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Programme par intersection
• COLLOQUES page 29
• FORUM page 36
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CONFÉRENCES
Philippe DESCOLA
Le sauvage et le domestique
De nombreuses études ethnologiques tendent à remettre en question l’universalité de l’opposition entre la nature
et la culture. Cette critique du dualisme des modernes n’achoppe-t-elle pas sur le fait que, partout et toujours,
l’on aurait su faire la part entre des espaces fortement socialisés et d’autres qui se développent indépendamment
de l’action humaine ? Peut-on dire, en somme, que l’opposition du sauvage et du domestique serait un prototype
cognitif de l’opposition entre la nature et la culture ?
Jean-Toussaint DESANTI
Temps du Monde ; temps de l’homme
Le problème consistera à se demander quel est au juste le sens de la préposition « dans », lorsque nous disons
(ce dont le sens nous semble aller de soi) que nous vivons maintenant dans le temps. Que veut dire « temps »
lorsque nous utilisons tout « naturellement » une telle expression ? « Temps » désigne t-il une structure
inscrite au cœur des choses ; ou bien une exigence qui surgit du « maintenant » ? Il importera donc de
s’attacher principalement à l’analyse de quelques « situations limites », où ce que nous nommons « temps »
semble « commencer » ou « finir ».
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SÉMINAIRES
Philosophie/Art et Littérature
Thorsten BOTZ–BORNSTEIN
18h-20h
Amphi A, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Lun 9 Nov, Lun 23 Nov, Lun 7 Déc, Lun 4 Jan, Lun 11 Jan, Lun 25 Jan
Un certain concept d’imagination peut être abordé sur le fond de la philosophie cartésienne.
L’imagination « vide » (la « rêverie » d’Alain par exemple) a souvent été considérée négativement. Le
surréalisme, qui fut une tentation pour Bergman, est le premier « producteur de rêve » dans l’histoire du cinéma.
Pourtant la liaison entre surréalisme et cinéma s’est avérée un échec. On expliquera la différence entre les rêves
surréaliste et phénoménologique.
Est-ce qu’il y a des conventions stylistiques qui sont capables de reproduire la réalité du rêve ? Il semble qu’il y
ait une « troisième possibilité » pour l’esthétique du rêve qui transgresse les possibilités et du symbolisme
subjectif et du réalisme. L’œuvre de Bergman sera examinée dans ce contexte, en particulier son film Persona.
Raymonde CARASCO
La pensée-cinéma
18h30-20h30
Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mer 2 Déc, Mer 16 Déc, Mer 6 Jan, Mer 13 Jan, Mer 20 Jan, Mer 27 Jan
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Intervenants :
- Mercredi 2 décembre : Ouverture du séminaire Raymonde Carasco (Maître de Conférences d'Esthétique du
cinéma, Université de Toulouse Le Mirail, Cinéaste) : Godard/Artaud/Deleuze
- Mercredi 16 décembre : Raymonde Carasco : Montage-Godard et Corps sans organes
- Mercredi 6 janvier : Pascale Criton (Compositeur, Musicologue) : Musique et Cinéma. Affects et Percepts
- Mercredi 13 janvier : Suzanne Liandrat-Guigues (Maître de Conférences d'Esthétique du cinéma, Université
Paris 7) : Cinéma/Moule/Empreinte
- Mercredi 20 janvier : José Gil (Professeur de Philosophie à l'Université Nouvelle de Lisbonne) : Corps sans
organes, plan d'immanence
- Mercredi 27 janvier : Jean Louis Leutrat (Professeur d'Esthétique et d'Histoire du Cinéma, Université de Paris
3) : Jean-Luc Godard tel quel
Les séances seront accompagnées d'extraits de films.
Hélène CIXOUS
9h30-15h30
USIC, 18 rue de Varenne, 75007 Paris
Sam 7 Nov : Salle Pupey-Girard
Sam 14 Nov, Sam 28 Nov : Salle Jean XXIII
Sam 5 Déc : Salle Pupey-Girard
Sam 19 Déc : Salle Jean XXIII
Sam 9 Jan : Salle Pupey-Girard
Sam 23 Jan : Salle Jean XXIII
(ce séminaire se poursuivra au 2ème semestre)
« La chasse du bonheur » (comme le dirait Stendhal) continue, mais qui chassé-je ou quoi ? Nous le
poursuivons, le bonheur, nous le fuyons, nous le gâchons, nous le touchons : il nous échappe. On croirait
parfois que nous sommes maudits, que nous sommes voués à offenser celle que nous voulons adorer.
Voyez ces récits filiaux : tous ces enfants, des garçons pour la plupart, qui désemparent maman, la font pleurer,
vieillir ; et mourir même. Au moins tomber malade. Au milieu de la scène, un lit : lit de noces, lit de mort.
Celui qui écrit tourne autour du lit (Joyce, Derrida).
Entre maman (celle qui va venir m’embrasser – Proust) et ma mère (celle qui ne vint pas – Proust) s’ouvre
l’espace des métamorphoses filiales ou maternelles, le champ des mutations incessantes de moi, l’enfant de
toi–la mère, de moi–la mère et toi–l’enfant. Espace magique merveilleux et douloureux entièrement parcouru
par les génies de la différence sexuelle. Car « maman » l’Adorable est tour à tour la mer, ma mère, la sainte, la
reine, la virile, ma fille, la République, mon excellent grand-père. Surtout : elle est loin, proche, trop proche,
disparue, attendue, désespérée, inaccessible. Et de l’autre côté l’enfant — il a quatre ans, douze ans, seize ans,
lorsqu’il rencontre « Maman » et naît (Rousseau) — l’enfant naît plusieurs fois.
Selon que la Chasse est racontée par un Je masculin ou féminin ou pluriel, les scènes d’échange, de deuil, de
guerre, de triomphe se diront autrement : la présence (la présence de la présence ou la présence de l’absence) de
ma mère—maman dans la langue aura inscrit pour nous, lecteurs (c’est-à-dire enfants chasseurs), d’innombrables
effets poétiques, troubleurs des lois du genre et du nombre, facteurs de questionnement de la langue dans la
langue que tant de sujets conviennent d’appeler maternelle.
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Maria Letizia CRAVETTO
19h-21h
Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mer 18 Nov, Mer 2 Déc : Amphi A
Mer 16 Déc : Amphi B
(ce séminaire se poursuivra au 2ème semestre)
Intervenants :
- Mercredi 18 novembre : Maria Letizia Cravetto : L'écriture testamentaire : son origine et son articulation
- Mercredi 2 décembre : Maria Letizia Cravetto et Pascal Michon : Les déchirements du sujet pendant l'entre-
deux-guerres
- Mercredi 16 décembre : Maria Letizia Cravetto et Jacqueline Marre : Dialectique Négative et Théorie
Esthétique chez Adorno
Jehanne DAUTREY
Ce projet de séminaire voudrait prolonger les analyses conduites depuis plusieurs années sur la musique et la
littérature. Notre ambition était, dans les séminaires des années précédentes, d'étudier la façon dont la musique
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requérait un dispositif visuel : ce dispositif étant celui aussi bien de l'opéra que du concert. En quoi l'écoute et
plus généralement la perception des œuvres, la façon dont elles font événement pour nous, dépend-elle d'un
dispositif ? De quelle nature est alors ce dernier ? On voudrait voir comment il s'incrit dans le matériau de
l'œuvre qu'il habite ; mais aussi, comment, en retour, l'œuvre est toujours habitée par une autre matière que
celle qui la caractérise — éléments de visibilité et de motricité pour la musique, de musicalité pour la littérature,
la danse et le cinéma. A partir de là se dessine pour l'analyse philosophique, la possibilité d'une étude
simultanée des différents arts, et d'une problématisation historique de leurs rapports. Le problème sera alors de
voir en quoi ces dispositifs mettent en jeu une dramaturgie interne au sujet, ce qui nous permettra de conduire
une réflexion sur le concept proposé par Deleuze et Foucault d'une « fonction-sujet ».
Florence DUPONT
18h30-20h30
Espace Jussieu (entre la Tour 34 et 44), Univ. Paris 7–Denis Diderot, 2 place Jussieu, 75005 Paris
Mar 20 Oct, Mar 27 Oct, Mar 3 Nov, Mar 10 Nov, Mar 17 Nov, Mar 24 Nov, Mar 1 Déc,
Mar 8 Déc, Mar 15 Déc, Mar 12 Jan, Mar 19 Jan, Mar 26 Jan
Ce séminaire poursuivra et développera la recherche ébauchée l'an dernier sur l'imaginaire scénique à Rome, à
partir du travail du corps et de la voix.
La comparaison avec les acteurs rituels, les danseurs de la procession des jeux, par exemple, avait permis
d'ébaucher une problématique du corps théâtral à Rome, ou plus exactement du corps scénique, radicalement
différente du corps rituel.
Nous nous proposons cette année de regarder dans la comédie romaine deux personnages fondamentaux ; le
soldat et le parasite. Nous verrons que l'un et l'autre se donnent eux-mêmes comme de parfaites illusions : nous
comparerons ces deux personnages de théâtre avec d'une part des « vrais » parasites et des « vrais » mercenaires
hellénistiques et d'autre part aux parasites rituels, qui mangent avec les dieux, ainsi qu'à ces soldats rituels que
sont les danseurs des Lupercales.
À partir de ces exemples précis, nous essaierons de comprendre à quoi servent ces fictions scéniques du soldat et
du parasite ; car il faut abandonner l'opinion courante selon laquelle la comédie romaine aurait une fonction
satirique. Sur ce dernier point, on esquissera une comparaison avec la comédie ancienne à Athènes, c'est-à-dire
Aristophane.
Marie-Christine LALA
18h-20h
Amphi B, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Jeu 5 Nov, Jeu 19 Nov, Jeu 3 Déc, Jeu 10 Déc, Jeu 14 Jan, Jeu 28 Jan
Le séminaire proposera d'abord d'examiner la réflexion de Georges Bataille sur la nécessité paradoxale du don. La
difficulté à saisir le sens de sa théorie de l'excès et du primat de la dépense improductive conduit à interroger
cette ambivalence dont le paradoxe absolu provoque le conflit des interprétations. C'est en 1947, dans Méthode
de méditation, que Bataille définit l'économie générale comme « une science rapportant les objets de pensée aux
moments souverains ». Dans ce cadre, on verra le rôle de l'opération souveraine (ou expérience intérieure) en
tant qu'opération de perte qui permet de comprendre le sens du sacrifice. Simultanément, Bataille élabore sa
conception de la dépense poétique au centre de L'Impossible (ou La Haine de la poésie).
