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Gisèle Chaboudez
2007/1 n° 15 | pages 69 à 85
ISSN 1623-3883
ISBN 9782749207308
Article disponible en ligne à l'adresse :
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http://www.cairn.info/revue-figures-de-la-psy-2007-1-page-69.htm
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Comment concevons-nous
l’efficace analytique 1 ?
• Gisèle Chaboudez •
Le discours des psychanalystes est divisé sur l’efficacité de la psychanalyse. Divisé entre
eux, et divisé en soi. Non qu’ils en doutent, car exercer une pratique implique de la juger
efficace, de quelque manière, mais qu’ils rencontrent une difficulté pour en dire quelque
La discussion commence avec Freud, bien sûr. Nathalie Zaltzmann, par exemple, remar-
quait que l’on retient de Freud son pessimisme et son manque de goût pour la fonction
1. Texte légèrement remanié d’une intervention aux Journées d’Espace analytique sur L’efficacité
de la psychanalyse, le 19 novembre 2006, avec pour sous-titre « Les paradoxes de l’efficace
analytique ».
2. De la guérison psychanalytique, Paris, PUF, coll. « Épîtres », 1999, p. 71.
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thérapeutique de l’analyse, mais que ne retenir que cela est en contradiction flagrante
avec son obstination inlassable à prendre la mesure des obstacles à l’analyse et à tenter de
les surmonter. Il est vrai que le discours de Freud est très particulier s’agissant de ce qu’il
appelle la thérapie. Il annonçait par exemple dans les Nouvelles Conférences : « Vous le
savez peut-être, je n’ai jamais été un enthousiaste de la thérapie », ou encore : « Je vous
ai dit que la psychanalyse a commencé en tant que thérapie, cependant ce n’est pas en
tant que thérapie que je voudrais la recommander à votre intérêt, mais à cause de son
contenu de vérité. » Une vérité qui concerne l’être de l’homme, bien entendu. Mais il
convenait tout à fait ensuite que « si elle n’avait pas sa valeur thérapeutique, elle n’aurait
pas été découverte au contact des malades, ne se serait pas développée durant plus de
trente ans 3 », ce qui est évident. On voit donc dans ce discours une sorte de tendance à
balancer entre deux termes, entre valeur thérapeutique et contenu de vérité, comme si
c’était « ou l’un ou l’autre », alors même que ce n’est « pas l’un sans l’autre », et que Freud
autre lien de ces deux termes où l’un exclut l’autre, d’un « pas sans » à un « ou bien ou
bien ». Poser une alternative exclusive là où non seulement il n’y a pas d’alternative entre
deux termes, mais où, de plus, l’un conditionne l’autre, constitue un processus logique
familier à l’inconscient. Certes, il y a là un désir propre à Freud dans sa pratique, et un
souci bien défini de ne pas laisser résumer la psychanalyse à une thérapeutique, mais il y
a aussi, remarquons-le, une logique propre au discours analytique. Ce discours, dès lors
qu’il s’adresse à l’inconscient, à ce qui sur l’autre scène forge le symptôme, doit sembler
mettre de côté le souci de la thérapeutique pour en obtenir les effets. Puisque l’incons-
cient répond du symptôme selon des raisons que la raison ignore, on ne peut s’adresser à
lui que selon ces raisons évidemment, et non selon la raison, qui veut la fin du symptôme.
Il y a là une division inhérente au discours analytique, que Freud traite à sa manière lors-
qu’il feint que l’on puisse laisser rejeter la thérapeutique pour ne s’occuper que de l’ana-
lyse, alors qu’il sait très bien qu’il n’y a pas d’analyse sans attente thérapeutique, qu’on le
sache ou non. Le discours analytique parle donc comme Freud, si l’on peut dire, ou bien
l’inverse.
Le mode sur lequel il définissait les buts du traitement ne laisse d’ailleurs aucun doute
sur le fait qu’il ne les oubliait pas. Il s’agissait pour lui, tel qu’il l’énonce à propos du
« malade », de « façonner, à partir de ce qu’il est, le meilleur de ce qu’il peut devenir en
fonction de ses dispositions et capacités, et le rendre, autant que possible, capable de
réaliser et de jouir 4 ».
Récuserions-nous aujourd’hui cette visée de l’analyse ? Il ajoutait que « l’élimination
des symptômes de souffrance n’est pas recherchée comme but particulier, mais, à la condi-
tion d’une conduite rigoureuse de l’analyse, elle se donne pour ainsi dire comme bénéfice
annexe ». Dans des termes comparables, partageant le point de vue de Freud, Lacan parla
de guérison par surcroît 5. Bénéfice annexe, guérison de surcroît concernent le même
souci, le même ordre de remarques. Et tiennent à la même division, celle qui exige, au sein
du discours analytique, de ne pas rechercher comme tel le gain thérapeutique, même s’il
est attendu. La formule « guérison de surcroît » a suscité des sursauts passionnés : « obsé-
conduite rigoureuse de l’analyse, que les analystes cesseraient de l’attendre ? Est-ce que
ce détour logique nécessaire tend à faire oublier le but ? Est-ce que feindre d’oublier l’ef-
fet thérapeutique glisse à l’oublier, ou renverse l’oubli en refus ?
