Jeudi 4 novembre 2010 -
Barack Obama : la sanction
t Portés par le mécontentement, les républicains gagnent la Chambre des représentants, mais les démocrates gardent le Sénat P. 3, 5 à 7 et 28
PISCOTTY/GETTY/AFP, SOMMERS/REUTERS, BECK/AFP, DERYK/REUTERS, LAMKEY/GETTY/AFP, HAYNES/REUTERS
DenisHennequinremplace Le nouvel actionnariat
GillesPélissonàlatêted’Accor du Groupe Le Monde
Hôtellerie Le 1er décembre, Accor aura un nouveau PDG.
L’actuel patron de McDonald’s Europe succède à
M. Pélisson, qui dirigeait le groupe depuis 2006. Page 12
Ecrire une nouvelle page
Un nouvel
M élan. La pour-
suite d’une
aventure édi-
toriale commencée en 1944 et qui
se poursuivra sous les auspices
d’une pérennité économique assu-
rée : ce sont les premiers mots qui
s’imposent pour saluer la recapita-
lisation réussie de notre maison.
Mardi 2 novembre, MM. Pierre
Bergé, Xavier Niel et Matthieu
Pigasse sont officiellement deve-
nus actionnaires majoritaires du
Groupe Le Monde à travers la
structure dite « Le Monde Libre »,
UK price £ 1,50
qu’ils contrôlent à 100 %. A l’issue
d’ultimes discussions, le groupe
espagnol Prisa, déjà actionnaire
du Monde depuis 2005, a obtenu
de pouvoir intégrer cette société à
hauteur de 20 %. Lagardère, qui
était entré au capital la même
année, a choisi de se retirer dans le
cadre d’un protocole d’accord
Le regard de Plantu
Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,40 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 700 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,40 ¤, Malte 2,50 ¤,
Hermès demande à LVMH
de se retirer de son capital
Structures;déclarationdePierreBergé,XavierNieletMatthieu Luxe Les conditions dans lesquelles le groupe de
Pigasse;analysedelaSociétédesrédacteursdu«Monde»; Bernard Arnault a acquis 17 % d’Hermès suscitent de
charted’éthique et de déontologie. Pages 18-19 nombreuses interrogations. Page 12
Les priorités de l’UMP
conclu le 27 octobre. Il conserve recapitalisation engagé dès la fin soit-il, se solde par un échec écono-
pour l’éducation
34% dans la filiale numérique
MIA (Le Monde interactif).
Comme ils s’y étaient engagés,
les nouveaux actionnaires ont en
outre accordé aux sociétés de per-
2009 sous la houlette du prési-
dent du conseil de surveillance
Louis Schweitzer et qui avait abou-
ti fin juin aux votes massifs des
salariés du groupe, toutes catégo-
mique et financier. Et par quel-
ques écarts éditoriaux qui n’ont
pas été pour rien dans les crises
successives du Monde.
Ce n’est pas injurier notre histoi-
Convention Le principal parti de la majorité
présente ses analyses le 3novembre à Paris. Il
souhaite que «100% d’une classe d’âge sache
sonnels une minorité de blocage ries confondues, en faveur du pro- re collective que d’en dresser le lire, écrire et compter en fin de CE1». Il réclame
qui s’exercera au bénéfice d’un jet incarné par les trois actionnai- bilan critique. Bien des péchés d’or- aussi une meilleure et plus rapide insertion
pôle d’indépendance regroupant, res contrôlant désormais Le Mon- gueil ont été commis, à commen-
outre les sociétés de salariés et de de en termes capitalistiques. cer par cette croyance, initiée dans dans l’emploi des jeunes diplômés, à la sortie
journalistes du groupe (dont celle Ces changements profonds de les années 1970, qu’il fallait consa- de l’enseignement supérieur. Page 10
du Monde), la Société des lecteurs structure ouvrent à l’évidence crer à notre imprimerie des som-
et certains membres des actionnai- une ère nouvelle pour notre grou- mes manifestement au-dessus de
res historiques dits partenaires, pe composé du quotidien, de son nos moyens. Dans le même temps,
magazine, de ses sites numéri- Le Monde n’a pas déployé les
ques et de son imprimerie, du efforts nécéssaires au développe-
Editorial
Monde diplomatique, de Téléra- ment de son cœur de métier: inven-
ma, de Courrier international, de ter sans cesse de bons journaux,
Eric Fottorino La Vie et de tous les titres issus du gagner la bataille de l’information
groupe des Publications de la Vie du papier au numérique, muscler
l’association Hubert Beuve-Méry catholique (ex-PVC) rachetés par une offre de fin de semaine qui n’a
ayant choisi de se dissoudre après Le Monde en 2003. jamais bénéficié d’efforts finan-
avoir transféré ses actions du Mon- Avant de tourner une page, il ciers à hauteur des enjeux tant édi-
de au pôle d’indépendance. faut s’assurer de l’avoir bien lue. toriaux que publicitaires.
Ainsi s’achève un processus de Surtout si le passé, aussi brillant a Lire la suite page 19
Enquête
Prato, ville du
textile chinois
«made in Italy»
L
a cité médiévale de Prato,
près de Florence, en Italie,
abrite l’une des plus impor-
tantes communautés chinoises
d’Europe. Ces immigrants – une
centaine en 1989, environ 40 000
aujourd’hui – ont peu à peu pris le
contrôle de l’industrie textile de
cet ancien bastion de la Toscane
« rouge ». Les quelque 4 500 entre-
prises qu’ils ont créées fabriquent
chaque jour un million de pièces
d’habillement, à des prix de
revient défiant toute concurrence
et dans des conditions sociales
contestées. « Ici vivent 30 000
esclaves », déplore Roberto Cenni,
le maire de Prato. p Lire page 17
Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 1,90 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 30 KRS, Suisse 3,00 CHF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,00 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA,
 24 heures dans le monde 0123
Jeudi 4 novembre 2010

Les gens Les faits Les chiffres

t Lepréfet Jean-Louis aInternational
Blanchoucondamné
pourune altercation
Aux élections de mi-mandat,
avecun automobiliste les républicains s’emparent de la
Chambre, mais échouent au Sénat
Revers historique à la Chambre
SIÈGES PERDUS OU GAGNÉS AUX ÉLECTIONS DE MI-MANDAT
Chambre des représentants
Bill Clinton
Démocrate
1994 1998
+5
0 +2
–8
Le préfet hors cadre Jean-Louis
Blanchou, 61 ans, a été condamné
mardi 2 novembre par le tribunal
correctionnel de Versailles (Yveli-
nes) à 1 000 euros d’amende pour – 52
une altercation avec un automobi-
liste sur l’autoroute A 13 en SOURCE : TIME, NEW YORK TIMES
entre l’Elysée et le cabinet de l’ancien journaliste Patrick Buisson pour la t Economie
fourniture de sondages, a-t-on appris mardi 2 novembre. Le parquet de
Paris a estimé que l’irresponsabilité pénale du chef de l'Etat « doit s’éten-
dre aux actes effectués au nom de la présidence de la République par ses
30
collaborateurs ». A ce titre, l’ancienne directrice de cabinet de M. Sarkozy,
Emmanuelle Mignon, qui avait signé la convention, « n’a juridiquement
aucun pouvoir en propre », a motivé le parquet. L’association Anticor
millions
d’emplois
avait porté plainte contre X, le 11 février, pour « délit de favoritisme », pas-
sible de deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende.
perdus à cause
L’Assemblée restreint l’aide médicale
Sénat
de la crise
George W. Bush Barack Obama d’Etat aux sans-papiers
Républicain Démocrate Les députés français ont décidé, mardi 2 novembre, dans le cadre de l’exa- mondiale
2002 2006 2010 men des crédits du ministère de la santé, de rendre payant (30 euros) l’ac- Le monde a perdu 30 millions
+6 cès à l’aide médicale d’Etat (AME), destinée aux personnes en situation d’emplois depuis le début de la cri-
irrégulière à faibles revenus. Ce dispositif mis en place en 1998 permet- se économique, a rappelé le direc-
tait à ces personnes résidant en France depuis plus de trois mois et dispo- teur général du Fonds monétaire
–6 – 6*
sant de ressources inférieures à 634 euros par mois de bénéficier de soins international, Dominique Strauss-
gratuits. Les députés ont ainsi adopté, avec le soutien du gouvernement, Kahn, lundi 1er novembre, lors du
quatre amendements UMP, notamment l’exclusion du dispositif des Forum international du dévelop-
– 28
actes au faible « service médical rendu » et la limitation des ayants droit pement à Agadir (Maroc). Selon
« aux conjoints et enfants ». L’AME a bénéficié, en 2009, à 215 000 person- l’Organisation internationale du
nes. Lire page 11 travail, quelque 210 millions de
personnes sont actuellement sans
– 59*
* Résultats provisoires Renaudot: Virginie Despentes emploi sur la planète.

t Automobile
avril 2008. Absent à l’audience, le Les républicains se sont emparés facilement, mardi 2 novembre, de la
revient dans la course
–18,7%
préfet, poursuivi initialement majorité à la Chambre des représentants, échouant toutefois de peu au
pour violence volontaire avec Sénat. Les premiers résultats, donnés mardi soir par les chaînes américai- Présente dans la première sélection du Renaudot, absente de la seconde,
arme par destination, a finale- nes, ont confirmé ce que prédisaient les sondages depuis plusieurs Virginie Despentes, avec Apocalypse Bébé (Grasset),réintègre la troisième
ment été reconnu coupable de semaines : une sérieuse déroute politique pour les démocrates. Les répu- et dernière sélection, rendue publique mardi 2 novembre au soir. Face à
« mise en danger d’autrui ».
Jean-Louis Blanchou a été nom-
blicains ont remporté une victoire historique, raflant au moins une
soixantaine de sièges à la Chambre, selon les premières estimations, soit
elle, cinq concurrents : Michel Houellebecq, La Carte et le Territoire, (Flam-
marion), Marc-Edouard Nabe, L’homme qui arrêta d’écrire (auto-édité), Chutedes
mé, le 22 septembre, délégué inter-
ministériel à la sécurité privée. A
largement plus que les 39 sièges dont ils avaient besoin pour prendre la
majorité. La Maison Blanche a réagi, tard dans la nuit, dans un communi-
Salim Bachi, Amours et aventures de Sindbad le marin (Gallimard), Simo-
netta Greggio, Dolce Vita 1959-1979 (Stock) et Robert Solé, Une soirée immatriculations
l’époque des faits, il était direc-
teur de la sûreté et du manage-
qué, en affirmant que M. Obama souhaitait trouver un « terrain d’enten-
te » avec les chefs républicains, affirmant qu’il était « impatient de tra-
au Caire (Seuil). Le prix sera décerné le 8 novembre, en même temps que
le Goncourt. enFrance
ment des risques à Aéroports de vailler avec eux ». Lire pages 5, 6 et 7 Les immatriculations de voitures
Paris, gestionnaire des aéroports n Sur Lemonde.fr : compte rendu des élections américaines neuves se sont effondrées, en Fran-
parisiens. (PHOTO : AFP) ce, en octobre, reculant de 18,7 %
aEconomie
Au moins 76 morts dans une série par rapport à octobre 2009, selon
t Adrian Alvarez M.Poutine invite Renault des chiffres publiés, mardi

Arencibia, plusancien d’attentats à Bagdad 2 novembre, par le Comité des

prisonnier politique Des quartiers chiites de Bagdad ont été la cible, mardi 2 novembre, d’une à monter dans le capital d’Avtovaz constructeurs français d’automo-
biles (CCFA). Alors que la moyenne
vague d’attentats, faisant, selon un bilan provisoire du ministère irakien Le premier ministre russe, Vladimir Poutine, a invité, mardi 2 novembre, des immatriculations, en octobre,
cubain, bientôt libre de l’intérieur, 76 morts et plus de 200 blessés. Les treize attentats coor- Renault-Nissan à augmenter sa participation dans le constructeur russe tournait autour de 175 000 unités
Adrian Alvarez Arencibia, 44 ans, donnés ont été perpétrés à l’aide de voitures piégées, d’engins explosifs Avtovaz. Il n’exclut pas que la participation de l’alliance puisse monter entre 2003 et 2007, le CCFA en a
le plus ancien « prisonnier politi- et de tirs de mortiers. Selon les forces de l’ordre irakiennes, par leur cible jusqu’à 50 %. « Nous allons étudier la proposition de M. Poutine et voir recensé 171 449, en octobre 2010.
que », selon la Commission cubai- et leur simultanéité, ces attentats portent la marque d’Al-Qaida. Diman- dans quelles conditions nous pourrions le faire », a indiqué Carlos Ghosn, C’est la sixième baisse consécuti-
ne pour les droits de l’homme, che 31 octobre, un commando de la nébuleuse terroriste avait assailli, en PDG de Renault et de Nissan, à l’issue d’une rencontre, à Moscou, avec le ve, depuis mai, et la plus forte.
devrait être prochainement libéré pleine messe, une cathédrale dans le centre-ville, faisant 58 morts. premierministre russe. Renault avait déjà acquis 25 % plus une action d’A-
et envoyé en exil vers l’Espagne a vtovaz pour un milliard de dollars, en février 2008. Le fabricant des Lada t Marée noire
annoncé l’Eglise catholique cubai-
ne, lundi 1er novembre. M. Alvarez
purge, depuis 1985, une peine de
aFrance
a, entre-temps, été pris au piège de la crise économique mondiale et s’est
retrouvé confronté à une dette colossale. L’Etat russe a alors, à plusieurs
reprises, exprimé le souhait que Renault augmente sa participation,
1,9
trente ans de prison pour « espion-
nage » et « atteinte à la sécurité de
l’Etat ». Menace terroriste: M.Sarkozy réunit
mais le groupe français avait jusqu’à présent indiqué ne pas prévoir d’ac-
quérir des parts supplémentaires. Avtovaz est sorti du rouge et a renoué
avec les bénéfices au premier semestre 2010. (PHOTO : AFP) Lire page 16
milliard
t Tony Musulin, les responsables de la sécurité de dollars
condamné, en appel, Nicolas Sarkozy a indiqué, mardi 2 novembre, qu’il réunirait à l’Elysée les
responsables de la sécurité pour faire le point des menaces terroristes, réclamé par BP
à cinq ans de prison
L’ancien convoyeur de fonds, Toni
après les mises en garde d’Oussama Ben Laden contre la France et l’envoi
de colis piégés aux Etats-Unis. «Je tiendrai moi-même une réuniondes res- à son partenaire
Musulin, 40 ans, devenu célèbre
pour le vol de 11,6 millions d’eu-
ponsables de la sécurité demain mercredi à Paris », a annoncé M. Sarkozy
lors d’une conférence de presse avec le premier ministre britannique, japonais
ros, fin 2009, à Lyon, a été condam- David Cameron, à Londres, en conclusion d’un sommet bilatéral. Le prési- British Petroleum a réclamé
né en appel, mardi 2 novembre, à dent de la République a jugé « extrêmement sérieuse » la menace terroris- 1,9milliard de dollars (1,35milliard
cinq ans de prison ferme. La cour te qui pèse sur la France. « Notre vigilance est totale. Nous travaillons avec d’euros) à une filiale de la maison
d’appel de Lyon a ainsi alourdi la nos alliés (…) heure par heure », a-t-il ajouté. de commerce japonaise Mitsui
peine de trois ans d’emprisonne- and Co, afin qu’elle participe aux
ment prononcée en mai par un tri-
bunal correctionnel. Classement sans suite d’une plainte frais de la marée noire du golfe du
Mexique, a annoncé la succursale

dans l’affaire des sondages de l’Elysée nippone, mardi 2 novembre. Moex

Offshore, filiale de Mitsui and Co,
Société éditrice du « Monde » SA Le parquet de Paris a classé sans suite, fin octobre, une plainte déposée possède 10 % des parts du puits de
Président du directoire, directeur
de la publication : Eric Fottorino par l’association anticorruption Anticor qui visait une convention pas- pétrole sous-marin à l’origine de la
Vice-président, directeur général : David Guiraud sée en 2007 sans appel d’offres, pour un coût total de 1,5 million d’euros, pollution. Lire page 13
Secrétaire général du directoire :
Pierre-Yves Romain
Directeur du « Monde » : Eric Fottorino
Directeur adjoint : Laurent Greilsamer
Editeur : Michel Sfeir
Directrice de la rédaction : Sylvie Kauffmann
Directeurs éditoriaux : Gérard Courtois
et Alain Frachon.
L’histoire Patricia Jolly Les scores
Rédacteurs en chef : Jean-Jacques Bozonnet,
Michel Kajman, Franck Nouchi, Isabelle Talès,
Didier Pourquery (« Le Monde Magazine »).
Chef d’édition : Françoise Tovo.
Infortune de mer et le «Rhum» est à l’eau… t Football
Lyon frôle l’humiliation
Directrice artistique : Sara Deux. en Ligue des champions

Veille de l’information : Eric Azan.
Secrétaire général : Jean-Pierre Giovenco
Médiatrice : Véronique Maurus
Conseil de surveillance : Louis Schweitzer,
président. Gilles van Kote, vice-président
Le Monde est édité par la Société éditrice du «Monde» SA
Durée de la société : 99 ans à compter du 15 décembre 2000.
Capital social : 149 017 497 ¤. Actionnaire principal : Le Monde SA.
Rédaction :80,boulevardAuguste-Blanqui,75707Paris
Cedex13 Tél. :01-57-28-20-00 ;télécopieur :01-57-28-21-21
Abonnements :partéléphone:deFrance0-825-000-778.
(0,15TTC/min) ;del’étranger:(33)3-44-31-80-48ou
www.lemonde.fr/abojournal/Changementd’adresse
etsuspension :0-825-022-021(0,15TTC/min)
0123 est édité par la Société Editrice du Monde (SA).
La reproduction de tout article est interdite sans l’accord de l’adminis-
tration. Commission paritaire des publications et agences de presse
n° 0712 C 81975 ISSN 0395-2037
Président : David Guiraud
Directrice générale :
Bénédicte Half-Ottenwaelter PRINTED IN FRANCE
80, bd Auguste-Blanqui,
75707 PARIS CEDEX 13
Tél : 01-57-28-39-00
Imprimerie du Monde
12, rue Maurice-Gunsbourg,
Fax : 01-57-28-39-26 94852 Ivry cedex
L
e flanc bâbord troué de L’Express-Sap-
mer est barré d’un ruban jaune de la
police scientifique et criminelle. Trop
amoché pour prendre le départ de la Route
du rhum avec les 85 autres voiliers concur-
rents, dimanche 31 octobre, le monocoque de
40 pieds (13,20 m) est en rade dans la zone
technique du port de Saint-Malo, et Gérard
Zaug, procureur de la République de Saint-
Brieuc, examine les causes de son infortune.
Mercredi 20 octobre, peu après 20heures,
le coursier blanc et noir double le cap Fréhel et
fait paisiblement route vers la « cité corsaire »
pour rallier le départ de la prestigieuse tran-
satlantique. A une quinzaine de milles du but,
son skipper, Pierre-Yves Lautrou, et l’entraî-
neur de ce dernier, Tanguy Leglatin, valdin-
guent à bord. Le choc, accompagné de la défla-
gration caractéristique du bris d’une coque fai-
te de matériaux composites, ne laisse aucun
doute: L’Express-Sapmer a été éperonné.
Dans le carré, Tanguy Leglatin – dont le
front a heurté la table à cartes – a le visage
ensanglanté et de l’eau jusqu’aux chevilles.
La coque est déchirée et enfoncée sur deux
mètres de large et un mètre de haut, un des
ballasts (réservoir d’eau de mer servant à
moduler l’équilibre du bateau) se vide dans
la cabine, et une voie d’eau apparaît. Dehors,
Pierre-Yves Lautrou, un bras en compote,
scrute l’obscurité. Il devine les contours d’un
chalutier mais l’aveuglante lumière du pro-
jecteur arrière du chauffard interdit toute
identification.
Enquête criminelle
En hâte, les accidentés affalent les voiles
et écopent à coups de seau. Le moteur est
hors service, mais le mât tient par miracle.
Les compétiteurs parviennent à Saint-Malo
sans assistance, la grand-voile réduite à la
taille d’un vulgaire torchon. « On a fait telle-
ment de stages de survie qu’on a d’abord pen-
sé à éviter le sur-accident », explique
M.Lautrou. Son « Rhum», ses dix mois de pré-
paration et les 150 000 euros de budget péni-
blement réunis anéantis, il dépose plainte à
la gendarmerie maritime. Immédiatement,
les techniciens d’identification criminelle de
la section de recherche de Brest relèvent des
indices sur sa coque : des traces de peinture
bleu et jaune. Par ailleurs, le sémaphore de
Saint-Cast révèle aux enquêteurs la présence
dans le secteur et à l’heure de la collision
d’un bateau dont la trace mène vers Erquy.
Damien Guilmin, patron-pêcheur de
25 ans et armateur du Petit-Caprice, contacte
les autorités et finira par admettre que son
chalutier de 12 mètres, spécialisé dans la
coquille Saint-Jacques, pourrait être en cau-
se. Après plusieurs heures d’interrogatoires,
mardi 26 octobre, son matelot âgé de 21 ans,
chargé de la veille au moment de l’accident,
avoue s’être « endormi », puis avoir « pani-
qué ». Pour ce « délit de fuite par conducteur
de navire après accident », le matelot – déjà
licencié pour faute grave – encourt une peine
maximale de deux ans de prison ferme et
30 000 euros d’amende.p
Mené 4-0 à une demi-heure de la
fin du match, l’Olympique lyon-
nais a frôlé l’humiliation mais n’a
pas évité la défaite (4-3), mardi, à
Lisbonne, contre le Benfica, lors de
la 4e journée de Ligue des cham-
pions. L’OL conserve malgré tout
la tête du groupe B avec 2 points
d’avance sur Schalke 04 tenu en
échec (0-0) à Tel-Aviv.
t Tennis
Tsonga forfait pour la finale
de la Coupe Davis
Le Français Jo-Wilfried Tsonga
(N˚13 mondial) devait déclarer for-
fait, mercredi 3 novembre, pour le
tournoi de Bercy qui débute le
8novembre, et la finale de la Cou-
pe Davis qui oppose la France à la
Serbie du 3 au 5 décembre. Il s’est
blessé au genou gauche, le 30 octo-
bre, au tournoi de Montpellier.
0123
Jeudi 4 novembre 2010
Emploi, impôts, santé, climat, diplomatie: contraint à un «gouvernement
partagé», le président américain devra composer sur la plupart des sujets
Les dossiers suspendus d’Obama
Washington et New York
Correspondants
C
omme l’expliquait
récemment le profes-
seur Larry Sabato, de
l’université de Virgi-
nie, ces élections
constituent « un
moment de Checks and Balance »
(« l’équilibre des pouvoirs, fonde-
ment de la démocratie américai-
ne »). Barack Obama devra s’adap-
ter à ce que les Américains appel-
lent un « gouvernement divisé »
(équivalent de la cohabitation).
Cette configuration est loin d’être
exceptionnelle : elle a occupé tren-
te-six des soixante dernières
années.
Le changement de majorité
signifie une lutte permanente
entre le président et l’opposition,
qui peut tourner au gridlock (« blo-
cage »). L’arme absolue du prési-
dent est le veto (il faut 67 voix
pour le contrer). Celle de son oppo-
sition le refus de voter les crédits.
Au pire, on arrive à la fermetu-
re du gouvernement, le fameux
shutdown. Mais c’est une arme à
double tranchant : en décem-
bre1995, l’opinion a donné raison
à Bill Clinton, et les républicains,
considérés comme responsables
de la paralysie, ont été battus à la
présidentielle.
Lasession« lameduck » (« canard
boiteux ») Les nouveaux élus ne
prendront leurs fonctions que
début janvier. Pendant la session
d’automne, les sortants conti-
nuent à siéger. C’est l’occasion de
faire passer des textes dont la nou-
velle majorité préfère ne pas avoir
à se charger.
Cette année, la situation est
compliquée par le fait que trois
nouveaux sénateurs (Delaware,
Illinois, Virginie-Occidentale) sié-
geront tout de suite, élus à la suite
d’élections partielles (dues à la
mort ou la démission de leurs titu-
laires) et non du renouvellement
classique par tiers du sénat.
Traité Start M. Obama espère pro-
fiter de cette session d’automne
pour faire passer la ratification du
nouveau traité Start de désarme-
ment avec la Russie, qui nécessite
67 voix au Sénat.
Le sénateur républicain, John
Cornyn, s’y est jusqu’à présent
opposé en espérant obtenir plus
de crédits pour le secteur nucléai-
re. Il n’est pas sûr que les perspecti-
ves soient meilleures.
Le Congrès renouvelle
partiellement ses cadres
À L’ISSUE des élections du
2 novembre, la Chambre des
représentants va se doter d’un
nouveau speaker (« président »).
La démocrate Nancy Pelosi,
70 ans, représentante de Califor-
nie, va céder sa place.
Elue dans un des districts les
plus à gauche de Californie en
1987, constamment reconduite
depuis cette date, elle avait accé-
dé à la fonction de présidente de
la Chambre des représentants en
2006 à la faveur des élections de
mi-mandat marquées par une
vague démocrate.
Première femme à occuper la
fonction de « speaker », Mme Pelosi
va être remplacée par le chef de
file des républicains, John Boeh-
ner, 60 ans, réélu pour sa part
dans l’Ohio. C’est à lui que revien-
dra la charge de gérer à la fois un
groupe nombreux et très compo-
Salon de l’emploi, à San Diego (Californie), en février. Le taux de chômage du pays avoisine les 10 %. SANDY HUFFAKER/GETTY IMAGES/AFP
Politique étrangère Les républi-
cains évoquent l’idée d’attacher
des conditions au renouvellement
des crédits, pour clarifier les condi-
tions dans lesquelles s’exercerait
leredéploiement conditionnel pré-
vu par M. Obama, en Afghanistan,
à partir de juillet 2011. Le Tea Party
est traversé de courants isolation-
nistes, ce qui va à l’encontre de la
tendance « nationaliste » de la
majorité républicaine.
Impôts Les deux partis n’ont pu
s’accorder, avant les élections, sur
le renouvellement des réductions
d’impôts adoptées sous George
Bush, en 2001 et 2003, et qui arri-
vent à échéance le 1er janvier 2011.
Les démocrates ne veulent pas
reconduire la baisse pour les plus
riches. Les républicains en ont fait
un élément essentiel de leur cam-
pagne, affirmant que c’est un
encouragement à l’embauche.
M. Obama s’y oppose, sauf si les
républicains montrent où ils pren-
nent la recette fiscale perdue. Or
réduire les impôts pour 2 % des
contribuables les plus aisés coûte-
site ainsi que les relations avec le
président Barack Obama
Au Sénat, que préside le vice-
président Joe Biden, le change-
ment espéré par le camp républi-
cain n’a pas eu lieu. Chef de la
minorité républicaine depuis
2006, Mitch McConnell, 58 ans,
élu dans le Kentucky depuis 1985,
ne remplacera pas le « patron » de
la majorité démocrate Harry
Reid.
Mitch McConnell avait vu l’un
de ses « poulains » politiques
dans le Kentucky battu lors des
primaires par Rand Paul, candi-
dat soutenu par le mouvement
des Tea Parties et qui va faire son
entrée au Sénat. C’est d’une candi-
date portée par ce même mouve-
ment, Sharron Angle, que M. Reid
a triomphé de justesse dans le
Nevada. p
Gilles Paris
rait 700 milliards de dollars
(499 milliards d’euros) sur dix ans.
Contrairement à la réforme de
la santé, l’opinion – notamment
les indépendants – est de son côté.
Selon un sondage du Pew Research
Center, 52 % des électeurs rejettent
les crédits d’impôts pour les riches
(plus de 250 000dollars de reve-
nus).
Emploi Le plan de relance de
M. Obama (780 milliards de dol-
La trajectoire
d’un homme d’État
Flammarion
lars) ayant échoué à empêcher
4 millions d’Américains supplé-
mentaires d’être au chômage, le
président a obtenu, en septembre,
une rallonge de 50 milliards spéci-
fiquement destinée à l’emploi.
Vu le taux de croissance actuel
(2 %), nombre d’économistes pro-
nostiquent un chômage repassant
bientôt la barre des 10 %, et la plu-
part jugent qu’il faudrait 500 mil-
liardspour menerà bien une politi-
que d’emploi volontariste.
Page trois
Mais les « néokeynésiens » prô-
nent l’investissement dans de
grands chantiers et une prolonga-
tion du versement des indemnités
de chômage, alors que les libéraux
favorisent des déductions massi-
ves d’impôts pour les entreprises
et les particuliers. Une répartition
entre ces deux pôles d’un nouveau
plan de relance public pourrait
voir le jour… si chaque camp est
convaincu qu’il lui sera politique-
ment bénéfique en 2012.
Michel Rocard raconte une vie d’engagements
qui conduira le jeune militant jusqu’au sommet
de l’État. Évoquant ses combats actuels,
il nous délivre aussi une formidable leçon d’avenir.
Santé Les républicains ont mis
dans leur programme l’abroga-
tion du texte sur l’assurance-san-
té. Une promesse sans conséquen-
ce puisque M. Obama pourra user
de son veto, et que les républi-
cains n’ont pas 60 voix au Sénat.
Le Tea Party exige que la nou-
velle majorité refuse les crédits,
mais les républicains hésitent à
annuler les dispositions déjà
entrées en vigueur. L’opinion est
d’accord pour abroger la loi, mais
quand on pose des questions pré-
cises sur ses avantages, les élec-
teurs sont moins négatifs.
La loi est, par ailleurs, attaquée
en justice dans 20 Etats. Or ce sont
les gouverneurs – dont une majo-
rité maintenant de républicains –
qui vont devoir la mettre en
œuvre.
Finances publiques La commis-
sion sur la réduction de la dette
doit rendre son rapport le
1er décembre. Les républicains sont
restés dans le flou sur la réduction
des dépenses et n’ont pas de posi-
tion inscrite dans le marbre sur la
privatisation – partielle – du systè-
me des retraites publiques, défen-
due par le Tea Party.
Barack Obama a eu des mots
quasi aimables pour l’homme qui
va devenir l’un des plus puissants
à Washington, Paul Ryan, du Wis-
consin, le prochain président de la
commission du budget à la Cham-
bre. Il a tout juste 40 ans.
Climat Avec la ratification des
accords de libre-échange en souf-
france, c’est un dossier sur lequel
des compromis sont possibles.
Non pas sur les marchés d’émis-
sion, sujet définitivement enterré,
mais sur la fin du moratoire sur les
forages offshore, le nucléaire et les
énergies nouvelles. p
Sylvain Cypel et
Corine Lesnes
© Pascal Broze / Reporters-REA
4 Planète 0123
Jeudi 4 novembre 2010

Canada: mine bloquée Retardateurs dangereux «Plantes interdites»

Le gouvernement fédéral canadien a refusé,
mardi 2 novembre, d’autoriser le projet
Prosperity, qui prévoyait l’exploitation d’une
mine d’or en Colombie-Britannique. Ce projet
impliquait la destruction d’un lac poissonneux
important pour les autochtones amérindiens.
Un groupe de 145 scientifiques de 22 pays ont
signé la déclaration de San Antonio, qui met en
garde contre les retardateurs de flamme au
brome ou au chlore, qu’ils jugent plus
dangereux qu’utiles. Le Parlement européen doit
se prononcer en novembre sur leur interdiction.
Dans cette «histoire des plantes politiquement
incorrectes», le botaniste Jean-Michel Groult
retracel’évolution de la manière dont la société a
considérédes plantes hallucinogènes, abortives, ou des
interdits agricoles. Editions Ulmer, 168 pages et 180 illustrations, 35 euros.

La justice face au pillage des ressources naturelles

«Diamants de sang», bois, pétrole… Punir la complicité de multinationales dans des crimes de guerre reste difficile

La Haye
Correspondance Pierres précieuses, cacao :
des trafics rentables

A
ccusé de crimes contre l’hu-
manité par le Tribunal spé-
cial pour la Sierra Leone
(TSSL), Charles Taylor est poursui-
vi pour avoir tenté de « s’emparer
des richesses diamantifères » du
pays, où la guerre civile
(1991-2002) a fait près de
150 000 morts. Pour le procureur
du TSSL, l’ancien président du
Liberia a fourni armes et muni-
tions aux rebelles du Front révolu-
tionnaire uni (RUF) en échange de
diamants extraits des sous-sols
sierra-léonais par des civils
réduits à l’esclavage.
Ecouler ces « diamants de
sang » nécessitait un réseau, des
complicités. Mais faute de
moyens et de soutiens politiques,
ce tribunal, établi par les Nations
unies et le gouvernement sierra-
léonais, n’a jamais poursuivi les
entreprises impliquées dans ces
trafics. Seul un homme d’affaires
néerlandais a été jugé aux Pays-
Bas. Condamné à huit ans de pri-
son, Guus Kouwenhoven a été
relaxé en appel faute de preuves
solides.
De l’Angola au Cambodge, du
Congo à l’Afrique de l’Ouest et au
Timor, le pillage des ressources
naturelles forme la toile de fond
de nombreux conflits – en 2009,
selon l’OCDE, l’accès à ces ressour-
ces était la principale cause de
guerres en Afrique.
Feu vert politique
Or, pour poursuivre leurs activi-
tés ou explorer les marchés juteux
du diamant, de l’or, du bois, du
pétrole, des multinationales s’al-
lient aux chefs de guerre. Figure-
ront-elles un jour au banc des accu-
sés ?
Au cours d’une conférence sur
« les crimes de guerre des multina-
tionales », organisée par l’Open
Society Justice Initiative les 28 et
29 octobre à La Haye, le professeur
James Stewart a estimé que « la jus-
tice internationale a un nouveau
rôle à jouer ».
Mais le volet financier des cri-
mes commis en ex-Yougoslavie,
au Rwanda, au Cambodge ou en
Sierra Leone a été laissé en friche
par les procureurs internatio-
En 2000, dans la mine de Baoma, en Sierra Leone, un trafiquant de diamants surveille ses mineurs. KADIR VAN LOHUIZEN
naux, par manque de volonté et de
moyens.
« Pister l’argent » nécessite
d’identifier des réseaux comple-
xes, dans lesquels les acteurs – gou-
vernements et multinationales –
savent jongler avec le droit. « Le
transfert d’armes du marché légal
à l’illégal implique la participation
des compagnies et des administra-
tions publiques. Et un marché illé-
gal peut se transformer en affaires
légales », estime Michel De Smedt,
chef des enquêtes à la Cour pénale
internationale (CPI).
Lutte contre le blanchiment
d’argent sale, conventions contre
la corruption, embargo, régime de
sanctions, les instruments juridi-
ques sont multiples. Il manque
aux enquêteurs le feu vert politi-
que. Le professeur Larissa Van den
Herik estime que l’établissement
de listes de sanctions par les
Nations unies est entre les mains
« des cinq puissances du Conseil de
sécurité », et que « cela peut rendre
la liste arbitraire ».
Kathie Austin, membre du grou-
pe d’experts de l’ONU chargé d’en-
quêter sur le pillage en RDC, racon-
Un arsenal législatif et judiciaire encore récent
Lancé en 1999 au Forum écono-
mique de Davos par l’ancien
secrétaire général des Nations
unies, Kofi Annan, un pacte mon-
dial incite les entreprises à s’en-
gager à « veiller à ce que leurs
propres compagnies ne se ren-
dent pas complices de violations
des droits de l’homme ».
En novembre 2000, l’Assemblée
générale des Nations unies adop-
te la Convention contre la crimi-
nalité transnationale organisée.
En 2002, des organisations de la
société civile, des industries et
plusieurs gouvernements met-
te avoir « demandé que plusieurs
sociétés voient leurs fonds gelés,
mais cela n’a pas été fait ».
Dès la mise en place, en
juillet2002, dela Cour pénaleinter-
nationale,lesmilieuxd’affairess’in-
tent en place un mécanisme (le
processus de Kimberley) permet-
tant d’établir que les diamants
écoulés sur le marché officiel ne
proviennent pas de zones de
guerre. En octobre 2003, l’As-
semblée générale des Nations
unies adopte la Convention inter-
nationale contre la corruption.
Par ailleurs, de nombreux instru-
ments de lutte contre la corrup-
tion, le blanchiment et les cri-
mes transnationaux ont été
adoptés au niveau régional, afin
notamment de faciliter la coopé-
ration judiciaire.
terrogeaientsur sa capacité à inten-
ter des poursuites. Leur inquiétude
n’était pas d’ordre moral. Une
condamnation pour complicité de
crimes contre l’humanité peut
entraîner des spéculations à la bais-
sesur lesmarchés. «L’effet dissuasif
créé par une simple affaire est dès
lors susceptible de transformer le
financement des guerres dans un
grand nombre de conflits en cours »,
estime M. Stewart.
Effets pervers
La Cour pénale internationale
ne peut pas poursuivre les multi-
nationales, mais elle peut, sous cer-
taines conditions, juger leurs diri-
geants. En 2003, le procureur Luis
Moreno Ocampo estimait
qu’« arrêter et poursuivre les
auteurs matériels des crimes [en
République démocratique du
Congo] n’empêchera pas que des
atrocités soient commises tant que
En Angola, les rebelles de l’Unita
auraient récolté 2,6 milliards d’eu-
ros grâce au trafic de diamants
de 1992 à 1998, selon Global
Witness.
En Côte d’Ivoire, les Forces nou-
velles recueilleraient plus de
20 millions d’euros par an sur la
taxation du cacao, selon l’organi-
sation non gouvernementale.
Au Cambodge, le trafic de dia-
mants organisé par les Khmers
rouges, avec la complicité de la
Thaïlande, aurait rapporté près
de 108 millions d’euros de 1990 à
1995, toujours selon Global
Witness.
En Sierra Leone, selon les
Nations unies, les rebelles du
Front révolutionnaire uni ont
récolté de 18 à 90 millions d’euros
par an du commerce illégal de dia-
mants.
des pratiques commerciales illéga-
les continueront à alimenter le
conflit ». Mais la CPI n’a, jusqu’à ce
jour, poursuivi aucun responsable
économique complice du pillage
au Congo.
Les experts estiment aussi
qu’intenter des poursuites contre
les multinationales peut engen-
drer des effets pervers. L’exploita-
tionillégale des ressources naturel-
les est, par nature, difficile à chif-
frer,mais, selon la Banque mondia-
le, près de 100 millions de person-
nes dépendent de l’exploitation
des mines. Et en 2006, 90 % de la
production en République démo-
cratique du Congo provenait du
secteur minier.
« Dans certains contextes, priver
les factions belligérantes de l’accès
à la richesse des ressources peut
avoir des conséquences humanitai-
res négatives, affirme James
Stewart. Ternir la réputation d’en-
treprises réputées qui fournissent
l’investissement indispensable
pour les économies ravagées par la
guerre peut présenter pour celles-ci
un grave danger. » p
Stéphanie Maupas

Un volcan islandais menace de se réveiller Environnement

L’évaluation indépendante
L’augmentation soudaine du débit d’une rivière pourrait être le prélude à une éruption du Grenelle est jugée
Reykjavik De quoi s’agit-il ? Il existe un scé- l’attend, confiante, car personne la fin de la débâcle. Mais surtout, «pas suffisamment critique»
Correspondance nario qui s’est confirmé en 1996 et n’habite sur ces terres du Sud plu- les Islandais sont actuellement Les organisations de protection de l’environnement ont contesté, mar-
en2004etquipourrait sereprodui- tôt fertiles mais incurablement davantage préoccupés par les di 2 novembre, l’évaluation du Grenelle réalisée sous la direction de qua-

L
e volcanisme islandais se pré-
pare-t-il à menacer à nou-
veau le transport aérien,
six mois après l’émission d’un
immense panache de cendres par
l’Eyjafjallajökull ? « Pour l’heure, il
n’yapasdesignedétectableducom-
mencement d’une éruption » sous
le lac glaciaire Grimsvötn, indi-
quait, mardi 2 novembre, le centre
volcanologique de Reykjavik.
Mais la vigilance est de mise
depuis qu’une expédition a consta-
té, début octobre, que le niveau de
ce lac, situé au cœur du glacier
Vatnajökull (grand comme la Cor-
se), avait beaucoup monté. Durant
la semaine du 25 au 31 octobre, un
des nombreux torrents qui s’écou-
lent du Vatnajökull a grossi. Le
débit du Giggjukvisl, qui était de
140 mètres cube par seconde (m3/s)
le 31 octobre, est passé à 630 m3/s
lundi 1er novembre et devait culmi-
ner mercredi à 3 000m3/s, au som-
met de la débâcle.
re une fois encore aujourd’hui. Une
zone volcanique active, située sous
le glacier, fait fondre la glace. Le lac
Grimsvötn collecte ces eaux, mais
lorsque l’activité volcanique aug-
mente, celles-ci forcent leur che-
L’éruption de
l’Eyjafjallajökull
au printemps n’a pas eu
de conséquences graves
en Islande. Il aurait
plutôt fertilisé les terres
min entre les moraines jusqu’à la
débâcle, lorsque la glace, sous forte
pression, se soulève pour leur per-
mettre de s’écouler.
La seconde partie du scénario
n’est pas encore écrite. Lorsque le
lac se vide, la pression sur la zone
volcanique se libère, et une érup-
tion a généralement lieu. L’Islande
capricieuses.
Une éruption a eu lieu en 2004
sous le lac Grimsvötn. Elle fut plus
spectaculaire encore en 1996. Si les
Islandais sont aussi calmes aujour-
d’hui,c’estquelesanimaux,notam-
ment les moutons, sont en sécuri-
té. La saison touristique est termi-
née,etuneéruptiondefaibleampli-
tude peut soutenir l’intérêt pour
l’Islande sans créer d’inquiétude.
On a compté 60 éruptions sous
le lac Grimsvötn ces 800 dernières
années. C’est la zone volcanique la
plus active d’Islande. Son activité
fut réduite de 1938 à 1996, pour
repartir depuis de plus belle.
Ladébâcle en cours n’a pas enco-
re menacé les ponts. Mais les blocs
de glace qu’elle charrie ont abattu
un pylône d’une ligne à haute ten-
sion, entraînant des pannes d’élec-
tricité. Les Islandais connaissent
les mesures à prendre en cas de
débordement : on éventre la route
de part et d’autre des ponts jusqu’à
conséquencesdeleurcrisefinanciè-
re que par les sautes d’humeur de
leurs volcans.
L’éruption du volcan
Eyjafjallajökull au printemps, qui
aurait coûté 2 milliards d’euros à la
communauté internationale, n’a
pas eu de conséquences graves en
Islande. Il aurait plutôt fertilisé les
terres. Mais il a découragé des tou-
ristes qui, le danger disparu, ont
redouté un volcan aujourd’hui
assoupi et dont les neiges récentes
recouvrent les cendres grises.
Hekla, à l’ouest, et Katla, à l’est,
pourraient connaître de nouvelles
éruptions, dont Eyjafjallajökull fut
le signe avant-coureur. Mais il
s’agit encore une fois d’hypothè-
ses. Si le criblage sismique du pays
est très performant et les explica-
tions a posteriori des spécialistes
toujours convaincantes, les phéno-
mènes volcaniques demeurent
impossibles à prédire. p
Gérard Lemarquis
tre anciens présidents de groupes de travail avec l’appui du cabinet de
conseil Ernst & Young, qui estime que 18 % des 268 engagements sont
« réalisés » et 59 % sont « en cours de réalisation, sans difficulté particuliè-
re à ce jour ». « Ce rapport ne fait pas preuve de suffisamment d’esprit cri-
tique », commente Sébastien Genest, l’ex-président de France Nature
Environnement. De son côté, le directeur de Greenpeace France, Pascal
Husting, affirme être « déçu » par les résultats du Grenelle trois ans
après. Pour le WWF, l’ambition du Grenelle « s’est égarée dans les sables
mouvants administratifs, législatifs et politiques». Anne Bringault, direc-
trice des Amis de la terre, estime que « sur beaucoup de sujets, on n’est
pas en ligne pour tenir les objectifs ». Les associations ont regretté de ne
pas avoir été consultées pour cette évaluation. Géraud Guibert, le porte-
parole du pôle écologique du Parti socialiste, a de son côté dénoncé une
« autoglorification [qui] prend définitivement le pas sur l’esprit originel
du Grenelle ». p Gaëlle Dupont
Justice EDF renvoyé en correctionnelle dans l’affaire
d’espionnage de Greenpeace
Le groupe EDF et deux anciens responsables de la sécurité de cette entre-
prise ont été renvoyés devant le tribunal correctionnel de Nanterre,
conformément à la requête du parquet, dans l’affaire de soupçons du
piratage informatique de l’organisation de défense de l’environnement
Greenpeace, a indiqué, mardi 2 novembre, une partie civile. EDF avait
été mis en examen en 2009 en tant que personne morale pour « compli-
cité et recel d’intrusion frauduleuse informatique » au préjudice de l’ex-
directeur des campagnes de Greenpeace-France, Yannick Jadot. – (AFP.)
0123
Jeudi 4 novembre 2010 International 5
Les élections américaines de mi-mandat