Si elle veut accéder au statut de conduite souveraine, la poésie doit faire l'épreuve de la séparation (l'épreuve
de l'impossible) : elle est un « sacrifice où les mots sont victimes ». Le séminaire visera donc à expliquer le
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sens de la haine de la poésie, tout en montrant comment plus largement l'économie générale se trouve au
fondement de chaque conduite souveraine (rire, ivresse, érotisme, poésie, sacrifice, méditation). La mise en jeu
de la fiction poétique libère le mouvement de l'excès, mais pose de manière cruciale — à partir du langage et
dans le symbolique — la question des conditions de réalisation d'une morale positive par-delà le bien et le mal.
Dans la continuité de l'estimation déjà portée par Michel Foucault, le séminaire tentera de montrer comment
Bataille nous met sur la voie d'élaboration d'un outil conceptuel qui permettrait d'adopter un point de vue d'où
repenser les catégories transdisciplinaires sur la base d'un retournement de perspective.
Peupler la pensée
La crise littéraire de la philosophie comme signe et révélation de son ouverture démocratique : telle voudrait être
la question ici reprise de Platon et réactivée depuis les Lumières. Il ne s’agit certainement pas d’un simple
problème de forme.
Peut-être commence-t-on à découvrir que la démocratie, comme crise critique décidément ouverte et affirmative,
demande une véritable révolution dans le style, l’art, la manière, la pratique de la pensée.
Si la rationalité démocratique doit exiger de retrouver une dimension agonistique, litigieuse, de la politique,
comme Nicole Loraux, mais aussi Jacques Rancière ou Yves Michaud nous y invitent, il faut oser demander à la
« littérature », à la fiction tragique, poétique, romanesque, sans exclusive de genres, ce que la réflexion
politique de la tradition philosophique n’a cessé de travestir et trahir. Contre la logique défensive de la Cité et de
la République, la littérature n’a-t-elle pas toujours été engagée dans un jeu de guerilla, de contestation
populaire ?
Littérature et philosophie mêlées : c’est bien la mêlée politique qui gronde obscurément dans ce qui est tout
autre chose qu’un titre de 1834, un cri révolutionnaire de ralliement-dispersion, sinon un mot d’ordre.
Nous commençons à peine à le découvrir. Et, dans cette bataille revivifiée, c’est bien une nouvelle figure de
l’homme qui s’annonce : la singularité libre et transgressive du démocrate, par-delà individualisme et
communisme.
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Jacques RANCIÈRE
L'idée esthétique
Ce séminaire se propose un réexamen d'ensemble de l'idée d'esthétique selon une hypothèse fondamentale :
l'esthétique n'est pas le nom d'une discipline autonome ou d'une partie de la philosophie qui aurait pour objet les
œuvres de l'art ou les caractéristiques du jugement qui les apprécie. « Esthétique » désigne un régime de pensée,
historique et conceptuel, des pratiques artistiques, défini par l'articulation entre des manières de faire, des formes
de visibilité et des modes de conceptualisation, subsumés sous une même idée de la pensée et de sa co-
appartenance avec la non-pensée. On a défini ainsi les traits caractérisant le régime esthétique des arts dans sa
différence avec le régime poétique. Cette année, on s'engagera dans une investigation plus systématique des
possibles du discours sur l'art dans le régime esthétique. On examinera le statut des principales catégories
descriptives et conceptuelles (image, forme, figure, rythme, performance, etc.) qui y fonctionnent, la manière
dont elles s'y agencent selon des descriptions-types, s'adaptent à des arts spécifiques et à des objets exemplaires,
engagent des critères de caractérisation et d'appréciation, explicites ou implicites. On s'interrogera sur le statut
même de la notion d'œuvre et sur l'inscription du discours critique et du discours historien dans la perception de
« ce qui est de l'art ». Ce travail sur l'articulation du dicible et du sensible engage une réflexion sur les
ontologies spécifiques qu'appelle le régime esthétique de l'art (de Nietzsche à Deleuze en passant par la
phénoménologie, la dialectique négative ou l'esthétique analytique). On s'interrogera en particulier, à travers
l'exemple nietzschéen, sur l'existence d'un type esthétique de la philosophie.
Beppe SEBASTE
Le séminaire se propose de :
1. Interroger la liaison entre l'écriture épistolaire (forme matricielle de toute textualité) et discours
« philosophique »: est-il possible, et comment, de « philosopher par lettres » ? Où finit un discours
« privé », et où commence un discours « philosophique » ? Que veut dire « privé » ? Et que signifie « écrits
de circonstance » ?
2. Penser la forme épistolaire non seulement comme une pratique scripturaire spécifique, mais comme une
stratégie textuelle qui, avec l'inscription du destinataire à l'intérieur de l'œuvre, oriente la production théorique
d'un auteur, et fait corpus avec lui.
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3. Extraire d'un parcours orienté des lettres, de l'Antiquité à nos jours, une même élaboration poétique et
rhétorique de la prose (non seulement « philosophique ») pròs tà pragmata, une éthique de la prose qui incarne
les avatars du style humilis, et où style au sens rhétorique et style au sens « moral » viennent à coïncider. La
lettre, dès l'âge classique, est le lieu où se forme et s'élabore une théorie de la prose écrite.
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Philosophie/Droit et économie
16h-18h
Amphi A, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mer 4 Nov, Mer 18 Nov, Mer 25 Nov, Mer 9 Déc
Comment les sciences de gestion ont-elles rendu autonome l'objet « entreprise » à travers le concept
d'organisation, sous quelles conditions, selon quelles méthodes ? Ne doit-on pas rapporter l'autonomie supposée
de l'organisation à un moment libéral qui, si spécifique soit-il, n'en reste pas moins problématique ?
En conséquence, notre réflexion partira du point de vue d'une philosophie politique en privilégiant notamment
les théories qui pensent le statut du pouvoir dans l'organisation. On montrera que le concept d'organisation
s'articule autour de trois notions : le modèle, la métaphore, l'image ; on s'interrogera sur la possibilité de
construire des modèles d'organisation ; on se demandera en quoi le concept d'organisation est politique, et en
quel sens on peut parler d'épistémè politique.
Marcel DRACH
13h-15h
Salle 214, 2ème étage, Maison des Sciences de l'Homme, 54 boulevard Raspail, 75006 Paris
Lun 19 Oct, Lun 16 Nov, Lun 7 Déc, Lun 11 Jan
(ce séminaire se poursuivra au 2ème semestre)
On se propose de porter sur la raison économique le « regard éloigné » de l'anthropologie. Distance qui
s'impose, aujourd'hui, du fait de l'épuisement de la critique interne de l'économie.
Le point de départ sera l'Essai sur le don de Marcel Mauss et la critique de ce texte par Claude Lévi-Strauss. La
question étant de savoir si le thème de la dette, placé au cœur de l'Essai par le premier, est ou non réductible à la
structure de l'échange que lui oppose le second. Une réponse négative à cette question conduira à dégager deux
configurations : l'une d'économie destituée ou de la dette infinie, l'autre d'économie instituée ou de la dette finie.
Avant de dériver, par une série de transformations, l'économie instituée de l'économie destituée, on tentera de
fonder le statut de la dette. Ce sera l'occasion d'introduire la faute, référée non à la morale, mais à la place que la
psychanalyse assigne à ce terme dans la subjectivation humaine. Opportunité, aussi, de donner suite au vœu
maintes fois exprimé par Mauss d'articuler anthropologie et « psychologie ».
La déduction de l'économie instituée partira des élaborations juives, grecques et latines, qui dessinent
l'économique à l'intérieur de la civilisation occidentale. Le thème de la valeur viendra ensuite, puis celui de la
monnaie. Le rapport à l'objet, précarisé là où prévaut l'économie destituée, apparaîtra comme relation d'utilité
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dans l'économie instituée. La fonction de la science et de la technique, telle qu'elle s'affirme en Europe au XVIe
siècle, sera rattachée à la visée utilitaire.
L'« entre - prendre » capitaliste, où se rassemblent les éléments qu'on aura dégagés, sera finalement caractérisé
comme triple prise sur l'autre : sur sa jouissance, par la valeur d'usage ; sur son activité, par le travail ; sur sa
survie, par la concurrence. Prise qui se soutient d'une profusion d'ouvrages, là où le don s'assure de l'autre par la
ruine de l'œuvre.
18h-20h
Amphi B, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Ven 20 Nov, Mer 2 Déc, Ven 22 Jan
Le séminaire proposé est conçu pour servir de contrepoint ainsi que de recherche préparatoire pour le colloque
organisé conjointement avec Egidius Berns au printemps 1999. Il a vocation de mettre au jour les moments
privilégiés de la généalogie de l'économie politique sur le terrain de la philosophie politique : afin de mieux
comprendre le réseau embrouillé de leurs rapports actuels, qui, à la fois, les oppose comme disciplines séparées
et les associe, dans la réalité, de manière occulte. De ce jeu d'influences réciproques, la philosophie politique
semble avoir perdu le contrôle, et l'économie politique la conscience.
Un premier versant historique nous conduira donc à interroger le geste aristotélicien paradoxal qui, à la fois,
invente la compétence économique propre au sein de la philosophie politique, sous les espèces d'un art nouveau,
la chrématistique, et immédiatement s'en désolidarise, au moins en partie, en dénonçant ce qui en elle n'est pas
« naturel ». Ce double mouvement possède une logique interne qui conduit à l'idée capitale d'une
architectonique de la philosophie politique. Celle-ci sert de charte à une « science » de la pratique qui réserverait
les droits de toute investigation particulière sur l'homme animal politique, tout en l'insérant dans une visée
commune. Les traces de cette architectonique de la philosophie politique se retrouvent dans la philosophie
politique classique. Les exemples de Hobbes et de Locke seront ici précieux pour éclairer les conditions d'une
commune visée de vérité entre philosophie politique et économie, que l'autonomisation de l'économie politique
au XVIIIe siècle aura pour effet de masquer, sans pourtant la supprimer.
