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P ROGRAMME OCTOBRE 2001 À JANVIER 2002

(les activités présentées en archives ne tiennent pas compte des modifications


qui sont intervenues en cours de programmation)

CONFÉRENCE page 2

SÉMINAIRES
Philosophie/Art et Littérature page 3
Philosophie/Philosophie page 10
Philosophie/Politique page 14
Philosophie/Psychanalyse page 18
Philosophie/Sciences sociales page 23
Philosophie/Sciences page 25

COLLOQUES page 28

JOURNÉES D'ÉTUDE page 36

LES SAMEDIS, débats autour d'un livre page 39

INDEX DES RESPONSABLES DE SÉMINAIRE page 40

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CONFÉRENCE

Michel CASSÉ

Univers : l'expansion sans retour

Lun 19 Nov (18h30-20h30)


Amphi Stourdzé , Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris

La découverte surprenante d'une accélération de l'expansion de l'univers amène à postuler


l'existence, dans toute l'étendue de l'espace, d'un fluide invisible exerçant une gravitation
répulsive, que l'on nomme quintessence. Celle-ci, constituant 70 % de la masse de l'univers
actuel, serait susceptible de contrecarrer l'effet de frein de la matière (noire + brillante). Un fluide
de même qualité, mais beaucoup plus énergétique, serait à l'origine de l'inflation cosmologique
primordiale, qui a écarté l'espace et lui a conféré chaleur et lumière, produisant ce que nous
avons coutume d'appeler le big-bang.

Les notions de gravitation, de matière et d'univers reçoivent de ce fait de nécessaires


amendements. La gravitation n'est pas seulement attractive, la matière n'est pas exclusivement
atomique, l'univers (ou la bulle causale qui en tient lieu) , n'est pas forcément unique.
L'atomisme, que l'on enseignait dans les écoles comme doctrine définitive, ne recouvre qu'une
portion congrue de la réalité matérielle (4 %). La matière atomique déclare par notre bouche son
insignifiance cosmique. L'atome n'est que l'écume de la matière, sa pointe expressive. La
matière dont nous sommes faits est céleste (ses sources sont les étoiles et le big-bang),
expressive (elle brille) et précieuse (elle ne constitue qu'une très faible partie de l'univers).

On s'interrogera, dans le cadre du nouveau paradigme cosmologique, sur les caractéristiques


fondamentales du macrocosme environnant, son contenu, son avenir et, plus avant, sur la
pluralité des univers.

Michel Cassé, astrophysicien au Commissariat à l'énergie atomique et chercheur associé à l'Institut


d'astrophysique de Paris

2
SÉMINAIRES

Philosophie/Art et Littérature

Judith BALSO

Le poème, part de la chose même, et non à son propos

18h-20h
Amphi A, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mar 23 Oct, Mar 20 Nov, Mar 18 Déc, Mar 15 Jan
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

Stevens et Pessoa ont en commun la volonté de re-prononcer de l’intérieur de la poésie l’énoncé


de Parménide selon lequel être et penser sont le même. Ils manifestent, pour part contre la
philosophie, la nécessité, le besoin de cette re-prononciation. Ils tiennent à ce que les termes
renouvelés de l’énoncé soient non seulement internes à la poésie mais immanents à elle. Cette
exigence prescrit pour eux le poème, en modifie la matière et les opérations.
Le séminaire de l’année dernière fixait la méthode : saisir, de l’intérieur de quelques poèmes, les
opérations qui sont le réel de la pensée-poème. Cela s’est fait sur le fond d’hypothèses générales
concernant le lien (et le non-lien) entre poésie et philosophie, depuis les ambiguïtés de
l’ostracisme platonicien jusqu’aux ambitions spéculatives de Leopardi, Mallarmé, Rimbaud,
Pessoa ou Stevens.
Cette année, il s’agit d’avancer encore dans ce qui constitue l’immanence au poème d’une pensée
singulière. Le corpus sera constitué, cette fois, de quelques « longs poèmes », dont l’existence
ponctue le 20e siècle : l’« Ode Maritime » d’Alvaro de Campos (Pessoa), « Celui qui trouve
un fer à cheval » mais peut-être aussi les « Huitains » de Mandelstam, « Notes Toward a
Supreme Fiction » de Stevens, et « Les cendres de Gramsci » de Pasolini. L’enjeu sera
d’étudier les opérations constructives par lesquelles ces vastes édifices verbaux tentent de saisir,
soit l’esprit du siècle, soit le destin de l’Histoire, soit l’essence de la pensée-poème, dans son
articulation au jeu de l’être et de l’apparaître.
Au passage, profitant de ce que sont en jeu dans cette étude quatre grandes langues et de ce que le
poème de Stevens n’est pas encore traduit en français, on consacrera au second semestre une
séance spéciale (de 4 heures) à la traduction.

3
Uwe BERNHARDT
Espace et signification.
Réflexions à partir de la phénoménologie

Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


18h-20h : Ven 9 Nov, Ven 16 Nov, Amphi A
18h30-20h30 : Ven 23 Nov, Amphi A
19h30-21h30 : Ven 7 Déc, Amphi A
18h30-20h30 : Ven 14 Déc, Amphi A
18h-20h : Ven 18 Jan, Amphi B
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

Ce séminaire vise à aborder une interrogation sur l'espace en prenant son point de départ dans la
recherche phénoménologique. À travers une présentation critique de positions historiques, il
voudra contribuer à l'analyse du phénomène de l'espace vécu et de ses significations, et chercher
à rester proche des phénomènes de l'espace construit en faisant référence à des exemples en
architecture. Sur le plan de la méthodologie, la phénoménologie reste l'outil théorique de
référence, mais l'on tentera de rester ouvert à d'autres approches méthodologiques, notamment à
celle de la sémiotique de l'espace, que l'on cherchera à discuter.

On proposera quatre grandes parties structurant ce séminaire :


1. Perception et espace : la critique du paradigme cartésien (Heidegger, Merleau-Ponty, Arnheim,
Gibson).
2. Lieu et demeure : le débat entre Heidegger et Levinas.
3. Lieux et non-lieux : la dimension narrative de l'espace selon Ricœur et l'ouverture
déconstructiviste.
4. Le voyage et le retour : de l'espérance dans l'architecture selon Bloch.

Hélène CIXOUS

Écrire avec une main-d'-enfant arrachée à un enfant

9h30-15h30
Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Sam 10 Nov : Amphi Stourdzé
Sam 24 Nov : Amphi Poincaré
Sam 8 Déc, Sam 22 Déc, Sam 12 Jan, Sam 26 Jan : Amphi Stourdzé
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

Séminaire organisé dans le cadre de la convention avec l'Université de Paris 8/Doctorat d'Études
féminines

Un livre n’est pas que de l’écriture : c’est une arme ; c’est un méfait ; c’est une course au(x)
secret(s). C’est une lutte contre la mémoire, pour le souvenir. Et inversement. On est en
lambeaux, on se rapièce. C’est pour ça que j’adore la Vie de Henry Brulard. C’est une vie qui est
un livre en train de se faire la peau, de se ronger les sangs, d’avoir froid aux pieds, de discuter
vivement de mort et de destin dans la cuisine. Il y a à boire et à manger, et à pleurer de rire, dans
les livres où le livre fait esclandre. Et c’est « sans alibi » comme dirait Derrida.

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— Je veux pousser l’écrit jusqu’au crime contre la société, la tradition, je veux pousser jusqu’à
l’écrime, dit Bernhard. — Je veux prendre toutes les libertés avec la langue, je veux aimer ses
charmes à la folie. La langue serait ma jeune mère ravissante perdue désirée pleurée rappelée
recréée ? se demande Proust. — Ravissement pour ravissement, je veux en jouir dans
l’ignorance des bornes et des rôles, la ravir à qui me l’interdit. Je veux aimer à la fureur et par
dessus tout une chose bizarre, chose animée, torrentielle, désobéissante, mécréante, qui bondit
par dessus les matelas et disparaît en laissant derrière elle des traces d’incendie, s’écrie Stendhal.
Saint Augustin, Swift, Rousseau, Stendhal, Rimbaud, Joyce, Genet, Derrida, Bernhard... tous
des malfaiteurs, manqués ou glorieux, d’anciens enfants partis à la chasse aux poires ou aux
pommes, et tous pris sur le fait l’un la main sur la grappe l’autre la dent sur la grosse joue
rouge d’une tante à croquer, l’autre lancé sur le vélo volé à l’oncle père...
... Maintenant allons en Allemagne comme en Autriche également, en tant qu’enfant sous les
bombardements. Nous descendrons avec Thomas Bernhard de galeries en cavernes, de guerre
extérieure en guerre intérieure. Dans une ville en ruine, nous avons marché sur une main-de-
poupée. Ce n’était pas une main-de-poupée, découvrons-nous, c’était une main-d’-enfant arrachée
à un enfant (Th. Bernhard, Die Ursache). Avec cette main-d’-enfant arrachée-rattachée s’écrit le
livre originaire.

Bibliographie : Saint Augustin : Confessions ; Ingeborg Bachmann : Trois sentiers vers le lac ;
Thomas Bernhard : L'origine, Le souffle, Un enfant, La cave ; Hélène Cixous : L'ange au secret,
Le jour où je n'étais pas là, Portrait de Jacques Derrida en jeune saint juif ; Jacques Derrida :
Donner la mort, Le Monolinguisme de l'Autre, « Circonfession » in J. Derrida & J.
Bennington, Jacques Derrida ; Kafka : « Le verdict », « La métamorphose » (et autres textes) ;
Jean-Jacques Rousseau : Confessions, Les rêveries du promeneur solitaire ; Stendhal : Vie de
Henry Brulard.

Intervenant :
- Samedi 8 décembre et samedi 12 janvier : Yvette Sultan (hématologue)

Marie-Christine LALA

Georges Bataille : le mouvement de la transgression


aux limites de la communication

18h-20h
Amphi B, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Jeu 25 Oct, Jeu 8 Nov, Jeu 22 Nov, Jeu 6 Déc, Jeu 10 Jan, Jeu 24 Jan

Georges Bataille développe une doctrine qui met en jeu l'interdit et la transgression (notamment
avec Lascaux ou la Naissance de l'art) dans la continuité de l'enseignement de Marcel Mauss. Ce
séminaire propose de montrer comment le rapport limite/transgression se substitue en fait à
cette première approche pour évoluer à travers l'ensemble de l'œuvre de Georges Bataille vers la
notion complexe d'un mouvement de la transgression. Nous verrons d’abord que l’introduction à
L’Érotisme l’envisage sur le plan de l’ontologie à partir du modèle biologique de la séparation
des êtres afin de dévoiler en même temps le ressort de l’érotisme et de la religion dans le sens du
sacré. La révélation du divin en l’homme ou la continuité divine des religions se trouvent
également liées à la transgression de la loi qui fonde l’ordre des êtres discontinus, et dans l’excès
du dépassement (mise à nu de l’érotisme ou mise à mort du sacrifice) l’interdit se trouve en
quelque sorte transfiguré.
Le mouvement « en vrille » de la transgression (M. Foucault) peut alors se concevoir comme
un passage à la limite incessant. À l’échelle humaine, il se traduit dans l’effusion des conduites
souveraines (rire, ivresse, érotisme, poésie, sacrifice, méditation), tandis qu’il trouve une
véritable extension théorique dans le cadre conceptuel de l’économie générale. C’est pourquoi
nous examinerons ensuite l’ambivalence constitutive du rapport à la loi dès lors que la part

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maudite (ou sacrificielle) de l’échange interdit et autorise simultanément la communication. Le
séminaire reviendra ici sur le lien entre sacrifice et dépense pour montrer comment, d’après
Bataille, le sacrifice délivre le mouvement de l’excès qui permet de poser la question de la liberté
en des termes renouvelés. Le mouvement de la transgression porté aux limites de la
communication conduirait ainsi à une critique radicale de la violence et à « une mise en place de
l’existence sociale (...) comparable en un sens au passage de l’animal à l’homme » (La Part
maudite).