De tels glissements tiennent à la structure même du signifiant. Le signifiant peut
instaurer une logique en termes de « ou bien ceci ou bien cela » là où non seulement il
n’y avait pas lieu de choisir, mais où de plus cela se posait en termes de « pas ceci sans
cela ». Car le sujet y est représenté par un signifiant, mais seulement pour un autre : deux
sont nécessaires pour le représenter et non un seul, de sorte que pour qu’il soit représenté,
encore faut-il qu’il y ait un autre signifiant auprès duquel le représenter, mais lorsqu’il l’est
en un lieu, il disparaît en l’autre lieu. Le sujet n’y surgit en un point qu’en disparaissant
ailleurs, alors même qu’il ne surgit ailleurs que pour avoir été formé en ce point. Par
exemple, il n’accède au sens qu’en perdant l’être, alors qu’il a surgi comme être. De sorte
4. S. Freud, « Psychanalyse et théorie de la libido », 1923, Résultats, idées, problèmes, II, Paris, PUF,
p. 69. Cette phrase suit et conclut ce fragment : « On peut poser comme but du traitement de
provoquer, par l’abolition des résistances et l’examen des refoulements du malade, l’unification
et le renforcement de son moi les plus étendus, de lui épargner la dépense psychique consacrée
aux conflits internes, de façonner, à partir de ce qu’il est, le meilleur … »
5. J. Lacan, L’angoisse, Paris, Le Seuil, 2004, p. 70.
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consiste pas à ce qu’on soit libéré de ses symptômes, mais à ce qu’on sache pourquoi on
en est empêtré 7 », tandis que, peu avant, il énonçait : « Une interprétation juste éteint un
symptôme 8. » Ou de même, il avançait : « Savoir y faire avec son symptôme, c’est la fin de
l’analyse, il faut reconnaître que c’est court 9 », bien que, peu de temps plus tard, il ait
remarqué : « Le psychanalyste peut, s’il a de la chance, intervenir symboliquement pour
dissoudre le symptôme dans le réel 10. » Ou qu’il ait auparavant constaté : « … l’analyse a
de bons effets, qui ne durent qu’un temps 11. » Ailleurs, il en parle sur un mode paradoxal,
à la limite de l’ironie. Par exemple, en 1973, il avance que les seules personnes qui s’étaient
autour de lui admirablement conduites pendant la guerre étaient ses névrosés, ceux qu’il
n’avait pas encore guéris. Qu’ils étaient sublimes, que rien ne leur faisait, que ce soit le
réel, l’imaginaire ou le symbolique, ils tenaient le coup 12.
6. Ibid., p. 70.
7. J. Lacan, Le moment de conclure, séminaire inédit, le 10 janvier 1978.
8. J. Lacan, L’insu que sait…, séminaire inédit, le 19 avril 1977.
9. Ibid., 18 novembre 1976.
10. Ibid., 15 mars 1977.
11. J. Lacan, RSI, séminaire inédit, le 8 avril 1975.
12. J. Lacan, Les non-dupes errent, séminaire inédit, le 11 décembre 1973.
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Oui, le névrosé peut être d’autant plus admirable que la psychanalyse ne l’a pas encore
guéri. Et dans ce cas, que veut dire qu’il guérisse, qu’il guérisse de cette façon de tenir le
coup qui rend admirable ? Nous rencontrons sans cesse ce type de paradoxes, en ce qui
concerne les effets de l’analyse, et bien d’autres. Et à condition d’évaluer ce qui se
présente ainsi, d’en peser la raison, d’en montrer les torsions, il n’est pas sûr qu’il faille
abandonner le joli mot de guérison aux médecins, aux guérisseurs ou aux dieux.
Mais ce mot, nous le savons, résonne singulièrement dans une pratique qui comporte
le paradoxe fondamental de commencer par évaluer sur son praticien même son effica-
cité. Et comment en serait-il indemne ? Qui peut oublier, qui veut oublier que l’efficacité
de l’analyse a commencé par l’analyste ? L’analyse a été efficace à ce qu’il devienne
analyste, mais l’a-t-elle également guéri, lui ? Comment évalue-t-il cette question pour lui-
même ? Considère-t-il, par exemple, que l’analyse, pour reprendre les remarquables
critères freudiens, a façonné, à partir de ce qu’il était, le meilleur de ce qu’il pouvait deve-
De sorte que dans le désir qui soutient sa pratique, résonnera de telle ou telle façon, dans
chaque cas particulier, plus ou moins forte, plus ou moins appréhendée, la division que le
discours analytique impose, tout autant que ce qu’il en fait.
