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1) Le contexte

C’est l’époque de la Guerre d’Algérie, de la crise du


logement (dont le film se fait l’écho), du retour du général
de Gaulle au pouvoir (on aperçoit dans les rues des
affiches des élections législatives de l’automne 58). C’est
aussi le début d’un climat de contestation, en particulier
dans le domaine artistique. Au cinéma, c’est la Nouvelle
Vague.
Ce film est un des premiers longs métrages de François
Truffaut. Il évoque l’enfance.
On y retrouve de nombreuses caractéristiques des
années 50 : 36 élèves par classe, manque d’installation
en EPS, les loisirs des enfants – avant l’apparition de la
télévision - sont le flipper, la fête foraine, le théâtre de
guignol, le cinéma et les jeux de société. On y découvre
également le Paris des années 50 : peu de voitures,
l’éclairage aux réverbères à gaz, des publicités rares.

2) La Nouvelle Vague, François Tuffaut


La Nouvelle Vague c’est une nouvelle façon de filmer et
de raconter des histoires au cinéma.
- la caméra en travelling : elle est placée sur un objet
mobile, comme une voiture, et filme la scène en se
déplaçant
- un décor naturel, non des studios
- des acteurs inconnus (ici Jean-Pierre Léaud), non des
vedettes
- utilisation de pellicules ultra sensibles
Autres artistes et films de La Nouvelle vague : Claude
Chabrol Le Beau Serge, Jean Luc Godard A bout de
Souffle.

Les 400 Coups sont en partie autobiographiques : Truffaut


est lui-même enfant naturel, né de père inconnu,placé en
nourrice chez sa grand-mère maternelle. A l’âge de 7-8
ans, il va vivre chez sa mère, il fait l’école buissonnière,
vole une machine à écrire, se retrouve au commissariat
puis dans un centre, s’enfonçant ainsi dans une petite
délinquance. Il sera « sauvé » par André Bazin, auquel le
film est dédié.
Après différents petits métiers, il devient critique de
cinéma. Après deux courts métrages,il réalise Les Quatre
Cents Coups en 1958.
Le film obtient le prix de la meilleure mise en scène au
festival de cannes en 1959.
Il tournera une vingtaine de films, dont Jules et Jim
(1962), ou le Dernier Métro (1980).

3) L’affiche du film

Il s’agit d’une peinture à la gouache qui présente un


adolescent, dont le regard est tourné vers la gauche, un
hors-champ qui fait face à la mer. Son visage est entouré
de bleu, couleur qui peut avoir plusieurs connotations : la
franchise, la pureté, mais aussi le rêve, la mélancolie.
Le titre du film fait référence à l’expression « faire les 400
coups » qui signifie faire de nombreuses bêtises.
Le visage grave du garçon, sa solitude, les couleurs
froides de l’affiche peuvent aussi nous amener à penser
qu’il a souffert et que les « coups » du titre peuvent aussi
être pris au sens propre du terme.

4) Le synopsis
Le film présente l’enfance d’Antoine Doinel, un adolescent
de 14 ans. Il sèche les cours et tente aussi d’échapper à
une vie familiale dure et des parents absents. Avec son
ami René, ils font l’école buissonnière et sont contraints
de se débrouiller seuls, ils partagent leur journée entre
errances dans Paris et chapardages.Ils découvrent ainsi
tous deux la vie en faisant les 400 coups.

(le Générique
le tremblé du filmage / les thèmes musicaux (comme dans
une ouverture d’opéra) / Omniprésence de la Tour Eiffel
(symbolise à la fois Paris, décor principal du film, mais
aussi la famille, toujours présente mais jamais vraiment là,
et dont la fin du film éloigne Antoine) / les décors : un
Paris peu touristique, etChaillot où se trouve la
Cinémathèque / la lumière grise, diffuse, hivernale / Film
du Carrosse, compagnie fondée par Truffaut pour assurer
son indépendance :
Synopsis :

Largement autobiographique, le film raconte l’enfance difficile d’Antoine Doinel, ses


relations avec ses parents, ses petits larcins qui lui vaudront d’être enfermé dans un centre
pour mineurs délinquants.

