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Michela Z ago
Université de Padoue, Italie
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M ic h e la Z a g o
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L e n o m p h y s iq u e d u d ie u
4. Le débat sur les définitions de magie, religion et science et sur leur fonctionnement à
l’intérieur des cultures a toujours attiré l’intérêt de l’anthropologie - il suffit de penser aux
théories évolutionnistes de James Frazer - et il est loin d’être résolu. Le risque consiste dans
l’assomption a priori de ces trois catégories de la pensée occidentale (magie, religion et science)
en tant qu’instruments herméneutiques et dans leur prétendue application universelle au domaine
des études comparatives. Il en résulte une approche qui ne tient pas en compte les différences
historiques propres à chaque milieu culturel. Pour un regard anthropologique plutôt exhaustif sur
la question voir S. J. Tambiah, Magic, Science, Religion, and the Scope of Rationality, Cambridge
1990 ; voir aussi J. G oody, « Religion and Ritual: The Definitional Problem », The British Journal
of Sociology 12/2 (1961), p. 142-164; H. G eertz, « An Anthropology of Religion and Magic, I »,
The Journal of Interdisciplinary History 6/1 (1975), p. 71-89 et K. Thomas, « An Anthropology
of Religion and Magic, II », ibid., p. 91-109. Pour les rapports entre magie et religion dans la
culture gréco-latine, on rappellera ici : H. S. V ersnel, « Some Reflections on the Relationship
Magic-Religion », Numen 38 (1991), p. 177-197 ; J. B raarvig , « Magic: Reconsidering the Grand
Dichotomy », dans D. R. J ordan - H. M ontgomery - E. Thomassen (dir.), The World of ancient
Magic. Papers from the first International Samson Eitrem Seminar at the Norwegian Institute at
Athens, 4-8 May 1997, Bergen 1999, p. 21-54; E. T homassen, « Is Magic a Subclass of Ritual? »,
ibid., p. 55-66; J. N. B remmer, « The Birth of the Term ‘Magic’ », Zeitschrift für Papyrologie und
Epigraphik 126 (1999), p. 1-12; pour une récente mise à point sur la question de la magie ancienne,
avec bibliographie détaillée, cf. R. G ordon - F. M arco S imon, « Introduction », dans R. G ordon -
F. M arco Simon (dir.), Magical Practice in the Latin West. Papers from the International Conference
held at the University of Zaragoza, 30 Sept.-l Oct. 2005, Leyde - Boston 2010, p. 1-49 etB.-C. O tto ,
Magie. Rezeptions- und diskursgeschichtliche Analysen von der Antike bis zur Neuzeit, Berlin -
New York 2011, en particulier p. 6-31.
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Ερμαϊκός*
επικαλούμαι σε, τον τα πάντα | περιέχοντα, πάση φωνή και πάστ|
διαλέκτω, ώς πρ<ώ>τως [140] ύμνησε σε ό υπό σου ταχθείς καί πάντα
πιστευθείς | τά αυθεντικά, Ή λιος’Αχεβυκρωμ (ή μηνύει τού | δίσκου την
φλόγα καί την άκτϊνα), ου ή δόξα* ααα* | ηηη* ωωω, ότι διά σε ένεδοξάσθη
<άέρας>, είθ ωσαύτως άγλαο|μορφουμένους τούς άστέρας ίστάς καί τω
φωτί τω ένθέω [145] κτίζων τον κόσμον ιιι* ααα ωωω, εν φ διέστησας τά
πάντα, | Σαβαώθ* Άρβαθιάω* Ζαγουρη. ούτοί εισιν οί πρώτοι φανέν|τες
άγγελοι* Άραθ* Άδωναϊε* Βασημμ Ίάω. ό δε πρώτος | άγγελος φωνεϊ
όρνεογλυφιστί* 4άραί’, ο έστιν <4ούαί τω έχθρώ μου’, καί εταξας αύτόν>
επί τών | Τιμωριών, ό δε Ήλιος υμνεί σε ίερογλυφιστί* ‘Λαϊλαμ’, [150]
άβραϊστί δε διά τού αύτοΰ ονόματος* 4άνοκ Βιαθιαρβα[ρ]βερβιρσχι
|λατουρβουφρουμτρωμ’ (γράμματα λ ζ ) λέγων ‘προάγω σου, κύριε, | εγώ
επί της βάρεως άνατέλλα)ν, ό δίσκος, διά σε’, τό δε φυσι|κόν σου όνομα
αιγυπτιστί* ‘Άλδαβιαειμ’ (γράμματα θ', κάτω), εστιν | δε ό επί της βάρεως
φανείς συνανατέλλων κυνοκεφ[155]αλοκέρδων. ιδία διαλέκτω άσπάζεταί
σε λέγων* | 4σύ εί ό άριθμός τού ενιαυτού* Άβρασ<ά>ξ’. ό δε επί τού
ετέρου | μέρο<υ>ς ιέραξ ιδία φωνή άσπάζεταί σε καί έπιβοαται, | ϊνα
λάβη τροφήν* χι* χι* χι* χι* χι* χι* χι* τιπ* τιπ* τιπ* |τιπ* τιπ* τιπ* τιπ’* ό δε
έννεάμορφος άσπάζεταί σε [160] ίερατιστί* ‘Μενεφωϊφωθ’, λέγων μηνύει
ότι* 4προάγα) σου, | κύριε’.
