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LA DIALECTIQUE DE LA BHAGAVADGITA*
PAR
EDWIN GEROW
INTRODUCTION
les plus négatifs qui aient jamais été émis sur l’œuvre et sa cohérence lit-
téraire, celui du philosophe et orientaliste Jules Barthélemy Saint-Hilaire,
formulé (il y a cent cinquante ans) aux débuts de la critique occidentale
du poème, et qui reflète sans doute toute l’impatience d’un homme épris
des Lumières devant pareille affirmation de crédulité religieuse:
«Je commence par le jugement littéraire; il est le plus facile à porter, car
les défauts sont aussi évidents que nombreux. Le premier qui frappe, c’est
la prolixité; elle est vraiment accablante, et, quelque admiration qu’on
puisse ressentir à certains égards, on ne peut lire ces redites perpétuelles
sans une véritable fatigue et sans une sorte d’impatience, dont on n’est pas
le maître.»1
Pour Saint-Hilaire, le poème n’est qu’un fatras de propos prônant un
mysticisme puéril fondé sur une lecture défectueuse des textes du
Samkhya-Yoga. Sa critique, il faut le dire, exhaustive, voire pointilleuse,
va bien au-delà de la qualité littéraire du poème puisqu’il y relève de
nombreuses défaillances intellectuelles et morales — du moins, du point
de vue de la culture littéraire occidentale — selon une méthode qui n’est
pas sans évoquer celle, comparative, de Louis Dumont.
Pour tenter de dépasser de tels points de vue, il conviendra d’adopter
une perspective ou une méthode qui fasse valoir la fonctionnalité des
éléments du poème en tant que tels. Car éléments il y a. En témoigne
l’opinion, commune à la presque totalité des exégètes, selon laquelle
trois versions de la notion de «délivrance» (mukti) sont en lice, corres-
pondant à ce que le poème lui-même présente comme les «pistes» ou
«voies» (marga) à suivre pour y parvenir — celles du jñana, la «sa-
gesse», du karman, l’«activité», et de la bhakti, la «dévotion».
On montrera également que cet apparent éclectisme (regroupant en
effet, toutes les tendances qui, à travers les siècles, ont ensuite divisé les
Hindous en sectes opposées) répond à une argumentation étroitement ar-
ticulée, et discernable à travers le poème lui-même.
Zaehner formule ainsi sa vision unificatrice de l’œuvre: «As I grew
increasingly familiar with the text of this wonderful work, it became
ever more insistently clear to me that here was a text the whole purpose
of which seemed to me to demonstrate that love of a personal God, so
1 Journal des savants, septembre 1868, p. 564 (compte rendu de la traduction anglaise
far from being only a convenient preparation for the grand unitary
experience of spiritual “liberation” (the mokÒa or mukti of the Upani-
shads and the vimutti of the Buddhists), was also the crown of this
experience itself, which, without it, must remain imperfect» (p. 3).
Se fondant sur les travaux antérieurs d’Étienne Lamotte, notamment
Notes sur la Gita (Louvain, 1929 — réédité en 2004 sous le titre Opera
Indologica (Notes sur la Bhagavadgita, Bouddhisme et UpaniÒad), et
avec une étude introductive de Minoru Hara, n.d.r.), Zaehner élabore ce
principe à travers un commentaire et une traduction qui ne laissent en
rien douter de son sérieux.
