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Culture
Jean-Christophe BARBATO
Professeur agrégé de droit public
Jack LANG
Professeur agrégé de droit public
Ancien ministre de la Culture
septembre 2013
Table des matières
Généralités 1 - 8
Bibliographie
3. Les Pères fondateurs ont, eux aussi, considéré la culture comme une
composante du projet européen. Ainsi, selon Robert Schuman, « l'Europe
avant d'être une alliance militaire ou une entité économique, doit être une
communauté culturelle dans le sens le plus élevé du terme ». De son côté,
Jean Monnet aurait affirmé : « Si c'était à refaire, je commencerais par la
culture ». La formule est apocryphe mais son succès témoigne de l'évidence
des liens unissant la culture à la construction européenne. Il faut pourtant
attendre 1992 et le Traité de Maastricht pour que la Communauté se voit
dotée d'une compétence culturelle. L'objet du Traité de Paris instituant la
CECA excluait, de fait, une action dans ce domaine. Le projet de
Communauté européenne de défense (CED), qui s'accompagnait de la mise
en place d'une organisation proprement politique, prévoyait en revanche une
telle action. Son échec qui entraîne le constat de l'impossibilité de passer
directement à une Europe politique conduit les promoteurs de la construction
européenne à privilégier la voie des réalisations économiques et techniques.
Ajouté à une réticence persistante de la part des États, ce retour au
fonctionnalisme contribue à expliquer le silence presque complet qui a régné
à propos d'une politique culturelle commune lors de la conférence de Messine
en juin 1955 et pendant la conférence intergouvernementale qui rédigea les
traités de Rome.
7. L'Union européenne ne propose pas pour autant une définition qui lui
serait propre. La Commission a estimé « qu'il n'appartient pas à une
institution de définir le contenu du concept de culture » (idem). L'Union a
préféré favoriser une approche fonctionnelle. C'est-à-dire que son droit met
en avant l'existence de la dimension culturelle d'un objet ou d'une activité au
coup par coup. Autrement dit, pour l'Union, est culturel ce qu'elle désigne
comme tel en dehors de toute logique systémique revendiquée. Malgré
l'indétermination qu'elle semble impliquer, une telle approche pose peu de
problèmes pratiques. Les textes sont généralement très explicites et les
choix des institutions recoupent une certaine évidence intuitive. En outre, la
Commission a inventorié dans un document de travail joint à sa
communication du 10 mai 2007 l'ensemble de ses actions dans le champ
culturel (Communication du 10 mai 2007, préc., COM [2007] 242 final). Pour
l'essentiel, la pratique communautaire rejoint ce qui est généralement
considéré comme la définition française de la culture, à savoir le patrimoine,
la création, la connaissance et le savoir. Cet ensemble inclut bien entendu les
productions de l'industrie de contenu destinées au grand public tel que
l'audiovisuel et ce quel que soit son médium, télévisuel, internet… Les
langues sont également considérées comme relevant de la culture (V. not.
CJCE, 23 févr. 1999, Parlement c/ Conseil, aff. C-42/97 , Rec. 869,
pt 50. – CJCE, 5 mars 2009, UTECA, aff. C-222/07 , Rec. I. 1407, ou
o
encore Décis. n 1934/2000 du Parlement européen et du Conseil, 17 juill.
o
2000, JOCE, n L 232, 14 sept., établissant l'Année européenne des langues
o
2001). Si l'article 22 de la Charte des droits fondamentaux (JOUE, n C 303,
14 déc. 2007) distingue le respect de la diversité culturelle de celui de la
diversité linguistique, cette séparation n'est qu'un hendiadyin. La question du
multilinguisme est cependant trop spécifique pour être traitée in extenso
dans cette rubrique (V. Langues [Eur.]). Elle ne sera pas abordée dans ses
aspects institutionnels mais seulement lorsqu'elle est liée au droit du marché
commun.
8. La culture fait l'objet d'un ensemble de mesures positives qui reposent sur
des fondements divers et qui forment l'action culturelle de l'Union
os
européenne (V. infra, n 9 s). Elle constitue également un élément du
marché commun et, à ce titre, se voit soumise au droit régissant celui-ci
os
(V. infra, n 75 s.). Dans l'un et l'autre cas, l'Union européenne assure le
respect et contribue à la promotion de la diversité culturelle (V. infra,
os
n 177 s.), véritable axe structurant de son action.
er
Chapitre 1 - Action culturelle de l'Union européenne
re
Section 1 - Fondements de l'action culturelle de l'Union européenne
er
Art. 1 - Article 167 du TFUE : la compétence culturelle de l'Union
européenne
19. Il sera ici uniquement question des bases juridiques qui permettent à
l'Union de mener des politiques positives et non de celles contribuant à la
mise en œuvre du marché commun. Rappelons également qu'il ne sera ici
question que des fondements dont la proximité avec le domaine de la culture
est maximale.
20. Les articles 166 et 173 du TFUE portant respectivement sur la formation
professionnelle et l'industrie ont été employés pour fonder les programmes
os
MEDIA (V. infra, n 39 s. et 50 s.) à partir de la seconde mouture de ces
derniers. Ce dispositif vise à aider le secteur de l'audiovisuel à la fois en
matière de développement et de distribution des œuvres mais aussi au
niveau des personnels. À l'instar de l'article 167 du TFUE, ces deux
dispositions relèvent de la catégorie des compétences d'appui, de
complément et de coordination, celles où les prérogatives de l'Union sont les
plus faibles.
26. Le choix de la base juridique entre l'article 167 du TFUE et les autres
fondements possibles de l'action culturelle s'effectue selon les règles de droit
commun en la matière. Il doit donc reposer sur des critères objectifs, c'est-à-
dire se faire en fonction du but et du contenu de l'acte (CJCE, 11 juin 1991,
Commission c/ Conseil, aff. C-300/89 , Rec. I. 2867, affaire dite Dioxyde de
titane). S'appuyant sur ces éléments, la Cour utilise le critère du principal et
de l'accessoire pour retenir un fondement juridique. Des bases multiples sont
acceptées à titre exceptionnel si les différentes finalités et le contenu de
l'acte sont indissociablement liés à plusieurs fondements. Dans cette
hypothèse, il est cependant nécessaire que les processus décisionnels soient
identiques. Outre la théorie du principal et de l'accessoire, la Cour peut
également, selon une technique juridique bien connue, favoriser la lex
specialis sur la lex generalis (CJCE, 23 févr. 1988, Royaume-Uni c/ Conseil,
aff. 131/86, Rec. 905).
er
Art. 1 - Cohérence de l'action culturelle de l'Union européenne
30. La Cour accepte de se livrer à un contrôle des motifs d'un acte à l'aune
des dispositions de l'article 167, paragraphe 4, du TFUE. Comme elle
l'indique dans un arrêt du 23 février 1999 (CJCE, 23 févr. 1999, Parlement c/
Conseil, aff. C-42/97 , Rec. I. 869), il s'agit de vérifier que la prise en
compte des aspects culturels s'est bien matérialisée dans les motivations de
l'acte. En l'espèce, elle constate que « c'est donc à juste titre que le Conseil
en a tenu compte [des aspects culturels], conformément à l'article 128,
paragraphe 4, du traité, et a mentionné ces effets sur la culture dans
certains des considérants de la décision litigieuse ». La Cour se refuse à
juger l'opportunité de la mesure. Elle se contente d'un contrôle qui s'assimile
à celui de l'erreur manifeste d'appréciation. Ce contrôle peut cependant
s'avérer assez détaillé ainsi qu'en atteste un arrêt du 12 septembre 2006
o
portant sur la directive n 2001/29 harmonisant certains aspects du droit
d'auteur et des droits voisins dans la société de l'information (CJCE, 12 sept.
2006, Laserdisken, aff. C-479/04 , Rec. I. 8089). Le contrôle de la
motivation est identique pour la quasi-totalité des actes de l'Union. Il
er
s'applique donc aux programmes fondés sur l'article 167, paragraphe 1 , du
TFUE.
32. Si le contrôle effectué par la Cour s'avère assez faible, il faut cependant
constater qu'en pratique, les actes de l'Union ayant trait à la culture se
réfèrent de manière quasi-systématique aux dispositions de l'article 167,
paragraphe 4, du TFUE et s'efforcent de justifier que ces dernières soient
respectées.
er
§1 - Programmes culturels de l'Union
§ 2 - Interventions complémentaires
49. Comme précisé auparavant, il ne sera pas ici question de la totalité des
o
fondements listés par la Commission (V. supra, n 10). Rappelons que
l'ensemble des dispositifs intégrant une dimension culturelle est soumis au
os
respect de l'article 167, paragraphe 4, du TFUE (V. supra, n 29 s.). On se
concentrera sur ceux qui entretiennent les liens les plus étroits avec la
compétence culturelle : les programmes MEDIA et la politique de cohésion
économique et sociale, la plus importante pourvoyeuse de fonds pour la
culture.
ACTUALISATION
o
50. Le règlement n 1041/2009 est abrogé et remplacé par le règlement
établissant le programme « Europe créative » pour 2014-2020. Ce
règlement est en faveur des secteurs culturels et créatifs européens
o
(Règl. n 1295/2013 du Parlement européen et du Conseil, 11 déc. 2013,
o
JOUE, n L 347, 20 déc.).
er
§1 - Coopération culturelle extérieure
55. Elle concerne à la fois les relations avec les États tiers (V. infra,
os os
n 56 s.) et celles avec les organisations internationales (V. infra, n 62 s.).
56. D'après les chiffres avancés par la Commission, près de 100 millions
d'euros ont été consacrés à la coopération culturelle (Rapp. de la
Commission du 19 juill. 2007, préc., COM [2010] 390 final). Elle s'articule
autour de nombreux dispositifs.