L’efficace de l’analyse comporte des torsions qui sont en premier lieu celles du sujet sur
lequel elle intervient : tel une bande de Mœbius, il est divisé, tandis que ses deux parts
sont en continuité. Il est divisé entre deux signifiants d’abord, puis il se divise autrement
lorsqu’à l’issue de ce temps, l’un de ces signifiants se substitue à l’autre, formant l’incons-
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le choix qu’entre ne pas être et ne pas penser. Elle ne recouvre pas seulement la division
freudienne entre préconscient et inconscient, mais aussi entre deux modes de fonction-
nement inconscients. D’une part, le mode grammatical de la pulsion, celui du ça, comporte
que « je ne pense pas » grâce à quoi « je » soutient un être, celui du fantasme, et d’autre
part le mode lexical des pensées de l’inconscient, à partir des substitutions signifiantes,
métaphorique et métonymique, forment le sens au détriment de l’être, et comporte que
« je ne suis pas ».
En quoi l’analyse agit-elle sur les effets névrotiques de cette division subjective ? Voilà
la première question que l’on peut lui poser et le premier défi qu’en somme, elle relève
sans bien le penser. Elle s’y attelle par différents biais. Tout d’abord, le dispositif analy-
tique répartit les termes de la division du sujet. L’analyste prend sur lui une part de cette
division en venant occuper, Lacan l’a fait remarquer, la place de l’être, et par conséquent
du « je ne pense pas ». Ce faisant, il déloge l’analysant de son faux être, le convoque à une
autre place, celle des pensées de l’inconscient, et l’invite à penser selon l’inconscient, prin-
cipe même de la règle fondamentale de l’association libre. Bien que les deux parts de la
division subjective soient évidemment présentes dans toute névrose, elles y sont plus ou
moins manifestes dans le discours. L’hystérique, par exemple, est déjà tellement en proie
aux pensées de l’inconscient que convoquer ces pensées ne fait d’abord que donner un
lieu où son discours peut se tenir. C’est pourquoi le discours de l’analysant en général est
celui de l’hystérique. L’obsessionnel est plus globalement situé sur l’autre versant, celui de
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Au fur et à mesure que l’analyse se déroule, la pensée de l’inconscient vient peu à peu
recouvrir la part du sujet qui ne pense pas pour être. Le recouvrement d’une part néga-
tive par une part positive commence à annuler peu à peu les effets de négation et de divi-
sion du sujet. Ce qui ne pense pas va être progressivement recouvert par les pensées de
l’inconscient, et ce qui n’est pas va être peu à peu recouvert par l’être du ça, de sorte que
selon cette progression l’analyse a des effets tout au long de son déroulement. Mais
lorsque ce recouvrement arrivera à terme, lorsque cette éclipse de l’un par l’autre
s’achève, là quelque chose se produit, où se révèle ce que Lacan appelle la vérité de la
structure.
produit cela. Sur chaque versant de la division subjective apparaît, du point de vue de
l’analysant, ce que cette logique recelait. Du côté des pensées de l’inconscient, qui incom-
bent à l’analysant, un trou apparaît dans une signification, celle du phallus. Bien sûr, ce
trou concerne la castration, décrite par Freud en fin d’analyse, sous la forme de cette envie
du pénis chez la femme ou de l’angoisse de castration chez l’homme, notamment face à
la domination d’un autre homme. Mais elle ne saurait s’articuler ainsi en dernier terme.
Lacan en découvre une toute autre fonction, qui n’est pas de l’ordre du narcissisme, de
l’appartenance d’un organe au corps, symbolisé comme phallus, mais de l’ordre de la
jouissance : il devait y avoir, il était supposé y avoir, un organe de la jouissance unifiante
dans le rapport à l’autre sexe, un organe du rapport sexuel comme tel, c’est-à-dire un
organe qui unisse la jouissance du sujet à celle de l’autre. Or le sujet découvre qu’il n’a pas
cet organe. L’homme n’a pas ce phallus qui assurerait ce rapport, et la femme ne l’est pas.