Je ne veux pas ici me livrer à une critique approfondie de l’effort de
Zaehner — mais plutôt offrir une approche différente de la question,
même si je partage avec lui la conviction que le texte de la Gita est cohé-
rent. D’autant que la méthode suivie par Zaehner, ici et dans d’autres tra-
vaux, a fait l’objet de maintes critiques, qui peuvent facilement se résu-
mer ainsi: trop influencé par les monothéismes occidentaux, Zaehner
s’est montré trop enclin à des surimpositions (y compris terminologiques)
d’origine chrétienne pour que l’authenticité de son interprétation ne soit
pas contestée2. Dans la Gita même, on donnera deux exemples parmi des
dizaines, en l’occurrence sa traduction de buddhi par l’anglais «soul»
(p. 425 et passim), et, dès le début du poème, la promotion de K®Ò∞a en
dieu suprême qu’implique la traduction de mat-paraÌ par «intent on
Me» (2.61; noter la majuscule), promotion qui ôte à la manifestation pro-
gressive du dieu sa dimension puissamment dramatique. La méthode
générale adoptée par Zaehner est, semble-t-il, d’interpréter les éléments
du poème comme s’ils étaient déjà conformes à son intuition unificatrice
— voir ses essais d’interprétation du terme yoga (ad 2.38, pp. 138-39) et
de la racine pas- (ad 2.69, pp. 156-57). Or, s’il se peut que la Gita soit un
document «crypto-chrétien» — pourquoi pas? — ne serait-il pas, toute-
fois, préférable de la traiter comme un document «crypto-hindou», dont
la terminologie refléterait autant la réalité de ses origines que la signifi-
cation universelle dont témoigne l’intérêt que nous lui portons?
2
A titre d’exemple: «The main difficulty with this highly interesting and provocative
book [viz., Hindu and Muslim Mysticism, de Zaehner] is the author’s own religious
allegiance, which is so much in the foreground that it obscures the exposition of differing
points of view» (J. F. Staal, JAOS 82 [1962]: 98).
3
Voir, sur ce point, Edgerton, The Bhagavad Gita, v. 1, p. xiii.
4 «Fils de Prithâ, quand il renonce à tous les désirs qui pénètrent les cœurs, quand il
est heureux avec lui-même, alors il est dit ferme en la sagesse». (Traduction d’Émile
Burnouf [1861] — comme celles qui suivent, auxquelles cependant on ne peut toujours se
fier sans réserve. Cette traduction originelle a l’avantage de m’épargner de choisir parmi
les nombreuses traductions ultérieures — choix d’autant moins urgent que les quelques
vers qui sont cités par la suite le sont seulement à titre d’exemple, afin que se dessine
et:
evam buddheÌ param buddhva samsthabhyâtmanam atmana
jahi satrum mahabaho kamarupam durasadam (3.43)5;
la deuxième, en accordant au fidèle dévot la grâce d’une épiphanie du
dieu (la doctrine de la prapatti du bhakta):
samtuÒ†aÌ satatam yogi yatâtma d®∂haniscayaÌ
mayy arpitamanobuddhir yo madbhaktaÌ sa me priyaÌ (12.14)6;
la troisième, en formulant à l’intention de l’élève une instruction relative
au salut final (la doctrine du mokÒa, offert de préférence au bhakta):
sraddhavan anasuyas ca s®nuyad api yo naraÌ
so 'pi muktaÌ subhaml lokan prapnuyat pu∞yakarma∞am (18.71)7
— ce qui assure que la doctrine soit universellement disponible, et lui
garantit une place parmi les discours brahmaniques sur la délivrance.
Les traces très marquées, dans cette troisième partie du poème, du
«proto-Samkhya», notamment les références répétées aux trois «quali-
tés» (gu∞a), n’ont pas échappé à l’attention des commentateurs.
L’ensemble forme toutefois, du point de vue de l’argumentation, un
tout signalé au début par la requête d’Arjuna — «siÒyas te 'ham sadhi
mam tvam prapannam» (2.7), «je suis ton élève, instruis-moi, toi qui es
mon refuge» —, vœu qui n’est pleinement exaucé qu’à la fin de la troi-
sième partie, avec l’«instruction» du maître concernant le salut final.
C’est ainsi que se clôt le poème.
A son tour, chaque section du poème est une argumentation complète,
dotée d’un commencement et d’une fin, bouclée sur elle-même, et parti-
cipant de l’ensemble, à la façon d’un cercle inscrit dans un cercle.
(A) L’esprit.
8
A noter que, dans cette partie de la Gita, ce principe spirituel ou vital ne s’appelle
que rarement l’atman — terme que le Samkhya évite généralement. La première occur-
rence du terme, dont le sens n’est d’ailleurs pas nécessairement «philosophique», s’en
rencontre en 2.55.
