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U.

Kahrstedt

Les Carthaginois en Espagne


In: Bulletin Hispanique. Tome 16, N°3, 1914. pp. 372-381.

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Kahrstedt U. Les Carthaginois en Espagne. In: Bulletin Hispanique. Tome 16, N°3, 1914. pp. 372-381.

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hispa_0007-4640_1914_num_16_3_1876
VARIÉTÉS

Les Carthaginois en Espagne ».

Depuis le ix* siècle avant J.-C, il y avait quelques établissements


phéniciens en Espagne, mais seule la grande politique continentale
des Barcides inaugura une ère de progrès à l'intérieur de la péninsule.
Jusqu'au m* siècle les colonies étaient très limitées. Hamilcar leur a
ajouté un « hinterland ».
Avant la fondation des villes des Barcides — Leukon Teichos et
Carthagène — il n'y avait que quatre villes puniques en Espagne :
Cadix, Malaga, Six et Abdera. Ce fait est prouvé par les monnaies,
dont les émissions (exe. de Cadix), commencent à la fin du m6 siècle.
Seules, ces quatre cités frappent des monnaies avec des légendes
phéniciennes. Vers l'an 210 avant J.-C. commence l'époque où
l'influence carthaginoise fut la plus intensive, antérieurement à l'i
nfiltration de l'élément italique. Il est impossible qu'aucune ville
phénicienne, à ce moment, ait frappé des monnaies à légendes non
puniques et qu'aucun établissement phénicien se cache parmi les
nombreuses villes dont nous possédons des monnaies à légendes
ibériques.
Dans les auteurs anciens nous trouvons Cadix (Scymnus, 160 sqq.,
Diodore, XXV, \l\, etc.), Malaga (Strabon, III, 4, 2 2), et Abdéra (Stra-
bon, III, li, 3), nommées comme villes puniques 3.
De ces villes, Cadix a une position privilégiée ; elle est, comme

1. [Traduction du huitième chapitre de l'Histoire des Carthaginois de 218 à 146, par