M.Obamacontraintdecomposeraveclesrépublicains
Les démocrates ont été laminés à la Chambre des représentants, mais limitent les pertes au Sénat

Washington ont montré que les personnes

Correspondante Résultats provisoires pour la Chambre des représentants âgées,trèssensiblesàlaquestionde
l’endettement et de la réforme du

D
eux ans après avoir été por-
té au pouvoir par une
vague d’espoir et la soif de
changement, Barack Obama a été
sévèrement sanctionné par les
électeurs mardi 2 novembre.
Son parti a réussi à sauver sa
majorité au Sénat, mais il a été
englouti par un raz-de-marée
républicain à la Chambre des
représentants. Avec au moins
56 sièges de plus, le parti conserva-
teur fait mieux que le record de
52 sièges enregistré en 1994 par les
partisans de la révolution conser-
vatrice contre Bill Clinton.
Elu sur une promesse d’unité
– « Il n’y pas d’Etats rouges ni
d’Etats bleus, seulement les Etats-
Unis d’Amérique » –, Barack Oba-
Lesconseillersdu
Medicare (l’assurance médicale)
s’étaient fortement mobilisées,
contrairement aux jeunes, malgré
les sollicitations de M. Obama. Les
banlieues, territoire privilégié des
électeurs indépendants, sont aussi
retournées chez les républicains.
La droite – et notamment le Tea
Party – n’a pas, en revanche, réussi
ALASKA son pari au Sénat, où les courses
sont plus individuelles. Les démo-
crates ont ainsi sauvé les meubles
aveclavictoiredeBarbaraBoxer, en
Californie,faceàl’anciennePDGd’e-
Bay, Carly Fiorina, et celle du chef
de file démocrate du Sénat, Harry
Reid, dans le Nevada. La victoire de
HAWAII
cedernier a revigoré lecamp démo-
Démocrates Républicains crate, tant Sarah Palin et le Tea Par-
conservé conservé ty avaient investi dans sa défaite.
remporté remporté Le président Obama, qui s’était
favorable favorable
préparé depuis plusieurs semai-
nes à ce revers, a donné des inter-

présidentparlentde
tendreune«branche
d’olivier»àl’opposition
ma dirige désormais un pays plus
divisé que jamais : entre la Maison
Blanche et le Congrès ; entre le
Sénat et la Chambre des représen-
tants ; entre les Etats de tradition
ouvrière du milieu du pays,
balayés par une vague anti-Oba-
ma, et l’Ouest, qui a résisté mieux
qu’annoncé à la conquête républi-
caine.
Le président américain entame
une nouvelle phase de son mandat
dans une situation compliquée
qui risque de mettre à l’épreuve les
institutions. Plusieurs de ses réfor-
mes sont en péril dont celle du sys-
tème de santé (Healthcare).
D’autres, comme la loi sur le chan-
gement climatique, sont enter-
rées. Le retrait « conditionnel »
d’Afghanistan pourrait être révisé.
Surtout, le mécontentement
NOUVELLE RÉPARTITION
PROVISOIRE DES SIÈGES
Démocrates
Républicains
Indécis 51
qui s’est exprimé laisse présager
des lendemains difficiles, alors
que l’économie donne des signes
d’enrayement.
Malgré leur succès, les républi-
cains n’ont pas pavoisé. « Le
moment de la célébration n’est pas
venu », a lancé le probable succes-
seur de Nancy Pelosi au poste de
speaker du Congrès, et le représen-
tant de l’Ohio, John Boehner, d’af-
firmer : « C’est le moment de se
retrousser les manches. »
Peu avant minuit, M. Obama a
téléphoné à M. Boehner et à son
homologue du Sénat, Mitch
McConnell, pour les informer de
Sénat
3 14
100 46
sièges
son souhait de travailler avec eux
et de « trouver des points d’accord »
pour faire avancer le pays. Mais
beaucoup craignent que la cohabi-
tation n’entraîne la paralysie à
Washington.
Le président devait préciser ses
intentions dans une conférence de
presse, mercredi, à la Maison Blan-
che. Ses conseillers parlaient de
tendre une « branche d’olivier » à
l’opposition. En même temps, ils
ne sont pas mécontents que les
républicains se retrouvent à parta-
ger les responsabilités de la lutte
contre la crise, deux ans avant
l’élection présidentielle de 2012,
Chambre des représentants
183 435 238
sièges
au lieu de profiter de leur position
de « parti du non ».
Une vague de mécontentement
a emporté le pays d’Est en Ouest.
Les politologues avaient prévu que
la vingtaine de circonscriptions
démocrates, conquises à la faveur
du changement de majorité en
SOURCE : NYTIMES.COM
La majorité est à 218 sièges
2006 et la vague de 2008, retourne-
rait du côté républicain.
Maisdesreprésentantsconforta-
blementréélusdepuis1996ontaus-
si été balayés, notamment dans les
Etats de la « rust belt », la vieille
industrie, frappés par le chômage.
Les sondages de sortie des urnes
views aux radios jusqu’à la derniè-
re minute. Impuissant à empêcher
le républicain Kirk de s’emparer
de son ancien siège dans l’Illinois,
il a pu prendre la mesure de l’appa-
reil militant dont il dispose enco-
re, dans la perspective de 2012.
Lecentre de Philadelphie – à pré-
dominance afro-américaine – a
voté à 80 % pour le candidat démo-
crate au Sénat, Joe Sestak, quand
même battu. Les latinos ont assuré
la victoire de M. Reid dans le Neva-
da. En revanche, l’Ohio et la Flori-
de, cruciaux pour toute stratégie
présidentielle, sont passés chez les
républicains. p
Corine Lesnes

Défaites cuisantes et triomphes éclatants,

le bilan mitigé du mouvement Tea Party
Washington
Correspondante
Le Tea Party Express, qui était
venu narguer le sénateur Harry
Reid, jusque dans l’hôtel de Las
Vegas où les démocrates tenaient
leur soirée électorale, a dû déchan-
ter. Sa candidate Sharron Angle a
enregistré un échec cuisant, com-
me l’autre égérie du mouvement
Christine O’Donnell dans le
Delaware.
Le Tea Party aura été un apport
important pour le Parti républi-
cain et le chef de la nouvelle majo-
rité au Congrès, John Boehner, a
remercié ses militants et emprun-
té à leur langage pendant la soirée
électorale républicaine. « Washing-
ton fait ce qui est bon pour Wash-
ington. Et ce soir, cela va commen-
cer à changer. »
Mais il est aussi un facteur non
négligeable dans l’échec des répu-
blicains de s’emparer du Sénat.
Christine O’Donnell, 39 ans, a rui-
né ses chances par une série de
déclarations farfelues. Sharron
Angle, 61 ans, a refusé de parler à la
presse tant qu’elle ne serait pas
élue. Dans l’Alaska, l’iconoclaste
Joe Miller, porté à bout de bras par
l’ancienne gouverneure Sarah
Palin, a dû reconnaître un menson-
ge et ses gardes du corps se sont
illustrés en menottant un journa-
liste. Mercredi matin, le décompte
des votes n’était pas fini, la républi-
caine « classique» Lisa Murkowski
s’étant maintenue malgré la candi-
dature Tea Party.
En revanche, les candidats qui
ont fait leurs preuves, comme
Rand Paul dans le Kentucky et
Marco Rubio, 39 ans, l’étoile mon-
tante du Parti républicain, ont été
élus sans difficulté. D’origine
cubaine, Marco Rubio est partisan
d’une Amérique musclée. En
revanche, l’ophtalmologiste de for-
mation Rand Paul défend une poli-
tique de coupes dans le budget du
Pentagone, signe du manque d’uni-
té qui attend le groupe républi-
cain. Dans son intervention après
sa victoire, il a exalté la liberté, qui
donne toute sa signification à «l’ex-
ception américaine » et cité Tho-
mas Jefferson, dans la pure tradi-
tion Tea Party : « Le gouvernement
est à son meilleur quand il gouver-
ne le moins ». Pour lui, comme
pour Sharron Angle, « le gouverne-
ment n’a pas à créer d’emplois ».
Christine O’Donnell,
égérie du
mouvement,
a ruiné ses chances
par une série de
déclarations farfelues
Vainqueur facile du poste séna-
torial en Floride, devant le démo-
crate Kendrick Meek et l’ancien
gouverneur républicain modéré
Charlie Crist – qui s’était maintenu
en course, après avoir été
contraint de quitter le parti –,
Marco Rubio a donné une idée de
la manière dont vont s’organiser
les relations avec l’appareil républi-
cain. Il a estimé que la victoire de
la droite au Congrès n’était pas un
«mandat » donné au parti républi-
cain mais «une seconde chance
pour les républicains d’être ce qu’ils
avaient dit qu’ils seraient ». Il a blâ-
mé «les deux partis » pour la situa-
tion de blocage à Washington.
Depuis que la presse s’est fait
l’écho de propos de cadres républi-
cains affirmant leur souhait de
marginaliser Sarah Palin et de fai-
re rentrer dans le rang les candi-
dats Tea Party une fois élus, la
méfiance s’est renforcée. Le séna-
teur de Caroline du Sud, Jim
DeMint, radical de longue date, et
devenu l’un des possibles prési-
dentiables Tea Party, a mis en gar-
de contre les tentatives de l’appa-
reil d’étouffer l’esprit anticorrup-
tion des nouveaux élus. « L’esta-
blishment va plus probablement
tenter d’acheter vos votes que
votre philosophie de gouverne-
ment limité, écrit-il dans une tribu-
ne publiée par le Wall Street Jour-
nal. Ne les laissez pas faire. »
La menace à peine voilée de ces
nouveaux républicains est de lan-
cer une candidature séparée en
2012 si le parti ne réduit pas les
dépenses publiques et la dette.
« C’est un réveil, a dit Jim DeMint à
la télévision. Le début d’un proces-
sus qui ne va faire que grossir jus-
qu’en 2012 ».
Sarah Palin s’est contentée d’en-
voyer sa réaction par Twitter.
« Assez c’est assez », écrit-elle en
s’adressant à Barack Obama. Par-
mi les candidats qu’elle avait sou-
tenus, environ deux tiers ont été
élus. Dont ses « mamas grizzlies » :
Nikki Haley, la nouvelle gouver-
neure de Caroline du Sud, d’origi-
ne indienne, et Susana Martinez,
du Nouveau Mexique, qui devient
la première femme latino gouver-
neure d’un Etat ; Mary Fallin, la
première gouverneure de l’ Okla-
homa ; et Kelly Ayotte, qui
devient sénatrice du New
Hampshire.p
C. Ls
6 International
Les élections américaines de mi-mandat
Le 2 novembre, à la Maison Blanche, le président Obama s’entretient avec le républicain John Boehner (Tea Party), qui sera le nouveau speaker de la Chambre des représentants. PETE SOUZA/WHITE HOUSE/AP
A la télévision, l’analyse d’une victoire
Le point d’orgue de la soirée aura été les larmes versées en direct par le républicain John Boehner
New York
Correspondant
C
e fut ce que l’on nomme un
« moment de télévision »,
dont les images sont repas-
sées en boucle sur les écrans. Le
républicain John Boehner, qui va
redevenir chef de la majorité de la
Chambre, prononçait son discours
de victoire. « Le moment n’est pas
venu de célébrer, mais de se mettre
au travail. Nous célébrerons quand
les petites entreprises recommence-
ront d’embaucher, quand on aura
de nouveau un gouvernement qui
bénéficiera de la confiance du peu-
ple.» Un discours de vainqueur.
Les républicains seront « dispo-
sés à travailler » avec le président
Obama si lui-même cesse de refu-
ser « d’écouter le peuple » et « chan-
ge de cours ». Sinon… La routine
politique du rapport de forces. Il
faudra, rappelait M. Boehner,
« couper dans les dépenses publi-
ques », toujours sans dire où ni
comment, comme s’il était encore
en campagne.
Puisilenvintàl’exerciceimposé
de la politique américaine : parler
de lui-même, remercier sa famille.
Il évoqua ses débuts comme petit
entrepreneurquandl’émotionl’en-
vahit.Soneffortvisiblepourmaîtri-
ser sa perte de contrôle fut insuffi-
sant. Les larmes montèrent, la gor-
ge se serra. L’homme se reprit,
remercia sa femme, ses deux filles
et ses onze frères et sœurs. Puis les
sanglots remontèrent. A se deman-
der ce qui pouvait motiver un tel
émoi, un trouble aussi manifeste.
On osera une hypothèse, dans le
sillage du magazine Village Voice,
quiapubliédébutoctobreunegran-
de enquête intitulée « Cette Améri-
que blanche qui a perdu la boule ».
C’est un thème récurrent de la gau-
che démocrate. Selon cette thèse,
l’électiondeBarack Obamaalittéra-
lementrendufollesdepeurcesclas-
ses moyennes blanches, héritières
d’une Amérique qu’elles dominè-
rent, qui fit leur prospérité et qu’el-
les voient chaque jour disparaître
sous leurs yeux, avec la poussée du
chômage dans leurs rangs et la per-
te de leur statut dominant due à
l’émergence des populations d’ori-
gine non européenne.
Suivant cette analyse, l’émotion
de M. Boehner, dans son discours
de victoire, renvoyait à la crainte
que l’émergence du phénomène
Obama lui avait inspirée. Il célébra
dans la victoire républicaine à la
Chambre «le retour aux valeurs qui
ont fait de l’Amérique ce qu’elle
est». Toujours l’idée que les valeurs
portéesparl’adversaire,aufond,ne
seraient «pas américaines».
Sur Fox News, la chaîne qui pro-
meut les idéaux conservateurs et
fait la liaison entre le Parti républi-
cain tel que le représente M. Boeh-
ner et la mouvance populiste du
Tea Party, l’animateur Neil Cavuto
a posé cette question à un ancien
chef de cabinet du président Bush,
Andy Card : «Assiste-t-on ce soir à la
revanche de George Bush? » et donc
des «valeurs » qu’il avait représen-
tées. M. Card a expliqué qu’effecti-
vement les Américains avaient
comprisquel’effondrement écono-
mique qui avait marqué la fin de
règnede l’ancien président« n’était
pas de sa faute. »
Sila thèse du désarroides classes
moyennes a souvent été évoquée
durant la soirée, c’est en général
dans un tout autre sens. C’est la
montée du chômage et son main-
tien à un étiage jugé insupportable
qui a mis la Maison Blanche dans
une telle difficulté. Les premiers
commentaires ont porté sur l’im-
pact qu’aurait une possible paraly-
sie institutionnelle du pays sur sa
situation socio-économique.
Question subsidiaire : qui tirera
le plus parti d’une reprise, et quel
parti politique pâtira en priorité
d’une dégradation supplémentaire
de l’économie américaine ? Sur
CNN, l’analyste Jonathan Mann a
estimé que le choix offert au prési-
dent Obama oscille entre deux
pôles identifiables : «Soit composer
avec cet étrange Congrès issu des
urnes, soit entrer dès demain en
campagne contre lui pour le rendre
responsable de la paralysie et de
l’échec » dans la perspective de sa
candidature à la réélection en 2012.
En d’autres termes, user à son tour
de la tactique de paralysie qui a si
bien réussi aux républicains.
Moult commentateurs
estiment que
la mouvance populiste
pourraitrapidement
connaîtredes jours
moinsglorieux
L’Amérique est un pays qui
regarde devant et oublie vite. C’est
ce qui a perdu M. Obama aujour-
d’hui.C’est,estimentcertainsstratè-
ges démocrates, ce qui peut perdre
les républicains une fois qu’ils
devront partager les responsabili-
tés de la gestion du pays. C’est alors
que les réelles difficultés avec leurs
alliés du Tea Party surgiront.
Les élus de cette mouvance, a
jugé la politologue Kathleen Par-
ker, toujours sur CNN, «ont été jus-
qu’ici assez naïfs ; maintenant, ils
vont être confrontés à la réalité ».
L’analyste Soledad O’Brien, après
avoir écouté les déclarations pim-
pantes de Rand Paul et de Marco
Rubio, deux étoiles montantes du
Sénat portés par la vague Tea Party
dans le Kentucky et en Floride, s’est
demandé comment ils se compor-
teront unefois confrontés à la réali-
Le rejet de la Proposition 23, victoire pour les écologistes
Changements climatiques La
Proposition 23, l’initiative qui
visait à suspendre la loi califor-
nienne destinée à contrer les
changements climatiques, a été
rejetée mardi 2 novembre par les
électeurs. Ce vote constitue une
grande victoire pour les défen-
seurs de l’environnement et pour
le secteur des énergies « vertes ».
59 % de « non » Alors que les
résultats de plus du quart des
bureaux de vote étaient connus,
le « non » à la Proposition 23 obte-
nait 59 %, et le « oui » 41 %. Cette
initiative, en grande partie finan-
cée par les compagnies pétroliè-
res, aurait porté un coup d’arrêt
aux efforts entrepris par les Cali-
forniens pour développer les éner-
gies renouvelables et créer un
té de Washington. C’est-à-dire aux
marchandages qui caractérisent
un cœur politique de l’Amérique
fédérale soumis en permanence
aux pressions de lobbies, d’autant
plus dans une situation où les deux
chambres du Congrès ont deux
majorités différentes.
Nombre de commentateurs
estiment que la mouvance popu-
liste pourrait rapidement connaî-
tre des jours moins glorieux. Les
républicains et en particulier leur
composante Tea Party, a-t-on
entendu sur la plupart des chaî-
nes, ont, durant la campagne, tous
fait de la réduction des déficits
publics une priorité.
L’heure des choix est arrivée :
dans quels budgets précisément
faut-il couper ? Et de combien ?
Combien de temps pourront-ils
prôner, sans en pâtir électorale-
ment,lareconduction desexonéra-
tions d’impôts pour les 2 % les plus
fortunés – coût estimé : 700 mil-
liardsdedollars(500milliardsd’eu-
ros) de recette fiscale en moins – et
descoupes claires dans des budgets
sociaux ?
Sur MSNBC, la chaîne « obama-
niaque », le débat a porté sur la
dimension réelle de la désaffection
de l’opinion envers le président.
Assiste-t-on à un épiphénomène,
un rejet conjoncturel comme Bill
Clinton en a connu un en 1994
avant d’être réélu deux ans plus
tard, ou à une vraie lame de fond.
Tout ce qui arrive, s’est lamenté
Chris Matthews, est la conséquen-
ce de la désindustrialisation des
Etats-Unis, avec la perte de ses
« bons emplois » qui ont affaibli la
classe moyenne.
Ses collègues se sont raccrochés
à l’idée que jusqu’à ce jour les répu-
blicains n’ont pas de candidat
assez consensuel dans leur camp
pour vaincre Barack Obama dans
deux ans, lors de la seule élection
américaine qui soit uniquement
axée sur les enjeux nationaux. On
se rassure comme on peut. p
Sylvain Cypel
marché d’échange des émissions
de gaz à effet de serre (GES). Le
sort réservé lors de cette consul-
tation à la loi californienne AB 32,
adoptée en 2006, était l’objet de
toutes les attentions aux Etats-
Unis, car la Californie avait le
choix : abandonner la lutte contre
le réchauffement climatique, ou
persévérer sur la voie de la réduc-
tion des GES.
Que prônait la Proposition 23 ?
Le texte prévoyait la suspension
de la loi AB 32 tant que le taux de
chômage, actuellement supérieur
à 10 %, ne serait pas retombé à
5,5 % ou en deçà pendant une
année entière, un cas de figure
rarement observé en Californie
au cours de ces vingt dernières
années.
Retour gagnant pour
le démocrate Jerry
Brown en Californie
Gouverneur de 1975 à 1983, il a été élu
pour la troisième fois face à Meg Whitman
Portrait
Los Angeles
Correspondante
P
our comprendre la populari-
té de Jerry Brown, déjà gou-
verneur de Californie de 1975
à 1983, et réélu à un troisième man-
datavec 53% des voix (contre 41,9 %
à sa rivale républicaine Meg Whit-
man), il suffit d’écouter les élec-
teurs à la sortie des bureaux de
vote, ce mardi 2 novembre. « J’ai
votépourJerryBrownpourlatroisiè-
me fois », confie Doug, enseignant à
la retraite et vétéran de l’armée.
«Lesdeuxpremièresfois,c’étaitpar-
ce qu’il était avec Linda Ronstadt [la
célèbre chanteuse de country]…
Mais il ne l’a pas épousée ! » ajou-
te-t-il malicieusement.
En élisant Jerry Brown, les Cali-
forniensontchoisi unefigurefami-
lière,dontilconnaisselesparticula-
rités mais aussi l’expérience, et ont
rejeté une novice en politique dont
le message ressemblait trop à celui
d’ArnoldSchwarzenegger, en 2003,
lequel achèveson mandat avec une
cote de popularité très faible.
Edmund Gerald « Jerry » Brown
est né le 7 avril 1938 à San Francisco.
Ilest lefilsd’Edmund « Pat» Brown,
qui fut gouverneur de Californie de
1959 à 1967. Récemment, il évo-
quait une grand-mère qui lui lisait
la Bible et une mère ramenant de
l’ordre dans un foyer chaotique. En
1956, avec l’intention de devenir
prêtre catholique, il entre au sémi-
naire,« un coconde ferveurreligieu-
se », selon lui, mais opte ensuite
pour des études en art et en droit,
avant de connaître l’appel du servi-
ce public, « mon zèle missionnaire à
vouloir transformer le monde».
En 1970, Jerry Brown est élu
secrétaire d’Etat puis, en jan-
vier 1975, à 37 ans, il succède à
Ronald Reagan comme gouver-
neur de Californie – un poste
auquel l’ancien acteur avait battu
son propre père Pat Brown en
1966! Le jeune gouverneur affiche
une certaine distance avec les
conventions politiques : son dis-
cours d’inauguration dure sept
minutes, est centré sur le chômage,
et suivi non pas du traditionnel bal
d’inauguration mais d’une simple
soirée dans un restaurant chinois
de Los Angeles. Il n’emménage pas
dans la résidence du gouverneur et
loue un modeste appartement. Et il
nomme à son gouvernement des
femmes et des minorités, pour la
première fois.
A Sacramento, il s’oppose aux
lobbies et bataille avec le Congrès,
pourtant contrôlé par les démocra-
0123
Jeudi 4 novembre 2010
tes. Sa plus grande réussite est la
négociation de l’accord avec les tra-
vailleurs agricoles qui met fin aux
boycottages du raisin et de la laitue
ainsi qu’à des années de conflits
sociauxparfoisviolents.Etilabeau-
coup d’idées, comme les carpool
lanes (files réservées au covoitura-
ge), la communication par satellite,
les ordinateurs à l’école.
Soucieux de l’environnement
bien avant que ce soit à la mode, il
protège les espaces naturels et met
en place une politique énergétique
visant à réduire la pollution atmo-
sphérique, innovant avec des cré-
dits d’impôts aux utilisateurs
d’énergie solaire. Il est moqué
quand il a lancé les windmills, les
moulins à vent générateurs d’éner-
gie, mais aujourd’hui, les fermes
éoliennes sont un des secteurs en
pleine croissance en Californie.
Controverses
Elu avec une cote de popularité
de 85 % (supérieure à celle de
Ronald Reagan), il est victime de
sa frugalité en matière d’éduca-
tion et d’infrastructures routiè-
res. Et ses deux mandats connais-
sent des controverses : son opposi-
tion, impopulaire, à la fameuse
Prop 13, mesure qui plafonne les
impôts immobiliers ; sa nomina-
tion de Rose Bird (opposée à la pei-
ne capitale, comme lui) à la Cour
suprême de Californie, rejetée par
les électeurs ; sa mauvaise gestion
de l’invasion des insectes med-
flies…
Jerry Brown, qui pouvait briguer
un troisième mandat, ne se repré-
sente pas, sans pour autant renon-
cer au service public. Il est maire
d’Oakland,unemunicipalitédiffici-
le, de 1999 à 2007, et depuis 2006,
le 31e secrétaire californien à la jus-
tice.Et àtrois reprises, en1976, 1980
(contre Bill Carter) et 1992 (contre
BillClinton),il estcandidatàl’inves-
titure démocrate dans la course à la
Maison Blanche, sans succès.
De retour cette année dans la
course, son thème de campagne
électorale,«Let’s getCalifornia wor-
king », a joué sur le double sens de
« work » : redonner du travail aux
citoyens, et refaire fonctionner
l’Etat. Sa campagne a été marquée
par quelques gaffes. Mais au cours
d’un débat, il a tenu à rassurer les
Californiens : « Fini le temps où je
faisais la tournée des bars de Sacra-
mento, aujourd’hui, je rentre chez
moi, je suis marié. » Son épouse,
Anne Gust, qu’il présente comme
«mon conseiller le plus proche», l’a
d’ailleurs accompagné sur la fin de
sa campagne.p
Claudine Mulard
0123
Jeudi 4 novembre 2010
Les élections américaines de mi-mandat
Les figures emblématiques d’un changement politique
GETTY/AFP
Rand Paul (Kentucky)
Sénateur républicain Tea Party
Premier élu de la vague Tea Party,
il a le premier annoncé l’importan-
ce que prendrait cette mouvance.
Fils du représentant Ron Paul,
ex-candidat «libertarien » à la pré-
sidentielle de 2008, Rand Paul a
balayé son adversaire démocrate
pour le siège de sénateur du Ken-
tucky. « Le peuple a envoyé un mes-
sage clair: nous allons reprendre le
gouvernement.» Le ton était celui
d’un homme peu enclin aux com-
promis, y compris avec la direction
du Parti républicain, qu’il a forcée
à le soutenir. Car, pour enlever ce
siège déjà occupé par un républi-
cain, cet ophtalmologiste de 47 ans
sans expérience politique a dû
évincer le candidat que son parti
lui avait préféré lors de primaires
internes. Il l’a fait en se présentant
comme un homme indépendant,
sans langue de bois, défenseur des
provinciaux «oubliés» de la capita-
le, adversaire déterminé des dépen-
ses publiques, partisan des mar-
chés les plus «libres » (dérégulés)
possibles et favorable à la modifica-
tion du 14e amendement garantis-
sant la citoyenneté américaine
aux enfants d’immigrés illégaux
nés aux Etats-Unis. L’homme
d’une droite radicale. p S. C.
PLUS
TARD
CE SERA
TROP
TARD
(1) Somme restant à payer pour l’achat d’une 107 Urban 1,0L essence 68ch 3 portes, neuve, hors option, déduction faite d’une remise de 760 € sur le tarif
Peugeot 10D conseillé du 04/10/2010, du bonus écologique de 500 € et de la prime à la casse Peugeot de 2 000 €. Consommation mixte (en l/100 km) : 4,5.
Émissions de CO2 (en g/km) : 103. (2) Somme restant à payer pour l’achat d’une 207 Urban 1,4L essence 75ch 3 portes, neuve, hors option, déduction faite
d’une remise de 2 010 € sur le tarif Peugeot 10D conseillé du 04/10/2010, et de la prime à la casse Peugeot de 2 000 €. Consommation mixte (en l/100 km) : 6,3.
Émissions de CO2 (en g/km) : 145. (3) Prime à la casse Peugeot de 2 000 € pour la reprise d’un véhicule de 8 à 10 ans destiné à la casse. Offres non cumulables,
réservées aux particuliers du 2 novembre au 31 décembre dans le réseau Peugeot participant, valables pour toute commande d’un véhicule Peugeot neuf, livré
avant le 31/03/2011. * Ouverture le dimanche selon autorisations préfectorales.
GETTY/AFP
Russ Feingold (Wisconsin)
Ancien sénateur démocrate
Si M.Obama devait être convaincu
que la voie prônée par la gauche
démocrate est sans issue, le destin
de Russ Feingold, sénateur du Wis-
consin, mettrait sans doute fin à
ses doutes. Dans cet Etat très
« blanc», moyennement indus-
triel, mais où la mouvance progres-
siste est traditionnellement viva-
ce, M.Feingold, unique représen-
tant au Sénat de la gauche démo-
crate radicale, élu depuis dix-sept
ans, a subi un revers cuisant face à
un candidat du Tea Party. Seul
sénateur à avoir voté contre le
Patriot Act qui limitait les libertés
après le 11-Septembre, initiateur
d’une procédure d’empeachment
(destitution) contre George Bush
pour ses «mensonges » irakiens,
M.Feingold était aussi un adversai-
re des accords commerciaux de
libre-échange, qu’il jugeait néfas-
tes pour l’ouvrier américain. Ce
démocrate avait voté contre la
nomination de Timothy Geithner
au Trésor. Il était favorable à la
régularisation des immigrés illé-
gaux, adversaire acharné de la pei-
ne de mort et partisan farouche
d’une assurance santé universelle.
La vague Tea Party a noyé le seul
altermondialiste du Sénat. p S. C.
JOURNÉES PORTES OUVERTES LES 6 ET 7 NOVEMBRE *
AP
Nikki Haley (Caroline du Sud)
Gouverneure républicaine
Tea Party
Elle fait partie de cette nouvelle
génération de candidates conser-
vatrices apparues dans le sillage
de Sarah Palin, l’ex-gouverneure
de l’Alaska. Comme elle, Nikki
Haley a ce «star power» dont les
Américains raffolent, cette faculté
de capter l’attention devant les
caméras de télévision. A 38 ans, cet-
te Indo-Américaine est devenue la
première femme élue au poste de
gouverneur de la Caroline du Sud,
un des Etats les plus conservateurs
du pays. Elle est aussi la première
Américaine ayant grandi dans la
culture sikh à décrocher un tel siè-
ge. Elle s’est depuis convertie à
l’Eglise méthodiste.
Au terme d’une campagne extrê-
mement serrée, Nikki Haley – avec
peu de moyens financiers au
départ – a battu sur le fil, mardi
soir, le sénateur Vincent Sheheen.
Idéologiquement, elle suit les pas
de son mentor, l’ancien gouver-
neur républicain de l’Etat, Mark
Sanford: réductions fiscales, dimi-
nution du pouvoir fédéral et
conservatisme social. Avec sa vic-
toire, Nikki Haley confirme son
image d’étoile montante du Parti
républicain. p N. Bo.
DERNIERS JOURS DU SUPERBONUS
CHEZ PEUGEOT
PRIME
À LA CASSE
GOUVERNEMENTALE
107
6 190 €
À PARTIR DE
Bonus écologique de 500 € déduit
et sous condition de reprise(3)
GETTY/AFP
John Boehner (Ohio)
Représentant républicain
L’homme, réputé pour sa poigne
et ses déclarations tonitruantes,
aura finalement craqué. Mardi
soir, peu après l’annonce de sa vic-
toire, John Boehner, futur « spea-
ker» (président) de la Chambre des
représentants, n’a pu s’empêcher
de verser quelques larmes en évo-
quant ses origines modestes
devant les caméras de télévision.
A 60 ans, le successeur de la démo-
crate Nancy Pelosi n’a eu de cesse
de critiquer vertement la politique
du président Barack Obama. Se
définissant comme «franc-tireur »,
il s’en est pris au déficit budgétaire
de Washington, qu’il met sur le
compte de l’étatisation de l’écono-
mie. Ancien dirigeant d’une petite
entreprise d’emballage, M. Boeh-
ner, élu pour la première fois en
1990 au Congrès, est connu pour
son teint toujours bronzé, ses cos-
tumes de marque et sa consomma-
tion frénétique de cigarettes.
Issu d’une famille démocrate, John
Boehner est un ancien proche col-
laborateur de Newt Gingrich,
ex-speaker de la Chambre des
représentants. Farouche défen-
seur de l’économie libre de mar-
ché, il a été critiqué pour ses liens
avec les lobbyistes.p N. Bo.
X4
(1)
International 7
Etats-Unis
La Californie dit «non»
à la légalisation de la marijuana
Les électeurs californiens ont largement rejeté, mardi 2 novembre, le
référendum sur une proposition de loi visant à « légaliser, taxer et régu-
ler la marijuana ». Selon les projections des médias américains, mardi
soir, la « Proposition 19 » n’aurait été approuvée que par 43 % des Califor-
niens, et rejetée par 57 % d’entre eux. Le texte voulait autoriser les Cali-
forniens de plus de 21 ans à posséder jusqu’à une once (28,35 g) de mari-
juana et à la cultiver, chez eux, sur une surface maximale d’environ
2 mètres carrés. Il proposait également de confier aux comtés le soin
d’organiser la culture et la commercialisation du cannabis, puis sa taxa-
tion. La mesure aurait permis, selon ses initiateurs, non seulement de
rapporter près de 1,4 milliard de dollars (1 milliard d’euros) par an, mais
aussi de soulager les forces de police et de décongestionner les établisse-
ments pénitentiaires. Cette dépénalisation aurait fait de la Californie,
où la culture et la consommation de la marijuana à des fins médicales
sont légales depuis 1996, l’entité politique la plus en pointe en termes
de légalisation du cannabis, devant les Pays-Bas. Le milliardaire George
Soros a offert un don d’un million de dollars aux défenseurs de la légali-
sation. Le démocrate Jerry Brown, élu mardi au poste de gouverneur,
était, lui, hostile au texte. p Nicolas Bourcier
Rwanda
Annulation de l’obligation de quitter
la France pour Agathe Habyarimana
VERSAILLES. Le tribunal administratif de Versailles (Yvelines) a annulé,
mardi 2 novembre, l’arrêté du préfet de l’Essonne qui, en septembre,
avait fait obligation à Agathe Habyarimana, la veuve de l’ancien prési-
dent du Rwanda, de quitter le territoire français. Cette décision suit les
conclusions du rapporteur public qui, à l’audience, avait qualifié d’« irré-
gulière » la procédure suivie. Le préfet va donc devoir réexaminer la
situation de Mme Habyarimana, dont la demande d’asile en France a été
rejetée en 2009 en raison de son implication présumée dans le génoci-
de de 1994. La décision satisfait son avocat, Philippe Meilhac, qui estime
que sa cliente, « accueillie il y a quinze ans en France les bras ouverts » et
dont les proches y vivent, doit obtenir un titre de séjour au titre de la
« vie privée et familiale ». Le Collectif des parties civiles pour le Rwanda,
qui pourchasse en France les génocidaires, n’est pas favorable à l’expul-
sion de Mme Habyarimana, 67 ans, car il souhaite que la plainte qu’il a
déposée en 2007 contre elle pour « complicité de génocide » aboutisse à
un procès en France. p Philippe Bernard
Sahara Occidental Pourparlers Maroc-Front Polisario
NEW YORK. Les pourparlers entre le Maroc et le Front Polisario vont
reprendre les 8 et 9 novembre aux Etats-Unis sous l’égide des Nations
unies, qui en ont fait l’annonce, pour tenter de briser l’impasse sur le
Sahara occidental, l’un des plus vieux contentieux territoriaux en Afri-
que. – (Reuters.)
207
8 990 €
(2)
À PARTIR DE
Sous condition de reprise(3)
www.peugeotwebstore.com
8 Contre-enquête
K Les chrétiens vont-ils
disparaître du Moyen-Orient?
K Quelles sont les menaces qui pèsent sur eux?
Décodage
L
a prise d’otages qui
s’est soldée, diman-
che 31 octobre, par la
mort de 46 fidèles
syriaques catholi-
ques dans une église
deBagdad provoque-
ra-t-elle une nouvel-
le fuite des chrétiens d’Irak ? C’est
ce que craignentcertains responsa-
bles religieux du pays. « Nous
n’avons plus notre place ici. Tout le
mondeva partir», a affirmé levicai-
re épiscopal de Bagdad, Mgr Pios
Kasha, au lendemain de l’attaque.
Durant quinze jours, en octo-
bre, le Vatican s’était penché sur le
sort de ces minorités chrétiennes,
redoutant « un exode mortel ». Il y
a quarante-cinq ans, lors de sa visi-
te historique en Terre sainte, le
pape Paul VI avait déjà émis la
crainte que « les lieux saints ne se
transforment en musées » après la
« disparition » des chrétiens
d’Orient, qui figurent parmi les
plus anciennes communautés
chrétiennes du monde. « Certains
observateurs prédisent qu’au siècle
prochain la Terre sainte pourrait
s’être entièrement vidée de ses chré-
tiens », écrit René Guitton, dans
Ces chrétiens qu’on assassine
(Flammarion, 2009).
Des données fragiles Face à ces
craintes, les réalités sont très
contrastées. Les pays les plus tou-
chés par les départs sont parmi les
plus instables de la région. L’Irak,
qui aurait perdu près de la moitié
de sa population chrétienne en
une vingtaine d’années, le Liban et
les territoires palestiniens occupés
fournissent les plus importants
flux de migration. Mais qu’il s’agis-
se du nombre de chrétiens sur pla-
ce, de la part de ceux qui émigrent
ou de ceux qui reviennent au pays,
les chiffres sont difficiles à cerner
avec précision.
En Egypte, le nombre de Coptes
varie du simple au triple selon que
l’on se réfère aux statistiques gou-
vernementalesou à celles des auto-
ritésreligieuses. Ces dernièresaffir-
ment que, depuis dix ans, « 1,5 mil-
lion de Coptes ont émigré, principa-
lement vers les Etats-Unis ou le
Canada », rapporte M. Guitton.
Il est communément admis
qu’en un siècle, la proportion de
chrétiens dans la région n’a cessé
de baisser ; ils ne représenteraient
100 pages inédites
de bande dessinée politique
LE REGARD DE 18 AUTEURS ET DESSINATEURS
que 3 % à 6 % des populations loca-
les (15 % à 20 % au début du XXe siè-
cle), exception faite du Liban où les
chrétiens constituent encore une
forte minorité. L’exode et la plus
faible natalité des familles chré-
tiennes expliquent cette tendance.
De nombreuses diasporas Au
XIXe siècle, les chrétiens de Syrie,
du Liban ou de Palestine se sont
expatriés, ralliant l’Europe ou
l’Amérique latine. Ainsi, quelque
300 000 Palestiniens vivent
aujourd’hui au Chili et 10 % des
Argentins sont d’origine syro-liba-
naise. Aujourd’hui,ceux qui le peu-
vent rejoignent une diaspora
implantée en Europe, aux Etats-
Unis, au Canada, en Amérique du
Sud ou en Australie.
Les chrétiens d’Irak, eux, sont
contraints de quitter leurs villes
pourdesraisons sécuritairesetpar-
foisdansl’urgence, ilsrallient,pour
certains, les provinces kurdes du
nord du pays, au risque d’y créer
uneenclave ethnico-religieuse.Cet-
te région offre, jusqu’à présent, des
conditions de vie plus sûres.
D’autres ont rejoint la Syrie ou la
Jordanie, qui, au fil des années, se
montrent moins accueillantes.
Unepartiedescandidatsàl’exilpar-
tent aussi en Occident. La France et
l’Allemagne ont, ces deux derniè-
res années, accueilli plusieurs mil-
liers de chrétiens irakiens menacés
dans leur pays.
Les causes de l’exode « Les chré-
tiens émigrentpour des raisons éco-
nomiques, à cause de l’instabilité
de la région et des conflits », a résu-
mé le patriarche d’Alexandrie des
Coptes, Antonios Naguib, en mar-
ge du synode d’octobre. Un ensem-
ble de raisons économiques, politi-
ques, sécuritaires, démographi-
ques et religieuses explique cette
lente érosion.
Le conflit israélo-palestinien et
la politique des grandes puissan-
ces occidentales dans la région
sont présentés comme l’une des
sources principales de cet exode.
Au-delà du contexte sécuritaire,
les chrétiens payent parfois leur
proximité supposée avec les Occi-
dentaux. En Irak, la relative protec-
tion dont ils ont disposé sous Sad-
dam Hussein a aussi alimenté des
tensions intercommunautaires,
selon M. Guitton.
Vient de
paraître
International
Les chrétiens d’Orient
PART DE CHRÉTIENS
DANS LA POPULATION
TOTALE DU PAYS, en %
Moins de 1 %
De 1 à 5 %
De 5 à 10 %
Environ 40 %
100 %
Mer Méditerranée
POPULATION CHRÉTIENNE
estimations
Nombre de
chrétiens
LIBYE
Le poids des principales confessions, estimations 2006
a ARMÉNIENS
Orthodoxes
Arménie. Diaspora : 3 millions dont 800 000 en Amérique du Nord.
Catholiques*
Arménie et 220 000 en diaspora
a CHALDÉENS
Catholiques*
800 000 principalement en Irak. Diaspora : Etats-Unis, Europe.
Assyriens non unis à Rome
50 000 en Irak et en Iran, 250 000 en Amérique.
Mais depuis quelques années,
le clergé et les fidèles mettent sur-
tout en avant l’islamisation crois-
sante des sociétés dans lesquelles
ils vivent. « Les musulmans ne dis-
tinguent pas religion et politique »,
rappelaient les évêques lors du
synode. Au-delà de l’islam radical
ou du terrorisme islamiste, à
l’œuvre en Irak notamment, la
confrontation avec un islam plus
affirmé et plus identitaire rend dif-
ficile le maintien d’une culture et
d’une pratique chrétienne, esti-
ment les communautés sur place.
Enfin, souvent mieux formés
que la moyenne grâce à leur
réseau d’écoles et d’universités, les
chrétiens ont plus de facilités pour
obtenir des visas et rejoindre une
diaspora ancienne, aux Etats-Unis,
en Europe ou en Amérique latine,
prête à les accueillir.p
Stéphanie Le Bars
En Egypte, les coptes se referment sur eux-mêmes
Zoom
L
es coptes d’Egypte, en majo-
rité orthodoxes, consti-
tuent la plus importante
communauté chrétienne
du Moyen-Orient. Leur nombre est
évalué entre 6 % à 10 % des 80 mil-
lions d’Egyptiens, selon les sources
dont l’imprécision témoigne de la
sensibilité de la question au sein
du plus grand pays arabe sunnite.
Depuis les conquêtes arabes du
VIIe siècle, l’Eglise copte a connu un
long et lent déclin culturel et insti-
tutionnel. Même si ses membres
ne sont plus les cibles désignées
des franges djihadistes qui ont
sévi sur les bords du Nil jusqu’à la
fin des années 1990, ils font tou-
jours l’objet d’une discrimination
officieuse et diffuse.
A la faveur d’une timide ouver-
ture du jeu politique, concédée en
Mer Noire
TURQUIE
80 000
LIBAN
1,5 million
ISRAËL
150 000
PALESTINE
60 000
JORDANIE
350 000
ÉGYPTE
5 à 8 millions
Mer
Rouge
a COPTES
6 millions Orthodoxes
Egypte. Diaspora : Afrique, Amérique, Europe, Australie.
600 000 Catholiques*
225 000 en Egypte. Diaspora : Amérique, Europe, Océanie.
a MARONITES
1,2 million Catholiques*
1 million principalement au Liban. Diaspora : Amérique du Nord
300 000 et du Sud, Europe (dont 55 000 en France), Océanie, Afrique.
k Contrepoint
Environ 3,5 millions de chrétiens originaires d’Asie et d’Afrique dans les pays du Moyen-Orient
C’est un phénomène nouveau que l’Eglise com-
mence à prendre en compte : la présence de plus
en plus importante de chrétiens originaires
d’Asie ou d’Afrique dans les pays du Moyen-
Orient. Le Vatican évalue le nombre de ces fidè-
les à 3,5 millions de personnes, notamment dans
les monarchies du Golfe. Ils remplissent ou revi-
talisent des églises existantes, mais suscitent
aussi de nouveaux besoins dans des pays jusque-
là exclusivement musulmans.
«Cette immigration économique a commencé il y
a une quarantaine d’années, mais elle s’accélère
depuis les années 1990. Pour autant elle n’est per-
çue par nos Eglises comme une réalité que depuis
peu», reconnaît Mgr Paul Hinder, vicaire apostoli-
que d’Arabie. Ce vicariat regroupe six pays,
2,5millions de fidèles et une soixantaine de prê-
2005 par le président Hosni Mou-
barak, le tabou qui pesait sur les
« problèmes confessionnels » est
tombé. « La question copte fait,
depuis, l’objet d’une médiatisation
sansprécédent, tandisque les reven-
dications et doléances coptes s’ex-
priment publiquement. Les coptes
sont devenus plus que jamais l’en-
jeu et l’instrument des tactiques
électorales et politiques », note la
chercheusedoctorante Laure Guir-
guis, spécialiste de ces questions.
Enjeux électoraux
Ainsi, à quelques semaines des
élections législatives égyptiennes,
prévues le 28 novembre, la com-
munauté copte vit sous haute
pression.
Hormis les enjeux électoraux
actuels, explique Mme Guirguis, « il
faut prendre en compte l’islamisa-
tion générale de l’environnement
égyptien qui s’est accompagné de
campagnes, de plus en plus fré-
quentes, visant à dénigrer les chré-
0123
Jeudi 4 novembre 2010
GÉORGIE
AZERB.
TURKMÉNISTAN
ARMÉNIE
3 millions
Mer
Caspienne
SYRIE
850 000 IRAN
135 000
IRAK
600 000
KOWEÏT
Golfe
Persique
ARABIE
SAOUDITE
BAR
RHEÏN
BARHEÏN
* Unis àQAT
QATAR
TAR
Rome
a MELKITES
6 millions Catholiques* 2 millions
EAU
SOURCE : ŒUVRE D’ORIENT
800 000 en Orient. Diaspora : Amérique, Europe, Australie
250 000 Orthodoxes 250 000
Liban, Syrie, Irak, Koweït, Iran. Diaspora : Amérique, Australie.
a SYRIAQUES
5,5 millions Orthodoxes 250 000
Syrie, Liban, Turquie, Israël, Inde et diaspora.
Catholiques* 160 000
107 000 en Orient. Diaspora : Amérique, Europe, Océanie
tres. A part l’Arabie saoudite, où le culte public
n’est pas permis, les autres pays se montrent
plus ou moins « généreux », selon Mgr Hinder,
qui précise que la conversion des musulmans au
christianisme demeure interdite. Des églises
existent au Bahrein ou au Qatar, mais la pratique
demeure compliquée : le nombre des structures
ecclésiales n’a pas suivi l’explosion démographi-
que des chrétiens immigrés. Récemment, un prê-
tre et des fidèles philippins ont été brièvement
arrêtés en Arabie saoudite pour avoir célébré
une messe dans un lieu privé.
Les évêques d’Orient reconnaissent désormais
qu’ils doivent mieux accompagner ces nouvelles
populations, « souvent objets d’injustices socia-
les, d’exploitation et d’abus sexuels », tant au
plan religieux que social.p S. L. B.
tiensdanslesmédias, lapresse,la lit- en contradiction avec la foi chré-
térature et même l’enseignement». tienne, avaient été rajoutés après
En parallèle, et en réaction au mon- la mort du prophète Mohammed
de extérieur perçu comme hostile, par l’un de ses successeurs.
les coptes se sont renfermés sur « Tous ces propos reflètent des
eux-mêmes, développant un dis- représentations latentes etcommu-
cours ultracommunautariste. « Il y nes, mais qui n’avaient encore
a donc des discours radicaux, aussi jamais été énoncées par des hom-
bien côté chrétien que côté musul- mes tels que Salim El-Awwa, censé
man », observe la chercheuse. être un islamiste modéré, ou le Père
Exemple, cette polémique, par- Bishoy, un officiel », précise Laure
mid’autres,qui a récemment occu- Guirguis.
pé la scène médiatique. Lors d’une Une autre polémique ne désen-
interview, diffusée le 16 septembre fle pas autour de la conversion à
sur la chaîne qatarie Al-Jazira, l’islam de deux épouses de prêtres,
Mohammad Salim El-Awwa, secré- finalement ramenées par les for-
taire général de l’Union internatio- ces de sécurité dans le giron de
nale des oulémas, a déclaré qu’un l’Eglise. Cet incident a pris des pro-
navire israélien transportait des portions inattendues depuis que
explosifs destinés à armer les cop- l’Etat islamique d’Irak, un groupe
tes. Au même moment, l’évêque irakien affilié à Al-Qaida, a ordon-
Bishoy, haut dignitaire de l’Eglise né lundi 1er novembre à l’Eglisecop-
copte, a provoqué un scandale en te de libérer ces deux « musulma-
déclarant que les musulmans ne nes, retenues captives dans les
sont que des « invités dans notre monastères ». p
pays », puis une émeute, en suggé- Cécile Hennion
rant que certains versets du Coran, (Beyrouth, correspondante)
0123
Jeudi 4 novembre 2010 International & Europe 9

