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Semitica V iva' Band / Martine Vanhove

Herausgegeben von Otto Jastrow V

La langue
maltaise
Etudes syntaxiques d'un
dialecte arabe »périphérique«

1993 1993

Harrassowitz Verlag . Wiesbaden Harrassowitz Verlag . Wiesbaden


Ouvrage publié avec le concours du C.N.R.S. (Centre National de la Recherche Scientifique),
P aris.

A Antoine

Dans l es bibl iothèques, de grands dadais


fréquentent assidûment l es rayons des
ouvrages de thermodynamique et des l angues
rares, Y apprennent par coeur la grammaire
maltaise avant d'a l l er chasser l'al l igator
albinos dans l es égouts de New York.

(D'après V de Thomas Pynchon)

Die Deutsche Bibliothek - CIP-Einheitsaufnahme

Vanhove, Martine:
La langue maltaise:études syntaxiques d'un dialecte arabe "périphérique« /
Martine Vanhove. Préf. de David Cohen. - Wiesbaden :Harrassowitz, 1993
11)
(Semitica viva; Bd.
ISBN 3-447-03342-8
NE:GT

© Otto Har rassowitz, Wiesbaden 1993


Das Werk einschlieBlich aller seiner Teile ist urheberrechtlich geschützt.
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Druck und Verarbeitung: Hubert & Co., Gattingen
Printed in Germany

ISSN 0931-2811
ISBN 3-447-03342-8

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TABLE DES MATIERES

Préface par David Cohen xiii

Remerciements xvii

Avant-Propos 1
Système de transcription 8
L'alphabet maltais 11
Liste des abréviations et symboles 12
Carte 15

Première partie : Données de base sur la morphologie


verbale 17
1. Le thème simple 17
1. Verbes à trois consonnes fortes 17
2. Verbes à deuxième radicale liquide l, n, ou r 18
3. Verbes à deuxième et troisième radicales semblables 19
4. Verbes avec un phonème virtuel /0/ 20
5. Verbes comportant une radicale semi-vocalique 22
6. Les verbes quadriconsonantiques 25
7. Les verbes "irréguliers" 26
II. Le système de dérivation 26
1. Thèmes à modification interne du radical 27
2. Thèmes surdérivés 29
3. Thèmes dérivés à infixe ou à préfixe 31
III. Les verbes d'origine étrangère "non-assimilés" 36

Deuxième partie : Valeurs et emplois des deux


conjugaisons 39

1. Considérations générales sur l 'aspect, le temps et


le modal 39
Table des matières Table des matières ix
viii

II. Valeurs et emplois de la conjugaison suffixale 45 IV. Auxiliaires, particules et préverbes du futur 173
Remarques préliminaires 45 Remarques préliminaires 173
1. Iséyyerl + conjugaison préfixale 175
1. L ' aoriste 45
2. Iserl + conjugaison préfixale 177
2. L ' antériorité dans le passé 47
3. Isel ou Isal + conjugaison préfixale 179
3. Le parfait 48
4. II:tal + conjugaison préfixale 184
4. Le parfait en composition avec deux adverbes 55
5. Quelques considérations sociolinguistiques 187
5. Le contexte de futur 57
6. Le système du futur dans un idiolecte 190
6. Emplois modaux 65
7. Le "futur du passé" 191
7. Conclusion 72
8. IOadl + conjugaison préfixale 194
II1. Valeurs et emplois de la conjugaison préfixale 73 9. likanl + conjugaison préfixale 195
Remarques préliminaires 73 10. Isel + likanl + conjugaison préfixale 204
1. L' expression des vérités générales 73 11. likanl + préverbe de futur + conj. préfixale 206
2. L' expression de faits habituels 74 12. I08ddl + pronom suffixe + Iséyyerl + c. préfixale 208
3. En situation de concomitance 75 13. L' expression de l ' imminence par une phrase complexe 209
4. L' instance du commentaire général 77 14. Conclusion 211
5. En contexte de futur 79
V. L'inaccompli dans le passé 213
6. Dans l ' instance du récit 81
Remarques préliminaires 213
7. Le parfait en composition avec deux adverbes 87
1. Le procès en déroulement dans le passé 215
8. La simultanéité 88
2. La valeur de passé d ' habitude 216
9. Emplois modaux 89
3. likGnl + conjugaison préfixale dans un récit 217
10. Conclusion 99
4. Ik�nl et les verbes sans conjugaison suffixale 218
5. La forme surcomposée Ik�nl + l ikanl 218
6. Ik�nl + In�?esl "manquant" 220
7. L' inversion de l' ordre auxiliant - auxilié 221
8 . Emplois modaux : l ' hypothétique 222
Troisième partie : Valeurs et emplois des auxiliaires,
101 9. Un calque de l ' anglais "he used to" 223
particules verbales et préverbes
10. Conclusion 224
1. Remarques générales sur l'auxiL iarité 101
VI. L'antériorité et L 'accompli futur 225
II. L'expression de la concomitance 107 1. Le "passé de deuxième degré" 225
Remarques préliminaires 107 2. L' accomp l i futur et le futur antérieur
1. La concomitance dans l ' accompli : le parfait 108 likGnl + c. suff. 230
2. La concomitance dans l ' inaccompli : le progressif 112 3. Conclusion 238
2.1. 1?�Oedl ou I?etl + c. préf. 113
VII. Les auxiliaires inchoatifs 241
2.2. Le participe 134
Remarques préliminaires 241
2.3. Conclusion 150
1. L' auxiliaire Ibédal "commencer" 241
III. L'auxiliaire l?a Oadl - lyb?08dl et l'expression 2. L' auxil iaire I?abadl "saisir" 248
des sous-aspects duratifs 153 3. L' auxiliaire Irémal "jeter" 253
Remarques préliminaires 153 4. L' auxiliaire IfétaI:t1 "ouvrir" 254
1. L ' auxiliaire est à la conjugaison suffixale 160 5. L' auxiliaire Itéla?1 "partir" 255
2. L ' auxiliaire est à la conjugaison préfixale 162 6. L' auxiliaire II:tabatl "entrer en collision, frapper" 256
3. L ' impératif et le prohibitif 169 7. L' auxiliaire II:tascll "venir à l ' idée ; survenir" 258
4. Conclusion 171
p

x Table des matières Table des matières xi

8. L' auxiliaire Isarl "devenir avoir lieu cuire" 259 Quatrième partie : La phrase nominale et les
9. D ' autres inchoatifs? 261 constructions existentielles, locatives et possessives 331
10. Conclusion 263
1. Phrase nominale, copules et verbe "être" 331
VIII. Les auxiL iaires de "continuité du procès" 265 Remarques préliminaires 331
Remarques prél iminaires 265 1. La phrase nominale à un terme 332
1. L'auxiliaire Iba?aOI 265 2. La phrase nominale à deux termes 334
2. L'auxiliaire Ik6mplal 270 3. La phrase nominale à trois termes avec pronom-copule 355
3. L'auxiliaire liss6ktal 272 4. Construction avec 1?6°cdl "assis" 373
4. L' auxil i aire IZï;jdl "ajouter" 272 5. Les particules négatives 379
5. Conclusion 273 6. Le verbe Ikï;jnl ( c . s. ) - lik6nl ( c . p . ) "être" 386
IX. L'auxiL iaire d'itératif IrÉgaOI 275 II. Constructions l ocatives et existentieL Les 393
Remarques préliminaires 275 Remarques préliminaires 393
1. L' ordre des termes 276 1. La construction avec lfï-I "dans" 393
2. Les compatibilités de IrÉgaOI 276 2. La construction avec Icmml "là" 396
3. La périphrase est à la c. suff. ou préf. , 3. Construction avec lawnl "ici" 404
à l'impératif ou au participe actif 277 4 . Conclusion 406
4. La périphrase avec un auxiliaire ou
III. L'expression de la possession
une particule verbale 278 409
5. La négation 279
1 . Morphologie des pseudo-verbes "avoir" 409
2. Valeurs et emplois
6. Ir Ég aOI est suivi d'un pronom copule 280 411
3. Conclusion
7. Le passage à la conjonction 280 426
8. Conclusion 283
Conclusion générale 429
X. Les auxil iaires modaux 285
Remarques préliminaires 285 Annexe : extraits du corpus oral 433
1. Les auxiliaires "pouvoir" 286 Texte n° 1 : La fabrication du pain à la maison
2. Les auxiliaires "devoir" 295 dans les années vingt 434
Texte n° 2 Callan et le coq 460
XI. L'expression du passif par auxil iaires 313
Texte n° 3 Le vieil homme enterré vivant
Remarques préliminaires 313 466
Texte n° 4 Les légendes de la formation de Maqluba
1. La phrase nominale 314
et de Filfla
2. La copule d'origine pronominale + participe passif 315 476
Texte na 5 Poèmes
3. 1?6°cdl "assis" + participe passif 317 480
4. Ikï;jnl " être" + participe passif 318
Liste des ouvrages cités
5. L' auxil iaire Igï;jl "venir" + participe passif 321 503
6. L' auxiliaire Isafaol "devenir" + participe passif 324
Index
7. Conclusion 325 513

XII. De quelques périphrases verbales "marginales" 327


1. IsÉyycrl "allant" et l'expression de l'intensif 327
2. I?abczi "sauter" 328
3. Les verbes Irai "voir" et Iwasal/ "arriver" 329
F

PREFACE

C' est une impression agréable, exaltante même, que de voir réa­
lisé par un de ses élèves, d' une manière qui lui paraît accom­
plie, un travail qu' il regrettait de ne pas être en mesure
d' entreprendre lui-même. C' est le cas pour l ' ouvrage que je
veux présenter en quelques lignes ici.
C' est un peu dans l ' espoir de la voir prendre en charge ce
projet, que j ' avais, en 1983 je crois, suggéré à Martine
Vanhove de s ' initier à ce secteur important et délicat du
domaine arabophone que sont la langue et la l ittérature maltai­
ses. J ' avais eu l ' occasion, au cours de ses études universi­
taires, de remarquer ses dons pour la recherche linguistique.
La confiance que je plaçais en elle, j ' éprouve un grand plaisir
à le dire, n'a pas été déçue. Le lecteur de ce livre m'en
croira sans peine.
L' intérêt des études maltaises pour plus d ' un domaine de
la linguistique, Martine Vanhove en parle avec compétence dans
l ' introduction qui suit. Et elle le montre dans l ' ensemble de
l ' ouvrage, avec une maîtrise remarquable si l ' on songe qu' il
s ' agit d'un premier travail d' envergure dans un domaine qui ne
fournit aucun modèle quelque peu développé, celui de la syntaxe
du maltais.
I l est juste de dire que le sujet s'y prêtait par les
ouvertures qu' il permet et qu' il méritait de grands efforts à
cause de la négligence dont i l est l ' objet de la part des
sémitisants et surtout des arabisants. Non pas que la langue
maltaise soit un domaine inconnu. La recherche linguistique y
est menée depuis plus d'un siècle, même si, en dehors de
quelques apports dont ceux de Theodor Noldeke et Hans Stumme,
l ' accession de ces études à un statut véritablement scienti­
fique, déterminé par une connaissance directe de la matière,
est liée à l ' œuvre de notre contemporain Joseph Aquilina. Mais,
même en comptant ceux de l ' Archipel, les ouvriers sont peu
nombreux. Et pourtant, ne serait-ce que parce qu ' il a apporté
une solution originale au problème que pose aux dialectes le
passage à l ' usage écrit, sa prise en considération dans les
études arabes ne peut être que d' un très grand profit.
pz

xiv Préface Préface xv

Martine Vanhove lui a accordé toute l'attention nécessaire souhaiterait voir exploré dans toutes ses dimensions par elle­
et elle a pu en dégager des indications précieuses dans les même et tous les chercheurs, arabisants et sémitisants qui
domaines les plus divers. De ce point de vue, on ne peut '
auront aperçu tout ce qu'il pourra apporter à leurs études.
qu'être impressionné par la multitude des aspects qu'elle
envisage dans le développement de sa recherche : dialectologie
historique et comparée de l'arabe , sémitologie, sociolinguis­ David Cohen
tique, l inguistique générale. Professeur émérite
D'où vient que malgré cette ampleur, le traitement appa­ Directeur d'études
raisse complètement cohérent et dominé ? Pour ma part j'y vois
deux raisons principales et qui méritent d'être formulées, car
il peut être utile aux chercheurs d'en prendre conscience.
L'essentielle est peut-être, quoi qu'il puisse y paraître
à premlere vue, le parti pris de clarté et de simplicité dans
l'exposé, même dans les démontages les plus subtils des fonc­
tionnements syntaxiques. Martine Vanhove ne se permet aucune
des obscures commodités terminologiques qui peuvent, à l'occa­
sion, masquer des insuffisances de l'analyse elle ne se
réfugie en aucun cas dans les cadres tout faits que pourraient
lui offrir diverses écoles .
La deuxième raison est à mes yeux dans la rigueur avec
laquelle toute formulation se trouve fondée sur une documenta­
tion irrécusable, rigueur scientifique allant de pair avec
celle, d'ordre moral peut-être, qui ne dissimule rien des
lacunes que l'enquête n'est pas parvenue à combler et des
incertitudes qui demeurent. Elle va de pair aussi avec une
volonté d'exhaustivité qui se manifeste dans tout l'ouvrage et
dont le chapitre sur les auxiliaires est une des plus évidentes
i llustrations. Mais rigueur et exhaustivité, il va sans dire,
ne sont possibles que parce que l'auteur s'est donné la peine
harrassante, pendant plusieurs années, de recueillir un vaste
corpus, d'une remarquable diversité.
Pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté dans ce qui vient
d'être dit, il faut c lairement indiquer que la démarche de
Martine Vanhove ne consiste pas à accumuler des données et à
les analyser. Elle ne répugne en aucune façon à situer les
faits qu'elle relève en toute indépendance et les fonctionne­
ments qu'elle étudie dans la perspective théorique qui lui
paraît le mieux les intégrer et qui en même temps y trouve une
nouvell e confirmation. Mais elle n'en est jamais l'esclave et
sait lui apporter les nuances et les modifications qu'imposent
ses constatations.
Ainsi par le sujet traité aussi bien que par la méthode
mise en œuvre, l'ouvrage de Martine Vanhove ouvre, dans de
saines perspectives scientifiques, la porte d'un domaine qu'on
REMERCIEMENTS

C'est avec grand plaisir que je veux dire ICI ma gratitude


envers David Cohen qui a su me faire partager son goût de la
linguistique et du maltais. La confiance qu'il m'a témoignée,
ses encouragements et ses conseils m'ont toujours été précieux.
Je voudrais également remercier mon amie maltaise Antoi­
nette Camilleri ainsi que ses parents qui m'ont hébergée à
chacun de mes séjours à Malte. La chaleur de leur accuei l , le
dévouement et la compétence d'Antoinette sont pour moi des
souvenirs inoubliables. Ma gratitude va aussi à mon amie Sandra
Gojal qui, à Paris, n'a ménagé ni son temps ni sa patience pour
répondre à toutes mes interrogations. Je ne voudrais pas
oublier non plus tous ceux qui à Malte ou à Paris m'ont offert
leur aide et leurs connaissances : le professeur Joseph Aqui­
lina, Joseph Cassar-Pullicino, ainsi que Marie-Rose Gatt, l e
Père Edward Fenech, Albert Borg e t Oliver Friggieri, tous
quatre enseignants à l'Université de Msida, Micheline Galley et
Carmel Sammut. Ni mes amis Maria Calleja, Magdalen Mallia,
Carmen Attard, Nadia et Joe Bonett qui m'ont fait rencontrer
beaucoup de mes informateurs et m'ont offert leur aide sans
compter. J'aimerais aussi exprimer mes remerciements à tous mes
informateurs, trop nombreux pour être nommés ici ; sans leur
patience ce travail n'aurait pu aboutir.
Mes remerciements vont aussi à tous les membres de l'URA
1066 du C . N . R . S . et particulièrement à Marie-Claude Simeone­
Senelle, ainsi qu'à Dominique Caubet et Antoine Lonnet, qui
m'ont fait l'amitié de relire avec attention une grande partie
de la première mouture de cet ouvrage. Leurs observations et
leurs critiques ont toujours été stimulantes.
Je souhaite également remercier Jean Margain pour son aide
compétente et amicale lors de la consultation des textes
hébraïques.
Merci enfin à Christine Bornon, Aziza Boucherit, Marie­
Claire Michel-Dropsy et à mon compagnon Antoine Lobstein qui
ont bien voulu se partager la tâche ingrate de traquer les
fautes, ainsi qu'à Jean-Michel Decuq qui a dessiné la carte qui
figure ci-après .

Paris, le 15 octobre 1992 Martine Vanhove


»

AVANT-PROPOS

La langue maltaise a pour ongme un d ialecte arabe, vraisem­


blablement proche des vieux dialectes citadins de Tunisie
(O. Cohen 1988: 106 ) , apporté par les conquérants arabes en 870 .
Elle est parlée par les quelque 350 000 habitants d ' un archipel
situé au centre géographique de la mer Méditerranée, véritable
carrefour commercial et stratégique sur ce qui fut la route des
Indes. L ' archipel se compose des î les de Malte ( 247 km2 ) , Gozo
(68 km2 ) et des ilôts de Comino, Cominetto et Filfla, ces der­
niers étant inhabités. L' arabe s ' y imposa au point que même la
toponymie, sauf pour les noms des deux î les principales, ne
semble conserver aucune trace de la ou des langues qui y furent
précédemment parlées . Le maltais a toutefois connu un dévelop­
pement part iculier et on a coutume de le classer parmi les
"dialectes périphériques" , au même titre que le dialecte arabe
de Kormakiti à Chypre ou celui de Boukhara en Union Sov iétique
en raison des bouleversements importants qu'i l s ont connus à la
suite de contacts intenses avec d' autres familles de langues au
cours de leur histoire. Celle du maltais se rattache aux liens
étroits que l ' archipel a entretenus avec la Sicile puis l ' Ita­
lie et avec le monde chrétien après la fin de la domination
arabe en 1090 ( pr ise de Mal te par le comte normand Roger ,
maître de l a Sicile) et l ' expulsion définit ive des derniers
musulmans entre 1240 et 1250 par l ' empereur souabe de Sici le,
Frédéric I I . Tout au long du Moyen Age, le sort de l ' archipel
maltais sera lié à celui de la Sicile, l ' immigration en prove­
nance d' Ital i e sera encouragée , puis, en 1530 , Malte deviendra
le bastion de la chrétienté avec l ' inst allation des Chevaliers
de Saint-Jean-de-Jérusalem ( Godechot 1981 ) . Par la suite, Malte
continuera d' entretenir des relations privilégiées avec l ' Ita­
lie, l ' italien devenant la langue de culture, même après la
domination britannique sur les î les à partir de 1800. Ces liens
avec la Sicile et l ' Italie ont lai ssé une empreinte profonde
sur la langue des habitants de l ' archipel et notamment sur la
phonologie et le lexique, on s ' en rendra compte à la lecture
des exemples qui i llustrent ce travail. L ' un des effets les
plus spectaculaires de ces contacts a été l ' adoption d ' un
2 Avant-propos Avant propos 3

alphabet off iciel en caractères latins en 1933, alphabet dans sujet étant très réduites et parcel laires, et de commencer par
lequel sont désormais rédigés les documents de tous ordres l' analyse du système verbal. Dans ce but , j ' ai fait répondre à
l ittérature, presse écrite, etc. Quant à l ' anglais, son influ­ un questionnaire adapté de celui mis au point par le LACITO
ence à Malte ne commencera à s'exercer qu' à partir du m i l ieu du (Bouquiaux et a L . éd. 1976) et procédé à l ' enregistrement de
XIXè siècle et seulement de mamere notable sur la langue récits et d'un corpus de poésies orales. Les premiers dépouil­
depuis le mil ieu du XXè siècle par des emprunts facilit és par lements mi rent à jour un système verbal tellement riche, que je
un b i linguisme quasi généralisé par le système scolaire. me vis contrainte assez vite de me l imiter à sa seule analyse.
Devenue un état indépendant en 1964, Malte a adopté le maltais Puis l ' examen des pseudo-verbes "avoir" m ' a conduit à étudier
comme langue nationale mais maltais et anglais coexistent tous la phrase nominale ainsi que les expressions locatives et exis­
deux en tant que langues officiel les, de telle sorte qu' une tentielles. Ce sont ces trois grands axes, le système verbal ,
partie de l ' enseignement scolaire et universitaire se fait en la phrase nominale et les expressions existentiel les, locatives
anglais et qu' i l existe une presse écrite et des documents et possessives, qui constituent ce trava i l . Pour en faciliter
administratifs en anglais. la lecture, il est précédé d ' une brève description de l a
morphologie verbale accompagnée de commentaires sur la vitalité
En septembre 1984, David Cohen et l' équipe du CNRS qu' i l des formes décrites.
dirigeait et dans laquelle j ' avais été accueillie au début de
cette même année m' offrirent l a possibi l ité de me rendre à
Malte et de recue i l l ir mes premiers corpus. La suite des enquê­ Présentation des informateurs et du corpus
tes sur le terrain a pu se dérouler grâce à l ' appui scientifi­
que et financier du laboratoire au cours de nouveaux séjours Lors de mes enquêtes sur le terrai n , j ' ai essayé de diversifier
d ' un mois chacun en 1985 et 1986, pendant lesquels j ' ai conti ­ les informateurs au maximum, afin d ' avoir une vue d' ensemble
nué à recue i l l ir des corpus auprès d ' informateurs les plus d' une langue dont les locuteurs sont peu nombreux et où la
divers. En 1987, l'équipe fit venir une de mes informatrices à variation dialectale est suffisamment l imitée pour permettre
Paris pour m ' aider dans le travail d' interprétation et de véri­ l ' inter-compréhension entre tous les locuteurs. J ' ai pu le
fication des données recueill ies et j ' ai profité du sejour en constater lorsque j'ai travai llé avec une amie de La Valette
France d' autres amies maltaises pour procéder à quelques enre­ sur l' enregistrement effectué auprès d'un paysan de Mtanleb
gistrements "sauvages" ( dont el les furent naturellement aver­ dont le parler est phonétiquement très différent du sien.
ties par la suite) de conversations spontanées sur des sujets Les Maltais s' accordent généralement pour reconnaître deux
de la vie quotidienne. En 1988, j ' ai bénéficié d'une allocation variétés principales de l eur l angue, d ' un côté un parler dit
du service des "Aires culturelles" du Ministère de l ' Education "standard" basé essentiellement sur celui de la capitale La
Nationale pour une enquête sur la l ittérature maltaise. Les Valette et de la vill e proche de Sliema et véhiculé par la
nombreuses interviews d ' écrivains que j ' ai alors réalisées ont télévision, la radio et l ' école, d ' un autre les "dialectes"
également servi pour l ' étude l inguistique présentée lCI. Les parlés dans les villages et définis par opposition au parler
deux premières années, la plupart des enregistrements se sont "standard", mais qui ne forment pas un groupe homogène. Nombre
déroulés en compagnie d' amis maltais qui faisaient office de de locuteurs vil lageo is, surtout parmi la population jeune, ont
traducteurs . Par la suite, j ' ai été capable de comprendre et de une prati que des deux variétés , l ' usage du di alecte étant le
m' exprimer en maltais sans trop de difficultés, j ' ai donc pu plus souvent réservé au cercle de la fami lle et des amis dans
procéder seule aux entretiens avec les informateurs, mon seul le périmètre du vil l age. Parmi la population âgée, on rencontre
souci étant d' intervenir le moins possible et de laisser parler encore des locuteurs villageois qui ne par lent que leur dialec­
les gens, ce qu' ils firent très volont iers. te. A l'inverse, la transmission des dialectes n' est pas tou­
jours assurée par les parents et certains jeunes locuteurs vil­
La phonologie et l a morphologie du maltais ayant suscité lageois n ' ont p lus à leur di sposition que l a variété "stan­
de nombreuses études, j' avais d' abord envisagé de faire une dard". Lors de mes enquêtes, j ' ai essayé de tenir compte dans
description syntaxique complète de l a l angue, les études sur l e la mesure du possible de ces facteurs pour le choix des infor-
4 Avant-propos Avant propos 5

mateurs . Il s' est avéré que les disparités entre les systèmes SD Un étudiant de 23 ans originaire de Nadur
étaient minimes en ce qui concerne l ' objet de ce travai l . SD Une ancienne directrice d'école ménagère de Kerëem âgée de
70 ans
D - Un sculpteur de Nadur âgé de 25 ans
Les informateurs : D - Une tisserande de Xagnra d ' une cinquantaine d' années
Les locuteurs du parler considéré comme "standard" sont marqués D - Deux paysans (un homme et une femme) de Nadur âgés d ' une
par un S. soixantaine d' années
Ceux qui parlent le "standard" en plus de leur dialecte sont D - Une femme au foyer de 35 ans , propriétaire d ' un moulin à
marqués par SD. vent ( qui ne fonctionne plus ) à Nadur
Les locuteurs de dialectal seulement sont marqués par D. D - Une vanneuse de 85 ans de Xagnra
Les emplacements des localités où ils vivent ou dont i ls sont D - Un paysan de Xagnra de 80 ans, ayant vécu 40 ans en Austra­
originaires sont marqués sur l a carte, à la fin de cette lie
introduction ( p . 1 5 ) . D - Un ancien sacristain de Xagnra âgé de 90 ans.

A MALTE : Les entretiens effectués auprès de ces informateurs repré­


S - Une secrétaire de La Valette, âgée de 27 ans sentent au total 50 heures d' enregistrements.
S - Un enseignant de l'Université de Msida ( 40 ans ) J'ai également uti l isé, très partiellement, des enregis­
S - Une enseignante d e l' Université d e Msida (55 ans ) origi- trements que j ' ai effectués au cours de l ' été 1990 dans le
naire de Hamrun '
vi llage de Mgarr à Malte auprès de locuteurs âgés. Il s ' agit de
S - Un aumônier de Hal-Qormi âgé d'une cinquantaine d'années trois informateurs, deux femmes et un homme, âgés respective­
S - Quatre étudiants de 25 à 27 ans de Luqa, Zejtun et P jetà ment de 65, 90 et 76 ans, et qui ne parlent que le dialecte de
S - Une étudiante de 20 ans de Mgarr leur village.
S - Treize écrivains âgés de 25 à 75 ans, dont 10 ont entre 30
et 45 ans . Deux d ' entre eux , âgés de 70 et 75 ans, sont
originaires de Gozo et bilingues "standard" et "dialectal" Contenu du corpus :
Trois jeunes étudiantes âgées de 20 à 25 ans, originaires de Un des objectifs de la collecte des matériaux oraux, outre la
Mgarr SD, Me lliena SD, La Valette S constitution d ' un corpus de l ittérature orale, était d ' obtenir
SD - Une jeune fille de Mosta, âgée de 1 8 ans, étudiante une grande diversité dans les sujets traités et les situations
SD - Quatre chanteurs de Naxxar ( 60 ans) et de Zejtun (76, 67 de communication afin de saisir la vie de la langue dans tous
et 45 ans) ses aspects. Les récits tiennent une place importante, mais ils
SD - Un enseignant de biologie du secondaire âgé de 45 ans, sont pour la plupart émai llés de dial ogues, plus ou moins
originaire de San G i lian longs, soit constitutifs du récit, soit entre plusieurs
SD - Le patron d ' un café de Marsaxlokk âgé de 45 ans informateurs. J ' ai aussi pris en compte l ' instance du commen­
SD - Un étudiant de 8irkirkara âgé de 26 ans taire général (voir ci-dessous les "commentaires d' une exposi­
SD - Le prêtre de la paroisse de Mel l iena âgé de 50 ans tion " ) .
SD - Un lycéen de l7 ans de Melliena
Littérature oraLe des chants improvisés ( "gnana" , " spirtu
D Un paysan de Melliena âgé de 65 ans
pront " ) , des histoires comiques ; des légendes sur les pirates,
D - Un paysan de Mtanleb âgé de 75 ans
des chapelles et des l ieux de Malte et de Gozo ; des poésies
D - Un pêcheur de Dingli âgé de 55 ans
D - Une épicière de Attard âgée d' environ 80 ans. populaires de la tradition orale ; des histoires de voleurs.
/"
Fo Lkl ore et h istoire Locale :
des commentaires sur une exposi­
A GO ZO :
SD Un ornithologue âgé de 45 ans, orIgmaire de Nadur tion à propos du folklore de la ville de Mel l i ena les
SD - Le directeur d' une école agricole de Gozo âgé de 50 ans coutumes anciennes pour faire sa cour à une femme ; les fêtes
6 Avant-propos Avant propos 7

du village ; un récit sur le fonctionnement social et matériel L ' un des documents littéraires les plus anciens écrits en
d' une église ; un récit sur l a médecine traditionnelle par l es maltais, si l ' on excepte une cantilène de vingt vers du XVème
plantes ; un récit historique sur le bourg de H al-Qormi. siècle, est une série de huit dialogues composés par le premier
grammairien et lexicographe maltais dont les travaux soient
Les techniques : des récits et conversations sur des techniques parvenus jusqu' à nous , Agius De Soldanis, or iginaire de Gozo .
anciennes et modernes : fabrication du pain ; le fonctionnement Il publia une grammaire en 1750 où apparaissaient déjà quelques
d'un moulin à vent des techniques artisanales vannerie, courts dialogues, mais c' est dans une seconde version, restée
sculpture ; la fabrication du nougat traditionnel la techni- manuscrite et composée vers 1755, que De Soldanis les dévelop­
que de la pêche à la l igne du haut des falaises la construc- pa. Ils furent publ iés et commentés par Joseph Cassar-Pullicino
tion d'une maison ; le système de distribution de l ' eau. Les dans un article paru en maltais en 1 947 ( voir l a l iste des
techniques agricoles fabrication du fromage, de l a farine, ouvrages cités ) . Le document a été uti lisé dans ce travail, aux
culture ( ancienne ) du coton, de la pomme de terre, de l a canne fins d' une brève i l lustration de fonctionnements anciens qui
à sucre (en Australie) explications sur le fonctionnement ont persisté jusqu' à nos jours . Certains exemples sont égale­
d ' une école agr ico le (é levages et cultures ) . ment empruntés aux commentaires de Cassar-Pul l icino, au même
titre que d' autres documents écrits que j ' ai intégrés à mon
Une leçon d e l inguistique maltaise. corpus.
Une conversation sur l ' état du cinéma à Malte.
Treize entretiens avec des écrivains sur leur œuvre. Le maltais ayant en effet la chance d'être une langue
Des conversations sur les événements quotidiens. écrite, i l aurait été dommage de se priver de l'abondante docu­
Des informations télévisées avec interview de sportifs. mentation que nous fournissent la littérature et les différents
Un questionnaire sur le système verbal inspiré de celui du documents i mprimés dans cette langue. En me limitant à des
LACITO. ouvrages récents, j ' ai effectué un dépouillement systématique
des œuvres suivantes
Le sémitisant Hans Stumme a consacré plusieurs publica­
tions au corpus de l ittérature orale qu ' i l a rassemblé à Malte CALLEJA, Anton "Ni kola ta' Xlendi" [Nicolas de Xlendi]
au tout début de ce siècle. J ' ai donc largement utilisé l ' un de ( p . 17-21 ) , une nouvelle dans Frak m i l l -Hajja [Fragments de
ses recueils paru en 1904 : Maltesische Studien. Eine Samml ung vie ] . 1982.
Prosaïscher und poet ischer Texte in maL tesischer Sprache ( 124 CALLEJA, Oreste : 4 Dramm i. Anestesija. éens perpetwu. Satira.
pages ) . Ces textes ont été traduits en allemand dans un second Igsma UHrsa [4 Drames. Anesthésie. Bail à perpétuité. Satire.
volume intitulé Maltes ische Marchen, Gedichte und Ratsel in Corps fantômatiques ]. 1972.' Pièces de théâtre, 175 pages. J ' ai
Deutscher Ü bersetzung. J ' ai procédé à un dépouillement systéma­ également fait usage du commentaire critique d ' O l iver Friggieri
tique des textes n° l, VI, VIII, XIII à XVI, XVIII à XXXIV, qui l' accompagne ( 1 1 pages).
XXXVI et XXXVII . Les traductions de Stumme ont été vérifiées FRIGGIERI, O liver : Fil-ParLament ma jikbrux fjuri [Les fleurs
avec l ' aide d ' une amie maltaise de La Valette . Les exemp les ne poussent pas au parlement ] . 1986. Roman, 194 pages .
empruntés à ce recuei l ont été conservés dans l a transcription MICALLEF, Bernard : "Tmien Kantunieri" [Huit coins ] ( p . 7-16 )
phonétique qu' en a donnée Stumme. et "Stejjer tat-Tfal " [Histoires d ' enfants] (p. 17-20 ) , deux
nouvelles dàns I l -Hajt ta' Malta u stejjer onra [Le mur de
Un autre aspect de la l ittérature orale, les proverbes, a Malte et autres histoires]. 1988.
également été pris en compte. J ' ai effectué un dépouillement Il -Mument. Journal hebdomadaire, organe du Parti National iste
systématique du gros volume publié par J. Aquilina en 1 972 : A (démotrate-chrétien ) . Tro is numéros : 8 . 2. , 15. 2. et 29 . 2. 1987.
Comparat ive Dictionary of Mal tese Proverbs ( 694 pages ) . I l SULTANA, Joe & GAUCI , Charles : L-Agnsafar [Les oiseaux ] . 1979.
contient plus d e 4630 proverbes. Ouvrage scientifique traitant des oiseaux. Seules l es préfaces
et l ' introduction ont servi pour ce travail . (6 pages ) .
8 Avant-propos Avant propos 9

D ' autres ouvrages ont fait l ' objet d ' une consultation Isi fricative dentale sourde
parcellaire, soit pour l ' étude d ' une question preClse, soit Izl fricative dentale sonore
parce qu' ils n' ont été lus que récemment et je n' en ai relevé If! fricative l abiodentale sourde
que quelques points particuliers : Ivl fricative labiodentale sonore
Ipl occlusive labiale sourde
I L -Bibbja. Traduction collective et anonyme de La Bible (Ancien Ibl occlusive labiale sonore
et Nouveau Testaments) à partir de l ' hébreu et du grec, patron­ Iml nasale labiale
née par la Société Biblique de Malte. 1984. Ont été consultés Inl nasale dentale
les livres d' Esdras, Daniel et, en partie, Esaïe. Quelques Irl l iquide vibrante
sondages ont été effectués dans les autres l ivres. [r ] apicale à un seul battement
BORG, Albert : IL sienna [Notre l angue ] . 1988. Ouvrage de l in­ III l iquide latérale
guistique, 329 pages. Iwl semi -consonne labio-vélaire
CASHA, Char les : Aktar praspar dwar Fra Mudest [D' autres excen­ Iyl semi-consonne palatale
tricités à propos du Père Modeste ] . 1974. Histoires humoristi­ 1°1 il s ' agit d'un phonème "virtuel " qui provient, étymologi­
ques pour enfants, 75 pages. quement, de trois phonèmes différents : la fricative l aryngale
EBEJER, Francis : IL -Hadd fuq il-bejt [Dimanche sur la terras­ sourde * Ihl, la pharyngale fricative sonore *Ir;'1 ou la vélaire
se] . 1985. Pièce de théâtre, 81 pages. fricative sonore */gl des autres var iétés d' arabe. I l ne
correspond pas toujours à un trait acoustique audible mais il a
Tous les exemples empruntés à des textes écrits ont été des incidences sur la morphologie de la langue qui ont permis
conservés dans l ' orthographe maltaise. d' établir son statut phonologique (D. Cohen 1970: 129-13 1 ) .
Voici la l iste des différentes réalisations phonétiques d e ce
Enf in, i l m' est arrivé parfois de citer des exemples phonème :
illustrant des ouvrages ou des articles traitant de l i nguisti­ 1 . Avec Isl, lai et 181 :
que maltaise. La source est systématiquement indiquée entre - en syl labe accentuée, all ongement de la voyel le
parenthèses après l ' exemple cité et figure dans la l iste des Iso/, 1° si ou IsOcl [� ]
ouvrages cités en fin de volume. lao/, 10al ou laOal = [� ]
18°/, 1°81 ou 18°81 = [S ] .
- Pas d ' al l ongement (0) en syl labe post-tonique :
SYSTEME DE TRANSCR IPTION
I? arct! = [? atct ] "elle coupa" .
En syl labe pré-tonique, la voyel le peut-être longue ou mi­
Les consonnes
longue selon les l ocuteurs, ou même bl�ève ( surtout devant le
I?1 occlusive laryngale sourde
morphème suffixé du pI. ) :
[hl fricative laryngale sourde
Imaoma1/ = [mama 1 l , [ma. m a 1l ou [marnai ] "fait".
II)I fricative pharyngale sourde
2. Avec une voye lle Iii, III ou 11;')/, la réalisation phonéti­
[b ] fricative vélaire sourde
que dépend de la structure syllab ique et, dans un cas, de
Ikl occlusive palatale sourde
l' origine du phonème :
Igi occlusive palatale sonore
- iO C( C) et I;')°C = [t] : Ibi°t! = [btt ] "je vendis"
Ici affriquée palatale sourde
- °iCC = [t ] : 10int! = [tnt ] "j ' aidai"
Igl affriquée palatale sonore
- °iCzC = [il si Cz = */hl : Ifoimt/ = [fimt] "je compris"
151 fricative palatale sourde
- ° i ( C ) ou °nc) = [ay ] (ou ky ] chez certains locuteurs)
It! occlusive dentale sourde
lioïSl = [yays ] "il vit" ; Inoidf-l-bml [nayd Ü bm] "je leur
Idl occlusive dentale sonore
dis".
Ici affriquée dentale sourde
3 . Avec les voyelles lui ou lui, 10ul et 10ul ont une réali­
[2] affriquée dentale sonore
sation diphtonguée [aw ] quel le que soit l a pl ace de l ' accent :
10 Avant-propos Avant propos 11

/y i tfou/ [yl tfaw ] " i l s jettent" centrale mi-ouverte


/mibO Ut/ [mibâwt] "envoyé". antérieure mi-ouverte
4. /0/ est réalisé comme un glide [y ] après une voyel l e antérieure ouverte
longue /1/ o u /i;:i/ et devant une voyelle brève
/?� O cd/= [? �yct ] "assis". 2. Voyelles longues :
5. /0/ est réalisé comme un gl ide [w] après /il/ et devant une il postérieure fermée
voyelle brève : ï antérieure fermée
/mizr Uoa/ = [mizrUwa] "semée" . � centralisée moyenne ( diphtonguée )
6. /io/ + voyelle est réalisée [y ] + voyel l e longue ë antérieure moyenne
/io âmd/ = [y;lmd/ " i l fait". a antérieure ouverte
7. La réalisation de /coi/ est [cy l . La laryngalisation d' une voyelle est notée par un tilde sous
8 . /0/ en final e absolue est réalisé 0. la voyelle : �.
9. Laryngal isation de la voyelle adjacente (notée par un
sous la voyel l e ) chez certains locuteurs v i l l ageois. Le système de transcrition de Stumme (1904) est expliqué
10. Les réalisations consonanti que [1) ] et semi-consonantique dans son ouvrage p. 74-75. I l est seulement utile de noter ici
[y ] devant consonne ou en finale de mot ont été conservées dans que l e symbole [3] représente la pharyngale fricative sonore
la transcr iption phonologique. /<;'/, encore sporadiquement prononcée à l ' époque.

Lorsqu ' i l est fait référence à l ' arabe classique ou à


d ' autres dialectes arabes, il peut apparaître sporadiquement
les symboles suivants : L'ALPHABET MALTAIS

<;' fricative pharyngale sonore a, b, é ( affriquée palatale sourde /6/), d, e, f, g ( affriquée


x fricative vélaire sourde palatale sonore /g/), g (occlusive palatale sonore), h (nota­
q occlusive vélaire sourde tion étymologique, correspond à la fricative laryngale sourde
g fricative vélaire sonore de l ' arabe classique ; elle n' est p lus prononcée), Ti (fricative
:Z: fricative palatale sonore pharyngale sourde /1)/), i, j (semi-consonne palatale /y/), k,
t occlusive dentale emphatique sourde l, m, n, gTi (notation étymologique, correspond à la fricative
<;l occlusive dentale emphatique sonore vélaire sonore /g/ et à la fricative pharyngale sonore /<;'/ de
� fricative dentale emphatique sourde l ' arabe classique elles ne sont plus prononcées ), 0, p, q
Q fricative interdentale emphatique sonore (occlusive laryngale sourde /?/), r, s, t, u, v, w ( semi­
t ou .1 fricative interdentale sourde consonne labio-vélaire), x ( fricative palatale sourde /5/), Z
d ou Q fricative interdentale sonore (fr icative dentale sonore /z/), z ( correspond à deux sons
d' origine italienne les affriquées dentales sourde et sonore
r l i quide dentale emphat ique
.1 l i quide alvéolaire sonore /c/ et [2]L
l i quide latérale emphat ique Une apostrophe ' en fin de mot remplace la notation gn.
j semi -voyelle palatale

Les voyelles
1 . Voyelles brèves
u postérieure fermée ( phonème rare sous l'accent )
antérieure fermée
:) postérieure m i-ouverte
[8 ] centrale moyenne
Avant-propos Avant-propos 13

Dans les exemples cités au cours du travail , les référen­


ces au corpus en annexe sont données entre parenthèses. Les
chiffres romains indiquent le numéro du texte, les chiffres
arabes, la ligne où l'exemple se situe.
LISTE DES ABREVI ATIONS ET SYMBOLES

adj. adjectif
ang. anglais
ar. arabe
ar. cl. arabe classique
c. commun
chap. chapitre
col. ou coll. collectif
c.p. ou cp conjugaison préfixale
c. préf. conjugaison préfixale
conj. préf. conjugaison préfixale
c.s. ou cs conjugaison suffixale
c . suff. conjugaison suffixale
conj. suff. conjugaison suffixale
dim. diminutif
EPHE Ecole Pratique des Hautes Études
ex. exemple
f. ou fém. féminin
FUT. futur
inv. invariable
it. italien
l it. ou litt. littéralement
m. ou masc. masculin
n. note
pl. pluriel
prév. préverbe
pro suff. pronom suffixe
provo proverbe
(Q) exemples extraits du questionnaire
sg. singulier
sic. sicilien
TOB Traduction Œcuménique de la Bible
v. verbe
o zéro
*
forme reconstruite ou non admise
Avant-propos 15

o
z
>---<


o
u

o
N
o
o
PREMIERE PARTIE

DONNEES DE BASE SUR LA MORPHOLOGIE VERBALE

Les tableaux des conjugaisons et des formes dérivées qui sont


données ci-après, accompagnés de quelques commentaires, sont
fondés en grande partie sur le parler d'une jeune femme de 26
ans, originaire de La Valette et issue d'un milieu bourgeois.
Elle a reçu son enseignement secondaire dans un collège privé
où l ' anglais était la langue d'enseignement, le maltais étant
enseigné sur le même p ied qu' une langue étrangère. Son idio­
lecte présente quelques particularités qui seront indiquées et
il est possible que les remarques portant sur la vitalité de
certaines formes soient propres, pour partie seulement, à cette
région et à cette classe sociale.
Quelques points ont été complétés auprès de trois autres
jeunes locuteurs de maltais "standard" âgés de 27 ans et origi­
naires de Pjetà, Luqa et Zejtun. Aucun d'entre eux ne par le une
variante dialectale.
Je me suis également référée constamment à l'abondante
1
documentation contenue dans la thèse d'Aquilina (1959).

1. LE THEME SIMPLE

1. Verbes à trois consonnes fortes

Ikltcbl - Iylktcbl "écrire"


conj. suffixaLe conj. préfixaLe impératif
sg. 1. ktib-t nl-ktcb
2. ktib-t ti-ktcb l-ktcb
3.m. kltcb yl-ktcb

1
Pour de plus amples détails sur la morphologie verbale, se
reporter aussi à Alexander Borg (1978), Schabert (1976) et
Vanhove (1990).
18 Morphologie Morphologie 19

3.f. kltb-ct tÎ-ktcb ce dernier cas seulement si les deux premIeres consonnes radi­
pL 1. ktib-na ni-ktb-u cales ne sont pas des consonnes d' arrière. Sinon la voyelle de
2. ktib-tu ti-ktb-u i-ktb-u disjonction est lai, ou bien I:JI quand la voyelle thématique du
3. kltb-u yi-ktb-u sing. est I:JI pour cause d ' harmonisation vocalique.
participes
masculin féminin p l uriel 11:).ana?1 "étrangler, s ' enrouer"
actif n�zd n�zla nizlÎn ( " descendant") conj. préfixal e impératif
passif miktUb miktUba miktubln pL 1. n:J-h6n?-u
2. t:J-�6n?-u
Le maltais présente une grande richesse vocalique dans ses 3. Y:J-1:).6n?-u
thèmes verbaux six séquences vocaliques différentes pour la
c . suff. et huit pour la c. préf. Comme l ' ont montré Saydon
3. Verbes à 2ème et 3ème radicales semblables
( 1958) et D. Cohen ( 1970: 144) , ceci est le reflet d' anciennes
différenciations phonétiquement conditionnées par la nature des
11:).assl "sentir"
consonnes (pharyngales, laryngales et anciennes emphatiques)
conj. suffixale conj. préfixale impératif
ou, dans une moindre mesure, du timbre des voyelles étymologi­
sg. 1. 1:).ass-éyt n-1:).:Jss
ques. Voici le tableau de ces thèmes verbaux :
2. 1:).ass-éyt t-1:).:Jss
3.m. 1:).ass i-1:).6ss
conjugaison suffixale conjugaison préfixale
3.f. 1:).ass-ct t-1:).:Jss
CiCcC yiCCcC, yiCC:JC
pL 1. 1:).ass-éyna n-1:).;ss-u
CcCaC yiCCaC, y:JCC:JC, y iCC:JC, ycCCaC
2. 1:).ass-éytu t-1:).;ss-u 1:).;ss-u
CaCaC yiCCaC, yaCCaC, y:JCC:JC, yiCC:JC
3. 1:).ass-u/-éw i-1:).6ss-u
CaCcC yaCCcC, y:JCC:JC
participes
CcCcC yiCCcC, ycCCcC
mascul in féminin pl uriel
C:JC:JC y:JCC:JC, yiCC:JC
passif ma1:).sUs ma1:).sUsa mal).susln
Le participe actif ne subsiste plus que pour un petit
Le schème CaCC - iC:JCC est le plus fréquent. On trouve
nombre de verbes, tous intransitifs (pour la l iste voir p.
aussi CcCC - iCcCC, CcCC - iCcCC, CaCC - iCcCC et CaCC - iCaCC
134-5 ) . Le participe passif est plus répandu, mais sa formation
(pour un verbe : Igarrl - ligarrl "jeter des pierres").
n ' est pas automatique.
La désinence de la 3ème pers. pl. de la c. suff. l a plus
fréquente est -éw.
2. Verbes à 2ème radicale liquide l, n, ou r Le préfixe t- s' assimile aux sifflantes, dentales ou
affriquées initiales, le préfixe n- à Irl initial, de manière
Au pl. de la c. préf. et de l'impératif une voyelle apparaît , régulière pour le verbe Ir�dl "vouloir", mais seulement dans un
de manière constante, après la 1ère consonne, si la 2ème débit rapide pour les autres. In-I s ' assimile toujours à Im-I.
radicale est une liquide Irl 11/ ou In/. Aquilina ( 1959 et Aucun verbe de ce groupe n ' a de participe actif et les
1965) et Sutcliffe ( 1936) classent aussi dans cette catégorie verbes intransitifs n ' ont pas de participe passif.
les verbes à 2ème radicale Im/, mais mes informateurs offrent
un paradigme identique à celui des verbes à trois consonnes
fortes, à l ' exception d ' un seul Isémaol "entendre" ( certains
ont même un paradigme régulier ) .
L a voyelle d e disjonction, toujours accentuée, est de
timbre Iii si celle du thème du sing. est Ici ou bien lai, dans
20 Morphologie Morphologie 21

4. Verbes avec un phonème virtuel /"I 4.3. Verbes à 2ème radicale */h/

4 . 1 . Verbes à 1ère radicale */e::/ , */g/ ou */h/ Lorsqu'i l est en seconde position dans la racine, */hl n' a pas
eu les mêmes conséquences sur la morphologie du pl. de la c.
10amell "faire" préf. , de l'impératif et du participe passif que *le::1 et *1gl.
conj. suffixale conj. préfixal e La vocalisation de ces verbes est toujours du type CcocC -
sg. 1. [a. mÜt] 10amÜ-t! [ n�mel] Ina-omell ycC"cC, sauf pour le verbe Isaoarl - lyisOarl "veiller, faire
2. [a. mÜt] 10amiI-t! [t�mel ] Ita-omell des heures supplémentaires". La c. suff. suit le modèle des
3.m. [�me l ] 10amell [ y�me l ] Iya-omell verbes à 2ème radicale *1e::1 ou *Igl (§ 4.2. p. 20 ) . Aucun de
3.f. [ �mlct] 10aml-ct! [Üme l ] Ita-omell ces verbes n'a de participe actif.
p l . 1. [a. milna] 10amll-nal [ n�mlu] Ina-oml-ul
2. [a. mÜtu] 10amll-tul [ t�mlu ] Ita-Oml-ui If€:°cml "comprendre"
3. [ �mlu] 10aml-ul [ y�mlu] Iya-Oml-ui conj. préfixale impératif
impératif [ �mel] la-omel/ ; [ �mlu] la-oml-ui pl. 1. [ nifmu] Ini-fom-ul
participe passif 2. [tifmu] ItI-fom-ul [ Îfmu] Ii-fom-ul
mascul in féminin p l uriel 3. [yifmu] lyi-fOm-ul
[ma. mUl l ImaomUl/ [ma. mUla] ImaomUlal [ mamuIIn] Imaomu1Inl participe passif
masculin féminin pluriel
Aucun verbe de ce groupe n'a de participe actif. [mifUm] ImifoUml [mifUma] ImifoUmal [mifumln] ImifOumInl
Les autres thèmes vocaliques sont °aCaC - ya °CaC, o:)C:)C _

y:)°C:)C et °cCcC - ycOCcC. 4.4. Verbes à 3ème radicale */e::/ ou */g/

4.2. Verbes à 2ème radicale */e::/ ou */g/ Il ne sera question ici que de ces deux phonèmes étymologiques
car lorsque */hl était en finale dans le verbe il est devenu
IbaOatl "envoyer" II).I en maltais et la conjugaison est celle des verbes à trois
conj. suffixal e conj. préfixale consonnes fortes.
sg. 1 . [batt ] /bOat-t! [ nibat] Ini-boat! Les verbes à 3ème consonne radicale *le::1 ou *1gl ont deux
2. [batt ] IbOat-tl [tfbat] Itf-boat! paradigmes différents selon que 1°1 est passé à la pharyngale
3.m. [bat ] Ibaoat! [ yibat] Iyi-boat! sourde II).I à la 3ème pers. masc. sing. de la c. suff. ou qu'il
3·f. [ b�tct ] IbaOt-E:t! [ tfbat ] lÜ-boat! a simplement disparu, cas le plus fréquent. Aucun d'entre eux
p l . 1. [b�tna] IbOat-nal [nib�tu] Ini-baOt-ul n'a de participe actif.
2. [ b�ttu] IbOat-tul [ t ib�tu] Iti-baOt-ul
3. [b�tu] IbaOt-ul [yib�tu] lyi-baOt-ul In€:zaol "se dévêtir"
impératif [ ibat ] Ii-boat! ; [ ib�tu] li-baOt-u/ conj. suffixale conj. préfixale
participe passif sg. 1. nzayt [nÎnza] Ini-nzaol
mascul in féminin pluriel 2. nzayt [tInza] IÜ-nza ° 1
[mibawt] ImiboUt! [ mibawta] ImibOUtal [ mibawtIn] ImiboutInl 3.m. [n€:za] In€:zaol [yÎnza] lyi-nzaOI
3.f. [ nszat ] In€:zo-at! [Ünza] ItI-nzaOI
Le participe actif ne survit plus, à ma connaissance, que p l . 1. nzay-na [ninzaw] Ini-nzO-ul
pour un seul verbe : [?€ïyct ] I?€ïocd/, [ ?tda] I?€ïodal, [?cdln] 2. nzay-tu [Ünzaw] IÜ-nzO-ul
, 3. [n�zaw] In�zo-ul [yinzaw] Iyi-nzO-ul
l?cOdïnl "assis".
Les autres thèmes sont CaoaC - y:)C":)C, C:)o:)C - yiC°:)C et impératif [ inza] li-nzaol ; [ inzaw] li-nza-ui
CcocC - yiCo cc.
22 Morphologie Morphologie 23

participe passif Il existe également les schèmes WiCeC - yiCcC et WcCcC -


mascul in féminin p l uriel ycCc C. ,
[minzUl).] /minzUl)./ [ minzŒa] /minzŒoa/ [ minzuayn] /minzuoln/ Trois verbes ont un schème différent à la c. préf. /wcgao/
"avoir mal, souffrir" et /wéra/ "montrer" ont une voyelle
Le schème CcCao - yiCCaO est le plus fréquent. Les autres longue /ïl/ après le préfixe désinentiel : /y-Ugao/ et /y-uri/.
sont CcCao - ycCCao, CaCao - yiCCaO et CaCao - yaCCao. Le verbe /wéra/ ne peut avoir, en outre, qu'une 1ère syllabe
/u-/ aux deux lères pers. du sing. et à toutes les pers. de la
Les quelques verbes de schème CcCal). qui ont maintenu une c. suff. /wa?af/ "tomber" a une voyelle /I;)/ : /y-&ï?af/.
consonne forte ne sont pas pour autant alignés totalement sur
la conjugaison des verbes à trois consonnes fortes. Le pl. est
identique à celui du verbe /nézao/ ci-dessus. Seul le 5.2. Verbes à 2ème radicale semi-vocalique
sg.
présente des différences.

