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Troubles du langage
Le langage chez la personne autiste,
caractéristiques et causes
résumé de la conférence de Jill Boucher1
L
’auteur débute son propos par des définitions qui 2) La capacité déficitaire pour symboliser serait aussi,
marquent la distinction entre communication, lan- en partie, responsable du retard dans l’acquisition du
gage et parole. Les gens communiquent lorsqu’ils langage.
interagissent socialement, en utilisant des signaux ver- 3) Une comorbidité avec un trouble spécifique du lan-
baux et non verbaux. La connaissance des règles d’utili- gage pourrait aggraver les difficultés verbales chez
sation du langage se nomme la pragmatique. Le langage l’enfant V-ABN.
suppose l’acquisition d’un vocabulaire (sémantique) et
d’une grammaire (morphologie et syntaxe). Pour conclure son propos sur les théories causales,
l’auteur précise qu’aucune de ces hypothèses n’offre
Chez la personne avec autisme, on observe une atteinte une explication suffisante du trouble du langage chez la
systématique des domaines de la communication et de personne V-ABN et ouvre sur une autre hypothèse qui
la pragmatique ; le langage est altéré de façon variable : s’appuie sur les notions de mémoire déclarative et de
il existe un continuum qui va de l’absence de langage mémoire procédurale. La mémoire déclarative se com-
à un langage élaboré. En résumé, l’auteur affirme qu’il pose de la mémoire épisodique (événements vécus) et de
existe une hétérogénéité linguistique caractéristique en- la mémoire sémantique (information factuelle). L’accès
tre les individus. Par la suite, elle s’intéresse au trouble au contenu de la mémoire déclarative se fait de maniè-
du langage chez la personne verbale avec autisme de bas re explicite. La connaissance procédurale concerne les
niveau (V-ABN) : ce trouble, qui est spécifique à l’acqui- comportements moteurs, les traitements automatiques
sition du langage en lui-même, est dit « amodal » car il de l’information, et son contenu n’est pas explicitement
touche de manière égale le langage parlé, écrit et signé ; accessible. L’hypothèse développée par Jill Boucher sup-
la compréhension se trouve plus atteinte que l’expression pose un déficit de la mémoire déclarative. Elle se base sur
et la sémantique est particulièrement altérée. Le discours le modèle d’acquisition du langage formulé par Ullman
de la personne présentant de l’autisme peut être ponctué (2001). L’acquisition du vocabulaire (les mots et leur si-
d’énoncés écholaliques (immédiats ou différés), de néo- gnification) serait dépendante de la mémoire déclarative,
logismes, de formules idiosyncrasiques et d’erreurs dans alors que l’acquisition de la grammaire dépendrait de la
l’utilisation des pronoms. mémoire procédurale. Selon Boucher et al. (2008), on ob-
Partant de ces observations, l’auteur s’interroge sur trois serve une altération spécifique de la mémoire déclarative
points : (i) pourquoi les difficultés langagières varient- chez l’enfant V-ABN (mémoires épisodique et sémanti-
elles au sein du groupe des enfants avec autisme de bas que altérées), alors que la mémoire procédurale est intac-
niveau ? (ii) Pourquoi la compétence langagière covarie- te. Cette altération est mise en évidence par des épreuves
t-elle avec le QI chez ces mêmes enfants ? (iii) Existe- sur les connaissances générales (subtest « Information »
t-il une cause commune aux troubles du langage et des de Weschler) et sur le vocabulaire.
apprentissages ?
Partant de ces constats, la personne V-ABN pourrait ac-
Pour répondre à ces questions, l’auteur formule trois hy- quérir une connaissance implicite de la grammaire et de
pothèses. la phonologie (mémoire procédurale), ainsi qu’une con-
1) Le déficit en théorie de l’esprit aurait certainement un naissance catégorielle implicite du monde ; en revanche,
rôle dans le trouble du langage, sans pouvoir expli- du fait du déficit de la mémoire déclarative, elle aurait
quer à lui seul ce trouble. des difficultés à associer cette connaissance catégorielle
1
Orthophoniste et psychologue, Université de Warwick, Royaume Uni
1
Médecin de rééducation, Hôpital Robert Debré, Paris
Remédiation spécifique
Dyspraxie verbale Central auditory Social Communication Severe expressive
processing disorder disorder disorder
Conclusion
La neuropsychologie de l’enfant veut trouver une logique fonction-
nelle entre langage et communication afin d’améliorer les principes
de rééducation et de proposer des programmes éducatifs dans une ap-
proche transactionnelle.