MM.Cameron et Sarkozy ont signé

Grèce
L’acheminement du courrier aérien
suspendu après des tentatives
«un accord historique» sur la défense d’attentats simultanées en Europe
ATHÈNES. La Grèce a annoncé, dans la nuit du mardi 2 au mercredi
Le premier ministre britannique assure que les traités ne réduisent pas la souveraineté des Etats 3 novembre, la suspension pour quarante-huit heures de l’achemine-
ment par voie aérienne de toutes les lettres et colis à destination de
l’étranger. Cette décision fait suite à la découverte d’une douzaine de
Londres sont réticents à l’idée de partager réciproques », se réjouit le Times, dans leurouvrage ThatSweet Enne- colis piégés expédiés quasi simultanément à l’étranger où à des adres-
Correspondante leurs ressources militaires. Plus qui rappelle que des deux côtés de my, la richesse, la population, la ses postales en Grèce. Le premier ministre italien, Silvio Berlusconi,
d’un tiers d’entre eux y sont oppo- laManche,malgré Trafalgar,Water- puissance militaire et l’influence était ainsi le destinataire d’un paquet qui a été intercepté à bord d’un

A
ssis côte à côte, ils ont cha-
cun signé un registre rouge,
souslefeudesappareilspho-
tos, avant de se donner une chaleu-
reuse accolade. Mardi 2 novembre,
Nicolas Sarkozy et David Cameron
ont mimé devant la presse, réunie
à Lancaster House, une cérémonie
de mariage pour détailler le conte-
nudes deux traités de défense et de
sécurité qu’ils venaient de conclu-
re à l’occasion du sommet franco-
britannique.
« C’est un accord historique », a
commenté le président de la Répu-
blique française. « Il ne s’agit pas
de réduire la souveraineté françai-
se ou britannique », a d’emblée pré-
venu le premier ministre tory de
sa majesté, « il ne s’agit pas de par-
tager la dissuasion nucléaire » ni
« de constituer une armée euro-
péenne ».
Pour M. Cameron, bien plus que
pour M. Sarkozy, il s’agit de
convaincre que la nouvelle coopé-
ration entre les deux « ennemis
héréditaires » ne menace en rien
l’indépendance du Royaume-Uni
en matière de défense. Un avis que
ne partagent pas spontanément
sés,contre seulement13 % desFran-
çais. Et quand, en plus, la coopéra-
tion en question doit se faire avec
les Français…
La presse tabloïde conservatrice
«L’armée britannique
aux ordres
de la France», titre
le «Daily Express»
donneuneidéede laperceptionbri-
tannique. Le duc de Wellington,
quivantait«ladétestationdesFran-
çais », doit se retourner dans sa
tombe, écrit le Daily Mirror. « L’ar-
mée britannique aux ordres de la
France », titre le Daily Express en
rappelant que «l’hostilité envers les
Français fait le tissu de nos vies
depuis mille ans ».
Le Daily Telegraph évoque, lui
aussi, « ces forces combattantes,
dont les SAS [unité d’élite] » qui
«pourraient devoir obéir aux Fran-
çais»au sein dela force expédition-
naire commune qui s’apprête à
voir le jour. Les troupes britanni-
ques ont déjà combattu sous com-
loo, Mers El-Kébir ou encore Azin-
court, il y a déjà eu des tentatives
de rapprochement, quoique par-
fois idéalistes.
En 1940, Winston Churchill a
rêvé d’une « une union franco-bri-
tannique » qui ferait armée, parle-
ment et monnaie communs. Le
Times rappelle que les deux pays
ne se sont pas affrontés sur un
champ de bataille depuis 1815. Et,
en 1956, le président du Conseil
français, Guy Mollet, proposait à
Anthony Eden que les deux
Etats s’unissent sous l’autorité de
la reine.
Quelle que soit leur ambition,
les tentatives d’alliance entre la
France et la Grande-Bretagne en
matière militaire ont le plus sou-
vent échoué. Mais, aujourd’hui, le
contexte est différent. Comme
l’écrivent Robert et Isabelle Tombs
dans le monde de la France et du
Royaume-Uni sont pour la premiè-
re fois quasi comparables. Par
ailleurs, Paris et, plus encore, Lon-
dres ont vu leurs déficits budgétai-
res exploser dans la foulée d’une
crise économique sans précé-
dent depuis la seconde guerre
mondiale.
« Les deux nations ont peut-être
enfin compris qu’elles sont arrivées
au bout des routes distinctes qu’el-
les ont empruntées après la crise du
canalde Suez [1956]», écritle Finan-
cial Times, qui ajoute : « La France
ne peut plus espérer organiser l’Eu-
rope contre l’Amérique. La Grande-
Bretagne ne peut pas considérer
une relation étroite avec les Etats-
Unis comme un succédané à la col-
laboration sur son propre conti-
nent.» p
Virginie Malingre
avion postal en Italie. Un autre, lui aussi posté en Grèce, avait été
envoyé à la chancelière allemande, Angela Merkel, et un troisième à
Nicolas Sarkozy. L’agence européenne chargée de la coopération policiè-
re, Europol, dont le siège est aux Pays-Bas, et la Cour européenne de jus-
tice, installée au Luxembourg, étaient également visés par d’autres
colis qui ont fait l’objet d’une explosion contrôlée dans un terminal de
l’aéroport d’Athènes. Mardi, deux autres colis piégés de faible puissan-
ce avaient explosé dans les ambassades suisse et russe sans faire de vic-
time. La police grecque privilégie la piste d’un seul et même groupe,
mais sans être en mesure de désigner une organisation précise. Deux
suspects ont cependant été arrêtés et déférés, mardi, devant la justice.
Ils sont inculpés d’« appartenance à une organisation terroriste » et
d’« actions terroristes ». – (AFP.)p
Kosovo Elections législatives anticipées
sur fond de crise politique
PRISTINA. Le président kosovar par intérim, Jakup Krasniqi, a convoqué
pour le dimanche 12 décembre des élections législatives anticipées, pré-
cipitant ainsi le calendrier de la crise politique que traverse le pays
depuis le fin septembre. Cette annonce est intervenue peu après le vote
par le Parlement d’une motion de censure contre le gouvernement du
premier ministre, Hashim Thaci. Il s’agira des premières élections légis-
latives depuis la proclamation d’indépendance en février 2008. – (AFP.)

ses concitoyens, à commencer par
ceux qui constituent l’aile droite
du Parti conservateur.
Comme le montre un sondage
publiédansle FinancialTimes, mar-
di 2 novembre, les Britanniques,
plus que tous les autres Européens,
BPCE – Société anonyme à directoire et conseil de surveillance au capital de 563 731 755 € – Siège social : 50, avenue Pierre-Mendès-France – 75201 Paris Cedex 13 – RCS Paris n° 493 455 042 – Réf. : 10/2010 –
mandement français, dans le cadre
de l’interventiondes Nations unies
aux Balkans, admet le quotidien,
mais « à une autre échelle ».
C’estpeut-être la fin «d’un millé-
naire de défiance mutuelle, d’hosti-
lité nationaliste et de stéréotypes

Mikhaïl Khodorkovski
dénonce l’asservissement
de la justice russe
Accusé d’avoir détourné d’énormes quantités
de pétrole, l’ex-oligarque risque 14 ans de prison

Moscou le chiffre de 350millions de tonnes

Correspondance de brut détournés par les accusés, a
ensuite revu son bilan à la baisse: le

L
e second procès de l’ancien
patron de Ioukos, Mikhaïl
Khodorkovski, et de son asso-
cié Platon Lebedev, a pris fin, mar-
di 2 novembre, dans le tribunal du
quartier moscovite de Khamovnit-
cheski. Accusé d’avoir détourné
des centaines de millions de ton-
nes de pétrole brut, l’ancien oligar-
que a pris la parole une dernière
fois pour livrer un violent réquisi-
toire contre le régime russe.
« J’ai honte, honte de mon pays,
où les bureaucrates peuvent faire ce
qu’ils veulent, où la propriété privée
n’est pas garantie, où l’opposition
est brimée », a lancé Mikhaïl Kho-
dorkovski dans la petite salle du tri-
bunal.Arrêtés en 2003, condamnés
à huit ans de réclusion en 2005
pour fraude fiscale, Platon Lebedev
et Mikhaïl Khodorkovski sont
désormais jugés pour détourne-
ment et revente illégale de pétrole.
« Personne ne s’attend sérieuse-
ment à ce que je plaide coupable,
mais personne ne peut imaginer
nonplusqu’unecourmoscovitepro-
nonce un acquittement à notre
endroit », a affirmé Mikhaïl Kho-
dorkovski, qui déplore un procès
politique : « Lors de mon arresta-
tion, en 2003, on m’a informé que le
président Vladimir Poutine voulait
que je bouffe du gruau pendant
huit ans », a ironisé l’accusé devant
lejuge, enévoquantsesannées pas-
sées en colonie pénitentiaire.
Pour la défense, les 3 400 pages
du dossier d’accusation sont cou-
suesde fil blanc etrévèlent de nom-
breuses incohérences. Comment le
patron de Ioukos, condamné en
2005 pour fraude fiscale, a-t-il pu
détourner le pétrole pour lequel il
avait auparavant payé des impôts ?
L’accusation, qui évoquait d’abord
vol ne concernerait que 218 mil-
lions de tonnes de pétrole, ce qui
représente tout de même le sixiè-
me de la production nationale de
l’époque!
Chefs d’entreprises,
« Qui va moderniser le pays ? »
«Je ne veux pas finir mes jours en
prison, a dit Mikhaïl Khodorkovski
s’engager à vos côtés c’est vous
depuis la cage de verre du tribunal
où les deux accusés sont encadrés
pardes policiers, maiss’il fautle fai-
apporter chaque jour des preuves.
re,jele ferai. »« C’estle destinde mil-
lions de Russes qui se joue au cours Banque de référence des PME*, la Banque Populaire vous soutient
de ce procès », a assuré l’ancien oli-
garque, qui a évoqué la modernisa- dans la réussite de vos projets de développement quel que soit
tion du pays promise par l’actuel
président Dmitri Medvedev : « Qui
votre besoin. Elle vous accompagne dans vos projets d’investissement, votre cycle
va moderniser le pays ? Les procu- d’exploitation, la gestion de votre trésorerie, votre action à l’international, l’organisation
reurs, les policiers, les tchékistes ? de vos fonds propres, la motivation de vos salariés ou encore la valorisation
Nous avons déjà tenté de moderni-
ser le pays de cette façon », a lancé de votre patrimoine privé.
l’accusé en comparant la Russie
actuelle au régime soviétique.
«Ce procès fera partie de l’Histoi-
re, les procureurs et juges de ce pro-
cès resteront dans l’Histoire tout
comme ceux des procès ignobles de
la période soviétique. Votre hon-
neur,jevoussouhaitebienducoura-
ge! », a conclu M. Khodorkovski.
Le procès désormais terminé, la
cour va délibérer avant de pronon-
cer le verdict à compter du Venez parler de vos projets à un Conseiller Banque Populaire
15 décembre – une étape qui pour- ou rendez-vous sur www.banquepopulaire.fr
raitdurer plusieursjours. La justice
russepourrait ensuite prendreplu-
sieurs semaines avant de pronon-
cer la sentence.
Le parquet avait requis, fin octo-
bre, une peine de 14 ans de prison
pour les deux accusés. Emprison-
nés depuis sept ans, les deux hom- * N°1 sur le marché de la PME (Périmètre Enseignes - Enquête Sofres 2009).
mes seraient libérés en 2017 si la * N°1 sur la distribution des prêts à la création d’entreprise (Enquête Oséo fin août 2010).
courdevaitsuivrelesrecommanda-
tions de l’accusation. p
Alexandre Billette
10 France
Au-delà des slogans,
l’UMP peine à dessiner
son école pour 2012
Le parti présidentiel organisait, mercredi 3 novembre, une
convention intitulée «Tout commence avec l’éducation»
E
n délicatesse avec le monde
enseignant en raison de sa
politique de réduction du
nombre des fonctionnaires, l’UMP
veut montrer qu’en éducation, les
idées sont de son côté. A l’occasion
d’une convention intitulée « Tout
commence avec l’éducation », réu-
nie, mercredi 3 novembre, à Paris,
à la Cité des sciences et de l’indus-
trie, elle entend faire avancer sa
réflexion et son futur programme
en ce domaine.
C’est « une forme de contre-
pied », expliquait dès le 25 octobre
Laurent Wauquiez, secrétaire
d’Etat à l’emploi et conseiller politi-
que de l’UMP, qui présentait cette
manifestation au côté de Nathalie
Kosciusko-Morizet, secrétaire
d’Etat à la prospective et au déve-
loppement de l’économie numéri-
que et secrétaire générale adjointe
du parti. L’éducation ayant été « le
domaine de prédilection du Parti
socialiste », le fait de « commencer
par là », une série de réflexions pro-
grammatiques, montre que
« maintenant, ceux qui sont pré-
sents sur ces sujets, c’est nous, notre
famille politique », soulignait-il.
L’UMP pense aussi avoir depuis
trois ans « un bilan solide » à faire
valoir, M. Wauquiez citant, notam-
La Lille présente
Appétits Philosophiques
Soirée privée en partenariat avec Citéphilo
Palais des Beaux-Arts de Lille
Mardi 23 novembre à 19h
Visite guidée des expositions Les Grands Espaces et Eugène
Leroy, L’intimité
Suivie d’une rencontre dînatoire au coeur du musée avec les
philosophes Philippe Bazin et Christiane Vollaire sur le thème
Ouvrir l’espace.
Retrait des invitations à l’accueil de la Fnac Lille*
Offre réservée aux abonnés du Monde : inscription à communication@lemonde.fr*
(mentionner votre numéro d’abonné)
*Dans la limite des places disponibles.
ment, « la maîtrise des fondamen-
taux dans le primaire, les internats
d’excellence, la réforme des lycées,
l’accompagnement éducatif, la
réforme de l’université… »
Pour cette convention, l’UMP
affiche « deux priorités très simples
et très fortes ». La première est d’ar-
river à « 100 % d’une classe d’âge
qui sache lire, écrire et compter en
fin de CE1 ». « C’est l’urgence natio-
Entre l’idéologie
et le pragmatisme,
le cœur de l’UMP
balance.
D’où une impression
d’incohérence
nale », insiste M. Wauquiez, en
semblant négliger que la même
priorité a été affirmée par une lon-
gue série de ministres de l’éduca-
tion depuis vingt-cinq ans.
La deuxième priorité consiste à
rechercher une meilleure et plus
rapide insertion dans l’emploi des
jeunes diplômés à la sortie de l’en-
seignement supérieur. « Il faut
organiser l’ascenseur social,
notamment pour les classes
moyennes », dit M. Wauquiez.
Pour autant, les propositions de
l’UMP, à ce stade, ne se démar-
quent guère des chantiers déjà
ouverts par le gouvernement. Et,
comme l’ont montré les débats, le
26 octobre, lors d’une réunion sur
l’enseignement primaire du club
Génération France, de Jean-Fran-
çois Copé, présidentdu groupe par- modèle de prédilection de la droi-
lementaire UMP à l’Assemblée te en éducation.
nationale, le parti présidentiel n’a Mais ce modèle est en concur-
pas encore une doctrine bien calée
sur l’éducation. Il semble hésiter
rence avec le pragmatisme, seul
moyen d’approcher les objectifs
entredeux pôles :l’idéologie classi- du « socle commun des compéten-
que de la droite et un pragmatis-
me privilégiant la recherche du
cesetdesconnaissances »fixé com-
me le minimum que doit avoir
« résultat ». acquis tout élève à la fin du collè-
D’un côté, dans la continuité de
la campagne de 2007, puis de l’ac-
ge : tel est l’axe de la loi d’orienta-
tion et de programme sur l’avenir
tion de Xavier Darcos, ministre de de l’école, d’avril 2005, signée de
l’éducation jusqu’en juin 2009, François Fillon, lorsque celui-ci
l’UMP affiche son attachement était ministre de l’éducation.
aux valeurs de la transmission Impossibles à renier, ces objec-
« verticale » des savoirs, accompa- tifs induisent la non-élimination
gnée d’une défense intransigeante des élèves en difficulté en cours de
des disciplines traditionnelles et collège et l’entrée du système dans
de discours sur la restauration de une logique d’obligation de résul-
l’autorité. tats. En d’autres termes, il ne suffit
Dans ce cadre, les savoirs sont plus que le professeur fasse cours,
inculqués à l’élève et l’enseignant il doit aussi s’assurer que l’élève
reste seul maître à bord dans sa apprend. Cela implique une certai-
classe. Même s’il est aussi prisé par ne réhabilitation de la pédagogie,
une partie de la gauche, c’est le condamnée ces dernières années
«Pour un temps de présence plus long
des enseignants dans le secondaire»
Question à… Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire générale adjointe de l’UMP
Jean-François Copé a proposé,
un examen d’entrée en 6e, mais
de nombreuses personnalités
UMP, dont vous-même, ont expri-
mé leurs réserves. Est-ce dans la
division que vous abordez les
débats éducatifs ?
Nous ne nous retrouvons pas
sur cette proposition précise, mais
j’ai le sentiment qu’il s’agit vrai-
ment d’un clivage artificiel ! En
fait, tout le monde est d’accord
pour admettre qu’un élève qui ne
possède pas les bases à la fin de
l’école primaire sera en difficulté
au collège et qu’il faut donc détec-
ter le plus tôt possible les difficul-
tés. Un travail remarquable a été
fait ces dernières années, notam-
ment par Xavier Darcos, sur la
redéfinition des fondamentaux.
La question que nous posons
maintenant, c’est celle des métho-
des et, dans une moindre mesure,
© Mathieu Bernard-Reymond – Courtesy Collection Société Générale
des institutions et des rythmes.
Mathieu Bernard-Reymond, Sans titre (Vous êtes ici n°46), 2003
Les«Rendez-vous pourla France»,
boîtesà idéesau service duchef del’Etat
LA CONVENTION de l’UMP sur
l’éducation, mercredi 3 novembre,
est la première d’une longue
série, intitulée « Rendez-vous
pour la France ». En ligne de mire,
pour le parti présidentiel, la cam-
pagne pour l’élection présidentiel-
le de 2012. Une dizaine d’autres
thèmes vont ainsi être déclinés
pendant un an. Les prochains
devraient être celui des solidari-
tés intergénérationnelles et celui
des déficits.
L’UMP reprend ainsi peu ou
prou la formule qui avait fait son
succès en 2007, où une série de
conventions thématiques avaient
été animées par Emmanuelle
Mignon, grande architecte du pro-
jet du futur président. Avec, toute-
fois, une différence de taille. A
sous le nom de « pédagogisme »,
ainsi qu’une approche plus indivi-
dualisée de l’élève.
C’est aussi un ensemble de
conceptions qui se rapprochent…
du Parti socialiste depuis les orien-
tations récemment mises en
avant par son secrétaire national à
l’éducation, Bruno Julliard. La dif-
férence est que le pragmatisme
version UMP continue de réduire
les postes d’enseignants, insiste
beaucoup sur le « mérite », aussi
bien en ce qui concerne les élèves
que les professeurs, et veut voir un
« patron » dans chaque chef d’éta-
blissement.
Entrel’idéologie et le pragmatis-
me, le cœur de l’UMP balance.
D’où une impression d’incohéren-
ce et le sentiment que ces proposi-
tions ne s’emboîtent pas bien les
unes dans les autres. L’affaire de
l’examen d’entrée en 6e en est une
illustration. Le 24 octobre, Jean-
Certaines méthodes sont remar-
quables mais ne sont pas diffu-
sées. Il ne s’agit évidemment pas
d’imposer une pédagogie officiel-
le ni de nous enfermer dans des
querelles idéologiques du passé,
mais d’organiser la remontée des
expériences de terrain en repérant
les bonnes pratiques.
Nous nous préoccupons aussi
du collège, qui doit passer du collè-
ge pour tous au collège pour cha-
cun. Il faut atténuer la coupure
entre primaire et secondaire en
limitant le nombre des profes-
seurs en 6e et en 5e, ce qui implique
une certaine polyvalence et des
enseignants en service partagé
entre l’école et le collège.
Nous proposons aussi des par-
cours « pré-pro » qui, sans être une
filière séparée, prépareraient dès
la 4e certains élèves à une voie pro-
fessionnelle rénovée, ouvrant sur
des formations d’excellence.
l’époque, M. Sarkozy, qui le prési-
dait, avait fait du parti sa rampe
de lancement. Cette fois, nul
n’imagine à droite que la manœu-
vre ne soit pas cornaquée directe-
ment de l’Elysée. Xavier Bertrand,
le secrétaire général de l’UMP, l’ad-
met volontiers : « Le programme
de l’UMP ne sera pas le program-
me du président. Il pourra repren-
dre ou écarter nos propositions. »
Nombreux sont ceux, pour
l’heure, qui se poussent du col
pour servir de boîte à idées au pré-
sident de la République, qui laisse
jouer la concurrence. Au premier
rang des postulants figure Jean-
François Copé, qui espère mettre
la main sur la direction du parti
lors du prochain remaniement
ministériel, annoncé pour la
0123
Jeudi 4 novembre 2010
FrançoisCopé préconise le rétablis-
sement d’un examen d’entrée en
6e : succès médiatique et forte
approbation dans l’électorat de
droite garantis. Mais les jours sui-
vants, différentes personnalités
UMP de poids, comme le ministre
de l’éducation Luc Chatel, vice-pré-
sident du club Génération France,
et l’ancien ministre Luc Ferry
jugent cette proposition irréaliste.
Depuis, M. Copé explique que
cet examen ne serait pas un coupe-
ret mais seulement une étape
dans un processus continu d’éva-
luation commençant le plus tôt
possible… bref, que ce ne serait pas
vraiment un examen.
A l’UMP, comme d’ailleurs dans
les autres partis, à droite comme à
gauche, établir un programme pré-
cis d’action sur l’éducation récla-
mera du temps et le dépassement
des slogans. p
Luc Cédelle
Nous soutenons le programme
Clair, lancé par Luc Chatel, qui per-
met aux chefs d’établissement de
composer une équipe mobilisée
sur un projet professionnel. C’est
une option dont nous souhaitons
l’extension. Dans l’enseignement
secondaire, nous sommes favora-
bles à un temps de présence plus
long des enseignants dans les éta-
blissements en contrepartie d’une
petite diminution des heures de
cours et d’une amélioration des
conditions et des locaux de travail.
Je dois aussi vous parler du prêt
« ascenseur social » que nous pré-
conisons pour les étudiants, rem-
boursable en fonction des revenus
professionnels. Nous sommes éga-
lement pour la création de licen-
ces professionnelles en trois ans et
pour l’intégration des BTS à l’uni-
versité. p
Propos recueillis
par L. Cé.
mi-novembre, qui devrait voir
M. Bertrand redevenir ministre.
C’est l’autre question qui pèse
sur ces conventions. Elles ont été
lancées par un secrétaire général
sur le départ, attaqué sur son
bilan, qui voulait « donner une
réponse à ceux qui disent que
l’UMP n’a pas d’idées ».
Leur animation a été confiée à
Nathalie Kosciusko-Morizet, la
secrétaire d’Etat à la prospective,
et à Laurent Wauquiez, le secrétai-
re d’Etat à l’emploi, qui goûtent
peu M. Copé, favori pour succéder
à M. Bertrand.
En somme, le flou demeure sur
le sort que le chef de l’Etat réserve-
ra aux propositions du parti et
sur qui les portera. p
Pierre Jaxel-Truer
0123
Jeudi 4 novembre 2010 France 11

Pressé par le Sénat, le gouvernement L’UMP dépèce l’aide

médicale aux sans-papiers
évoque un scénario «bis» de rigueur
L
a première salve contre d’être taxé de marcher dans les
Un amendementà laloi deprogrammationprévoitune baissedelacroissance de2,5% à 2%en2012 l’aide médicale d’Etat (AME), pas de l’extrême droite ; limitons-
lors de l’examen du projet nous à quelques amendements
de loi de financement pour la ciblés en mettant en avant la

C
omme le lui demandait la
commission des finances du
Sénat, le gouvernement va
inclure un scénario bis de redresse-
ment des finances publiques dans
le projet de loi de programmation
des finances publiques pour la
période 2011 à 2014.
Celui-ci sera basé sur une hypo-
thèse de croissance, au-delà de
2011, plus basse que celle officielle-
ment envisagée (+ 2 % contre
+ 2,5 % de 2012 à 2014). Il soulignera
la nécessité d’engager des mesures
de rigueur supplémentaires, éva-
luées de 4 à 6 milliards d’euros par
an, afin de respecter l’objectif d’un
déficit public ramené à 3 % du pro-
duit intérieur brut (PIB) en 2013,
contre 7,7 % attendus fin 2010.
Ce scénario bis de redressement
–le gouvernement refusede le qua-
lifier ainsi – devait être décrit à tra-
vers « un amendement déposé par
le gouvernement » lors de l’exa-
men,mercredi 3novembre, du pro-
jet de loi de programmation, selon
Philippe Marini, rapporteur géné-
ral (UMP) du budget au Sénat.
Mercredi 27 octobre, lors de
l’examen de la loi de programma-
tion en commission des finances
au Sénat, le ministre du budget,
François Baroin, avait fait valoir
que, « si la croissance attendue est
au rendez-vous, les recettes supplé-
mentaires éviteront de faire des
choix douloureux ».
Les sénateurs lui avaient répon-
du qu’il était « inacceptable de
considérer comme acquise une
croissance annuelle de 2,5 % » et
que mieux valait envisager, dès
aujourd’hui, un scénario plus pes-
simiste, en en tirant les conséquen-
ces sur les mesures d’austérité,
quitte à être agréablement surpris
par la suite.
Le gouvernement n’est pas allé
jusqu’à modifier le texte du projet
de loi de programmation. Celui-ci
présente toujours la version « offi-
cielle » du plan de redressement :
retour à un déficit de 3 % du PIB en
2013 avec une croissance de 2 % en
2011, puis 2,5 % pour les années sui-
Contrôles fiscaux : fin de la cellule particulière de Bercy
François Baroin, dans une lettre
adressée mardi 2 novembre à la
direction générale des finances
publiques, a acté la fin de la cellu-
le fiscale qui, au ministère du bud-
get, gérait les doléances de cer-
tains contribuables en matière
de contrôle fiscal. M. Baroin dit
vouloir s’« abstenir de toute inter-
vantes. « C’est le seul scénario de
référence », fait-on valoir à Bercy.
C’est celui sur lequel Paris s’est
engagé auprès de la Commission
européenne.
« Prise de conscience »
Par conséquent, le scénario bis
de redressement sera « inclus dans
le rapport annexé au projet de loi »,
précise M. Marini. Ce rapport
détaille le contexte économique et
les réductions des dépenses et
hausses des recettes envisagées
pour les années qui viennent. « Le
gouvernement ne veut pas que cela
apparaisse dans les articles du pro-
jet de loi. Mais cela aura une portée
équivalente », assure le sénateur.
L’amendement du gouverne-
ment précise que l’effort supplé-
mentaire de rigueur de 4 à 6 mil-
vention dans les procédures ».
Les demandes adressées au
ministre « seront systématique-
ment transmises » à l’administra-
tion fiscale. Il pourra continuer à
signer des réponses aux contri-
buables, mais sur la base « d’un
projet de décision motivée prépa-
ré » par les services fiscaux.
liards d’euros nécessaire pour
tenir les 3 % de déficit en 2013, si la
croissance n’était que de 2 % après
2011, se ferait uniquement par la
réduction des dépenses publiques
et des niches fiscales et sociales.
« C’est une bonne prise de conscien-
ce », salue M. Marini.
Dans leur volonté de rendre
plussincère et crédiblela loi de pro-
grammation, les sénateurs sont
allés plus loin. Ils ont modifié le
projet en y inscrivant un encadre-
ment « plus contrôlable » de l’évo-
lution des dépenses publiques.
Là où le texte initial évoquait
des contraintes d’évolution
annuelle exprimées en pourcenta-
ge, la commission des finances a
fait inscrire des chiffres en mil-
liards d’euros. Pour les seules
dépenses de l’Etat, par exemple,
c’est le chiffre de 2010, soit
352,3 milliards d’euros, qui servira
de plafond. Il seraactualisé en fonc-
tion de la prévision d’inflation.
Le gouvernement a accepté ces
modifications.Pour mémoire, tou-
tefois, une loi de programmation
n’a… aucune valeur contraignante,
contrairement aux budgets
annuels de l’Etat et de la Sécurité
sociale.p
Philippe Le Coeur
Sécurité sociale, jeudi 28 octobre,
était un tir à blanc. Mardi
2 novembre, à l’occasion de la dis-
cussion de la mission santé du
projet de loi de finances pour
2011, les députés de l’UMP ont tiré
à balles réelles sur ce dispositif,
instauré en 2002, qui permet aux
étrangers en situation irrégulière
résidant en France et disposant de
ressources inférieures à 634 euros
par mois de bénéficier d’une prise
en charge médicale gratuite.
Le gouvernement et sa majori-
té se sont partagé les rôles : les
«brutes », qui annoncent qu’elles
vont cogner dur ; les « gentils »,
qui recommandent d’accepter
une « petite » restriction pour évi-
ter la grande purge.
Mardi matin, réunion du grou-
pe UMP, en présence de la minis-
tre de la santé, Roselyne Bachelot.
La parole est aux «durs », qui veu-
lent limiter le bénéfice de l’AME
aux seuls soins urgents (quand le
pronostic vital est en jeu) et rame-
ner la durée d’admission au dispo-
sitif d’un an à trois mois. L’amen-
dement est défendu par Domini-
que Tian (Bouches-du-Rhône) ; il a
ses partisans dans la majorité.
Arrive alors le sage, le modéra-
teur, habitué à tenir ce rôle : Jean
Leonetti (Alpes-Maritimes), vice-
président du groupe. Attention à
nécessité de « lutter contre la frau-
de ». Ce sera la ligne du groupe.
Argument massue
Aussitôt dit, aussitôt fait,
l’après-midi, en séance. M. Tian
défend son amendement, dénon-
ce la dérive « inadmissible » des
coûts qu’engendre l’AME: 588mil-
lions d’euros sont prévus au bud-
get 2011, contre 535 millions en
2010, pour environ 215000bénéfi-
ciaires. Argument massue, repris
en boucle : le chiffre de 49 % de
« fausses déclarations » figurant
dans un rapport remis au Parle-
ment en 2009. La moitié des béné-
ficiaires serait des « fraudeurs » !
La ministre est obligée d’expli-
quer que ce pourcentage porte
sur des contrôles ciblés effectués
après signalement.
Les bancs de l’UMP se garnis-
sent pour rejeter l’amendement
Tian, qui recueille 19 voix pour.
Passé ce coup de chauffe, la suite
est écrite. Les amendements du
groupe instaurant un forfait
annuel de 30 euros et excluant de
la prise en charge des prestations
dont le service médical rendu est
faible sont adoptés sans bargui-
gner. « Un encadrement nécessai-
re», estime la majorité, pré-
voyant d’ores et déjà de préparer
la « prochaine étape ». p

Des jeunes plus politisés que leurs aînés et plus radicaux ne pas en faire trop, au risque Patrick Roger

Selon une étude inédite, près d’un jeune de 18-29 ans sur deux a déjà participé à une manifestation Retraites Les parlementaires socialistes saisissent
le Conseil constitutionnel
Les députés et les sénateurs socialistes ont déposé, mardi 2 novembre,