Le second versant sera contemporain. Il s'agira de retrouver la trace de cette architectonique philosophique, dans
les développements divergents mais aussi interdépendants qui sont ceux de la théorie économique et de la
philosophie politique depuis un siècle. L'hypothèse est que cette architectonique ne s'est pas perdue, mais qu'elle
ne se traduit qu'indirectement, voire paradoxalement, dans une inhibition de la philosophie politique
relativement à l'économie politique. Inhibition qui prend les formes variées aussi bien d'un anti-économisme
affiché que d'un asservissement, occulte mais bien réel, à l'égard des problématiques de l'économie politique.
Dans les deux cas, il s'agit d'une forme de renoncement philosophique que l'on tiendra pour injustifié. Retrouver
le fil conducteur de l'architectonique aristotélicienne pourra alors servir à mettre fin à un partage des rôles qui se
révèle amoindrissant pour l'une et l'autre des investigations.
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Stéphane RIALS
18h-20h
Amphi B, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Ven 8 Jan, Ven 15 Jan
Si la discipline rhétorique est orientée vers l'étude des techniques de la persuasion, on ne saurait en conclure
qu'elle intervient de façon purement instrumentale dans les différents secteurs au sein desquels on peut l'évoquer.
L'éloquence du barreau ou de la chaire ne masquera notamment pas le type particulier d'articulation de la forme et
du fond, de la belle forme et du fond vrai, qui est au cœur des convictions les plus usuelles des juristes, au
moins dans une longue durée moderne qui semble se dissiper seulement aujourd'hui pour ce qui les concerne.
Le séminaire comportera deux leçons :
- la première essaiera de montrer la pertinence du modèle incarné par le Crassus de Cicéron pour comprendre une
certaine orientation d'esprit répandue chez les juristes ;
- la seconde esquissera une réflexion sur les perspectives rhétoriques qui, à la fin du XVIe ou au début du XVIIe
siècle, ont pesé sur l'essor du mouvement qui devait culminer dans les grandes codifications ultérieures.
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Philosophie/Philosophie
Giorgio AGAMBEN
Mer 7 Oct, Ven 9 Oct : 18h-20h : Amphithéâtre, EHESS, 105 boulevard Raspail, 75007 Paris
Mar 13 Oct : 18h30-20h30 : Amphi Poincaré, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Nous nous proposons de rendre les épîtres pauliniennes à leur rang de texte messianique fondamental de
l’Occident. A cette fin, il nous faudra d’abord retraduire certains termes du lexique de Paul, que la pratique de la
traduction ecclésiastique a progressivement vidés de leur sens propre. Il s’agira, ensuite, d’analyser la structure
du temps messianique dans sa relation non seulement au temps chronologique et à l’éternité, mais aussi à la loi
en tant que corpus de la tradition. Le concept qui va guider notre analyse est celui de reste ; il n’est pas un
concept numérique, mais il exprime plutôt la figure et la consistance que toute chose assume, une fois qu’elle a
été mise en relation avec l’événement messianique ou le salut.
Manola ANTONIOLI
20h-22h
Amphi B, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Lun 19 Oct, Lun 9 Nov, Lun 16 Nov, Lun 30 Nov, Lun 7 Déc, Lun 14 Déc
Une part importante de l'œuvre de Deleuze est consacrée à la lecture de philosophes : la pensée se produit à partir
de rencontres avec d'autres pensées, dans la dissipation des identités, comme ce qui fait parler des singularités
impersonnelles. De cette indécidabilité du sujet de l'énonciation naissent les critiques opposées et convergentes
qu'on adresse habituellement à cette méthode : on accuse Deleuze ou bien de réduire l'activité philosophique au
commentaire, ou bien de reconduire les auteurs commentés à sa propre philosophie. Mais l'effet principal de
cette stratégie de lecture devrait être justement de mettre en question toute « propriété » de la pensée et l'identité
de toute signature, d'affirmer la dimension collective et impersonnelle d'une pensée faite d'agencements
multiples.
À partir de la lecture de Deleuze lecteur des philosophes, le séminaire devra proposer deux directions de
recherche, qui ne seront jamais disjointes. Il s'agira, d'une part, de suivre les transformations des grands auteurs
de l'histoire de la philosophie en « personnages conceptuels » qui jouent sur la scène de la pensée
deleuzienne : de comprendre comment leurs questions et leurs problèmes s'actualisent à travers de nouveaux
agencements qui vont occuper l'espace entre ce qui est arrivé, ce qui arrive et ce qui peut arriver de nouveau à la
pensée. Il s'agira, d'autre part, d'analyser les possibles conséquences de l'expérimentation de Deleuze sur
« l'histoire de la philosophie » : comment faut-il lire, aujourd'hui, pour créer une nouvelle pensée à partir des
concepts du passé ?
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Alain BADIOU
20h-22h
Amphi 45 (tour 45), Univ. Paris 7–Denis Diderot, 2 place Jussieu, 75005 Paris
Mer 21 Oct, Mer 18 Nov, Mer 25 Nov, Mer 6 Jan, Mer 13 Jan, Mer 20 Jan
(ce séminaire se poursuivra au 2ème semestre)
Avant même son achèvement, le bilan philosophique du XXe siècle est devenu un enjeu majeur du débat
contemporain.
Une première thèse est que, dominé par les tentatives totalitaires en général, et plus particulièrement par la
destruction des Juifs d'Europe, dont Auschwitz nomme le caractère impensable, le siècle a essentiellement
convoqué la pensée à son rapport éthique à la barbarie et au mal radical.
Une deuxième thèse, qui n'est pas incompatible avec la première, est que le siècle a porté à son comble, dans la
modalité de l'arraisonnement technique de l'être, le destin nihiliste de la métaphysique.
Une troisième thèse, qui se déplie pour ainsi dire à l'envers des deux autres, est que le siècle, après de sanglantes
convulsions, autorise la pensée à se détacher de tout radicalisme et à consentir à l'aménagement consensuel
de l'uniformité capitaliste et parlementaire.
On remarquera que ces trois orientations de pensée ont en commun de subordonner la saisie de ce qui est à des
protocoles langagiers de caractère éthique ou esthético-tragique pour les deux premières, analytiques et
sophistiques pour la troisième. Tous considèrent en somme qu'est à l'œuvre dans le siècle, simultanément
comme processus historial et comme norme exigible, une déconstruction des agencements spéculatifs hérités du
XIXe siècle, agencements dont le mot « révolution » était, depuis 1792-94, le nom synthétique.
À l'arrière-plan de cette déconstruction, on trouve un mot d'ordre nietzschéen commun tant aux courants
herméneutiques qu'aux ratiocinations analytiques : le renversement du platonisme.
La méthode d'investigation que nous proposerons, si même elle conduit à entériner qu'en un certain sens le XXe
siècle sature et achève l'époque des révolutions, n'en est pas moins entièrement différente. Nous partirons en
effet systématiquement, non d'un diagnostic général articulant le nihilisme et la renonciation à toute entreprise
fondatrice, mais de ce dont le siècle s'est avéré affirmativement capable. Il s'agira de se demander quelles
inventions, quelles séquences, quelles singularités universelles font que ce siècle, si démuni et infâme que
comme tous les autres il ait pu être, soutient cependant, comme tous les autres, l'épreuve fictive du retour
éternel.
L'hypothèse qu'il s'agira de vérifier est que, au bord de son achèvement, ce que le siècle demande à la pensée,
c'est non pas le renversement du platonisme mais la fondation d'un platonisme des multiplicités ; non pas la
renonciation politique mais la proposition d'un communisme des singularités ; non pas la déconstruction de la
métaphysique mais une nouvelle théorie des vérités.
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Marc BALLANFAT
18h30-20h30
Salle RC3 (Pyramide-Scolarité Paris 7 face à tour 56),
Univ. Paris 7–Denis Diderot, 2 place Jussieu, 75005 Paris
Mar 3 Nov, Mar 17 Nov, Mar 1 Déc, Mar 15 Déc
(ce séminaire se poursuivra au 2ème semestre)
Intervenant :
- Mardi 15 décembre : Rada Ivekovic (Paris 8) : L'athéisme dans le bouddhisme indien
Louise BURCHILL
18h30-20h30
Salle RC2 (Pyramide-Scolarité Paris 7 face à tour 56),
Univ. Paris 7–Denis Diderot, 2 place Jussieu, 75005 Paris
Jeu 10 Déc, Jeu 17 Déc, Jeu 14 Jan, Jeu 21 Jan
(ce séminaire se poursuivra au 2ème semestre)
C’est un personnage conceptuel bien singulier que celui de « la femme » ou « Le féminin » qui, pendant une
décennie ou plus, peupla les pages de quelques-uns des textes philosophiques les plus importants parus en
France — toutefois les commentaires consacrés à la philosophie contemporaine française l'ont rarement saisi
comme l’opérateur philosophique qu’il est. Même les commentaires anglo-saxons qui accordent une attention
particulière au féminin, s’intéressent, souvent, moins à l’opération philosophique qui incombe à cette notion
qu’aux « images » ou à l’ « imaginaire » de la femme (comprise comme référent) qui l'informeraient. De tels
« aléas » du destin du féminin dans les textes anglo-saxons sont, de fait, indicatifs de la complexité des relais
entre la « pensée française contemporaine » et la pensée féministe anglo-australo-américaine. Un des
« problèmes » qu’on a cru soulever pour la compréhension des textes français dans ce contexte concerne
l’impossibilité de déterminer si le terme « féminin » renvoie à une construction sociale (« gender » ou
« genre ») ou à une constante biologique (« sexe » anatomique). Si on a pu critiquer la complicité de la
distinction « genre »/« sexe » avec l’opposition classique, esprit/corps, ou encore avec celle, culture/nature, et
ainsi prétendre que l’absence d’une telle distinction serait, en fait, une vertu de la théorie française, reste que cette
distinction a été réexaminée, ces dernières années, en vue de reformuler un concept de genre qui ne tomberait
plus sous le dilemme consistant à : — soit présumer un « sexe » prédiscursif sur lequel les mécanismes
de construction prendraient appui, — soit faire du « sexe » un effet de discours. Cette refonte du concept de
genre revient surtout au travail de Judith Butler, qui propose de remplacer la question « Comment se construit
15
le genre en tant que et par une interprétation du sexe ? », par celle de « Quelles sont les normes régulatrices qui
effectuent la matérialisation du sexe en tant que tel ? ».