Ulrich Kahrstedt, i" livre: L'Empire Carthaginois en 218. Nous avons accueilli avec
plaisir l'intéressante étude de M. Kahrstedt, où nous trouvons la confirmation de nos
propres idées sur la nécessité de réduire la part d'importation et d'influences des
Phéniciens dans la Péninsule hispanique. Mais nous faisons des réserves sur un
certain nombre de détails; par exemple, nous n'admettons pas le jugement de l'auteur
sur les sculptures du Cerro de los Santos, les têtes de vaches et de bœufs de Costig,
où les influences orientales ne nous semblent pas douteuses; sur le \ase Cerralbo,
où la palme n'est pas portée par un homme, et qui n'est certainement pas romain ;
sur les nécropoles et les sanctuaires d'Ebusus, où l'on a retrouvé récemment beaucoup
de figurines d'argile pré-puniques, mais où le punique abonde, où l'ibérique el le
romain sont l'exception. P. P.J.
3. Strabon n'a pas de tradition sur une fondation de Malaga par les Phéniciens,
mais il conclut l'origine punique de la forme (a-/r,[LOi) de l'établissement.
3. Toutes les autres villes de la côte sud — Carteia, Baelo, Baesippo, etc. — sont
ibériques. Les «turres Hannibalis», qu'on trouvait partout au pays de-1'histoiiu
barcide, n'ont rien à faire avec Hannibal; c'étaient de petits châteaux, des tours ou
des ruines comme on les voit encore aujourd'hui en Espagne.
VARIETÉS 373
Utique, une fondation très ancienne et a pu maintenir son indépen
dancemême après son incorporation à l'empire de Carthage; Cadix
était la seule ville de l'empire qui ait frappé des monnaies, ce n'est
qu'ici que les émissions remontent à une époque antérieure à l'an 300
(Head, Hist. num., a* édit., p. 3).
Les trois villes à l'est du détroit de Gibraltar sont nommées Bastu-
lophoenices (Ms. Blastophoenices), par Appien, Ibér. 56. Le terme est
correct; les colonies phéniciennes en Afrique sont les villes libyphé-
niciennes, c'est-à-dire les villes des « Phéniciens en Libye », les
colons de Malaga, etc., sont les Phéniciens au pays des Basluli ou
Bastetani. Appien dit que les villes étaient fondées par Hannibal.
Il est évident que cela n'a pas de valeur historique; les colonies du
pays des Bastuli remontent à une époque plus ancienne. Il est
seulement intéressant de voir que, pour des auteurs comme Appien,
toute l'histoire des Phéniciens en Espagne se limitait à l'histoire
d'Hannibal, et que tout ce que les Phéniciens avaient laissé en Espagne
devint une œuvre du grand ennemi de Rome'.
Nous avons une connaissance détaillée seulement de Cadix (Laigue,
Bull. Corn., 191a, 332 sqq, et Rev. arch., 1893, II, 391 sqq., P. Paris,
L'art et l'industrie, p. 91 et s.). La trouvaille principale est un
grand sarcophage anthropoïde, de la forme sidonienne, pas cartha
ginoise, et peut-être importé (Renan, chez Laigue). La même nécropole
nous a fourni quelques autres sarcophages, quelques-uns plus anciens
que le grand sarcophage, mais généralement d'un travail inférieur.
Dans quelques autres tombeaux, on a trouvé un collier punique,
un anneau d'or, quelques amulettes phéniciennes d'une forme
bien connue à Carthage (Déchelette, Rev. Arch., 1908, II, U 10),
et un œil d'Osiiis. La plupart de ces objets remontent au 11e siècle,
c'est-à-dire à la domination romaine. Nous ne connaissons qu'un seul
nom punique à Cadix, il se trouve sur un sceau (Hiibner, Mon. ling.
Iber., 188). Quelques caractères puniques se mêlent à l'inscription
ibérique sur un quartz trouvé à Cadix (Delgado, Método de clasi
ficación, I, cxxxi; P. Paris, L'art et l'industrie, I, 117 sq.), et actuel
lement perdu.
Les villes bastulophéniciennes nous ont livré quelques caractères
puniques sur un vase grec d'Abdera et un scarabée de style égyptien,
provenant de Malaga a.
1. On a supposé que les * Blastophénicicns» étaient une nation demi-ibérique,
faute qu'on a faite aussi en parlant des Libyphéniciens, qu'on croyait une race demi-
libyque. Heiss, Monnaies d'Espagne, a appelé « blastophénicienne » une écriture
ibérique du sud de la péninsule (Asido, Illuro), qui a une certaine ressemblance avec
les caractères phéniciens. On n'ignore plus que c'est impossible. Le pays des
Bastetani figure, sous la forme Mastia, dans les traités commerciaux de Rome et de
Carthage (Polybe, III, a4, 4). La transition de B en M n'est pas singulière: on
rappelle le Bagradas-Macaras, près de Cartilage.
1. HQbner, loe. cit. A Malaga se trouve un mur très ancien, qui est peut-être
3y4 BULLETIN HISPANIQUE
L'étendue et la population de ces villes puniques étaient, sans
doute, très petites. Strabon dit (III, 5, 3), que Cadix était zaviárcact
(jitxpá; c'était une ville de quatorze hectares i et de quelques milliers
d'habitants. Les trois établissements à l'est du détroit peuvent avoir
contenu 10,000 habitants. Il y avait, sans doute, d'autres petits
établissements, isolés ou fondés dans les villes ibériques de la côte —
nous possédons un exemple de ces derniers à Villaricos — mais on ne
peut pas douter qu'avant l'époque d'Hamilcar le nombre des Phéni