57. Elle se réalise tout d'abord sous les auspices des programmes Culture.
Culture 2007-2013 est ainsi ouvert non seulement aux États membres mais
également à ceux de l'Espace économique européen (Islande, Liechtenstein,
Norvège) ainsi qu'à plusieurs autres États tiers : l'ancienne République
yougoslave de Macédoine, la Turquie, la Serbie, le Monténégro, la Bosnie-
Herzégovine et l'Albanie. L'action Capitale européenne de la culture a pu
ponctuellement bénéficier à des villes situées en dehors de l'Union telles que
Reykjavik (2000) ou Istanbul (2010).
58. Les instruments d'aide à l'adhésion tels que les programmes PHARE
(initialement Pologne Hongrie aide à la reconstruction économique), CARDS
(assistance communautaire pour la reconstruction, le développement et la
stabilité dans les Balkans), l'IAP (Instrument d'aide à la pré-adhésion) ou
encore l'EIDHR (European Instrument for Democracy and Human Rights) ont
pu être employés à des fins culturelles pour peu que celles-ci coïncident avec
les objectifs assignés à ces dispositifs. À titre d'exemple, la Turquie a
bénéficié d'une aide de 2,5 millions d'euros pour mettre en place un
programme destiné à promouvoir les droits culturels et qui consiste
notamment à diffuser dans les médias les différentes langues et dialectes
employés dans cet État. En Bosnie-Herzégovine, la mise en place d'une
télévision publique qui réponde aux normes européennes a également fait
l'objet d'une aide de l'Union. En Serbie, l'EIHDR a apporté son soutien à la
mise en place d'un projet promouvant le multiculturalisme. Grâce à CARDS,
l'Union a aussi contribué à un projet relatif à la protection des archives
cinématographiques de Yougoslavie.
59. Dans les relations entre l'Union européenne et les États du pourtour
méditerranéen, la culture constituait l'un des domaines de partenariat
identifié par la déclaration de Barcelone qui est à l'origine du processus
éponyme. Elle est également présente dans le cadre de l'Union pour la
Méditerranée. L'Union européenne a ainsi financé un projet intitulé
« Euromed héritage » qui vise à valoriser le patrimoine culturel et qui, depuis
sa naissance, en 1998, a bénéficié d'une dotation de 57 millions d'euros. Elle
a également mis en place un programme « Euromed audiovisuel » doté de
11 millions d'euros. Les partenaires de l'Union pour la Méditerranée sont
aussi à l'origine de la fondation euro-méditerranéenne Anna Lindh – du nom
de la ministre suédoise des affaires étrangères assassinée en 2003 – pour le
dialogue entre les cultures. Créée en 2005 et siégeant à Alexandrie, elle vise
à mettre en réseau des acteurs de la société civile œuvrant dans le sens du
dialogue interculturel et soutenir des projets et des programmes au service
de cette même fin.
61. La culture est intégrée au sein des relations entre l'Union européenne et
des États tiers autres que ceux visés par les politiques précédentes. Elle fait
ainsi partie d'un des quatre axes, désignés comme étant des « espaces
communs », qui composent le partenariat avec la Russie. Dans le cadre des
relations avec les États industrialisés comme les États-Unis et le Japon, les
relations culturelles se concrétisent principalement dans un ensemble
d'initiatives telles que l'organisation de festivals destinés à promouvoir la
culture européenne sur ces territoires. Au sein du dialogue Asie-Europe
(ASEM), la culture est une composante du troisième pilier de coopération.
Cette coopération s'est concrétisée par de nombreuses actions telles que des
séminaires, des échanges de personnes. Par ailleurs, le sommet d'Hanoï en
2004 a adopté une déclaration sur le dialogue des cultures et des
civilisations. La culture est également au nombre des domaines de
coopération au sein des relations bilatérales avec la Chine et l'Inde. 2012 a
d'ailleurs été choisie comme l'année du dialogue interculturel entre l'Union
européenne et la Chine. Un fonds destiné à la coopération culturelle avec
l'Inde a été mis en place en 2007. La coopération culturelle existe également
avec l'Amérique latine. L'Union a notamment participé au financement d'un
forum culturel mondial à Sao Paulo en 2004. Elle a également mis en place
un programme conjoint sur la culture avec le Brésil et a adopté une
déclaration commune avec le Mexique le 11 juin 2009. Enfin, elle figure en
bonne place au sein des relations avec les pays ACP (Afrique, Caraïbes,
Pacifique). L'article 27 de l'accord de Cotonou (Accord de partenariat
2000/483/CE entre les membres du groupe des États d'Afrique, des Caraïbes
et du Pacifique, d'une part, et la Communauté européenne et ses États
membres, d'autre part, signé à Cotonou le 23 juin 2000 – Protocoles – Acte
o
final – Déclarations, JOUE, n L 317, 15 déc. 2000) intitulé développement
culturel lui est consacré. Il prescrit notamment d'intégrer la dimension
culturelle à tous les niveaux de la coopération au développement, d'œuvrer
en faveur des valeurs, des identités, du dialogue, du patrimoine et des
industries culturelles.
63. L'UNESCO est une agence spécialisée des Nations unies qui a été créée
le 16 novembre 1945. Elle est la principale organisation internationale
compétente en matière de culture. La Communauté y siège en tant
qu'observateur. Le 20 octobre 2005, la Conférence générale de cette
institution a adopté l'importante Convention sur la protection et la promotion
de la diversité des expressions culturelles. Elle est en vigueur depuis le
18 mars 2007 et a permis à la diversité culturelle d'entrer de plain-pied dans
la légalité internationale. La Communauté a pris une part active dans
l'élaboration et l'adoption de la convention. Elle avait été appelée de ses
vœux par les ministres de la culture de l'Union européenne réunis à
Thessalonique en mai 2003. Ils avaient estimé que la préservation et la
promotion de la diversité culturelle nécessitaient des bases légales
appropriées et qu'elles pourraient être exprimées au niveau international
sous l'égide de l'UNESCO et sous la forme d'une convention multilatérale
(Communication de la Commission du 27 août 2003 au Conseil et au
Parlement européen « Vers un instrument international sur la diversité
culturelle », COM [2003] 520 final). Ils ont également souligné que l'OMC ne
saurait être le principal forum pour les politiques culturelles. La position
défendue par l'Union européenne lors des négociations se retrouve très
largement dans le texte final, texte qui a fait l'objet d'un véritable plébiscite
au sein de l'assemblée générale de l'UNESCO.
65. Sur le fond, le texte réaffirme le lien entre, d'une part, la diversité
culturelle et, d'autre part, les droits fondamentaux, notamment la liberté
d'expression et la démocratie. Il évoque l'importance du dialogue
interculturel. Pour ce qui est des objectifs poursuivis, la Convention vise
notamment à « reconnaître la nature spécifique des biens, activités et
services culturels en tant que porteurs d'identité, de valeurs et de sens »
(art. 1-g), à « faciliter l'élaboration et l'adoption de politiques culturelles et
de mesures appropriées pour la protection et la promotion de la diversité des
expressions culturelles » (art. 1-h) et à « encourager le dialogue entre les
cultures afin d'assurer des échanges culturels plus intenses et mieux
équilibrés dans le monde » (art. 1-c). Dans son article 4, le texte énonce un
ensemble de définitions des termes employés (diversité culturelle, contenu
culturel, expressions culturelles, activités, biens et services culturels…) qui
reposent, entre autres, sur le refus d'une réduction du culturel à
l'économique. Il est ainsi précisé que les activités, les biens et les services
culturels transmettent un sens symbolique distinct de toute valeur
commerciale qu'ils pourraient détenir. L'article 5 affirme le droit des États à
adopter des mesures destinées à protéger et promouvoir la diversité des
expressions culturelles sur leurs territoires, notamment les plus vulnérables
d'entre elles. Le texte donne des exemples : la plupart de ceux qui sont
envisagés contreviennent aux principes du libre-échangisme. Les États se
voient également imposer un ensemble d'obligations. Il est notamment
prévu qu'ils doivent offrir un cadre normatif favorable à l'expression
culturelle des individus ; promouvoir la sensibilisation et l'accès du public à la
culture et encourager la participation de la société civile. La mise en œuvre
de ces obligations s'accompagne d'une obligation d'information et de
transparence. Aux termes de l'article 12, les États s'engagent à favoriser une
coopération internationale en faveur du développement et de la protection de
la diversité culturelle afin d'atteindre un certain nombre d'objectifs énumérés
de manière non exhaustive. Enfin, la Convention insiste sur l'aide aux pays
en voie de développement, en transition ainsi qu'envers les pays les moins
avancés. Elle prévoit également l'établissement d'un observatoire de la
diversité culturelle.
A - Le GATT
B - Le GATS
75. Pour peu qu'un aspect économique soit présent, la culture entre dans le
champ d'application ratione materiae du marché commun. Le secteur culturel
os
est régi par des règles générales (V. infra, n 76 s.). Elles s'appliquent aux
différents domaines particuliers (biens culturels, audiovisuel…) qui
os
composent ce secteur (V. infra, n 94 s.).
re
Section 1 - Règles générales
os
76. Avant d'évoquer le contenu de ces règles (V. infra, n 86 s.), il est
nécessaire de déterminer leur champ d'application. En la matière, le droit de
l'Union n'opère aucune distinction en fonction de la présence ou non d'un
aspect culturel. Seule importe la correspondance entre le bien ou l'activité
concerné et les critères employés pour définir les notions économiques de
os
marchandise, de service, de travailleur ou d'entreprise (V. infra, n 77 s.)…
er
Art. 1 - Inclusion de la culture dans le champ d'application ratione
materiae du droit du marché commun
77. Dans son célèbre arrêt « œuvres d'art » du 10 décembre 1968 (CJCE,
10 déc. 1968, Commission c/ Italie, aff. 7/68, Rec. 617), la Cour a décidé
que les biens culturels étaient soumis à la libre circulation des marchandises.