L’objet de notre séminaire est double. D’une part, examiner les diverses lectures du féminin dans les textes
féministes « anglo-américains », d’autre part, interroger le projet d’une « philosophie féministe » : cadre dans
lequel maint/e/s commentateurs/trices situent justement leur intérêt — ou leur méfiance — à l’égard de la
philosophie française contemporaine et de la notion du féminin.
Olivia CUSTER
18h-20h
Amphi B, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Lun 2 Nov, Lun 16 Nov, Lun 30 Nov, Lun 14 Déc
(ce séminaire se poursuivra au 2ème semestre)
Une exemplarité telle que les exemples ne se rattachent à aucune généralité conceptuelle : voilà ce que Kant
s’efforce de penser lorsqu'il traite de l’exemplarité du jugement esthétique. Produisant des jugements singuliers
qui ne vont pas sans s’affecter mutuellement mais demeurent néanmoins irréductiblement singuliers, le
jugement esthétique kantien n’a pas manqué d’attirer l’attention de certains penseurs qui s'appliquent à tirer les
conséquences de l’insuffisance du régime théorique pour penser l’éthique (notamment Jacques Derrida ou Jean-
Luc Nancy). Dans le sillage de ces efforts, ce séminaire engagera une lecture minutieuse de l’exemplarité dans la
Critique du Jugement.
Notre point de départ sera l’analyse des divers rôles de l’exemple dans le système kantien et les problèmes que
pose leur efficacité. Notre visée : une relecture de la pensée pratique kantienne à la lumière de l’exemplarité
esthétique, afin de vérifier l’hypothèse selon laquelle le jugement esthétique est également exemplaire de l’acte
vertueux.
Plus ou moins
18h30-20h30
Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Lun 4 Jan, Lun 11 Jan, Lun 18 Jan, Lun 25 Jan
Comment perpétuer un souvenir, matérialiser une mémoire ? Réponse classique : en changeant d'échelle, en
élevant un monument. Cette réponse n'est peut-être plus la meilleure, si on veut bien examiner, sur les traces et
en compagnie de François Dagognet, les prouesses du moins dans l'ordre du dire, du bâtir, du modéliser et de
l'agir.
Ce qui est volumineux nous déborde, par définition. Il est difficile de le mouvoir. Aussi le problème consiste-t-
il à le réduire sans le perdre, à le miniaturiser sans rien lui retrancher. 1) La vie a réussi aisément ce prodige :
elle essaime. La graine contient tout l'être et elle peut voler, s'envoler. 2) La rhétorique a bénéficié de cette
procédure. Racine notait lui-même que moins on utilise de mots, plus le récit porte. Il faut cibler. Avec
beaucoup, on ne focalise pas. On brille, mais on n'éclaire pas. 3) La science a toujours su récapituler (le
synopsis) et proposer une disposition tabulaire où se lit l'ensemble. A la limite, il y a plus sur la carte que dans
le paysage, qui nous échappe. L'opération « dégraisse », mais permet une meilleure transmission. Et le seul
fait de pouvoir échanger modifie et enrichit ce qui transite (la messagerie ne se borne pas à déplacer).
Il convient de chercher une explication qui rende compte de l'énigme : le plus par le moins.
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Alessandro DELCÒ et Robert VALLIER
18h30-20h30
Salle RC3 (Pyramide-Scolarité Paris 7 face à tour 56),
Univ. Paris 7–Denis Diderot, 2 place Jussieu, 75005 Paris
Mar 10 Nov, Mar 24 Nov, Mar 8 Déc, Mar 5 Jan, Mar 19 Jan, Mar 26 Jan
On tâchera d'analyser quelques-unes des figures conceptuelles dans lesquelles l'(Ur)stiftung se réactualise chez
Merleau-Ponty, non sans des déplacements stratégiques majeurs. Il sera alors question de catégories telles que
l'« institution », l'« ouverture », l'« expression », la « déhiscence », la « ségrégation », le
« surgissement », etc. Plus exactement, notre propos s'organisera autour de deux préoccupations : d'un côté, il
s'agira de montrer que la réactivation de l'(Ur)stiftung chez Merleau-Ponty ne va pas sans impliquer une
interrogation — tout en pointillé, il est vrai — sur l'idée de création, dont nous essayerons de dégager les traits
principaux ; de l'autre, ce sont les connexions possibles de la problématique de l'(Ur)stiftung avec la « proto-
psychanalyse » de Schelling qui retiendront notre attention. On risquera notamment l'hypothèse suivante : s'il
est vrai que Merleau-Ponty assigne ultimement à la phénoménologie — qui reste une philosophie de la
conscience — la tâche de méditer en toute rigueur son impensé, c'est par une « psychanalyse de la Nature » à la
manière de Schelling qu'elle a des chances de pouvoir s'effectuer de la façon la plus pertinente.
Intervenants :
- Mardi 5 janvier : Marc Richir (ENS de Fontenay/Université de Bruxelles) : L'(Ur)stiftung dans le commentaire
de Merleau-Ponty sur l'Origine de la géométrie
- (date à confirmer) : Françoise Dastur (Université de Paris 12)
18h-20h
Amphi A, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Jeu 19 Nov, Jeu 17 Déc, Jeu 21 Jan
(ce séminaire se poursuivra au 2ème semestre)
Intervenants :
- Jeudi 19 novembre : Natalie Depraz, Francisco Varela, Pierre Vermersch : La description subjective de
l'expérience : au carrefour de la phénoménologie, de la psychologie et de la neuro-biologie
- Jeudi 17 décembre : Pierre Vermersch (psychologue) : La description procédurale de l'attention chez Husserl
- Jeudi 21 janvier : Bruce Bégout (philosophe) : L'autopsie de la conscience : structure, champ et seuil (Hobbes,
James, Husserl)
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Jean–Paul DOGUET
18h30-20h
Salle RC2 (Pyramide-Scolarité Paris 7 face à tour 56),
Univ. Paris 7–Denis Diderot, 2 place Jussieu, 75005 Paris
Ven 6 Nov, Ven 20 Nov, Ven 4 Déc, Ven 18 Déc
(ce séminaire se poursuivra au 2ème semestre)
Ce séminaire se propose d’analyser, dans le cadre d’une philosophie de la communication se réclamant elle-
même d’une philosophie du langage, le lien existant entre la conscience de soi et la conscience d’autrui, ainsi
que leurs expressions linguistiques respectives, que sont les pronoms personnels « je », « tu » et « nous ».
L’enjeu de ce travail est de montrer que ces termes, loin d’être des traductions innocentes et neutres de réalités
extra-linguistiques qui seraient de « personnes », modifient par leur sens et leur usage même les réalités qu’ils
désignent. Cela nous conduira à proposer le concept de « personne langagière » pour définir de façon appropriée
le statut du moi et du tu tels qu’ils sont traités par le langage.
Ce concept nous permettra de prendre nos distances aussi bien avec les théories issues de la phénoménologie
(notamment Paul Ricœur dans Soi-même comme un autre) qui confondent le sujet disant je avec l’ego
transcendantal, qu’avec le point de vue de Strawson, proposant une théorie de la personne qui n’accorde aucune
place à la parole, ni d’ailleurs à la communication linguistique. Ces deux orientations différentes ont néanmoins
en commun de ne pas considérer que la communication contribue de façon déterminante à l'intersubjectivité,
mais de réduire celle-ci à une sorte de supplément contingent par rapport à celle-là. Car, la personne langagière,
qui communique avec d’autres personnes auxquelles elle reconnaît la même qualité, n’est ni le sujet
transcendantal, ni simplement l’individu doté de prédicats physiques et psychologiques. C’est la raison pour
laquelle a été créé le concept d’interlocution, qui se distingue du concept traditionnel d’intersubjectivité et vise à
le compléter. Dans cette perspective, notre séminaire abordera la question des trois termes je, tu, et nous pour
répondre à une question plus générale : quelle est la contribution de la communication à la constitution de
l’intersubjectivité ?
18
François JULLIEN
19h-21h
Amphi Poincaré, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Lun 4 Jan, Mar 12 Jan, Lun 18 Jan, Mar 26 Jan
On sait depuis Aristote, et Augustin les a rendues dramatiques, à quelles apories s'est condamnée la philosophie
dès lors que, d'accord avec la science, elle a abstrait une notion du temps comme nombre ou comme intervalle ;
et que, suivant le pli de nos conjugaisons, elle a séparé en entités distinctes passé, futur et présent. Car, prise au
piège de l'idée d'être, elle a laissé s'échapper ce présent : seul le présent « est », mais il n'est qu'« en cessant
d'être » ; car il ne peut être que ce point infinitésimal, sans étendue possible, par où le futur se convertit en
passé.
Or, à cet égard, et du fait même de son écart, la pensée chinoise fournit un biais commode pour revenir sur la
question du temps. Car la Chine n'a pas abstrait le « temps » : elle pense la « durée » (ou plutôt la
« duration ») et le « moment » (et d'abord le moment opportun) ; et, comme la langue chinoise est sans
conjugaison, elle n'a pas à expliciter systématiquement les différents temps. Et, pourtant, la Chine a mesuré les
heures, elle a dressé scrupuleusement ses chronologies, s'est adonnée avec prédilection au genre de
l'historiographie. Mais le « temps », comme « intervalle entre les moments » (shijian), est une notion qu'elle
a traduite récemment de l'Occident.
Car, pas plus qu'elle n'a extrait un « être » du devenir de la transformation, la Chine n'a songé à un atemporel à
opposer au temporel : n'ayant rien conçu hors du temps, elle n'a pas eu à penser le temps. Mais, méditant sur la
processivité des choses, elle apprend, à partir du Classique du changement, à être en phase avec les situations et
les événements.
De quoi revenir sur la philosophie même, et sur son lien entre « être » et « temps » (car tel est bien mon
usage philosophique de la « Chine » : retrouver une prise — du dehors — sur les vieilles questions dans
lesquelles a pu s'enliser la philosophie) ; de quoi constater notamment que la pensée du temps a ouvert des
possibilités (ainsi, dès Aristote, pour servir de condition de possibilité à la physique — qui n'a pas connu
d'essor en Chine ; ou pour conduire à la subjectivation de l'expérience — que n'a pas exploitée la Chine —
comme chez Augustin), mais qu'elle en a aussi fermé d'autres : en tout premier lieu, ce « vivre à propos » à
quoi, nous dit Montaigne, conduirait la sagesse.
À la suite de nos essais précédents tant sur l'efficacité que sur la sagesse, nous essaierons de concevoir plus
précisément cette eukairia — opportunitas, traduit Cicéron — que, depuis les Stoïciens, n'a plus guère pensée
la philosophie.