/zébal)./ "peindre" impératif


con). suffixale con). préfixale 1. ?om-t
impératif
sg. 1. zbay-t ou zbal).-t nl-zboh 2. ?om-t ?ïlm
2. zbay-t ou zbal).-t ti-zboh 3.m. ?am
3.m. zébal). yl-zboh 3.f. ?�m-ct
3.f. zcbO-�t ti-zbo� pl. 1. ?8m-na
2. ?8m-tu ?Œm-u
3. ?�m-u i-?Um-u
5 . Verbes comportant une radicale semi-vocalique participes
masculin f�minin p l urie l
,
5 . 1 . Verbes à 1ère radicale semi-vocalique actif sayy�m saYYTa sayymï� ( "jeûnant" )
passif misyur misyura misyurïn ( "cuit, mûr" )
Le maltais n ' a qu' une dizaine verbes à initiale /w/.
Les lères et 2èmes pers. de la c. suff. ont deux formes Le schème CaC - iCïC a une voyelle /i/ à toutes les autres
possibles ( voir tableaux ci-après ) . pers. à syllabe doublement fermée de la c. suff. /sar/ "il
L e participe actif ne survit plus avec cette fonction et devint", /sirt/ "je devins" .
le participe passif, de schème miCïlC, semble être en train de Le préfixe t- des 2èmes pers. et de la 3ème pers. fém. de
tomber en désuétude dans la langue parlée. Mon informatrice le la c. préf. s'assimile aux sifflantes, dentales et affriquées.
remplace le plus souvent par le participe du thème dérivé à Le participe passif n' est pas fréquent et mon informatrice
2ème radicale géminée ( voir p . 27 ) . utilise plus souvent celui des verbes à 2ème consonne radicale
géminée.
Les autres schèmes sont CI;)C - iCïlC, CI;)C - iCïC, °tC -
impératif iOïC, DaC - i05C et CI;)l). - iCïl)..
sg. 1.
2. a-saI
5 . 3 . Verbes à 3ème radicale semi-vocalique

pl. wasal-na / usaI-na na-sl-u Schème CcCa - yiCCi : /mésa/ "marcher"


wasal-tu / usaI-tu ta-sl-u con). suffixale cr;n). préfixal e impératif
a-sl-u
wasl-u ya-sl-u
sg. 1. msey-t ni-msi
2. m �ey-t ti-msi i-msi
3.m. mesa yi-msi
24 Morphologie Morphologie 25

3.f. msï;i-t ti-msi 6. Les verbes quadriconsonantiques


pL. 1. mscy-na ni-ms-u
2. mséy-tu tl-ms-u i-ms-u 6.1. Le thème de base
3. msc-w yi-ms-u
participes Pour les nombreux verbes quadriconsonantiques, on distingue les
mascuLin f�minin pLur �eL types formels suivants : C1 VCZC3VC4 , ClVW/YC3vC4, C1 VCZWVC4,
actif mï;isi mï;isya misyïn ClVCZC3VC3, C1 VCZC1 VCZ, C1 VCZC 1 VC3 et C1 VCZC3VCZ. I l y a cinq
passif mibni mibniyya mibniyyln ( "construit" ) séquences vocaliques possibles : a-a, c-a, a-c, c-c et i-c. Ces
voyelles sont identiques aux c. suff. et préf.
On trouve aussi les schèmes CcCa - yaCCi, CcCa - ycCCi et Lorsque la 3ème radicale est une liquide, le groupe CZC3C4
CaCa yiCCi ( ces verbes ont la particularité d' avoir une est disjoint par une voyelle accentuée qui est /i/ en contexte
finale /-at/ au lieu de /-ï;it/ à la 3ème pers. fém. sing. de la consonantique non conditionnant ou /a/ en contexte condition­
c. suff. /grat/ " elle s' est produite", qui se différencie nant. Si la 3ème consonne est une semi-voyelle /w/, elle perd
ainsi du verbe "courir" : /grï;it/ "elle a couru " ) . son articulation consonantique et on entend pour le groupe
CZC3C4 une voyelle de dis�onction /u/ ultra-brève et non accen­
Schème CcCa - yiCCa /méla/ "remplir" tuée entre Cz et C4 : [ wér ru ] , /\�crwru/ "ils ont terrorisé".
con). préfixaLe impératif Le participe passif est fréquent, mais pas de formation
sg. 1. ni-mla automatique. Il n ' y a pas de participe actif.
2. tI-mla i-mla Le préfixe t- des 2èmes pers. de la c. préf. s ' assimile
3.m. yi-mla aux consonnes sifflantes, dentales et affriquées.
3.f. tI-mla
pL. 1. ni-mlé-w /séngd/ "balancer"
2. ti-mlé-w i-mlé-w con). suffixaLe con). préfixaLe impératif
3. yi-mlé-w sg. 1. scngÎl-t n-séngd
participes 2. scngÎl-t iS-séngd séngd
mascuLin féminin pL uriel 3.m. séngd i-séngd
passif mimli mimliyya mimliyyln 3.f. séngl-ct iS-séngd
pL 1. scngÜ-na n-séngl-u
On trouve aussi les schèmes CcCa - ycCCa, CaCa - yiCCa, 2. scngÜ-tu iS-séngl-u séngl-u
C::JCa - y::JCCa et CaCa - yaCCa ( dont la désinence de la 3ème 3. séngl-u i-séngl-u
pers. fém. sing. est /-at/). La c. suff. est identique au participes
groupe de verbes précédent. masculin féminin pLurieL
Je ne connais pas de participe actif pour ces verbes. passif mséngd mséngla mscnglÎn

Il existe également quelques verbes à 2ème et 3ème radica­ 6.2. Le thème dérivé
les semi-vocaliques, la seconde gardant une articulation conso­
na�tique stable, par ex. /téwa/ - /yItwi/ "plier" , /séwa/ _
Ces verbes n ' admettent qu' une seul e forme dérivée à préfixe
/yiswa/ "valoir". Ils n ' ont pas, à ma connaissance, de parti­ /t-/ qui s ' assimile devant les consonnes sifflantes, dentales
cipe actif. et affriquées. Les voyelles restent les mêmes qu' à la forme de
base. La conjugaison du thème dérivé ne diffère de celle du
thème simple que par la nature du préfixe de la c. préf. qui
est toujours vocalisé : /yi-tbandal/ "il est balancé".
r

26 Morphologie Morphologie 27

Le thème a le plus souvent une valeur de réfléchi ou de n-, et celle de factitif représentée par le thème à 2ème
passif. radicale géminée.

7. Les verbes "irréguliers" 1. Thèmes à modification interne du radical

Le maltais connaît quelques verbes qui, à la suite le plus 1.1. Thème à 2ème consonne radicale géminée
souvent de la perte d ' une ou deux consonnes dans la totalité ou
une partie des paradigmes , ont une structure syllabique qui ne /kisscr/ "casser en morceaux"
correspond pas aux modèles donnés ci-dessus. Ces verbes et conj. suffixaLe conj. préfixaLe impératif
leurs paradigmes se trouvent dans Aquilina ( 1959 et 1965 ) . sg. 1. k issir-t n-kisscr
2. kissir-t t-kisscr kisscr
L e verbe Ital "donner" , lorsqu ' i l est suivi d ' un pronom
suffixe complément connaît, en outre, une seconde conjugaison à 3.m. kisscr i-kisscr
la c. préf. et à l' impératif, très fréquente dans l a langue 3.f. kissr-ct t-kisscr
parlée : pL. 1. kissir-na n-kissr-u
2. kisslr-tu t-kissr-u kissr-u
conj. préfixaL e impératif 3. kissr-u i-kissr-u
sg. 1. in-tI-k je te donne participe
2. it-tI-ni tu me donnes mascuLin féminin pLurieL
ti-ni donne-moi
3.m. i-tI-ni mkisscr mkissra mkissrln
il me donne
3.f. it-ti-ni eLLe me donne
pL. l. in-tU-k nous te donnons Les règles d' assimilation sont les mêmes que celles expo­
2. it-tU-ni sées pour les verbes à deux radicales semblables (p. 19 ) . En
vous me donnez tU-ni donnez-moi
3. i-tU-ni ils me donnent
outre, le préfixe /t-/ s' assimile à /n/.
D ' une manière générale, les voyelles de la forme simple ou
du nom correspondants sont maintenues dans le thème dérivé,
II. LE SYSTEME DE DERIVATION mais la séquence i-c passe quelquefois à c-c. La séquence :)-:)
du thème simple devient a-a au thème dérivé.
Malgré une richesse apparente en thèmes dérivés (huit formes Le participe a une valeur passive et seuls les verbes
différentes) le système de dérivation du maltais apparaît à transitifs peuvent éventuellement en former un.
l' heure actuelle comme entièrement figé et non productif. Plus Les verbes à 3ème radicale semi-vocalique d' origine arabe
aucune création lexicale ne se fait par son intermédiaire. ou italienne ont tous une voyelle finale /i/ à la c. préf .
L' emprunt semble bien être le seul moyen de création vivant. Cette forme est essentiellement active et transitive. Elle
Seulement quatre thèmes dérivés sur les huit sont numéri­ peut n' être que l ' équivalent d' une forme simple correspondante,
quement bien représentés (ce qui ne prouve rien quant à leur ou bien il peut arriver que la relation sémantique avec la
degré de vitalité ) : pour les quadriconsonantiques la forme à forme de base ne soit plus perceptible. L' emploi intensif est
préfixe t- et pour les triconsonantiques celle à gémination de présent mais secondaire. La valeur factitive ou causative s' est
la 2ème radicale , celle à préfixe t- et 2ème radicale géminée beaucoup développée du fait de la perte de la forme dérivée à
et celle à préfixe n-. Nombre de termes d ' origine siculo-ita­ préfixe hamza. Ce schème a aussi été très productif comme forme
lienne se sont même adaptés aux trois premIeres. Les cinq dénominative de racines triconsonantiques ou de mots d' emprunt.
autres thèmes ne sont plus que des vestiges. Aucun verbe n ' a Le verbe /giddcb/ "traiter de menteur" est, comme à Alger Juif
tous l es thèmes dérivés. par exemple (M. Cohen 1912: 204 ) , un reste isolé de la valeur
déclarative de cette forme .
Deux valeurs essentielles ont survécu en maltais, celle de
réfléchi-passif, représentée par des formes à préfixe, t- ou
28 Morphologie Morphologie 29

1 . 2. Thème à allongement de la 1ère voyelle Les verbes d' origine étrangère qui ont été adaptés phoné­
tiquement à ce thème n' en partagent pas les valeurs sémanti­
Ib�rckl "bénir" ques , pas même celle de dénominatif .
con). suffixaLe con). préfixaLe impératif
sg. 1. birIk-t n-b�rck 1.3. Thème à allongement de la 2ème voyelle
2. birIk-t t-b�rck b�n:k
3.m. b�rck i-b�rck Isfarl "jaunir"
3.f. b�rk-ct t-b�rck con). suffixale con). préfixal e impératif
pL 1. birIk-na n-b�rk-u ni-sfiir
sg. 1. sfar-t
2. birIk-tu t-b�rk-u b�rk-u sfar-t ti-sfiir sfar
2.
3. b�rk-u i-b�rk-u 3.m. sfar yi-sfiir
participe 3.f. sfiir-ct ti-sfiir
masculin féminin pluriel pl. 1. sfiir-na ni-sfiir-u
mb�rck mb�rka mbirkln 2. sfiir-tu ti-sfiir-u sf&r-u
3. sfiir-u yi-sfiir-u
Deux verbes à 1ère voyelle lai sont encore vivants participe
Il).iircsi "surveiller" et I?iirarl "confesser". masculin féminin p l uriel
Il n ' y a pas de verbe à 2ème radicale semi-vocalique. musfiir musfiira musfarln ( "pâle ")
Les rares verbes à 3ème radicale semi-vocalique ont une
finale I-i/ à la c. préf. Le parler de mon informatrice présente la particularité de
La grande majorité des verbes de ce thème comporte un 101 conserver la longueur de la voyelle même en syllabe doublement
en 2ème radicale . Ce thème dérivé leur tient lieu de thème à fermée. Ce n' est pas la règle pour tous les parlers maltais, ni
2ème radicale géminée. La voyelle thématique est articulée [t] même en "standard".
( parfois [ a ] ) à toutes les pers. de l a c. suff . , sauf la 3ème Il n ' existe pas de verbe à 3ème radicale semi-vocalique.
masc. sing. , ainsi qu' à toutes les pers. du pl. de la c. préf. La valeur du thème est celle d'une forme dénominative,
Cette forme dérivée, totalement figée, est résiduelle en fondée sur des adjectifs. Elle marque l ' acquisition d' une qua­
maltais et lexicalisée dans la conscience des locuteurs. Elle lité physique ou morale.
est très peu représentée, à peine une quarantaine de verbes A part les verbes dérivés d' adjectifs de couleur, le
. ,
assez peu USites en maJonte. 2
. , •

schème est désuet ( surtout dans le parler de mon informatrice


Beaucoup de verbes de ce thème n ' ont pas de forme simple de La Valette ) et ne survit plus guère que dans la littérature.
ou de nom de même racine correspondants, mais sémantiquement Il a eu tendance à être remplacé par le thème à 2ème radicale
ils expriment une action faite par le sujet par rapport à géminée. Toutefois, le degré de vitalité de cette forme dérivée
d' autres personnes ou objets. D ' autres sont de simples équiva­ ne semble pas être identique partout. Aquilina ( 1987 ) a même
lents de la forme simple. Les valeurs dominantes sont celles de enregistré à Gozo des formes de ce type pour des termes d ' ori­
causatif-factitif et de dénominatif. La valeur de conatif n ' est gine italienne : Ifnadl "devenir profond" et Iflacl "devenir
plus perceptible que pour un verbe : ItaOaml "nourrir" hypocrite" inconnus de mes informateurs de maltais "standard".
It�Ocml "savourer, goûter" .

2. Thèmes surdérivés

2 Dépouillement effectué dans le dictionnaire de Schembri 2.1. Thème à préfixe /t-/ et à 2ème radicale géminée
( 1986 ) .
La conjugaison est analogue à celle du thème à 2ème radicale
géminée (p. 27 ) , sauf les préfixes de la c. préf. qui sont
30 Morphologie Morphologie 31

toujours vocalisés Ii/. La vocalisation est la même que pour me. Elle concerne principalement les verbes sans 2ème radicale
les verbes sans préfixe correspondants. 101. On trouve également la valeur de réfléchi de conatif.
Le préfixe It-I s' assimile aux consonnes sifflantes, den­ Aucun terme d' origine étrangère n ' a produit de verbe à ce
tales ou affriquées. thème, d' ailleurs en très nette régression dans le parler de
Les verbes à 3ème radicale semi-vocalique d' origine arabe mon informatrice : 60% des 42 verbes relevés dans les diction­
ou italienne ont une c. préf . à finale I-a/. nair es d' Aquilina ( 1987) et Schembri ( 1986) lui sont inconnus.
Le participe de schème mit-CvCCvC est d ' un emploi très
rare. On y supplée par celui des formes à 2ème radicale gémi­
3. Thèmes dérivés à infixe ou à préfixe
née. Seul, semble-t-il, ImizzÉ:wwcgl "marié" est bien vivant.
Ce thème surdérivé a été aussi productif que celui sans
préfixe correspondant, même pour les verbes fondés sur des 3 . 1 . Thème à infixe /-t-/
emprunts à l ' italien.
La valeur fondamentale est réfléchie-passive, l ' une ou IntÉ:fa?1 "être dépensé"
conj. suffixa�e conj. préfixa�e impératif
l ' autre nuance dominant selon les verbes. Certains d' entre eux /

. sg. 1. ntcfa?-t ni-ntcfa?


,
ont un sens plus proche du moyen ou du deponent mterne3 que du
2. ntcfa?-t ti-ntÉ:fa? ntÉ:fa?
réfléchi. Un tout petit nombre de verbes a une valeur de
3.m. ntÉ:fa? yi-nt�fa?
réciproque.
3.f. ntÉ:f?-ct ti-ntcfa?
pL 1. ntcfa?-na ni-ntÉ:f?-u
2.2. Thème à préfixe It-I et à 1ère voyelle longue 2. ntcfa?-tu ti -ntÉ:f?-u ntÉ:f?-u
3. ntcfa?-u yi-ntÉ:f?-u
Le thème se forme par préfixation de t- au thème à voyelle participe
longue après la 1ère radicale. Leurs conjugaisons sont analo­ masculin féminin p l uriel
gues. Les règles d' assimilation sont les mêmes que pour le miftakar miftakra m iftakrln ( "souvenu" )
thème précédent. Les formes avec voyelle lai sont plus nombreu­
ses qu' au thème sans préfixe. Les voyelles sont les mêmes qu' à la c. suff . du verbe
Le participe spécifique à ce thème n' est que très peu correspondant au thème simple.
représenté. On y supplée par celui de la forme sans préfixe t­ Seul le participe de Iftakarl "se souvenir" a survécu dans
correspondante. Il est de toutes façons d'un emploi rare. le parler de mon informatrice.
De même que pour le thème sans t-, cette forme dérivée La voyelle finale des verbes à 3ème radicale semi-vocali­
comporte surtout des verbes à 2ème radicale 1°1, mais leur c . que est I-al à la c. préf. si le verbe est de sens passif,
suff. est différente. Il y a une diphtongue [ c y l aux lères et sinon cette voyelle est Ii/.
2èmes pers. et une voyelle longue [ t ] aux 3èmes pers. du fém.
sing. et du pl. Le maltais possède un thème dérivé hybride, pour deux
Les verbes à 3ème radicale semi-vocalique ont une c . préf. verbes très vivants . Il est formé par infixation de -t- et
à finale I-a/. allongement de la voyelle de la 1ère radicale. Il s' agit de
Ce thème résiduel est un peu plus représenté dans le Iftf,j°cml "être d' accord", et de Irtf,j°cdl "trembler". Ce dernier
parler que la forme sans préfixe correspondante. verbe a une conjugaison particulière dans le parler de mon
La valeur de réciprocité est encore présente en maltais informatrice. Le timbre de la voyelle thématique est hl
mais elle tend à ne plus être sentie comme inhérente à la for- (d' autres locuteurs ont une conjugaison calquée sur celle de
Iftf,j°cm/, sauf aux 3èmes pers. sing. de la c. suff . ) .

La forme à -t- infixé apparaît elle aussi comme résiduel­


3 Sur cette terminologie, voir M. Cohen ( 1911 ) . le. Elle comprend principalement des verbes à 1ère radicale
32 Morphologie Morphologie 33

4
liquide ( 26 ) . De plus les nombreux doublets qu' elle présente 3.2.2. Thème à préfixe /nt-/
avec la forme à préfixe n- ou nt- ( voir ci-dessous § 3 . 2 . 2. p. 6 simple
à préfixe /nt-/,
33) conduisent à penser que le maltais est en passe d' éliminer Le maltais a développ é un thème
des deux formes
ce thème comme catégorie morphologique distincte. Sur les 46 variante du précéde nt. L' usage a consacr é l ' une
fréquem ment qu' elles
verbes relevés, 35, en majorité de sens purement passif, ont pour certains verbes, mais il arrive
locuteur , mais le plus souvent
aussi une forme à préfixe n- ou nt-. Parmi ces 35 doublets, mon coexi stent, parfois chez le même
s attestées pour
informatrice ne connaît que la forme à préfixe n- ou nt- pour selon les régions. Quand il y a deux variante
mon informat rice utilise en majorité celle à
577. d ' entre eux et elle considère 67. des verbes à infixe -t­ le même verbe,
comme rares et littéraires. Ce thème ne compren d que des verbes à i�i�i �l e
préfixe nt-. , mItIa­
Qu'ils soient ou non en relation avec une forme de base, n , r ) , semi-vo yelle e t quelque s autres a
liquide C L , m ,
italienne :
la valeur de ce thème est essentiellement celle d'un réfléchi le /b/, /0/ ou /?/ ainsi q� ' un verbe d' origine
ou d ' un moyen, ou, moins souvent si l ' on ne considère que les /Uza/ "utiliser ", /ntUza/ - /yintuza/ "être utilisé" .
verbes sans doublets, celle d ' un passif. 5 Les verbes à 1ère radicale semi-voc alique sont, à ma
Aucun terme d' origine étrangère n ' a produit de verbe à ce connaissance, au nombre de trois. Les deux premier s, /ntIrct/ /

C/wlrct/ "hériter " ) et /ntizcn/ "être pesé"


thème. "être hérité"
le /w/ dans tout le paradigm e. Le
C/wlzcn/ "peser" ) ont perdu /
/
"
se montrer " (/wcra / "mon t rer " , anCI ' en
troisièm e, /ntwcra/
3.2. Thèmes à préfixe /n-/ ou /nt-/
verbe à 1ère radicale /?/) a conservé la semi-voy elle.
Les voyelles de ces thèmes sont les mêmes qu' à la forme simple
/ntrcibat/ "être lié"
correspondante et identiques pour les deux conjugaisons. conj. suffixaLe conj. préfixaLe impératif
Le participe est inexistant. ittrabat-t ni-ntrabat
sg. 1.
Les verbes à 3ème radicale semi-vocalique ont toujours une ittrabcit-t ti-ntrcibat
2.
finale /-a/ à la c. préf. yi-ntrcibat
3.m. ittrcibat
3.f. ittrcibt-ct ti-ntrcibat
3.2.1. Thème à préfixe /n-/ : /ndal)al / "s'immiscer" pL 1. ittrabcit-na ni-ntrcibt-u
2. ittrabcit-tu ti-ntrcibt-u ntrcibt-u
conj. suffixaLe conj. préfixaLe impératif 3. ittrcibt-u yi-ntrcibt-u
sg. 1. ndl)al-t n i-ndcil)al
2. ndhal-t ti-ndcil).al Le parler de mon informatrice présente la particularité
3.m. nd�l)al yi -ndcil)al d' assimiler le n au t uniquement à la c. suff. , mais ceci n ' est
3.f. ndcihl-ct ti-ndcil).al pas valable pour l ' ensemble de l ' archipel, ni pour tous les
pL 1. ndh� l-na
.
/
ni-ndcil)l-u locuteurs de maltais "standard" .
2. ndhal-tu ti -ndcil).l-u ndcil).l-u
3. nd�l)l-u yi-ndcil).l-u

6 Cette forme est signalée dans le Nord Constantinois à


4 Ce dénombrement a été effectué d ' après le dictionnaire de Djidjelli et dans le Nord Oranais (Tlemcen, Traras ) . Voir Ph.
Schembri ( 1986 ) qui compte 46 verbes de ce thème. Marçais ( 1977 : 67 ) .
.
5 P eu t-etre
' est-ce une coqUIlle qui fait dire à Borg ( 1988 : 245 )
que ces verbes peuvent être de sens réciproque. Aucun des
verbes recensés dans les dictionnaires n ' a ce sens.
34 Morphologie Morphologie 35

3.2.2.1. Thème à préfixe /n-/ et infixe /-t-/ 3.m. sténbal) yi-sténbah


3.f. sténbl)-ct ti-sténbat
Lorsque l e verbe commence par l ' une des sifflantes /s/ ou /5/, pL. 1. stcnbal)-na ni-sténbl)-u
et, pour un verbe seulement, /h/ ( /nl)t�.iV "être nécessaire" ) , 2. stcnbah-tu ti -sténbh-u sténbl)-u
l' élément /-t-/ d u préfixe vi �nt s e placer après la 1ère 3. sténbl) ":'u yi-sténb�-u
consonne radicale, évitant ainsi l ' assimilation du /t/ du participe
préfixe. Ces verbes se conjuguent sur le modèle du thème à mascuLin féminin pLurieL
préfixe /n-/ (p. 32). misténbal) misténbl)a mistcnbl)In

3.2.2.2. Thème à préfixe /n-/ et 1ère voyeLLe Longue La forme du préfixe dépend de la structure syllabique du
verbe. Elle est stv- ( la voyelle est /a/ devant /1)/ ou /0/, /c/
Les verbes à 2ème radicale /0/, trois à ma connaissance, ont ailleurs) devant un groupe de consonnes : /stal)ba/ "se cacher"
dév� loppé un s?hème spécial avec allongement de la 1ère voyelle et st- devant une consonne suivie d'une voyelle /stkcnn/
radIcale : /ng�od/ "être obligé" ( ce verbe est considéré comme "chercher refuge, s' abriter".
rare par les jeunes locuteurs de "standard" ) , /nd6°cs/ "s' insi­ Tous les verbes de ce thème ( et de sa variante ci-dessous )
nuer", /nd�oc5/ "être surpris" ( rare) . ont un participe.
Les quelques verbes à deux radicales semblables sont de
La valeur de ces thèmes, numériquement bien représentés schème stClvCZCZ.
dans le parler, est principalement celle d ' un passif du thème La c. préf. des verbes à 3ème radicale semi-vocalique est
simple. Il convient d' ajouter qu'ils sont en régression. Un à finale /-a/. Deux verbes ont une f inale /i/ : /stal)a/ -
7 /yistl)i/ "avoir honte" et /sta?sa/ - /yista?si/ "demander" (ou
test portant sur 180 verbes effectué auprès de mon informa­
trice fait apparaître 20% de verbes inconnus et 10% qu' elle /sa?sa/ - /isa?si/ forme "populaire" et très courante ) .
considère comme rares et littéraires. L e radical des verbes à 2ème consonne radicale semi-voca­
De plus, cette forme est concurrencée par une tournure lique est construit sur le thème simple : /str�l)/ "se reposer".
périphrastique calquée sur l ' italien ( /gg/ "venir" + participe Il conserve la même voyelle longue à la c. préf. , abrégée en
passif ) . l ' en ai même relevé un exemple (à Melliena) où l' auxi­ /a/ aux deux conjugaisons aux personnes à syllabe doublement
liaire est suivi d ' un verbe à la c. préf. à valeur passive : fermée ( /stral)t/ "je me suis reposé" ) .

/I)alli tIgi tinstama°/ Le maltais connaît un autre schème avec ce préfixe où la


<pour elle-vient elle-est-entendue> 2ème radicale est géminée : StCIVCZCZVC3. C' est une simple
"pour qu'elle soit entendue". variante du précédent qui n ' a produit que 3 verbes : /stl)ayyd/
"s' imaginer", /stl)arrcg/ "enquêter", et /stkérral)/ "détester" .
Ils font partie des verbes qui ont u n comportement particulier
3.3. Thèmes à préfixe /st-/ au thème simple (2ème radicale semi-vocalique ou liquide)
c' est ainsi que le maltais a remédié aux problèmes qu' ils
/sténbal)/ "se réveiller" posaient.
conj. suffixaLe conj. préfixaLe impératif
sg. 1. stcnbah-t ni-sténbah /stl)arrcg/ "s' informer"
2. stcnba�-t ti-sténbat sténbal) conj. suffixaLe conj. préfixaLe impératif
sg. 1. stl)arrig-t ni -stQ.�rrcg
2. stl)arrig-t ti -stl)arrcg stQ.arrcg
7 3.m. stl)�rrcg yi -stQ.�rrcg
Environ les deux t iers d ' un dépouillement des dictionnaires 3.f. stQ.arrg-ct ti -stl)arrcg
d' Aquilina ( 1987) et Schembri ( 1986 ) . pL. 1. stQ.arrig-na ni -stQ.arrg-u
Morphologie 37
36 Morphologie

le suffixe /-i/. Il Y a
2. stl;tarrig-tu ti-stl;tarrg-u stl;tarrg-u ajout du suffixe /-a/ et le p l . par
3. stl;tarrg-u yi-stl;tarrg-u quel ques exceptions à ces règle s.
Pour tous ces verbes, le réfléch i se forme de mamere
participe
périphrastique au moyen du pronom réfléch
i /rill;t-/ (litt. " �me" )
masculin féminin pluriel . . d'un pronom personnel suffixe . Le syntagme tend a se
mistl;tarrcg mistl;tarrga mistl;tarrgln SUi Vi .
arabe qUl posse' dent une
répandre même pour les verbes d' origine
Ce thème forme une série très limitée et fermée en maltais forme dérivée de sens réflé chi :
et comporte à peine une vingtaine de verbes. Les valeurs de L i [. . .1 ssib rul1na fiha ( Borg 1988 : xi l
désidératif, réfléchi interne et déclaratif ne sont plus que le <que [ , . . 1 elle-trouve âme-ell e dans-el le>
reflet de l a conservation de termes isolés. "Dans laquel le elle se trouve"
en
Le verbe /nsab/ "se trouver" est encore fréquent
ma lta is.
d' un
III. LES VERBES D'ORIGINE ETRANGERE "NON ASSIMILES" Le passif est calqué de l' italien. Il est formé
/g�/ ( l itt. "venir" ) suivi du particip e passif du
auxili aire
) .
Le maltais emprunte beaucoup de verbes, ou en fabrique à partir verbe : /yigi ppumpyitl " i l est pompé " ( voir p. 320-5
de noms d ' origine étrangère, qui ne se coulent plus actuelle­
ment dans le moule des schèmes simples ou dérivés hérités de
l ' arabe. Par contre, en s' adaptant à la langue ils ont fourni
un nombre limité de nouveaux schèmes cités par Aquilina
( 1965: 202-5) et dont je ne rappellerai que le plus productif :
il consiste en un redoublement de la consonne initiale du verbe
emprunté lorsque celui-ci commence par une consonne ou un
groupe consonantique à 2ème élément liquide
/immtrita/ "mériter" < it. meritare
/iccékkya/ "vérifier" < ang. ta check
Du point de vue des paradigmes de la conjugaison, tous les
verbes non adaptés aux schèmes hérités de l ' arabe ont les mêmes
désinences que ceux à 3ème radicale semi-vocalique (voir p.
23-4 ) et l a structure syllabique du radical est invariable. Ils
peuvent être regroupés en deux catégories :
a) c. suff. à finale /-a/, c. préf. à finale /-a/. Il s' agit
des verbes d' origine italienne ou sicilienne à infinitif en
-are ou -ari, de tous les verbes d' origine anglaise et des
verbes formés à partir de noms empruntés. La désinence de la
3ème pers. fém. sing. de la c. suff. est /-atl.
h) c. suff. à finale /-a/, c. préf. à finale /-i/. Ce sont
les verbes d' origine italienne ou sicilienne à finale -ere,
-urre, -orre ou -iri et de quelques-uns à finale -ire. La
désinence de la 3ème pers. fém. sing. de la c. suff. est /-�tI.
Aucun de ces verbes d' origine étrangère n' a de participe
actif. Le participe passif, très fréquent mais pas de formation
automatique, s ' obtient par suffixation de morphèmes empruntés à
l ' italien au schème de la 3ème pers. masc. sing. : /-at/ pour
le groupe (a), /-iltl pour le groupe ( b ) . Le fém. se forme par
DEUXIEME P ARTIE

V ALEURS ET EMPLOIS DES DEUX CONJUGAISONS

I. CONSIDERATIONS GENERALES SUR L' ASPECT,


LE TEMPS ET LE MOD AL

Borg dans sa thèse parue en 1981 a amorcé l ' étude de l ' aspect
pour le maltais. Son analyse, l imitée à quelques verbes de
mouvement et dans laquelle il a aussi intégré les formes nomi­
nales du verbe : participes et noms d ' action, se situe dans l e
cadre de la théorie localiste tel le que l ' a formulée Lyons
(1 977 ) , entre autres.
Le travail entrepris ici a voulu élargir le domaine de
recherche à tous les types de verbes, mais le limiter aux
seules formes intégrées dans le système verbal , ce qui é l imine,
pour l ' aspect verbal , les noms d' action et les participes
passifs que Borg avait inclus dans sa description.
I l convi ent d ' abord d' éclaircir un premier point la
notion même d' aspect verbal. L' hypothèse localiste n ' est qu' une
des théories l inguistiques parmi toutes celles qui se sont
intéressées à la question. Il est inuti le ici de refaire
l ' inventaire des définitions qui en ont été données ( voir
D. Cohen 1989 ) . Il suffira seulement de préciser que la démar­
che entreprise ici se situe dans un autre cadre que celui de
Borg, celui de la réflexion menée par David Cohen, dont il fait
le point dans un l i vre récemment paru, intitulé L'Aspect verbal
(1989 ) .
Les sémitisants, e t particulièrement les arabisants, sont
familiarisés depuis longtemps avec le terme d ' aspect dont les
caractéristiques sont intrinsèques au verbe lui-même dans sa
fonction de prédicat (voir par ex. M. Cohen , 1924: 12 et
D. Cohen, 1989: 42 l . Une des propr iétés du système aspectuel est
de ne pas se rattacher à une référence extérieure , qu' i l
s' agisse du locuteur ou de la situation temporelle. Ce que l e
locuteur dit, i l le dit d u prédicat et non pas d e lui-même. S a
seule intervention est d'ordre stylistique et réside dans l e
choix qu ' i l fait d ' une forme p l utôt que d' une autre. Il
40 Valeurs et emplois des deux conjugaisons Aspects, temps et modal 41

convient d ' ajouter à cette définition le fait que l ' aspect le plan de l a concomitance et fonder ainsi un système aspectif
s ' applique, en principe, à tous les verbes d'une langue donnée. "relatif" et référencié dans lequel A et 8 sont scindés en deux
Cette premlere approche abstraite de l ' aspect doit être "sous-aspects" a et (3 qui représentent respectivement un
précisée quant à son fonctionnement qui repose sur une opposi­ inaccomp l i général ( Aa), un inaccompl i concomitant ( A(3 ) , un
tion formel le et sémantique. Son fondement est ce que D. Cohen accompli général (Ba) et un accompl i concomitant (8(3 ) . Qu' i l
appel l e la "délimitation" , dont l ' expression la plus simple s' agisse de l ' un o u l ' autre terme de l ' opposition aspectuelle,
réside dans l a constatation qu' une relation prédicative a l ieu, donc que l a relation prédicative so it envisagée comme achevée
en dehors de toute considération d ' ordre temporel . Du point de (A) ou non achevée ( B ) , il est possible de considérer le procès
vue formel , s' opposent une forme qui marque la délimitation ( 8 ) sous deux angles différents ; soit défini aspectivement en lui­
et "une "forme d e base" ( A ) . Seul le premier terme de l' opposi­ même ou pour lui-même (a), soit concomitant à un autre événe­
tion ( B ) peut être défini de manière entièrement positive ment ou à l ' acte de l ' énonciation ( (3 ) . On parle alors de
celui où l a limite est envisagée, où la relati on prédicative progressif lorsqu ' i l s ' agit de la réali sation du concomitant
est considérée comme un événement, alors que le second, la ((3) dans l ' inaccompli A et de parfait pour la réalisation du
"forme de base" ( A ) , se caractérise d' abord par le fait concomitant ( (3 ) dans l ' accompl i 8 . "Le progressif (A(3 ) et le
qu' aucune délimitation n' est prise en compte, que la relation parfait (8(3) occupent donc des positions symétriques dans les
prédicative y est posée comme générale, avec pour coroll aire deux aspects" ( D . Cohen 1989 : 96 ) .
que le procès exprimé par le verbe est considéré dans son L a concomitance peut s e définir comme l e lien qui s e noue
déroulement . B peut donc être vu comme le terme marqué de entre le moment de l ' énonciation et celui de l ' événement et non
l ' opposition. Ces deux formes verbales 8 et A correspondent pas celui représenté par un point quelconque sur l' axe du
respectivement, en arabe, et en maltai s, aux c. suff. et préf. , temps. La notion de concomitance n ' est en effet pas à propre­
communément dénommées "accompl i " et " inaccompli". ment parler une notion temporelle les moments de l ' énoncia­
Le verbe, dans un système aspectuel, ne se réfère donc pas tion et de l ' événement peuvent être situés sur des points
au moment de l ' énonciation, ce qui justifie que chaque forme différents de l ' axe temporel tout en étant exprimés par une
verbale puisse être située, par contexte, aussi bien dans le même forme verbale. Il faut auss i se garder d' envisager l a
passé que dans le présent ou le futur. Car ce qui est pris en concomitance comme représentant tout le système aspectif. Elle
compte c' est le degré d' achèvement ou de non achèvement du est plutôt l ' expression forme l le de certaines caractéristiques
procès qui explique toutes les réal isations sémantiques de sémantiques déjà contenues dans A et 8 .
l ' opposition. Symétrie n e signifiant pas identité, l e s valeurs sémanti­
De ce point de vue, i l a paru intéressant d' étudier les ques des formes verbales sont différentes. Pour la "forme de
divers emplois en contexte des formes verbales du maltais pour base" ( A ) , (3 représente l ' inhérence qui est mise en valeur par
voir si le fonctionnement du système repose encore sur de le choix fait d'un moment du déroulement et qui , par consé­
telles bases aspectue l les, s ' i l "transcende tout contexte" ou quent, fait ressortir le déroulement lui-même, alors que pour
bien s ' i l a suivi une évolution particulière. La démarche est l ' aspect "délimité" ( 8 ) , (3 soul igne l ' adhérence c' est-à-dire le
très classique, certes, mais elle a semblé nécessaire pour "moment où est prise en considération cette adhérence avec ses
décider du caractère temporel ou aspectif, voire aspectivo­ effets constatés à ce moment . " ( D . Cohen 1989: 265 ) . S ' i l est
temporel, du système verbal du maltai s . D' autant plus nécessai­ question d' inhérence et d' adhérence, c'est que la mise en
re que les grammaires traditionne l les (voir par ex. Sutcliffe rapport du moment de l ' énonci ation et du moment de l' événement
1936 ou Aquilina 1965 ) le présentent comme simpl ement temporel. impl ique nécessairement celle du sujet avec le procès : i l y a
inhérence du sujet sur le verbe lorsque le contenu verbal est
Si, dans beaucoup de langues sémitiques en part icul ier, considéré comme un procès en déroulement, et adhérence lorsque
l' opposition fondamentale entre un aspect délimité ( 8 ) et un le verbe exprime un événement rapporté.
aspect non dél imité (A) constitue souvent l a totalité du
système, ce n' est l a seule possible. Un système aspectif Le terme de "parfait" mérite quelque éclairci ssement car ,
"absolu" à deux formes A et 8 peut en effet être dédoublé sur comme D . Cohen l e reconnaît lui-même, il est difficile d'en
42 Valeurs et emplois des deux conjugaisons Aspects, temps et modal 43

donner "une définition qui se voudrait à la fois unitaire et tel le analyse passe, bien entendu, par l ' étude des éléments mis
concrète" ( 1989 : 115) à cause des val eur's variées qui se rencon­ en œuvre les formes verbales elles-mêmes, y compris le
trent "simultanément dans les mêmes états de l angue, représen­ participe actif de certains verbes, et aussi les auxil iaires,
tées dans des proportions diverses . " ( ibid. ) . Ces valeurs sont particules verbales ou préverbes .
au nombre de trois , essentiell ement "le statif, qui nomme
purement et simplement l ' état du sujet, le résultatif qui Durée et aspect ont été fréquemment aSSOCles. Ainsi
rapporte cet état à l ' accompli ssement du procès nommé par le Meil let ( 1982 ( 1920 ) : 183 ) affirme que "la catégorie de l' "as­
verbe et l ' inci dent qui nomme un événement accompl i , rapporté à pect" [, . . 1 embrasse tout ce qui est relatif à la durée et au
la situation prise comme référence . " ( ib id. 1 1 4 ) . C' est dans degré d ' achèvement des procès indiqués par les verbes . "
cette dernière valeur, la plus abstraite, qu' i l faut voir le D. Cohen ( 1989: 17-8) cite encore Barbelenet , S axmatov, Vendryes
fondement même du parfait dont D. Cohen ( ibid. 117) généralise ( 1923: 117) qui s ' est fait plus l apidaire que Mei l let "On
ainsi l a définition "Résultat if ou plus généralement inci­ appelle du nom d' aspect la catégorie de la durée. " Et, plus
dent, le parfait est la forme aspect ive par laquelle sont mar­ près de nous, une partie de l ' école générativiste ou les élèves
quées dans une situation de référence, les traces ( qui peuvent de Guillaume . On a aussi parlé d ' une opposition duratif - non
constituer simpl ement une persistance psycho[ ogique de [ ' événe­ duratif en grec ancien ( Lyons 1970: 240- 1 ) ou en anglais pour le
ment ) d ' un procès accompl i . " Ajoutons que le résultat d ' un progressif et le non progressif ( Lyons 1970: 241 ) . 2 D. Cohen met
procès n' est pas nécessairement de même nature sémantique que en garde contre cette équation abusive : "Pour l ' aspect, ce
le procès lui -même. n' est pas la durée qui est pertinente mais le déroulement. ,,3
Pour lui , "les concepts de durée, de procès et de dérou[ ement
Ce croisement de l ' opposition aspect ive fondamentale ne doivent pas être confondus. Le procès en tant que tel est
accompli / inaccomp li par une autre opposition concomitant / constitué par la succession de ses phases identiques ou
non concomitant n' est pas la seule évolution qui puisse se différentes, le déroulement nomme la succession el le-même et l e
produire au sein du système aspectif. Accompl i et inaccompli temps, mesuré dans la durée, est, pour notre conception, la
! condition nécessaire au déploiement de n' importe quel phénomène
peuvent aussi se scinder sur le plan temporel sans qu' une
scission exclue l ' autre. La temporalité assumée par le système dynamique" (O. Cohen 1989:73 ) . La durée conçue comme " l e laps
verbal peut s ' exprimer dans le "temps situé" qui se définit par de temps plus ou moins étendu au cours duquel s ' est manifesté
rapport à un repère chronologique sur l ' axe du temps, repère le phénomène nommé par le verbe [, . . 1 ne peut nullement consti­
par rapport auquel les événements se situent il répartit tuer un discriminant aspectif" ( ib id. 73 ) . Par contre, D. Cohen
l ' axe du temps en deux parties, avant et après lui . Ce repère ( 1984) a montré pour l ' hébreu et certains états de l ' araméen
est le présent qui "apparaît comme le moment où le passé se que cette notion temporelle de durée, qui n' est pas liée au
transforme en futur, c' est ce qui n' est plus le passé et ce qui temps situé puisqu' e l le n ' instaure pas de repère chronologique,
n' est pas encore le futur. Moment idéal , puisqu ' au moment même pouvait entraîner une division, rare dans les langues, au sein
où on le formule, ce moment n' est déjà plus. C ' est pourquoi la du système aspectif. Elle aboutit en hébreu , par exemple, à
visée temporelle est ICI obl igatoirement extensive et que le l ' intégration de formes verbales exprimant un accompli et un
"présent" contient un segment de passé affirmé et de futur inaccomp l i duratifs, signifiant "passer du temps à faire ou
4
prédit. Le présent est donc le non-passé et le non-futur et faire plusieurs fOis", opposés à un accompli et un inaccompli,
peut se définir comme tel . " (O. Cohen 1989: 8 I l
I l conviendra donc de voir s ' i l y a eu en maltais d e tels
développements aussi b i en sur le plan de la concomitance que .
2 A l ' exceptlOn de Meil let, les auteurs et citations qui vien-
sur celui de la temporalité et quelles en sont les limites. Une
nent d ' être mentionnés sont cités d' après D. Cohen ( 1989 : 72 ) .
3
Séminaire EPHE du 9 décembre 1983 .
! 4
C' est le cas des langues slaves notamment. Séminaire EPHE du 3 février 1 984.
44 Valeurs et emplois des deux conjugaisons

neutres de ce point de vue . Nous verrons que le maltai s a


développé une périphrase verbale spécifique pour le duratif .

M. Cohen ( 1924 : 265) faisait remarquer que "à côté des


grandes divisions du temps ( passé, présent, futur ) et des temps I I . VALEURS ET EMPLOIS DE LA CONJUGAISON SUFFIXALE
relatifs ( passé antérieur, futur antérieur ) , des distinctions
plus fines et accompagnées de notions accessoires peuvent soit
situer l ' action dans une tranche minimum de temps, soit définir Remarques préliminaires
un mode d' accompl issement qui implique une relation avec la
durée . " Il s ' agit dans le premier cas de l ' imminence, dans le Dans l ' introduction qui précède ce chapitre, il a été rappel é
second de l ' inchoatif, du terminatif et de la tranche centrale que la valeur d e l a c. suff. en arabe classique et dialectal
d'un procès. Les auxiliaires et particules verbales uti lisés à était celle d ' un accompl i , d ' un "délimitatif" qui "apparaît en
cette fin par le maltais seront aussi étudiés dans ce travail . généra l sous ces trois réali sations fondamentales : l ' avènement
de la relation prédicative est constaté soit dans le fait que
Enfin, pour qu' une descri ption d ' un système verbal soit constitue cette relation délimitée ( "i l vécut à telle époque" ) ,
complète, il faut y ajouter les valeurs modales pour lesquelles soit dans son résultat ( " il est mort, i l a grandi " ) , soit dans
5
o . Cohen distingue deux plans différents : le fait même qu' el l e se soit instaurée (marida "il est tombé
- Un emp loi "dépendentiel" marqué par la relation syntaxi­ malade" ) " ( O . Cohen 1989: 63 ) . Ces valeurs que i ' on peut nommer
que à l ' intérieur d ' un énoncé il peut s ' agir soit de la "aoriste" ou "narratif" d ' un côté et "parfait" de l ' autre, ne
présence d ' une conjonction ou bien du fait qu' un verbe en suit sont pas intrinsèques à l a forme verbale, mais l iées à l ' ins­
un autre. Elle n' apporte pas de sens supplémentaire. "On parle tance de l ' énonciation ( discours ou récit ) . Ce qui caractérise,
[ . . . 1 de mode l orsque la l angue marque des relations de hiérar­ en outre, cet aspect, c ' est sa neutralité vis-à-vis de la
chie interne à l ' énoncé" (O. Cohen 1989 : 42 ) . situation temporelle, la possibilité qu ' i l y a de l ' employer
- U n emploi qui implique l ' attitude e t l ' engagement du aussi bien en contexte de passé, de présent, que de futur.
locuteur à l ' égard de la prédication dont il rend compte L' étude qui va suivre se propose de montrer quel s sont les
jussif, optatif, volitif, dubitat if, implicatif, conditionnel , emplois et les valeurs en maltais de cette conjugaison dans
etc . "les modes [ , . . 1 relèvent du rapport d u locuteur à l ' énon­ chacune des instances de l ' énonc iation, dans chacun des contex­
cé [ . . . 1 ce rapport concerne l ' attitude du locuteur" ( O . Cohen tes temporels, ainsi que ses emplois modaux.
1989 : 53 ) .
C e dernier point m e semble rejoindre, e n partie, l a
1. L'aoriste
théorie développée par Cul ioli e t ses élèves q u i distinguent,
entre autres, des modalités "épistémiques" exprimant di vers
Une des valeurs que peut revêtir l ' accompli est celle d ' un
degrés de probabilité ou d' incertitude et des modalités "déon­
aoriste qui marque une "relation advenue et disparue" ( O . Cohen
tiques" comme l ' ordre, la permission, le souhait, la volonté,
1989:85 ) . Elle n' est donc pas incidente à la situation d ' énon­
la possibilité, la capacité, etc.
ciation. Par conséquent il n' est pas surprenant de la rencon­
trer dans un contexte de passé, tel que celui du récit : "le
récit constitué par lui -même, en dehors de toute spécification,
explicite un contexte de passé. " ( D . Cohen 1989: 85 ) . Or, c' est
justement à l ' accompli que "dans le récit, le passé se réalise
[. . . 1 comme un aoriste nommant l ' événement révolu, un narra­
tif". ( ib id. 85 ) . Toutefois, il faut bien voir que la c. suff.
dans ce cas n ' en reste pas moins fondamentalement un accompl i
5 . puisqu'el l e n e peut présenter l a relation prédicative que comme
VOIr par exemple séminaire EPHE 22. 04. 1983.
46 Valeurs et emplois des deux conjugaisons La conjugaison suffixale 47

un événement dont on n' envi sage pas le déroulement, par opposi­ aut res qui sont à la c. suff. Le premier verbe contraste avec
tion à la c. préf . qui sera étudiée dans le chap. suivant. les autres comme la narration d ' un procès en déroulement par
opposition à des événements rapportés. On reviendra sur cette
1 . Igal;an n É zao l-l l bsa taO b mm-u l l bbcs l-iskuppa f b rma taO valeur de la c. préf . dans le chapitre suivant .
ma ra b-I-o:::mn é lla f t p-ca Qa s-scrdU ? d Ü ck it-t arag k8 l l -u
sap Un b-I- l lma u t é l a? yi gri lcyn id-d â rl ( II , 29-33) 4. lal l Ura bi-I-I éyl b a?aO m? ayycml
<Cahan il-enleva la-robe de mère-lui il-habi lla le-balai <alors avec-la-nuit i l-resta éveillé>
forme de femme avec-Ia-ghonnella sur-elle i l-prit le-coq il­ "Alors la nuit i l resta éveillé"
enduisit l ' escalier tout-lui savon avec-l ' eau et il-partit 5. lu dïn it-d fla al l a ib 6rck g�t i l ?udd6m u f 6 ?ctl
il-court vers la-maison> <et cel le-ci la-fille Dieu i l -bénit elle-vint vers devant et
"Cahan se dévêtit de la robe de sa mère, habil la le balai en el le-guérit>
1
forme de femme en lui mettant la ghonnel la dessus, prit le "Et cette fille, Dieu soit loué, elle se rétablit et guérit"
coq, enduisit toutes les marches avec du savon et de l ' eau et 6. L-ewwel darba li Karl u Manju danal fil -kn isja b i l -kelb
partit en courant vers chez lui" miegnu qajjem skandl u mar-ranal kol l u (Friggieri 1986 : 4 1 )
2. Igcw i �-sy âtc� ? abdu id-dyâ r t a Q-Q:::> m bi-l-gs bd b-k8 l bs <la-première fois que Charles Magne entra dans- l ' église avec­
,
? abdu blata kbïra minn cmmckk u schtU -Oa °al-I-bahar . bi -o :::> m le-chien avec-lui il-s' é leva scandale avec-le-vil l age tout­
b-kb lbs u ffurm t i l -gzlra taO f i lflal ( IV, 27-30)
â lui>
<il s-vinrent les-diables il s-prirent les-maisons de-eux avec­ "La première fois que Charles Magne entra dans l' église en
la-pierre avec-tout ils-prirent rocher (f. ) grande de là­ compagnie de son chien, un scandale s ' é leva dans tout l e
ainsi et ils-lancèrent-elle pour-la-mer avec-eux avec-tout et village"
ell e-se-forma l ' île de Filfla> 7. lil-gar a ss Qa 5 8 °:::> 1 immcns [ , . . 1 brasn 6 -Q k b l l-u nCQQayn 6 -
"Les diables vinrent, ils prirent leurs maisons avec les l-u s-sad l d tayn 6-l; I-Anddrc 6tl
pierres, avec tout, ils prirent un grand rocher de là et ils <le-garage i l-prit travail immense [ . . . 1 nous-brossâmes-Iui
le lancèrent à la mer avec eux, avec tout, et l ' île de Filfla tout-lui nous-enlevâmes-à-Iui la-roui l le nous-donnâmes-lui l '
se forma"
, , , 2 ' , ,
"undercoat">
3. Ik:::> nna y�na u :::>Q ra ta nigbdu sa f-l-aQQar ?tayn�-Q fi-l- "Le garage a pris un travail immense [ . . . 1 nous l ' avons tout
ayru b:::> m f-I- â rt u wa?aO tgs rbcbl brossé, nous lui avons enlevé la rouil le, nous lui avons
<nous-étions moi et autre ( f . ) tiens nous-berçons jusqu' à donné une sous-couche"
dans-le-dernier nous-coupâmes-Iui dans-l' air boum dans-Ia-
terre et il-tomba i l-roula>
2. L'antériorité dans le passé
"Nous étions moi et une autre , tiens, nous bercions et sou­
dain il nous a échappé en l ' air, boum ! sur le sol, et il est
M. Cohen (1 924 ) , qui étudiait les valeurs des aspects en
tombé, i l a roulé"
contexte temporel dans une perspective contrastive et évoluti­
ve, faisait remarquer que l ' expression du "plus-que-parfait",
Dans l ' exemple ci-dessus, il faut remarquer l ' opposition
c' est-à-dire d' un passé de 2ème degré, pouvait être assumée par
formelle entre le verbe "bercer" qui est à la c. préf. et les
la c. suff. : "la notion exprimée par le verbe peut être située
dans un moment antérieur à un moment situé dans le passé ; ce
temps relatif est un passé de deuxième degré. " ( ib id. 161 ). En
1 maltai s, comme dans d ' autres dialectes arabes, l a c. suff.
Longue robe à capuche, ancien costume traditionnel des femmes.
2 Ital est un geste vocal qui ponctue phrases ou membres de
phrases. I l est très fréquemment employé et est l' équivalent du
français "ti ens" ou "hein".
48 Valeurs et emplois des deux conjugaisons La conjugaison suffixale 49

seule peut suffire à marquer l ' antér iorité d ' un procès ou d ' un morphologique particulière pour l ' expression du parfait,
, 3
état par rapport à un autre en contexte de passe. c' est-à-dire d ' un accomp li dont on envi sage l e résultat ou
l ' incidence par rapport à l ' acte d ' énonciation ou à un autre
1. /Oas k 6 nu ?st-ifittsa -Oa dawn i l -pir &ti Cas r & w-oa fi-I-wfud/ événement. La c. suff. , accompagnée ou non d ' un actualiseur, en
. 4
<car i ls-étaient en-train-ils -cherchent-elle ceux-ci l es- permet l ' expresslOn.
pirates car ils-virent-e lle dans-Ia-val lée>
"Parce qu ' il s étaient en train de la chercher ces pirates,
3 . 1 . L' une des réalisations contextuelles de l ' accompl i à
parce qu' ils l ' avaient vue dans la val lée" /
valeur de parfait est liée au fait que "dans le di scours
2. /d&na mar bi8s it I -oa d a ??a t-I d cas ssyl).it-I-u/
l ' accompli est un événement vu comme achevé, mais présent par
<celui-ci i l-al la pour il-donne-elle coup de-main car el le­
ses imp lications sur la situation au moment de l ' énonciation. "
appel a-à-lui>
(D. Cohen 1989: 93 ) . Dans son étude sur le système verbal du
"Celui-ci est allé lui donner un coup de main parce qu' e l le
français , Benveniste ( 1966: 244 ) notait que "le repère temporel
l ' avait appelé" /
du parfait est le moment du discours [, . . 1. Comme le présent ,
3. /k 6 nst t a Omd [ sIn ] ikan il-w3.?t u il-[:)rn s al).an s É wwa u
le parfait appartient au système linguistique du discours". La
il-h8 bz ° 8 1a ksmm k É l lu i 0 8 1a/ ( I , 148-50)
valeur de parfa it résuL tatif o u inc ident au présent peut donc
<el i e-était elle-met quand il-est l e-temps et le-four il­
se déduire du simple fait que l ' énoncé est situé dans l ' instan­
chauffa juste et le-pain il-leva combien il -avait il-lève>
ce du discours. Il ne faut cependant pas oubl ier que le résul­
"El l e mettait ( le pain) quand il fallait et que l e four avait
tat n ' est pas nécessairement de même sens que l e procès ( ou
bien chauffé et que l e pai r; avai t l evé comme il devait l ever"
/ , l ' état) nommé par l e verbe :
4. /ma-k6 n-s yar yskk la?t-iJ-s sswwa ysw le lil-l-?attiJs/
<ne-il-était-pas i l-sait si i l -atteignit-lui-quoi juste ou
1. /dak ir-rcscrvw&r yi8n nift ak ar mcta bncw-Q./
non à-le-chat>
<celui-là l e-réservoir moi je-me-souviens quand ils-cons­
"Il ne savait pas s ' i l l ' avait bien atteint ou non le chat"
truisirent-Iui>
5. /ma-kina -s y l fOmu kIf gi8t/ ( IV, 5-6)
"Ce réservoir, moi, je me souviens quand on l ' a construit"
<ne-ils-étaient-pas i ls-comprennent comment elle-vint>
(ce réservoir dont on est en train de parler existe encor e )
"Ils ne comprenaient pas comment elle était venue"
2. /yckk i nti sr a?t- o:::> m ° I d l lli sr a?t-o:::>m/
6. Kien jixraq L u kuLma gnamLet m iegnu ( O . Calleja 1972 : 6 1 )
<si toi tu-volas-eux dis que tu-volas-eux>
<il-était il-mérite-à-lui tout-que elle-fit avec-lui>
"Si c' est toi qui les as volés dis que tu les as volés"
"Il méritait tout ce qu' elle lui avait fait"
3. /tinsI -s li yi8n twd l dt l).ad-d l ngli/
7. /la d arba l-l).:::>b z ?att ayt-u imb a o ad mOiJs 58 °:::> 1 t 6 °-i/ ( 1 , 146)
<tu-oublies-pas que moi je-naquis Had-Dingl i>
<puisque fois le-pain je-coupai-Iui ensuite ne-Iui-pas tra­
"N' oublie pas que je suis né à Had-Dingli" ( et cela a son
vail de-moi>
importance pour ce dont / on par l e )
"Puisqu ' une fois que j' avais coupé le pain, ensuite ce 5
4. /[d &n ] affariyy6 t l i rayt-o:::>m u sm ayt-o:::>m rayt-o :::>m b-OaynÉ y
n' était plus mon travai l "
-ya u smayt-o :::>m b-widnÉ y-ya/