Il peut se produire, à ce moment de la vie de l’analysant, il se produit le plus souvent, un
événement qui lui révèle son manque à cet égard – qu’il s’agisse d’échec, de rupture,
d’abandon ou tout autre chose prenant ce statut, cette signification. La castration décrite
par Freud au terme de l’analyse comme une butée indépassable et refusée ne suffit pas à
rendre compte de ce dont il s’agit. Car le manque du phallus ici en cause concerne le
registre de la jouissance sexuelle. N’avoir pas l’organe qui assurerait le « rapport sexuel »
est autre chose que n’avoir pas l’organe. Là est la vérité de la structure appelée castration
concernant la pensée de l’inconscient.
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Ce que le névrosé refuse, Lacan le souligne, n’est pas sa castration, à laquelle, en fait,
il tient, mais que l’Autre en jouisse et s’en fasse une garantie. En quoi le névrosé se
trompe, car sa castration ne sert pas du tout de garantie à l’Autre pour la bonne raison
qu’un tel Autre n’existe pas, qu’il est une construction de sa part. Le manque d’un organe
du rapport est corrélatif de l’inconsistance de ce grand Autre, que le sujet découvre. Paral-
lèlement dans le transfert, l’être idéal qui était attribué à l’analyste chute et laisse à la
place quelque chose qui se présente comme déchet de l’être, l’objet a. Cela constitue pour
le sujet une perte, de même que pour l’analyste lui-même, mais savoir subir cette perte
fait partie de son acte. La vérité de la structure, sur l’autre versant de la division, concer-
nant le fantasme et le ça, apparaît à la place de l’analyste. L’être de l’Autre se défait, ce
pourquoi il est appelé désêtre, et à cette place apparaît l’objet déchet.
Et dès lors qu’il s’agit d’opération logique entre les termes évoqués, faisons le pas
suivant. Certaines opérations logiques se caractérisent de s’annuler si elles se répètent. La
manquant, que le fut l’Autre maternel par la castration. L’opération transfert, quant à
elle, fournit un sujet-supposé-savoir qui s’avérera tout aussi inconsistant à terme que l’est
le savoir que le sujet attribue au signifiant-maître. Les négations qui ont présidé à la
constitution du sujet, répétées par le procès de l’analyse lui-même, vont s’annuler.
Le franchissement de la castration
13. J. Lacan, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Le Seuil, 1973, p. 244.
14. J. Lacan, L’angoisse, op. cit., p. 66.
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Voilà le franchissement dont il s’agit, qui a d’ores et déjà des effets considérables. Il
comporte une levée brutale des inhibitions, du refoulement, et une exultation qui consiste
dans ce que Lacan appelle être singulièrement et fort, et qui donne à l’analysant le senti-
ment que quoique un peu vertigineuse cette assomption est l’issue attendue. Et l’on
conçoit bien en quoi cette bascule, sensible dans presque toute analyse qui parvient
jusqu’en ce point, peut avoir l’allure d’une fin. Certains analysants souhaitent en rester là
et, lorsque leur visée n’est pas de devenir analyste, la question peut se poser, en effet. En
revanche, lorsque l’analyse est didactique, lorsqu’elle vise un devenir analyste, une autre
étape est nécessaire.
Le procès de séparation qui consiste à s’emparer symboliquement de l’objet, aussi
bénéfique qu’il puisse être d’un point de vue thérapeutique, comporte un refus de savoir,
un rejet. L’analysant rejette ce qu’il sait maintenant de la castration rencontrée dans la
jouissance, comme il rejette ce qu’il sait de l’inconsistance du grand Autre qu’il avait
forgé. Ce rejet n’est nullement à considérer comme une erreur du processus, car il est
inévitable, et permet à l’analysant de faire face, provisoirement, à ce savoir, pour lui insou-
tenable. Avec cet Autre qu’il avait construit, il vivait depuis des décennies. Cet Autre
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fondait son monde, et avec lui le rapport devait exister, leurs jouissances s’unir : ce phal-
lus-là ne faisait pas défaut. Cela s’avère faux, et il n’y a pas cette union, pas plus qu’il n’y
a cet Autre. Pour ne rien savoir de cette vérité découverte, un acte est produit, sur le mode
du démenti : l’analysant s’empare de l’objet pour démentir que l’objet ne soit que ce
déchet entraperçu, il s’en empare afin qu’il ne soit pas ce déchet, afin qu’il garde sa valeur
phallique agalmique, malgré le désêtre de l’Autre. Dans ce passage à l’acte même, la
valeur phallique est réaffirmée, le rien démenti. L’analysant peut interrompre l’analyse là,
s’il ne désire pas devenir analyste, et se porter assez bien, tant la force du démenti est
grande. Lacan faisait, par exemple, allusion à un analysant qui, à un tournant du proces-
sus, rejette l’analyse en considérant qu’elle l’a mené par des voies perverses et rentre dans
les ordres, tout en ayant beaucoup moins de symptômes 17. Certes, ce n’est pas une guéri-
son, et le plan de la vérité en souffre, mais pourquoi pas, si devenir analyste n’est pas à
l’horizon ?