Boyan MANCHEV

Le fantasme, le sujet et le sens

18h-20h
Centre for Advanced Study in Sofia,
4 rue Alexandre Batenberg, Sofia 1000 (Bulgarie)
Jeu 18 Oct, Jeu 1 Nov, Jeu 15 Nov, Jeu 29 Nov, Jeu 13 Déc, Jeu 17 Jan
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

Séminaire organisé en collaboration avec le Centre for Advanced Study in Sofia (Bulgarie)

Sur un premier plan, le projet de séminaire peut être compris comme projet d’une archéologie du
fantasme. D’abord, je me propose d’examiner son essor conceptuel chez Platon, inséparable de
son évaluation négative — une condition nécessaire pour la constitution de la philosophie
comme le domaine du Réel. En deuxième lieu va être révélée la scission en deux des
appréciations du fantasme depuis l’Antiquité. Et troisièmement, sera envisagée la déconstruction
de l’opposition de ces deux tendances axiologiques. Mais le projet de séminaire aura en plus
l’ambition de redéfinir — à travers une relecture de Guillaume, de Deleuze et à l’aide de la
théorie linguistique de Krassimir Mantchev — cette notion, la notion de fantasme, renvoyant à
son pouvoir étymologique. La théorie idéogénétique de Mantchev propose une conception du
langage comme un permanent Devenir : le sujet et l’objet ne cessent de se refusionner et de se
rediviser, de se reconstituer, jusqu’à ce que le désir de sens ne cesse d’actionner le langage. C’est
bien cet acte initial de division, c’est-à-dire d’engendrement du Sujet et de l’Objet, qui sera défini
comme fantasme. Dans cette perspective, à son tour et dans sa relation avec le fantasme, le sens
sera compris non pas comme une entité mais comme un événement. N’étant pas une entité, le
sens n’est pas (ne pourrait pas être) garanti d’avance ; en échange, il se crée toujours. Le sens
n’est pas possible sans le désir de sens. Mais peut-être le désir de sens n’est-il pas autre chose
que le désir du sens. Il faut découvrir, avant tout désir « mimétique » — si on globalise le
terme de Girard — ce désir du désir qui incarne l’existence : un désir anarchétypique, si on
reprend la notion forgée par Jean-Luc Nancy et Philippe Lacoue-Labarthe — présubjectal aussi
bien que préobjectal.
Ces ouvertures théoriques seront exemplifiées tout au long du séminaire à travers la lecture des
romans Le Journal d’un séducteur de Kierkegaard, Don Quichotte de Cervantès, L’Idiot de
Dostoïevski, l’Histoire de l’œil de Bataille, Le Chien des Baskerville de Conan Doyle et Le
Dilettante de Tchavdar Moutafov, parmi d’autres œuvres littéraires et philosophiques.

Intervenants :
- Jeudi 1er novembre : Bogdan Bogdanov (professeur de lettres classiques à l'Université de Sofia,
président de la Nouvelle Université de Bulgarie)
- Jeudi 29 novembre : Vladimir Gradev (maître de conférences de théorie de la culture à
l'Université de Sofia)

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Beppe SEBASTE

Comment ne pas connaître.


I. De la confession au témoignage - II. Du témoignage au visage

Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


18h-20h : Jeu 15 Nov, Amphi B
19h30-21h30 : Jeu 22 Nov, Amphi A
18h-20h : Jeu 29 Nov, Jeu 6 Déc, Amphi A
18h30-20h30 : Jeu 13 Déc, Jeu 20 Déc, Amphi A
18h-20h : Jeu 10 Jan, Amphi A
18h-20h : Jeu 17 Jan, Amphi B

Mon dernier séminaire au Collège étant dédié à la « confession » (surtout celles d'Augustin),
les problématiques touchées et les effets suscités concernaient notamment la question de la
« conversion », au sens d'une conversion de la philosophie et par la philosophie, dont le
concept (et l'expérience) de l'aporie (d'une pensée selon l'aporie, comme le dirait Derrida) est la
condition. Mais aussi la conversion de la mémoire (déposition de animus ou mens, l'intellect,
en faveur de anima, ou cœur (comme en italien : dimenticare pour ricordare). Il s'agit de
reprendre le discours là où il s'était arrêté : dans l'étude d'une confession qui se mue en
témoignage de conversion, et où il est souvent question de lecture d'autres témoignages et
confessions (conversions), je voudrais interroger surtout la teneur de vérité (au-delà du véritatif
comme valeur), l'effet et l'expérience de vérité déclenchés par certains textes : conversion par la
lecture, ou, en d'autres mots, rencontre avec une « évidence », révélation (M. Zambrano), qui
investit l'acte même de lire. D'où la question : qu'est-ce qu'une expérience de vérité (de
persuasion, de conversion) exercée par un texte ? qu'est-ce que lire et (se) dire « est-ce vrai ! » ?
de quoi ce texte — et notre lecture — témoignent-ils ? s'agit-il d'une expérience psychologique,
herméneutique, ou autre ? et comment en témoigner après ?
Après avoir analysé la notion de témoignage, jusqu'à son inassumabilité, le séminaire se
poursuit avec la question du visage, thème autour duquel s'articule la deuxième partie du
séminaire. Langage avant les mots (« Le visage est signification, et signification sans
contexte... Le visage parle en ceci que c'est lui qui rend possible et commence tout discours » :
E. Levinas), le visage (« chose parmi les choses » pour le regard et la vision) impose à son
tour un témoignage qui est déposition du sujet, de la conscience, du logos et du regard comme
vision et illumination. La conversion opérée par le visage (qui, nous le verrons, est le contraire
du portrait, et proche du fantôme : voir l'exemple du Saint Suaire) sera explorée et analysée à
l'aide non seulement de la philosophie, mais de l'art, surtout contemporain, et de la littérature...

Intervenant sous réserve :


- Bertrand Rougé (Université de Pau)

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Henning TESCHKE

Benjamin et Deleuze

18h30-20h30
Amphi Stourdzé , Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Jeu 25 Oct, Jeu 8 Nov, Jeu 22 Nov, Jeu 6 Déc, Jeu 20 Déc

Par le style, le geste textuel autant que par l’envergure de leurs œuvres respectives, Benjamin et
Deleuze se situent à l’écart des courants philosophiques de ce siècle. La réception tardive et
souvent pleine de retenue que leurs travaux ont connue témoigne de leur caractère intempestif
autant qu’inclassable. Ni phénoménologues, ni dialecticiens, ni herméneutes, se méfiant de toute
restauration naïve de la philosophie transcendantale, ils ont cependant largement contribué à
renouveler la pensée. Sur la base d’une réflexion sur la langue s’effectue la critique des
présuppositions immémoriales de la représentation (scission du sujet-objet, subordination de la
différence à l’identité) débouchant sur une nouvelle théorie du concept visant l’hétérogène et le
discontinu. La connaissance n’est plus forcément celle d’un objet, la constitution de la
subjectivité n’est plus liée à la conscience. Il en ressort une philosophie de l’histoire axée sur
« l’événement » chez Deleuze et sur « l’image dialectique » chez Benjamin. Ici et là, temps et
vérité entretiennent un rapport privilégié qui retrouve la métaphysique non pas au-delà mais au
centre de l’être. L’esthétique — déployée moins de façon systématique qu’à travers une analyse
serrée de quelques œuvres — reprend et prolonge en quelque sorte les résultats épistémologiques.
Rassemblées sous le signe de la création et de l’expression, les œuvres d’art sont chargées d’une
norme éthique visant le surpassement du normal. L’analyse du social finalement se réalise à
travers un examen des conditions continuellement bouleversées de la perception individuelle. À
cet égard, Benjamin et Deleuze ont manifesté un intérêt intense pour les mass-media visuels qui
déplacent la démarcation entre le naturel et l’artificiel.

Intervenant :
- Jeudi 6 décembre : Alain Badiou

Anca VASILIU

La parole visible ou dire l’image (II)


(de l’Antiquité au Moyen Age)

18h-20h
Amphi A, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Lun 12 Nov, Lun 10 Déc, Lun 14 Jan
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

La nature d’une chose a-t-elle un rapport déterminé avec l’image de cette même chose, étant
donné que « nature » se dit, en bon aristotélisant, de la forme (morphè) et de l’idée (eidos), qui
sont, elles, définissables, ont un accès spécifique au logos, ou bien de la propriété particulière
d’un être ou encore de la « différence spécifique » ? Autrement dit, l’image a-t-elle une nature
propre qui participe à la fois de la nature de son support et de la nature de son sujet (bien qu’elle
en soit différente), en ouvrant ainsi un accès particulier à la connaissance de l’essence et/ou de la
subsistance de la chose présente dans son champ ? Les réponses à ces questions sont multiples
dans les textes des auteurs antiques et médiévaux, et elles se partagent les champs de la réflexion
philosophique entre ontologie, noétique, logique et théologie, selon les orientations et les
« écoles » de chacun des auteurs interrogés. Qu’il s’agisse des péripatéticiens, des

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néoplatoniciens ou des stoïciens, ou bien, pour la pensée médiévale, des chartrains et des
victorins, de la tradition boécienne ou du riche et difficile héritage du Pseudo-Denys et de Jean
Scot, comme, après l’Aristote arabe et latin, d’Albert le Grand, Thomas d’Aquin, Thierry de
Freiberg ou Maître Eckhart et Nicolas de Cues — l’image (qui se dit d’ailleurs sous des termes
nombreux — lexique moins aléatoire qu'on ne l’a pensé jusqu’à présent et qui mérite une étude
attentive) recouvre différentes fonctions : instrument logique, signe (d’où les propositions des
historiens de l’art pour une sémiotique de l’iconographie médiévale), figure de la rhétorique et
composante importante dans la définition de l’intellect et le fonctionnement perceptif/réflexif de
celui-ci (mémoire, imagination, représentation). Par ailleurs, il ne faudrait pas occulter la
dimension anthropologique et christologique de l’image ; en effet, c’est bien dans les discussions
théologiques byzantines et médiévales latines sur le caractère dynamique de l’image et de la
ressemblance que se rencontre le terrain lexical et philosophique le plus riche et le plus critique à
l’égard des usages de la notion d’image.

Intervenants :
- Lundi 10 décembre : Annick Charles-Saget
- Lundi 14 janvier : Jean-Louis Labarrière

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Philosophie/Philosophie

Manola ANTONIOLI

Géophilosophie et déterritorialisations
(à partir de Gilles Deleuze et Félix Guattari)

20h-22h
Amphi A, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Lun 12 Nov, Lun 26 Nov, Lun 3 Déc, Lun 10 Déc, Lun 14 Jan, Lun 28 Jan

La philosophie de Gilles Deleuze et Félix Guattari est une philosophie du mouvement, en


mouvement. De leurs livres émergent de nouveaux territoires, des paysages désertiques ou
lunaires, peuplés d'animaux étranges. Il n'y a que des devenirs, mais les devenirs ne se déroulent
jamais comme les épisodes ordonnés d'une histoire rectiligne, leur mouvement incessant n'a ni
point de départ, ni point d'arrivée et ne commence que par le milieu. Il ne s'agit pas de
privilégier l'espace par rapport au temps, mais de montrer qu'il n'y a de vraie transformation que
dans un paysage sans direction assurée, que par la traversée de territoires qui n'ont pas encore été
balisés, mesurés, ordonnés (les espaces lisses du désert, de la mer, de la steppe). On assiste ainsi
à la naissance d'une géophilosophie, d'une pensée qui met en scène des territoires, des
populations, des animaux (philosophie, géographie, nomadologie, zoologie) et qui opère par
déterritorialisations et par rencontres. Le séminaire se propose donc de tracer une carte des
concepts qui traversent ces nouveaux territoires (la ligne, le plan, le rhizome) et d'en suivre
toutes les possibles déclinaisons (philosophiques, esthétiques, éthiques) à travers les différentes
étapes de la pensée deleuzo-guattarienne. Il s'agira aussi de réfléchir à partir des deux tomes de
Capitalisme et schizophrénie sur la dimension politique des dynamiques de déterritorialisation et
de reterritorialisation qui déterminent le devenir du (des) pouvoir(s) et enfin de voir comment,
dans l'œuvre de Félix Guattari, la géophilosophie devient progressivement écologie ou
écosophie pour donner lieu, en dehors de l'agencement collectif d'énonciation Deleuze/Guattari, à
une réflexion sur les enjeux contemporains des discours sur les territoires et les environnements.

Alain BADIOU

Images du temps présent.


I. Le nihilisme contemporain, et comment s'orienter dans la pensée

20h-22h
Amphi 44 (tour 44), Univ. Paris 7–Denis Diderot, 2 place Jussieu, 75005 Paris
Mer 21 Nov, Mer 5 Déc, Mer 19 Déc, Mer 16 Jan, Mer 30 Jan
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

Séminaire organisé dans le cadre du DEA « Lieux et transformations de la Philosophie »,


Université Paris 8

La politique « révolutionnaire » du XXe siècle s'arrimait à un réel postulé au delà du bien et du


mal, constructible par les ressources de la guerre, façonnant à l'infini le sujet d'une discipline, et
situé dans un Deux anti-dialectique qui impose à sa venue l'avatar perpétuel d'une harassante

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épuration. La fatigue d'aujourd'hui au regard de cet héritage le plus souvent criminalisé se traduit
par le déni de tout réel, l'apologie compassionnelle de la finitude et le règne accepté du
nihilisme, mais d'un nihilisme singulier, dont nous décrirons la forme toute particulière de
passivité qu'il impose, passivité dont le dehors est une sorte d'agitation stagnante, de fébrilité
stérile. Au cœur de notre propos, il y aura la corrélation, dont il faudra formaliser la logique,
entre le motif dynamique de la « modernisation » et l'évidence mortifère de son imposition
forcée. Ou encore, la torsion manifeste entre le prurit moralisant et l'aveu de ce que l'injustice
est partout nécessaire.
On montrera qu'en définitive, le fond de néant du contemporain s'attache à la réduction de toute
vie sans exception à ses paramètres animaux.
On explorera ensuite les voies et moyens d'une orientation dans la pensée apte à tracer, dans
cette inévitable hégémonie biologisante du nihilisme, un chemin où des fragments de
subjectivation véritable restent accessibles.