3. Le parfait

Le maltais n ' a pas développé, dans son système verbal , comme le 4 Sur son expression facultative au moyen d ' un auxiliaire, dans
grec par ex. , ou certains dialectes arabes, de catégorie le récit, voir p. 108-1 l .
5
Cette informatrice, originaire de Kerèem à Gozo, a une
variante sans semi -consonne pour les démonstratifs pl. Ils se
confondent alors avec ceux du masc. sg.
3 Sur l ' utilisation de l ' auxiliaire /ki8n/, voir p. 225 sq.
50 Valeurs et emplois des deux conjugaisons La conjugaison suffixale 51

i
<celui-ci affaires que je-vis-eux et j ' entendis-eux je-vis­ 3. lillam marsalf8rn sar ?Is-u turist plc sl
eux avec-yeux -moi et j' entendis-eux avec-oreilles-moi > <aujourd' hui Marsalforn il-devint comme-lui "tourist place">
" C e sont des choses que j' ai vues et entendues, j e l e s a i "Aujourd ' hui Marsalforn est devenu un l ieu touristique"
vues d e mes yeux e t entendues de mes oreil les" (et l' inci­ 4 . ILlum din id-drawwa nqatgnet u l-uzu tal -bankijiet qata'
dence en est que ce que je viens de raconter est vrai ) wkol l id-drawwa taz-zewg siggijiet ( Casha 1 974 : 4 1 )
5. lu ?ala-I-u ?badn�-k taOti-Oa fastIdyu il dïn it-tfaylal <aujourd'hui celle-ci la-coutume elle-se-coupa e t l' usage de­
<et i ls-dirent-à-Iui nous-prîmes-toi tu-donnes-elle ennui à les-bancs il-coupa aussi la-coutume de-les-deux chaises>
celle-ci la-jeune-fille> "Aujourd ' hui cette coutume a cessé et l ' usage des bancs a
"Et ils lui dirent : Nous venons de te surprendre à faire des aussi mis fin à la coutume des deux chaises"
ennuis à cette jeune fille" (= on te prend en flagrant délit )
6. Qomt ! Qomt u gnandi l -gun. ( O . Calleja 1972: 144)
3.4. Il a été spécifié à plusieurs reprises que l ' accompli
<je-me-réveillai ! je-me-réveillai et chez-moi la-faim>
concomitant qu' est le parfait peut aussi se situer par rapport
"Je me suis réveillé ! Je me suis réveillé et j ' ai faim. "
à un autre événement pris comme référence.
L' ex. c i-dessous provient d ' un récit sur l ' ancienne tech­
3.2. La présence d ' un marqueur temporel de passé ( adverbe de nique de la moisson. La locutrice y fait mention d'un film car
temps par ex. ) ne change r ien à la valeur de parfait incident à certaines de ses images sont en relat ion avec l a partie du
l ' acte d ' énonciation. Dans l ' exemple ci-dessous deux locuteurs récit qui concerne l ' usage d ' une faucille. La vision du film
discutent d ' un problème de canalisations qui rouil lent et se est donc considérée dans son incidence à un événement situé
mettent à fuir. Le coup de téléphone mentionné est en rapport dans l ' instance du récit. Il y a là une persi stance psycholo­
avec le sujet de la discussion il y a donc persistance gique d ' un événement qui s ' exerce dans la mémoire de l a
psychologique du procès dans le présent du locuteur, soulignée narratrice :
de surcroît par l ' appel en direction de l ' inter locuteur par un , " , 6
verbe marqué morphologiquement comme concomitant à l ' acte 1. Ikin-ibW:)m � ingd u l-b�rai) rayt film [ ' . . l u kin-cmm
d' énonciation : I?ct-Üral l itt. "tu es en trai n de voir" : mara ta?taO l-i)atab kéWa mingd scw b1)al taO-na prccÎzI
<il-était-ils-ont faucille et le-hier je-vis film [... l et
1. I?ct-t�ra i l-b�rai) raz ccmplit-Ü-nal il-était-Ià femme elle-coupe les-fagots el le-avait fauci lle
<en-train-tu-vois le-hier Rose el le-téléphona-à-nous> juste comme de-nous précis>
"Justement, hier Rose nous a tél éphoné" "Ils avaient une faucille. Et hier j' ai vu un film [ ' . . l et
il y avait une femme qui coupait des fagots. Elle avait une
faucille exactement comme l a nôtre "
3.3. L' incidence ( ou le résultat ) dans le présent du locuteur
du procès ou de l ' état accomplis peut être explicitée par un
marqueur temporel tel lissai "maintenant" ou lillaml "aujour­ 3.5. M . Cohen ( 1924 : 2 1 1 ) affirmait que " l e parfait [la c .
d ' hui" : suff. l sémitique occidental peut être e loyé avec un sens
n:jP
présent pour un nombre l imi té de verbes dans chaque langue
1 . - Iminn fcyn yigi dak 71 [ ' . . l soit parce que le simple énoncé de l ' action présente
<de où il-vient celui-là> équivaut à son accompli ssement, soit parce que l ' action n' est
- li)alIb li i)l ibna issal énoncée qu' au moment même où elle est déjà accomplie . " Ces
<lait que nous-avons-trait maintenant>
-" D ' où ça vient 7"
- "Du lait que nous venons de traire"
2. Iméla ckk issa i)allast-ni/ 6 Sur Ikin-émml voir p. 400-2.
<alors ainsi maintenant tu-payas-moi> 7
C' est moi qui souligne.
"Et bien comme ça maintenant tu m'as payé !"
52 Valeurs et emplois des deux conjugaisons La conjugaison suffixale 53

verbes ne peuvent d ' ai lleurs être rendus que par des présents "Il a été très malade et il a fai l l i mourir, mais maintenant
en français, par exemple. C' est ce type de fonctionnement dans il est guéri " (comparer avec l ' ex. 5 p. 47, où /fQ?/ a valeur
le discours que D. Cohen ( 1989: 179) met en rel ief sous le terme d' aori ste ) .
de "parfait présent" ( repris de M. Cohen) pour l ' ougar itique :
i l nomme "le procès qui se réal ise par le fait même qu' on
b) Parmi les verbes de sensation, l a C. suff. des verbes
l ' exprime" ( les ex. fournis sont des verbes déclaratifs ) ; une exprimant l ' assouvissement de la faim est employée avec une
7
autre valeur est celle de "statif qual itatif pour les verbes valeur de parfait statif par tous les locuteurs, toutes généra­
médio-passifs" ( ibid. 183 ) , une des réali sations possibles de
tions et origines géographiques confondues
l ' accompli concomitant, rappelons-le . Ces valeurs sont en géné­
ral l imitées à certaines catégories sémantiques que M. Cohen a
1. - /trld lktar/ - /lt sbayU ( 0 )
définies ( en tenant l a l iste ouverte, le classement s ' avérant <tu-veux plus - non je-me-rassasiai>
difficil e ) . De même , D. Cohen 0984: 313) a attiré l ' attention "Tu en veux encore ?" - "Non , je suis rassasiée" ou bien
sur le comportement particulier , en hébreu biblique, de cer­
2. - /lt mtlcyU ( 0 )
tains verbes "déponents internes" , "qui , plutôt que des états, <non je-me-remplis>
nomment des procès en relation int ime avec le sujet : mouvement "Non, je suis rassasiée" (c' est-à-dire que je me suis rem­
et attitudes corporelles, sentiments, sensations, opérations
plie, donc j' ai entièrement satisfait à ma faim, donc je suis
intellectuelles, etc . " Pour ces verbes la "c. suff. désign [ e l
rassasiée)
u n procès accompli résultant e n u n état", et "a valeur de
présent" ( ibid. 314). En maltais, seulement une partie de ces
Le verbe /sf:.bao / a aussi l e sens de "en avoir assez". Dans
verbes présentent encore un tel fonctionnement. Cependant, on
le discours il garde toujours cette valeur de parfait présent
ne saurait trop y insister , la valeur d ' accomplissement demeu­
re, ce qui différencie la forme à marques suffixées de la
3. Xbajt miU -priedki tiegnek bnaL ma darba kont xbajt b' taL­
C. préf . , elle aussi interprétable comme un présent en contexte
papà ( Ebejer 1985 : 2 1 )
de discours. <j ' en-eu-assez de-les-sermons de-toi comme que fois j' étais
j' en-eu-assez avec de-le-papa>
a) Parmi les verbes "déponents internes" , ou encore "médio­ "J ' en ai assez de tes sermons, comme un jour j'en ai eu assez
passifs", ni les verbes exprimant un sentiment, des énoncia­ de ceux de papa"
tions solennelles, ni ceux appartenant à la catégorie des
évaluations (classes données par M. Cohen) ne s ' utilisent cl Les verbes de sens "rester" et "finir" connaissent eux aussi
ainsi. Toutefois, quel ques verbes "médio-pass ifs " , dans un cette valeur de parfait présent ou statif à la C. suff.
8
contexte approprié, peuvent avoir une valeur de parfait présent /ba?ao/ et /fadal/ "rester", /spicca/ "fini r " , les deux pre­
ou statif qualitatif : ainsi /sar/ "devenir cuire" et /fï;P/ miers seulement lorsqu' ils sont employés de manière imperson­
"guérir" : nelle à la 3ème pers. du masc. sg. La référence au présent peut
être ou non expl icitée par un marqueur temporel dans l ' énoncé :
1. /f:.yya m6rru sar il-l)In/
<viens allons il -devint le-temps>
"Allons-y, il est temps ! "
2. /yal)seb li siret i l-faz5Ia/ 8
<il-pense que el le-cuisit le-haricot (coll . f . » M. Cohen ( 1924 : 1 24 ) signale qu'en Egypte la C . suff. de ce
"Il pense que les haricots sont cuits" verbe "peut servir de verbe d ' existence et de copule du pré­
3. /kQn marld l)afna u kwhi mQt I mma Issa fQ?/ ( 0 ) sent. " Il recense des faits analogues en Syrie, dans la région
<il-était malade beaucoup et presque i l-mourut mais mainte­ du Tchad et à Constantine.
nant il-a-guéri>
pt

54 Valeurs et emplois des deux conjugaisons La conjugaison suffixale 55

1. Ifi-l-f<3.tt ba?aO-I-na l)afna dyar bi-l-madUml suff. avec un sens de parfait présent. Il se rencontre ainsi
<dans-le-fait i l-resta-à-nous beaucoup maisons avec-le-marbre> encore sporadiquement en maltais et je l ' ai relevé, par ex. ,
"En fait il nous reste beaucoup de maisons en marbre" dans le roman de l ' écrivain Friggieri ( 1 986) ou chez de jeunes
2. lawnékk ma-ba?aO l)attl locuteurs de Nadur à Gozo et de Melliena à Malte : /foimtl ( "tu
<ici -ainsi ne-il-resta personne> as compris") = "tu comprends 7 " . La forme est désormais large­
"Ici il ne reste personne" ment concurrencée par la forme composée de l ' inaccompli conco­
3. 1° as il lUm ?;t:m ma-ba?aO-sl mitant /?ct-tlfocml "tu es en train de comprendre 7"
<parce-que aujourd' hui coton ne-i l-resta-pas>
"Parce qu' aujourd ' hui du coton il n ' en reste plus" 4. Le parfait en composition avec deux adverbes
4. Ikémmi l mitl)na fadai °awdcsl
<combien moulin (f. ) i l-resta Gozo> Quand on veut mettre en relief la valeur de parfait, avec
"Combien reste-t-il de moul ins à Gozo 7" référence temporelle de passé proche, il est possible de faire
5. Isc:)tland l fbsa (f . ) cal mAmmi biss fadal-l-i s nlstri l ssal appel à une construction syntaxique composée de deux adverbes,
<Ecosse robe pour maman seulement il-resta-à-moi quoi j' achè­ lO
qu i ne sont pas des adverbes temporels, /Oad-I "encore" + pro­
te maintenant> nom suffixe, suivi de Ikcmml "combien" ou IkIfl "comment" qui
"En Ecosse il ne me reste qu' une robe à acheter pour maman, précèdent immédiatement le verbe à la c. suff. L ' utilisation de
maintenant" l' adverbe 10ad-1 "encore" est révélatrice de la valeur résulta­
6. IkIf in-QI s-sisttma taO llum ma-fadal-s pr:)bltmi taO l-Üma/ tive et incidente qui persiste dans ce parfait : par son sens
<comme que-el l e le-système ( f . ) de aujourd' hui ne-il-resta- même cet adverbe marque que le processus énoncé par le verbe a
pas problèmes de l ' eau> une impl ication dans la situation prise comme référence.
"Comme le système d ' aujourd' hui est conçu, il ne reste pas de Cette construction tend à se répandre, mais n ' a encore
problèmes d' eau" rien d' obl igatoire ( voir l ' ex. 5 § 3 . 1 . p. 50 ) . On est donc à
7. Itlob biL -qawwa gnal l -bqija l i gnad fadal (Es. 37/4) un stade expressif rel evant de la stratégie du locuteur et non
<prie avec-la-force pour-le-reste que encore i l-resta> d ' une utilisation syntaxique systématique.
"Fais monter vers lui une prière en faveur du reste qui Lorsque la construction n' est précédée d' aucun aux i liaire
subsiste" ( TOB ) tempore l , le parfait est référencié à l' acte d' énonc iation,
8. lit i11Um dawk spiccawl explicitant de surcroît un passé proche :
<non aujourd ' hui ceux-là ils-terminèrent>
"Non aujourd' hui ceux-là sont terminés" 1. linsibU-l) o�d-u kcmm téla?1
9. - lissa di-s-sitwaccy5ni o �d-oa tczlstil <nous-trouvons-lui encore-lui combien il-partit>
<maintenant cette-la-situation encore-elle elle-existe> "Nous le trouvons qui vient juste de partir" ( donc il est
- /lt fi-l-prczént spicc�tI absent. Remarquer le verbe de la principale "trouver" )
<non dans-le-présent el le-termina> 2 . 10�d-ni kIf scmméyt-c k bl)al1ssa sandra/
- "Alors cette situation elle existe encore 7" <encore-moi comment je-ment ionnai-toi comme-maintenant Sandra>
- "Non, à présent elle est terminée" . "Je viens de parler de toi à l ' instant Sandra"
3. Iscmméyt-Oa f dan l-al)l)ar rumanc li °â.d-ni kcmm spiccaytl
d) I l convient de signal er, pour finir, le verbe /féocml <je-mentionnai -elle dans celui-ci le-dernier roman que encore
"comprendre", régulièrement employé en arabe dialectal9 à la c.

10
Cet adverbe est à rattacher à la racine arabe "WD dont il ne
9 Par exemple dans l e dialecte tunisien d ' un village proche de subsiste plus en maltais que quelques formes dans le paradigme
Sfax ( Simeone-Senelle 1985-86: 72) . du verbe irrégulier I?all "dire" .
56 Valeurs et emplois des deux conjugaisons La conjugaison suffixale 57

-moi combien je-terminai> 10. [k�net 3Qda I)aslet lart l ( Stumme 1904 : 49, 1. 32)
"Je l ' ai mentionnée dans ce dernier roman que je viens de
<el le-était encore-elle elle-lava le-sol>
terminer" ( Remarquer la différence avec les ex 8 et 9, p. 54,
"Elle venait de laver le sol"
où /spicca/ avait valeur de parfait statif) 2
1 1 1 . /k6nu yaOmlu t-tfbcn imsarrab n}? i l -béyt li ikŒn1 °id-u
4 . /k1 itti-1) f -i déyn studént l i ° ;id-u h:mm béda ibabas in-n:)ti
kIf gQ mball at/
taO-l -py;inu sc-idéyy?-ck/
<ils-étaient i ls-mettent la-paille (m. ) mouillé sur la-ter­
<si tu-donnes-lui dans-mains étudiant qui encore-lui combien
rasse ( m . ) que i l-est encore-lui comment i l-vint battu>
il-commença i l-bégaie les-notes de-le-piano FUT-il-fatigue­
"Ils mettaient la paille mouillée sur la terrasse qui venait
toi>
d' être battue"
"Si tu le mets entre les mains d ' un étudiant qui vient de
commencer à pianoter , il t' ennuiera"
5. HaL l i naraw dan li gnadna kemm gnidna dwar is-sentenzi 5. Le contexte de futur
Lokattivi ( Borg 1988: 317 )
<pour nous-voyons celui-ci que encore-nous combien nous-dîmes Remarques préliminaires
autour la-phrase locative>
"Pour que nous voyions ce que nous venons de dire à propos de L' emploi de la c. suff. en contexte de futur est bien connu du
1
la phrase locative" sémitique et de l ' arabe en particulier, ce que D. COhen, 3 pour
6. IL -VaLetta PubL ishing gnadha kif narget gna LL -bejgn i L ­ qui "cet emploi de "futur antérieur" ou plus exactement
"Binder" ghaL L -ewweL voLum (publ icité) d' accompli futur [ . . . 1 est un emploi proprement aspectif"
<le-La-Valette Edition encore-elle comment elle-sortit pour­ ( 1984 : 339 ) , exprime ainsi ( ibid. 351 ) "l' accompl i peut aussi
la-vente le-"Binder" pour-le-premier volume> se référer à une période du temps postérieure à l ' acte d' énon­
"Les Editions La Valette viennent de sortir pour la vente la ciation. Le procès envisagé b ien que non encore réal isé au
reliure pour le premier volume" moment où on parle est alors considéré dans son achèvement,
7. /oandi wal)da li °;id-ni kIf ktibt si saoar Îl-u/ soit qu' on insiste sur l e caractère inéluctable de cet achève­
<chez-moi une que encore-moi comment j ' écrivis quoi mois ment, soit que le procès soit considéré comme achevé dans la
depuis-l ui> période dont on parle ou comme antérieur à un autre procès
"J'en ai une que je viens d' écrire i l y a un mois" lui-même situé dans le futur". Il ajoute ( ibid. 352) que "c' est
la même antér iorité dans l' accomplissement qu' exprime la forme
Si ce type d' accompl i concomitant est référencié à un à suffixes dans les protases des phrases conditionnelles". Tout
autre événement situé dans le passé, le premier adverbe est en insistant sur le caractère expressif de l ' utilisation de la
précédé de l ' auxil iaire /kQn/ "être" ( le second adverbe n' est c. suff. au futur "en arabe l ' opposition aspective est
alors pas obl igatoire ) . suspendue , l ' emploi de la forme accomplie n' étant , dans les
conditions indiquées , qu' un choix expressif pour une affirma­
8 . /kQn °;id-ni kél l i crbaÜSil séna/ tion insistante" 0989: 9 1 ) , il précise aussi que "la présence
<i l-était encore-moi j ' avais quatorze an> de cette forme aspective dans des énoncés prédictifs est
"Je venais d ' avoir 14 ans" normale et régulière, lorsqu ' i l s ' agit par exemple de phrases
9. /k6nct °;id-oa kIf tél °ct/ doubles comportant une proposition hypothétique" ( ibid. 89 ) .
<elle-était encore-e lle comment el le-partit>
"Elle venait de partir"
12
Sur les formes composées avec /ik6n/, voir p. 229-38.
13
11 Dans le chapitre consacré à l ' araméen.
Abréviation fréquente de la parti cule /yckk/ "si".
.......

58 Valeurs et emplois des deux conjugaisons La conjugai son suffixale 59

Nous allons voir maintenant ce qu' i l est advenu de cet emploi Ints8nna-k fuqas ma zIti ( c . s. )1 (Fès)
d' accompli futur en maltais. 4. "Quoique tu trouves, amène-le moi ! "
Ikull ma isslb ( c . p . ) gib-U- l-il
5 . 1 . Comparaison avec d'autres dialectes arabes <tout que tu-trouves apporte-Iui-à-moi>
16
Illi Zb8fti ( c . s . ) , zIb-u l-il ( Fès)
En maltais, l ' utilisation de la c. suff. dans un contexte de
futur, même modal , est des plus réduite. Elle a disparu dans - Irréel du présent :
les phrases concessives, dans l ' expression de la promesse ou de 5. "Si Sandra venait tout de suite, nous irions à La Valette"
l ' optatif, et pratiquement totalement de l ' apodose de phrases lyEkk sandra tfgi ( c . p. ) fssa imm;rru ( c . p . ) I-bdt/
hypothétiques marquant l ' irréel du présent, alors que c ' est <si Sandra elle-vient maintenant nous-allons la-ville>
encore possible dans de nombreux dialectes. Sauf pour les luka zat ( c . s . ) amina daba, uka msïna ( c . s . ) I-fasl ( Fès )
phrases hypothétiques , je n ' en ai trouvé aucun exemple dans les "Si Amina venait tout de suite, nous irions à Fès"
corpus que j ' ai étudiés , oraux comme écrits, pas même dans les
14 - Autres énoncés :
proverbes recensés par Aquilina ( 1972 ) .
Ne pouvant négliger le fait que ceci soit le fruit du 6. "Quand tu l ' auras mis dedans"
hasard, j ' ai fait traduire par une informatrice de La Valette, Im�ta tkun daQQalt-u ( périphrase) gEwwa/
15 <quand tu-es tu-fis-entrer-lui dedans>
les exemples donnés pour d' autres dialectes arabes. Aucune des
phrases traduites ne fait apparaître une c. suff. seule. C' est Imnaln-daxxalt ( c . s. ) ak-elÇ'aÇlm�t/ (Tunis Musulman)
toujours la forme à marques préfixales qui est utilisée ou bien "Wenn du diese hineingetan haben wirst"
une périphrase verbale avec un auxiliaire ( ex. 6 et 7 ) : 7. "Demain à la même heure, je serai en route pour Gozo
( Nouakchott ) "
- Concessives : 10�da f -l-ist�ss QIn inkUn s�yyra ( périphrase ) kyn o&wdd/
1. "Où que tu ailles, je te trouverai ! " <demain dans-le-même temps je-suis allant (f. ) vers Gozo>
Ikulf�yn tmur ( c . p. ) inslb-z:: kl Iged Çlark 8�-�obh ndur n"ud vett mseyt ( c . s . ) sor nwaksot/
<tout-où tu-vas je-trouve-toi> ( Mauritanie)
Inn ma msIti ( c . s. ) , nZ8bf-8kl ( Fès)
2. "Qui que ce soit qui vienne, dis-lui que nous sommes allés
au cinéma ! " 5.2. D'une survivance de la conjugaison suffixale dans l 'apo­
Ikulmln ylgi ( c . p . ) °Id-l-u l i m;rna t-t:3kisl dose de phrases conditionne l l es
<tout-qui i l-vient dis-à-lui que nous-all âmes le-cinéma>
Iskun ma za ( c . s . ) , gUl l-u msina l-8s-sinimal (Fès) Dans l ' apodose des phrases hypothétiques marquant l ' irréel du
3. "Quel que soit le moment où tu viendras , je t ' attendrai" passé, les verbes employés sont dans leur quasi-totalité à une
ltÎstaO tÎgi ( c . p . ) kul l mum�nt nistz::nn I-kl forme composée de l ' auxiliaire likUnl " i l est" suivi de la c.
<tu-peux tu-viens chaque moment j' attends-toi> suff . ( pour des exemples voir p . 68 § 6 . 3 . ) . Toutefois, dans un
exemple relevé dans une poésie chantée improvisée, le verbe est
simplement à la c. suff. :

14 . 1 . Iii k�llEk ?alb-Ek bhal t�O-ii


V Olr par ex. ceux en rapport avec Dieu dans le 1er chapitre '
et particulièrement les expressions optatives n° 3, 26 , 36, 65, Illum ma-dQalt-s °al din il-gl�dal
67 qui comportent toutes une c. préf.
15
Il s ' agit de ceux relevés dans les articles de Caubet
( 1985-6 ) Tauzin ( 1 985-6 ) , Doss ( 1985-6 ) , de Boucherit ( 1 987 ) , 16
Une c . suff. en maltais aurait forcément impl iqué un passé
ainsi que dans l' ouvrage de S inger ( 1984: 299 ) . "tout ce que tu as trouvé".
La conjugaison suffixale 61
60 Valeurs et emplois des deux conjugaisons

d' Aquilina ( 1959 et 1965) ne signalent cet usage. Il s' agit


<que tu-avais cœur-toi comme de-moi> probablement là d' une survivance dans un contexte particulier,
<aujourd' hui ne-tu-entras-pas pour cel le-ci la-querelle>
et marqué au passé. Nous verrons qu' un tel usage est impossible
"Si tu avais eu un cœur comme le mien"
dans les phrases doubles marquant le potentiel, par exemple
"Aujourd' hui tu ne serais pas entré dans cette querelle"
(voir p. 65-6 § 6 ) .
Vella ( 1970: 297 ) en donne égal ement deux exemples
5. 3 . Comparaison entre l ' hébreu e t l e maltais dans une traduc­
2. lli k6ku gcyt ( k6ku ) fral).t ( ou k::mt nifral). lI tion de la Bible
<que si tu-vins ( si ) je-fus-co ntent ( ou j' étais je-suis-
content» Puisqu' on a la chance qu' il existe une ( et même plusieurs ) tra­
"Si tu étais venu j' aurais été content" duction de la Bible, il m ' a semblé intéressant de comparer l e
3. lOi) k6ku °aml-u ?al-I-ckl texte maltais et le texte hébraïque des prophéties pour voir c e
« que) si i l-fit-Iui il-a-dit-à-toi> qu' il était advenu d e la c. suff. e n maltais dans c e contex­
"S' i l l ' avait fait il te l ' aurait dit" te. "Le genre prophétique en particulier fait usage parfois de
cette conjugaison pour donner à l ' annonce d ' un événement à
Lorsque j' avais fait traduire les phrases hypothétiques venir une force particulière en le présentant comme accompli,
tirées d' ex. dialectaux arabes (vo ir p. 65-6 § 6. ) , mon infor­ ce qui est la valeur normale de la c. suff. " (D. Cohen 1984:
matrice de La Valette m' avait fait part de la poss ibilité d' en­ 308 ) . Or, il se trouve que les traductions des passages escha­
tendre parfois, dans la langue parlée, une apodose contenant tologiques de la Bible en maltais ne font que rarement apparaî­
une c. suff . simple dans une phrase double marquant l ' irréel du tre une utilisation de la c. suff. dans ce contexte de futur.
passé. Elle avait forgé l ' ex. ci-après : Parmi les 119 références données par Driver ( 1892 : 17-20)
ou Gesenius ( 1909 : 323 ) , et qui comportent une c. suff. en
17
4. Ik6ku gï8t il-b 6ral). m8rna l-bal).ar/. hébreu, 98 sont rendues d ' une manière équivalente en français
18
<si el le-vint le-hier nous-allâmes la-mer> et en maltais : les deux langues se sont accordées un petit
19
"Si elle était venue hi er, nous serions al lées à la mer" nombre de fois ( 13) pour traduire respectivement par un temps
du passé et par une c. suff . , mais la grande majorité des
Il s' agit du même type de construction que l ex 5 du ' . références hébraïques (86) ont été rendues soit par un présent
paragraphe ci-dessus à Fès, mais elle aurait été impossible en ( une c. préf . en maltais) soit par un futur. Voir par exemple :
maltais avec un adverbe situant l ' énoncé à un autre moment que
le passé. Rt. 4/3 Nagnomi, l i reggnet l ura m i l l -innawi ta' Mowab, se
tbign b iééa mill -ghalqa l i kel l u nuna El imelek
Enfin, i l faut signaler que l ' emploi de la c. suff. dans <Noémie, que el le-retourna en-arrière de-Ies-environs de
l ' apodose des irréelles du passé était aussi connu au XVI l lè
siècle. Aquilina ( 1972) en donne un exemple dans un proverbe
relevé chez De Soldanis ( 1750 ) :
17
La traduction consultée est celle de la T . O . B . ( 1975 ) .
5. Li kont nafek qatt ma dannaLte k f'darek ( p . 164, provo 13 ) 18
La traduction maltaise de la Bible consultée est la dernière
<si j ' étais je-sais-t oi jamais ne je-fis-en trer-toi dans mai­ en date, œuvre collective dont la première édition est de 1984.
son-toi>
Elle a été faite à partir de l ' hébreu et du grec.
"Si je t' avais connu, je ne t' aurais jamais fait entrer dans
ta maison" 19 Il s' agit de : 2 Ch. 1215 ; Es. 8/23, 9/1-6, 15/6b, 15/8,
23/1, 46/lf ; Jr. 51/41 ; Am. 5/2 ; Ps. 30/12, 68/3lb ; Mi.
Selon mon informatr ice, cette construction n ' est pas très 1/12 et Zao 11/2 .
fréquente. N i la grammaire de Sutcliffe ( 1936 ) ni les ouvrages
Valeurs et emplois des deux conjugaisons La conjugaison suffixale 63
62

Moab, FUT el le-vend morceau de-le-champ que i l-avait frère­ Il pourrait également dans certains cas y avoir des rai­
nous Elime lek> sons de style au choix des traducteurs maltai s . Le passage de
22
"Noémie, celle qui est revenue de la campagne de Moab , vend Es. 24/4-12 (je laisse de côté le verset 4 qui a été traduit
une parcelle de terre qui était à notre frère Elimélek" (TOB) par une série de phrases nominales à prédicat participial ) est
Gn. 15/18 LiL nislek nagfi.ti d in l -art peut-être révélateur de ce point de vue tout ce qui est
<à progéniture-toi je-donne celle-ci la-terre> description d ' une situation à venir est rendu par une c. suff . ,
20 tout ce qui est activité humaine non subie ( deux verbes ) égale­
"C' est à ta descendance que je donne ce pays,, (TOB )
Es. 5/13 Gnalhekk U-poplu t iegfi.i jitturrufnawh ment à venir est à la c. préf. : jitniehdu "ils soupirent" et
<pour-cela le-peuple de-moi i ls-bannissent-Iui> ignajtu "ils crient" ( ce n ' est pas un verbe qui est employé en
"C' est pourquoi mon peuple sera déporté" (TOB) hébreu ) . Il faut remarquer que dans ce passage, le français
rend 9 verbes sur 22 par un passé composé. Voici ce passage
Pour 4 références, le maltais a traduit par une c. préf. dans la traduction française de la TOB. J ' ai indiqué entre
alors que le français préférait utili ser un temps du passé, parenthèses la forme verbale ut i l isée en maltais.
passé simple ou passé composé ( Gn. 30/13 ; Es. 17111b, 51111b ;
s. "La terre a été profanée ( c . s . ) par ses habitants,
Jb 5/23 ) . Restent 15 références pour lesquelles l' inverse s' est
produit : l e maltais a une c. suff . comme l ' hébreu alors que le car ils ont transgressé ( c . s. ) les lois, ils ont tourné ( c . s. )
2
français a un présent ou un futur . 1 Il est difficile de dire si les préceptes,
le maltais fait preuve dans ce cas d ' une fidélité servile au ils ont rompu ( c . s. ) l ' al l iance éternelle.
texte bibl ique ( qu ' i l est loin de toujours avoir, nous l ' avons 6. C' est pourquoi la malédiction dévore (c. s . ) la terre,
vu) mais une bonne partie des versets peut s' exp liquer par la ceux qui l ' habitent en portent ( c . s . ) la peine.
valeur de parfait présent liée à cette forme verbale et au sens C' est pourquoi les habitants de la terre se consument ( c . s . ) ,
du verbe choisi pour rendre celui de l ' hébreu i ! n ' en reste ( c . s . ) que très peu .
7. Le vin nouveau est en deuil ( c . s . ) , la vigne dépérit (c . s . ) ,
tous les bons vivants gémissent ( c . p . ) .
s.
15/2 qtajtha li nnaUas lU Gnamalek
< je-décidai -elle que je-fais-payer à Amaleq j ' ai décidé de 8. Le son joyeux des tambourins a cessé ( c . s . ) ,
faire payer A. > le tumulte des gens en liesse a pris fin (c. s. ) ,
"Je vais demander compte à Amaleq" ( TOB ) l e son joyeux de l a harpe a cessé ( c . s . ) .
Lm. 3/54 jien spiééajt 10. La cité du néant s ' est effondrée ( c . s . ) ,
<moi je-terminai = Je suis fini" et non pas "j'ai fini"> toutes les maisons sont fermées ( c . s . ) , inaccessibles.
"Je suis perdu !" (TOB) 11. Dans les rues, on réclame ( c . p . ) du vin,
toute all égresse a disparu (c. s. ) ,
l a joie est bannie ( c . s . ) d u pays.
12. Il ne reste ( c . s. ) dans la ville que désolation
et la porte, démolie ( c . s. ) , est en ruines ( c . s. ) .
20
D. Cohen ( 1 984 : 308) signale que "une forme comme nattatï(y)
l itt. "J ' ai donné" est souvent employée dans les promesses Il est évident qu' i l est difficile d e juger d u degré de
divines à Israël . " Un rapide sondage effectué dans la traduc­ vitalité de cette utilisation de la c. suff. dans une langue de
tion maltaise offre toujours un équivalent à la c. préf. dans traduction, mais i l est intéressant de constater que ce n' est
ce cas . que rarement ( un peu plus souvent que le français tout de même )
que le maltais a utilisé une c. suff. comme le texte hébraïque.
21
Il s' agit de : 1 S. 15/2 ; Lm. 3154 ; Es. 5/25, 10/28-31,
24/4-12, 29/20, 33/3, 33/5b, 33/14, 60/1 Jr. 25/38, 28/2,
3111 1 , 48/33b, 5118.
22 .
D nver préc ise que le verset 9 est à part.
64 Valeurs et emplois des deux conjugaisons La conjugaison suffixale 65

En tout cas le jeu stylistique du maltais ne correspond pas En réalité nous n' étions pas arnvees du tout, mais sur le
régulièrement à celui de l ' hébreu. De plus, selon D. Cohen point de l ' être. La réponse implique que l ' endroit où nous
0984 : 308) " l ' emploi [ de la c. suff. comme futur 1 paraît moins devions nous rendre n' était plus très loin de l ' endroit où nous
fréquent qu ' on ne l ' indique parfois. Bien des exemples donnés nous trouvions.
sont des interprétations subjectives et la c. suff . peut y être
rendue par un accompli dans le passé . " Est-ce le cas pour les C' est le même emploi métaphorique qui permet de répondre
formes traduites par une c. suff. en maltais 7 Pour le moins, /spiccayt/ "j' ai fini" alors qu' on est seulement sur le point
l' emploi largement majoritaire de la c. préf. ou d ' un futur d' avoir terminé quelque chose ( tout comme en français).
confirme les faits observés dans mon corpus et me semble
révélateur du caractère extrêmement marginal de la c. suff. en Brincat ( 1977: 48-49 ) avait également signalé cet emploi de
contexte de futur. la c. suff . en contexte de futur pour exprimer "une action qui
se déroulera peu après, mais qui est considérée comme déjà
advenue dans la mesure où l ' on est tout à fait sûr de son
5.4. Les emplois expressifs de futur accomplissement" ( un' azione che si svolgerà di li a poco, ma
che viene considerata come già avvenuta in quanto si è del
Les seuls cas d'utilisation de la c. suff. en contexte de futur tutto sicuro deI suo compimento ) . Il donne comme exemples :
qui restent encore vivants recouvrent en fait un emploi qu' on
pourrait qualifier de métaphorique pour exprimer l' imminence. 2. Hawn gejt
C' est la s ituation extra-linguistique qui détermine ce contexte <ici j' arrivai>
de futur. Il s ' agit toujours de contextes de discours et les "l' arrive tout de suite"
verbes sont le plus souvent des verbes de déplacement. Ainsi 3. Did-darba rbanna
pour /téla?/ "partir,, 23 : le départ de trois jeunes maltais <cette-la-fois nous-gagnâmes>
était régulièrement ponctué d ' un /tla?na b:)ys/ litt . "nous "Cette fois-ci, on va gagner" ( c ' est-à-dire que nous sommes
sommes partis boys" , c' est-à-dire "on s ' en va les gars". La certains de vaincre )
même formule se retrouve sous la plume de l' écrivain Friggieri
0986 : 3 ) : Tous ces exemples sont à la 1ère pers. , ce qui n ' a rien de
surprenant puisqu' i l s' �i t ( avec la seconde) de la personne du
1 . u jekk trid, tista' t igi m iegni. TLaqna ? qaL KarLu Manju. discours par excellence.
<et si tu-veux, tu-peux tu-viens avec-moi . Nous-partîmes 7
il-a-dit Charles Magne> Ces emplois demeurent tout de même marginaux, mais parti­
"Et si tu veux, tu peux venir avec moi. On y va 7 dit Charles cipent de ce "choix expressif pour une affirmation insistante"
Magne" dont parle D. Cohen ( 1989 : 91 ) .
2. - /fcyn °ï dïk id-déir 7/ - /wasalna/
<- où elle celle-là la-maison 7 - nous arrivâmes>
- "Où est cette maison 7" - "Nous sommes arrivées". 6. Emplois modaux

6 . 1 . Comparaison avec quelques dialectes arabes

L' utilisation modale de la c. suff. semble être plus réduite en


23 Dans nombre de parlers arabes ( Syrie, Palestine notamment ) , maltais que dans d ' autres dialectes arabes. Ceci n' est notam-
c' est l a c . suff. d ' un autre verbe de mouvement qui est
utilisée dans ce sens /mslna/ litt. "nous nous en allâmes"
c' est-à-dire "on y va" . Merci à Marie-Claude Simeone-Senelle de
24 Voir Benveniste 0966: 237-250 ) .
me l ' avoir rappelé.
66 Valeurs et emplois des deux conjugaisons L a conjugaison suffixale 67

ment pas possible dans la protase de phrases hypothétiques 1. /li ma-?adbu-06-s k6nct to?tol-06-1-u/
marquant l' irréel du présent ou le potentiel. Là où certains <que ne-ils-saisirent-elle-pas elle-était elle-tue-elle-à-lui>
dialectes arabes ont une c. suff . , le maltais ne peut employer "S' i ls ne l' avait pas attrapée, elle la lui aurait tuée"
que la c. préf. ou une forme composée. Voici à titre de compa­ 2. /k6ku ?�Oda [ga1 26 si sptar Îl-oa li milrrct u k6ku spicc�t u
raison les traductions maltaises d' exemples tirés de quelques ilnki k6ku l;allcynI-Oa fcyn k6nct/
dialectes arabes 25 : <si assise dedans quoi hôpital depuis-elle que elle-s' en-alla
et si elle-termina et même si nous-laissâmes-elle où elle­
1. "Si elle vient demain, nous irons à l a mer" était>
/yckk t igi ( c . p. ) o�da imm;rru l-bill;ar/ "Si elle était restée dans un hôpital il y a longtemps
<si elle-vient demain nous-allons la-mer> qu' elle serait p assée, et elle serait morte, et même si nous
/Ila zat ( c . s. ) g8dda, nmsiu l-81-bl;ar/ (Fès) l' avions laissée où elle était"
2. "Si la réunion s ' achève de bonne heure, je reviendrai te 3. /k6ku bil?aO l)ay k�n ikUn w6l)cd mil-l-pililstri taO-l-ilrti
voir avant midi" maltlyya m:::.>dérna/
/yckk il-lil?Oa tispIcca ( c . p . ) km6ni nérgaO nigi nar�-k ?ilbd <si il-resta vivant il-était il-est un de-les-piliers de
n:::.>f sino�r/ l' art (f. ) maltaise moderne>
<si la-réunion elle-finit tôt je-reviens je-viens je-vois-toi "S' i l avait été encore en vie, il aurait été l ' un des piliers
avant midi> de l' art maltais contemporain"
/eza hell?et (c. s . ) el-galsa badri ?arga"lak ?abl eçl-çlohr/ ( Le 4. /li k6ku igif6ri kélli Iktar nus bnt ntstri lktar l)wéyycg/
Caire) <que si c' est-à-dire j' avais plus argent j' étais j ' achète
3. "Si j ' ai tout terminé nous irons l ' écouter" plus vêtements>
/yckk inkUn spiccilyt kblbs immbrru nisimou-l;/ "Si, en fait, j' avais eu plus d' argent, j ' aurais acheté plus
<si je-suis j ' ai -fini tout nous-allons nous-entendons-lui> de vêtements"
/ila kam81t ( c . s. ) kulSi nrol;o nS8m"oh/ ( Alger) 5. /ma-k6n-s yar yckk la?tU-s séwwa ycw It lil-l-?attUs/
4. "Si elle venait tout de suite, nous irions à La Valette" <ne-il-était-pas il-sait si il-atteignit-lui-quoi bien ou non
/yckk tigi ( c. p . ) Issa immbrru I-bdt/ à-le-chat>
<si elle-vient maintenant nous-allons la-ville> "Il ne savait pas s'il l ' avait bien atteint ou non le chat"
/Ila zat ( c . s. ) amïna daba, nmsiu I-fas/ ( Fès) 6. /yckk kéWom till;-l)om y6l)du l)s6b-oom wilra/ (III, 27-8)
<si ils-avaient de-eux ils-prennent pensée-eux après>
6.2. Emploi dans la protase de phrases marquant l ' irréel du "S' ils en avaient à eux, ils s ' en occuperaient après"
passé 7. /k�n ikUn al;y�r k6ku tlil?na/ ( Q )
<il-était il-est mieux si nous-partîmes>
L' emploi modal de la c. suff. est obligatoire dans la protase "Il aurait mieux valu que nous partions"
de phrases hypothétiques exprimant l ' irréel du pas sé, toujours
,
introduites par l ' une des conjonctions /li/, /k�ku/ ou la 6.3. Emplois en dépendance d'un auxiliaire
locution conjonctive /li k6ku/, éventuellement reprise en tête
de l' apodose, ou le potentiel dans le passé, introduit par La c. suff. peut dépendre, directement ou en séquence, de
/yckk/ ( nous venons de voir que ce n' est plus possible en quelques auxiliaires, eux-mêmes à la c. suff. ou à la c. préf.
maltais pour l' irréel du présent ou le potentiel ) : Les nuances aspect ives, temporelles ou modales impliquées par

25 Il s' agit de ceux relevés dans les articles de Caubet 2 6 Les occurrences qui ne correspondent pas au parler "standard"
( 1985-86 ), Doss ( 1985-86) et Boucherit ( 1987 ) . sont données en transcription phonétique large entre crochets.
-

68 Valeurs et emplois des deux conjugaisons La conjugaison suffixale 69

la périphrase verbale seront étudiées dans la 3ème partie 6.4. Emplois comme complément d'un autre verbe ou en subor­
consacrée aux auxiliaires (p. 101 sq l . Ce qui nous intéresse données
ici, c ' est que la forme verbale n'est pas libre :
Il existe un petit nombre d' emplois de la c. suff. en dépen­
1 . 1° as tkun °:J1 6t u ml�t il-I émbi k 8 l l-ul ( I , 87-8) dance, soit d ' un autre verbe, soit dans des propositions subor­
<car ell e-est elle-leva et elle-a-remp li la-cuvette (m. ) données à valeur de but, soit dans les subordonnées exprimant
tout-lui> le temps . La forme verbale n ' en garde pas moins ses valeurs
"Car elle avait levé et rempli toute la cuvette" pleines d ' accompl i qui ont un caractère marqué par rapport aux
2. lu dina k�n i)ataf il w ai)da tf ayla mal d yya u i)b Î -oa g:J dan emplois comparables de la c. préf.
l-Oarl
<et celui-ci il -était il-attrapa à une jeune-fille maltaise a) Lorsqu ' un verbe à la c. suff. dépend d' un autre verbe, i l
et i l-cacha -elle dedans celui-ci la-grotte (m. » fonctionne alors comme complément d u premier. Le procès est
"Et celui-ci avait attrapé une jeune fille maltaise et considéré comme achevé. La construction est plutôt rare, et ne
l ' avait cachée dans cette grotte" semble fonctionner qu' après les verbes de mouvement. Voici les
3. lai)na stayna °am i lna ckkl seuls exemples que j ' ai pu relever. Tous proviennent d' un usage
<nous nous-pûmes nous-fîmes ainsi> littérair e de la langue ( poésie orale, conte, littérature
"Nous, nous aurions pu faire comme ça" écrite ) :
4. Itradiccy S ni li m i ssna zamm é ynal
<tradition que nous-dûmes nous-gardâmes> 1. lil-kur ani l i m::wt str ayt-°:Jml
"Une tradition que nous aurions dû garder" <les-chapelets que tu-allas tu-achetas-eux>
5. Ir é gaO mar °and miss 6r-ul (III, 68-9 ) "Les chapelets que tu es allé acheter" (tu les as achetés,
<i l-retourna i l-alla chez père-lui> c' est fait )
"Il est retourné chez son père" 2. i l -Pir jaL nareg f i l-kuridur u mar qagnad ndejn ras it-tarag
( Casha 1974 : 39)
Pour être complet, i l convient d' ajouter un dernier cas où <le-prieur il-sortit dans-le-corridor et il-alla il-s ' assit
se suivent un auxiliaire marquant la "tranche centrale d ' un près tête l ' escalier>
procès" ( l ' expression est de M. Cohen 1924) et une c. suff. La "Le prieur sortit dans le corridor et alla s' asseoir sur l e
construction est "correcte" et le sens de la périphrase est palier"
rigoureusement i dentique, selon mon informatrice de La Valette, 3. u mar qal l u hekk ( Dan. 2/24 )
à la même tournure avec c. préf . , util isée habituellement. Les <et il-alla il-a-dit-à-Iui ainsi>
exemples proviennent principalement de la presse écrite : "Et il alla le lui dire"
4. [talbastimént sem30ui), urâi) 3ami llu-ssinjâl ilkaptân, b le s
6. Imbagnad kampla qa l l i ... ( I l -Mument 8 . 2 . 1987 , p. 7 ) jîgi i)déli) ] ( Stumme 1904 : 38, 1. 23-24 )
<ensuite i l-continua i l-a-dit que> <de-le-navire ils-entendirent-Iui, et-il-vit-Iui il-fit-à-
"Ensuite il a continué à dire que . . . lui-un-signal le-capitaine pour i l-vient à-côté-Iui>
7. Kamplew naqsu r-riservi barranin tal -Bank éentral i ( I l­ "Les gens du navire l' entendirent, et le capitaine le vit lui
27
Mument 15.2. 1 987, p. 2) faire signe pour qu' i l vienne près de lui,,
<elles-continuèrent elles-diminuèrent les-réserves étrangères
de-la-Banque Centrale>
"Les réserves en devises étrangères de la Banque Centrale
27
continuèrent à baisser" Stumme a traduit différemment : "Die Leute auf dem Schiffe
harten ihn, und er sah dass ihm der Kapitan ein Zeichen gab, er
La même tournure serait impossible avec le verbe Ib a?aOI mage naher kommen".
employé comme auxi l iaire avec le même sens que Ik ;mpla/.
70 Valeurs et emplois des deux conjugaisons La conjugaison suffixale 71

Les trois premiers exemples ont été considérés comme conjonct ion. Ces énoncés, ressentis comme des "fautes" par les
"corrects", mais le quatrième où le premier verbe n' est pas un informateurs, sont peu fréquents dans mes corpus oraux, mais le
verbe de mouvement, a été senti comme a-grammatical par mon seraient beaucoup plus selon eux. Dans les trois seuls exemples
informatrice de La Valette. que j ' ai relevés ( le premier et le dernier à Gozo - Nadur et
Xagnra - et le second à La Valette ) il semble que le sentiment
d' incorrection soit lié au fait que le procès décrit par l e
b) Quand on veut spécifier qu' un procès a effectivement été verbe de la subordonnée ne puisse être envisagé sémantiquement
accomp li, il est possible d' employer la c. suff. dans une
comme achevé, délimité.
proposition finale :
7. Idawwarni -oa b�s l;arrikni -oa biss/
1. li ssa dan b�s ° a?ad °am i lt-I-u SI l;�gal <nous-tournâmes-e l le pour nous-bougeâmes-elle seulement>
<maintenant celui-ci pour i l-coagula tu-mis-à-Iui quoi chose> "Nous l ' avons tournée seulement pour que nous la bougions"
"Alors celui-ci pour qu' i l ait pris, tu lui as mis quelque (pour que nous l' ayons bougée)
chose 7" 8. IccmpI U -I-o:::>m b�s k é W:::>m ylgul
2. Isi kcmm d � mct b�s s &rct ckk/ <i ls-tél éphonèrent-à-eux pour il s-avaient ils-viennent>
<quoi combien elle-dura pour elle-devint ainsi> "Ils l eur ont téléphoné pour qu' ils vi ennent" ( = "pour ( leur
"Combien de temps ça a pris pour qu' elle soit devenue ainsi 7" dire) q u ' i l s devaient venir " )
3. lil -l;;bz b�s s é taO yinb 6 1; r�d ik U n ittimbr & t bi-I-b; l l taO­ 9 lu dak l i ° a md il-kurcir l ss r é gaO b a Oat ° amd Iii san gwannl
l-gvé rnl <et celui-là que il-fit le-crucifix il-revint i l -envoya il­
<le-pain pour il-put il-est-vendu il-voulut i l-est timbré fit à San Gwann>
avec-le-cachet de-le-gouvernement> "Et celui qui avait payé pour le crucifix il a renvoyé ( de
"Le pain, pour qu' i l ait pu être vendu, il avait dû être l ' argent) pour payer pour San Gwann" ( pour qu ' i l ait payé )
tamponné avec le cachet du gouvernement"
4. IL -gnadu biex fietek, biesek ; u int biex tfutu, aqleb fuq
( Aquil ina 1972 : 89, provo 70) cl La c. suff. peut aussi être employée dans les subordonnées
<l' ennemi pour il-trompa-toi, i l-embrassa -toi et toi pour circonstanciel les de temps introduites par I? abd mal "avant
tu-trompes-Iui , tourne sur> que" ou Isak é mm/ "jusqu'à ce que" quand le locuteur veut
"L' ennemi pour te tromper, il t ' a embrassé ; et toi , pour le insi ster sur l ' accompl issement du procès
tromper , retourne-toi contre lui !" ( remarquer l ' opposition
des formes verbales après biex dans les 2 membres de phrase) 1. I?abd ma l;ar? U-o:::>m ma-kinU -s kunt énti /
5. ank i l-annar l ibsa sura ta' nies l i kel lha nadulha b iex <avant que ils-brûlèrent-eux ne-ils-étaient-pas contents>
difnuha fiha (O. Cal leja 1972: 5 1 ) "Av �nt qu' i l s pe les aient brûlés, ils n' étaient pas contents"
<même la-dernière robe image d e gens que elle-avait i l s-pr i­ 2. I?abd ma fctl;u t-tr�?1
rent-à-elle pour i ls-enterrèrent-elle dans-el le> <avant que i ls-ouvrirent la-route>
"Même la dernière robe présentable qu' elle avait ils la lui "Avant qu' i l s n'aient ouvert la route 7"
ont prise pour l ' enterrer dedans" 3. Ke U i noqgnod nistennieh sakemm wasal lura (Friggieri 1986:
6. KeU i nnallas paga ta ' xahrejn biex xtrajtu ( O . Call eja 97)
1972: 113) <j ' avais je-m' assois j' attends-lui jusqu' à-ce-que i l -arriva
<j' avais je-paie paye de deux-mois pour j' achetai-lui> en-arri ère>
"J' ai dû payer deux mois de salaire pour l ' acheter" "J'ai dû rester à l' attendre jusqu ' à ce qu' i l so it revenu"

Si les ex. ci-dessus sont considérés comme "corrects", il


n'en va pas de même pour certains autres emplois de la c. suff.
dans des subordonnées de but introduites ou non par une
72 Valeurs et emplois des deux conjugaisons

7. Conclusion

Dans l ' i llustration qui vient d' être donnée des emplois de la
c. suff. , on constate un certain nombre de convergences avec
les valeurs de l ' accompli en sémitique et dans les dialectes
arabes en particulier aoriste et passé antérieur dans le III. VALEURS ET EMPLOIS DE LA CONJUGAISON PREFIXALE
récit, parfait dans le discours. On a soul igné l ' apparition
d' une construction syntaxique particulière pour l ' expression de
cette dernière valeur , avec référence temporel le à un passé Remarques préliminaires
proche, au moyen de deux adverbes non temporels.
Il existe aussi des emplois qui sont en très nette régres­ M. Cohen ( 1924 : 21 9 ) faisait remarquer pour l ' arabe dialectal
sion : le nombre des verbes médio-passifs ou déponents-internes que "dans l' ensemble l ' imparfait [= c. préf. l y a gardé son
susceptibles d' être util isés avec une valeur de présent est indépendance à l' égard du temps". Telle est encore la situation
très réduit ; en contexte de futur, seuls subsistent des utili­ du maltais à l ' heure actuelle où cette forme verbale se
sations expressives dans le discours, ainsi que l ' emploi margi­ rencontre régul ièrement aussi bien en contexte de présent que
nal, et senti aujourd' hui comme peu correct, dans l ' apodose de de passé ou de futur, dans l ' instance du discours comme dans
phrases hypothétiques marquant l ' irréel du passé. La comparai­ l ' instance du récit. Nous verrons que, même si la c. préf. a ,
son avec le texte biblique a aussi montré que la c. suff. était dans la majorité des cas, perdu la possibil ité d' exprimer
diffici lement compatible avec l ' énoncé prophétique. On a vu l ' inaccompli concomitant (13) au profit d' autres formes ( voir
également qu' il ne subsiste que très peu d' emplois modaux : la p. 112 sq ) , elle a conservé, pour l ' essentiel, son fonctionne­
c. suff. apparaît encore dans la protase des hypothétiques ment aspectuel dans sa valeur d' inaccompl i général ( x ) . La
marquant l ' irréel du passé , mais plus dans celles marquant le valeur primordiale de cette conjugaison est l ' énoncé d ' un
potentiel ou l' irréel du présent . Par contre elle peut encore procès ou d'un état envisagés dans leur déroulement et non pas
être uti l isée après un verbe auxi li aire ou comme complément comme un événement délimité et achevé, quel le que soit l a
d'un autre verbe pour souligner l ' achèvement du procès ou de période temporelle o ù l e contexte la situe. L a local isation
l ' état décrit par le verbe. dans le temps sera donc déterminée par des éléments extérieurs
Si le nombre des emplois de la c. suff. est en régression, au verbe lui-même : outils grammaticaux ( adverbes de temps,
on ne peut pourtant pas soutenir avec Borg ( 1 988 : 67 ) qu' elle etc. ) , présence d ' un exposant temporel Uki8n/ "il était" ) , ou
exprime "un voyage unique et complet qui s' est produit à un encore le contexte tout entier déterminé par l ' instance de
moment du passé" ("vjagg wiened u snifi li gara f ' xi mument fil­ l' énonci ation.
passat" ) . Décr ire l ' accomp l i comme nécessai rement lié au passé
est réducteur, même pour le maltais. 1 . L'expression des vérités générales

La c. préf . est normalement util isée pour l ' expression de


valeurs non dél imitatives comme les vérités générales à valeur
proverbiale ou non, donc des assertions achroniques.