À la fin des années 1950, Antoine Doinel, 12 ans, vit à Paris entre une mère peu aimante et
un beau-père futile. Il plagie la fin de La Recherche de l’absolu lors d’une composition de
français. Le professeur lui attribue la note zéro au grand désarroi d’Antoine, qui, en fait, se
rappelait involontairement le passage qu’il avait lu récemment.

Antoine Doinel éprouve une admiration fervente pour Honoré de Balzac. Il lui a consacré
un autel, une bougie éclaire un portrait de l’écrivain et met le feu à un rideau, provoquant
la colère de son beau-père. De plus, malmené par un professeur de français autoritaire et
injuste, il passe, avec son camarade René, de l’école buissonnière au mensonge. Puis c’est
la fugue, le vol d’une machine à écrire et le commissariat. Ses parents, ne voulant plus de
lui, le confient à l’« Éducation surveillée ». Un juge pour enfants le place alors dans un
Centre d’observation où on le prive même de la visite de son ami René. Profitant d’une
partie de football, Antoine s’évade. Poursuivi, il court à travers la campagne jusqu’à la mer.

Les 400 coups : à la recherche des origines

Quand Truffaut réalise Les 400 coups, il sait qu’il est « attendu au tournant »…Il n’est pas
le premier de l’équipe des Cahiers du cinéma à « être passé à l’acte » (Chabrol a déjà
réalisé Le Beau Serge et Les Cousins, sortis début 1959) ,mais il est à coup sûr un des plus
contestés, dépeint par ses ennemis comme « un criti­que acariâtre qui s’est assuré une
irritante publicité ».

Truffaut et ses amis des Cahiers (Bazin, le « guide », mais aussi Chabrol, Godard, Rivette,
Rohmer…) se révoltent alors contre le cinéma « de qualité » des années 1950, et avec
quelle violence! En 1959, Godard apostrophe ainsi les réalisateurs « académiques »: »vos
mouvements d’appareil sont laids parce que votre sujet est mauvais, vos acteurs jouent
mal parce que vos dialogues sont nuls, en un mot, vous ne savez pas faire de cinéma parce
que vous ne savez plus ce que c’est ». Pour ces « jeunes Turcs », le cinéma est le fait d’UN
auteur, le metteur en scène, qui a droit à toutes les audaces, et notamment celle de
contester les traditions (dialogues « écrits », décors de studio, sujets littéraires…).Comme
le dit C.J.Philippe, leur admiration va à des « cinéastes s’exprimant délibérément à la
première personne »(Renoir,Vigo,Gance entre autres pour la France).

Aussi, pour leurs premiers pas dans la réalisation, les cinéastes du groupe veulent affirmer
avec force leur personnalité, en rompant avec la production courante de l’époque.

A propos du sujet de leurs films, il ne saurait être question de copier le cinéma américain
qu’ils apprécient tant…Ces débu­tants ne s’y risqueront pas,en tout cas pas tout de suite.
Par contre,ils vont parler de ce qu’ils connaissent bien, leur province d’origine (Le Beau
Serge de Chabrol, Lola de Jacques Demy…), Paris (A bout de souffle de Godard, Paris nous
appartient de Rivette…), leur adolescence (Les 400 coups), en bref les sujets qu’ils
pour­ront traiter avec le plus de « naturel »…

Le film de Truffaut s’inscrit bien dans ce cinéma à la premiè­re personne du singulier,et il le


fait d’autant plus que son ado­lescence « lui pèse sur le cœur ». Pour lui, »l’adolescence ne
laisse un bon souvenir qu’aux adultes qui ont mauvaise mémoire » et il s’insurge contre la
façon mièvre et artificielle des films de l’époque traitant le sujet (Chiens perdus sans collier
de Delannoy, Jeux interdits de Clément). A l’inverse, Truffaut revendique la filiation de son
film avec des œuvres comme Allemagne, année zéro de Rossellini, et aussi de Jean
Vigo,où les en­fants paraissent graves et sûrement pas « mignons »…

L’enfance

Truffaut s’inspire de sa propre enfance pour élaborer son scé­nario, et il n’est donc pas
inutile de rappeler les grandes lignes de la vie du cinéaste, jusqu’au moment où il réalise
Les 400 coups. François Truffaut naît le 6 février 1932, de Janine Montferrand et de père
alors inconnu. Après un accouchement presque clandestin il est vite confié à une nourrice,
alors que sa mère rencontre puis épouse Roland Truffaut le 9 novembre I933 (celui-ci
reconnaît l’enfant).