ciens vivant en Espagne fût de moins de 20,000 2.
C'est sur cette base punique que les Barcides ont construit leur
empire continental. Nous ne pouvons pas en fixer l'étendue avec une
sûreté suffisante, mais la tradition suffit pour nous donner une idée
de son état. Avant sa fameuse expédition contre Sagonte, Hannibal
a attaqué les Olcades et les Vacceens et battu ces tribus pendant son
séjour sur le Tage. Mais il n'a pas poursuivi cette victoire, et ni les
Olcades ni les Vacceens ne furent jamais soumis à l'empire. Ils fo
rmaient le glacis qu'Hannibal ne devait pas occuper lui-même, mais
où il fallait se mettre en respect pour garantir la possession des terri
toires au sud du Tage.
Pendant la guerre des Scipions contre les Carthaginois, en Espagne,
les armées se battent toujours entre la Sierra Morena et la Sierra
Nevada. Comme dans un couloir étroit, l'un essaye de pousser l'ennemi
vers l'est, l'autre vers l'ouest. Les régions au nord ne font pas partie du
théâtre de la guerre ; un officier carthaginois y va une fois pour en
tirer des mercenaires, un corps romain s'y oppose, mais généralement
tout le pays au delà de la Sierra Morena est un territoire neutre.
Du côté de l'est, l'empire carthaginois touche FÈbre, à l'ouest, pro
bablement la bouche du Tage, où nous trouvons un général punique
au temps de l'attaque de Carthagène par Scipion (Polybe, X, 7, 5).
L'empire des Barcides embrassait les côtes sud-est, sud et sud-ouest
de la péninsule et s'étendait à environ 200 kilomètres à l'intérieur.
Son étendue était de a5o,ooo kilomètres carrés. La population n'était
pas très dense ; on peut supposer vingt habitants par kilomètre carré
dans la vallée du Bétis, mais pas plus de deux ou trois dans les parties
montagneuses. Le nombre des Espagnols qui se trouvaient sous la
domination punique ne dépassait pas deux millions. La capitale était
punique (P. Paris, L'art et l'industrie, I, 20 sq.), mais je ne vois pas de possibilité de
le dater avec sûreté.
1. Sur la topographie de Cadix pré-romaine, voir Archàol. Ameiger, 1912, p. 217,
sqq.
2. Juan Roman, Islas Pithyusas, parle des nombreux établissements puniques
à l'ouest du détroit et cite à ce propos Scylax, t. M. Roman ne savait pas le grec et
s'est servi de la traduction latine du texte de Scylax, donnée dans, l'édition des
« Geographi minores», qui, vraiment, parle des colonies à l'ouest. Un coup d'oeil sur
l'original suf&t pour nous montrer que c'est une erreur. Scylax parle des Bastulo*
phéniciens.
VARIETÉS 375
Garthagène, fondation d'Hasdrubal, ville d'une circonférence de
20 stades et d'une population de io-i5,ooo âmes (Polybe, X, 11,
4; 17» 6). .
L'empire se composait d'un grand nombre de tribus et de territoires
hétérogènes : ce fut, sans doute, une grande œuvre de la diplomatie
barcide de les réunir, et le vieux Caton avait raison d'admirer l'orga
nisation des Barcides. Mais il est naturel que cette œuvre ne fût pas
encore achevée vingt ans après le premier débarquement des Barcides
en Espagne, et que les intentions des Carthaginois n'aient jamais été
celles que les Romains ont eues dans leurs organisations et colonisa
tions, de pénétrer le pays de leur propre civilisation, de propager leur
langue, de pacifier toutes les tribus et d'ouvrir tout le pays au grand
commerce. Il n'y avait jamais eu de routes puniques dans la vallée du
Bétis, de ponts sur les fleuves, de fortifications carthaginoises pour
protéger les paysans soumis contre les tribus indépendantes de la
montagne. A tout cela on ne pensait pas encore au troisième siècle et
au temps de Caton. Nous ne connaissons pas de traces d'une colonisa
tion punique, mais seulement de l'importation et du commerce cartha
ginois. Le pays ne parla jamais la langue punique; le nombre des
Sémites était trop petit — 20,000 environ dans les colonies prébarcides
et 10 à 20,000 dans les nouvelles villes — et la civilisation ibérique
était trop avancée.
Les traces du commerce punique se trouvent sur la côte est et dans
la vallée du Bétis. C'est à Villaricos, l'ancienne ville de Baria, qu'on
a découvert un établissement phénicien. Baria est resté toujours une
ville essentiellement ibérique', mais sa situation et la richesse de la
région attiraient des familles puniques, commerçants et ouvriers.
Villaricos nous a fourni la première inscription punique de l'Espagne
(Compt. rend. Acad. Inscr., 1904, 36; Ephem. semit. Epigr., H, 186)
et un grand nombre d'objets importés par les Phéniciens : des amul
ettes, etc., de style égyptien comme dans les nécropoles des premières
époques de Carthage (P. Paris, L'art et l'industrie, I, 9G sqq; Siret, Rev.
Arch., 1907, II, 391, sqq.; Joulin, Rev. Arch., 1910, I, 220 sqq.),
et la céramique, les poteries, les terres cuites, les œufs d'autruche,
bien connus des nécropoles du iv* au n6 siècle à Carthage (Siret, Joul
in, /. /.). Un vase d'origine punique est aussi trouvé à Herrerías, près
de Villaricos, (cf. P. Paris, /. /., 3a 1)2. En outre, on trouve des vases

