une façon (datée) de souligner que le phonème de
et lui préïere le terme plus modeste de régularité. Selon lui, langue est le iruit, par rapport à la parole effective, d'une
l'érosion phonétique, « absurde agissant », a tout au plus le doubleopération de virtualisation etdesystématisation. C'est
en effet en révoquant le primat de l'empiricité qu'est née la
rôle catalytique de cause efficiente, subordonnée tant à la
phonologie. Et il va de soi par ailleurs qu'en assignant à cette
causeformelle qu'estle système en son étatsynchronique,
dernière la contrainte théorique de construire son objet avant
qu'au télosdecedernier, c'est-à-dire à son devenir historique. de l'apercevoir, G. Guillaume a intégré une discipline, qu'il
Par ailleurs, la gageure que représenterait l'élaboration d'une reconnaîtne pas être sienne, dans son propre cadre épisté-
phonétique purement descriptive lui est un argument de plus mologique.
pour récuser l'autonomie du plan phonétique : ne serait-ce Toutefois cette intégration aboutit à un changement de per-
quepour des raisons techniques, sadescription suppose tôtou spective, qui est lié à une réévaluation du signifié et se mani-
tard l'aperception des systèmes abstraits qui le sous-tendent. feste nettement dans la définition guillaumienne de l'unité
De là àrefuser valeur scientifique à l'observation phonétique, phonologique : cette dernière est évidemment le phonème
il n'y a qu'un pas que G. Guillaume se contente de suggérer dans les langues indo-européennes, mais, selon G. Guillau-
en lui déniant toute portéeexplicati ve. Ni diachroniquement me, c'est la syllabe dans les langues de l'aire prime (holo-
(comme observation historique), ni synchroniquement phrase, agglutination et isolation). L'affirmation est un peu
inattendue puisqu'on peut fort bien décrire le système pbo-
140-PHONOLOGIE
PHRASE - 141

nologique de ces langues en termes de phonèmes ou de traits mérite de souligner les limites du concept même de phono-
pertinents. C'est que G. Guillaume n'accorde aucune auto- logie.
nomie au plan du signe. S'il n'est pas question d'assimiler
unités de seconde etdepremière articulation, ce sontpourtant LL2: 13
ces dernières qui conditionnent ladéfinition de l'unité pho- LL3 : 31,32,37-41,42,44,125,159,184-187
nologique. Disons que l'unité de seconde articulation peut LL4 : 69,70
être caractérisée par la dimension minimale apriori de l'unité LLS : 27,33,35,36
de première articulation à l'intérieur d'une aire linguistique LLá : 11,12
donnée. Dans l'aire prime, cette dimension minimale n'est
LL7 : 159
pas inférieure à la syllabe, obtenue par simple fragmentation
PLT : 70,72
de la chaîne syntagmatique. C'est seulement àpartir de l'aire
seconde qu'à la décomposition analytique en syllabes suc-
cède leur dissolution dyalifique, et qu'on obtient le phonème.
Laphonologie adonc ici un statut particulier, voireparadoxal. PHRASE (se n tence)
Quoiquesciencedes formes,nondes substances d'expression
(au sens de L. Hjelmslev), elle occupe par rapport à la psy- La phrase est l'unité du discours, autrement dit l'unité d'effet
chosémiologie une position périphérique, dans la mesure où du langage. Laphrase seconstruit àpartir des unités de langue
son objet se limite en principe au seul signe phonique, (unités de puissance du langage) qui sont les vocables, mots
c'est-à-dire aucôté le plus extérieur au langage. Et cependant dans nos idiomes. La structure de la phrase apparaît donc
ellene consistepas nonplus en unesimpleréduction eidétique conditionnée par celle du mot et, par conséquent :
de la matière phonique. Parce qu'elle construit son objet En bonne méthode, en saine linguistique, toute étude du
d'abord, parce qu'elle intègre le signifié ensuite, et nullement mécanisme constructi f de phrase se subordonnera d une
de la manière fonctionnaliste qui ne convoque le sens qu'à considération préalable de la structure de mot.gL2 : sà)
seule fin de discriminer le signe. Par ailleurs le crzactère éphémère et singulier de la phrase,
Les références de G. Guillaume àTroubetzkoy ne doiventpas construite en vue de répondre à un besoin momentané
faireillusion : lesenjeuxdivergent. N'oublionspasàcetégard d'expression, s'oppose au caractèrepermanentetuniverseldu
queles théories pragoises reposentsur lepostulat, explicite ou mot construit en vue de tout besoin d'expression, quel qu'il
solt. (IL2 : 44)
non, d'une universalité des composants phonologiques - d'où
la tentative, absentechez G. Guillaume, de dépasser le niveau L'analyse du mécanisme constructifde laphraserévèledeux
du phonème. Lapertinence d'une telle attitude, qui repose sur moyens deconstruction différents :
l'extrapolation du modèle alphabétique issu des langues à Constructionau moyend'unverbe(laphrase sedéveloppe par
morphologie,dépend du degré d'indépendance accordé au relation directe des mots entre eux tant que fonctionne le
signifiant : tant q u'on admet l'autonomie des niveaux mécanisme d'incidenceverbale;en cas de démission de
d'organisation, elle n'estpas en son principecritiquable. Mais celui-ci, c'est grâce à l'intervention de la préposition que la
iln'en va pasde même sil'on récuse cette hypothèse,ce que phrase peut se continuer par relation des mots entre eux).
fait, implicitement, G. Guillaume. Productiond'un mouvement expressif suppléantle verbe, la
Deux conclusions s'imposent par conséquent : phrase étant ainsi transférée du plan verbal dans le plan
Bien qu'on ne puisse en touterigueurparler d'unephonologie nominal (nominalisation).
L'opposition du mot et de la phrase, fortement marquée dans
guillaumi enne,du moins le fondateur de lapsychomécanique
en jette-t-il quelques bases, suffisantes pourjouerun rôledans les langues indo-européennes, n'est pas un fait de grammaire
la théorie des aires. générale (voir par exemple les langues holophrastiques où le
motestmaintenu auniveau de laphrase aupointdes'identifier
En cette matière, G. Guillaume doitbeaucoupplus au concept
à elle).
saussuriende languequ'à laphonologiepragoise.Etcelapour
une raison fondamentale : le fonctionnalisme pragois est une LL2 : 29-31,44,79,114,115,204
analyse du signe (du signifiant saussurien), alors que LL3 : 13-15+0,22,187,191,205
G. Guillaume part toujours, quel que soit le champ d'inves-
LSL :275
tigation, d'une théorie du signifié. Ce parti pris a surtout le
PLT : 144,145,153-156
142- PttvstsivtP.
POLATION - 143

PHYS I S M E (the physical) présent. Aboutissement de lachronogénèse,c'estcetterepré-


sentation qui peut être tenue pour responsable de l'allure
Le physisme désigne l'ouvrage construit en signes qui se
générale du système verbo-temporel, même si, pour être tout
superpose àl'ouvrage construit en pensée, la structure men-
à fait exact, leprincipe de cohérence et d'interdépendancedes
tale, et lui sert d'agent d'extériorisation. Le physisme est
parties systématiques interditdeseréférer àune cause unique.
non-signifiant s'il ne renvoie pasau mentalisme. Cependant,
Le terme de polation est donc en principe réservé à un certain
la relation du mentalisme au physisme demeure souple, régie
type de chronogénèse.C'estdu français (àvraidiredel'évo-
par la loi de suffisance expressive qui explique l'irrégularité
sémiologique. lution d'unplus vastesystèmeroman) que G. Guillaumeparle
quand il écrit:Le présent estun être sténonome, d'autant
mieux déterminé que son insertion, sa polation dans le
cf.mentalisme/physisme
tempsest moindre (tsL: ss). Dans une chronogénèse comme
celle de l'anglais, on peut même avancer que le terme de
présent est inadapté car il n'y a pas d'interpolation d'une
P LEROTROPI E (plerotropy) époqueprésente : ily ainstauration d'une limite anaclastique,
[Gr. pleros : plein, complet + tropos : tour = tour comptet] d'un point de brisure, dans l'infinitude du temps, séparant
dans l'indicatif le passé afférent d'un présent-futur, d'un
Laplérotropie est la condition de perfection, de plénitude des non-passé, efférent. En revanche, l'évolution de l'architec-
termes linguistiques mis en rapport dans le système. Dans la ture verbo-temporelle trançaise s'explique très bien par l'éla-
systématique immanente initiale, seul le terme de départ est boration d'un présent séparateur. Il en résulte même certains
plérotrope. Le terme visé, sans jamais être atteint, est méro- jeux demots à vocation pédagogique, trèsfréquents,comme
trope. C'est en seconde tension seulementque les deux termes celui-ci : La tendance du présentest d'extrapoler k temps
deviennent tous deux plérotropes, par transcendance de la au maximum et de l'interpoler au minimum (iást). L'effort
problématique initiale. de précision terminologique et conceptuelle demeure néan-
moins remarquable dans un monde linguistique et gramma-
cf.syndèse tical qui, par la nature même de son objet, pratique l'analogie
plus souvent qu'il n'est nécessaire. Le présent, être dynami-
que parce que linguistique, n'est pas une catégorie univer-
PLUR IE L (plu r al) selle.
Pour cette raison, le terme depolation est aussi un terme
Le pluriel, comme toute catégorie linguistique, n'est pas important en méthode générale car il reflète la philosophie
donné a priori, mais doit être construit dans un rapport sys- linguistique de lapsychomécanique : si lapenséeprocèdepar
tématique, ce qui explique à côté du pluriel externe où le sin- analyse d'entiers, qu'elle retourne sous formede mouvements
gulier est simplement multiplié, un pluriel interne où il est binaires adversatifs, la notion depolation fait entrevoir d'un
subordonné à la pluralité et donc intérieurement divisé. côté comment la langue institue des références internes pour
ce tyged'analyse, etd'un autre côté comment elle peut croiser
cf.nombre ces référencespour aboutir à des systèmes complexes. La
chronogénèse française est incontestablement complexe en
langue,au sens propre du terme, en cequ'elle associedans un
même système la séparation à l'endroit du passé et la sépa-
POLAT I O N (pol a tion) rafion àl'endroit du futur. Elleest donc deux systèmes croisés
ou superposés, ce qui vaut au francophone de disposer dedeux
Ce terme est utilisé pour désigner le point d'insertion du pré-
sent séparateur à l'endroit du passé et du futur, dans les lan- temps pour le passé et de deux temps pour le futur (futur
catégorique et futur hypothétique ou conditionnel). La pola-
gues qui distinguent ces époques en système. Le présent est
ainsi interpolé en français, mais non en anglais. tion du présent français, fait de grammaire particulière, inté-
resse aussi la grammaire générale et doit retenir l'attention.
La création de ce mot par G. Guillaume se justiTie par
l'importance, sans cesse soulignée, de la représentation du
LSL : 59
144 - POSITION
P~ OC ~ - 14 5

POSITION (linguistique de) d'ontogénie et de praxéogénie. L'ontogénie livre ks condi-


(posi ti onal li nguistics) tions de grandeur et de forme dont dispose k langage par
éloignement historique (diachronique) de la primitivité. La
G. Guillaume utilise ce terme pour qualifier la psychoméca- praxéogénie : l'emploi du langage dans l'instant de parole,
nique, dont la méthode constante est de rechercher les posi- kquel est, pour tout moment de son emploi, en possession
tions systématiques, relatives les unes aux autres, des élé- d'une ontogénieplus ou moins avancée dans le devenir
ments linguistiques. Cette linguistique de position est aussi ontogénique dulangage, dont Pavance estune occupahon
une linguistique génétique qui analyse le langage en systèmes élargie du devenir de vocation. Cette occupation est, en
opératifs représentés sous forme de vecteurs. C'est pourquoi même temps, la mesure de Péloignement de la primitivité.
on l'appelle auss': linguistique vectorielle. (lIS : 120).
La langue est un système de préalabilités par ontogénie sur
cf.méthode
l'axe du temps historique, par praxéogénie sur l'axe de l'ins-
tant. Guillaume a orienté la linguistique, malgré l'étroite
interdépendance des deux définitions, vers l'examen des
PRAXÉOGÉNIE (pr axeogeny) conditions ontogéniques du langage, par souci d'établir en
[Gr. praxis : mouvement, action < prattein : faire = genèse ou toutpremier lieu des bases fiables et authentiques à l'étude de
construction du faire, par opposition àontogénie = genèse de la praxéogénie. Prendre son départ à l'universalité de la pra-
l'êtrel
xéogénie aurait grevé l'analyse d'a priori panchroniques et
Guillaume distingue la définition ontogénique du langage logiques susceptibles de masquer des réalités essentielles et
(définition existentielle) de sa définition praxéogénique de mettreen cause son propre devenir :
(définition fonctionnelle). La praxéogénie est l'exercice du De quelles conditions vaisje m'occuper en premier ?De s
langage (LLS :1e). conditions d'ontogénie ou des conditions de praxéogénie ?
J'ai le choix. Ildépend de moi Je signale que les conditions
Appuyée surune ontogénie sans cesse variante,la praxéogé-
nie est au contraire une constante : de praxéogéniesont constantes.Le même office est,en tout
m oment historique considéré, demandé au langage. Il est,
Pour tout état de son ontogénie, le langage doit muter
l'expérimenté - indicibk parce que trop vaste - en dicible dans Pordre de la fonction, sa raison d'être. Raison d'être,
non pas existence. cLa rakon d'être appelle l'existence -j e
mental et le dicible mental en dicible oral ou scriptural, cet
le veuxbien -(c'estlùune concession de raisonnement et
le dicible oral ou scriplurah en dit terminaL gIS : 61).
peut-être un abus d'interprétation - je ne suis pas philo-
La fonction du langage est donctoujours la même, alors que sophe>. Mais l'existence, elle, suppose satisfaites, indépen-
les moyens ontogéniques varient et peuvent varier considé- damment de lafonction, des conditions de grandeur et de
rablement. forme, vu que rien n'existe qui n'ait grandeur et forme.
La définition praxéogénique du langage fait toucher la lin-
(...) Lafonction (le besoin) appelk - on peut k concéder - la
guistique à beaucoup de disciplines connexes puisqu'elle constitut ion de l'organe. Ilreste que l'organe n'aura de
inclut toutes les opérations invariantes situées entre l'expéri- fonction que s'il existe, qu'il n'estpas defonction de ce qui
menté et l'exprimé. On notera que, comme il en est pour les n'existepas. Enoncer qu'iln'existedans la langue que des
termes de morphogénie, glossogénie et ontogénie, la praxéo- emplois procède d'une « magie » que le sens commun
génie est explicitement définie de manière dynamique et n'acceptepas. On n'emploie que Pexistant. (1.ts :12).
génétique. Son caractère universel retiendra aussi l'attention.
Pourcetteraison, souventdébattue, Guillaumeoriente l'étude
On notera que leregard génétique porté surcesopérations de
vers le langage existant avant d'aborder le langage fonction-
langage permet de réinterpréter les termes saussuriens de
nant et fonde dès lors une linguistique qui surprend par son
diachronie et synchronie et de montrer à quel point les deux
caractèreinnovateur ence qu'ellesedémarque profondément
plans sont fondamentalement dépendants l'un de l'autre. En
de la philosophie d'un côté aussi bien que de la linguistique
1957, Guillaume écrivait :
ordinaire de l'autre, plus prompte à classer et à définir des
(...)j e mesuisservi, n'aimant pasà innover en terminologie,
topologies qu'à rechercher la rationalité du fonctionnement
des termessaussuriens de diachronie etde synchronie. Au
psychique. Une méthode originale, certes difficile et contrai-
pointoù j'en suisde mesétudesje leur préfère lestermes(...)
gnante,mais aussi la seule clé que nous possédons vers une
146- P&ctiltstP
PltáPoslTlox - 147

authentique explication des phénomènes linguistiques et toutes les autres (articles, pronoms, prépositions, conjonc-
épistémiques, la psycho-mécanique guillaumienne se situe tions...) - la formule doit être corrigée de la manière suivante :
comme lelangage lui-même aux sources de l'expression.
mot = forme (en position de matière) + forme
Il suffit de penser, par exemple, à la partie de languearticle
LLS : 4-17,60-61,120-121
pour voir immédiatement que son signifié matériel, qui
PLT : 153+27 s'évoque bien plus difficilement que celui de n'importe quel
substantif, est de la nature de la forme. L'article le est le signe
d'un mouvement de pensée qui conduit du singulier à l'uni-
PRECURSIF (precursi ve) versel. C'est sans doute ce qui explique que certains gram-
m airiens, n'ayant pas aperçu cette différence entre types de
Les tempsprécursifs,par opposition aux temps cursifs (ce signifiés, notent que les mots grammaticaux n'ont pas de
peut être une valeur particulière du même temps) sont des signification. Ajoutons que la frontière entre les deux ensem-
temps quireprésentent un événement en incidence seule.La bles de mots n'est pas parfaitement étanche. H existe des
décadenceétantnulle,l'événement estperçu comme en réa- adverbes non-prédicatifs et les auxiliaires - au moins les auxi-
lisation imminente. Les temps cursifs représentent l'événe- liaires grammaticaux — peuvent être considérés comme des
ment en cours de réalisation. Ainsi dansBon, maintenant, tu verbes non-prédicatifs.
te tais ! le verbe a une valeur précursive proche du futur
immédiat (= tu vas te taire ). LL2 : 99,195-198
LL3 : 66,69-71,101
cf.cursif, présent, thème PLT: 55

PRÉDICAT/PRÉDICATIVITÉ PRÉPOSITION (p r eposi ti on)


(predicate!predicativity)
[Lat.praedlcatum :chose déclaréeavec force] Partie du discours qui est la dernière à intervenir dans le
temps opératif porteur de latransition langueldiscours, son
Le prédicat est ce qui est rapporté en phrase à un support. interventionappartenant à la seconde phase de ce temps
Traditionnellement, le prédicat de caractère verbal est rap- opératif, laquelle est celic où lej eu naturel d'incidence des
porté au sujet (c'est ce que l'on dit du sujet). A cette définition mots entreeux apparaitinopérant, suspendu- ce,quelieque
s'ajoute pour G. Guillaume celle qui concerne l'institution de soit la causede celte suspension. (Lu : WS).
la prédicativité dans le vocable sous forme de parties du dis- La frontière entre le mécanisme d'incidence opérant au
cours (ou, mieux, parties de langue). Laprédicativité peut être niveau du mot, en langue, et celui opérant en discours, au
définie, sommairement, commela faculté qu'aun motde dire niveau de la phrase, varie selon les langues. Elle est précoce
quelque chose dequelque chose d'autre.Certains mots ou tardive selon ce que le mot incorpore. Aussi le statut de la
« disent plus » que d'autres. Il s'agit là d'une intuition géné- préposition marque le seuil qui sépare les constructions de
rale et ancienne qui fait penser, par exemple, à la distinction langue des constructions de discours et est très révélatrice de
souvent établie entre mots « principaux » et mots « acces- la structure d'une langue.
soires », ou encore entre mots « lexicaux » et mots « gram- Le mécanisme d'incidence, ourapport établi entre un support
maticaux ». L'opposition entre les parties de langue prédica- et unapport,se trouve suspendu par exemple avec desverbes
tives et les parties de langue non-prédicatives est en réalité
intransitifs puisqu'à l'incidence active entre sujet et verbe ne
fondée sur la nature du signifié matériel du mot. Tout mot est répond pas une incidence passive à objet. Ce mécanisme est
le résultat d'une sommation et répond à la formule :
alors restituable par l'intervention de la préposition comme
mot = matière+ forme dansl'avion vole sur la ville (Lu : t70).
Dans le cas des parties de langue prédicatives - substantifs,
La préposition peut intervenir aussi comme préverbe et assu-
adjectifs, verbes et adverbes - c'est bien la formule qui
rer directement le rétablissement de l'incidence passive
convient, la matière étant la notion particulière que véhicule
manquantecomme dansl'avionsurvole la ville pbrd). Dans un
le mot. Dans le cas des parties de langue non-prédicatives-
autre cas notable, la préposition intervient pour annuler la
148 - PRÉSENT
PRÉSENT - 149