5. Ε. de M artino , Il mondo magico. Prolegomeni a una storia del magismo, Turin 1948 (réimpr.
Turin 2003) ; I d ., Storia e metastoria. Ifondamenti di una teoria del sacro, éd. par M. M assenzio ,
Lecce 1995. Cf. aussi A. B relich , Introduzione alla storia delle religioni, Rome 1966; C. Tullio -
A ltan, « La prospettiva storico-ermeneutica », dans C. Tullio -A ltan - M. M assenzio , Religioni,
Simboli, Società. Sul fondamento umano delVesperienza religiosa, Milan 1998, p. 69-240, en
particulier p. 71-87 (« Esperienza razionale ed esperienza simbolica »).
6. Version A (lignes 138-161). Cf. supra, note 3, pour les éditions critiques et pour les études.
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Le nom physique du dieu
:
F o rm u le h e r m a ïq u e
Je t’invoque, toi qui enveloppes l’univers,
en tout son et en toute langue, [1 4 0 ]
en la façon dont t’a chanté un hymne pour la première fois
celui qui t’est subordonné
et auquel tu as confié l’autorité suprême,
Hélios Akhebukröm
(ce qui veut dire la flamme et le rayon du disque),
dont la gloire est :
aaa; ēēē; ööö,
car c’est grâce à toi qu’il a été glorifié
pour avoir disposé les cieux,
puis, de même, les astres à la figure étincelante [1 4 5 ]
et pour avoir fondé le cosmos
par la lumière remplie du dieu
iii; aaa; ööö,
dans lequel tu as distingué toute chose,
Sabaöth; Arbathiaô ; Zagourë.
Voici les premiers anges apparus :
Arath7; Adônaîos ; Basëmm Iâô.
Le premier ange dans la langue de l’oiseau émet le son :
« arai »,
qui signifie <« malheur à mon ennemi »,
et tu l’as préposé> aux Vengeances.
Hélios, par contre, te célèbre par un hymne
dans la langue du hiéroglyphe :
« Laïlam », [150]
mais dans la langue hébraïque par le même nom :
« anok Biathiarba[r]berbirskhi latourbouphroumtröm »
(36 lettres)
ce qui veut dire :
« Je te précède, Seigneur, moi, le disque,
qui se lève sur la barque, grâce à toi. »
Par contre, to n n o m p h y s iq u e en langue égyptienne est :
« Aldabiaeim »
(9 lettres, en bas).
(version B : Ce qui désigne la barque,
sur laquelle il monte quand il se lève sur le cosmos)8.
Celui qui est apparu sur la barque
l’accompagnant dans son lever
est un renard cynocéphale. [1 5 5 ]
Il te salue en sa langue propre en disant :
«Tu es le nombre de l’année :
Abras<â>x. »
L’épervier, qui est de l’autre côté,
te salue en sa langue propre
7. Dans la version B un deuxième scribe a ajouté le nom Araga au-dessus d’Arath {PGM X III453).
8. PGM X III462-463 : Άλδαβαειμ (λέγει την βαριν, έφ ήν άναβαίνει άνατέλλων τφ κόσμω).
Cette interprétation du nom barbare Aldabaeim (version B) n’apparaît pas dans la version A de
l’hymne.
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Toutefois, dans l’élaboration de l’hymne, Hélios n’est pas seul, mais accom
pagné par des figures primordiales précises : « les premiers anges apparus ».
Le dieu solaire lui-même est représenté comme partie intégrante de cette
collectivité angélique et, avec elle, il fait son apparition dans un contexte parti
culier : la barque solaire.
Il y a donc sept systèmes linguistiques employés : la langue de l’oiseau, la
hiéroglyphique, l’hébraïque, l’égyptienne (le terme αίγυπτιστί est utilisé par les
écrivains grecs, tels qu’Hérodote, Platon, Plutarque, dans le cadre d’une inter-
p re ta tio graeca, pour distinguer les noms égyptiens et grecs des divinités11), le
dialecte du renard cynocéphale, celui de l’épervier et enfin la langue hiératique.
À ceux-là s’ajoute d’une façon implicite, mais prépondérante, le grec, langue
employée, et ce n’est pas un hasard, pour donner Yherm ëneia ou interprétation
des différentes séquences linguistiques.
Tous les langages en question, à bien y regarder, apparaissent cependant
comme la transposition orale, ou encore l’énonciation, d’un discours figuratif.