Thorsten BOTZ–BORNSTEIN

Nishida Kitarô : intuition, lieu, rêve

20h-22h
Amphi B, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mer 7 Nov, Mer 14 Nov, Mer 21 Nov, Mer 28 Nov, Mer 5 Déc, Mer 19 Déc

On examinera la pensée du philosophe japonais Nishida Kitaro, en particulier ses notions


d'expérience pure (junsui Keiken) et de lieu (basho). Le but du séminaire est d'élucider la
signification du basho chez Nishida dans le cadre des réflexions philosophiques générales sur le
jeu et sur le rêve.
On cherchera des parallèles entre la philosophie de Nishida et des branches de la philosophie
occidentale comme la théorie du rêve, la théorie du jeu et la philosophie du style. Les éléments
européens seront discutés en empruntant des bases théoriques à différents domaines. Le séminaire
suivra quatre étapes à travers lesquelles sera développé progressivement un discours sur les trois
notions mentionnées que sont le rêve, le jeu et le style :
1. L'expérience pure et le phénomène du jeu.
2. L'expérience pure et le rêve.
Le rêve comme système unifié.
3. Utilisations possibles de la philosophie nishidaïenne pour l'esthétique moderne.
a) Le lieu et le rêve et leurs significations dans l'esthétique du cinéma contemporain.
b) L'expérience pure et le style examinés du point de vue de la stylistique européenne.

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Natalie DEPRAZ

Atelier de lecture expérientielle (III) :


De la synthèse passive de Edmund Husserl

20h-22h
Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Jeu 11 Oct : Amphi A
Jeu 22 Nov : Amphi B
Jeu 31 Jan : Amphi A
(Cet atelier de lecture se poursuivra au second semestre)

Dans le prolongement du travail entamé l'année dernière autour des analyses consacrées à La
synthèse passive de Husserl, le présent atelier se donne pour objectif de continuer le travail de
relecture de ce volume.
Il s'agira, là encore, de tâcher d'adopter un regard décentré par rapport à une lecture habituelle, qui
s'attache avant tout à repérer la cohérence argumentative de l'auteur dans le texte et par rapport à
ses énoncés sur la même question dans d'autres textes. La lecture décalée que nous proposons
prend appui sur le repérage de gestes procéduraux, de pratiques descriptives qui échappent la
plupart du temps au philosophe centré sur l'examen des concepts et des arguments.
En s'intéressant à des expressions qui passent le plus souvent inaperçues, soit issues de sa
formation mathématique, soit procédant de sa connaissance et de son débat avec les
psychologues, on voudrait faire apparaître les contours d'une autre phénoménologie
husserlienne, plus concrète et plus centrée sur la praxis même de l'expérience.

Intervenants :
- Jeudi 11 octobre : Pierre Vermersch
- Jeudi 22 novembre : Natalie Depraz
- Jeudi 31 janvier : Pierre Vermersch

François-David SEBBAH

Atelier de lecture de textes philosophiques (VI). Textes de


phénoménologie portant sur la problématique
« espace, action, perception »

10h30-12h30
Salle K230, département T.S.H, Centre Pierre Guillaumat,
Université de technologie de Compiègne, rue Albert Schweitzer, 60200 Compiègn
e
Ven 19 Oct, Ven 16 Nov, Ven 14 Déc, Ven 18 Jan
(Cet atelier de lecture se poursuivra au second semestre)

Atelier de lecture organisé avec l'Université de technologie de Compiègne

Inscrit au sein d'une université scientifique et technique, cet atelier se propose de favoriser la
démarche et l'interrogation philosophiques parmi des « non-professionnels » de la philosophie.
À ce titre, il voudrait permettre une circulation entre le savoir philosophique et les savoirs
positifs pratiqués dans une université formant des ingénieurs, et ce en direction de tous ceux

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(« philosophes » ou non, ingénieurs ou non...) qui sont intéressés par une démarche dont la
fin, pour ne pas être l'érudition, n'en est pas moins un éclaircissement rigoureux de questions
fondamentales nous concernant tous.
Parce que la phénoménologie est une tradition philosophique qui a pu tout à la fois désigner les
limites des sciences modernes et être une source d'inspiration pour certaines d'entre elles (cf.
aujourd'hui le rapport complexe noué entre sciences cognitives et phénoménologie), elle nous
paraît constituer un terrain privilégié pour initier la réflexion. Nous proposons de continuer le
travail des semestres précédents inauguré par la lecture suivie de la Phénoménologie de la
perception de Maurice Merleau-Ponty. Il se poursuit par une mise en perspective des analyses
merleau-pontiennes de l'Espace à partir de la lecture d'autres textes de la tradition
phénoménologique concernant l'Espace. Puisant soit parmi des œuvres ayant inspiré le geste
merleau-pontien (Husserl, Heidegger, Straus...), soit parmi des œuvres qui l'ont continué
(Maldiney), ou bien encore parmi des œuvres de la tradition phénoménologique développant des
perspectives différentes (Henry, Desanti... ), on continue de proposer la lecture de textes portant
plus particulièrement sur au moins deux des trois notions connexes suivantes : « perception »,
« action », « espace ».

Jean-Michel SALANSKIS et François-David SEBBAH

Les usages contemporains de la phénoménologie (VI)

Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


18h-20h : Ven 12 Oct, Ven 9 Nov, Ven 7 Déc, Amphi B
19h30-21h30 : Ven 11 Jan, Amphi A

Partant d'un constat, celui de l'extrême diversité — thématique, méthodologique et stylistique —


des reprises ou prolongements contemporains de la phénoménologie, on voudrait analyser ces
usages pour eux-mêmes plutôt que de les confronter à un noyau ou une unité perdue qu'il
s'agirait de définir et de restituer. La tâche consistera dès lors à tenter de dégager des « structures
de problème » communes dont la compréhension profite à toutes les branches de la filiation ; il
faudra aussi, symétriquement, cerner la posture et/ou l'exigence singulière(s) de chacun de ces
gestes. Ce faisant, nous espérons mieux estimer la fécondité et les limites respectives de ces
reprises contemporaines de la phénoménologie, et voir s'esquisser ainsi le champ du possible et
de l'impossible pour qui veut, aujourd'hui, faire usage de la phénoménologie.
La tâche est donc double. Tout en continuant à donner la parole à des usages non encore
représentés, il s'agira à partir des témoignages déjà recueillis — sans pour autant s'en tenir à un
pluralisme de bon aloi — de dégager d'éventuelles matrices théoriques et configurations
conceptuelles communes ; d'éventuelles affinités dans les gestes de pensée et les exigences. Il
s'agira aussi non de gommer, mais de déterminer les tensions et incompatibilités éventuelles
pour leur donner un sens précis. Nous tenterons, puisque ce séminaire s'achève avec ce semestre,
d'en formuler théoriquement l'acquis.

Intervenants :
- Vendredi 12 octobre : Philippe Cabestan (Paris) : L’inflexion existentialiste de la
phénoménologie et la psychiatrie
- Vendredi 9 novembre : Pierre Cassou-Noguès (CNRS) : La phénoménologie et la réflexivité
des mathématiques : Gödel et Cavaillès lecteurs de Husserl
- Vendredi 7 décembre : François-David Sebbah : Réflexions sur les usages contemporains de la
phénoménologie (I)
- Vendredi 11 janvier : Jean-Michel Salanskis : Réflexions sur les usages contemporains de la
phénoménologie (II)

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Philosophie/Politique

Alain DAVID

Philosophie et actualité : recherches sur l'extériorité

Amphi B, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


18h-20h : Ven 30 Nov
18h30-20h30 : Ven 14 Déc
18h-20h : Ven 11 Jan, Ven 25 Jan
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

Ce séminaire se revendique d’une triple continuité : continuité avec un livre, paru en 2001
Racisme et antisémitisme. Essai de philosophie sur l’envers des concepts (Ellipses 2001) ;
continuité avec les recherches menées dans les séminaires des trois semestres précédents sur
« l’actualité de Levinas » ; continuité enfin avec un débat engagé autour du livre de Denis
Kambouchner, Une école contre l’autre, (PUF 2000) de la polémique sur l’école et sur la
réforme avortée des programmes de philosophie. « Il voudrait », dirais-je en pastichant l’incipit
du livre de Kambouchner, « introduire à une discussion qui, si l’on n’y prend garde, n’aura
jamais lieu ».
« Si l’on n’y prend garde » : c’est en effet de cela qu’il s’agit, de prendre garde, de prendre en sa
garde, selon l’étymologie heideggerienne du mot Wahrheit, vérité ; ou/et, de faire attention, en
retenant la remarque célano-benjamino-malebranchiste, selon laquelle l’attention est « la prière
naturelle de l’âme ». Être attentif, donc, comme on prie, à ce qui a disparu, à la disparition, à ce
qui n’a ni présence ni présent et qui, pour cela, définit l’actualité « tout autrement », en un sens
inaudible et récusé par une institution philosophique qui se reconnaît et se comprend dans des
termes qui avec constance ramènent de la présence à l’éternité. L’échec récent, après bien
d’autres, d’un projet de réforme des programmes de philosophie, me conduit à souhaiter poser
frontalement la question : l’actualité est-elle pensable pour les philosophes, est-ce elle qui fait
penser, ou est-elle estompée, absorbée et renvoyée (effet des corporatismes ? de l’inertie
institutionnelle ?) au ventre mou de la philosophia perennis, qui veut que de toute manière rien
ne soit arrivé ? Tout a-t-il toujours déjà été entendu et prononcé par Platon, Descartes et Kant
(du reste à quel prix le prétend-on, notamment quant à la compréhension de ces auteurs-mêmes :
n’est-ce pas celui de la sacralisation) ? Ou bien, au contraire, sommes-nous assignés à de
nouvelles questions (et dans ce cas : qui, nous ? par qui ou par quoi, assignés ? et quelles
nouvelles questions ?).

Introduction : qu’est-il arrivé ?


I. La question du siècle (« que signifie penser après Auschwitz » ? Que signifie « que signifie
penser après Auschwitz ? »
II. Discours de la méthode : métaphores, réduction, autobiographie, déconstruction, hypallage.
III. Registres d’extériorité (adjectifs) :
L’esclavage et la philosophie. L’animal autobiographique

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Eva HORN

Secret et trahison

20h-22h
Amphi B, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Ven 12 Oct, Lun 19 Nov, Lun 10 Déc, Lun 14 Jan

Séminaire organisé en collaboration avec le Graduiertenkolleg "Repräsentation-Rhetorik-


Wissen" à l'Europa-Universität Viadrina, Frankfurt/Oder (Allemagne)

Dans l'espace propre au politique, secret et trahison se renvoient perpétuellement l'un à l'autre :
seul ce qui vaut vraiment la peine d'être trahi définit le vrai secret, le secret efficace. Et là, c'est
un type de savoir bien particulier qui entre en scène, un savoir politique, au sens où il se déploie
toujours entre ces lignes de front, dans cette différenciation, opaque et irréductible, de l'ami et de
l'ennemi. Ce savoir touche communautés et groupements, et non les sujets individuels.
L'épistémologie propre des arcana imperii ou, si l'on veut, du secret d'État, est l'objet de ce
séminaire.
Épistémologie propre, celle d'un savoir dont l'origine est à trouver dans la guerre et la
domination, un savoir rempli de puissance. Être dans le secret, ou bien ne pas être dans le secret,
voilà qui détermine le sort des batailles, fait et défait les gouvernements. C'est pourquoi il se
plie aux nécessaires restrictions et interdits ; il développe sa propre méthodique, mais aussi les
techniques et stratégies en vue de sa défense, sa transmission, son interception, son chiffrement
et son déchiffrement. Cette science secrète de l'État, dont nous tenterons de retracer la nature et
l'histoire, n'est un discours ni neutre, ni innocent. Le secret peut servir le camouflage et la
mystification, et tout aussi bien devenir instrument administratif de contrôle et d'intervention.
De ce fait, ce n'est pas seulement dans les cabinets des gouvernements que cet arcanum politico-
guerrier trouve son lieu d'élection, mais aussi, et surtout, dans les dispositifs militaires, les
services secrets, et la police. Le secret d'État, par cette multiplicité, devient objet de discours
politiques, juridiques, éthiques, sociologiques, militaro-techniques et théologiques.
Le séminaire enquêtera dans quatre directions, que nous emprunterons à chacune de nos séances.
1. Visages de Judas - théologie, droit, éthique
2. Secret de guerre - appareil d'État vs. machine de guerre
3. Secret d'État – arcana imperii et coup d’État
4. Épistémologie du renseignement - le savoir total

Victor KAPLOUN

Projet philosophique de Nietzsche :


entre la cité antique et l'Europe de demain

18h-20h
Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mar 6 Nov, Mar 13 Nov : Amphi A
Mar 20 Nov : Amphi B
Mar 27 Nov : Amphi A

La philosophie de Nietzsche dans son ensemble est indissociablement liée à la culture antique.
C'est à cette source-là que Nietzsche puise constamment des modèles existentiels et des outils
conceptuels qu'il retravaille et utilise pour l'analyse et l'évaluation de divers aspects de la culture
européenne qui lui était contemporaine. Le domaine de prédilection dans cet héritage des Anciens

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est pour lui la philosophie antique, considérée comme une forme de vie particulière s'appuyant
sur une institution particulière qui lui servait de cadre — école philosophique.
Au cours de nos séminaires, nous essaierons de montrer que la problématique de la vie
philosophique et de l'éducation philosophique est un thème qui sous-tend toute la philosophie de
Nietzsche et traverse toute son œuvre. Nous proposerons un cadre interprétatif général pour toute
sa philosophie, selon lequel celle-ci doit être considérée comme la réalisation d'un projet
philosophico-éducatif ayant pour modèle des esthétiques de l'existence (pour reprendre
l'expression de M. Foucault) élaborées et pratiquées dans les écoles philosophiques de
l'Antiquité. Ce projet a pour objectif la création d'une communauté particulière de philosophes
« sceptiques », porteurs de la pensée « tragique » (nouvelle ou ressuscitée), que Nietzsche
appelle aussi « esprits libres », « philosophes de l'avenir », « bons européens », « un
européen de demain », etc.
On peut reconnaître, dans ce projet philosophique de Nietzsche, bien des motifs fondamentaux
qui renvoient aux principes et pratiques de l'éducation éthico-politique et philosophique de la
période classique de la cité grecque. Nous essaierons de montrer, entre autres, que le rapport de la
philosophie de Nietzsche à celle de Platon est plus compliqué qu'on ne le présente d'habitude et
qu'il ne se limite pas à la « haine conceptuelle », au simple rejet ou renversement. Bien au
contraire, le projet philosophique de Nietzsche dans son architectonique même et dans ses
caractéristiques fondamentales doit beaucoup à la philosophie de Platon, en particulier à la
définition du philosophe et au programme de la philosophie formulés dans le Banquet qui ont
beaucoup influencé l'histoire de la philosophie occidentale, aussi bien qu'au projet platonicien de
l'éducation des « philosophes vrais » décrit dans la République.
On analysera aussi le langage philosophique de Nietzsche et les particularités formelles qui
permettent de parler de ses textes comme d'un analogue symbolique des écoles philosophiques de
l'Antiquité.