Cependant, si l’analyse est didactique, si le devenir analyste est son horizon, l’analysant ne
peut faire autrement que de venir à admettre, plus tard, autrement, le savoir que dans
cette passe il a aperçu en un éclair aussitôt réprimé par le rejet. Cette vérité ne va pas à
terme sans le savoir. Il y a pour ce faire un au-delà du procès de séparation, qui est le
retour dans une nouvelle aliénation, et constitue une deuxième étape, un deuxième
parcours de la boucle. Le ressaisissement de cette limite par elle-même, son redoublement,
permettra à terme à ce savoir d’être cette fois admis. On voit que se mêlent ici presque
indissociablement la question de l’efficace analytique et celle qui consiste à produire un
analyste. Et, en effet, l’issue de l’analyse comporte ce point où un premier versant de l’ef-
fet thérapeutique va de pair avec l’éventualité d’une première bascule vers le devenir
analyste.
Cette étape peut se concevoir topologiquement lorsque la boucle intérieure du huit,
celle du désir, vient s’accoler à la boucle extérieure de la demande, et semble maintenant
la redoubler, la ressaisir alors qu’elles étaient bien distinctes jusque là. Là, progressive-
ment, apparaîtra au sujet tout autre chose. Le savoir sur la vérité entrevue viendra à être
admis et, du même pas, lui enseignera autre chose. Par exemple que son manque singu-
lier quant au rapport sexuel est le fait d’un manque réel qui vaut pour tous, une absence
du rapport que le discours masque, notamment par la fonction du phallus, tout autant
qu’il l’engendre, et que cette fonction du phallus ne recouvre en aucun cas ce qu’il en est
de la réalité sexuelle 18. Il lui apparaîtra alors que le « rapport sexuel », rapport d’un sexe
à l’autre comme tel par le signifiant et la jouissance, manque dans l’universel du discours
et qu’il faut, si l’on peut dire, le fabriquer, l’inventer, au cas par cas.
Le passage par la castration n’est donc pas terminal, il lance le processus de séparation
par lequel le sujet la franchit. Et les effets de l’analyse sont là décisifs. Quels sont-ils par
exemple sur ce grand triptyque de la souffrance que Freud a décrit, l’inhibition, le symp-
tôme et l’angoisse, enracinés respectivement dans l’imaginaire, le symbolique et le réel ?
L’apaisement qu’ils comportent en général à cette étape est là aussi paradoxal. En effet,
peut-il devenir remède à l’angoisse ? On ne peut concevoir cela que dans une topologie
où le sujet se situe maintenant sur une échelle renversée du rapport au désir, sur l’envers
du huit si l’on peut dire, c’est-à-dire sur l’autre boucle. Dans le cadre de la demande, le
désir est l’horizon jamais réalisé, ici il est l’ordinaire, et de l’ordre de l’effectué, tout en
constituant la meilleure défense face à certaines jouissances. « J’étais à côté de mon désir,
je m’étais exilée, dit cette analysante, là je commence à lui faire confiance, on rentre chez
nous. » Oui lorsque le désir est trouvé, on est chez soi, où que l’on soit.
L’inhibition, quant à elle, se lève quand le faux être du fantasme chute. Pourtant l’ana-
lysant n’avait durant longtemps, dans ce même cercle de la demande, d’autre soutien à
son désir que ce fantasme même. Il n’avait, durant l’enfance, pensé échapper à la souf-
france qu’en construisant cette bulle imaginaire censée soutenir son désir, or elle en était
devenue le tombeau. Comment le saisir ? Le sujet n’est plus tenu, une fois ce franchisse-
ment effectué, d’assumer cet être du fantasme, qu’il ne pouvait soutenir que comme
semblant et non comme acte. Il pourra éventuellement l’effectuer quand même, mais non
plus comme un faux être : comme symptôme nouveau, en somme. Ce faisant, l’Autre n’est
18. Thèse développée dans La logique du fantasme, séminaire inédit, 1966-1967. Voir Rapport
sexuel et rapport des sexes, Gisèle Chaboudez, Paris, Denoël, 2004, où ce commentaire est
déployé.
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plus, lui non plus, revêtu de l’être que le fantasme lui confère. « Dans ce travail, je me suis
réapproprié ce que je donnais à l’autre, dit cet analysant, et qui faisait de lui quelque
chose qui n’était pas lui, mais qui était de moi. Et du coup, il n’y a plus d’autre du tout, ou
plutôt il y a l’autre réel. » Oui, l’accès à l’autre réel passe en effet par l’absence de l’Autre
du fantasme, par une barre sur cet Autre.