discordance entre le statut passif d'objet et celui, naturelle-


temps ont été au cnur des préoccupanons de G. Guillaume
ment actif,d'animé,comme par exemple en espagnol où on
tout au long de sa réflexion.
diraSocorro a los pobres, m altr ato a los perros avec une
préposition qui transforme l'incidence passive en incidence La chronogénèse consiste en fait à établir le présent dans le
de caractère attributif (LL2 :171). temps. En français, le mode quasi-nominal, qui est le point de
départ de cette opération, constitue une sorte de présent large
Il serait trop long d'énumérer les cas d'intervention de la
et intégrant au sein duquel s'équilibrent et s'indifférencient
préposition, avec de plusl'énorme variété des statuts que les
les deux cinétismes dutemps, l'ascendantetledescendant. La
langues peuvent lui attribuer (jusqu'à parfois la méconnaître,
construction de l'image-temps revient à interpoler dans
en particulier dans les langues de l'aire prime, ou au contraire
l'infinitude du temps le présent étroit, l'époque présente, qui
en développer l'usage à l'extrême, commeen anglais). Mais
sépare dans l'indicatif le passé et le futur. Cette interpolation
partout elle signale une démission de l'incidence qu'elle
est réalisée en français en associant dans le même lieu une
permet de restituer.
parcelle formelle de futur (le chronotype n ) et une parcelle
Il est à noter que l'étude de cette partie du discours présente
formelle de passé (le chronotype tu ). Le présent français
pour la psychomécanique une grande difficulté, en ce que sa
possède donc deux valeurs selon qu'il est porté par le seul
situation diastématique entre la langue et le discours pose la
chronotype n (auquel cas il prend une valeur incidente et
question de la définition de la phrase et de ses inécanismes
constructeurs. L'incidence est un concept capital pour cet programmatiqueproche du futur :j eparsdemain,ottends,je
te vois tout de suite) ou par les deux chronotypes (auquel cas
examen puisqu'il représente le rapport fonctionnel du mot et
il représente un événement en réalisation présente ou en déca-
la prévisionde son comportement en phrase. Ilreste qu'à
dence :j'écrisau sensje suisen train d'écrire).Ces deux
beaucoupd'égards nous rencontrons làun m écanisme encore
niveaux de présent seretrouvent reproduits dans lepassé avec
mystérieux en ce qu'il relève d'une théorie générale du lan-
le prétérit défini incident et l'imparfait décadent, et,dans le
gage humain appréhendé du point de vue fonctionnel, théorie
futur avec le futur catégorique (le futur simple) incident et le
que Guillaume avait envisagée comme ultérieure à la néces-
futur hypothétique (le conditionnel présent) décadent.
saire découverte des organes fonctionnants, pour reprendre
On note une évolution importante dans l'analyse que donne
une de ses images.
G. Guillaume de ce présent français. Dans l'article de 1937
Arriverai je unjourà poserau moins ks assises d'unej uste
(LSL :59-72), il a recours à des « thèmes » liés à la double
théoriede la préposition ? Je n'oseavoircette ambition, tant
visualisation du temps : trois thèmes sontdistingués selon que
lu question soulève de difficultés, écrivait-il en 1949 <LL2 :
le temps descend dans la pensée (thème versif), ou bien que
165).
la pensée le remonte, soit totalement (thème inversif) soit
La psychomécaniquepermet de prendre lajuste mesure de la partiellement (thème aversif). C'est au thème versif que cor-
complexité des rapports phrastiques, et surtout du rapport respond leprésent cursif qui évoque un procès en cours
prédicatif que nombre de descriptions actuelles constatent d'actualisation. Au thème aversif correspond le présent pré-
sans l'expliquer. cursif proche du futur. Il est signalé que le thème inversif est
non binaire et disconvient au présent. Cette notion de thème
PA : 122,253254
trouve aussi son application dans les deux autres époques qui
LSL : 43,103 sont architecturées en fonction du présent.
LL1 : 240 Plus tard, et notamment dans les trois articles de 1951
LL2 : 22,130,135,154,155,163,165,166,170,194 (LSL :184-219), cette nonon est abandonnée. L'accent est mis
LL4 : 48-50,53-56 sur la double action séparative du présent. Il est séparateur
d'époques par position (son insertion dans l'infinitude du
temps d'univers détermine des époques) et par composition,
la superposition des deux chronotypes détermine les niveaux
PRÉSENT (p r esent) d'incidence et de décadence. Leprésent se définit donc ainsi :
L'analysedu présent est une des analyses-clé de la psy- (...
)leprésent ainsicomposé emporte avec soi(...) un ciné-
tisme selon lequel on voit d'instant en instant, dans le pré-
chomécanique du système verbo-temporel. Ceci estlié au fait
sentmême, Iaparcelledefutur n opérersuconversion en
que les problèmes posés par la représentation linguistique du
parcefle depassé t0 . (LSL :211)
150 - PRÉTÉRIT DÉFINI
PRQNQM- 151

Un autre trait spécifique du présentest qu'une seule sémiolo-


gie recouvredeux psychismes : l'incidence sur décadence (exempk : « l'homme parle»). Les pronoms ne sontpas
nulle équivaut au futur proche, et l'incidence sur décadence prédicati
fs.Ils ressortissentà l'événement qu'estla phrase,
engagée au présentd'actualisation, alors que lesdeux niveaux mais,par révision ou par prévision, se réfèrent à l'événe-
sontsémiologiquement représentésdans les autres époques. mentque la phrase relate(ILS :1301311.Lidentité du pronom
Quant auprésenthistorique oude narration, étantdonnéqu'on personnel etde l'article défini, universalisant et anaphorique,
peut y retrouver les deux valeurs incidente et décadente, il est se trouve ainsi reconnue et justifiée par l'appartenance à une
tenu seulement pour un moyen de dramatiser les événe- seuleet mêmeclasse : le nom dématérialisé ou, si l'onpréfère,
ments, les situations,pv : áoet LL4: 103)et n'a pas de défini- le support formel du nom-substantif.
tion spécifique. Le pronom,par rapport au nom, estpremier etagitcomme
support. Aussi, dans le rapport de l'article au nom, il est
cf.indicatif, mode, polation, thème important de bien voir que c'est le nom qui est adjectivé par
rapport à l'article qui en représente la base formelle. C'est du
AT :59
moins la situation en français, où le nom privé d'article, et
LLI : 82,90,93-96,99,100,138,139
donc de forme d'actualisation, n'of&e sa signification que de
LL4 : 61-63,71,72,79,97,102,103-106,140-145,149 manière strictement puissancielle, ou si l'on veut, concep-
LLS : 37,39,56,102-104,119,126,171,173-174,199,221 tuelle. C'est de là que vient le sentiment d'imprécision du
LL6 : 1448,31,97,141- 142,222 signifié des noms dans les expressions telles quefaire fête,
LSL : 59-72,124,196-202,254,255 tenir tête, perdre pied, parler chiffons,poser problème...et
TV : 31,52,113 autres expressions privées d'article et donc de référence per-
sonnelle.
La classification peut ainsi se fonder sur ladistinction de deux
grands types de pronoms :
PRETERIT D É F I N I ( de tfnite past) lcs pronoms complétifs : pronoms précoces participant
[Lat. praeteritus, participe passé de praeter/ire : laisser en ar- directement au mécanisme d'incidence nominale et exigeant
rière,passer) en discours d'être accompagnés d'un nom auquel ils donnent
forme et actualité : ce sont les articles, en premier lieu, dans
Un des'deux temps du passé dans le mode indicatif français les langues indo-européennes qui les ont développés, mais
où l'image verbale est déclarée exclusivement en incidence aussi les pronoms possessifs, démonseatifs, indéfinis, et
contrairement à l'imparfait où l'image verbale est décadente. autres, traditionnellement appelés — par erreur d'observation
- adjectifs.
cf.aoriste
les pronoms supplétifs : pronoms tardifs n'intervenant pas
dans le mécanisme d'incidence nominale dont ils ne font que
rappeler le résultat et se suffisant ainsi à eux-mêmes en dis-
PRONOM (pro n oun) cours.Ce sont les pronoms personnels, possessifs,dém ons-
Un des termes de la nomenclature grammaticale tradition- tratifs, indéfinis.
nelle dont la psychomécanique invite à se méfier le plus. Les pronoms personnels ont une double fonction, complétive
L'équation suggérée (pronom= pour le nom) n'est pas tou- par rapport au verbe, en langue, et supplétive par rapport au
jours vérifiée. Ainsi, par exemple, dans le plan verbal, les substantif en discours.
pronoms depremière et deuxième personne ne sauraient se Quant aux pronoms ditsrelatifs ou parfois conj onctifs cesont
substituer à un nom-substantif.G. Guillaume propose ladéfi- des pronoms généralement complétifs (Ex.qui danscelui qui
nition suivante, beaucoup plus large : les pronoms deroute a fait ce travail mérite récompense) mais qui toutefois peu-
espècesont despartics du discours dématérialisées et en leur vent passer à l'état de pronoms supplétifs (dansqui a fait ce
sein, lamatièreévacuéeestremplacéepar un mouvementde travail mérite récompense). Leur rôle consiste à opérer une
rappelde ce qui a été ditou parun mouvement d'appel de nominalisation de la phrase relative et rentrent dans la sous-
ce quiva êtredit.De Eades pronoms révisionnels (exemple : catégorie des pronoms translatifs. Ce sont des agents de
« Je l'entends ») et des pronoms pré-visionnels, prospeclifs nominalisation interne alors que les conjonctions sont des
agents de nominalisation externe à la phrase enchâssée.
152 -PSYCHOMÉCANIQUE
PSYCHOSÉMIOLOGIE - 153

Les pronomscomposés comme en françatslequelsont utilisés chomécanique (étude des mécanismes psychiques qui les
dans des cas de disjonction expressive de la relative et de engendrent)etmécaniqueintuitionneiie (étude des conditions
l'antécédent. Ils servent à introduire une relative de type non
mêmes des représentations de langue).
limitatif parfois aussi appelée relative appositive (par oppo-
sition aux relatives restrictives, de type limitatif). Ces pro-
cf.schème, sublinguistique
noms sont donc disjonctifs. (LL3 :153).
LL1 : 200
LSL: 106
LL2 : 199
LL2 : 147
LL3 : 134
LL3 : 16,46-47,5456,62,66,70-73,93,96-97,108,1 t t,t 14,120-122,143-
LSL : 166,16S,183,203
145,152,153,169,1SS
LL5: 130-132 PLT : 95433,256
TV : 132-134

PSYCHOMÉ C A N I QUE (p sychomechanics)


Terme générique qualifiant les mécanismes de pensée géné-
PSYCHOSEM I O L O GIE (p sychosemiology)
rateurs des systèmes institués en langue. Par extension, le mot
Terme qui désigne à la fois le lien qui unit dans la langue le
en est venu à désigner l'ensemble de la théorie guillaumienne
système psychique à sa sémiologie (c'est-à-dire aux signes
puisque celle-ci est toute entière tournéevers la découverte
qui le représentent) etl'étudepar lalinguistique de cerapport.
dessystèmesqui permettent et conditionnent les faits discur-
sifs et celle des mécanismes qui sous-tendent ces systèmes. Dans la perspective guillaumienne, c'est le signifié qui est
systématique. L'outillage signifiant se borne à en être un
Le préfixepsycho- utilisé aussi danspsychosystémalique ou
calque plus ou moins réussi. Ce principe impose qu'on dis-
psychosémioiogien'estpas une référence à lapsychologie
tingue lapsychosystématiqueetlapsychosémiologie, celle-ci
mais signale le caractère intellectif de ces phénomènes.
G. Guillaume rapporte la totalité des systèmes à des opéra- concemant le seulrapport du signe au signifié. L'exigence est
à la fois méthodologique - elle détermine deux subdivisions
tionsde pensée propres à l'esprithumain. Les mouvements
de la linguistique - et théorique puisqu'elle suppose objecti-
traités sont desmouvements liés se répliquant l'unà l'autre
et dont(Eapensée) ne peut s'évader, car,pour elle,s'é vader vement deux opérations langagières distinctes : construction
de l'un c'est choir dans celui qui fait suite et ceEa indéfini- du système d'une part, et invention des signes d'autre part.
ment. Onne s'évade de la généralisaáon qu'en parhculari- Ce terme d'invention est à comprendre dans une acception
sant, après généralisation, et de la particuiarisation qu'en étymologique chez G. Guillaume, qui développe en l'occur-
généraiisant, après particuiarisation. (LL2 : 199) rence sa conception de la diachronie : la psychosémiologie
La partfaiteau psychologique, au senscourantdu terme, est puise dans le fonds sémiologique existant aux fins d'un ajus-
tement optimal entre psychosystème et signes représentatifs.
nulle. gSZ. : 2O3)
Si c'est bien l'accident phonétique qui produit concrètement
L'étude des systèmes est ainsi une psychosystématique et
levocable, lacapacitéqu'alapsychosémiologied'accepterou
l'étude des signes une psychosémiologie. Une branche spé-
de refuser l'innovation témoignerait d'une autorégulation du
ciale delalinguistique traitantexpressément des mouvements
langage que G. Guillaume impute parfois au sentiment qu'a
de pensée fondateurs est appeléemécanique intuitionneiie.
le sujet parlant de sa langue, mais qu'il présente le plus sou-
L'objet de cette science, véritable noyau de la psychoméca-
vent comme un constat historique : cet accroissement de
niqueest Pensemble des opérationsprofondes créatricesdes
congruence existe bel et bien, comme en témoigne le cas de
actes dereprésentation de Ea langue et de la puissance
la consonneaxiale ou le développement de formes verbales
humaine de penser. (PLT : 25áj '

athématiques.
C'est finalement la même science qui est nommée, selon les
Autrementdit, le signen'estjamais totalement arbitraire, sans
nois aspects de son objetpsychosystématique (étude des sys-
être totalement motivé. La loi qui régne en psychosémiologie
tèmes de langue, de l'ouvrage consiruit en pensée), psy- n'estpas de cohérence absolue mais de simple suffisance
154- PSYCHOSYSTÉMATIQUE
PUISSANCE/EFFET - 155

expressive. Le retard de la psychosémiologie sur la psy-


la psychosémiologie qui, elle, s'intéresse àl'invention des
chosystématique s'avère ainsi non pas conjoncturel, mais
signessous lesquels apparaît ce que la pensée a construit.
constitutif.
Ladistinction entrepsychosystématiqueetpsychosémiologie AT : 11,12
constitue l'épine dorsale du mentalisme guillaumien.
LL1 : 85,150,261
G. Guillaume aen effet reproché à F. de Saussure d'avoir
confondul'ouvrage construit enpensée etl'ouvrage construit LL2 : 12,13,15,17,19,32,33,40,96,150400,207-209,211
en signes, dénonçant par là l'assimilanon positiviste du sys- LL3 : 9,41,87423
tème et de son support. La démarche adoptée, qui contourne LL4 : 20,30.35,37.139
la difficulté posée par l'hétérogénéité du signe (signifiant), a LSL :29319,242,246N6,257
évidemment l'avantage de sauver le préjugé d'ordre : tant à
l'époque de G. Guillaume qu'ultérieurement la question du PLT : 25P6,40,41,72-77,92-95,176,185,210/61262
systématique a été constamment reposée. Il semble toutefois
qu'aujourd'hui leproblème se soit scindé. Il paraîtrait en effet
naïvement scientiste de chercher la structure dans les choses
mêmes - et par conséquent l'hypothèse guillaumienne se
PUISSANCE/EFFET
trouve fondée méthodologiquement. En revanche, le fait que (potentiali tylejj"ectivity)
chez G. Guillaume elle ne soit pas simplement méthodologi-
que constitue évidemment un tout autre problème. On distingue dans la chronologie opérative de l'acte de lan-
gage deux plans :
LL4 : 20,30,35,37,41
- le plan précoce de lapuissance où siège en perm anence
la langue
LL5 : 55-56,119-120,162,164
- le plan tardif de l'eget où se réalise momentanément le
LSL : 219,241-249P56/60-263,276-277 dlscollrs
PLT : 77,127/61 C'est au plan de la puissance que se construisent les formes
de langue, c'est là qu'elles prennent de par leur position en
systèmeleurvaleur fondamentale,valeurquise m ontreper-
missive à l'endroit d'un nombre infini de valeurs d'emploi ou
P SYCHO S Y ST E M A T IQ U E effets desens en discours.
(psychosystematics) On distinguera ainsi deux états du nom-substantif, par exem-
ple:
Dans une première étape de la théorie, G. Guillaume définit - une existence en langue, dans le planpuissanciel (nom en
la psychosystématique comme une division nouvelle de la puissance)
sciencedu langage(...) réservéeà l'étudedes systèmes. <AT : - une existence en discours, dans le plan de l'effet (nom en
11-12).Dans une étape ultérieure, il réserve le nom à la branche effet)
de la linguistique ayant pour objet l'étude de ce qui dans le La grande erreur de la grammaire traditionnelle a été préci-
langage est systématique mais du côté de la pensée seule- sément de ne pas faire la distinction entre le plan de l'effet
ment : (domaine de la pensée pensée) et le plan de la puissance
La psycho-syslématique n'est pas toute la systémaáque du préalable (domaine de lapensée pensante qui crée cette pen-
langage : elle se limite à Pétude de ce qui, dans cette sys- sée pensée). Se cantonnant au niveau de l'effet, elle ne peut
qu'essayer d'expliquerlesfaitsdediscourslesunsparrapport
tématique,procède d'opérations de pensée consistant dans
lasaisieque lap ensée opère d'elle-même sous desformes lui aux autresalorsque la tâche du grammairien estde rem onter
appartenant. (LL2 : 12) de la multiplicité des conséquences du signe linguistique
dans le parkr réelà son unité de condition dans ta langue
Cette dernière définition permet d'établir une distinction virtuelle. ITV : 133).
rigoureuse entre la psychosystématique qui s'intéresse à la
langue uniquement en tant qu'ouvrage construit en pensée et Le termepuissanciel estpréférable à celui depotentiel au sens
où la puissance détermine l'effet et ne se contente pas d'en
156 - QUALIFICATIF/QUANïïTATIF
QUASI-NOMINAL - 157

fournir les conditions éventuelles. Cette détermination est Historiquement, d'autre part, il considère que le passage du
bilatérale et la puissance ne s'établit dans le même et unique quantitatif au qualitatif est un fait glossogénique majeur.
phénomène qu'est l'acte de langagequerelativement àl'effet C'est ainsi que la différence intuitionnelle univers/homme se
et pour en assurer le développement. Aussipuissanciel en transpose linguistiquement en rapport qualitatif universel/
arrive à marquer toute position qui, dans le temps opératif singulier.
d'un système, est antérieure àune autre. Onpourra ainsi parler
Même si elle est sémiologiquement absente comme dans
des verbes puissanciels avoir,être, pouvoir, savoir, vouloir...
l'holophrase (où le mot puissanciel et la phrase effectlve ne
qui apparaissent sémantiquement antérieurs aux autres
font souvent qu'un), l'existence d'une différence qualitative
verbes. La reconstruction des systèmes de langue utilise
entre puissanciel et effectif n'en est pas moins une condition
méthodiquement ce rapport de la puissance à l'effet. Si une
fondamentale pour qu'il y ait langage. Ce principe oblige à
position est puissancielle par rapport à une autre effective, on
introduire ici la notion d'opérativité. Le temps opératif, très
se trouvedans un système. C'est ce rapport de puissance à
court mais réel, dit G. Guillaume, est un concept-limite entre
effet qui a permis à G. Guillaume de décrire la conjugaison
quantité et qualité. Il permet de conceptualiser le passage de
comme une c/tronogénèse systématique lorsqu'il a posé le
l'un à l'autre. G. Guillaume en effet n'appréhende jamais le
subjonctif comme une position puissancielle par rapport à
l'indicatif. Inversement,il y a quelque chance pour que nous quantitatif comme quotité mais toujours comme continuum :
n'ayons pas de système ou bien pour que nous ayons une le rapport qualitatif/quantitatif est en fait celui, opératif, du
continu au discret. De sorte que la glossogénie et la praxéo-
structure complexe quand ce rapport n'est pas établi.
génie se révèlent être deux procès continus qui aboutissent
l'une aux positions de langue, l'autre aux oppositions de dis-
AT : 37-38
cours.
LL1 : 180
La langue a chez G. Guillaume un statut qualitatif. G. Guil-
LL3 : 13 laume ne s'éloigne guère de la règle du structuralisme qui est
LSL : 45,150,153-155+05-207,268 de considérer que toute différence est qualitative. Son ori-
ginalité est plutôtd'avoir réintroduit dans ce cadre les notions
PA : 89.91335383,287393,306
de quantité et de continuum. Nul doute que, chez le lecteur de
PLT : 19,144,145,158 Leibniz, lerôle joué tant en mathématiques qu'en philosophie
TV : 132-134 par la théorie des seuils ne futpas étranger àcette innovation.