Dietmar KÖVEKER

Démocratie et postmodernité

Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


18h30-20h30 : Jeu 25 Oct, Amphi A
18h-20h : Jeu 29 Nov, Amphi B
18h30-20h30 : Jeu 13 Déc, Amphi B
19h30-21h30 : Jeu 17 Jan, Amphi A

L'ère « postmarxiste » de la philosophie politique a été marquée notamment par deux approches
: La théorie de la justice de John Rawls (1971) d'une part et la théorie de la démocratie telle que
Jürgen Habermas l'a élaborée dans Droit et démocratie (1992) d'autre part. En même temps la
discussion philosophique en tant que telle, et notamment celle entre la France et l'Allemagne,
s'est trouvée largement dominée par la controverse autour du problème de la modernité et/ou de
la postmodernité. Dans la mesure où cette controverse évoluait notamment autour de concepts
comme ceux de rationalité, de vérité, autour de la question de savoir comment il faut entendre le
rôle du langage dans le cadre de la pensée philosophique, etc., on reconnaîtra qu'il s'agissait
plutôt d'une discussion « théorique ». En tout état de cause, il n'a guère été question — ou
seulement par la bande — de ce qu'on pourrait appeler « une philosophie politique
postmoderne ». D'où la question : en quoi consiste exactement la contribution postmoderne à
l'autocompréhension démocratique ? S'il existe quelque chose comme une « éthique
postmoderne » (Zygmunt Bauman), peut-on également parler d'une « philosophie politique
postmoderne » ?
Le séminaire discutera ces questions, en essayant de tenir compte de quelques-unes des
conséquences tirées des réflexions sur le(s) rapport(s) entre langue/langage et temps, qui furent
l'objet des séminaires antérieurs.

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Intervenants : Christian Bouchindhomme (Paris), Andreas Niederberger (Francfort s/l Main),
Andreas Wagner (Mainz)

Éric LECERF, Sergio PEREZ CORTES,


Patrick VAUDAY et Susana VILLAVICENCIO

Les dialogues philosophiques

18h30-21h
Maison de l'Amérique latine, 217 boulevard Saint-Germain, 75007 Paris
Mar 23 Oct, Mar 13 Nov, Mar 11 Déc, Mar 15 Jan, Mar 29 Jan
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

avec la collaboration de Stéphane DOUAILLER, Jordi RIBA et Patrice VERMEREN

Séminaire organisé dans le cadre de la convention avec la Maison de l’Amérique latine ; en


collaboration avec le département de philosophie de l’Université Paris 8, le Centre de recherches
politiques de la Sorbonne (CNRS - Université Paris 1), l’Institut des Hautes Études de
l’Amérique Latine (Université Paris 3), le programme franco-argentin de philosophie ECOScyt
A98H03 et la Délégation permanente du Chili à l’UNESCO.

Qu’arrive-t-il au juste à la philosophie lorsque, changeant de sol et d’horizons, elle traverse


frontières et océans ? Ce séminaire accueille des spécialistes d’esthétique ou de pédagogie aussi
bien que des chercheurs en philosophie politique. C’est qu’il ne vise pas à une unité thématique
de cet ordre. Les « Dialogues philosophiques » se veulent d’abord un lieu, un lieu de rencontre
où l’idée même de rencontre se problématise. Ils mettent en présence des philosophes latino-
américains et européens, avec le dessein d’interroger la circulation et le déplacement des
concepts, des œuvres, des traditions, et de montrer au public quelques coïncidences ou
divergences, efforts convergents et enjeux polémiques de la pensée sur les deux rives de
l’Atlantique.

Intervenants :
- Mardi 23 octobre, conférence de Ricardo Arcos Palma (Pontificia Universidad Javeriana,
Bogota, Colombie) : Fernando Pessoa et le nomadisme de l’esprit
Répondants : Louise Adenis, Claudia Barrera, Silvia Costanzo, Patrick Vauday

- Mardi 13 novembre, conférence de Susana Villavicencio (Université de Buenos Aires,


Argentine) : Les personnages philosophiques du citoyen, du barbare et de l’étranger : figures de
l’autre et stratégies d’exclusion dans la constitution de la citoyenneté argentine
Répondants : Laurent Fédi, Georges Navet, Sergio Perez-Cortes, Jacques Poulain

- Mardi 11 décembre : conférence de Francisco Lagos Donde (Unam – Mexico) : Le corps chez
Nietzsche
Répondants : Antonia Birnbaum, Stéphane Douailler, Pilar Echeverria de Ocariz, Jordi Riba

- Mardi 15 janvier : conférence de Graciela Frigerio (Université de Entre Rios et CEM Buenos
Aires, Argentine) : Critique de la raison pédagogique
Répondants : Laurence Cornu, Térésa Longo, Jean-Marc Levent, Hubert Vincent

- Mardi 29 janvier : conférence de Horacio Gonzalez (Université de Buenos Aires, Argentine) :


La chrysalide ou le néant des fondements philosophiques de l’argentinité
- Répondants : Miguel Abensour, Michèle Gendreau-Massaloux, Eduardo Fernandez-Bollo,
Jacques Poulain

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Philosophie/Psychanalyse

Laure BONNEFON-TORT

Traitements de l'angoisse

20h-22h
Amphi A, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mar 13 Nov, Mar 27 Nov, Mar 11 Déc, Mar 15 Jan, Mar 29 Jan
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

L'angoisse, érigée en concept par Kierkegaard (dans Le concept de l'angoisse-1844), fut promue
au rang d'affect philosophique par certains de ses successeurs. Le même Kierkegaard ouvrait
aussi explicitement dans ce texte une autre voie de recherche, celle de la relation de l'angoisse à
la sexualité, curieusement moins explorée par les philosophes de l'angoisse. Or, c'est
précisément cette relation de l'angoisse à la sexualité qui est au centre du développement de la
théorie psychanalytique de l'angoisse. Le concept de l'angoisse occupe-t-il une position
particulière au sein des relations complexes qu'entretiennent la philosophie et la psychanalyse ?
Tel sera l'axe principal de ce séminaire, dans lequel il s'agira de confronter « les traitements de
l'angoisse », c'est-à-dire les discours philosophiques et psychanalytiques produits sur l'angoisse.
Trois volets seront ainsi successivement envisagés.
- Le premier sera consacré aux transformations de la théorie philosophique de l'angoisse de
Kierkegaard à Heidegger ainsi qu'à une mise en perspective de la problématique philosophique
des fonctions de l'angoisse (expérience de la liberté, mode d'accès au néant).
- L'enjeu du second volet sera de saisir le déplacement opéré par Freud par rapport à la définition
philosophique de l'angoisse comme affect sans objet et de suivre, dans le développement de
l'œuvre de Freud, l'élaboration de la problématique psychanalytique de la perte de l'objet.
- Le troisième volet prendra appui sur l'analyse anglo-saxonne des angoisses psychotiques (M.
Klein, D.W. Winnicott) pour interroger la position du « traitement philosophique de
l'angoisse » comme stratégie par rapport à la question de la destructivité intra-psychique.

Intervenant :
- Mardi 15 janvier : Sylvie Le Poulichet (Professeur à l'Université Paris 7, psychanalyste)

Caroline GROS-AZORIN

Pathologie et œuvre d'art


au regard de la psychanalyse et de la Daseinsanalyse

Amphi B, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


20h-22h : Jeu 25 Oct
18h-20h : Mar 6 Nov, Mar 4 Déc, Mar 8 Jan
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

Notre projet de séminaire part d’une présupposition de travail que nous tâcherons d’interroger et
qui peut se résumer ainsi : en quoi les champs d’interprétation que sont la clinique et l’art
sollicitent-ils de notre part une méthode d’approche non pas seulement distincte, mais encore

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commune ? Nous renvoyons ici aux analyses de la création et du génie artistique et littéraire
qu’ont produites Freud et sa postérité, mais aussi aux travaux de Jaspers sur Strindberg, Van
Gogh et Hölderlin et à ceux de Binswanger sur Henrik Ibsen et le problème de l’autoréalisation
dans l’art. La référence artistique est constante pour comprendre les différentes modalités du
pathique (Maldiney, Regard, Parole, espace) et sa gradation jusqu’au pathologique. Il s’agira
donc de supposer que la réciproque est un chemin d’analyse possible. En effet, quand nous disons
que le malade mental peut et doit être compris et interprété comme une œuvre d’art, ce
« comme » n’instaure pas une quasi-similitude, mais indique que les voies d’accès à l’œuvre
d’art et au malade coïncident, ou en tout cas s’instruisent l’une par l’autre.
La réflexion sur l’œuvre d’art a permis de mettre à découvert des processus psychiques que la
psychanalyse et la Daseinsanalyse reconnaissent au cœur même des pathologies les plus
typiques. Comme Freud et Binswanger ont tenté de le clarifier, et plus près de nous Henri
Maldiney et Pierre Fédida, l’art et la folie constituent une sorte d’alternative qui mobilise les
structures les plus fondamentales de l’être homme. Si l’œuvre d’art n’est donc pas le symptôme
de la maladie mentale, mais une réponse possible à celle-ci ou sa métamorphose en une forme
d’existence résolue, la psychanalyse et la Daseinsanalyse se doivent d’en interroger les
conditions de possibilité pour instruire leur démarche thérapeutique dans la mesure où elle aussi
fait appel à la créativité. À l’inverse, le philosophe qui cherche à cerner les enjeux internes d’une
œuvre d’art, qu’elle soit littéraire, plastique ou musicale, ne peut ignorer ce que la psychanalyse
révèle quant aux conflits qui sous-tendent cette œuvre et au monde que celle-ci déploie devant
elle.

Marie-Christine HAMON, Franz KALTENBECK,


Diana KAMIENNY-BOCZKOWSKI, Geneviève MOREL
et Michael TURNHEIM

Le psychanalyste mutant

20h-22h
Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Ven 9 Nov : Amphi A
Ven 7 Déc : Amphi B
Ven 18 Jan : Amphi A
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

Du psychanalyste on peut attendre qu'il ait subi et assumé un certain nombre de mutations au
cours de sa vie et dans sa carrière d'analysant. Cette série s'arrêterait-elle à la fin quand le sujet
est intronisé à la place de l'analyste ? Nos expériences respectives, mais aussi l'histoire de notre
discipline, prouvent le contraire. Les analystes les plus prodigues ont accepté tout le long de
leur vie de muter, de changer les théories et les techniques mises au service de leurs pratiques.
De Freud à Kohut, les exemples ne manquent pas. Les ruptures, les revirements mais aussi les
fidélités et les continuités dans leur pensée ne se laissent pas réduire à des périodisations de leurs
œuvres comme cela a été fait pour celles de Freud et de Lacan. Pour apprécier les mutations dans
la biographie intellectuelle d'un analyste, on a besoin d'instruments plus fins, de lectures plus
approfondies : le repérage de son désir mais aussi les pressions de son environnement social et
institutionnel doivent être pris en compte.
Ce grand chambardement à la fin de l'analyse que Lacan a appelé « la passe » pourrait être
réinséré dans la série des mutations que l'analysant a traversées. La passe s'intégrerait encore dans
une autre série : les analystes ont toujours fait de grands efforts pour expliquer les modifications
du sujet atteintes par leurs interprétations. Le moment de conclure s'inscrit dans la ligne de ces
modifications tout en rompant avec elle.
Pendant les deux premières années de notre séminaire, nous avons scruté la crise actuelle dans la
psychanalyse comme une crise de sa transmission. Cette année, nous parlerons aussi du
psychanalyste de l'après-crise, autrement dit du sujet encore en analyse qui se prépare à prendre le

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relais. Qu'il soit jeune ou déjà expérimenté, il aura été marqué par la crise. Ce sera un analyste
qui aura changé, un mutant.