1. Baqra tajba tinb iegn f' pajjizha ( Aquilina 1 972: 190, provo 8 )
<vache bonne elle-se-vend dans pays-elle>
"Une bonne vache se vend dans son pays" ( = "Qui va l oin se
marier sera trompé ou veut tromper" )
2 . /imma vi:ra arti ma-taOmi l-s gUdiccyu l-arti taOmc1 csp:::> z ic­
cy5ni tipprczcnÜ-l-ck i l-fatti kIf in-oOma/
--

La conjugaison préfixale 75
74 Valeurs et emplois des deux conjugai sons

"Moi, je marche sur les epmes, mais toujours pieds-nus. Le


<mais vraie art (f. ) ne-elle-fait-pas jugement l ' art el le­
dimanche seulement je mets des sandales"
fait exposition el le-représente-à-toi les-faits comme que-eux>
3. [ irrâgel tî3eI s al).I).âr u j�kol itfâl ! l ( Stumme 1904 : 6, 1.
"Mais c ' est vrai qu 'un art ne juge pas, l ' art expose, te
représente les faits tels qu' i ls sont" 36-7 )
3. /l-éwwd wal).da tigi it-t:)llcranca/ <le-homme de-moi sorcier et i l-mange les-enfants>
<le-premier une el le-vient la-tolérance> "Mon mari est un sorcier et il mange les enfants ! "
"D' abord vient la tolérance" 4 . lissa déyycm S81tU f dicémbru yann�r frar taOmd bec sItal
4. /taf li ?attŒs yisbl). fénck/ <maintenant toujours d ' habitude dans décembre janvier février
<tu-sais que chat il-dépèce lapin> el le-fait peu pluie>
"Tu sais qu' un chat ça dépèce un lapin" "Alors toujours, d' habitude, il pleut un peu en décembre,
5. /oŒma l- irgrill li im8rru l-kacca mus in-ni sa/ ( Q ) janvier, févr ier"
<eux les-hommes que il s-vont la-chasse ne-Iui-pas les-femmes> 5. /sikwIt i Oidu stéyycr f{p-oa/
"Ce sont les hommes qui vont à la chasse, pas les femmes" <souvent ils-disent histoires sur-elle>
6. /cmm car zOIra 1 tal).t dIn il -knIsya I).€:lwa illi g:) fi-ca nsIbu "Souvent on raconte des histoires à son sujet"
si st�twi taO-l-g€:bc l li yirraprczcntaw il-mad8nna/ 6. /kull sl).In nidl).:)l cmm gcw nibda nizfcn il-walc yQn/
<l à grotte petite sous celle-ci l ' église jolie que dedans <tout quand je-rentre là dedans je-commence je-danse la-valse
dans-elle nous-trouvons quoi statues de-Ia-pierre que e lles­ moi>
représentent la-Madone> "A chaque fois que je rentre là-dedans je me mets à danser la
"Il y a une petite grotte sous cette jolie église où on valse, moi"
trouve des statues en pierre qui repr ésentent la Madone"
3. En situation de concomitance
2. L'expression de faits habituels
En situation d' inter locution, dans un nombre de cas très
L ' utili sation de la c. préf . en contexte de discours permet de limité, la c. préf . peut aussi être uti li sée dans des contextes
présenter un procès comme se déroul ant de manière habituelle, où il y a concomitance avec l ' acte d' énonciation ou un autre
générale et pas uniquement restreinte au moment de l ' énoncia­ événement pris pour référenc e, à la place de la forme à
tion. Cette valeur est fréquemment soulignée par la présence préverbe spécifique ( voir p. 1 1 2 sq ) .
d' adverbes dans l ' énoncé comme /d€:yycml "toujours", IsikwIU Elle se rencontre parfois avec une valeur de "présent
"souvent" , etc . : actuel " dans des phrases interrogatives, qu i , on le sait,
conservent souvent des emploi s devenus désuets dans l ' énoncé
1. /tl).:)bbŒ-1). l-baytar1 assertif . D. Cohen ( 1984: 300, 306-7 ) a déjà constaté un phéno­
<vous-aimez-lui les-figues-de-Barbarie ( col l . » mène paral lèle en hébreu bibl ique ( où c' est le part icipe qui ,
"Vous les aimez les figues de Barbarie ? " en principe, marque la concomitance ) : " i l semble bien qu' avec
2. /yQn nfmsi f u ? iS-s€:w? imma d€:yycm I).�fi il-I).add b i s s nÎlbcs une valeur de présent actuel, la c. préf . se présente normale­
sandlil ment sous la forme interrogative . " ( i bid. 306 ) . Il ajoute
<moi je-marche sur les-épines mais toujours pieds-nus le-di­ ( ibid. 307) : "Il faut noter cependant que le participe de son
manche seulement je-revêts sandales> côté, est communément util isé dans une phrase interrogative",
ce qui est aussi le cas pour la forme à préverbe en maltais
comme nous le verrons. En ce qui concerne la c. préf . , un
énoncé du type /s-inti taOmcl/ ( l itt. quoi-toi tu-fais) peut
1 En principe, le terme qui dés igne la grotte est masculin,
aussi bien être traduit par " Que fais-tu ( en général ) ? " que
mais dans l ' idiolecte de mon informateur de San Gilian il est par "Qu' es-tu en train de faire ( en ce moment ) ?" selon le
le plus souvent ( mais pas toujours ) féminin. contexte .
76 Valeurs et emplois des deux conjugaisons La conjugaison préfixale 77

1. 15 inti t�Omd cmm HPI 6. qed ifettet fit-tè u jmaxtar ( O . Calleja 1972: 97 )
<quoi toi tu-fais là sur> <en-train il-remue dans-le-thé et il-se-goinfre>
"Qu' est-ce que tu fais ( es en train de faire) l à-haut 7" "Il est en train de remuer son thé et de se goinfrer"
2. 15 int iss�yyarl - I?ct-ins�yyar il-l�l)aml ( Q )
<quoi toi tu-fais-cuire> - <en-train-je-fais-cuire la-viande> Enfin, il existe un petit groupe de verbes qui ne peuvent
"Qu' est-ce que tu fais cuire 7" - "Je suis en train de faire jamais recevoir une particule ou un préverbe de concomitance .
cuire la viande" (dans la réponse figure la forme spécifique Il s' agit d e ceux qui expriment des modalités o u certains états
du concomitant ) en rapport intime avec le sujet, des verbes qui, par leur
3. [ 5inti t�mel âli 7 1 [ kî3at nistr�l) l ( Stumme 1904 : 62, 1 . sémantisme, peuvent être classés comme "moyens" ou "déponents­
internes" /r�dl "vouloir", /sétaOI "pouvoir", Ist�?1 "souhai­
21-2) ter", Il)t�gl "être nécessaire", Il)abbl "aimer", Iyafl "savoir".
<quoi-toi tu-fais ici 7> - <en-train je-me-rep os e> Il en est de même pour tous les verbes sans c. suff. que
"Que fais-tu ici 7 " - "Je suis en train de me reposer" signale Borg ( 1988 : 83 ) dans son idiolecte à savoir, outre
" 2
'
/

Iyaf/, Iyismu/ "s' appeler" , lisusl "insister", lil)Ufl "s' ac-


Dans chacun de ces exemples le verbe aurait pu être tiver", litUl/ "durer", lyisbal)1 "ressembler,,3. Pour ces ver­
précédé de la particule de concomitance I?ctl ( pour des ex. bes, l' opposition morphologique entre inaccompli concomitant ou
voir p. 131-3) comme dans les réponses. Simpl ement, l ' expres­ général n' est pas marquée. En voici un ex. dans une situation
sion de la concomitance par une forme marquée n' est encore que de concomitance :
facultative dans les phrases interrogatives.
A l ' inverse, si une question comporte une forme de 7. Jien taL-vaniLja rrid (O. Calleja 1972: 8 )
concomitance, sa reprise n' est pas forcément nécessaire dans la <moi de-la-vanille je-veux>
réponse. Voici le seul exemple que j ' en aie relevé : "Moi, j ' en veux une (une glace) à la vanille" (l' enfant et
ses parents sont devant la boutique du marchand de glaces)
4. - 15 ? ct-t�O m dl - In�rmi ti5yul
<quoi en-train tu-fais> <je-jette "tissue">
- "Qu' es-tu en train de faire 7 " - "Je jette un mouchoir en 4. L'instance du commentaire général
papier"
Il est un cas où l ' opposition habituellement marquée en maltais
J ' ai rencontré une fois dans mon corpus une situation de entre inaccompli général et concomitant se trouve neutralisée
concomitance exprimée par une simple c. préf . aussi bien dans à savoir dans l ' instance du commentaire général ou de la "cons�
la question que dans la réponse : tatation atemporelle où se manifestent les énoncés généraux qui
peuvent faire partie du récit comme du discours" (D. Cohen
4
5. - 15 i nt t�Omd mari - It6l)u nifs/ 1989 : 84 ) . La forme utilisée est celle de la c. préf. simple.
- <quoi toi tu-fais Marie> - <elle-prend souffle>
- "Que fais-tu Marie 7 - Elle se repose" ( C' est une tierce
personne qui a répondu à sa p lace ) 2
Ce verbe a le préfixe caractéristique de la 3ème pers. masc.
Lorsqu' une conjugaison à préverbe du concomitant apparaît sing. de la c. préf. , qui reste invariable, mais la conjugaison
en tête d'un énoncé, les verbes des propositions coordonnées s' effectue au moyen des pronoms personnels suffixés qui varient
qui suivcnt ne portent pas obl igatoirement cette marque. La c . en genre, nombre et personne.
3
préf. apparaît alors comme une forme neutre en construction Tous ces verbes sont donnés ici à la 3ème pers. masc. sing.
séquent ielle, une fonction de l ' inaccompli général telle que la de la c. préf . , mais leur paradigme varie régulièrement.
définit D. Cohen ( 1989 : 149 ) : 4
Pour des observations analogues sur l ' utilisation du "présent
simple" en anglais, voir par ex. Bouscaren et aL ( 1987 : 14 ) .
78 Valeurs et emplois des deux conjugaisons La conjugaison préfixale 79

Ceci apparaît tout à fait nettement dans deux de mes 5. En contexte de futur
corpus. Le premier est du domaine du discours : il s' agit de la
visite guidée d ' une exposition. A chaque fois qu' une forme ver­ 5 . 1 . La c. préf. , même sans marqueur temporel donné par la
bale est liée à la désignation d ' un objet précis, le locuteur phrase, peut avoir une valeur de futur. I l s ' agit d ' un "futur
uti lise la c. préf. Le second appartient au récit et concerne général" "indiquant seulement que le procès se produira à un
les commentaires scemques qui accompagnent les pièces d ' O . moment ultérieur dont il n' est pas spécifié s ' i l est imminent
CaUeja ( 1972) l a forme verbale décrit l e déroulement des ou pas" (D. Cohen 1984: 309 ) . Cet emploi est aussi fréquent en
activités des personnages et non pas le fait qu' el les soient arabe dialectal ou classique.
concomitantes à la situation imaginée par l ' auteur. Par contre
la forme à préverbe apparaît lorsqu'une action se déroule en 1 . [forsi-rrâgel tî3�k mâ j�kolniesl ( Stumme 1904 : 6 , 1. 38-3 9 )
concomitance avec une autre et n' est pas inscrite dans une
<peut-être-Ie-homme de-toi ne il-mange-nous-pas>
succession (ex. 4 ) .
"Peut-être que ton mari ne nous mangera pas"
1 . /awnékk nar�w w�l:).da mi-s-scrratUri antIki li ?cOdin nOldu/ 2. /?�lt-I-u s�?si IiI mïn iO�ddi l-éwwcl/
< ici-ainsi nous-voyons une de-les-serrures anciennes que <elle-a-dit-à-Iui demande à qui il-passe le-premier)
assis ( pl . ) nous-disons> "Elle lui a dit : demande à celui qui passera en premier"
"Ici, nous voyons l ' une des serrures anciennes dont nous 3. /?�lt-I-u niSl:).tŒ-l:). g::> l-bïr °as inkélla nin?�bdu u nél:).lu
sommes en train de parler" l-l:).abs/
2. limb�oad nar�w awnékk il-?�fas/ <elle-a-dit-à-Iui nous-jetons-lui dedans le-puits car autre­
<ensuite nous-voyons ici-ainsi les-claies> ment nous-sommes-pris et nous-sommes-collés la-prison)
" Puis nous voyons ici les claies" "Elle lui a dit : "Nous le jetterons dans le puits car sinon
3. Imur l ejn is-sodda, ino l l l -ingravata minn gnonqu. Roza tqum nous serons pris et jetés en prison"
nofsha mis-siggu [, . .1 Fredu idur u jpoggi fuq tarf is-sodda. 4. /?�l-l-u taf s t�Omd/ ( I II, 58 )
Roza tinzel malajr b i l-qiegnda. Subgnajha jduru maz-zibeg <il-a-dit-à-Iui tu-sais quoi tu-fais>
tal -kuruna, tgedwed xi naga [, . .1 Fredu jfittex fil-bwiet "Il lui a dit : tu sais ce que tu vas faire 7"
[, . .1 Inares l ejha gnal ftit .. . (p. 47) 5. /b�s minn-oa tistaO t6hu si fUt halÎb . taO-l-m6oza mcta ngïb
< il-va vers le-lit, il-défait la-cravate de cou-lui. Rose se­ il-m6°::>z yirou/ ( III, 18-9 )
lève moitié-elle de-la-chaise [ . . . ] Fred tourne et s ' assoit <pour de-elle tu-peux tu-prends quoi peu lait de-la-chèvre
sur extrémité le-lit. Rose descend vite avec-l' assise. Doigts quand j' apporte les-chèvres elles-paissent>
-elle ils-tournent avec-les-perles de-le-chapelet, elle-mar­ "Pour que grâce à elle tu puisses prendre un peu de lait de
monne quoi chose [ , . . 1 Fred cherche dans-les-poches [, . . 1 Il­ la chèvre quand j' amènerai les chèvres paître"
regarde vers-elle pour un-peu . . . > 6. /ckk kïf nircivI-oa inl:).�lls-ck/5 ( Q )
" I l va vers le lit, défait l a cravate de son cou. Rose se <ainsi comment je-reçois-elle je-paye-toi>
6
lève à moitié de la chaise [ . . . ] Fred tourne et s ' assoit au "Dès que je l ' aurai reçue, je te payerai,,
bord du lit. Rose se rassoit vite. Ses doigts tournent sur 7. /f6rsi mil-I-fd�l t60-u n�omd si :Q.�ga 8l:).ra/
les perles du chapelet, elle marmonne quelque chose [ . . . 1 <peut-être de-les-restes de-lui je-fais quoi chose autre>
Fred cherche dans les poches [ , . . 1 I l la regarde un instant" "Peut-être qu'avec ses restes je ferai quelque chose d' autre"
4. jimxi lejn fejn qed jara l - qamar (p. 150 )
< il-marche vers où en-train i l-voit la-lune>
" I l marche vers où il est en train de voir la lune" 5
Souvent, dans les dialectes arabes, c ' est une c. suff. qui
est ut ilisée dans ce type de phrases.
6 L' énoncé maltais serait identique pour rendre "dès que je l a
reçois, je t e payerai " .
jiiP

80 Valeurs et emplois des deux conjugaisons La conjugaison préfixale 81

7
8. [ i lgurnâta kolla I�kun -mî3� k , imma bil l�I nctl)roc nIsraql dire d' "un procès ultérieur à un autre procès dans le passé"
, ,,10 .
ou d un " passe' du f utur exprimant "un procès non encore réa-
( Stumme 1904 : 20 , 1. 4-5) lisé, mais qui se réaliserait avant un autre procès annoncé" .
<la-journée tout-elle je-suis-avec-toi , mais avec-la-nuit je­ Dans le premier cas o n aurait en maltais une c. préf . avec
sors je-vole> préverbe de futur, éventuellemen t précédée de l ' auxiliaire
''Toute la journée je serai avec toi , mais le soir je sortirai temporel /k�n/ "il était" , dans le second une périphrase
voler" composée de /ikOn/, c. préf. du verbe " être", SUIVl d ' un verbe
9. Gnada n igi u naraw fejn qiegnda L -nasra ( Casha 1974 : 37) à la c. suff. Voici, à titre de comparaison, la traduction des
<demain je-viens et nous-voyons où assise le -dommage ( f . » c. préf . de deux versets de la Bible, cités par D. Cohen
"Demain je viendrai et nous verrons où se trouve le dégât" ( 1984 : 309) :
10. DaLwaqt jixegnLu kuL L imkien ( O . Cal leja 1972: 147)
<bientôt i ls-al lument partout>
Jon. 4/5 . teL L a ' gnaL ih gnarix hemmhekk, u qagnad tantu, gnad­
"Bientôt ils vont allumer partout"
deL L , b iex jara x'kien se jigri m i L L -bel t
<i l-monta pour-lui cabane là-ai nsi , et il-s'assit dessous­
5.2. C' est aussi , le plus souvent , la forme verbale qui appa­ lui , pour-l ' ombre, pour il-voit quoi iL -était FUT iL -se-passe
raît dans l' apodose à valeur de futur d ' une phrase hypothé­ de-la-ville>
8
tique marquant le potentiel : "Il se fit là une cabane, s ' y assit à l ' ombre attendant de
voir ce qui se passerait dans la ville" ( TOB)
1. /yEkk ma-t::>?08d-s kw�t nikastigi-k/ ( Q ) Jg. 6/26 u toffrih manruq b i L -natab ta' L -Asera Li tkun qaééatt
.

<si ne-tu-restes-pas calme je-punis-toi > <et tu-offres-Iui brûlé avec-les-fagots de l ' Asera que tu-es
" S i t u n ' e s pas sage j e t e pun irai" tu-coupas>
2. /yEkk n8l)r::>g ingib-O �-l-Ek/ ( Q ) "Et tu l ' offriras en holocauste sur le bois du poteau sacré
<si je-sors j' apporte-el le-à-toi> que tu auras coupé" (TOB )
"Si je sors, je te l' apporterai"
3. /Imma l-lizir Issa ik9 l)allEyt-O-I-Oa smmÉ:kk f8rsi ma-tl)alls
6. Dans l' instance du récit
-É:k-s dïn/
<mais l e-drap mai ntenant si tu-laissas-Iui-à-elle là-ainsi
6.1. D. Cohen ( 1989 : 93 ) fait remarquer que "dans le récit [ ' . l
.
peut-être ne-elle-paye-toi-pas cel le-ci>
l' inaccompli [ fonctionne l comme un imparfait . " Tel est aussi l e
"Mais le drap, alors, si tu le lui as laissé là-bas , peut­
cas d e la c . préf . e n maltais . E l l e est uti l isée, dans c e
être qu' elle ne te payera pas".
contexte d e passé , pour énoncer que le prédicat e s t envisagé
dans son déroulement et non pas comme un événement achevé comme
5.3. La c. préf . n' exprime pas comme en hébreu (voir D . Cohen ce serait le cas avec une c. suff. ( voir ci-dessus p. 45-7 ) .
1984: 309 ) le futur "relatif" . I l est marqué par des formes Cette utili sation d e l a c . préf. n e s e fait toutefoi s pas dans
composées, qui seront étudiées dans la suite de ce travail, n'importe quel les conditions un récit ne peut en effet
différentes selon qu' i l s' agit d' un "futur du passé" c' est-à- débuter par un verbe à la c. préf. seule.
Très fréquemment, elle se trouve dans une construction
séquentielle : le premier verbe d ' un énoncé est à la c. préf .
mais précédé de l ' auxiliaire du passé /k�n/ "il était", puis,
7
Sic. L' accentuation sur la première syllabe est très étrange. dans la suite du récit, la présence de cet auxil iaire n ' a plus
8
Pour son expression au moyen d ' une part icule de futur, voir
p. 183-4 § 3 . 3 . et 4.3.
9 /ik/ est une forme abrégée très courante de /YEkk/. 10
Les expressions sont reprises de D. Cohen ( 1984 : 309 ) .
82 Valeurs et emplois des deux conjugaisons La conjugaison préfixale 83

rien d ' obligatoire et l ' on peut avoir toute une sene d' énoncés travai llent même qui U -va l ' école e l L es-trava i l L ent la-mai­
ne comportant que des c. préf . avant de retrouver une indica­ son et comment elLes-peuvent e U es-aident>
tion temporel l e quelconque. Comme la périphrase avec Ik�n/, la "Les jeunes filles du vil lage, comme ça elles travaillaient,
présence d' une c. préf. dans le récit énonce une habitude en même celles qui allaient à l ' école. Elles travaillaient à la
plus du fait qu' elle marque le prédicat dans son déroulement, maison et elles aidaient comme elles pouvaient"
ainsi que le remarquait M. Cohen ( 1924 : 182) à propos de ce 4. Ik6nu yikla-°::Jm l)afna missiriyy6t-na ?abcl isayyra-°::Jm u
fonctionnement qu ' i l nommait "passé duratif" "il peut aussi yikl a-°::Jm kcmm ncyyln u kcmm mi syurlnl
décrire un procès en cours d ' accompli ssement dans le passé ou <il s-étaient ils-mangent-eux beaucoup pères-nous avant il s­
une situation et enfin exprimer une habitude. " cuisent-eux et Us-mangent-eux combien crus et combien cuits>
On remarquera dans le second exemple ci -dessous que la c. "Ils en mangeaient beaucoup nos ancêtres, avant. Ils les
préf . seule apparaît après les marques de coordination lui "et" faisaient cuire et ils les mangeaient aussi bien crus que
et Imbaoadl "ensuite", mais l orsque la séquence cesse d ' être cuits"
marquée formellement, l ' auxiliaire temporel est de nouveau 5. Ima-kina-s yiseu im::Jrru ° al-I -l)6bz mal li y6l)r::Jg mil-I-f6rnl
uti l isé : ( 1 , 194-5)
<ne-el les-étaient-pas elles-peuvent elles-vont pour-le-pain
ll
1. Imous k�n yigi taO-I-l)8bz u ylstru il-l)8bz minn °and-ul dès-que il -sort de-le-four>
( J , 5-6 ) "Elles ne pouvaient pas aller chercher le pain dès qu' i l
<ne-lui -pas il-était il-vient de-le-pain et Us-achètent l e­ sortait d u four"
pain de chez-lui> 6. li � sa [g� l I-IÉn; bi al)na ?att l!la-k6nna nnadfa-l) prccIz [gal
"Ce n' est pas que le boulanger venait et qu' on achetait le l-lcmbi dcyycm yib?aO si fUt °agïnl 0, 117-9 »
pain chez 1 ui" <maintenant dedans la-cuvette ( m . ) nous jamais ne-nous-étions
2 . II-Éwwcl kQn 1 2 y::P5°du ifarfra-l) tayycb imba°ad prbta-l) mac nous-lavons-lui precIs dedans la-cuvette toujours U -reste
sulSin u yaOmla-l-oa ?Is-Oa rabb;ita tayycb dan l-irbÎt u dak quoi un-peu pâte>
iz-zarao yaOmla-l) ?attaO ?attaO imbaoad sl)ïn ik8W::Jm tmgn "Alors dans la cuvette, nous, jamais nous ne la nettoyions
?att6t k�n yaOmlu g::Jcc zOïrl avec précision, dans la cuvette il restait toujours un peu de
< le-premier il-était ils-s' asseoient ils-dépoussièrent-Iui pâte"
bien puis Us-attachent-Iui avec mutuellement et Us- font­
à-el le comme-elle liens bien celui-ci le-lien et celui-là
6.2. La même valeur d' inaccompli d' habitude dans le passé se
le-blé Us-fant-lui botte botte puis quand Us-ont huit
retrouve pour les c. prÙ. dans des récits relatant des
bottes il-était i ls-font tas petit>
activités qui avaient l ' habitude de se reproduire autrefois,
"D' abord ils le dépoussiéraient bien, et puis ils les atta­
lorsqu ' un énoncé est introduit par le pseudo-verbe "avoir"
chaient ensemble et ils en fai saient comme des liens, un bon
IkÉllul qui exprime un aoriste ( voir p . 413 ) .
lien, et ce blé ils le mettaient en bottes, et puis quand ils
S i le récit débute par Ik�nl "être" à la c . suff. dans son
avaient huit bottes , ils faisaient un petit tas".
sens plein de verbe d' état et non plus comme auxil iaire , les c.
3. lit-tfayl6t taO-r-ral)al ckk k6nu yal)dmu anki mïn imur
préf. des verbes processifs qui suivent décrivent simplement
l-isk5la yal)dmu id-dar u kïf ylstOu i OInul ( 1 , 257-60)
"un procès en cours d' accomp lissement dans le passé" ( ex. 3) :
< les-jeunes-fil les de-le-vi llage ainsi elles-étaient elles-
1. IkÉl lna da?sÉyn skaffa cal tapp6sta u [ n?td5-l) lI C I , 224-5 )
<nous-avions quelque-peu étagère pour exprès et nous-posons­
II lui>
Sur cette négation, voir p. 383 ( ex. 8 ) .
12
"Nous avions une sorte d' étagère spéciale et nous l ' y met­
Ik�nl exposant temporel peut ne pas s ' accorder en nombre. tions"
Voir p. 214.
84 Valeurs et emplois des deux conjugaisons L a conjugaison préfixale 85

2. lu k é W a si l).att iO l n-oal 0, l75 ) 6.4. Dans un récit exprimant une suite d' événements advenus, où
<et elle-avait quoi personne i l-aide-elle> les verbes sont donc en principe à l a c. suff. , certains
"Et elle avait quelqu' un qui l' aidait" ( pour l ' aider ) d' entre eux , sauf le premier, peuvent être cependant à la forme
3. Ibnt fi-t-t i�P a n 8ms:)t s a Or-il CV, poème n° 3) préfixée. Il s' agit d ' un de ces usages narratifs que D. Cohen
<j' étais dans-la-fenêtre je-peigne cheveux-moi> (1984 : 29 1 ) a qualifiés de "conjonctifs" à propos d ' une soi­
"]' étais à la fenêtre, je me coiffais l es cheveux" disant valeur de "duratif dans le passé" prêtée par Cantineau à
la c. préf. dans le dialecte arabe de Palmyre : "après un verbe
à une forme aspective marquée, les autres verbes sont à la
6.3. Une autre condition poss ible à l ' utilisation de la c . forme neutre, c' est-à-dire à la c. préf. sans préverbe, l ' as­
préf. dans u n récit, est la présence e n tête d' énoncé d ' un pect restant celui de la forme marquée" . Simeone-Senelle ( 1985-
adverbe temporel du passé. I l peut s' agir d' une habitude ( ex. 2 6 : 77 ) a repris ce classement modal de cet emp loi de la
et 3) ou de la description "d'un procès en cours d' accomplisse­ c. préf . : "dans une suite de procès, dans l ' instance du récit,
ment dans le passé" comme dans l ' exemple 1 où la c . préf . le premier procès est "marqué" quant à l ' aspect, et les autres
s' oppose au verbe qui suit à l ' aspect délimitatif. Des énoncés procès, dépendant implicitement du premier procès, sont à la
de cet ordre ne sont toutefois pas très fréquents dans mon conj. préf. qui est ici une forme neutre, non marquée du point
corpus. Les trois qui ont été relevés proviennent d ' un locuteur de vue du temps et de l ' aspect. " Un tel classement "modal" est
de Mtanleb âgé de 74 ans et de proverbes. également possible en maltais. Dans cette présentation l ' accent
n'a été porté sur le contexte du récit que pour éviter qu' on
1. Id arba I i i l).Î -ya nigbd Ô -l). nigbdÔ -l). nigbdÔ -l). k 8nna y�na u assimile une fois de plus c. préf. et présent. La seule valeur
8l).ra ta n i gbdu sa f-l- al).l).ar ?tayn 6 -l). fi-l-ayrul qui pourrait éventuel lement être déduite du contexte est celle
<fois à frère-moi nous-berçons- lui nous-berçons-lui nous-ber­ d'un aoriste. Elle n ' est ni celle d ' un présent ni celle d ' un
çons-lui nous-étions moi et autre Cf. ) tiens nous-berçons imparfait comme dans les cas étudiés ci-dessus.
jusqu ' à dans-le-dernier nous-coupâmes-lui dans-l' air> L' emploi de la c. préf . avec valeur d ' aoriste relève du
"Une fois mon frère nous le bercions, nous le bercions , nous domaine stylistique . Elle est ressentie par les auditeurs comme
le bercions, nous étions moi et une autre, tiens, nous ber­ donnant plus de force, de vivacité, au récit. Il semble bien
cions et soudain il nous a échappé en l ' air" que, pour le locuteur, ce soit une manière de revivre, de faire
2. I l -b ieran ibign L- immarinat u U um ta' abbet
13
gnax it-trova­ revivre une scène . 14 Cela me paraît être particulièrement le cas
tura sab ( Aquilina 1972, provo 61, p. 335 ) dans un corpus recueilli auprès d ' un locuteur de Mtanleb
<le-hier il -vend les-marinades et aujourd'hui de "habet" car (hameau reculé du sud-ouest de l ' î l e de Malte ) et dans certains
le-trésor il-trouva> textes du recue i l de Stumme :
"Hier il vendait des marinades et aujourd ' hui il roule sur
l ' or car il a trouvé un trésor"
3. Min dari jagnt i miet (Aquilina 1972, provo 16 p. 280 ) 14
<qui autrefois i l-donne il-mourut> L es ex. re I eves,
' peu nombreux au demeurant, de cet usage,
"Qui autrefois donnait est mort" concernent presque exclusivement des verbes de perception, de
dép lacement et de préhension, trois catégories sémantiques pour
lesquelles A. Roth ( 1987 ) avaient remarqué un fonctionnement
styl istique particulier, dans le récit, pour l ' inaccompli en p­
dans le par 1er arabe de Kormakiti . Si l ' on ne peut plaquer le
13 détail de son analyse sur le maltais, il y a cependant une
Selon Aquil ina, l ' expression "ta' abbet" est une façon popu­
laire de dire "riche" . Elle est composée de la préposition valeur que maltais et arabe de Kormakiti semblent partager,
"ta' '' , "de" et du latin "habet", "il a " . c' est celle d ' un fonctionnement " conclusif" , particulièrement
net dans l ' ex. de Stumme ci-après ( i l s ' agit d' ailleurs de la
fin d'un récit ).
86 Valeurs et emplois des deux conjugaisons La conjugaison préfixale 87

1. Ikin-émm w�hcd
. [pl)3 ! -ck ] ckk inglÎz k�n [t::>] i OÎd-I-i k�mon "Car les chi ens étaient silencieux, ils partent derrière lui
k�mon yi dl)::>l il-[gabb:5na] Cal !:labta taO s�oa [ s�téyn] y�!:lu et i l est entré dans un sac et je pars en courant et je
zcwg l)ars�t °ckkl l' attrape et je l ' ai attaché et je l ' ai mis dans un sac"
<i l-était-Ià un comme-toi ainsi Anglais i l-était tiens il­ 5. [ ettorka [ . . 1 gibûwa ) oddiemu, bies ji kkondannauwa 3albicca
dit-à-moi "come on come on" i L -entre la-cabane pour coup de la-3amlitlu. j�mel gardarûm-bizz�It j�li, jitfa!:ll)a gafie!:l]
heure deux-heures il -prend deux regards ainsi> ( Stumme, dial ecte de Rabat ( Malte ) , p. 52, 1 . 26-28)
"Il y en avait un comme toi , comme ça, Anglais qu' il était <la-Turque [. . . ] i ls-apportèrent-elle devant-lui, pour il s­
tiens, il me dit "Come on , come on" , il entre dans la cabane condamnent-elle pour-le-morceau ( f . ) que-el le-fit-à-Iui. IL
sur le coup d' une heure, deux heures, il jette un coup d' œil met chaudron-avec-l' huile ( m . ) i l -bout, il -jette-elle dedans­
comme ça" dans-lui>
2. Ifi lfla darba [ murna t::> ] l)a-noÎd-I-ck [ immurru ] fi lfla "La Turque [ . . ] i ls l ' ont amenée devant lui pour qu' on la
yipawwa l-bal)ar tla?na cal [ �r ] lapsil condamne pour ce qu ' elle lui avait fait. I l met un chaudron
<Filfla fois nous-allâmes tiens FUT-je-dis-à-toi nous-aL L ons avec de l ' huile à boui llir, il la jette dedans"
Filfla il -se-renforce la-mer ( m . ) nous-partîmes pour grotte
Lapsi> Tous ces exemples sont aussi intéressants du point de vue
"Filfla, on y est allé une fois, tiens, je vais te dire, nous de l ' util isation de la c . suff. comme forme marquant une
al lons à Filfla, la mer gross it. Nous étions partis pour la rupture stylistique . Quand un verbe n' est plus senti comme
grotte de Lapsi" étant en dépendance syntaxique d'un autre, le locuteur emploie
3. lil-[ guma ] l-�l)ra sibt sup [ . . . ] u nitlao np tal)t il­ une forme à suffixe qui fait alors fonction de ponctuation de
l)arrUb u [ nura ] kaoak ckk zOïr °ckk ;ira da?sékk séwda u sl)ïn l' énoncé. Le phénomène a été remarqué pour d ' autres langues
rayt ckk y�n °i dtl chamito-sémitiques comme le berbère ( Gal and-Pernet 1973-74: 65-
<la-semaine l ' autre je-trouvai serpent [ . . . ] et je-monte sur 66) ou l ' ougar itique par ex . , pour lequel D. Cohen ( 1989: 181 )
sous le-caroubier et je-vois kagnak ainsi petit ainsi regarde observait notamment que "dans une succession cp-cs, l a forme cs
taille-ainsi noire et quand je-vi s ainsi moi j' ai-dit> peut indiquer l ' achèvement des processus nommés par les formes
"La semaine dernière j ' ai trouvé un serpent [ suit une des­ cp. " C' est d' ailleurs ainsi que l ' on pourrait interpréter les
cription du serpentJ et je monte là-haut sous le caroubier et deux derniers verbes de l ' ex. 4 ci-dessus.
je vois un kagnak1 comme ça, petit, comme ça, regarde, de
cette taille, noire 16 et quand j ' ai vu ça, moi , j ' ai dit"
7. Le parfait en composition avec deux adverbes
4. IOas il-kl�b k�nu sikwÎti yitil?u [ waraY-b] u dal)al [gal
skSra u [ mm:5r ] nigri u na?bd-u w-[ crbatt-u] u ?éOdt-u [ ga l
Nous avons vu dans le chapitre précédent (p. 55-7 ) que lorsque
skSral
la c. suff. est employée dans une construction syntaxique
<car les-chiens ils-étaient si lencieux ils-partent derrière­
comportant l ' adverbe IOad-1 "encore" , éventuellement suivi d ' un
lui et il -entra dedans sac et je-vais je-cours et j'attrape­
autre adverbe Ikcmml "combien" ou Ikïfl "comment", e l le exprime
lui et j ' attachai-lui et je-mis- lui dedans sac>
un parfait. La même construction est possible avec la c. préf .
avec la même valeur . Je n ' en ai cependant rencontré que deux
exemples dans tous mes corpus, tous deux sans le second
7
15 Le "kagnak" est une pâtisserie très commune à base de graines adverbe, 1 et tous deux à Gozo. La construction est connue des
autres informateurs et sentie comme rapprochant encore plus du
de sésame, en forme d ' anneau. L ' emploi de ce terme fait allu­
sion à la forme du serpent.
16 Le fémi nin s' explique probablement par le fait, que l ' infor­
17 Même si je n ' ai pas relevé d ' exemple avec cet adverbe, son
mateur a oublié qu' i l avait utilis,é le col lectif Ikaoakl et
qu ' i l pense au nom d' unité féminin IkaOka/. util isation est possibl e, selon mon informatrice de La Valette.
88 Valeurs et emplois des deux conjugaisons La conjugaison préfixale 89

moment présent que son équivalent avec c. suff. Elle est donc 4. /al).na u nfbnu l).a-nissuggirfssu naomlu ?Is-u arcl
plus fortement expressive et marque une incidence plus grande <nous et nous-construisons FUT-nous-suggérons nous-faisons
dans le présent du locuteur. comme-lui "arch">
"Pendant que nous construirons, nous suggérerons de faire
1. Idïk o�d-ni nirranga-Oal comme une arche"
<cel le-là encore-moi j ' arrange-e lle> 5. U jkunu bhaL aghsafar mahruba, bhaL bejta mtajra, iL -bniet
"Cel le-là, je viens juste de la réparer" ( et non pas "je la ta' Mowab, huma u jaqsmu L -Arnon (Es. 1 6/2)
répare encore" ) <et elles-sont comme oiseaux échappée, comme nichée chassée,
2. IOidt-I-u issa o�d-u iO idi-I-na sl;ïn spiccayna mi-d-da??1 les-filles de Moab, elles et elles-traversent l ' Arnôn>
<j' ai-dit-à-Iui maintenant encore-lui i l-dit-à-nous quand "Et elles seront comme des oiseaux en fuite, comme une nichée
nous-finîmes de-la -sonnerie> chassée, les filles de Moab, tandis qu' elles traverseront
"Je lui ai dit "il vient de nous ( le ) dire à l ' instant, l ' Arnôn"
quand nous en avons eu fini avec la sonnerie"
9. Emplois modaux
8. La simultanéité
9.1. L' éventualité et la possibilité
Le maltais connaît une construction converbiale particulière
pour exprimer qu'une action a lieu de manière simultanée à une Lorsque le maltais veut exprimer des valeurs modales d' éventua­
autre action ou à un état. Elle est formée d ' un pronom lité, ou de possibilité, l ' usage de la c. préf . est suffisant.
personnel indépendant, suivi de la conjonct ion de coordination Elles peuvent être rendues en français par un conditionnel ou
lui "et" et d'un verbe à la c. préf. ( sauf pour les verbes de le verbe "pouvoir". Les deux premiers ex. sont issus d ' un
mouvement et d' attitudes, voir p. 134-5 ) accordé avec le pro­ questionnaire et traduisent les énoncés anglais "he would do
nom. Quant au verbe de l' autre membre de la phrase, il peut that for me" ( ex. 1 ) et "he ' d like to come with me" ( ex . 2 ) .
être à l' une ou l ' autre des deux conjugaisons. La construction
converbiale se rencontre donc en tout contexte, passé, présent 1 . /oUwa yaOmcl dan °aÜy-yal ( Q )
ou futur , discours ou récit. Vella ( 1970: 293) dans sa thèse <lui il-fait celui-ci pour-moi>
signale la même construction dans le dialecte libyen de "Lui , il ferait ça pour moi"
Benghasi. Elle n ' avait été relevée ni par Cesàro ( 1 939) pour 2. lyist6? yfgi m6°-il ( Q )
Tripoli ni par Panetta ( 1949) pour Benghas i. <il-souhaite i l-vient avec-moi>
" I l aimerait venir avec moi"
1. lu y6na u indawwar l-éwwc1 norb:)t awnékkl 3. Idak l-imséykcn scrdU? sa?ay-[ h ] marbutIn °as ma-nnchhu -l­
<et moi et je-tourne le-premier je-lie ici-ainsi> U-s dawk [ il-sp�k] li °andu mac sa?ay-[h]/ (II, 10-12)
"Et en tournant, d ' abord je fais un l ien ici" <celui-là le-pauvret coq pieds-lui l iés car ne-nous-e nlevons­
2. lint u t6bl trïd tl;al lI-o:)m fi]? nar bassl à-lui-pas ceux-là les-ficel les (coll. ) que chez-lui avec
<toi et tu-manges tu-veux tu-Iaisses-eux sur feu bas> pieds-lui>
"En mangeant, tu dois les laisser à feu doux" "Ce pauvre coq, ses pattes sont attachées, pourquoi ne lui
3. wiegbu L-Fra hu u jghin L i [ éorg jitL a ' miLL - iLma ( Casha enlèverion s-nous pas ces ficelles qu' i l a aux pattes ?"
1974 : 4 ) 4. Iy�n ?att ma-oadd6 t-l-i minn mohh-i li dawk t a?tah-h:)m/
·
<il-répondit le-Frère lui et il -aide à Georges il-monte de­ <moi jamais ne-il-pass a-à-moi d� esprit-mo i que �e�x-Ià tu­
l ' eau> coupes-eu x>
"Répondit le Frère tandis qu' il aidait Georges à sortir de " Mo i , i l ne m' était jamais venu à l ' e sprit que ceux-là on
l ' eau" pouvait les couper"
90 Valeurs et emplois des deux conjugaisons L a conjugaison préfixale 91

9.2. L' optatif marra by regressive assimilation of the two liquids n and r,
and the substitution of the initial liquid m by n. Cp. Ar. man
La c. préf. permet l ' expression d' un désir ou d ' un souhait . ra: h (> marrah > narrah) "puisse-t-il être, puisse-t-on le
Elle est alors précédée de locutions telles que /yalla/, litt. voir" (Beaussier ) . "
"ô Dieu", ou /mank li/8 "pas même que", ou encore d ' une
invocation de Dieu /alla/. Lorsque le locuteur veut maudire 7. [�bni , nirrak �ssîp �ss�b� t6rgi milwîja ! l (p. 50, 1 . 14)
quelqu' un ou quelque chose il peut également utiliser le verbe <fils-moi, que-toi tu-trouves les-sept oranges tordues>
/l;ara?/ "brûler", figé à la 3ème pers. du masc. sing. de la c. "Mon fils, puisses-tu trouver les sept oranges tordues !"
préf. : 8. /narra-l; yéOrr;?/ ( Aquilina 1959:340)
<que-lui il-se-noie>
1 . /yalla tmut da?skémm °amÜt-l-i l;s�ra/ ( Q ) "Puisse-t-il se noyer ! "
<ô-Dieu tu-meurs autant tu-fis-à-moi mal>
"Puisses-tu mourir pour tout le mal que tu m ' as fait ! "
2. Jal la s-sul tan ignix najja twila ( Neh. 2/3 ) 9.3. L e prohibitif
<ô-Dieu le-sultan il-vit vie longue>
"Puisse le sultan vivre longtemps ! " Trois formes sont possibles pour marquer l ' interdiction. La
3 . /mank li eïS l;ayya twila/ ( Q ) plus fréquente consiste à postposer l ' élément de négation /-s/
<pas-même que tu-vis vie longue> à la forme verbale. On trouve aussi une forme emphatique avec
"Puisses-tu vivre longtemps ! " la négation discontinue fla . . . si, ou parfois même sans /-s/ :
4 . A l la jilnqek ! ( Aquilina 1987 : 721)
<Dieu il-atteint-toi> 1. /tibza o_s/
"Que ( l a punition) divine t ' atteigne !" <tu-as-peur-pas>
5. A l l a jnarsna minn kul l deni ! ( Aquilina 1987: 507 ) "N' aie pas peur !" ou "Ne t' inquiète pas ! "
<Dieu il-surveille-nous de tout mal> 2 . /tins�-s tigbr;d il-b€ïb waray-k/
"Que Dieu nous protège du mal ! " <tu-oublies-pas tu-tires la-porte derrière-toi>
6 . I l-fekruna, wara l i diemet tielgna mas-seL l um disgna u "N' oublie pas de tirer la porte derrière toi !"
disgnin sena, waqgnet u qalet : janraq dinha l -gnagla 3. /la-tal;sib-s li l;a-niggrangya/
( Aquilina 1972, provo 6, p . 319) <ne-tu-penses-pas que FUT-je-deviens-muet>
<la-tortue, après que elle-dura montant (f. ) avec-l' échelle "Ne crois pas que je vais devenir muet ! "
neuf et quatre-vingt-dix an, elle-tomba et elle-dit il­ 4. F'dar l-onrajn l a tgnid l i tanseb, l a tiftan bieb u l anqas
brûle celle-ci la-hâte> issaqsi bosta ( Aquilina 1972, provo 19, p. 220)
"La tortue, après qu' elle eut passé 99 ans à monter l ' échel­ <dans maison les-autres ne tu-dis que tu-penses, ne tu-ouvres
le, tomba et dit : maudite soit cette hâte ! " porte et ni tu-demandes beaucoup>
"Dans la maison des autres, ne dis pas ce que tu penses,
Aquilina ( 1959: 340 ) ajoute la particule /narra/, variante n' ouvre pas de porte et ne pose pas de questions ! "
/nirra/, + pronom suffixe + c. préf. Elle n' est apparue que
dans les textes recueillis par Stumme ( 1904 ) . Selon mon infor­
matrice de La Valette elle fait aujourd' hui très archaïque.
Aquilina ( 1972: 247) explique ainsi son ongme "narra (+
pron . suffix, exclamation ) , for man "who" + ra "saw", giving

18
/mank/ provient de l' italien "manco" ( Aquilina 1990: 778b ) .
92 Valeurs et emplois des deux conjugaisons La conjugaison préfixale 93

9. 4 . Le cohortatif 8 . léyya mm6rrui


<viens nous-allons>
La c. préf. y est le plus souvent précédée de ll;al 9 ou d ' un "Allons-y ! "
verbe à l ' impératif, fréquemment fi�é au sg. I l s ' agit de 9 . léyya nIftl;u t-dj?a bi-I-li:yl l;a eaddi l-�ryal
0 <viens nous-ouvrons la-fenêtre avec-la-nuit pour elle-passe
léyyal "viens !" pl. lr:.yyéw/, Il;allil "laisse ! " , pl. Il;allu/,
ou de 11msil "marche !" figé au sg. léyyal et Il;al peuvent se l ' air (f. »
combiner. La c. préf. est rarement employée seule avec cette "Ouvrons la fenêtre la nuit pour que l ' air rentre ! "
valeur et les exemples proviennent tous de poésies chantées 10. lillUm I-Uza t60-u mOus spicc a éyya nOidU-oa kïf in-oii
improvisées. <aujourd'hui l ' usage de-lui ne-lui-pas il-a-fini viens je­
dis-elle comment que-el le>
1. /l).a -mma?dru na?ra l-franclzi nar�w s tOïd martIn/ "Aujourd'hui son usage ce n' est pas qu' i l est fini. Disons
<pour-nous-méprisons un-peu les-Français nous-voyons quoi les choses comme elles sont ! "
elle-dit Martine> 1 1 . 11msi mm6rrui ( Q )
"Méprisons un peu les Français et voyons ce qu' en dit Marti- <marche nous-allons>
ne ! " "Allons-y ! "
2 . Il;a-nold-I-f:.k hmm y�n kap�cil 1 2 . Imxi nfittxuh (Casha 1974: 62)
<pour-je-dis-à-toi combien moi capable> <marche nous-cherchons-lui>
"Laisse-moi te dire combien je suis capable ! " "Cherchons-le ! "
3. ll;allU-oom ikantaw yr:.kk irldul ( Q ) 13. léyya l;a-no6dd-ooml
<laissez-eux i ls-chantent si i ls-veulent> <viens pour-je-compte-eux>
"Qu' ils chantent s ' i l s veulent ! " "Que je les compte ! "
4. ll;allU-l; yitla?1 ( Q ) 14. Imi:l a naozlu t6ro? tayybal
21
< laissez-lui i l-part> <alors nous-choisissons chemins bonne>
" Qu ' i l parte ! " "Alors choisissons les bons chemins ! "
5 . Il;all i nk6mplu da?séyn awnékkl
<laisse nous-continuons un-peu ici-ainsi> 9.5. Emplois e n dépendance d'un auxiliaire
"Continuons un peu ici"
6. Il;alli ylkbr:.r ikUn yaf1 La c. préf. peut être utilisée en dépendance avec tous les
<laisse il-grandit il-est il-sait> auxiliaires, que ceux-ci soient conjugués par marques préfixées
"Qu' il grandisse et il saura ! " ou suffixées , et avec toutes les particules verbales. Voici
7. Ejjew nisimgnuh dan iL -nsieb ta' L -gnageb (Ebejer 1985: 1 8 ) juste deux énoncés à titre d' i llustration. Pour une étude
<venez nous-écoutons-Iui celui-ci la-pensée (m. ) d e la-mer­ détaillée, je renvoie à la 3ème partie consacrée aux auxiliai­
veille> res (p. 101 sq ) .
"Ecoutons-la, cette merveilleuse pensée ! "
1 . 16mm-u bd�t tOayyati
<mère-lui el le-commença elle-crie>
1 9 Pour Il;al particule d e futur, voir p. 184-7. Il;al fonctionne "Sa mère s' est mise à crier"

aussi comme subjonction à valeur f inale "pour", "afin de" .


C' est ce sens que j ' ai conservé dans la traduction mot à mot.
20 21
Il;allil fonctionne aussi comme subjonction avec le sens de L' accord de l ' adjectif au fém. sg. avec un nom au p l . est
"pour", "afin de". C' est de cet impératif qu ' Aquilina ( 1979 : 83 ) possible en maltais , mais fait plutôt l ittéraire. Voir Caubet
fait provenir l a particule Il;a/. et aL. ( 1989 ) . L ' ex. est tiré d ' une poésie chantée improvisée.
--

94 Valeurs et emplois des deux conjugaisons La conjugaison préfixale 95

2. /dlk il-gcbla bit?Ou iOida-I-oa l-gébla taO [ dcritwt l/ "Elle en a eu assez d ' attendre "
<celle-là la-pierre ils-restèrent ils-disent-à-elle la-pierre 10 . /y�n niringritccya 1 6mm-i w-il miss6r-i l i darréw-ni ncil;dcm/
de Dragut> ( l , 263-4)
"Cette pierre, ils ont continué à l' appeler la "Pierre de <moi je-remercie à mère-moi et-à père-moi que ils-habituè­
Dragut" rent-moi je-travaille>
"Moi, je remercie ma mère et mon père qui m' ont habituée à
travai ller"
9.6. Emplois comme complément d'un autre verbe 11. /méla ?att ma-smityt-08m iOldu l i . . ./
<alors jamais ne-tu-entendis-eux i ls-disent que . . . >
De manière beaucoup plus fréquente qu' à la c. suff. , un verbe à "Alors tu ne les a jamais entendus dire que . . . "
la c . préf. peut être employé comme complément d ' un autre 12. /dak y6n?8s nistri issa y�n uk611 g6b8n taO-l-munt�nyi/
verbe, quelle que soit sa forme. Après un verbe de mouvement ou <celui-là i l-manque j' achète maintenant moi aussi fromage de­
d ' attitudes , il implique une valeur soit de but, soit de l es-montagnes>
simultanéité avec le premier procès : "Il ne manquerait plus que maintenant, moi aussi, j' achète du
fromage de mon� a�ne l" /
1 . /méla l lum ta sl;In m:>rt nistri il dak it-tuff&il;/ 13. [urât �ttornanet jitl;arr�k l ( Stumme 1904: 46, 1 . 1-2)
<alors aujourd' hui tiens quand j ' al lai j' achète à celui-ci
la-pomme (coll. m. » <et-eUe-vit le-volant il-bouge>
"Alors aujourd ' hui, tiens , quand je suis allée acheter ces "Et elle a vu le volant bouger"
pommes" 14. /yitl;.ciyyru yaOmla-oa sa llum/
2. /ip6ggi yistr6l; da?séyn/ <ils-ont-envie ils-font-elle jusque aujourd' hui>
<il-s' assoit i l-se-repose un-peu> "Ils avaient envie de le faire jusqu' à maintenant"
"Il s ' assoit pour se reposer un peu"
3. /in-nitnna k6nct tl;aIÜ-bm tlnzlu t05mu/ 9.7. Emploi dans les phrases conditionnelles
<la-gr and-mère elle-était elle-Iaisse-vous vous-descendez
vous-nagez> La c. préf . se rencontre aussi dans la protase de phrases
"Grand-mère vous laissait descendre nager 7" hypothétiques marquant aussi bien l ' irréel que le potentiel.
4. /k:mt dl;alt t°itnni mit°-na/ Elles ont respectivement pour marqueurs /k6ku/ ou /li/, et
<tu-étais tu-entras tu-chantes avec-nous> /yckk/. Des exemples en ont déjà été donnés p. 65-7. En voici
"Tu étais entré pour chanter avec nous" quelques autres :
5. /fW5du kull;itdd ?am itértcr/
<le-matin chacun il-se-leva il-frissonne> 1 . /imma yckk tmur tins6-s tlgbcd il-b6b warity-k/
"Le matin tout le monde s ' est levé en frissonnant" <mais si tu-vas tu-oublies-pas tu-tires la-porte après-toi>
6. /gcy ivénvcn/ "Mais si tu sors , n ' oublie pas de tirer la porte derrière toi"
<venant i l-fonce> 2. /k&iku ma-y�f-s bi-I-kélb cinki f-I-éwwd wcil;da ncil;scb k�n
"Il arrive en fonçant" iw6gb-u kdb biss/
7. /mitrrct tigri ggIb-I-i stik8r/ <si ne-tu-sais-pas avec-le-chien même dans-Ia-première une
<elle-sortit elle-court elle-apporte-à-moi "sticker"> je-pense il-était i l-répond-Iui chien seulement>
"Elle est sortie en courant (pour ) m' apporter un autocollant" "S' i l ne savait pas à propos du chien, même dans la première
8. /dan Ou li ppruvityt nci°md fi-l-poczÎyya/
<celui-ci lui que j ' essayai je-fais dans-Ia-poésie>
"C' est ce que j' ai essayé de faire dans la poésie"
9. /sébOct tisténna/ 22
Le "tornanett" était une garniture en toile accrochée en bas
<elle-se-rassasia ell e-attend> du lit, haut à cette époque.
96 Valeurs et emplois des deux conjugaisons La conjugaison préfixale 97

( phrase ) je pense qu' il lui aurait répondu " shien" seulement" 7. lu dak i l-l).;bz sC-[yO?5t]23 cmm b�s [yarga] yhlaO ftït 6l).orl
3. liz-zgUr k�ku al).na rrldu nitOallmu l-francïz al 0, 115-6 )
<le-sûr si nous nous-voulons nous-apprenons le-français hein> <et celui-là le-pain FUT-il-reste là pour il-retourne il­
"e' est sûr, c' est comme si nous voulions apprendre le fran­ monte un-peu autre>
çais, hein ! " "Et ce pain restera là pour remonter encore un peu"
8. lu ?ct-eld-I-i b�s nibzao °alI-kl
<et en-train-tu-dis-à-moi pour j' ai-peur pour-toi>
9.8. Emplois e n subordonnées circonstancielles
"Et tu es en train de me dire de prendre soin de toi"
9. Iy�n sakkart it-tr�? taO-I-gwérral
Nous avons vu (p. 69-71) que la c. suff . pouvait être utilisée
Isab�s na?bad l-;l).ra taO-I-picii
dans des propositions circonstancielles temporelles ou finales
<moi je-fermai le-chemin (f. ) de-la-guerre>
pour une expression insistée de l ' accompli. Mais le plus
<pour je-saisis l ' autre ( f . ) de-Ia-paix>
souvent c' est la c. préf. qui est employée, quelle que soit la
"Moi, j ' ai fermé le sentier de la guerre"
forme verbale dans la proposition principale :
"Pour prendre celui de la paix"
10. Ib�s Is-séms ma-tahtf-U-s . malayr k�nu yaOmlu t-tlbcn
1. Iw-il-furnira k�m:t taOmil-O;m-na sinténdi ?abcl ma taOmcl
imsarrab fa? il-béytl
il-l).;bzl 0, 136-7)
<pour le-soleil (f. ) ne-elle-brûle-Iui-pas vite elles-étaient
<et-Ia-boulangère elle-était elle-met-eux-nous évidemment
elles-mettent la-paille ( m . ) trempé sur l a-terrasse>
avant que elle-met le-pain>
"Pour que le soleil ne le brûlât pas tout de suite, elles
"Et la boulangère nous les mettait évidemment avant de mettre
mettaient de l a paille mouillée sur l a terrasse"
le pain"
, 11. Iy�n bnt strayt si affariyy�t b�s n�l).u m�o-il
2. Ima-git-nï-s f -r;is-na l i kéllna nippancyaw-l). ?abcl niÜlou
<moi j ' étais j' achetai quoi affaires pour je-prends avec-moi>
fi-t-trtnl
"J'avais acheté des affaires pour emporter avec moi"
<ne-elle-vint-nous-pas dans-tête-nous que nous-avions nous­
12. lÜ-ni géwla? l).a np;ggi l-bayd go fï-l).1
poinçonnons-lui avant nous-montons dans-Ie-train>
<donne-moi panier pour je-place l ' œuf (coll . ) dedans dans-lui>
"Il ne nous est pas venu à l' esprit que nous devions le
"Donne-moi un panier que je mette les œufs dedans ! "
poinçonner avant de monter dans le train" , , 1 3 . Ikatarln iftah it-t�?al
3. Ik�nu ihallU-oom wal).éd-oom go si Dar sakcmm imatul ( III, 6-7)
Il).alli y;l).rog i d-dul).l).inl (V, poème n° 4 )
<ils-étai�nt i l s-Iaissent-eux un-eux dedans quoi grotte jus­
<Catherine ouvre la-fenêtre>
qu' à-ce-que i ls-meurent>
<pour il-sort la-fumée (m. »
"Ils les laissaient dans une grotte jusqu 'à ce qu' i ls meurent"
"Catherine ouvre l a fenêtre"
4. lu y�n bnt n�l).u pyaclr méta nira dak l-oarb61 ccléstil
"Pour que l a fumée sorte"
<et moi j ' étais je-prends plaisir quand je-vois celui-là le­
tamis bleu-ciel>
"Et moi j ' étais contente quand je yoyais ce tamis bleu ciel " 9.9. Emplois dans les complétives
5 . lu k�n iOidi-I-oom minn f cyn igiba-Oal
<et i l-était il-dit-à-eux de où ils-apportent-elle> Dans les complétives introduites par lIiI "que" ou Isil "quoi",
"Et i l leur disait d ' où la rapporter" le verbe est à l a c. préf. , même quand le verbe de l a princi­
6. [3as ma-sêpc fê-norkot] ( Stumme 1904: 62, 1. 23) pale est à la c. suff :
<car ne-je-trouvai-pas où-je-dors>
"Parce que je n ' ai pas trouvé où dormir"
23 ,
La forme standard est lyo?Oodl avec accent sur la 1ère
syllabe et 2ème voyelle brève.
98 Valeurs et emplois des deux conjugaisons La conjugaison préfixale 99