9 «L’âme habite inattaquable dans tous les corps vivants, Bhârata; tu ne peux cepen-
13
«Constant dans l’union mystique [yoga], accomplis l’œuvre [karma∞i, plutôt “des
œuvres”] et chasse le désir [sangam, plutôt “attachement”]; sois égal aux succès et aux
revers; l’union, c’est l’égalité de l’âme».
14
«Sois attentif à l’accomplissement des œuvres, jamais à leurs fruits; ne fais pas
l’œuvre pour le fruit qu’elle procure, mais ne cherche pas à éviter l’œuvre».
15
«Car personne, pas même un instant, n’est réellement inactif: tout homme malgré
lui-même est mis en action par les fonctions naturelles de son être».
16 «Quand il est inébranlable dans les revers, exempt de joie dans les succès, quand il
a chassé les amours, les terreurs, la colère, il est dit alors solitaire (muniÌ) ferme en la
sagesse».
vue d’un bénéfice personnel — des fils, la longévité, etc. (rites kamya,
«désirés», voire naimittika, «occasionnels», dans le cas du roi, par
exemple, qui doit être consacré afin de légitimer son pouvoir sur les
hommes22) — et ceux qui ne répondent qu’aux injonctions obligatoires,
sans bénéfice personnel, tels les sacrifices de la nouvelle et de la pleine
lune, appelés nitya. Selon la Gita:
yajñârthat karma∞o 'nyatra loko 'yam karmanibandhanaÌ
tadartham karma kaunteya muktasangaÌ samacara (3.9)23.
Tout en critiquant les actions rituelles intéressées, K®Ò∞a pose les de-
voirs de caste comme actions de type nitya, dont on ne tire aucun béné-
fice personnel, mais qu’il faut exécuter sous peine d’engendrer l’anomie
générale:
sreyan svadharmo vigu∞aÌ paradharmat svanuÒ†hitat
svadharme nidhanam sreyaÌ paradharmo bhayâvahaÌ (3.35)24.
Ces devoirs de caste sont désintéressés et obligatoires, tout comme les
sacrifices lunaires, à la différence que ces derniers ne concernent directe-
ment que des prêtres officiants, tandis que les devoirs prescrits par K®Ò∞a
sont l’apanage de tous, en sorte que c’est le commun des mortels qui as-
sume le statut d’officiant. Le résultat en est toutefois semblable: le
maintien du cosmos, le roi assumant volontiers le statut de Prajapati:
utsideyur ime loka na kuryam karma ced aham
samkarasya ca karta syam upahanyam imaÌ prajaÌ (3.24)25.
22
…rite dont le roi tire également un bénéfice — si l’obligation de jouir des biens de
la terre peut être considérée comme un bénéfice!
23
«Hormis l’œuvre sainte, ce monde nous enchaîne par les œuvres. Cette œuvre donc,
fils de Kuntî, exempt de désirs, accomplis-la».
24
«Il vaut mieux suivre sa propre loi [svadharmaÌ], même imparfaite, que la loi
d’autrui, même meilleure; il vaut mieux mourir en pratiquant sa loi [svadharme]: la loi
d’autrui a des dangers».
25
«Car si je ne montrais une activité infatigable, tous ces hommes qui suivent ma
voie, toutes ces générations périraient.» La traduction de Burnouf paraît ne pas tenir
compte du troisième pada, et en général, peut être améliorée: «ces mondes s’effondre-
raient si je n’accomplissais pas mon acte (de soutien); je serais l’auteur de la confusion
(des castes?); je détruirais ces peuples (scil., mes propres enfants)». Cf. Senart: «Les
mondes cesseraient d’exister si je n’accomplissais mon œuvre; je serais la cause de l’uni-
verselle confusion et de la fin des créatures».
26
«C’est l’amour [kama], c’est la passion [krodha], né de l’instinct [rajas]; elle est
dévorante, pleine de péché; sache qu’elle est une ennemie ici-bas.» On pourrait suggérer
ici aussi une interprétation du premier hémistiche plus conforme aux sens techniques de ces
termes cruciaux comme ils se comprennent aujourd’hui: «c’est le désir, c’est la colère née
de l’engouement …» — scil., la «qualité», parmi les trois reconnues de l’enseignement du
Samkhya, qui nous pousse à agir. Senart dit simplement: «…nés…du gu∞a rajas…».