Marjolaine HATZFELD

De la réalité psychique de Freud au signifiant de Lacan,


ou : comment Lacan a lu Freud à l'envers

20h-22h
Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mer 10 Oct, Mer 24 Oct : Amphi B
Mer 21 Nov : Amphi A
Mer 19 Déc : Amphi Stourdzé
Mer 16 Jan : Amphi B
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

Des repères théoriques que Freud a inventés pour rendre compte de l’expérience analytique à la
structure signifiante que Lacan leur substitue, la voie de passage est difficile à tracer, malgré
l’évidence qu’il s’agit bien de la même chose, la « Chose freudienne », dont Lacan fait résonner
l’énigme pour y intéresser le désir de quiconque.
Comment la topique de l’appareil psychique, avec son étagement d’instances ayant chacune leur
fonctionnement réglé par rapport à l’opposition du principe de plaisir et de réalité, se
transforme-t-elle en un graphe des rapports du sujet au signifiant chez Lacan, le même
vocabulaire freudien étant pourtant toujours fidèlement repris, réinvesti, retravaillé au fil de son
énonciation ?
C’est essentiellement dans les commentaires que fait Lacan de L’Esquisse de Freud (1895) au
cours de son séminaire L’Ethique de la Psychanalyse (1959/60), que nous suivrons la mise en
place de sa thèse fondamentale, qui fait équivaloir le fonctionnement dans l’inconscient des
processus qualifiés par Freud de primaires — soit un certain mode de répartition et d’écoulement
des quantités dans un réseau de neurones — avec les mécanismes propres à une structure
signifiante (atomisme du signifiant, permutation). Le signifiant, dont on dira que Freud le place
au niveau du préconscient comme représentations de mots, Lacan n’hésite pas à en faire, dès
l’inconscient, des « choses en tant que muettes », avec cette précision que « des choses
muettes, ce n’est pas pareil que des choses qui n’ont aucun rapport avec les paroles ». La Chose
freudienne « fait mot » — cri, trouvaille ou motus selon les cas, du « mensonge » de
l’hystérique au silence nauséeux d’Harpo Marx. Elle marque la place où le vivant devient
passion du signifiant. Nous étudierons les modes de rejet ou d’apprivoisement de cette Chose qui
reste en nous l’étranger le plus traumatique et le plus familier en même temps, et comment par
là Lacan redonne ses arêtes au terme clinique de défense primaire, niveau où se joue ce que Freud
a appelé « choix de la névrose », mais aussi bien tout préliminaire à une réflexion éthique.

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Patricia JANODY, Daniel KOREN, Alain LEMOSOF,
Nora MARKMAN, Anne MINTHE et
Dominique SIMONNEY

Sur la structure en psychanalyse

20h-22h
Amphi A, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mer 10 Oct, Mer 14 Nov, Mer 12 Déc, Mer 9 Jan
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

Le paradigme de structure a été introduit en psychanalyse par Lacan, avec des conséquences
majeures sur son statut épistémologique comme sur la conduite de la cure. Comment pouvons-
nous l'entendre aujourd'hui ?
Dans ce groupe de travail polyphonique, nous serons d'accord qu'il n' y a de sens à parler de
structure en psychanalyse (structure du sujet, structure du fantasme, structures cliniques...) que
pour autant qu'on renvoie, en définitive, à la question de la structure du langage. En revanche,
les uns et les autres divergeront sur la manière de faire droit à la notion de structure dans le
processus analytique. Faut-il l'entendre comme un progrès de la pratique et du concept, posant la
base de la scientificité en psychanalyse ? Ou bien comme une visée idéale de la psychanalyse,
justifiant à ce titre d'être elle-même remise sur le métier de l'analysable ? Chacun de nous se
rapportera aux modalités de son écoute et de sa pratique pour s'atteler à ces questions.

Intervenants :
- Mercredi 10 octobre : Nora Markman
- Mercredi 14 novembre : Dominique Simonney
- Mercredi 12 décembre : Anne Minthe
- Mercredi 9 janvier : Daniel Koren

Vladimir SAFATLE

Écrire les impossibles : la dialectique négative du sujet lacanien

20h-22h
Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mer 10 Oct : Amphi Stourdzé
Mer 7 Nov, Mer 28 Nov : Amphi A
Mer 12 Déc : Amphi B
Mer 16 Jan : Amphi A

Il s'agit d'analyser le programme de rationalité qui structure la psychanalyse lacanienne. Il y a


presque un demi-siècle, Lacan a inauguré un nouveau chapitre dans le dialogue entre philosophie
et psychanalyse avec la question : « Qu'est-ce que la raison après Freud ? ». Aujourd'hui, on
peut renvoyer la question à son locuteur et demander : « Qu'est-ce que la raison après Lacan ? ».
La stratégie du cours consistera à lier le problème de la rationalité aux modes de subjectivation
propres à la clinique analytique. La mobilité de la trajectoire lacanienne nous oblige de poser la
question dans une perspective historique. Nous commencerons avec le premier programme de
rationalité adopté par Lacan : l'intersubjectivité. Qu'est-ce que Lacan comprenait par
l'intersubjectivité ? Qu'est-ce que signifie penser la cure analytique à partir de l'échec de
l'intersubjectivité ? Voilà nos premières questions. Un abordage comparatif avec d'autres

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concepts d'intersubjectivité s'impose (Habermas, Merleau-Ponty, Sartre, Ricœur, Gender
theory).
Lacan pensait l'intersubjectivité comme une expérience dialectique : erreur propre à une certaine
lecture hégélienne des années 30 et 40. L'identification d'une telle erreur démontre comment le
dialogue entre psychanalyse et dialectique par le biais de Lacan/Hegel reste une question ouverte.
J'essayerai de penser ce dialogue à travers le concept de dialectique négative (Adorno) et de lire
certains dispositifs majeurs de l'expérience lacanienne (lettre/mathème comme écriture du réel,
identification avec le sinthome, traversée du fantasme, répétition, jouissance, Universel pas-tout)
à travers ce retour à la dialectique. L'objectif est de comprendre la nature des négations, des
limites et des « impossibles » lacaniens (le Réel comme impossible, la jouissance comme
impossible, le corps et le rapport sexuel comme impossibles, la femme comme impossible)
pour déterminer le régime possible de présentation de ces négations.
Cela nous amènera à comprendre la différence lacanienne entre formalisation et
conceptualisation, entre lettre et concept. Le rapport entre clinique psychanalytique et esthétique
comme rature (Lituraterre) nous guidera dans cette approche et dévoilera des relations possibles
entre les formalisations psychanalytiques et esthétiques. Pour cela j'analyserai certaines œuvres
de l'esthétique contemporaine (Cindy Sherman, Steve Reich).

Intervenant :
- Mercredi 16 janvier : Antonia Soulez (Université Paris 8) : Proposition pour une philosophie
du cas face à la norme de l'universel

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Philosophie/Sciences sociales

Michael GRONEBERG

Études de Transitions

18h-20h
Salle de réunion, Institut Finlandais, 60 rue des Écoles, 75005 Paris
Ven 12 Oct, Ven 16 Nov, Ven 14 Déc, Ven 18 Jan
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

Ce séminaire est conçu sur au moins deux semestres, traitant des transitions individuelles
(exemple du transsexualisme) et collectives (exemple de la dissociation entre la sexualité et la
reproduction) avec un accent sur le regard créatif et orienté vers l’avenir. L’approche
interdisciplinaire inclura notamment les sciences sociales aussi bien que la littérature, l’art et la
psychanalyse.
Cette année, le séminaire poursuit le thème de l’identité. En premier lieu, il s’agit d’analyser les
concepts de l’identité dans les philosophies et les sciences sociales (psychologie, sociologie,
politologie, histoire, études des genres) et de localiser la place de ces identités dans les différents
discours. La tension entre la validation négative du concept de l’identité de la part des
philosophies critiques (entre autres), la validation positive dans la psychologie et la psychiatrie
et l’acceptation de la nécessité d’un travail politique récurrent aux identités particulières, sera le
fil rouge poursuivi dans l’investigation des problématiques actuelles suivantes : la redéfinition
des concepts de l’homme et de la femme, du masculin et du féminin ; la problématique
résultante pour les études féministes, les études du masculin, des genres, etc. (suggestion des
études de transitions — alien studies) ; l’écriture transgressante (cross-writing) — témoignage
pur des constructions des genres ; la dissociation de la sexualité et de la reproduction : analyse
des tentatives de reterritorialisation (la politisation de la sexualité et du genre et l’engenrement
— engendering — des joueurs sociaux) ; la politique des sexualités versus la pragmatique
pansexuelle (la tension fondamentale des Bacchantes d’Euripide) ; le travail des rêves et des
fantasmes en tenant compte du tournant pragmatique dans la philosophie du langage ;
intégration des points de vue des formations de savoir avec un regard du dehors (extra-terrestre) et
un regard (créatif) vers l’avenir.

Intervenants :
- Vendredi 14 décembre : Claire Nahon (psychanalyste, Paris)
- Vendredi 18 janvier : Gesa Lindemann (sociologue, Berlin)

Annick NAY

Management : libertés du quotidien

18h30-20h30
Amphi Stourdzé , Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Jeu 15 Nov, Jeu 13 Déc, Jeu 17 Jan
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

Peut-on autoriser la pratique de la philosophie en entreprise ? Et dans quel dessein ?

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Face à la modélisation des discours managériaux, il s’agit de proposer une investigation autour
de trois axes (le savoir de l’institution, le savoir tacite, le savoir qui se met en pratique) et
réinterroger le « faire sens » du quotidien.
Nous tenterons une démarche d’élucidation autour des manières de penser qui investissent les
manières d’agir et nous montrerons comment se tissent et s’inventent des manières propres
d’agir, de cheminer et d’affirmer une singularité du quotidien.
Nous essaierons de rendre compte de cette singularité, de la créativité faisant son chemin entre le
poids des dépendances et des connivences hiérarchiques, qui désire mettre en lumière les failles
entre dire et faire.
Nous essaierons de distinguer les éléments constitutifs d’une culture au quotidien et nous nous
interrogerons sur les liens possibles, les médiations qui pourraient s’avérer fructueuses entre
savoirs de l’institution, idéologies managériales et culture du quotidien.

Ce semestre
Séance 1 : Annick Nay, Bernard Benattar, Gunther Gorhan : Mythologies du management
Séance 2 : Annick Nay, Bernard Benattar : Le quotidien II : langages
Séance 3 : Annick Nay, Gunther Gorhan : Le quotidien III : entre savoirs et non savoirs

Au second semestre
Séance 4 : Le quotidien IV : pouvoirs
Séance 5 : Le quotidien V : efficacité
Séance 6 : Le quotidien VI : Conclusions provisoires

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Philosophie/Sciences

Bruce BÉGOUT et Natalie DEPRAZ

Exploration de l'expérience
et pratique de la description phénoménologique (IV) :
qu'est-ce que décrire ?

Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


20h-22h : Jeu 15 Nov, Amphi B
20h30-22h30 : Jeu 13 Déc, Amphi A
20h-22h : Jeu 24 Jan, Amphi A
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

Le séminaire « Exploration de l'expérience et pratique de la description phénoménologique »


cherche à présent à approfondir le thème de la pratique de la description, dans le prolongement
d'une première année qui lui a été consacrée.
L'objet du séminaire de cette année consiste ainsi à réévaluer le statut de la description en
phénoménologie en s'attachant tout à la fois à ses pratiques internes et à la mise en œuvre de
modes descriptifs non phénoménologiques, mais qui peuvent entrer en résonance de manière
féconde avec la démarche phénoménologique.

Intervenants :
- Jeudi 15 novembre : Pierre Vermersch : La comparaison des descriptions de l’attention issues
de la phénoménologie et des sciences de la cognition
- Jeudi 13 décembre : Philippe Corcuff : Problèmes théoriques et pratiques de la description
dans la sociologie de l’action
- Jeudi 24 janvier : Jacques Theureau : La description sémiologique du cours de l’action

Dominique FLAMENT et Jean-Jacques SZCZECINIARZ

Mathématiques, Physique, Philosophie :


Nombres complexes et Géométrie (III)

18h-20h
Salle 215, 2ème étage, Maison des Sciences de l'Homme,
54 boulevard Raspail, 75006 Paris
Mar 13 Nov, Mar 27 Nov, Mar 11 Déc, Mar 8 Jan, Mar 22 Jan
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

Séminaire organisé en collaboration avec l'équipe F.F.D.S. (Formalisme, formes, données


sensibles) MSH-CNRS

Ce séminaire est dédié à la mémoire de Gilles Châtelet

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I - Dominique Flament poursuivra la présentation de son travail sur Hamilton et Grassmann ; en
insistant sur les nouvelles tournures que prennent la géométrie et l'algèbre dans leur relation à la
réflexion sur le temps pour le premier, à la Naturphilosophie pour le second. La question de la
stabilisation du concept de nombre complexe dans le champ des mathématiques sera examinée
notamment dans le rapport que celui-ci rend possible entre algèbre et géométrie. Il reviendra sur
les incidences du passage de la théorie des couples algébriques à la théorie des quaternions et
abordera la théorie de l'extension de Grassmann.