Ainsi, orneogluphisti, que j ’ai traduit par « dans la langue de l’oiseau », mais on
pourrait dire aussi « le glyphe de l’oiseau », est la traduction orale d’une image
graphique. Pour hierogluphisti , le phénomène est évident, car inhérent à la
langue hiéroglyphique. Je me demande en revanche si par h a b ra ïsti on ne doit pas
entendre plutôt l’écriture hébraïque que le Talmud définit libonaah, c’est-à-dire
l’écriture caractérisée par de fortes lettres et employée par les Samaritains12.
Quant au renard cynocéphale, l’épervier et l’ennéamorphe, il s’agit clairement
d’une référence à la représentation de la barque solaire égyptienne, occupée par
l’ennéade divine et aux extrémités de laquelle prennent place les deux animaux.
Nous verrons si le même principe peut être appliqué à Yaiguptisti, modalité
linguistique utilisée pour exprimer le « nom physique » du dieu.
L’invocation au dieu créateur, ouverte et close circulairement par la trans
cription grecque du tétragramme hébreu, Iaô, est accompagnée par une série
d’autres appellations, sept au total. Les sept noms peuvent se référer tant au
dieu suprême qu’aux figures angéliques ou οί πρώτοι φανέντες άγγελοι,
« les premiers anges apparus ». Ils semblent être la manifestation visible du
dieu créateur, comme s’ils en constituaient des émanations ou, si l’on veut,
des dundm eis, « puissances ». Les sept noms sont, dans l’ordre : Iaô, Sabaôth,
A rbathiaô, Zagourë, Arath, A dôn aîos et B asëm m , que je considérerais plutôt
comme une figure autonome et distincte. Par rapport à eux, Hélios Akhebukrôm
jouit d’un statut privilégié, car il a été doué de la dôxa, la « gloire », du dieu,
qui s’exprime elle aussi sous forme phonétique par une séquence vocalique.
Il semble donc faire partie intégrante de cette collectivité angélique, tout en y
présidant.
11. H érodote, Histoires, II 46, 79 et 156; P laton, Timét, 21e; P lutarque, De Iside et Osiride,
61, 375 F. Cf. R. W. D aniel - F. M altomini (éd.), Supplementum Magicum, t. II, p. 92-93.
12. « Au début la Torah fut donnée à Israël en écriture hébraïque et dans la langue sacrée. Elle
leur a été redonnée à l’époque d’Ezra en écriture assyrienne et dans la langue araméenne. Israël
s’est choisi l’écriture assyrienne et la langue sacrée, laissant aux hédyotot l’écriture hébraïque et
la langue araméenne » (bSanhédrin, 21b).
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13. PGM XIII 138. Dans le papyrus, au-dessus d’éppai, un deuxième scribe a ajouté deux
lettres, dont la lecture est difficile : κς d’après K. P reisendanz {Papyri Graecae Magicae, t. II,
p. 93, d’où le mot έρμαϊκός), ες d’après A. Dieterich, Abraxas, p. 3 ; cf. R. W. Daniel (éd.), Two
Greek Magical Papyri, p. 39.
14. Cratyle, 407e-408a.
15. κοσμοποιίαν : PGM XIII 697. Tout comme notre hymne, qui en fait partie, la kosmopoiïa
se déroule à l’intérieur du papyrus selon deux versions : aux lignes 138-207 (version A) et aux
lignes 443-564 (version B). Une analyse de l’emploi, de la signification et de la fonction des noms
barbares dans le récit mythologique de la formation du cosmos à partir de sept éclats de rire du
dieu créateur de la kosmopoiïa dans M. Z ago, « L’emploi des noms divins dans la Kosmopoiia
{PGM XIII) », dans C. Bonnet - S. R ibichini - D. Steuernagel (dir.), Religioni in contatto nel
Mediterraneo antico. Modalità di diffusione e processi di interferenza. Atti del 3° colloquio su
« Le religioni orientāli nel mondo greco e romano », Loveno di Menaggio (Como), 26-28 maggio
2006, Pise - Rome 2008, p. 205-217.
16. Cf. supra, note 3.
17. Variantes : Ekhebukrôm (1. 78), Akhebukrôn (1. 590). Akhe : ég. ï3hw, « lumière du soleil »;
ég. f3 j et copte <1>ai, <j>i, bi : « porter », copte kpcdm, xpcdm, kpom : « feu, flamme », d’où
Αχεβυκρωμ, « porteur du feu » (= πυρφόρος, PGM IV 459; πυρφορεΐν, PGM I 102). Cf.
K. F. W. S chmidt, « Zu den Leydener Zauberpapyri », col. 1180.
18. Dans les écrits gnostiques Iaô est un archonte à forme de serpent, à sept têtes ou bien à gueule
de lion {Apocryphe de Jean, BG 42.1-3 ; N H lll 18.1-2 [Iazö] ; N H II 11.29-31). Il est aussi le premier
fils issu de Ialdabaôth {Écrit sans titre, NH II 101.13-102.7 ; cf. I rénée, Adversus Haereses, I 30,
5 et 11; cf. ibid., 4 , 1 et 21, 3 ; Origène, Contre Celse, VI 31-32). Cf. M. Schwab, Vocabulaire de
Vangélologie, d'après les manuscrits hébreux de la bibliothèque nationale, Paris 1897, p. 403-404
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Le nom physique du dieu
III. Arath
La première voix, qui se lève du chœur de [’invocation, est celle d’un ange
parlant « la langue de l’oiseau ». Un papyrus fragmentaire trouvé à Panopolis,
en Égypte, et aujourd’hui conservé à Strasbourg, nous transmet les Phusikd
d’Empédocle. Les vers 340-348 constituent un véritable récit des origines.