C
ontrairement aux idées
reçues, la politisation des
jeunes adultes est légère-
ment remontée ces dernières
années. Une étude de l’Institut
national de la jeunesse et de l’édu-
cation populaire (Injep), qui doit
être prochainement publiée, livre
une analyse, depuis les années
1980, du rapport à la politique des
jeunes générations, apportant un
éclairage sur les mouvements
lycéens et étudiants réguliers des
dernières années.
A travers des sondages réalisés
tous les neuf ans entre 1981 et
2008, l’étude montre que les
18-29 ans sont, globalement,
autant politisés que les plus de
30 ans et souvent plus intéressés
par la politique que les jeunes des
années 1980. Mais leur engage-
ment est plus difficile à saisir dans
la mesure où il passe moins par le
vote et plus par la protestation.
« Aux modes institutionnels de
participation politique sont préfé-
rées des formes d’action plus indivi-
dualisées», relève l’auteur, le socio-
logue Bernard Roudet, pour expli-
quer le paradoxe apparent d’une
abstention forte mais d’un intérêt
plus soutenu pour la politique.
«En même tempsque se dévelop-
pe l’abstentionnisme, des formes
de participation non convention-
nelles tendent à s’accroître parmi
les jeunes », souligne le chercheur,
en évoquant un plus grand scepti-
cisme face à la représentation poli-
tique traditionnelle.
Les jeunes semblent aujour-
d’hui privilégier les formes de pro-
testation directe comme les péti-
tions, plus souvent utilisées que
dans les années 1980. Le recours
Un programme
de recherche international
Les enquêtessur les valeurs des
Français (politique, religion,
famille, etc.) s’inscrivent dans
un programme international de
recherche. Trois enquêtes ont
été réalisées en 1981, 1990 et
1999 sous le contrôle de scienti-
fiques. La dernière a été réalisée
entre mai et août 2008 sur un
échantillon représentatif de
3 071 personnes, interrogées à
leur domicile à travers 130 ques-
tions. Parmi elles, 601 étaient
âgées de 18 à 29 ans.
Etudiants et lycéens lors d’une manifestation à Paris contre la réforme des retraites. E. COSIMI
aux manifestations s’est égale-
ment développé depuis trente
ans : 48 % des 18-29 ans ont prati-
qué ce type de mobilisation, selon
l’enquête 2008, contre 34 % seule-
ment en 1981. Les actions de bloca-
ge ou de boycott sont, elles, restées
très minoritaires.
Demande d’égalité
Sur le fond, les aspirations des
jeunes Français ont aussi évolué
de manière paradoxale : d’une
revendication majoritaire de liber-
té, en 1981, alors que François Mit-
terrand venait d’être élu, ils sont
passés à une demande d’égalité
majoritaire en 2008, peu de temps
après l’élection de Nicolas Sarko-
zy. « C’est probablement le révéla-
teur d’une inquiétude croissante
face aux différenciations sociales,
aux phénomènes d’exclusion et à
l’augmentation des inégalités »,
explique M. Roudet.
Alors que l’opposition entre
droite et gauche est souvent pré-
sentée comme dépassée, les jeu-
nes interrogés s’y référent plus
souvent en 2008 que dans les
années 1990 ou 1 980. « La polarité
politique fait toujours sens pour les
Français, y compris parmi les jeu-
nes générations. » Les positionne-
ments à l’extrême gauche ont for-
tement augmenté ces dernières
années : de 7 % des 18-30 ans, en
1999, à 13 % en 2008. L’extrême
droite, elle, est restée relativement
stable – même si elle est passée de
3 % en 1999 à 4 % en 2008.
L’étudeinsiste sur l’influence du
niveau de formation sur la politisa-
tion des jeunes adultes. Non pas
sur le degré de critique à l’égard de
la classe politique : les jeunes les
plus instruits sont aussi critiques
que les moins instruits, à peine
19 % d’entre eux faisant confiance
aux partis politiques.
Les différences portent sur les
actions de protestation: ce sont les
plusdiplômésquisontlespluspoli-
tisés et les plus actifs dans les
actions de protestation. « Ne pas
Quelques universités perturbées pour la rentrée
La rentrée se fera-t-elle jeudi
dans les universités ? Mardi, les
assemblées générales ont ras-
semblé plusieurs centaines d’étu-
diants à Caen, La Rochelle, Lyon-
II, Nantes, Pau, Poitiers,
Saint-Etienne, Paris-I-Tolbiac et
Toulouse-Le Mirail. A Paris-I-Tol-
biac, comme à Caen, l’heure est
au déblocage. Au Mans, à Nantes
un recours au Conseil constitutionnel sur le projet de loi portant réfor-
me des retraites. Ils estiment notamment que le principe d’égalité
garanti par la Constitution y est « malmené à maints égards ». Le
Conseil examinera simultanément le projet de loi organique sur la det-
te sociale dont il a été automatiquement saisi.
Affaire Bettencourt Un juge des tutelles a été saisi
La troisième demande de mise sous tutelle de Liliane Bettencourt, dépo-
sée en octobre par sa fille Françoise Bettencourt Meyers, sera examinée
par une juge des tutelles de Courbevoie. Considérant cette demande
recevable sur la forme, le parquet de Nanterre a émis un avis défavora-
ble sur le fond. Deux précédentes demandes non assorties des experti-
ses médicales avaient été rejetées par le parquet. Cette troisième deman-
de est accompagnée d’un certificat médical de carence établissant que
la milliardaire, âgée de 88 ans, refuse de se soumettre à un examen.
VOUS DEVEZ PROTEGER VOTRE SANTE
VOTRE LABORATOIRE D’ANALYSES MEDICALES
NE DOIT PAS DISPARAITRE
www.biologistesencolere.com
UNE REFORME INACCEPTABLE
En janvier 2010, le Président SARKOZY, a signé une
ordonnance bouleversant complètement les laboratoires
d’analyses médicales en France.
Cette réforme est imposée de force, publiée très vite sous
être diplômé est devenu un facteur une forme législative, sans débat parlementaire, et
de relégation. Dès lors, confrontés à applicable dès sa parution.
des formes d’insertion inégalitaires, Elle a été préparée dans la confidentialité, sous la
lesjeunespeu oupas diplômésrejet- pression des groupes financiers désireux de voir modifier
tent une société qui, elle-même, rapidement la législation, afin de s’offrir de nouvelles
tend à les exclure », note M. Roudet. opportunités.
Conséquence : les moins diplô- Officiellement, cette réforme défend la qualité des
més penchent plus souvent pour analyses dans un cadre européen, et la rationalisation des
des actions révolutionnaires. Lors- dépenses de santé.
que les enquêteurs demandent s’il Dans ce but, elle impose des contraintes d’exercice
faut « changer radicalement toute surdimensionnées et financièrement très lourdes, tout en
l’organisation de notre société par exigeant des baisses tarifaires importantes et répétées.
une action révolutionnaire », 11 % En réalité, tous ces coups de massue provoqueront très
des 18-29 ans répondaient positive- vite la disparition de 75% des laboratoires d’analyses et
ment en 1981. Ils sont passés à 24 % plus de 60.000 emplois spécialisés de techniciens,
en 2008. La proportion atteint secrétaires médicales, privant de tout avenir les jeunes
même 32 % parmi les moins diplô- biologistes.
més. Les plus de 30 ans, eux, ne Les financiers, ravis, récupéreront alors ces laboratoires,
sont que 14 % à défendre l’action supprimeront tout leur service médical de proximité, puis
révolutionnaire. p les transformeront en centres de prélèvements dédiés à la
Luc Bronner rentabilité. Et les tubes de sang s’en iront par coursiers, vers
de usines à analyses souvent éloignées.
CES MESURES METTENT EN DANGER VOTRE SANTE
et à Pau, les blocages ont été
Défendez votre sante en signant la pétition en ligne sur:
reconduits pour la semaine. Pour
Jean-Baptiste Prévost (UNEF), www.touchepasamonlabo.com
« les étudiants mobilisés restent
attentifs à un possible rebond de Grande manifestation solidaire patients et
la mobilisation avec la rentrée professionnels de la biologie, devant le ministère
dans les lycées ». Les lycéens se de la santé 14 AV Duquesne 75007 PARIS
disent eux aussi déterminés à 5 NOVEMBRE 2010 PARTIR DE 11 H
maintenir la pression, selon Contact : biologistesencolere@gmail.com
l’Union nationale lycéenne (UNL).
12 Economie
En hausse
Le sucre
Le cours du sucre a atteint, mardi 2 novembre à
New York, un niveau sans précédent depuis
janvier 1981 à 30,64 cents. Les investisseurs
redoutent une pénurie de l’offre mondiale.
Accor: Denis Hennequin remplace Gilles Pélisson
Le PDG du groupe hôtelier a été débarqué, mercredi 3novembre, au profit de l’actuel patron de McDonald’s Europe
M
oins de deux ans après
avoir pris l’intégralité
des rênes du groupe
Accor, Gilles Pélisson a été écarté
de son poste de président direc-
teur général du numéro un euro-
péen de l’hôtellerie. Evoquant des
« divergences stratégiques » avec
le conseil d’administration, Accor
a annoncé, mercredi 3 novembre
au matin, le départ de M. Pélisson
et son remplacement par Denis
Hennequin, qui occupait la fonc-
tion de PDG de McDonald’s Euro-
pe depuis 2005.
La mise à l’écart de M. Pélisson
intervient au moment où le grou-
pe a traversé une période mar-
quée par plusieurs ajustements
de sa stratégie. En juin, Accor
s’était scindé en deux parties en
donnant naissance à Edenred, nou-
velle société regroupant les activi-
tés de services prépayés (hérités
des célèbres Tickets restaurants),
parallèlement aux activités hôte-
lières d’Accor (Sofitel, Novotel,
Mercure, Ibis, Etape Hôtel, Formu-
le 1). Réalisée à la demande des
principaux actionnaires, les socié-
tés d’investissements Eurazeo et
Colony Capital (qui détiennent
30 % d’Accor), mais contre l’avis de
la Caisse des dépôts, cette opéra-
tion visait à mieux valoriser en
Bourse les deux pôles du groupe.
Le recentrage d’Accor sur les
métiers de l’hôtellerie – auquel
M. Pélisson s’était rallié après y
avoir été hostile – a aussi amené la
mise en Bourse des hôtels et casi-
nos Lucien Barrière, filiale à 49 %
d’Accor. L’opération, engagée en
septembre, dut être abandonnée
Les dirigeants d’Hermès demandent à Bernard Arnault,
le patron de LVMH, de sortir du capital de leur groupe
Le géant du luxe avait révélé, finoctobre, avoir acquis 17,1% de l’entreprise familiale
L
a bataille est bel et bien enga-
gée. Les dirigeants du groupe
Hermès sont fort mécontents
de l’entrée surprise de LVMH dans
le capital du groupe familial et ne
se privent pas de le dire.
Patrick Thomas, gérant du grou-
pe, a affirmé dans un entretien au
Figaro, publié mercredi 3 novem-
bre, que cette prise de participation
de 17 % révélée le 23 puis le 26 octo-
bre «n’a rien d’amical. Elle n’a été ni
désirée ni sollicitée » et ne répond à
aucune menace sur le capital, de la
Sur France Info
Olivier Emond
“En direct du Monde”
du lundi au vendredi à 21h25
avec
Denis Hennequin, 52 ans, est entré chez McDonald’s en 1984, puis en a gravi tous les échelons. C. BIBBY/« FINANCIAL TIMES »/REA
faute d’avoir suscité un intérêt suf-
fisant des investisseurs.
Nommé directeur général en
2006 puis PDG en février 2009,
Gilles Pélisson (neveu du cofonda-
teur du groupe, Gérard Pélisson)
avait annoncé, le 20 octobre, des
résultats en progression de 9,8 %
au troisième trimestre et revu à la
hausse le résultat annuel. Ces bon-
part de fonds d’investissements ou
de groupes chinois, « comme
LVMH l’a prétendu ».
Bertrand Puech, descendant du
fondateur d’Hermès et président
du conseil de gérance s’élève aussi
avec vigueur contre cette arrivée
dans le capital : « Si vous voulez
être amical, Monsieur Arnault, il
faut vous retirer », lance-t-il, dans
ce même entretien croisé.
La façon dont LVMH est entré
dans le capital, sans avoir à déclarer
de franchissement de seuils de 5 %,
En baisse
Statoil
Le pétrolier norvégien a revu à la baisse ses
objectifs de production pour 2010 pour cause
de travaux d’entretien sur des plates-formes,
un recul qui a pesé sur ses résultats trimestriels.
nes nouvelles n’auront pas pesé
lourd au regard des « divergences
stratégiques » entre le PDG et les
administrateurs. Celles-ci por-
taient notamment sur des projets
d’acquisition et de croissance
externe. Plus largement, certains
voient aussi derrière le désaveu de
M. Pélisson une nouvelle tentati-
ve d’Eurazeo et de Colony Capital
10 % et 15 % comme l’y oblige la
réglementation française, pose
question. LVMH avait réussi ce
« tour de passe-passe » en utilisant
des « equity swaps », des produits
financiersdérivés.LegroupedeBer-
nard Arnault avait acquis, depuis
2008 des contrats à terme, portant
sur près de 10 millions d’actions
d’Hermès. Ceux-ci stipulaient un
dénouement en espèces, ce qui dis-
pensait LVMH de les déclarer. Les 21
et 24octobre, la conclusion des ave-
nants avait permis la livraison
effective des titres. Ils s’ajoutaient
aux 4,9 % que LVMH détenait déjà,
obligeant ce dernier à se déclarer.
Renforcer la transparence
« Il existe une réglementation
boursièrequia(…)pourobjetde pro-
téger les actionnaires minoritaires.
Or un groupe est capable de pren-
dre, via des produits financiers, 17 %,
soit les deux tiers du flottant, sans
signaler aucun franchissement de
seuil, note M. Thomas. Quand on
voit les structures qui ont permis de
mener cette attaque, on constate
qu’il s’agit de filiales de LVMH
basées au Luxembourg, aux Etats-
Unis et surtout au Panama, qui
n’est pas le pays le plus transparent
en termes de régulation financière
et d’origine des fonds.»
M. Thomas est convaincu
qu’Hermès « n’a absolument pas
besoin d’aide, de soutien ou de
tuteur, contrairement à ce que pen-
se M. Arnault ». Pour preuve, il affir-
me que, depuis 1993, date de l’en-
trée en Bourse d’Hermès, « la crois-
sance annuelle du bénéfice net de
LVMH a été de 7,6 %, celle d’Hermès
de 14,7 % ». L’action de LVMH a été
– qui lui avaient confié les com-
mandes du groupe – d’obtenir un
niveau suffisant de rentabilité
pour doper le cours de Bourse.
M. Pélisson, auquel le conseil
d’administration d’Accor a rendu
hommage – « la séparation des ser-
vices et de l’hôtellerie a été accom-
plie avec succès et l’entreprise a
repris le chemin de la croissance »,
multipliée par six, celle du sellier
par 35. « Si quelqu’un a besoin
d’aide, ce serait plutôt dans l’autre
sens. Hermès va très bien, mieux
que LVMH, et Hermès est ver-
rouillé », reprend-il.
Quant à une éventuelle prise de
contrôle ultérieure du leader mon-
dial du luxe sur Hermès, le gérant
estime qu’«il est très probable qu’il
[LVMH] monte au capital. Je ne
connais pas ses intentions. Mais la
famille Hermès est extrêmement
soudéeet décidéeà garder le contrô-
le par sa commandite, qui a été créé
pour protéger la maison».
L’Autorité des marchés finan-
ciers (AMF) doit encore donner son
feu vert à l’attaque de LVMH. « La
publication de la déclaration de
franchissement de seuil ne vaut pas
approbation de l’opération», a rap-
pelé Jean-Pierre Jouyet, président
de l’AMF, qui se réserve la possibili-
té de diligenter une enquête.
Les grands journaux économi-
ques anglo-saxons ont volé au
secours d’Hermès en se montrant
très critiques à l’égard de la métho-
de employée par LVMH. «L’attaque
commandosurHermèsestsansdou-
te habile, mais elle n’aurait jamais
dûêtrepossiblesurunmarché bour-
sier correctement régulé », affirme
le Wall Street Journal du 29 octobre,
qui milite en faveur d’un renforce-
ment des règles de transparence.
Pour le Financial Times du
même jour, ce genre d’incident
pourra se reproduire tant que les
marchés seront régulés par des dis-
positions « excessivement techni-
ques » qui peuvent toujours être
contournées par de bons avocats. p
Nicole Vulser
Les cours du jour ( 03/11/10 , 10 h 00 )
Euro 1 euro : 1,4018 dollar (achat)
Or Once d’or : 1351,00 dollars
Pétrole Light sweet crude : 84,10 dollars
Taux d’intérêt France : 2,793 (à dix ans)
Taux d’intérêt Etats-Unis : 2,545 (à dix ans)
souligne un communiqué – avait
créé plusieurs marques (Pullman,
AllSeasons, MGallery) et intensi-
fié la politique visant à dévelop-
per la mise en franchise des
hôtels. Comme les autres groupes,
Accor tend en effet à devenir de
plus en plus un opérateur hôte-
lier, débarrassé de la gestion de ses
biens immobiliers.
SUD dénonce le
financement des syndicats
à la RATP
Une enquête pointe de nombreuses dérives.
La CGT parle «d’accusations calomnieuses»
A
la RATP, la campagne pour
les élections professionnel-
lesprendune tournure polé-
mique. Quatre semaines avant le
scrutin,le syndicat SUD a divulgué,
lundi 1er novembre, un rapport
d’audit sur les moyens que l’entre-
prise attribue à « la représentation
du personnel ».
Réalisée par un service d’inspec-
tionde la RATP,cette enquête mon-
tre que le transporteur ne contrôle
pas rigoureusement les dotations
pourtant importantes allouées
aux organisations de salariés. Assi-
milant ces« largesses »à du « finan-
cement occulte », SUD-RATP a
annoncé son intention de déposer
une plainte contreX.
Comme de nombreuses autres
entreprises employant plus de
50 personnes, la RATP accorde des
moyens aux « institutions repré-
sentatives » élues par le personnel :
budgets de fonctionnement,
locaux,« heures de relève » qui per-
mettent aux représentants des
salariés d’exercer leur mandat
durant le temps de travail…
Les délégués syndicaux, dési-
gnés par leur organisation, dispo-
sent également de crédits d’heures
et d’enveloppes financières.
En 2009, la RATP a dépensé un
peu plus de 37 millions d’euros
pour la représentation du person-
nel (sans compter les sommes
allouées aux activités sociales et
culturelles). Les « heures de relè-
ve » constituent plus des deux tiers
de cet effort. Selon le rapport
0123
Jeudi 4 novembre 2010
Son successeur, Denis Henne-
quin, âgé de 52 ans, avait été nom-
mé administrateur d’Accor en
mars 2009. Titulaire d’un diplô-
me de droit, il est entré chez
McDonald’s en 1984, puis il en a
gravi tous les échelons. Patron de
la direction européenne de
« McDo », il en a fait la branche la
plus dynamique de la première
chaîne mondiale de fast-
Accor vient de
traverser une période
d’ajustements
stratégiques
food. Celle-ci représente près de
20 % du nombre de restaurants
de l’enseigne dans le monde
mais apporte 40 % du résultat
opérationnel global du groupe.
Réputé pour sa connaissance
du marketing et de la gestion des
marques, M. Hennequin avait été
pressenti au début de l’année
pour prendre la présidence de
McDonald’s au niveau mondial,
mais avait décliné la proposition.
Il s’est aussi taillé une réputation
d’expert dans le domaine de la
gestion des réseaux de franchise.
Denis Hennequin devrait être
nommé directeur général exécu-
tif du groupe Accor à compter du
1er décembre. « Afin de permettre
une parfaite transition, Gilles Pélis-
son conservera son mandat de pré-
sident du conseil d’administration
jusqu’au 15 janvier 2011 », précise
un communiqué du groupe. p
Jean-Michel Normand
d’audit, l’entreprise a déboursé un
peu plus de 5 millions d’euros pour
prendre en charge le « coût sala-
rial » de permanents syndicaux,
d’administrateurs élus par le per-
sonnelet d’agentsdela RATP«déta-
chésà plein-temps dans lesconfédé-
rations et unions syndicales ».
Dispositif « complexe »
L’entreprise a mis en place un
dispositif « complexe » et « très
généreux » qui va « au-delà de ce
que prévoit strictement le Code du
travail», souligne l’audit. Mais elle
« est défaillante dans le suivi et le
contrôle»decesmoyens:non-rem-
boursement d’heures de relève,
temps de délégation octroyés à des
agents « non syndiqués ou non
élus », etc. Au total, les institutions
représentatives du personnel et les
organisations syndicales doivent à
la RATP près de 7 millions d’euros
pour la période 2000-2009.
Organisation numéro un dans
l’entreprise, la CGT a dénoncé les
« accusations calomnieuses » de
SUD qui visent à « mettre un doute
dans l’esprit des agents à quelques
semaines des élections profession-
nelles ». La direction, elle, indique
avoir engagé « un dialogue social
approfondi » avec les partenaires
sociaux « pour fixer le nouveau
cadre du droit syndical à la RATP ».
Dans les discussionsseront notam-
mentabordéesles économiesà réa-
liser sur les moyens dévolus à la
représentation du personnel. p
Bertrand Bissuel
0123
Jeudi 4 novembre 2010 Economie 13

Les ingénieurs Après la marée noire, BP se prépare

français en mal à une facture de 40milliards de dollars
de reconnaissance Le groupe, qui avait perdu 17milliards de dollars au deuxième trimestre, est redevenu bénéficiaire
A Matignon, une délégation de scientifiques Londres
Correspondant
devait plaider mercredi la cause de la profession

I
l suffit de considérer le teint
cireux et les traits creusés du

L
es ingénieurs français se sen-
tent mal aimés. Leur aura
s’est ternie au fur et à mesure
que l’industrie perdait du terrain
dans l’économie, alors que les ser-
vices et la finance, en particulier,
en gagnaient.
Mercredi 3 novembre, en début
de soirée, à Matignon, le premier
ministre, François Fillon, comptait
les rassurer quant à « leur rôle dans
le monde économique actuel ». Il
recevait en effet les représentants
du Conseil national des ingénieurs
et scientifiques de France (Cnisf), à
l’occasion du 150e anniversaire de
la « reconnaissance d’utilité publi-
que » du titre d’« ingénieur civil ».
Les ingénieursavaient bien l’inten-
tion de plaider leur cause. Car ils se
sentent attaqués de toutes parts.
Au plan économique, d’abord.
« Seules la technologie et la science
nous permettront de relever les
défis de l’énergie, de l’information,
de la communication, de la mobili-
té et du transport, de l’alimenta-
tion, de la gestion des ressources
naturelles, du climat et du dévelop-
pement durable », assure Julien
Roitman, président du Cnisf.
Au plan éducatif, ils voient d’un
mauvaisœil certaines critiques fai-
tes aux classes préparatoires aux
grandes écoles d’ingénieurs, qui
furent longtemps la filière d’exc-
ellence de l’enseignement supé-
rieur. « Les projets [ministériels] de
révision des épreuves des concours
et de modification des classes pré-
paratoires inquiètent profondé-
ment la profession », prévient
M. Roitman, qui s’inquiète aussi
de « la réduction des enseigne-
ments scientifiques ».
Une tendance paradoxale
quand la pénurie d’ingénieurs est
régulièrement invoquée par les
directions de ressources humai-
nes de groupes industriels. Cer-
tains justifient ainsi le recours à
« l’offshoring », c’est-à-dire à des
bureaux d’études situés dans des
pays à faible coût de main-
d’œuvre, l’Inde en particulier.
Les ingénieurs veulent donc se
battre pour redorer leur blason
d’autant que cette pénurie serait
très relative, en France, estiment
certains. Le marché de l’emploi
semble équilibré, dans cette filiè-
re, avec même plus d’ingénieurs à
la recherche d’un emploi que de
postes à pourvoir.
De fait, 5,4 % des ingénieurs
diplômés étaient demandeurs
d’emploi en 2009, selon la derniè-
re enquête de l’Observatoire de
l’emploi des ingénieurs diplômés
publiée en juin 2010 par le Cnisf et
le Centre d’étude sur les forma-
tions d’ingénieurs (CEFI). Ce taux
est le deuxième plus élevé depuis
dix ans (le record atteint en 2004,
était de 5,5 %), mais reste faible,
puisqu’il ne représente que la moi-
tié environ du taux de chômage
en France, toutes professions
confondues.
Fuite des cerveaux
Le plus gros bataillon d’ingé-
nieurs sans emploi est constitué
d’informaticiens. Les ingénieurs
spécialisés dans l’aérospatiale et
lesmatériels de transport sont aus-
si parmi les plus nombreux. Ces
deux secteurs ont en effet réduit
de 63 % leur recrutement en 2009,
par rapport à 2008.
Si les recruteurs de ces secteurs
disent ne pas trouver suffisam-
ment de candidats, c’est que « les
grandes entreprises cherchent à
embaucher les ingénieurs sortis
des meilleures écoles, le haut du
panier », explique Claude Maury,
délégué général du CEFI.
Et, question d’image peut-être,
les entreprises rémunèrent globa-
lement moins bien les ingénieurs
que les professionnels du commer-
ce, du marketing, ou de la finance.
Selon la dernière enquête salaires
de L’Expansion (septembre 2010),
un responsable de l’ingénierie
gagne en moyenne 48 648 euros
par an, 7 % de moins qu’un respon-
sable marketing. Et un directeur
industriel, 104 376 euros, 9 % de
moins qu’un directeur financier.
« Nous avons ajusté nos salaires
au marché en les augmentant de
6% », reconnaît Christophe Sausse,
directeur des ressources humaines
de Parrot, constructeur de périphé-
riques sans fil pour téléphones
mobiles, à la recherche de 80 ingé-
nieurs débutants.
Autre possibilité pour augmen-
ter le vivier d’ingénieurs en Fran-
ce: «Il faudrait savoir retenir les élè-
ves étrangers. Ils représentent 5 %
des effectifs dans les grandes écoles
françaises et repartent ensuite
dans leur pays, à la différence des
Etats-Unis qui savent retenir 50 %
de leurs étudiants étrangers », sug-
gère M. Roitman.p
Annie Kahn
directeur général de BP, Bob
Dudley, pour réaliser l’annus horri-
bilis provoquée par l’explosion
meurtrière, le 20 avril, de la plate-
forme Deepwater Horizon dans le
golfe du Mexique. De la facture
plus élevée que prévue de la marée
noire à la cession d’actifs pour
financer les compensations, de la
baisse de la production et des réser-
ves inscrites au bilan aux menaces
de la justice américaine d’infliger
de lourdes amendes, du coup por-
té à l’image aux règlements de
compte avec les sous-traitants :
depuis son arrivée aux comman-
des le mois dernier, le parcours du
patron du géant britannique des
hydrocarbures est jalonné
d’écueils, de coups de tabac, de
bombes à retardement.
« Le groupe est sur la voie du La plate-forme pétrolière Deepwater Horizon en feu, le 21 avril dans le golfe du Mexique. AP
redressement après le traumatis-
me de ces six derniers mois » : pour déjà versé une dizaine de milliards rapporter entre 20 milliards et pas l’arrogance de ses prédéces-
l’heure, la seule victoire qu’il peut de dollars en compensations, soit 30 milliards de dollars. seurs britanniques. Et il a su tisser
savourer est un retour aux bénéfi- directement, soit par le truche- Il reste enfin l’incertitude sur le avec le monde politique de Wash-
ces au troisième trimestre, annon- ment du fonds spécial mis en pla- partage de la facture avec les asso- ington des liens de confiance qui
cé mardi 2 novembre, grâce à la fer- ce sous la pression du président ciés et les sous-traitants. Les deux pourraient être utiles à l’avenir.
meté des prix du pétrole. Mais à Barack Obama. La facture finale, autres actionnaires de la plate-for- Pour remonter la pente, il doit
1,785 milliard de dollars (1,3 mil- incertaine, dépendra de l’ampleur me, l’américain Anadarko (25 %) et d’abord gérer l’après-marée noire
liard d’euros), ils sont en baisse de des amendes infligées par les auto- le japonais Mitsui (10 %), refusent en mettant en route les réformes
66 % par rapport au troisième tri- rités américaines. de payer une première note de annoncées en septembre : renfor-
mestre 2009. BP a aussi souffert 4,29 milliards de dollars envoyée cement du contrôle sur les sous-
de la contraction de 4 % de la pro- Profil bas par BP. Le parapétrolier Hallibur- traitants, création d’un « super-
duction, des difficultés du trading Deuxième point névralgique : ton dément toute responsabilité tsar » des risques, révision de la
et surtout de l’alourdissement de l’ampleur des cessions d’actifs. Le dans les failles du cimentage de la politique salariale liant l’octroi des
7,7 milliards de dollars des provi- délestage des gisements gaziers au structure.Quant àTransocean, pro- primes à l’amélioration de la sûre-
sions pour financer le coût de la Canada, de la production d’éthylè- priétaire de la plate-forme, il est té, restructuration de l’explora-
pire pollution marine de l’histoire ne en Malaisie, d’oléoducs et de ter- aux abonnés absents. Sur ce volet, tion-production. De plus, des ini-
des Etats-Unis. minaux aux Etats-Unis et des sta- BP attend les conclusions des tiatives stratégiques majeures,
Imaginer le scénario de tions-service en France a été mené enquêtes américaines. Il espère comme le renforcement de la coo-
demain, c’est identifier les trois tambour battant. Les actifs en que la mauvaise publicité engen- pération avec la coentreprise
points névralgiques de BP. Et Egypte, en Colombie, au Venezue- drée par un déballage de linge sale anglo-russe TNK-BP ou le dévelop-
d’abord le coût ultime de la crise, la et au Vietnam sont en passe lors de procès à répétition pourrait pement au Brésil ou en Libye, doi-
qu’il évalue à près de 40 milliards d’être vendus. Et BP fait profil bas amener ses ex-associés à recher- vent être prises. Malgré les incerti-
de dollars. Cette révision à la haus- dans le golfe du Mexique, malgré cher un accord à l’amiable. tudes, les augures de la City com-
se est le résultat de la facture plus la levée par Washington de l’inter- La survie, M. Dudley connaît me de Wall Street pronostiquent
élevée du nettoyage du littoral, diction de forages en eaux profon- bien, sa carrière d’ancien cadre d’A- l’annonce en février 2011 de la
des honoraires d’avocats et sur- des. Les percées réalisées récem- moco (racheté par BP) ayant été reprise du versement de dividen-
tout de l’opération de colmatage ment en Chine, en Azerbaïdjan ou marquée par des drames succes- des, suspendu en juin à la deman-
du puits Macondo réalisée le en mer du Nord sont loin de com- sifs. Mais cet américain, qui de de l’administration Obama.p
15 juillet. A ce jour, la compagnie a penser ces cessions qui doivent connaît bien la « maison BP », n’a Marc Roche

Finance
L’Argentine refuse toujours
de négocier avec le FMI
Le ministre argentin de l’économie, Amado Boudou, a réitéré mardi
2 novembre le refus de son pays de traiter avec le Fonds monétaire inter-
national (FMI) pour régler sa dette publique, coupant court aux conjec-
tures sur un changement de ton possible à l’égard du FMI après le décès
de l’ancien président Nestor Kirchner, qui avait chassé le FMI, jugé res-
ponsable de la crise de 2001. Le gouvernement argentin a affiché fin
2008 sa volonté de rembourser les 7,5 milliards de dollars qu’il doit à ses
créanciers publics, réunis au sein du Club de Paris, mais ces derniers
posent comme condition que le pays renoue avec le FMI. – (AFP.) p

Conjoncture L’Inde relève ses taux

La Reserve Bank of India (RBI) a relevé, mardi 2 novembre, pour la sixiè-
me fois cette année, ses taux d’intérêt, afin de lutter contre l’inflation,
qui a atteint 8,6 % en septembre. Elle a relevé de 25 points de base cha-
cun de ses deux principaux taux d’intérêt. Son taux de refinancement a
ainsi été porté à 6,25 %. – (AFP.)

La Banque mondiale prévoit une croissance

de 10 % en Chine cette année
La Banque mondiale a révisé sa prévision de croissance du produit inté-
rieur brut (PIB) chinois pour 2010 à 10 %, contre 9,5 %, mercredi 3 novem-
bre. La hausse du PIB s’est élevée à 9,6 % au troisième trimestre, chiffre
toujours « étonnamment élevé », selon la Banque, qui prévoit, pour 2011,
une croissance de 8,7 %. – (AFP.)

Social En Espagne, le chômage est en hausse

Le nombre de chômeurs espagnols a progressé en octobre de 1,7 % par
rapport à septembre pour s’établir à 4,085 millions, selon des chiffres
publiés mercredi 3 novembre par le ministère du travail. – (AFP.)
16 Economie 0123
Jeudi 4 novembre 2010

Le point de vue des chroniqueurs de l’agence économique

Reuters Breakingviews Renault-Nissan en route pour prendre

Lesfabricants de poids lourds sont
à la veillede grandes manœuvres
le contrôle du constructeur des Lada
M.Poutine donne son feu vert à l’alliance franco-japonaise pour monter à 50% du capital d’AvtoVAZ

L
es fusions-acquisitions sont lars en Bourse. Elle permettrait

sur le point de s’enchaîner
chez les constructeurs de
poids lourds européens. Renault a
récemment revendu 15 % du capi-
tal de la division poids lourds du
suédois Volvo, et Fiat s’apprête à
regrouper dans une entité distinc-
te ses activités industrielles hors
automobile : tout indique que le
secteur va entamer une réorgani-
sation qui n’a que trop tardé. Mais
la route est néanmoins semée de
nombreuses embûches.
Les facteurs structurels pous-
sant à la consolidation du secteur
– à commencer par la concurrence
menaçante des constructeurs asia-
tiques aux coûts plus bas – sont
toujours d’actualité, même si les
bénéfices opérationnels des indus-
triels européens ont repris des
couleurs cette année. Mais toutes
les tentatives de rapprochement
faites jusqu’à présent ont avorté.
L’échec de la prise de contrôle
du suédois Scania par l’allemand
MAN en 2006 a laissé un sacré dés-
ordre. MAN était entré à 13 % dans
le capital de Scania, tandis que
Volkswagen (VW) y augmentait sa
participation pour la porter à
49,3 % et rachetait 29,9 % de MAN.
L’objectif de VW est de mettre au
point une association tripartite.
Le problème, c’est que si le groupe
VW contrôle Scania en y détenant
72 % des droits de vote, il n’aura
aucun levier sur MAN tant qu’il
n’en possédera pas plus de 50 %
des parts.
Les activités industrielles de
par ailleurs de faire jouer d’heu-
reuses complémentarités indus-
trielles, aussi bien sur le créneau
des autobus que sur celui des
poids lourds, et géographiques.
Le problème, c’est que Sergio Mar-
chionne, le patron de Fiat, sera
réticent à signer quoi que ce soit
avant d’avoir mené à bien son
projet de pôle industriel non
automobile d’ici au début de
2011. Les syndicats ne manque-
raient pas de s’opposer à une tel-
le initiative, laquelle pourrait en
outre se heurter à certains obsta-
cles réglementaires.
Alliances et réactions
Sinon, il y a Volvo, numéro
deux mondial. Même après sa der-
nière cession de parts, Renault y
reste l’actionnaire le plus influent
avec 17,5 % des droits de vote. Vol-
vo donne l’impression d’être indé-
pendant mais en réalité, le
constructeur ne pourra contrac-
ter aucun nouveau partenariat
tant que le groupe français ne lui
rendra pas sa liberté.
Quelle est l’étincelle qui pour-
rait enfin déclencher les grandes
manœuvres? La réorganisation de
Fiat apparaît comme l’occasion la
plus prometteuse. Une fois qu’elle
sera parachevée, une alliance
Daimler-Iveco aura toutes les chan-
ces d’aboutir, car cette opération
amicale aiderait syndicats et pou-
voirs publics à avaler plus facile-
ment la pilule. Les autres construc-
teurs européens n’auraient
V
ladimir Poutine a donné sa effondrées de 49 % et l’usine de se est derrière, a fait ses calculs. Son me gros actionnaire du construc-
bénédiction,mardi2novem- Togliatti (Volga), obsolète, tardait à objectif : « conserver la part de teur russe, la banque d’investisse-
bre, à une prise de contrôle être restructurée. De plus, Renault, 40 % » de l’alliance sur le mar- ment Troïka Dialog, cède ses 25 %.
du constructeur AvtoVAZ, le fabri- lui-même en difficulté, n’était pas ché russe. Or, il estime que celui-ci Ce qui maintenant semble se
cant des Lada, par l’alliance Renault en mesure de monter au capital doitatteindre«4millions devéhicu- dessiner, c’est que ce serait Nissan
Nissan. Le premier ministre russe a pour sauver son partenaire russe. les d’ici cinqans ». et non Renault qui investirait dans
rencontré le PDG des groupes fran- Le ton était monté avec les autori- Pour conserver son rang, l’en- AvtoVAZ. En effet, même si le fran-
çais et japonais et lui a affirmé qu’il tés russes. Pour faire retomber la semble Renault-Nissan-AvtoVAZ çais va mieux qu’en 2009, ses mar-
n’était « pas opposé (…) à ce que la pression, le français avait été obligé doit donc vendre, par an, à cet hori- ges de manœuvre restent étroites :
partdeRenaultNissanpuisseattein- d’accepter d’investir 240 millions zon, 1,6 million de voitures. D’où la son endettement s’élève à 4,7 mil-
dre 50 % », a rapporté Carlos Ghosn d’eurosdansl’usine,enplusdumil- volonté de M. Ghosn de monter en liards d’euros, auxquels s’ajoutent
à l’issue de l’entretien, qui a eu lieu liard de dollars que lui avait coûté puissance en Russie. « Nous savons 2 milliards qu’il doit encore à
à Moscou. ses 25 % en février2008. très bien qu’en Europe le marché est l’Etat, prêtés au plus fort de la crise.
Cette possibilité qui, il y a quel- arrivé à maturité et que l’enjeu La vente d’une partie de ses
ques mois encore, passait pour un Reste à déterminer le prix consiste surtout à prendre des parts parts dans Volvo, annoncée début
cadeau empoisonné, s’est sem- Dans le même temps, les action- de marché. La croissance ne peut octobre, va desserrer l’étau, mais
ble-t-il transformée en opportuni- naires russes effaçaient la dette venir que des pays émergents et sans doute pas suffisamment
té pour l’alliance. M. Ghosn a réagi abyssale que supportait le dans ce contexte, la Russie est un pourinvestir à nouveaudans Avto-
« de manière positive » à l’invita- constructeur, et l’Etat s’attaquait pays clé pour l’alliance », explique VAZ. En revanche, Nissan se trou-
tion du premier ministre russe, enfin à la restructuration du grou- une source chez Renault. ve en meilleure situation.
tout en soulignant qu’aucune déci- pe en supprimant 30 000 emplois Tout semble en place pour une Reste à déterminer le prix.
sion concrète n’avait été prise. sur 102 000. prise de contrôle d’AvtoVAZ. En M. Poutine a indiqué mardi que la
M. Poutine avait déjà tenté en Ces mesures ont porté leurs effet,lepatrondu conglomératrus- capitalisation actuelle d’AvtoVAZ
2009, alors qu’AvtoVAZ était au fruits. AvtoVAZ gagne de nouveau se Rostekhnologuii a réaffirmé, s’élevait à 1,79 milliard de dollars.
bord du dépôt de bilan, de forcer la de l’argent : au premier semestre, il mardi, la possibilité de vendre à Un quart du capital équivaut donc
main du constructeur français a réalisé un bénéfice net de 3,1 mil- Renault-Nissan 4 % des 25,1 % qu’il à 440 millions de dollars (313,5 mil-
pour qu’il aille au-delà des 25 % du liards de roubles (74,8 millions détient dans AvtoVAZ. De plus, la lions d’euros), une somme finale-
capital qu’il détient. Mais à l’épo- d’euros), après une perte de semaine dernière, M. Ghosn avait ment raisonnable pour s’assurer la
que, la proposition n’était guère 49,2 milliards de roubles en 2009. évoqué sur la chaîne russe Russia place de numéro un en Russie.p
alléchante : les ventes s’étaient M. Ghosn, qui estime que la cri- Today la possibilité que le troisiè- Stéphane Lauer
La vie des entreprises
Technologies Oracle Presse un contrat d’une valeur de 2 à
achète Art Technology
pour 1 milliard de dollars Le site du «Times», devenu payant, 3 milliards d’euros, indique le quo-
tidien La Tribune dans son édition
Le groupe informatique américain
Oracle a annoncé, mardi 2 novem- revendique 200000lecteurs du mercredi 3 novembre.

Fiat, qui comprennent les
camions Iveco, ne peuvent que
retenir l’attention de Daimler, le
premier constructeur mondial de
poids lourds. L’union donnerait
naissance à une entreprise qui
pourrait peser 80 milliards de dol-
d’autre choix que de réagir, met-
tant à leur tour sous pression des
acteurs américains comme Paccar,
propriétaire de la marque DAF, ou
encore Navistar.p
Alexander Smith
(Traduction de Christine Lahuec)
bre, le rachat d’Art Technology Le Times de Londres a communiqué, mardi 2 novembre, le nombre de ses Aéronautique Le chinois
(ATG) pour 1milliard de dollars abonnés en ligne pour la première fois depuis qu’il a fait le choix, en juin, BOC Aviation commande
(710 millions d’euros). ATG est spé- de basculer son site Internet au payant. Quelque 105 000 personnes ont 30 Airbus A320
cialisée dans les programmes et souscrit à une offre en ligne, et environ la moitié d’entre elles sont des Le constructeur européen Airbus
applications d’optimisation du abonnés mensuels, indique le quotidien britannique, qui appartient au a annoncé, mercredi 3 novembre,
commerce en ligne. Oracle réalise groupe News Corp de Rupert Murdoch. En outre, 100000 abonnés du une commande ferme de trente
ainsi sa neuvième acquisition papier ont activé leur compte sur Internet, compris dans l’abonnement. A320 par la société de leasing
depuis le début de 2010. – (AFP.) Le Times en conclut que son audience payante sur le Web est «proche de chinoise BOC Aviation, filiale de

Le «New York Times» peut dire Finance La banque

200000 ». Avant de faire le choix du payant, le site avait 22 millions de
visiteurs uniques par mois. Le prix de l’abonnement en ligne est de 1 livre
Bank of China. Le montant du
contrat n’a pas été précisé, mais le

merci à la Fed et à Carlos Slim espagnole BBVA

s’installe en Turquie
pour un jour, soit le coût d’un journal papier, de 2 livres pour une semai-
ne et de 8,30 livres (9,4 euros) par mois. p Xavier Ternisien
prix catalogue d’un Airbus A320
avoisine 80 millions de dollars
Le deuxième groupe bancaire (56 millions d’euros). – (AFP.)
espagnol, BBVA, a annoncé, mardi croissance de 7 % en 2010 et d’au tionnant au gaz, et dont la capaci-

A
ucun doute : l’heure est à la
fête sur le marché mondial
du refinancement. La preu-
ve: même un éditeur de presse par-
ticipe aux réjouissances. La derniè-
re tranche d’emprunt de 225 mil-
lions de dollars (160 millions d’eu-
ros) que le New York Times a pré-
sentée au refinancement lundi
1er novembre lui coûte un intérêt
de 6,6%. Une bonne partie des capi-
taux servira à rembourser Carlos
Slim Helu, le milliardaire mexi-
cain qui avait prêté au journal un
montant assez proche au taux de
14 %, à une époque où personne
d’autre ne répondait à l’appel. Cela
dit, il faut reconnaître que M.Slim
a beaucoup donné pour bénéficier
cription d’actions du quotidien.
Avec un prix d’achat fixé à 6,36dol-
lars l’action, ces bons sont porteurs
de quelque 21 millions.
Aujourd’hui, le New York Times
peut remercier la Réserve fédérale
américaine (Fed) autant que
M.Slim pour son revirement de
fortune. C’est parce que la Fed pra-
tique des taux d’intérêt ultrabas et
qu’elle a annoncé une dose supplé-
mentaire d’assouplissement
monétaire que les investisseurs se
sont décidés à ouvrir leur porte-
feuille. De fait, le journal a pu lever
25millions de dollars de plus que
ce qu’il escomptait au départ.
A en juger par la vigueur des
2 novembre, le rachat d’un quart moins 5 % les années suivantes. té pourra être étendue à 100 MW. Industrie Alcatel-Lucent
de la banque turque Garanti Ban- Le montant de ce contrat n’a pas cède ses pompes
kasi, la deuxième du pays en volu- Energie Technip signe été dévoilé. – (AFP.) à vide à Pfeiffer
me d’actifs, pour 4,2 milliards un contrat au Yémen pour L’équipementier en télécommuni-
d’euros. La banque espagnole, qui une centrale électrique Total remporterait cations franco-américain Alcatel-
aura la possibilité d’en prendre le Le groupe français de services un contrat de 2 à 3 milliards Lucent a annoncé, mercredi
contrôle dans cinq ans, signe ainsi pétroliers Technip a annoncé, d’euros en Chine 3 novembre, la cession de ses tech-
son entrée sur le marché turc et se mercredi 3 novembre, la signatu- Le pétrolier français Total devrait nologies de gestion du vide (pom-
positionne pour tirer profit de la re d’un contrat au Yémen pour la s’associer au groupe énergétique pes à vide…) à l’allemand Pfeiffer,
bonne santé de l’économie du fourniture d’une centrale électri- chinois CPI pour construire une un des leaders de ce secteur, pour
pays, qui devrait connaître une que de 40 mégawatts (MW) fonc- usine de gazéification de charbon, 200 millions d’euros. – (AFP.)
Marchés Retrouvez l’ensemble des cotations sur notre site Internet :http://finance.lemonde.fr
VALEURS DU CAC40 LES BOURSES DANS LE MONDE 3/11, 10h
Mercredi 3 novembre 9h45 Pays Indice Dernier
cours
% var. Maxi
2010
Mini
2010
PER

de ces largesses.
M.Slim avait créé la surprise en
Les taux ultra-bas Valeur Dernier
cours
Cours
préc.
% var.
/préc.
% var.
31/12
Plus
haut
Plus
bas
Divid.
net
Code
ISIN FRANCE CAC 40 3871,69 3/11 0,15 4088,18 11/1 3287,57 25/5 11,90
ACCOR .........................◗ 29,74 29,69 0,17 13,67 30,74 22,25 1,05 T FR0000120404
se portant au secours du New York de la banque centrale AIR LIQUIDE .......................◗ 94,00 94,40 -0,42 20,95 96,93 70,59 2,25 T FR0000120073
ALLEMAGNE
ROYAUME UNI
DAX Index
FTSE 100 index
6665,22 3/11
5758,55 3/11
0,16
0,02
6670,90 1/11
5833,73 16/4
5433,02 5/2
4790,04 1/7
11,90
12,40
ALCATEL-LUCENT ...........◗ 2,52 2,54 -0,71 5,92 2,70 1,83 0,16 T FR0000130007
Times en janvier 2009. A ce
moment-là, non seulement les
ont permis au journal ALSTOM ............................◗ 36,55 36,59 -0,12 -25,50 55,14 35,42 1,24 T FR0010220475 ETATS-UNIS Dow Jones ind. 11188,72 3/11 0,58 11258,01 26/4 9614,32 2/7 12,50
ARCELORMITTAL................ 24,32 24,07 1,04 -24,44 35,45 21,33 0,16 A LU0323134006
perspectives du quotidien étaient de lever 25millions AXA ....................................◗
BNP PARIBAS ACT.A ........◗ 52,63
13,19 13,20
52,21
-0,08
0,80
-20,25
-5,85
17,60
60,38
11,51
40,81
0,55
1,50
T
T
FR0000120628
FR0000131104 JAPON
Nasdaq composite
Nikkei 225
2533,52 3/11
9159,98 3/11
1,14
0,06
2535,28 26/4
11408,17 5/4
2061,14 1/7
8796,45 1/9
18,40
15,40
des plus déprimantes, mais le sys-
tème financier mondial se trou-
de dollars de plus BOUYGUES .......................◗
CAP GEMINI ......................◗ 36,99
31,78 31,72
37,36
0,19
-0,99
-12,75
15,70
40,56
40,30
30,40
30,20
1,60
0,80
T
T
FR0000120503
FR0000125338
PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercice
courant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible.