LL1 : 136,173,180
LL4 : 85
QUALITATIF/QUANTITATIF LLS :62,68-69,123,143,149-150,161,178-185
(quali tati ve/lquantitative)
LSL : 43-45,46,49-50,60~9

Est qualitatif, autrement dit structural, le fait de langue. Est PLT : 269
susceptible d'une variation quantitative entre des limites TV : 33
l'emploi d'une formeen discours. La distinction entre quali-
tatif et quantitatif joue un rôle dans l'opposition langue/dis-
cours et dans la glossogénie. Enfin, elle n'est pas absente de
la notion d'opérativité. QUASI-NOMINAL (mode)
Synchroniquement, G. Guillaume s'est attaché à définir les (quasi-nominal mood)
faits structuraux qualitatifs qui conditionnent en langue les
variations quantitatives des effets de discours. Par exemple, Le mode quasi-nominal (ou simplement mode nominal) estle
c'est un fait structural que l'imparfait contienne de l'accom-
premiermode de lachronogénèse. A ce stade trèsprécoce,le
pli; mais la quantité plus ou moins grande de cet accompli verbe est encore proche du plan du nom dont il peut assumer
(lorsqu'elle tend vers zéro, l'imparfait alteme avec le passé d'ailleurs les fonctions (substantif et adjectif), d'où cette
simple) ne dépend que du discours. appellation.
158 - QUASI-NOMINAL
IIACna - 159

Il comporte en français trois temps : l'infinitif, le participe MODE QUASI-NOMINAL FRANÇAIS :


présent et le participe passé. Chacun de ces temps représente
l'événement sous ses conditions les plus générales, dans marcher
I
l'ordre l'inaccompli (infinitif), l'accomplissement (parficipe I marchant
I
I I marché
présent), et l'accompli (participe passé). I

Au stade qu'on peut qualifier d'embryonnaire du mode


quasi-nominal, la construction de l'image-temps est à peine
LL1 : 91,169
engagée et il en résulte une représentation très incomplète du
temps.Le mode quasi-nominal ne fait pas comme l'indicabf LL4 : 147
de distinction entre époques et les qualificatifs présent et LL7 : 15,25,29-33,46sq
passé des participes sont erronés. On peut se représenter le LSL : 187,266,269
temps d'universà ce stade comme un vaste présent large
intégrant. L'événement, par ailleurs, n'est pas référé à une
personne spécifique mais à la personne virtuelle et ce mode RACINE (root)
est donc un mode impersonnel en ce sens. La personne spé-
État du vocable dans les langues de l'aire seconde représenté
cifique n'apparaît qu'à partir du mode subjonctif, deuxième
par des groupes de consonnes, en général trois, signifiant une
en chronogénèse.
matière en attente de forme.
En Irançais, le mode quasi-nominal distingue le niveau Ce typedevocable,d'abordconsonantique,puiscomplétépar
d'incidencedel'événement au temps, du niveau dedécadence des voyelles qui s'insèrent entre les consonnes selon des
et annonce ainsi l'architecture du présent de l'indicatif. schèmes de dérivation, est caractéristique des langues sémi-
L'infinitif est incident, le participe passé décadent et le par- tiques. Ces langues sont dites de l'aire seconde, intermédiaire
ticipe présent est les deux àla fois. La structuredu mode varie entre l'aire prime où matière et forme sont déterminées en
selon les langues qui le possèdent, l'anglais par exemple, discours, et l'aire tierce où elles sont toutes deux déterminées
représentati f en cela des langues germaniques, a un mode en langue. Ici, seule la matière est tenue en langue, ce qui
nominaldescendant auquel répond le caractère ascendant de provoque un arrêt suspensif dans l'ontogénèse du vocable. La
l'indicatif. Les temps s'y répartissent en fonction de ce dyna- suspension trèsprécocedel'idéogénèse livre avec laracine un
misme temporel descendant autour d'une limite dite anacla- vocable en puissance à la signification très générale, dif-
stiquequi sépare l'inaccompli (l'infinitif avec to) et l'accom- ffuente, sorte d'état préalable du mot. L'idée matérielle est
plissement/accompli des participes. En allemand, comme déjà individuée mais sans être particularisée à un suffisant
d'ailleurs en vieil-anglais, c'est l'accompli duparticipepassé, degré pour livrer des vocables complets. Pour cette raison, la
marquéparlepréverbege- quiestséparé de l'ensemble sys- racine existe bien, elle se reconnaît dans les vocables voca-
tématique infinitif/participe présent. lisés, mais elle ne peut pas s'utiliser directement (la racine
s'écrit mais ne se dit pas). La particularisation a lieu dans la
MODE QUASI-NOMINAL ALLEMAND : phrase et
à son niveau. Par exemple, en arabe, à partir d'une
racine Q SD qui signifie se diriger vers, on peut obtenir
loben qasada(il est allé vers, il a voulu dire), qaasid (celui qui va
vers), maqsid (avec préfixe et une voyelle zéro : là où l'on va,
gelobt lobend direction, intention).
Si l'on admet cette aire seconde comme une étape diachro-
nique de la typogénèse, on peut apprécier l'importance de
l'alternance vocalique telle qu'on la voit encore fonctionner
dans leslangues germaniques (si ng,sang,sung,song en
MODE QUASI-NOMINAL ANGLAIS :
anglais), et telle qu'on peut la reconstruire pour les langues
indo-européennes,ainsi que l'importance des règles d'eu-
working to work phonie propres aux langues agglutinantes : ces règles consis-
tent à unifier la couleur vocalique des suffixes selon celle,
worked claireou sombre, de la base (par exemple enhongrois,les
160- 11A131CAL ~T t P - 161

voyellesserontsombresavecahàz, lamaison : ahàz-am-ban nement tout autant qu'il le conduit. Cette valeur moyenne
s'interpréte de façon variable selon les poids respectifs de
= dans ma maison, mais claires avec a kert, le jardin : a
kert-em-ben =dans mon jardin). Ces règles d'euphonie dont l'actif et du passif impliqués.
la fonction est associative préfigurent le stade de la racine ou ef.voix
à tout le moins traduisent une assez nette proximité typologi-
que. Inversement, on sort ou on s'éloigne typologiquementde
la racine lorsque les voyelles se fixent, auquel cas on obtient
RELA T I F (P r O n O m) (rel ative pronoun)
un radical. L'indo-européen commun était, selon la gram-
mairecomparée, une langue à racines. G. Guillaume remplace volontiers ce terme traditionnel par
LL2 : 36,4649,51,53~,90,106-109,121,125,205
celui de conjonctif plus général et opposable à celui dedis-
jonctif qui qualifie les pronomslequel, laquelle, lesquel(le)s.
LSL : 36,92-94,115,117
Les pronoms relatifs sont des pronoms de translation dont le
PLT : 73319
rôle est de nominaliser les phrases dont ils font partie.

cf.pronom
RAD I C A L (rad i cal)
B ase du mot des langues de l'aire tierce produit par la fixation R EP R É S E N T A T I O N / E X P R E S S I O N
des voyellesentredesconsonnes de laracine consonantique. (representation/expression)
A l'inverse de la racine, le radical n'est pas intégrant mais
simplement intégré au mot et son signifié matériel est tota- La ktngue, en soi, n'exprime rien : elle représente, elle est
lement individué. représentation.L'expression appartient au seul discours,
Les languesàradicaux sontdeslangues oùaussibienlagenèse qui exprimeà partir du représenté,etavec lcs moyens que
de matièreque la genèse de forme s'effectuent en langue. k représenté offre. (PLT:lás)
Autrement dit, le mot est déterminé dès la langue. Le radical C'est à la séparation dans l'étude du langage desactes de
offre ainsi une ontogénie plus homogène mais à l'inverse représentation qui c o nstruisent la l a ngue et d es actes
accroît lachargede la m orphologie parrapport au système à d'expressionqui construisent le discoursque la psychomé-
racine, ce qui peut expliquer la complexité du système fle canique doit sa grande originalité.
xionnel des langues indo-européennes classiques et l'évolu- La notion dereprésentationpermet àG. Guillaume de définir
tion générale du système vers la simplification. très précisément ce qui fait laspécificité du langagehumain :
On noteque certaines langues àradicaux comme les langues l'homme, contrairement à l'animal, ne s'exprime pas direc-
germaniques (d'autres aussi), manifestent des attaches inté- tementàpartir del'expérience qu'il a des choses, mais àpartir
ressantesaux constructions dediscours dites endophrasti ques d'une re-présentation mentale de l'univers (visibilité men-
alors que leur système de fonctionnement général est exo- tale), agissant en quelque sorte comme un filtre de la réalité
phrastique avec la détermination du mot en langue (par extralinguistique. L'existence du langage humain dépend
exemple en allemand lapropension àlaisser le verbe en fin de d'une mutation duvécu expérimentaI en représentation :
phrase ou bien les très grandes capacités de dérivation). (...) kr langue naît d'une conversion de l'expérience dont
l'esprit humain s'évade en une représentation danslaquelle
LL2 : 398L108,121
il s'installe. tPt.r : 23)
LSL : 36,117
AT: 17
LL1 : 79,105
RÉFLÉCHIE (VOiX) (r e flexive voice) LL2 : 104
LL3 : 12,22,24
La voixréfl
échie,enfrançais,quiestunevoixqui associepour
LL4 : 17,18,30.32,55.61,68,91.150,155
le même procès les deux situations active et passive de la
LSL : 185,206,21 6-218
personne, est une voix de synthèse. Elle peut s'interpréter
PLT : 22,23,153,160,163-168,182,231,24L254,255
comme une voix moyenne où le sujet est conduit par l'évé-
162- SAISIR SCHÈME FIGURATIF - 163

SAISIE (pr e hension) S CH E M E FIGUR A T IF (scheme)


On donne le nom desaisie lexicale à la coupe venant inter- Les schèmes figuratifs ulilisés en psychomécanique repro-
cepterde manière plus ou moins précoce l'acte de langage duisent sous forme de vecteurs les dynamismes des systèmes
dans son développement inscrit entre deux saisies à position (ou tensions). G. Guillaume les estimait parfaitement adaptés
fixe qui en marquent les limites : la saisie radicale, analyti- à la nature de leur objet, les systèmes eux-mêmes traduisant
que, ayant pour aboutissement les éléments formateurs et la sous forme dicible des aperceptions et des opérations qui
saisie phrastique, synthétique, d'où procède la phrase tiennent de la visibilité des rapports (cf. la spatialisation du
construite. C'estdelavariation deposition delasaisie lexicale temps dans la chronogénèse).
que dépend l'état du vocable, et par suite l'état typologique
d'une langue : cf.figuration
- si la saisie lexicale est très précoce, elle tend à s'identiflier
avec lasaisie radicale etil en résulterales langues àcaractères
(chinois mandarin) SCHÈME SUBLINGUISTIQUE
- si cette saisie est très tardive, elle tend à s'identifier avec (sublinguistic scheme)
la saisie phrastique et il en résultera les langues à mots-
phrases, ou holophrases (esquimau) Le schème sublinguistique est le nom donné à l'image
d'ensembledu mécanisme de lalangue, tel qu'il existe auplus
- si cette saisie est intermédiaire, elle détermine des états
profondde la penséehumaine.
typologiquesvariés où levocablese rapproche plusou moi ns
Le schème sublinguistique relève donc de la partie formelle
du mot des languesàradicaux. Afin d'obtenir unmot, la saisie
de la langue : c'est l'image du système général de la repré-
lexicale doit d'abord se dédoubler historiquement (langues à
sentation que constitue la langue, système intégrant à l'égard
racines), la genèse matérielle se déterminant en langue et la des systèmes particuliers intégrés. Sous le nom, le schème
genèseformelle en discours. Ce n'estqu e lorsque lagenèse sublinguistique apparaît au travers des systèmes de la décli-
formelle est elle aussi déterminée en langue qu'on obtient le naison, de la préposition, de l'article, du genre, du nombre...
radical, et donc le mot. On notera que le radical s'ajoute des Une fois achevée la restitution d'un schème sublinguistique
suffixes dérivationnels ou des flexions morphologiques. La à un moment donné (point de vue synchronique), il est pos-
morphologie incorporée au mot tend àseréduire àmesure que sible d'en suivre l'évolution diachronique non au sens tradi-
la saisie lexicale se rapproche de la saisie radicale et au tionnel mais en définissant les étapes de la transformation des
contraire à croître si elle se rapproche de la saisie phrastique. systèmes et du système qu'est la langue.
Ce concept de saisie est utilisé en typologie mais correspond L'expression, en effet, s'appuie sur unereprésentation qui est
exactement àcelui d'interception du temps opérati fqui est le en fait l'expression à l'état virtuel (cf.acte de langage). On
vecteur des mouvements qui constituent les systèmes. Par peut dire que le sujetparlant actualise la langue qui existe en
exemple, l'interception du temps opératif de la chronogénèse lui à l'état virtuel. Cette langue virtuelle est le dépôt de tout
produit les modes. L'interception des vecteurs systématiques le mécanisme d'ensemble sous-jacent qui fonde et permet
de l'article produit les valeurs locales de discours entre les l'emploi des concepts et leur agencement. C'est donc à ce
limites du singulier et de l'universel. A la racine de ces opé- niveau profond, et seulement lui, que la construction de la
rations d'interception, il y a l'idée sans cesse répétée que la langueestau contact desphénomènes généraux du langage
langue, le langage somme toute, consiste en l'établissement humain dans son ensemble et c'est à ce niveau qu'il faut
remonter pour traiter complètement les phénomènes linguis-
des moyens que la pensée invente pour lasaisie de sa propre
tiques. C'est l'idée fondatrice de la psychomécanique que
activité, et ces moyens sont fondés sur des coupes transver-
derrière les emplois de discours se profile le système causa-
sales(des arrêts,ou dessuspensions)portésdans les mouve-
teur et, derrière ce système même, l'ensemble des conditions
ments qu elle est. (1L6: 72) linguistiques générales, c'est-à-dire ce schème.
G. Guillaume a toujours appelé la linguistique à prendre
LL2 : 2849-32,35-47,71,85.88,93,125,126
comme objetprofond, comme objetvéritable, nonpas les faits
PLT : 155 de discours qui ne sont que des produits actualisés de poten-
164- SaC~ S11aLmmaSTtgVp Ém mèm- 165

tialités cachées, non pas même les faits de langue qui sont des O n noteraenfin que le terme de schème renvoie au souci de
généralités stabilisées, mais les mécanismes constructeurs de G. Guillaume de penseren figures, du fait que la langue elle-
la langue. La linguistique serait une grande science théorique même, comme représentation, est enracinée à une visibilité
si elle consentait à rechercher ce qui estsous la langue elle- des choses qui précède la dicibilité. Penser en figures, pour la
même: science du langage, c'est redécouvrir les figurations du lan-
Une restitution suffisamment étendue de ces schèmes, en gage lui-même.
nous révélantle mécanisine de la langue telqu'ilexiste à
l'état latent dans Ea pensée du sujet parlant, aurait pour LSL : 109337
conséquence derenouveler profondément la physionomie TV : 121-128
de lascience du tangage dans le sens d'une plus grande
cohésion : sous la double histoire de la matérialité des
formes et de leur emploi se dessinerait phistoire de la SEMA N T E M E (sem anteme/lexeme)
constructiondu système qu'ellesexpriment etc'estdans Ees
cadresde celle-ci que viendraient se ranger et,en quelque Les sémantèmes constituent l'une des quatre unités dont se
sorte,setasser Eesfaits de celle-là.pv :ttt) recompose tout idiome, les trois autres unités étant les asé-
Cette position était défendue dès 1929 avec Temps et verbe mantèmes, les morphèmes, et les systèmes. Soit figurative-
mais on laretrouve constamment, même si le terme n'est plus ment :
utilisé dans des versions plus tardives de la théorie (les index
deLls, ELáet u,t n'en fontpas mention). On notera que c'est systèmes
lamême idée qui estreprésentée en 1958 (les deux articles sur UNIVERSEL
Observation et explication dans la science du langagedans champ
Langage etscience du langage :t. sL:tsws et2a -2sá)par de définition
l'analyse de l'ensemble du phénomène en une causation des sémantèmes champ
déversequi produit le discours à partir de la langue, un causé de définiùon
construit quiest la langueetunecausation obversequi produit des morphèmes
lalangue elle-même. Lacausation obverseressortit aurapport
SINGULIER
fondateurunivers/homme alors que la causation déverse res-
sortit, elle, au rapport social homme/homme. C'est cerapport asémantèmes
univers/homme qu'il faut interroger, et non l'autrepour com-
prendre ce qu'est l'architecture du langage gsL: ss). C'est Comme le montre le schéma, les sémantèmes sont issus du
cette causation qui était plus tôt appelée schème sublingui- mouvement de la pensée orienté en direction du singulier.
stique. Plus précisément, ils représentent un arrêt précoce de la pen-
On comprendra toute l'importance de la typologie génétique sée dans le mouvement qui la porte du côté du singulier, pro-
pour G. Guillaume. Si la linguistique cherche à comprendre duits d'une particularisation non achevée qui, selon les
non pas seulement une langue, mais les langues, elle est obli- idiomes, se poursuit indéfiniment ou au contraire laisse place
gatoirementmenée à les comparer et à se poser, en termes à une universalisation.
prudents certes, la question du langage lui-même. C'est un Autrement dit la notion particulière recouverte par le séman-
choix épistémologique grave que de s'arrêter au constat de tème et appelée à devenir la signification du vocable est sou-
leur grande diversité et par ailleurs, le relevé timide et empi- mise, soit à une tension singularisatrice illimitée (qui produit
rique des universaux qu'on a vu parfois ne conduit pas très le caractère des langues amorphogéniques) soit au contraire
loin. Avec les risques de se tromper que cela comporte -et il soumise à un traitement universalisateur (qui produit le mot).
faut absolument déterminer quels sont ces risques et quels L'universalisation est d'abord intégrée et fournit le conçept,
sont les enjeux, chose que G. Guillaume envisageait diffici- puis intégrante et fournit la partie du discours.
lement, il faut lereconnaître - ù appartient àla linguistique de H importe d'insister sur le fait que, dans les langues indo-
faire ce travail. G. Guillaume est un des rares pionniers d'une européennes, l'idée particulière qui constitue la signification
science du langage complète et qui se fixe des objectifs plutôt matérielle du mot est automatiquement verséedans une forme
que des barrières. générale : la partie du discours. Il n'y est pas possible d'évo-
166 - SIGNE/SIGNIFIANT/SIGNIFIÉ SIGNIFIANCE - 167

quer la notion saisie en elle-même. Chaque fois qu'on évoque La reconnaissance de cette dualité du signifiant fonde la psy-
une idée, on évoque conjointement la manière de concevoir chosystématique d'unepartetlapsychosémiologiedel'autre.
cette idée : La terminologie saussurienne laisse croire que la sémiologie
Tout sémantème d'une langue é voluée est (...) une notion est signifiante (signe= signifiant/signifié), ce qui masque la
qui par une opération de discernement, s'abstrait de puni- dimensiondes opérations fondatrices du sens, à savoir les
versel, etparune opération d'entendement - qui ne revient opérations dereprésentation etd'expression. Cette correction
pas (...
)sur ce que k discernement a accompli - retourne à à la terminologie saussurienne qu'apporte G. Guillaume per-
puniverseL [pLT: 193). met de mieux saisir les rapports entre le percevable et le
Pour se référer à ce qui a trait, dans une langue donnée, à la concevable dans le langage et d'expliquer du même coup le
statut véritable de certaines irrégularités.
signiifiication matérielle, on emploiera le terme de sémantèse.
Par exemple, on diraqu'en français la sémantèse s'estrépartie
entre le plan nominal et le plan verbal, alors qu'en basque elle LL1 : 68,87,257-283
est rejetée en très grande partie dans le seul plan nominal. LL2 : 12,13
LL3 : 18,35,43
AT : 9-10
LIA : 25,26,34,35,37,41,42,133
LLI : 235
LSL: 116,150,155,242PA6,247,283
LL2 : 86-87,105,215
PLT : 74,76,126,127,129
LSL : 99-101,108

PLT : 57,193,201

SIGNIFIANCE (meaning)

SIGNE/SIGNIFIANT/ SIGNIFIÉ La signifiance est la condition d'existencesine qua non du