1. /oal madw�r crboIn l).amsIn sena II-u k�nct si l).�ga spccy�li 10. Conclusion
dak iz-zm6n l i tlsr:>b da?sÉ:yn lumin�ta më1d in md16l).a/
<pour autour quarante cinquante an depuis-lui elle-était quoi Tous les emplois de la c. préf . qui viennent d ' être i l lustrés
chose spéciale celui-là le-temps que tu-bois un-peu l imonade montrent à l ' évidence que cette forme n' est l iée ni à une
"made in" Melliena> référence temporel le ni à une instance de l' énonciation parti­
"Il y a environ 40, 50 ans, c ' était quelque chose de spécial cul ières . Dans le couple qu' e lle forme avec la c. suff. , elle
de boire un peu de l imonade "made in" Melliena" peut être déf inie à la fois positivement comme marquant un
2. /issa l).argct m5da gdÎda li [ y i?tcu] saor-08m la [bcbÉuj/ (V, procès en déroulement et négativement comme une forme neutre.
poème n° 6) Cependant, le domaine de son fonctionnement tend à se restrein­
<maintenant il-sortit mode nouvelle que elles-coupent che­ dre. Nous avons vu que celui de la concomitance lui est presque
veux-elles à-la bébé> totalement interdit car elle y est très largement concurrencée
"Maintenant il est sorti une nouvelle mode de se couper les par d' autres formes qui seront étudiés dans la partie suivante
cheveux à la bébé" (p. 112 sq ) . D. Cohen ( 1989: 147 ) a souligné que la pénétration
3. Anna dejjem xtaqna L i n imlew dan il-vojt ( Sultana et al d' une forme de la concomitance dans le système de redondance
1979 : 7 ) d' une langue peut se faire graduellement "en investissant
<nous toujours nous-désirâmes que nous-rempl issons celui-ci d' abord des contextes syntaxiques déterminés avant de s' étendre
le-vide> à d' autres . " De ce point de vue l ' énoncé interrogatif est en
"Nous avons toujours voulu combler ce vide" retard sur l ' énoncé assertif pui squ ' une forme de concomitance
4. /:)mm-u kÉ:Wa s taO md/ n'y est pas encore obligatoire. Par ai lleurs, au cours d'un
<mère-lui elle-avait quoi e lle-fait> échange de questions - réponses dans un dialogue nous avons vu
"Sa mère avait à faire" que si une forme progressive apparaît dans la question, sa
5. /k�n fI-l). l).afna s�O:>1 si islr/ reprise n' est pas forcément nécessaire dans la réponse. Cette
<il-était dans-lui beaucoup travail quoi il-devient> absence de marque me semble s' apparenter au fonctionnement
"Il y avait beaucoup de travail à venir" séquentiel ou "conjonctif" de la c. préf. qui a été montré par
ailleurs, la même analyse pouvant probablement expliquer la
9.10. Emploi dans les relatives présence d'une c. préf. simple dans une réponse alors que la
question ne comportait pas de forme marquée du concomitant .
Dans les textes recueillis par Stumme, j ' ai relevé un exemple Nous avons vu également qu' une poignée de verbes de sens moyen
de relative, non introduite par un pronom relatif, où le verbe ne connaissent pas d' opposition formelle entre concomitant et
est à la c. préf. alors que celui de la principale est à la c . non concomitant. A part ces quelques cas marginaux, qui sont le
suff. I l s' agit encore d ' un emploi conjonctif : souvenir d ' un état plus ancien, et que l ' on peut observer, avec
des réalisations diverses bien entendu, dans tout système en
1 . [ sama ill).os tall).anzîra, t�mel >uz >uz ] ( Stumme 1904:39, 1. 7) évolution ( et un système n' est jamais figé ) , l ' utilisation de
<il-entendit le-bruit de-la-truie elle-fait >uz >uz> la c. préf . en maltais me semble refléter le deuxième stade de
"Il a entendu le bruit du cochon24 qui faisait ">uz >uz" l ' évolution fonctionnelle énoncé par D . Cohen ( 1989: 147-8 ) ,
"
celui d e la "non-actualité" a n ' est plus uti lisé que dans
les assertions de nature générale ou pour exprimer les phénomè­
nes habituels, répétitifs, et aussi les faits et les événements
24
Genera
' .
I ement, en ma ltaI· s , un anImal qu i n' entrent pas dans la sphère de la constatation actuelle :
,
dont on ignore le sexe
est désigné au féminin, qui sert de terme générique. futur, modal, etc. "
En ce qui concerne le futur, le maltais connaît une nou­
vel le restriction, puisqu' i l n' est plus possible d ' utiliser la
c. préf. si l e point de référence à partir duquel est envisagée
la période à venir se situe dans le passé. A l ' inverse, nous
-

100 Valeurs et emplois des deux conjugaisons

avons vu deux développements nouveaux des emplois de l ' inaccom­


pli, qu' il n ' assume pas seul mais dans des constructions synta­
xiques particulières l ' expression encore très marginale et
fortement expressive du parfait en composition avec l ' adverbe
/°i:l.d/ "encore" et cell e de la simultanéité en composition avec
un pronom personnel indépendant suivi de la conjonction de TROISIEME PARTIE
coordination.
VALEURS ET EMPLOIS DES AUXILIAIRES,
S i l ' on regarde maintenant les différentes valeurs expri­
mées par l es c. suff. et préf . , on s ' aperçoit que leurs domai­ PARTICULES VERBALES ET PREVERBES
nes d ' expression ont été restreints sur des plans différents :
pour la première, c' est le contexte de futur et les valeurs
modales qui ont pratiquement été éliminés alors que les valeurs
générales et concomitantes sont toujours présentes ; pour la 1. REMARQUES GENERALES SUR L'AUXILIARITE
seconde, la concomitance et l ' actualité sont marginalisées,
mais les valeurs générales et modales demeurent. Les principaux Le système verbal du maltais ne repose pas uniquement sur les
emplois non modaux de chacune d ' entre el les peuvent se résumer 1
deux formes verbales qui viennent d ' être analysées. Nous
dans le tableau suivant, pour la majorité des verbes : verrons que le participe actif, pour quelques verbes, est venu
s ' y intégrer. Mai s ce qui a considérablement enrichi l e
système, c ' est l ' ut ilisation d e nombreux auxil iaires, particu­
les verbales ou préverbes en combinaison avec la c. préf. l e
acc omp l i i naccomp l i plus souvent, e t parfois aussi avec la c. suff. o u le participe
gé n é r a l conj . p r éf . actif, voire le participe passif pour l ' expression du passif.
c on j . su f f . Ces auxil iaires et particules permettent, pour reprendre une
con c om i t ant formule de D. COhen, 2 " l ' expression expl icite d ' éléments impli­
cites dans le verbe " , c ' est-à -dire qu' il s représentent concrè­
tement des potentialités contenues dans le verbe. Elles sont
liées, au moins le plus souvent, soit à la fonction de relateur
du verbe, et concernent alors la relation du l ocuteur avec l ' é­
noncé (temps et mode ) , celle du sujet avec le prédicat ( voix,
concomitance : adhérence ou inhérence ) ou cel le du verbe avec

1
Il y a bien sûr aussi l ' impératif, mentionné dans le chapitre
sur la morphologie. Il ne fera pas l ' objet d' une étude particu­
lière dans la suite de ce travai l .
2 Voir séminaires EPHE de 1983 à 1985, notamment ceux des
3 . 2 . 84, 20. 4. 84 , 27. 4 . 84 , 4. 1 . 85, 8. 2. 85. Les précisions qui
suivent sont le condensé de plusieurs tableaux et explications
que D. Cohen a donné sur les sèmes contenus dans le verbe.
Tableaux qu' i l dit être "empiro-déductifs" , des potent ialités
n' étant pas toujours faciles à apercevoir.
102 Auxiliaires, particules verbales et préverbes Généralités 103

l' objet ( parfai t ) soit a u contenu lexématique ( quantité d' objet, adverbe ou sujet entre les deux verbes mais que :
fréquence, durée, intensité moment début , milieu, fin) a. on ne peut pas joindre les deux é léments de la périphrase
soit encore à la consistance interne du prédicat (aspects ) . Ces par une coordination, ce qui les mettrait sur le même plan ;
différents plans de la relation peuvent s'interpénétrer au b. i l n ' y a pas d' auxi l iation quand on peut mettre une
cours de l ' évolution des systèmes verbaux. D . Cohen a toutefois subjonction entre les deux éléments.
précisé à plusieurs reprises que les langues n' ont pas besoin - Il ne peut y avoir qu' un seul complément d' objet, celui de
de tout expl iciter. Le maltais, comme les autres l angues, a l ' auxilié ; en cas de commutation c' est lui qui reste : "il a
fait des choix. Nous verrons lesquels. lu un livre" commute avec "il lit un livre", mais "il a un
Les termes d' auxiliaire, de particule et de préverbe livre" possède un sens différent .
méritent quelques explicat ions. De 1983 à 1985 D. Cohen a - Le sujet est le même pour l ' auxiliant et l ' auxi lié.
consacré ses séminaires de l ' EPHE à une recherche sur les - On ne peut pas répondre à une question ne comportant que
auxil iaires dans une perspective dynamique de l ' évolution des l ' auxiliant ( par exemple "Qu' est-ce qu' i l va 7" en françai s ) .
systèmes et des formes, tout en s' attachant à en cerner les - U n processus d' abstraction est l e plus souvent nécessaire
caractéristiques qu' i l a illustrées de nombreux exemples t irés pour l ' auxi liaire. En effet, s ' i l y a unité, l ' élément auxi­
principalement des langues chamito-sémitiques. Pl usieurs critè­ liant doit pouvoir entrer en relation avec le plus grand nombre
res de reconnaissance de l ' auxiliarité ont été défini s, dont le de verbes possibles . Un des deux termes est donc plus général
point de départ sémantique est l e fait qu' une périphrase que l ' autre dans la périphrase et peut caractériser tous les
verbale composée d ' un auxiliant et d ' un auxilié ne peut pas verbes ou des classes entières de verbes, à condition que les
être égale à la somme de ses part ies mais qu'elle est une auxiliaires constituent des classes fermées. Lorsque le sens de
unité. Ce qui a pour corol laire que le sens général doit être l ' auxiliaire n' évolue pas par rapport à son sens comme verbe
partagé par les deux éléments, et qu' i l n ' est pas possible de plein, les autres critères de reconnaissance étant toujours
distribuer les fonctions entre les deux formes. D. Cohen a présents, le processus d ' auxi li ar isation consiste alors en
dégagé un certain nombre de critères fonctionnels qu ' i l l ' intégration du sens du verbe dans l a construction périphras­
présente comme n' étant ni exhaustifs n i définitifs : tique par exemple "commencer de", "finir de " . Dans de
- S ' i l y a unité, il est possible de commuter une forme mais nombreuses l angues, certains verbes peuvent se construire avec
pas les deux. Ainsi, pour prendre un exemple maltais, Iyi ebad un autre verbe pour complément. Mais pas tous : ainsi "manger"
y i doakl " i l commence à r ire" commute avec Iy i doaki "il rit", en français, pour ne prendre qu' un seul exemple.
mais Iy;i?badl seul ne veut dire que "il saisit" et jamais "il D . Cohen a, en outre, souvent fait remarquer qu' au cours
commence". Donc l ' un des deux verbes, en l ' occurrence l' auxi­ de la formation des périphrases verbales , un même verbe auxi­
li aire, change de sens si on l ' autonomise. Il ne peut permuter liaire pouvait prendre des valeurs différentes selon les formes
qu' avec l ' auxilié, alors que l ' auxilié peut permuter seul . Cela utilisées : il n' y a pas que le sens qui compte mais aussi l a
permet de reconnaître l ' é lément auxi l iaire. forme formes conjuguées, part ic ipes , infinitifs, impératif.
- Auxiliant et auxilié sont en construction asyndétique. 3 Pour le maltais, ce phénomène a eu une importance considérable
Asyndète ne signifie pas qu' il ne peut y avoir complément dans le dédoublement des aspects.

D. Cohen a dégagé cinq c lasses de verbes parmi lesquelles


les auxiliaires puisent leur source
3 1. être : copule ; "être dans" ; "rester , demeurer" ; "deve­
D. Cohen a précisé qu' el le n' est pas en elle-même la preuve
de l ' auxil iation. Formellement rien ne distingue Iy ;i?bad nir".
y doaki de Iy do:::> l y doaki mais dans le premier ex. Iy i doakl
i i i 2. Verbes de mouvement : changement d' attitude ( par ex. "se
est en fonction d ' auxi lié, la périphrase signifie "il se met à lever " ) ; dép lacement : mouvement vers ( "aller " ) , changement de
rire", alors que dans le second, ce deuxième verbe est en lieu ( " entrer " ) , mouvement loin de ( "séparer " ) . Le sème commun
fonction adverbiale "il entre en riant" . Sémantiquement il est l ' idée générale et abstraite du mouvement.
est une somme et non une unité.
104 Auxiliaires, particules verbales et préverbes Général ités 105

3. Verbes prendre et "ne pas prendre" : " laisser" ("abandon­ 2. L' auxil iaire est invariabl e et figé, mais il est encore
ner , permettre" ) ; " donner" "ne pas laisser", "être empêché, reconnaissable comme un verbe ( ou un part icipe ) . C' est par
fai l l ir , manquer de" . Verbes de rapprochement psychologique exemple le cas en maltais de la particule de cohortatif
(désirer , vouloir, devoir ) qui comportent aussi une idée de /l:l� lli/, très souvent invariab le. Le paradigme peut différer
mouvement vers. selon que l ' on a affaire à l ' auxil iaire ou au verbe plein
4. Faire et dire ( particulièrement développés dans les l an­ ainsi /mess/ est conjugué par les pronoms suffixes comme
gues couchitiques ) . auxiliaire de sens "devoir" alors qu' avec son sens plein de
5 . Métaphore. Cette classe ouverte, mais rare semble-t-il, "toucher" il est conjugué par les préfixes ou suffixes
est i llustrée, entre autres, par le verbe /mess/ "toucher" du habituels pour les verbes.
maltais qui prend l e sens de "devoir" dans une construction 3. L' auxi liaire est devenu une particule agglutinée au verbe
périphrastique. auxi lié. Il n' est plus reconnaissab l e comme verbe ou participe
que par l ' étymologie. On peut citer pour le maltais les pré­
Le maltais, comme nous le verrons, a eu recours aux verbes de futur /se-/ ou du concomitant /?et-/ qui provi ennent
classes 1 , 2, 3 et 5. tous deux de part icipes actifs.

Tous les auxiliaires ne sont pas présents dans un système Tracer des frontières entre auxi l iaire et particule n' est
avec la même prégnance. C' est qu ' i ls correspondent à des degrés pas chose aisée, D. Cohen le reconnaît. Mais pour la commodité
d ' auxiliarité divers, pour des raisons qui sont, au moins en du lecteur , je tâcherai désormais de me plier aux emplois
partie, le ref l et de stades d ' auxi l i ari sation différents du suivants seront appelées "auxi li aire" toute forme susceptible
point de vue diachronique et dont D. Cohen a montré le déroule­ d' être fléchie, verbale ou participiale, "particule" toute
ment. Dans un premier temps, l e verbe a son sens plein. Puis, forme invariable reconnaissable comme un verbe et qui comporte
en second l ieu, il est utilisé sans contradiction avec le sens un accent propre, "préverbe" toute forme non identifiable en
plein, mais est en partie métaphorisé. Dans un troisième temps, synchronie comme un verbe ou un participe et qui ne comporte
sans qu' i l y ait contradiction, le sens concret est évacué au pas d ' accent propre .
profit d ' un sème plus abstr ait, l ' idée de mouvement par exemp le
et non le mouvement en lui-même . La quatrième étape voit dispa­ La constitution des auxi l iaires, D. Cohen l ' a répété, est
raître la valeur lexématique du verbe mais la périphrase est un exemple du passage constant dans les langues de la stylisti­
limitée à des sujets animés, le processus d ' abstraction n ' est que à la syntaxe et enfin à l a morphologie. La stratégie du
pas encore total. finalement, même l ' interdiction d ' un sujet locuteur , à la recherche d ' une plus grande efficacité de son
animé disparaît. Ces deux dernières étapes sont abondamment message, cherche à expl iciter, grâce à la syntaxe permise par
il lustrées dans le système verbal du maltais. Pour déterminer la langue, un sème qu ' i l pense devoir mettre en rel ief dans ce
le dynamisme d ' un auxiliaire, il conviendra donc toujours de but . Pui s , ce qui était au début une stratégie devient un
chercher à savoir si n ' importe quel sujet est possible et aussi phénomène syntaxique ( quas i ) obligatoire avant de s ' user
si n' importe quel verbe peut recevoir l ' auxiliaire. jusqu ' à ce que l ' auxiliant et l ' auxilié ne forment plus qu ' un
syntagme inanalysable synchroni quement .
Un auxil iaire peut avoir pour base, en maltais comme dans
d' autres l angues, un verbe ou une forme verbo-nominale. La
périphrase verbale elle-même pourra être composée d ' un auxi­
liaire et d ' un verbe ou bien d ' un auxil iaire et d ' un participe.
Toutefois, l ' évolution des pér iphrases verbales peut aussi
s ' accompagner de trois stades de développement des formes
auxi l iaires que D. Cohen énonce ainsi :
1. Le paradigme est "normal", l ' auxil iaire est morphologi­
quement un verbe ( ou une forme verbo-nominale ) .
-

I I . L'EXPRESSION DE LA CONCOMITANCE

Remarques préliminaires

En maltais, comme dans tant d' autres dialectes arabes, le


système aspectuel n' est pas resté figé dans une simple opposi­
tion entre un accompli et un inaccompli, mais celle-ci a été
croisée par une opposition entre concomitant et non-conco­
mitant.
Je rappellerai la définition que D. Cohen ( 1984 : 526 ) donne
de la concomitance dans l ' accompli et dans l ' inaccompli "le
procès qu ' il soit achevé (E) ou inachevé (A) peut être consi­
déré en tant qu' i l est défini en lui-même ou pour lui-même (<X)
ou au contraire en tant qu ' i l est concomitant à un autre
événement pris pour référence ou à l ' acte de l' énonciation
lui-même ([3)" et ( 1989: 96) : "la réal isation de [3 dans A fonde
le système de formes qui peut être défini comme le progressif ;
la réalisation de [3 dans B fonde le système de formes qui peut
être défini comme le parfait. "
Il faut également souligner une fois de plus que le conco­
mitant n ' est pas un "temps " , mais qu' i l "se manifeste comme
présent, passé ou futur, en foncti on de déterminations qui lui
sont extérieures . " (D. Cohen 1984: 303 l .
C e renouvellement du système aspectuel, c e "passage de
l' aspect absolu à l ' aspect re latif" comme l ' appelle D. Cohen, 1
c' est-à-dire le passage d ' une opposition simple entre accompli
et inaccompli à un dédoublement interne à chacun des aspects en
concomitant et général , ne s' effectue pas nécessairement, dans
l' histoire d'une langue, selon le même rythme, de manière
parallèle et simultanée dans l ' accompli et dans l ' inaccompli.
Les systèmes verbaux présentent souvent, en synchronie, une
dissymétrie entre A et B, où seul l ' inaccompli A, par exemple,
peut être dédoublé en général (<X) et concomitant ( [3 ) .

1
Voir Séminaire EPHE d u 09 . 01 . 1981, cité par Simeone-Senelle
0985-86 : 58 ) .
108 Auxiliaires, particules verbales et préverbes La concomitance 109

Tel est le cas du maltais , où nous avons déjà vu que ktibtUha sa meta tasaL inti, shall not have written to her
l ' expression de la concomitance dans l ' accompl i n' avait rien by the time you arr ive ) . " Il signale aussi , en 4ème sens,
d ' ob l igatoire, même par des moyens syntaxiques comme l ' utilisa­ "faire qqc. , arriver à temps, réussir à", que le verbe soit
2
tion d' adverbes (voir p. 55-7 et 87-8) alors que nous verrons employé seul ou suivi d ' un autre verbe ( quelles que soi ent les
son caractère obl igé dans l ' inaccomp l i , dans les phrases affir­ formes verbales utilisées ) . Or c' est, dans une construct ion
matives ou négatives, et de plus en plus dans les phrases asyndétique, le sens de "réussir à" qui est admis le plus
interrogatives. La c. préf. y est l imitée à des usages d' inac­ souvent par mon informatrice de La Valette, qui n' accepte pas
compli général , alors que de nouvelles formes se sont dévelop­ les traductions d' Aquilina citées c i-dessus. Il en va de même
pées pour l ' expression de l a concomitance, et ont été intégrées pour deux exemples de mon corpus qui m' avaient été traduits par
au " système de redondance de la langue", à sa syntaxe. de simples "pluperfects" par une informatrice de Mgarr ( Malte ) .
En cela, le maltais fait partie de ces dialectes qui Ces différences d ' interprétation pour un même énoncé montrent
offrent, selon D. Cohen ( 1984 : 279 ) , " les systèmes les plus que la valeur de parfait dans le récit n' est pas admise au même
pauvres" , "ceux qui ne réalisent la dist inction IX [3 ( non degré par tous, et que /l al)a?/ n' a pas encore atteint pour tous
concomitant concomitant ) que dans l ' un des deux plans A les locuteurs de maltais, même " standard", le degré d' abstrac­
( inaccomp l i ) ou B (accompli ) . tion nécessaire pour en faire un vér itable auxil iaire.
Le plus souvent, mais non pas toujours, c' est l e plan A La constructi on, peu fréquente d ' ail leurs ( 8 ex. dans mon
qui est concerné. Le système oppose un inaccomp l i dédoublé à un corpus, dont la moitié traduite par un "pl uperfect " ) , en est ,
accompl i simple. C' est le cas de p lusieurs dialectes de de toutes façons, au stade expressif et non obl igatoire de la
sédentaires occidentaux. " Et notamment du maltais. stylistique. Cependant, i l est remarquable que la périphrase
soit compatible avec des sujets animés comme inanimés. Or il se
trouve que les énoncés de mon corpus refusés par l ' informatrice
1. La concomitance dans Paccompli : le parfait
de La Valette ( ex. 1 et 2) sont ceux qui ont un sujet inanimé .
I l est donc probable qu ' i l y ait à ce niveau des différences de
Outre l ' emploi d' adverbes (voir p. 55-7 ) le maltais a la
degré d' auxil iation, entre les divers parlers maltais.
poss ibilité d' exprimer , de manière encore tout à fait margina­
Les deux premiers exemples ci -dessous sont ceux qui sont
le, le parfait, et ce uniquement lorsqu ' i l est référencié à un 4
objet de controverse. Le premier est emprunté à un locuteur de
moment du passé dans le récit, au moyen d' une périphrase verba­
Xagnra ( Gozo ) âgé de 80 ans environ, et le second à un locuteur
le composée d ' un auxiliaire : /l al)a?/ de sens premier "attein­
de Hal -Qormi âgé d ' une cinquantaine d' années. Les 3ème et 4ème
dre réussir à", qui est toujours à l a c. suffixaLe, suivi
exemples ( écrits) ont été rendus par un parfait par les deux
d ' un verbe auxilié lui aussi à l a c . suffixaLe. Tous les
informatrices. Il faut signaler que dans le 3ème exemple figure
énoncés de mon corpus ont été relevés dans des récits, et les
l' auxi liaire /ki;ïn/ qui marque l ' antériorité du procès par
verbes sont tous à la 3ème pers. Aquilina, dans l ' article de
rapport aux prédicats qui précèdent :
son dictionnaire ( 1987 : 720-721 ) en fournit également des ex. à
la 1ère pers.
Il donne comme 6ème sens pour le verbe /l al)a?/ "To have
just done s. th. , translating the Eng l . pluperf . tense and the
fut. perf . 3 W ' taqt ktibt, 1 had written ; mhux ser inkun iUlaqt 4
Dans mon article de 1987 , je citais un ex. de plus, que
j' avais moi-même traduit, me fondant sur le modèle qui m' avait
été offert par mon informatrice de Mgarr. C' était une erreur
2 que m ' a confirmée une discussion ultéri eure avec elle. Le sens
Nous verrons que cette construction est aussi possible avec
de "réussir à" n' est pas absent non pl us de la construction
les deux formes de progressif qui seront étudiées ci-dessous.
dans son idiolecte. Je le croyais réservé au cas où au moins un
3 Je n ' ai personnel lement recue i l l i aucun exemple de ce dernier des deux verbes à la c. préf .
"temps".
110 Auxiliaires, particules verbales et préverbes La concomitance 111

5
1. Ik6lbs °6la l;labtÉ:yn ins:)mma Îzda bilkÉ:mm laha? °adda saoar et passage au stade d ' auxiliaire, je donnerai ci-dessous un
u nOar it-tlctIn taO dicÉ:mbru taO dïk is-sÉ:na [ . . . ] il-précc autre ex. que mon informatrice de Mgarr a traduit par le sens
taO-d-d?6? [ . . ] rÉ:gaO cal li k�n ?abdl
.
propre de "réussir à", et qui montre bien qu' il faut aussi
<tout il-monta deux-sous enfin cependant presque il-atteignit tenir compte du contexte et non du sens du verbe auxilié, qui
il-passa mois et jour le-trente de décembre de celle-là est le même que celui du premier exemple ci-dessus :
l ' année l. . . ] le-prix de-la-farine l . . . ] il-revint pour que
il-était avant> 5. tgnaL L em b ' qantar aktar miL L i k ien gnadu tgnaLLem fii-imien
"Tout augmenta de deux sous. Enfin. Mais il venait à peine de koLLu l i lanaq gnadda ma' dik ié-éorma. (Friggieri 1986 : 119)
se passer un mois ( "had passed" ) ( ou bien "il avait presque <il-apprit avec quintal plus de-que il-était encore-lui il­
réussi à se passer un mois" ) , que le 30 décembre de cette apprit dans-le-temps tout-lui que il-a-réussi il-passa avec
année-là [ . . . ] le prix de la farine [ . . ] est revenu à ce
.
celle-là la-foule>
qu' i l était avant" "Il en apprit des tonnes de plus que ce qu' il venait d ' ap­
2. lu lan?as k�n sc-yÜl;la? is-sAbm;:wln Cas is-sAbm8rIn l al;la? prendre pendant tout le temps qu' i l avait réussi à passer
tb6°cdl avec cette foule"
<et ni il-était FUT-il-atteint le-sous-marin car le-sous­
marin il-atteignit il-s' éloigna> Ici, le contraste est net avec l' autre expression du
"Et il n' aurait pas atteint le sous-marin non plus, parce que parfait dans le passé utilisé dans la proposition qui précède
le sous-marin venait de s' éloigner" ( " it had already gone far et rendue par la tournure avec l' adverbe gnadu : "kien gnadu
away " ) (ou bien "avait réussi à s ' éloigner") tgnaLLem" ( voir p. 55-7 ) . Toutefois, lorsque Ilal;la?1 est
3. Kien min iréieva L -ittra taL-promotion dakinhar stess Li mar auxiliaire de parfait, les locuteurs interrogés n' établissent
jivvota. Daqsxejn tard. Kien Lanaq ivvutaL i ( I L -Mument 1 5 . 2. pas de différence sémantique avec la construction formée de
1987, p. 24) Ik�nl + adverbes + c. suff.
<il-était qui il-reçu la-lettre de-la-promotion ce-jour même
que il-alla i l-vote. Un-peu tard. Il-était il-atteignit il­ Je dirai pour conclure, qu' il est intéressant d' être
vota-à-moi> témoin, au sein d' une communauté linguistique réduite, des
"Il y en a un qui a reçu sa lettre de promotion le jour même différents degrés d' auxiliarité d'une même périphrase verbale,
où il est allé voter. Un peu tard. Il venait déjà de voter même si nul ne peut prédire quelle sera sa fortune en tant que
pour moL " parfait dans le récit. Chez la locutrice de La Valette, Ilal;la?1
4. KarLu Manju niieL ii-iewg targiet L i Lanaq teLa' ( Friggieri ne perd encore que très rarement son sens propre et n' est pas
1986 : 13 1 ) compatible avec un sujet inanimé, alors que pour Aquilina et la
<Charles Magne descendit les-deux marches que il-réussit il­ locutrice de Mgarr, le passage vers l' auxiliarité est plus
monta> avancé, Ilal;la?1 perdant plus souvent son sens concret au profit
"Charles Magne descendit les deux marches qu' il venait de d'une plus grande abstraction, et pouvant fonctionner avec des
monter" sujets inanimés.

Pour mieux saisir cette frontière fluide qui existe entre


conservation du sens propre du premier verbe de la périphrase

5
M. Cohen ( 1960: 129 ) faisait remarquer dans un article sur les
auxiliaires en français que "les mêmes verbes sont aptes,
concomitamment ou en succession dans le temps, à des usages
différents : si on veut un terme savant, ils sont polyvalents. "
112 Auxi liaires, particules verbales e t préverbes La concomit ance 113

2. La concomitance dans l ' inaccompli le progressif l ' inverse, Borg ( 1988 : 81 ) fait part de l ' inexistence de /7Ct/
chez certains locuteurs, sans malheureusement donner plus de
, . .
Remarques préliminaires preCISIOns . 8
Pour quelques verbes décr ivant un mouvement ou une attitu­
L' expression de la concomitance dans l ' inaccompli se marque de de , il est aussi possible d ' employer leur participe actif .
deux manières différentes selon qu' il s ' agit ou non de verbes Ces deux procédés sont connus dans nombre de dialectes
de mouvement et d ' attitudes ( en fait, quelques-uns seulement ) . arabes modernes du Maghreb, comme le note D. Cohen ( 1984 : 279) :
L e cas général est constitué au moyen d ' une périphrase " l ' expression de la concomitance est assumée de deux manières
verbale composée du participe actif du verbe /7 6 °cd/ "s' as­ différentes. Pour certains verbes, surtout intransitifs, dési­
seoir ; rester" qui s ' accorde en genre et en nombre mais qui gnant essentiellement des mouvements, c ' est le participe actif
est le plus souvent réduit à l ' état de simple particule abrégée qui est uti l isé. Pour les autres , la forme est complexe , cons­
et invariable : /7Ct/, précédant le verbe auxi lié à la c. préf. tituée par la c. préf. précédée d ' un auxiliaire qui lui-même ,
Dans ce cas l a particule est morphologisée. Elle ne porte pas dans le cas où la nature morphologique en est encore apparente,
6
d ' accent propre , et aucun terme ne peut venir s ' interposer se trouve être à la forme participiale. Dans le Maghrib orien­
entre la particule et le verbe auxilié, alors que c' est possi­ tal et à Malte où ce type de système est le plus fréquent, i l
ble avec la forme longue (voir ex. 2, p. 125 ) . /7Ct/ peut donc est fait recours au participe actif d ' un verbe dont le sens
être considéré comme un préverbe . Il faut toutefois noter une plein est "s' asseoir" , , 9
exception à cette règle dans le dialecte de Mgarr, où j ' ai
relevé l ' ex. suivant :
2.1. /7 6 ·cd/ ou / 7ct/ + conjugaison préfixale
1 . /7ct i l-b atar yigb i d-o::>m/
2.1 . 1 . Le progressif avec référence au discours
<en-train la-mer (m. ) i l-tire-eux>
"La mer était en train de les attirer au loin" ( récit)
Dans son usage le plus courant, la tournure exprime la coïnci­
dence du procès ou de l ' état nommé par le prédicat verbal avec
Le sujet se trouve placé entre /7Ct/ et le verbe. Selon
l ' acte d ' énonciation, équivalent à un présent actuel . Son
mon informatrice de ce village, l ' énoncé est acceptable. I l
uti l isation est généralement obligatoire, mai s interdite pour
s ' agit là d ' un cas part iculier dans un dialecte qui considère
les verbes exprimant des modalités et pour tous les verbes sans
aussi l a particule comme détachable dans la phrase négative
c. suff. que signale Borg ( 1988 : 83 ) ( voir p. 77 ) . L ' emploi du
( voir ci -dessous , p. 131 ) .
préverbe /7ct/ est par ailleurs encore très largement faculta-
L a plupart des locuteurs uti l i sent indifféremment les deux
formes, longue ou contractée , avec toutefois une forte majorité
de formes brèves. Cependant à Mgarr, Camil leri ( 1987: 54 ) , ori­
7
ginaire de ce village, signale que seul /7Ct/ est uti l isé. A
dans des enregistrements que j ' ai effectués au cours de l ' été
1990 à Mgarr auprès de locuteurs âgés ( de 70 à 90 ans ) qui ne
parlent que le dialecte du vil lage, la forme longue /7 6 °cd/ est
6 apparue aussi fréquemment que la forme courte.
Albert Borg ( 1981 : 146) le faisait déjà remarquer : "Qed [ . . . 1
occurs [ . . . 1 in a position preceding an imperfect form of the 8 "Fil-fatt hawn kel liema li jgnidu li qatt ma juzaw l-espres­
verb. In this position it is never stressed its occurrence sjoni " qed" , imma dejjem "qiegned" , qabel l-Imperfett ta' verb
do es not affect the stress pattern of the fol l owing (verba l ) li m' gnandux il-partiCipju prezent ( i nformazzjoni mogntija
form ; and it is always pronounced as a unit with the following verbalment ) . "
imperfect. "
9 Il est donc peu vraisemblable qu' i l s ' agisse d ' un calque de
7 Cette constat ion mérite toutefois d ' être nuancée. En effet, l ' italien comme le pense Aquilina ( 1 979: 94-5 ) .
114 Auxil iaires, particules verbales et préverbes La concomi tance 115

tif avec le pseudo-verbe /ik ; l lu/ "avoir" (voir p. 415 ) et avec 7. /ygn ?ct-igaOI D -ni naom f l-oa di-I-b f cca s ; °:J1I ( I I I , 14-5 )
le verbe /kgn/ "être". <moi en-train-ils-obl igent-moi je-fais-elle cette-le-morceau
Je voudrais également faire remarquer que les cas qui ont (f. ) travail>
été cités p lus haut ( p . 75-7 ) de situations de concomitance "Moi , i ls s �nt en train ? e me forcer à l � faire, ce boulot"
exprimées par une c. préf. simple, sont suffisamment rares pour 8 . /spccyalmcnt ?ct-nal ludi o�il si p:Jcz iyyi li cmm fi-l-Iaym­
lo st6n/
ne pas remettre en cause l ' équation "progressif" =forme à
préverbe ou auxil i aire. <spécialement en-train-je-fais-allusion pour quoi poésies que
là dans-le-Limestone>
Les exemples comportant une forme de concomitance sont "Spécialement , je suis en train de faire allusion à une
extrêmement nombreux , et _ i l n ' y a pas de restriction d' emploi, poésie qu' il y a dans "Limestone"
11
que l e sujet soit animé ou non, que le verbe soit "fort" ou 9. /?ct-y a?aO u PD m Ou mi l-l-intclligé nca taO dak li ikDn/
"faible", "actif" ou "médio-passif", d' origine arabe, siculo­ <en-train-il -tombe et i l-se-lève lui de- l ' intelligence de
ital ienne ou anglaise. I l n ' y a pas non plus de restriction celui-là que il-est>
sémantique portant sur l e verbe auxi l i é puisque celui -ci peut "Il s ' en moque totalement, lui, de l ' intel l igence de la per­
être un verbe de sens tout à fait opposé au sens propre de sonne en question"
l ' auxi l iaire comme dans le premier exemple ci-dessous, ou bien 10. /o f dt-I-u ?ct-n f bzao ? a l-I-i ?ct-nO f d-l-Ek f nzEl>
lui-même ( ex. 15 ) . Dans les traductions en français, je n ' ai <j ' ai-dit-à- lui en-train-j' ai -peur i l-a-dit-à-moi en-train-
pas toujours util isé le syntagme "en train de" , non pas parce je-dis-à-toi descends>
que la forme maltaise n' exprimerait pas un progressif, mais "Je lui ai dit : " J ' ai peur " . Il m ' a dit : "Je suis en train
parce que son emploi en français me paraissait trop "lourd" de te dire de descendre !"
Il. /il-l é yla kcmm kas é tts ?ct-n � ra/
1. /it-t f fla l i w ieOct ? É oda Pum/ ( Q ) /startY <lti fQ? dawn l-imwé yycd/
<la-fillette que elle-tomba assise elle-se-lève> <la-nuit combien cassettes en-train-je-voi s>
"La fillette qui est tombée est en train de se relever" <commencées sur celles-ci les-tables>
2. /z a ??-u frans ?ct-tintcfaQ-I-u/ "Ce soir, combien je vois de cassettes"
<ventre (f. )-lui Frans en-train-elle-est-gonflée-à-lui> "branchées sur ces tables !"
"Son ventre, à Frans, il est en train de ballonner" 12. Kul l ma jgnaddi z-zmien qed jidher li l -popl u fehem u qed
3. /oal � s il-QI n ?ct-y a Omcl t 6 0-u/ ikompl i jifhem hekk kif l - ipokr iziya tar-regim t inkixef ( Il ­
<parce-que le-temps en-train-il-fait de-lui> Mument 8 . 2 . 1987, p . 6 )
"Parce qu' il est en train de se faire tard" <tout que il-passe le-temps en-train i l-semble que le-peuple
4. /mln ? � Ocd ya?ra ° Dwa l-Qab I b taO-s-sDr zammDtI il-comprit et en-train il -continue i l-comprend ainsi comment
<qui assis il-lit lui l ' ami de-le-monsieur Sammut> l ' hypocrisie de-le-régime elle-se-découvre>
"Celui qui est en train de l ire est l ' ami de Monsieur Sammut" "Plus le temps passe et plus il est en train d ' apparaître que
5. /skuz � -ni i mma ? t Oda nikbnc é ntra n a ?ra fu? dawn/ le peuple a compris et est en train de continuer à comprendre
<excuse-moi mais assise je-me-concentre un-peu sur ceux-ci> comment l' hypocrisie du régime se dévoile"
"Excuse-mo i, mais je suis en train de me concentrer là-dessus" 13. /?ct-nift a kar bh' � l a francI za tintcrcss a -k cmm si Q & ga l i
6. Qed nienu gost l i gnerqet (O. Calleja 1972: 151) ktibt fQ? il-fcrr:Jvi yya minn diz 3n ° a l parIgii
<en-train je-prends goût que e l l e-se-noya> <en-train-je-me-souviens comme Française elle-intéresse-toi
"Ça me fait plaisir qu'elle se soit noyée" là quoi chose que j ' écrivis sur le-chemin-de-fer de Dijon
pour Paris>

10
Je rappelle que le terme a été repris par D. Cohen ( 1 989 )
11
pour désigner l ' inaccompli concomitant. Tournure idiomatique pour dire "une personne" .
116 Auxiliaires, particu les verbales et préverbes La concomi tance 117

"Je suis en train de me souvenir, en tant que Française ça va 2.1.2 . Caractère facultatif de la répét it ion de l a marque du
t' intéresser, i l Y a quelque chose que j' ai écrit dans le progressif
train de Dijon à Paris"
14. Imil-l-crbo l n p::)(;z i yya li ?ct-yi dOru f-dIn il-g<ibra l -<il).l).ar Nous avons vu ( p . 77, ex. 6) un emploi conjonctif de l a
° <isra ?ct-y i dOru °al-I- É::wwc1 d<irbal c . préf. après une forme d e progressif dans une proposition
<de-Ies-40 poesIe que en-train-elles-paraissent dans-celle-ci coordonnée. Je voudrais ICI mentionner que, dans les phrases
le-recueil (f. ) le-dernier 10 en-train-elles-paraissent pour­ doubles exprimant le déroulement simultané et concomitant de
la-première fois> deux procès, dans lesquelles la proposition subordonnée est
"Parmi les 40 poésies qui sont en train de paraître dans ce introduite par Iwa?t l i l "pendant que" , la présence du préverbe
recue il, les dix dernières paraissent pour la première fois" I?ctl n' est pas obl igatoire dans les deux membres de la phrase.
15. li ssa ?ct-t ; ?°:::l d maC nanni t-oal ( Q ) Il suffit qu' i l soit employé dans l ' une des deux propositions,
<maintenant en-train-elle-habite avec grand-mère-elle> en tête ou non de l ' énoncé :
"Maintenant elle habite avec sa grand-mère"
16. Gnandi Kuzza l i tfarfret qiegned nanseb gna[ iha b iex 1. Iwa?t l i yirrakk; nta st S rya ?ct-y i nscgl ( Q )
inzewwigha (De Soldanis 1755 dialogue n° 3, p. 117) <pendant que il-raconte histoire en-train-il-tisse>
<chez-moi Kuzza que elle-devient-adulte assis je-pense pour­ "Pendant qu ' il raconte une histoire, il est en train de
elle pour je-mar ie-elle> tisser"
" J ' ai Kuzza qui a grandi et je songe à l a marier" 2. Iwa?t li tkun ? É oda tipp;mpya t 6 l).u l-kbr <iyn dak i l-l).I nl
17. N ispera li qed izzommhom l i fis-snana [ -mara (O. Calleja <pendant que el le-est assise ell e-pompe elle-prend le-chlore
1972 : 115) celui-là le-temps>
<j' espère que en-train elle-garde-eux-à-moi dans-la-chaleur "Pendant qu' elle serait en train de pomper, elle prendrait du
la-femme> chlore à ce moment-là"
"J' espère que ma femme me les garde au chaud" 3. Iwa?t li ? 6 °cd y <i°za? ° a wa ?ct-ik<intal ( Q )
18. Il -gvern qed jistni jippubbl ika [-kontijiet tat-Tarzna <pendant que assis il -laboure l u i en-train-il-chante>
gna U -1984 ( I l -Mument 15. 2. 1987, p. 2 ) "Pendant qu' i l est en train de l abourer, il est en train de
< l e gouvernement en-train i l -a-honte i l-publie les-comptes chanter" ( "il est en train de chanter en labourant")
=

de- l ' arsenal pour-Ie-1984>


"Le gouvernement a honte de publier les comptes de l ' Arsenal 2.1.3. Le progressif avec référence au futur
pour 1984"
19. I?ct-ik ; llu pariri tayybin minn ° and si l).att 6l).:::lr 1 ( III, 64) a) L' imminence
<en-train-i l-a conseils bons de chez quoi quelqu' un-autre> Il arrive, quoique très rarement dans mon corpus, que la forme
" I l était en train de recevoir de bons conseils de quelqu ' un de concomitance avec I?ctl soit util isée métaphoriquement pour
d' autre" ( récit) exprimer un futur imminent. L' implication psychologique du
20. kemm qed inkun generuz magnkom (O. Cal leja, 1972 : 84 ) locuteur est alors très forte . Il s ' agit de ce que D. Cohen
<combien en-train je-suis généreux avec-vous> ( 1984 : 587) a appelé, à propos du néo-araméen, une "utilisation
"Comme je suis généreux avec vous ! " expressive dans le discours , c ' est-à-dire lorsque le concomi­
21 . f'dinja wanda l i q iegnda tinqasam (Friggieri 1 972: 177 ) tant inaccompli est essentiellement présent, de cette forme de
<dans monde (f. ) une que assise el le-se-divi se> concomitant pour des emplois élargis : pour le futur imminent
"Dans un monde en train de se diviser" d' une part et un présent actuel-duratif de l ' autre. " E l le est
fréquente dans les langues, comme il le fait lui-même remar­
quer. Voici le seul exemple rencontré dans mon corpus :
118 Auxi l iaires, particules verbales et préverbes La concomitance 119

1. In}? l-ant I k ?cOdl n nO l du �l)nal "Et tu serai s en train de me rassurer aussi"


<sur l ' ancien-temps assis ( pl . ) nous-disons nous> 6. lu k � nct tkun rcyaccy3ni l)afna dr ;i bi cal dak l i ikUn
"De l ' ancien temps, nous allons parler, nous 7" ( rien n' avait ?ct-y gri fi-l-mumÉ: ntl
l
été encore dit, que mon désir de l ' entendre raconter ses <et elle-était elle-est réaction beaucoup fois pour celui-là
souvenirs) que i l-est en-train-il-se-passe dans-le-moment>
"Et ça aura été souvent une réaction à ce qui aurait été en
train de se passer à ce moment"
h) Le futur modal avec l 'auxil iaire lik6.nl
7. lu gé wwa nkun ?ct-n ig i nitmé yycl l
Le concomitant peut être situé dans un futur modal exprimant <et dedans je-suis en-train-je-viens je-m' incl ine>
une potentialité ou une éventualité. Ce futur peut être "Et à l ' intérieur je serais en train de m ' en moquer"
référencié au présent du locuteur ou bien à un autre point de 8. Im é ta tkO nu ?cOdl n titké l lmu araw s y i gi l-é wwcll
l ' énoncé. En proposition principale comme subordonnée, c' est la <quand vous-êtes assis ( pl . ) vous-parlez regardez quoi il­
c. préf. du verbe "être" lik6.nl placé devant l a périphrase du vient l e-premier>
concomitant qui en permet l ' expression. Le plus souvent, la "Quand vous serez en train de par 1er, regardez ce qui vient
construction peut être traduite par un conditionnel présent du en premier"
français, car l e locuteur fait appel à l' imagination de son 9. Min janzen il -basal ikun qed janzen il -nara ( Aqui l ina 1972:
inter locuteur . 533, prov. 109)
i <qui i l-conserve l ' oignon i l-est en-train i l-conserve la­
1. lu yar � _Oa tklln ?ct-t � Omd il-m é kAp tkun ?ct-t Ü bcsl merde>
<et i l-voit-el le elle-est en-train-el le-met le-"make-up" "Qui conserverait des oignons, serait en train de conserver
el le-est en-train-el le-s' habil le> de la merde"
"Et i l la verrait, elle serait en train de se maquil ler, elle
serait en train de s' habiller"
2. Idlk °al €:kk tkun stirata ink é l la mé ta tkun ?ct-tissé rra 2.1.4. Le progressif avec référence au passé
tin?as am-I-ckl
<cel le-là donc elle-est tendue autrement quand tu-es en­ a) Sans auxil ia ire
train-tu-scies e lle-est-cassée-à-toi> Dans une phrase complexe, la forme du progressif peut apparaî­
"Celle-là est donc tendue, sinon quand tu serais en train de tre en référence à un autre événement donné par l ' énoncé, en
l a scier, elle te casserait ( entre les mains ) " référence au passé qui peut être soit un verbe à la c. suff. ,
3 . Im é ta ddur dlk tkun ?ct-t i tl)anl soit le contexte. La conjugaison à préverbe ou particule appa­
<quand elle-tourne celle-là ( le moulin) el le-est en-train­ raît alors dans des relatives, complétives ou subordonnées
elle-moud> circonstancielles. Si le passé est marqué par un adverbe
"S ' i l tournait, celui-là, il serait en train de moudre" temporel, elle peut se trouver en proposition indépendante :
4. li mma l -vapOr i u I-fcrr::>v l yyi itO -ni cans nara n�s nitké l lcm
l-vcdOta all 6.ra l) afna dr;ibi fu? i l -fcrnvl yya mbl)l)-i ikOn 1. Ira l-?att U sa mao-I-ban &nal
?ct-i O é wdcnl I?t oda t � bl il-l)asi si ( V, poème n° 21 )
<mais les-bateaux et les chemins-de-fer i l s-donnent-moi chan­ <il-vit la-chatte avec-le-bananier>
ce je-vois gens je-parle la-vue alors beaucoup fois sur le­ <assise el le-mange l ' herbe>
chemin-de-fer esprit-moi i l-est en-train-il-délire> " I l a vu une chatte dans le bananier"
"Mais les bateaux et les trains me donnent l ' occasion de voir "En train de manger de l ' herbe"
des gens, de parler, ( de contempler ) la vue, alors, souvent, 2. Im a l l i tt é nda li ?ct-inl).&rcs lcy-l) ?am u l) arabl
dans le train, mon esprit sera en train de dél irer" <dès-que il-s ' aperçut que en-train-je-regarde vers-lui i l-se­
5. u tkun qiegned isserranl i monn i wko l l (Friggieri 1986 : 7 ) leva et il-s' est-enfui>
<et tu-es assis tu-reposes-à-moi esprit-moi aussi>
pt

120 Auxiliaires, particules verbales et préverbes La concomitance 121

"Dès qu' i l s' est aperçu que je l ' observais, il s' est levé et que celle-ci se réfère au passé. La construction se rencontre
il s' est enfui" dans les mêmes types de phrases que celles des ex. ci-dessus :
3. lil-ba1;r In 1;asb O -1; li ?ct-y s on::?1 relatives, complétives, c irconstancielles, après adverbe tem­
<les-marins ils-pensèrent-lui que en-train-il-se-noie> porel, mais aussi en proposition indépendante, sans marqueur
"Les marins ont pensé qu' il était en train de se noyer" temporel autre que l ' auxil iaire IkQnl
4. 11;s l bt-ck ?ct-tO I d °al-I-ist âmpal
<je-pensai-toi en-train-tu-dis pour-l' image> 1. Ikin- smm l) âfna s ; o::>l mil-l-?r lb bcyn dawk li k 6nu ?cOdi n
"Je pensais que tu étais en train de ( l e ) dire à propos de y l ktbu I-p::>cz l yya fi-n-n ; fs is-sittiniyy6t u I-m::>vimé nt
l ' image" ?awm 6 n lcttcr a ryul
5. [m l tta s â ma, l lli q�dîn is é mmu-tfâl t â1;1;oml ( Stumme 1904 :5, <i l-était-Ià beaucoup travail de-le-proche entre ceux-là que
ils-étaient assis ( pl. ) ils-écrivent la-poésie dans-la-moitié
1 . 16-17) les-soixante et le mouvement réveil littéraire>
<quand i l-entendit, que assis ( pl . ) ils-mentionn ent-enfants "Il y avait beaucoup de travaux proches entre ceux qui écri­
de-eux> vaient de l a poésie dans le milieu des années soixante et le
"Quand il a entendu qu' ils étaient en train de mentionner Mouvement pour l e Réveil Littéraire"
leur s enfants" 2. link ;mpli n° Id si h. a ga fil? dak stcss l i bnt ?ct-nitké llcm
6. [ k�n-é m râgel, )ê3�t iwâl)1;al ilkârti mal1;�tânl ( Stumme 1904 : ? âbdl
46, 1. 14) <je-continue je-di s quo i chose sur celui-là même que j ' étais
<il-était-Ià homme, assis il-colle les-affiches avec-le-mur> en-train-je-parle avant>
"Il y avait un homme en train de coller des affiches sur l e "Je vais continuer à d ire quelque chose sur cela même dont
mur" j ' étais en train de parler avant"
7. IOam i lt lcyl inl) ;ss-ni ?ct-niggs nncnl 3. 10as b i lli k �nct ? t Oda ddilr n âhscb . l i l-ant énni k � nu mOils
s
fil? il-b yt al
<je-f is nuit je-sens-moi en-train-je-deviens-folle>
" J ' ai passé une nuit à me sentir en train de devenir folle" <car puisque elle-était assis e ell e-tourne je-pense que les­
8. Iwa?t li ?ct-y 6bl gQt tig 6gal ailes elles-étaient ne-lui-pas sur la-terrasse hein>
<pendant que en-train-il-mange el le-vint poule> "Parce que, puisqu ' i l (le moul in) était en train de tourner,
"Pendant qu' il était en train de manger, une poule est venue" je pense que l es ai les, c' est pas sur le toit qu' elles
9. [ sl)�n )�3�da t1;ûrës l âel), b é da jitÜuwëp l ( Stumme 1904 : 55, étaient, hein"
4. lu fra mud é st indOna li kQn ?ct-yitm€:yyd bI -1;1
1 . 35 ) <et Frère Modeste il-s' aperçut que il -était en-train-il-s' in­
<quand assise elle-regarde vers-lui, il-se-mit il-bâille> cline avec-lui>
"Alors qu ' elle était en train de le regarder, il s' est mis à "Et Frère Modeste s' est rendu compte qu' il était en train de
bâiller" se moquer de lui"
10. Iniftak âr-oa ?cOdi n inc1;1; a -I-oa 1 dIkl 5. lil-gvs rn ra li 1-?IQ1; k � nu ?ct-y â Omlu i l-bcyy 6 0a mails °ill
<je-me-souv iens-elle assis ( p l . ) ils-enlèvent -à-elle à celle- <le-gouvernement il-vit que le-profit il s-étaient en-train­
là> ils-f ont les-vendeurs ne-lui-pas lui>
"Je me souviens d ' elle, ils étaient en train de lui ôter ça" "Le gouvernement a vu que le profit, c ' était les vendeurs qui
1 1 . lia d ârba ?cOd i n nitk s llmu da?s s kk fij? 1;al ? ;rmil étaient en train de le faire, pas lui"
<puisque fois assis ( pl. ) nous-parlons ainsi sur Hal-Qormi> 6. In lzlct 1;dcyn il-w 6d [ . 1 fcyn k 6 nct ? É oda t l gb::>r si
. .

"Une fois, nous étions en train de parler de Hal-Qormi" l)s éyycsi


<elle-descendit près la-vallée [, . . 1 où el le-était assise
b) Avec L' auxiL iaire IkQnl e lle-ramasse quoi herbes>
On trouve fréquemment l ' auxiliaire du passé IkQnl "être" , placé "Elle est descendue dans la vallée, [ . . . 1 où elle était en
devant la périphrase de concomitance. Il indique explicitement train de ramasser des herbes"
122 Auxiliaires, particules verbales et préverbes La concomitance 123

7. lOI biss salv �t u salv �t °as k fu nct ? t Oda tl tbbl ( IV, 22-3 ) porains est que l ' exemple considéré comme correct par Saydon
<elle seulement elle-fut-sauvée et elle-fut-sauvée car e ll e­ est "lourd".
était assise elle-prie>
"Elle seulement fut sauvée, et sauvée parce qu' elle était en 1 . ifittex f� -art is-sigarett U k ien qed ipeJjep qabe� u l i
train de prier" kien waqagn lu waqt l i kien qed iqa l l eb fil -basktijiet
8. Ida-l- a!:l!:lar k::mt ? 6 °cd nippr :5va n i ktcb rumanc satÎrikul (O. Calleja, 1972 : 5 1 )
<ce-le-dernier j ' étais assis j ' essaie j ' écris roman satirique> <il-cherche dans-la-terre la-cigarette que i l-était en-train
"Dernièrement j' étais en train d ' e ssayer d' écrire un roman il-fume avant et que i l-était il-tomba-à-lui pendant que il­
satirique" était en-train il-fouille dans- les-paniers>
9. Eh, kont qiegnda n istrien (O. Calleja, 1972: 47 ) "Il cherche sur le sol la c igarette qu' i l était en train de
<eh j ' étais assise je-me-repose> fumer avant et qui lui était tombée (des mains) pendant qu' il
"Eh ! j ' étais en train de me reposer" fouillait dans les paniers"
10. Idarba n i zlct s é bba minn cmm é kk k 6 nct ?ct-t a!:lsc1 i l-!:lwé yycgl 2. Iwa?t li k�n ?ct-ikc1l i m-ni ° awa k�n ?ct-y a Omc1 ucu!:l l i
<fois el le-descendit jeune-fille de là-ainsi elle-était en­ i dab!:lkul ( Q )
train-el le-lave les-vêtements> <pendant que il-était en-train-il-parle-moi lui i l-était en­
"Une fois, une jeune fille est descendue par là. Elle était train-i l-fait visages que ils-fant-ri re>
en train de laver du linge" "Pendant qu ' i l était en train de me parler , lui, il prenait
de grands airs"
Saydon ( 1935: 45) s ' élevait contre la tendance des écri­ 3. Imé ta bnt ?ct-nikt i b-Oa k::mt ?ct-nO I d ° alf é yn ?ct-nikt f b- oal
vains à employer indûment la pér iphrase avec Ik�nl + I?ctl + c. <quand j' étais en-train-j' écris-elle j' étais en-train-je-dis
préf. dans les circonstancielles de temps, à laquelle il pour-où en-train-j ' écris-el le>
préférait une construction sans la marque du concomitant "Quand j' étais en train de l ' écrire, j ' étais en train de dire
"beaucoup d ' écrivains aiment un peu trop ce mot et ils "Pour quelle raison est-ce que je suis en train de l ' écrire?"
l' introduisent même quand i l n ' est pas nécessaire ainsi au 4 . I �ra mé ta k�n ?ct-yisma O-nal
lieu de : xnin kont nikteb, ils disent : xnin kont qiegned Ik a ssa b f rra !:larbat-0 6 -1-oal
nikteb. C' est une corruption de l ' écriture dont on doit se <regarde quand i l-était en-train-i l-écoute-nous>
1
débarrasser si l ' on veut écrire correctement. ,, 2 Un demi -siècle <caisse bière i l-détruisit-el le-à-elle>
plus tard, force est de constater que son appel n ' a été entendu "Regarde ! quand il nous écoutait"
ni des écrivains ni d' aucun de ses compatriotes . . . et comme le "Une caisse de bière il a liqui dée ! "
montre l ' ex. 8 p. 87, c' est p lutôt Ik�nl qui est facultatif, 5. D i k i l -nabta l i D e Soldanis ki en qed jandem J'dan i l -Ms.,
non I?ct/. Ceci prouve que l ' expression de la concomitance, qui Malta u Gnawdex kienu jgnoddu mal -85.000 run ( Cassar-Pulli­
grignotait du terrain à l ' époque de Saydon, semble l ' avoir cino 1947: 101 )
13
acquis de nos jours. Le sentiment des jeunes locuteurs contem- <celle-là la-fois que De Soldanis il -était en-train i l-tra­
vaille dans celui-ci l e-manuscrit, Malte et Gozo i ls-étaient
i ls-comptent avec-les-85. 000 âme>
"Pendant que De Soldanis était en train de travailler sur ce
12
"Bafna kittieba jnobbuha ftit izzejjed din il-kelma u manuscrit, Malte et Gozo comptaient environ 85. 000 âmes"
jdannluha mqar met a mhix menti ega ; hekk flok : xnin kont
nikteb, ign idu : xnin kont qiegned nikteb. Dan tansir ta' kitba
2. 1 .5. Le parfait en composition avec deux adverbes
li jantieg wiened janarbu jekk irid jikteb bir-reqqa. "
13
I l convient d' ajouter, que la construction avec la c. préf. La forme à préverbe I?ctl précédée des adverbes IOad-1 "encore"
précédée de l' auxil iaire Ik�nl sert essentiellement à l ' expres­ + pronom suffixe et Ikcmml "combien" ou IkIf l "comment" , dans
sion du passé d' habitude. Ceci a pu favoriser l ' introduction de

I?ctl dans ce type de phrases.