II - Jean-Jacques Szczeciniarz montrera quelles positions philosophiques sous-tendent les faits


remarquables de la géométrie complexe qu'il a présentés. Il développe une théorie de la pluralité
et des formes d'intuition particulières mises en œuvre dans les théorèmes fondateurs qui ont été
exposés. En particulier, il s'agit d'élucider les stratégies qui ont présidé à la structuration des
nouveaux rapports établis entre la pluralité des dimensions comme objet de travail qui demande
l'intervention de nouveaux concepts et de nouvelles catégories, et l'investigation de nouveaux
domaines comme ceux de la théorie quantique des champs.
Nous montrerons de quelle manière le travail sur le nombre complexe entraîne une reprise des
questions qu'a ouvertes le kantisme, mais aussi une force de dispersion du champ philosophique.
Le travail poursuit une reprise de la question essentielle de l'imagination déjà esquissée, telle
qu'elle se présente dans la Critique de la Faculté de Juger à la lumière des diverses formes de
déstructuration des unités isolables sous le concept de faculté.

Intervenants : Bernard Besnier, Marc Lachièze-Rey, Jean Sallantin, Salomon Ofman (sous
réserve)

Philippe HAMOU et Marta SPRANZI-ZUBER

Science et théologie à l'âge classique

18h-20h
Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mar 4 Déc : Amphi A
Mar 18 Déc : Amphi B
Mar 8 Jan, Mar 22 Jan : Amphi A

Nous poursuivrons cette année nos recherches sur la constitution de l'identité de la science
moderne, en interrogeant les liens et les partages qui s'instaurent au XVIIe siècle entre science et
théologie. Bien que la frontière entre les deux domaines soit alors encore très perméable, l'un des
traits saillants de l'époque est la définition d'un champ de compétence spécifique pour l'enquête
sur la nature, affranchie de la référence obligée aux Écritures et possédant des modes de validation
propres pour ses énoncés. Alors que la théologie figure encore au XVIe siècle comme la Science
par excellence, au regard de laquelle des disciplines comme la philosophie naturelle ou les
mathématiques ne peuvent prétendre qu'à un statut ancillaire, l'âge classique est caractérisé par
des prises de position fortes, qui tendent soit à marquer beaucoup plus nettement qu'autrefois le
partage des domaines, soit même, dans certains cas, à renverser la hiérarchie traditionnelle.
Toutefois cette conquête de l'autonomie présente des traits paradoxaux, elle est le plus souvent le
fait d'hommes profondément religieux qui voient en la science une manière de répondre à une
exigence théologique que la simple adhésion aux dogmes ne parvenait pas à satisfaire, et, du
coup, elle réinstitue dans la science même des schèmes théologiques : ceux par exemple de la
révélation scripturaire (le livre de la nature), de l'autorité, de la fondation ou même du salut.
Nous tenterons sur deux études de cas de présenter, dans leur complexité, ces nouveaux partages
: les deux premières séances seront consacrées au Galilée de la lettre à Christine de Lorraine et à
son dialogue avec Bellarmin sur l'autorité des Écritures en matières naturelles ; les deux dernières
à la religion de Newton et à la controverse qu'il entretint, via Clarke, avec Leibniz sur le
sensorium dei et le statut de la religion naturelle.

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Pascal NOUVEL

Soigner les passions

18h30-20h30
Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Ven 7 Déc, Ven 14 Déc, Ven 21 Déc, Ven 11 Jan, Ven 18 Jan, Ven 25 Jan

Séminaire organisé avec le Centre d'Études du Vivant de l'Université Paris 7-Denis Diderot

1. Sénèque, Lettres à Lucilius


2. Pascal, Pensées
3. La Rochefoucauld, Maximes
4. Kierkegaard, Ou bien, ou bien
5. Wittgenstein, Investigations philosophiques
6. Foucault, Herméneutique du sujet

À chacune de ces œuvres sera adressée une même série de cinq questions :
1. D'où viennent les passions ?
2. Que signifie connaître une passion ?
3. La passion est-elle une forme de connaissance ?
4. Y a-t-il des bonnes et des mauvaises passions ?
5. De quels genres de soins une passion peut-elle être l'objet ?

Chacune des six séances sera consacrée à une œuvre. J’inviterai chaque fois un spécialiste de
l’auteur discuté. Après une présentation d’environ 50 mn., une discussion s’engagera avec lui
puis avec le public.

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COLLOQUES

Le lien social

Fondation pour les études islamiques et les sciences humaines,


Boulevard de la Corniche, ain diab, Casablanca (Maroc)
Jeu 4 Oct (9h15-12h30/15h-18h)
Ven 5 Oct (9h30-12h30/14h30-17h)

Sous la responsabilité d'Ali BENMAKHLOUF.

Colloque organisé dans le cadre de la convention avec la Fondation du Roi Abdul-Aziz Al Saoud
pour les Études Islamiques et les Sciences Humaines de Casablanca (Maroc)

Ce colloque est le second volet des journées d'étude qui ont eu lieu à Paris les 6 et 7 novembre
2000 sur « la participation politique ». Il était alors apparu à travers des communications sur le
« tumulte » chez Machiavel (Maris Gaille), ou sur le multiculturalisme (Catherine Audard) que
la question du lien social était complémentaire de celle de la participation politique.
Dans les pays arabes et plus particulièrement au Maroc, la question du lien social s'articule à
celle de la place de la religion dans la société. Comment le credo religieux se propage-t-il en lien
social ? Quelle est la dynamique de la foi dans les réalisations d'ordre public ?
Si nous confrontons ces questions à celles qui supposent un contexte européen, nous voyons se
profiler des problématiques renouvelées du Spinoza du Traité théologique-politique, ou de façon
plus contemporaine, des problématiques qui cherchent à saisir ce qui unit les gens dans la sphère
publique et qui ne serait pas tributaire du modèle véhiculé par Athènes, Rome ou Jérusalem.
Une analyse comparée des trois grandes figures de la philosophie politique contemporaine du
XXe siècle (A. Harendt, H. Jonas, L. Strauss) sera menée.
À partir d'un cadre spinoziste, il conviendra d'interroger en amont et en aval le jeu des intérêts
qui à la fois fait et défait le lien social. En amont, sera reprise la question du législateur (Sylvie
Courtine-Denamy, Meriem Sebti), à la fois sous la forme que lui a donnée Platon dans les Lois,
et son commentateur Al Farabi, dans le Résumé des Lois de Platon, les lois apparaissant
comme le symptôme d'un dysfonctionnement social et comme le remède à un tel
dysfonctionnement. On pourra ainsi prolonger les analyses de Léo Strauss à ce sujet. En aval,
les analyses d'Aristote (Marcel Drach) sur l'argent comme lien social permettront de prendre la
mesure de ce qui fait le lien social de manière fonctionnelle, et qui menace en même temps
toujours de le défaire sous la forme de la chrématistique.
Se pose ainsi le problème de la propagation du lien social. Selon quel mode (loi, argent, intérêt,
etc.) se fait non seulement le ciment social, mais, de façon dynamique, la connexion du
complexe qu'est la société ; la mimésis sociale suppose une transductivité des règles que
quelqu'un comme Tarde a bien analysée ; cette transductivité permet d'éviter les présupposés
dogmatiques de la question de la finalité sociale, la société étant un tout possible et non un tout
réel, un tout dont les moyens sont unifiés de façon toujours problématique et dont l'une des
expressions est la présence de contre-pouvoirs (Ali Benmakhlouf). Il convient à ce sujet de
prendre en charge les analyses relatives à la démocratie délibérative en donnant une consistance à
la notion de discussion publique à partir de Rawls et de Habermas (Catherine Audard). Réfléchir
sur cette connexion complexe qu'est la société et sur sa valeur mimétique et délibérative suppose
qu'il faille tenir compte de la notion de groupe ou d'association. Ahmed Al-Alami, à partir d'une
lecture de Ibn Khaldun, se propose de rendre compte de la notion de Œassabiyya comme ciment
social. Mais le lien social n'est pas que du ressort du groupe, il importe aussi de le saisir en-deçà
des institutions et en-deçà de toute transcendance (François Roustang).

Jeudi 4 octobre

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Matin
9h15-9h30 : Ouverture
9h30-10h : Pierre-François Moreau (ENS-Lyon) : Spinoza et le lien social
10h-10h30 : Raymond Benaim (Casablanca) : Sur Spinoza (titre à préciser)
10h30-11h : Sylvie Courtine-Denamy (Paris) : Pour une nouvelle science du politique : le souci
du monde (H. Arendt, H. Jonas, L. Strauss, E. Voegelin)
Pause
11h30-12h : Catherine Audard (London School of Economics-Londres) : Éthique publique et
démocratie délibérative
12h-12h30 : Discussion
Après-midi
15h-15h30 : Fouad Safa (Casablanca) : Quel usage fait al Jâhiz de la raison sociale ?
15h30-16h : Houari Touati (EHESS) : Retour à Léo Strauss - le livre et la question de
l'harmonie sociale au Moyen Age musulman
Pause
16h30-17h : Ahmed Al-Alami (Université de Kenitra) : Le lien social et ses dimensions
politiques chez Ibn Khaldoun
17h-18h : Discussion

Vendredi 5 octobre
Matin
9h30-10h : Marcel Drach (CIPh) : mesure pour Mesure
10h-10h30 : Meriem Sebti (Paris) : Al Farabi, habiter la cité
10h30-11h : Mohammed Alozade (Université de Fès) : Al-tawahhud fî al médina fî falsafati Ibn
Bajja (l'unification dans la cité dans la philosophie d'Avempace)
Pause
11h30-12h : Ali Benmakhlouf (Université de Paris 10-Nanterre) : La propagation du lien social
12h-12h30 : Discussion
Après-midi
14h30-15h : François Roustang (Paris) : Le lien social sans transcendance, ni institution
15h-15h30 : Mustapha Laarissa (Marrakech) (à confirmer, titre à préciser)
Pause
16h-16h30 : Abdallah Hammoudi (Université de Princeton, Université de Rabat) : Rapport de
synthèse

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Politique et filiation (III) :
Fraternity-Sorority / Sisterhood-Brotherhood

Jeu 11 Oct et Ven 12 Oct (les horaires seront précisés ultérieurement)


Humanities Institute, E4341 Melville Library, State University of New York at
Stony Brook, Stony Brook, NY 11794–3394 (USA)

Sous la responsabilité de Robert HARVEY, Ann KAPLAN et


François NOUDELMANN.

Colloque organisé dans le cadre de la convention avec le Humanities Institute de la State


University of New York at Stony Brook

La fraternité est-elle une catégorie politique ? Elle importe assurément un paradigme familial
dans le discours de la Cité. Elle constitue le sédiment qui permet, dans l'idéal républicain
français, de garantir la liberté et l'égalité, de favoriser un sentiment d'appartenance, une
« amitié » politique assurant la cohésion sociale que la raison ne peut seule garantir. La
fraternité porte aussi un héritage religieux, celui du cosmopolitisme et de la parole universelle,
déliant paradoxalement l'individu de son appartenance familiale pour l'intégrer dans la
communauté des hommes-frères. La fraternisation, libre ou garantie par une transcendance (Dieu
ou l'État), s'oppose à la solidarité clanique et aux liens du sang.
Mais s'il faut préciser que les frères s'aiment, c'est précisément qu'un tel amour n'est pas naturel.
La fratrie est plutôt grevée par la rivalité et la haine au sein de la horde. Le langage de la famille
impose ainsi ses hiérarchies et ses relations de domination. La fraternité occulte notamment
l'existence de la sœur, obligée de se dissoudre dans le modèle de la masculinité pour jouer un
rôle. Admettre une spécificité de la fille implique-t-il une redéfinition du pouvoir et de ses
rapports au sein de la communauté ? Ne vient-elle pas contester jusqu'à ce qui est censé
constituer le « commun » des hommes ? Si le modèle grec de l'autochtonie des frères trouve
dans les mythes révolutionnaires des échos, la singularité d'une relation qui échappe à la fratrie
virile permet de poursuivre la critique des représentations politiques indexées sur les rapports de
parenté.