Dietmar KÖVEKER
Langue et temps
À la fin du XXe siècle, les courants de la philosophie sont unanimes sur leur sujet : c'est la langue, affirment à
l'unisson la branche analytique (Wittgenstein, Austin, Strawson, Davidson, etc.), herméneutique (Heidegger,
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Gadamer, Ricœur, etc.), déconstructiviste (Derrida, Lyotard, etc.), reconstructiviste (Apel, Habermas, etc.) aussi
bien que beaucoup d'autres représentants de la philosophie contemporaine.
Néanmoins : autant de conceptions philosophiques de langue, autant de conceptions du temps. Derrière
l'unanimité philosophique par rapport à ce qu'on peut prendre comme le sujet par excellence de la philosophie
contemporaine se cache une diversité profonde en ce qui concerne le rapport entre langue et temps. Tandis que,
par exemple, Apel et Habermas sont partisans d'une représentation linéaire du temps en soutenant que le
discours s'approche d'un entendement ultime et idéal (même s'il est inaccessible), Derrida affirme que « le mot
temps lui-même, tel qu'il a toujours été entendu dans l'histoire de la métaphysique, est une métaphore, indiquant
et dissimulant à la fois le mouvement de la différance. »
Dans cette perspective, le séminaire poursuivra un double but : d'abord, il visera à discuter quelques-unes des
approches contemporaines de la question du temps. Par là, il visera, deuxièmement, à approfondir notre
compréhension des liens étroits entre langue et temps tels qu'ils s'annoncent sous l'aspect de leur processualité,
leur indisponibilité (des significations d'une part, de la présence d'autre part), de la relation entre durée de
l'histoire et durée du discours, etc.
Intervenant :
- Jeudi 28 janvier : Andreas Niederberger (Université de Francfort sur le Main, Université de St Louis)
20h-22h
Salle P-325, Université de Technologie de Belfort-Montbéliard (IPSE),
rue du Château, 90010 Belfort
Jeu 15 Oct, Jeu 5 Nov, Jeu 19 Nov, Jeu 3 Déc, Jeu 17 Déc, Jeu 7 Jan
(ce séminaire se poursuivra à Paris au 2ème semestre)
L'enjeu du séminaire est de repenser le champ langagier à partir d'une dimension qui excède ses articulations
(sémantiques, référentielles, pragmatiques), à savoir : celle du travail « poétique » de l'aspect (au sens
wittgensteinien du terme). Cette tâche s'énonce sur fond de la problématique générale d’une dette du langage
envers ce qui l’excède et reste inarticulé, inexprimable. Cet excès est en même temps celui du sentiment (ou de
la sensibilité) sur le dicible, et il comporte en lui-même la promesse d’événement, d’invention du sens, par-delà
toute signification ou usage établis (ce à quoi « travaille » l'aspect, justement).
- la « théorie » de l’aspect contiendrait donc, in nuce, une philosophie de l’imagination et partant du jugement
(celui que, dans la troisième Critique, Kant avait caractérisé comme « réfléchissant », lequel n’est pas sans
rappeler l’eustochía, le génie « stochastique », analogique que les Grecs opposaient à l’épistémè et qui, selon
Aristote, est essentiel à la poésie comme à la philosophie). Ici, suivant notre approche, imagination et
jugement sont compris comme opérations à l’œuvre dans le langage, et déjà dans l’exercice ordinaire de la parole
(la conversation, le mot d’esprit, le parler amoureux...), mais aussi dans les modes langagiers où se joue le sort
d’un art, d’une littérature, d’une pensée.
- s’y annoncerait ainsi, par là même, ce que serait une pensée de l’écriture. Celle-ci relèverait, en somme, du
travail de l’inscription « aspectuelle » (d’un inexprimable), justement, opérant à la limite de l’articulation
langagière, et se guidant, pour ce faire, sur le seul art d’écouter et présenter ce qui n’est pas (encore) articulable.
(« Aller, avec le concept, au-delà du concept », écrivait déjà Adorno, à la suite de la Critique du jugement et
faisant explicitement écho à Wittgenstein.) Nous verrons que seul ce travail pourrait se mesurer à la tâche dont
nous partons ici, celle de témoigner de la dette envers ce qui reste inexprimé, en souffrance. Témoignage à
raffiner, dès lors, à partir des motifs qui nous viennent des modes langagiers divers (mais tous tributaires de ce
travail de l’écriture) : le motif psychanalytique de l’art de l’interprétation (la Deutungskunst freudienne) ; celui,
esthétique, de l’art du jugement (la Urteilskraft kantienne) ; celui enfin, éminemment philosophique, de l’art de
la présentation (la Darstellungskunst, du schématisme kantien au talent analogique wittgensteinien).
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Antonia SOULEZ
18h30-20h30
Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mar 3 Nov, Mar 17 Nov, Mar 1 Déc, Mar 15 Déc, Mar 12 Jan, Mar 26 Jan
(ce séminaire se poursuivra au 2ème semestre)
Notre projet d'ensemble a trait à l'écriture conceptuelle, une affaire de style qui intéresse le philosophe comme
fabricant de concept (Logodaedalus - Kant). Dans ce cadre, nous envisageons de nous consacrer d'abord aux
mutations par lesquelles une certaine « imagination symbolique » — dont il faudra préciser les conditions et
l'extension — a réussi à s'imposer dans le champ de la philosophie à la faveur d'une crise externe, mais aussi
interne. La première, bien repérée, est celle des fondements des mathématiques. La seconde, trop vite résumée au
rejet du synthétique a priori kantien, est celle qui, selon nous, concerne l'héritage — perpétué jusqu'à Foucault
et Deleuze — de la « synthèse transcendantale ». On pourrait appeler « la revanche du mauvais symbolisme »
l'avènement plus ou moins bien accepté du « formel » dans la philosophie aujourd’hui. Mais il convient encore
de faire la part de la transformation de la philosophie du concept que cet avènement a entraînée à partir de Frege,
tout en appréciant le bénéfice d'un renoncement à la solution kantienne d'un schématisme non détaché
de l'intuition.
L’échafaudage de symboles permet, dès lors, sans synthèse ni intuition de projeter l’« expérience possible », en
construisant des possibilités. Nous examinerons donc le rôle de l’expérience de pensée, confrontée à l’hypothèse
chez les philosophes de la science de ce siècle, ainsi que son intégration dans la philosophie dite seconde de
Wittgenstein (les jeux de langage) ; et cela non sans mesurer les difficultés que soulève le parti pris
« grammatical » et anti-expérimentaliste de ce dernier. Car un problème naît de l’usage de la supposition en
philosophie : jusqu’à quelle limite penser l’invérifiable (le fictif) ? A quoi reconnaître qu’une supposition n’est
pas un conte de fée ? Question de critère en régime de variation ; enfin : quelle fécondité épistémologique en
attendre ?
Il est un « style-Wittgenstein ». Quelle place occupe t-il dans le paysage de la philosophie aujourd’hui,
notamment dans la controverse entre partisans de la métaphore et de l’argumentation ? Autant de questions
concernant la philosophie du langage qui conduisent à interroger le langage des philosophes.
Intervenants :
- Mardi 1er décembre : Patrice Loraux : L'approche par les contours
- Mardi 15 décembre : Michel Bitbol : Mondes possibles, mondes quantiques
- Mardi 26 janvier : Sandra Laugier : Frege et Wittgenstein après Kant : la question du logique
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Philosophie/Politique
Jean–Godefroy BIDIMA
Il s’agira de procéder à une nouvelle lecture de la philosophie en Afrique noire. Cette lecture ne sera pas
totalisante : il ne sera pas question ici de procéder à une explication uniformisante des différents courants de cette
philosophie. Nous essayerons de trouver, tout en respectant les spécificités, les postulats structurants implicites
qui gouvernent ces philosophies. Comment philosopher aujourd’hui en Afrique en tenant compte des paramètres
que sont : la mutation de l’État postcolonial, le développement démographique, la perte de certaines références
symboliques, l’essoufflement thématique des littératures de la revendication issues de la Négritude, le
désenchantement de l’explication du monde et la profusion des récupérations post-modernes en Afrique ?
Comment les thèmes philosophiques en Afrique ont-ils été réduits jusque-là à l’élaboration de la problématique
de la revendication anticoloniale et aux questions tournant autour de la notion d’identité du Noir ? Nous notons
qu’il y a eu des réductionnismes qui ont borné la réflexion philosophique africaine à n’être qu’une activité de
ressentiment, avec ses fixations agressives et obsessionnelles. Il est question, pour la génération des penseurs
africains de la fin de ce siècle (fort peu influencés par ces problématiques de la Négritude), de repenser avec
d’autres paradigmes. Comment lire et repenser l’histoire africaine, non plus à travers les paradigmes du
développement, de l’identité africaine, des traditions à sauver, de la négritude, de l’âme noire, de la fierté noire, et
du passé triomphant des Noirs, mais en fonction du paradigme de la Traversée ?
20h15-22h
Amphi A, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mar 3 Nov, Mar 17 Nov, Mar 1 Déc, Mar 15 Déc, Mar 12 Jan, Mar 26 Jan
Après avoir exploré certains aspects de la théorie spinoziste des affects, durant les deux années précédentes, ce
séminaire se propose de poursuivre la réflexion sur le terrain de la politique. Il s'agira de réfléchir la manière
avec laquelle Spinoza construit le concept de la communauté politique comme composition des conatus toujours
susceptibles d'entrer en conflit les uns avec les autres. Deux pôles commandent ce raisonnement : celui d'une
foule menaçante, terrible quand elle n'est pas tenue par un pouvoir qui la contraigne, et celui de la puissance de
la multitude s'affirmant en pleine possession d'elle-même. Cette dualité, qui suggère une contradiction inhérente
à la politique, se retrouve dans l'ambiguïté qui caractérise le concept de démocratie : forme de gouvernement ou
affirmation de la puissance du peuple comme telle ? La confrontation avec cette autre perspective sur la
constitution de la communauté politique en un peuple souverain qu'est celle de Rousseau devra nous éclairer. En
mettant l'existence du peuple sous condition de cet événement qu'est le pacte social et de l'exercice de la
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souveraineté, Rousseau nous obligera à interroger cette alternative, qui nous paraît essentielle pour une pensée
de la politique, entre une orientation qui met l'accent sur la détermination des conditions concrètes de l'existence
du rationnel, et une autre qui privilégie l'événement comme condition de la constitution du peuple comme sujet
politique, les deux rejetant toute téléologie historique. C'est dire que ce travail a pour nous des enjeux
philosophiques actuels qui nous conduiront à interroger certaines pensées contemporaines.