124 Auxiliaires, particules verbales et préverbes La concomitance 125

cet ordre, tout comme avec la c. suff. ou la c. préf . simple, limité. On peut considérer que c' est là une premlere étape vers
peut également servir à exprimer le parfait. Elle fournit une le passage de la valeur de concomitant à celle d' inaccomp li
illustration suppl émentaire et originale à la symétrie entre général .
parfait et progressif constatée par D. Cohen, ce qu' i l souligne Elle s' inscrit dans l e mouvement en spirale de l ' évolution
par l ' util isation du présentatif /ra/ dans certains dialectes du système verbal dans les dialectes arabes ( entre autres )
maghrébins aussi bien avec la c. suff. qu' avec la c. préf . décrit par D . Cohen : après une première subdivision de l ' inac­
"ainsi se révèle la symétrie du parfait et du progressif par la compli en un concomitant et un non-concomitant, il résume le
marque commune qui les exprime à partir respectivement de stade suivant comme un "double mouvement qui conduit la marque
l ' accompl i et de l ' inaccompli" (D. Cohen 1989 : 99 ) . En maltais de concomitant à se généraliser en marque de l ' indicatif dans
l a marque commune ( les deux adverbes) ne fonctionne que pour son ensemble et de façon connexe, l ' ancienne forme de l a
exprimer le parfait, mais que l le que soit la forme verbale non-concomitance à restreindre son domaine à l ' expression d e la
utilisée : c. suff . , c. préf. , forme à préverbe ou auxil iaire. modal i té et de la dépendance. " (D. Cohen 1984: 296 ) .
Avec les formes du progressif, comme avec déjà l a c. préf. , la O n n ' en est pas encore l à e n maltais , mais l ' évolution est
tournure est encore très marginale et très expressive. Je n ' en amorcée. La forme du progressif étant sentie comme plus expres­
ai rencontré qu ' un seul exemple chez une jeune locutrice de 25 sive, plus implicante, par les locuteurs, elle tend à être
ans , originaire de Melliena : util isée de plus en plus dans des contextes auxquels elle
n' avait pas accès auparavant.
1 . /?aI f -I-na dïk o � d-ni kcmm ?ct-inkdt i m-oa np it-tdd 5n/
<il-a-dit-à-nous cel l e-là encore-moi combien en-train-je- 1. sehebti donnha raddiena t izzonzonjani biex inzewwigha
parle-elle sur le-téléphone> ghal iex hemm l -ohrajn ghadhom geJJLn u kull jum qeghdin
"Il nous a dit "Ce lle-ci , je viens tout juste de lui parl er jaqbzu (De Soldanis 1755 , dialogue n° 4, p. 117)
au téléphone" <partenaire-moi comme-elle rouet elle-bourdonne-moi pour je­
marie-el le parce-que là les-autres encore-elles venant ( pl . )
I l faut préciser que la présence du second adverbe est et chaque jour assis (pl) elles-sautent>
obligatoire avec la forme à préverbe ( ce qui n' est pas le cas "Mon amie, elle est comme un rouet à me bourdonner ( dans les
avec les deux autres conjugaisons ) , sinon le syntagme change de orei lles ) pour que je la marie, parce qu ' il y a les autres
sens et /Oad-/ retrouve son sens propre de "encore", comme dans qui suivent et chaque jour elles trépignent (d' impat ience )"
l ' exemple ci -dessous : 2. [ mell- �nti 3al � k >ê3at k � l d arba tâsal > ab l i l ( Stumme 1904:
55, 1. 9)
2. u gera hdejn Pietru l i kien ghadu qed iqum m i l l -art ( Casha <alors-toi pour-ainsi ass is chaque fois tu-arrives avant-moi >
1974:64) "Alors toi c' est pour ç a qu' à chaque fois t u arrives avant
<et i l-courut près Pierre qui il-était encore-lui en-train moi" ( lors d ' une série d' allers et retours limités dans le
il-se-lève de-le-sol> temps)
"Et i l accourut près de Pierre qui était encore en train de 3. /dawn it-tig � g kcmm ?ct-ibl du fUt dIn i l-Dabta/
se relever" <celles-ci les-poules combien en-train-elles-pondent peu
cel le-ci le-coup ( f . »
2 . 1 . 6. L'expression de l ' "habitude restreinte" "Ces poules, combien elles pondent peu ces temps-ci"
4. Dan l -ahhar ma nafx x' qed itini - dejjem ghajjien ( O . Cal­
On constate également, depuis les documents du XVI IIème siècle, leja 1972: 19)
et de plus en plus actuellement , l' emploi de la périphrase <celui-ci le-dernier ne je-sais-pas quoi en-train il-donne­
verbale dans des contextes que Borg ( 1981 : 151 ) a qualifiés de moi - toujours fatigué>
"restricted habit", c' est-à-dire des événements qui se repro­ "Ces temps-ci , je ne sais pas ce qui m' arrive , je suis
duisent pendant un laps de temps plus ou moins long, mais toujours fatigué"
126 Auxiliaires, particules verbales et préverbes La concomitance 127

5. /ku l l yum ?et-y i mrad fUt i ktar/ ( Q ) Par ail leurs, il est intéressant de noter la reprise du
<chaque jour en-train-il-est-malade peu p lus> préverbe de concomitance dans toute la suite de verbes dans
"Chaque jour il est un peu plus malade" l ' ex. 8 qui est là pour donner une p lus grande force expressive
à J ' énoncé, al ors qu' une simple suite de c. préf . après le
6 . / i ktar ma i " addi z-zmÏ<'Jn i n?as '?et-y ai)dem/ ( Q )
<plus que i l-passe le-temps moins en-train-il-travaille> premier verbe marqué comme progressif aurait pu suffire ( voir
"Plus le temps passe , moins il travaille" p. 77 ex. 6 ) .
7 . /i)afna dr �b i " andd d É yyem il-pers Ona l- ;i)ra l i "al Î -"a
14
I-pJez i yya ? t "da Ùgi mikt Oba address � ta il-pJez i yya mOïS 2.1.7. La valeur d' inaccompli général
? t "da tink i teb " al-l-f ; lla/
<beaucoup fois chez-toi toujours la-personne l ' autre que Le processus du glissement de la valeur de concomitant à celle
pour-elle la-poésie assise elle-vient écrite adressée la­ d' inaccompli général est en effet amorcé en maltais. Les
poésie ne-elle-pas assise el le-est-écrite pour-la-foule> exemples que j ' ai relevés se trouvent chez des locuteurs de
"Souvent tu as ( présent à l ' espr it) toujours l ' autre personne diverses localités de l ' î le de Malte, âgés de 20 à 45 ans, mais
pour laquelle le poème est écrit, adressé. Un poème n' est pas Aquil ina ( 1972) cite déjà un proverbe ( un seul sur les 4630 qui
écrit pour la foule" constituent son recuei l ) énonçant une vérité générale et qui
8. /naturalm É nt dÉ yyem dak li rrId yÏ<'Jn ?et-n" rd i mma ?ct­ comporte la périphrase verbale avec /?et/.
niggarant i ssi f -1-ist É ss hIn l i bi -1 -m3 d kIf ?et-nitkÉ l l em
bi-l- Ü ngwa li ?et-nO za b i-l-fraz É lla li ?et-ini) addem ink On D. Cohen ( 1989 : 218) expli que ce type d' utilisation ( pour
? � Ocd anki nift 6 "em/ l ' anglais ) de la manière suivante "c' est le caractère réfé­
<naturellement toujours celui-là que je-veux moi en-train-je­ rentiel qui est à la base des usages particul iers, apparemment
dis, mais en-train-je-garantis dans-le-même temps que avec­ fort divers, qu'on peut relever pour cette forme [be + -ingl ;
la-façon comment en-train-je-parle avec-la-langue que en­ i l fonde aussi, dans la plupart des cas, l a dynamique par
train-j' util ise avec-la-phrase que en-train-j' emploie je-suis laquelle la construction périphrastique, en tant que forme
assis aussi je-suis-compr is> marquée, empiète sans cesse, comme porteuse d ' une plus grande
"Naturellement, je dis toujours ce que je veux, mais en même expressivité, sur le domaine de la forme simple".
temps je garantis par la façon dont je parle, par la langue
que j ' ut i lise, par les phrases que j' emploie que je me ferai Le phénomène semble encore marginal en maltais, mais n ' en
aussi comprendre" est pas moins symptomatique. La plupart des exemples ci-dessous
sont tirés de discours d' intellectue ls :
Les deux derniers exemples nous montrent que la frontière
entre "habitude restreinte" et inaccompli général est perméa­ 1. Miskin dak il -agnma U fiz-zmien qiegned jittama ( prov. 51,
ble. On peut admettre pour l ' ex. 7, à la l imite, que la p . 461 )
locution adverbiale en tête de la phrase, même contredite par <pauvre celui-là l ' aveugl e qui dans-le-temps assis i l-espère>
celle qui suit Vdé yyem/ "toujours " ) ait pu entraîner la "Malheureux cet aveugle qui place son espoir dans le temps"
présence d ' un concomitant , mais il n' en va pas de même dans 2. Qed n ittama l i minn hawn u ftit ienor ikun imissu hu
les exemples qui vont suivre. (O. Calleja, 1972 : 97 )
<en-train-j ' e spère que de ici et un-peu autre i l-est il-tou­
che-lui lui>
" J ' espère que bientôt ce sera son tour à lui"
14 3. /m é la ?et-t a Qseb li yÏ<'Jn da?sÉ: kk I z i tu get/
Sic . Ce participe a été formé par un locuteur enseignant ( sa <alors en-train-tu-penses que moi ainsi "easy to get">
langue d' enseignement est l ' anglais) et poète, à partir de "Alors tu penses que moi , comme ça, je suis du genre facile"
l ' anglais "to address", mais le terme admis par tous les
locuteurs est /indiricc � ta/, d ' origine ital ienne.
128 Auxiliaires, particules verbales et préverbes La concomitance 129

"Lui, il est descendu en courant dans cette grotte qu' on ta all a ra Q�fna iniccyattI vi bQal dawn déyyem imiltu fil? rilQ
l ; mm-o::>m ycw w�ra ftIti
appelle désormais la Grotte de Hasan"
5. /° Î ya p�cziyya li tikbmûnika mao-I-bmunit � li ?ct-nO I s < le-problème (f. ) toujours el le-est le-problème financière
fI -oa/ FUT-je-dis-à-toi pourquoi car toi toujours en-train-tu-at­
<elle poésie que elle-communique avec-la-communauté que en­ teins audience vraiment restreinte alors beaucoup initiatives
train-je-vis dans-elle> comme cel les-ci toujours ell es-meurent sur âme mère-eux ou
"e' est une poésie qui communique avec la communauté dans après un-peu>
laquelle je vis" "Le problème sera toujours financier. Je vais te dire pour­
6. /ygn ? 6 °cd n � Qdcm tisbiQ �t li ° a ma mCQud I n mil-I-kunté st quoi. Parce que toi, tu atteins toujours une audience vrai­
2
mcditcrr �nyu ? 6 °cd n �Qdcm bi l sgn li ? 6 °cd uz �t ni? bi cca ment restreinte, alors beaucoup d ' initiatives comme celles-ci
gzi ra fI-c-c é ntru taO-I-mcditerr � n ? 6 °cd kIf ° i dt-I-ck avortent toujours dès le début ou peu après"
5 � 6 �
nippr va nw ssal dan l-ils n u daw it-tisbiQ t marbutIn fi 17
8. Imma, barra minn dan, SutcL iffe qed ignid impl iéitament
QsRib li mOUs bi- I-f ;rs ° a wa mcditcrr� nyu/ ukoU l i z-zewg binjiet huma ekwivalenti gnal xul xin (Borg
<moi assis je-travail le comparaisons que el les prises de-Ie­ 1988 : 257)
contexte méditerranéen assis je-travai lle avec langue (m. ) <mais, hors de celui-ci, Sutcliffe en-train il-dit imp l icite­
que assis uti l isé sur morceau î le dans-le-centre de-Ia­ ment aussi que les-deux constructions el les équivalentes pour
Méditerranée assis comment j' ai-dit-à-toi j ' essaie je-conduis mutuel lement>
celui-ci l a-langue (m. ) et cel les-ci les-comparaisons l iées "Mais, à part ça, Sutcl iffe dit implicitement aussi que les
dans pensée ( coll. ) que ne-lui-pas avec-la-force eux méditer­ deux constructions sont équivalentes"
ranéen>
"Je travaille des comparaisons qui sont tirées du contexte Cette phrase est à rapprocher d ' une autre du même auteur
méditerranéen, je travail l e avec une langue qui est utilisée et qui lui est comparab le, où c' est une c. préf. simple qui a
sur un bout d ' î le au centre de la Méditerranée, j ' essaie, été utilisée :
comme je t ' ai dit, de conduire cette langue et ces comparai­
sons ensemble dans une pensée non forcément méditerranéenne" 9. L-espressjoni ' qed ' Sutcl iffe ma jitkeUemx fuqha diretta­
7. /il-pr�bl t ma d� yyem tkiln i l-pnb l t ma financy�rya Qa-no I d-l­ ment, imma fil -vokabolarju fl -artrtar tal -ktieb tiegrtu (1936:
ek ° al 6 s °as i nti déyyem ?et-t; P�t udy é nca vcram� nt ristrct­ 271) igrtid l i 'qed' hija taqsira ta ' 'qiegned ' ( p . 80 )
ta all a ra Q �fna iniccyattIvi bQal dawn d éyycm ima tu fil? rUQ < l ' expression "qed" Sutcliffe ne il -parle-pas sur-elle direc­
;mm-o�m yew w �ra ftIti tement , mais dans-le-vocabulaire dans-le-dernier de-le-livre
<le-problème ( f . ) toujours el le-est le-problème financière de-lui il-dit que " qed" e l le réduction de "qiegned">
FUT-je-dis-à-toi pourquoi car toi toujours en-train-tu-at­ "L' expression "qed", Sutcliffe n ' en parle pas directement,
teins audience vraiment restreinte a lors beaucoup initiatives mais dans le lexique à la fin de son livre ( 1 936 : 271 ) il dit
que "qed" est une contraction de "qiegned""

Cec i montre bien que chez un même locuteur, l ' usage de la


1 Cet ex. pourrait aussi être interprété comme une "habitude forme du concomitant avec valeur d ' i naccompl i général n ' a
restreinte" , puisque c ' est seulement à partir de l ' événement encore rien d e très stabl e .
raconté dans la légende que la grotte a pris ce nom. Il n ' en
reste pas moins qu' el le n ' en a jamais connu un autre, de
mémoire d' homme.
/
2
/?gOcd/ devant un participe passif n' exprime pas la concomi- 17
tance. Il est ici dans une autre fonction, celle de copule Sutcliffe est l ' auteur d' une grammaire datant de 1936.
exprimant l ' existence. Voir p. 372 sq.
130 Auxil iaires, particules verbales et préverbes La concomitance 131

2.1.8. EmpLois en dépendance "C' est-à-dire que tu n' es pas en train de donner de simples
informations"
C' est un fait extrêmement rare dans mon corpus . Je n ' en ai 4. Imous ?ct-ikan i l-kÉlb li yiddctÜ-I-i s candi nOld-l-u mOus
trouvé qu' un seul exemple, dans les indications scéniques ?ct-ikan is-s6l). l i yiddctÜ-I-i 5 Candi nOId-I-u imma déyycm
accompagnant une pièce de théâtre, après l ' auxiliaire IbÉdal ?ct-naza rcgistri diffcrÉntii
"commencer, se mettre à". Encore s' agit-il d ' un exemple contro­ <ne-lui-pas en-train-il-est le-chien que il -dicte-à-moi quoi
versé : s ' il est accepté par mon informatrice de La Valette, chez-moi je-dis-à-Iui ne-lui-pas en-train-il-est le-vieux que
celle de Mgarr le rejette et considère l ' utilisation de qed i l-dicte-à-moi quoi chez-moi je-dis-à-Iui mais toujours en­
comme un "lapsus". Je ne sais s ' i l faut l' interpréter comme une train-j ' utilise registres différents>
coquille ou bien si l ' on est en droit de dresser un parallèle "Ce n' est pas le chien qui me dicte ce que je dois dire, ni
avec l ' utilisation, quasi-obligatoire el le, du participe actif le vieil lard, mais j ' util ise toujours des registres diffé­
pour les verbes de mouvement après cet auxiliaire C voir p. rents"
244-5 ) et de considérer les divergences d ' opinion entre l es 5. Imous ?6°cd nOld Iii
informatrices comme le reflet de deux stades d' évolution diffé­ <ne-lui-pas assis je-dis que>
rents dans la langue, l ' un marquant la concomitance dans ce "Je ne suis pas en train de dire que
cas, l ' autre non. Il conviendra d ' être attentif à cet emploi
lors d' études ultérieures. On remarquera dans le 4ème exemple que la forme préverbée
est uti li sée avec une valeur d' inaccompli général qui n' est
1 . Donnu rega ' beda qed jidLam C O . Calleja, 1972: 166) donc pas réservée au seul énoncé affirmatif.
<il-semble il-revint il-commença en-train il-s' assombrit>
"Il semble qu' i l s' est remis à faire sombre" Si l ' énoncé comporte un autre élément de négation, la
négation du concomitant se fait par simple préfixation de lmal
à I?ctl
2.1.9 . La négation
6. Xejn ma qed jogngobni C O . Calleja, 1972: 125 )
a) L' expression de la concomitance dans une phrase négative est
<rien ne en-train-il -plaît-moi>
obligatoire, exactement de la même façon que dans une phrase
"Rien ne me plaît"
affirmative. En "standard" , comme chez la plupart des locuteurs
de dialectal , la négation se forme par antéposition à la
b) Camilleri ( 1 987 : 54 ) a relevé pour le dialecte de Mgarr
périphrase verbale de la particule Im"usl litt. "ne-lui-pas",
(Malte ) la négation verbale disconti nue Ima . . . si accolée au
dont l ' accord en genre, en nombre et en personne avec le sujet
préverbe, qui est la seule possible :
est facultatif. Il ne s ' agit donc pas du morphème discontinu de
la négation propre aux c. suff. et préf .
1. ma qedx imur ( Camilleri 1987 : 54 )
<ne en-train-pas il-va>
1 . Imin6s ?ct-nistÉnna li ikan ckk yQnl
"Il n' est pas en train d' aller"
<ne-moi-pas en-train-j' attends que il-est ainsi moi>
2. [ma-?Ét-s nal).diml (Vanhove 1987 : 3 8 )
"Je ne m' attends pas à ce qu' il en soit ainsi"
<ne-en-train-pas je-travai lle>
2. Imous ?ct-niccayta tal
"Je ne suis pas en train de travai ller"
<ne-l ui -pas en-train-je-plaisante tiens>
"Je ne suis pas en train de plaisanter, tiens ! "
3 . ligif6ri mOus ?ct-taOti n[:)rmaccy5ni sémpl icil 2.1 .10. La concomitance dans L a phrase interrogative
<c' est-à-dire ne-lui-pas en-train-tu-donnes informations sim­
ples> Il a été noté (p. 75-6 ) que l ' expression de la concomitance
n' était pas obligatoire dans les phrases interrogatives. Il
132 Auxi liaires, particules verbales et préverbes La concomitance 133

faut cependant reconnaître que c' est de plus en plus rare, et 9. Idc l iccyu ?ct-t61)d-ul
les exemples avec la périphrase de concomitance dépassent très <passe-temps en-train-tu-prends-Iui>
largement ceux avec une simple c. préf. Ajoutons que, dans mon "Tu prends ça ( comme) un passe-temps 7" ( auquel i l ne se
corpus, un même locuteur peut ut iliser l' une ou l ' autre forme livre que depuis qu ' i l est à l a retr aite )
verbale.
Le progressif dans la phrase interrogative peut auss i être
1. I?ct-âra SI l)�ga fi-I-blrl situé dans le passé au moyen de l ' auxil iaire Ik�nl :
<en-train-tu-vois quoi chose dans-Ie-pui ts>
"Tu vois quelque chose dans le puits 7" 10. Is k::mt ?ct-t�Omcl da-I-03dul
2. [ si -grâlek , �bni 7 3�Idli s�ndck mintîs 71 <quoi tu-étais en-train-tu-fais ce-le-matin>
"Que faisais-tu ce matin 7"
(Stumme 1904 : 35 , 1. 24 ) 11. Dazgur kont qed tienu gost, jew dazgur ma kontx qed tienu
<quoi-il-arriva-à-toi , fils-moi 7 dis-à-moi quoi-chez-toi gost ? (O. Calleja, 1972: 15 )
ne-toi-pas assis tu-manges 7> <sûr tu-étais en-train tu-prends goût, ou sûr ne tu-étais-pas
"Que t' est-il arrivé, mon f i l s 7 Dis-moi c e que tu a s ! Tu ne en-train tu-prends goût>
manges pas 7" "e' est sûr que ça te faisait plaisir , ou b ien c' est sûr que
3. Itaf °al6s ?ct-insémmi dInl ça ne te faisait pas plaisir 7 "
<tu-sais pourquoi en-train-je-mentionne celle-ci>
"Tu sais pourquoi je suis en train de mentionner ça 7" O n remarquera dans c e dernier exemple que c ' est l ' auxi­
4. l iema xogrl.Ol qed tfittex ? ( O . Calleja, 1972: 130 ) liaire temporel qui porte les morphèmes de la négation.
<lequel travail en-train-tu-cherches 7>
"Quel travail cherches-tu 7"
5. U taf x' qed nanseb ? (O. Calleja, 1972: 109) 2.1.11. La postposition de 1?6°cdl au verbe aux i l ié
<et tu-sais quoi en-train je-pense 7>
"Et tu sais à quoi je suis en train de penser 7" Dans deux énoncés de mon corpus, j ' ai relevé un renversement de
6. Idln ?Éoda tinstémal l ' ordre habituel auxiliant - auxi l i é . Il semble, selon les com­
<cel le-ci assise elle-est-entendue> mentaires des informateurs, que cette tournure soit considérée
"Celle-ci , elle est en train d'être entendue 7" comme p lus expressive. Mais dans le premier exemple ci-dessous
7 . ImIn ?ct-itI-k dawn il-parfril ( I II, 73-4) où les deux termes de la périphrase sont séparés par un adverbe
<qui en-train-il -donne-toi ceux-ci les-consei ls> la postposition de 1?6°cdl est obl igatoire. L ' i nversion avec
"Qui est en train de te donner ces conse ils 7" I?ctl est par contre impossible, ce qui confirme son statut
morphologisé :
Même pour l ' expression de "1 habitude
' restreinte", la
forme à préverbe I?ctl peut être uti l isée dans une phrase 1. IOUwa y6k:::> 1 b iss ?6°cdl ( Q )
interrogative, mais je n ' en ai encore rencontré aucun exemple <lui i l-mange seulement assis>
avec une valeur d' inaccomp li général : "Il ne fait que manger"
2. Hux niééajtaw qegndin, Rita ? Œbejer 1985 : 25 )
8. It�yycb fssa l-pastUri dIn l-éwwcl d�rba li ?ct-t�Omcl da-l­ <lui-pas nous-plaisantons assis (pL ) , Rita>
pastUril "N' est-ce pas que nous sommes en train de plaisanter, Rita 7 "
<bien maintenant les-santons cel le-ci la-première fois que
en-train-tu-fais ces-les-santons> 2 . 1 . 12. Concl usion
"Bien, alors les santons, c' est la première fois que tu en
fai s , des santons 7" Les nombreux exemples qui i llustrent cette partie de l ' ouvrage
montrent sans conteste que la forme maltaise à préverbe I?ctl
134 Auxiliaires , particules verbales et préverbes La concomitance 135

( ou avec l ' auxi liaire /?�Ocd/ ) comme tout syntagme exprimant la /t�la?/ "partant,, 19
concomitance dans l ' inaccompli dans les dialectes arabes, peut /r�?cd/ "dormant"
. A 20,,

se référer aussi bien à l ' acte d' énonciation, donc au présent /sayycm/ " Jeunant
du locuteur, qu ' à n'importe quel événement pris pour référence,
quelle que soit sa situation temporelle. Ces participes s' accordent en genre et en nombre, mais ils
Nous avons vu également qu ' i l s' amorce très nettement une n' ont pas incorporé de marque faisant référence à la personne,
évolution mise en relief par D. Cohen ( 1984 et 1989) : l ' utili­ comme en néo-araméen occidental par exemple ( voir D. Cohen
sation des formes progressives est en train d' envahir peu à peu 1984 : 46 4 ) . On les trouve aussi bien dans les phrases affirma­
le domaine de la c. préf. en prenant des valeurs d' inaccompli tives que négatives ou interrogatives.
général. Pourtant, à la différence de ce qui se passe dans de
nombreux autres dialectes arabes, on ne voit pas pour l ' instant 2.2.1. L ' analyse d 'Al bert Borg
poindre une nouvelle expression de la concomitance.
La situation du participe actif au sein du système verbal est
2.2. Le participe complexe, car il existe aussi pour tous ces verbes une conju­
gaison à préverbe /?ct/ ( ou auxi liaire /?� Ocd/ ) avec laquelle
Remarques préliminaires il est en concurrence. Avant de faire part de mes propres
observations, il me semble nécessaire de résumer d ' abord le
A la forme de base, le participe actif n ' a survécu que pour un point de vue de Borg ( 1981 et 1988) sur la question qu' il est
tout petit nombre de racines et aux formes dérivées la distinc­ l e seul à avoir abordée en détail jusqu ' à présent.
tion formelle entre actif et passif a disparu où c' est essen­ Son analyse ( 1988 : 88-92 ) , située dans le cadre de la
tiellement la valeur de passif qui a subsisté. théorie local iste, repose princ ipalement sur l ' ut i lisation du
On comprendra donc aisément que le maltais n ' ait pas verbe /m�sa/ "marcher", dans son propre idiolecte : la forme
développé un système verbal où le participe actif aurait joué avec préverbe /?ct-yimsi/ couvre l es trois valeurs de concomi­
un rôle important, comme dans certains dialectes maghrébins par tant, d ' habitude restreinte et d ' inaccompli général, alors que
exemple ( voir par ex. Caubet 1989 ) . le part icipe actif /m�si/ ne peut exprimer que le concomitant
Néanmoins, comme i l a été dit au début d e ce chapitre,
quelques verbes de mouvement et d' attitudes expriment le pro­
gressif au moyen du participe actif. En voici la liste com­
plète : mais un schème de nom de métier de la forme à 2ème radicale
géminée d ' un verbe à 3ème radicale semi-vocalique. En fait i l
/s�yycr/ "al lant" fonctionne comme u n participe e t est totalement intégré dans l e
/gcy/ "venant" système d e concomitance.
/n�zcl/ "descendant" 19 Ce participe est d ' un emploi assez rare. Je n ' en ai rencontré
/t�lao/ "montant" qu ' un ex. utilisé avec valeur de progressif dans mon corpus.
/d�Qcl/ "entrant" 20
/Q�rcg/ "sortant" Ceparticipe n' est pas apparu spontanément dans mes corpus
/m�si/ "marchant" ( sauf après auxiliaire ) . Mon informatrice de La Valette m' a
/r�sa?/ "approchant" forgé l ' exemple suivant :
8
/oaddÉ:y/ "passant,, 1 /tist�? fut biskuttlni/ - /lt, sayyma/
<tu-désires un-peu biscuit s ) - ( non, jeûnant (f. »
"Veux-tu quelques biscuits 7" - "Non, je jeûne"
Il est encore courant de jeûner à Malte lors du carême ou l e
1 8 Morphologiquement, /oaddÉ:y/ n ' est pas un participe actif, dimanche .
136 Auxil iaires, particules verbales et préverbes La concomitance 137

et l ' habitude restreinte. Il en donne les exemples suivants : ci-dessus. Il cite les exemples suivants, seuls acceptables
dans son idiolecte :
36. éanni jimxi / qed jimxi mid-dar sa l-iskola kuljum
21
<Jean i l-marche / en-train i l-marche de-la-maison jusqu ' à 41. l -ajruplan tielaq bnal issa
l ' école chaque-jour> < l ' avion partant comme-maintenant>
"Jean marche de la maison à l ' école tous les jours" "L'avion est en train de décol ler en ce moment"
37. éanni qed jimxi m id-dar sa l-iskola dan l -annar 42. l -ajruplan qed jitlaq kmieni daz-zmien
<Jean en-train il-marche de-la-maison jusqu ' à l ' école celui­ <l' avion en-train i l-part tôt ce-le-temps>
ci le-dernier> "L'avion décolle tôt ces temps-ci"
"Jean marche de la maison à l ' école ces derniers temps"
38. éanni qed jimxi mid-dar sa l - iskola bnal issa Pour finir, je voudrais dire que Borg ( 1988 : 83 ) indique
<Jean en-train il-marche de-la-maison jusqu ' à l ' école comme­ qu ' i l existe des locuteurs pour lesquels une construction avec
maintenant> préverbe /?ct/ SUIVI du participe actif serait acceptable.
"Jean est en train de marcher de la maison à l ' école en ce Malheureusement il ne donne pas ses sources. Par ailleurs, i l
moment" ne dit pas l ' avoir lui-même entendue, e t personnellement, elle
39. éanni miexi mid-dar sa l - isko l a bnal issa m' est tout à fait inconnue. I l faudra donc vérifier cela un
<Jean marchant de-la-maison jusqu ' à l' école comme-maintenant> jour .
"Jean est en train de marcher de la maison à l ' école en ce
moment"
2.2.2. La forme à préverbe avec l es verbes de mouvement
40. éanni miexi mid-dar sa l - iskola daz-zmien, gnax i l -karrozzi
mhux qed jandmu
En étudiant de près mes corpus, je me suis rendue compte que
<Jean marchant de-la-maison jusqu ' à l ' école celui-ci- le­
les occurrences de la construction préverbale sont extrêmement
temps, car les-autobus ne-lui-pas en-train ils-travaillent>
rares (à peine 2% ) en comparaison du participe actif. Pour 200
"Jean marche de la maison à l ' école ces temps-ci, parce que
ex. environ avec un participe, je n ' en ai relevé que 5 avec
les autobus ne fonctionnent pas"
préverbe apparus spontanément dans des enregistrements, aux­
quels vi ennent s' ajouter 19 autres provoqués par un travail de
Il signale, d' autre part, qu' i l y a des locuteurs pour
traduction sur questionnaire, et 2 i ssus de documents écrits.
lesquels une phrase telle que (38) serait inacceptable et pour
qui seule la phrase (39) avec le participe est poss ible. De
Parmi les 5 ex. spontanés recueillis, deux sont employés
même ( 40 ) serait agrammaticale. Il y a donc des locuteurs pour
avec un sens métaphorique du verbe auxilié, ce qui peut
qui la répartition des valeurs est parfaitement équilibrée
expliquer le recours à la forme à préverbe au lieu du participe
entre les deux formes : i naccompli général et habitude res­
actif :
treinte pour la construction avec préverbe, concomitance pour
le participe act if. Malheureusement, il ne donne aucune indica­
1. /lssa ?ct-nlgi fI-oa/
tion, même partielle, quant à la local isation géographique ou
<maintenant en-train-je-viens dans-elle>
sociol inguistique de ce système.
"Maintenant, je m ' en souviens !" ( locutrice de 25 ans de Mel­
li ena. Le même exemple se retrouve chez O. Calleja 1972: 1 1 9 )
Enfin, il ajoute qu' une analyse du même genre serait
nécessaire pour tous les verbes qui connaissent les deux formes
de la construction préverbale et du participe actif. Il cite, à
titre indicatif, le cas du verbe /téla?/ "partir" où la répar­ 21
L' emploi de ce verbe a été jugé peu naturel dans ce contexte
tition, dans son dialecte, n' est pas identique à celle qu' il
par mon informatrice de La Valette. Elle lui préfère /séyycr/
connaît pour /mésa/ "marcher" mais à celle que connaissent les
"allant" .
autres locuteurs dont le système vient d' être brièvement résumé
138 Auxi liaires, particules verbales et préverbes La concomitance 139

2. /dan I)ascb Üli ?�Ocd iOaddI-1) bi-z-zm�n/ 2.2.3. Le système d 'une Jeune l ocutrice de La Valette
<celui-ci i l-pensa que assis i l-passe-Iui avec-le-temps>
"Il a pensé qu ' i l était en train de se moquer de lui" ( l ocu­ Le système qui a pu être dégagé à partir du quest ionnaire,
teur de 45 ans de San G il ian. La même construction se trouve auprès d'une jeune locutrice de La Valette, est encore diffé­
dans le commentaire de Friggieri 1972: 177) rent des deux autres décrits par Borg et il est valable pour
tous les verbes énumérés au début de ce paragraphe. Il peut
Il faut également classer, avec ces deux exemples qui être résumé ainsi :
viennent d ' être cités, un autre énoncé où le sujet de la
construct ion à préverbe est un inanimé , une maquette de bateau Inaccompli général dans le discours ou le récit : c . préf.
mentionnée plus haut dans le récit, et où l ' auxilié n' est pas Habitude restreinte + instance du commentaire général : forme à
non plus utilisé dans son sens propre de "marcher" , mais dans préverbe
celui de "fonctionner" : Progressif : participe actif

3. /ari-I) dan dan Issa ?ct-yimsi/ Les deux dernières valeurs qui apparaissent dans ce résumé
<regarde-lui celui-ci celui-ci maintenant en-train-il-marche> proviennent des commentaires qu' elle faisait . Pour elle, l a
"Regarde-le celui-ci, il fonctionne ( encore) maintenant" différence entre deux phrases tel les que
( locuteur de Xagnra à Gozo, 85 ans)
1. /l-ayruplin ?ct-yldl)::>l f-I-ayrup;rtl
Restent deux exemples, tous deux avec le verbe /I)arcg/ < l ' avion en-train-il-entre dans-l ' aéroport>
"sortir". Dans le contexte, un paysan de Nadur ( Gozo ) est en "L' avion est en train d' atterrir sur l' aéroport"
train d' expliquer à des étudiants comment, chez lui , i l fabri­ 2. /l-ayruplin d�Qcl f -l-ayrup;rtl
que les fromages que nous avions sous les yeux. Une ense ignante < l ' avion entrant dans-l' aéroport>
de Hamrun reprend les expli cat ions . Son intervention se situe "L' avion est en train d ' atterrir sur l' aéroport"
donc dans l ' instance du commentaire général
réside dans le fait que dans le 2ème exemple on voit l ' avion
1. /dan s;rns li ?ct-y;l)ng minn awn/ pendant tout le temps qu ' i l atterrit , alors que dans le premier
<celui-ci petit-lait que en-train-il-sort de ici> cas il s ' agit de la simple description d'un événement telle
"C' est du petit lait qui sort par ici" qu' on pourrait l a rencontrer dans un reportage. Dans l ' instance
2. /kïf ?ct-taraw dan ?ct-y;l)r::>g I)afna mlnn-u/ du commentaire général, pour les verbes de mouvement et d ' atti­
<comment en-train-vous-voyez celui-ci en-train-il-sort beau­ tudes, c' est donc la forme à préverbe qui est utilisée par
coup de-lui> cette locutrice, comme dans mon corpus, et non la c. préf.
"Comme vous voyez, de ça, i l en sort beaucoup" simple comme on l ' a vu p. 77-9 .

Le paysan, qui était poussé par un souci pédagogique Voici mai ntenant quelques i llustrations d' habitude res­
différent, avait uti l isé le participe actif, entre ces deux treinte avec la forme à préverbe d' abord (ex. 1 à 6 ) , du conco­
interventions de l ' enseignante. mitant avec le participe ensuite ( ex. 7 et 8) :

Autant qu' on puisse en juger sur ce nombre réduit d ' occur­ 1. /?ct-ylmsi / ?ct-y;Qng / ?ct-y;r?::>d I)afna da-I-ahhar/
rences, l ' utilisation de la forme à préverbe semble être réser­ <en-train-il -marche / en-train-i l-sort / en-train-il-dort
vée , dans mon corpus, à deux situations particulières : un em­ beaucoup ce-le-dernier>
ploi métaphorique du verbe auxilié et l ' instance du commentaire "Il marche / il sort / il dort beaucoup ces temps-ci"
général . 2. f?ct-yinzcl / ?ct-imar / ?ct-yitlao il-klabb I)afna da-l-
al)l)ar/
140 Auxi l iaires, particules verbales et préverbes La concomitance 141

<en-train-il-descend 1 en-train-il -va 1 en-train-il-monte le­ <presque toi aussi passant ( f . ) de processus créatif pendant
club beaucoup ce-le-dernier> que en-train-tu-l is la-poésie>
"Il descend 1 il va 1 il monte souvent au club ces temps-ci" "Toi aussi tu es presque en train de passer par un processus
3. I?Et-y i dl).lu I).afna n9S da-I-al).l).ar f-I-ispt;lrl créatif quand tu l i s de la p oési e "
<en-train-ils-entrent beaucoup gens ce-le-dernier dans-l' hô­ 3. IOidt- I-u da-I-kÉlb taO-t-tali m6si m�o-na ar�-I).I
pital> <j' ai-dit-à-l ui ce-le-chien de-le-untel marchant avec-nous
"Il entre beaucoup de monde à l ' hôpital ces temps-ci" regarde-l ui>
4. lil-I).at ?Et-yÉrsa? \:lafna IEyn is-satt da-I-a\:ll).arl "Je lui ai dit "Ce chien d ' untel, il est en train de
<le-poisson en-train-i l-approche beaucoup vers la-côte ce-Ie­ marcher avec nous, regarde-le !"
dernier> 4. I�ra �ra marIyya taO p�ntu �lla ib6rEk dIga t610a bi-l­
"Le poisson s' approche beaucoup de la côte ces temps-ci " ftayyar u al).na o�d-na nizlÎnl 0 , 250-1 )
5 . I?ct-yigi I).afna id-d�r da-I-al).l).arl <regarde regarde Marie de Pantu Dieu il-bénit déjà montant
<en-train-il-vient beaucoup la-maison ce-le-dernier> ( f . ) avec-Ies-p etits-pains et nous encore-nou s descendant
"Il vient souvent à la maison ces temps-ci" (pl. »
6. l?ct-iOaddu I).afna kar8cci minn di-t-tr&J? da-I-al).l).arl "Regarde ! Regarde ! Marie de Pantu, que Dieu ( la) bénisse,
<en-train-elles-passent beaucoup voitures de cette-la-rue elle est déjà en train de remonter avec les petits pains et
ce-le-dernier> nous on est encore en train de descendre ! "
"Il passe beaucoup de voitures dans cette rue ces temps-ci" 5 . IEmmn a-ni l i n8fs-ni r6?cdl
<croyez-m oi que moitié-mo i dormant>
7. IguzÉ r&J?Ed issal "Croyez-m oi , je dors à moitié ! "
<Joseph dormant maintenant> 6. [mari féI sélra ? >altlu sélra ittiec >alla j�n ukol sêir
"Joseph est en train de dormir maintenant"
8. IOaddcyyin I).afna karr8cci minn di-t-tr6? bl).aIissal ittiec l ( Stumme 1904 : 39, 1 . 9 )
<passant ( pl . ) beaucoup voitures de cette-la-rue comme-main­ <Marie où allant (f. ) ? el le-a-dit-à-lui allant (f. ) le­
tenant> mariage ! il -a-dit-à-elle moi aussi al lant le-mariage>
"Il passe beaucoup de voitures dans la rue en ce moment" "Marie, où vas-tu ? Elle lui a dit : "Je vais au mariage". Il
lui a dit : " Moi aussi je vais au mariage" (i ls sont en route)

2.2.4. Le progressif dans le discours


2.2.5. La référence au futur
Pour ce qui est du corpus spontané et de la littérature, la
valeur dominante est partout très nettement celle d ' un inac­ a) Le participe actif peut être utilisé pour exprimer la
comp l i concomitant. La référence peut être l ' acte d ' énonciation concomitan ce avec un autre événement situé dans l ' avenir
lui-même, donc le présent du locuteur . Le participe actif se
rencontre aussi bien en énoncé affirmatif qu' interrogatif : 1. ly6na niSt6? nar�-oa gÉyya lara minn sbtL3.ndl
<moi je-souhaite je-vois-elle venant (f. ) en-arrière de
1. Reqsin l ejn l -elezzjoni mhux bezgnanin l i riesqa l -gurnata Ecosse>
ta ' l -ezami ( I l -Mument 15 . 02. 1987 , p. 6) " Moi, j ' aimerais la voir en train de revenir d' Ecosse ! "
<approchant ( pl . ) vers les-élections ne-lui-pas apeurés que
approchant (f. ) la-journée de l ' examen>
h) D e plus, contrairement à l a construction périphrastique avec
"Nous sommes en train d' approcher des élections, pas effrayés
I?ctl, la valeur de futur immi nent est fréquente pour le parti­
que le jour de l ' examen approche"
cipe actif, surtout pour IsÉyycrl "allant" ( qui a d ' ai lleurs
2. Ikw�zi int uk811 °adÉ:yya minn pr::lcÉ:ss krcattIv wa?t li ?ct­
donné naissance à une parti cule de futur ) et IgEyl "venant" .
ta?ra l-p::lcz iyyal
Cet emploi est possible e n proposition indépendante ou en
142 Aux iliaires, particules verbales et préverbes La concomitance 143

subordonnée complétive . L' imminence peut se situer par rapport "Celui qui passerait par derrière un mur de cette taille"
au présent du locuteur comme par rapport à un moment du passé 2. Meta l-qamar ikun immejjel juri l i jkun gej il-maLtemp
( ex. 3 et 5) : ( Aquil ina 1972: 520 , prov o 13)
<quand la-lune (m. ) il -est incliné i l-montre que i l-est
1. Iy�n s�yyra 1-?udd6s1 venant le-mauvais-temps>
<moi allant (f. ) la-messe> " Quand la lune est de biais, ça montre que le mauvais temps
"Je vais à la messe" ( elle est encore à la maison) viendra"
2. Anna sejrin ié-éirku mà ? (O. Cal leja 1972 : 6 ) 3. Im�la sl)In sc-tti-o;m-I-u sl)In al)na nk.1nu scyyrlnl
<nous al lant ( p l . ) le-cirque maman ? > <donc quand FUT-tu-donnes-eux-à-lui quand nous nous-sommes
" O n v a a u cirque maman ?" allant (pL »
3. Isl)In s�mou l-al)bar l i gcyyln yilaObu l-guv�ntus ?al.1-I-il "Alors quand les lui donneras-tu? Quand nous nous en irons !?"
<quand i ls-entendirent la-nouvelle que venant ( pl . ) i ls­ 4. Iwa?t illi ikQnu rc?dln f dak l-istéss l)In yitblddlul
jouent la Juventus i ls-dirent-à-moi> <pendant que i ls-sont dormant ( p l . ) dans celui-là le-même
"Quand ils ont entendu la nouvelle que la Juventus allait temps ils-se-changent>
venir jouer , ils m' ont dit . . . " "Pendant qu ' ils seraient en train de dormir, au même instant
4. Il)a-tlll)?-u 1 l)�nri - gcy °alfy-yal ils se transformeraient"
<FUT-tu-rencontres-Iui à Henri - venant pour-moi> 5. Im�ta tkun g�yya l-f�stal
"Tu vas le rencontrer Henri ? - I l vient me chercher" <quand el le-est venant (f. ) la-fête>
5. Il)sibt-ck mintIs g�yyal " Quand la fête viendra"
<je-pensai-toi ne-toi -pas venant (f. » 6. [ sl)ên tkûn sêlral ( Stumme 1904:55 , 1. 22)
"Je pensais que tu ne viendrais pas" <quand tu-es allant (f. »
6. Idiina ° andu raOay bi-l-fanal l)6rcg l)a-y;l)r:)g minn g:::> l-oarl "Quand tu partiras"
<celui-ci chez-lui berger avec-le-fanal sortant FUT-il-sort 7. lu yckk tkun °add�yya fcyn S I °a J?al
de dedans la-grotte> <et si tu-es passant (f. ) où quoi champ>
"Celui-ci, il a un berger avec un fanal sur le point de "Et si tu passais près d ' un champ"
sortir, qui va sortir de la grotte"
7. IdWa wara n:::>f siniirl ( Q ) 2.2.6. La référence au passé
<partant ( f . ) après midi>
"Je pars cet après-midi" a) Comme la construction à préverbe ou particule, le progressif
8. If sl)In d6l)d il-l�ylal ( Q ) exprimé par le participe actif peut aussi se référer au passé.
<dans quand entrant la-nuit> e' est le cas dans les relatives et les complétives d' énoncés
"A que lle heure rentres-tu ce soir ?" situés dans le passé :
9. l°;ida rbda ° and ;mm-il ( Q )
<demain dormant (f. ) chez mère-moi> 1. lu sadattant n;ira tcmp ikl)al t6la? minn g:::> l-punéntl
"Demain je dors chez ma mère" <et entre-temps je-vois temps bleu partant de dedans l ' ouest>
"Et entre temps je voyais le mauvais temps qui était en train
c) Le participe actif peut aussi être situé dans un futur de partir de l ' ouest" (récit)
modal , au moyen de l ' auxiliaire li k.1nl "il est", dans des 2. Imalli yilml)u °asfQr °addÉ:y fI zmgn il-pass;ir il-kaccatQri
subordonnées complétives, circonstancielles de temps ou dans la k6nu yiftl)u n-n;irl
protase de phrases conditionnelles : <dès-que il s-aperçoivent oiseau passant dans temps la-migra­
tion les-chasseurs i ls-étaient i ls-ouvrent le-feu>
1. ImIn ik.1n m6si minn wara l)ayt da?s�kkl "Dès qu' ils apercevaient un oiseau en train de passer au
<qui il -est marchant de derrière mur ainsi> temps de la migration, les chasseurs ouvraient le feu"
144 Auxi liaires, particules verbales et préverbes La concomitance 145

, ' " , ,
22 '
3. Irayni8-k pr5pyu di8Qd awm:kk gr;wwa l-istudy5s n}? sa?ay-k "L' Angleterre s' était rendu compte que la guerre était en
m�si kw&zi norm&lil train d' approcher"
<nous-vÎmes-toi proprement entrant ici -ainsi dedans les­ 4. Iwa?t li ki8n m�si bi-ca Qâd-oa g8 °aPal
studios sur pieds-toi marchant presque normal> <pendant que il-était marchant avec-elle il-prit-elle dedans
"Nous t' avons vu proprement en train d' entrer ici dans les champ>
studios sur tes pieds, marcher presque normalement" "Pendant qu' i l était en train de marcher avec elle, il l ' a
4. lallGra méta nQarsu lr;y l-iSkaffa u naraw li I-Q:)bz r6sa? emmenée dans un champ"
°a-t-tm�m bnt immGr °and il-furn&ral ( l , 11-3)
<alors quand nous-regardons vers l' étagère et nous-voyons que
2.2.7. Le parfait en composition avec deux adverbes
le-pain approchant pour-Ia-fin j ' étais je-vais chez la-bou­
langère>
Le participe actif précédé des adverbes IOad-1 "encore" + pron.
"Alors quand nous regardions vers l ' étagère et que nous
suff. et, éventuellement, Ikr;mml " combien" ou Iklfl "comment " ,
voyions que le pain était en train d' approcher de la fin,
dans cet ordre, tout comme avec l es trois autres formes verba­
j' allais chez la boulangère"
les qui viennent d ' être étudiées , peut également servir à ex­
5. ISQln bnt nara-o:)m sr;yyrln r;kk nI? pâlal
primer le parfait. Dans ce cas la tournure est encore très mar­
<quand j' étais je-vois-eux allant (pl . ) ainsi sur pelle>
ginal e, mais très expressive. Elle m ' a été commentée comme rap­
"Quand je les voyais en train de marcher comme ça sur une
prochant encore plus du présent du locuteur. Voici les 2 seuls
pelle"
ex. que j ' ai relevés (tous 2 écrits et sans le 2ème adverbe )

b) Le participe actif peut également être précédé de l ' auxi­ 1. hu uko L L gnadu gej m i L l -funeral (O. Calleja 1972: 54)
liaire du passé Iki8n/, dont l' ut ilisation est possible en <lui aussi encore-lui venant de-les-funérailles>
proposition principale ou indépendante comme en subordonnées : "Lui aussi vient tout juste de rentrer des funérailles"
23
2. jien kien gnadni gej minn Mal ta (A. Calleja, 1982: 1 7 )
1. In-nies kienu reqdin ( O . Cal leja 1972 : 24 ) <moi il -était encore-moi venant de Malte>
<les-gens ils-étaient dormant ( p L » "Moi, je venais juste d' arriver de Malte"
"Les gens étaient en train de dormir"
2. [ dauna-lbnfet kfenu n�qdî n fs�dda waQda, ufilkamra féi kfenu
2.2.8. L'expression de la simul tanéité
j�rqdu, kïn-�m s�dd-9Qral ( Stumme 1904 : 7 , 1. 24-25)
Nous avons vu (p. 88-9) qu' il existe une tournure syntaxique
<cel les-ci-Ies-fi lles el les-étaient dormant ( pl . ) dans-lit
particulière pour exprimer la simultanéité de deux procès ou
(f. ) une , et-dans-Ia-chambre où elles-étaient el les-dorment,
états : pronom personnel indépendant + conjonction de coordi­
il-était-là lit-autre>
nation lui " et" + c. préf. Pour les verbes de mouvement et
"Ces filles étaient en train de dormir dans un seul lit, et
d' attitudes, on ut ilise le participe · actif. Aquil ina ( 1965: 221 )
dans la chambre où elles dormaient, il y avait un autre lit"
signale aussi la possibi lité d ' utiliser l a c. préf. il n'en
3. II-ingiltÉrra ittÉnda li k�nr;t gÉyya l-gwÉrral
est apparu qu' un seul exemple ( écrit, dans une critique litté­
<l' Angleterre se-rendit-compte que el le-était venant (f. ) la­
raire ) dans mon corpus
guerre>

22
La forme admise par les dictionnaires est "proprju" , mais, si 23
Sic. En principe , selon mon informatrice de La Valette, l ' au­
elle s' écrit , elle n' est que très rarement prononcée ainsi.
xiliaire aurait dû s' accorder . Elle a trouvé cela surprenant
Voir Fenech ( 1978 : 33 ) .
sous la plume d ' un écrivain.
146 Auxiliaires, particules verbales et préverbes
La concomitance 147

1. huma u jorqdu jiftakru fix-xewqat tagnhom ( Friggieri 1972:


1 . /il -kasÉtts taO martfn fI-o:)m geyyIn beyn awn u d-dar ÜO-na
186)
si tlett darb6U
<eux et ils-dorment ils-se-souviennent dans-les-désirs de-eux>
<les-cassettes de Martine depuis-elles venant ( p l . ) entre ici
"Pendant qu' i ls dorment ils se souviennent de leurs désirs"
et la-maison de -nous quoi trois fois>
"Les cassettes de Martine , ça fait longtemps qu' elles circu­
Comme pour le syntagme composé avec la c. préf. , la simul­
lent entre ici et notre maison, environ trois fois"
tanéité peut se situer en référence au présent ou au passé. La
2. /l-oawdsln m-oad-nI-s imm6rru marsalf6rn ekk l ibsln kIf g�
référence au futur n' a pas été relevée, mais elle est possible.
spÉci seyyra l-bal)ar/
<Ies-Gozitains ne-encore-nous-pas nous-allons Marsalforn
2. /inti u n6zla minn taO kaIips ° a-r-ramla/
ainsi habi llés comment il -vint en-sorte allant ( f . ) la-mer>
<toi et descendant ( f . ) de de Calypso pour-le-Ramla>
"Nous les Gozitains, nous n' allons plus à Marsalforn habillés
"Quand tu descends de Calypso vers Ramla" / /
co me 'a ve�ait, comme si tu llais à ! a mer"
3. /al)na u geyyIn kÉlli l-klIns8r ta mar u l)ar ig-I-i bll-u/ � S � /
3 . /[lywa] l)ald kbar taO gam�m geyyIn minn HP i l-bal)ar fI
<nous et venant ( p l . ) j' avais le-cleanser de M. et il-sortit­ zm�n il-gam6m/
à-moi tout-lui> <oui grandes-vagues grandes de tourterel les venant ( p l . ) sur
"Comme nous venions, j' avais le démaqui l lant de Marie, et i l la-mer dans temps les-tourt erelles>
m ' a entièrement fui " "Oui, d ' énormes flots de tourterel les viennent par dessus la
4 . /ahna u t d °In rayna dIk bi manka ?Is-Oa Id/ mer à la saison des tourtere lles"
<no�s et montant (pl. ) nous-vîmes cel le-là avec manche comme­
elle main>
"Comme nous montions, nous avons vu cel le-là avec un manche 2.2.10. L ' inaccompU généraL
comme une main"
5. /da-I-05du al)na u seyyrIn il-?;ila rayt caPa sabIl)a/ Le participe actif peut également être utilisé avec une valeur
<ce-le-matin nous et allant ( p l . ) le-Qala je-vis champ (f. ) d ' inaccompl i général , même dans les proverbes . C' est souvent le
bel le> cas quand le part icipe n ' est pas employé avec son sens propre 25
"Ce matin comme nous allions à Qala, j ' ai vu un beau champ" Il peut aussi s' employer dans l ' instance du commenta ire général
6. /oÛwa u � 6si fi-t-tr6? wa?Oat-I-u cicra/
<lui et marchant dans-le-chemin elle-tomba-à-Iui pois-chiche 1 . IL -wied dejjem sejjer gnan-nizLa ( Aquilina 1972:339, provo
(f. » 93)
"Pendant qu' il marchait dans la rue, un pois chiche lui est <la-vallée (m. ) toujours allant pour-la-descente>
tombé" "La vallée descend toujours"
7. [ >û udîehel, mâr fi lbiep talkantîna] ( Stumme, 1904 : 35, 1. 9 ) 2. Dejjem sejrin gnaU -agnar ( ibid. p. 454, provo 3 )
<lui et-e�trant, il-alla dans-la-porte de-la-cantine> <toujours allant ( pl . ) pour-l e-pire>
"En entrant, il est allé à la porte des cuisines" "Nous allons toujours vers le pire"
3 . IZ-zmien gnaddej u L-mewt riesqa dejjem ( ibid. p. 468, provo
99 )
2.2.9. L 'hab itude restre inte
<le-t emps passant et la-mort approchant (f. ) toujours>
"Le temps passe et la mort approche toujours"
Dans un certain nombre de cas, pas très fréquents dans le
corpus, mais chez tous les l ocuteurs, le participe actif des
verbes /mar/ "aller" et /g�/ " venir" peut avoir une valeur
d' habitude restreinte : 24 /
Le mot standard pour "oui" est /Iva/.
25 Le même phénomène se produit en arabe marocain de Fès ( Caubet
1989: 687 ) .
148 Auxi liaires, particules verbales et préverbes La concomitance 149