1. Cf. P. Paris, Archaol. Anzeig., 1910, 3i6 sqq.


2. Le fragment d'un sphinx, mentionné par Paris et Siret, est peut-être ibérique.
Ces ornements étaient très communs dans l'art local (Hübner, Arch. Iahrb., 1898,
ia5; P. Paris, L'art et l'industrie, I, 121).
3. Dechelette, Rev. Arch., 1908, II, 4o sqq. Le progrès de l'incinération des
morts ne prouve rien, le mélange des deux formes de sépultures se trouvant partout.
Les tombeaux à jarres sont trop tardifs pour nous- laisser penser à une influence
carthaginoise.
376 BULLETIN HISPANIQUE
grecs et italiques des iv" et m" siècles (Siret, /. /. ; Joulin, p. 222).
On ne peut pas juger si ces derniers objets y sont venus apportés
par des commerçants carthaginois ou par les Massaliotes à une
époque antérieure à l'occupation de cette côte par les armées des
Barcides.
Baria était toujours une ville ibérique; les tombeaux de la ville et
des environs contiennent un grand nombre des armes qu'on a données
aux morts, selon la coutume ibérique ; l'élément punique restait tou
jours en minorité et n'avait qu'une importance locale, même après le
temps d'Hamilcar, où il s'est étendu un peu vers l'intérieur (Herrer
ías, etc.).
Nous nous formons une bonne idée de l'état de la vallée du Bélis parles
fouilles exécutées aux environs de Carmona et d'Osuna. Le caractère
essentiel de toutes les nécropoles de cette région (Vientos, Entremalo,
Parias, Cruz del Negro, Alcantarilla, Acebuchal, Alcaudete, "Viso del
Alcor, etc.) est ibérique ; la plupart des objets trouvés sont d'origine
locale1. Mais partout s'y mêlent quelques objets de provenance
punique, dont nous connaissons les analogues à Carthage aux 111' et
n* siècles; des jarres puniques sont découvertes à Entremalo, Vientos
et Parias au nord de Carmona (Bonsor, Rev. Arch., 1899, II, 299,
3 10 sqq.), à Alcaudete et dans les Alcores au sud de cette ville (/. /.,
p. 256). Alcantarilla nous a fourni des vases, comme les nécropoles de
Carthage (Bonsor, /. /., p. 248), Cruz del Negro, quelques lampes et
scarabées importés de l'Afrique du Nord (/. /., p. 276 sqq).
Les objets d'ivoire sont assez nombreux, parfois semblables aux
trouvailles d'un style oriental à Carthage. Quelques autres exemplaires
nous montrent un style qui rappelle l'archaïsme grec (Heuzey, Compt.
rend. Acad. Inscr., 1900, p. 16 sqq.), d'autres sont couverts de figures
phéniciennes (Engel-Pa ris, A ouu. Arch. miss, scient. ,X\U, p. 482 sqq).
Sur un peigne trouvé à Carmona, on voit un signe qui est peut-être
un VV* phénicien 2.
D'autre part, nous n'avons pas d'édifices puniques en Espagne.
Un explorateur a cru découvrir un temple souterrain de l'époque
punique dans la nécropole de Carmona. Il s'agit d'un tombeau romain