Intervenants :
- Alain David (CIPh, professeur de philosophie) : Colchiques and Politics
- Jean-Yves Guerin (professeur de littérature française à l'Université de Marne-la-Vallée) :
Fatherless Sons, Landless Men (Camus)
- Jean-Pierre Marcos (maître de conférences de philosophie à l'Université de Paris 8) :
Brotherhood and Affiliation According to Rousseau : The Political Question of Identification
- Francois Noudelmann (CIPh, professeur de philosophie esthétique à l'Université de Marne-la-
Vallée) : Incestuous Brotherhood : The French Revolution According to Sartre
- Antonia Soulez (CIPh, professeur de philosophie à l'Université de Paris 8) : Die Sprache as a
Labyrinth of Family Portraits
- Patrick Vauday (CIPh, professeur de philosophie) : Hobbes, Capra, on Power and Laughter
- Diane Barthel-Bouchier (professor of sociology, SUNY Stony Brook) : Heritage : Familial,
National, Universal
- Mary Rawlinson (professor of philosophy, SUNY Stony Brook) : Liminal Ethics :
Impossible Agencies and the Necessity of Violence
- E. Ann Kaplan (professor of english and director of the Humanities Institute, SUNY Stony
Brook) : Sisterhood and the Politics of Gender and Nation in Maya Deren’s Meshes of an
Afternoon (USA, 1947)

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L'argent

Jeu 22 Nov (9h-13h/14h45-18h30) Association Notre-Dame des Champs,


92 bis boulevard du Montparnasse, 75014 Paris
Ven 23 Nov (9h-13h15/15h-18h30) et Sam 24 Nov (9h-13h)
Musée Social, 5 rue Las Cases, 75007 Paris

Sous la responsabilité d'Egidius BERNS, Marcel DRACH et Yves DUROUX.

Colloque organisé en collaboration avec l'Institut Caisse des Dépôts pour la Recherche, et le
soutien de la Maison des Sciences de l'Homme.

C’est par la conjoncture et les interrogations qui en motivent l’initiative que s’annonce un
colloque. De quel moment et de quelle question procède celui proposé ici sous l’enseigne de
l’argent ?

Moment
Trois circonstances le définissent, mettant chacune en cause (ou accentuant) un caractère
spécifique de l’argent.
1/ La création d’un espace monétaire nouveau. Non sans faire écho au Solidus, le sou d’or de
l’empire romain, l’Euro a pour visée, en premier lieu, de consolider le comput économique sur
un territoire unifiant plusieurs aires monétaires nationales ; en second lieu, de se substituer sur
ce territoire aux instruments de paiement antérieurement en vigueur et de prendre rang parmi les
principaux moyens de règlements internationaux.
2/ L’intensification de l’excitation réciproque entre argent et innovation, à quoi donne lieu le
régime de croissance dit de la « Nouvelle Économie ». Côté offre, cet enfièvrement prend la
figure du capital-risque ; côté demande, il revêt l’aspect d’une capture à visée exhaustive des
modes de vie et de sociabilité par les produits « TMT » (Technologies-Média-
Télécommunications), et plus généralement par les biens que génère le cycle argent/innovation.
3/ L’expansion, au cours des vingt dernières années, de la circulation financière, du fait, d’une
part de la relève, par les marchés de capitaux, de l’économie d’endettement, d’autre part de la
libération et de l’essor des flux financiers internationaux.

Question
Mobilisant ses fonctions d’instrument de mesure et de paiement, affolant son pouvoir
d’induction chrématistique, isolant dans la spéculation sa nature de simulacre, ce moment nous
paraît suggérer la question autour de laquelle susciter aujourd’hui un colloque sur l’argent : qu’en
est-il de la constitution et du fonctionnement symboliques de l’argent ? Qu’en est-il, en d’autres
termes, de l’être symbolique de l’argent ?
Interrogation formulée depuis la philosophie et l’anthropologie, à partir aussi bien de la
linguistique et de la psychanalyse, à propos d’un objet éminemment économique, certes, mais
qui n’en finit pas, par ses paradoxes et ses défis à la rationalité, de décontenancer les économistes
et de brouiller les frontières de leur territoire.
Et c’est bien le constat que l’argent est le point où s’articulent de la façon la plus critique (avec
des effets, donc, de crise et de vérité) la rationalité et l’irrationalité des pratiques économiques,
qui soutient notre intention de soumettre son être symbolique au questionnement multiple et si
possible déconcertant d’un colloque. Car c’est peut-être en tant que signe que l’argent est à même
de rendre compte tant de la raison que de la déraison qui le fondent et qu’il engendre. Plusieurs
thèmes pourraient, à cet égard, être abordés.

Thèmes
• La croyance : qu’il s’agisse de la place du religieux dans l’invention de l’argent, du rôle de
l’Émetteur et de la fonction de gage dans le crédit accordé à un instrument de paiement (la
défiance dont pâtit la monnaie européenne pourrait être analysée selon cette perspective), des
processus autoréférentiels en jeu dans la morphologie non gaussienne des marchés financiers,

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l’argent met en jeu tout un pan d’irrationalité qui vérifie la formule de Montaigne : « Nostre
ame ne branle qu’à crédit », et dont il conviendrait d’apprécier l’articulation avec sa consistance
symbolique.

• La dette : reprendre ce qui, dans la démarche de l’anthropologie structurale et de la


psychanalyse, s’est formulé autour de la fonction symbolique — ou du symbolique —, de
l’Intervention, de l’Autre, de la réciprocité, du renoncement, afin d’envisager l’argent (considéré
habituellement comme une créance) comme une institution de la dette.

• La mesure : c’est en tant que signe, notation numérique, que l’argent introduit un étalonnage et
donc une raison dans l’échange. Cette mesure doit être entendue, comme le veut Aristote, aux
deux sens conjoints impliqués par la mesótès — justice et justesse. Le colloque offrirait
l’occasion de réexaminer les trois théories classiques touchant la fonction de signe de valeur de
l’argent. Légisigne, pour étiqueter la thèse d’Aristote d’un terme forgé par Pierce ; forme,
concept phénoménologique au moyen duquel Marx s’efforce de réduire les qualités à la quantité
d’une manière non galiléenne ; montage expérimental de mesure mathématique recourant à un
numéraire, chez Walras.

• L’équivalent général : mais c’est aussi en tant que signifiant, cette fois non de valeur mais de
la totalité des valeurs d’usage, que l’argent subvertit la mesure. Il provoque l’affolement des
besoins en leur ouvrant l’espace infini de la variation ; il dérègle le rapport au temps en en
faisant l’économie. De là cette capacité redoutable de corruption dont Aristote et Platon, témoins
de la floraison d’un capitalisme marchand dans le monde égéen, aperçurent la menace pour la
tempérance exigée par la pérennité de l’oikos et de la cité. Outre celui de la corruption, les
motifs de l’universel et de la délimitation de l’espace public (qu’illustre en particulier la
question, décisive pour l’avenir de l’Euro, du degré d’indépendance de la Banque Centrale
Européenne vis-à-vis du pouvoir politique) vaudraient d’être débattus dans le colloque.

• La finance : à cet espace d’irrationalité que déplie l’excitation chrématistique induite par
l’existence d’un équivalent général, se relie et se superpose celui que promeut la finance
spéculative. Ce serait sans doute en ce lieu que l’argent prendrait sa forme la plus épurée. Car, la
tension du désir, fixée sur le seul signifiant de la différence quantitative enregistrée par les gains
et les pertes, y tenterait un passage au-delà de la déception toujours résurgente des biens. D’où
ces questions : en quoi cette tentative mérite-t-elle d’être qualifiée de spéculative ? En quoi un
impossible inhérent aux biens en est-il la cause ? À quel titre un signe, c’est-à-dire un
simulacre, peut-il prétendre fixer un désir spéculant sur un au-delà des biens ?

Programme du colloque

Jeudi 22 novembre
Matin : CROYANCE-DETTE-AUTRE
9 h : Accueil des participants
9h30 : Ouverture du colloque
10 h : Début du colloque
10h-10h45 : Marcel Drach (Paris 9 et CIPh) : L’argent ou le simulacre maintenu
10h45-11h30 : André Orléan (CEPREMAP) : Une monnaie autoréférentielle est-elle possible ?
11h45-12h30 : Christian Arnsperger (FNRS, Bruxelles) : L'inestimable valeur de l'Autre :
argent, altérité et socialité
12h30-13h : Paul-Laurent Assoun (Paris 7) : L’argent et ses symptômes : l’argent à l’épreuve de
la psychanalyse
Après-midi : UNIVERSEL-MESURE
14h45-15h30 : Étienne Balibar (Paris 10) : L’argent : un faux universel ?
15h30-16h15 : Arnaud Berthoud (USTL, Lille) : Monnaie et mesure chez Aristote
16h15-17h : Antoine Rebeyrol (Paris 9) : Walras : « le franc est le nom d’une chose qui
n’existe pas »
17h15-18h : Jean-Joseph Goux (Rice University, USA) : Marx et Walras : un déplacement
éthique
18h-18h30 : Discussion générale

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Vendredi 23 novembre
Matin : SPÉCULATION-CORRUPTION
9 h : Accueil des participants
9h45-10h30 : Pierre Bruno (Paris 8) : Plus-value et plus-de-jouir
10h30-11h15 : Christian Walter (Pricewaterhouse Cooper ) : La spéculation dans un monde non
gaussien
11h30-12h : Ismaël Moya (EHESS) : Argent, dette et don au féminin à Dakar
12h-12h30 : Marie Mauzé (LAS, Collège de France) : D'une forme de monétarisation du
potlatch
12h30-13h15 : Jean Cartier-Bresson (Université de Reims) : Globalisation, gouvernance et
corruption
Après-midi : AUTOUR DES ÉCRITS DE JACQUES DERRIDA SUR L’ARGENT
15h-18h30 : Table ronde présidée par Egidius Berns, avec Jacques Derrida,
Simon Critchley (CIPh), Marcel Drach, Jean-Joseph Goux, Christian Arnsperger

Samedi 24 novembre
Matin : PHILOSOPHIE DE L’EURO
9 h : Accueil des participants
9h30-11h : Table ronde sur l’Euro introduite par Michel Aglietta (Paris 10 et CEPII)
avec : Egidius Berns : Qu’en est-il de la politique si l’Euro est le cas ?
Jean-Michel Servet (Lyon 2) : Promesses et angoisses d'une transition monétaire
Denis Guenoun (Paris 4) : Les deux faces de l’Euro
11h-12h30 : Discussion générale
12h30-13h : Conclusion du colloque

Du mode de production des énoncés techniques

Jeu 20 Déc et Ven 21 Déc (9h-18h)


Amphi Stourdzé , Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris

Sous la responsabilité de Maria BONNAFOUS-BOUCHER, Romain LAUFER


et Yvon PESQUEUX.

Colloque organisé par l’équipe associée « Du mode de production des énoncés techniques » dans
le cadre du statut d’Équipe associée au CIPh.

Nombreux sont les philosophes qui ont eu tendance à considérer la technique et/ou la
technologie du point de vue de leur nécessaire soumission à l'épistémologie et à l'éthique. Un
autre point de vue, réducteur, tendrait à considérer la technique comme un savoir-faire utile,
finalisé et investi dans la matière.
L'approche que nous développons est topique : il s'agit de situer les structures du discours
technique. Pour ce faire, nous adopterons une approche historique, sémiotique, de philosophie du
droit, de philosophie politique, de philosophie de l'action afin de comprendre le mode de
production des énoncés techniques, et la façon dont ils s'articulent aux énoncés philosophiques.
Autrement dit, nous chercherons moins à situer les énoncés philosophiques produits sur la
technique qu'à décrire à quelles conditions le champ de la technique peut produire des énoncés
philosophiques.
Le colloque s'attachera à traiter :
1. les dits et les non-dits des énoncés techniques
2. les énoncés sur la technique et les catégories esthétiques
3. la politique des énoncés techniques

Intervenants :
- Anne-Françoise Garçon (Université Rennes 2)

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- Pierre Guillet de Monthoux (Université de Stockholm)
- Ken Starkey (University of Nottingham, UK)
- André Tosel (Université de Nice) (pressenti)

Constitution des énoncés techniques


- Jean-François Bordron (CNRS)
- Armand Hatchuel (CGS, École des Mines)
- Hélène Vérin (CNRS Centre Alexandre Koyré)

Énoncés techniques et catégories esthétiques


- Romain Laufer (groupe HEC)
- Pierre Guillet de Monthoux (Université de Stockholm)

Politique des énoncés techniques


- Ken Starkey (University of Nottinghem)
- Maria Bonnafous-Boucher (CNAM)
- André Tosel (Université de Nice) (pressenti)

Sens en tous sens.


Autour des travaux de Jean-Luc Nancy

Amphi Poincaré , Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


Ven 18 Jan (14h30-20h)
Sam 19 Jan (9h-13h/15h-18h)

Sous la responsabilité de Francis GUIBAL et Jean-Clet MARTIN.

Colloque organisé en collaboration avec l'équipe d'accueil de philosophie de l'Université Marc


Bloch (UMB) de Strasbourg.