(signlsignificantlsi gnificate) langage. Signifier, c'est être le signe d'une représentation
lLat. signum : empreinte] générale et systématisée du pensable.
Dans l'usagecommun - mais aussidanscertaines approches
L'unité linguistique minimale est le signifiant qui, sous son grammaticales - la signifiance a trait à un renvoi direct de
aspectphysique, seprésente comme un signe au sensprem ier l'élément linguistique à son référent (objet signifié). Pour
d i ndice :c'estsapartie sémiologique. Cephysismerecouvre G. Guillaume, cette opération de renvoi suppose - sans quoi
le mentalisme propre ausignif ié. elle ne pourrait pas avoir lieu - une liaison et une sériation des
La condition d'existence du signifiant sous son aspect psy- impressions fugaces qui constituent notre expérience, et une
chique est l'unité et lasystématisation. Le signe, en revanche, accrétion de ces impressions sous un signe institué. Le prin-
n'a pour fonction que de matérialiser et d'extérioriser le psy- cipe de signifiance correspond àun principedereprésentation
chisme. Cette fonction autorise une certaine latitude pour de l'expérience antérieure à toute référence à l'expérience
autant que la matérialisation soit suffisante (cf.les phéno- réelle. Ceci explique qu'avantlesignijiéd'eget observable en
mènes de synonymie, d'homonymie, le traitement poétique discours, on pose unsigni f ié dc puissance.Le signe peutdonc
du signifiant...). Certains phénomènes de supplétivité - en ou bien être associé en langue au signiTié de puissance, virtuel
particulier pour les radicaux verbaux (Fr. allerj le vaisjl'irai, et intégrant, ou bien être la manifestation physique du signifié
Ang. go/went) - sont des manifestations, en relation avec la d'effet, actualisé et intégré. Le signifiant, c'est-à-dire ce que
diachronie, des difficultés quepeut rencontrer cette opération F. de Saussure nommait le signe, est la symphyse (la « sou-
d'extériorisation. Cette propriété du signe est reconnue dans dure », l'association) d'un signifié depuissance etd'un signe.
la loi de sugisance expressive : le signe n'est pas tenu à la Le signifié d'effet est une des valeurs possibles du signifié de '
même systématisation que le signifié et son rôle n'est que de langue :
fournir une suffisante image phonique, ou graphique, ou (...) ce terme (de signifiant) correspond non pasà l'idée de
gestuelle. signe, maisà celk d'une symphyse du signif iéde puissance
168 - stttuttLrm
STÉMATIQUE - 169

et du signe; en conséquence de quoi la retation mécanique fonde le langage et non, bien que les deux plans soient reliés,
(signifiéde puissance->signe-> signifiéd'effet) prend dans le rapport social homme/homme.
la réalüé linguistique - que c'est te rôle du linguiste de faire
connaître - la forme : cf.nombre, universeVsingulier
signifi
é de puissance > signe

(symphyse)
STÉMATI QUE (st ematic)
signifiant > signifié d'effet
Se ditd'un morphème capabled'exister dans lalangue àl'état
Le principe acquis (est) quete signif iant totalise en lui, à de mot indépendant, par opposition aux morphèmes astéma-
Pétat de symphyse, un signifié de puissance et un signe, tiques, comme les suffixes et flexions, nécessairement asso-
lequel autrement serait e in »-signifiant. (LsL : 2es-247) ciés à un sémantème ou un auire morphème, et incapables
Le refus de la référence-étiquette est exactement la même d'avoir existence de mot.
chez G. Guillaume et chez F. de Saussure, et est caractéristi-
que du structuralisme. La grande originalité de G. Guillaume cf.morphème
est de montrer que la structure de la langue est un système-
relaisorganisateurdel'expérienced'unepartetconditionnant
à l'égardde l'expression d'autre part.Ce caractère de relais
résulte de la conception guillaumienne du système comme S TEN O N O M I E (stenonomy)
autantproduit que producteur,causé que causateur. Sans la [Gr. stenos : étroit+ nomos : ioi]
signifiance, causatrice du système, on ne pourrait iien signi-
fier. Le linguiste doit toujours reverser en procès constructif Qualité du présent français selon laquelle, dans son interpo-
les données pratiques et théoriques qu'il a à sa disposition. lation sur l'inïinitude du temps d'univers, il est en constante
Cette idée existe déjà en 1919 dansLe problème de l'article recherchede plus grande étroitesse :
(tA ieeas) oùl'auteur associe au« désordre » qui consiste en Le présent est un être sténonome qui obéità une loi, « sa »
toutessortes de manières de voir toutes sortes de choses, loi, selon laquelle tout en demeurant une quantité positive
l'« ordre » d'un plan qui existe pour « guider » l'esprit- de temps, il lui faut se rapprocher de plus en plus de la
auquel cas l'existence du langage paraît dépendre de la quantité négative, et autant qu'il se peut, sans pour cela
construction de ce plan qui structure le pensable en vue de le cesserd'exister effectivement, avoisiner Zéro. (AT: 34).
rendre signifiant et transmissible. Le présent français, comme le présent latin, est composé de
deux parcelles(chronotypes) empruntées aux deux grandes
LSL : 246-247 époques qu'il sépare : le passé et le futur. Le présent latin
PLT : 121-133 juxtaposait ces parcelles horizontalement, si l'on peutdire, ce
qui entraînait une architecture a double plan avec d'un côté le
systèmeamabam, amo, amabo et de l'autre le système ama-
veram, arnavi, amavero. ÇEv :ssa9). Le présent français, sté-
SINGU L I E R (si n g ular) nonome donc,nejuxtapose plus les parceHes mais les super-
pose,afi n de former lenoyau ou le nnud de l'indicatif.On est
Le singulier, qui est une abstraction chargée de représenter doncpassé d'un présent latin horizontal à un présent français
l'objet, est le terme fondateur des systèmes linguistiques. Le verticalpar recherche d'étroitesse avec des répercussions
rapport universel/singulier est invoqué par G. Guillaume en directes sur les autres modes (dont un seul infinitif par rapport
de multiples endroits et à divers degrés de généralité depuis auxdeux latins (amare/amavisse)). C'est àcette superposition
le système des articles français. Entendu sans un sens très aussi qu'on doit l'architecture nouvelle de l'indicatif avec un
abstrait, le rapport universel/singulier représenterait le rap- présent qui détermine une double séparation, horizontale
port linguistique univers/homme, ce rapport étant médiatisé entre le futur et le passé et verticale entre l'incidence et la
par la langue. C'est le rapport humain univers/homme qui décadence.
170 - sUBDUcïïoN
SUBDUCTION - 171

(~tu tx) valeurs formelles ou relationnelles. Selon le degré de déma-


amabam anlo amabo térialisation encouru, on aura une subduction de type exoté-
rique,qui se contente de hiérarchiser les vocables dans une
PLAN Q PLAN A chronologie notionnelle, oubien de type ésotérique, pénétrant
l'intérieur même de la notion et faisant perdre au vocable son
statut indépendant pour lui conférer de plus en plus un statut
amaveram anlâvl amavero de morphème.
La subductionaffecte les notions qui, au cours d'échanges
SYSTÈME LATIN (en réalité plus complexe si on introduit linguistiques répétés, sont perçues de plus en plus comme
la perspective modale tTv : ssss)). idéellement fondamentales, antérieures ou sousjacentes si
l'on veut, par rapport aux autres. Ces notions ont une authe-
ntique vocation à l'auxiliarité : on apar exemple en français,
j'aime les motspouvoir, savoir, vouloir, falloir, devoir, avoir,être
j'aimai qui sont aptes à être employés comme auxiliaires en vertu de
j'aimerai
cette antécédence notionnelle. Parmi ces verbes ce sontavoir
j'aimais j'aimerais etêtre qui sontles plus fondamentaux. Lasubduction consiste
donc tout simplement à exploiter leurs caractéristiques.
SYSTÈME FRANÇAIS Dans un premier temps, la subduction est exotérique,
c'est-à-dire extérieure, non cachée dans le mot. Les mots
subduits de cette manière gardent leur sens plein et se distin-
Ce système &ançais est en réalité égalementplus complexe si guent des autres mots parce qu'ils sont idéellement précxis-
on ajoute les formes aspectuellesavec avoir ouêtre. M ais les tants :ainsi les verbes auxiliaires sont-ils souvent appelés par
constructionsaspectuelles se conjuguent comme un verbe Guillaume des verbespuissanciels (J'ai du ménageà faire,
simple et on obtient de part et d'autre dej'ai aimé, le mal- j'ai peur poid faim... montrent un verbe avoir très dématé-
nommépassécomposé puisqu'ils'agiten faitd'un présentde rialisé par rapport à son sens ordinaire de possession).
parfait j'eus aimé etj'avais aimépour le passéetj'aurai aimé Dans un second temps, lasubductionse faitésotérique,cachée
etj 'aurais aimé pour le futur. dans le mot. Le mot devient mot-outil, privé d'une grande
La même notion de sténonomie est appliquée en typologie partie de sa matière et s'associe avec un mot non subduitpour
pour montrercomment l'aire seconde peut se résoudre par satisfaire à la condition impérative d'intégrité. La matière
étrécissement : perdueestdonc compensée parle mot associé :
Le fait de disposer de l'aire tierce et de l'aire prime ayant
cetteconséquence de porterà l'extrême sténonomic l'aire Mot initial Mot-o u til 4 Mot associé
seconde. (LL5 :tS) (Mauère + Forme) — —
-> (Matière - q)
+ (Matière Complémentaire q)
AT : 34 Il importe de préciser qu'un vèrbe n'atteint l'état d'auxiliaire
LL5 : 14,15,39,4053,60,112,117.126,178,191 que si la dématérialisation qu'il subit reste partielle, en
LSL : 59.196
d'autres termes si la subduction ésotérique resteimmanente.
Si elle se fait transcendante, c'est-à-dire si la dématérialisa-
TV : 78sq
tion est totale, le vocable perd son indépendance, même celle
qui lui restait en tant que mot-outil associé. Il devient tota-
lement formel et est de ce fait intégré à un autre vocable
comme morphème astématique (suffixe, flexion...).
SUBDUCTION (subduction) L'existence de ces deux types de subduction, immanente et
transcendante,a desconséquences importantes dans la confi-
Le terme desubduction -du latin sub-ducere = conduire en guration générale de la langue : la subduction transcendante
dessous - désigne un processus de dématérialisation des est créatrice de morphèmes astématiques et la subduction
vocables leur permettant àproportion d'être utilisés au titrede immanente de morphèmes stématiques. On notera selon les
172- SUBIONCTIB sUBQRDINATloN - 173

langues des tendances variées, certaines utilisant plus volon- mentaux dans son énoncé. G. Guillaume réussit ainsi à sub-
tiers une morphologie stématique (ou anisotope, située dans stituer à une collection disparate de règles contextuelles une
un lieu autre que le mot), d'autres une morphologie astéma- théorie unitaire.
tique (ou isotope, située dans le même lieu, dans le même
mot). cf.thématique
En thèse générale, le type morphologique d'une langue est
LLI : 169,218,247~9
l'expression de sa fidélité antérieure plus ou moins grande
LL3 ; 201
à Pun ou Pauhe des deux modes de subduction. gsL :81).
LIA : 115,135-137,141,143,151
Chaque langue peut bien entendu s'orienter de façon préfé-
LSL : 194,195,263-266
rentielle vers l'un ou l'autre de ces modes, comme l'anglais
TV :31
par exemple, qui a largement exploité dans son histoire les
possibilités offertes par la subduction immanente.

LLI : 145-148,151,237,238253
S UBO R D I N A T I O N (subordination)
LSL : 73-86
La subordination se définit comme le rapport de dépendance
qui s'établit en discours entre une idée regardante et une idée
regardée.(.,)Là où Pidée regardante n'a pas d'expression
SUBJONCTIF (mode) propre, il n'y a pas de subordination. Le fait syntaxique de
(subj unctive mood) subordination a pour origine la représentation distincte de
l'idée regardante sortie de l'implicite. En proposition indé-
Dans le système verbo-temporel français, le mode subjonctif pendante, l'idée regardante ne sort pas de l'implicùe et
représente l'image-temps à un stade intermédiaire de sa généralements'en tientà une considération ressortissantà
construction entre le mode quasi-nominal (ou mode nominal) une simple prévision ouà la simple vision.Quandjedis sans
et le mode indicatif. plus : « il viendra ~~,Pidée regardante non rendue par des
Stade postérieur au mode nominal, le subjonctif est un mode mots est « je prévois oujesais qu'il viendra ». (LLI :267).
personnel. Antérieur au mode indicatif, il ne fait pas encore C'est en discours, dans le présent de parole, que s'établit le
état d'une distinction d'époques. Aussi les deux temps du rapport de subordination, même si les moyens de l'assurer
subjonctif correspondent à la distinction primaire opérée par (subordonnants et modes) appartiennent à la langue. La
la personne entre une visualisation ascendante du temps (pré- subordination est un fait de syntaxe. Chaque fois que le verbe
sent athématique) et une visualisation descendante (passé sur lequel porte la subordination est rattaché à un passé, on
thématique). assiste à un glissement de la subordination en dessous de sa
La théorie d'expression du subjonctif découle de cette posi- position propre (le présent de parole).
tion d'antériorité par rapport à l'indicatif. Chaque fois que, C'est cettedécadence syntaxique de la subordinaÙon
dans uneproposition subordonnée, la pensée retientl'événe- qu'exprime la terminaison -ait en français (compétente pour
m ent dans la zone du possible en l'empêchant d'accéder à la touteespèce de décadence) dans,parexemple :
probabilité, le subjonctif estderègle. Dans l'exemplequi suit, Je savais qu'il était malade
l'option choisie par le locuteur du maintien dans la zone du Je savais qu'il viendrait.
possible explique le recours au subjonctif :
J'agi rai de telle sorte qu'il soit satisfait PV : 144). LLI : 92,116,118.119,137,138,168,207,250
On comparera avec la prévision catégorique de réalité LIA: 99
qu'exprime l'indicatif dans :
J'agirai de telle sorte qu'il sera satisfaà
Comparativement aux explications classiques des emplois du SUBSTANTIF (substanti ve)
subjonctif, cette théorie de représentation permet de com-
prendre comment la spanalisation du temps fournit au locu- Les noms substantifs sont pourvus d'une incidence interne,
teur les moyens puissanciels d'exprimer ses choix fonda- c'est-à-dire qu'ils ont une incidence à ce qu'ils signifient par
174 - SUFFISANCE EXPRESSIVE SUIET-175

eux-mêmes, par opposition aux noms adjectifs pourvus d'une SU JET (su bj ect)
incidence externe :
Le substanáf est un mot qui, dèsla langue, en langue, an- Le sujet est, en phrase, le support de prédication.
nonce ianature du support qu'il acceptera. (LL2 :149) Etymologiquement, le sujetestjeté dessous (sub-jectum). Il
Seule la mafière du support substantival est annoncée dans la est donc à la fois support et origine. De ce fait, le terme apour
langue. Quant à sa forme, plus ou moins extensive, elle ne se Guillaume trois sens :
détermine qu'en discours, par intervention de l'article : — par rapport au prédicat
Dans Ec substanáf, le mécanisme d'incidence se partage - par rapport à l'objet
entreiangue etdiscours.Iiressortità ialangue pour ce qui -parrapportàlaproduction delaphrase.Suj et signifie alors
est matière,
au discours pour ce qui estforme. (LL3 :62-63) suj et pariant.
Le régime d'incidence interne entre ainsi au nombre des L'analyse de la fonction de sujet intéresse particulièrement la
formes vectri ces menant à la partie du discours dénommée théorie des voix. On distingue sujet logique ou grammatical
substantif, au même titre que le genre,le nombre et le cas. et sujet dynamique ou actif. Le sujet logique est le support du
Le substantif français incorpore un cas unique, cas synthéti- prédicat verbal. Le sujet dynamique est ce qu'on appelle tra-
sant les fonctions sujetetobjet, quelle que soit lanature ducas ditionnellementl'agent.Lesujetlogiquereprésentelesupport
d'origine. En général, le nom-substantif a conservé la formel de l'énoncé, celui auquel échoit in fine l'incidence du
sémiologie du cas régime du vieux français (beaucoup plus prédicat. Ce support correspond très exactement à lapersonne
rarement du cas sujet). La discordance historique entre cas ordinale contenue dans le substanuf. La fonction sujet est
psychique synthétique et cas sémiologique apparaît comme ainsi l'une des trois fonctions en lesquelles peut se résoudre
une condition nécessaire de l'état du substantif en français : le cas synthétique du substannf français, les deux autres étant
Un mot appartenant par entendement au pian nominal, s'il les fonctions objetetattribut. Dans une languecomme lelatin,
ne recouvre pas en langue lecassynthétique, cessedu même la fonction sujet peut demeurer immanente au verbe(venit =
coup, dans leplan nominal même, d être un substantif (LL3 : ii vient, pluit = il pleut). Par contre, en français, où le verbe est
uniquement prédicat, c'est-à-dire apport, le sujet estextérieur
112)
auverbe. Le sujetdynamique encore appelésujet actifdésigne
àproprementparler celui qui està l'origine de l'action oubien
LL2 : 120,137,138,142,149,151,152,157,160
est concerné par l'état. La distinction des deux types de sujet
LL3 : 53,54,57,60-63,107-112,117,118,143 est à la base de la théorie des voix. La voix est active si sujet
LL4 : 39,59,201 logique et sujet dynamique coincident. Elle est passive si le
LSL : 145,250
sujet logique est porteur de la situation de patient. La notion
de sujet parlant distingue radicalement G. Guillaume des
PLT : 20303-208315-217
structuralistes quirécusent globalement histoire ou intentions
énonciatives. Le langage est en effet inséparable de son sup-
portabsolu, àsavoirl'être humainpensantetparlant, confron-
té àson expérience etaux exigèncesde la communication.La
S UFFISANCE E X P R E S S I V E distinction, par ailleurs, du sujet logique et du sujet dynami-
(expressi ve sugiciency) que a le mérite d'éviter une confusion perpétrée par la gram-
maire traditionnelle lorsqu'elle définit le sujet comme celui
La loi de suffisance expressive s'applique à la sémiologie, à qui fait l'action. Par ailleurs, dans la mesure où chaque verbe,
laquelle il estdemandé de représenter sous signe physique les ou plutôt prédicat, ne comporte qu'un seul sujet logique, la
articulations du système. Cette loi prévoit que la sémiologie distinction entre sujet réel et sujet apparent devient superflue.
n'estpas impérativement soumise à la structure mentale mais
qu'elle doit simplement la représenter au mieux. Ce principe LL2 : 99-101,175,185,186,193-194,197,201-203
permet d'expliquer que, pour une systématique nécessaire- LL3 : 58-59,70-73,118-120,181-182
ment une, on puisse avoir des signes irréguliers. LL4 : 45-46
LLS : 95,218,226+34
cf.loi LSL : 132
176- SUPPORT
svxo&E- 177