Les symptômes, enfin, se remanient, voire se lèvent quand jamais au long de l’analyse
on n’a tenté de les interpréter ou de les réduire, mais laissé se déployer leurs signifiants,
leurs significations. On a pris le symptôme comme repère pour l’opération analytique,
puisqu’il recèle un savoir de la structure, puisqu’il fut ce qui, à un moment, a assuré pour
ce sujet le soutien de sa structure. Au point que certains de ceux, naïfs ou malveillants, qui
ont saisi cette attitude quant au symptôme en ont déduit que les analystes étaient parti-
sans du maintien du symptôme. À nouveau, il y a là un glissement logique. Si le symptôme
soutient la structure, comment la structure tiendra-t-elle si on l’enlève, pense-t-on ? L’ana-
maintenant lui servir de barrière avec les autres, l’homme notamment, puisqu’elle ne peut
elle-même situer les limites entre elle et lui, sachant bien que soit elle s’en remet totale-
ment à lui, elle est en lui, et se perd, soit elle n’y est plus du tout, et elle le perd. Et, en
effet, tant que le fantasme est entièrement dans l’Autre, où sont les limites entre le sujet
et l’Autre, si ce n’est dans le symptôme ?
Qu’a-t-on effectué par conséquent ? Et comment par cette voie le symptôme peut-il se
lever lorsqu’il le fait ? Dans le parcours des défilés signifiants du symptôme, a-t-on montré
au sujet une issue qu’il ne voyait pas, aveuglé qu’il était, ou l’a-t-il lui-même trouvée ? En
fait, ce n’est pas ainsi que cela se pose car, tel que le sujet était placé dans la structure, il
n’y avait aucune issue au symptôme. Il a donc fallu qu’il se hisse au niveau de la question
du symptôme, c’est-à-dire qu’il se place ailleurs. « Je suis sortie d’un système de souffrance,
dit cette analysante, comme si je reprenais possession de moi, mais je ne sais pas encore
ce que je vais en faire. » L’injonction du surmoi à jouir se fait d’autant plus silencieuse que
ce sujet commence à accepter de jouir d’autre chose que du symptôme.
ment une réintégration progressive du savoir rejeté, quoique pas non plus dans sa tota-
lité. Elle implique en tout cas un remaniement logique, elle l’appelle. En effet, si la logique
de la névrose est intacte, comment éviterait-on le retour des symptômes, puisqu’elle les
produit ? De quoi, en somme, guérit-on les névrosés lorsqu’on les guérit, pour faire écho
à cette charmante phrase de Lacan ? La réponse qui vient est : de la névrose bien sûr, car
s’il n’y avait pas de névrose, il n’y aurait pas de névrosés. Mais cela existe-t-il de sortir du
mode de désir névrotique, de ce désir qui ne peut être soutenu, admis, reconnu, affirmé
et mis en acte qu’à la condition de rester éternellement insatisfait, impossible ou empê-
ché ? Et si oui, n’est-ce pas cela qui, par excellence, vaudrait une analyse ?
Dans la logique pure de la névrose, rien d’autre ne s’aperçoit que la névrose. L’ana-
est construite sur l’œdipe, c’est-à-dire sur le Nom-du-Père, posé comme l’exception qui
jouit en paix de la mère, sans aucune castration, tandis que l’enfant comme la mère sont
castrés. Sur la base qu’un y échappe, tous sont soumis à cette castration, tous sont entiè-
rement fonction de ce phallus qui leur manque, que l’un aura plus tard et que l’autre
demande. Le fondement logique de la névrose est donc très proche de ce que Lacan a
appelé la logique masculine du « pourtout », celle qui pose une exception non castrée
quand tous le sont, une exception qui fonde que tous soient castrés. Il faisait remarquer
en effet que cette logique du « pourtout » est ce à quoi se résume tout ce qu’il en est du
complexe d’Œdipe et que le « texte des symptômes des deux grandes névroses », « à
prendre au sérieux le normal, nous disent que c’est plutôt norme mâle 19 », traduisant ainsi
la proximité entre la logique du « pourtout » et la névrose.
Que les névrosés, hommes ou femmes, aient avec cette logique un voisinage électif,
nous l’apercevons sans cesse, dans nombre de manifestations. Qu’il s’agisse du désir, du
fantasme, de la castration, partout se retrouve ce rapport du « tous castrés sur la base
qu’un seul ne l’est pas », c’est ce que nous entendons continûment dans le discours de la
névrose. Un de ses corollaires, de ses rejetons, est ce que les analysants appellent le tout
ou rien, par quoi ils qualifient la logique de leurs actions aux effets symptomatiques. Et si
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c’est tout ou rien, si par exemple ils ne veulent rien dès lors qu’ils n’ont pas tout, mode
fréquent de cette logique, ils constatent bien vite que ce sera rien, puisque cela ne peut
pas être tout, et en aperçoivent la valeur quasi suicidaire. L’analyse ne vise sûrement pas
cette norme-là.