La perception par l'Italie d'une taxe à l'exportation sur les objets présentant
un intérêt artistique, historique archéologique ou ethnographique est à
l'origine de cette affaire. La Commission, qui avait saisi la Cour, soutenait
que la taxe litigieuse était contraire à la libre circulation des marchandises
car elle constituait un droit de douane à l'exportation. L'Italie, pour sa part,
estimait que la notion de marchandises devait être entendue strictement et
ne concernait que les biens de consommation ou d'usage général et non les
œuvres d'art. Elle considérait donc que la taxe litigieuse n'entrait pas dans le
champ d'application de la libre circulation des marchandises. La Cour
tranchera en faveur de la Commission en définissant la notion de
marchandise comme « les produits appréciables en argent et susceptibles,
comme tels de former l'objet de transactions commerciales ». Concernant les
biens visés par la loi italienne, le juge communautaire prend soin de préciser
que les qualités qui les distinguent d'autres biens importent peu tant qu'ils
correspondent aux éléments de cette définition. Pierre Pescatore résume
ainsi la position de la Cour : « les œuvres d'art, en tant qu'elles ont une
valeur vénale et qu'elles font l'objet de transactions commerciales sont des
marchandises comme les autres » (PESCATORE, Le commerce de l'art et le
marché commun, RTD eur. 1985. 451 s.).
81. Les travailleurs qui œuvrent dans le domaine de la culture sont, à l'instar
de n'importe quel travailleur soumis aux règles de la libre circulation des
travailleurs (V. Travailleur : régime [Eur.]) ou à la liberté d'établissement
s'ils correspondent aux définitions employées par le droit de l'Union
(V. Établissement [Eur.]). Par exemple, s'ils sont salariés, les restaurateurs
d'œuvres d'art (CJCE, 8 juill. 1999, Fernández de Bobadilla, aff. C-234/97 ,
Rec. I. 4773), les architectes (CJCE, 14 juill. 1988, Commission c/ Grèce, aff.
38/87, Rec. 4415) ou encore les artistes (CJCE, 15 juin 2006, Commission c/
France, aff. C-255/04 , préc.) peuvent bénéficier des règles des articles 45
et suivants du TFUE. S'ils sont indépendants, ils bénéficieront de la liberté
d'établissement, comme ce fut par exemple le cas d'un artiste-peintre
allemand travaillant à Biarritz (CJCE, 18 juin 1985, Steinhauser c/ Ville de
Biarritz, aff. 197/84, Rec. 1819). La liberté d'établissement s'applique aussi
aux commerçants qui œuvrent dans le domaine culturel, à l'instar des
exploitants de salle de cinéma ou encore aux industries culturelles.
82. La culture peut bénéficier de la libre circulation des capitaux prévue aux
articles 63 et suivants du TFUE (V. Capitaux [Eur.]). Les flux financiers
peuvent être investis dans ce secteur mais ce n'est pas l'hypothèse visée ici.
Il s'agit des prêts à titre gratuit. Ces prêts concernent pour l'essentiel des
œuvres d'art et ont lieu entre musées. Moins nombreux que ceux à titre
onéreux et qui relèvent à l'évidence de la libre circulation des marchandises,
ils restent assez fréquents et prennent souvent la forme d'échanges
temporaires. Ils permettent aux visiteurs de découvrir de nouvelles œuvres.
Dans un arrêt du 26 avril 2012 (CJUE, 26 avr. 2012, Van Putten E.A., aff.
jointes C-578/10 à C-580/10, non encore publié au recueil), la Cour estime
qu'un prêt de voiture à titre gratuit entre dans le cadre de la liberté de
circulation des capitaux car il constitue un avantage économique déterminé.
Or dans la mesure où les œuvres d'art prêtées font généralement l'objet
d'une exposition et à ce titre sont susceptibles de représenter un avantage
économique déterminé, il n'y a aucune raison de ne pas leur appliquer cette
jurisprudence. Les prêts d'œuvre touchent aussi indirectement la libre
prestation de services dans la mesure où ils peuvent faire l'objet de contrats
d'assurances.
84. Dans le même ordre d'idée, une aide d'État qui répond aux éléments de
définition donnés par l'article 107 du TFUE est soumise aux dispositions de
celui-ci (V. Aides : notion [Eur.]). Il est donc nécessaire que la mesure
litigieuse affecte les échanges entre États membres, qu'elle soit accordée par
les États ou au moyen de ressources d'État sous quelque forme que ce soit et
qu'elle fausse ou menace de fausser la concurrence en favorisant certaines
entreprises ou certaines productions. Cette définition a par la suite été
précisée par la jurisprudence et la pratique de la Commission. Au stade de la
qualification, il importe peu que la mesure litigieuse possède des visées
culturelles.
85. Enfin, les règles relatives aux compensations pour obligations de service
public qui découlent de l'article 106, paragraphe 2, du TFUE (V. Service
public [Eur.]) peuvent bénéficier aux services publics nationaux qui
possèdent une dimension culturelle, comme par exemple les services de
radiodiffusion (V. not. Comm. de la Commission concernant l'application aux
services publics de radiodiffusion des règles relatives aux aides d'État, JOCE,
o
n C 320, 15 nov. 2001).
er
§1 - Soumission au droit commun
87. Les règles générales applicables au secteur culturel sont, en principe, les
mêmes que celles prévalant pour les autres secteurs. Les entraves aux
libertés de circulation dans le secteur culturel sont donc interdites et doivent
être éliminées. Les règles garantissant le maintien d'une concurrence libre et
non faussée s'appliqueront également au secteur culturel. Cela implique
aussi que les domaines couverts par le droit du marché commun puissent
faire l'objet de mesures d'harmonisation fondées sur les articles 114 et 115
du TFUE. Ce fut notamment le cas en matière de biens culturels ou encore
os
d'audiovisuel (V. infra, n 97 s. et 154 s.). Cela signifie enfin que les
dérogations à la prohibition des entraves peuvent profiter au secteur culturel.
Ces dernières appellent des développements spécifiques.
os
90. Elles concernent la question des aides (V. infra, n 91 s.) et des
o
dérogations jurisprudentielles aux libertés de circulation (V. infra, n 93).
92. Lorsqu'une aide en lien avec la culture n'entre pas dans le champ
d'application de l'article 107, paragraphe 3, d), du TFUE, elle peut cependant
toujours bénéficier des autres possibilités d'exemption offertes par le droit de
l'Union pour peu qu'elle réponde aux conditions posées. Un État pourra ainsi
se fonder sur les deuxième et troisième paragraphes de l'article 107 du
TFUE, sur le règlement général d'exemption par catégories (Règl.
o o
n 800/2008 de la Commission, 6 août 2008, JOUE, n L 214, 9 août,
déclarant certaines catégories d'aide compatibles avec le marché commun en
application des articles 87 et 88 du traité) ou encore sur le règlement dit de
o
minimis (Règl. n 1998/2006 de la Commission, 15 déc. 2006, JOUE,
o
n L 379, 28 déc., concernant l'application des articles 87 et 88 du traité aux
aides de minimis). En substance, ce dernier texte autorise les États à verser
des aides d'un montant inférieur à 200 000 euros sur une période de trois
ans. Il est donc particulièrement intéressant pour les aides en lien avec la
culture dans la mesure où elles sont fréquemment d'un faible niveau. Par
ailleurs, la France a plaidé pour l'intégration en bloc de la culture dans un
règlement général d'exemption mais sans succès à ce jour.
93. Elle n'est pas explicitement revendiquée. Pour autant, elle découle
clairement de la jurisprudence. Cette spécificité réside dans l'acceptation des
discriminations indirectes. Rappelons que dans son arrêt Sotgiu du 12 février
1974 (CJCE, 12 févr. 1974, Sotgiu c/ Deutsche Bundespost, aff. 152/73,
Rec. 153), la Cour juge que sont prohibées « non seulement les
discriminations ostensibles, fondées sur la nationalité, mais encore toutes
formes dissimulées de discrimination qui par application d'autres critères de
distinction aboutissent en fait au même résultat ». La juridiction
communautaire censure ainsi les mesures nationales qui apparaissent
neutres mais qui, en réalité, touchent principalement les ressortissants des
autres États. Or, de ce point de vue, la culture semble bel et bien faire
exception. Les discriminations fondées sur des critères linguistiques sont en
effet généralement jugées conformes au droit du marché commun (V. infra,
os
n 169 s.), comme ce fut le cas dans les arrêts Groener (CJCE, 28 nov.
1989, Groener c/ Minister for Education and City of Dublin Vocational
Education Committee, aff. C-379/87 , Rec. 3967) et UTECA (CJCE, 5 mars
2009, UTECA, aff. C-222/07 , Rec. I. 1407). Pourtant, de telles mesures
sont, de fait, de nature à avantager les ressortissants de l'État en cause et ce
d'autant plus quand la langue concernée est peu répandue. Il semble
cependant difficile de condamner l'utilisation de tels critères. Cela
reviendrait, en matière culturelle et linguistique, à empêcher les États de
défendre leurs spécificités. Toutefois, la Cour continue à censurer des
mesures qui, pour défendre le ou les idiomes nationaux, exigent que le
locuteur ou l'œuvre possède la nationalité de l'État en question (CJCE, 4 mai
1993, Distribuidores Cinematogràficos, aff. C-17/92 , Rec. I. 2239).
94. Les règles qui viennent d'être étudiées s'appliquent aux différents
domaines composant le secteur culturel. Quatre grands ensembles peuvent
être identifiés. Il s'agit des biens et du patrimoine culturel (V. infra,
os os
n 95 s.), de l'audiovisuel et du cinéma (V. infra, n 135 s.) des artistes
os
(V. infra, n 160 s.) et, enfin, de la défense des identités (V. infra,
os
n 166 s.). La question des droits d'auteurs est particulièrement importante
à la fois pour les auteurs et les distributeurs. Toutefois, elle ne sera pas
traitée ici. Elle appelle en effet des développements dont l'ampleur dépasse
l'espace de ce document. Elle fait en outre l'objet d'une rubrique particulière
(V. Droit d'auteur [Eur.]).
er
Art. 1 - Biens et patrimoine culturel
er
§1 - Biens culturels
97. Le commerce illicite des biens culturels constitue l'un des grands trafics
mondiaux avec celui des armes et de la drogue. Il touche particulièrement
l'Union européenne et l'abolition des frontières internes a accru les
opportunités pour les délinquants. Par conséquent, les institutions ont adopté
des textes afin de renforcer la protection de ces biens.