1. Quelques archéologues (p. ex. Siret et Bonsor) ont déclaré punique tout ce
qu'ils ont trouvé; Bonsor appelle la céramique qui, évidemment, n'a rien à faire a\ec
la poterie punique, «gréco-punique ». Siret (Rev. Arch., 1907, II, p. 373 sqq.) a soumis
le monde aux Phéniciens. M. Déchelette a réfuté ces théories fantastiques (Rev.
Arch.. 1908,, II, 219 et sqq). La chronologie proposée par M. Bonsor (I. Í., p. 378 sqq.)
est absolument impossible à accepter; il croit, par exemple, que les époques d'in
cinération des morts sont celles de l'influence sémitique.
a. Bonsor, l. ¿., p. a83 sqq, ; Engel-Paris, /. /. Le caractère punique des objets
d'ivoire des Alcores me semble douteux, à en juger par la photographie donnée par
Paris. Promen. arch., pi. 3i ; je ne connais pas les originaux. Les analogies puniques
en Etrurie que M. Bonsor, /. ¿ , a signalées pour ses trouvailles de Carmona, n'ont rien
de phénicien; ou n'ignore pasque l'influence phénicienne en Italie a été eiagérée.
VARIÉTÉS 377
qui est, seulement, plus grand que les caveaux voisins». Osuna était,
évidemment, un centre principal de la vallée du Bétis aux temps
préromains. La ville était ibérique, sa situation, les grandes sculp
tures et le grand mur de fortification sont des preuves irréfutables
(P. Paris, Promen. arch., pi. 36 sqq.). Néanmoins, on y a découvert
deux tombeaux puniques, les seuls de l'intérieur de* la péninsule.
C'étaient, sans doute, des commerçants — nous connaissons les
marchandises que ces hommes et leurs compatriotes y ont apportées :
peignes d'ivoire et un vase d'albâtre (Paris, Arch. Anz., 1904, p. i4o;
Engel-Paris, Nouv. Arch. miss, scient. XIII, p. 357 sqq.).
Le Musée de Séville (n° 3996; contient la figurine d'une déesse-
mère avec sa fille, qui rappelle les objets puniques de Carlhage et
d'Ebusus. Elle provient de Valle de Abdalagis, au nord de Malaga,
il est donc très possible qu'elfe ait été importée par les commerçants
de cette colonie phénicienne.
Le commerce punique s'est étendu à la Catalogne, la seule région
de l'Espagne qu'il ait atteinte au delà des frontières de la domination
carthaginoise. Emporiae nous a livré quatre amphores puniques et
quelques petits vases (au Musée de Gérone), un fragment d'amphore
avec le signe de ïanit (au Musée de Barcelone), une lampe, égale
ment ornée du symbole de la grande déesse de Carthage, actuell
ementpropriété de Sr D. Pedro Villanueva, à Barcelone, quelques
autres lampes puniques, propriété deSr D. Manuel Cazurro, à Gérone,
enfin un grand nombre de fragments de colliers, de scarabées, amul
ettes, etc., semblables aux objets carthaginois, conservés à Barcelone
et Gérone 3.
Des amphores puniques ont été découvertes à Cabrera- de-Mataro, sur
la côte, au nord de Barcelone; elles sont perdues ou appartiennent
à des particuliers (Pellicer, Estudios sobre lluro, Mataro, 1887, p. 127).
Elles ont été importées probablement d'Ebusus.
Voilà les objets puniques ou soumis à l'influence punique, prove
nantde la péninsule ibérique. Il y a encore d'autres objels qui sont
publiés et parfois mentionnés comme puniques, même par des savants
non espagnols. La prédilection des amateurs espagnols — excepté ceux
de la Catalogne — pour les Carthaginois leur fait publier certaines trou
vailles comme phéniciennes, qui sont ibériques ou même romaines et
l'impossibilité d'un contrôle fait entrer ces erreurs dans la littérature