Cependant, trouver une issue, au moins partielle, à cette logique du « tout » phallique
demande de se passer dans une certaine mesure de l’exception du Nom-du-Père. Et par
conséquent cela demande une logique autre, celle que Lacan a dite du « pas tout », pour
autant qu’elle ne fonde aucune règle de castration pour tous, n’en instaurant pas d’ex-
ception. L’analyse oriente-t-elle vers cette logique ? Cette question est difficile, mais de
fait, puisque l’analyse produit des analystes, dont la position relève de cette logique, nous
pouvons déduire que tel est le cas. Ce ne sont pas les seuls à en relever, évidemment, puis-
qu’elle est celle de la jouissance féminine. L’analyse, en effet, a tendance à résorber peu à
peu l’exception à la castration, elle « pastoutise » un sujet, si l’on peut dire. Cela peut
fonction a engendrés avec le sujet, comme, par exemple, la contamination découverte par
Freud de l’abord du rapport sexuel par la crainte de l’inceste. L’analyse décontamine de
ces effets, elle déconstruit le Nom-du-Père. Ainsi qu’a pu l’exprimer Catherine Vanier, dans
le cas de l’enfant, nous allons du réel vers le symbolique, dans le cas de l’adulte du symbo-
lique vers le réel. La logique du « pas tout » se situe dans cette direction. Elle permet
certains accès que la névrose condamne, comme, par exemple, celui de la jouissance de
l’Autre, c’est-à-dire l’union de deux jouissances et non d’une jouissance et de son objet. Ce
faisant, elle ouvre à l’élaboration d’un « rapport sexuel » comme tel, et en outre à une
sublimation éventuelle. Ce que rend possible cette logique autre pourrait s’appeler guéri-
son, cela le mérite. Ainsi, au-delà de cette bascule de la séparation qui est franchissement
de la castration, s’ouvre une étape de l’analyse où peut s’opérer ce passage dans une autre
logique, vers une autre jouissance, et là serait un ressort essentiel de son efficace.
Nous voyons donc, à l’issue de l’analyse, se dessiner non pas une autre structure pour
le sujet, mais une autre logique dans laquelle il peut s’inscrire, ce qui change beaucoup de
choses. Mais, dès lors, un autre ordre de questions ici se pose. Un tel passage est-il acces-
sible à tous ? Ne comporte-t-il pas de danger, puisque l’absence du Nom-du-Père voisine
avec la psychose ? Le névrosé peut-il se passer du Nom-du-Père comme exception ? Ne
risque-t-il pas, en somme, de guérir de sa névrose en s’exposant à la psychose ? Les
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Lacan a voulu montrer qu’il existe un nœud qui ne le nécessite pas puisque, dans le
nouage borroméen, chacun des ronds est noué à un autre par l’intermédiaire du troi-
sième, sans avoir besoin d’un quatrième. Le borroméen, donc, ne s’en remet pas à une
exception pour nouer les différents registres. Le langage s’y noue avec l’imaginaire du
corps par l’intermédiaire de la jouissance, et non par l’intermédiaire de Dieu : s’il faut
situer une norme, c’est là ce que Lacan a appelé la norme. Alors que la névrose n’est pas
normale en ce sens, elle fait de la jouissance l’apanage du Père, ce qui rend le névrosé
admirable. Cependant si un rond lâche dans le borroméen, tous les autres sont libres, ce
qui n’est pas vrai dans le premier cas, où seule la rupture du quatrième, du Nom-du-Père,
a cet effet. Et lorsque les trois registres sont dénoués, libres, lorsque le symbolique ne capi-
tonne plus le réel et que l’imaginaire tout seul résume ce qui reste du sujet, se produit le
délire. Voilà la question.
Pour passer d’un nœud à l’autre, pour passer au borroméen depuis ce nœud à quatre,
il suffit, dit Lacan, de faire en deux points passer dessus ce qui était dessous, c’est-à-dire
que le réel surmonte le symbolique afin qu’ils se nouent autrement : « C’est ce en quoi
opère l’analyse », estime-t-il 22. Nous retrouvons là notre résultat de tout à l’heure, obtenu
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en termes de logique, puisque le symbolique sera surmonté par le réel, si précisément l’ex-
ception du Nom-du-Père qui le fonde se défait, n’a plus cours. Dans ce cas, si le quatrième
rond, du Nom-du-Père, se défait, le nouage pourra devenir borroméen, à trois ronds ou
plus. L’analyse borroméanise à terme, voilà son ordre d’efficace à l’horizon. Cela veut dire
que le névrosé arrive à l’analyse selon une structure qui est autre que borroméenne, et
que la fin d’analyse vise précisément à l’amener à un mode de nouage borroméen, où les
trois registres se nouent entre eux sans besoin d’un quatrième terme. Mais c’est ainsi défi-
nir la norme de curieuse façon, Lacan en convient, car cela peut rendre fou quand il y a
un rond qui claque. Cela implique que l’analyse amène le sujet en un point d’où il sera à
même d’accéder à certain nombre de choses qui lui étaient jusque là inaccessibles dans
l’ordre du désir, de la jouissance, de la pensée, de la création, mais qu’en ce point quelque
chose sera en lui plus exposé à la folie qu’avant.