99. Elle est valable dans toute l'Union et ne peut être refusée que pour les
os
biens relevant de l'article 36 du TFUE (V. infra, n 126 s.). Elle peut ne pas
être obligatoire pour les biens listés par les deux premiers tirets du point A.1
de l'annexe du règlement du 18 décembre 2008 lorsqu'ils offrent un intérêt
archéologique ou scientifique limité et à condition qu'ils ne soient pas le
produit direct de fouilles, de découvertes et de sites archéologiques dans un
État membre, et que leur présence sur le marché soit légale. Enfin, les États
doivent mettre en place des sanctions suffisantes en cas d'infraction au
texte.
100. Le second texte porte sur la restitution des biens culturels ayant quitté
o
illicitement le territoire d'un État membre. Il s'agit de la directive n 93/7 en
o
date du 15 mars 1993 (Direct. n 93/7 du Conseil, 15 mars 1993, JOCE,
o
n L 74, 27 mars, relative à la restitution de biens culturels ayant quitté
illicitement le territoire d'un État membre). Elle prévoit que l'ordre juridique
de chaque État doit inclure une procédure en restitution et elle encadre cette
procédure. Les États doivent également désigner une ou plusieurs autorités
chargées d'exercer les fonctions prévues par la directive.
101. Au sens de cette dernière, les biens culturels sont ceux relevant de
os
l'article 36 du TFUE (V. infra, n 126 s.), ceux mentionnés dans son annexe
et ceux appartenant à des collections publiques figurant sur les inventaires
des musées, archives et fonds des bibliothèques ainsi que ceux figurant sur
les inventaires des institutions ecclésiastiques. Il est cependant permis aux
États membres d'étendre les obligations de restitution qui pèsent sur eux à
d'autres catégories de biens culturels que ceux visés à l'annexe.
102. Les autorités désignées par les États sont, entre autres, chargées sur
demande d'un État requérant de rechercher un bien culturel déterminé ayant
quitté illicitement le territoire et l'identité du possesseur et/ou détenteur.
Elles doivent également notifier aux États membres concernés la découverte
de biens culturels sur leur territoire et les motifs raisonnables de présumer
que lesdits biens ont quitté illicitement le territoire d'un autre État membre.
Il leur appartient également, grâce à l'adoption de mesures conservatoires,
d'éviter que le bien concerné puisse être soustrait à la procédure de
restitution. Enfin, elles doivent coopérer entre elles.
B - Le livre
105. De manière générale, la protection du livre en tant que bien culturel est
qualifiée d'exigence impérative, ce qui est susceptible de justifier des
réglementations nationales qui, à l'instar de la loi Lang, instaurent un prix
unique du livre (CJCE, 30 avr. 2009, Fachverband der Buch- und
Medienwirtschaft, aff. C-531/07, Rec. I. 3717).
107. Plusieurs États membres ont mis en place des systèmes de prix unique
du livre. Pour leurs partisans, ces mesures protègent les petits libraires et
permettent donc le maintien d'un réseau de distribution pluraliste. En outre,
elles permettent de favoriser la diffusion d'ouvrages exigeants et diversifiés,
ce que le libre jeu du marché paraît ne pouvoir faire que difficilement. La
liberté des États est cependant loin d'être complète.
112. L'accord entre les éditeurs et libraires de Belgique et des Pays-Bas, dit
accord VBVB et VBBB a été le premier à voir examiner sa conformité avec cet
article. Il reposait sur deux piliers : un système d'exclusivité et un système
de prix imposé. Le premier comportait une interdiction d'acheter ou de
détenir des livres édités par un éditeur non agréé dans l'autre pays ou d'en
encourager la vente. Le second obligeait les éditeurs des deux États à fixer
un prix unique de vente au détail de leurs publications. Cet accord visait à
préserver et à promouvoir dans le secteur du livre une offre diversifiée tant
du point de vue des produits (les livres), des distributeurs (libraires) que des
producteurs (éditeurs). Ce n'est que 19 ans après la notification que la
Commission s'avisa qu'il pouvait y avoir une violation du droit de la
o
concurrence. Dans une décision du 25 novembre 1981 (Décis. n 82/123 de
o
la Commission, 25 nov. 1981, JOCE, n L 54, 25 févr. 1982, relative à une
procédure d'application de l'article 85 du Traité CEE [IV/428 - VBBB/VBVB]),
elle considéra que cet accord constituait une entente. Pour elle, la clause
d'exclusivité réduit la concurrence car les éditeurs agréés ne peuvent traiter
qu'entre eux. Quant à la clause de fixation des prix, la Commission estime
qu'elle réduit également la concurrence dans la mesure où elle exclut toute
compétition au niveau des prix entre les libraires. Par ailleurs, elle décide que
l'accord ne pouvait pas être racheté sur la base du paragraphe 3 de l'actuel
article 101 du TFUE. Pour la Commission, l'accord nuit à l'efficacité
économique du secteur du livre ainsi qu'aux intérêts des consommateurs. De
plus, selon elle, il ne se révèle pas indispensable afin d'atteindre les objectifs
poursuivis. Certes, « la Commission reconnaît […] le rôle important du livre
comme support culturel parmi d'autres, par exemple le théâtre, la musique,
le cinéma, la peinture. Elle partage l'opinion des parties qu'il faut éviter que
des livres présentant une valeur culturelle cessent d'être édités, mais elle est
d'avis que cela n'exige pas un système collectif de prix imposés pour toutes
les catégories de livres dans le commerce entre deux États membres. Il y a
d'autres solutions qui ne nuiraient pas au rôle du livre en tant que support
culturel, mais qui seraient plus conformes aux règles de concurrence du
traité CEE ». Si la Commission reconnaît la dimension culturelle des livres,
son analyse ne laisse pas apparaître une quelconque sensibilité aux
spécificités de ce marché. Il est tout simplement assimilé à n'importe quel
autre. C'est d'ailleurs ce que reprochèrent à la décision de la Commission les
associations à l'origine de l'accord. En conséquence, elles introduisirent
devant la Cour un recours à l'encontre de cette décision. Une démarche
vaine puisque, dans son arrêt du 17 janvier 1984, les juges se prononcèrent
également contre l'accord litigieux (CJCE, 17 janv. 1984, VBVB et VBBB
c/ Commission, aff. jointes 43 et 63/82, Rec. 19). En réponse à un argument
des parties, ils ajouteront que « le fait de soumettre la production et le
commerce de livres à des règles dont le seul objectif est d'assurer la liberté
des échanges entre États membres dans les conditions normales de
concurrence, n'est pas de nature à restreindre la liberté de publication ». Les
atteintes susceptibles d'être portées de fait au secteur de l'édition par une
libre concurrence sur les prix rendent discutable une telle conclusion.
117. Un tel choix prête le flanc à la critique. Qu'il soit appliqué au secteur de
l'édition ou, plus largement, aux industries culturelles et à la presse, le
contrôle des concentrations s'avère incapable de prendre en compte certains
risques pesant sur le maintien du pluralisme et la démocratie. Il repose sur la
détermination des marchés sur lesquels opèrent les acteurs économiques.
Par exemple et schématiquement, le marché de la presse quotidienne n'est
pas identique à celui des hebdomadaires qui lui-même diffère de l'édition
d'ouvrages à destination du grand public ou d'ouvrages plus exigeants. Ils ne
sont également pas comparables au marché de la production et de la
distribution audiovisuelle ou encore des émissions radiophoniques. Une
concentration ne doit pas créer ou renforcer de positions dominantes sur un
ou plusieurs marchés. Chaque marché est en principe examiné séparément.
Or, il est tout à fait envisageable qu'un faible nombre d'entités soit en
position oligopolistique sur l'ensemble de ces marchés sans en dominer un
seul. En l'état actuel, le système européen de contrôle des concentrations
s'avère donc juridiquement incapable de lutter contre un tel phénomène qui
aboutit à laisser des pans entiers de l'industrie médiatique entre les mains
d'un faible nombre d'acteurs. Pourtant une telle situation conduit à ce que les
informations reçues par le public proviennent majoritairement d'un très faible
nombre de sources, ce qui est pour le moins préoccupant.
120. Enfin, le secteur de l'édition peut également bénéficier d'un autre type
d'aide, qui ne revêt cependant pas la forme d'une aide d'État au sens de
l'article 107 du TFUE. La fourniture de livres peut en effet être assujettie à un
os
taux réduit de TVA (V. infra, n 121 s.). Cette question s'insère dans la
problématique plus générale de la fiscalité des biens culturels.
C - Fiscalité des biens culturels
ACTUALISATION
121. TVA et égalité de traitement sur les ouvrages numériques. -
Le principe d'égalité de traitement ne s'oppose pas à ce que les livres,
les journaux et les périodiques numériques fournis par voie électronique
soient exclus de l'application d'un taux réduit de TVA (CJUE, 7 mars
2017, Rzecznik Praw Obywatelskich [RPO], aff. C-390/15).
122. Son article 103 offre aux États membres la possibilité de mettre en
place des taux réduits pour les importations d'objets d'art, de collection ou
d'antiquité. Ces biens sont définis à l'annexe IX de la directive. Les taux
o
réduits peuvent être appliqués : 1 aux livraisons d'objets d'art effectuées
o
par leur auteur ou par ses ayants droit et 2 aux livraisons d'objets d'art
effectuées à titre occasionnel par un assujetti autre qu'un assujetti-
revendeur, lorsque les objets d'art ont été importés par cet assujetti lui-
même ou qu'ils lui ont été livrés par leur auteur ou par ses ayants droit ou
qu'ils lui ont ouvert droit à déduction totale de la TVA. Ces possibilités
permettent, d'une part, de favoriser la circulation des objets d'art et, d'autre
part, d'attirer plus facilement ceux en provenance des pays tiers dans un
État et, plus généralement, dans le marché européen des œuvres d'art. Le
dispositif vise à dynamiser le marché européen de l'art. Cet enjeu est
d'autant plus important que ce marché, qui était le premier au monde, a fini
par être supplanté par celui des États-Unis.