27
«Cette union éternelle, je l’ai enseignée d’abord à Vivasvat; Vivasvat l’a enseignée
à Manu; Manu l’a redite à Ixwâku [stet = IkÒvaku]».
28 «J’ai eu bien des naissances, et toi-même aussi, Arjuna; je les sais toutes; mais toi,
Dieu [brahma sanatanam]; mais à celui qui ne fait aucun sacrifice, n’appartient pas
même ce monde: comment l’autre, ô le meilleur des Kurus? Les divers sacrifices ont été
institués de la bouche de Brahmâ. Comprends qu’ils procèdent tous de l’acte; et le com-
prenant tu obtiendras la délivrance».
31
«Les enfants séparent la doctrine rationelle [samkhya] de l’union mystique [yoga],
mais non les sages. En effet, celui qui s’adonne entièrement à l’une perçoit le fruit de
l’autre».
sée, qu’on se connaît soi-même, on est tout près de s’éteindre en Dieu [brahmanirva∞am
vartate]». Encore ce terme brahmanirva∞a, qui peut aussi s’entendre ainsi: «tout autour
des ascètes ainsi décrits existe (l’union) du plein et du néant…» — ou, selon Senart:
«…qui…ont devant eux la paix en Brahman».
33 «Une félicité suprême pénètre l’âme du yogi; ses passions sont apaisées; il est de-
36
«Quand on m’offre en adoration [bhaktya] une feuille, une fleur, un fruit ou de
l’eau, je les reçois pour aliments comme une offrande pieuse».
Ensuite, pour peu que l’on pousse le raisonnement à son terme, cette in-
timité du dieu et de son dévot n’a pas besoin d’un intermédiaire — qu’il
soit un brahmane ou un guru quelconque. De surcroît, la révélation n’est
destinée qu’au seul Arjuna: les deux armées et les autres héros rangés là
ne semblent pas y avoir assisté — à l’exception de l’aveugle Dh®taraÒ†ra,
à qui Sañjaya raconte l’épisode (notons que le seul véritable témoin est
aveugle). Cette rencontre fait-elle alors état d’une exigence, croissante
au sein de la société hindoue: obtenir que l’absolu, ce secret réservé aux
élus, soit révélé à tous — devenant ainsi le patrimoine des femmes, des
sudra et autres exclus du culte brahmanique —, et que le commun des
mortels y ait accès, non plus de l’extérieur, par le recours à l’étude, mais
dans l’intimité de son for intérieur? Là aussi l’influence des mouvances
hétérodoxes pourrait se faire sentir… Et l’on peut se demander si ce dé-
sir impérieux du dévot de voir son dieu se présenter devant lui seul, et
qu’il lui appartienne entièrement, n’aurait pas contribué pas à cette mul-
tiplication des divinités qui semble un trait essentiel de l’hindouisme.
Contrairement au cas hébreu, on n’y trouve pas un unique «dieu de la
nation» auquel il faudrait se soumettre pour participer légitimement de
la dite nation, en sorte qu’en est exclu qui se tourne vers d’autres dieux.
Ainsi la lila apprend-elle au dévot que celui (ou celle!) qui veut être seul
à posséder le dieu le perd assurément.
Considérée dans son ensemble, cette section du dialogue semble bien
esquisser la nouvelle voie (marga) dont la Gita se veut le manifeste, celle
de la bhakti ou de la dévotion à un dieu personnel, voie supérieure aux
deux voies communément reconnues — celles du jñana (l’ascèse) et du
karman (l’action, les devoirs religieux), souvent évoquées ici sous la
forme de l’opposition doctrinale «Samkhya» et «Yoga»37 — une voie
qui parachève leur combinaison en même temps qu’elle constitue le seul
moyen de transcender leur opposition. En suivant le fil de l’argumenta-
tion, on s’aperçoit que les termes utilisés jusqu’alors pour poser le pro-
blème de la délivrance ont été réinterprétés: le karman, c’est le sacrifice
intérieur, qui, loin d’être opposé au jñana, l’a pour son feu rituel — à la
manière esquissée dans la B®hadara∞yakopaniÒad, 1.1.1. Le rapproche-
ment s’effectue symboliquement, comme dans ces UpaniÒads, mais
37
Voir 2.39 et passim.