18h30-20h30
Salle RC3 (Pyramide-Scolarité Paris 7 face à tour 56),
Univ. Paris 7–Denis Diderot, 2 place Jussieu, 75005 Paris
Jeu 15 Oct, Jeu 19 Nov, Jeu 10 Déc
(ce séminaire se poursuivra au 2ème semestre)
Il n'est peut-être pas de paradoxe plus frappant que celui qui naît du rapprochement entre les deux constats
suivants pour qui s'intéresse aux passions comme problème politique et comme objet de recherche. D'une part,
un contexte national et international où chacun s'accorde à dire que les passions, qu'elles soient sociales,
politiques ou religieuses se déploient sous des formes nouvelles, violentes parfois.
D'autre part, des sciences humaines qui paraissent accorder une attention très restreinte à la question des passions
comme objet et comme élément de systèmes explicatifs des « faits sociaux » et des « manifestations
collectives ». Hormis les disciplines pour lesquelles il s'agit là d'un objet d'étude consacré par une tradition et
par une histoire — la philosophie morale et politique par exemple, mais aussi certains domaines de la
psychologie et de la psychanalyse — il semble que la prise en compte des passions comme moment
incontournable d'une réflexion critique sur la portée de l'action humaine, sur les modalités de certains
comportements collectifs, reste marginale, dispersée et nullement systématique. Comme si l'effort de
rationalisation dans l'interprétation de notre vision du monde social et politique avait eu pour corollaire
l'éviction ou la relativisation de sa dimension affective et passionnelle.
Tenter de combler, par une approche pluridisciplinaire, cette béance qui rend les événements présents plus
difficiles à penser encore en investissant de nouveau ce domaine des passions longtemps laissé en déshérence :
tel est notre objectif.
Yves MICHAUD
Identités et démocratie
Les formes d'organisation politique sont toujours conçues en fonction d'une anthropologie. Celle-ci peut prendre
la forme d'une théorie du sujet, d'une théorie des passions, d'une conception de la sociabilité, etc.
L'autonomie et la rationalité de l'acteur politique sont à la base de la pensée de la démocratie. Ce qui implique
forcément des options en matière d'identité personnelle.
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Le séminaire entend explorer les relations entre les concepts de l'identité personnelle et les théories de la
démocratie dans le contexte de sociétés modernes qui sont réflexives, technologiques, communicationnelles,
consuméristes — et démocratiques.
On examinera dans un premier temps le concept philosophique de l'identité personnelle avec ses dimensions
(conscience de soi, identité par rapport à la mémoire, continuité psychologique, capacité de décision, etc.).
Puis on viendra à l'étude de l'identité postmoderne et de ses implications pour la démocratie : identité en miettes,
identité flexible ou construction réflexive ? Et pour quelles formes de démocratie, chaque fois ?
18h30-20h30
Maison de l'Amérique latine, 217 boulevard Saint–Germain, 75007 Paris
Jeu 1 Oct, Jeu 8 Oct, Mar 17 Nov, Mar 26 Jan
(ce séminaire se poursuivra au 2ème semestre)
Séminaire organisé dans le cadre d'une convention avec la Maison de l'Amérique latine, en collaboration avec le
Département de Philosophie de l'Université de Paris 8, le Centre de recherches politiques de la Sorbonne
(CNRS-Université Paris 1), l'Institut des Hautes Études de l'Amérique latine (Université de Paris 3) et la
Délégation permanente du Chili à l'Unesco.
Il est des voyages de la pensée qui n'ont rien de métaphoriques. Qu'arrive-t-il au juste à la philosophie lorsque,
changeant de sol et d'horizons, elle traverse frontières et océans ?
Ce séminaire du Collège international de philosophie, tenu à la Maison de l’Amérique latine à Paris, en
collaboration avec le Centre de Recherche Politique de la Sorbonne (CNRS/Université Paris I) et l’Equipe
Identité Philosophique Européenne, est placé sous la responsabilité de Stéphane Douailler, Eric Lecerf, Georges
Navet, Etienne Tassin et Patrice Vermeren. Il accueille des spécialistes d'esthétique ou de pédagogie aussi bien
que des chercheurs en philosophie politique. C'est qu'il ne vise pas à une unité thématique de cet ordre.
Les « Dialogues philosophiques » se veulent d'abord un lieu, un lieu de rencontre où l'idée même de rencontre
se problématise. Ils mettent en présence des philosophes latino-américains et européens, avec le dessein
d’interroger la circulation et le déplacement des concepts, des œuvres, des traditions, et de montrer au public
quelques coïncidences ou divergences, efforts convergents et enjeux polémiques de la pensée sur les deux rives
de l’Atlantique.
Intervenants :
- Jeudi 1er octobre : Une éthique de la libération est-elle encore possible ? ; conférence de Enrique Dussel
(Université de Mexico)
Répondants : Pierre-Jean Labarrière, Georges Navet, Jacques Poulain
- Jeudi 8 octobre : Spiritualisme et krausisme au XIXe siècle dans la philosophie en Amérique latine ;
conférence de Arturo Andres Roig (Université de Mendoza, Argentine)
Répondants : Christina Hurtado, Pierre-François Moreau, Patrice Vermeren
- Mardi 17 novembre : La réception de la philosophie française en Catalogne à la fin du XIXè siècle ; conférence
de Jordi Riba (chercheur à l'Université de Gerone, Espagne)
Répondants : Stéphane Douailler, Cristina Hurtado
- Mardi 26 janvier : Populisme et droits - la constitution du sujet politique démocratique en Argentine ;
conférence de Gabriela Delamata (Institut Gino Germani, Université de Buenos Aires)
Répondants : Laurence Cornu, Hubert Vincent, Patrice Vermeren
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Philippe PELLETIER, Francis ROUSSEAUX et
Bruno SIFANTUS
Lun 19 Oct, Lun 16 Nov : 20h-22h, Amphi A, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Lun 18 Jan : 18h-20h, Villa Douce (Bus D), 9 boulevard de la Paix, 51097 Reims
(ce séminaire se poursuivra au 2ème semestre)
Séminaire organisé en collaboration avec l'Université de Reims, l'Université du Québec à Montréal et l'Institut
des Hautes Études de Défense Nationale
En France, une réforme sans précédent de l'ensemble du dispositif de Défense nationale est à l'œuvre, et la
restriction du budget consenti par l'Etat, la professionnalisation des Armées, leur réorganisation en Systèmes de
Forces, la restructuration du complexe militaro-industriel en sont les manifestations actuelles.
Cette réforme est motivée par la rupture d'un faisceau d'adéquations : les ambitions stratégiques de la France dans
le monde ne sont plus au premier plan de sa politique générale, l'architecture de forces militaires désormais
projetables sur des théâtres critiques n'est plus compatible avec la conscription, l'exigence d'interopérabilité des
Armées dans des engagements multinationaux n'est plus conjugable avec la clôture fonctionnelle et hiérarchique
des organisations militaires, enfin l'industrie nationale de systèmes d'armes n'est plus profitable ni même
concurrentielle.
Le moment semble bien choisi pour réfléchir à l'esprit de Défense et à la puissance militaire. Nous voudrions
contribuer à cette réflexion en tentant une reconstitution critique de la notion de décision politico-stratégique.
Le vocable « reconstitution » est à prendre ici comme un composite de ses deux acceptions saillantes. La
première est l'acception usuelle, propre à l'enquête policière, présente dans l'idée de simuler une scène criminelle
pour en repérer les impossibilités causales et les plausibilités rationnelles. La seconde est l'acception évocatrice
de l'activité intellectuelle et philosophique, suggérant à la fois la constitution en phénoménologie et la
déconstruction constructiviste.
Le champ opératoire de notre réflexion est pétri de croyances et de stratagèmes : sous bien des aspects, la notion
de décision politico-stratégique est toujours en marche, et déplacée par toute tentative visant à séparer le stratège
de sa stratégie.
Nous posons que c'est en nous déplaçant stratégiquement avec la stratégie que nous la connaissons et que c'est
en renonçant à la mettre à distance qu'on peut en avoir la plus large vue : la stratégie, non contente de n'admettre
jamais de contraire, se dévoile dans et par son mouvement.
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Philosophie/Psychanalyse
Marjolaine HATZFELD
20h-22h
Amphi A, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Jeu 22 Oct, Jeu 12 Nov, Jeu 26 Nov, Jeu 10 Déc, Jeu 14 Jan, Jeu 28 Jan
(ce séminaire se poursuivra au 2ème semestre)
Lacan a peu parlé de Pascal. Pourtant, mainte allusion le fait sentir, Pascal lui est autrement plus proche que
Descartes, qu’il n’a cessé de commenter. Deux séminaires seulement, L’Objet de la psychanalyse (1965/6), et
surtout D’un Autre à l’autre (1968/9), analysent les singularités du pari. On peut être surpris que Lacan, qui
s’est efforcé de forger une notion de l’Autre déconnectée de toute suggestion de divin, ait pris appui sur Pascal,
haute figure de croyant.
Lacan y trouve, de fait, un biais nouveau par où approcher le plus difficile à faire entendre : soit ce qu’il écrit de
la lettre a, perte inhérente à l’entrée dans le jeu de la représentation signifiante — mais perte de quoi ? — qui
hante en négatif tout ce qui s’articule et ne s’articule pas d’un sujet ; mise perdue du pari, et obligation de parier.
Le pari lui permet, ensuite, de détacher du sujet du signifiant, réglé par la détermination signifiante, un je, qui
en est la racine de jouissance. Le pari, selon Lacan, ne porte pas tant sur l’existence de Dieu, que sur celle du je.
Mais qu’est-il, ce je, à mobiliser dans un pari, dont l’argumentation mathématique seule ne suffit pas à entraîner
la décision ?
Enfin cet examen du pari s’insère dans une réflexion sur le sens à donner à la question de l’existence de Dieu,
reprise sous la forme d’une exploration de la structure logique du champ de l’Autre.