SUPPORT (s u ppori) la langue ne s'institue dans l'esprit que pour mieux répondre
Dans le langage, il y a constamment apport de signification et aux besoins d'expression. Tout leproblème du langage est là,
référencede cetapportà un support.Ce mécanisme d'apport et même si la psychomécanique ne répond pas toujours aux
de signification est le rapport d'incidence. C'est le régime questions immédiates que la pratique du langage peut sou-
d'incidence qui, dans les langues à mots, détermine la partie lever, on peut considérerque G. Guillaume aréussi àposer ce
du discours. problème au niveau humain. On peut dès lors réfléchir avec
Le support est en définitive, et très généralement,ce dont on profit à la question de la synchronie : pourquoi cette synchro-
parle et l'apport ce qu'on en dira <t,u : ssb ce qui permet de nie universelle (cet état de la langue, quelle qu'elle soit) exi-
sterait-elle si ce n'étaitpour répondre à une question humaine
poser lerapportd'incidence comme un rapportdeprédication.
fondamentale ? En matière linguistique, quelle estcette ques-
Le support fondamental auquel est déféré tout apport' de
signification est lapersonne. On peut noter à ce sujet que la tion, sinon celle de la conception, de la pensée, et de la com-
munication, en un mot de l'expression ? Qu'on le veuille ou
personne, support formel, n'est pas toujours où on l'attend
traditionnellement et si le substantif français, par exemple, non, il faut demander à la linguistique comment elle définit la
synchronie. G. Guillaume refuse aussi bien la thèse de l'état
possède en langue une incidence à lui-même (incidence
fortuitement produit par l'histoire que celle de l'être existe-
interne), il apporte sa matière à l'article dans le groupe
nominal. C'est l'article qui représente la personne-support et ntialiste. Il la voit comme indissolublement liée à la diachr-
c'est pour cette raison que G. Guillaume le considère fina- onie qui est à la fois sa cause et sa fin.
lement comme un pronom. cf.diachronie
cf.apport
SYNDÈS E (sy n desis)
[Gr. sun : avec+ dein : attacher]
S YNCHROM E (synchrony)
Ce terme est utilisé dans le dernier article de G. Guillaume
G. Guillaume ne remet pas en cause la distinction saussu- (1958) adressé à un public de philosophes afin de décrire
rienne de la diachronie (histoire) et de la synchronie (état). Il l'architecture des systèmes linguistiques intégrés dans la lan-
modifie cependant ladéfinition de ces deux plans de manière gue et du système intégrant qu'elle est. Le système apparaît
radicale en prenant en compte leur interrelation. En particu- en effet être une diathèse, c'est-à-dire une combinaison
lier, la synchronie n'est pas un statisme, pour lui, mais un lieu arrangéecomposée de deux syndèses, c'est-à-dire deux rap-
dynamique d'élaboration du discours et, puisque cette ports. Le rapport syndétique s'établit entre une dèse initiale et
construction est appuyée sur la systématique de la langue, un une hypodèse finale.
lieu d'élaboration de la langue en même temps. De même la Par exemple, l'article un en français recouvre une relation
diachronie porte le devenir de la langue qui utilise les acci- dont la dèse est l'universel et l'hypodèse le singulier. On
dents historiques à des fins d'auto-construction. notera que la dèse, point de départ de la tension, est toujours
Les systèmesne sontpasdéfinisenpsychomécaniquecomme plérolrope, c'est-à-dire maxünale, et dominante. L'hypo-
des réseaux d'oppositions et d'interrelations négatives mais dèse, elle, est d'abord mérotrope, c'est-à-dire minimale et
au contraire comme des rapports psychiques qui définissent partielle, ce qui crée la première syndèse qui est en résumé un
despositions. Donc, loin de se modifier au hasard des chan- rapport orienté entre un terme dominant et un terme dominé.
gementsde termes, provoqués par les accidentssémiologi- L'article un montre en effet toujours des valeurs où le singu-
ques, ils ont le pouvoir d'intégrer ou de rejeter l'accident, ce lier, quel que soit son poids, est toujours subordonné à un
qui, loin de faire de l'histoire une vaste téléologie, souligne universel intégrant. Autrement dit, le singulier est toujours
simplement que c'est au système qu'appartient en définitive visé, approché de manière asymptotique, etjamais atteint. Au
le choix ou la possibilité du changement. Sans l'accident moment où l'hypodèse devient plérotrope elle-même (maxi-
sémiologique,l'accident deparcours, il n'y apas d'évolution, male), par poursuite de la première tension, la dèse s'annule
parcequ'iln'y apas de choix à faire. en tant que telle, et le système, sous peine de s'évanouir par
La téléologie existe bien, cependant, en synchronie au sens où récurrence (cf.loi de non-récurrence) doit alors se poursuivre
dans la deuxième syndèse où le rapport s'inverse. Cette
deuxième syndèse transcende la problématique initiale de la précoce de celle-ci entraînant une diminution de la morpho-
premièretensionen rendant lerapporthomogène. logie, etinversement. Une languecomme lechinois mandarin
Ce mécanisme bien connu dans le système de l'article, du où la saisie lexicale se confond pratiquement avec la saisie
nombre, de l'ontogénèse du vocable, consiste à transporter la radicale est une langue sans morphologie mais pourvued*une
problématique initiale hétérogène du plan intérieur de la syntaxe développée à proportion. On peut dire qu'en psy-
matièreau plan extérieur de la forme, auquel cas la seconde chomécanique les faits de discours étant conditionnés par les
syndèse apparaît comme la formalisation même du rapport. potentialités de la langue, lasyntaxe seradéterminéeparl'état
On passe, si l'on veut, d'un plan relatif hétérogène à un plan typologique du vocable de puissance, autrement dit que les
absolu homogène. C'est la valeur même de l'article le en langues ont la syntaxe de leur morphologie. C'est une affir-
français qui eansforme en absolu aussi bien le singulier que mation qu'il faututiliser avecprudence, cependant, àcause de
l'universel. cette profonde continuité des phénomènes. Dire cela revien-
Dans le dernier article de 1958 (Observation et explication drait à poser le discours comme totalement déterminé par
dans lasciencedu langage (t sL :272-206))ce m écanisme syn- l'étatdelangue. Il fautse souvenir constammentquelalangue
désique, qui estau coeur de toute opération depenséeinsntuée est l'objet d'une construction à laquelle les problèmes
(linguistique), est appliqué à la recherche scientifique même. d'expression, et par suite les problèmes syntaxiques, ne sont
G. Guillaume y démontre comment la science, si elle veut pas étrangers. Par exemple, l'obligation, pour les éléments de
atteindre une compréhension maximale (plérotrope) de son laphrase, desesuivre danslachaîneparlée nepeutpasnepas
objet, doit théoriser afin de mieux voir. Il reproche en parti- avoir de conséquences en langue. On pourrait tout aussi bien
culier à la linguistique traditionnelle d'être restée au niveau inverser les termes et dire que les langues ont la morphologie
d'un voir de constatation (la syndèse autoptique première : de leur syntaxe. G. Guillaume soulignait cependant cons-
celle de l'observation directe, où les choses se voient tamment qu'une fois la langue établie le discours utilise
d'elles-mêmes) et de ne pas s'être engagée comme ù tente de directement ses potentialités, et qu'en système institué, la
lefaireavec la psychomécanique, à larecherche d *un voir de langue (et partant la morphologie) est première. L'intérêt
cornpréhension (la syndèse cryptologique seconde : celle de portéen psychomécanique àlalangue,au vocablequiestson
l'observation indirecte et théorique des choses cachées). unité, à la typologie génétique, à la morphologie du mot, aux
G. Guillaume utilise ailleurs (La langue est-elle ou n'est-elle systèmesplusqu'aux énoncés, afaitque la syntaxe nereçoit
pas unsystème ?,1952 [ISL: 220-240))lesterm esde systéma- pas un véritable traitement comparable à celui quepropose la
tique immanenteet de systématique transcendante au lieu de linguistique structurale en général.
syndèse autoptique et syndèse cryptologiqùe. G. Guillaume établit d'autre part une distinction entre une
LSL : 272-286 syntaxe verticale qui se développerait sur l'axe génétique de
productiondes phrases et une syntaxe horizontale qui en
expose dans la phrase le produit, sur un axe résultatif de
fixation, soit l'axe du développement linéaire de la chaîne
SYNT AX E (sy n tax) parlée. Il soutient que l'ordre dans lequel on trouve la phrase
[Gr.sun :avec+ taxis :ordre,arrangement] finie est l'inverse de l'ordre dans lequel elle a été génétique-
Par opposition à la morphologie, déterminée en langue, la ment produite : Il y a beaucoup à tirer d'une étude bien
syntaxe ressortit à tout ce qui appartient aux opérations de conduitede Ia syntaxe par rapportà cesdeux axes :
discours : — celui RÉSULTATIF de fixation, qui est celui du déve-
En termes toutà fait généraux on pourraiténoncer que la loppement horizontal de Ia chaîne parlée.
morphologie a pour objet la construction des unités de — celui GÉIVÉTIQUE de production porteur d'opéra-
puissance et la syntaxe la construction des unités d'effet. Le tionsdepensée déjà closesquand lachaîne parlée lesinscrit
domaine de la morphologie, c'est le plan de la puissance, le résultativementen elle etqui,parce qu'ellesseprésentent
domaine de la syntaxe, le plan d'effet. (Ils : 25) déjà closesdans le discours énoncé, ne peuvent pas y être
Les phénomènes morphologiques et les phénomènes synta- observéesutilement.
xiques sont en connnuité. L'importance proportionnelle de la L'observation qui se limite au discours énoncé est une
syntaxe et de la morphologie dans un idiome donné varie en observaáonquisurvienttrop tardpour surprendre dansson
fonction de la position de la saisie lexicale, une intervention jeu réel le mécanisme producteur de l'arrangement des
180- sv14TEsE
sv14TIIETlguE- 181

mots. Pour atteindre à ce mécanisme ilfaut faire appel, d'objet, la voix synthétique les fonctions logiques d'agent et
commepartoutengrammairesupérieure,à uneobservation de patient.
plus pénétrante que Pobservation directe desfaits de dis- G.Guillaume appelle synthétiques ces deux phénomènes
cours,c'est-àMire à une observation analytique attacM à grammaticaux liés au passage du latin au français, mais entiè-
découvrir ce qui a eu lieu entre lefait de langue et lefaüde rement distincts :
discours,etpar conséquent avantfixation résultative de ce - la disparition de la flexion casuelle au profit du cas de
dernier. iua : 2ts) langue unique du français : le cas synthétique, qui condense
Enfin notons une autre distinction entre deux syntaxes com- psychiquement les fonctions de sujet et d'objet (+ attribut).
plémentaires : la syntaxed'expression, relative aux possibi- -L'existence en &ançais d'une voix moyenne opposée aux
lités de la langue considérée et la syntaxed'expressivité qui voix analytiques active et passive. En effet, en dépit de la
peut en bouleverser plus ou moins l'arrangement. tendance analytique qui a progressivement ruiné l'ancienne
LL1 : %,116,117,137,250
voix synthétique indo-européenne, le &ançais a gardé des
traces du déponentlatin, en l'occurrence, les verbes qui chan-
LL2 : 24,30,116,120
gentdevoix en changeant d'aspect dutypej e sorsj le suissorti
LL3 : 24&,216-218
avecêtre au lieu d'avoir.Le &ançais a de plus élaboré une
LIA : 52,99,101-103 nouvelle voix synthétique sous la forme de la voix réfléchie
PLT : 149,152 avecparexemplej e m'ennuielje mesuisennuyé,iciaussiavec
être. La personne, dans ce type de construction, cumule les
rôles d'agent et de patient.
SYNTHÈSE (s y nthesis) Le processus deréduction des formes vectrices est, on le sait,
extrêmement ancien. G. Guillaume a réutilisé l'opposition
Les notions d'analyse et de synthèse ont un sens tout à fait héritée de Schlegel entre langues synthétiques et langues
traditionnel en psychomécanique à ceci près qu'elles sontdes analytiques, et il adopte la thèse généralement reçue qui voit
discriminants tenus pour essentiels dans la constitution des dans la tendance analytique un phénomène historique majeur
systèmes, à tel point que G. Guillaume les utilise pour caiac- des languesindo-européennes. Cependant les phénomènes
tériser le rapport de la langue au discours. mentionnés ci-dessus révèlent, semble-t-il, un mouvement
On nepeut qu'être frappé,en effet,parle constant recours de inverse, ce qui le conduit à adopter uneposition nuancée. Il se
notrepensée àdescouples adversatifs etcomplémentaires tels garde d'interpréter abusivement l'ultime résultat de la dé-
que celui-ci. La raison en est que le langage lui-même (à vrai flexité analytique qu'est le cas synthétique. En revanche, le
dire, il est difficile de déterminer qui, de la pensée ou du lan- développement de la voix réfléchie (encore en cours actuel-
gage, impose sa forme à l'autre) utilise des rapports de ce type lement) lui paraît un indice probant du maintien, voire du
pour sa construction. Parmi eux (universel/singulier, virtuel/ rétablissement de la tendance synthétique. Deux explications
actuel, puissance/effet, condition/conséquence...) le couple sont en effet plausibles : ou bien il s'agit d'une restauration
analyse/synthèse est à la fois le plus mécanique et le plus tardive (analogue à celle du duel en ancien français), ou bien
mystérieux. Aussi sert-il &équemment à G. Guillaume pour il faut y voir le symptôme d'uti mécanisme plus profond qui
expliciter, ou bien pour étudier, les rapports systématiques et voudrait qu'une limite une fois atteinte, tout mouvement
les hypothèses les plus intégrantes produites à partir des doives'inverser en ladépassant.Le faitque dans lesdeux cas
années 1945-50 en font un usage permanent. les fonctions indiscriminées soient précisémentdes fonctions
extrêmes tendrait à confirmer cette seconde hypothèse.
cf.analyse/
synthèse
Pour le cas synthétique :
LL2: 130
SYNT H E T I Q U E (sy n thetic) LL3 : 101,104,109,113,117,225329-230

Est synthétique un élément de langue qui indiscrimine des LIA : 34,35,37-38,45,48-55


fonctions analytiquement antagonistes : le cas synthétique du LLá: 19
français réunit en lui les fonctions grammaticales de sujet et LL7 : 32-33
182- SYSTÉMATIQUE SYSTEME- 183

Pour la voix synthétique : moyens analytiques congruents (cf.méthode) : issus des rap-
LL2 : 183,184 ports institués en langue entre les apports historiques, les
LL4 : 167,171 systèmes sont des signifiés sans signifiants, ne paraissant
LL7 : 122,125,172,175- 176,179
jamais dans le discours, puisque ce n'est pas leur fonction,
comme enners.
LSL : 127,130,133,139-142
La notion de système présente chez F. de Saussure est non
Autre : seulement retenue par G. Guillaume mais, ce qui est original,
AT :35
développée et amplifiée jusqu'à ses conséquences extrêmes :
la pièce maîtresse que G. Guülaume estime apporter est le
phénomène d'intégration relative des systèmes dans lalangue
et, par voie de conséquence, la continuité qui y réside. Le
SYSTÉMATIQUE (systematics) problème que pose F. de Saussure et qu'il ne résout pas est la
discontinuité entre l'histoire et l'état (diachronie et synchro-
G. Guillaume propose le terme desystématique ou systémo- nie), entre le permanent et l'occasionnel (Iangue et parole).
iogie pour désigner la branche de la linguistique dont l'objec- Dans le grand débat sur l'institution de la langue face à
tif est la connaissance des systèmes. l'improvisé du discours, G. Guillaume apporte la solution de
A beaucoup d'égards, le terme peut être utilisé pour désigner l'interaction des deux plans distingués.
toutebranche delalinguistique guillaumiennepuisque l'objet Lagrande originalité delapsychosystématiqueest de prendre
constant de la science du langage est le système, son établis- pour objetdes êtres réeis de langue, les systèmes, que leur
sement et son exploitation (seule la psychosémiologie, dont naturepropre souslraità Pobservation directe,car,avant de
laloiestdesimple suffisanceexpressive, nepeutêtrequalifiée ies pouvoir observer, il fauten avoir opéréintellectivement
de systématiqueà proprement parler):grammaire systéma- une reconstruction. Opération à laquelle on peut se refuser
tique, psychosystématique, morphologie systématique. La ou qu'onpeutaccepter.Si on Ea refuse,Ea psycho systéma-
psychosystématique représente un aspect particulier de la tique n'existe pas et les problèmes qu'elle traite el résout
systématique générale. sontdes chimères. Du même coup, etc'est grave, la linguis-
De même que G. Guillaume tend àpréférer le terme deméca- liqueignore lessystèmes, car un système n'estobservable
nique(mécanique intuitionnelle) au terme depsychomécani- qu'aprèsreconstrucáon intellective.L'enseignement deF.
que,il déclare volontiers que sa théorie est unesystématique. de Saussure devientdonc, si louable soit-il, inutile. Il
importe peu en effet que la langue soit un systè me - cequ'on
LL2: 11,15 veutbien admeltre généralement -si on ne démonte pas ce
systèmeafinde lefaire bien voir.Si,au contraire,on accepte
l'opérationintellective à l'issue de laquelle les systèmes
reconstruils par Pesprit s'obj ectivent,sion a la tém érité de
SYSTÈME (s y stem)
latenter,etla chance de la réussir -toutestlà - la psycho-
Les systèmes constituent l'une des quatre unités dont se systématique existe, et devient le couronnement de la
recompose la langue. Ilsm arquent l'achèvement du mouve- sciencedulangage,lapartiede cetlescience où l'on voitlout
mentde généralisation qui, àson terme, rejoint l'universel. Ils à Eafois, et en quelque sorte synopliquement, Phisloire du
ontpour fonction d'intégrer les morphèmes. La langue est un iangage et la nature du langage.<u2 : 15)
système de systèmes, un système intégrant, dont la forme se
reproduit dans les systèmes intégrés. AT : 10-16
Les systèmes sont, au même titre que les sémantèmes, les LL1 : 79,87,88,104,150,159,221,257-260
asémantèmes(noms propres), et les rnorphèmes, des entités LL2 : 9-15,34,208
réelles, d'une importance capitale puisque ce sont eux qui
LL3 : 39-42,44,90-93,97
déterminent - par la position qu'ils leur attribuent - la valeur
LL4 : 16,21,131-133
essentielle des formes, mais n'ayantpas d'existence concrète,
ils ne sont pas observables directement. Êtres de langue pure- LSL : 144,158-166/20-240,284,285
ment abstraits, ils nécessitent pour leur observation des PLT : 2526,80.92,93,101,104,124,125,14û143,175-184,230
184- SYSTÉMQLoGIE vmes oI ÉIIATII:-185

SYSTÉMOLOGIE (sy stemology) A côté de cette interprétafion quantitative du temps opératif


qui a donné lieu à nombre de malentendus, G. Guillaume
Ce terme est équivalent àsystématique. ü désigne la branche fournit une autre interprétation, qualitative celle-là, où le
de la linguistique dont l'objet est le système, son établis- systèmen'estplusperçucommeunparcours mais comme une
sement et son évolufion. mise en relation abstraite, certes en termes chronologiques
d'avant et d'après, mais non en termes de quantité de mou-
cf.systématique
vement. Dans cette seconde configuration, les trois étapes
reconnues sont deux étapes analytiques initiale et finale plus
une étape synthétique dont les composants sont les compo-
TEMP S (ti m e/tense) sants analytiques, mais cette fois réunis et indiscriminés
Lacatégorie extrêmement générale du temps est un problème (système de la voix, système des temps de l'indicatif). Par
majeur en linguistique. Pour G. Guillaume, c'est une des exemple, l'imparfait peut être quantitativement vu comme
dimensions fondatrices du système, l'autre étant l'espace. Se additionnant en proportion variable l'accompli et l'inac-
reporter pour des traitements diversifiés qu'en fait l'auteur à : compli qu'il renferme, de manière linéaire, ou bien, ce qui est
- aspect plus vraisemblable, associant étroitement et dans un même
- chronogénèse lieu synthétique l'accompli et l'inaccompli. Dans le dernier
— chronologie articledeLangage et Science dulangage (LSL :272-286), article
- époque à portée pourtant très générale, on ne trouve aucune allusion
- espace/temps directe au temps opératif quantitatif, ce qui amène à s'inter-
- temps opératif rogersurlaportée exacte dececoncept dans l'espritm ême de
G. Guillaume.
ü nous semble qu'une réflexion très approfondie s'impose à
TEMPS OPÉRATIF ce sujet, en particulier à la lecture de paragraphes très peu
(operati ve ti me)
convaincants comme ceux dettLS :226) où l'auteur décrit le
La notion de temps opératif apparaîtdans Temps et verbe temps opératif comme porteur de l'étalement de résultats
(1929) pour permettre l'analyse du mécanisme de la chrono- opératifs alors qu'il est tenu ailleurs comme le vecteur dyna-
génèse. L'idée en germe dans cette étude et qui restera l'idée mique dela genèse.Lasolution retenue estquecetétalement
centrale pour G. Guillaume était que la pensée, afin d'insti- (d'une certaine complexité) comprend en lui-même des
tuer dans la langue ses propres démarches, et éviter ainsi procès qui y auront ieur étalementetque cette complexité est
d'avoir à improviser perpétuellement ses moyens d'expres- telle qu'on ne peut que le présenter enmoments successifs de
sion, devait marquer et signifier les étapes de saprogression. lui-mê me et en moments de ces moments. Il semble pourtant
Le temps opératif ensystèmereprésente le parcours institué que si le temps opératif estuneprojection,sur dim ensions
effectué par la pensée et selon ce marquage, subit des inter- planes homogènes,d'un procès préalabtement engagê et
ceptions signifiantes qui en sont les articulations. conduit sur dimensions hétérogènes profondes, un systèm e
D ans la chronogénèse française, G. Guillaume perçoitpar tel que la chronogénèse a un- soubassement qualitatif hété-
principe les trois étapes des modes quasi-nominal, subjonctif rogène.Or de ce soubassement, G. Gui llaume ne ditrien
et indicatif, et la progression systématique s'institue ainsi du quand il aborde le sujet : il ne traite que de la phase quanti-
moins construit au plus construit, selon les étapes fondamen- tative, si phase quantitative il y a. Il n'est pas possible ici de
tales initiale, médiale et finale. traiter cene question avec toute l'anention qu'elle exigerait.
La pensée développe donc son activité surce temps opératif ü nous semble néanmoins inévitable de poser le temps opé-
réel, si bref soit-il, que G. Guillaume présente comme un ratif,non pas comme un concept-clémais comme un pro-
parcours:lachronogénèse correspond àune spatialisation du blème-clé de la psychomécanique guillaumienne.
temps.
G. Guillaume utilise par la suite cette notion de parcours et AT i17
d'étapesqu'ilnomme coupesinterceptivesdans l'examen de
nombreux systèmes : l'article, le nombre, la substantivation, LL5 : 136
l'ontogénèse du mot, l'adjectivation... Tv :s
186 - TENSEUR BINAIRE RADICAL TEEivtATlgilE/ATIIEidATlguE-187