contrairement à la Maitri, par exemple, ce que l’on entend ici par le kar-
man intériorisé, n’est autre chose que le dharma, défini comme l’ensem-
ble des actes normatifs, nullement symboliques, de l’homme social. Or la
différence entre l’ascèse et les actes relevant de la société s’efface dans la
mesure où la notion du devoir désintéressé s’attache aux actes quotidiens
de l’homme, en tant que constitutifs du cosmos social. En fait, cette nou-
velle forme d’action rend caduque la distinction entre jñana et karman,
après l’avoir utilisée de façon dialectique pour se formuler. Tant que
cette distinction perdure, la formulation de la nouvelle voie en est entra-
vée. En même temps, tout comme la notion de karman, la notion de
jñana prend une nouvelle forme, sitôt l’opposition dépassée — c’est en
effet le dhyana38 exposé au sixième chapitre. L’on se libère en agissant,
mais uniquement à condition de se concentrer sur le non-soi. Le dieu a
son utilité dans la démonstration, puisqu’il est la figure par excellence du
non-soi. Et s’il est vrai qu’il y a aussi des êtres faibles [6.37 ff.], à qui
l’on peut seulement offrir l’espoir de renaissances de meilleure qualité, il
n’en demeure pas moins que se rapprocher du dieu exige de la part des
fidèles un effort (yatate, 6.43, yatnam karoti [Sankara]) considérable. Et
cet acte de dévouement est aussi un karman, désintéressé par nature.
C’est aussi pourquoi la bhakti représente le seul moyen d’accomplir ce
rapprochement — le seul aussi à être vraiment valorisé —, car en lui se
condense tout le contenu des actes conformes au dharma. On commence
à voir pourquoi la Gita se transforme en théologie.
CONCLUSION
RÉSUMÉ
On essaie ici une analyse de la pensée de la Bhagavadgita, vue de l'intérieur,
pour ainsi dire, telle qu'elle s'est présentée à ses dévots depuis des siècles, lec-
teurs attentifs qui, pour la plupart, l'ont considérée comme une œuvre cohérente,
exposant une doctrine uniforme — contrairement à la grande majorité des sa-
vants occidentaux, qui n'y ont vu qu'un mélange hétérogène de pensées mal di-
gérées. Or le poème lui-même donne des indices d'une organisation méditée,
qui font percevoir, sous le flot de la dévotion évidente, le fil d'une argumenta-
tion soutenue et — si ce n'est pas trop abuser du mot — rationnelle, dont l'arti-
culation rigoureuse (pour autant que l'état actuel du texte et de nos connaissan-
ces permette d'en juger) expliquerait en partie, et la stabilité du texte à travers
les âges, et son influence durable au sein de l'hindouisme.
Mots-clefs: La Bhagavadgita, l'«unité» du texte, l'organisation du texte et son
argumentation, les interprètes R.C. Zaehner et Émile Burnouf, Jules Barthélemy
Saint Hilaire.
41
«Le trouble a disparu. Dieu auguste, j’ai reçu par ta grâce la tradition sainte. Je suis
affermi; le doute est dissipé; je suivrai ta parole».
ABSTRACT
Presented here is an analysis of the thought of the Bhagavadgita, as seen from
the interior of the poem, so to speak — as the poem has presented itself to
generations of the faithful, readers who have considered it for the most part as a
coherent work, presenting a uniform doctrine, in contrast to the great majority of
Western exegetes, who have seen in it only a mix of poorly digested and
heterogeneous points of view. However, the poem itself gives many indices of a
well-thought-out organization, which allow us to perceive, beneath the flow of
evident devotionalism, the thread of a persistent argument — persistent, and if it
is not too abusive a use of the word, rational — whose rigorous articulation, as
complete as it is, explains in part both the stability of the text of the Gita, and
the poem's lasting influence at the heart of Hinduism.