* 1. J'espère qu'il ne faut plus parler des statues puniques d'EIche, d'Osuna, etc.
On croyait parfois que ces monuments montraient quelque influence orientale. Leur
caractère purement ibérique est maintenant acquis.
a. Quelques unes des trouvailles conservées au Musée de Barcelone proviennent,
peut-être,, de Tharros (Sardaigne), elles ont été achetées par le Musée à un collec
tionneur. Une part de la céramique d'Emporiae est, sans doute, importée d'Ebusus
au temps romain ; quelques amulettes de Gérone rappellent Naukratis plus nettement
que Carthage.
378 BULLETIN lîISPÀNlQUB
scientifique. J'ai déjà dit que, par exemple, les sculptures du Cerro
de los Santos, Elche, etc., n'ont rien de punique. C'est un mérite de
M. P. Paris d'avoir repoussé ces idées exagérées sur l'étendue de la
civilisation phénicienne en Espagne; je cite l'éléphant de Carmona, les
sphinx et les taureaux d' Albacete, et d'autre part les objets de métal,
que l'on affirmait être des produits puniques et qu'il a restitués à leur
vraie origine (L'art et Findastrie, I, p. rai sqq. p. 3a4 sq. ; II, p.a63).
Mais d'autres objets encore qui, même chez M. Paris, passent comme
puniques ou peut-être phéniciens, sont purement ibériques, par
exemple une sculpture de Cártama (un loup, qui ressemble à un ours,
mangeant un agneau; L'art et Vindustrie, I, p. 137 sqq.); l'analogie
avec un prétendu groupe phénicien de Palerme, signalée par P.Paris,
est trop vague pour prouver une influence étrangère ; la stèle de Mar-
chena (palme et cheval, L'art et l'industrie,}, p. 3a6 sq.) dont le sujet
rappelle les monnaies de Carthage, mais qui est beaucoup mieux
exécutée qu'aucune sculpture carthaginoise; un bijou orné de quel
ques caractères ibériques (/. /., p. 117 sq.) et les reliefs du Tajo
Montero, près d'Estepa (p. 34o sq.) 1.
Les dernières fouilles où on a supposé l'origine punique de quelques
édifices et objets trouvés sont celles de M. lç marquis de Cerralbo
à Arcobriga, Galiana et quelques autres endroits autour de son château
de S. Maria de Huerta (sur la ligne de Madrid à Saragosse). Il a publié
(El Alto Jalori) p. ia3 sqq.) un vase qu'il croit punique à cause d'un
dessin qui ressemble à un autel de Malte. Il y a une ressemblance,
c'est une palme qui est portée par un homme sur le vase et sort d'un
grand vase sur les quatre côtés de l'autel (j'ai vu l'original). L'autel
provient de Hagiar-Kim qui, comme on ne l'ignore pas, est purement
néolithique, et n'est pas phénicien du tout; le vase a été trouvé (M. de
Cerralbo eut l'amabilité de m'en montrer l'emplacement) au sommet
d'un escalier qui forme la communication d'une place romaine au
faîte de la colline d' Arcobriga, et, évidemment, est romain lui-même.
On ne peut pas douter que le vase ne soit d'origine préromaine et
seulement encore utilisé au temps des Romains, mais qu'il est posté
rieur à l'époque punique. M. de Cerralbo le place à cette dernière
époque, parce qu'il prend un grand nombre des murailles romaines
d' Arcobriga pour ibériques ou même puniques. II s'agit des murailles
qui ont des piliers verticaux entre lesquels règne une construction
d'opus incertain. Le marquis les signale comme puniques, parce qu'il
en a trpuvé d'exactement analogues dans les publications françaises
1. Cf. p. 34iaun exemple amusant, mais encore typique de l'archéologie locale
de cette région. 11 me faut joindre mes regrets à ceux de M.P.Paris (II, p. 202, note)
sur l'état de la section archéologique de la Bibliothèque Nationale à Madrid. L'art et
l'industrie, de P. Paris n'y existait pas dans l'hiver «911-1913. Il est donc assez difficile
de travailler en Espagne sur l'antiquité du pays. En revanche, à la bibliothèque du
Musée de Barcelone, j'ai trouvé tout ce que j'ai demandé.
VARIETES
relatives aux bâtiments découverts sur la Byrsa de Carthage, mais il n'a
pas remarqué que ces murs sont romains et ont été toujours publiés
comme romains ; on n'ignore pas qu'on n'a pas encore trouvé d'édif
ices phéniciens à Carthage. Le pronaos de Allô Jalon, p. 118 sq., n'a
rien de punique, non plus que les fortifications de la p. iai. L'empire
des Barcides n'embrassa jamais les régions du Jalon; ni Hamilcar, ni
Hasdrubal, ni Hannibal n'ont jamais vu cette partie de l'Espagne. M. de
Cerralbo a publié comme demi-puniques quelques fragments de vases
(9 fragments appartenant à 3 [?] vases) provenant de Galiana. Je confesse
ne pas connaître le « terme de comparaison », qui lui fait croire qu'ils
soient soumis à une influence étrangère. A Carthage, en Libye,, dans
les colonies phéniciennes del'Orient et de l'Occident, il n'y a rien de sem
blable ; les vases sont néolithiques commes les autres objets trouvés
à Galiana et dans les nécropoles voisines ; ils appartiennent vraiment
à une époque de culture plus développée que le reste des trouvailles.
C'est dans la collection magnifique du marquis de Cerralbo qu'on peut
le mieux étudier le développement de cette céramique, qui est plus
rude à Somaën et dans quelques autres nécropoles du voisinage, et
dont les fragments de Galiana représentent une forme plus élégante.
J'en ai assez dit sur les traces vraies ou supposées du commerce et
de l'industrie puniques. D'autres traces bien connues sont les grandes
trouvailles de monnaies. Partout, dans l'Espagne de l'Est et du Sud, on
trouve les monnaies des Barcides imitant les types carthaginois (Zobel