C’est le moment où le cosmos va prendre sa forme tandis que de la mixture
douloureuse provoquée par la flamme infatigable sont générées les créatures
primordiales, que l’aube peut contempler encore aujourd’hui. Parmi elles
apparaissent les oiseaux, dont la naissance est accompagnée par des piaille
ments d’une divine intensité. En particulier, aux vers 345-347 de la recons
truction du texte faite par Richard Janko en 2004, nous lisons : « Quand l’éther
mélangé atteignit le lieu le plus élevé, alors les oiseaux volèrent en haut avec
piaillements et cris divins25. » La philosophie présocratique grecque dessine un
paysage cosmogonique où résonne la langue primordiale des volatiles.
Un mythème semblable est présent aussi dans la tradition égyptienne. Une
des nombreuses variantes du récit mythique des origines, liée au milieu hermo-
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Le nom physique du dieu
sur le verso d’une gemme athénienne analysée par Armand Delatte. De l’autre
côté de cette gemme, il y a une figure acéphale. Selon ce savant, elle pourrait
représenter la décollation et le démembrement d’une divinité solaire, Osiris ou
peut-être Seth31. La comparaison de cette gemme avec une invocation au dieu
acéphale dans les P G M VII et VIII nous introduit en effet dans une dimension
osirienne et manifeste la nécessité de détourner les risques liés au sommeil
nocturne : « Je t’invoque, dieu acéphale, toi qui vois par tes pieds [...]; tu n’es
pas un démon; tu es le sang des deux éperviers criant près de la tête d’Osiris
(ou du Ciel) et qui jamais ne cèdent au sommeil32. »
Dans un texte curieux, qui date probablement des alentours de la fin du
me siècle avant J.-C.33 et intitulé Testamentum Salom onis, nous retrouvons
quelques variantes du nom dA rath . L’un des démons qui se présentent devant
le roi Salomon déclare que son nom est « à la ressemblance de lion » (όνομα
Λεοντοφόρον), mais qu’il s’appelle « Araps par la naissance34 ». Leontophôros
(« qui porte le lion », donc « à la ressemblance de lion »), est un terme très
rare en grec, qui peut désigner le bateau employé dans les combats navals, en
raison probablement d’une image léonine à la fonction apotropaïque placée à
sa proue35. Il est possible de trouver dans le Testamentum Salom onis , sous la
forme A steroth, une autre occurrence du nom A rath combiné avec celui d'as tér
(« étoile ») et donc projeté au niveau astral36. Le positionnement astral d A rath,
sous le nom d A rôth, nous est confirmé par les systématisations astrologiques
31. C. B onner , Studies in Magical Amulets, Chiefly Graeco-Egyptian, Ann Arbor 1950, p. 269,
n° 101 et Plate V ; A. D elatte, « Etudes sur la magie grecque, IV : Amulettes inédites des Musées
dAthènes », Musée Belge 18 (1914), p. 39.
32. PGM VII 233-241 ; VIII 91-101.
33. C. C. M c C own (éd.), The Testament of Solomon, Leipzig 1922, p. 105-108 : pour une datation
entre I er et v e siècle après J.-C., cf. S. I. J ohnston, « The Testament of Solomon from Late Antiquity
to the Renaissance », dans J. N. B remmer - J. R. V eenstra (dir.), The Metamorphosis of Magic
from Late Antiquity to the Early Modern Period, Louvain 2002, p. 37-91 (avec bibliographie).
34. Άραψ (mais ράθ d’après une autre leçon) : Testamentum Salomonis, XI 4-7, p. 40, 6-41, 6
éd. McCown.
35. Leontophôros était le nom du navire à huit rangs de rames, utilisé par Ptolémée Kéraunos dans
sa guerre contre Antigone II Gonatas (280 avant J.-C.). D’après l’historien Mémnon d’Héraclée
(probablement Ier siècle) cette barque, qui avait excellé dans le combat, appartenait à l’ensemble
des navires donnés par la ville d’Héraclée du Pont à la flotte qui avait été de Lysimaque : M émnon
d ’H éraclée , fr. 13 (FHG, t. III, p. 534, 10-24 éd. Müller).