Jusqu’au début des années I940, le petit François vit souvent chez ses grands-parents, en
particulier chez Geneviève Montferrand qui habite dans le XIX° arrondissement de Paris,
près de ses pa-rents. Cette femme cultivée semble avoir eu de l’influence sur le garçon et
lui donne le goût de la lecture (plus tard, Truffaut pos-sédera la collection complète des
petits fascicules Fayard…).

Vers 12 ans,]e garçon retourne définitivement chez ses parents, dans un appartement
exigu de la rue Navarin, au cœur du quartier Montmartre (il n’y a que deux pièces et
François dort dans le cou­loir). C’est vers cette époque qu’il apprend la vérité sur sa
nais-sance en lisant le « journal » de Roland Truffaut. Ses parents qui travaillent tous les
deux (Roland est dessinateur dans un cabinet d’architecte, Janine secrétaire au journal «
L’Illustration ») ont peu de temps pour s’occuper de l’enfant et passent souvent le week-
end à faire de la varappe, au club alpin de Fontainebleau, le laissant seul à Paris. François
Truffaut commence alors une scolarité mouvementée, changeant fréquemment d’écoles,
ne montrant des dons qu’en Histoire et en Français, matière où il excelle…Il multiplie aussi
les fugues et va souvent se réfugier chez son ami Lacheney ou encore dans « les salles
obscures »,très fréquentées en ces temps d’occu­pation.

La rencontre d’André Bazin

A 14 ans, Truffaut quitte définitivement l’école et entreprend une série de « petits boulots
» (coursier, soudeur, grainetier), vivant souvent d’expédients (il vend ainsi toute la
bibliothèque de son ami Lacheney, et se « rachète » en lui offrant une paire de chaussures
volées à son père). C’est sans doute à ce moment que se situe l’épisode de la machine à
écrire, subtilisée dans le bureau de Roland Truffaut. Dans la réalité,le vol n’est pas «
découvert », et la machine est « écoulée » par un ami de sa mère! Dans l’après-guerre, le
jeune homme est plus que jamais passionné de cinéma et il fait la découverte «
émerveillée » des films amé-ricains, arrivés massivement depuis les accords Blum-Byrnes
de 1946 (il voit en particulier Citizen Kane de Welles, qui le »dés-intoxique des productions
hollywoodiennes courantes), il fréquen-te alors assidûment les ciné-clubs, et finit par
rencontrer André Bazin, figure alors déjà connue de la critique cinématographique… Ce
personnage, qui va jouer un rôle essentiel dans la vie de Truffaut, a déjà une longue
carrière: dans les années 1940, il a animé revues ou organismes s’occupant de cinéma
(depuis 1944, il crée un »centre d’initiation cinématographique »dans le cadre de « Travail
et Culture »). Sans essayer de résumer les idées de Bazin, il est important de rappeler qu’il
est alors un des « penseurs » du cinéma. En particulier sur le problème du réalisme à
l’écran, il préfère les cinéastes comme Welles, Renoir, qui pratiquent la profondeur de
champ et le plan séquence et qui s’approchent le plus du « réalisme intégral », plutôt que
ceux, comme Eisenstein ou Gance « qui brisent la continuité vraie de la réalité ». C’est
aussi un « humaniste chrétien », proche de la revue Esprit : sur tous ces points son
influence intellectuelle sur Truffaut n’est pas douteuse… En 1948, Truffaut décide de créer
son propre ciné-club, » Cinémane » avec son ami Lacheney, dans une salle du boulevard
Saint-Germain. Mais la seconde séance est catastrophique… François,qui avait annoncé
Entracte de Clair, Le Chien andalou de Bunuel et Le sang d’un poète de Cocteau, avec la
présence de l’auteur (!), ne peut tenir ses promesses, et doit rembourser les spectateurs.
Après ce dernier incident, Roland Truffaut excédé, traîne son fils au com-missariat. Après
une enquête plutôt défavorable sur les parents, le jeune homme est envoyé au »Centre
d’observation des Délinquants Mineurs » de Villejuif .Dans cet endroit,qui tient de l’asile et
de la maison de correction, Truffaut reste 5 mois,quasi isolé, à part quelques visites de sa
mère. Mais c’est finalement André Bazin qui lui permet de sortir en lui procurant un
emploi à « Travail et Culture ».