de Zangroniz, Moneda antigua española, p. i3 sqq.;Head, p. 3 sq.). Les
grands trésors proviennent du Sud-Est de la péninsule; Zobel ment
ionne ceux de Carthagène et de Cheste (Valencia), le dernier *e
rapportant vers la fin de la guerre d'Hannibal 1. On voit que le terri
toire de Caçthagène et les provinces voisines formaient le centre
de l'empire.
Les Baléares ne furent jamais une possession carthaginoise. En 208,
les officiers carthaginois s'y rendent pour enrôler non des recrues,
mais des mercenaires (Tite Live, XXVII, 20, 7); Magon, en 206, touche
les îles, mais il y débarque à main armée et a besoin d'un camp
fortifié pour soutenir les attaques des indigènes. Et ce n'est que dans
Minorque qu'il peut rester :.à Majorque, les Carthaginois sont battus
(Tite Live, XXVIII, 37, 5 sqq. ; Zonare IX 10, io)*.
1. Quelques trésors semblables n'ont pas encore été publiés; ils proviennent de la
même partie de l'Espagne (information que M. Cazurro a bien voulu me donner). —
Pour n'oublier rien, je mentionne qu'il y a des tombeaux en forme de demi-cylindre
en Asturies (CIL, II 5G{)i) et à Barcelone (6178). Ces tombeaux sont fréquents en
Afrique, mais ces exemples espagnols ne remontent qu'à l'époque des empereurs, il
b'agit peut-être des Africains, habitant en Espagne, mais pas des Phéniciens de
l'époque des Barcides.
2. On n'a pas découvert d'objets puniques dans les Baléares, excepté des monnaies
d'Ebusus. « L'influence orientale » dans le style des tètes de taureaux de Costig (au
Musée de Madrid) est imaginaire.
38O BULLETIN HISPANIQUE
D'autre part, les Pithyuses étaient remplies des colons phéniciens.
Ici, les Sémites ne se bornaient pas à quelques établissements fortifiés,
mais se répandaient sur l'île entière. Le nombre des indigènes était,
sans doute, assez petit et le danger pour les colons beaucoup moindre
que sur les côtes du continent où l'on se trouvait en face du réservoir
énorme des grandes tribus ibériques.
Une active industrie phénicienne en résulta; un vase de la nécro
polede Puig d'en Valls en forme de candélabre rappelle une trouvaille
de Carthage (Román, Islas Pithyusas, pi. 1 1). Ereso nous a livré des
terres-cuites de style punique, dont la plupart pourraient provenir
des tombeaux de la capitale africaine : voir la déesse de Román, pl. a
et 3 r , les bustes des pl. 3, 7 et i3, une déesse mère avec sa fille
(mutilée) delapl. 5, une femme à disque (6, 1), déesses ornées comme
la Grande Mère d'Éphèse (7, 1 ; iA, 1; 20, 3). On a découvert des
lampes phéniciennes (3, i£), des colliers (57, 6), des masques en terre
cuite (1.0, 1), des amphores puniques (i4, a sqq.), etc. Les petites
trouvailles comprennent des scarabées, dont quelques-uns prouvent
une certaine influence grecque (10, 3 sqq.; 30, 3), des amulettes de
style égyptien (12, 1 sqq.), dont l'un est d'une forme intermédiaire
entre le symbole de Tanit et l'hiéroglyphe cnh (la vie), des anneaux
et des marques de fabrique puniques (3i, 7).
La nécropole de Purmany nous a fourni des objets puniques : des
colliers, des amulettes (pl. 12) et des tertres cuites (pl. 17, 1); Marina
de las Monjas et Formentera ne contenaient pas d'objets d'origine
punique certaine. Quelques têtes de terre cuite de Pueblo de San
Rafael (voir pl. 1 1 et 3a), des objets de verre (pl. 3o) ont au contraire
ce caractère. De Talemanca nous possédons une déesse de style oriental
(58, 1), des mains de terre cuite (5g, 1 sqq.), la figurine d'une femme
(60, 1), une lampe punique (61, 2), etc., pour ne pas donner une liste
des nombreuses petites trouvailles puniques de toutes les nécropoles
de l'île : bijoux, sceaux, ^amulettes, fragments de poteries et de tous
les objets, principalement des fragments de poteries que leur caractère
ou leur état de conservation ne permet pas d'appeler soit puniques,
soit ibériques.
Nous voyons une industrie florissante; l'élément grec est faible, plus
faible qu'à Carthage, il n'y a qu'un seul mot grec sur un sceau prove
nantd'Ereso (Román, pl. 3i, 8). Les trouvailles de style punique ou
égyptien ressemblent à celles de la capitale ; on ne sait pas, généra
lement, si les produits ont été faits dans les fabriques d'Ebusus ou
de Carthage. L'île a la même apparence qu'aurait eue Carthage, sans
l'infiltration de l'élément étranger. L'absence d'importation massaliote
prouve qu'Ebusus était livrée au monopole commercial maintenu par
Carthage. Cet élément ne manquerait pas, si le commerce était libre.
Les communications qui reliaient Ebusus au continent ibérique
Varietés 38 i
étaient sans doute très actives; une minorité de la population restait
toujours ibérique, et il est naturel qu'on y ait découvert une quantité
d'objets rappelant l'industrie ibérique de la péninsule (voir la tête
de Román, pi. i et 36, une autre tête, pi. 8, les vases, pi. 3i, 72, 76
et les estampes ibériques sur la poterie des pi. i5 et 58, n).
Ebusus était une colonie phénicienne, contenait une population
dense, en majorité punique, en minorité ibérique — nous l'apprenons
des auteurs anciens, et les fouilles l'ont confirmé. La ville d'Ebusus
formait le centre de l'élément punique. Le paysage, surtout sur la côte
ouest (la côte tournée vers le continent), était d'un caractère mêlé ou
purement ibérique. Le nombre d'habitants était, probablement, moins
grand qu'aujourd'hui (26.000), on peut l'imaginer de 18,000 à peu
près, dont 10,000 Phéniciens et 8.000 Ibères.
U. KAHRSTEDT. .