36. Une série de démons est obligée de se présenter devant le roi Salomon, attirée par son puissant
anneau ; ils doivent fournir des renseignements sur leur identité, pour que le roi puisse les asservir et
les employer comme main-d’œuvre pour la construction de son temple. Parmi eux, une collectivité
de sept démons se définit comme « seigneurs cosmiques des éléments des ténèbres » (στοιχεία
κοσμοκράτορες του σκότους) et est associée à sept petits astres. L’un parmi eux, en particulier, se
dit subordonné à l’ange Asteroth. Détail curieux, la même dénomination de κοσμοκράτορες του
σκότους (του αίώνος τούτου) revient plus bas pour une autre collectivité de démons, cette fois au
nombre de 36, correspondant aux 36 décans. Le septième de ces démons sappelle Sphandôr et sa
tâche personnelle est de faire réduire la force des épaules et de dissoudre les nerfs des mains. Mais,
dès qu’il entend prononcer le nom d’Araël, il s’éloigne à grande vitesse : Testamentum Salomonis,
VIII, p. 31-35 éd. McCown (cf. C X 21-24, p. 80,4-12) ; XVIII 2, p. 51, 6-8.
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37. W. G undel, Dekane und Dekansternbilder. Ein Beitrag zur Geschichte der Sternbilder der
Kulturvölker, Gluckstadt - Hambourg 1936, p. 48, 77 (n° 5), 81 (n° 5 : Manilius) et le compte
rendu de K. P reisendanz, Göttingische Gelehrte Anzeigen 201 (1939), p. 142-143 ; H. G. G undel,
Weltbild und Astrologie in den griechischen Zauberpapyri, Munich 1968, p. 21-22 (Arath/Aröth/
Eröth/Erö dans les PGM).
38. la‘öläm : A. Jacoby, « Ein Berliner Chnubisamulett », Archiv fü r Religionswissenschaft
28 (1930), p. 282-283 ; la‘alam : A. C aquot dans M. P hilonenko , « Une prière magique au dieu
Créateur (PGM 5, 459-489) », Comptes rendus des séances de ΓAcadémie des Inscriptions et
Belles-Lettres 129/3 (1985), p. 451.
39. Variantes : anokh (1. 82, 190), anag (1. 458, 521, 594).
40. Variantes : phroumtrom (1. 83), phrountörm (1. 521), phountörm (1. 595). Du copte προ π
KPCDM; cf. PGM V 153-154, V II245-246 et VIII, 93-94.
41. Biathiarbar (variante : Biathiarbath, 1. 83) : « Monte, seigneur, dans la barque », ég.fy ity r br,
d’après H. J. This sen, dans R. M erkelbach (éd.), Abrasax, t. III, p. 203. On peut aussi reconnaître
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Le nom physique du dieu
constituera le nom d’une des figures générées le long de la kosm opoiïa, celle
qui jaillit du sixième éclat de rire du dieu. Il s’agit de K airos, qui tout comme
Hélios est doué de la doxa42. En outre, l’élément final de la chaîne de mots,
-tröm l-kröm (« feu »), se trouve aussi dans l’appellation d’Hélios Akhebukrôm
vue tout à l’heure.
Les deux expressions suivantes introduisent une variation. Elles retournent
aux dialectes d’origine animale, comme celui qui a ouvert l’hymne. Les protago
nistes en sont le renard cynocéphale et l’épervier, placés aux deux extrémités de
la barque solaire. En effet, d’après les représentations égyptiennes l’horizon de
l’est est dominé par Rê-Harakhti à la tête d’épervier43. Ce dernier dans l’hymne
se borne à une expression onomatopéique, qui sert d’invocation et est consti
tuée par deux syllabes, répétées exactement sept fois, ce qui sera le nombre
des éclats de rire du dieu qui suivent dans le papyrus. Le renard cynocéphale,
en revanche, invoque le dieu créateur par le nom de A brasdx, c’est-à-dire le
« nombre de l’année ». La somme de la valeur numérique des lettres, qui le
composent, est en effet 365. Enfin, l’invocation de l’ennéamorphe conclut notre
hymne et en même temps ouvre l’hymne suivant, véritable mise en scène du
processus cosmogonique : m enephôïphâth, « (je suis celui qui est) devant la
face du Dieu44 », d’où Yherm ëneia grecque « Je te précède, Seigneur ».
L’ennéamorphe occupe sur la barque une position spéculaire par rapport
au dieu créateur, car il se place à ses côtés et il en est l’apparition simultanée,
comme le dira le récit de la kosm opoiïa. Ce jeu de reflets spéculaires est marqué
en plus par les sept éclats de rire, qui font la spécificité du dieu, mais qui sont
aussi attribués d’avance à l’ennéamorphe, à la fin de la version de l’hymne
contenue dans la στήλη et juste après la séquence linguistique que nous venons
de voir45.
Jusqu’ici chaque appellation, présente dans l’hymne, s’articule au moins
sur quatre possibles niveaux simultanés de lecture : la probable représentation
graphique du nom divin, son expression phonétique, le langage employé pour
l’énoncer et enfin son herm ëneïa en langue grecque. Toutes ces variantes
s’entremêlent dans l’acte rituel et dévoilent la complexité du rapport signifiant-
signifié et des constructions symboliques, auxquelles donne accès la représen
tation du nom divin.
dans cet énoncé une référence au tétragramme (cf. supra, n. 20). Le groupe berbirs(kh)ilatourbou
(ou berbirekhilatourbou) reste inexploré.