Les débuts aux « Cahiers »

La suite de la biographie de Truffaut est plus connue, car elle appartient à l’histoire, pour
ne pas dire la légende de la « Nouvelle Vague ». Truffaut est d’abord « pris en mains » par
André Bazin: il vit chez lui à Bry-sur-Marne et, avec son aide, collabore à quelques journaux
de l’époque .Cette période est quand même troublée par un « amour malheureux » (la
Colette d’ Antoine et Colette) qui le pousse à s’engager dans l’armée en 1951, c’est-à-dire
en pleine guerre d’Indochine! Après avoir déserté lors d’une permission à Paris, il est
déclaré insoumis et finalement réformé pour « instabi-lité caractérielle », grâce à
l’intervention de Bazin. Ensuite, il écrit régulièrement, à partir de 1953, dans les Ca-hiers
du cinéma, la célèbre revue à couverture jaune, fondée par son protecteur. Là, il noue de
solides amitiés (Chabrol, Rivette, Rohmer…) et surtout participe -bruyamment sinon
brillamment- à l’attaque en règle de ces jeunes critiques contre le cinéma fran-çais
d’après-guerre (en particulier, l’article-manifeste, paru en 1954,dans le numéro 31 des
Cahiers, sous le titre « Une certaine tendance du cinéma français » est signé par
Truffaut…). Au milieu des années I950, Truffaut et d’autres membres de l’équi-pe des
Cahiers,songent sérieusement à passer à la réalisation: ainsi,il est assistant de Rossellini en
1956 (pour des projets non aboutis…), écrit le scénario d’ A bout de souffle, et en
1957,tourne un court métrage, Les Mistons,avec Bernadette Laffont et Gérard Blain. En
novembre 1958, alors qu’André Bazin meurt, Truffaut commence le tournage des 400
Coups…

Le film et la vie. La mère et le père

En évoquant -rapidement- la vie de François Truffaut, on aura mesuré le caractère


autobiographique des 400 Coups. I1 n’est pas inutile cependant d’approfondir certains
points que le film met particulièrement en valeur. D’abord, le film expose largement les
rapports difficiles de Truffaut avec ses parents. Comme il le dit lui-même, le problème
n’est pas qu’il ait été maltraité pendant son adolescence, mais bien plutôt qu’il n’ait pas
été traité du tout! Cette indifférence est surtout mal vécue lorsqu’elle vient de sa mère: «
ma mère ne me supportait pas, je n’avais pas le droit de jouer, ni de faire du bruit, il fallait
que je fasse oublier que j’existais… » Dans le film, sa mère semble ainsi surtout
préoccu­pée de savoir « comment se débarrasser du gosse » (qui n’est d’ailleurs jamais
appelé par son prénom), en particulier pour les week-ends. Les griefs de Truffaut
transparaissent même dans une modifica-tion du scénario initial. Dans la réalité, le
réalisateur a bien eu un oncle arrêté et déporté par les Allemands et il s’est servi de cette
histoire pour excuser une de ses absences à l’école (« Mon père est mort », a-t-il alors
expliqué…). Mais cette ver­sion, qui est encore celle du premier scénario, est modifiée
dans le montage définitif : c’est maintenant sa mère que le jeune Antoine décide de « tuer
».

Cependant, l’attitude de Truffaut envers sa mère est ambiguë. Comme le raconte son ami
Lachenay, « il admirait beaucoup sa mère qui était très belle. Je crois qu’il en était
amoureux ». Dans le film, Antoine ne semble pas vraiment indigné par l’infidélité de sa
mère. I1 est heureux de partager ce secret avec elle, contre le père-intrus, même si cette
connivence n’est pas désintéressée (je ne dis rien sur ta liaison, tu te tais sur mes
absences).Un peu plus tard, après une fugue, Antoine conclut avec sa mère un autre «
contrat », sur son travail scolaire (« On peut avoir de petits secrets, tous les deux »). I1 fait
alors tous ses efforts à la satis-faire, même si le résultat est compromis par la découverte
du plagiat… Toutes les occasions sont bonnes pour nouer ou renouer avec une mère
d’autant plus attirante qu’elle se dérobe.