Patricia JANODY
20h-22h
Amphi B, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mar 3 Nov, Mar 17 Nov, Mar 1 Déc, Mar 15 Déc, Mar 5 Jan, Mar 19 Jan
Ce séminaire visera à dégager les spécificités d'une appréhension psychanalytique de la temporalité. Il suivra un
cheminement en zig-zag : d'une part, on s'appuiera sur des exemples cliniques, notamment des exemples
de psychoses, pour réinterroger les modalités de constitution d'une temporalité subjective ; d'autre part, on
travaillera en mettant en regard le champ psychanalytique, où la question de la temporalité traverse la plupart des
notions tout en restant peu développée pour elle-même, et le champ philosophique, où elle est thématisée de
manière centrale. De là, on cherchera à préciser comment la psychanalyse modifie le cadre formel dans lequel la
temporalité est pensée en philosophie, en accordant un rôle décisif à la modalité temporelle de rétroaction, et en
prenant en compte ce qui s'y agence d'une matérialité de la pulsion. On interrogera aussi les enjeux éthiques
d'une telle appréhension de la temporalité.
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Philosophie/Sciences
18h30-20h30
Salle RC3 (Pyramide-Scolarité Paris 7 face à tour 56),
Univ. Paris 7–Denis Diderot, 2 place Jussieu, 75005 Paris
Mar 13 Oct, Jeu 26 Nov, Jeu 17 Déc, Mar 12 Jan
L'entreprise des sciences cognitives est tout entière logée dans une boucle, son discours tentant d'installer
comme « objet de savoir » quelque chose jusqu'ici soustrait aux entreprises scientifiques, parce que considéré
tout simplement comme une de ses conditions de possibilité : être en mesure d'exercer son « intelligence ».
Cette situation de bouclage, relevant d'une problématique de régression sans fin, réactive aussi bien les
paradoxes éléatiques que l'intérêt qu'il convient sans doute de porter à l'injonction aristotélicienne « il est
nécessaire d'arrêter ». Au lieu de rejeter cette situation, ou d'y voir au contraire le garant d'un statut
extraordinaire de l'intelligence, on la considérera au plus près. Mais est-il concevable d'aborder des situations de
bouclages régressifs autrement qu'en réaffirmant leur nécessaire rejet ?
Ces questions concernent des thèmes indissociables de la philosophie. La forme régulièrement aporétique qu'y
révèle ce qui, jusqu'à présent, était supposé acquis au titre de « conditions de possibilité », nous conduira aussi
bien à reconsidérer l'enjeu théorique de telles conditions, qu'à repérer les difficultés sous-jacentes à l'usage de
notions devenues courantes comme celle d'auto-organisation ou d'auto-émergence. On repartira d'une critique de
notions comme celles de sens, signification, concept, contexte, tout en repérant les éventuels glissements entre
leurs champs. On tentera de mettre en évidence ce qu'elles recèlent d'effectif comme conditions de possibilité, à
l'égard d'une entreprise cognitive qui, quoi qu'on en pense, nous provoque à réexaminer les conditions
d'élaboration du savoir théorique que nous utilisions jusqu'ici.
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Lucien VINCIGUERRA
18h30-20h30
Salle RC2 (Pyramide-Scolarité Paris 7 face à tour 56),
Univ. Paris 7–Denis Diderot, 2 place Jussieu, 75005 Paris
Mar 13 Oct, Mar 20 Oct, Mar 3 Nov
Le séminaire de cette année interrogera la naissance des concepts d'invariant et de système de transformation dans
la géométrie du début du XIXe siècle : chez Carnot ou chez Poncelet en particulier. Autour de ces concepts, il
découvrira la possibilité, ouverte alors, de penser une identité (l'identité de la figure) qui trouve sa raison dans
une circulation de différences qui se détache d'elle. Dispositif profondément éloigné de celui de la géométrie
pascalienne où la projection est, au cœur du tableau des choses, distance creusée dans la représentation où
l'identité peut se mettre en série et se donner comme série.
Autour de ces problèmes, on prolongera les analyses de l'année précédente sur les concepts de travail, de force et
d'énergie au XIXe siècle, dans le rapport nouveau qui a été mis en évidence entre l'équation et l'ordre des choses.
Et on interrogera les limites de la représentation.
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COLLOQUES
Pascal Quignard
Colloque organisé dans le cadre des "Rencontres du Littoral" (IIIème) avec la collaboration de l'Université du
Littoral et la Revue des Sciences Humaines
La littérature, écrit Pascal Quignard, est « la seule façon de parler en se taisant. Parler mutique, parler muet,
guetter le mot qui manque ».
Gratté à sang, telle l'envie que le désir maternel laisse sur le corps du fils, le mot tabou archive l'amnésie.
« Son soin est la nuit des temps » ; sa trace est apocryphe. L'art de Quignard est un art du rapt à la limite, qui
s'exerce depuis l'oubli, cette menace que l'écrivain, passeur de langues mortes et survivantes, entretient, habite
en clandestin. Persée en est la figure, qui médusa Méduse. Classique, jusqu'à tenter dans la syntaxe et son ordre
la cruauté extrême de l'arythmie, sa phrase guette le silence, allègue l'abandon primitif, prend en sauvage le
« parti de la nuit ». Hostile est l'hôte à accueillir. En haine de l'art, il faut une condition d'amour unique.
Baroque austère, il n'est pour Pascal Quignard qu'une Dictée, loi sans loi, celle des limes : si l'écriture franchit
les genres et la frontières des arts, corde tendue au point de rompre le conventus, c'est pour sauvegarder toutes
lignes de front et de partage.
« Quelqu'un danse sur une corde ».
Avec la présence de Pascal Quignard, autour de son œuvre, on tentera d'interroger et de lire cette poématique
singulière qui, par contes et essais, romans et fables, leçons et traités, embrasse la peinture avec la musique,
voise la philosophie en littérature.
Jean Bellemin-Noël : Du fascinus comme nouement ; Philippe Bonnefis : Tolle, lege ; Claude Coste : La
frontière d'Orphée ; Gérard Farasse : Avec ; Thiphaine Labbé : Le coin de lecture.
Lecture : Le Sexe et l'effroi. Extraits avec Anne Conti et Brigitte Mounier à « La Piscine »
Élisabeth Lemirre et Jacques Cotin : Petite variation sur La Frontière ; Franck Lestringant : La rhétorique de la
déclamation ; Francis Marcoin : Ecrire pour l'an 1640 ; Dolorès Lyotard : La cinquième saison ; Jude Stéfan
(titre non communiqué) ; Dominique Viart : Le moindre mot
Salon Honnorat
Michel Deguy : L'écriture sidérante ; Jean-Michel Rey : Figures du sublime ; François Jullien / Pascal
Quignard : dialogue : Tchouang-Tseu (Zhuang-zi) où « tout nous oppose » ; Pierre Laurens : Nouveaux
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fragments d'antiques ; Dolorès Lyotard : lecture d'un texte de Jean-François Lyotard ; Pascal Quignard : Lecture ;
Patrick Wald Lasowski : Les tragiques
Salon Ariel
18h : Cocktail
Salon Honnorat
18h45 : Michaël Levinas interprète Beethoven : Sonate n° 32, opus 111
19h : Concert : Œuvres de Michèle Reverdy interprétées par « L'Itinéraire »
Le programme de ce colloque vise d'abord à faire apparaître, sans viser à l'exhaustivité, la pluralité des corps
romains en fonction des contextes, et donc à faire voir dans des exemples précis comment se construit la
dimension culturelle du corps. A Rome, l'homme est son corps, aucun déterminisme biologique n'interfère avec
la responsabilité morale de chacun. Le polythéisme romain organise par ailleurs la culture en espaces multiples,
ce qui implique que le corps de chacun change selon qu'il est soldat, suicidé ou banqueteur, et cela jusque dans
sa conception anatomique ou physiologique. Dans ces différents contextes, on examinera le corps impliqué par
les pratiques sans qu'existe une formulation explicite chez les Romains.
Cependant à côté de ce corps pluriel des pratiques culturelles, il existe aussi des tentatives pour unifier ces corps
en un corps unique, dans ce qu'on peut appeler « les discours du savoir ». On verra ainsi s'articuler le discours
des philosophes avec les représentations de la culture, et les apories que ces articulations suscitent parfois.
On en viendra enfin aux corps imaginaires créés par le droit et certains rituels religieux, des corps fantastiques
jamais représentés mais surgissant dès qu'on explicite des représentations implicites.
Jeudi 28 janvier :
Vendredi 29 janvier :
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- Augusto Fraschetti (Rome la Sapienza) : Romulus et le corps du fondateur
- Valérie Huet (Paris 7) : Les pieds des statues
- Jean-Louis Mourgue : Le corps du prince
- Odile Ricoux (Université de Valenciennes) : La mélanthésie
- Yan Thomas (EHESS) : Les corps fantastiques du droit
Samedi 30 janvier :
Ethique et émancipation.
Félix Varela, prédécesseurs et héritiers
du 10 au 15 Jan
La Havane (Cuba)
(adresse et horaires seront communiqués ultérieurement)
Colloque organisé avec la Casa de Altos Estudios Don Fernando Ortiz (Université de La Havane) et l’UNESCO.
Les idées de Félix Varela permettent encore de comprendre l’histoire de Cuba jusqu’à nos jours.
Les replacer dans un contexte plus vaste contribue à saisir l’origine des idéaux d’indépendance et des ferments
révolutionnaires qui ont animé le pays depuis ses origines. Trouver les liens entre la pensée de Varela et celle de
ses grands précurseurs et héritiers permet de reconstituer la gestation d’une nation dans ses composantes
culturelles propres, en soulignant notamment le fondement éthique et le désir d’émancipation qui sont liés aux
identités latino-américaine et caribéenne.
La perspective du colloque de 1999 fait suite à celui de 1997 ; étude transversale des évolutions latino-
américaine et cubaine dans la première moitié du XIXe siècle, il précise les liens entre d’un côté les réalités de
l’Amérique latine et celles de Cuba, de l’autre les différents courants de pensée en Europe et dans ces pays. Il
prétend contribuer également à avoir une compréhension plus complète des éléments qui structurent l’Amérique
latine et la région caribéenne.
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JOURNÉES D'ETUDE
Journées d'étude organisées dans le cadre de la convention avec la Fondation du Roi Abdul-Aziz Al Saoud pour
les Études Islamiques et les Sciences Humaines, Casablanca (Maroc)
Nous nous saisissons de cette question pour interroger la relativité de nos schèmes conceptuels (A. Soulez) ainsi
que les alternatives possibles (A. Benabdelali, J.-P. Cometti) aux variétés de l’universalisme et du relativisme,
qu’il faut peut-être rapporter tous deux à des limites (M. Ouelbani).