123. Lorsqu'elles sont effectuées par des organismes de droit public ou par
d'autres organismes culturels reconnus par l'État membre concerné, l'article
132 de la directive prévoit une exonération de la TVA au bénéfice de
certaines prestations de services culturels, ainsi que des livraisons de biens
qui leur sont étroitement liées. Il s'agit ici de favoriser des activités d'intérêt
général liées à la culture en n'ajoutant pas de charges supplémentaires pour
les entités concernées. Dans un arrêt du 7 mars 2002 (CJCE, 7 mars 2002,
Commission c/ Finlande, aff. C-169/00 , Rec. I. 2433), la Cour a précisé
que cette disposition, ou plus exactement son équivalent à l'époque de
l'affaire, était, comme toute dérogation, d'interprétation stricte.
Contrairement à ce qu'avait prévu la Finlande, cette exception ne pouvait
donc bénéficier à la vente d'un objet d'art réalisée par son auteur,
directement ou par l'intermédiaire d'un agent, ainsi que l'importation d'une
œuvre d'art par le propriétaire-auteur.
125. Le droit de l'Union permet aux États non seulement de préserver leurs
os
trésors nationaux (V. infra, n 126 s.) mais aussi, plus largement, de
os
protéger leur patrimoine (V. infra, n 128 s.) et d'apporter des aides
financières à sa conservation et notamment aux musées (V. infra,
os
n 131 s.). Cette action est encadrée par le droit de l'Union qui veille à ce
qu'elle ne remette pas en cause les objectifs liés à la construction d'un
espace commun.
127. Le droit français a fait le choix d'une lecture ouverte de la notion. Selon
le commissaire du Gouvernement J. Khan, dans ses conclusions sous un
arrêt du Conseil d'État du 12 décembre 1969, Hélie de Talleyrand-Périgord
(CE, 12 déc. 1969, Hélie de Talleyrand-Périgord, Lebon 574 ; AJDA 1970. 34,
concl. Kahn ; JCP 1972. II. 17105, note Mesnard) : « ce qui fait l'intérêt
national d'un ouvrage ou d'une entreprise, c'est, bien plus que la nationalité
de son auteur, l'intérêt que lui porte ou qu'est supposé lui porter la nation.
Les deux choses certes, sont parfois liées… mais elles ne le sont pas d'une
manière assez étroite, assez rigide pour que l'origine de l'œuvre d'art soit
davantage qu'un simple élément de fait dans l'appréciation de l'intérêt qu'elle
présente pour le public ou pour la nation ». Ainsi, une jarre chinoise de
l'époque Yuan a pu être considérée comme un trésor national (CE, 7 oct.
os o
1987, Consorts Genty, req. n 69141 et 80451, Dr. adm. 1987, n 579 ;
AJDA 1987. 768, chron. Azibert et de Boisdeffre, p. 720 ; D. 1988. 269 ; LPA
18 déc. 1987, p. 4, note Moderne) de même qu'un tableau peint en France
par un artiste étranger qui n'était autre que Vincent Van Gogh (CE, 31 juill.
os
1992, Jacques Walter, req. n 111758 , 120276 et 120294, RFDA
1994. 259, note Poli ; JCP 1993. II. 22044, note Brichet).
129. En matière d'accès aux musées, les États ne peuvent pratiquer des
tarifs différenciés en fonction de la nationalité ou de l'État de résidence des
visiteurs. La Cour a ainsi censuré une mesure italienne qui réservait des
avantages tarifaires aux seuls ressortissants italiens ou aux seuls résidents
âgés de plus de 60 ou 65 ans, et excluait de tels avantages les touristes
ressortissants des autres États membres ou les non-résidents de la même
tranche d'âge (CJCE, 16 janv. 2003, Commission c/ Italie, aff. C-388/01 ,
Rec. I. 721). Une mesure espagnole prévoyant la gratuité notamment pour
les ressortissants espagnols et les étrangers résidant dans le Royaume a
connu le même sort (CJCE, 15 mars 1994, Commission c/ Espagne, aff. C-
45/93 , Rec. I. 911).
130. Pour terminer sur cette question, rappelons que, sur le fondement de
o
l'article 98 de la directive du 28 novembre 2006 (Direct. n 2006/112 du
Conseil, 28 nov. 2006, relative au système commun de taxe sur la valeur
ajoutée, préc.), les États peuvent instaurer des taux de TVA réduits sur les
droits d'admission aux musées et notamment aux établissements culturels
o
(V. supra, n 124).
er
§1 - Application de la libre circulation et de la libre concurrence
A - Libre circulation
139. La Cour a jugé illégale une réglementation belge qui instaurait une taxe
sur les antennes paraboliques et qui ne pesait pas sur les émissions
transmises par câble. Elle en a conclu qu'une telle taxe est de nature à gêner
davantage les activités des opérateurs actifs dans le domaine de la
transmission télévisuelle établis dans d'autres États membres tandis qu'elle
assure un avantage aux activités internes à la Belgique (CJCE, 29 nov. 2001,
De Coster, aff. C-17/00 , Rec. I. 9445).
144. Les juges se sont également intéressés à une législation belge qui
imposait aux cablôdistributeurs actifs sur son territoire de diffuser certains
programmes émis par des organismes privés de radiodiffusion relevant des
pouvoirs publics nationaux. La mesure visait à préserver le caractère
pluraliste de l'offre des programmes de télévision dans la région bilingue de
Bruxelles-capitale. La Cour reconnaît là aussi la légitimité de l'objectif
poursuivi. Elle précise cependant que la mesure ne sera proportionnée que si
le choix des organismes qui vont produire les programmes bénéficiant d'une
obligation de diffusion repose sur une procédure transparente fondée sur des
critères objectifs, non discriminatoires et connus à l'avance. Elle cherche
ainsi à éviter que les autorités nationales ne puissent remettre en cause une
liberté communautaire, ici l'actuel article 56 du TFUE, de manière
discrétionnaire (CJCE, 13 déc. 2007, United Pan-Europe Communications
Belgium E.A., aff. C-250/06, Rec. I. 11135). Par la suite, la Cour a été
conduite à réexaminer la mesure litigieuse dans le cadre d'un recours en
manquement (CJUE, 3 mars 2011, Commission c/ Belgique, aff. C-134/10 ,
Rec. I. 1053). Elle a décidé que le texte ne répondait pas aux critères qu'elle
avait fixés et, qu'en outre, il contrevenait au principe de transparence au
er o
sens de l'article 31, paragraphe 1 , de la directive n 2002/22 (Direct.
o
n 2002/22 du Parlement européen et du Conseil, 7 mars 2002, JOCE,
o
n L 108, 24 avr., concernant le service universel et les droits des utilisateurs
au regard des réseaux et services de communications électroniques).
ACTUALISATION
144. Directive « service universel ». - Selon la directive
o
n 2002/22/CE, les États membres doivent assurer le raccordement, en
position déterminée, à un réseau de communications public. Cette
obligation exclut les services de communications mobiles ainsi que les
services d'abonnements internet fournis au moyen des services de
communication mobiles. La Cour juge que les termes « en position
déterminée » s'opposent au terme « mobile » (CJUE, 11 juin 2015, Base
Company NV et Mobistar NV c/ Ministerraad, aff. C-1/14, D. 2015.
1321 ; Dalloz actualité, 9 juill. 2015, obs. T. S.).
Initiative citoyenne européenne (ICE) Le Tribunal de l'Union, par un
arrêt rendu le 10 mai 2016, confirme le refus d'enregistrement d'une ICE
relative à la politique de cohésion en faveur des minorités nationales
(Trib. UE, 10 mai 2016, Balazs-Arpad Izsak et Attila Dabis c/
Commission, aff. T-529/13, Dalloz actualité, 2 juin 2016, obs. E. Autier).
B - Libre concurrence
1° - Aides
147. De nombreux États ont mis en place des systèmes d'aide à leur
cinématographie nationale ou à l'audiovisuel. En la matière, la France fait
d'ailleurs véritablement figure de paradigme. La Commission a tenu compte
des enjeux culturels et a adopté une attitude compréhensive à l'égard de ce
type d'aide. Dans une communication du 26 septembre 2001 consacrée à
cette catégorie d'aide (Communication de la Commission au Conseil et au
Parlement européen, au Comité économique et social et au Comité des
régions concernant certains aspects juridiques liés aux œuvres
cinématographiques et autres œuvres audiovisuelles, 26 sept. 2001, COM
[2001] 534 final), elle reconnaît que « l'encouragement de la production
audiovisuelle [qui comprend ici le septième art] par les États membres joue
un rôle clé pour assurer que leur propre culture et leur capacité créatrice
puissent trouver à s'exprimer, reflétant ainsi la diversité et la richesse de la
culture européenne ». Puis le texte précise les lignes directrices présidant à
l'appréciation des aides. La Commission commence par examiner leur
conformité à la légalité générale de l'Union européenne. Les dispositifs
doivent respecter les principes du Traité, notamment l'interdiction des
discriminations. Elle vérifie ensuite si les critères qu'elle avait déjà énoncés
dans une décision du 3 juin 1998 relative au régime français d'aide
automatique (Décis. de la Commission, 3 juin 1998, telle que modifiée le
29 juillet 2008, relative au soutien français à la production
o
cinématographique, aide N 3/98, JOCE, n C 279, 8 sept.) sont remplis. Ils
o
s'organisent autour de quatre éléments : 1 le caractère culturel de l'œuvre,
o
déterminé selon des critères nationaux vérifiables ; 2 les conditions de
territorialisation ne doivent pas porter sur plus de 80 % du budget du film ;
o
3 l'intensité de l'aide doit en principe être limitée à 50 % du budget de
production afin de stimuler les incitations commerciales propres à une
économie de marché et d'éviter la surenchère entre États membres, les films
o
difficiles et à petit budget sont toutefois exemptés de cette limite ; 4 les
suppléments d'aide pour certaines activités spécifiques (la postproduction
par exemple) doivent être évités afin de garantir que l'aide ait un effet
neutre et par conséquent que l'effet de protection/d'attraction de ces
activités spécifiques soit évité. Ces critères laissent aux États une marge de
manœuvre appréciable et témoignent du souci de permettre la promotion
des industries audiovisuelles et cinématographiques nationales. S'il était
prévu de revenir sur ces critères à partir de 2007, ils restent cependant
inchangés à ce jour (V. Communication de la Commission concernant la
prolongation de la validité de la communication sur le suivi de la
communication de la Commission concernant certains aspects juridiques liés
aux œuvres cinématographiques et autres œuvres audiovisuelles
o
[Communication cinéma] du 26 sept. 2001, JOUE, n C 134, 16 juin 2007 et
o
JOUE, n C 31, 7 févr. 2009).