Quant a son père, Truffaut « l’exécute » plus par le ridicule, sans le rendre complètement
antipathique. Comme le dit G. Franju, « voilà un type qui est cocu, il ne s’en aperçoit pas: il
ne se rend compte que d’une chose: on lui a pris son guide Michelin ». Mais, même s’il
peut se montrer parfois chaleureux avec l’enfant, le père, désarmé et peut-être soulagé,
finit par confier Antoine à un Centre de délinquants. On peut rêver un endroit plus
chaleureux pour un adolescent à problème…

L’amitié

Face à cette indifférence familiale, Truffaut cherche refuge dans l’amitié et aussi dans le
cinéma, et le film s’en fait largement l’écho. Il trouve d’abord du réconfort auprès de son «
alter ego », Ro­bert Lacheney (René dans le film), qu’i1 rencontre à l’école de la rue Milton
en 1943. Celui-ci, qui a 12 ans et qui est redoublant est placé à côté de François par
l’instituteur, qui commente: »Vous ferez la paire… ». Le jeune Robert vient d’une famille
originale. Le père, grand bourgeois, secrétaire du Jockey Club, joue …et perd souvent aux
courses; la mère, ancienne danseuse, est alcoolique .Autant dire que les parents Lacheney,
qui habitent un très vaste appartement aux entrées multiples, laissent une grande liberté à
leur fils.

Rapidement, les deux garçons prennent conscience de la simi-litude de leur situation


familiale. « on n’était vraiment que tous les deux, pour se tenir lieu de famille, on
s’épaulait dans notre solitude », dit. Lacheney. De fait, leur complicité grandit, lors de
multiples discussions, souvent littéraires, et le jeune François trouve refuge dans le grand
appartement des Lacheney, tout à fait comme le raconte le film.

Les 400 Coups : La signification des miroirs

Cette scène est tournée derrière Antoine, son visage nous ne voyons que de part sa
réflexion dans trois miroirs. « Les trois nous donnent une vision différente et incomplète
de lui. »[1] En un seul plan Truffaut utilise un gros plan, un cadrage rapproché et un plan
américain. Le moyen dans lequel le réalisateur encadre l’image donne certaines
informations au spectateur.[2] Les miroirs dans cette scène sont employés afin de nous
montrer les côtés différents d’Antoine. Aussi, ils nous donnent plusieurs perspectives sur
lui et nous pouvons enfin comprendre comment est-il jugé par les gens et par la société. Il
évitait de regarder directement dans le miroir parce qu’on ne peut rien cacher face au
miroir. Normalement, on associe le miroir avec une réflexion et un regard sur soi-même,
mais Antoine résiste à cette tentation,[3] peut-être parce qu’il n’est pas conscient de lui-
même ce qui nous montre son innocence. Pour nous, il est dévoilé, exposé et nous
constatons sa vulnérabilité. Cela peut nous faire penser à la scène où il regarde dans le
miroir et entend la voix du prof dans sa tête qui le juge. Ce film est sur la liberté,
inexorablement liée à la restriction. Dans cette scène, le personnage d’Antoine est
entouré par les perspectives différentes de lui-même, il est contenu par les jugements des
autres.

Le cinéma

Parmi leurs activités communes, le cinéma prend une place en-vahissante. François et
Robert (comme Antoine et René) s’y rendent pendant les heures de cours ou le soir, en
tout cas en cachette: « »mes premiers deux cents films, je les ai vus en état de
clandes-tinité », raconte Truffaut. Pendant la guerre,il se souvient de quel-ques »chocs
cinéphiliques », le plus souvent de films français (pas de films allemands par principe, pas
de films américains à cause de la censure…): Les Visiteurs du soir en 1942 , Le Corbeau , vu
cinq ou six fois entre 1943 et 1945, Le Roman d’un tricheur, quatre fois de suite, après des
problèmes familiaux! Il commence aussi à se constituer une série de dossiers (près de 300,
d’Alle­gret à Zimmermann) illustrés avec les photos volés dans les halls de cinéma.