C’est la raison pour laquelle Lacan, tout en maintenant sa position, jugera finalement
qu’il en tienne lieu : ce sera le sinthome. Si ce quatrième reste nécessaire, c’est aussi,
estime Lacan, que notre symbolique, notre imaginaire et notre réel sont peut-être encore
trop dissociés pour que nous puissions nous en passer. Trop dissociés, en effet, puisque seul
Dieu jusqu’ici les nouait ensemble, ils n’étaient pas liés entre eux : comme pour le névrosé,
la jouissance était réservée à Dieu, qui seul la nouait au langage. L’issue de nos analyses
dépend aussi de l’état des discours qui les entourent, du moment de la civilisation où elles
ont lieu.
Tout cela ouvre de nombreuses questions, et montre en tout cas que l’analyse n’a pas
à être poursuivie sans fin, peut-être même pas au-delà d’un certain point. « Dieu merci,
disait Lacan à propos des névrosés, nous ne les rendons pas assez normaux pour qu’ils
finissent psychotiques. C’est le point où nous avons à être très prudents. Certains d’entre
eux ont réellement la vocation de pousser les choses à leur limite… Une analyse n’a pas à
être poussée trop loin. Quand l’analysant pense qu’il est heureux de vivre, c’est assez 23. »
Et par exemple, lors du processus de séparation, rien ne s’oppose à ce que l’analyse s’in-
terrompe si l’analysant n’est pas tenu de la poursuivre pour devenir analyste. On voit la
zone qui se dessine ici, d’évaluation du bienfait et aussi du risque, risque par exemple que
23. « Conférences et entretiens dans les universités nord-américaines », Scilicet 6, Paris, Le Seuil,
p. 15.
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certaines analyses piétinent dans la castration comme dans une impasse, sans pouvoir en
saisir l’issue, risque de moments de dépersonnalisation qui tardent à être des franchisse-
ments. « J’ai vécu une régression absolue, dit cet analysant, et puis j’ai été happé par une
force tout aussi absolue, une force de soi, une force de guérison qui m’emmène vers une
dimension de moi tout à fait neuve, une relecture des événements. » A-t-elle toujours lieu,
cette force de guérison ? À certaines conditions, presque toujours, ce qui veut dire néan-
moins pas toujours et il faut le savoir, le peser, y parer. Ainsi l’efficace de l’analyse
comporte-t-il ce paradoxe ultime qu’on l’espérerait parfois plus léger. Ce qui vaut pour
l’hystérie, selon Lacan, que la solution peut être trouvée d’un équilibre subjectif à cette
seule condition que le tribut juste soit payé pour l’édifice d’un savoir 24, vaut probable-
ment ailleurs. Quel est le tribut juste pour l’édifice d’un savoir ? Chaque analyse en sa fin,
de fait, l’aperçoit.
pratique est traitée diversement par les psychanalystes, souvent par le refus simple de la thérapeu-
tique, ce qui élude la difficulté. Les paradoxes de l’efficace analytique commencent là. Ils sont tout
aussi exemplaires s’agissant du ressort de cet efficace. Le propos est de les envisager d’un point de
vue logique et topologique, en pointant les questions qui en découlent, tout au long des grandes
étapes de l’analyse.
MOTS-CLÉS
Division, logique, efficace.
SUMMARY
The psychoanalytical discourse must refer to unconscious in order to have an access to the formation
of symptoms, as long as unconscious is responsible of them. So that it can’t validate steadily the thera-
peutic demand, for unconscious has reasons that reason ignores. This difficulty, specific to our prac-
tice, is diversely treated by the psychoanalysts who often simply refuse the idea of therapeutic, which
allows them to evade from that difficulty. The paradox of psychoanalytical efficacy starts here. It is
also the case concerning the motive of its efficacy. Our purpose is to consider them from a logical and
topological point of view, pointing the proceeding questions, all through the main stages of psychoa-
nalysis.
KEY-WORDS
Division, logic, efficacy.