T ENSEUR BI NAIRE R A D I C A L T HÉM A T IQUE/AT H É M A T IQ U E


(radical binary tensor) (thematiclnon thematic)

Les systèmes que la pensée institue au plus profond d'elle- Estditethématique une forme verbale caractérisée, comme le
même sont tous réputés par G. Guillaume de même forme subjonctif imparfait, par une voyelle étymologique ou quel-
essentielle, qui tientde la forme de lalangue, laquelle consiste que autre trait spécifique hérité. Est athématique une forme
reconstruite et dépourvue de cette caractéristique.
en une mise en relation abstraite de deux termes adversatifs.
La notion de forme thématique ou athématique est liée à la
Le caractère dynamique des systèmes, qui correspond à un
théorie guillaumienne du subjonctif français. Dans la chro-
parcours dans les deux sens de cette relation binaire, provient nogénèse, ce mode a deux temps qui s'établissent en fonction
de ceque les systèm es sontchargés de représenter la pensée de la personne. G. Guillaume rejette les dénominations tra-
en mouvement. Les articulations correspondent aux moments ditionnelles de subjonctif présent et imparfait — inexactes
signiïïcatifs que la pensée retient et sont les seules à pouvoir puisque ce mode ignore en fait la distinction d'époques - et
être sémiologisées et portées au discours. leur substitue les appellations de subjonctif athématique(dit
Le termede tenseur réîere au caractère opératifde cesmou- présent, de cinétisme ascendant) et de subjonctif thématique
vements passant successivement de la tension à ladétension. (dit passé, de cinétisme descendant). Selon lui, le thème-
Le mécanisme d'institution des tensions du système impose voyelle du subjonctif dit passé signalerait la contradiction
de les ordonner sans qu'il soit possible de rev nir sur les entrelavirtualitépropre au modeet lemouvementorientévers
acquis d'institution. Ce phénomène de non-récurrence est le passé, donc réalisant, du temps. Une opposition semblable
quoique moindre entre statisme et cinétisme se retrouve au
tenu pour une loi universelle du langage humain :
prétérit défini (passé simple), dans l'indicatif, donc. Les
Le fondement universel de ces psychomécanismes réside
formes du prétérit sont en effet partiellement thématiques (à
dans la capacité qu'a Pesprit humain de particulariser à
noter la grande proximité sémiologique entre le subjonctif
partir du général et de généraliser à partir du parttculkr. thématique et le prétérit défini : que jelusselje lus, et le thème
Autrement dit, dcse mouvoir dans lc sensqui va de Puni- voyelle-a- de que je mangeasse caractéristique de tu
versel au singulier et inversement, par réplique additive, mangeaslil mangea et nous mangeîîmeslvous mangeâtes,.) :
dans celui du singulierà PuniverseL tLssondu 2sltll47,strts c) c'est cette fois le caractère incident du temps qui contredit la
Le système de l'article &ançais est un tenseur binaireradical : position dans le passé.
l'article premier un est singularisant en tension initiale et Psychosémiologiquement, les formes thématiques sont
l'article le est universalisant en tension finale. l'indice d'un fait psychosystématique et sont, sur ce point
Lesvaleurs discursives deces articles varientselon laposition précis, congruentes. Elles ne sont pas, toutefois, dénuées
d'ambiguïté : outre la contradiction qu'elles révèlent, leur
delacoupeinterceptivequi aétépratiquéedans le mouvement
motivation psychosémiologique est en fait inférieure à celle
qu'ils signifient. Ceci explique que ces deux articles peuvent
des formes athématiques. Certes, elles manifestent une forte
aussibien généraliserqueparticulariser,quoiqu'avecdessens
homogénéisation externe, mais, comme elles sont largement
différents, selon le lieu de l'interception, précoce ou tardif. Le dépendantes de l'évolution phonétique, elles ne normalisent
nombre génère de même sur un tenseur binaire identique le précisément que le seul signifiant. A l'inverse, une forme
singulier à partir du pluriel, ce qui permet de comprendre reconstruite et entièrement athématique comme le futur
l'existence de pluriels intemes (dont le duel est un exemple) simple témoigne quant à elle d'une parfaite correspondance
qui sont des pluriels de tension initiale. Le pluriel homogène entre lepsychosystème et la sémiologie. Il peut arriver que les
de multiplication des unités est un pluriel de tension finale. deux constructions altement (ainsi au prétérit défini des
verbesen -er) mais il ne fait nuldoutepour G. Guillaume qu'il
cf.temps opératlf y ait là deux procédés en principe distincts, et que la solution
strictement psychosémiologique ne soit en droit préférable
LSL: 33 aux constructions partiellement phonétiques.
PLT : 201 G. Guillaume emprunte sa terminologie à la grammaire clas-
77tángt1a- 189

sique, sauf athématique qui semble être un néologisme, mais aversif déterminent dans le passé les imparfaits cursifs et
lui fait subir un glissement sémantique considérable puisque précursifs et dans le futur les futurshypothétiques forts et
le thème désigne traditionnellement le mot dépouillé de sa faibles. Le thème inversif auquel le présent résiste détermine
flexion. Qu'il en vienne ici à désigner un type de désinence un prétérit défini et un futur catégorique.
n'est peut-être pas dû au hasard. Les constructions thémati-
Cetteanalyse a été abandonnée par la suite au profitd'une
ques se révèlent en effet moins formelles, et donc, dans la répartition des temps de l'indicatif fondée sur l'opposition de
perspective guillaumienne, moins cohérentes que les formes l'incidenceetde la décadence. Les index de Ltá etLL1 ne
athématiques. Il est par conséquent souhaitable d'intégrer la comportentplus ces notions.et neretiennentpratiquementque
problématique développée ici dans uncadreplus général : elle l'acception sémiologique du mot (thème-voyelle et voyelle
est directement liée au fait que G. Guillaume dénie au signe thématique, subjonctif thématique et athématique).
toute valeurproprementsystématique, et aussi sans doute àsa
conception de la diachronie. LSL : 59-72

LL1 : 154-157,162-169,244-247,249-250
LIA: 134-137,142
LLS : 48,175
THÉTIQUE (futur)
(thetical future)
LL7 : 42,55-57
LSL : 193-194,243-250,264-265 Le futur thétique ou catégorique est en trançais le futur inci-
TV : 72-74 dent, par opposition au futur hypothétique, décadent (le
conditionnel présent de la grammaire traditionnelle).

cf.futur (catégorique)
THEME (theme)

Lemotthème estutilisé assezrégulièrementpar G. Guillaume


dans un sens ordinaire d'une variation sur un mode commun. TRANSCENDANCE
Il utilise aussi le terme pour désigner en sémiologie le groupe (lranscendence)
radical + augment prédésinentiel (cf.thématique / athémati-
que). Un système est composé de deux tensions adversatives. La
On retiendra particulièrement ce terme utilisé dans l'analyse première, immanente, esthétérogène etla seconde, transcen-
du présent français en 1937gsL : 59) : il existe selon lui trois dante, est homogène. Le terme est également utilisé par
thèmesde présentselon la manière dontlapensée appréhende G.Guillaume pour qualifier toute forme de dépassement
le temps dans ses deux cinétismes, l'ascendant et le descen- (comme l'aspect transcendant avecavoi r et leparticipe passé,
dant. face à l'aspect immanent du verbe simple).
Les thèmes de présent sont les suivants : si lapensée descend
le temps, le thème estversif et si elle le remonte le thème est cf.immanence/transcendance
inversif. Si cette remontée est partielle et contradictoire, le
thème estaversif .
Au thème versif correspond leprésentdit cursif qui évoque un TRANSITIF/ I NTRANSITIF
procès en cours(Pierre lit = est en train de lire). Au thème (transi tive/intransitive)
aversif correspond le présent précursif proche du futur (Bon,
maintenant, Pierre lit !, par exemple, au sens : il va lire, je Le verbe transitif est un verbe dont l'incidence estréversible,
veux qu'il lise, on le lui ordonne, ou bien il s'y prépare). Il n'y c'est-à-dire un verbe dont l'incidenceà suj et actif se double
aurait pas de présent au thème inversif. Ces thèmes se retrou- d'uneincidence à objetpassif. Le verbe intransitif s'obtient
vent dans les autres époques passée et future en déterminant par une annulation de l'incidence passive à objet et se carac-
des temps et des valeurs temporelles : les thèmes versif et térise par une incidence unique.
190- TRANSLATION/TRANSLATIF
nVOLOOIR - 191

MÉCANISME DE LA TRANSITIVITÉ : en grammaire traditionnelle, un cas exprimant lepassage d'un


lieu à un autre ou indiquant, par opposition à l'essif, la qualité
résultant d'un processus. De même, la translation étant en
incidence active psychomécanique envisagée par rapport à la phrase, seuls les
sujet objet pronoms conjonctifs et les conjonctions pourront se voir
incidence passive attribuer une foncfion translative - alors qu'un linguiste
comme L. Tesnière, pour qui tout mot permettant le transfert
B d'une classe dans une autre est un translatif, dira par exemple
que l'article le dans le bleu du ciel a une fonction iranslative.
MÉCANISME DE L'INTRANSITIVITÉ :
LL3 : 149,150,152

incidence active
sujet objet TTPOLOGIE (ly pology)
(rien)
Dupoint de vue du mécanisme, onpeut conclure à uneidentité Devant l'énorme diversité des langues humaines attestées,
entre le verbe transitif etle verbe moyen avec cette différence l'attitude courante en linguistique est de tenter une classifi-
essentielle que dans la voix moyenne le sujet logique est à la cation sur les critères les plus objectifs possibles. La gram-
fois porteur de lasituation d'agent et de celle depatient, tandis mairecomparée s'efforce de reconstruire desfiliationsgéné-
que dans la voix transitive le sujet logique est uniquement tiques comme le structuralisme retient des traits structuraux
porteur de la situation d'agent, celle de patient étant réservée communs : l'ordredes motsenparticulier apuservirdecritère
à l'objet logique. gangues svo, sov...), mais aussi le système phonologique.
Ainsi la transitivité - qui suppose un accord du cas logique et Plus traditionnellement, les langues sont volontiers classées
du cas dynamique aussi bien du côté du sujet que du côté de selon leur type morphologique (langues isolantes, flexion-
l'objet - relève nécessairement de la voix active. Quant à nelles, agglutinantes etpolysynthétiques). Le très grand nom-
l'intransitivité, elle se partage entre les deux voix acuve et bre de critères possibles (phonétiques, phonologiques, pro-
passive : si le sujet est à la fois sujetlogique et sujetactif, le sodiques, morphologiques, syntaxiques et lexicaux) ajoutés
verbe sera intransitif actif (Pierre marche), mais si le sujet auxrépartitions de type géographique ou sociologique enlève
logique apparaît porteur de la situation de patient, le verbe toute chance à la typologie d'être une science cohérenteetelle
intransitif devient obligatoirement passif (Paul esr bairu). apparaît bien souvent comme secondaire„même si la gram-
mairegénérative en quête d'universaux pour desraisons spé-
LL2 : 171-177,178,180,184-186,190,191,194-198,203 cifiques a provoqué un regain d'intérêt certain. Malgré cela,
la typologie d'aujourd'hui ne dépasse guère le niveau d'étu-
des comparatives localisées.
T RA N S L A T I O N / T R A N S L A T I F G. Guillaume attache aucontraire àla typologie un intérêt tout
(translalionltranslative) particulier pour plusieurs raisons :
- d'abord la classification des langues devrait être par prin-
Ces termes s'emploientparréférence aux mots grammaticaux cipe une des toutes premières tâches de la linguistique. Il
servant à opérer la translation du plan de la phrase au plan du paraît difficile en effet de parler d'universaux à partir de
mot. l'étude d'une seule langue ou de quelques langues d'ailleurs
La nominalisation de la phrase peut être soit interne soit génétiquement apparentées ou dans certains cas tellement
externe. On disùngue deux catégories de translatifs : ceux différentes qu'on peut conclure à l'universalité dès qu'on
opérateurs de nominalisation inteme (les pronoms conjonc- observe la moindre convergence.
tifs communément appelés relatifs) et ceux opérateurs de - ensuite, ce qui est lié, c'est de la comparaison entre sys-
nominalisation externe (la conjonction). tèmes différents qu'on peut le mieux tirer des renseignements
Le terme de translatif doit donc s'entendre dans un sens très sur les suuctures particulières.
restreint. En aucun cas il ne s'emploie pour désigner, comme — enfin et surtout, puisque la psychomécanique est une
nvoï.oaïp - 193

systématique, elle s'intéresse forcément à la genèse des sys-


G. Guillaume, des voies où elles ontpu avec bonheur clarifier
tèmes institués que sont les langues et cherche en amont de certainesproblématiques dereprésentation. Il assure ainsi que
cette genèse les conditions universelles propres au langage l'invention de l'article extrêmement formel, extrêmement
dans son ensemble. abstraitdans les langues indo-européennes estde cesréussites
G. Guillaume s'est de plus en plus intéressé aux questions très éclairantes sur le fonctionnement des langues en général.
typologiques jusqu'à en faire un domained'étude absolument Et il souligne à de nombreux endroits que des langues
central. Sa formation de comparatiste l'avait déjà incité très archaïsantes,au sensoù elles montrent une systématiqueplus
tôtà mener desétudes surplusieurslangues à la fois com me ancienne, ont pu atteindre un degré d'évolution très poussé,
en témoigneTemps et verbe, en 1929, où étaient examinés les
comme le chinois mandarin ou le basque tout en demeurant
systèmes verbaux des langues classiques et de langues indo-
globalement dans le cadre ancien (en l'occurrence l'aire
européennes représentatives relativement au système fran-
primedulangage). Demêmedes langues trèsévoluéescomme
çais. Rappelons que son projet initial était de créer une gram- le latin peuvent très bien présenter des traits archaïsants
maire comparée nouvelle, appliquée àla partie formelle des
comme lasourde persistance de l'holophrase dans le verbe.
1angues. Fondant la linguistique sur l'étude du vocable, sa On distingue trois aires d'appartenance des langues selon le
classification conserve une part de la classification morpho-
niveau de définition du vocable dans le rapport opératif de la
logique traditionnelle mais y ajoute une dimension génétique
langue au discours. Les langues qui laissent leur vocable
profonde et un affinement épistémologique considérable. s'achever dans le plan du discours (ou de l'expression), à
Dépassant la question de la filiation directe enlre langues
proximité de la phrase, appartiennent à l'aire prime. Cette
propre à la grammaire historique, il pose la question de la aire,probablement la mieux représentée en nombre dans le
filiation des systèmes et de leur construction. D'autre part il
monde, est celle des langues holophrastiques, agglutinantes
inverse la problématique courante en recherchant non pas le
et isolantes. Celles qui laissent les vocables s'achever dans le
prototype fondateur ancien mais le réseau des conditions et la plan prévisionnel de la langue, leslanguesà mots ou langues
naturedes problèmes posés par l' opération générale de lan-
à radicaux ou encore languesflexionnelles sont celles de
gage elle même. Aussi sa typologie est-elle hautement théo- l'aire tierce, Entre les deux aires prime et tierce il existe une
rique et projective plus que classifiante ou rétrospective. On aire pratiquement ignorée de la tradition occidentale en tant
se rappelleraque le propre de sa théorie estde refuser les
que type spécifique, une aire intermédiaire ou centrale (ou
discontinuités et on comprendra alors quela recherche du lien synthétique, en définitive). C'est l'aire de définition des lan-
systématique entre diachronie et synchronie soit au centre du
guesà racinesde type sémitique où le vocable possède àlafois
débat qu'il lance.
la définition en langue (la racine consonantique) et la défini-
Voyant l'histoire linguistique comme une histoire des sys-
tion en discours (par l'insertion de voyelles morphologiques
temes, G. Guillaume ne cautionne pas pour autant une typo-
de traitement). Toutes ces langues, malgré leur diversité, sont
logie qui serait universaliste et logique. Les langues évoluent
à même de répondre avec la même effi cacité aux questions
et changent éventuellement de type de façon mécanique, par
fondamentalesdereprésentation etd'expression etaucune ne
nécessité de maintenir leur cohérence interne, en fonction des
saurait être réputée supérieure ou inférieure aux autres.
accidents de parcours qui leur sontimposéscontinuellement. Une question qui reste ouverte et invite à la méditation est
Les languessont ditesévoluées non pas en raison d'unplus ou cellede savoirsi lachronologie systématiquerepérée entie les
moins haut degré de perfection qu'elles auraient atteint dans
aires est une chronologie effectivement temporelle ou une
l'absolu mais parce que leur histoire a été longue et mouve-
chronologie idéelle, une chronologie de raison. La période
mentée. Lamultiplication des accidents (société bilingue, par
historique documentée est infiniment brève par rapport à
exemple, résultant d'invasions ou de déplacements impor- l'ensemble de l'histoire du langage et il serait difficile de
tants de population, ou élargissement des groupes favorisant
positionner aucun type comme effectivement originel.
la dialectalisation, ou encore brutal isolement de sous-
G . Guillaume abordele problème avec beaucoup de cir-
groupes...) a causé de multiples remises en cause de la sys- conspection même s'il lui aparu tentantde considérercomme
tématique à tous les niveaux, aussi bien phonétiques que
globalement archaïsantes les langues de l'aire prime. A ce
grammaucalesetlexicales.Le besoind'assurerla cohésion
jour aucunepreuve de lafiliation historiqueordonnéede l'aire
internede leur parties a pu pousser ces langues à s'engager
prime à l'aire fierce n'a été fournie. Le seul élément dont on
dans des voies évolutives nouvelles et, selon l'avis de dispose est la vraisemblable forme à racine de l'indo-euro-
194- UNIVERS UNIVERSALISATION - 195

péen commun, ce qui est très pauvre et qui, en tout état de U NIVERSALISAT I O N
cause ne cautionnerait que le passage possible de l * aire
seconde à l'aire tierce. En revanche, la typologie guillau- (universalization)
mienne (qui, il ne faut pas l'oublier, se fonde en droit dans la On parle d'universalisation étant donné que les systèmes sont
psychomécanique comme un pilier absolument central) per- des représentations dynamiques. Chaqueproduitlinguistique
met de situer certains phénomènes de manière stimulante (la effectif subsume en fait un ensemble d'opérations génétiques
naturepronominale des désinences verbales en relation avec conditionnantes (permissives). L'universel n'existe en fait
lesystème holophrastique(tu :99) oulastructure delaphrase dans lapensée que par le mouvement systématique qui
basque(Lu ; ssse) sont des exemples parmi d'autres. On peut l'oppose au singulier. Même chose pour le singulier. Uni-
aussi mentionner bien entendu l'éclairage historique régu- versalisation et singularisation sont donc des tensions cor-
lièrement invoqué pour les faits synchroniques français); rélatives et, puisqu'elles définissent l'universel et le singulier
linguistique, constituent ensemble un système.G. Guillaume
LL2 : 24,26,29,33,69,71.72,96-99,108,109,164 souligne constamment que c'est cette systématique qui déter-
LSL : 94,108-119 mine le soubassement architectural de la langue.

cf.universeVsmgulier

UNIVERS (temps d'-) (u n iverse time)


UNIVERSEL/SINGULIER
Le tempsd'universou tem ps expliqué parle verbe désigne le (universallsingular)
lieu dans lequel prennent place tous les événements de l'uni- L'universel et le singulier sont les limites entre lesquelles se
vers :c'est le temps porteur des événements. G. Guùlaume développe toute l'action linguistique de la pensée humaine :
établit une distinction fondamentale entre le temps d'univers La pensée,en tout cequ'elleentreprend, inscritetdéveloppe
et le temps d'événement (outemps impliqué) qui est le temps son action entre deux limües, qui sont ses bornes : le sin-
nécessaire à l'actualisationde tout événement, autrement dit gulier et Puniversel. (LSL :99)
le temps relatif à la durée intérieure d'un événement. Le rap-
Le mouvement allant de l'universel au singulier, autrement
portentrelesdeux façons deconcevoir letemps estunrapport
dit du large à l'étroit, est particularisant tandis que l'autre
de contenant à contenu :
allant du singulier à l'universel est généralisant. Ces deux
mouvements sontenrelation syndésique,c'est-à-dire orientés
(C/F : commencement/fin de l'événement) en sensinverse sans possibilité de récurrence. Ils forment la
basedu schème fondamental dessystèmes :le tenseurbinaire
radical. Ce rapport universel/singulier dont on trouve le plus
temps d'événement clair exemple dans le système de l'article indo-européen est
C (contenu) F en fait le dérivé qualitatif, la réplique aphysique du rapport
univers/homme.(pLT :76)