Comme l’a dit Truffaut bien plus tard, cette « cinéphilie pres­que boulimique » répondait à
un besoin:le cinéma n’est pas seulement un refuge mais lui a fourni une culture de
substitution, remplaçant celle de l’école qu’il rejetait (« tout ce que je sais je l’ai appris par
le cinéma,à travers les films »). Même son univers affectif est marqué par ce monde
d’images, où tout va tellement mieux. Ferrand-Truffaut, dans La Nuit américaine, dit
poétiquement à Alphonse-Léaud : »les films sont plus harmonieux que la vie (…) Les films
avancent comme des trains,des trains dans la nuit. » Aussi Truffaut peut-il affirmer: » Avec
le recul, l’aspect névro­tique de mon amour pour le cinéma ne fait aucun doute. J’aurais à
peine l’impression d’exagérer en disant que le cinéma m’a sau­vé la vie. »

Distorsions

Mais Truffaut a dû, pour différentes raisons, prendre quelques distances avec sa
biographie sur des points parfois importants. Ainsi, il y a quelques transpositions et
contractions de temps. En particulier, le séjour au Centre a lieu alors qu’il a 16 ans, après 1′
incident du Ciné-club, et non après le vol de la machine à écrire. Plus important encore, le
film ne propose pas de fin « heureuse » et ne mentionne pas d’intervention « miraculeuse
»(com-me le fut celle d’André Bazin à cette époque de sa vie), comme si Truffaut voulait
délibérément écarter tout dénouement trop invraisemblable et surtout trop optimiste…Le
contexte historique décrit par Truffaut n’est pas celui qu’il a connu dans son adolescence.
Comme il l’a avoué par la suite, il n’a pas osé dépeindre l’Occupation, car il se jugeait
encore trop inexpérimenté (Il appréciait Le Corbeau de Clouzot, et même La Traversée de
Paris de son « ennemi juré » Autant-Lara, films qui rendaient bien, selon lui, la noirceur de
ces années-là).

Or, cette période de l’Occupation a eu une profonde influence sur le jeune Truffaut.
Ainsi,plus tard, il évoque l’atmosphère « trou­ble » de son quartier,où il c6toie la pègre,
souvent liée à la Gestapo (Lafont…). Il parle aussi du silence pesant et lâche des adultes,
quand des enfants juifs disparaissent à l’école, ou quand son oncle est arrêté. I1 se
souvient du temps des commerçants triomphants: »j’entrais en tremblant dans les
boutiques-on y envoyait toujours les gosses pour mendier- au point que maintenant
encore, je suis étonné quand un commerçant est aimable ». Autant dire que l’Occupation
lui a donné « une vision horrible des adul-tes ». Enfin, pour cet adolescent, les aspects
sexuels de cette épo-que sont troublants: »les gens faisaient l’amour dans la rue, il y avait
des couples sous les porches ».

Le film évoque rapidement aussi un aspect pourtant essentiel pour Truffaut, le problème
de sa bâtardise. On sait, par sa corres­pondance, qu’il voulut en faire le ressort même du
caractère d’An­toine, mais qu’il y a renoncé, sur les conseils de Marcel Moussy, son co-
scénariste. Juste à la fin du film, la mère « avoue » au juge que son mari n’est pas le vrai
père d’Antoine. Pour Truffaut, ce problème est central: il n’est pas loin de penser que
l’attitude distante de sa mère à son égard s’explique par les « mystères » de sa naissance,
sans doute non désirée…Dans L’Homne qui aimait les femmes, Truffaut fait dire à
Bertrand Mo-rane: « tout le comportement de ma mère semblait dire: »j’aurais mieux fait
de me casser la jambe, le jour où j’ai enfanté ce petit abruti ».