149. Des systèmes d'aides peuvent également être instaurés pour soutenir
les services publics de radiodiffusion. La bienveillance est également de mise,
o os
elle est d'ailleurs prescrite par le protocole n 29 (V. supra, n 145 s.). La
Commission a systématisé sa pratique dans plusieurs communications dont
la plus récente date de 2009 (Communication de la Commission concernant
l'application aux services publics de radiodiffusion des règles relatives aux
o
aides d'État, JOUE, n C 257, 27 oct. 2009, p. 1-14). Ces aides peuvent
profiter des dispositions de l'actuel article 107, paragraphe 3, d) (V. supra,
os
n 91 s.). Il faut cependant qu'elles concernent une mission spécifiquement
culturelle (Aide NN 70/98). On retrouve une exigence similaire pour les
os
autres domaines culturels (V. supra, n 118 s. et 131 s.). La Commission a
précisé que la dérogation culturelle ne peut être appliquée que lorsque le
produit est clairement identifié ou identifiable (Aide NN 70/98). La notion de
culture doit être appliquée à la nature du produit en question et non au
support utilisé ou à sa distribution en elle-même (Aide N 458/2004). Les
besoins éducatifs et démocratiques des sociétés des États membres sont par
ailleurs considérés comme n'entrant pas dans le champ de cette dérogation
(Aide NN 70/98). Dans les faits, les aides en faveur des diffuseurs n'opèrent
que très rarement de distinction entre ces besoins et l'aspect strictement
culturel. Elles ne profitent donc généralement pas de cette dérogation.
2° - Concentrations
151. Une règle particulière s'applique aux concentrations touchant aux
o
médias. Le règlement relatif aux concentrations (Règl. n 139/2004 du
o
Conseil, 20 janv. 2004, JOUE, n L 24, 29 janv., relatif au contrôle des
concentrations entre entreprises) prévoit en la matière une réserve de
compétence au bénéfice des États. En principe, la Commission dispose de la
compétence exclusive pour arrêter les décisions concernant les
concentrations entrant dans le champ d'application du droit de l'Union.
Toutefois, l'article 21 prévoit que « les États membres peuvent prendre les
mesures appropriées pour assurer la protection d'intérêts légitimes autres
que ceux qui sont pris en considération par le présent règlement et
compatibles avec les principes généraux et les autres dispositions du droit
communautaire ». Parmi ces intérêts légitimes figure, entre autres, la
préservation de la pluralité des médias.
§ 2 - Harmonisations
153. Le septième art a été le premier secteur lié à l'audiovisuel à faire l'objet
d'une harmonisation. Quatre directives ont été adoptées entre 1963 et 1970.
Elles ont pour objectif d'accélérer l'intégration économique de ce secteur en
éliminant les entraves spécifiques au milieu du cinéma. La première directive
s'intéresse à l'application de la libre prestation de services aux films (Direct.
o o
n 63/607 du Conseil, 15 oct. 1963, JOCE, n 159, 2 nov. 1963, en vue de la
mise en œuvre des dispositions du Programme général pour la suppression
des restrictions à la libre prestation des services en matière de
cinématographie) et les suivantes à la suppression des restrictions à la
liberté d'établissement et à la libre prestation de services pour les personnes
o o
(Direct. n 65/264 du Conseil, 13 mai 1965, JOCE, n L 85, 19 mai 1965, en
vue de la mise en œuvre des dispositions des programmes généraux pour la
suppression des restrictions à la liberté d'établissement et à la libre
o
prestation des services en matière de cinématographie. – Direct. n 68/369
o
du Conseil, 15 oct. 1968, JOCE, n L 260, 22 oct., concernant la réalisation
de la liberté d'établissement pour les activités non salariées de distribution
o o
de films. – Direct. n 70/451 du Conseil, 29 sept. 1970, JOCE, n L 218,
3 oct., concernant la réalisation de la liberté d'établissement et de la libre
prestation des services pour les activités non salariées de production de
films). Ces directives ont été abrogées par les directives du 7 juin 1999
o
(Direct. n 1999/42 du Parlement européen et du Conseil, 7 juin 1999, JOCE,
o
n L 201, 31 juill., instituant un mécanisme de reconnaissance des diplômes
pour les activités professionnelles couvertes par les directives de
libéralisation et portant mesures transitoires, et complétant le système
général de reconnaissance des diplômes) et du 7 septembre 2005 (Direct.
o
n 2005/36 du Parlement européen et du Conseil, 7 sept. 2005, JOUE,
o
n L 255, 30 sept., relative à la reconnaissance des qualifications
professionnelles).
154. Par la suite, c'est le secteur de l'audiovisuel proprement dit qui a connu
une harmonisation avec les très importantes directives dites « TSF » (pour
Télévision sans frontières), puis « SMA » (pour Services de médias
o
audiovisuels). La première est adoptée en 1989 (Direct. n 89/552 du
o
Conseil, 3 oct. 1989, JOCE, n L 298, 17 oct., visant à la coordination de
certaines dispositions législatives, réglementaires et administratives des
États membres relatives à l'exercice d'activités de radiodiffusion télévisuelle).
Il s'agit à la fois de supprimer les entraves et d'adopter des règles
communes dans le domaine de la radiodiffusion télévisuelle. Elle est modifiée
o
par une deuxième directive en date du 30 juin 1997 (Direct. n 97/36 du
o
Parlement européen et du Conseil, 30 juin 1997, JOCE, n L 202, 30 juill.
o
1997, modifiant la directive n 89/552 du Conseil visant à la coordination de
certaines dispositions législatives, réglementaires et administratives des
États membres relatives à l'exercice d'activités de radiodiffusion télévisuelle).
Le 11 décembre 2007, les autorités communautaires édictent un nouveau
o
texte (Direct. n 2007/65 du Parlement européen et Conseil, 11 déc. 2007,
o o
JOUE, n L 332, 18 déc., modifiant la directive n 89/552 du Conseil visant à
la coordination de certaines dispositions législatives, réglementaires et
administratives des États membres relatives à l'exercice d'activités de
radiodiffusion télévisuelle). Il est désormais question de directive « SMA »
(V. Audiovisuel [Eur.]). Ce changement terminologique traduit la volonté de
prendre en compte les transformations technologiques. Ces services sont
définis comme ceux qui relèvent « de la responsabilité éditoriale d'un
fournisseur de services de médias et dont l'objet principal est la fourniture de
programmes dans le but d'informer, de divertir ou d'éduquer le grand
public ». Il s'agit soit d'une émission télévisée, soit d'un service de médias
audiovisuels à la demande et/ou encore d'une communication commerciale
audiovisuelle. Le medium employé, câble, internet, satellite, etc., n'importe
pas.
156. Les États d'accueil ne sont cependant pas dépourvus de toute marge de
manœuvre. Ils peuvent en effet s'opposer à la transmission d'une émission à
condition de respecter le cadre énoncé aux paragraphes 4, 5 et 6 de l'article
2 bis de la directive du 11 décembre 2007 (préc.). Il faut tout d'abord que le
service visé porte atteinte ou présente un risque sérieux et grave d'atteinte à
l'un des objectifs énumérés par le texte : ordre public (en particulier la
prévention et les enquêtes et poursuites en matière d'infractions pénales,
notamment la protection des mineurs et la lutte contre l'incitation à la haine
fondée sur la race, le sexe, la religion ou la nationalité et contre les atteintes
à la dignité de la personne humaine), santé publique, sécurité publique et
protection des consommateurs. La mesure nationale doit également s'avérer
nécessaire et proportionnée. Sauf en cas d'urgence, l'État qui désire adopter
la mesure restrictive doit préalablement demander à l'État d'origine de
prendre des mesures contre le service litigieux. En l'absence de réaction
satisfaisante de ce dernier, l'État d'accueil peut alors adopter ses propres
mesures à condition qu'il en notifie préalablement le contenu à l'État
d'origine et à la Commission. Par ailleurs, les États restent libres d'imposer
des règles de diffusion plus strictes aux organismes nationaux ou aux
émissions exclusivement destinées à leur territoire, par exemple en
interdisant la publicité en faveur du secteur de la distribution (CJCE, 9 févr.
1995, Leclerc-Siplec, aff. C-412/93 , Rec. I. 179). Il a également été admis
qu'ils puissent prendre des mesures à l'encontre de la publicité trompeuse à
condition que cela n'empêche pas la retransmission sur leur territoire des
émissions en provenance des autres États (CJCE, 9 juill. 1997, De Agostini et
TV-Shop, aff. jointes C-34/95 et autres, Rec. I. 3843).