42. PG M XIII, 186-191. Cf. ibid., 507-521.
43. J. B ergman , « Per omnia vectus elementa remeavi. Réflexions sur l’arrière-plan égyptien du
voyage de salut d’un myste isiaque », dans U. B ianchi - M. J. V ermaseren (dir.), La soteriologia
dei culti orientāli nelVImpero Romano. Atti del Colloquio Internazionale su La soteriologia dei
culti orientāli neU’Impero Romano, Rome 24-28 Settembre 1979, Leyde 1982, p. 671-708.
44. Copte m(ma2)-so (vieux copte : spxyi, d’où φωϊ en graphie grecque) <1>Νογφ : cette inter
prétation m’a été proposée par Michel Tardieu, que je remercie. Autre proposition : « gardant un
visage bienveillant est (le) crocodile » (ég. mn-nfr-htp, copte 6<1xl>t ), d’après H. J. Thissen, dans
R. M erkelbach (éd.), Abrasax, t. III, p. 205.
45. PGM XIII 87 et 600 : χα χα χα χα χα χα χα.
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V. Ialdabaoth
Mais quelle est la signification à donner à φυσικόν όνομα? André-Jean
Festugière traduit l’expression par « nom magique47 ». Il est vrai qu’à l’époque
tardive c’est l’une des significations de l’adjectif φυσικός. Mais parler de « nom
magique » nous ramène au problème du départ, à savoir à cette vague défini
tion, dans laquelle nous tombons quand nous parlons de « magie » par rapport
à ces papyrus. La traduction d’André-Jean Festugière a donc l’inconvénient
d’interposer entre nous et le texte un filtre, qui nous empêche d’entrer dans la
logique de l’hymne et d’y circuler librement.
Reinhold Merkelbach, qui a consacré une étude à la kosm opoüa de Leyde,
décide d’intervenir sur le texte et de corriger A ldabiaeim en A ldabiaim , tout
en déclarant fausse aussi la variante A ldabaeim . La valeur numérique du mot
devient ainsi égale à quatre-vingt-dix-neuf48. Ce chiffre a certainement frappé
l’imaginaire des rédacteurs des PG M . Dans le papyrus jumeau du nôtre, le
numéro XII Preisendanz, qui a été acheté et probablement vendu avec le XIII
et qui est conservé de même à Leyde, nous trouvons une liste de quatre-vingt-
dix-neuf noms49. Il s’agit d’autant d’appellations du dieu supérieur à toutes les
dunàm eis, car il les assume lui-même. Le début de cette liste est le suivant :
Iaö, Sabaöth, A d o n a i, Eilöein. Ces quatre noms, faisant partie d’une liste plus
ample, apparaissent dans quelques écrits gnostiques50, mais aussi dans les Pères
de l’Église, en rapport avec la secte gnostique des Ophites51. Dans l'É crit sans
218
Le nom physique du dieu
Adversus Haereses I 30, 5 : « Et nomina autem mendacio suo talia posuerunt : eum enim qui a
Matre primus sit Ialdabaôth vocari, eum autem qui sit ab eo Iao, et qui ab eo Sabaoth, quartum
autem Adoneum, et quintum Eloeum, et sextum Horeum, septimum autem et novissimum
omnium Astaphaeum. »
52. NH II 101.9-102.7. Le nom Ialdabaôth soulève des questions qu’on est loin de résoudre, en
commençant par son étymologie : voir G. S cholem , « Jaldabaoth reconsidered », dans Mélanges
d ’histoire des religions offerts à Henri-Charles Puech, Paris 1974, p. 405-421.
53. A. D ieterich , Abraxas, p. 45-46; cf. H. M. Jackson, « The Origin in Ancient Incantatory
Voces Magicae of Some Names in the Sethian Gnostic System », Vigiliae Christianae 43 (1989),
p. 69-79.
54. PGM I 205 ; IV 1199 (ialthe meakhi).
55. PGM I 203 ; IV 1195.
56. PGM XIII 971.
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Michela Zago
57. NH II 102.7-9.
58. PGM X III555-560.
59. Par un calcul relativement facile, à partir de 99 et par soustraction du nombre des décans, 36,
on obtient le nombre 63, à savoir la combinaison de 7x9.
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Le nom physique du dieu
Sur une barque en papyrus terminée à la proue et à la poupe par les deux têtes
d’Isis et de Nephtys couronnées d’épis, le dieu Soleil, représenté par un homme
barbu, est assis sur un trône, tourné à gauche. La main gauche est appuyée sur
le sceptre, l’autre étendue vers un scarabée qui est à ses pieds et qui porte sur la
tête deux disques d’inégale grandeur, le plus petit au-dessus de l’autre. Un autre
scarabée aux ailes ouvertes couronne le chef du dieu. Enfin, vers la poupe, on voit
un personnage dont la partie supérieure du corps est d’une femme, la partie infé
rieure d’un oiseau. Légendes : au-dessus de la tête du dieu ΑΛΔΑ ; au-dessous de
la barque BAIM60.