D’autre part, peut-on parler d’une relativité des principes de connaissance tels que le principe d’identité et le
principe de contradiction (M. David-Ménard) ? Peut-on également établir une relativité des procédés de
connaissance comme, le procédé analogique (A. Benmakhlouf) ?
D’autres questions prenant pour base la connaissance scientifique ou la connaissance de soi-même posent le
problème des faces multiples de l’ontologie (H. Sinaceur) ou celui de l’ouverture subjective à la vérité (J.-P.
Marcos).
Jeudi 1 octobre
Vendredi 2 octobre
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Philosophie de l'université : le sujet, l'autonomie et les
transformations des pratiques institutionnelles
Journée d'étude organisée en collaboration avec l'Instituto Gino Germani et le Centre Franco-Argentin de l'UBA
Pourquoi une philosophie de l’Université ? L’Université moderne est portée par une conception du monde —
celle de l’Illustration — dans laquelle l’idée de liberté se trouve dans un rapport étroit avec l’idée de raison,
d’autonomie et d’émancipation par le savoir. Aujourd’hui les pratiques du monde universitaire révèlent une
fragmentation de cet idéal unitaire et accusent une fragilisation de l’autonomie par rapport à l’hégémonie du
marché et à la transformation de l’Etat. Ce décalage entre les pratiques effectives et l’idéal de l’Université
moderne se montre aujourd’hui en tant que crise du sens et de la fonction de l’Université, une crise d’identité et
du sujet universitaire qui interroge le philosophe.
Le but de cette journée d’étude sera une mise à jour de la philosophie de l’université de manière à dégager
l’horizon de cette crise ; cela nous amène à analyser :
a) les cadres conceptuels et les cosmovisions universitaires sous-tendues par les différentes politiques d’Etat sur
l’université, souvent présentées sous le couvert d’une neutralité technique masquant l’arrière-fond de décision
philosophique et axiologique encadrant la politique universitaire.
b) l’horizon de l’autonomie universitaire aujourd’hui. Toute autonomie présuppose, en plus de l’absence de
contrainte et de surdétermination externe, un principe de gouvernement qui rende consistante l’institution
comme unité d’action face aux pouvoirs politiques, économiques ou autres. Le passage de la liberté négative à la
liberté positive — au sens kantien de ces deux termes — exige un principe qui permette de régir l’interaction de
l’institution universitaire avec le pouvoir politique, le marché, les institutions professionnelles, la société, etc.
c) la question de l’identité et du sujet universitaire : l’autonomie de l’université présuppose une identité
de l’université, qui fait défaut aujourd’hui. Cette identité ne peut être le fruit de la seule tradition culturelle
universitaire, bien qu’elle ne puisse pas par ailleurs se passer de cette tradition culturelle. C’est de l’échange
entre tradition culturelle de l’université et discussion philosophique que peut résulter un cadre conceptuel
susceptible d’organiser et de mettre en place la scène d’un débat approfondi autour de l’institution universitaire.
Intervenants : Maria Caldelari (UBA), Edgardo Castro (UBA), Graciela Frigerio (UBA), Ana Maria Garcia
Raggio (UBA), Claudia Hilb (UBA), Pedro Krotsch (UBA), Carlos Longhini (UNC), Francisco Naishtat
(UBA), Georges Navet (CIPh), Juan Carlos Portantiero (UBA), Hugo Quiroga (UNR), Milagros Rafaghelli
(UNER), Fedrico Schuster (UBA), Adrian Scribano (UNCA), Ernesto Villanueva (UNQUI), Susana
Villavicencio (UBA)
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Exoptica. Regards du dehors sur la philosophie occidentale
Vendredi 20 novembre
Matin
- Remo Bodei : Introduction
- François Jullien : Penser d'un dehors (la Chine), ou comment remonter dans les partis pris de la raison
européenne
- Maurizio Iacono : L'observateur comme un autre : l'étrangeté et l'émerveillement
Après-midi
- Roger-Pol Droit : « Les Grecs et la philosophie des Barbares ». Regards sur les récits des commencements
- Aldo G. Gargani : Transitions et transgressions des codes symboliques
Samedi 21 novembre
Matin
- Michele Ciliberto : Le regard du sauvage
- Paolo Cristofolini : La Méditerranée d'Odyssée le Barbare
- Guy Samama : Un regard de derrière le chariot ; une exoptique de l’amour (d’après le Phèdre)
L'exploration de l'âme humaine dans l'horreur du Mal constitue l'enjeu que seul l'artifice d'un récit maîtrisé
parvient à transmettre. Pour cela, Jorge Semprun ne possède toutefois que son expérience de la déportation et du
camp de Buchenwald. « Il faut, dit-il, que je fabrique de la vie avec toute cette mort. Et la meilleure façon d'y
parvenir, c'est l'écriture. Or celle-ci me ramène à la mort. »
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Jorge Semprun nous conduit à nous demander pourquoi et comment l'écriture contraint le sujet à rencontrer la
mort. « Seul un suicide pourrait, écrit-il, signer, mettre fin volontairement à ce travail de deuil inachevé :
interminable. Ou alors l'inachèvement même y mettrait fin, arbitrairement, par l'abandon du livre en cours. »
Paul Celan et Varlam Chalamov nous obligent, en revanche, à considérer la réalité d'une écriture « provisoire et
testamentaire » (Kafka), où l'expérience de la vie s'invente en s'organisant dans un deuil et dans un espoir qui ne
cessent d'advenir.
Mais l'expérience de Primo Levi nous montre à quel point l'anéantissement subi à Auschwitz bouleverse les
refoulements et le malheur, dont surgit une écriture capable de reconduire à une possibilité de réflexion ce qui
excède l'humain.
À partir de ces différentes écritures, l'on essayera de mettre en évidence comment l'expérience « d'être autrui pour
soi-même » (M. Blanchot) contraint à constater que l'intérieur du sujet est dominé par une altérité radicale ; donc
à considérer les phénomènes d'exclusion non plus comme extérieurs mais comme partie intégrante au corps
social. De cette façon, l'on mesurera à quel point « la frontière du Mal n'est pas celle de l'inhumain » (J.
Semprun).
Matin
Après-midi
- Maria Letizia Cravetto : « Pourquoi cela ? » (P. Levi) - Les rêves chez Primo Levi
- François Lévy : De l'ingratitude comme forme de la liberté
- Monique David-Ménard : Les effets pulsionnels des traumas : fixation d'objets, difficulté à changer d'objets
- Valentina Supino : Les récits lazaréens
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FORUM
L'Universel
Dans la tradition rationaliste des Lumières, mais aussi dans le rationalisme issu de Marx, l'universel est une
notion ambiguë, à la fois logique et anthropologique : norme de vérité et condition de coexistence des humains.
L'idée de ruse de la raison chez Kant et chez Hegel, mais aussi la notion d'idéologie chez Marx, visaient à la fois
à définir cette distinction et à combler l'écart. Faut-il alors déployer les ambiguïtés de l'universel (E. Balibar) ou
confirmer sa pertinence (A. Badiou), quitte à redéfinir ce qu'on nomme vérité ? Faut-il comprendre cette
impossible suture entre le réel et l'idée comme le symptôme moderne de ce qui lie l'universel, depuis le logos
grec, l'horizon romain et la catholicité, à une notion de la vérité que la pensée chinoise évite de privilégier (F.
Jullien) ou faut-il saisir le paradoxe de l'universalité comme l'indice de la contingence du réel pour la pensée (M.
David-Ménard) ?
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Les Samedis
Débats autour d'un livre
Intervenants : Éric Alliez, Guy Lardreau, Natacha Michel, Jean-Claude Milner, Jacques Roubaud
Intervenants : Francis Affergan, Renaud Barbaras, Jean-François Courtine, Françoise Dastur, Dominique
Janicaud
Intervenants : Étienne Balibar (sous réserve), Natalie Depraz, Didier Franck (sous réserve), Jean-Luc Marion,
Claude Romano
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L’Amour du nom de Martine Broda
Intervenants : Martine Broda, Michel Deguy, Lucette Finas, Jean-Michel Maulpoix, Catherine Millot
Intervenants : Maria Letizia Cravetto, Monique David-Ménard, Patrick Guyomard, Jean-Pierre Marcos, Antonia
Soulez
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Index des responsables de
séminaires
A K
AGAMBEN Giorgio 13 KÖVEKER Dietmar 19
ANTONIOLI Manola 13
L
B
LALA Marie-Christine 6
BADIOU Alain 14 LE COUR GRANDMAISON Olivier 23
BALLANFAT Marc 15 LORAUX Patrice 7
BEGOUT Bruce 17
BERNS Egidius 10, 11
BIDIMA Jean-Godefroy 22 M
BONNAFOUS–BOUCHER Maria 10
BOTZ–BORNSTEIN Thorsten 3
MATHIOT Jean 11
BRAS Gérard 22
MAUREL Jean 7
BURCHILL Louise 15
MICHAUD Yves 10, 23
C N
CARASCO Raymonde 3
NAVET Georges 24
CIXOUS Hélène 4
CORRÉA Bernardo 24
CRAVETTO Maria Letizia 5
CUSTER Olivia 16 O
OLIVIERO Philippe 27
D
DAGOGNET François 16 P
DAUTREY Jehanne 5
de HEAULME Michel 27 PELLETIER Philippe 25
DEBRAY Régis 16 PESQUEUX Yvon 10
DELCÒ Alessandro 17 PRADO Plinio Walder 20
DEPRAZ Natalie 17
DOGUET Jean-Paul 18
DRACH Marcel 10 R
DREYFUS Sylvie 22
DUPONT Florence 6
RANCIÈRE Jacques 8
RIALS Stéphane 12
ROUSSEAUX Francis 25
G
GATIGNOL Patrick 22 S
GAUTIER Claude 23
SEBASTE Beppe 8
SIFANTUS Bruno 25
H SOULEZ Antonia 21
HATZFELD Marjolaine 26
J V
VALLIER Robert 17
JANODY Patricia 26
VARELA Francisco 17
JULLIEN François 19
VERMEREN Patrice 24
VERMERSCH Pierre 17
VINCIGUERRA Lucien 28
39
40