Par la suite, Truffaut va demander à une agence de détectives privés (celle de Baisers
volés) de retrouver ses origines paternelles. Il apprend ainsi que son véritable père serait
un dentiste, vivant dans l’est de la Fran­ce, d’origine israélite (et décédé en 1988). Le fait
que son père ait été juif aurait été « mal vécu » dans sa famille maternelle plutôt
bourgeoise et conser-vatrice: raison de plus pour taire la vérité (la mère de Truffaut
accouche dans une institution religieuse, qui s’occupe en général des filles-mères…). Enfin,
l’interprétation d’Antoine par Jean-Pierre Léaud ne traduit pas exac­tement l’adolescent
qu’a été Truffaut .Le cinéaste a souvent raconté comment Léaud s’est imposé à lui. En
fait,le jeune garçon « avait une vie aussi comple­xe que le personnage, ce qui fait qu’il
comprenait tout ce que j’attendais de lui » (dans la séquence du Centre avec la
psychologue, Jean-Pierre/Antoine accomplit une « performance » si parfaite que Truffaut
renonce à un champ-contre-champ classique pour concentrer la caméra sur le seul
garçon). Mais la personnalité de Léaud va quelque peu modifier le personnage. Truf-faut
se décrit comme un adolescent « sur la défensive », disant toujours « oui », mais faisant
comme il l’entend, résistant aux adultes plutôt par la ruse. Il voit Antoine Doinel »plus
fragile, plus farouche, moins agressif », mais c’est Jean-Pierre Léaud qui donne au
personnage « sa santé, son agressivité, son courage », provoquant un courant de
sympathie dans le public qui a surpris Truffaut, car il ne l’avait pas -consciemment-
souhaité (pendant le tournage, il demande à Léaud de sourire le moins possible…).
Finalement, ces quelques »distorsions » par rapport à la vie de Truffaut don-nent plus de
force au film, qui prend un caractère plus universel .Comme l’a souligné le réalisateur, la
situation vécue par Antoine est le lot de bien des adolescents…

La veine autobiographique

A sa sortie, le film accumule les succès, succès populaire (14 semaines d’ex­clusivité avec
260 000 entrées, ce qui est alors remarquable pour un long métra­ge sans vedette…), mais
aussi succès critique (avec en particulier, le prix de la mise en scène au festival de Cannes
en 1959).Certains ne se privent pas de se gausser de ce jeune homme, si prompt tantôt à
dénoncer les festivals et leurs « magouilles », et aujourd’hui bien heureux d’obtenir leurs
récompenses… Mais beaucoup, et pas toujours des inconditionnels, apprécient le ton de
»cette confession mille fois plus émouvante que tous les drames inventés à grand ren-fort
d’imagination par nos spécialistes du scénario » (Jean de Baroncelli, Le Monde,1959).

Plus surprenante va être l’attitude de Truffaut lui-même, à propos de son oeuvre. Dans ur
article paru dans la revue Arts, peu de temps après la sortie du film, il précise: »Les 400
coups n’est pas un film autobiographique (…) Si le jeune Antoine Doinel ressemble parfois
à l’adolescent turbulent que je fus (sic), ses parents ne ressemblent absolument pas aux
miens, qui furent excellents (resic), mais beaucoup, par contre, aux familles qui
apparaissaient dans les émissions de télévision de Marcel Mous-sy » (son co-scénariste).

Cette pudeur tardive de Truffaut répond peut-être au souci de protéger sa famille (ses
parents n’ont sans doute pas vu le film mais » en ont entendu parler »: ils divorcent en
1962…). Plus sû­rement, il faut y voir l’influence de la femme de Truffaut, Madeleine
Morgenstern,qui goûte peu l’étalage de la vie privée de son mari dans les colonnes de la
presse. Dans Domicile conjugal, Christine (interprétée par Claude Jade) commente le livre
de son mari Antoine Doinel, Les Salades de l’amour: »je n’aime pas tellement cette idée de
raconter sa jeunesse, de critiquer ses parents, de les salir (…) Une œuvre d’art ne peut pas
être un règlement de comptes, ou alors ce n’est pas une œuvre d’art ».