vait mis à genoux. C’est pourquoi que ce qu’il CARREFOUR .....................◗ 38,59
CREDIT AGRICOLE ............◗ 11,97
38,73
11,96
-0,35
0,04
14,99
-3,16
41,28
13,78
31,81
7,87
1,08
0,45
T
T
FR0000120172
FR0000045072
(Publicité)
certains avaient pensé que les
motivations de M.Slim allaient
escomptait DANONE ............................◗ 45,96
EADS ...................................◗ 19,34
45,89
19,28
0,15
0,34
7,31
37,34
46,88
19,70
39,34
13,29
1,20
0,17
T
T
FR0000120644
NL0000235190
SICAV ET FCP
EDF ......................................◗ 32,51 32,66 -0,49 -21,79 42,84 30,14 0,60 S FR0010242511 SÉLECTION publiée sous la
au-delà de considérations pure- ESSILOR INTL ....................◗ 48,23 48,20 0,05 15,52 51,17 40,84 0,70 T FR0000121667 responsabilité de l'émetteur Multi-promoteurs
ment vénales, et que, en fait, il marchés, le New York Times ne FRANCE TELECOM ............◗ 17,30 17,36 -0,37 -0,77 17,92 14,01 0,60 A FR0000133308
Dernier cours connu le 3/11 à 9h CM-CIC EUROPE 23,62 29/10
avait surtout envie de devenir un devrait pas être la seule société à GDF SUEZ ...........................◗ 28,48 28,74 -0,89 -5,94 30,77 22,64 0,67 S FR0010208488
Valeur Cours date Fonds communs de placements
LAFARGE ...........................◗ 41,90 41,45 1,07 -27,52 63,00 35,57 2,00 T FR0000120537
magnat de la presse. Avec le recul, essayer d’alléger les obligations L’OREAL ............................◗ 85,63 85,47 0,19 9,78 88,00 70,90 1,50 T FR0000120321
en euro valeur CM-CIC EURO ACTS C 19,90 29/10
CM-CIC SELECT.PEA 7,67 29/10
il semble bien qu’il se fiait à un ins- contractées au plus fort de la crise LVMH MOET HEN. ............◗ 115,30 114,70 0,52 47,10 119,40 74,19 1,30 S FR0000121014
CM-CIC MID EUROPE 20,46 28/10
MICHELIN...........................◗ 57,07 57,53 -0,80 10,26 64,49 48,12 1,00 T FR0000121261
tinct financier remarquable. financière en cherchant un refinan- NATIXIS ..............................◗ 4,39 4,36 0,73 23,68 4,90 3,06 0,45 T FR0000120685
CM-CIC TEMPERE C 170,36 28/10
CM-CIC DYN.EUROPE 33,65 28/10
A 14 % d’intérêt, ce prêt de cement moins onéreux. Rappe- PERNOD RICARD...............◗ 64,55 64,58 -0,05 7,74 68,64 54,89 0,61 A FR0000120693
CM-CIC FRANCE C 32,59 29/10
250millions de dollars devait lui lons que des entreprises plus floris- PEUGEOT............................◗ 28,39 28,35 0,16 19,99 29,95 17,92 1,50 T FR0000121501
CM-CIC EQUILIBRE C 71,23 28/10
PPR .....................................◗ 117,35 117,50 -0,13 39,30 120,50 81,00 3,30 T FR0000121485
rapporter grosso modo 70mil- santes comme Goldman Sachs ou PUBLICIS GROUPE ...........◗ 36,23 36,16 0,18 27,11 37,61 27,66 0,60 T FR0000130577
Fonds communs de placements CM-CIC DYN.INTERN. 26,73 28/10
ECUREUIL BENEFICESRESPONSABLES 39,04 29/10 CM-CIC OBLI C.T.D 135,41 2/11
lions en deux ans à peine. Selon les General Electric versent des divi- RENAULT............................◗ 38,94 39,01 -0,19 7,56 43,80 26,56 3,80 T FR0000131906
ECUREUIL ACTIONS EUROPEENNES C 16,13 29/10 CM-CIC MID FRANCE 32,46 29/10
SAINT-GOBAIN..................◗ 34,17 34,26 -0,23 -10,23 40,28 27,81 1,00 T FR0000125007
termes originels de l’accord, les dendes aussi généreux sur les SANOFI-AVENTIS .............◗ 50,58 50,53 0,10 -8,14 58,90 44,01 2,40 T FR0000120578 ECUREUIL CAPIPREMIERE C 2900,42 29/10
deux sociétés de M. Slim qui prê- actions privilégiées détenues par SCHNEIDER ELECTRIC .....◗ 104,20 104,60 -0,38 27,42 105,00 72,00 2,05 T FR0000121972 ECUREUIL OBLI CAPI C 61,81 29/10
SOCIETE GENERALE .........◗ 43,35 ECUREUIL PROFIL 90 D 33,73 29/10
taient l’argent – à savoir Banco Warren Buffett. Elles seraient bien 42,10 2,98 -11,43 53,12 29,70 0,25 T FR0000130809
ECUREUIL PROFIL 75 D 38,26 29/10
STMICROELECTR. .............◗ 6,33 6,31 0,33 -1,43 8,08 5,16 0,06 A NL0000226223
Inbursa et Inmobiliaria Carso – ont bêtes de ne pas prendre leur part SUEZ ENV. ..........................◗ 14,13 14,16 -0,21 -12,37 17,86 12,46 0,65 S FR0010613471 ECUREUIL EURIBOR 1261,07 1/11 Fonds communs de placements
ECUREUIL EXPANSION C 18482,32 2/11 CM-CIC DYN.INTERN. 26,73 28/10
droit à une indemnité pour rem- de l’euphorie générale. p TECHNIP.............................◗ 64,01 64,22 -0,33 29,57 64,85 45,14 1,35 T FR0000131708
ECUREUIL INVESTISSEMENT D 44,46 29/10 CM-CIC OBLI C.T.D 135,41 2/11
TOTAL .................................◗ 39,85 39,85 n/d -11,45 46,73 35,66 1,14 S FR0000120271
boursement anticipé si le journal Agnes T. Crane UNIBAIL-RODAMCO ........◗ 147,05 149,90 -1,90 -4,33 167,00 119,85 20,00 D FR0000124711 ECUREUIL MONEPREMIERE C 2385,71 2/11 CM-CIC OBLIGATIOND 26,42 2/11
rembourse sa dette avant l’échéan- (Traduction de Christine Lahuec) ECUREUIL SECURIPREMIERE C 2609,91 29/10 CM-CIC MID FRANCE 32,46 29/10
VALLOUREC .......................◗ 76,12 76,69 -0,74 19,83 81,61 60,35 3,50 T FR0000120354
ECUREUIL TRESORERIE C 66,95 2/11 CM-CIC PLANBOURSEC 18,58 28/10
ce prévue en 2015. VEOLIA ENVIRON. .............◗ 21,19 21,29 -0,45 -8,37 26,49 17,96 1,21 T FR0000124141
ECUREUIL OBLI EURO D 268,62 29/10 CM-CIC TEMPERE C 170,36 28/10
VINCI...................................◗ 38,62
En outre, l’accord gratifiait les n Sur Breakingviews. com VIVENDI ..............................◗ 20,20
38,72
20,20
-0,27
0,02
-2,17
-2,84
44,98
21,47
33,01
16,18
1,10
1,40
S
T
FR0000125486
FR0000127771 ECUREUIL MONEPREM.INSTC 117482,64 2/11 CM-CIC EURO ACTS C 19,90 29/10
CM-CIC FRANCE C 32,59 29/10
entreprises de M. Slim de 15,9 mil- Plus de commentaires sur l’actualité Cours en euros.
.......................................................................................
◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation.
lions de dollars en bons de sous- économique et financière. Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2010. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité.
0123
Jeudi 4 novembre 2010
MadeinItaly
àlachinoise
Une forte Philippe Ridet
Prato (Italie)
communauté Envoyé spécial
I
d’immigrants venus l fallait que cela arrive ici. Comme
pour ajouter l’ironie à la plus gran-
du Wenzhou s’est de conquête économique de la
Chine en Europe. En Italie, pays de la
implantée à Prato, mode et de Marco Polo. Au cœur de
la Toscane « rouge », longtemps
bastion toscan dominée sans partage par le Parti commu-
niste puis par le centre gauche. Dans cette
de l’industrie textile. ville de Prato, joyau médiéval de
180 000 habitants, concentré d’italianité :
Ils fabriquent architecture ancienne, politique sociale
avancée. Dans ce quartier dont les rues bor-
des vêtements dées de pins parasol portent les noms des
régions de la Péninsule, rue du Piémont, de
de piètre qualité, Vénétie, du Frioul.
C’est là qu’ils ont débarqué. Une centai-
qui bénéficient ne en 1989, aujourd’hui 40 000, peut-être
davantage,et pour moitiéclandestins, tous
du précieux label Chinois, tous originaires de Wenzhou (au
sud de Shanghaï), tous employés dans l’in-
d’origine italienne. dustrie de l’habillement.
« C’est une histoire absolument géniale.
Au grand dam des Ce ne sont pas seulement des immigrants
chinois qui se sont installés à Prato faisant
industriels locaux naître une des plus importantes commu-
nautés d’Europe, mais c’est la Chine et son
modèle économique qui ont pris leurs quar-
tiersenToscane»,s’étonneencoreSilviaPie-
raccini, journaliste résidant à Prato et
auteure de L’Assedio cinese (« L’assaut
chinois », Edition Gruppo24Ore, 2010, non
traduit), indispensable lampe de poche
pour tous ceux qui désirent éclairer leur
chemin dans cette jungle de façonniers, de
grossistes, de détaillants qui ont inventé le
business du prêt-à-porter low cost.
« A Prato, la Chine s’est rapprochée de
15 000 kilomètres du marché européen,
explique encore la journaliste. Alors
qu’auparavant un grossiste ou un
détaillant de Bologne ou de Munich atten-
dait sa commande en provenance de
Shanghaïpendantdeuxmois, ilssontdésor-
mais livrés en deux jours. Ici, on peut encore
passer des commandes à 20 heures et récu-
pérer la marchandise le surlendemain. Les
Chinois peuvent même se charger du trans-
port pour un prix de 50% inférieur. » Juste
quelques chiffres. Chaque jour, un million
depièces d’habillementsont produitespar
les 4 500 entreprises chinoises de Prato. Le
tissu provient également de Chine. Prix au
mètre : 58centimes d’euros (le tissu italien
se négocie autour de 4,50 euros pour la
même longueur). Sortie d’un atelier de
confection, une veste revient à 4,50 euros
(sans compter l’étoffe) : 30 centimes pour
la taille, 45 pour les boutons, 80 pour le
repassage et 2,30 euros pour la couture.
Compter 15 euros pour un manteau.
Le samedi soir et le dimanche, c’est la
cohue dans les rues des zones industrielles
de Iolo et de Macrolotto. Fourgonnettes,
breaks et 4 × 4 immatriculés en Slovénie,
en Pologne, en Allemagne ou en France
embarquent la marchandise. Elle sera
revendue 10 à 20 fois ce prix sur un mar-
ché de Palerme, dans une boutique de Lju-
bljana, de Bucarest ou dans une « Foire aux
vêtements » de Bourg-en-Bresse.
Les vêtements sont de piètre qualité –
laine acrylique, acétate et polyester –, mais
ilsportent une étiquette qui fait rêver dans
le monde entier : made in Italy.
Chiffre d’affaires estimé de cette indus-
trie:2 milliards d’eurosparan, dontla moi-
tié au noir. Chaque jour, 1 million d’euros
repartent dans les banques de Wenzhou.
En 2009, année où l’Italie a connu une
croissance négative (– 1 %), les Chinois de
Prato ont décroché la lune : + 13 %.
B
ien sûr, pour parvenir à de telles per-
formances, il faut travailler « à la
chinoise » : quinze ou seize heures
de labeur quotidien, sept jours sur sept,
sommeil et repas sur place, dans un atelier
surchauffé ou dans des hangars balayés de
courants d’air. Les droits des travailleurs ?
Oubliés, seul le marché commande. « Ici
vivent 30 000 esclaves », déplore le maire,
Roberto Cenni, lui-même entrepreneur
dans l’industrie du vêtement.
Elu en juin 2009, il a mis fin à soixante-
trois ans de domination de la gauche sur la
ville après avoir mené une dure campagne
contre les Chinois, « leurs bruits et leurs
odeurs ». « Personne n’est attaché à sa
Enquête Décryptages 17
machine à coudre, dément Roberto Wang,
président de l’association Deuxième géné-
ration chinoise. Si un syndicaliste entrait
dans un atelier en disant : “Je veux vous libé-
rer de vos chaînes”, on lui répondrait: “Mais
de quoi tu parles ? Le Chinois travaille pour
sa famille, pour économiser et se mettre un
jour à son compte en exploitant d’autres
compatriotes”. »
« Pourquoi dénoncer aujourd’hui un
esclavage alors que tout le monde se tait
quand, à Naples, des Italiens triment dans
les mêmes conditions pour des couturiers
deMilan?,s’interrogeFabianoMaggi,direc-
teur du mensuel gratuit et bilingue It’s
China. LesChinois n’ontfaitque s’adapterà
un modèle économique qui existait déjà.
Onlesdénigreparcequ’ilssontàleurcomp-
te et ont créé une industrie qui, avant eux,
n’existait pas.»
« En France, un Chinois est devenu Prix
Nobel de littérature [le franco-chinois Gao
Xingjian, en 2000] ; en Italie, il passerait
pour un délinquant et un fraudeur du fisc »,
se plaint Roberto Wang.
Mais au fait, pourquoi Prato ? Les pre-
miers arrivants ont d’abord travaillé pour
lesentreprisesitaliennesdevêtementspré-
sentes dans la province. Mais Prato, c’était
avant tout la cité du textile. Environ
10 000 ateliers y étaient installés à l’épo-
que où sont arrivés les premiers immi-
grants chinois. Le début des années 2000
marque le déclin de l’industrie textile loca-
le, sous l’effet de la concurrence extrême-
orientale.
Les entreprises ferment, libérant des
milliers de mètres carrés d’entrepôts où les
Chinois, qui commencent à se mettre à
leurcompte,s’installent.Là encore,les chif-
fres sont éloquents. En 1991, la province
comptait 8 141 manufactures de textile
contre 2 000 entreprises de vêtements. En
2009, les premières ne sont plus que 3 300,
les secondes ont plus que doublé. Du coup,
les habitants de Prato se croient victimes
d’unedoublepeineinfligée parl’empiredu
Milieu: d’abord la quasi-disparition de l’ac-
tivité qui avait fait leur fortune, puis l’as-
sautchinois.Deux événementscontempo-
rains mais indépendants l’un de l’autre.
A Prato, le centre commercial
Euroingro compte une centaine
de boutiques de vente en gros
de vêtements importés de Chine.
SIMONE DONATI/TERRAPROJECT/PICTURETANK/
POUR « LE MONDE »
Aujourd’hui, la ville fait face à un très
gros problème. Comment rapprocher les
« Toscans de souche » et les nouveaux
venus de Wenzhou, qui prospèrent en vase
clos? Alors que le parti anti-immigrés de la
Ligue du Nord a plus que doublé ses voix
entre 2009 et 2010, passant de 4 % à 10 %
des suffrages dans la ville, le maire privilé-
gie le bâton. Edicté en septembre, un arrêté
municipal oblige les commerces de bou-
che chinois à arborer une enseigne bilin-
gue et à respecter un couvre-feu à minuit
sous peine d’une amende de 500 euros par
infraction constatée. M. Cenni a promis de
contrôler un atelier par jour. Cent cinquan-
te-deuxontétévisitéspardesforcesdepoli-
ce conjointes (brigades financières, doua-
nes et carabiniers) qui ont constaté… 152
effractions. A ce rythme, il faudra dix ans
pour inspecter tous les ateliers, les halls
d’expédition et les hangars de livraison.
Etaprès,quefaire?LeconsulatdeFloren-
ce et l’ambassade de Rome traînent des
pieds pour certifier l’identité d’un de leurs
ressortissants mis en cause, empêchant la
mise en œuvre de tout arrêté d’expulsion,
et dénoncent, dans une comparaison osée,
les«méthodesnazies»desautoritésitalien-
nes. La menace de mise sous séquestre des
entreprisesestsouventvaine.Apeinesoup-
çonnée – au choix ou tout ensemble – de
fraudedouanière,d’évasionfiscale, d’entor-
se au droit du travail, une entreprise vend
son stock, disparaît et renaît sous un autre
nom, avec, à sa tête, le frère, le cousin, l’on-
cle du précédent propriétaire. A Prato,
deux entreprises meurent ainsi chaque
jour, échappant aux contrôles.
Il y a bien le chemin du dialogue, mais il
est ardu. « C’est la base de tout. Les Italiens
doivent d’abord comprendre la mentalité
chinoise », explique le sinologue Giorgio
Trentin. «Je veux bien dialoguer, mais avec
qui? », se plaint M.Cenni, qui attend que les
autorités chinoises en Italie lui fournissent
une liste d’interlocuteurs. Son ambition :
convaincre les Chinois de monter leur pro-
duction en gamme, d’acheter du tissu
made in Prato, afin de créer «une coopéra-
tion vertueuse toscano-chinoise ».
Reste la deuxième génération. Tous les
espoirs reposent sur elle. Mieux intégrée,
scolarisée, parlant l’italien, elle peut être le
trait d’unionentre les deux communautés.
Mais dans un pays où prévaut le droit du
sang, aucun ressortissant chinois de la pre-
mière comme de la deuxième génération
n’a encore acquis la plus petite forme de
visibilité institutionnelle en Toscane.
Symbole de cette incommunicabilité :
quand trois Chinoises sont mortes, au
moisdeseptembre,noyéesdansleur voitu-
recoincéedansunpassagesouterraininon-
dé par la pluie, les associations et le centre
gauche ont demandé au maire que soit
déclaré un jour de deuil municipal, comme
unsignaldesympathieenvoyéàlacommu-
nauté chinoise. M. Cenni a refusé.
« Pourquoi dénoncer
aujourd’hui un esclavage
alors que tout le monde
se tait quand, à Naples,
des Italiens triment dans
les mêmes conditions pour
des couturiers de Milan ?»
Fabiano Maggi
directeur du mensuel
gratuit « It’s China »
Xu Quilin sera peut-être le symbole
d’une future réconciliation des deux mon-
des. Arrivé à Prato au début du flux migra-
toire, il se sent Italien et dit n’avoir aucune
intention de finir ses jours à Wenzhou. A la
tête de la marque Giupel, vêtements de
moyenne gamme, il a pris à rebours le che-
min suivi par nombre de ses compatriotes.
Il a italianisé son nom en « Guilini », paye –
dit-il – ses impôts en Italie, s’est inscrit à la
Confindustria(l’organisationpatronaleita-
lienne) et exporte en Chine.
Le président de la province de Prato en a
fait son « conseiller spécial » pour les affai-
res chinoises. Tout journaliste qui passe
par Prato le visite, comme un monument.
« Beaucoup de Chinois sont prêts à suivre
mon exemple, récite-t-il. Ils se rendent
compte qu’on peut aussi devenir riche dans
la légalité.» Devenir riche… C’est le rêve des
Chinois de Prato. Beaucoup y sont parve-
nus. Ils sillonnent les rues du Piémont, de
Vénétie ou du Frioul à bord de puissantes
Audi, Mercedes ou BMW invariablement
noires. p
18 Décryptages
«LeMonde »a conclu
sarecapitalisation
Le groupe Le Monde
a achevé,
mardi 2novembre,
son processus
de recapitalisation.
Pierre Bergé, Xavier
Niel et Matthieu
Pigasse deviennent
actionnaires
majoritaires.
Les rédactions
et les personnels
ont obtenu
des garanties
d’indépendance
des nouveaux
repreneurs
D
epuis le mardi 2 novembre, le trio
constitué par Pierre Bergé, Xavier
Niel et Matthieu Pigasse est deve-
nu officiellement l’actionnaire majoritai-
re du Monde. Les assemblées générales des
actionnaires de différentes entités du
groupeLeMondeont entérinéla recapitali-
sation et la répartition des nouveaux équi-
libres. A l’issue de cette opération, la socié-
té Le Monde Libre (LML), contrôlée par les
trois investisseurs, détient 64,5 % du grou-
pe à travers la société Le Monde SA (LMSA).
Cette part va être réduite à environ 60 %,
tandis que le Pôle d’indépendance, qui réu-
nit les sociétés de personnel, dont la Socié-
té des rédacteurs du Monde (SRM), et la
Sociétédes lecteurs, détiendra uneminori-
té de blocage de 33,34 %. Cette opération va
pouvoir être réalisée grâce aux 10 millions
d’euros apportés par Pierre Bergé au Pôle
d’indépendance.
En tout, les trois investisseurs appor-
tent 110 millions d’euros à l’opération. Sur
cette somme, 30 millions sont consacrés à
l’augmentation de capital, 32 millions
sont apportés en compte courant et 35 mil-
lions ont été utilisés pour racheter les obli-
gationsconvertibles en actions(ORA), rem-
boursées en actions du Monde. Les nou-
L’obsession de l’indépendance
Une déclaration du conseil de gérance de la Société des rédacteurs du «Monde»
C
e mercredi 3 novembre, le groupe Le
Monde n’est plus tout à fait le même.
L’opération de recapitalisation en
cours depuis plusieurs mois a abouti à l’ar-
rivée d’un actionnaire majoritaire, Le Mon-
de Libre, société créée par Pierre Bergé,
Xavier Niel et Matthieu Pigasse. C’est un
bouleversement, un arrachement: la perte
de contrôle du groupe par la Société des
rédacteurs du Monde, premier actionnaire
jusqu’au 2 novembre, et par les autres
actionnaires dits « internes ». Dix exercices
déficitaires consécutifs, des pertes cumu-
lées dépassant les 200 millions d’euros et
un mode de gestion déficient l’avaient ren-
due inéluctable.
Et, pourtant, l’espoir domine aujour-
d’hui au sein de notre collectivité. Pendant
plusieursmois,la Sociétédesrédacteurs du
Monde s’est battue pour écarter la menace
du tribunal de commerce et trouver des
veaux actionnaires du groupe Le Monde
ont annoncé que les ORA, qui avaient été
émises pour un montant de 69 millions
d’euros, ont été rachetées pour 92 % d’en-
tre elles à la moitié de leur valeur. Le reste
des ORA a été racheté et converti en
actions et racheté ultérieurement.
A l’intérieur de la société Le Monde
Libre, le trio d’investisseurs détiendra
80 % des parts, tandis que le groupe de
presse espagnol Prisa a souhaité rester
actionnaire du groupe Le Monde. Prisa a
l’option de détenir environ 20 % du Mon-
de Libre, sa participation étant « remon-
tée» de la holding Le Monde SA à la société
Le Monde Libre. Pour l’instant, sa part, qui
était de 15 % dans LMSA, a été « diluée » à
hauteur de 5 % à la suite de la recapitalisa-
tion. Prisa devrait apporter ensuite 8 mil-
lions d’euros pour obtenir environ 20 % de
LML.
De son côté, le Groupe Lagardère a exer-
cé son droit de retrait et n’est plus action-
naire du groupe Le Monde. Il a cédé ses
parts (17,27 % de LMSA) pour un montant
de 3,8 millions d’euros. Il reste cependant
actionnaire du Monde interactif, filiale
gérant les activités Internet du groupe, à
hauteur de 34 %. Le groupe Nouvel Obser-
vateur, qui avait déposé une offre de repri-
se du groupe Le Monde avec France Télé-
com au mois de juin, et le groupe italien La
Stampa ont également exprimé leur sou-
hait de céder leurs participations (respecti-
vement de 1,75 % et 2,90 %). Dans un com-
muniqué, le président du directoire, Eric
Fottorino, et le directeur général, David
Guiraud, se félicitent « de l’aboutissement
du processus de recapitalisation. Cette opé-
ration préserve l’indépendance du groupe
et lui permet de poursuivre son développe-
ment ».
Les assemblées générales des actionnai-
res, qui devaient se prononcer en faveur
de la recapitalisation, ont été retardées en
raison d’une demande de dernière minute
du groupe Prisa. Le groupe de presse espa-
gnol, lourdement endetté et en passe
d’être racheté parle fonds américain Liber-
ty Acquisition, réclamait un droit de veto
sur le budget, la nomination du président
du directoire et celle du directeur du jour-
nal. Des demandes jugées « exorbitantes »
par la SRM. Cependant, Prisa était en posi-
tion de force puisqu’il pouvait faire
échouer la recapitalisation en refusant de
résilier le pacte d’actionnaires signé avec
le groupe Le Monde en 2005, condition
nécessaire pour modifier l’actionnariat du
groupe. Dans ce cas, le groupe Le Monde
aurait été devant le tribunal de commerce.
Un compromis a finalement pu être
trouvé, mardi en début d’après-midi, sous
la forme d’une lettre d’intention signée
par les différents partenaires. Prisa ne
investisseurs prêts à se lancer dans l’aven-
ture, tout en se montrant respectueux de
nos spécificités et de notre histoire. Cette
démarche a abouti à des contacts avec plu-
sieurs repreneurs potentiels, avec lesquels
des discussions ont alors été ouvertes. A
l’heure du choix, en juin, un consensus iné-
dit dans l’histoire de notre communauté
s’est créé : les sociétés de journalistes, de
personnels et de lecteurs du groupe se sont
prononcées massivement et dans le même
élan pour l’offre de Pierre Bergé, Xavier
Niel et Matthieu Pigasse. Ces mêmes socié-
tés ont constitué dès le mois d’avril un Pôle
d’indépendance du groupe Le Monde, qui
s’estimposé en quelquessemaines comme
l’interlocuteur incontournable des candi-
dats repreneurs, mais surtout comme un
garant de nos valeurs fondatrices.
L’indépendance éditoriale a été au cœur
des discussions avec les futurs propriétai-
L’actionnariat du Groupe Le Monde au 2 novembre 2010
LMPA env. 20 %
Pôle d'indépendance
(actionnaires internes
et Société des lecteurs
du Monde)
et actionnaires externes
SCS* d'indépendance
env. 14 %
SARL Pôle d'indépendance
(droits politiques)
Pierre Bergé - Berlys Media
(droits économiques)
Actionnaires
minoritaires
Télérama, Safari, Multirama, Culturama, Téléramaradio, Courrier international, Malesherbes
Publications, Le Monde Interactif, LePost.fr, Le Monde Imprimerie, Le Monde diplomatique,
Le Monde Publicité, Irégie.com, Publicat, VM Magazines, etc.
* Société en commandite simple.
(1) La part exacte future dans la holding dépendra des décisions des actionnaires minoritaires. (2) Leur participation fait actuellement
l’objet de négociations pour être apportée à LML à terme. (3) Devrait sortir du groupe Le Monde.
bénéficiera pas des droits demandés. En
revanche, il aura la possibilité d’exprimer
des droits sur le vote du budget et sur la
nomination du président du directoire.
Le « closing » de l’opération a donc pu
être prononcé à l’issue de la journée. Les
actionnaires ont également désigné les
membres du conseil de surveillance de Le
Monde SA. Celui-ci sera composé de Pierre
Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse.
Ceux-ci ont désigné en outre la journaliste
Laure Adler, l’intellectuel Bernard-Henri
Lévy, l’ancien banquier et patron de l’assu-
reur italien Generali Antoine Bernheim, la
PDG de Vigeo et ancienne secrétaire géné-
res du Monde au cours des derniers mois.
Elle fut même l’obsession de la Société des
rédacteurs du Monde. Pour la garantir, une
« Charte d’éthique et de déontologie du
groupe Le Monde» a été établie, à l’initiati-
ve des sociétés de journalistes. Des extraits
en sont publiés ici, elle sera consultable sur
les sites du quotidien et des magazines du
groupe. Dotée d’une valeur statutaire et
donc s’imposant à tous, elle définit claire-
ment les droits et devoirs des actionnaires,
des journalistes et des dirigeants du grou-
pe Le Monde. Elle prévoit la création d’un
Comité d’éthique et de déontologie, qui
pourra être saisi de toute question relative
à l’indépendance éditoriale et dont les avis
pourront être publiés.
Cette recapitalisation ne s’est pas faite
sans concessions. La Société des rédacteurs
du Monde a dû renoncer à son droit de veto
sur le président du directoire du groupe.
34 % minorité De 55 à 60 %
de blocage
LE MONDE ?(1)
(SA)
94,70 %
SOCIÉTÉ
ÉDITRICE
DU MONDE
(SA)
sup. à 50 %
Filiales
rale de la CFDT Nicole Notat, l’économiste
Daniel Cohen, le conseiller maître à la
Cour des comptes et ancien conseiller
défense de Lionel Jospin Louis Gautier, ain-
si que Louis Schweitzer, ancien président
de Renault et précédent président du
conseil de surveillance du Monde. Les
actionnaires minoritaires ont nommé
Jean-LouisBeffa,ancien président de Saint-
Gobain.
Le Pôle d’indépendance a désigné cinq
représentants : Gilles van Kote, président
de la Société des rédacteurs du Monde,
Jean-Luc Pellati, président de la Société des
cadres du Monde, Marie-José Gallard, prési-
Mais elle a conservé intégralement celui
dont elle dispose sur le directeur du quoti-
dien. D’autres droits ont été obtenus par le
Pôle d’indépendance, au sein duquel la
Société des rédacteurs du Monde occupe
une place importante : aucun changement
de contrôle du groupe Le Monde (y com-
pris par un changement d’actionnariat au
seinde la société LeMondeLibre) nepourra
intervenir sans que le Pôle d’indépendance
se voie offrir la possibilité de reprendre le
contrôle du groupe, soit directement, soit
par l’intermédiaire d’un tiers qu’il aurait
choisi et convaincu.
Enfin,grâceàungestedemécènedePier-
re Bergé qui a mis des actions à la disposi-
tion du Pôle d’indépendance, celui-ci
conservera une minorité de blocage au
sein du groupe Le Monde, ce qui signifie
qu’aucune nouvelle recapitalisation ni
qu’aucune modification des statuts du
0123
Jeudi 4 novembre 2010
LML
(Le Monde libre)
Pierre Bergé
Matthieu Pigasse
Xavier Niel
Autres
Prisa(2)
Nouvel Observateur(3)
Stampa Europe(3)
Propriétaires des obligations
remboursables en actions
Autres minoritaires
dente de la Société des employés du Mon-
de, Christian Martin, président de la Socié-
tédes lecteurs du Monde, etVéronique Bro-
card, présidente de la Société des person-
nels du groupe des publications de la Vie
catholique (SCPPVC).
Dans un communiqué, MM. Bergé, Niel
et Pigasse déclarent souhaiter « mener
sans attendre un projet industriel qui per-
mette à celui-ci de construire le développe-
ment de son offre éditoriale et de sa straté-
gienumérique ». Ils réaffirment leurs enga-
gements « notamment en termes d’indé-
pendance des rédactions et de stratégie
industrielle ». p
groupe ne pourront intervenir sans son
accord.
Ces dispositions sont essentielles, mais
c’estsur leterrain éditorialquenous attend
notre plus grand défi : satisfaire et surpren-
dre nos lecteurs, en conquérir de nou-
veaux, faire référence en matière d’exigen-
ce éditoriale, réussir le mariage du numéri-
que et du papier, cela tout en restaurant
durablement notre équilibre économique.
C’est le fondement du pacte de confiance
scellé avec nos nouveaux actionnaires.
Mais cette indépendance tiendra aussi
au comportement de ceux qui font chaque
jour ce quotidien. Elle doit être ancrée dans
notreesprit,afindenepascéderàl’autocen-
sure. Nous ne manquerons pas d’être accu-
sés de parti pris. Ce soupçon est aussi vieux
que Le Monde. Pour y répondre, nous prati-
querons notre métier avec une exigence et
une rigueur toujours plus grandes. p
0123
Jeudi 4 novembre 2010
Mondenouveau,
nouveau «Monde»
par Pierre Bergé,
Xavier Niel
et Matthieu Pigasse
L
a réussite de l’opération de recapita-
lisation intervenue ce mardi
2 novembre permet désormais au
Groupe Le Monde de penser et construire
son avenir. Cet avenir, nous l’avons assu-
ré en nous engageant auprès des salariés
et des journalistes à investir 110 millions
d’euros dans le développement de ce
groupe. Depuis l’origine, notre engage-
ment repose sur la conviction forte que
demain,les médias d’information de qua-
lité ne pourront se développer qu’au sein
d’entreprises indépendantes.
Indépendance éditoriale d’abord, dans
le respect d’une tradition, d’une culture
et d’un fondateur, Hubert Beuve-Méry.
Elle est le préalable essentiel à une infor-
mation de qualité et à la recherche de
l’excellence journalistique qui ont
construit la réputation du Monde et celle
des publications du groupe, Télérama,
Courrier international et La Vie. Elle est
aussi une exigence absolue pour ses lec-
teurs. Il est indispensable que ce groupe
puisse revendiquer son autonomie et
refuser l’allégeance à un camp, défendre
la qualitéde son informationet deses ana-
lyses, non la conformité à une idéologie.
C’est pour cette raison que nous avons
fait en sorte que la Société des rédacteurs
du journal, celle des publications, les
Sociétésde personnelset laSociété des lec-
teurs, réunies au sein d’un nouveau Pôle
d’indépendance, puissent conserver une
minorité de blocage au sein du capital du
groupe. Cette spécificité, tradition du
groupe, fait du Monde une exception
dans le secteur de la presse, en France
comme à l’étranger. Nous avons égale-
ment tenu à ce que nos engagements en
termes d’indépendance éditoriale soient
désormais consignés dans une charte
d’éthique et de déontologie élaborée ces
derniers mois avec les Sociétés des rédac-
teurs et sanctuarisée dans les statuts de la
société.
Projet d’entreprise
Indépendance économique, ensuite.
A l’heure où les Cassandre annoncent la
mort de la presse papier à un horizon
proche, où certains expliquent que l’in-
formation de qualité ne peut désormais
se concevoir que dans la sphère publi-
que ou associative, nous croyons qu’un
média d’information de qualité peut se
développer porté par la vision d’un véri-
table projet d’entreprise, exigeant et
ambitieux. La mutation accélérée du sec-
teur des médias et les défis associés à ses
nouveaux modes de production et de
diffusion de l’information sont autant
d’opportunités pour le journal. Le Mon-
de devra impérativement renouer avec
la rentabilité, c’est la meilleure garantie
de son indépendance éditoriale.
Plus généralement, nous nous assure-
rons que chacune des publications du
Groupe Le Monde a les moyens de repen-
ser son développement dans un univers
où les nouveaux médias deviennent pro-
gressivement la première source d’infor-
mation de leurs lecteurs. Les indispensa-
bles évolutions des organisations qui en
résulteront devront répondre à une dou-
ble exigence : recouvrer un bénéfice
d’exploitation pour financer de nou-
veaux investissements ; adapter les
contenus éditoriaux aux nouveaux
rythmes de consommation propres à
chacun des médias. Chacun pressent
déjà que des transformations seront
indispensables pour réussir ce pari. Il
nous faudra réfléchir aux rythmes de
parution, aux organisations, aux com-
plémentarités et définir avec tous les
acteurs du Groupe Le Monde un nou-
veau pacte social de manière à ce que
chacun soit associé à cette nouvelle
dynamique.
De nouveaux moyens seront vains
s’ils ne sont pas au service d’un projet
ambitieux et collectif. Un projet édito-
rial : celui d’une information de qualité
au service d’un lecteur confronté à une
multiplication de sources de toute natu-
re. Un projet collectif car cette nouvelle
page de l’histoire du Monde ne pourra
s’écrire que grâce à une mobilisation
sans précédent de l’ensemble des équi-
pes salariées et bien sûr à la fidélité de
ses lecteurs. Il appartient désormais aux
équipes du Groupe Le Monde de
construire ce projet exigeant dans le res-
pect des valeurs de leurs titres. p
Ecrire une nouvelle page
a Suite de la première page
A quoi sert de maîtriser l’impression d’un
journal quand on ne sait pas l’acheminer
en temps et en heure vers le lecteur ? Le
Monde s’est épuisé dans une course indus-
trielle et a trop souvent repoussé les déci-
sions difficiles au nom de la paix sociale.
C’est seulement avec le concours d’action-
naires minoritaires puissants, Publicis
pour la régie publicitaire et Lagardère
pour le numérique, qu’il a pénétré des sec-
teurs vitaux (le fondateur Hubert Beuve-
Méry a parfois loué la « bienfaisante publi-
cité ») et porteurs d’avenir (Internet). A
l’orée des années 2000, Le Monde s’est lan-
cé dans une stratégie d’acquisitions coû-
teuse et hasardeuse, quand bien même
elle a permis de jeter les bases d’un groupe
de presse avec des titres prestigieux com-
me Télérama et Courrier international.
Cette politique a trouvé ses limites et,
en 2005, Le Monde a dû procéder à une
recapitalisation qui a propulsé Lagardère
et Prisa dans le capital du groupe (à hau-
teur respectivement de 17,27 % et de
15,01 %). Dès 2002 et 2003, Le Monde avait
dû émettre pour 69 millions d’euros d’O-
RA (obligations remboursables en action)
qui ont d’autant grevé son bilan en creu-
sant sa dette future. Au même moment,
notre journal s’est installé dans les locaux
du boulevard Auguste-Blanqui en payant
des loyers considérables. Entre-temps, la
vente du patrimoine immobilier des Publi-
cations de la Vie catholique et l’aspiration
brutale de leurs bénéfices ont rendu diffi-
cile l’émergence d’une culture commune.
Lorsque, en janvier 2008, David Gui-
raud et moi-même avons pris la direction
du groupe, peu après la revente des jour-
naux du Midi au terme d’une opération
Lacharted’éthiqueetdedéontologiedu groupe
Préambule
La présente charte a pour objet de rap-
peler les principes essentiels d’indépen-
dance, de liberté et de fiabilité de l’infor-
mation, et de préciser les droits et devoirs
des journalistes, des dirigeants comme
des actionnaires. Elle aura force obligatoi-
re entre les parties (sociétés ou associa-
tions des journalistes des différents titres,
actionnaires, dirigeants du Groupe Le
Monde, directeurs des publications et des
rédactions), et sera reprise par les statuts
des sociétés du Groupe Le Monde. En cas
de changement à la tête d’un des titres du
groupe, elle s’imposera en termes identi-
ques à leurs nouvelles directions de la
rédaction et de la publication. (…)
La vocation des titres du Groupe Le
Monde est de fournir, sur tout support,
une information de qualité, précise, véri-
fiée et équilibrée. Les journalistes doivent
porter un regard critique sur l’informa-
tion et faire écho au pluralisme des opi-
nions.
Les journalistes disposent des moyens
nécessaires pour exercer rigoureusement
leur métier, collecter et vérifier les infor-
mations, indépendamment de toute pres-
sion extérieure. Ils s’interdisent toute
manipulation et plagiat, ne relaient pas
les rumeurs, évitent le sensationnalisme,
les approximations et les partis pris. Ils
doivent éviter tout lien d’intérêt avec les
acteurs des secteurs sur lesquels ils écri-
vent, et s’engagent à déclarer tout conflit
d’intérêts. Des principes déontologiques
communs aux rédactions du Groupe Le
Monde seront rappelés en annexe de la
charte d’éthique et déontologie, sans dis-
tinction de valeur et de force juridique
avec le contenu de celle-ci.
L’indépendance éditoriale des jour-
naux du Groupe Le Monde à l’égard de ses
actionnaires, des annonceurs, des pou-
voirs publics, politiques, économiques,
idéologiques et religieux est la condition
nécessaire d’une information libre et de
qualité. Aucun texte ne peut leur être
imposé, aucune orientation ne peut leur
être dictée par une intervention ou une
contrainte extérieure.
Les actionnaires du Groupe Le Monde
garantissent l’indépendance économique
de ses titres au sens de la présente charte,
mais se gardent d’intervenir dans leurs
choix éditoriaux et leur traitement de l’in-
formation.
La ligne éditoriale de chaque titre, dans
sa version papier comme dans sa version
en ligne, ne saurait être guidée ni infléchie
par les intérêts des annonceurs, pas plus
très riche humainement mais dénuée d’in-
térêt sur les plans stratégique et finan-
cier, la vérité des chiffres est apparue
dans sa froideur : il n’était pas possible de
maintenir le périmètre du groupe, qui
cumulait près de 200 millions d’euros de
pertes. Il a fallu céder les activités défici-
taires et/ou non stratégiques, Fleurus
(Presse jeune), Les Cahiers du cinéma, Dan-
ser, la librairie La Procure. Il a fallu mettre
en œuvre rapidement un plan social :
130 personnes – dont 70 journalistes –
ont quitté la Société éditrice du Monde,
sans que jamais la rédaction se démobili-
se. Il a fallu enfin rationaliser et densifier
les implantations géographiques du grou-
pe. Recentré autour de ses marques pha-
res, Le Monde a assaini sa gestion sans
renoncer à ses ambitions éditoriales. En
2009, malgré la crise publicitaire qui a
frappé la presse, notre activité a dégagé
une exploitation positive de plus de 2 mil-
lions d’euros. Un résultat encourageant
mais insuffisant. Les tensions sur notre
trésorerie nous ont conduits à contracter
dès mai 2009 un emprunt de 25 millions
d’euros auprès de BNP-Paribas et Natixis,
emprunt garanti par les actions Téléra-
ma. A charge pour le groupe Le Monde de
lancer au plus vite le processus de recapi-
talisation, dont nous vivons à présent le
dénouement.
Les carences de la gestion passée ne sau-
raient à elles seules expliquer les défaillan-
ces de l’entreprise Le Monde. Précisément
parce qu’il ne s’agit pas d’une entreprise
comme les autres, mais d’un journal, et
pas n’importe quel journal : celui qui pré-
tend devenir la référence, alliage de com-
pétence et d’indépendance éditoriale.
Encore faut-il s’entendre sur le sens
donné à l’indépendance. Journalistes,
que par ceux d’autres titres du groupe. Les
directeurs de rédaction (ou leursdélégatai-
res) sont les responsables éditoriaux de la
ligne et du contenu de leur publication.
Au sein de chaque titre du Groupe Le
Monde, il existe un responsable de l’équi-
libre économique et de la gestion, distinct
du responsable des contenus éditoriaux.
En aucun cas, l’un de ces deux responsa-
bles ne peut prendre de décision ayant un
impact sur le domaine de compétences
de l’autre sans avoir obtenu l’accord de ce
dernier.
Deux comités d’éthique et de déontolo-
gie distincts, chargés respectivement du
quotidien Le Monde, de ses suppléments
ou déclinaisons, des sites du Monde inte-
ractif et de ses applications numériques,
d’une part, et de l’ensemble des magazi-
nes (le « Pôle magazines ») et de leurs décli-
naisons numériques, d’autre part, sont
chargés de veiller au respect de cette char-
te. Ils veilleront notamment à ce que soit
observé l’ensemble des principes conte-
nus dans la Déclaration des devoirs et des
droits des journalistes (Munich, 1971),
dont la pérennité est indispensable à l’in-
dépendance éditoriale et qui constitue le
socle déontologique de la profession de
journaliste. Ces principes s’appliquent à la
réalisation de tous les contenus édito-
riaux produits par les rédactions du grou-
pe, quels que soient leurs supports de dif-
fusion.
Cette charte sera publiée pour tout ou
partie dans les différents titres du groupe
dès son entrée en vigueur et restera acces-
sible en intégralité et à tout moment sur
chacun de leurs sites.
Devoirs et droits des actionnaires
Les actionnaires du Groupe Le Monde
disposent des pouvoirs que leur confère le
droit des sociétés. A ce titre, ils veillent à la
bonne marche économique du groupe et
de ses publications, à la définition de sa
stratégie et de ses axes de développement.
Pour assurer l’indépendance financière et
politique des titres et sites du groupe, et
pour en garantir l’indépendance et la liber-
té d’expression, chacun s’engage au res-
pect desvaleurs et principesdéfinis au pré-
sent code.
Les actionnaires proclament leur atta-
chement à l’indépendance éditoriale de ses
publications. Ils s’engagent à respecter la
présentecharte,ainsiqueleschartesspécifi-
ques en usage dans chaque rédaction du
groupe.Toutnouvelactionnaire,majoritai-
re ou minoritaire, devra prendre le même
engagement. Les sociétés du Groupe
Décryptages 19
tenus à la rigueur et à la distance, nous ne
sommes pas à l’abri de nos propres préju-
gés, de nos préférences politiques ou idéo-
logiques. Sans remonter trop loin, Le Mon-
de des années 1980 fut sévèrement sanc-
tionné par ses lecteurs pour son soutien
inconditionnel au gouvernement et aux
idées de l’Union de la gauche. Le fort pen-
chant du Monde en faveur d’Edouard Bal-
ladur en 1995 lui fut très préjudiciable.
Comme ses écrits exagérément favora-
bles à Nicolas Sarkozy au mitan des
années 2000, avant de prendre position
pour Ségolène Royal. Un journal qui
s’était un temps donné pour mission de
faire trembler le CAC 40, qui a parfois abu-
sivement entretenu la suspicion envers
les pouvoirs politique et économique, ne
Editorial
Eric Fottorino
pouvait qu’en payer le prix. Que de leçons
données ! Que de personnalités injuste-
ment malmenées, semoncées voire
jugées dans nos colonnes ! L’erreur fut
souvent de prendre nos excès pour l’ex-
pression de l’indépendance, quand ils
n’étaient qu’insignifiance. Le journa-
lisme, celui que nos lecteurs attendent,
est fait d’expertise et d’ouverture d’esprit,
d’analyses précises et de hauteur de vue,
de nuance, de discernement. La révéla-
tion doit être vraie, la critique fondée.
Nous avons tiré leçon de ces égare-
ments. Une réputation est difficile à
construire, rapide à détruire. Notre jour-
nal doit être juste, au sens de la justesse. Il
ne saurait s’ériger en justicier. Un journa-
liste n’est ni un magistrat ni un auxiliaire
de police. Enquêter, oui. Enquêter à char-
LeMonde ne pourront enregistrer les mou-
vements ou souscriptions de valeurs mobi-
lièresdonnantaccèsaucapitalqu’encontre-
partie de l’adhésion et de la signature de la
présente charte par leurs bénéficiaires.
Les actionnaires, leurs représentants et
les membres des conseils de surveillance
du Groupe Le Monde ne prennent pas part
aux choix éditoriaux. Ils n’assistent aux
conférences de rédaction que sur invita-
tiondeladirectiondujournaloudelarédac-
tion, mais n’y interviennent pas. Ils s’inter-
disent, en outre, de commander un article
et de donner des instructions pour modi-
fier un article ou empêcher sa publication.
La structure actionnariale du Groupe Le
Monde fera l’objet d’une publication
annuellesur supportpapier et/ou numéri-
que par chaque titre du groupe. A cette
occasion, un rappel des intérêts détenus
par les principaux actionnaires sera égale-
ment effectué.
Les actionnaires s’engagent à ne pas
imposer de partenariats commerciaux au
groupeavec les sociétés au capitaldesquel-
les ils figurent ou qui leur sont liées com-
mercialement. De même, ils s’engagent à
nepasempêcher ou faireobstacleàdes par-
tenariats du même type avec des sociétés
qui se trouveraient en concurrence avec
les leurs.
Lorsqu’un actionnaire du Groupe Le
Monde ou une entreprise dirigée ou déte-
nue par l’un de ces actionnaires est citée
dans un article publié par un titre du Grou-
pe Le Monde, cette particularité est signa-
lée dans le corps de l’article, dans sa
titraille ou dans une note de bas de page.
Gouvernance
Les actionnaires et membres des
conseils de surveillance s’engagent à
veiller à ce que, dans le cadre d’une expres-
sion publique, leurs déclarations ne puis-
sent pas engager le Groupe Le Monde, sauf
dans le cas d’une communication décidée
par le conseil de surveillance.
La qualité de membre d’un directoire
du groupe est incompatible avec :
– un mandat électif national ou local
(hors mandats municipaux dans des vil-
les de moins de 30 000 habitants) ;
– des fonctions de direction, d’encadre-
ment ou de représentation d’un parti poli-
tique ou d’un syndicat ;
– des condamnations définitives à des
peinesde prison ferme liées aux sujetssui-
vants : (a) incitation à la haine raciale ou
pour discriminations; (b) financement illi-
cite de partis politiques ; (c) atteinte aux
personnes.
ge, accepter d’être l’instrument manipulé
et manipulateur d’intérêts obscurs :
jamais. « Dire la vérité, toute la vérité, rien
que la vérité, dire bêtement la vérité bête,
ennuyeusement la vérité ennuyeuse, triste-
ment la vérité triste ». Cette formule de
Péguy, souvent citée par Beuve-Méry, ne
fixe pas les règles d’un journalisme carnas-
sier, pas davantage qu’un pouvoir ne doit
s’ériger en hors-la-loi pour intimider un
journaliste et empêcher la mise en lumiè-
re de faits probants et dérangeants. A cha-
cun de trouver la bonne distance, de
connaître les limites de l’exercice.
Peu importe que les plus vives criti-
ques contre Le Monde d’aujourd’hui
soient portées par ceux qui l’ont eux-
mêmes le plus gravement discrédité. Que
notre collectivité paie à sa façon l’addition
qu’ils ont laissée. La ligne qui nous impor-
te désormais est celle de l’horizon. La page
est lue et bien lue. Il faut écrire une nouvel-
le page. Au Monde comme dans l’ensem-
ble du groupe, dans les magazines et sur
les sites numériques, nos équipes four-
millent d’idées et de projets que nos nou-
veaux actionnaires sont prêts à partager
avec nous pour enrichir nos offres édito-
riales, au quotidien comme le week-end.
Qu’est-ce qu’un journal sinon une envie
collective tendue vers une ambition d’ex-
cellence et appuyée sur des moyens à hau-
teur de cette ambition ? Le grand poète de
langue allemande Paul Celan ne voyait
guère de différence entre une poésie et
une poignée de main. Le Monde doit être
cette poignée de main : ferme et chaleu-
reuse, un rendez-vous quotidien d’huma-
nité et de conversation partagée, d’échan-
ge, de compréhension, de pertinence et
d’impertinence. Nous y travaillons déjà.
Avec ardeur et confiance. p
Devoirs et droits des journalistes
Le présent code reconnaît la Déclara-
tion des devoirs et des droits des journalis-
tes, adoptée en 1971, à Munich.
Rôle et pouvoir des sociétés de journa-
listes
Confronté à un problème d’ordre déon-
tologique, tout journaliste est en droit de
saisir le bureau de sa SDJ, afin que ce der-
nier en prenne connaissance, le soumette à
la direction de la rédaction en vue de trou-
ver une solution. La direction de la rédac-
tion et la direction de la publication peu-
vent égalementsaisirle bureaudela SDJ.(…)
Rôle et pouvoir des comités d’éthique
et de déontologie
Les comités d’éthique et de déontolo-
gie, auxquels les statuts des sociétés du
Groupe Le Monde se réfèrent expressé-
ment, ont pour objet de veiller au respect
de la présente charte d’éthique et de déon-
tologie dans les différentes publications
et sites du groupe. Ils n’ont pas compéten-
ce pour se prononcer sur le contenu d’un
article ni pour prononcer des sanctions à
l’encontre des journalistes.
En cas de litige sur l’interprétation ou
l’application de la charte, le comité d’éthi-
que et de déontologie concerné peut être
saisi par deux de ses membres, par une
SDJ, la direction de la rédaction ou par le
président du directoire. Dans un délai
d’un mois à dater de la saisine, et après
avoir auditionné les personnes de son
choix, le comité émet un avis et/ou des
recommandations qui seront communi-
qués aux journalistes intéressés, à la
direction de la rédaction concernée et au
président du directoire, et qui pourront
être publiés à sa demande. La direction
du titre concerné s’engage à répondre de
façon circonstanciée, et dans un délai
de quinze jours, à l’avis ou aux recom-
mandations du comité d’éthique et de
déontologie.
Les comités d’éthique et de déontologie
se réuniront sur convocation de leur prési-
dent ou à la demande d’au moins deux de
leurs membres, et au moins deux fois par
an. Ils établiront un rapport annuel qui
rendra compte des sujets dont ils auront
été saisis ainsi que des avis et recomman-
dations rendus, rapport qui sera tenu à la
disposition de toute personne intéressée
et distribué aux journalistes des titres et
sites concernés. (…)
n Sur Lemonde.fr
Lire la version intégrale
20 Décryptages Débats 0123
Jeudi 4 novembre 2010