159. Enfin, la directive SMA octroie des droits au public. L'article 3 bis
prévoit que les fournisseurs de services puissent être facilement identifiés et
que leurs coordonnés soient accessibles. L'article 3 duodecies instaure
également un droit aux brefs reportages d'actualité pour les événements
d'un grand intérêt public. Il s'agit d'éviter que l'existence de droits exclusifs
n'entraîne une restriction trop grande du droit à l'information.
160. Suivant qu'ils soient ou non salariés, les artistes peuvent bénéficier de
la libre circulation des travailleurs ou de la liberté d'établissement (V. supra,
o
n 81). Leurs prestations ponctuelles relèvent de la libre prestation de
o
services (V. supra, n 80). Cela implique notamment que les États et bien
entendu leurs collectivités ne puissent réserver à leurs nationaux la
participation à des marchés publics liés à la culture, en l'espèce et
notamment la location d'un local pour vendre des œuvres (CJCE, 18 juin
1985, Steinhauser c/ Ville de Biarritz, aff. 197/84, Rec. 1819).
162. Les règles liées aux bureaux de placement ont également dû être
modifiées du fait du droit de l'Union. La France exige la possession d'une
licence pour ce type d'activité. Elle est le dernier État à avoir maintenu cette
pratique. Aux termes d'un arrêt du 18 janvier 1979 (CJCE, 18 janv. 1979,
Ministère public et autres c/ Van Wesemael, aff. jointes 110 et 111/78,
Rec. 35), la Cour a jugé que pour être légale, une telle réglementation ne
doit pas imposer aux bureaux originaires d'un autre État membre la
possession d'une licence nationale ou d'un titre national équivalent. Elle ne
doit pas non plus obliger ces bureaux à passer par un bureau national
titulaire d'une licence. Dans une jurisprudence ultérieure (CJCE, 15 juin
2006, Commission c/ France, préc.), les juges de Luxembourg ont estimé
que la disposition qui, en France, soumettait la délivrance d'une licence à la
nécessité de répondre aux besoins de placement des artistes sur le marché
du travail était une entrave illicite. Elle avait d'ailleurs été supprimée à titre
o
préventif (L. n 2005-32 du 18 janv. 2005, JO 19 janv.), peu après la saisine
de la Cour.
163. L'Allemagne percevait une taxe sur les entreprises qui exploitent des
maisons d'édition, de presse et autres ainsi que des agences de presse et
dont l'assiette reposait sur les rémunérations des artistes et journalistes
indépendants, que ceux-ci travaillent ou résident ou non en République
fédérale et qu'ils soient ou non couverts par son système social. Cette
contribution était destinée à couvrir une partie du financement du régime de
sécurité sociale de ces derniers. Dans la mesure où la taxe s'applique de
manière uniforme à l'ensemble des entreprises concernées et que la
localisation de l'artiste ou du journaliste n'emporte pas de conséquence sur
le niveau de contribution, la mesure litigieuse n'incite pas les entreprises
nationales à favoriser les personnes situées sur leur territoire et n'est donc
pas contraire aux exigences de la liberté d'établissement et de la libre
prestation de service (CJCE, 8 mars 2001, Commission c/ Allemagne, aff. C-
68/99 , Rec. I. 1865).
165. Enfin, la Cour s'est attachée à réaliser la libre circulation des personnes
dans le domaine des formations artistiques. Les États ne peuvent réserver le
bénéfice d'une bourse d'études aux ressortissants d'un nombre limité d'États
membres et doivent l'étendre à tous (CJCE, 27 sept. 1988, Matteucci
c/ Communauté française de Belgique, aff. 235/87, Rec. 5589).
169. La jurisprudence accepte que les États mettent en place des dispositifs
pour défendre leurs langues au nom de motifs liés à la défense de l'identité
culturelle. Ainsi, l'Irlande a été autorisée à maintenir une mesure qui
réservait des postes d'enseignant aux locuteurs du gaëlique alors même que
les postes concernés n'étaient pas exclusivement ceux de professeurs de
langue. La réglementation litigieuse s'inscrivait dans une politique visant à
promouvoir l'usage de cette langue comme moyen d'expression de l'identité
et de la culture nationale, un objectif considéré comme d'intérêt général
(CJCE, 28 nov. 1989, Groener c/ Minister for Education and City of Dublin
Vocational Education Committee, aff. C-379/87 , Rec. 3967). Toujours pour
défendre les idiomes nationaux, la Cour a accepté une mesure espagnole qui
imposait aux opérateurs télévisés d'apporter un financement de films
européens dont la langue est l'une des langues officielles du Royaume (CJCE,
5 mars 2009, UTECA, aff. C-222/07 , Rec. I. 1407).
170. La liberté des États n'est pas sans borne. Une réglementation adoptée
par le Parlement de la communauté flamande en Belgique prévoyait que les
contrats de travail passés par tout employeur ayant son siège au sein de la
région de langue néerlandaise devaient être rédigés dans cette langue faute
de nullité relevée d'office par le juge. Il s'agissait, entre autres, de
promouvoir et de stimuler l'emploi du néerlandais. La Cour a estimé dans un
arrêt du 16 avril 2013 (CJUE, 16 avr. 2013, Las, aff. C-202/11, non encore
publié) qu'en matière de contrat de travail transfrontalier, une telle mesure
constituait une entrave disproportionnée à la libre circulation des travailleurs.
Selon la juridiction de l'Union, elle est de nature à empêcher la formation
d'un consentement libre et éclairé car les parties ne maîtrisent pas
nécessairement la langue concernée. Pour la Cour, la Belgique aurait dû
prévoir la possibilité d'établir dans une langue autre que le néerlandais une
version du contrat faisant foi pour que la disposition litigieuse remplisse
l'exigence de proportionnalité. Cette jurisprudence fait exception à
l'habituelle tolérance de la Cour à l'égard des dispositifs nationaux relatifs à
la défense des langues.
172. Les mesures visant à protéger les langues minoritaires sont encadrées
de manière similaire. La Cour a ainsi estimé que des mesures nationales qui
réservaient l'usage d'une langue minoritaire dans des procédures
juridictionnelles à des individus ressortissants de l'État membre concerné
constituaient une discrimination directe interdite. Pour se prononcer sur ces
mesures, les juges se sont tout d'abord placés sur un terrain économique et
social en les qualifiant d'avantage social (CJCE, 11 juill. 1985, Ministère
public c/ Mutsch, aff. 137/84, Rec. 2681). Par la suite, ils ont choisi de se
fonder sur la défense de l'identité « ethnico-culturelle » des minorités (CJCE,
24 nov. 1998, Bickel et Franz, aff. C-274/96 , Rec. I. 7637). Pour être
légales, ces règles à destination des minorités doivent être étendues à
l'ensemble des locuteurs de cette langue pour peu qu'ils possèdent la
nationalité d'un État membre. Cela permet d'éviter la discrimination directe.
174. Par-delà les questions d'identité mais tout en restant sur le terrain
linguistique, la possibilité pour les États d'exiger des connaissances
linguistiques nécessaires à l'exercice professionnel est reconnue par le droit
o
dérivé (V. Direct. n 2005/36 du Parlement européen et du Conseil, 7 sept.
o
2005, JOUE, n L 255, 30 sept., art. 53, relative à la reconnaissance des
qualifications professionnelles). L'exigence de maîtrise d'une langue officielle
par un État afin d'exercer certaines professions devient cependant
discriminatoire et donc interdite si elle s'accompagne de l'obligation de
présenter un certificat de bilinguisme délivré exclusivement par une autorité
locale (CJCE, 6 juin 2000, Angonese, aff. C-281/98 , Rec. I. 4139).
re
Section 1 - Fondements et définition de la diversité culturelle
er
Art. 1 - Fondements juridiques de la diversité culturelle au sein du
droit primaire
187. La diversité culturelle est une notion imprécise. Elle peut être
interprétée de multiples manières et, dans le domaine du droit, ne débouche
pas sur l'adoption d'une ou plusieurs réglementations données. Elle joue sur
le triple registre de la préservation des identités, de la promotion du
pluralisme et du refus des discriminations, ce qui a peu de chance de
déplaire. En quelque sorte, elle engage peu, si ce n'est à paraître
sympathique. Toutefois, par-delà la variété des textes et des modalités de sa
mise en œuvre, il est possible de dégager un ensemble d'éléments communs
caractérisant la diversité culturelle.
191. Le nombre de dispositions que lui consacre le droit primaire ainsi que
sa portée considérable attestent de l'importance de la notion. Il contraste
avec le peu de précisions sur les modalités de mise en œuvre de la notion
os
(V. infra, n 192 s.). L'importance de celle-ci se manifeste également dans
os
ses implications (V. infra, n 207 s.).
er
Art. 1 - Mise en œuvre de la diversité culturelle
er
§1 - Obligations juridiques attachées à la diversité culturelle
195. Il joue principalement dans les relations entre l'Union et les États. Ces
derniers estiment être les gardiens des identités nationales et des cultures
présentes sur leurs territoires et donc in fine de la diversité européenne.
Suivant leur organisation, les compétences culturelles relèveront
principalement de l'État central ou des collectivités décentralisées. Il n'en
reste pas moins que la culture est considérée comme une affaire d'État. Dès
lors, les mesures de respect de la diversité culturelle vont principalement
consister à préserver leurs prérogatives vis-à-vis de l'Union.
208. La diversité culturelle peut être qualifiée de valeur de l'Union. Elle n'est
certes pas directement citée par l'article 2 du TUE qui est consacré aux
valeurs. Toutefois, ce dernier mentionne les droits de l'homme. Or l'adoption
de la Charte des droits fondamentaux a confirmé qu'en droit de l'Union, la
diversité culturelle appartenait bien à cette catégorie. Elle est également
évoquée dans la devise de l'Union : « l'unité dans la diversité ». Elle irrigue
enfin de nombreuses dispositions, actions et discours des institutions
européennes. Cette position qui fait de la diversité culturelle une valeur
fondamentale est d'ailleurs défendue par la doctrine, notamment sous la
plume de Jean-Paul JACQUÉ (Droit institutionnel de l'Union européenne,
Dalloz) ainsi que sous celle d'un des coauteurs de cette rubrique (BARBATO,
La diversité culturelle en droit communautaire. Contribution à l'analyse de la
spécificité de la construction européenne, PUAM).