4. Hekk sejra id-dinja ( Fr iggieri 1 986 : 62) rect alors qu' il est utilisé par d' autres locuteurs (il f igure,
<ainsi allant le-monde> en outre, dans le dictionnaire d' Aquilina ( 1 987: 672) .
"Ainsi va le monde" Je n e suis pas en mesure d e dresser une carte d e l ' exten­
5. /dln l-id�ya taO k::mservaccy:5ni ?alb il-pr:)gr�ss par i passu sion géographique du participe actif employé après ces deux
mesyIn flimk�n/ derniers auxiliaires, et je ne pourrai indiquer que ceux de mes
<cel le-ci l ' idée de conservation cœur le-progrès "pari passo" informateurs qui l' ont utilisé : un locuteur de Kerèem à Gozo
marchant (pl. ) ensemble> pour /?abad/ ; un professeur d ' université originaire de Birkir­
"Cette idée de conservation au cœur du progrès, de pair , ils kara et l ' écrivain o . Calleja pour /k8mpla/. En outre, un vieil
vont ensemble" homme de Xagnra à Gozo l ' emploie aussi après /réma/ "se mettre
6. /per8 k�nu yaOmlu ?Ts-u 1).8fra kbIra kbfra kbIra kbIra t�IOa à" ( sens premier "jeter" ) .
ekk spâcyu/ Aquilina ( 1987 : 465 ) signale également l e même emploi avec
<mais ils-étaient ils-font comme-lui trou (f. ) grande grande /I).abat/ "to begin, commence, try (to do s. th. , indicating a
grande grande montant ( f . ) ainsi spacieuse> tentative effort ) " ( sens premier "frapper " ) et donne l ' exemple
"Mais ils faisaient comme un très très grand trou qui montait suivant "na bat gnaddej gna l l -anjar, imma rega' mar L ura,
comme ça, spacieux" there was sorne improvement but he relapsed" . Aucun des verbe s
7. /k�net uzanca géyya mil-l-gr�gi/ d e mouvement considérés ici n' est apparu dans mon corpus, oral
<el le-était usage venant (f. ) de-les-Grecs> comme écrit, après cet auxil iaire. Voici quelques exemples
"C' était un usage qui venait des Grecs"
8. /issa aw géyya l-kcIna/ 1 . imissek tkun rieqda dak i L -nin ( Ebejer 1985 : 17 )
<maintenant ici venant (f. ) la-cuisine> <il-touche-toi tu-es dormant ( f . ) celui-là le-temps>
"Alors, ici, vient la cuisine" "Tu devrais être en train de dormir en ce moment"
9. /dïn il -mitl).na g�yya min-n-nâl).a taO-l-mâma t�O-i/ 2. [ béda géT likel 'oddfem ilmistidnînl ( Stumme 1904: 42, l. 35)
<celle-ci le-moulin (f. ) venant (f. ) de-le-côté de-la-maman <il-commença venant le-manger devant les-invités>
de-moi> "La nourriture se mit à arriver devant les invités"
"Ce moulin vient du côté de ma maman" 3. /ycI).8d-I-:Jk il-barmÎl taO-I-k8nbs tâl).taf 1-�I).:Jr tibda n�zd/
<il-prend-à-toi le-seau de-le-ciment tu-attrapes l ' autre tu­
commences descendant>
2. 2.11. Empl ois modaux "Il te prend le seau de ciment, tu attrapes l ' autre, tu te
mets à descendre"
Le participe actif peut être employé en dépendance après des 4. /oaml-u fi-l-bUt u béda m�si céklcm céklcm lcyn id-dâr/
auxiliaires modaux et ceux marquant l ' inchoatif ou la tranche <il-mit-lui dans-la-poche et il-commença marchant tout-douce­
6
centrale du procès , 2 au lieu de la c. préf . comme avec les ment tout-doucement vers la-maison>
autres auxiliaires. C' est la règle chez tous mes informa- teurs "Il l ' a mis dans sa poche et il s ' est mis à marcher tout dou­
avec /béda/ "commencer", /ba?ao/ "continuer à" ( sens premier cement, tout doucement vers la maison"
"rester" ) , /iss8kta/ "continuer ". Par contre mon informatrice 5. /all Ora béda I).�rcg I).âfna dul).l).ân/
de La Valette considère que son emploi après /?abad/ "se mettre <alors il-commença sortant beaucoup fumée>
à" ( sens premier "saisir") et /k8mpla/ "continuer" est incor- "Alors il s ' est mis à sortir beaucoup de fumée"
6. /u kïf wasal ins8mma ?al-I-u fb?aO t�lao/
<et comment il-arriva enfin il-a-dit-à-Iui continue montant>
"Et en arrivant, enfin, il lui a dit : "Continue à monter !"
26 La variété d ' arabe dialectal ( marocain de Fès ) décrite par
7. /allOra ba?Ou ° addcYYIn/
Caubet ( 1989: 688) présente le même emploi après l ' auxiliaire <alors ils-continuèrent passant (pL »
bqa "rester, continuer". "Alors ils ont continué à passer"
150 Auxiliaires, particules verbales et préverbes La concomitance 151

8. Iklf tlb?aO d6l)Ja cmm labirintl maltais contemporain, sauf rares exceptions comme l ' énoncé
<comment tu-continues entrant ( f . ) là labyrinthe> interrogatif ou les verbes modaux. Ce dialecte arabe est en
"Comme tu continues à entrer, il y a un labyrinthe" train d' évoluer vers un système où les formes du progressif
9. lu ba?aO sÉyycr ° and l-imi).allcfl empiètent de plus en plus sur le domaine de la c. préf . , celui
<et i l-continua allant chez le-juge> de l ' inaccompl i général, qu' il s' agisse de la forme à préverbe
"Et il a continué à aller chez le juge" ou particule, ou du participe actif. On a même remarqué que le
10. Fredu jibqa' sajjem (O. Calleja 1972: 49 ) participe actif s' employait dans l' instance du commentaire
<Fred il-reste jeûnant> général pour les verbes de mouvement et d' attitudes. Le maltais
"Fred continue de jeûner" n ' en est cependant pas encore au stade où les deux formes
I l . 10as ya?bad h6rq'V s' opposent sur la base d ' un indi catif à un modal. Mais, comme
<car il-saisit sortant> il a été dit dans la conclusion de l' étude sur la forme à
"Parce qu' il se met à sortir" préverbe , aucune forme de remplacement pour l ' expression de la
12. u ssokta m iexi ftit 'il quddiem ( Friggieri 1986: 139) concomitance n' apparaît.
<et i l-continua marchant un-peu vers devant> Il faut remarquer aussi que le participe actif, sauf dans
"Et il a continué à avancer" le cas marginal où il est précédé d' adverbes spécifiques , ne
13. lik::)mpli sÉyycr ckk bi-I-prcp::lZisYAnsl peut jamais exprimer le parfait en maltais. Ce n' est pas le cas
<il-continue allant ainsi avec-Ies-"prepositions"> dans de nombreux dialectes arabes, par exemple en marocain de
"Il continue d' avancer comme ça avec les prépositions" Fès ( Caubet 1 985-6 ) , à Tunis Musulman ( Singer 1984 ) , en tuni­
14. se jkompl i tiela' sa fuq nett ( O . Cal leja 1 972: 123) sien de la région de Sfax ( Simeone-Sene lle 1985-6) en hassa­
'
<FUT i l-continue montant jusqu ' à sur complètement> nlya (Tauzin 1985- 6 ) , au Liban ( Wild 1964 ) , en égypti �n du
"Il continuera de monter jusqu ' en haut" Caire ( Doss 1985-6 ) , en arabe soudanais de Khartoum (Ahmed Ali '
15. IrÉma gcy iS-s::)o::>l/ Mil ler 1985-86 ) .
<il-jeta venant le-travail> Enfin, il n' est peut-être pas inutile de faire un bref
"Le travai l s' est mis à venir" récapitulatif de toutes les expressions possibles du parfait
abordées dans les chapitres précédents. Le cas le plus fréquent
est l ' util isation de la c. suff . , accompagnée ou non de mar­
2.2.12. La négation queurs temporels. Les diverses nuances de parfait sont l iées à
l' instance de l' énonciation et à certaines classes sémantiques
Comme pour la construction avec préverbe ou auxiliaire, la de verbes . P ar ail leurs , l ' emploi d' adverbes non temporels
négation du participe se forme avec la particule négative 10adl "encore" et Ikcmml "combien" ou Ikïfl "comment" , dont le
Imousl l itt. "ne-Iui-pas" , mais toujours accordée en genre, premier marque sémantiquement l ' incidence , commence à pénétrer
nombre et personne avec le sujet : dans le système verbal . Les deux adverbes se présentent tou­
jours dans un ordre fixe et perdent alors leur sens propre pour
1. IQslbt-ck mintIs gÉyyal former une unité avec le verbe qu' i ls précèdent directement et
<je-pensai-toi ne-toi-pas venant ( f . » pour expli citer un parfait temporalisé. Ils peuvent précéder
"Je pensais que tu ne viendrais pas" toutes les conjugai sons , avec une forte majorité de c. suff.
toutefois. Les formes d' inaccompli, c. préf. , forme à préverbe
2.3. Conclusion et participe actif, sont encore du domaine de l' expressivité.
Enfin, on aperçoit se dessiner, avec l ' auxi l iaire Ilaha?/ un
'
D. Cohen 0984 : 28 1 ) faisait remarquer que le type de dialectes nouveau parfait du récit qui n' est pas stabil isé dan� le
dont le maltais fait partie "est celui où l ' évolution du système chez certains locuteurs il existe toujours une
système paraît amorcée seulement. Les préverbes constituent des importante restriction d' occurrence, l ' incompatibilité avec des
marques très largement facultatives . " L' étude du corpus a sujets inanimés .
permi s de montrer qu' elles sont devenues obligatoi res en
152 Auxiliaires, particules verbales et préverbes

Le système composé des c. suff. et préf. , de la forme à


particule ou préverbe et du participe actif peut être résumé,
sans tenir compte des évolutions amorcées, dans le tableau
suivant :
I I I . L'AUXILIAIRE /?a:ad/ - /y�?·od/
accomp L i i nac c omp L i
ET L'EXPRESSION DES SOUS-ASPECTS DURATIFS
gén é ra l c. pr éf .
c. suff.
c on c om i t ant /?ï;j ° c d/ ou / ? c t / + c . p .
Remarques préliminaires
( ou part i c i p e act i f ,
v . de mo u v ement )
D. Cohen a toujours rejeté la notion de durée comme étant
pertinente pour la définition de l ' aspect. Néanmoins, il recon­
naît qu ' i l peut y avoir, "très rarement, une opposition quanti­
tative de durée dans les aspects" ( séminaire EPHE du 9. 12.
1983 ) . Il s' est d' ailleurs attaché à le démontrer pour certains
états de l ' hébreu et de l ' araméen ( D . Cohen 1984 ) , qui ont
utilisé principalement à cette fin le participe actif avec ou
sans verbe "être" pour auxi liaire.

Le maltais a également développé une opposition durative


dans les deux aspects accompli et inaccompli, mais au moyen
d' autres éléments que l' hébreu ou l ' araméen, à savoir un
auxiliaire /?aO ad/ qui a plusieurs sens comme verbe plein
"s' asseoir ! ; rester 2 ; se tenir debout ; s' arrêter ; habiter" .

1 Dans le sens de " s ' asseoir" , /?aOad/ est aujourd'hui l e plus


souvent ( ce n' était pas encore le cas à l ' époque des textes
recueillis par Stumme 1904) suivi de son participe actif au
féminin, précédé de la préposition /bil "avec" et de l ' article,
ce qui est une manière courante d' adverbiali ser un substantif
en maltais :
/?aOad bi-l-?Éoda/
<il-s' assit avec-l' assise>
"Il s' est assis"
Le verbe , dans ce sens, est concurrencé par un autre verbe
d' origine italienne : /p;gga/.
2 Le néo-araméen occidental connaî t un verbe de sens "rester"
pour l ' expression du duratif : "la durée prolongée sans aucune
valeur inchoative est exprimée normalement par le verbe ismer
dont le sens premier est "rester" . " ( D . Cohen 1984: 486 ) .
Le duratif 155
154 Auxi l iaires, particules verbales et préverbes

2. /wara ?aOdu i°f:ddU-1). u iO ayytu m6o-u h. adU-I-u s-sf:rd{P/ ( II ,


Il peut apparaître aux deux conjugaisons, suivi de la c. préf .
d'un verbe auxi l ié. D . Cohen (voir les considérations génér ales 14-5 }
introduisant la 2ème partie p. 43 ) a souligné l ' importance <après ils-s' assirent i ls-menacent-Iui et i l s-crient avec-lui
qu' i l y a aussi à considérer les facteurs morphologiques dans ils-pr irent-à-Iui le-coq>
la constitution et la fonction des auxi l iaires. En voici une "Après qu ' ils l' eurent menacé à plusi eurs reprises et qu' il s
lui eurent crié après, ils l u i prirent le coq"
illustration supplémentaire c' est en effet le même verbe,
mais à une forme différente, celle du participe actif, qui , 3. /méta inti t6?o::>d tigi tigb::>r il-bayd 51).1n tr1d int mOus
séwwa/
nous l ' avons vu, a fourni l ' expression de la concomitance dans
<quand toi tu-t' assieds tu-viens tu-ramasses les-œufs ( coll . )
l' inaccomp li.
quand tu-veux toi ne-lui -pas juste>
La périphrase ainsi formée constitue par el le-même l ' ex­
"Quand tu n' arrêtes pas de venir ramasser les œufs quand tu
pression de la durée et n' est en aucun cas liée à une éventuel­
le veux toi , ce n' est pas bien"
le nature sémantique durative des procès, ainsi que D . Cohen
4. /Imma li n6?o::>d nippr 5va nIktf:b bi-Is6n 61).::>r biâs nikbmphi
( 1984 : 324 et 33 1 ) l ' a suffisamment répété pour l ' hébreu et , ,
mac l-awturi taO-I-payylzi 1-::>1).rayn mOIS val laptna/
l ' araméen. Elle peut caractériser toutes sortes de verbes , à
<mais que je-m ' assois j' essaie j' écris avec-l angue autre pour
l ' exception toutefois de lui-même et des verbes d' état pour
je-concurrence avec les-auteurs de-les-pays les-autres ne­
lesquels je n ' ai pu obtenir aucun exemple. Il faut cependant
elle-pas "val lapena">
remarquer que lorsque le pseudo-verbe "avoir" est employé, en
"Mais que je m' efforce d' essayer d' écrire dans une autre
composition avec le verbe "dire" , dans le sens figuré de "se
langue pour concurrencer les auteurs des autres pays, ça ne
quereller", il peut être auxi lié par /?aOad/ ( alors invariable,
vaut pas la peine"
voir p. 418-20 ) :
Ces valeurs, au moins pour les deux premières, sont celles
1. /y6?o::>d ik6Wa 5 tOrd/ ( Q )
exprimées par le participe ou l e composé participial dans
<il-s' assoit elle-a quoi elle-dit>
certains textes de la Bible ( principalement Néhémie pour
"El le n' arrête pas de se quereller"
l' hébreu et Esdras et Daniel pour l ' araméen) ainsi que D. Cohen
il permet aussi (1 �84: 317-328 ) , à la suite de M. Cohen ( 1924: 145 } , l ' a mis en
Le duratif recouvre diverses nuances
éVIdence. Or si l ' on regarde les traductions maltaises des
bien de souligner la multiplicité d ' un procès, sa répétition,
versets cités , pour l' hébreu bibl ique, 3 par D . Cohen, dans
que la durée de l' action, ou, plus rarement, l ' effort nécessai­
lesquels le duratif apparaît, on s' aperçoit qu ' i l n' est jamais
re pour l a mettre en œuvre ( qui impl ique nécessairement une
durée ) . On souligne par l ' emploi de la périphrase que le procès rendu par la périphrase avec /?aOad/. Il l ' est soit par une
n' est pas instantané. simple c. suff. , soit par un auxi liaire inchoatif, comme dans
Il n' est pas facile de rendre en français ce sous-aspect
que notre langue ignore. Je m ' efforcerai de pallier cela, à
chaque fois que possible, par des moyens lexicaux. Lorsque, 3 Il paraît difficile de tenir compte
parfois, j ' ai conservé l ' un des sens propres de l ' auxiliaire de l ' araméen biblique
( "rester " ) dans la traduction, ce n ' est pas parce qu' il le dans la comparaison de son système verbal avec celui du
conserve effectivement, mais parce que je n ' ai pas vu d' autre maltais. En effet, l ' opposition aspective y repose sur une base
moyen ( peut-être à tort ) de faire passer la nuance en français. �utre �ue celle d' une opposition entre accompli et inaccompli,
Voici des exemples pour chacune des trois valeurs énoncées a saVOIr une opposition aspect ive entre un duratif et un non
duratif. En hébreu, comme en maltai s, l ' opposition durative
ci-dessus :
n' est qu 'une subd ivision de l ' opposition fondamentale entre
accompl i et inaccompl i .
156 Aux i liaires, particules verbales et préverbes Le duratif 157

4 faut souligner que cela n' est pas le cas actuellement en


certaines traductions françaises, soit même, une fois, par un
auxil i aire signifiant "continuer à". Cel a ne remet pourtant pas maltais pour /?aOad/, qui peut lui-même auxilier, lorsqu ' i l a
en cause l ' existence d' une opposition durative en maltais, et une valeur de procès multiple, un auxiliaire inchoatif, ainsi
il faut bien plutôt voir dans ces traductions le résultat de la que le montre l ' exemple suivant, forgé à ma demande par mon
méconnaissance de cette valeur en hébreu malgré les remarques informatrice de La Valette :
5
de M. Cohen par exemple, ou, plus près de nous, les travaux de
D. Cohen, méconnaissance qui n ' a pu qu' être alimentée par 6. /kull méta mm6rru naraw-oa l-isptâr t6?°:Jd ta?bad tÎbki/
l ' absence d ' un sous-aspect duratif dans les langues des <tout quand nous-allons nous-voyons-elle l ' hôpital elle-s' as­
traductions occidentales que les traducteurs maltais n ' ont pas soit elle-saisit elle-pleure>
manqué de consulter, même s' ils ont travaillé directement à "A chaque fois que nous al lons la voir à l ' hôpital, elle se
partir de l ' hébreu. Enfin, pour être complet, i l convient de met tout le temps à pleurer" .
signaler que l ' auxili aire /?aOad/ n' est pas absent de la
traduction maltaise de la B ible. On en relève même un exemple I l n' est cependant pas impossible, même s ' il n ' y en a
dans Néhémie, alors que la forme hébraïque correspondante est aucune attestation, que /?aOad/ ait pu aussi avoir ce sens
un s imple participe pluriel, non duratif, puisqu' i l n' est pas inchoatif à une certaine époque de l ' histoire du maltais et
précédé de l ' auxiliaire wa-Y8hI(y). Les traducteurs maltais ont avoir ensuite évolué vers une expression de la durée. Cette
peut-être senti là une nuance durative que l ' hébreu n' avait pas évolution sémantique n ' est pas surprenante l ' inchoativité
éprouvé le besoin d' exprimer dans la forme verbale : représente le début de cette durée et implique souvent l e
prolonge �ent d e celle-ci. O n le verra e n maltais pour l ' auxi­
5. Gozwè, Bani [. .] qag1i.du jg1i.aLlmu L-Ligi L iU-popLu ( 817 )
.
l i aire /bcda/ "commencer" et D . Cohen ( 1984: 485 ) en donne un
<Yéshoua, Bani [ . . . 1 ils-s' assirent i ls-enseignent la-loi à­ exemple pour le néo-araméen de Ma"lma à propos de deux
le-peuple> auxiliaires inchoatifs *q"y ( de sens premier "s' asseoir") et
"Yéshoua, Bani, [ , . . 1 expliquaient la loi au peuple" (TOB ) *tqn : "signalons enfin la phrase suivante où les deux formes
semblent contraster de façon significative, dégageant pour *q"y
Le verbe /qa"ad/ dans les dialectes arabes a souvent l e u!]e valeur de pUEe durée : hinn qa"yin ?itqen "aLma tyiUun
sens d ' un inchoatif
6
lorsqu ' i l est utilisé comme auxil iaire. I l sohrin grapp-s-soba "pendant ce temps7 ( litt. "eux assis" ) , les
gens se mirent à Utqen ) venir pour passer l a soirée avec les
vieux". "

4 Ce duratif ne doit pas être confondu non plus avec l a


D. Cohen ( 1984: 323) cite l ' exemple de Esdras 4/4 dans l a
traduction d e la Bible d e Jérusalem. notion accessoire d e temps marquant l a "tranche centrale d u
Mme Galand-Pernet m ' a fait remarquer qu ' i l s' agit aussi pour procès" : "continuer à " , qu' exprime aussi /qa"ad/ dans certains
les traducteurs occidentaux d' une tentative de rendre l ' idée de dialectes arabes. "Continuer à" implique effectivement une
la durée par un auxiliaire inchoatif, qui ne marque pas unique­ durée, mais de nature différente puisqu' elle n' en marque qu' une
ment de façon étroite le début d ' un procès, mais également sa partie la poursuite d ' un procès déjà entamé. Nous verrons
poursuite, donc s a durée. qu' il y en a plusieurs express ions en maltais. Tous les infor­
5 mateurs ont bien insisté sur le fait que la périphrase avec
Il disait ( 1924: 145 ) à propos de la forme hébraïque du /?aO ad/ n' implique en rien que le procès ait pu commencer avant
duratif, qu' elle exprimait "une action qui prend un certain
temps à s' exécuter ou qui peut se décomposer en p lusieurs actes
répétés".
6
"Se mettre à" est, avec "continuer à" , un des sens revêtus 7
par /qa"ad/ dans bon nombre de dialectes maghrébins , ce qui C' est moi qui souligne.
n ' est jamais le cas en maltais. Voir par ex. Beaussier ( 1958:
816a) pour l e premier sens et Boris ( 1958: 502) pour le second.
158 Auxil iaires, particules verbales et préverbes L e duratif 159

8
le moment de l ' énoncé (ce qui est le cas avec "continuer à" ) et 10. gnaL iex ma kekux irrid noqgnod innarisha, nixtieq
qu' i l se poursuivra après. Un énoncé où les deux constructions inghammar kif ALla jrid (Dialogue n° I I , p. 1 15 )
sont employées permettra de mettre en relief cette différence. <parce-que ne si-pas je-veux je-m' assois je-regarde-elle, je­
Dans le contexte, des pirates poursuivent une jeune fille qui souhaite j' habite comment Dieu il-veut>
réussit à se cacher dans une grotte dont l ' entrée est preste­ ( l ' homme qui parle ne veut pas épouser une femme ) "Parce que
ment obturée par la toile d ' une araignée : je ne voudrais pas passer mon temps à la contempler, je
souhaite vivre à la grâce de Dieu"
7. /alli1ra ba?Ou °addcyyIn ma-?aOda-s ifhtSu fI-oa/ I l . Merhba bik, gejt fil -waqt b iex noqoghdu nithaddtuha, u

<alors ils-restèrent passant ( pl . ) ne-ils-s' assirent-pas i ls­ b'rihet hekk nahdmu izjed (Dialogue n° VII, p . 122>
cherchent dans-elle> <bienvenue avec-toi, tu-vins dans- le-temps pour nous-nous­
"Alors, ils ont continué d' avancer, ils ne sont pas restés à asseyons nous-parlons-elle et avec vent ainsi nous-travail­
chercher dedans ( dans la grotte ) " lons plus>
"Sois la bienvenue, tu es venue au bon moment pour que nous
Lorsqu' il marque un procès multiple, i l n e faudrait pas restions à bavarder, et grâce à ça nous travaillerons plus"
non plus confondre le duratif avec l ' itératif exprimé au moyen
de l ' auxi liaire /régao/ "reven ir" qui lui implique que le Il en existe également de nombreux exemples dans les
procès a déjà eu lieu une fois. Les deux auxiliaires peuvent textes recueil lis par Stumme ( 1 904 ) , qui lui aussi a cherché
d ' ail leurs se combiner : des moyens lexicaux pour rendre le sens du syntagme ( le plus
souvent l ' adverbe immer "toujours" ou bien aL lemaL "à chaque
8. /t8?0:)d térgaO t0811i l-musika/ fois" ) , mais n ' a jamais traduit par un équivalent de "continuer
<elle-s' assoit elle-revient elle-f ait-monter la-musique> à" comme weiterhin :
"Elle refait monter la musique à plusieurs reprises"
9. /sc-ik811u Y8?0:)d yérgaO is�fcr/ 12. [tallalflf�la filkamra, li-k�net tor?od-gâuwa fPa,
<FUT-il-a il-s ' assoit il-revient il-voyage> tO? 2t tarûlf �lbambînl (p. 55, 1. 31 )
"Il devra passer du temps à revoyager"
<il-fit-monter-el le-à-elle dans-la-chambre, que-elIe-était
La formation périphrastique est ancienne, puisqu ' il s ' en ell e-dort-dedans dans-elle, pour el le-s' assoit elle-voit-Iui
trouve déjà deux exemples dans les dialogues de De Soldanis le-Jésus>
( 1755 ) avec, au moins pour les l ocuteurs contemporains, le même "Il la lui a fait monter dans la chambre où elle dormait pour
sens qu' aujourd'hui. L' article de Cassar-Pu ll icino ( 1 947) qui qu ' elle contemple l ' enfant Jésus"
commente ces dialogues est en maltais et n' offre donc pas de "schaffte der Tischler den Kasten in die Kammer, wo die Dame
traduction, mais les notes abondantes sur l ' état de la langue schlief ; denn sie wollte immer das Christkindchen ansehen"
de l ' époque ne donnent rien de particulier pour l?aOad/. Mon
informatrice de La Valette les a interprétés avec le sens La périphrase durative s ' utilise aussi bien dans le récit
contemporain du syntagme. Il y a peut-être une confirmation, que dans le discours et peut être située en contexte de passé,
par la négative, de la valeur durative de /?aOadl au XVIIIè comme de présent ou de futur, dans le modal, selon que l ' au­
siècle, dans le fait que les sens de "continuer à" ou "se xiliaire est à la c . suff. ou préf. , donc à l ' accompli ou à
mettre à" sont absents du dictionnaire de Vassalli ( 1796: 398 ) , l ' inaccompli. Elle peut être précédée ou non d' une particule ou
sens pourtant courants dans l e s dialectes maghrébins. Vassal i d'un autre auxiliaire. Nous verrons également qu ' i l existe une
ne signale que les sens de "rester " , "s' asseoir" et "habiter " . opposition durative dans le mode impératif et prohibitif . Mais

8 Aujourd' hui ce verbe a toujours une rection indirecte.


160 Auxiliaires, particules verbales et préverbes Le duratif 161

elle connaît une importante restriction d' emploi que semble 1 . I;mm-u k�m:t ?ct-tkÉ:llm-u u ?alt-l-u [, .. 1 gai)an ?aOad
connaître aussi l ' hébreu, mais pas l ' araméen 9 : e U e ne fonc­ ylsmaO 1
t ionne qu'avec des sujets animés, humains ou animaux en grande <mère-lui elle-était en-train-elle-parle-lui et elle-a-dit-
majorité. La périphrase en est donc au quatrième degré d' auxi­ à-lui [ . . 1 Cahan il-s ' assit il-écoute>
.

liarité dont il a été question dans l ' introduction à cette par­ "Sa mère était en train de lui parler et elle lui a dit [ suit
tie sur les auxiliaires : la valeur lexématique de l' auxil iaire un long discours ] . Cahan restait à écouter"
n ' est plus prise en compte, mais l ' incompatibilité avec l ' ina­ 2. qa l , waqt L i qagnad jilgnab b ir-riéevitur (Friggieri 1986 : 1 )
nimé demeure. Elle est encore ressentie comme insistante et <i l-a-dit, pendant que il-s' assit i l-joue avec-l'écouteur>
expressive par les locuteurs. L ' ex . 6 p. 113 montre d' ailleurs "Dit-il , pendant qu' i l restait à jouer avec l' écouteur"
que son ut ilisation n' est pas obligatoire dans le premier 3. lis-s�na gcyt i l-f�sta ta u ?O adt inh§.rcs . ft}? l-art§.l il-
membre de la phrase Ikull m�ta mm;rrul "à chaque fois que nous maggUrl
allons" , la multipl icité du procès est seulement marquée par la <l' année je-vins la-fête tiens et je-m' assis je-regarde sur
locution conjonctive. Un autre exemple ci-dessous ( ex. 4, p. l ' autel le-principal>
165 ) est aussi particuli èrement révélateur de ce point de vue : "L' année dernière je suis venue à la fête , tiens, et je suis
le premier membre de phrase comporte un adverbe de durée restée à regarder sur l ' autel central" ( où se trouvait un
Ibntinwam�ntl " continuellement" mais le verbe est simplement à napperon )
la c . préf . Il Y a là un indice supplémentaire que le 4. Idïk ma-?aOdU-s ikai)i)IU-oal
sous-aspect duratif n' est pas encore inscrit totalement dans le <celle-là ne-ils-s' assirent-pas ils-plâtrent-elle>
système de redondance de la langue. D. Cohen ( 1984: 363-4) fait "Celle-là, ils ne l' ont pas ravalée à plusieurs reprises"
une remarque analogue pour l ' araméen des papyrus d' Eléphantine. 5. laliUra °Uma ma-?aOdU-s yarawl
<alors eux ne-i ls-s' assirent-pas ils-voient>
"Alors eux, ils ne sont pas restés à regarder"
1 . L'auxiliaire est à la conjugaison suffixale
6. Dan l -annar m'gnamilna xejn nL ief qgnadna nte l l gnu u nnizz l u
jekk nitiLqux tal -belt u nigi noqogndu f'din t 'hawn Œbejer
a) Cette forme a été relevée principalement dans des récits,
1985 : 15 )
avec une valeur de narratif, mais de narratif duratif par
<celui-ci le-dernier n e nous-fî mes rien sauf nous-nous­
opposition à la c. suff. sans auxiliaire. On remarquera que
assîmes nous-faisons-monter et nous-fais ons-descendre si
c ' est l ' auxil iaire qui porte les marques de la négation ce qui
nous-quittons-quoi de-la-ville et nous-venons nous-habitons
ne change pas le sens de la périphrase ( i l en est de même avec
dans celle-ci de ici>
la c. préf. ) :
"Ces derniers temps, nous n' avons r ien fait d' autre que de
passer du temps à peser le pour et le contre ( pour savoir) si
nous quittions ( la maison ) de La Valette et si nous venions
9 D. Cohen ( 1984 ) ne parle pas explicitement de ce problème,
habiter celle d' ici"
mais les verbes qu ' i l cite pour l ' hébreu bibl ique ont pour
b) La périphrase durative est apparue dans un emploi en dépen­
sujet des animés, sauf deux : "yeux" Œsaïe 30/20 ) et "perver­
dance après un auxiliaire modal dans un seul exemple
sités" Œsaïe 59/2) mais qui pourraient être considérés aussi
comme des animés, puisqu' ils sont des attributs de l' homme ( ou
7. Stajtu ma qgnad tu tnabbl u monnkom xejn Œbejer 1985 : 74 )
de Dieu ) . En hébreu michni que, tous les ex . sont des animés
<vous-pûtes n e vous-vous-assîtes vous-tourmentez esprit-vous
( humains ou Dieu ) . Par contre dans l' araméen d' Esdras par ex . ,
rien>
on relève des sujets inanimés comme " dépense" (5/9 ) , "ustensi­
"Vous auriez pu ne pas vous tourmenter tout le temps l ' esprit"
les" (7/19 ) , "maison" (5/11 , 511 6 ) . Après avoir consulté
l ' ensemble de son fich ier, David Cohen a pu me confirmer ces
c) M. Cohen ( 1924: 173 ) dans le chapitre consacré au plus-que­
observations .
parfait, citant Vassal li ( 1 827: 42-43 ) , donne également un exem-
-

162 Auxiliaires, particules verbales et préverbes Le duratif 163

pie où l ' auxi l iaire, lui-même précédé de l ' auxi l iaire du passé 2.1. /Y8?o::>d/ n'est précédé d ' aucun auxiliaire
Ik�n/, est suivi d'un verbe à la c. suff. : "kiinu qa<du hadmu
ma<hom "ils étaient restés à travailler avec eux". " Je n ' en ai 2 . 1 . 1 . En contexte de présent
rencontré aucun autre exemple dans mes corpus et pour mon
informatrice de La Valette la construction serait aujourd'hui La périphrase durative, en contexte de discours et sans autre
incorrecte. Par contre on peut avoir, pour situer le duratif indication temporelle, est située dans le présent, mais un
dans le passé de deuxième degré, la même forme compo- sée, mais présent au cours duquel le procès se répète, dure. Il peut
suivie d'une c. préf . : aussi b ien être interprété comme un présent d' habitude que
comme un présent concomitant à l ' acte d' énonciation ( ex. 1. ) .
8. Ik6nu ?aOdu yaQ.dmu maQ.-Q.::>ml ( Q ) Au duratif l ' opposition entre un inaccompli concomitant et non
<ils-étai ent ils-s' assirent ils-travail lent avec-eux> concomitant n' est pas pertinente. Ni la forme à préverbe I?ct-/
"Ils étaient restés à travailler avec eux" ( ou particule 1?6°cd/) ni le participe ne sont compatibles avec
9. il -Fra qaUu kif kien qagnad jissemma ( Casha 1974 : 21 ) la périphrase.
<le-Frère i l-a-dit-à-lui comment i l-était il-s' assit i l-est­
nommé> 1. lu [ m ?5 t ]nOïd [ l-ist ayycr ] y�na u mOu:P [n�nni l u [ dun]
"Le Frère lui d it comment il avait passé du temps à espionner" U
?ct-id r/
<et je-m'assois je-dis les-histoires moi et ne-lui-pas je­
Peut-être que, dans l ' ex. de Vassal l i , l?aOadl conserve chante et celui-ci en-train-il-tourne>
réel lement une partie de son sens propre et n' est pas encore "Et je n ' arrête pas de raconter des histoires moi, et je ne
uniquement un auxil iaire de duratif. On peut le rapprocher de chante pas, et ce truc est en train de tourner"
10 2. I? abd ma yIgi si Q.att bQ.§.I-ck u t;?o::>d tista?sI-ni/
la phrase suivante tirée du parler arabe de Sfax, où IqaÇ'adl a
pour complément un verbe à la c. suff. <avant que il-vient quoi personne comme-toi et elle-s' assoit
elle-questionne-moi »
lia qaÇ'ad kala ula sarab mÇ'anal "Avant que ne vienne quelqu' un comme toi qui me pose plein de
"il n' est pas resté à manger ni à boire" questions"
3 . /n;? o::>d na?taO kull darbal
Il est intéressant de noter qu' un tel énoncé est désormais <je-m' assois je-coupe tout fois>
impossible en maltais, ce qui confirme l ' évolution de l?aOadl "Je coupe à chaque fois"
vers son statut d' auxiliaire de duratif suivi d ' un verbe, 4. x'noqogndu nagnmLu dejjem fil-bnazzi ? ( Friggieri 1986 : 99 )
obligatoirement à la c. préf. <quoi nous-nous-asseyons nous-faisons toujours dans-Ie-beau­
temps>
"Qu' avons-nous toujours à nous prélasser dans le beau temps ?"
2. L' auxiliaire est à la conjugaison préfixale 5. Imrmalmi:nt id-disk;rs adult . . . ma-m?::>°dU-s nirrcpÜu/
<normalement le-discours adulte . . . ne-nous-nous-asseyons-pas
IY8?O::>dl peut assumer, dans différentes constructions, prati­
nous répétons>
quement toutes les valeurs étudiées pour l ' inaccompli.
"Normalement, le discours adulte . . . Nous ne prenons pas l a
peine d e répéter"

1 0 L' exemple est cité d' après le travail d' Ayoub ( 1973) qui ne 11 . .
S ur ce t te negatlOn
' VOIr p. 277.
précise pas la page de l ' ouvrage de Narbeshuber ( 1907 ) dont i l
l ' a extrait.
164 Auxil i aires, particules verbales et préverbes Le duratif 165

6. likTIn assurd li n::e;odu nblddlu r-rég:::l l il comme duratif. On remarquera dans l ' ex. 6 ci-dessous que
<i l-est absurde que nous-nous-asseyons nous-changeons les­ l ' auxil iaire l?aOadl peut s' uti l iser dans un énoncé inter-
règles> rogatif :
"Il serait absurde que nous changions les règles sans arrêt"
1. lint taQseb Y:::l ? ;Odu iQarSTI-I-ek leyn i l-?6Q taO-I-?alc6U
<toi tu-penses i ls-s' asseoient i ls-regardent-à-toi vers le­
2.1.2. En contexte de passé fond de-le-pantalon>
"Toi, tu penses qu ' ils vont passer leur temps à te contempler
Dans un récit, la c . préf. de l ' auxi li aire Iy;?°:::l d /, en tant le bas du pantalon !" ( les passagers du bus dans lequel va
que forme dépendante, peut aussi marquer une valeur de passé monter l' inter locutrice)
d' habitude comme l ' inaccompli sans auxiliaire. La périphrase 2. Imous y;?°:::l d i Oaddi l-oal?a k;ll-oal
marque un passé inaccompli duratif par opposition à la forme <ne-lui-pas i l-s' assoit il-passe le-champ ( f . ) tout-elle>
non durative sans auxi liaire. Les deux premiers ex. ci-dessous " I l ne va pas parcourir tout le champ ! "
présentent les deux formes dans un même énoncé : 3 . lik;llu f _°i;)-s yéOda u ekk ma-y:)?O;d-s [yippÜla]
1 2 u yeQ;d­
°a maO- I-gvérnl
1 . Ik6nu i Oldu li dawn yindÜku imbaoad yitll?u mi-t-t6?a u <il-a dans-elIe-quoi il -se-calme et ainsi ne-il-s ' assoit-pas
Y:::l? O;du itiru bi- I-Iéyll il-fait-appel et il-tient-elle avec-le-gouvernement>
<ils-étaient ils-disent que ceux-ci il s-se-graissent ensuite "Il aura de quoi se reposer et ainsi il ne fera pas sans
i ls-partent de-l a-fenêtre et il s-s ' asseoient ils-yolent avec­ arrêt appel et il ne se disputera pas avec l � gouv:ernement"
la-nuit> , ,
4. Iyi�na naomd Dzu bntinwament mil-I-ambyent malti ma-n:)?°:::l d-
"On racontait que ceux-là se graissaient ( l a peau ) , qu ' i ls 5 nikkw:::lt il-ek °as d�na trïd taOmd lnti da-s-s;°:::l l /
partaient par la fenêtre et qu ' i l s passaient l a nuit à voler" <moi je-fais usage continuell ement de-l' environnement maltais
2. Iki;)n perezémpyu ï?abbad I i i si Qatt id;?? bi-I-kitarra u ne-je-m' assois-pas je-cite-à-toi car celui-ci tu-veux tu-fais
im;rru iOayytu l-Oimya malÜyya Y:::l? ;Odu ï ?abblu bi-l­ toi ce-le-travail >
mankaméntil "Moi, je fais constamment usage d e l ' environnement maltais .
<i l-était par-exemple il-emploie à quoi personne il-joue J e n e vais pas tout te citer, parce que ça, c' est un travail
avec-la-guitare et il s-yont ils-crient le-chant (f. ) maltaise que tu dois faire toi-même"
ils-s' asseoient ils-riment avec-les-défauts> 5. Mingnajr ma noqgnod nidnol fil -fond fid-deskrizzjoni ta'
"Par exemple, il louait les services de quelqu ' un qui jouait dawn id-djaletti, fl -ewwel kap i t l u n ipprova nagnti ( Borg
de la guitare et ils allaient chanter la chanson maltaise, et 1988 : x i i i l
ils passaient un certain temps à faire des vers sur les <sans que je-m' assois je-rentre dans-le-fond de-la-descrip­
défauts (du concurrent ) " tion de ceux-ci les-di alectes , dans-le-premier chapitre j ' es­
3. lissa dir i feyn i l-baQar bnt tmur ri likst bi-I-QwÉyyeg saie je-donne>
ma-t:::l? O;d-s tira 5 tÜbesl "Sans que je pénètre profondément dans la description de ces
<maintenant autrefois où la-mer tu-étais tu-vas "relaxed" dialectes, dans le premier chapitre j' essaierai de donner"
avec-les-vêtements ne-tu-t' assois-pas tu-vois quoi tu-es- 6. U joqgnodu jinxtegnl u u jintfew i l -n in kol l u k if gnaml u
vêtue> l -ewwel ? ( O . Cal leja 1972: 147 )
"Alors, autrefois, au bord de la mer, tu y allais relax, des <et il s-s' asseoient i ls-s ' al lument et ils-s' éteignent le-
vêtements . . . tu ne te préoccupais pas de ce que tu portais" temps tout-lui comment ils-firent le-premier>

2.1.3. En contexte de futur


12 La prononciation standard est Iyappé lla/.
Comme la c. préf . simple, la construction périphrastique avec
Iy;?°:::ld /, peut exprimer un futur vague ou modal , mais marqué
166 Auxi l iaires, particules verbales et préverbes Le duratif 167

Et elles vont s ' al lumer et s' éteindre tout le temps comme "Pour que je ne perde pas de temps sans arrêt"
elles l ' ont fait au début 7" 5. Imoils sc-imUr b i-l-galiUn y6?o:::>d i o6dd l-flma mOils vtrul
<ne-lui-pas FUT-il-va avec-Ie-gallon i l-s ' assoit i l-compte
Ce dernier ex. appelle deux remarques. Dans l' introduction l ' eau ne-lui-pas vrai>
il a été question de l ' incompatibilité de la périphrase avec un "Il ne va pas aller avec un gallon passer du temps à compter
sujet inanimé. Or, dans cette phrase, il s ' agit de lampes qu 'on la quantité d' eau, n' est-ce pas !?"
pourrait supposer appartenir au domaine de l ' inanimé. Mais i l
n e faudrait pas limiter la classe des animés à celle d e s êtres
vivants. Une lampe peut être conçue comme animée dans la 2.2. /y6 ?o:::> d / est précédé d'un auxiliaire
mesure, par ex. , où son cl ignotement évoque une idée de
2.2.1 . IkIJnl
mouvement. Il faut dire toutefois que c' est le seul exemple de
tout le corpus dans lequel le sujet n' est pas un être humain ou
un animal. Il convient de souligner également que l' idée de Nous verrons (p. 213 s q ) que l ' inaccompl i peut être translaté
continuation d'un procès qu' évoque la lecture de cette phrase dans le passé au moyen de l ' auxiliaire IkIJnl "il était". Le
n' est pas déductible de la périphrase verbale elle-même, mais procédé est également possible pour l ' inaccompli durati f . On
de la deuxième partie de celle-ci : "comme elles l ' ont fait au remarquera, dans le premier ex. , le contraste entre la première
début " , ainsi que me l ' a expliqué mon informatrice de La forme verbale où la durée du procès est soulignée par l ' emploi
Valette. de l ' auxil iaire ly6?o:::> d/, et le second procès où cette durée
n' est pas prise en compte formellement.

2.1 .4. EmpL oi modaL en propositions finaLes 1. Il-É:wwd k6nu y:::> ? 6°du ifarfrU-h. tayycb imbaoad y:::>rbtu-I; maO
sulsInl
La périphrase durative avec la c. préf . de l ' auxi liaire peut <le-premier i ls-étaient i ls-s' asseoient i ls-dépoussièrent-Iui
être uti l isée dans des subordonnées circonstancielles de but bien ensuite ils-attachent-Iui avec mutuellement>
après une conjonction, ou bien après un verbe de mouvement. "D' abord ils le dépoussiéraient à fond, ensuite ils l' atta­
chaient aux autres"
1 . Il-cwwdnétt baOat si tifd blJS yistri t-U: minn si l;anUt 2. lyIJn ma-k6nt-s n6?o:::>d nal;sebl
I;alli y::e6°du yitkél lmu u y61;du t-tl: flimk6nl <moi ne-j' étais-pas je-m' assois je-pense>
<le-premier i l-envoya quoi enfant pour i l-achète l e-thé de "Moi, je ne réfléchissais pas"
quoi magasin pour ils-s' asseoient ils-par l ent et i ls-prennent 3. !?abd ma ip6ggu bi-I-?tOda k6nu YJ?Obdu imissu s-siggul
le-thé ensemble> <avant que elles-s' asseoient avec-l'assise elles-étaient
"Tout d' abord i l envoya un enfant pour qu' il achète du thé elles-s' asseoient elles-touchent la-chaise>
dans un magasin, pour qu' il s bavardent un moment et qu ' ils "Avant de s ' asseoir, elles palpaient bien la chaise"
prennent le thé ensemble"
2. II;�d-oa gJ caPa zOIra blJS t;?o :::>d t6bl si l;asIsl Si jamais il subsistait quelque doute quant à la perte du
<il-prit-elle dedans champ (f. ) petite pour elle-s' assoit sens propre de l?aOadl "s' asseoir" dans cette construction
elle-mange quoi herbe> périphrastique, ce 3ème ex. montre à l' évidence que l ' auxiliai­
"Il l' amena dans un petit champ pour qu ' elle ( la vache ) reste re ne peut être interprété ainsi .
à manger de l ' herbe"
3. Ibi;)s ma-y:::> ? Obd-s yi stcnn6-nil
2. 2.2. Un préverbe de futur
<pour ne-il-s' assoit-pas i l -attend-moi>
"Pour qu' i l ne reste pas à m' attendre"
4. IblJS ma-m?O;d-s nal;li I-I;Inl Je n ' ai rencontré que 2 ex. , dans tout mon corpus, d ' un futur
<pour ne-je-m' assois-pas je-perds le-temps> duratif avec la particule Ise/. On remarque dans l ' ex. 2, que
l' auxil iaire I?a.°adl peut s ' utiliser en énoncé interrogatif :
pa

168 Auxiliaires, particules verbales et préverbes Le duratif 169

1. Imous sc-n6?oJd immïÎr mac dak u mac 1-61prl "Si nous regardons ces deux phrases, nous pouvons discuter
<ne-lui-pas FUT -je-m' assois je-vais avec celui-là et avec longtemps ( pour savoir) si . . . "
l ' autre>
"Je ne vais pas aller sans arrêt de l ' un à l' autre"
3. L' impératif et le prohibitif
2. Isc-t6?oJd tfârrk-ul
<FUT -tu-t' assois tu-casses-en-peti ts-morceaux-l ui>
3.1. L' impératif
"Tu vas le casser en morceaux longtemps ?"
En araméen ancien des lettres d' Hermopolis, D. Cohen ( 1984:
2.2.3. Un auxi l ia ire modaL 368) fait remarquer une opposition duratif - non duratif aussi
au mode de l ' impératif. En maltais, ce peut être aussi le cas .
C' est le plus souvent la c. préf. qui suit un auxiliaire modal J ' en a i relevé un exemple écrit dans mon corpus et mon
(sauf deux exceptions, voir p. 211 et 220-2) . On la trouve donc informatrice de La Valette m ' en a forgé deux autres ( dont le
employée pour l ' auxil iaire du duratif lorsqu' il est lui-même premier est en liaison avec l ' ex. 4 de Stumme ci-dessous ) .
auxi lié par l ' un de ces auxiliaires. En voici quelques exemples Auxiliaire et auxilié sont à l' impératif.

1. Gnandna noqgnodu niggieLdu anke fuq nmerija bnaL d in ? 1. Aqbad gazzetta U oqgnod aqra (Ebejer 1985: 13 )
( I L -Mument 15 . 2. 1987, p. 20) <saisis journal et assieds-toi l is>
<chez-nous nous-nous-asseyons nous-nous-battons même sur "Prends un journal et lis !"
bêt ise comme celle-c i> 2. Im�la 6?oJd st�nna/ ( Q )
"Devons-nous nous battre sans arrêt, même sur une bêtise <alors assieds-toi attends>
comme celle-ci ?" "Eh bien, attends ! ( et ça va durer ) "
2. Ile miss6r-i mOus m�yyct i l-oal6s k�lli n6?oJd naOt6-l). 3. 16?oJd iktcbl ( Q )
y6bl/ ( I I I , 79-80) <assieds-toi écris>
<non père-moi ne-lui -pas mort le-pourquoi j' avais je-m' assois "Ecris !"
je-donne-lui il-mange>
"Non, mon père n' est pas mort parce que j ' ai dû lui donner à Cependant, i l semblerait que l ' ut il isation de 16?oJdl à
manger tout le temps" l' impératif, en construction asyndétique avec un autre verbe à
3. ly6na sc-ik6lli n6?oJd nâl).dcm il-l).In k6l l-u fu? 1-°c l6?i l ' impératif, n ' en fasse pas nécessairement un auxiliaire du
taO-r-rtl ( I II, 31-2) duratif. 16?oJdl pourrait être interprété par l ' un de ses sens
<moi FUT-j' ai je-m' assois je-travaille le-temps tout-lui sur propres . Dans la traduction de l ' ex. ci-dessous, Stumme a
les-champs de-le-roi> choisi le sens de "s' asseoir " , mais mon informatrice préfère
"Moi je vais devoir rester à travai l ler tout le temps sur les celui de "rester " . Elle ajoute toutefois que le contexte étant
champs du roi" très explicitement duratif ( l ' attente va durer tout le temps de
4. Ile Cas Issa mi-llïÎm i l ?udd6m irrId n6?oJd nâl).scb ?âbcl la cuisson des biscuits ) i l est difficile de faire un choix
inw6gcbl entre l a valeur durative et celle du verbe plein. Ceci montre
<non car mai ntenant de-aujourd ' hui à devant je-veux je-m' as- que la valeur de duratif dans l ' impératif n' est pas encore
sois je-pense avant je-réponds> stabilisée dans le système, à l ' inverse du prohibitif, comme
"Non, parce que maintenant, à partir d ' aujourd ' hui , je dois nous le verrons. Mais le processus d' intégration semble en
prendre la peine de réfléchir avant de répondre" bonne voie ; les cas d' ambiguïté de la construction seraient
5. jekk innarsu Lejn dawn iz-zewg sentenzi nistgnu noqogndu rares.
nidd iskutu jekk . (Borg 1988: 263)
..

<si nous-regardons vers celles-ci les-deux phrases nous­ 4. [l� ! tmûrs ! o>Qs-stennPom !l ( St umme 1904 : 35 , 1. 38)
pouvons nous-nous-asseyons nous-discutons si . . . >
<non ! tu-vas-pas ! assieds-toi-attends-eux>
Le duratif 171
170 Auxiliaires, particules verbales et préverbes

4. Conclusion
"Non ! Ne t'en va pas ! Reste et attends-les !" ( les biscuits)
"Ne in ! Geh' nicht fort ! Setz' dich und warte auf die Zwie­
Dans l ' étude des valeurs de la périphrase verbale qui vient
backe ! "
d' être faite en tenant compte de la forme aspect ive de l ' auxi­
liaire, il est apparu que dans l ' accomp l i , c' est-à-dire l orsque
3.2. L e prohibitif l ' auxiliaire est à la c. suff. , la périphrase fonctionne essen­
tiellement comme un narratif duratif, limité à la seule
La c. préf. de l ' auxil iaire lyo?Ood/, entre autres emplois instance du récit. Elle peut éventuellement être translatée
modaux, est utilisée, à la forme négative avec I-sl suffixé, dans un passé de deuxième degré au moyen de l ' auxi liaire Iki8nl
pour marquer l ' interdiction. Une autre négation possible est la "il était" ou bien être auxiliée par un auxiliaire modal. Dans
postposition de Iscynl "rien " à l ' ensemble de la périphrase l' inaccompli, la construction durative couvre les deux domaines
:
Dans le système verbal, elle s ' oppose donc dans ces cas-la du discours et du récit avec, respectivement, des valeurs de
comme un prohibitif duratif à un prohibitif non duratif, sans présent ou de futur duratifs, et une valeur de passé d ' habitude
auxil iaire. Au prohibitif, I?a:adl ne peut être interprété que duratif. Elle connaît aussi une valeur modale "dépendentielle"
comme un auxiliaire duratif : en proposition finale, comme l a forme non durative. Les valeurs
/
temporel les dans le passé et le futur peuvent être éventuelle­
1 . lissa la titkd 1 cm b 1-
/
/ '"' '"' v t1'nkwl�tal
.f. lt 1· m ° awwcgv t,,?o:"'d-s
' 1 -ma ment marquées par l ' emploi de l ' auxiliaire du passé Iki8nl et
<mainten ant si tu-parle s avec-le- maltais tordu tu-t' assois- des préverbes de futur. Enfin, l ' inaccompli duratif peut être
pas tu-t' i nquiètes> auxilié par des auxiliaires modaux. La périphrase ne se limite
"Alors si tu parles en patois, ne te tourmen te pas ! " 1 / pas à l ' expression du duratif dans l ' accompli et l ' inaccompli
2. IhU: hsi8b
. Ü l i tftbb prccc fïs u to?Ood-s itt d lao 3 u puisque nous avons vu qu' il existait également une opposition
tnizzd si prccc sc-itU-kl duratif non-duratif dans l ' impératif et le prohibitif, pas
<prends pensée que tu-dema ndes prix fixe et tu-t' assois-p as encore tout à fait intégrée pour le premier.
tu-fais-m onter et tu-fais-d escendre quoi prix FUT-ils-don­ On retrouve donc avec l e duratif une grande partie du
nent-toi> fonctionnement des formes non duratives. Je voudrais soul igner
"Fais attention à demande r un prix fixe, et ne fais pas sans à nouveau que c elui-ci ne peut s ' util iser, dans l ' état du
arrêt monter et descendr e le prix qu' i ls vont te donner" maltais tel qu' on peut l ' observer actuellement, qu' avec des
3. Ara toqgnod tegnmez xejn int ! (O. Calleja, 1972:73) sujets animés. De plus, l ' expression du duratif n ' est encore
<regarde tu-t' assois tu-cligne s rien toi> que facultative. On peut donc poser le tableau suivant pour
" Attention , ne me fais pas des clins d'œil tout le temps, l ' aspect, sous réserve des restrictions d' emploi qui viennent
toi ! " d' être rappelées :
4. Toqgnodx tagnzaq fl-üma ( Aquilina 1972: 308, provo 135)
<tu-t' assois-pa s tu-creuse s dans-l' eau>
"Do not dig in the water" accomp l i i naccomp l i
"Ne creuse pas dans de l 'eau (ne te fatigue pas à creuser) "
dur a t i f I?a. ° adl + c . pr é f . lyo? O odl + C. préf .

non-dur at i f c. suff. c . pr é f .