Le mouvement social de l’automne 2010 aura une postérité politique

Si la gauche veut gagner en 2012, elle devra s’appuyer sur sa dynamique

N
i vainqueurs ni vaincus »,
nous dit-on à propos de la
mobilisation sociale, com-
me si tout était fini. C’est se
rassurer à bon compte : un
mouvement social a tou-
jours une postérité. C’est elle qu’il
convient d’interroger pour comprendre
l’importance de ce qui se passe. Laissons
de côté les gouvernants. Nicolas Sarkozy
est un homme du passé, et dans quelques
années l’évocation de son nom fera souri-
re, comme ce fut le cas pour Valéry Giscard
d’Estaing. N’en déplorons pas moins que,
sans cesse désavoué dans les urnes depuis
2007 et faisant passer des lois contre la
volonté de la population,le pouvoir identi-
fié au patronat propose une piètre image
de la démocratie au moment où une nou-
velle génération entre en politique.
C’est bien du côté d’un mouvement
social protéiforme qu’il faut chercher les
acteurs essentiels. Depuis 2002, les
conflits se sont succédé, impliquant nom-
bre de groupes sociaux. Certains étaient
novices, les enseignants du primaire et du
secondaire, les intermittents du spectacle,
puis les universitaires. D’autres avaient
une expérience de la lutte sociale, comme
les employés des transports publics aux-
quels le gouvernement avait promis, en
2003, que leurs régimes de retraite ne pou-
vaient pas être remis en cause avant, qua-
tre ans plus tard, de s’y attaquer. En 2006,
Christian
Chevandier
Professeur d’histoire
contemporaine à l’université
du Havre
le mouvement contre le contrat première
embauche (CPE)a concernéla jeunesse sco-
larisée, puis l’ensemble de la population
active, et a fini par l’emporter. L’année sui-
vante, c’est à l’usine automobile d’Aulnay-
sous-Bois (Seine-Saint-Denis) que les
ouvriers ont longuement débrayé. Du
commerceau bâtiment, laliste serait inter-
minable des secteurs touchés à un
moment ou à un autre par des grèves. La
part des travailleurs de la chimie dans le
présent mouvement permet de compren-
dre que c’est l’ensemble des branches qui
est concerné.
Une profonde réflexion accompagne
ces mouvements sociaux. Depuis la grève
du printemps 2003, une controverse infor-
melle agite tout le pays sur l’avenir des
retraites,en décortique les données écono-
miques, démographiques et sociales. Le
rejet du CPE par les Français en 2006 ne
fut pas initial et s’est étayé par une analyse
préalable. Cette nouvelle intelligence du
monde s’inscrit en son temps et est le fruit
de la considérable élévation du niveau
d’instruction de l’ensemble de la popula-
tion. Les débats sont d’autant plus féconds
qu’ils remettent à leur juste place les pro-
pos d’« experts » à l’approche avant tout
idéologique. Innovation des grèves de
1968 et des années suivantes, la place
déterminante des assemblées générales
est aussi le produit de questionnements
sur la démocratie.
Autre caractéristique des mouvements
sociaux de la dernière décennie, le choix
des modalités d’action peut aboutir au
dépassement d’éventuels antagonismes
entre des intérêts catégoriels et ceux de
l’ensemble de la société. Sans que le public
en soit toujours conscient, la question du
service de la population est au centre de
nombre de mobilisations. Pendant leur
grève, les agents d’EDF ont fait en sorte
que le tarif le plus bas s’applique toute la
journée dans des quartiers populaires.
Même en dehors d’un conflit social, cer-
tains d’entre eux rétablissent illégale-
ment le courant à des ménages démunis.
Dans les transports en commun
urbains et à la SNCF, la question de fournir
des transports gratuits a été évoquée dans
des assemblées générales, sans que les gré-
vistes aient osé s’y risquer. Mais elle n’est
pas écartée, et un prochain mouvement
pourrait faire réitérer des expériences
comme celles de mai 1968, lorsqu’à plu-
sieurs reprises les cheminots grévistes ont
organisé eux-mêmes le trafic des trains.
Pour comprendre le présent, l’évoca-
tion de l’histoire n’est pertinente que si
l’on met en perspective différents élé-
ments. Plus que 1968 ou 1995, c’est 1936 et
1981 qu’il faudrait observer. Les acquis de
1936 sont le résultat d’une grande grève
que personne n’attendait et qui a usé de
méthodes originales. Ces mesures socia-
les, devenues la grande fierté d’une gau-
che politique à laquelle elles ont été impo-
sées, n’auraient jamais été prises sans ce
Le pouvoir identifié
au patronat propose
une piètre image
de la démocratie»
mouvement. En modifiant le contexte
d’une victoire de la gauche, le mouve-
ment de 2010 suffira peut-être pour que
2012 ne soit pas une déconvenue de plus.
L’élection de Mitterrand en 1981 surve-
nait après des années d’attente de l’arri-
vée au pouvoir d’une gauche unie autour
d’un programme.
Sa division puis son échec en 1978 sem-
blaient avoir sonné le glas des espoirs de
l’après-68. Les années suivantes n’étaient
plus, en pleine crise économique, que cel-
les de la morosité d’un giscardisme déjà
fané. Et c’est après ce temps où les mouve-
ments sociaux semblaient épuisés
qu’une gauche rabibochée parvenait au
pouvoir pour produire, avec le recul
social de 1983, un désenchantement qui la
marque encore.
Rien de tout cela aujourd’hui : dans la
continuité d’une décennie de luttes, le
mouvement social pourrait être ces pro-
chaines années un acteur de poids. Dans
ses choix, dans sa capacité à mettre en
œuvre une politique, la gauche au pou-
voir sera d’autant plus légitime qu’elle y
trouvera inspiration et appui. En cela, les
grévistes ont déjà gagné, qui affirment le
dépassement des valeurs du bling-bling
individualiste et la légitimité des solidari-
tés entre secteurs professionnels comme
entre générations. Le mouvement de
l’automne 2010 restera longtemps d’ac-
tualitéparce que laquestion qu’endéfiniti-
ve il pose est la plus importante de notre
société : celle du travail.
Les méthodes, qui dans le privé ont fait
la preuve de leur inanité, sont importées
dans le secteur public, dont s’effacent la
finalité de la mission et l’intérêt pour la
population. C’est contre tout cela que les
Français se mobilisent. Les mouvements
sociaux correspondent à une intrusion de
la société dans la gestion de l’Etat, à une
véritable construction de la politique et de
la démocratie. Une gauche portée au pou-
voir ne pourra pas l’ignorer. p

Peur partout, sécurité nulle part! Chine: comment libérer

La police judiciaire doit venir au secours des cités le Prix Nobel de la paix

D U
epuis 2002, et plus
encore depuis les
émeutes de 2005,
Nicolas Sarkozy et
ses conseillers ont
faitduthèmedel’in-
sécurité l’axe majeur de leur politi-
que. Il fallait que « la peur change
de camp », ce qui a justifié depuis
une politique d’emploi des forces
de police et de gendarmerie dans
une optique répressive.
Alors que chacun se prépare à la
prochaine campagne présidentiel-
le, il est temps de dresser le bilan de
cette politique phare du président
sortant. A dix-huit mois de la fin du
mandat présidentiel, la peur
a-t-elle changé de camp ? Sans dou-
te. Mais plus précisément : qui a
peur, aujourd’hui ?
Les policiers et les gendarmes
ont-ils peur ? Oui, lorsqu’ils inter-
viennent dans certains territoires
devenus des ghettos, et craignent
parpaings ou télévisions qui chu-
tent des toits ou des étages sur leur
passage. Oui, face à des délin-
quants dont la violence croît à la
mesure de l’armement et des pro-
tections des policiers.
Oui, lorsqu’avec leur équipe-
Jérémy Robine
Consultant-associé
Entreprises
et développement régional
(EDR)
Docteur en géopolitique
ment antiémeute, ceux-ci utilisent
contre des adolescents des armes
aussi dangereuses que des Flash-
Ball. Oui, enfin, comme en témoi-
gne leur comportement de plus en
plus brutal dans leurs interactions
quotidiennes avec les citoyens.
Les délinquants ont-ils peur ?
Non, malheureusement. Les trafi-
quants des cités ghettos ont bien
compris que seule compte désor-
mais la visibilité de l’action policiè-
re, et en aucun cas son efficacité.
Des auteurs d’actes crapuleux sont
parfois prêts à laisser leur victime
inconsciente pour un sac à main,
violence extrême produite par un
environnement social et urbain
très dégradé. Sans compter les
escrocs en tout genre, les cambrio-
leurs, les trafiquants d’êtres
humains, les proxénètes, les époux
violents, les entreprises qui enfrei-
gnentlesnormessanitaires, lescor-
rupteurs… tous ceux qui savent
que leurs crimes ou délits ne sont
pas mis en exergue par le pouvoir
et ne méritent pas que la police y
consacre d’importants moyens.
Les citoyens ont-ils peur ? Oui.
Peur de la police ou peur de son
inefficacité, si ce n’est les deux. Des
citoyens de plus en plus nom-
breux ont peur de la police, après
avoir cru par exemple qu’un
citoyen a encore le droit de protes-
ter s’il est indigné par le comporte-
ment d’un policier à son égard ou à
l’égard d’un tiers ; combien ont
relaté l’expérience de la garde à
vue qui leur a servi de punition ?
On ne réduit
la délinquance
qu’en asséchant
son terreau»
Combien de parents inquiets que
leurs enfants, lycéens et manifes-
tants,puissent êtrevictimes de vio-
lences policières ?
D’autres, également de plus en
plus nombreux, ont peur après
avoir constaté que les policiers ne
les protègent pas dans leur quar-
tier, qu’ils sont impuissants à pré-
venir les actes violents ou délic-
tueux comme à les sanctionner,
qu’ils aggravent les tensions dans
leur ville plus qu’ils ne les rédui-
sent, qu’ils refusent d’enregistrer
les plaintes, ou bien les reçoivent
en faisant comprendre à quel point
un discours clair, réaliste et inno-
vant. Prendre en considération les
phénomènes de violence et de
délinquance et leurs victimes, c’est
bien ; cela ne justifie pas de som-
brer moralement, en approuvant
le sécuritarisme. La politique de
Nicolas Sarkozy en la matière est
non seulement brutale et dange-
reuse, elle est aussi inefficace.
Il faut donc rappeler que ceux
qui composent les forces de police
et de gendarmerie sont des
citoyens, égaux à tous les autres. Si
les premiers sont dotés de pouvoir
de contrainte, et d’armes, c’est
dans un unique but : protéger les
seconds. Les forces de police et de
gendarmerie doivent s’en souve-
nir ; c’est la responsabilité du pou-
voir. La peur doit à nouveau chan-
ger de camp, car il est insupporta-
ble dans une société démocratique
que la population ait peur des
délinquants et de la police.
Lameilleure politique de sécuri-
té ne remplacera jamais une politi-
que sociale ambitieuse, seule à
même de favoriser l’inclusion de
chaque citoyen et de redonner l’es-
poir aux enfants des classes popu-
laires et des ghettos. On ne réduit
la délinquance qu’en asséchant
son terreau.
Une nouvelle politique de sécu-
rité exige de nouvelles politiques
judiciaires et pénitentiaires. Néan-
moins, une mauvaise politique de
sécurité contribue à détruire l’in-
dispensable lien de confiance
entre les citoyens et à l’égard de
l’Etat, et ainsi à aggraver la délin-
quance comme la peur de l’autre.
L’enjeu est d’importance, même si
n certain nombre
d’entre nous ne
voient de salut
pour la Chine que
dans une démocra-
tie fondée sur les
droits de l’homme. Cette démocra-
tieestavant toutune valeurhistori-
que qui fonde l’identité nationale
et transnationale de l’Occident.
L’attribution du prix Nobel de la
paix à Liu Xiaobo, actuellement en
prison pour avoir lancé la Char-
te 08, manifeste pour la mise en
œuvredesprincipesde ladémocra-
tie occidentale en Chine, est une
manière d’affirmer cette valeur
comme norme incontournable
des relations internationales.
Barack Obama demande sans
fanfare la libération de Liu Xiaobo,
la France se fait aussi discrète. Pour
sauver leur propre démocratie, les
puissances occidentales ont
besoin de l’argent de la Chine,
deuxième puissance économique
mondiale. Comment, dès lors, faire
libérer Liu Xiaobo et tous ceux qui
sont emprisonnés pour avoir
demandé justice pour leurs droits
bafoués par les impératifs de
modernisation économique ?
Il y a peu de chances que l’attri-
bution du prix Nobel à Liu Xiaobo
suffise à sa libération et à faire
avancer la démocratie en Chine,
tant que celle-ci est pensée du
point de vue de l’histoire de l’Occi-
dent alors qu’elle devrait être le
fruit d’une véritable rencontre
entre l’Occident et la Chine, dans le
contexte de la mondialisation qui
ne peut prendre, en ce XXIe siècle,
desformes impériales.Decetteren-
Thi Minh-
Hoang Ngo
Historienne spécialiste
de la Chine contemporaine
(Irsea, université
de Provence)
ne lui est pas seulement étrangère.
Dans la culture traditionnelle
chinoise,l’individu n’est conçuque
comme membre d’une famille ou
d’un réseau de relations.
Il y a une autre raison essentielle
au refus de la Chine des droits de
l’homme. Son identité est celle
d’une puissance internationale
indépendante qui date de la guerre
froide, lorsque la Chine de Mao se
concevait et agissait comme le
grand centre révolutionnaire et
anti-impérialiste de l’Asie.
Ce n’est pas un hasard si un arti-
cle du Quotidien du Peuple, daté du
29 octobre, affirme l’impossibilité
de la démocratie occidentale en
Chine, car l’Occident est identifié à
l’histoire de l’impérialisme.
Rencontre prometteuse
Par conséquent, il faut d’abord
s’atteler par notre comportement,
notre ouverture et notre empathie
àchangercette perceptiondel’Occi-
dent héritée de l’histoire mondiale
des XIXe et XXe siècles. Imposer les
droits de l’homme comme valeur
n’amèneranulle part tant que cette
valeur est perçue comme occiden-
tale. Plutôt que de droits de l’hom-

LA DIFFERENCE
ça ne les intéresse pas et qu’ils
n’ont pas la moindre intention
d’enquêter.
Sans aucun doute, la politique
la politique de sécurité ne cause ni contrepourraientnaître de nouvel- me, mieux vaut parler de droits
ne règle tous les problèmes. les formes de démocratie. dans des cas concrets, car c’est dans
Pour rétablir la confiance avec Il ne faut pas oublier que la des situations particulières que rai-
les citoyens, il est temps de distin- Chine appartient à une commu- sonnent les Chinois : droit de telle

C’EST
d’emploi des forces de sécurité en guer les corps d’exécution et d’ins- nauté culturelle et géopolitique personne à une terre, à ne pas vivre
France depuis près de dix ans est pection dans la police. Pour que englobant l’Asie orientale et l’Asie près d’une usine polluée, etc.
un échec total, ce que chacun, jour- l’actionpolicière redevienne effica- du Sud-Est, dont l’identité ne tient Quant au courageux Liu Xiaobo,

LA VIGILANCE
naliste ou policier, commence à
dire. Pourtant, ce qu’à coup sûr va
nous proposer le président sortant
pour 2012, ce sera plus de police,
Isabelle Giordano plus de répression, plus d’armes…
Service Public 10h L’escalade jusqu’où ?
franceinter.com Il est temps de tout changer en
ce qui concerne les missions et les
modalités d’intervention des for-
FRANCE INTER LA DIFFÉRENCE
ces de police et de gendarmerie.
franceinter.com
C’est à la gauche qu’incombe la res-
ponsabilité de produire à ce sujet
ce, il est urgent de nous doter
d’une politique d’emploi des for-
ces de police et de gendarmerie dif-
férente. Il faut privilégier la police
judiciaire, une police d’enquête et
d’investigation. Une police diffuse
et immergée dans la population,
qui n’a besoin ni de casques ni de
Flash-Ball. Une police en laquelle
tous les citoyens aient confiance,
et donc apte à mener une préven-
tion efficace. p
pas seulement au confucianisme,
mais aussi, et surtout, à l’expérien-
cehistoriquecommunedesrévolu-
tions et de la décolonisation, héri-
tée de la guerre froide.
Forte de l’expérience de la révo-
lution communiste chinoise et de
son rôle central dans la décolonisa-
tion des pays d’Asie du Sud-Est, en
particulier du Vietnam, la Chine ne
se laissera en aucun cas imposer les
droits de l’homme, car cette valeur
peut-être pourrait-il être libéré s’il
rédigeait un nouveau texte inven-
tant les formes possibles de la
démocratie en Chine en précisant
quel’Histoiren’a pas prisfin avecla
victoire de l’Occident dans la
guerre froide, mais qu’elle conti-
nuedans la rencontre prometteuse
entre les Occidentaux et les
Chinois comme lui et d’autres, y
compris du Parti communiste
chinois. p
0123
Jeudi 4 novembre 2010
Corée du Nord:
l’ère de la transition a commencé
L
e processus de succession de Kim Jong-il
par son fils, Kim Jong-un, a été officialisé,
le 10 octobre, lors des cérémonies du
65e anniversaire de la fondation du Parti du tra-
vail. Que peut-on attendre de cette anachroni-
que poursuite d’une « dynastie communiste »
qui débuta avec la succession du « père de la
nation », Kim Il-sung (1912-1994), par son fils
Kim Jong-il et se perpétue le petit-fils ?
Apparemment remis de l’attaque cérébrale
dont il a été victime, à l’été 2008, mais affaibli,
Kim Jong-il, qui détient les rênes d’un pouvoir
absolu,metprogressivementenplace une direc-
tion plus collégiale, avec la promotion de mem-
bres de sa famille – tels sa sœur Kim Kyong-hui
et le mari de celle-ci, Chang Song-taek – ainsi
que des fidèles comme le maréchal Ri Yong-ho,
chef d’état-major. Adoubé par l’armée et le par-
ti, Kim Jong-un devra cependant être crédité
d’une réussite pour être pleinement accepté.
Les analystes à Séoul retiennent trois scéna-
rios. 1 – La succession s’opère sans anicroche :
Kim Jong-un apparaîtra comme la figure de la
continuité de la lignée des Kim au sein d’une
direction « moins autocratique », estime
Rüdiger Frank, expert de la République populai-
re démocratique de Corée (RPDC) à l’université
de Vienne. 2 – Le processus de succession est
contesté de l’intérieur et des clans rivalisent
pour le pouvoir, risquant de favoriser des ingé-
rences étrangères. 3 – La transmission du pou-
voir déraille, entamant le contrôle du régime
sur la population et le pays sombre dans le cha-
os, voire une guerre civile, appelant une inter-
vention extérieure.
La plupart des experts de la RPDC privilé-
gient, pour l’instant, le premier scénario. Une
lutte de pouvoir semble peu probable : l’élite a
intérêt à maintenir la stabilité du pays et à ser-
rer les rangs. « La disparition de Kim Jong-il peut
changer la donne en ravivant de vieilles rivali-
Bonnes Adresses
DETAILLANT - GROSSISTE
VEND AUX PARTICULIERS
TOUTES LES MARQUES AUX MEILLEURS PRIX
U 5 50
FIXES OLES
RELEVAB
CANAPÉS • SALONS • CLIC-CLAC
Burov - Casa Nova - D va - Bournas…
CONVERTIBLES pour usage quotidie
SOMMIERS • MATELAS
Tempur - Treca - S mmons - Bultex - Sealy - Dunlop llo...
FIXES ou RELEVABLES
Et une gamme spéc ale pour dos sens bles
MOBECO
50, av. d’Italie 148, av. Malakoff 247, rue de Belleville
75013 PARIS 75016 PARIS
M° Pl. d’Ital e M° Pte Ma llot
 01 42 08 71 00 7j/7
www.mobeco.com
Vente par télép one possible - L vra son gratu te sur toute la France
CHAMBRES MEUBLES
D’HÔTES
Château de la Motte (71) COMPOSABLE &
Chambres d’hôtes agrées
BIBLIOTHÈQUE
Analyse
Philippe Pons
Correspondant à Tokyo
tés… », avance néanmoins Andrei Lankov, de
l’université Kookmin, à Séoul. Un effondre-
ment du régime (troisième scénario) ne semble
guère vraisemblable en l’absence de toute
opposition ou dissidence organisée.
Le premier scénario présente des analogies
avec celui qui permit à Kim Jong-il de succéder
à Kim Il-sung : dans les deux cas, l’élite a craint
une guerre de succession. Au prix d’accepter un
renforcement de l’« Etat dynastique » ? Selon
l’anthropologue Heonik Kwon (London School
of Economics), aux yeux des Coréens du Nord,
nourris de l’idéologie du régime, la succession
héréditaire s’enracine dans le nationalisme né
en réaction au colonialisme japonais
(1910-1945) dont la famille Kim est l’incarna-
tion, détentrice à ce titre de l’identité nationale.
Dans un pays refermé sur lui-même comme
l’est la RPDC, coupé de toutes autres références
et entretenu dans la mentalité d’assiégé, le
patriotisme cristallise l’adhésion populaire.
Mais les deux successions se situent dans
des contextes différents. Kim Jong-il exerça le
pouvoir dans l’ombre de son père pendant
vingt ans avant d’y accéder. A 27 ans, Kim Jong-
un aura peu de temps pour asseoir son autorité.
En outre, sous un carcan en surface inchangé, la
société nord-coréenne a évolué : l’économie
parallèle, l’entrouverture à la Chine par le com-
merce légal et illégal ont entamé le contrôle sur
la circulation des informations et, jusqu’à un
certain point, les mécanismes coercitifs. Souf-
frant de graves pénuries et objet de sanctions
D’EXPO0 M 2
SITION
75019 PARIS
M° Télégraphe
BEAU CUIR
990¤
PARINGER fabrique
les Dorsalino Cuir,
pour le Bureau et pour la Télé :
une bonne nouvelle pour le dos
de ceux qui s’asseyent un long
moment ou un bref instant.
Ils pourront garder leur vivacité
pour se retourner ou pour se lever...
Les petits fauteuils
de PARINGER ont un nom :
- Les DORSALINO -
Ils furent créés en 2010 !
Analyses Décryptages 21
Vie moderne Sandrine Blanchard
L’Europe et les mères
I
ls avaient belle allure, ces bal- chambardement. Avec un congé
lons roses et bleus, ornés d’un allongé, les femmes reprendraient
visage de bébé, brandis, le le travail avec moins de culpabili-
20 octobre, par des dizaines de té. Cette mesure pourrait même
internationales renforcées, la RPDC est plus députés européens dans les tra- réduire le nombre de congés paren-
dépendante de la Chine. Dégager le pays de l’or- vées du Parlement de Strasbourg. taux, plus pénalisants sur le plan
nière économique est la condition impérative
d’un transfert sans heurt du pouvoir. Kim Jong-
En cette période déprimante, où
les gouvernements prônent l’aus-
professionnel. »
Pour l’heure, les jeunes mères
il a promis qu’en 2012, centième anniversaire térité, l’image avait de quoi redon- « bidouillent » entre certificats
de la naissance de Kim Il-sung, la RPDC sera un ner le sourire. A une courte majo- médicaux, congé pathologique et
« pays fort et prospère ». Tenir cet engagement rité, les eurodéputés venaient de congés annuels pour déborder du
suppose de la dégager de son isolement actuel. voter en faveur de l’allongement cadre légal (actuellement de seize
Pour la droite sud-coréenne, Pyongyang du congé maternité à vingt semai- semaines en France, six avant l’ac-
pourrait se livrer à des provocations comme nes, rémunéré à 100 % du salaire, couchement, dix après). Sans sur-
lorsque Kim Jong-il fut désigné successeur : dans toute l’Europe. prise, des enquêtes montrent que
attentats à Rangoun contre le cabinet sud- A priori, une bonne nouvelle
coréen (1983) puis à bord d’un avion de Korean
Air (1987). Mais les experts de la RPDC, à Séoul,
pour les femmes, mais il faudra
un très long chemin législatif
Les opposants
voient en Kim Jong-un un homme plus ouvert avant que cette directive ne soit ne parlent que de sous
aux réalités extérieures et à « une évolution du
régime sur le modèle chinois, impérativement
adoptée en conseil des ministres
européens et transposée dans le
et de coûts. Jamais
recommandée par Pékin », avance Cheong droit national. Autant dire des lus- de progrès social
Seong-chang, de l’Institut Sejong, à Séoul. tres ! Déjà des voix s’élèvent pour
crier à la « démagogie », à l’« irres- 84 % des mères souhaiteraient
Le processus de succession, qui tend à garan- ponsabilité en temps de crise », à que le congé maternité dure plus
tir la continuité du régime en cas d’incapacité une « victoire à la Pyrrhus » qui longtemps.
de Kim Jong-il, pourrait peser sur le jeu diplo- n’aurait pour conséquence que de L’Europe a du bon, mais le com-
matique.Jusqu’à présent, l’administration Oba- rendre plus difficile le recrute- bat n’est pas gagné. Nadine Mora-
ma a joué avec Pyongyang la carte de l’attentis- ment et le retour des femmes no s’est déclarée opposée à cette
me. « En recevant Kim Jong-il pour la seconde dans l’entreprise. Les opposants mesure. Dans un premier temps,
fois en six mois, Pékin a manifesté un soutien ne parlent que de sous et de la secrétaire d’Etat à la famille a
entier à Pyongyang. Les Etats-Unis doivent en coûts. Jamais de progrès social, ni fait valoir que « la France dispose
tirer les conséquences », commente Paik Hak- de bien-être, ni de ce que représen- déjà d’un régime très protecteur
soon, de l’Institut Sejong. « La politique améri- te pour bon nombre de mères le pour les femmes enceintes ». Puis,
caine de sanctions est peu efficace et un retour fait de laisser un bébé de dix moins catégorique, elle a propo-
au dialogue doit être pris en considération », semaines à la crèche ou chez une sé, « s’il y avait allongement », de
écrivait dans l’International Herald Tribune nounou : un crève-cœur. Même la « réfléchir à une meilleure égalité
Donald Gregg, ancien ambassadeur américain philosophe Elisabeth Badinter, entre le père et la mère » en imagi-
à Séoul. « Pour consolider la transition, estime auteure du best-seller Le Conflit, nant de leur laisser le choix de se
Hitoshi Tanaka, ancien vice-ministre des affai- la femme et la mère (Flammarion, répartir ce nouveau congé. Cela
res étrangères japonais, président de l’Institut 270 p., 18 euros), que l’on ne peut pourrait être une bonne idée, his-
de stratégie internationale à Tokyo, Kim Jong-il soupçonner de vouloir remettre toire que l’articulation entre vie
a besoin de l’extérieur et il faut s’attendre à des les femmes au foyer, plaide pour familiale et vie professionnelle ne
ouvertures de Pyongyang. » p un congé maternité rallongé : repose pas que sur les femmes.p
« Les femmes sont fatiguées après
Courriel : pons@lemonde.fr l’accouchement. C’est un grand Courriel : blanchard@lemonde.fr
Tarifs 01/01/10 Tél. : 01 57 28 39 07
1 parution Professionnels Particuliers
Reproduction interdite
Forfait 5 lignes
Forfait 10 lignes
49€ HT
90€ HT
49€ TTC
90€ TTC
ANTIQUITÉS EDITIONS EPICERIE LOCATION
ANGLAISE PROFESSIONNELLE
Suite à mes prestations
télévisées sur le marché
RENOVATION CHRISTMAS PUDDINGS A louer - Paris 1er
de l’art, je vous propose GRATUITS ! Une pièce pour pédicure podologue
D'APPARTEMENTS Confitures Wilkin & Sons, dans un cabinet de kinésithérapie.
UN RENDEZ-VOUS Maîtrise d'oeuvre,
POUR VOS DEMANDES architecture d'interieur excellents thés, vins du S’adresser au : 01.40.28.96.28
D’ESTIMATIONS, Evaluation avant achat. Création monde, biscuits, bières
Spécialisé successions de Sdb., cuisines, maçonnerie,
électricité, plomberie, peinture,
anglaises, confiseries, LIVRES
parquet. Garantie décénale. chocolats de Noël,
J’ACHETE Siret : 499 249 084 000 17 sauces anglaises et ACHAT LIVRES
Meubles Tableaux Pendules
indiennes, apéritif au ANCIENS & MODERNES
Objets d’art & curiosités Tél.: 06.99.75.37.44 gingembre, chutneys sur Paris - Province
Argenterie Livres anciens www.afc-renovation.com
Violons & Archets anciens de luxe, pickles et bien Librairie Pettit
Art d’Afrique et d’Asie plus... www.livres-revues.com
Art décoratif du XXe s Grand choix,
Art d’Islam et d’Orient BIJOUX livraison rapide.
Tel : 06.81.13.99.38
Photos anciennes et d’artistes
Sérieux et discrétion
assurés, déplacements
ACHAT OR DEMANDE
D’EMPLOI
www.alesinfrance.com CORRECTION/
TRADUCTION
Paris et Province. Particulier-professionels
DIAMANTS-MONTRES
MUSIQUE Transmettez votre histoire.
Fê 60 ans, 33 ans d’expérience,
PATRICK MORCOS permis B, RECHERCHE Nous vous accompagnons
ACH. POUR COLLECTION
BIJOUX-DEBRIS
EXPERT dans la création de
LINGOTS-PIECES GARDE PERS. 3EME AGE
Affilié à la Compagnie 33 TOURS ANNEES 50 votre musée personnel.
Nationale des Experts (Direct Bourse) SUR PARIS nourrie/logée, Et aussi : correction,
(MUSIQUE CLASSIQUE)
COMPTOIR EUROPEEN DE L’OR jour/nuit + 2 week-end/mois. traduction, conseil.
06.07.55.42.30 Tel : 06.27.99.82.60 Tel : 06.11.57.62.81 www.acftextes.org
66, rue de Lévis, 75017 Paris
morcospatrick@orange.fr
Métro : Villiers
0123
Tel : 01.42.67.20.63
DÉCORATION
DIAMANT
RENOV’DÉCO 1961 SARL BLEU
 KL YtK\J[PVU - Souples, ils tournent vivement
« Tour de Bourgogne à Vélo » Z\Y WYtZLU[H[PVU KL JL JV\WVU à 360°, et s’adaptent à toutes Nos compétences,
 


VENDREDI, SAMEDI,
DIMANCHE EN 1/2 PENSION :
- Chambre double : 60€/pers
- Chambre simple : 80€/pers
TGV LE CREUSOT (vélos).
Voies vertes, golf,
centre hypique : proximité 10 km.
([TVZWOuYL
« REVACANCEZ-VOUS »
Bonnes Adresses
les courbures et postures. notre expérience   
- Sûrs et élégants, ils sont
recouverts de beaux cuirs.
et notre goût ACHAT OR
Une belle invention de PARINGER, du travail soigné Débris, Bijoux,
fabricant de Tradition et A VOTRE SERVICE ! Diamants Pour communiquer dans cette rubrique,
(]LJ ]VZ TL\ISLZ VMMYLa
d’Avant-Garde depuis 1900.
PEINTURE, PAPIER-PEINT,
119, avenue du Maine appelez le :
]V\Z SLZ JVUZLPSZ K»\U Exposition et vente directe Paris 14ème M° Gaité
HYJOP[LJ[L K»PU[tYPL\Y au 121 rue du Cherche-Midi PARQUET, ELECTRICITE, 50, Bd la Tour Maubourg
5V[YL HYJOP[LJ[L ]V\Z JVUZLPSSL
NYH[\P[LTLU[ L[ ]V\Z HPKL n
YtHSPZLY ]V[YL WYVQL[
75006 Paris
(Angle 21 Bd Montparnasse)
CARRELAGE, PLOMBERIE, Paris 7ème M° Invalides
5, rue de Chateaudun
01.57.28.30.00
K»HTtUHNLTLU[ MÉTRO DUROC MACONNERIE, MENUISERIE. Paris 9ème M° Cadet
4L\ISLZ
 Y\L KL *OH[LH\K\U  7HYPZ
Tel : 01.42.22.22.08 *Devis gratuit *Délai respecté 01.45.38.55.00 Envoyer votre texte par e-mail :
www.paringer.fr
Tel : 01.40.09.79.26
  