Quelques années plus tard, Truffaut change d’attitude et revendique pleinement le


caractère autobiographique de son film. A un journaliste qui lui deman­de s’il avait eu une
enfance malheureuse, il répond: »j’ai eu celle d’Antoine Doinel dans Les 400 Coups; il n’y a
pas eu d’exagération dans le film. En fait, j’ai eu l’impression d’avoir omis des choses qui
auraient paru invraisembla­bles… » Et de s’insurger contre les journalistes qui estimaient
sa vision des Centres de délinquants trop pessimiste: « il y avait une grande différence
entre les lois qui protégeaient l’enfant, et les choses telles qu’elles se pas­saient en réalité.
»

Plus tard encore, le cinéaste pose un œil critique sur son film, en s’ac­cusant d’avoir
»grossi le trait »: « si je refaisais le film maintenant, il serait plus objectif:1es gosses
paraîtraient plus sournois, les parents moins char­gés ;l’instituteur, je le montrerais
débordé par le surmenage, avec une classe en surnombre. »

Même envers ses parents, Truffaut se montre plus compréhensif: « mes parents ont
ressenti le film comme une grande injustice; c’est seulement maintenant que je me rends
compte à quel point leur situation était difficile. On pourrait dire que le film a mis en
dialogue tout ce qui n’avait jamais été dit dans notre vie ». Le réalisateur finit par « avouer
» à quel point ce film est lié à son histoire: « c’est vraiment le film d’une époque de ma vie:
réalisé trois ans plus tôt, il aurait été plus « révolté »: maintenant, je trouve que cela
ressemble trop à un engrenage.

Truffaut pouvait-il vraiment faire un autre film sur son adolescence en 1958? Le regard est
dur, parfois « cruel », mais c’est cette »cruauté » qui a plu et convaincu le public et les
critiques de l’époque… Les 400 Coups ont sans doute permis à Truffaut de régler ses
comptes avec son adolescence et ses parents, mais ce film annonce aussi l’univers du
cinéas-te, encore au début de sa carrière.

Sans prétendre qu’il est le »film qui contient tous les autres », l’œuvre indique déjà
quelques pistes. D’abord, Les 400 Coups aborde plusieurs thèmes,sur lesquels le
réalisateur va revenir: l’enfance et en particulier l’enfance malheureuse (L’Enfant sauvage,
Une belle fille comme moi, L’Argent de poche), les rapports enfants/parents (L’Argent de
poche, Adèle H.), l’absence et/ou la recherche du père (Les Deux Anglaises, Une belle fille
comme moi, Adèle H), les rapports avec les femmes, la mère étant la première d’entre
elles! ( tout le cycle Doinel, L’Homme qui ai­mait les femmes) et même le problème de
l’écriture (Les Deux Anglaises, L’Hom­me qui aimait les femmes ). D’autre part, dès ce film,
la veine autobiographique est clairement revendi-quée, après quelques hésitations dont
nous avons parlé. Certes, après Les 400 Coups, Truffaut met quelques distances entre sa
vie et son œuvre: il brouille les pistes et joue du personnage de Jean-Pierre Léaud, » fils
spirituel », porte­ parole mais aussi…lui-même ( le cinéaste en arrive même à se dédoubler
dans La Nuit américaine , où l’on retrouve Alphonse-Jean-Pierre et Ferrand-Truffaut). Il
prend aussi du recul à l’égard du personnage d’Antoine Doinel, pour lequel il a d’ailleurs
moins d’indulgence dans les autres films de la série (« je suis moins tendre pour les adultes
que pour les adolescents »). Mais cette veine autobiographique ne disparaît nullement: «
j’ai besoin de m’identifier, de me dire « j’ai été dans des circonstances comme çà ».
Truffaut n’est d’ailleurs pas »présent »seulement dans les films du cycle Doinel, mais il
s’investit dans bien d’autres personnages : le docteur Itard dans L’Enfant sauvage, Claude
Roc dans Les Deux Anglaises, Ferrand dans La Nuit américaine, Bertrand Morane dans
L’Homme qui aimait les femmes, Julien Davenne dans La Cham­bre verte, pour ne citer
que les rôles les plus « transparents ». Cet investissement personnel d’un auteur est
certes fréquent, mais il prend un caractère presque « thérapeutique » chez Truffaut. Anne
Gillain peut ainsi écrire que toute son œuvre est « un ques­tionnement inconscient d’une
figure maternelle, distante, ambiguë, inaccessible », interrogation déjà présente -oh
combien- dans Les 400 Coups.

Analyse des personnages

Antoine

René

L’institueur

Balzac

http://cineclap.free.fr/?film=les-quatre-cents-coups&page=personnages#.XKBzGZhKjIU

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