AT :9
temps d'univers LSL : 45,99,107,143,197,198
(contenant) PLT : 76,96-99,268

Cette distinction entretemps d'univers et temps d'événement


est à la base de la distinction entre temps (grammatical) et VERBE (ve r b )
aspect. Dans leslangues à partiesdu discours etles langues proches,
le verbe est la partie du discours prédicative dont l'entende-
cf.aspect ment universalisant s'achève à l'univers-temps par opposi-
196- vE811E
vEttsip- 197

tion au nom dontl'entendement s'achève àl'espace. Il estpar


excellence le moyen linguistique de représentation du temps. VERSIF (th è m e) (v e rsive theme)
Véritable creuset incidentiel, il assure dans la phrase la cohé- Dans le thème versif, contrairement aux thèmes inversifs et
sion des éléments constitutifs. aversifs,lapenséesuitle mouvement descendant du temps du
Le verbese distingue des autres parties du discours par une futurvers le passé.Ce thème estresponsable des temps ver-
double caractéristique. Il est prédicatif (comme le substantif, bauxcursifsoù l'événement estdéclaréen coursde réalisa-
l'adjecfif et.l'adverbe) et il relève du régime d'incidence tion. Cette analyseenthèmes aété abandonnée auprofitd'une
externe de premier degré (comme l'adjectif), puissancielle- analyse binaire en formesincidentes et décadentes.
mentpour l'infinitif, effectivement pour les autresformes.
La notion de verbe est inséparablede celle de temps : cf.thème
Le verbeestunsémantèmequiimpliqueetexplique tetemps.
ÇLSL :47)
Le verbe exprime le temps à la fois par son signifié matériel VIR T U E L (vi r t ual)
et par son signifié formel. Toutefois, avant de l'exprimer, il
Le plan virtuel est le plan de puissance, ou plan de condition,
doit en offrir une représentauon. C'est cette représentation
et le plan actuel le plan d'effet, ou plan de conséquence. Une
architecturéequiporte le nom de chronogénèse.
forme est virtuelle quand elle est systématiquement antécé-
Dans laphrase le verbe joue un rôle de médiation, de cohésion denteà sa propre version actualisée.
entre leséléments nominaux qui l'accompagnennII soude un
Onremarqueraque, dans le temps opératif, la tension virtuelle
ensemblesémantique etl'ancre dans le temps parrapportau
est la tension l, immanente. Laraison en est que latension l
moment d'énonciation.
représente en systèmelaproblématique de départ, cellequi est
Les catégories verbales sont au nombre de six :quatre d'entre à résoudre, et qui doit recevoir sa solution par transcendance
elles sont morphologiques, de genèse précoce, et sont autant en tension 2. Puisque cette conséquence ne peut s'obtenir
de formes vectrices qui conduisent, dans le mouvement de qu'en tension 2, toute institution d'une problématique de
morphogénèse constitutif du mot à la partie du discours représentation et d'expression est forcément virtualisante.
conclusive : ce sont l'incidence, le mode, le temps et la per-
sonne. Les deux autres sontsyntaxiques,de genèse tardive : cf.actueVvirtuel
ce sont l'aspect et la voix.
La théorie guillaumienne du verbe est peut-être celle qui a
soulevé le plus de polémiques. Elle n'est pourtant à certains VISEE (pr o j ection)
égards que traditionnelle. Mais par rapport à cette tradition,
certains éléments de la théorie comme la chronogénèse et les On appelle visée toute opération de pensée réalisatrice.
schémas incidentiels dont le verbe est porteur constituent des G. Guillaume emploie fréquemment le terme de visée et dans
approfondissementsetdes élaborations considérables. plusieurs contextes (visée de puissance, visée d'effet ou de
discours, visée expressive, visée téléologique du langage,
AT : passim visée chronogénétique...). PaKois ce terme n'a que le sens
LLI : 145,175,213,137 d'intention ou de but recherché. Mais généralement, il a un
contenuthéorique précis.L avisée,c'estl'ensemble des opé-
LL2 : 11,46,87-89,91,98-101,115,122,126,133,144-147,160,161,170,171,
rations de production ou de construction précédant et condi-
181,195/00
tionnant le résultat construit. La méthode guillaumienne
LL3 : 1140,65-72,101,102,233,234
consistant àrechercher leprocessusdynamique souslerésul-
LL4 : 23,201 tat statique, la puissance constructrice sous l'effet construit,
LL5 : 20,71,117,127-128,135-136,160-161,163,196,198-199+01,207 toute opération de pensée se répartit entre une visée et une ou
LSL : 46-58,59-72,73-86,110,111,123-126,127-142,184-192,193-207, plusieurs saisies qui sont autant d'articulations systémati-
208-219,250-268 ques.
Par exemple, on parlera de visée à propos du mouvement de
PLT : 5345-57
chronogénèse qui a pour fin la réalisation de l'image verbale
TV : passim
(visée chronogénétique). De même, l'article ayant pour
198- vocAmz vocAT1P- 199

fonction d'aider à la réalisation du substantif, c'est-à-dire de VOCA T I F (voc ati ve)


le faire transiter du plan de puissance au plan d'effet, on dira
que l'article est le signe avec lequel la visée opère la réali- M vocatif n'est pas plus un cas de langueque l'impératif n'est
sation du nom. Quant à ladistinction de la visée de puissance, un mode. Tout au plus peut-on le qualifier decas de parole,
constructrice de la langue, et de la visée d'effet, constructrice représentanten discours une manière directe de s'adresser à
du discours, elle est à la base de toutes les études de psy- autrui. Impératifs et vocatifs (impératifs nominaux) relèvent
chomécanique : de l'expressivité.
Cette distinction des deux visées domine, nous en avons
cf.impératif
acquis la certitude, la science entière du langage. ÇpLT:96)

LL1 : 105,136
VOIX (vo i c e)
LL2 : 12,69

LSL: 115
La voix est la catégorie grammaticale chargée d'exprimer la
relation du sujet au verbe :
PLT : 96-98
A la racinede la théoriedes voix,ilya une mise en discussion
TV : 10 délicatede ce qui,étantdonné le verbe,etl'emploidu verbe,
revientau sujet logique des deux situations d'agent etde
pûtient. ÇLL2 :203)
C'est donc de la situation attribuée au sujet logique face à
VOCA BL E (vo c able) l'événement exprimé par le verbe que dépend la voix. On
distingue ainsi trois voix principales :
- la voix active où le sujet logique est uniquement porteur
Terme générique servant à désigner dans tout idiome les
de la situation d'agent
unités de puissance du langage par opposition aux unités
d'effetconstituées par les phrases. - la voix passive où le sujet logique est uniquementporteur
de la situation de patient, autrement dit où on assiste au
Le vocable est le résultat d'un rapport de structuration entre divorce du cas dynamique et du cas logique. La voix passive
l'universel et le singulier selon deux mouvements alternatifs,
est comme la voix active une voixanalytique.
un mouvement de singularisation livrant la matière particu- - la voix moyenne(mixte ou médiopassive), voix synthéti-
lière qui constituera la signification lexicale du vocable et un
que, où le sujetlogique estporteur des deux situations d'agent
mouvement d'universalisation qui le catégorise. Dans les et de patient.
languesà mots, ces deux mouvements sont successifs (idéo-
Apropos de cette voix moyenne, il importe de préciser que les
génèseet morphogénèse) et aboutissent àlapartie du discours
deux situations d'agent et de patient interïerent en proportion
terminale puisqu'ils opèrent prévisionnellement au niveau de
indéterminée, la prépondérance pouvant être attribuée soit à
lalangue. Dans d'autres idiomes, dans l'aire prime, le vocable
l'agent, soit au patient. Si le rôle de patient l'emporte - autre-
doit attendre la phrase pour trouver sa détermination maté-
ment dit en cas de priorité du sujet agi sur lesujetagissant
rielle et formelle. Dans les idiomes de l'aire seconde, le
le moyen se présente passif (voix passive du latin :amor =je
vocable se détermine matériellement en langue et formelle-
suis aimé). En cas de priorité du sujet agissant, le moyen est
ment en discours, où il trouve sa caractérisation nominale ou
actif (cas du déponent latin : sequor = je suis, imitor =
verbale.
j'inute). Il apparaît ainsi que le latin, bien que ne faisant
sémiologiquement état que de deux voix, en compte en fait
LL2 : 23,24,34,41„45,98,113,119,205 trois au niveau psychique : la voix active, le moyen actif et le
LL3 : 173 moyen passif.
Ils'avère que le déponent laun n'apascomplètement disparu
LL4: 75
en français. Les verbes ditsintégrants, actifs sous leur aspect
LSL : 108-119,273,275 simple et passifs sous leur aspect composé sont les héritiers
PLT : 123,144,145,155 de la voix moyenne(tomber etêtre tombé, naître etêtre né ...).
200 -UOYELLE THtMATIQUE Ib!IIEx - 201

La voix dite réfléchie ou réflexive apparaît en quelque sorte


comme une extension de la voix déponente latine. La voix INDEX
réfléchieesten effeten & ançais une voixde synthèse capable
d'exprimer, outre l'actifréfléchi (Pierrese regarde),lepassif
(Ces choses se disent)etle moyen (Pierres'ennuie : Pierre est RÉPERTOIREALPHABÉTIQUE FRANÇAIS -ANGLAIS
vu en partie agissant et en partie agi puisqu'il est en proie à un
ennui qu'il ne peut dominer). accompli (accomplished). .. 017
acte de langage (act of language) ................ ....... 01 7
LL2 : 171,175-190,194,195,198,201-203 actif (active). . . . . . . . . . . . . . .. 018
LL3 : 119.120,181,182 actuel/virtuel (actuallvirtual) ..............,,...... ....... 01 8
adjectif (adj ecti ve). .. 019
LL4: 167-185
adverbe (adverb)... .. 020
LSL : 127-142 afférent/efférent (afferenuefferent)............ ....... 020
aire glossogénique (glossogenic area) ....... ....... 021
amOrphOgénique (nonmorphogenic) .......... ....... 022
anaclastique (anaclastic) . 022
VOYELLE THÉM A T IQUE analyse/synthèse (analysistsynthesis) ....... ....... 023
(themalic vowel) anastatique (anastatic). 024
anisotope (anisotopic). . . . . . , 024
La voyelle thématique est un augment chargé de signaler une aoriste (aorist) . 025
discordance systématique. Ainsi, face au subjonctif athéma- apport/support (impordsupport)................. ....... 026
article (article). 027
tique (subjonctif présent : quej e chante), le subjonctif passé
asémantème (proper noun)......................... . 028
(ou imparfait : quej e chantasse)est thématique. Ce thème-
. .

aspect (aspect) . 029


voyelle signale la contradictionentre le passé, temps qui réa- 030
assignation (assignation)
lise, et le mode virtuel. De même, le prétérit défini est (par- astématique (nonstematic). 031
tiellement) thématique puisque dans le passé, l'accompli, il athématique (non thematic) .. 031
représente un événement tenu tout entier en incidence, en attribut (cornplement noun or adjective) ........ ........ 031
accomplissement. autoptique (autoptic) .. . 032
auxiliaire (auxiliary).. . 032
cf.thématique aVant/aprèS (beforetafter). 033
aversif (thème) (non versive theme)........... ........ 033
avoir/être (havetbe) .. . 034
axiale (consonne) (axial consonanr) ........, ........ 035
ZÉRO (z e ro) CaraCtère (character). 035
cas (case).. 036
Un signifiant formel zéro marque, dans une série systémati- catégorique (futur) (categorica! future) .... ........ 037
que close, le refus d'occuper une position, quelle qu'elle soit, causation (causation) .. . 038
ce qui revient à dire que l'absence de discriminants formels causé construit (constructedcausata ) ....... ........ 039
estrévélateur de ce que l'on se refuse à dire.Une forme zéro ChrOnOgénèSe (chronogenesis).................... ........ 039
peut, par conséquent, être tenue pour positive et être signalée chronologie (chronology) . 041
comme telle. L'article zéro est donc une réalité, au moins ChrOnOthème (chronotheme) .. . 042
méthodologique. chronothèse (chronothesi s) . 043
Cette analyse, rejoignant tout à fait l'analyse structurale dans chronotype (chronotype).
cinè se/genèse (kinesistgenesis) ..................
son ensemble, résulte bien entendu de la conception systé-
CinétiSme (kinetism) .. . . . . . . . . . . . . . . . . 045
manque de la langue. Elle n'est évidemment pas applicable
cohérence (coherence) ..
dans le cas des séries lexicales ouvertes. compensation (compensation) .................... ........ 047
compréhension/extension
cf.article, cas, morphologie (comprehensi ontextensi on)
202 - !b!!ym
vt!ym- 203

concept (concept). . 049


conditionnel (conditiona!). forme (form) 083
.. 050 forme vectnce (vectortal form)............,..............
congruence (congruence) .. ... 083
.. 050 futur (fature) ... 084
conjonctif (pronom) (conjunctive pronoun) ... .. 050
conjonction (conj unction). generahsatson (generahzaaon) ............,.............. ... 085
.. 051 genèse (genesis) ..
conjugaison (conj ugati on). . . . . . . . . . . . . .
... 086
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . " . . . .

.. 052 . . . . . . .

genre (gender) . ... 086


consonne axiale (axial consonant) ......,........... .. 053
convenance (suitabi lity). glossogénie (glossogeny). ... 087
.. 054 . . .
, . . . „ „ . . . , . . . . . , . . . . . . . . .

grammaire (grammar) .
copule (copula) . 090
. 054 holophrase (holophrase) .. ... 090
cryptologique (cryptological) .. .. 055
cursif (cursive) .
. . .

hypodèse (hypodesis) . ... 091


.. 055 hypothétique (futur) (hypothetical future) ........ ... 092
décadence/incidence (decadencetincidence) .. 056
déCHnaiSOn (declension). idéation (ideation) . 092
.. 057 idée regardante/regardée (viewingtviewedidea) ......093
déflexivite (deflexivity) . 058
dematérialiaatian (dematerialization)............. ideelle (chronologie) (rational chronology) ................. 094
.. 059 idéogénèse (ideogenesis) .
deponent (deponent). ............... 094
. . .

059. . . . . .

image-temps (time image) .. ....... 094


dèse (desis). .. 059
déverse (causation) (deverse causation) .......... immanence/transcendance
.. 060 (immanencettranscendence) ..
diachronie/synchronie (diachronylsynchron .... 095
y) ..........060 imparfait (irnperfect tense) . .... 096
diastème (diastema) . .. Oál
dicibilîté/dire/dit (sayabilitytsayingtsaid) .... impératif (mode) (imperative rnood) ...,............. .... 097
............... 062 impliqué (temps) (implicated ti me) .................... 098
dirimant/ i n t égrant (n on conclusi vetconclusi ve)..........063
discernement (discerning operation)................ incidence (incidence) . 098
.. 063 incidence syntaxique (syntactical incidenc e).............. 099
discours (discourse) .. 063
disjonctif (pronom) (disjunctive pronoun) ...... indicatif (mode) (indicative mood) ..................... ..... 100
.. 064 inflnitif (infinitive) .
duel (dual number). .. 102
.. 065 intégrant (conclusi ve perfect) . ..... 102
ectopie (ectopy) .. .. 065
effection (effecti on) . intension (intension) .. 103
.. Oáá interjection (i nterjecti on) .. ..... 103
efférent (effere nt) .. 066
effet (effecti vily). intransitif (intransitive) ..................,.................,. ..... 103
.. 066 inverseur (i nversive preposition) ...........,..........., ..... 103
effet de sens (meaning effect) .. 067
énantiodromique (enantiodromic) ................... inVerSif (thème) (inversive theme)...................... ..... 104
.. 068 isotope (isotopic) ..
endophrastique (endophrastic) ........................ .. 104
.. 069 langage (language) . ..... 105
énexie (enexy) .. .. 069
entendement (comprehending operation)..... langue (tongue) .................................,......,....... ..... 106
.. 069 lezigénèSe (lexigenesis) . .108
. . . .

entier (whole). .. 070 linguistique (linguistics) . ..... 109


épOque (time sphere) .. . 072
ésotérique (esoteric) . logique (logic). .... 110
.. 072 loi (law). ..... 110
espace/temps (spaceltime) .. 073
événement (temps d'-) (event rime) ............... matière/forme (matterlform) ..... 112
.. 075 mécanique intuitionnelle (intuitionalmechanics) .... 113
exophrastique fexophrastic). .. 076
exotérique (exoteric). mentalisme/physisme (the menta!tthe phy sica!) ........ 113
.. 076 mérotropie (merotropy) .
exPliqué (temPs) (expli cated time) ..........,........ ..... 115
.. 076 métaphysique (metaphysics).
expression (expressi on) . 115
.. 077 méthode (method) ..
expressivité (expressi vity) .. ..... 116
.. 077 mixte (voix) (middle voice) ..
extension (extension) . .. 117
.. 078 mode (mood).
extensité (extensivity). . 117
. . .

. 079 . . . .

mOrphème (morpheme) ..... 120


fait (fact).............. . . . . „ . . . .

.. 080
. .

morphogénèse (morphogenesis) .....,.....,............ ..... 121


, . . . . „ . . . . . .

Qguration (schemi ng). . 081 mOrphOgénie (morphogeny) .


. . .

flexion (inflection) ..... 121


. 082 morphogénique (rnorphogenic) ...........,............. ..... 121
204- vmm
llqlym - 205

morphologie (morphology) ...... 221 reflechze (vozx) (reflexzvevozce) 160


mot (word) . 122 relatif (pronom) (r elative pronoun) ................................
161
moy'enne (voix) (rniddle voi ce) ....................
....... 124 representation/expression
négation (negation). (representation/expression) .
... 124 . .
..............161
nom (noun).. saisie (prehensi on) . 162
125
nom propre (proper noun).........................„... SChème Gguratif (scheme). .............163
....... 125 .

nombre (number) .. ....... 125 schème sublinguistique (sublinguisnc scheme) .........163


nominalisation (nominalization) ........,........ Sémantème (semanteme/lexeme) ......................................165
....... 126
non-récurrence (non-recurrence) .................
....... 127 signe/signiflant/signifle
objet (obj ect). (sign/signiJicant/significate) .
... 127 . . Iá6
obverse (causation) (obversecausation) ... ....... 228 signiflance (meaning) . . . . ........ .........,.......................167
ontogénèse (ontogenesis) ....... 128 singulier (singular) ..
ontogénie (ontogeny) 128 stématique (stematic) . 169
parole («parole ») . ..... 130 sténonomie (stenonomy) . .............. 169
participe (participle).. ...... 230 . . .

subduction (subduction) .. . . . .............. 170


. . . .

par ticularisation (particulari zati on) .„........, ....... 132 subjonctif (mode) (subjunctive mood) .......................... 172
partie du discours (part of speech) ............. ....... 132 subordination (subordination) ...............,......,...............173
partitif (partitive) ....... 133 substantif (substanti ve) .. .173
passé (past)., ...... 134 sufflsance expressive (expressive sufflciency)..........,.174
passif (passive) ............... ....... 135 . . . . . . . . . . „ . . . . . . . . . . . . . . . . . „

sujet (subj ect)


personne (person). ....... 135 support (support) ..
phonème (phoneme) . . 137 synchronie (synchrony) . 176
phonétique (phonetics) .. ..... 138 SyndèSe (syndesis) .. . 177
phonologie (phonology), ....... 139 syntaxe (syntax) .... ...............................................178
phrase (sentence) ...... 141 SynthèSe (synthesi s).. . . . 180. . . . . . . . . .

physisme (the physical) ...... 142 Synthétique (synthetic).. . 180


plérotropie (plerotropy). ..... 142 . . .
. . . „ . . . , , . . . „ . . .
systématique (systematics) .. . 182
pluriel (plural). ... 142 système (system) ..
. . .
. . . „ . . . , . . . , . . .
„ . . . . , , .

. 182
polation (polation) . .... 142 systémologie (systemolog y) .
position (linguistique de) (positional linguistics).....144 temps (time/tense).
praxéogénie (praxeogeny) .. temps opératif (operative time) ...,.................................184
précursif (precursi ve) ... . .
. . .

tenseur binaire radical (radical binary tensor) ..........186


prédicat/prédicativité (predicate/predi cativity) ......... 146 thématique/athématique (thematic/non thematic) ...187
préposition (preposition) .. ... 147 . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . .
. thème (therne) . 188
présent (preseru) .. . . .