  
^^^TL\ISLZL[H[TVZWOLYLJVT paringerparis@yahoo.fr
www.diamantbleuparis.com
gaelle.fuzet@mondepub.fr
Tel : 03.85.45.60.55  / KL JVUZLPSZ K»\UL ]HSL\Y  n KtK\PYL KL ]VZ HJOH[Z Doc sur demande 06.21.40.02.81
22 Culture
Charles Garnier, le fantôme de l’Opéra
Aux Beaux-Arts de Paris, deux expositions font revivre l’architecte inventeur du style Napoléon III
Expositions
L
e metteur en scène canadien
Robert Carsen (56 ans) est
devenu scénographe par la
grâce de « Marie-Antoinette »,
l’exposition à succès du Grand
Palais, dont il fut le directeur artis-
tique au printemps 2008.
« Concevoir une exposition n’a
rien à voir avec faire de la mise en
scène, même s’il s’agit aussi de
raconter une histoire », confiait-il
à la veille de l’ouverture de l’expo-
sition Charles Garnier
(1825-1898), qui se tient à l’Ecole
nationale supérieure des beaux-
arts (Ensba) de Paris, jusqu’au
9 janvier 2011, et qu’il vient de
mettre en espace.
Robert Carsen rappelle volon-
tiers ses propres liens avec le
Palais Garnier, où il a mis en scè-
ne Alcina (1999), d’Haendel, Les
Boréades (2003), de Rameau, et
Capriccio (2004), de Richard
Strauss. Mais insiste surtout sur
la particularité de sa démarche :
« Il y a eu des expositions sur l’Opé-
ra de Paris, mais jamais sur Char-
les Garnier. Ainsi, les quelque
300 pièces exposées, livres, car-
nets de croquis, lettres, caricatu-
res, dessins, plans et photogra-
phies, sont pour la plupart des iné-
dits. »
Difficile d’imaginer aujour-
d’hui la popularité de Charles Gar-
nier, l’engouement suscité dès
1867 par la façade de l’Opéra,
découverte pour l’Exposition uni-
verselle, le débat esthétique euro-
péen qui s’ensuivit, à l’inaugura-
tion du bâtiment, le 5 janvier
1875. L’opéra enthousiasme, char-
me, divise, provoque même des
duels. Il devient le sujet de
romans (le plus célèbre reste Le
Fantôme de l’Opéra (1910), de Gas-
ton Leroux), avant de conquérir
le grand écran hollywoodien.
C’est ainsi qu’Audrey
Hepburn, virevoltant en robe
blanche et cape verte dans le
grand escalier de l’Opéra (image
extraite du Funny Face, de Stan-
ley Donen, sorti en 1957) est à l’af-
fiche et en couverture du magnifi-
que catalogue d’exposition.
Pour raconter la vie et l’œuvre
de Garnier, l’« inventeur du style
Napoléon III » – l’un des rares,
avec Gustave Eiffel (dont il détes-
«Il y a eu
des expositions
sur l’Opéra de Paris,
mais jamais sur
Charles Garnier»
Robert Carsen
scénographe
de l’exposition à l’Ensba
tait la « tour »), à avoir associé son
nom à un monument –, Robert
Carsen a fait réaménager le hall
d’entrée de cette « Ecole des
beaux-arts dont Jean-Louis-Char-
les Garnier n’est autre qu’un des
éléments les plus emblémati-
ques », dixit l’actuel directeur de
l’institution, Henry-Claude Cous-
seau.
D’origine modeste (son père
est forgeron, sa mère dentellière),
Garnier y entrera à 17 ans pour en
sortir six ans plus tard avec un
Grand Prix de Rome d’architectu-
re.
Il passera ensuite à la Villa
Médicis, cinq ans émaillés de
voyages d’étude en Italie du Sud,
Sicile, Grèce, Turquie, et en rap-
portera un goût prononcé pour la
polychromie et le look de dandy
bohème dont témoignent ses por-
traits.
Le retour à Paris, en 1854, verra
l’extraverti hypocondriaque som-
brer dans une forte dépression,
jalonnée de petits emplois et de
projets non réalisés. Louise Bary,
épousée en 1858 – une femme
cultivée et consciente du génie de
son mari – soignera par ses legs
l’image laissée à la postérité.
En 1861 commence l’épopée de
Charles Garnier : son projet pour
un nouvel Opéra à Paris est finale-
ment sélectionné face aux 171 can-
didats en lice. La construction de
l’édifice l’occupera quinze ans.
C’est une photographie de
l’atelier de Garnier, édifié aux
abords du chantier de l’Opéra,
qui a donné à Robert Carsen l’idée
du vaste et élégant espace – avec
tables et lampes d’architecte –
qui ouvre l’exposition. Parmi les
crayons épars et les documents,
de curieux témoignages, comme
ces livrets d’opérettes composés
par Garnier – L’Ours et le Pacha,
Patembois, Le Baron de Groscha-
minet…
Dans la grande salle du haut,
organisée selon les plans mêmes
de l’Opéra et habillée de pan-
neaux latéraux recréant l’idée
« Construction du nouvel opéra, sculpteurs au travail
à l’attique », par Louis-Emile Durandelle, été 1867. ENSBA
d’une spatialisation en 3 D, sont
présentées les réalisations de l’ar-
chitecte – le casino et l’Opéra de
Monte-Carlo (1878-1881), l’église
Sainte-Grimonie de La Capelle-en-
Thiérache (1886), dans l’Aisne, le
vaste observatoire du Mont-Cros
édifié sur les hauteurs de Nice, ou
la Villa Garnier à Bordighera, sur
la Riviera.
0123
Jeudi 4 novembre 2010
Il y a aussi les esquisses de celles
réalisées par ses collaborateurs
pour l’Opéra : les bronzes du Génie
de la danse, de Carpeaux, les des-
sins de Gustave Boulanger pour le
Foyer de la danse, Les Muses et Les
Heures du jour et de la nuit, peint
par Jules Lenepveu pour le plafond
de Garnier, remplacé, à l’invitation
de Malraux, en 1964, par Chagall.
Mimétique de l’humour dont
Charles Garnier fit preuve dans ses
nombreuses caricatures – ce dont
témoigne une seconde exposition
présentée dans le cabinet de des-
sins Jean Bonna –, Carsen a placé,
face à face, la lettre officielle du
6 juin 1861 qui nommait Garnier
architecte du nouvel Opéra, et cel-
le, non moins officielle, du 3 jan-
vier 1875 qui lui demande de reti-
rer sa place – moyennant
120 francs – pour la soirée d’inau-
guration de ce même Opéra, qui
n’était pas encore, il est vrai, le
Palais Garnier ! p
Marie-Aude Roux
« Charles Garnier. Un architecte pour
l’Empire », jusqu’au 9 janvier 2011. A
l’Ecole nationale supérieure des beaux-
arts (Ensba). 13, quai Malaquais,
Paris 6e. Tél. : 01-47-03-50-00. De 4¤ à
6 ¤. Du mardi au dimanche, de 13 heu-
res à 19 heures. Beauxartsparis.fr. Cata-
logue édité sous la direction de Bruno
Girveau, assisté d’Anne-Marie Garcia,
350 p., 35 ¤.
« L’œil et la plume. Charles Garnier et
la caricature », jusqu’au 30 janvier
2010. Cabinet des dessins de l’Ensba,
14, rue Bonaparte, Paris 6e. De 2 ¤ à 3 ¤.
Du mardi au dimanche, de 13 heures à
19 heures.
0123
Jeudi 4 novembre 2010
«Interiors», curiosité toute britannique
Matthew Lenton adapte la pièce de Maeterlinck, au Théâtre des Abbesses, à Paris
Théâtre
U
n Ecossais de 36 ans est invi-
té pour la première fois à
Paris : Matthew Lenton, qui
présente Interiors, d’après Mauri-
ce Maeterlinck, au Théâtre des
Abbesses, jusqu’au 6 novembre. Il
vient de Glasgow, où il a fondé sa
compagnie en 1999, mais le specta-
cle a été créé au festival de Naples,
en 2009, où le metteur en scène
avait été invité à travailler comme
on le fait de plus en plus souvent
dans l’Europe d’aujourd’hui, en
réunissant des comédiens de plu-
sieurs nationalités : ici, des Italiens
et des Anglais, principalement.
Qu’ils ne parlent pas la même
langue n’a pas d’importance. Pour
une raison simple : on ne les
entend pas. Ils sont derrière une
vitre, dans le salon d’une maison,
reproduit fidèlement, avec sa
moquette rouge, son piano, sa
tapisserie à motifs, ses tableaux
un peu ringards et sa table dressée.
Dehors, le vent souffle et des
flocons de neige tombent, par
moments. A l’intérieur, Andrew,
un homme d’une bonne soixantai-
ne d’années, et Sara, une jeune
fille, se préparent à accueillir les
invités d’un soir, qui arrivent cou-
verts de manteaux et de bonnets,
avec un fusil ou un revolver, à cau-
se des ours, dangereux dans la
région hostile et dans l’hiver obs-
cur où se joue Interiors.
Ainsi entrent dans le salon Ann,
David, Barney, Aurora et Damir.
La magie de l’enfance, dans les pas de Nathalie Béasse
Avec «Happy Child», la chorégraphe offre un spectacle ludique d’une grâce extrême
H
appy Child ». Bonheur d’un
côté, enfance de l’autre.
Mais qu’est-ce qui rend cet
enfant-là si heureux,le veinard ? Le
titre de la pièce de Nathalie Béasse,
créée en février au Théâtre de la
Bastille,à Paris, en tournée en Fran-
ce à partir du 4 novembre, possède
l’évidence d’une énigme. Elle indi-
que un ton pseudo-idyllique pour
sous-entendre un peu son contrai-
re. Une grâce extrême plane sur ce
spectacle qui fait un paquet-
cadeau de l’enfance et du bonheur
de cinq personnages en leur
offrant la boîte blanche du plateau
pour se souvenir.
Alors,happy? Oui,grâceau théâ-
tre d’abord, à la beauté du jeu pour
de faux et pour de vrai, que les cinq
vieux enfants (frères et sœurs ?),
qui se trouvent réunis après une
longue séparation, revivent l’espa-
ce d’un soir. Se déguiser, faire sem-
blant, s’amuser sans souci du
regard des autres, jouer au piano
une vieille rengaine que chacun
connaît, régler ses comptes aussi…
La tribu sait comment mettre tout
le monde dans le coup. Elle connaît
les trucs et les panoplies qui relan-
Patrick Lapeyre, lauréat du prix Femina
La fiction à l’honneur avec «La vie est brève et le désir sans fin»
D
eux grandes interrogations
agitent les jurés du prix
Femina, depuis des années.
Faut-il récompenser des œuvres
exigeantes ou des livres plus grand
public? Faut-il se concentrer sur les
romans ou élargir à d’autres gen-
res ? Mardi 2 novembre, elles ont
répondu aux deux questions, au
prix de débats passionnés.
Chantal Thomas, présidente du
Femina, a usé de sa double voix
pour que La vie est brève et le désir
sans fin, de Patrick Lapeyre (POL),
l’emporte au sixième tour de scru-
tin par 7 voix contre 6, à Qu’as-tu
fait de tes frères? de Claude Arnaud
(Grasset). Un vrai roman accessible
contre un récit autobiographique
au public plus restreint, selon cer-
tains jurés.
En2009,ellesavaientrécompen-
Derrière la légèreté et les rires, la mort. TIM MOROZZO
On connaît leurs noms parce
qu’une belle voix off nous les dit,
comme elle dit ce qui se passe, et
que l’on voit : des gens réunis pour
dîner, boire et se réchauffer de
leurs présences mutuelles. C’est la
nuit la plus longue de l’année.
Dans la maison, ils se sentent en
sécurité, parlent, discutent, met-
tent de la musique, dansent. Ils
veulent être dans l’ambiance,
mais, en même temps, ce qui tra-
verse la tête de chacun, et que l’on
peut deviner à leurs attitudes, est
commenté par la voix off : les
cent les vieilles histoires et les non
moins anciennes habitudes. Il suf-
fit parfois d’un bonnet en fourrure
pour ouvrir grand l’imagination et
plonger aux racines de sensations
inconnues. Et soudain un vent gla-
cial souffle sur la banquise pen-
dant que les survivants se transfor-
ment en glaçons.
Sincérité et illusion
On y est, on y croit. La magie de
Happy Child réside dans sa façon
de redonner au théâtre ses vertus
fondamentales de sincérité et d’il-
lusion, de catharsis aussi, liées à
l’enfance. Loin des poncifs, ce spec-
tacle rayonne d’une pure beauté
ludique, rend à la scène une can-
deur qui émerveille. Son sens de
l’économie visuelle relève d’une
esthétiqueminimaliste sansosten-
tation. Le petit théâtre malhabile
que l’on dresse, enfant, avec trois
caisses et quelques vieux vête-
ments, n’est pas loin du plateau de
Nathalie Béasse qui en retrouve les
codes d’accès avec un instinct
sophistiqué. Faire tout (un monde)
avec rien (une couverture) est la
recette féconde de Happy Child.
sé un texte difficile : Personne, de
GwenaëlleAubry(MercuredeFran-
ce); et en 2008, un récit intime qui
n’était pas un roman : Où on va,
papa ?, de Jean-Louis Fournier
(Stock). Dans La vie est brève et le
désir sans fin, Patrick Lapeyre s’est
inspiré de Manon Lescaut, de l’Ab-
bé Prévost, pour conter l’histoire
d’un trio amoureux. « Nous procé-
dons par ajustements successifs »,
note Christine Jordis, l’une des
jurés. Mais le débat n’est pas clos.
En désignant pour le prix Femi-
na étranger, Purge, de Sofi Oksanen
(Stock),lejury achoisiunautrevéri-
table roman, « un livre essentiel,
écrit par une voix neuve qui raconte
des faits peu connus en France », a
commenté Chantal Thomas. Née
d’unemère estonienne etd’unpère
finlandais, Sofi Oksanen, 33ans, est
désirs profonds et secrets, les peti-
tesmesquineries, la solitude inten-
se refoulée.
La voix off, c’est elle
Toutes ces choses de la vie pas-
sent sur le même plan, dans un
esprit très britannique qui peut fai-
re sourire, à certains moments, et à
condition d’oublier qu’Interiors
vient d’Intérieur, une pièce de Mae-
terlinck de toute beauté, où il est
question d’un vieil homme
devant une maison, qui regarde,
sans qu’ils le sachent, un homme
Certaines scènes possèdent un
attrait fou et incompréhensible.
D’autres font rire sans non plus
qu’on en décrypte les dessous. La
séquence au cours de laquelle
trois hommes en tailleurs fémi-
nins, chaussures à talons et perru-
ques blondes, se livrent à un
numéro de gymnastique qui déra-
pe en concert de human beat box
hip-hop laisse bouche ouverte. Le
talent des acteurs danseurs mène
la ronde tandis que l’inconscient
sert de tapis volant aux associa-
tions d’images.
Si l’on parle de « danse théâ-
tre », en référence à la chorégra-
phe allemande Pina Bausch
(1940-2009), on peut ici évoquer
une forme de « théâtre danse ».
Des situations ordinaires (enlacer
une femme en train de jouer du
piano) décollent de la réalité grâce
à une écriture chorégraphique
paradoxalement savante et brute
de décoffrage. Aucun mouvement
gratuit dans cette exaspération
physique d’une action nimbée de
maladresse enfantine. Avec Hap-
py Child, Nathalie Béasse, metteur
en scène et chorégraphe, signe
lenouveauprodigedeslettresscan-
dinaves.
Traduit du finnois, Purge est le
troisième roman de Sofi Oksanen,
le premier publié en France, dans la
collection « La Cosmopolite ». En
août, il avait reçu le prix du roman
Fnac. Il a été salué par la critique
internationale et va être publié
dans une trentaine de pays. L’ac-
tionsepasselorsduretraitdestrou-
pes soviétiques d’Estonie, en 1992,
et met en scène deux femmes la
jeune Zara et la vieille Aliide.
Leprix Feminaessai est revenu à
Jean-Didier Vincent pour sa biogra-
phie d’Elisée Reclus (Robert Laf-
font). Un hommage inattendu
pourcettemaisonrarementrécom-
pensée, dont le fondateur, Robert
Laffont, a disparu en mai. p
Alain Beuve-Méry
et une femme à qui il doit annon-
cer que leur fille est morte. Chez
Maeterlinck (1862-1949), on est au
cœur du drame, et pas à chercher
une lentille de contact perdue sur
la moquette, comme chez Mat-
thew Lenton, où pourtant la mort
rode, aussi : la voix off, c’est elle.
Celle d’une femme encore jeune,
qui arrive par la salle aux deux
tiers du spectacle et se place
devant la vitre.
Elle ne connaît plus le froid
dont souffrent les vivants et en
souffre. Elle sait ce que chacun va
devenir, quand et comment il va
mourir. Elle nous le dit, pendant
quele dîner s’achève et que les invi-
tés s’en vont, laissant l’hôte devant
sa fenêtre, à scruter la nuit, sa nuit.
Comme tous les autres acteurs
d’Interiors, il est excellent. Mais
cela ne suffit pas à donner au spec-
tacle un intérêt autre que celui
d’une curiosité, extrêmement
bien réglée, qui se regarde et tend à
se faire oublier. p
Brigitte Salino
« Interiors », d’après Maeterlinck. Mise
en scène : Matthew Lenton. Avec Els-
peth Brodie, Sara Lazzaro, Andrew Mel-
ville, Aurora Peres, Davide Pini Carenzi,
Barnaby Power, Ann Scott-Jones, Damir
Todorovic. Théâtre des Abbesses, 31,
rue des Abbesses, Paris 18e. Mo : Abbes-
ses. Tél. : 01-42-74-22-77. De 13 euros à
24 euros. Jeudi 4, vendredi 5, à 20 h 30,
samedi 6 novembre à 15 heures et
20 h 30 (dernière). En anglais surtitré.
Durée : 1 h 20.
une alliance spectaculaire tout
simplement impeccable. p
Rosita Boisseau
Happy Child, de Nathalie Béasse. Le
4 novembre, 21 heures, L’Hectare, Ven-
dôme (Loir-et-Cher). Le 8, à 20 h 45,
Moulin du Roc, Niort (Deux-Sèvres). Le
9, à 20 heures, Onyx, Saint-Herblain (Loi-
re-Atlantique). Le 15, à 20 h 30, L’Espal,
Le Mans (Sarthe).
Culture 23
Henri Dutilleux oublie
François-Marie Banier
L
e compositeur Henri
Dutilleux, 94ans, s’est trom-
pé et il veut le faire savoir.
Tournant les pages du Monde
Magazine du 16 octobre, il était
tombé sur une vue de l’atelier de
François-Marie Banier. Parmi
quelques photographies grand
format, il avait eu la surprise de
découvrir son portrait, de face, les
yeux mi-clos. Il ne se souvenait
pas d’avoir posé pour Banier. Il se
rappelait seulement, comme il
l’avait confié au Monde dans son
édition du 23octobre, que Fran-
çois-Marie Banier s’était présenté
chez lui à l’improviste, en janvier,
afin de préparer une émission de
radio dans laquelle il voulait diffu-
ser, entre autres, sa musique.
Depuis, Henri Dutilleux a
retrouvé son agenda – un carnet
semestriel un temps égaré. Et les
choses ne se sont pas passées com-
me il les avait dites. « Monsieur
Banier avait bien pris rendez-vous
avec moi pour une séance de pho-
tos, le samedi 9 janvier, et donc
pour faire mon portrait. Il devait
même repasser le lendemain dans
l’après-midi », précise le composi-
teur, qui invoque un « défaut de
mémoire» à propos d’une période
« assez nébuleuse » de sa vie.
« Dans mon souvenir, l’entretien
avait consisté à préparer une émis-
sion de radio, c’est pourquoi il m’a
semblé curieux qu’on ait fait des
photos à ce moment-là », explique
le compositeur, toujours surpris
par l’image, dont il n’a aucun sou-
venir. A-t-elle été prise à un
moment où il s’est assoupi ? « Je
ne parviens pas à comprendre
pourquoi elle se trouve là »,
conclut le musicien.
Contacté alors par Le Monde,
François-Marie Banier n’avait pas
souhaité réagir aux propos d’Hen-
ri Dutilleux. Il se dit aujourd’hui
blessé par les premières asser-
tions du compositeur. Laurent
Merlet, l’avocat de M. Banier,
détaille la chronologie des faits.
«Un rendez-vous a été fixé le same-
di 9 janvier à 14 heures, décalé à
16heures parce que François-
Marie Banier était en retard. Ce
dernier s’est présenté au studio de
Dutilleux, mais le compositeur l’a
fait monter à son appartement où
l’a conduit le gardien de l’immeu-
ble. Craignant un manque de
lumière, le photographe s’était
fait accompagner d’un assistant
en charge des éclairages. » La visi-
te n’avait donc rien d’impromp-
tu, conclut Me Merlet.
Ce dernier ajoute que M. Banier
ne pouvait passer pour un incon-
nu aux yeux de son hôte, car il
l’avait déjà photographié à deux
reprises, en 1997 et en 2003, avec
publications dans le magazine
américain The New Yorker.
M.Banier souhaitait faire un nou-
veau portrait d’Henri Dutilleux,
après en avoir effectué la deman-
de par téléphone. Quant à l’émis-
sion de radio, elle a bien eu lieu.
Invité de «Passion classique », sur
Radio classique, Banier avait sou-
haité y faire entendre une œuvre
de Dutilleux et a sollicité le musi-
cien en ce sens.
« Photo de travail »
Là encore, Me Merlet s’inscrit
en faux contre les premiers pro-
pos d’Henri Dutilleux, affirmant
que le photographe ne l’avait pas
rappelé. « François-Marie Banier a
bien téléphoné à M. Dutilleux un
peu plus tard pour le remercier
mais il n’a pas pu le joindre, car le
compositeur était occupé avec la
soprano Renée Fleming. »
Restait à savoir pourquoi
M. Banier avait montré aux lec-
teurs du Monde Magazine une
image que Dutilleux n’avait
jamais vue. « François-Marie
Banier s’est servi du portrait de
Dutilleux pour masquer un autre
tirage qu’il ne voulait pas voir figu-
rer dans la vue de son atelier »,
explique Me Merlet, qui tient par
ailleurs à souligner qu’il s’agit
d’une « photo de travail suscepti-
ble d’être reprise, voire peinte,
conformément aux habitudes de
l’artiste ». Et il ajoute que, la séan-
ce de pose ayant été autorisée, le
photographe peut user librement
des clichés qu’il a pris. « Le modèle
n’a pas à donner son imprimatur,
insiste Me Merlet, qu’il s’agisse de
personnes célèbres ou anony-
mes. » p
Pierre Gervasoni
24 & Vous
«Road trip» dans le Grand Ouest américain
Reportage De Los Angeles à Monument Valley, la meilleure façon de découvrir le Far West reste la voiture
Voyage
Los Angeles,
San Francisco (Californie),
Las Vegas (Nevada)
Envoyé spécial
I
l faut aimer manger du bitume
sur ces routes aussi larges
qu’un double cheeseburger.
Mais dans ce coin des Etats-Unis, il
n’y a rien d’écœurant à avaler les
kilomètres d’asphalte. Aucun ris-
que d’indigestion, en effet, dans
cet Ouest américain qui se laisse
délicieusement dévorer des yeux
au volant. Et ce sentiment de liber-
té – qui a inspiré tant d’écrivains et
de cinéastes – de rouler des heures
durant dans l’immensité d’un
pays avec pour seules compagnes
des lignes droites qui semblent
éternelles. Voilà pour les clichés.
Il ne faut pas être effrayé non
plus par les longues distances
entre les villes, les Etats et les
grands sites touristiques. De Los
Angeles à Monument Valley ?
1 025 kilomètres. De San Diego à
San Francisco ? 850 km. De Las
Vegas au Grand Canyon ? 280 km…
Parce que conduire dans l’Ouest
c’est visiter, contempler d’épous-
touflants décors de la Californie à
l’Utah en passant par le Nevada ou
l’Arizona. C’est aussi s’arrêter au
bord d’une route pour admirer ces
majestueux paysages qui ont fait
la gloire des westerns de John Ford
et alimentent encore les films hol-
lywoodiens du moment.
Un « road trip » dans le « far
West », c’est l’impression d’être sur
la pellicule, c’est emprunter la
légendaire Route 66 des Raisins de
la colère (1940), ou croiser les
motards en Harley Davidson d’Ea-
sy Rider (1969), de Dennis Hopper.
Ces bracelets dont les enfants sont fous
Des scènes combien de fois regar-
dées à la télévision ou au cinéma.
Et cette fois-ci, l’acteur se trouve
derrière le volant d’une belle amé-
ricaine : une Mustang cabriolet
louée moins de 45 euros la journée.
Le conducteur prendra son
temps sur la côte californienne et
sa Pacific Coast Highway, réputée
pour être l’une des plus belles des
Etats-Unis. Non loin de Los Ange-
les,laroute onduleentreles monta-
gnes verdoyantes, les ravins, et
l’océan, paradis des surfeurs. Sur
Difficile de tomber en
panne ou de mourir
de faim. Les stations-
service ne manquent
pas, comme
les fameux «diners»
les panneaux, les noms défilent :
Malibu, Santa Barbara… De petites
villes colorées et calmes à l’opposé
de l’insomniaque « Cité des
Anges ».
Quelques heures plus tard, au
Nord,il y a Carmel, la ville dont l’ac-
teur et réalisateur Clint Eastwood
fut le maire, de 1986 à 1988. Non
loin, changement d’ambiance
avec Monterey et son gigantesque
aquarium. Ici, des bateaux propo-
sent aux touristes de quitter leur
voiture pour prendre le large et
aller à la rencontre des orques,
quand ils veulent bien se montrer.
Plus au nord encore, après San
Francisco, une autre route un peu
moins connue emmène vers les
vignes californiennes. Le long de la
Russian River, les propriétés vitico-
les – Arista ou De Loach – se succè-
dent et font découvrir leurs vins
Depuis la rentrée, de curieux bracelets multi-
colores et protéiformes ont envahi les
cours d’écoles. Baptisés Silly Bandz, ces
petits bouts de silicone aux couleurs
vives sont en passe de devenir un phéno-
mène de mode comme ont pu l’être, en leur
temps, les scoubidous ou, plus récemment, les car-
tes à collectionner Pokémon. La caractéristique des
Silly Bandz, qui leur vaut d’être appréciés des plus
jeunes, est simple : ces bracelets aux formes variées,
qui paraissent tout à fait ordinaires lorsqu’ils sont
portés, retrouvent leur apparence originale dès qu’on
les enlève. Plus d’une vingtaine de thèmes de différen-
tes formes sont proposés, parmi lesquels on trouve des
princesses, des rockeurs, des palmiers, des insectes,
des lettres et bien d’autres curiosités. Furieusement
tendance pour un nombre croissant de filles et de
garçons âgés de 6 à 15 ans, les Silly Bandz se collection-
nent, s’échangent et se troquent. Leur prix
(4,90 euros, le sachet de 24 pièces) contribue
à les populariser. p Michaël Tardiveau
(PHOTOS DR)
Un motel désaffecté sur une route désertique près de Laughlin (Californie). PAULINE DANIEL/PICTURETANK
un peu secs qui proviennent très sommation est paradoxalement le
souvent de cépages français. point de départ idéal pour se ren-
Cap à l’est, maintenant. A deux dre au Grand Canyon ou à Monu-
heures de Los Angeles apparaît ment Valley, deux visites incon-
Palm Springs – ville de palmiers et tournables quand on sillonne
de retraités –, entouré de collines à l’Ouest américain. Même si on l’a
l’aspect lunaire. Ici, le soleil est cui- déjà vu mille fois sur écran, le
sant,tout sevoit en sépia. Tranquil- décor de ces immenses blocs de
les, les Américains âgés y coulent pierre rouge coupe toujours le
des jours paisibles, bien au chaud, souffle.
entre courts de tennis et piscines. Que le conducteur se rassure,
Mais le désert ne se voit pas difficile de tomber en panne ou de
qu’en couleur sable, il se poursuit mourir de faim. Les stations-servi-
jusqu’à la folle ville de Las Vegas et ce ne manquent pas comme les
ses millions de néons. Déjantée, fameux « diners », ces restaurants
surréaliste, la Mecque de la surcon- des aires d’autoroutes.
Los Angeles pour les enfants
Los Angeles
Envoyé spécial
Bien sûr, il y a Disneyland… Pour-
tant, Los Angeles, pour les
enfants, ne se résume pas au parc
d’attractions. Musées, parcs, pla-
ges, marchands de glaces : la ville
possède tous les atouts pour réus-
sir des vacances avec ses enfants,
même en bas âge. A quoi s’ajoute
l’aspect «kids friendly » des restau-
rants, qui tous, du plus petit au
plus grand, sont équipés de chai-
ses hautes, de tables à langer et de
menus enfants avec jeux, coloria-
ges et crayons.
Tous les musées ne sont pas aus-
si accueillants, notamment le
Museum of Contemporary Arts
(MOCA). Parmi les incontourna-
bles, le Los Angeles County
Museum of Arts (Lacma), à Hol-
lywood, est gratuit pour les moins
de 17 ans (et pour un adulte par
enfant). La collection d’art contem-
porain, du pop art aux œuvres
monumentales du sculpteur
Richard Serra, peut amuser les
Mais le « road trip » n’en serait
pas totalement un si les nuits ne
passaient pas par les motels. Pour
moins de 50 dollars (35,70 ¤),
Motel 6 – ancienne chaîne hôteliè-
re américaine rachetée par le grou-
pe français Accor – propose une
chambre avec un coin cuisine pour
quatrepersonnes, au confort large-
ment suffisant. Inutile de réser-
ver, car conduire dans l’Ouest amé-
ricain, c’est se laisser porter par les
routes, changer de destination à
tout moment… Avec l’aide d’un
bon GPS. p
Mustapha Kessous
enfants. The Boone Children’s Gal-
lery, l’un des nombreux pavillons
de ce vaste et riche complexe, a
développé des ateliers peinture
coordonnés par une équipe sympa-
thique. Plus aéré, le Getty Center
propose, dans un site unique sur
les hauteurs de Beverly Hills, de
splendides collections, quelques
ateliers pour enfants, de grandes
esplanades pour qu’ils se défou-
lent entre deux visites, des jardins
de cactus et une vue sur la ville qui
émerveillent jusqu’aux plus petits
(entrée gratuite, mais parking
payant : 15 dollars – 10,7euros ).
Ateliers et Arche de Noé
A quelques minutes de là, sur
la San Diego Freeway, le Skirball
Cultural Center présente des expo-
sitions destinées à toute la famille
avec des ateliers, et son Arche de
Noé, un terrain de jeu éducatif qui
en fait un musée pour enfants uni-
quement (10 dollars pour les adul-
tes, 5 dollars de 2 à 12 ans, gratuit
pour les moins de 2 ans).
Fatigués après cette journée
0123
Jeudi 4 novembre 2010
Carnet de route
OREGON
É TAT S - U N I S
NEVADA UTAH
Monument
San Francisco Valley
Las Vegas
CALIFORNIE Grand
Canyon
Los Angeles
ARIZONA
San Diego
Océan MEXIQUE
Pacifique
300 km
Y aller Vols A/R Paris-Los Ange-
les à partir de 550 euros (United
Airlines, KLM, Lufthansa…).
Y dormir La chaîne Motel 6
propose un grand nombre
d’établissements dans l’Ouest.
Motel6.com
A faire avec des enfants
Les musées : Los Angeles County
Museum of Arts (Lacma.org) ;
Getty Center (Getty.edu) ;
Skirball Cultural Center (Skir-
ball.org).
Les attractions : Le ponton-fête
foraine de Santa Monica (Santa-
monicapier.org) ; le parc d’attrac-
tions Six Flags Magic Mountain
(Sixflags.com).
A lire Guide bleu Etats-Unis
Ouest américain (Hachette
Tourisme, 640 p., 28,90 ¤).
Le Petit Futé Côte ouest des Etats-
Unis (Nouvelles éditions
de l’université, 504 p., 14,95 ¤).
culturelle ? Quelques miles plus
loin, et voici la plage de Santa
Monica et son ponton-fête forai-
ne avec sa grande roue, ses manè-
ges (entre 3 et 5 dollars l’attrac-
tion) et son aquarium (attention
aux horaires, variables selon les
saisons et les vacances locales).
Côté parc d’attractions, plutôt
qu’Universal City, destiné aux
adultes et aux adolescents, Six
Flags Magic Mountain, au bout de
la San Fernando Valley (à une
trentaine de minutes d’Hol-
lywood et Downtown) propose
des montagnes russes et autres
attractions spectaculaires desti-
nées aux plus grands, et un grand
espace réservé aux plus petits
avec des attractions sans limite
de taille ou d’âge. La réservation
sur Internet est conseillée (le prix
de l’entrée est alors presque divi-
sé par deux : 39,99 dollars par
adulte, 34,99 dollars pour les
enfants de moins de 1,20 m, gra-
tuit pour les moins de 2 ans). Pré-
voir une journée entière ! p
Laurent Borredon
 Immobilier
Tarifs 01/01/10 • Tél. : 01 57 28 30 00 • immobilier@mondepub.fr
Forfait 5 lignes Particuliers Professionnels
1 parution 49€ TTC 49€ HT
La ligne supplémentaire 15€ TTC 15€ HT
Tous les mercredis datés jeudi Reproduction interdite 31 caractères ou espaces par ligne. Modules : nous contacter

LE BAROMETRE DE LíIMMOBILIER PAR LES NOTAIRES

Situation du marchÈ immobilier en Ile-de-France ‡ fin ao˚t 2010 :
de nouveaux records de prix ‡ Paris et en Petite Couronne dans un marchÈ trËs actif.
Nombre de ventes de logements anciens en Ile-de-France (sur 3 mois glissants) Indice des prix des appartements anciens sur 3 mois glissants en Ile-de-France
50 000 ao˚t 2010 :
240 sept 2008 : 225,8
2006 2007 2008 2009 2010 220,2
40 000 juin 2009 :
220
201,4
30 000 200

20 000 180
Rappel : indice 100 au 4∞ trimestre 2000
160
mars-mai

mars-mai

mars-mai

mars-mai

mars-mai
juin-ao˚t

juin-ao˚t

juin-ao˚t

juin-ao˚t

juin-ao˚t
10 000

mars-09

mars-10

mai-10
mai-08

mai-09

dÈc-09
dÈc-08

janv-10

avr-10
janv-09

avr-09
juin-08

juin-09

ao˚t-09

juin-10
sept-09
oct-09
nov-09

juil-10
ao˚t-10
juil-08
ao˚t-08
sept-08
oct-08
nov-08

juil-09
fÈvr-09

fÈvr-10
0
Le nombre de ventes de logements anciens en Ile-de-France de juin ‡ ao˚t 2010 En Ile-de-France, la hausse des prix des appartements anciens síest poursuivi
síest ÈlevÈ ‡ 46 100 unitÈs, un niveau díactivitÈ proche de celui des annÈes 2006 en ao˚t 2010, avec une poussÈe de 11,5% sur un an. Líindice des prix a atteint
et 2007. Il síinscrit en hausse de 33% par rapport ‡ la mÍme pÈriode de 2009. 225,8 sur la rÈgion et dÈpasse une fois encore les sommets historiques ‡ Paris
et en Petite Couronne.
Source : Notaires Paris-Ile de France - base BIEN
Contact : Chambre des Notaires de Paris - Place du Ch‚telet - Paris 1er ñ TÈl. : 01 44 82 24 00 - www.paris.notaires.fr - www.basebien.com - www.encheres-paris.com

94 VAL DE MARNE 94 VAL DE MARNE VENTES OFFRE VIDE

AVIS D’APPEL A CANDIDATURES
CESSION DE TERRAINS RARE NOGENT S/MARNE LA GARENNE CENTRE
Parfait état, calme et lumineux BOUTIQUES
situés rue Gaston Tessier à Paris 19ème Maison-loft contemporaine PARIS 16E
SUPERBE LOFT 345 M2, env. 320m2 + jard. et patio ext. 16ÈME PROCHE
6m sous plafond, séjour 80m2, TROCADERO PASSY RANELAGH/PLACE RODIN
La Ville de Paris et Réseau Ferré de France cèdent en 1 ou 2 lots des terrains d’une surface d’environ 5 400 m² verrières hauteur, très belles Studio 25m² sur jardin, standing
4 chbres, cuisine US, 2 sdb, BAIL A CEDER
destinés à un programme de bureaux + commerces à construire d’environ 27 000 m² SHON sur jardin 350 m2 prestations. 1.330.000€ Très belle boutique d’angle Clair. Calme. Exclusivité.
78m2 avec vitrine, 765€ charges comprises
+ LOCAL PROF. 191M2 IP : 06.08.91.14.27
La Ville de Paris et Réseau Ferré de France envisagent Les candidats intéressés doivent transmettre à la Ville Tous commerces sauf Tel : 06.60.84.88.92
communiquant avec 5 bureaux, restauration.
de céder conjointement : de Paris, un dossier contenant : PROVINCE
² une présentation de leur activité et de leurs réalisa-
salle de réunion, cuisine et s. d’eau Loyer 5000€ HT hors charge + ETRANGER
Poss. transformation en logement. cession : 200.000€
- des terrains d’une surface globale d’environ 5 400 m2 tions de programmes de nature similaire LES OMERGUES (04) Tel : 06.74.34.10.48 ou
permettant de construire environ 27 000 m² SHON dans les 5 dernières années, Le tout à 5’ du RER A et du Bois. salmon.atec@wanadoo.fr
divisibles en deux immeubles, d’environ 10 000 m² SHON ² tous documents attestant de leur qualité
proche SISTERON
Direct particulier :
à l’Ouest et 17 000 m² SHON à l’Est, intégrant (K bis et/ou carte d’identité), A vendre villa 4P. Garage.
+33 (0)6.08.76.22.22
un parking en sous-sol et environ 1 000 m² SHON
de commerces en rez-de-chaussée.
² tous documents attestant de leur surface financière.
Ce dossier devra être adressé sous pli recommandé -
Terrain 780m2 clos et arboré. LOCATIONS MONTRÉAL , QC , CANADA
- implantés de part et d’autre de la future gare RER EOLE le récépissé faisant foi - ou remis directement au plus tard
PROVINCE 160.000€. Tel : 04.92.34.54.17
PENTHOUSES MEUBLÉS
Recherchons pour Clientèle
intégrée au pôle d’échange multimodal qui comportera le 15 novembre 2010 à 16 heures à l’adresse suivante : CÔTE D’AZUR PRES GRASSE INTERNATIONALE, À LOUER
également le tramway T3 et T8, ce futur ensemble Mairie de Paris - Direction de l’Urbanisme - BBMCG Belle propriété état parfait, Appartements Meublés/Vides à Pour les affaires , ou pour un séjour
immobilier sera situé à 3 mn de la gare du Nord, Bureau : 11 105 Louer/Vendre à Paris. de longue durée , ces luxueux
7 mn de Saint Lazare, 30 mn de Roissy 17, boulevard Morland, 75004 Paris matériaux de qualité, 5/7P., Companies: We have the Housing
séjour 50m2, cuis. très équipée, for your Staff in Paris. condos sont à votre disposition .
et offrira donc une desserte exceptionnelle. L’enveloppe devra comporter au revers la mention
- au cœur d’un environnement urbain qui sera entièrement « Consultation Gaston Tessier, Ne pas ouvrir par le service PISCINE 10 x 4, garage 3 voitures. Spécialiste de la Gestion du Meublé Contactez- nous :
revalorisé résultant de la requalification urbaine du quartier courrier » Me Michel MAUMELAT NOTAIRE PERSONNALISÉE! scaliaproject@yahoo.com
Parc d’exception clos 3.755m2. Vue GetaHomeinFrance.Com/UK
Michelet actuellement en cours et de la promixité Sur la base de la pertinence des documents fournis, la 8, boulevard Louis Blanc - B.P. 50 514-995-4503
dominante, douceur de vivre, Tel : 06.09.33.91.68
du « nouveau quartier urbain » (ZAC Claude Bernard, Ville de Paris et RFF sélectionneront les candidats retenus 83991 SAINT-TROPEZ Cedex info@penthouse.com
entrepôt Macdonald). et leur communiqueront le dossier de consultation. calme. Confort thermique et
Tel. : 04.94.55.97.48. 514-550-4109
acoustique. 1.050.000€ OFFRE MEUBLÉE
Fax : 04.94.97.45.56. www.penthousecaron.com
Pour tous renseignements, vous pouvez contacter : emmanuel.basso@paris.fr Part : 04.93.66.25.38
michel.maumelat@notaires.fr
VENTE AUX ENCHERES DEAUVILLE, face à l’hippodrome PARIS 8E ACHATS
«LILLE DUPLEX 366M » 2
1.260.000€ PL. WAGRAM PUBLIQUES Très belle villa, 315m2, grande
PARIS 16E LA BOETIE
VENTES Dans Hôtel part., magnifiques
volumes, 4/5 chbres + serv. 23m2
5P. 134m2, 4e Et. Pierre de T.
Balcon en courcive. Vue dégagée,
D’un appartement et du mobilier le réception, 6 chbres, vaste cuisine. Très beau 2P. meublé refait nf
ACHETEURS Allemands, Anglais,
Hollandais, Français..rech entre
garnissant sis commune de Très belle hauteur s/plafond, dans Imm. stand. calme,
+ park., état exception. Sud. VICTOR HUGO 3,5m/plaf. Plan compact. 53m2 , cuisine équipée, séjour, PARTICULIERS Propriétés,
Imm. très bon standing Service,. A rénover. GRIMAUD (Var), Cité Lacustre de ensoleillement. Très beau jardin. Maisons, Appts, Terrains..
APPARTEMENTS Beau 4P. 81m2 étage élevé s. de bains , digicode.
PARIS 8E traversant, grand balcon,
Visite virtuelle sur PORT GRIMAUD, Grand Rue n° 29, Prix : 2.300.000€ 1750€/mois + charges LE PARTENAIRE EUROPEEN
belimmo.fr : 15045 superficie (Loi Carrez) 77,32 m2, Tel : 01.41.16.50.50 Tel : 06.74.34.10.48 ou Appel gratuit : 0.800.14.11.60
Bon état - 895.000€
PARIS 5E «MIROMESNIL» JA Tiffen 01.56.90.11.03 libre d’occupation. Vue et plage. salmon.atec@wanadoo.fr (LMO)
Duplex 73m2 Loi Carrez, 80m2 1.000.000€ PL.WAGRAM
«PERGOLESE» 5P. 105m2 5e Et. Haussmann Avec droit d’amarrage, et VIAGERS
ECHANGEONS 59 m2 au sol, salon sur grde cuisine

0123
ouverte, 1 chbre + accès 6° et dernier étage asc. Balcon en courcive. emplacement de parking
rue Soufflot 80m2 Loi carrez, 94m2 au sol Vue dégagée/Verdure. VIAGER PREVOYANCE
à un studio indépendant. non numéroté.
5° et dernier étage, ascenseur, Exclusivité. 780.000€ 2 chbres, lumineux, calme. 3 Chbres. Parfait état. Spécialiste viager occupé et libre
parfait état très lumineux Exclusivité. 955.000€ Le VENDREDI 26 NOVEMBRE
VANEAU : 01.44.11.75.75 Visite virtuelle sur Paris et toutes régions
contre appartement VANEAU : 01.44.11.75.75 belimmo.fr : 15090 2010 à 15h à GRIMAUD, Cité
80/100 m2 dans le 5ème. PARIS 11E VICTOR HUGO Lacustre de PORT GRIMAUD,
Estimation gratuite 189 rue la Les petites annonces
623.000€ M° PÉREIRE Grand Rue n° 29 Pompe Paris 16
Tel : 06.15.29.34.04
PROXIMITE FBG ST ANTOINE
Imm. très bon standing
Beau 4P. 81m² étage élevé 4P. 83m2 RdJardin 1950. MISE A PRIX : 230.000€ viager-prevoyance.com immobilières
Loft 148m2 au RDC. traversant, grand balcon. Vue verdure, plan étoile, 3 chbres.
PARIS 7E Séjour/cuisine ouverte. Visite virtuelle sur frais et droits en sus Tel : 01.45.05.56.56
Bon état. 895.000€
Salon, 2 chbres, 2 s. d’eau, WC, JA TIFFEN : 01.56.90.11.03 belimmo.fr : 14819 Consignation pour enchérir :
cave. 1.493.000€. IMMOBILIER
APPART AGENCY :
01.43.47.09.36 PARIS 17E 299.000€ SAINT-CLOUD/
QUAI OUEST
23.000€, par chèque certifié,
chèque de banque ou D’ENTREPRISES
Forfait à partir
49 � TTC*
Péniche 100 m2 chèque de notaire.
PARIS 15E
«ST GERMAIN DES PRES»
Pont/Terrasse, berge en
jouissance exclusive,.
Accès privatif/Ponton, COT.
Enchères : 5.000€
Visite 10 novembre 2010 de
Duplex 94m2 dans hôtel part. de 10 h à 12 h
2° asc. 2 chbres, clair, calme. Vue dégagée. Bon état général.
«SEVRES/ST PERES 140M2»
Imm. haussmannien 4° ét. asc.
1.990.000€ QUAI D’ORSAY
Parking libre.
Visite virtuelle sur
(s’adresser à l’Etude du notaire). pour les
8P. 213m2, RdC Haussmann, VERSAILLES SUD
3 chbres, calme. Parfait état. belimmo.fr : 14872 MAISONS
«VERNEUIL 123M2»
Imm. ancien, duplex 3 chbres.
«PLAISANCE»
33m2, studio traversant, état
Haut standing, soleil, 4m/Plaf,
Parfait état.
Visite virtuelle sur 92 HAUTS DE SEINE
Bureaux rénovés de
43, 57, 118, 175 m2
particuliers
Parfait état. Charme. parfait, 320.000€ Exclusivité belimmo.fr : 14564 92 HAUTS DE SEINE dans bel immeuble ancien.
«ST GERMAIN 152M2» «PORTE VERSAILLES» ST CLOUD - MONTRETOUT Retrouvez ces offres sur
dernier ét. asc. dans H.P.
Vue dégagée sur Jardin.
148m2 habitables s/Jardin 1.849.000€ FOCH/MAILLOT Situation idéale très beau studio GARCHES, dans hameau privé ImmoPrimo.com sans frais Tél. : 01.57.28.30.00
110m2 Terrasse, Plateau à 7P. 225m2, 2e Et. Haussmann. 30m2 avec jouissance privative Belle maison familiale 5 chbres, d’agence.
2 chbres + Service. Travaux. aménager - CALME Vue verdure, bien distribué. séjour plain pied sur jardin Ouest
«TOUR MAUBOURG 260M2» Division possible Poss.5 chbres, Poss. Mixte. d’une terrasse. Prestations Codes annonces : devas2,
Très bel imm. XIXème, 2° asc. Idéal profession libérale Visite virtuelle sur de qualité. 212.000€ clos sans vis à vis. 1.230.000€ devas4 et devas8.
*tar fs au 01/01/10 - 5 l gnes m n mum.
Balc. 3 chbres + studio + park. Tel : 01.44.11.75.75 belimmo.fr : 14015 AG.COGE : 01.46.02.57.27 AG.COGE : 01.46.02.57.27 Tel : 0.892.700.800

Pack Info 10SEMAINES POUR

BULLETIN D’ABONNEMENT A retourner dans une enveloppe affranchie, accompagné de votre règlement à :
Le Monde - Service Abonnement - B 1200 - 60732 Sainte-Geneviève Cedex Tél. : 0 825 000 778 (0,15 € TTC/min)

Abonnez-vous � AULIEUDE95 *  OUI, je souhaite profiter de cette offre exceptionnelle : je reçois le journal Le Monde pendant 10 semaines (soit 60 numéros du Monde et 02BMQPC

CHAQUE
JOUR
CHAQUE
SEMAINE
38 tous ses suppléments) + chaque week-end le supplément Le Monde Magazine. Je paie 38  au lieu de 95  (prix de vente au numéro).
Je réalise une économie de 57 . J’ai bien noté qu’ensuite je n’aurai aucune obligation d’aucune sorte.
U396
opt 01

Avec mon abonnement au quotidien, je bénéficie de l’accès intégral à l’édition Abonnés du Monde.fr
CHAQUE Nom : _______________________________________________
MOIS Prénom : _____________________________________________
Adresse : _____________________________________________
___________________________________________________
Code postal : __________________________________________
EN Ville : _______________________________________________
PERMANENCE
Tél. : _______________________________________________