Que nous dit cette représentation à propos du « nom physique » du dieu?
Une réponse possible se trouve dans la tradition égyptienne relative à la barque
solaire. Elle est encore vivace et largement utilisée encore à l’époque tardive,
car un mùstës, initié aux mystères d’Isis comme Lucius, protagoniste des
Métamorphoses d’Apulée, peut affirmer une fois son initiation accomplie : per
omnia vectus elementa remeavi (« ayant été porté à travers tous les éléments,
j ’en suis revenu61 »). Jan Bergman a mis en relation ce sùnthëma avec le voyage
des barques solaires égyptiennes à travers tous les stoikheîa ou éléments du
cosmos. Cette hypothèse paraît confirmée par l’égyptien Livre des deux chemins
(par voie terrestre et par voie d’eau), qui date du Moyen Empire et est un produit
de la théologie hermopolitaine62. Il se termine par ces mots :
Chacun qui connaît cette formule-ci, deviendra comme Rê dans l’est du ciel,
et comme Osiris dans le centre de Douât. Il descendra vers l’entourage de la
flamme. Mais aucune flamme n’agira contre lui.
Des images sur papyrus font allusion à une quadripartition du circuit solaire
- mais parfois aussi à une bipartition63 - avec Rê préposé au chemin du feu à
l’est, Chou, dieu de l’air, au zénith, Geb, dieu de la terre à l’horizon de l’ouest et
enfin Osiris, dieu de l’eau, au nadir. D’ailleurs, les PGM connaissent la tradition
liée aux deux barques solaires, celle du soir et celle du jour, dont les noms (Me)
60. A. D elatte, Études sur la magie, p. 53. Même nom barbare (aldabaim) dans un lapis-lazuli
conservé à Berlin et représentant la barque solaire, avec Sarapis assis sur un trône, le faucon
et, aux extrémités, les bustes d’Isis et de Nephthys (H. P hilipp, Mira et magica. Gemmen im
Ägyptischen Museum der Staatlichen Museen. Preussischer Kulturbesitz. Berlin-Charlottenburg,
Mainz am Rhein 1986, p. 66, pl. 19, 78); nom barbare aida bain dans une sardoine elliptique
figurant Sarapis assis sur la barque solaire avec le buste d’Osiris à la proue et celui d’Isis à la poupe
(C. W. K ing , The Gnostics and their Remains, ancient and mediaeval, Londres 1887 [18641],
p. 249-250) ; nom barbare aida bain dans un héliotrope appartenant à la collection privée de
Wolfgang Skoluda (Hambourg, n° 127), où dans une barque de papyrus on reconnaît Sarapis assis
sur un trône, les bustes d’Isis et de Nephthys, Harpocrate et le buste d’Hélios (S. M ichel , Die
Magischen Gemmen. Zu Bildern und Zauberformeln auf geschnittenen Steinen der Antike und
Neuzeit, Berlin 2004, p. 326 [45.4.b], pl. II 6). Cf. aussi le verso d’un lapis-lazuli fragmentaire où
on ne lit que la terminaison abaim, le début du nom barbare étant perdu (C. B onner , Studies in
Magical Amulets, p. 256, n° 20).
61. A pulée , Métamorphoses, X I23.
62. J. B ergman , « Per omnia vectus elementa remeavi ».
63. Tripartition : J. A ssmann , Liturgische Lieder an den Sonnengott. Untersuchungen zur
altägyptischen Hymnik, t. I, Berlin 1969, p. 336; quadripartition : Rê, Chou, Geb, Osiris :
J. B ergman , « Per omnia vectus elementa remeavi ».
221
Michela Zago
Sektet et Manedjet figurent sous la forme de skiathi et manto64. Ils font de même
référence au cycle solaire, représenté en trois phases au lieu de quatre :
Je prie et invoque de votre part l’initiation, dieux célestes, dieux qui êtes sous
la terre, dieux qui tournez dans la région médiane, vous, les trois soleils Anokh
Mane Barkhukh, vous qui sortez des entrailles (du cosmos) l’un après l’autre, jour
après jour65.
L’idée du circuit solaire et de son enchaînement est donc connue par les
PGM. Mais la construction du cosmos, qui se renouvelle perpétuellement
chaque jour par le passage de la barque solaire à travers ses différentes régions,
devient l’une des clés d’accès au contrôle du cosmos même de la part de l’opé
rateur, qui connaît le nom du dieu renfermant cette potentialité. Le cosmos
devient ainsi maîtrisable.