. 148
.

thetique (futur) (thettcalfuture) 189


prétérit déflni (deflnite past). 150 transcendance (transcendence) 289
pronom (pronoun) .. ...... 150 tïansitif/ i n t r an sitif
(t r ansitive/intransitive) ................189
payChOméCanique (psychornechanics) ....,.... ...... 152 translation/translatif (translation/translati ve) ........... 290
psy'chosémiologie (psychoserniology) ........... ...... 153 typologie (typology).
pSyChOSyatématique (psychosysternatics) .... ...... 154 univers (temps d'-) (universe time) ...............................194
puissance/effet (potentiality/effectivity) ....„.. ...... 155 universalisation (universali zation) ................................195
quaHtatif/quantitatif (qualitative/quaruitative) ..........156 universel/singulier (universal/singular) ......................195
quasi-nominal (m ode) (quasi-nominalmood)............. 157 verbe (verb)
racine (root) .. . . .

,. 159
. .
, . . .
. .
versif (thème) (versi ve theme)
radical (radical) virtuel (virtual) .
206- vmm
mozx-207

visée (projection). ... 197 conjunctive pronoun (pronom conj onctifl................... 050
vocable (vocable).. ...... 198
. . .

conjunction (conjonction).......... .. 051


vocatif (vocative) .. ..... 199 conjugation (conj ugaison) . .. 052
voix (voice) .. ...... 199 constructed causata (causé construit) ......................... 039
voyelle thématique (thematic vowel) ... ...... 200 copula (copule) . .. 054
zéro (zero). . .

..... 200 cryptological (cryptologique) ........................ .................. 055


cursive (cursifl .. ................. 055
decadence/incidence (décadencelincidenc e) .............. 056
declension (déclinaison). .............. 057
RÉPERTOIRE ALPHABÉTIQUEANGLAIS -FRANÇAIS deflexivity (déflexivité) .. . 058
deiinite past (prétérit déjini) . ... 150
accompmshed (accompli). 017 demateriaHzation (dématérialisation) ........ .................. 059
act of language (acte de langage) ..................... ..... 017 depOnent (déponent). .. .......... 059
active (actifl. ... 018 desis (dèse) ...... 059
actual/virtual (actuellvi rtuel). . . . . .
.... 018 deverse causation (causation déverse) ......................... 060
adjective (adject~fJ. ..... 019 diachrony/synchrony (diachronielsynchro nie) .......... 060
adverb (adverbe) .. ..... 020 diaatema (diastèrne) . 061
afferent/efferent (afférenttlefférent)......,.......... ..... 020 discerning operation (discernement),....... .................. 063
anaclastic (anaclastique) . ..... 022 discourse (discours) . ............. 063. .

analySi S/SyntheSi S(analysetsynthèse)............ disjunctive pronoun (pronom disj oncttf) ..................... 064
.... 023
anastatlc (anastafique).. dual number (duel) .................................................. 065
. .

.. 024
anisotopic (anisotope) ectopy (ectopie) ................ 065
...024
aorist (aori ste). effection (effection) . ................ Oáá
... 025 efferent (eff
érent).
article (arti cle) .. .... 027 .... Oáá
aspect (aspect) .. effectivity (effet) . . Oáá
. . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . .
.... 029 enantiodromic (énantiodromique).......,.......
assignation (assignation) . .... 030 .................. 068
autopti c (autoptique) ........ endophrastic (endophrastique)...................... .................. 069
. . . . .
. . . .
. 032 enexy (énexie) ..
auxiliaïy (auxiliaire) . .. 069
.... 032 esoteric (ésotérique)
axial consonant (consonne axiale),................. ........... 072
035,053 event time (ternps dévénement)............,.......
befOre/after (avanttaprès).. .................. 075
. . . .

033 exophrastic (exophrastique) ..


case (cas).... . 076
. 036 exoteric (exotérique) .. ........ 076
categorical (future) (futur catégorique) .......... ... 037
causation (causation). explicated time (temps expliqué) ................................... 076
.. 038 expression (expression) . ............... 077
character (caractè re),. „ .

... 035 expressivity (expressivité). 077


chronogenesis (chronogénèse)........................... ... 039 expressive sufficiency (sufjisance express ive)............174
chronology (chronologie) .
chronotheme (chronothèrne) extenalon (extension) .................. 078
... 042 extensivity (extensité) .. 079
chronothesis (chronothè se) . . 043 fact (fait) ................ 080
chronotype (chronotype). ... 043
. . . . . . . . . . . . . .

foïm (forme) .... 083


coherence (cohérence). .. 046 future (futur) .......................................... ...................084
complement noun or adjective (attribut)... . . . . . . .

... 031 generalization (généralisation).................... ................... 085


compensation (cornpensation) ............,............. ... 047 genesis (genèse). .................. 086
comprehension/extension
gender (genre).. .. 086
(compréhensionlextension)
.

... 048 glossogenic area (ai re glossogénique) ........ ................... 021


comprehending operation (entendement)..... ... 069 glossogeny (glossogéni e) . ............ 087
concept (concept).
grammar (grammaire) . .................. 090
conclusive perfect (intégrant)......................,.. ... 102 have/be (avoirtêtre). 034
conditional (conditionnel). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . , . . .
... 050 holophrase (holophrase).
congruence (congruence) ... 050 hypodesis (hypodè se) ................091
208- vmax
nmax- 209

hypothetical future (futur hypothétique) ......... number (nombre) ..


..... 092 125
ideation (idéation) . ..... 092 ob)ect (objet)
ideogenesis (idéogénèse). 127
... 094 obverse causation (causation obverse) ..............,. .. 128
immanence/transcendence ontogenesis (ontogénè se)
(immanence/transcendance) 128
. 095 ontogeny (ontogénie). i. 128
import/support (apport/support) .......,......,..... .... 026 operative time (temps opératif) .............................. 184
imperfect tense (imparfait). « parole » (parole) .
.... 096 130
imperative mood (mode impératif) ................... .... 097 parti ciple (participe) .
impHcated time (temps impliqué) ..................... 130
.... 098 particuiarizati on (particulari sation) ..................... 132
incidence (incidence) .
.. 098 part ofspeech (partiedu discours)................,.....,, 132
indicative mood (rnode indicatif) ........,............. parti tive (partitifj..
inflection (flexion) .. 133
past (passé) 134
inflnitive (inflnitif).. passive (passif).
102 . . . . .

135
intension (intension) person (personne) .
.... 103 135
inter}ection (interjection).. phoneme (phonème) .
. 103 137
intransitive (intransitifj ................. 103 phonetics (phonétique) ..
intuitional mechanics (mécanique intuitionnelle)...... 113 138
phonology (phonologie). 139 „ . . .

inversive prepositlon (inverseur) ..........,... "."........„... 103 physical (the) (physisme) ..


inversive theme (thème inversif)..............„.................... 104 142
plerotropy [plérotropie). 142
isotopic (isotope)... plural (pluriel) . 142
. . . .
.

hinesis/genesis (cinèselgenèse) ............,....................... 044 polation (polation) . 142


kinetism (cinétisme) ..........,....... 045 positional Háguistics (linguistique de position) . 144
language (langage).. .. . 1 05 potentiaHty/eflectivity (puissance/effet) .......... 155
law (loi). ... 110 praxeogeny (praxéogénie) .
lexigenesis (lexigénè se)
. . .

144
,"".....,....... 108 precursive (précursif), .... 146
linguistics (linguistique).
. . . . . . . . , . . .

. -....,....... 109 predi Cate/predi CatiVi ty (prédicat/prédicativité) 146


logic (logique) ...... ..110 preposition (préposition). 147
. . . . . . . . . . . . .
. . . . , . . . , . . .
„ . . .
- . . .

matter/form (matière/forme).....,...,.... ........ ...... 112 present (présent)


. . . . . . . . .

148
meaning effect (effet de sens) .......................
.-..."...„..... 067 prehension (saisie) .
meaning (signifiance). 162
." ............... 167 . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . , . .
proper noun (asémantème, norn propre)................. 028,125
mental/physieal (the) (mentalisme/physis me) ....,..„.. 113 pronoun (pronom) ..
merotropy (mérotropie). 150
.. 115 . . . . . . . . .
projection (visée) 197
metaphyeiCS (métaphysiquej.. .. ""...„..... 115 psychomechanics (psychomécanique) .......,......,
method (méthode)
.

152
... .... 116 . . . . peyChOSemialOgy (psychosérruologie)................... 153
middle voice (voix mixte, voix moyenne) .............
117,124 psychosystematics (psychosystématique)........... 154
mood (mode). ,... 117 qualitative/quantitative (qualitatif/quantitatif) 156
. . . . . . . . . . . , .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . , . . . . . . , . . . . . , .

morpheme fmorphème). .... 120 quàsi-nominal mood (mode quasi-nominal) .......


morphogenesis (morphogénèse) .........,...............
. . . . . . . . . . . . , . . . . . . . . . . . . . . . , . . . . .

157
.... 121 radical (radical) ....... . . . . . .

160
. , . . . . . . . . . , , . . . . „ . . . .

morphogeny (morphogénie) .. .... 121 radical binary tensor (tenseur b inaire radical ) .. 186
morphogenic (morphogénique) ............,....,....,... rational chronology (chronologie idé elle) ...........
.... 121 094
morphology (morphologie) .. reflexive voice (voix réfléchie)..............,................
.... 121 160
negation (négation)... relative pronoun (pronom relatifj ..................,..... 161
. .

nominaHsation (nominalisation) ...,................... representation/expression


non conclusive/conclusive (dirimant/inte (représentation/expression)
grant)....,.063 161
ncn mOrphOgeniC (amorphogénique) ........,...,. root (racine).
non-recurrence (non-récurrence)....................... 159
sayabiHty/saying/said (dicibilité/dire/dit)........ 062
non stematic (astématique). scheming (figuration).
031 . . . .

081
non thematic (athématique) .. SCheme (schè meflguratif)
031 163
non versive theme (thème aversif).........,...,.... semanteme/lexeme (sémantème) ........................
noun (nom) . 165
sentence (phrase) .. 141
210- vmm
ntnax - 211

sign/significant/significate
(signe/sigruftantlsigntfté) .. ..... 166 RÉPERTOIRE THÉMATIQUE
singùlar (singulier) .. .... 168
space/time (espace/temps). 073 . .

stematic (stémat' iq )ue .....


... . .................. ........ 169 . . . . . . . . . . . . . . . .
1.SYSTÉMATIQUE GÉNÉRALE
stenonomy (sténonomie) ..... 169 .
. . . . . . . . . . . . .

1.1.Concepts généraux
. . . .

sublinguistic scheme (schème sublinguistique) ..........163


subduction (subduction) 170 actueUvirtuel . ...... 018
subjunctive mood (mode subjonctifj ..... ....... 1 72 analyse/synthè se. ....... 023
subordination (subordination) ................ ....... 173 avant/après.. ... 033
substantive (substantif) . 173 causati on. ....... 038
subject (sujet) . 175 causé construit .................,......................... ....... 039
suitability (convenance). .. 054 chronologie (chronologie idéelle, temps) ... ....... 041
sup po r t (s upport) - ..........176 cinè se/genè se.
" - -
. - . . . . . . .
. . . . . . .

syntactical incidence (incidence syntaxique) .............099


synchrony (synchronie) .
clrletlsme .... 045
. 176 .

déverse (causati on) ...... 060


syndesis (syndèse).. ..... 177 diastè me . ..........
syntax (syntaxe) . . 061
.... 178 entier ...... 070
Syntheaia (synthèse) . 180 espace/lemps .
SynthetiC (synthétique) .. . 073
..... 180 expressivité ...... 077
systematics (systématique) . 182 imrnanence/transcendance. ... 095
system (système)..
. . . , . . .

182 langage. ....... 105


systemology (systémologie) logique ......................................................... ....... 1 10
thematic/non thematic (thématique/athématique) .,187 loi ....... 1 10
thematic vowel (voyelle thématique)..... ..... 200 mécanique intuitionnelle ..... Ils
theme (thème) ... 188 mentalisme/physisme ......................... ..... 113
thetiCal future (futur thétique).......,...... ..... 189 obverse (causati on) . 128
time image (image-temps) .. ... 094 . . . . . . . . . . .

puissance/effet (egectton) .. ..... 155


time sphere (époque) 072 saisie ....,...................:- . . . - " " " - - . ..... 162
time/tense (temps) .. .. 184 schème subli ng uistique ..... 163
tongue (langue)..........,...... ... 106 signe/si gnifiant/sig nifié
. . . . . . . . ,

. 166
transcendence (trnas cendance) ...................................... 189 signifiance ..........,.............................. ..... 167
transitive/intransitive (transitif/intransitifj .............,189 temps opératif.. .....184
translation/translative (translation/translatifj .......... 190 tenseur binaire radical. . . . . . . . . .
.186
typology (typologi e) 191 universel/singuli er(généralisation,
universalixation (universalisation) 195 parti culari sati on, universalisation, si ngulari sation) ...... 194
universal/singular (universel/singulier) ..... ....... 195 visée. .197
universe time (temps d'univers)
vectorial form (forme vectrice) ...
verb (verbe). . . . . . . . . , . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1.2.Rapport langue-discours
versive theme ( t h me
è ver sfl. i ....„......,............,.............197
acte de langage . . 017
viewing/viewed idea (idée regardante/regardé e) ........093
vtrtual (virtuel) . di cibilité/di re/dit . ..... 062
. 197 discours ..... 063
vocable (vocable) ... 198 effet de sens ..... 067
vocative (vocatif) . ..199 glossogénie (endophrastique, exophrastique) ...
voice (voix) 199 idée regardante/regardé e.
whole (entier) .
langue..
word (mot) ..
mot (idéogénè se) .
zero (zéro) ..
ontogénie
212- nqom
tmm- 213

parole. 130 mentalismelphysisme .


. . . . . . . . . . . . . . . .

..... 113
. . . . .

phrase ........ .... ... 141


, . . . . . . . . . .

phonème . 137
praxéogéni e. ...... 144 phonétique.................................. . 138
puissanceleffet (effecti on) .
. . . . . .

...... 155 phonologie.. .139


représentati onlexpression.
.. 161 psychosermologie .. .. 153
schème sublinguistique ......... .

...... 163 signelsigru


fiantlsigrufie ..... 166
visée ... 197 si gnifiance .. . . . . . . . .
.... 167
thématiquelathématique(voyelle thématique) .... ..... 187
1.3.Lois

cohé rence. 1.6,Unités linguistiques


..... 046
compensation .
..... 047 asémantème (nom propre) ..... 028
congruence. ..... 050 rnorphème ..... 120
convenance. . . . . . . . . .

..... 054 sémantème .. ..... 165


loi. . . .

..... 110 système ................................. ..... 182


suffisanceexpressive.
. 174

1.4.Méthode générale 2.TYPOLOGIE GÉNÉTIQUE


analyselsynthè se. ..... 023 aire glossogénique ............................
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. 021
. . . , . . . . .

causation. .. 038
diachronielsynchronie..
amorphogénique(morphogénique).... ..... 022
. . .
..... 060 anisotope. ..... 024
effet de sens. ....... 067 causation. .......... 038
entier
.... 070 déclinaison. ..... 057
fait ....... 080
. . . . . . . . . . . . . . .

jiguration (schèmef igurati fl. glossogénie. 087


. 081 isotope. ..... 104
grammaire ...... .. 090 morphogénie ..... 121
immanenceltranscendance.
. 095 morphologie . 121
linguistique.........................,...................,...... ...... 109 ontogéni e. ..... 128
mécanique intuiti onnelle ....... 1 13
rnentalisrnelphysisme saisie ......... 162
....... 113 schème sublinguistique. ..... 163
métaphysique.. ....... 115 subduction. 170
méthode (linguistique de posi tion) ................. ....... 116
praxéogénie typologie.. ..... 191
. 144 vocable ..... 198
psychomécanique .................................,....,.... ..... 152
psychosystématique. 154
puissanceleffet.. 155
schè rne subli nguisti que . .... 163 3.SYSTÉMATIQUE DU VOCABLE
syndè se (autoptique, cryptologique,
dèse, hypodèse, rnérotropie, plérotropie) ... .... 177 3. LVocable
systématique.................................................... .... 182
système caractère . ....... 035
.. 182
glossogéni e .. .... 087
holophrase ..... 090
L5.Sémiologie lexi gé nè se.. ....... 108
mot.. 122
consonne axiale. .... 053 racine
déclinaison
159
. . . . .

.... 057 radical .. ....... 160


loi . 110 saisie ....... 162
matiè relforme .... ..... 112 vocable ....... 198
214- ntnnx rtnnx - 215

3.2.Lexigénèse 4.3.article
cornpré hension/extension. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . 048 article (zéro).. ..... 027
concept. 049 assignation . ..... 030
discernement . 063 deflextvtte........ .

. 058
entendement . 069 duel.. ... 065
extension 078 é nanti odromi que ... . 068
formes vectri ces 083 extension ..... 078
glossogénie. 087 extensi té.. ..... 079
idéation 092 inverseur ..... 103
idéogénè se .. 094 négation.. . 124
i ntension. . . . . .

103 nombre . ..... 125


lexigénèse. 108 partiti f . ..... 133
ontogénèse 128 tenseur binaire radical. . 186
matiè re/forme 112 uni versel/si ng uli er (gé nérali sati on,
morphogénèse 121 particularisation, universalisation ) .... .... 195
morphologie. 121
partie du discours 132
stématique (astématique) .. . . . . . .
. . . . . 169
subduction (dématérialisation,ésotérique, exotérique) 170
universel/singulier (généralisation, S.SYSTÈME VERBAL
particularisation, universalisation ) ..............,.......... 195

5.1.Chronogénèse

4.SYSTÈME NOMINAL accompli/i naccompli . ....... 01 7


anaclastique 022
aspect .. 029
4.1.Parties du discours
chronogénèse (temps) . ....... 039
adjectif.. chronothè me .. .. 042
.. 019
adverbe. chronothèse. ....,.. 043
..... 020
espaceltemps...... chronotype. ....... 043
....... 073
formes vectrices conjugaison. ....... 052
.. 083
incidence décadence/i ncidence ..... 056
.. 098
mot. époque (temps) .. . 072
..... 122
nom.............................. image-temps ...... 094
....... 125
partie du discours . mode. ....... 117
.. 132
prédi cat/pré di cati vité polation .. 142
....... 146 . . . . . .

substarùif sté nonomie 169


..... 173
temps ... 184
verbe. ....... 1 95
4.2.Formes vectrices

cas. ..... 036


déclinaison .. 5.2.Modes et temps
.. 057
flexion ..... 082 afférent/efférent. .. 020
formes vectrices. 083 anaclasti que ......... ..... 022
genre .. . 086 aori ste ..... 025
morphogénè se ..... 121 chronothè me ....... . 042
nombre (pluriel, singulier) .. . 125 chronothè se. . . . . . .
..... 043
prédicat/prédicati vi té . ..... 146 conditi onnel. ..... 050
216- uqoux vmax-217

cursif 055 6.SYNTAXE


futur (catégorique, thétique, hypothétique) ..... ..... 084
idée regardantetregardée .. .... 093 apportlsupport.
image-temps ..
....... 026
.... 094 attribut.............................. ....... 031
imparfait.. 096 conjonctif (pronom) . ....... 050
indicatif (rnode) .. 100 conjonction..
. . . . . . . . . . .

.. 051
inftni tif... .... 102 disj onctif (pronorn). .. 064
. . . . .

mode. .. 117 expressi vi té .. ....... 077


participe 130 impératif (mode). .. 097
passé. ..134 incidence syntaxique .. ....... 099
pré cursif 146 interjection ....... 103
présent.. ..... 148 morphologie .... 121
prétérit défini,....,........................,......,......... ..... 150 nomi nalisation ....... 126
quasi-nominal (mode) .. 157 objet.. ....... 127
subjonctif(mode). . . . . . . . „ . . . . .
.. 172 personne ....... 135
thème (aversif, i nversif, versif) .. ... 188 phrase. ....... 141
prédi catlpré di cativité. ..... 146
préposition .....,.....,... ........ 147
pronorn (conj onctif, disj onctif, relatif)...... ........ 150
5.3.Auxiliaire et aspect subordination .. ........ 1 73
Slt Jet 175
anastati que ...... 024 syntaxe.. ........ 1 78
aspect . ...... 029 synthétique 180
auxiliaire . 032 transitiftinlransitif ... 189
avoirlê tre ...... 034 translati onttranslatif ...190
copule. ...... 054
dirimanttinté grant .. . . . . . , .
... 063
ectopie ..... 065
événement (temps d'-) . 075
expliqué (temps) ...... 076
immanenceltranscendance. ......095
impliqué (temps) .. ..... 098
subducti on ...... 1 70
univers (temps d'-) .... 194

5.4.Voix
actif ....... 018
avoirtê tre. ... 034
déponent .... 059
mixte. ... 117
moyenne .. 124
obj et.. ...... 127
passif ... 135
réfléchie.. . . . . . .

...... 160
sujet .. 175
transitiftintransi tif. 189
volx .. ... 199
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