Nietzsche, on le sait, estimait qu'il faudrait encore « quelques siècles » pour que la question du
sens — « L 'existence a-t-elle seulement un sens ? » — puisse « être perçue dans toutes ses
profondeurs » (GS, § 357). Mais encore faut-il « s'entendre » sur le sens même d'une telle
question et s'interroger sur ce qui, en elle, n'en finit pas de nous requérir. Car, après tout, du
sens il peut être parlé — et débattu — de multiples manières : transcendantale ou spéculative,
phénoménologique ou généalogique, herméneutique ou analytique, existentiale ou ontologique...
Sans compter qu'il n'est pas moins possible de dénoncer là une pseudo-question, toujours plus
ou moins soumise aux prestiges illusoires du recueil ou du rassemblement « religieux »...
Une parmi d'autres, se sachant et se voulant au croisement d'approches multiples, soucieuse de
faire et de laisser résonner des inquiétudes qu'il vaut mieux aviver qu'apaiser, l'œuvre
philosophique de J.-L. Nancy témoigne aujourd'hui avec force de la persistance en notre monde,
pour notre monde, de cette passion du sens. Irréductibles à aucune signification identitaire,
soustraits à toute appropriation souveraine, les partages nouveaux des sens et du sens s'exposent
ici à une pensée qui n'a « pas d'élus, pas de privilégiés, de héros ni de saints », qui est à la fois
« de tous et de personne » (et de chacun). C'est en partant d'elle que l'on tentera ici de se
mouvoir dans les espaces — techniques et politiques, existentiels et communautaires, pratiques
et théoriques — du pensable contemporain.

Intervenants :
Giorgio Agamben, Alain Badiou, Jacques Derrida, Alex Garcia-Düttman, Francis Guibal,
Werner Hamacher, Jean-François Kervégan, Philippe Lacoue-Labarthe, Catherine Malabou,
Jean-Clet Martin, Daniel Payot.

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(le programme détaillé des intervenants sera précisé ultérieurement)

35
JOURNÉES D'ÉTUDE

La nature de l'esprit :
à la croisée de la philosophie phénoménologique,
de la neuro-biologie et des traditions spirituelles

Sam 13 Oct (9h-12h45/14h30-19h45/21h30-22h30)


Grande salle, Maison Heinrich Heine, Fondation de l'Allemagne, CIUP,
27 C, boulevard Jourdan, 75014 Paris

Sous la responsabilité de Natalie DEPRAZ.

Journée d’étude organisée dans le cadre de la convention avec la Maison Heinrich Heine.

En hommage à Francisco Varela

Réfléchir sur la « nature de l'esprit » requiert de mettre en présence plusieurs champs de


recherche, biologie, philosophie et spiritualité, autour d'une même question : comment penser
ensemble l'émergence de la dimension de la conscience depuis notre inscription dans la nature
organique, et l'irréductibilité de cette dimension de l'esprit conscient de lui-même à toute
explication naturaliste naïve ?
Une telle recherche interdisciplinaire se tient nécessairement sur une ligne de crête où le
maintien de la distinction duelle entre nature et esprit s'avère précaire. La grande alternative entre
philosophie de l'esprit et philosophie de la nature, propre à l'idéalisme allemand puis rémanente
dans la phénoménologie se voit ainsi radicalement mise à l'épreuve, à la lumière d'une approche
essentiellement dynamique de la nature de l'esprit. Une telle dynamique, dont le modèle expresse
est celui des mathématiques non-linéaires contemporaines, s'attache à mettre hors-jeu deux
réductionnismes opposés mais au fond complices d'une même unilatéralité : aussi bien
l'explication naïve de la conscience par les corrélats neuro-biologiques et par la base organique
du corps, que l'affirmation d'une autonomie absolue de l'esprit vis-à-vis de notre inscription
corporelle se voient dans cette perspective contestées.
De ce point de vue-là, il s'agira de tenter une synthèse dynamique que la phénoménologie a elle-
même à plusieurs reprises amorcée, qu'il s'agisse de l'ambition husserlienne de s'affranchir
conjointement de l'objectivisme et du subjectivisme, ou encore de surmonter l'opposition entre
réalisme et idéalisme, qu'il s'agisse, dans un horizon gestaltiste puis merleau-pontien, de la
recherche holiste d'une organicité traversée d'esprit, ou du projet ontologique de l'unité de la
chair. Comme Husserl, qui tente une « philosophie scientifique de la vie », comme les
psychologues de la forme, qui s'attachent à décrire la forme globale de l'organisme, comme
Merleau-Ponty, qui élabore une phénoménologie non-causaliste du corps vivant, comme H.
Jonas dans The Phenomenon of Life, ou encore comme Henry Ey dans son célèbre ouvrage La
conscience, il paraît nécessaire d'enraciner la réflexion dans une description renouvelée du
phénomène du vivant.
Le vivant cristallise en effet en lui l'expérience-charnière où se fait jour la possibilité d'une non-
dualité de la nature et de l'esprit. En enracinant notre réflexion dans une pragmatique, on soulève
en dernière instance la question de l'irréductibilité de la praxis par rapport à sa théorisation
possible.

9h-9h15 : Amy Cohen, Ouverture


9h15-9h30 : Hommage de Jean Petitot
9h30-10h : Natalie Depraz, Présentation

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10h-12h : Table ronde : Le phénomène de la vie : l'inscription du vivant dans une philosophie
de la nature
Participants : Renaud Barbaras, Jacques Dewitte, Shaun Gallagher, Andreas Weber
12h15-12h45 : Evan Thompson et Francisco Varela : « Radical Embodiment : Neural
Dynamics and Conscious Experience » (article présenté par E. Thompson)

14h30-15h : Jean-Pierre Changeux : réponse à Francisco Varela


15h-17h : Table ronde : La nature de la conscience : une approche neurophénoménologique
Participants : Michel Bitbol, Antoine Lutz, Jean-Michel Roy, Evan Thompson

17h15-17h45 : Matthieu Ricard


17h45-19h45 : Table ronde : Enraciner l'expérience de la nature de l'esprit dans une pratique
spirituelle
Participants : Stephen Batchelor, Françoise Bonardel, Roger Pol-Droit, Fabrice Midal

21h30 : Conférence conclusive par Bruno Latour

Université et mondialisations :
perspectives politiques et philosophiques

Mer 28 Nov (les horaires seront précisés ultérieurement)


Université Nationale de Salta, site Complejo Universitario Gral. José de Sa,
Campo Castañares, Av. Bolivia 5150 (5400) Salta (Argentine)

Sous la responsabilité de Francisco NAISHTAT, Patrice VERMEREN et


Susana VILLAVICENCIO.

Journée d'étude organisée dans le cadre :


- du XIe Congrès National de Philosophie organisé par la Asociación Filosófica de la República
Argentina (A.F.R.A.) qui a lieu du 28 novembre au 1er décembre,
- du Programme ECOS A98H03 « L'espace public en Argentine et en France dans le cadre de la
mondialisation »,
- de la convention avec le projet UBACyT S078 « Universidad y democracia »,
- avec le soutien du Programme UBACyT de la Universidad de Buenos Aires,
- et par l’équipe associée « Philosophie de l’université » dans le cadre du statut d’Équipe
associée au CIPh.

Les rapports entre l'université et la mondialisation du marché n'apparaissent que lorsque l'on a
dépassé le cadre strictement organisationnel pour se placer dans une perspective sociohistorique.
Ainsi on peut à la fois saisir les traits communs des différents changements que subissent les
universités à travers le monde dans les deux dernières décennies, et comprendre les éléments
singuliers qui résistent à cette homogénéisation hétéronome du monde universitaire. La
mondialisation du marché se traduit en général dans l'université sous la forme d'une pression qui
va en minant son autonomie académique au profit de plus de fonctionnalité vis-à-vis de la
nouvelle économie mondiale. Ce processus a des effets au niveau de la gestion universitaire, où
l'on assiste à un recul de l'État au profit de mécanismes mixtes de financement entre l'État et le
privé, et au niveau du concept de connaissance comme tel, qui subit une certaine
mercantilisation soustraite aux règles universelles héritées de la conception publique et
républicaine de l'enseignement et de la culture. Le concept d'université virtuelle et désancrée de
son cadre national et historique, qui vend ses services à travers le monde à la manière d'une
entreprise transnationale, illustre par un exemple extrême cette transformation allant dans le sens
contraire à l'Universitas — c'est-à-dire à la communauté de raison entretenant des rapports face-à-
face entre ses acteurs. Cependant, on ne saurait réduire tout le phénomène de la mondialisation à
la mondialisation du marché. En ce sens, et d'une certaine manière, l'université est née

37
mondialisée, du fait de son rapport à l'universel. Alors que l'analyse systémique fait fi des
processus historiques et explique l'évolution universitaire par ses structures internes
d'adaptabilité au milieu, nous proposons ici de débattre au contraire sur la réalité d'une
institution qui le long de son histoire a subi les influences et pressions de son environnement
social tout en conservant une identité souple ; qui s'est réformée et adaptée au monde
contemporain en maintenant de manière vague, parfois au prix d'une certaine inconsistance, les
sédiments de son histoire passée, un peu à la manière de cet art mudéjare espagnol, qui a bâti ses
églises chrétiennes dans l'Espagne reconquise sur les structures conservées de l'art musulman. En
admettant cette réalité, quelle articulation maintiennent l'universalité et la mondialité à l'intérieur
de l'université ?

Intervenants:
- Perla Aronson (Université de Buenos Aires)
- Norberto Ferré (Universidad Nacional de Luján)
- Ana María García Raggio (Université de Buenos Aires)
- Victoria Kandel (Federación Latinoamericana de Ciencias Sociales)
- Francisco Naishtat (Université de Buenos Aires)
- Georges Navet (Université de Reims)
- Valeria Plomé (Universidad Nacional de Rosario)
- Ariel Toscano (Université de Buenos Aires)
- Patrice Vermeren (Université de Paris 8)
- Susana Villavicencio (Université de Buenos Aires)

Deleuze et Benjamin - L'événement

Jeu 24 Jan (10h-12h30/14h-21h)


Amphi Poincaré , Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris

Sous la responsabilité d'Henning TESCHKE.

Pour ce qui est de la philosophie contemporaine, le débat autour de l'événement constitue l'un de
ses foyers les plus riches. À l'égard de Deleuze et Benjamin, la pensée de l'événement suppose la
traversée intégrale des catégories de l'être, de la nature, de l'art, de la langue, de l'histoire et de la
politique pour cerner de près quelques conséquences d'une ontologie de l'émergence dont
l'irruption transforme le cogitandum de fond en comble. Nul moyen cependant de méconnaître
une opposition fondamentale : si, pour Deleuze, tout est événement, l'événement messianique
chez Benjamin reste l'affaire du futur sans pour autant rester inopérant dans le présent et le passé.
Le mode de présence d'un temps autre que chronologique sera l'enjeu d'une « zone
d'indifférence » possible de Benjamin et Deleuze qui marque également le point d'interférence
avec une théorie messianique et matérialiste de l'histoire dont l'objectif minimal n'a toujours été
que celui-ci : changer le cours du monde.

Intervenants : Giorgio Agamben (sous réserve), Éric Alliez, Alain Badiou (sous réserve), Till
Kuhnle, Catherine Perret, Philippe Simay, Henning Teschke, Joseph Vogl, François
Zourabichvili.

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Les Samedis
Débats autour d'un livre

Lire le délire
de Juan Rigoli
Editions Fayard, 2001

Sam 12 Jan (9h30-12h30)


Auditorium, Institut Finlandais, 60 rue des Écoles, 75005 Paris

Sous la responsabilité de Guy Samama

Intervenants : François Azouvi, Jacqueline Carroy, Pierre-Henri Castel, Juan Rigoli, Guy
Samama

La Science nouvelle
de Giambattista Vico
Editions Fayard, 2001

Sam 19 Jan (9h30-12h30)


Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris

Sous la responsabilité de Patrick Vauday.

Intervenants : Pierre Girard, Georges Navet, Bruno Pinchard, Alain Pons, Olivier Renaud,
Patrick Vauday

La nouvelle assemblée collégiale, qui prend ses fonctions en septembre 2001, déterminera la
suite du programme des Samedis du livre. Les informations seront disponibles sur notre
répondeur, sur notre site Internet et également dans l’additif à paraître en novembre.

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Index des responsables de séminaires

40
KAPLOUN Victor 15
KOREN Daniel 21
A KÖVEKER Dietmar 16

ANTONIOLI Manola 10
L
B LALA Marie-Christine 5
LECERF Éric 17
BADIOU Alain 10 LEMOSOF Alain 21
BALSO Judith 3
BÉGOUT Bruce 25
BERNHARDT Uwe 4 M
BONNEFON-TORT Laure 18
BOTZ–BORNSTEIN Thorsten 11 MANCHEV Boyan 6
MARKMAN Nora 21
MINTHE Anne 21
C MOREL Geneviève 19

CIXOUS Hélène 4
N
D NAY Annick 23
NOUVEL Pascal 27
DAVID Alain 14
DEPRAZ Natalie 12,25
P
F PEREZ CORTES Sergio 17

FLAMENT Dominique 25
S
G SAFATLE Vladimir 21
SALANSKIS Jean-Michel 13
GRONEBERG Michael 23 SEBASTE Beppe 7
GROS-AZORIN Caroline 18 SEBBAH François-David 12,13
SIMONNEY Dominique 21
SPRANZI-ZUBER Marta 26
H SZCZECINIARZ Jean-Jacques 25

HAMON Marie-Christine 19
HAMOU Philippe 26 T
HATZFELD Marjolaine 20
HORN Eva 15 TESCHKE Henning 8
TURNHEIM Michael 19

J
V
JANODY Patricia 21
VASILIU Anca 8
VAUDAY Patrick 17
K VILLAVICENCIO Susana 17

KALTENBECK Franz 19
KAMIENNY-BOCZKOWSKI Diana 19

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