L'Architecture romane en Catalogne avant le XII* siècle.

J'aurais voulu faire connaître plus tôt aux lecteurs du Bulletin hi


spanique le second volume de MM. Puig y Cadafalch, A. de Falguera
et J. Goday : L'architecture romane en Catalogne, du ix* au xr siècle.
Le livre est de ceux qui peuvent attendre, de ceux qui restent; il est
assez solidement construit pour défier le temps.
Ce bel in-4* de 6£o pages, illustré de plus de 5oo gravures, est l'un
des plus remarquables travaux qui aient jamais été consacrés à une
architecture régionale II est le fruit de recherches minutieuses et de
longues lectures : les auteurs ont exploré la province, analysé ses
monuments en architectes et ses documents en historiens; mais leur
curiosité ne s'est pas confinée dans les frontières de la Catalogne : ils
connaissent les ouvrages des savants étrangers, ils suivent les progrès
de l'archéologie générale et ses théories les plus nouvelles. Je leur
reprocherais plutôt d'y attacher, par instants, une importance que ces
théories ne méritent pas toujours.
Quoi qu'il en soit, ce volume apporte à l'histoire monumentale un
tel contingent de notions inédites, de faits et d'idées, qu'il est fort au-
dessus des comptes rendus systématiquement laudatifs. Je voudrais
le résumer ci-après en toute sincérité : le plus souvent, je suis
d'accord avec les auteurs et je n'insisterai pas; sur quelques points,
où je pense autrement qu'eux, je discuterai un peu longuement.
Dès le titre, le lecteur se pose une question. M. Puig et ses colla
borateurs se proposent d'étudier dans ce volume l'architecture cata
lane jusqu'à la fin du xie siècle : comment distinguent-ils des œuvres
de ce siècle les œuvres du siècle suivant? Il faut savoir que la docu-
Bull. hispan. 36

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