Date et signature obligatoires :
MODE DE PAIEMENT
 Chèque bancaire ou postal de 38  à l’ordre de la Société éditrice du Monde
 Carte bancaire :  Visa  MasterCard  American Express
N° Offre valable pour un premier abonnement en France métropolitaine jusqu’au
31/12/2010.
Société éditrice du Monde - 80, boulevard Auguste-Blanqui 75707 Paris Cedex 13.
Expire fin Cryptogramme* Société anonyme au capital de 149 017 497 € - RCS Paris B 433 891 850.
Vous vous abonnez au Monde : vos nom, prénom et adresse seront communiqués
* Les 3 derniers chiffres du numéro figurant au dos de ma carte, près de la signature à nos services internes et, le cas échéant, à quelques publications partenaires,
sauf avis contraire de votre part. Si vous ne souhaitez pas recevoir de propositions
de ces publications, merci de cocher la case ci-contre 
Plus pratique, plus rapide, abonnez-vous via Internet sur * Prix de vente au numéro.

www.lemonde.fr/journal
E-mail : _____________________________________________
26 Météo & Jeux Ecrans 0123
Jeudi 4 novembre 2010

< -5° -5 à 0° 0 à 5° 5 à 10° 10 à 15° 15 à 20° 20 à 25° 25 à 30° 30 à 35° 35 à 40° > 40° Chronique Franck Nouchi
Jeudi 4 novembre 2010 A En Europe
Nuages et douceur
Lille
101
5 04.11.2010 12h TU

Reykjavik
D
985
D
Ecologie mentale
14 15
D
D
www.meteonews.fr 990 aniel Cohn-Bendit, ou l’art personnel politique mériterait
Cherbourg 100 km/h
14 15 Amiens Oslo Helsinki du contre-pied perma- d’être expérimentée plus avant.
D
St-Pétersbourg
60 km/h 14 15 995
D
Stockholm
Rouen Châlons- 1000 nent : on attendait son On connaît d’ailleurs quelques
en-champagne
14 16
13 16
Riga Moscou retour dans le giron d’Europe Eco- spécimens qui auraient, de temps
Caen PARIS
Metz
Edimbourg 1005
Copenhague
logie, et voilà qu’il crée l’événe- à autre, tout intérêt à décompres-
Brest 15 17
13 15 13 16
14 15 Strasbourg
1010
Dublin Minsk ment… en annonçant qu’il partici- ser en faisant autre chose que de
1015 Amsterdam Berlin
Rennes 11 17 Londres Prague
Varsovie
pera, à partir de janvier 2011, à la politique…
15 16 Orléans Bruxelles
Nantes 13 17
1025
Kiev l’émission « Les spécimens », dif- Autre avantage : l’écologie menta-
1020 Besançon Munich Vienne
15 16 Paris
Berne Budapest fusée sur Canal+ à la veille des le permet de régénérer le débat
10 16
Poitiers Dijon
Zagreb
Odessa
journées de championnat de foot. politique. Cohn-Bendit propose
15 17 11 17 Milan
Belgrade Depuis cette annonce, « Dany » ainsi qu’une partie des droits télé
H A
Bucarest

Clermont-Ferrand
Chamonix
2 14 A Barcelone
Barcelone
Rome Sofia est partout. « Je ne change pas de du foot soit reversée au football
Limoges 8 16 Lyon Madrid
Istanbul métier, déclare-t-il au Point. Cela des jeunes. « C’est pour moi essen-
13 16
20 km/h 10 17 Lisbonne
Lisbonne Ankara m’intéresse de participer à une tiel. La fonction d’intégration du
Grenoble
Séville
Tunis
Tunis
Athènes émission de papotage sur le foot-
20 km/h
Bordeaux
15 18 D7 17 Alger ball, et cela n’est en rien incompati- Du football
Rabat Beyrouth
ble avec mes fonctions au Parle-
Nice
A Anticyclone
1020
Front chaud
D Dépression
Front froid
Tripoli
Tripoli

102
0
Jérusalem ment européen. » à la politique,
Biarritz
Toulouse
13 18
Montpellier
13 19
Marseille
13 20
13 19 Occlusion Thalweg
Le Caire
Papotage ? Pas seulement. Sur
France Inter, lundi 1er novembre,
il n’y a qu’un pas
15 18 EUROPE: Temps perturbé de l’Irlande à la Russie
18 30
Daniel Cohn-Bendit précisait chez «Dany»
En Europe Riga averseséparses 6 8 New Delhi beautemps
Perpignan
Amsterdam averseséparses 14 15 Rome beautemps 15 20 New York fortespluies 12 13 ceci: «On ne peut pas vivre simple-
13 20 Ajaccio 21 19 2 18
35 km/h
Athènes beautemps 12 Sofia beautemps 4 Pékin beautemps
18 30
ment dans les dossiers politiques. football dans les villes est complè-
Températures à l’aube 1 22 l’après-midi 13 20 Barcelone beautemps 16 20 Stockholm assezensoleillé 5 7 Pretoria bienensoleillé
Belgrade bienensoleillé 9 19 Tallin averseséparses 6 7 Rabat beautemps 16 23 On devient dingue ! Donc, il faut tement sous-estimée. C’est l’occa-
Berlin pluiemodérée 9 15 Tirana bienensoleillé 16 23 Rio de Janeiro bienensoleillé 19 28
Saint Charles Lever 07h41 Lever 05h29 Berne assezensoleillé 6 16 Varsovie pluiemodérée 8 15 Séoul bienensoleillé 8 16
en même temps faire autre chose sion d’un melting-pot, pas facile à
Coeff. de marée 91 Coucher 17h24 Coucher 16h03 Bruxelles éclaircies 14 15 Vienne assezensoleillé 9 19 Singapour risqueorageux 26 32 pour des raisons d’écologie menta- gérer, où dans les vestiaires se
Bucarest bienensoleillé 6 17 Vilnius pluiemodérée 7 8 Sydney éclaircies 13 18
Budapest assezensoleillé 7 18 Zagreb bienensoleillé 8 19 Téhéran bienensoleillé 12 16 le. » Avouez que c’est fort, tout de mêlent les petits Blancs, les petits
Aujourd’hui Vendredi Copenhague aversesmodérées 8 10 Dans le monde Tokyo assezensoleillé 12 16 même : il annonce qu’il va com- Blacks, les petits Maghrébins. »
Jeudi, un temps le plus souvent gris mais 13 15 13 13 Dublin éclaircies 16 17 Alger averseséparses 14 18 Tunis risqueorageux 16 21
généralement sec prédominera sur la Edimbourg aversesmodérées 7 15 Amman beautemps 12 23 Washington aversesmodérées 10 15 menter l’actualité du football et, S’inspirant de l’action de l’ancien
Helsinki averseséparses 6 7 Bangkok éclaircies 24 25 Wellington assezensoleillé 13 16 subrepticement, le voilà qui maire de New York, Rudolph Giu-
majeure partie de la France. Quelques 11 14 Istanbul beautemps 15 17 Beyrouth beautemps 24 28 Outremer
petites bruines pourront toutefois se Kiev éclaircies 7 14 Brasilia risqueorageux 19 24 Cayenne bienensoleillé 24 32 remet au goût du jour un concept liani, il souhaiterait également
La Valette risqueorageux 18 21 Buenos Aires assezensoleillé 14 26 Fort-de-Fr. risqueorageux 26 28
manifester localement, essentiellement 13 15 12 15 Lisbonne beautemps 14 22 Dakar assezensoleillé 27 32 Nouméa risqueorageux 24 26 popularisé en son temps par Félix que les infrastructures sportives
sur l'est du pays. Le soleil s'imposera en Ljubljana assezensoleillé 5 17 Djakarta risqueorageux 26 31 Papeete assezensoleillé 25 27 Guattari dans Les Trois Ecologies des établissements scolaires
8 16 Londres éclaircies 14 16 Dubai beautemps 26 32 Pte-à-Pitre risqueorageux 26 29
revanche dans les Alpes ainsi que près Luxembourg pluiemodérée 12 14 Hongkong trèsnuageux 19 24 St-Denis éclaircies 23 26 (Galilée, 1989). Dans ce livre, le soient ouvertes le week-end et
de la Méditerranée. Les températures Madrid beautemps 10 23 Jérusalem beautemps 16 26 philosophe et psychanalyste durant les vacances.
11 18 9 17 Moscou averseséparses 6 9 Kinshasa risqueorageux 24 27 Météorologue en direct
resteront douces pour la saison, Nicosie beautemps 18 27 Le Caire beautemps 19 31 au 0899 700 703 expliquait que les perturbations Du football à la politique, il n’y a
comprises entre 15 et 20 degrés 9 19 Oslo assezensoleillé 4 8 Mexico bienensoleillé 5 21 1,34 € l’appel + 0,34 € la minute écologiques de l’environnement qu’un pas chez « Dany ». Lors-
Prague éclaircies 8 16 Montréal faiblepluie 2 8 7 jours/7 de 6h30-18h
l'après-midi de Lille à Marseille. 14 20 Reykjavik faibleneige 1 4 Nairobi averseséparses 17 25 ne sont que la partie visible d’un qu’on lui demande si un poste de
Jours suivants mal plus profond, relatif aux ministre de la jeunesse et des
Samedi Dimanche Lundi façons de vivre et d’être en socié- sports pourrait l’intéresser, il
té sur cette planète. Il ajoutait que répond : « J’ai toujours dit que je
Nord-Ouest 13
POINTE-À-PITRE
7 7
13 10 11 l’écologie environnementale ne voulais pas être ministre. »
PLUS SOUVENT devait être pensée d’un seul Avant d’ajouter : « Je suis prêt à
Ile-de-France

2
11 6 7 VOL S
12 9 10 by tenant avec l’écologie sociale et conseiller un ministre des sports,
PAR JOUR l’écologie mentale. En exergue et même Rama Yade, à condition
Nord-Est 10 7 5
13 8 7 figurait cette citation : « Il y a une qu’on ne me demande pas de sou-
Sud-Ouest 13 7 7 airfrance.fr écologie des mauvaises idées, com- tenir Sarkozy. (…) Ce serait irres-
15 11 11 me il y a une écologie des mauvai- ponsable d’attendre 2012 pour fai-
Sud-Est 10 10 9 Au départ de Paris. ses herbes. » re quelque chose pour les jeunes. »
18 11 13 L’écologie mentale appliquée au A bon entendeur… p

Les jeux Les soirées télé

Mots croisés n˚10-263 Sudoku n˚10-263 Solution du n˚10-262
Mercredi 3 novembre Jeudi 4 novembre
TF 1 TF 1
Retrouvez nos grilles sur www.lemonde.fr 4 6 7 5 9 8 2 1 3
2 8 4 5 1 8 6 2 3 4 7 9 20.45 Mentalist. 20.45 MasterChef. Finale [1 et 2/2].
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 1 12 3 2 9 7 1 4 6 8 5 Série. L’Alliance de Cléopâtre. Culture et 23.45 « MasterChef » se met à table.
1 6 2 9 5 1 8 6 3 4 7 dépendance (S2, 17 et 18/23) U ; D’un art à Présenté par Carole Rousseau (60 min).
I 7 3 4 2 5 9 1 6 8 l’autre (saison 1, 13/23). Avec Simon Baker.
9 7 2 4 3 6 8 1 3 4 7 5 9 2 23.15 Fringe.
Série. Les Anciens Cobayes. Allers-retours
FRANCE 2
1 5 6 8 7 2 9 3 4
II
20.35 Envoyé spécial.
8 8
9
4
7
3
2
9
4
6
3
5
1
7
8
2
5
1
6
temporels (saison 2, 17 et 18/23, 95 min) V.
Au sommaire : Les coulisses de la carte scolaire.
III Afghanistan : bouddhas contre bulldozers...
7 9 4 Moyen
FRANCE 2
22.50 Infrarouge.
IV 20.35 Contes et nouvelles François Mitterrand et la guerre d’Algérie.
6 8 Complétez toute la
grille avec des chiffres
7 du XIXe siècle. 0.00 La Question : Le Pen et la torture U.
V allant de 1 à 9. Série. L’Affaire Blaireau. Crainquebille (saison 5). 1.00 Journal de la nuit, Météo (15 min).
4 2 Chaque chiffre ne doit 22.35 Chez Maupassant.
VI être utilisé qu’une Série. La Parure (saison 1, 2/8). FRANCE 3
3 9 5 seule fois par ligne,
23.05 Dans l’univers de... (120 min).
VII 20.35 Papillon pp
par colonne et par
4 6 carré de neuf cases. FRANCE 3 Film Franklin J. Schaffner. Avec Steve McQueen,
VIII Dustin Hoffman, Victor Jory (EU, 1973).
http://yangeorget.blogspot.com/2009/12/sudokus.html 20.35 Les Noces de Figaro. 22.55 Soir 3.
Opéra de Mozart. Par l’Orchestre de l’Opéra 23.25 Bullitt pp
IX national de Paris, dir. Philippe Jordan. Film Peter Yates. Avec Steve McQueen, Robert
Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditions datées diman-
Avec Ludovic Tézier, Barbara Frittoli. Vaughn, Jacqueline Bisset (EU, 1968, 105 min).
X che-lundi, mardi, mercredi et vendredi.
23.45 Soir 3.
Tous les jours Mots croisés et sudoku. 0.20 Vie privée, vie publique, CANAL +
l’hebdo. Spécial Michel Drucker (70 min).
Horizontalement Verticalement 20.50 24 heures chrono.
I. Contentes quand elles ont mis 1. Nettoie les sommets. 2. Quand Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13 Série. 06 h 00 - 07 h 00. 07 h 00 - 08 h 00
Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ; CANAL +
des X et des Y. II. Manifestation tout est en harmonie. télécopieur : 01-57-28-21-21 (S8, 15 et 16/24). Avec Kiefer Sutherland V.
d’enthousiasme. Présente 3. Manifestation de désaccord. Ne Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ; 20.45 Football. 22.15 Mad Men.
Par courrier électronique : courrier-des-lecteurs@lemonde.fr
beaucoup d’intérêts. III. Peineras peut plus rien retenir. 4. Fait du Médiatrice : mediateur@lemonde.fr
Ligue des champions (1re phase, 4e journée, Série. L’Escalade (saison 3, 8/13).
à la tâche. Possessif. IV. Travailler bien là où ça fait mal. C’est quand Abonnements : par téléphone : de France 0-825-000-778 groupe F) : Zilina (Slova.) - Marseille. En direct. 23.00 Jour de rugby.
en profondeur. Risque de mordre. elle est calme qu’il faut la prendre. (0,15 TTC/min) ; de l’étranger : (33) 3-44-31-80-48. 22.35 Football. Ligue des champions. 23.45 30 Rock.
Sur Internet : www.lemonde.fr/abojournal/ 23.45 Poker. World Poker Tour. Série. Le Blues de l’hiver. La Mère de Jenna
V. Estimé avant d’être mis en 5. Ont souvent pris la précédente. Changement d’adresse et suspension :
0.35 Mad Men. (saison 4, 11 et 12/22, 40 min).
retenue. D’un auxiliaire. En creux. 6. Référence de base. Ce 0-825-022-021 (0,15 TTC/min)
Tarif 1 an : France métropolitaine : 394 ¤ Série. 23 juillet (saison 3, 7/13, 50 min) U.
VI. Points opposés. Fait le gros dos qui convient. 7. Dada avant d’être Internet : site d’information: www.lemonde.fr
finances : http://finance.lemonde.fr ARTE
en ville. Plan en préfecture. surréaliste. Femme d’aujourd’hui. Emploi : www.talents.fr/ Immobilier: http ://immo.lemonde.fr ARTE
VII. Jamais comme avant. 8. Piégés. Prendre les bonnes Documentation : http ://archives.lemonde.fr 20.40 Lady Chatterley
Collection : Le Monde sur CD-ROM : CEDROM-SNI 01-44-82-66-40
Division de la cellule. VIII. Fait mesures. 9. Dans tous. Monté Le Monde sur microfilms : 03-88-04-28-60
20.40 Les Mercredis de l’Histoire. et l’Homme des bois.
partie de l’ensemble. Se retrouver comme un beau caillou. Le Vrai Pouvoir du Vatican. [1 et 2/2]. Téléfilm. Pascale Ferran. Avec Marina Hands,
à terre. IX. Retour très attendu. 10. Rencontre chez les lourds. Mis 22.30 Le Dessous des cartes. Jean-Louis Coulloc’h. [1/2] (Fr., 2006, audio.).
Frappe mais ne vaut pas grand- de côté. 11. Usées à la longue. En Matteo Ricci, entre Occident et Orient. 22.30 Les Parois de l’extrême.
22.45 Et si c’est un garçon ? Documentaire. Pepe Danquart (2007).
chose. X. Risque de tout faire code. 12. Baisse de régime. 0.05 Tracks. Backstage ; David Lynch...
Documentaire. Danae Elon (2009).
exploser en faisant monter la 23.40 Les Enfants de la colère 1.00 Plan 9 From Outer Space p
tension. Philippe Dupuis Film Winfried Bonengel (All., 2002, 105 min). Film Ed Wood. Avec Tor Johnson (1959, 80 min).

Solution du n° 10 - 262 M6 M6
Horizontalement Verticalement
I. Garde-meubles. II. Usurper. 1. Guérisseur. 2. Astucieuse. 3. Ru. 20.40 La France 20.40 Bones.
Ripe. III. Et. Oisiveté. IV. Ruile. It. Crac. 4. Drôlette. 5. Epierré. Ap. a un incroyable talent. Série. La Fuite en avant (saison 5, 22/22) U ;
Nef. Ri. V. Ictère. Don. VI. Si. 6. Mes. Eusèbe. 7. Erin. Mer. Les Auditions : épisode 1 (saison 5). La Magie de Noël (S3, 9/15) U ; Immunité U.
22.35 La France a un incroyable Reine de beauté V. La Chance du débutant
Trublions. VII. Sectes. Laine. 8. Veillera. 9. Bref. Iar (rai). 10. Lit. talent, ça continue. (saison 2, 6 à 8/22). Avec Emily Deschanel.
VIII. Eure. Emerger. IX. USA. Aber. Doigté. 11. Eperonne. 12. SE. 23.35 Que sont devenues nos stars ? 0.50 The Beast.
X. Récupérateur. Insérer. Présenté par Laurent Boyer (110 min). Série. L’Apôtre de la paix (S1, 5/13, 40 min) V.
0123
Jeudi 4 novembre 2010 Carnet 27
Simone Sobelman, Nous avons la tristesse de faire part Souvenir

0123
George BALL, Gérard Eizenberg, de la mort de
artiste peintre graveur, ses enfants, Il y a cent ans, le 3 novembre 1910,
né en Californie le 10 août 1929, Patrick, Sylvie, David, Anouk, Max, Elisabeth REGNIER, naissait à Oran

cette semaine Le Carnet nous a quittés le 30 octobre 2010.

ses petits-enfants,
Hugo, Théo, Emile, Noé,
tante Lison,
Lucienne BENOLIEL,
--------------------------------------------------------- Selon sa volonté ses cendres seront
ses arrière-petits-enfants,
Félix Ascot,
survenue le dimanche 31 octobre 2010, (SERFATI).
Faites part dispersées prés de la montagne Sainte- Alice Girard,
à Ecoublanc.
de vos événements Victoire (Bouches-du-Rhône). Zélie Kirszenbaum, De la part de
Sa famille et tous ceux qui l’ont connue
Toute la famille son fils.
Le vendredi 5 novembre, à 11 heures, et aimée se réuniront en l’église de
par téléphone : en l’église Saint-Séverin, Paris 5 e ,
Et ses amis,
Marboué, le vendredi 5 novembre,
01 57 28 28 28 célébration de sa Pâques avec ses amis, ont la douleur de faire part du décès de à 14 h 30, pour l’accompagner jusqu’à sa Conférences
Nataly et Olivier Guerry. dernière demeure.
par e-mail : Maria EIZENBERG,
Conférence de la Grande Loge de France
35, rue de la Harpe,
carnet@mondepub.fr 75005 Paris.
Comme elle le désirait, l’inhumation
aura lieu au cimetière de Marboué, après
Cycle Condorcet-Brossolette
survenu le 31 octobre 2010, Le franc-maçon entre la loge et la cité
par fax : dans sa cent troisième année. le service religieux.
01 57 28 21 36 Toute la famille Boubet samedi 6 novembre 2010, à 14 h 30,
Les obsèques auront lieu le jeudi Elle a rejoint Dieu.
a le regret de faire part du décès de 4 novembre, à 11 heures, au cimetière Michel Maffesoli, philosophe traitera
Dès jeudi 4 novembre parisien de Bagneux, avenue Marx-
AU CARNET DU «MONDE» Moulin d’Ecoublanc, « De la tribu à la loge »
-------------------------------------------------- Patrice BOUBET, Dormoy. 28200 Marboué. et Jean-François Pluviaud
« Voyage à la rencontre des tribus
Naissance survenu le 31 octobre 2010, Ni fleurs ni couronnes. maçonniques ».
à Montélimar. Gilles et Annick Rotman,
La famille tient à remercier le docteur ses enfants,
Nicolas et Annabelle, Yoann et Agnès, Entrée libre et gratuite.
Vadim Joshua DUVAL jazzsale@hotmail.com Philippe Walter pour son
accompagnement. Mickaël,
8, rue Puteaux, Paris 17e.
vient de sourire à la vie le 2 novembre ses petits-enfants,
2010, à 9 heures. Jean-Luc Hees, Lélio et Aliocha,
président-directeur général Marie, Anne-Chantal, Elisabeth, ses arrière-petits-enfants, Communications diverses
Nataniel de Radio France, Pierre-Louis, François et Yves, Sa famille,
et ses enfants, Ses amis, Les Sam’dix-treize de l’Auditoire
Hélène et Gaël, Anne Brucy, Jean-Paul Kervella et Jean-Marc www.auditoire-protestant.org
ses parents, directrice du réseau France Bleu, Gravellini, ont la tristesse de faire part du décès de
sont heureux d’accueillir ce merveilleux Corinne Forsans, Les grands sujets qui fâchent
petit prince. Gabriel Valdisserri, ses gendres et belle-fille, Yvon ROTMAN, A la Faculté de théologie protestante,
délégué de la région Grand Sud-Ouest Ses petits-enfants et arrière-petits- 83, boulevard Arago, Paris 14e
6, boulevard Flandrin, et directeur de France Bleu Gironde, enfants, survenu le 31 octobre 2010.
75116 Paris. Ses sœurs et frères, Six samedis de suite,
-------------------------------------------------- Jean-Dominique Warlop, Sa famille
directeur de France Bleu Périgord, On se réunira le vendredi 5 novembre, de 10 heures précises à 13 heures ;
Dossiers et documents Décès Et ses amis, à 14 h 45, devant l’entrée principale du conférences animées
Tous les personnels cimetière parisien de Bagneux, avenue par le pasteur Alain Houziaux,
Nous avons la grande tristesse ont la tristesse d’annoncer le décès de Marx-Dormoy.
d’annoncer le décès, ce 1 er novembre, de France Bleu et de Radio France, 7 € par samedi matin.
à son domicile à Paris, de Luce-Marie LECOQ-DIVISIA, gilles.rotman@yahoo.fr
ont la grande tristesse de faire part 6 novembre :
Mlle Odette ALEXANDRE, du décès de L’Europe sociale est-elle un mythe ?
survenu le vendredi 29 octobre 2010,
professeur agrégé de lettres classiques, à l’âge de soixante-dix-neuf ans. Condoléances (Alain Krivine, P. Moreau Desfarges)
Le droit à la protection sociale, jusqu’où ?
dans sa quatre-vingt-douzième année. Bernard BOULLE, La présidente de l’université Sorbonne
grand reporter, Une célébration aura lieu le jeudi Nouvelle - Paris 3, (Pierre-Louis Bras, pasteur Olivier Brès)
4 novembre, à 10 heures, en l’église du La directrice,
Selon sa volonté, elle sera incinérée. village à Mont-Saint-Aignan (Haute- 13 novembre :
Les enseignants
survenu dans sa cinquante-neuvième Normandie). Quand faut-il désobéir ?
La cérémonie aura lieu au crématorium Et les étudiants de l’UFR d’Etudes
du Père-Lachaise, Paris 20e, le vendredi année. Théâtrales, (Eric Desmons, Pierre Joxe)
L’inhumation aura lieu dans l’intimité Le devoir de mémoire,
• Dossier spécial : 5 novembre 2010, à 12 h 15. familiale, ce même jeudi au cimetière de L’ensemble des personnels enseignants
Tous présentent à son épouse, à sa fille, quelle efficacité pour l’avenir ?
Saint-Aubin-d’Aubigné (Ille-et-Vilaine). et administratifs de l’université,
l’urbanisme politique Jean-Pierre Courtillot, à sa famille et à ses proches, leurs sincères (Olivier Abel, rabbin Daniel Farhi).
condoléances.
• Nucléaire civil : Prades,
Cet avis tient lieu de faire-part et de s’associent au deuil de la famille et des
48160 Saint-Martin de Boubaux. 20 novembre :
relance générale ! Les obsèques ont eu lieu le mercredi remerciements. proches au lendemain du décès de
3 novembre, à 10 h 45, en la collégiale La colonisation, quel bilan ?
• Genet, le moraliste libertaire Famille Lecoq, Mme Anne UBERSFELD, (Bernard Droz, Gilles Manceron,)
Saint-Martin de Brive, place Charles-de-
Gaulle, à Brive-la-Gaillarde (Corrèze). 33, rue Saint-Jacques, professeur émérite L’aide au Tiers-Monde, à qui profite t’elle ?
Marie-Louise AUDIBERT 75005 Paris. à l’université Sorbonne Nouvelle (Thierry Pech, Denis Vienot).
Mme Barbara d’Escatha, Paris 3.
a choisi de quitter la vie le 24 octobre 27 novembre :
2010. Docteur Patrick d’Escatha, Les familles de Danielle, Jean, Annie Le droit de s’enrichir, jusqu’où ?
sa fille et son gendre, et Françoise Leherpeux, Justine Anniversaires de décès (Robert Rochefort, François de Witt)
Sa famille et ses amis lui diront adieu Docteur et Mme Alexis d’Escatha, et Jacqueline Koquin,
Vendredi 5 daté samedi 6 novembre le samedi 6 novembre, à 11 h 30, au Le commerce équitable, une utopie ?
M. Mickaël d’Escatha,
crématorium du Père-Lachaise, Paris 20e. M. Richard, M. Edouard Simonet,
Bernhard BLUMENKRANZ, (Jean-Luc Gréau, Laurent Levard).
font part du décès de directeur de recherches au CNRS (e.r.)
En couverture Que ceux qui l’ont aimée aient une
ses petits-enfants,
ses arrière-petits-enfants M. Marcel LEHERPEUX, 4 décembre :
nous quittait le 4 novembre 1989.
De Gaulle, pensée pour elle. officier de la Légion d’honneur, Christianisme et convictions politiques
(débats en petits groupes animés
entretien posthume ont la tristesse de faire part du décès de Sa contribution à l’histoire des Juifs
par l’association Christianisme social).
Le conseil d’administration survenu le 29 octobre 2010, en France est toujours essentielle.
Et le personnel Mme Jacqueline à l’âge de quatre-vingt-quatorze ans.
Reportage de l’Union nationale des centres sportifs « Puck » SIMONET,
4 novembre 2005.
11 décembre :
de plein air (UCPA), Y a-t-il des inégalités légitimes ?
Les jeunes marathoniens survenu le 1er novembre 2010,
La crémation aura lieu au Père-Lachaise,
(Dominique Schnapper, Louis Schweitzer)
Paris 20e, le 5 novembre, à 13 h 20. Bernard COCULA.
aborigènes ont la tristesse de faire part du décès de à l’âge de quatre-vingt-sept ans. La propriété privée, est-ce une injustice ?
21, rue Béranger, Avec l’infini regret de ses proches, (Jacques Généreux, père Baudoin Roger).
Joël BALAVOINE, La cérémonie religieuse sera célébrée 75003 Paris.
Collections
-------------------------------------------------------
inspecteur général
de la Jeunesse et des Sports,
le vendredi 5 novembre, à 10 heures,
en l’église de Saint-Pierre-Saint-Paul,
de ses amis et des membres du Centre
François-Mauriac de Malagar. L’Institut du chiffre et du droit
vice-président de l’UCPA. Christian Manuel, organise un week-end patrimonial,
place Hérold, à Courbevoie (Hauts-de- Anne-Marie. à Paris, le 19 et 20 novembre 2010.
son fils, Benoît,
Depuis 2002, où il représentait l’Etat au Seine), suivi de l’inhumation dans
Elisabeth Fourest,
sein du conseil d’administration de l’intimité familiale. 12 heures de formation sur les thèmes :
ses enfants, Jean-Baptiste, Sébastien Pour le vingt-cinquième anniversaire
l’UCPA, Joël Balavoine s’est distingué par et Laure, du rappel à Dieu, le 3 novembre 1985, de « Entreprise libérale et gestion
son soutien sans faille au projet conduit 9, rue Ancelle, du patrimoine familial »
Catherine Gallo,
par l’association pour rendre accessibles 92200 Neuilly-sur-Seine. Pierre DUC, « Aucun principe n’oblige un contribuable
au plus grand nombre de jeunes les ses enfants, Matthieu (†), Marion, Clara
activités éducatives et sportives. et Pierre-Louis à payer le maximum possible d’impôts
Condoléances en ligne sur pfg.fr une pieuse pensée est demandée à tous et de cotisations sociales »,
Et toute la famille,
rubrique condoléances. ceux qui sont restés fidèles à son souvenir. professeur Maurice Cozian (†)
Nous conserverons le souvenir de son
engagement à nos côtés et de ses qualités ont la tristesse d’annoncer le décès de leur
d’homme. Gino, père et grand-père, Le 7 novembre 2007, dans sa soixante- présidence :
son compagnon, dixième année, docteur Jean-Jacques Saragoussi.
Nos pensées vont vers sa famille. Julien, Benjamin, Dorothée et Marc, Gilbert MANUEL,
ses neveux et sa nièce, Monique MITRANI Conférenciers et animateurs prestigieux :
Une cérémonie de recueillement Sylvie, rappelé à Dieu, le 31 octobre 2010, Géraud Chambeiron, Jack Demaison,
aura lieu le jeudi 4 novembre, de 14 heures sa belle-sœur, à l’âge de quatre-vingt-dix-sept ans. était emportée par un cancer contre lequel Emmanuel Douchet, Rémi Dumas,
à 17 heures, au siège de l’association elle avait résisté avec un courage Henri Hovasse, Frédéric Lucet,
départementale des PEP du Pas- ont la douleur de faire part du décès de La messe sera célébrée le lundi inflexible. William Nahum, Philippe Rebattet,
de-Calais, 7 place de Tchécoslovaquie, Mme Dominique Ribaute,
8 novembre, à 15 h 30, en l’église Saint-
à Arras. Pour celles et ceux qui l’aimaient et
Livre 23 : Jean-Pierre DIMERMAN, François-Xavier, 12, place du Président- l’aiment toujours, elle reste un exemple de Mme Judith Sebillotte-Legris.
La crémation aura lieu dans l’intimité médecin psychiatre. Mithouard, Paris 7e. générosité, de bienveillance et de droiture.
E.T.A. HOFFMANN familiale. Renseignements et inscriptions :
dès le jeudi 4 novembre L’inhumation aura lieu le vendredi Elle sera suivie de l’inhumation au Une messe sera célébrée le mardi Mme Jocelyne Deperrier
UCPA, 5 novembre 2010, à 15 heures, au cimetière cimetière du Montparnasse. Rendez-vous 9 novembre 2010, à 19 heures, en l’église Tél. : 06 18 99 14 35
17, rue Rémy-Dumoncel, du Montparnasse, 3, boulevard Edgar- à l’entrée principale, 3 boulevard Edgar- Notre-Dame-du-Travail, 36, rue Fax. : 01 47 01 12 87
Nos services
--------------------------------------------------------------
75698 Paris Cedex 14. Quinet, Paris 14e. Quinet, Paris 14e. Guilleminot, Paris 14e. Email : icd92380@hotmail.fr

Lecteurs
K Abonnements
Tél. : 0-825-000-778
(0,15 � TTC/min) Le Carnet
www.lemonde.fr/abojournal
Le Carnet
K L’actualité dans Pour tout
votre magasin Fa tes part de vos faire-part de décès
www.lemonde.fr/kiosque
soutenances de thèse, paru dans Le Carnet
K Boutique du Monde
80, boulevard Auguste-Blanqui, de mémo re…
75013 Paris l’annonce de
M° Glacière ou Corvisart Tarif 2010 : 15  TTC
remerciements
Tél. : 01-57-28-29-85 Prix à la ligne
www.lemonde.fr/boutique vous est offerte.
K Le Carnet du Monde Vous pouvez nous fa re parven r Pour nous faire parvenir
Tél. : 01-57-28-28-28 vos textes par : vos textes* :
Tél : 01 57 28 28 28 Tél. : 01 57 28 28 28
Professionnels Fax : 01 57 28 21 36
Fax : 01 57 28 21 36 E-mail : carnet@mondepub.fr
K Service des ventes
Tél. : 0-805-05-01-47 E-mail : carnet@mondepub.fr *
voir conditions générales de vente 2009
28 0123 Jeudi 4 novembre 2010

Dans les gencives

20 000 militants du Tea Party – Sarah dé. » Pendant vingt-cinq ans, Harry Reid imprésario semi-voyou a essayé de lui
Palin en tête – sont venus manifester en n’a pas réussi à en parler. offrir 12 000 dollars en échange de
mars, la patronne Verlie Doing a vu pas- Harry Reid a toujours été bagarreur. faveurs. Il a appelé le FBI, monté un guet-
ser des touristes de toute la Terre. Un Tout nouveau venu à l’école pouvait s’at- apens, et l’individu a fini en prison (après

du Tea Party
conseil : n’y allez pas le jeudi. On ne peut
pas la déranger. A 86 ans, elle « fait ses
fiches de paie ».
Searchlight est devenu l’emblème du
combat entre les démocrates et le Tea
Party, l’une des grandes affiches de ces
élections de mi-mandat : Harry Reid
tendre à une raclée. A 14 ans, il s’est battu
avec son père – qui avait une fois de plus
porté la main sur sa mère. Cinq ans plus
tard, avec son futur beau-père – qui ne
voulait pas lui donner la main de sa fille.
Harry a quand même épousé Landra. Elle
était juive. Ils sont devenus mormons.
quoi Landra Reid a trouvé un explosif
sous sa voiture).
Reid a la voix inaudible et toujours l’air
de grommeler quelque chose. C’est sou-
vent une gaffe. Vu son élocution, les talk-
shows politiques du dimanche matin ne
se bousculent pas pour l’inviter. « Il aime

Lettre des Etats-Unis contre Sharron Angle, une grand-mère

Corine Lesnes
S
’il fallait ne garder qu’un épisode de
cette frénétique saison électorale,
ce serait celui-là, ce formidable com-
bat qui s’est déroulé dans un décor de
western au fin fond du Nevada. Search-
light, 600 habitants, quelques ruelles
goudronnées qui s’évanouissent dans la
piste et les cactus. Le désert de Mojave
est à 15 km à l’ouest. La Vallée de la Mort
un peu plus au nord, mais ne nous éga-
rons pas.
Searchlight a connu son heure de gloi-
re dans les années 1910, et Scott Joplin
lui a dédié un morceau de ragtime.
Quand Harry Reid y est né, le 2 décembre
1939, le bourg ne comptait déjà plus que
quelques mines d’or. Mais encore 13 éta-
blissements de prostitution, dont le célè-
bre El Rey Bordello, qui possédait une pis-
cine où les enfants venaient apprendre à
nager. La mère d’Harry Reid y lavait le lin-
ge. L’endroit est aujourd’hui le motel El
Rey. Et Harry Reid, le chef de la majorité
démocrate au Sénat. Autrement dit
l’homme le plus puissant de Washing-
ton, avec le président. Encore un qui a
bien mérité du rêve américain.
A part la maison du sénateur et l’école
élémentaire Harry Reid, on voit surtout
des trailers à Searchlight, ces préfabri-
qués en forme de caravanes que les Amé-
ricains traînent là où les mène leur éter-
nel roadtrip. Au Nugget, le casino-restau-
rant, les serveuses portent des chausset-
tes décorées de chauves-souris qui mon-
tent jusqu’aux genoux (pour souligner
la proximité d’Halloween). Menu : soupe
maison et bandits manchots. Depuis que
fouettarde qui ne craint pas de faire cam-
pagne avec son pistolet à la ceinture. Les
républicains ont beaucoup investi pour
faire tomber le chef de la majorité au
Sénat. Ils espéraient frapper les esprits,
comme en 1994, lorsque les amis de
Newt Gingrich ont défait Tom Foley, le
speaker de la Chambre. Ou en 2004, Tom
Daschle, le prédécesseur d’Harry Reid au
Sénat.
A bientôt 71 ans, Reid est sec comme
une planche et il déteste le gras – un jour
que George Bush le recevait à la Maison
Blanche, il a vu entrer Barney, le terrier
écossais : « Votre chien est gros », a-t-il
aimablement constaté. Il a écrit une his-
toire de Searchlight, « le camp qui n’est
pas tombé ». Sa prose est aussi aride que
l’endroit. L’émotion est cachée dans quel-
ques pages de son autobiographie (écrite
avec une plume du magazine Esquire).
Alors qu’il venait de remporter sa pre-
mière élection, son père s’est tiré une bal-
le dans la tête. Il était chercheur d’or. « Le
jour où il s’est arrêté de boire, il s’est suici-
Grâce à l’un de ses professeurs (Mike
Sharron Angle, candidate
républicaine, s’est révélée
une adversaire coriace,
mais Harry Reid a cogné
comme unsourd pour
rester le chef de la majorité
démocrate au Sénat
O’Callaghan, un futur gouverneur du
Nevada), qui a sollicité des hommes d’af-
faires pour lui payer des études, Harry
Reid a pu aller à l’université dans l’Utah –
il a ensuite financé ses études de droit à
Washington en travaillant à la police du
Capitole. Et il s’est mis à la boxe. Son sur-
nom sur le ring : « Harry give’em hell ».
Fais-en leur baver, Harry !
Des années plus tard, alors qu’il était
président de la commission de supervi-
sion des casinos de Las Vegas, un semi-
le désert », explique Jane Overy, du Musée
de Searchlight. Le soir du vote de la réfor-
me de la santé, 24 décembre 2009, il s’est
trompé et il a voté contre le texte. Un acte
manqué, pourrait-on dire, parce que,
dans le Nevada, les 2 000 pages du texte
ne jouissent pas d’une grande popularité.
Sharron Angle s’est révélée une adver-
saire coriace, mais Harry Reid a cogné
comme un sourd. Il a remobilisé les Lati-
nos (qui ont voté en plus grand nombre
encore qu’en 2008). Inauguré un projet
chinois d’éoliennes. Rappelé qu’il avait
canalisé des millions de dollars en aide
fédérale et arraché au président l’arrêt du
projet de stockage de déchets nucléaires
sur Yucca Mountain… Sharron Angle n’a
promis ni jobs, ni subventions fédérales,
ni ministère de l’éducation, ni retraite…
autant dire le retour au Wild West. Et
Harry Reid, qui n’avait gagné en 2004
qu’avec 500 voix d’écart, a mis
30 000 voix dans les gencives de l’adver-
saire. Prends-ça, Tea Party ! p
Courriel : lesnes@lemonde.fr

Le courrier du jour
Psychologie
Les progrès de la science
Une nouvelle prétendue maladie
vient d’être « découverte» : l’addic-
tion au shopping. Et qui dit mala-
die dit, bien sûr, traitement et
donc médicament. Loin de moi
l’idée de dénigrer les progrès de la
science, mais quand je lis les fan-
tasmes de certains neurobiologis-
tes qui pensent pouvoir percer les
secrets de l’âme humaine dans
quelques replis du cerveau, je me
sens envahi d’une incommensura-
ble perplexité.
Certes, j’aimerais pouvoir me
convaincre que mon addiction au
jeu, mes « mauvaises pensées »,
ma paresse, mon agressivité, mes
tristesses, ma lâcheté ne sont
dues qu’à un dysfonctionnement
de certains de mes neurones. Cer-
tes, je serais heureux qu’on me
sens que sont la patrie (pour cha-
Nouveau
que citoyen) et la religion (pour
chaque croyant), c’est prématuré !
D’autant qu’il prétend que ces
trois désinvestissements sont
compensés par un investisse-
LE MONDE MAGAZINE
ment nouveau : nous aimons plus
que jamais.
ENCORE PLUS MONDE, ENCORE PLUS MAGAZINE
Au plan quantitatif, c’est sûr, à
preuve le nombre de partenaires
essayé(e) s avant de trouver la per-
le rare, à preuve aussi les amours
successives permises par la banali-
sation du divorce. Mais au plan
qualitatif ? Certes les parents
aiment mieux leurs enfants (dont
ils programment naissance, nom-
bre, espacement, voire sexe) que
du temps où rien n’était program-
mé sauf le désir brut du mâle.
Mais à part ce progrès relatif – sur
lequel les psys ont d’ailleurs des
doutes –, quelles autres preuves a

confirme que je n’ai aucune res-
ponsabilité dans cela puisque
« c’est la faute à mon cerveau », à
des connexions ou à des réactions
chimiques qui dérapent.
Il ne fait aucun doute que chacu-
ne de ces découvertes sera suivie
par la mise sur le marché de molé-
cules miraculeuses censées résou-
dre à notre place chacun de nos
problèmes. Mais un être humain
n’est pas, et ne sera jamais, un sim-
ple agrégat de cellules, aussi per-
fectionné soit-il. Cette vision terri-
blement réductrice de l’homme
n’a jamais amené la moindre amé-
lioration réelle de sa condition.
Pire, elle ouvre la porte à tous les
conditionnements et à toutes sor-
tes de dépendances. Un être
humain qui se prend pour son cer-
veau, c’est un peu comme le
conducteur d’une voiture qui se
prend pour sa voiture. On peut
toujours modifier le tableau de
bord, cela ne changera pas le
conducteur et celui-ci reste bien le
seul responsable de sa conduite.
Maxime Daubenton
Cambrai (Nord)
Il y a amour et amour
Comme Luc Ferry est sûr de lui,
quand il dit, à propos de Dieu, de
la Patrie et de la Révolution, que,
en Europe, ces trois figures du
sacré ont été liquidées ! Qu’il
enterre la révolution, à la rigueur,
mais qu’il enterre ces lieux de
Réponse...
Luc Ferry que l’amour
– « humain » et « laïc », s’entend –
peut remplacer tous les anciens
investissements ? Privilégier le
relationnel est une chose, le limi-
ter à la famille nucléaire en est
une autre. Le tissu associatif est
sous-estimé, le domaine caritatif
aussi. Et « l’amour du prochain »
de la tradition judéo-chrétienne
en devient un fossile !
Etienne Got
Rouen
Le médecin et le doute
Intéressante, la tribune d’Anne
Fagot-Largeault « Le “douteur” est
le vrai savant » (Le Monde du
Ce week-end
27 octobre). Le médecin qui n’a
pas de doute n’existe pas, encore
faut-il qu’il agisse. Aujourd’hui il
s’active à traiter la douleur igno-
rée si longtemps par la course aux
guérisons de maladies infectieu-
ses, vasculaires et cancéreuses ; le
médecin partage son temps entre
la recherche de la thérapeutique
qui guérit et de celle qui soulage.
Quoi qu’il en soit, il vit toujours
dans le doute. Quant au malade, il
se retrouve surinformé, mal infor-
mé, sous un magma de pressions
économiques intéressées.
Jean Brouchet
Toulouse
Courrier et contributions des lecteurs :
courrier-des-lecteurs@lemonde.fr
Fax : 01-57-28-21-74

Demain dans 0123

Dès le 5 novembre
« Le Monde des livres » Les prix littéraires,
chez votre marchand de journaux
une passion française ; autour de Jean Genet ;
dictionnaire historique du patronat.
pTirage du Monde daté mercredi 3 novembre 2010 : 382 103 exemplaires. 123