210. La protection des identités culturelles des nations prend une forme
juridique. À ce titre, elle dévoile une des spécificités du projet européen qui
consiste à assurer la protection de ses États membres par le biais du droit.
Elle tend ainsi à confirmer l'émergence de droits fondamentaux au bénéfice
des États. La théorie contemporaine des droits fondamentaux des États
trouve son origine dans des développements d'une partie de la doctrine
(V. not. BARBATO et MOUTON [sous la dir.], Vers la reconnaissance de droits
fondamentaux aux États membres de l'Union ? Réflexions à partir des
notions d'identité et de solidarité, Bruylant). Elle repose sur l'idée de
transposer au bénéfice des États les droits fondamentaux reconnus aux
individus, avec les réserves qu'implique la différence de nature entre ces
deux sujets de droit. Les droits fondamentaux peuvent être définis comme
des droits subjectifs qui se caractérisent à la fois par la proximité ontologique
qu'ils entretiennent avec le sujet et par l'existence d'un régime de protection
juridique venant garantir la sphère d'autodétermination a priori qu'ils
autorisent. Comme cela a déjà été mentionné, le respect de la diversité
culturelle consiste principalement à garantir aux États que leurs capacités
d'intervention dans le domaine culturel seront préservées par le droit de
os
l'Union européenne (V. supra, n 195 s.). Le caractère fondamental de
l'identité culturelle pour les États nations apparaît assez évident. L'existence
d'espaces d'autonomie ménagés par l'Union au bénéfice des États l'est aussi.
Il s'agit de l'ensemble des dispositions reposant sur des motifs culturels qu'ils
peuvent employer pour préserver leur liberté d'action face aux exigences de
la libre circulation et de la libre concurrence. Pour autant la correspondance
avec un droit fondamental n'est pas totale. Parmi les réserves qui peuvent
être formulées, on en retiendra deux. Premièrement, il n'y a pas un droit
mais un ensemble de dispositifs concourant au même objectif.
Deuxièmement, il ne peut être question de droit a priori dont il faudrait
exiger le respect uniquement en cas de violation. Ce qui permet aux États de
défendre leur identité culturelle, ce sont un ensemble de dérogations. Ce
n'est pas à la Communauté ou à l'Union de justifier une violation de l'identité
culturelle, c'est aux États de justifier une violation du régime des libertés
communautaires ou de la libre concurrence au nom de leur identité
culturelle. Finalement, s'il peut être légitimement question d'un droit
fondamental des États au respect de leur identité, c'est sous une forme qui
reste inachevée.
211. Le droit de l'Union offre aux États une protection dans le domaine
culturel mais il modifie cependant le lien entre nationalité et culture. La
e
logique nationale telle qu'elle s'est pleinement déployée à partir du XVIII et
e
plus encore du xix siècle repose en définitive sur l'octroi ou le refus de
certains droits en fonction d'une frontière tracée par la notion juridique de
nationalité. La dimension culturelle est perçue comme offrant une
substantialité et donc aussi une objectivation à ce critère. Cela explique que
dans la continuité de la logique de clôture inhérente à l'idée nationale, les
politiques culturelles s'adressent prioritairement aux nationaux et ce de deux
manières complémentaires : d'une part, mieux faire connaître, mieux
diffuser ce qui est considéré comme des marqueurs identitaires nationaux et,
d'autre part, façonner une identité nationale, donner à une communauté
politique sa consistance culturelle. Compte tenu de l'importance des enjeux,
les questions culturelles ont été et continuent d'être envisagées comme des
affaires d'État, comme un « domaine réservé » (BROSSAT, La culture
européenne, définitions et enjeux, Bruylant, p. 257). Or, si le droit de l'Union
respecte l'identité culturelle, la manière dont il procède tend à modifier la
logique qui vient d'être décrite. L'interdiction des discriminations constitue le
pivot de cette remise en cause. En effet, sur un plan conceptuel, elle réalise
une césure entre les cultures nationales et leurs destinataires ou leurs
titulaires en quelque sorte naturels, c'est-à-dire ceux que le droit d'un pays
désigne en tant que nationaux. La titularité ou encore « la garde » des
expressions culturelles nationales ne saurait être réservée aux individus ou
encore aux œuvres qui, juridiquement, peuvent être qualifiées de nationales.
Ainsi dans l'arrêt Groener (CJCE, 28 nov. 1989, Groener c/ Minister for
Education and City of Dublin Vocational Education Committee, aff. C-
379/87 , Rec. 3967), un ou une enseignante de n'importe quelle nationalité
doit être considéré comme à même de diffuser la culture, la langue nationale
o
(V. supra, n 169). Dans l'arrêt UTECA (CJCE, 5 mars 2009, UTECA, aff. C-
222/07 , Rec. I. 1407), la politique de promotion des langues officielles du
royaume d'Espagne peut, en principe, être amenée à soutenir des films
o
originaires d'autres États membres (V. supra, n 169). Il y a donc une
désolidarisation entre, d'une part, les cultures et les identités nationales et,
d'autre part, les personnes ou les objets qui sont juridiquement qualifiés de
nationaux. Il est donc permis d'évoquer une dénationalisation des cultures
européennes. Ce phénomène s'accompagne, et c'est le revers d'une même
médaille, d'un processus d'européanisation des cultures.
212. Il semble que, pour la Cour, les cultures nationales ne doivent plus être
perçues de manière isolée mais plutôt comme une partie d'un tout. Elles
appartiennent à un ensemble culturel commun qui n'est autre bien entendu
que la culture européenne. L'idée d'une culture commune est d'ailleurs
présente sous de nombreuses formes dans les textes communautaires,
notamment lorsque l'article 167 du TFUE se réfère à un « héritage culturel
commun ». Cette conception paraît partagée par les autres institutions
lorsque, par exemple, une décision du Conseil et du Parlement évoque une
o
« culture commune aux citoyens européens » (Décis. n 1904/2006 du
o
Parlement européen et du Conseil, 12 déc. 2006, JOUE, n L 378, 27 déc.,
établissant, pour la période 2007-2013, le programme L'Europe pour les
citoyens visant à promouvoir la citoyenneté européenne active, préc.). Il est
logique que les personnes, les œuvres relevant de cet ensemble commun
puissent se saisir des différents éléments le composant. Autrement dit,
qu'elles puissent se saisir de cette diversité précisément parce qu'elle fait
partie d'une unité à laquelle ils appartiennent par-delà leur rattachement
immédiat à telle ou telle partie de cette unité.
Index alphabétique
■Accords de partenariat 61
■Accords internationaux 22
■ACP (Afrique-Caraïbe-Pacifique) 61
■Additionnalité (principe) 38
■Adhésion 58
■Alphabet 173
■Ariane (Programme) 36
■Artistes 160 s.
⚪
formation 165
⚪
salariés 161 s.
■Base juridique 26 s.
■Bibliothèque numérique 48
■Bilinguisme
⚪
certificat 174
■Budget 35
■Capitaux 82
■CARDS (Programme) 58
■Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne 166, 181 s., 192
■Cinéma 135 s.
⚪
aides 147 s.
■Congrès de La Haye 2
■Conseil 17
■Coopération au développement 21
■Culture 2000 36
■Culture 2007-2013 36 s.
■Décision 18
■Directives 153 s.
■Doublage 137
■EIDHR (Programme) 58
■Ententes 111 s.
■Euromed 59
■Exception culturelle 71 s.
■Exigences impératives 89
■Fédération 215
■Fiscalité
⚪
artistes et personnels de culture 163 s.
⚪
biens culturels 121 s.
■GATS 71 s.
■GATT 69 s.
■Historique 1 s.
■Industrie 20, 50
■Journées du patrimoine 46
■Kaléidoscope (Programme) 36
■Marché commun 75 s.
⚪
application du droit du marché commun au secteur culturel 86 s.
⚪
règles spécifiques au secteur culturel 90 s.
⚪
soumission au droit commun 87 s.
⚪
inclusion de la culture dans le champ d’application ratione materiae 77 s.
■MEDIA (Programme)
V. Programme MEDIA
■Mémorandum 5
■Monopole 146
■Multilinguisme 31
■Musées 125 s.
⚪
accès 128 s.
⚪
aides 131 s.
■Musique 135 s.
■Notion 6 s.
■Numérisation 48
■Ordre public 88
■Organisations internationales
⚪
coopération culturelle 22, 62 s.
■PHARE (Programme) 58
■Presse 106
■Prix du livre
V. Livre
■Radiodiffusion 135 s.
⚪
pluralisme 141 s.
⚪
publique 145
■Radiofréquences
⚪
attribution 140
■Raphaël (Programme) 36
■Régions 52 s.
■Règlement 18
■Santé publique 88
■Secteur culturel 4 s.
■Sécurité publique 88
■Services 70 s., 80 s.
■Traité 3 s.
⚪
CECA 3
⚪
CEE 4 s.
⚪
de Lisbonne 17
⚪
Maastricht 3 s., 180 s.
⚪
sur l'Union européenne 181
⚪
sur le fonctionnement de l'UE 5, 181 s.
■Transaction invisible 70
■Travailleurs 81
■Trésors nationaux
⚪
protection 126 s., 182, 199
■Voisinage (Politique) 60
■Vote 17
Actualisation
o
50. Le règlement n 1041/2009 est abrogé et remplacé par le règlement
établissant le programme « Europe créative » pour 2014-2020. Ce règlement
est en faveur des secteurs culturels et créatifs européens (Règl.
o
n 1295/2013 du Parlement européen et du Conseil, 11 déc. 2013, JOUE,
o
n L 347, 20 déc.).
principes démocratiques”.