Aldabaeim, « nom physique » du dieu, est à chercher au niveau linguistique
dans le même répertoire de noms auquel puisent les sources gnostiques pour
donner une identité à Ialdabaôth. Mais ce partage linguistique n’autorise qu’une
comparaison sur le plan de la fonction des deux figures, à savoir le dieu créateur
invoqué comme Aldabaeim dans le PGM et le chef des archontes gnostiques :
leur fonction démiurgique. En revanche, ce que nous ne devons pas retenir c’est
le jugement de valeur que les textes attribuent à cette fonction : elle est tout à
fait négative dans les textes gnostiques, positive dans notre hymne.
Au « nom physique » du dieu nous pouvons donner une interprétation
numérique - à savoir quatre-vingt-dix-neuf - et le considérer comme un nom
qui, dans sa structure, contient la structure du cosmos. C’est, me semble-t-il, le
choix de Reinhold Merkelbach, qui le traduit par « natürlicher Name66 ». Mais,
comme il me semble plus convaincant, nous pouvons l’interpréter comme un
nom qui matériellement fait allusion à la barque ou aux barques solaires et à
leur voyage perpétuel à travers les stoikheîa du cosmos, c’est-à-dire à travers
sa pluîsis, cosmos auquel ils contribuent à donner une forme. Il s’agit du même
cosmos qui tout de suite après s’animera, rempli par les sept éclats de rire du
dieu. C’est donc dans la perspective de l’acquisition circulaire et progressive
d’un domaine sur les éléments cosmiques, rendue possible par la connaissance
du « nom physique » divin et par la fonction démiurgique que ce nom contient
en lui-même, qu’il faut peut-être lire la prière qui clôt l’ensemble du rituel
cosmogonique. Le choix de placer le « nom physique du dieu » - je ne tradui
rais pas autrement l’adjectif φυσικόν - au cœur de l’hymne magique est tout à
fait cohérent avec le concept de phùsis élaboré en milieu grec et qui se mesure
ici à une interprétation grecque du système culturel et religieux égyptien. La
phüsis du nom divin est donc à concevoir dans le contexte de notre prière selon
au moins trois acceptions en même temps : comme l’ensemble des propriétés
inhérentes au nom du dieu suprême et démiurge, comme une naissance qui n’est
64. PGM V II518. Cf. J. B ergman , « Ancient Egyptian Theogony in a Greek Magical Papyrus »,
dans M. H eerma van V oss - D. J. H oens et al. (dir.), Studies in Egyptian Religion. Dedicated to
Professor Jan Zandee, Leyde 1982, p. 28-37.
65. PGM X II216-218.
66. R. M erkelbach (éd.), Abrasax, t. Ill, p. 113.
222
Le nom physique du dieu
Instructions :
Cela dit, adresse-toi à l’est, porte ta main droite à gauche
et ta main gauche de même à gauche, et dis : « ā ».
Adresse-toi au nord, tends devant toi juste la poignée de ta main droite, et dis : « e ».
Ensuite vers l’occident, tends en avant tes deux mains, et dis : « ë ».
Vers le sud, portes-les toutes les deux à ta bouche et dis : « I ».
Vers la terre, penche-toi jusqu’à frôler la pointe de tes pieds, et dis : « o ».
Regarde en l’air, garde ta main sur le cœur, et dis : « u ».
Regarde au ciel, garde tes deux mains sur ta tête, et dis :« ö ».
[...]
« Je t’invoque, toi, éternel et non-engendré,
toi, qui es un,
le seul parmi tous les êtres à contenir la création entière [...].
Je t’invoque, comme le fait le cosmos
o uu öö ö aaaa eeeee ēēēēēē iiiiiii69. »
67. H eraclite, fr. 22 B 123 DK; P lutarque, De hide et Osiride, 9, 354 C 6-7. La signification,
et par conséquent la traduction, du mot grec phùsis ont retenu l’attention et frappé la sensibilité
de plusieurs philosophes, jusqu’à nos jours, étant donné son importance pour l’histoire des
idées et de la pensée occidentale. Martin Heidegger voyait à raison dans l’idée grecque de
nature « le s’épanouis sant-perdurant dominer » (das aufgehend-v er weilende Walten), d’où le
caractère arbitraire de la traduction venant du terme latin natura (Einführung in die Metaphysik,
Tübingen 1953, p. 10-13 ; rééd. Gesamtausgabe ; t. II, Abteilung: Vorlesungen 1923-1944, t. XL,
Francfort-sur-le-Main 1983, p. 15-19). Le léopardien « nascimento » au lieu du mot « nascita »
(nuance intraduisible en français) est choisi par Giorgio Colli pour rendre raison de la phùsis
en tant qu’immédiateté (Filosofia delVespressione, Milan 1969, p. 178). Pour les différentes
déclinaisons du concept de nature, liées à son dévoilement, qui ont traversé l’histoire de la pensée,
voir l’étude remarquable de P. H adot, Le Voile d ’Isis. Essai sur Vhistoire de Vidée de Nature, Paris
2004, en particulier p. 13-52.
68. PGM X III795-797.
69. PGM XIII 823-834, 841-843 et 869-870.
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