13 O n remarquera, dans cet exemple, que l?aOadl auxilie u n verbe


qui lui est de sens opposé lorsque lui-même fonctionne comme Ce tableau, à lui seul, n' épuise pas tout le système
verbe "plein". aspectuel puisqu ' i l existe une autre opposition à l ' inaccompli,
inscrite, quant à elle, dans le système de redondance de la
langue, et dont on peut voir d ' ail leurs la forme marquée, celle
172 Auxiliaires, particules verbales et préverbes

du progressl' f , commencer a' envahir le domaine de la forme non


marquée. Voici ce tableau à nouveau pour mémoire :

i nac c omp l i IV. AUXILIAIRES, PARTICULES ET PREVERBES DU FUTUR


accomp l i

gén é r a l c. pré f .
c . su ff. Remarques préliminaires
con c om i t ant /?j8 ° c d/ ou / ? c t / + c . p .
ou par t i c i p e act i f Dans le chapitre intitulé "Temps et modalité dans la langue" de
( v . de mo u v e ment ) l ' ouvrage de Ducrot et Todorov ( 1 972: 389 ) i l est spécifié dès
l ' abord que "les deux catégories qui font l ' objet de cet
article sont parmi celles qui rési stent le plus à la réflexion
linguistique : même leur délimitation est controversée. " Dubois
Le système des aspects et sous-aspects peut donc être et a l i i ( 1 984: 484) font état du même problème : "le temps L o o ]
résumé dans le tableau suivant, en soulignant à nouveau que le recoupe fréquemment les catégories du mode ( l e futur peut être
duratif ne constitue encore qu' une marque facultative : !
ainsi une modal ité [ possible ou probable] : il partira= il
doit o u i l peut partir ) " . Cela n' est pas tellement surprenant
si l ' on songe que tous deux "relèvent du rapport du locuteur à
accomp l i i nac c omp l i l ' énoncé, soit qu ' i l concerne l ' attitude du locuteur, soit
qu' i l concerne la situation temporelle des événements énoncés. "
c. préf.
gén é r a l (D. Cohen 1989: 53 ) .
Le problème d e l a l imite entre temporalité e t modalité se
c . su ff. /? j8 ° cd/ o u / ? c t / + c . p . pose de manière part iculièrement aiguë pour la catégorie du
concom i t ant o u par t i c i p e a c t i f futur car l ' avenir, s ' i l se situe effectivement après le moment
( v . de m o u v em e n t ) présent sur l ' axe temporel, ne peut relever objectivement que
de la non-réalité, puisqu' i l n ' est pas constatable, à l ' inverse
/ y :J ? ° :Jd/ + c. préf .
dur a t i f /?a O ad/ + c . pr é f . du passé ou du présent. Gui llaume ( 1968 : 5 4 ) , qui était l e
tenant d ' un parti pris plutôt temporel, n ' en reconnaissait pas
moins le caractère hypothétique du futur : "la première chose à
considérer dans la thèse du futur, c ' est qu' i l s ' agit d ' une
époque faite de temps qui n' a pas encore existé réellement et
que, par suite, on imagine, on suppose, avec cette particula­
rité que tout effort de la pensée s'emploie à le supposer l e
moins possible, autrement dit à la réaliser au maximum, de
manière à en faire l ' équivalent symétrique du passé.
Il existe dans la constitution du futur :
1 ° Une période de construction pendant laquelle la pensée s' ef _

force de réduire, dans toute la mesure compatible avec l a

!
Les crochets sont des auteurs.
174 Auxil iaires, particules verbales et préverbes L e futur l75

nature de cette époque, l ' élément hypothétique que comporte la Ces marqueurs du futur sont au nombre de sept : /sf:.yyer/
notion de futur [ . . . 1 "al lant", /ser/, /sa/, /se/, /Da/, /oad/, /ikOn/ "il est" .
2° Une période de futur construit, qui correspond à la vision /ikOn/ peut se combiner avec certains des préverbes qui
du futur réduit au minimum hypothétique [ . . . l " . viennent d'être cités : /ikOn/ + /sa/ ou /se/ ou /Da/ ou /ser/,
D . Cohen ( 1989: 89) semble adopter une position analogue et /se/ + /ikOn/.
dans la mesure où il nomme le futur comme un temps tout en lui
reconnaissant des valeurs modales il parle du "caractère
semi-modal de ce temps qui exprime un procès non réal isé, 1. /séyycr/ + conjugaison préfixale
lequel de c e fait peut apparaître comme une potential ité, une
éventualité plutôt qu' une réalité . " /sf:.yyer/ est le participe actif du verbe /mar/ "aller" . I l
M . Cohen ( 1924: 242) quant à lui faisait remarquer "une s' agit d ' un participe supplétif, à rapprocher d e l ' arabe
difficulté spéciale au futur la notion temporelle d' avenir maghrébin /�ar/ "advenir devenir aller" ( Beaussier 1958:
peut se confondre avec des notions qui ne son; pas pr �preme�t 583 ) , disparu du maltais avec le sens de "aller" mais qui
. . survit toujours avec celui de "devenir ; advenir" sous la forme
temporelles, celle d' imminence et celle d l �tentlOn , �u 1 1
rangeait toutes deux dans l a catégorie d e s " notl?nS ac � es �Olres /sar/. Nous avons vu (p. 134 sq) que /seyyer/ est une forme
de temps". Dans une perspective diachronique, 11 precisalt , un marquant le progressif, ainsi que le prospectif quand l e
. locuteur donne le procès métaphoriquement comme actuel. Mais
peu plus bas : "à vrai dire l ' imminence est une notlO� �roche
, lorsqu' elle précède un verbe à la c. préf . , elle devient marque
de l ' idée de temps futur , puisqu' elle comporte 1 Idee du
"moment suivant" il peut être difficile de distinguer �� de futur. 3 Par sa genèse, elle atteste donc un fonctionnement
"futur prochain" du futur tout court. En fait le futur vraI ancien comme prospectif.
provient assez souvent d'une expression du futur pro �he . " [ , . . 1 Noldeke ( 1904 ) , suivi par M. Cohen ( 1 924: 72, 273, 277 ) , et
. Aquil ina ( 1 965 : 222 ) prêtent à /seyyer/ une valeur d' imminence.
"L' intention est un sentiment, mais un sentiment porte vers ce
qui vient. A côté des futurs provenant d' expressi:ms de l ' immi­ Noldeke faisait remarquer également qu'il était des cas où
nence on en trouve qui sont nés d'une expressl On de l ' inten­ /seyycr / pouvait exprimer l ' intent ion, ce à quo � Aquilina ne
' fait pas allusi on . Sutcliffe ( 1 936: 165-6 ) , glose /seyyer/ comme
tion ; inversement, d' ailleurs, un futur vrai comporte généra­
lement une nuance affective" . une "action about to take place" . Il traduit les exemples qu' il
donne soit par "is about to" , soit par "is going to", ce qui
L' expl ication psychologique proposée par Guillaume me permet de penser qu' il lui attribue une valeur soit d' imminence
semble offrir des perspectives intéressantes le futur, � n soit de futur temporel.
effet, s ' il ne peut être constaté, peut néanmoins être conSI­ Avant d' étudier les valeurs des exemples relevés dans
déré par les locuteurs comme une réalité et posé comme telle l' ensemble du corpus, il convient d' évoquer le degré de vitali­
dans la langue au moyen de marqueurs par� iculiers qui ?-f: irment té de cet auxiliaire puisqu'on peut en suivre l ' histoire depuis
, le XVI Ilè siècle. forme major itaire dans les DiaL ogues de De
un degré de certitude vis-à-vis du proces ou de 1 evenement
envisagé. Soldanis ( 1755 ) , el l e apparaît encore fréquemment dans les ré­
J' essaierai de montrer, pour le maltais, les gradations cits recueillis par Stumme ( 1904 ) . Dans la l ittérature contem­
qu' il est possible d' établir entre ces deu� n �: ions, certitude poraine, son utilisation varie selon les écrivains. Pour ne
ou non-certitude, pour chacun des marqueurs etudIes.

3 Saydon ( 1 935: 44 ) , dans un souci normatif évident, s ' élevait,


malgré Vassal li ( 1796 ) falzon ( 1 845 ) et Caruana ( 1903 ) , contre
2 Pour M. Cohen, il semble s' agir d'un futur relevant unique­ les emplois de /séyyer/ avec un sens de futur et voulait qu' i l
ment du "temps situé " . soit utili sé uniquement dans son sens propre d e déplacement
physique.
176 Auxil iaires, particules verbales et préverbes Le futur 177

prendre que deux ex. , les dramaturges O. Calleja ( 1972) et 5. /u d6nn-u scyycr itayyar-na/
Ebejer ( 1985 ) en font un usage quantitativement différent : une <et comme-lui allant i l-fait-voler-nous>
seule uti lisation de /scyycr/ chez le premier dans un recueil "Et il semble qu ' il va nous faire voler"
de 175 pages contre 17 pour le second dans une pièce de 81 6. /lssa �rboa scyyrln nO annu/
pages. /s�yycr/ reste tout de même très minoritaire chez /s�yycr nid!).::>l it-t6ni s6oa/
Ebejer, comme chez d ' autres écrivains contemporains . Dans la /y6na s�yycr nOanni mao-bm/
langue parlée , e l le est d'un usage extrêmement réduit : je n ' en <maintenant quatre allant ( pl . ) nous-chantons>
ai relevé que sept ex. , tous tirés de poésies improvisées, où <allant je-rentre la-deuxième heure>
sa présence peut d ' ail leurs s' expliquer par des contraintes <moi al lant je-chante avec-vous>
prosodiques (nombre de syl labes, place de l ' accent à respec­ "Maintenant quatre vont chanter"
ter ) . /s�yycr/ apparaît donc à l ' heure actuelle comme une forme "Je vais entrer dans la deuxième heure"
l ittéraire, orale ou écrite, et archaïsante du futur. "Moi je vais chanter avec vous"

Du point de vue des valeurs de /séyycr/, il est important La négation se forme au moyen de la particule de négation
de constater d' abord que l ' auxi liaire permet de présenter à base pronominale et non pas avec le morphème discontinu
l ' événement prédit comme certain, tendant à éliminer ainsi au /ma-. . . -5/ que l ' on a vu pour les deux c. suff. et préf.
maximum la part d' hypothétique qui pourrait subsister. Secon­
dairement , viennent se greffer des valeurs d' intention ou de 7. Miniex sejra ngninek biex tkun taf ( Ebejer 1985: 5 1 )
conviction. La valeur d' imminence peut être aussi décelable <ne-moi-pas allant (f. ) j' aide-toi pour tu-es tu-sai s>
parallèlement à celle d ' intention, comme dans l ' ex. 6 le "Je ne vais pas t' aider pour que tu saches . . . "
couplet introductif de la joute poétique annonce effectivement
que les chanteurs sont sur le point de chanter .
2. /scr/ + conjugaison préfixale
Le premier énoncé ci-dessous date du XVIIIè siècle la
nuance d' intention qui y est perceptible nous montre que cette
/scr/ est généralement considéré comme une forme abrégée de
valeur est ancienne.
/s�yycr/ ( Aquil ina 1965 : 138 ) . Pour cet auteur, comme pour
Sutcliffe ( 1936: 165-6 ) , la particule indique un futur imminent
1 . IL -Gran Tork janseb u jara x' inhu sejjer jagnmeL (De
( " an act ion that is going to take place" ) .
Soldanis 1755, Dialogue n° VI, p. 120 )
/scr/ s e comporte comme un préverbe enclitique, c' est-à­
<le-Grand Turc i l-pense et i l-voit quoi que-lui allant il­
dire qu ' il n' a pas d' accent propre et qu' aucun terme ne peut
fait>
venir le séparer du verbe qui suit. Cependant, dans les textes
"Le Grand Turc imagine ce qu' i l va faire"
recueillis par Stumme (904 ) , le préverbe, tout en étant insé­
2. [la-trîdni n3éldlek, sélra n3 �Idlekl ( Stumme 1904 : 36, 1 . 1 1 )
parable du verbe, est accentué et sa voyelle est longue. 4
<puisque-tu-veux-moi je-dis-à-toi, allant (f. ) je-dis-à-toi>
"Puisque tu veux que je te ( le ) dise, je vais te ( l e ) dire"
3. Gnada sejjer nizzewweg ( O . Calleja 1972: 133)
<demain allant je-me-marie>
"Demain, je vais me marier" 4 C' est d ' ai lleurs avec une voyelle longue que /scr/ a été
4. u fuq dawn ix-xewqat sejr in jitfasslu L -attivitajiet tal­ souvent prononcé par une informatrice de La Valette, dans une
Partit gnaL L -gejjieni ( I L -Mument 15. 2. 1987, p. 1 0 ) lecture appliquée de passages des pièces d ' O . Cal leja ( 1972 ) .
<et sur ceux-ci les souhaits allant ( pl . ) ell es-sont-imagi­ (Voir Vanhove 1987 ) .
nées les-activités de-le-Parti pour-le-futur>
"Et à partir de ces souhaits vont être imaginées les activi­
tés du Parti pour l' avenir"
178 Auxil iaires, particules verbales et préverbes Le futur 179

1. [mélla, m intis 5 s�r-tl)allasni 71 ( p . 37 , 1. 20 La négation se forme également avec la particule à base


pronominale :
<alors, ne-toi-pas FUT-tu-payes-moi 7>
"Alors, tu ne vas pas me payer 7" 7
5. lal)na bflli narrcstaw-°:Jm [ mal) 1 ser-n6l)du seyl
<nous puisque nous-arrêtons-eux ne-nous FUT-nous-prenons rien>
La construction est d'un emploi un peu plus fréquent que
"Nous, puisque nous les arrêtons, nous n ' al lons rien prendre"
celle avec Isf::. y yer/, mais n' est cependant pas très répandue. On
la trouve toutefois à tous les niveaux de langue, oral comme
écrit, standard comme dialectal, mais tous mes informateurs qui 3. /se/ ou /sa/ + conjugaison préfixale
l ' ont uti lisée sont âgés de plus de 60 ans, à l ' exception d ' un
seul âgé d ' une quarantaine d' années et poète de son état. Iserl 3.1. Ce sont les deux préverbes les plus fréquents, tant dans
est considéré comme un peu archaïque. mon corpus oral qu' écrit .
Isal et Isel sont, elles aussi, des formes abrégées de
Les valeurs associées au syntagme avec Iseri sont les Iséyyer/, comme Stumme ( 1904 ) l ' avait suggéré, SUIVl par
mêmes que pour le syntagme avec Iséyyerl : un futur présenté M. Cohen ( 1924 : 72 ) . Ils précisent que le rapprochement avec
comme certain, des valeurs d' i ntention, de conviction, et une Isal ou Isawfal de l ' arabe classique n ' est pas à con sidérer.
8
valeur d ' imminence ( ex. 4) : Pourtant, Saydon ( 1935: 44) et Aquilina ( 1990 ) y croient.
Les deux formes ont été regroupées dans un même paragraphe
1. zgur l i l -Asphalt Jungle ser izid in-numru ta ' "ann ima l i car il s ' agit de simples variantes phonétiques. La différence
metropo l itani" (Il -Mument 15. 2. 1987, p. 17) de timbre vocalique entre les deux préverbes n' est pas due à un
<sûr que l ' Asphalt Jungle FUT i l-ajoute le-nombre de "animaux conditionnement par l' environnement phonétique ( harmonisation
métropol itains") vocalique ou influence des consonnes) mais peut s ' expliquer par
"C' est sûr que l ' Asphalt Jungle 6 va augmenter le nombre des des stades d ' évolution différents qui coexistent au sein de l a
"animaux métropolitains"" communauté linguistique e t qui peuvent s e refléter dans le
2. Xejn tanseb l i ser nibkuk (O. Calleja 1972: 110) parler d ' un même locuteur. Dans Isal persiste la trace de
<rien tu-penses que FUT nous-pleurons-toi> l' ancienne consonne emphatique 9 ( rappelons que Isf:.yyeri est l e
"Inutile de croire que nous allons te pleurer" participe act if d ' un verbe */�ar/) alors que Isel relève d'un
3. Iyasal iz-zm6n feyn nOld Issa anki dan ser-y6?af 1 stade d ' évolution plus avancé. Tous mes informateurs ont les
< il-arrive le-temps où je-dis maintenant même celui-ci FUT­ deux variantes à leur disposition. On peut même les trouver
i I-s' arrête> toutes deux dans des phrases coordonnées :
"Le moment arrive où je me dis que, maintenant, même celui-ci
va s' arrêter" 1. Idln se-tigi twfla wis? u sa-tIsbao kull)attl
4. Idan il -parIr ser-na°tI-kl <cel le-ci FUT-elle-vient longue très et FUT-elle-ennuie cha-
<celui -ci le-conseil FUT-je-donne-toi)
"Ce conseil, je vais te donner"
7
La forme complète serait Imal)na/.
8
En fait, Aquilina ( 1990: 1245 ) affirme que "there is no doubt
5 La place de l ' accent notée par Stumme est surprenante. Le that sa , prefixed to the imperfect of a verb to indicate the
future, is Ar . sa . Mais p. 1279 sous l ' entrée se il donne "se
terme est prononcé aujourd ' hui avec une seconde voyel le longue
short for ser 1 sejjer, going ( to do s. th. ) . See sa. "
et accentuée.
9
I l y a eu transfert de d istinctivité sur la voyelle. Voir
6 C' est le nom d ' une di scothèque.
D. Cohen 1970 : 142.
180 Auxi liaires, particules verbales et préverbes Le futur 181

cun> "Moi, je vais épouser la fille du charpentier"


"Celle-ci va être trop longue et va ennuyer tout le monde" 5. [kîf kont se-to> tonni bi13�li tî3ak ! l ( p . 36, 1. 13)
<comment tu-étais FUT-tu-tues-moi avec-le-chagrin de-toi>
Il faut signaler tout de même que Isel est la forme "Tu as bien fai l l i me tuer par le chagrin que tu m ' as causé ! "
major itairement uti li sée par mes informateurs et que O. Calleja 6 . [ �bni , sê-n � miIlek ftît biskuttîni l ( p . 3 5 , 1 . 26)
( 1 972) par ex. n' emploie jamais Isal dans son recueil de pièces <fils-moi , FUT-je-fais-à-toi un-peu biscuits>
de théâtre. L' évolution phonétique l iée à la perte de la "Mon fils, je vai s te faire un peu de biscuits"
conscience d ' un ancien conditionnement emphatique se trouve 7 . [ sann�>bat ilborga ummûr leIn iddâr l ( p . 39, 1 . 36 )
donc confirmée. <FUT -je-saisis le-sac et-je-vais vers la-maison>
"Je vais prendre le sac et aller à la maison"
Même si l ' orthographe maltaise écrit ces deux morphèmes mais :
comme des mots indépendants, Isal et Isel n'en sont pas moins 8. [saniftab l)anût l ( p . 45, 1 . 1 0 )
des préverbes enclitiques : ils ne comportent pas d' accent pro­ <FUT-j ' ouvre boutique>
pre, et aucun terme ne peut venir s ' interposer entre eux et la "Je vais ouvrir une boutique"
forme verbale. Ils présentent, toutefois, quelques particula­
rités chez certains locuteurs : une voyelle longue pour mes
O
informateurs de Gozo, 1 un redoub lement du n- ( en début de 3 .2. Aquil ina ( 1 965: 138 ) commente la valeur de Isal comme
syllabe ouverte) des 1ères pers. sg. et p l . chez une locutrice indiquant "a very near future", donc un futur imminent, ce qui
âgée de 80 ans de Attard. Elles sont considérées comme typiques peut être effectivement le cas, mais qui n' est pas l a seule
des parlers vil lageois par mes informateurs de "standard" : valeur liée aux préverbes Isal et Isel ainsi que nous le
verrons . Leurs valeurs de base sont celles de la certitude du
2. I[ së-nfbdal l-ewwd b-I-ist3rya taO dïk il-m�ral ( Nadur ) locuteur et de la projection dans l ' avenir, comme Iséyyerl et
<FUT -je-commence le-premier avec-l ' histoire de celle-là la­ Iserl et comme la forme "be going to" de l' anglais ( voir Bous­
femme> caren et Chuquet 1987 ) . 11 Viennent s' y ajouter des valeurs soit
"Je vais d' abord commencer par l ' histoire de cette femme" d' intention soit de conviction ( l iée à l a certitude ) . Stumme y
3. loada s8-mm;rru feyn il- [bahriyal °éÎda u it-të [ se-n-n:Jhda a été très sensible et ses traductions font souvent apparaître
-h l [hall -balcanl ( Attard) l ' auxiliaire wol len "vouloir,, 12 au l ieu de l' auxil iaire du futur
<demain FUT-nous-allons où la-Banrija demain et le-thé FUT­ werden . Voici quelques exemples qui proviennent du corpus oral
nous-prenons-l ui Hal-Balzan> que j' ai recueilli ainsi que du corpus écrit, dans lesquel s
"Demain nous allons aller près de Banrija, demain, et le thé apparaissent successivement, outre la valeur temporelle d e
nous allons le prendre à Hal-Balzan" futur, des valeurs d' intention et d e conviction :

Ces phénomènes ont été notés en très grand nombre par


Stumme ( 1904 ) , et l ' on relève même parfois une voyelle longue
accentuée pour Isel : .
1 1 P our ces aut eurs, " avec b e gomg .
to 1· 1 y a tOUjours certitude
4. [jêna sennizz§.uwec ittifla talmastrud�ssal ( p . 24 , 1. 17) de l ' énonciateur : on est dans le domaine du certain ; be going
<moi FUT-j ' épouse la-fille de-Ie-charpentier> to en effet n' est pas un vrai modal , à la différence de will"
( p . 64 ) .
12
"Wollen" fonctionne aussi comme un auxiliaire du futur avec
10 valeur de conviction. Voir par exemple "es will schneien" "il
En "standard", la longueur vocalique ne peut se maintenir va neiger " . ( Dictionnaire A L L emand-Fran ça is 1 Fran çais-Alle­
avant la syl labe tonique que s ' i l s ' agit de la trace d' une mand. London , Paris, Stuttgart : Harrap ' s . 1982: 669 ) .
ancienne laryngale ou vélaire.
182 Auxiliaires, particules verbales et préverbes Le futur 183

1. IOami ln6-oa uk6ll °a-t-tdeviz�m u se-tintwera fi-I-bidu taO 14. Proverbjalment, U -grieden janarbu m inn gifen li jhossuh se
dicÉmbrul jegnreq ( Il -Mument 15. 2. 1987 p. 6 )
<nous-fîmes-elle aussi pour-la-télévision et FUT-el le-est­ <proverbialement, les-rats s ' enfuient de galère que i ls-sen­
montrée dans-le-début de décembre> tent-lui FUT il-coule>
"Nous l' avons faite aussi pour la télévision et elle va être "Proverbialement, les rats quittent le navire dont i l s pen­
montrée début décembre" sent qu' i l va couler""
2. ;oUwa se-yigi s-sÉna d-d61).lal ( Q ) 15. Dik il -misnuta kanna se timUelna kul Umkien (O. Calleja
<lui FUT-il-vient l ' année la-venant (f. » 1972: 63)
"Lui, il va venir l' année prochaine" <cel le-ci l' eau-chaude jerrycan (f. ) FUT elle-remplit-nous
3. lal).na se -n6klu dalwa?tI ( Q ) partout>
<nous FUT-nous-mangeons bientôt> "Ce jerrycan d' eau chaude va nous déborder de partout"
"Nous, nous allons manger bientôt" 16. IOal6s nOar is-sibt li gcy sa-yizzÉwwcgl
4. Ise-ns6fru lluml <parce-que jour le-sept que venant FUT-il-se-marie>
<FUT-nous-émigrons aujourd'hui> "Parce que samedi prochain il va se marier"
"Nous allons émigrer aujourd'hui"
5. I�ra kIf se-titl).addet mao-I-manag�:wl
3.3. La forme à préverbe peut également s ' uti liser dans des
<regarde comment FUT-tu-discutes avec-Ie-"manager">
emplois modaux en subordonnées hypothét iques, à l ' inverse de la
"Fais attention comment tu vas di scuter avec le directeur !"
forme angl aise be going to par ex. ( Bouscaren et Chuquet
6. U jien kif se nasal id-dar ? ( O . Call eja 1 972: 116)
1987: 65 ) . J ' en ai relevé plusieurs exemples dans la protase ,
<et moi comment FUT j' arrive la-maison>
comme dans l' apodose, de phrases hypothétiques exprimant l e
"Et moi , comment je vais arriver à la maison 7"
potentiel :
7. Ise-ttI-ni l-flOsl
<FUT-tu-donnes-moi l ' argent>
1 . Iyckk sc-tkan payyÎz-na sc-tkUn i d-d�r v�ru t�O-nal
''Tu vas me donner l ' argent 7"
<si FUT-ell e-est pays-nous FUT-el le-est l a-maison vrai de­
8. lit-t"�m s se-yaOmIU-1). bI-I).I
nous>
<le-blé quoi FUT-ils-font-Iui avec-lui>
"Si elle devi ent notre pays, elle sera notre véritable maison"
"Le blé, que vont-ils faire de lui 7"
9 . Il).a-noId-I-ek kIf sa-taOml-ul
Le syntagme à préverbe Iscl a également été relevé en
<pour-je-dis-à-toi comment FUT-tu-fai s-Iui>
subordonnée circonstancielle finale, mais cet emploi est consi­
"Laisse-moi te d ire comment tu vas le faire"
déré comme dialectal et non pas standard. Dans cette dernière
10. lissa 1).1 sbtland s tal).seb sa-naomdl
variété, la norme est l ' util isation de la c. préf. simple. Je
<maintenant frère-moi Ecosse quoi tu-penses FUT-je-fais>
n ' en ai trouvé qu'un seul exemple, chez une locutrice de Kerëem
"Alors ma fille, en Ecosse, qu' est-ce que tu crois que je
( Gozo) :
vais faire 7"
Il. IOu sa-isÎr sayy6dl ( Q )
2. Ib�s il-1).6bz t6°-i mous sc-imiss mao affariyy6t taO l).att61).::>rl
<1u i FUT- il-devient pêcheur>
0 , 92-3 )
"Lui, il deviendra pêcheur"
<pour le-pain de-moi ne-lui-pas FUT-il-touche avec affaires
12. IcmmÉkk sc-nasal y�n cmmÉkk se-nasal/
de que lqu' un-d' autre>
<là-ainsi FUT-j ' arrive moi là-ainsi FUT-j' arrive>
"Pour que mon pain ne touche pas les affaires de quelqu ' un
"C' est là où je veux en venir moi, c ' est là où je veux en
d ' autre"
venir ! "
13. lil lam sc-nistr61).1
<aujourd' hui FUT-je-me-repose> 3 .4. C' est à nouveau la particule de négation à base pronomi­
"Aujourd'hui je me reposerai" nale qui fonctionne avec Iscl et Isal et non pas la négation
184 Auxiliaires, particules verbales et préverbes Le futur 185

verbale discontinue. Alors que les ex. relevés avec les deux avec l' arabe I?ahadal "prendre" et D. Cohen 13 note que Il)al
marqueurs précédents, IsÉyysrl et Issr/, présentaient tous un pourrait tout aussi bien provenir de Il)abbal "aimer" , que de
accord en genre, nombre et personne avec le sujet, la particule I?ahadal "prendre" ou de Ihallal " l aisser" qui ont tous trois
négative est très souvent figée, dans la l angue parlée, à la souvent donné naissance à des morphèmes de futur dans les
3ème pers. du m . sg. Imousl l itt. "ne-lui-pas" , lorsqu' elle dialectes arabes. Rien dans le corpus dont je dispose ne permet
est util isée devant Issl et Isa/. de trancher en faveur de l ' une ou l ' autre hypothèse.
Si la phrase comporte un autre élément de négation, on
trouve le plus souvent la particule négative sans le deuxième Il)a/, contrairement à ISE/, ne présente pas de variantes
élément de la négation Is/. A l ' écrit il est possible d ' uti li­ dialectales portant sur le timbre de la voyelle, mais peut
ser Ima-I, le premier élément de la négation verbale disconti­ entraîner le redoublement dans les dialectes de la consonne du
nue, devant le syntagme à préverbe : préfixe de type Cv- du verbe auxi lié.

1 . Imin6s sa-n;l)r:Jg il barra mi-d-d§.r o§.dal ( Q ) 1 . lissa l)a- [ nnaraw] s [ §.nna] izysdl ( Attard)
<ne-moi-pas FUT-je-sors à dehors de-l a-maison demain> <maintenant FUT-nous-voyons quoi chez-nous plus>
"Je ne vais pas sortir de la maison demain" "Maintenant, nous allons voir ce que nous avons encore"
2. lu mOus ss-nold-I-u min6s ss-nigil 2. [ od.p skûna l)at-t�tl�k] ( Stumme 1904 : 62, 1. 33 ) ( Rabat, Gozo)
<et ne-lui -pas FUT-je-dis-à-Iui ne-moi-pas FUT-je-viens>
<et-il-trouva goélette FUT-elle-part>
"Et je ne vais pas lui dire que je ne vais pas venir"
"Et il trouva une goélette sur le point de partir"
3. IOa5 yI;in mOus sE-nkan id-d§.rl
"und fand daselbst einen Schooner, der im Begriffe war abzu­
<car moi ne-lui-pas FUT-je-suis la-maison>
"Parce que moi, je ne vais pas être à la maison" segeln"
4. lit mOus sE-nl)allI-k:Jm tilaObul ( Q )
<non ne-lui-pas FUT-je-lai sse-vous vous-jouez> 4.2. Aqu ilina ( 1 965 : 139 ) , dans les quelques l ignes qu' i l
"Non, je ne vous laisserai pas jouer ! " consacre au futur, dit clairement que Il)al exprime "the inten­
5. Imous sa-nitkÉllEm fu? sitwaccy3ni wal)dal tion of doing something". Dans son dictionnaire de 1987 (p.
<ne-lui-pas FUT-je-parle sur situation une> 464 ) , i l ajoute qu ' i l peut également avoir pour sens celui
"Je ne vais pas parler d ' une s ituation unique" d ' une "action about to take place " . Par contre , Nëildeke ( 1904:
6. lIt l)att mOu sE-imarl 914) ne signale aucun emploi de Il)al avec une valeur d ' immi­
<non personne ne-lui FUT-il-va> nence , mais M. Cohen ( 1 924 : 281 ) soulignait que "l' usage n' est
"Non , personne ne va y al ler" peut-être pas aussi nettement tranché. " L' ex. 4 ci-dessus l e
7 . lyI;in ma-yI;in sE-naomd sEynl ( Q ) démontre effectivement.
<moi ne-moi FUT-je-fais rien> Avec le préverbe Il)al nous sommes toujours dans le domaine
"Moi , je ne vai s rien faire" du certain et de la projection dans l' avenir . Dans les ex. ci­
8. ma se jna U u xejn warajhom ( O . Calleja 1972: 67) dessous le contexte donne presque toujours un avenir imminent.
<ne FUT i ls-laissent r ien après-eux> On y trouve aSSOCl ees aussi des valeurs d' intention ou parfois
"Ils ne vont rien laisser derrière eux" de conviction :

1 . Ha jagnmH lha wkoU maktur madwar gnajnejha ( O . Calleja


4. Il:ta/ + conjugaison préfixale
1972: 1 23 )
4 . 1 . Noldeke ( 1904 : 914) a rapproché Il)al de Il)allil " laisse ! " <FUT-il-met-à-elle aussi mouchoir autour yeux-el le>
pour expliquer l ' origine d e ce préverbe d u futur, q u i fonc­
tionne également, tout comme Il)al lil, comme marque de cohorta­
tif (voir p. 92) . Aqui lina ( 1987: 464) propose un rapprochement 13 Séminaire EPHE du 1 1 . 5 . 1984.
186 Auxiliaires , particules verbales et préverbes Le futur 187

"Il va lui mettre aussi un mouchoir autour des yeux" "Mais si tu le mets entre l es mains d' un pianiste , il créera
2. Iha-n6hu b�rza minn dawn �ra J:tI 0g nlbzao li yintéfaJ:t1 une mervei l le"
<FUT -je�prends sac de ceux-ci regarde frère-moi car je-crains
que il-s' ouvre> 4.4. La négation se forme au moyen de la particule négative à
"Je vais prendre un de ces sacs, regarde ma fille, parce que base pronominale. Dans mon corpus , je n ' en ai relevé que quatre
j ' ai peur qu ' il ne s' ouvre" exemples, tous à l ' oral et tous accompagnés d' une valeur de
3. Imar J:ta-nlgi m6°-ek sbtlandl conviction :
<Marie FUT-je-viens avec-toi Ecosse>
"Marie, je vais venir avec toi en Ecosse ! " 1 . lissa ekk mous J:ta-nsérredl
4 . IJ:ta-ioidi- l-na n p dïnl <maintenant ainsi ne-lui-pas FUT-je-répands>
<FUT-il-dit-à-nous sur cel le-ci> "Maintenant , comme ça, je ne ( le ) répandrai pas"
"Il va nous parler de ça" 2. ImoIS J:ta-tkTIn lésta °â.dal
5. Ila-taJ:tsib-s li J:ta-[ niggrangyaV14 <ne-elle-pas FUT-elIe-sera prête demain>
<ne-tu-penses-pas que FUT-je-deviens-muet> "Elle ne sera pas prête demain !" ( l a maison qui n' est pas
"Ne crois pas que je vais devenir muet ! " encore sortie de terre )
6. Ima-n�f-s s J:ta-nistri-l-oai 3. Imous J:ta- ik�lli J:tafna fléyyesl
<ne-je-sais-pas quoi FUT-j' achète-à-elle> <ne-l ui-pas FUT-j ' a i beaucoup sous>
"Je ne sais pas ce que je vais lui acheter" "Je ne vais pas avoir beaucoup de sous"
7. Idak °â.d-ni J:ta-nibda np dawk i l-kbâ.rl 4. Imous J:ta-nsibu bJ:t�I-u yitkéllem ekkl
<cel ui -là encore-moi FUT-je-commence sur ceux-là les-grands> <ne-lui-pas FUT-nous-trouvons comme-lui il-parle ainsi>
"Ça, je vais encore m'y mettre, sur ces grands-là" "Nous n ' al lons pas en trouver des comme lui, qui parlent
8. IJ:ta-tOaddi I-J:twéyyegl comme ça !"
<FUT -tu-passes les-vêtements>
"Tu vas repasser tes affaires ? ! "
5. Quelques considérations sociolinguistiques
9. IJ:ta-taOla? disoin fI frarl
<FUT-elle-f erme 90 dans février> Si l ' étude qui vient d' être menée a montré que Isel ( ou Isa/)
"Elle va avoir 90 ans en février" ( un peu plus haut on trouve et IJ:tal sont équivalents du point de vue de leurs valeurs
la même expression avec Ise/) temporelles et modales, la position de IJ:tal au sein du système
10. lissa naJ:tseb pyacIr J:ta-t6J:tul verbal n ' en demeure pas moins complexe pour deux raisons. La
<maintenant je-pense plaisir FUT-tu-prends> première est que IJ:tal fonctionne comme un morphème polysémique
"Maintenant, je pense que tu vas t' amuser" (Aqui l ina 1965: 139 ) de cohortatif -jussif chez tous les locu­
teurs ( voir p. 68-9) et de futur. Il n' est pas rare qu' un même
énoncé soit traduit par Let et par be going ta par les informa­
4.3. La forme à préverbe IJ:tal peut aussi être employée dans teurs. 1 5 Cette polysémie gênait d' ailleurs Saydon ( 1935: 44) qui
l ' apodose des phrases doubles hypothétiques : voulait bannir l' emploi de IJ:tal avec une valeur de futur aux
premières pers. La seconde provient du fait que IJ:tal tend de
1. limma kk ittI-J:t f -i déyn pyanista l;a-y�J:tb? meravÎlyal pl us en pl us à être tenu pour dialectal et s ' en trouve dévalo­
<mais si tu-donnes-Iui dans-mains pianiste FUT-il-crée mer­ risé, tant par les locuteurs de "standard" que par ceux de
veil le>

1 5 Ceux qui ont été uti lisés ici à titre d' illustration ont été
. .
1 4 La prononClatlOn " st an dar d" est l' 99ranca1 .
' v
choisis parmi ceux qui ne présentaient pas d' ambiguïté .
1
-

188 Auxiliaires, particules verbales et préverbes Le futur 189

dialectal eux-mêmes. A l ' inverse, Isel et Isal sont considérés 3. U : Il).a-nirrebrdyaw-k issa l).a-nsa?sI-k fU?-°::Jml
comme les variantes prestigieuses. <FUT-nous-enregistrons-toi maintenant FUT-j' interroge-toi
Je ne sais s ' il existe à Malte ou à Gozo des dialectes sur-eux>
qui, en l ' absence de tout facteur extérieur perturbateur ( ma "Nous allons t' enregistrer, maintenant je vais t' interroger à
présence ou celle d ' un locuteur de standard par exemple ) , ne leur sujet"
connaissent que Il).al comme préverbe du futur, comme il semble 4. L3 : l?alU-l-i kIf sa-naorfU-°::Jml
en exister sans /l).a/. 16 Il y a toutefois dans mon corpus des <il s-d irent-à-moi comment FUT-nous-nourrissons-eux>
informateurs qui emploient majoritairement Il).al : ceux de Gozo , "Ils m' ont dit : "Comment allons-nous les nourrir ?"
une jeune locutrice de Mel liena, une jeune locutrice de Mgarr,
trois chanteurs de Zejtun et un de Naxxar. Dans le premier cas, la situation sociale est inégalitai­
L ' utilisation des préverbes de futur fonctionne donc comme re. En conséquence, la détentrice du parler prestigieux n ' a
marquage sociol inguistique. Certaines situations que j ' ai fait aucun effort pour adapter son discours au parler de son
observées peuvent servir d ' i llustration. inter locuteur.
Dans le second, le statut social de chacun des protagonis­
Un premier cas est celui d' une confrontation entre une tes est sensiblement le même. Il y a donc eu tentative de mise
enseignante de l ' Université (U) originaire de Hamrun (banlieue à niveau de la part de l ' enseignante, comme du directeur.
de La Valette) et locutrice de "standard" et un jeune sculpteur
de Gozo ( L2 ) , locuteur de "dialectal " , auprès duquel elle Autres situations typiques. Une locutrice de Kerëem à Gozo
enquêtait avec ses étudiants, et qui avoua avoir quitté l ' école me raconte des souvenirs et elle veut me parler en "bon mal­
très jeune. Dans cette circonstance, le parler de U ne présen­ tais" : IJ:!al est pratiquement banni de ses récits. A une autre
te que des futurs à préverbe Ise/ ( ou Isa/ ) . Mais L2 n ' emploie occasion, elle s' adresse à des vieillards de Xagnra, village de
que le préverbe Il).a/, sauf une fois Isel : Gozo réputé pour son conservatisme en matière linguistique :
elle n'utilise plus que Il).a/. Enfin lors d' une conversation
1. U : Idawn 5 se-taOmcl bi-°::Jm da-l-pastUrii avec un autre locuteur de son village, en ma présence et devant
<ceux-ci quoi FUT-tu-fais avec-eux ces-les-santons> le micro, les séries d' énoncés au futur débutent souvent par un
"Ceux-là, qu' est-ce que tu vas en faire de ces santons ?" verbe à préverbe Ise/, suivi de verbes à préverbe Il).a/. Le
2. L2 : lu dan wéao bi-l-b8cca b k8lbs u l).a-naoml-u gdldl dialecte resurgit très rapidement. Même si la personne du verbe
<et celui-ci il-tomba avec-l ' ampoule avec tout et FUT-je­ ne semble pas seule en cause dans ce choix, la locutrice de
fais-lui nouveau> Kerëem util isant aussi Il).al avec une 3ème pers. , il est
"Et celui-ci est tombé avec l ' ampoule, avec tout et je vais toutefois intéressant de constater que c ' est surtout à la 1ère
le refaire à neuf" pers. du sg. que le dialectal refait surface. Il n' est d' ail­
leurs pas impossible qu ' en dehors de tout facteur sociolinguis­
Deuxième situation la même enseignante U procède à tique perturbateur il y ait dans certains dialectes maltais une
l ' interview du directeur d'un établissement scolaire ( L3 ) , de distinction du type de celle qui existe pour l ' anglais entre
Gozo, dont le discours est fortement empreint de son dialecte. shal l et w i l L
Il apparaît alors dans le par 1er de LI des préverbes Il).al en
réponse à ceux de L3 , lequel emploiera Isel ( ou Isa/) à son 5. 1 0 u se-yciil). u tal).t u y�n l).a-ncii hu fu? l).a-nibni appartamént ru?1
tour, quand il en échappe un de la bouche de LI. On se renvoie <lui FUT-il-prend sous et moi FUT-je-prends sur FUT-je-cons­
la pol itesse : truis appartement sur>
"Lui il va prendre en-dessous et moi je vais prendre au-des­
sus , je vais construire un appartement au-dessus"
16
Une étude précise de la répartition géographique de ces Le même phénomène se reproduit dans les chants improvisés
morphèmes reste à faire. par un locuteur de Naxxar :
190 Auxiliaires, particules verbales et préverbes Le futur 191

6. /oas tittiima fi-z-zigarélla/ "Il Y a certains incidents dont je me souviendrai jusqu'à ce


/tifklra sc-nibaOta-l-ck/ que je ferme les yeux"
/?aOad bi-l-?Éoda yisr8b il-birra/ 3. /fi-l-gwérra kbnna nislmou cUif t-ayrupliini y ittayyru ni?
/u pbst-8k l).a-Y8l).8d-a-I-ck/ riis-na u °idt li yahasra . dak i l-l).;ss mOu l).a-nislmo-u ?att
<car tu-espères dans-le-ruban> aktar f-obmr-il
<souvenir FUT-nous-envoyons-à-toi> <dans-la-guerre nous-étions nous-entendons milliers de-avions
<il-s' assit avec-l ' assise il-boit la-bière> ils-volent sur tête-nous et j' ai-dit que hélas celui-là le­
<et place (m. )-toi FUT-il-prend-lui-à-toi> bruit ne-lui FUT-j' en-tends-Iui jamais plus dans-vie-moi>
"Parce que tu espères que dans un ruban" "Pendant la guerre nous entendions des milliers d' avions pas­
"Un souvenir nous allons t' envoyer" ser au-dessus de nos têtes et j ' ai dit que "misère, ce bruit
"Il s ' est assis, buvant de la bière" je ne veux plus jamais l' entendre de ma vie"
"Et ta place, il va te la prendre" 4. /oidt 5 wal).da dïn l).a-nlb?aO cal °bmr-i awnékk/
<j' ai-dit quoi une celle-ci FUT-je-reste pour vie-moi ici­
ainsi>
6. Le système du futur dans un idiolecte "]' ai dit "Qu' est-ce que c ' est que cette histoire, est-ce
que je vais rester toute ma vie i ci ?"
Réduire /l).a/ préverbe de futur à une seule appartenance dialec­
tale serait erroné, car il est aussi considéré comme "standard"
au moins chez les locuteurs âgés. Aquilina ( 1965: 139) a d' abord 7. Le "futur du passé"
opposé un futur d' intention marqué par /l).a/1 7 à des futurs
d' imminence marqués par les préverbes /sc/, /sa/ ou /scr/. Or Jusqu' ici seuls des exemples en contexte de discours, où l e
il existe des locuteurs de "standard" qui connaissent les deux point d e référence à partir duquel le futur est projeté est l e
types de préverbe, mais selon une répartition autre que celle présent, ont été étudiés. Tous l e s préverbes /sc/, /sa/, /scr/
donnée par Aquil ina, comme il apparaît nettement chez un locu­ et /l).a/, ainsi que l' auxiliaire /séyycr/ peuvent aussi s' emplo­
teur de "standard" , âgé de 63 ans, poète et homme de loi, avec yer dans un récit, le futur étant projeté à partir du passé de
lequel j ' ai eu un long entretien. Les quatre marqueurs /sa/, l' énonciateur et non plus de son présent. On avait souligné
/sc/, /scr/ et /l).a/ coexistent dans son parler avec des valeurs ( p . 60-1) que la c. préf. simple ne pouvait être utilisée en ce
de projection dans l' avenir et de certain, mais pour les trois contexte , comme c' est le cas en hébreu biblique par exemple.
premiers elles sont associées seulement à la conviction alors
que pour /l).a/ intention et conviction sont présentes : 7 . 1 . Les syntagmes sans auxiliaire du passé

1. /u sa-ikan pubblikiit f -dlk id-diita °iid-oa sigrfuta/ Dans les propositions complétives et relatives, plus rarement
<et FUT-il-sera publié dans-celle-là la-date encore-elle en proposition coordonnée, un simple verbe à la c. suff. ou à
secrète> une autre forme du passé, dans la proposition principale ou
"Et il va être publié à cette date encore secrète" celle qui est placée en tête, peut suffire à situer les
2. /cmm cérti ncidénti li y18n sa-niftakar-08m sakémm naOla?
périphrases dans ce futur relatif au passé :
°aynéy-ya/
<là certains incidents que moi FUT-je-me-souviens-eux jusqu' à 1. /l).sibt li séyycr yirncss6-l-ck/
-ce-que je-ferme yeux-moi> <tu-pensas que allant i l-gagne-à-moi>
"Tu croyais que tu allais m' avoir"
2. [ itfâl n;.ilb 2t léml).U l issal).l)âr jaqbes min-muntanja 3alol).ra
usêr jill).aqom l ( Stumme 1904: 8, 1. 12)
1 7 On a vu qu'en 1987 (p. 464 ) , il parle aussi d' imminence pour
/l).a/.
192 Auxiliaires , particules verbales et préverbes Le futur 193

<les-enfants de-loin ils-aperçurent que-le-sorcier il-saute 12. log int l).sibt li l).a-mmut ?abl-ckl
de-montagne pour- l ' autre et-FUT i l-rattrape-eux> <car toi tu-pensas que FUT-je-meurs avant-toi>
"Les enfants de loin virent que le sorcier sautait d' une "Parce que tu as cru que j' allais mourir avant toi"
montagne à l ' autre et qu ' i l allait les rattraper" 13. [m(>r �ss(>t od.p skûna !;at-t�tl�k] ( Stumme 1904 : 62, 1 . 33)
3. Hadd ma basar l i ser tinbet soéjetà ( Sultana 1979 : 5 ) <il-alla la-grève et-il-trouva goélette FUT-elle-part>
<personne n e il-devina que FUT i l-germe société> "Il alla sur la grève et il trouva une goélette sur le point
"Personne n' avait deviné qu' une Société al lait naître" de partir"
4. lfi-l-féitt kgn i!;ayyar-ni bgs nippubbl ika mOus ibczzao-ni
bi- I-kritika li scr-na?laOI
<dans-le-fait i l-était i l-fait-désirer-moi pour je-publie ne­ 7 .2. Les syntagmes avec l'auxiliaire /kgn/
lui-pas i l-effraie-moi avec-la-critique que FUT-j' attire>
"En fait il m ' encourageait à publier, il ne m ' effrayait pas Dans les propositions principales ou indépendantes, dans l ' apo­
avec la critique que j' allais attirer" dose de phrases exprimant l ' irréel du passé et parfois aussi
5. Hsibna li se nsibu tl iet kmamar ( O . Calleja 1972: 81 ) dans les subordonnées, le futur dans le passé est marqué par
<nous-pensâmes que FUT nous-trouvons trois pièces> l ' auxiliaire Ikgnl "il était" + préverbe + c. préf. :
"Nous pensions que nous allions trouver tro is pièces"
6. Ik�nu sémou l i san-g;rg sc-yaOmlu rl).;lml 1 . Kieku naf fejn keUha xi fLus kont se nikkuntenta runi nienu
<ils-étaient ils-entendirent que Saint Georges FUT-ils-mettent dawk L -erba' éraret manmugin !? ( O . Calleja 1972: 52)
marbre> <si je-sais où elle-avait quoi argent j ' étais FUT je-contente
"Ils avaient entendu qu' à Saint Georges ils allaient mettre âme-moi je-prends ceux-là l es-quatre chiffons sales>
du marbre" "Si j' avais su où elle avait de l ' argent, je me serais
7. Il).ascb bi pyan s sc-yaOml-Îl-o:)ml contentée de prendre ces quelques chiffons sales !7"
<il-pensa avec plan quoi FUT-il-fait-à-elles> 2. Ik:)nt sc-nsa?sI-kl
"Il a réfléchi à un plan qu' il allait leur faire" <j ' étais FUT-je-demande-toi>
8. [uga kln-qabat wî!;et usejaqtlu] ( Stumme 1904:7, 1. 1 6 ) "J' allais te demander"
<et-déjà i l-était-il-a-saisi un et-FUT-il-tue-lui> 3. l;lra y(;in bnt sc-mmar ni lta?aO mao-I-prlnccp il-bill t�O-i
"Et déjà i l en avait attrapé un et il allait le tuer" l-°;ldal
9. WasaL r tarf ta' bankina u se jaqsam ( Micallef 1988 : 1 1 ) <regarde moi j' étais FUT-je-vais je-rencontre avec le-prince
<il-arriva dans extrémité d e trottoir e t FUT il-traverse> le-bleu de-moi le-demain>
"Il est arrivé au bout du trottoir et i l al lait traverser" " Imagine si moi j' avais rencontré mon prince charmant l e
10. lin-n�s kif k�nct tkun taf li cmm fu? taO-I-mlt!;na l).a­ lendemain ! "
ylthanl 4 . lins;mma ma-kinll-s sc-iwcrwra-l).1
<le� gens 1 8 comment elle-était elle-est elle-sait que là sur <enfin ne-i ls-étaient-pas FUT-ils-terrorisent-Iui>
de-le-moulin FUT-il-moud> "Enfin, ils n' allaient pas le terroriser !"
"Les gens, comment savaient-ils que là-haut le meunier allait 5. [ !;azbu, Îlli bacca kien sejarga jol).Qdom iddâr ] ( Stumme 1904:
moudre 7" 6 , 1. 25 )
I l . lu !;asséyt-ni vi:ra ?Is-ni l).a-ntIrl <ils-pensèrent, que Boèèa i l-était FUT -il-revient i l-prend­
<et je-sentis-moi vraie comme-moi FUT-je-vole> eux l a-maison>
"Et je me suis vraiment sentie comme si j' al lais m' envoler" "Ils pensèrent que Boèèa allait les ramener à la maison"
6. loawa cal na?ra ma-k�n-s sa-yittayyarl ( Q )
<lui pour peu ne-i l-était-pas FUT-il-vole>
"Lui, il a failli se faire renverser"
1 8 Ingsl a soit un accord au pl. , soit au fém. sg. , ce qui est 7. Iga!;an kgn sa-itIr bi-I-férl}1
le cas dans cet exemple. Voir Caubet et al i i 1989. <Cahan i l-était FUT-il-vole avec-la-joie>
194 Auxiliaires, particules verbales et préverbes Le futur 195

"Cahan allait s ' envoler de joie" Les exemples ne sont pas très nombreux. En voici quelques-
8. Iyal)asra k::mt scr-n6r?::Jd u ?ayyimt-ni b-dak il-vérsl uns
<hélas j' étais FUT-je-dors et tu-réveillas-moi avec-celui-là
le-vers> 1 . [j�n 3ât n�zzauwec bin issultân ! ] ( Stumme 1904: 34, 1. 14)
"Misère, j ' allais m' endormir, et tu m ' as réveillée avec ce
<moi FUT j ' épouse fils le-sultan>
vers"
"Moi, j ' épouserai le fils du sultan ! "
9. IkéWa t-tffla tah-ha u k6nct I)a-[tittéyycc fi-I-Ç'aslyya]1 2. Imé l a nispcraw u nittamaw li si darba ° a d tfgi u na°tÎ-k
<elle-avait la-fille de-elle et el le-était FUT-elle-se-marie kikkra tt fu? it-tcracclnl
dans-le-soir> <alors nous-espérons et nous-espérons que quoi fois FUT tu­
"Elle avait sa fille, et elle allait se marier le soir" viens et je-donne-toi tasse thé sur la-terrasse>
10. I?am u I)arab ?Îs-ni bnt I)a-nispar&-l-ul "Alors, nous espérons fortement qu' un jour tu viendras et que
<il-se-leva et il-s' enfuit comme-moi j ' étais FUT-je-tire-à­ je te donnerai une tasse de thé sur la terrasse"
lui> 3. Ib-c �k [ . . . ! ik6W::Jm I)y�l taO dïk it-tarbiyya s °ad issÎr 5
"Il s' est levé et il s' est enfui, comme si j ' allais lui tirer °ad iOaddi minn-oa s °ad tkun si pr::Jfcssy3ni °ad t6hul
dessus" <avec-ainsi [ . . ] ils-ont idée de celle-là le-bébé (f. ) quoi
.

FUT elle-devient quoi FUT il-passe de-elle quoi FUT elle-est


S ' i l s' agit d ' un récit dans le passé d' habitude, dans des quoi profession FUT elle-prend>
passages qui comprennent des séries de verbes à la c . préf . , "Ainsi, [ . . . ] ils auront une idée de ce que ce bébé devien­
l ' auxiliaire Ik�nl sera lui aussi à la c. préf . , mais la valeur dra, de ce qu' il adviendra de lui , de ce qu' i l sera, de
de la périphrase sera toujours celle d'un futur dans le passé quelle profession il choisira"
4. Iva, Paul , gnad tirnexxi. Gnad issir negozjant kbir ( Ebejer
Il. limbaoad térgaO tl)allÎ-1) y6°la fi-I-kassa li tkun sc­ 1 985:32)
taOml-ul C I , 159-61) <oui, Paul , FUT tu-réuss is. FUT tu-deviens négociant grand>
<ensuite tu-reviens tu-laisses-lui il-lève dans-la-boîte que "Oui, Paul , tu réussiras . Tu deviendras un grand négociant"
tu-es FUT-tu-mets-Iui>
"Ensuite tu le relaissais lever dans la boîte où tu allais le 9. /ikO n/ + conjugaison préfixale
mettre"
Aquilina ( 1965: 134 et 222) mentionne l ' existence d' une péri­
8. rad/ + conjugaison préfixale phrase formée de likanl "il est" + c. préf. qui indique selon
lui "a future action still ta take place" équivalente à l ' an­
Aquilina ( 1965: 139 ) signale la construction avec "ghad indica­ glais "shaLl or will be + present participai". 19 Sutcliffe
ting a future event of a certain importance, or an event which
may take place sometime".
Au sens propre, lorsqu' il est suivi de pronoms suffixes,
19 C' est ce que la grammaire anglaise traditionnelle appelle le
IOadl est un adverbe qui signifie "encore". Comme particule de
futur, IOadl conserve un accent propre, mai s elle ne peut être "plain future", forme explicitement temporelle selon Berland­
séparée du verbe qu ' elle auxilie par aucun élément . La présence Delépine ( La grammaire anglaise de l 'étudiant. Paris : Ophrys,
d' une précision temporelle, comme un adverbe ou une date, n ' est 1974 : 108 ) , qui permet de ne pas interpréter "will" comme un au­
pas possible dans un énoncé avec load/. Seules des indications xiliaire modal : "Mais il est souvent souhaitable d' éviter que
vagues sont permises, comme Isi darbal "une fois, un jour". Il l ' on puisse interpréter will dans son sens fort (surtout quand
s ' agit donc d'un futur vague et lointain, auquel est souvent le sujet est une personne et que la réalisation de l' action
conféré un caractère solenne l, comme le remarque Aquilina. peut être interprétée comme dépendant de sa volonté). On se
sert alors de will suivi d' une forme progressive, qui n' exprime
196 Auxil iaires, particules verbales et préverbes Le futur 197

( 1936 ) ne commente pas explicitement la construction avec bes qui viennent d' être étudiés, la périphrase avec /ikOn/
/ikOn/, mais on aperço it , au détour d ' un exemple d ' un paragra­ apporte une nuance modale d' éventualité. Le locuteur n' affirme
phe concernant l ' utilisation des formes verbales intitulé aucune certitude quant à la réalité du procès ou de l ' événement
"Potential Use" (p. 162 ) , qu ' i l s ' agirait pour lui d'une forme énoncé. L' emploi de l ' auxi liaire marque explicitement qu' on est
modale marquant l ' éventualité d ' un procès : dans le domaine de l ' irréel, de l a supposition. Il faut signa­
ler, à l ' appui de cette analyse, que /ikOn/ ne peut s' utiliser
1. fL imkien kienu intopp kbir gnaL min ikun irid jersaq biL­ s ' il y a un marqueur temporel précis dans la phrase, tel un
banar adverbe ou une date : l ' emploi de /ikOn/ dans ce contexte n ' a
<ensemble ils-étaient barrière ( m. ) grand pour qui il-est il­ p u être provoqué par l e questionnaire e t i l n ' en a été relevé
veut i l-s' approche avec-la-mer> aucun exempl e dans les autres corpus, ni en subordonnée ni en
"Together they formed a mighty barrier against any one who phrase indépendante ou coordonnée.
might want to approach by sea" On remarquera ( ex. 9 ci-dessous ) que l ' asyndète entre
l' auxiliant et l ' auxilié n' exclut pas qu ' i l puisse se trouver
M. Cohen ( 1 924 : 253) signalait l ' emploi de cette périphrase un adverbe entre eux. La négat ion se forme avec le morphème
en maltais mais la disait située "en dehors de la théorie des discontinu joint à l' auxi liaire et non pas avec la particule
temps". Il citait un exemple relevé par Noldeke ( 1904 : 913 ) en négative comme pour les préverbes ( ex. 4 et 8)
proposition finale : "bies inkïln n ista mmïlr "pour que je puisse
aller (je sois, je peux, je vais ) " . " Il s' agit ( voir p. 199- 1. /yiddcp�ndi minn-ck [ . . . 1 l i dslct si l;iga minn-oa li tkïln
201 ) d ' un emploi très fréquent avec les auxiliaires modaux. tfswa kcmm °alI-k pcrs::mili kIf . . 1
.

<il-dépend de-toi [ , . . 1 que tu-tires quoi chose de-elle que


Dans l ' étude du fonctionnement de /ikOn/ + c. préf. , il elle-est elle-vaut combien pour-toi personnel lement comment>
conviendra de faire une distinction entre 2 types de verbes "Il dépend de toi [ . . . 1 d ' en tirer quelque chose qui vail l e
d'un côté les verbes modaux et ceux n ' ayant plus de c. suff. , aussi bien pour toi personnel lement que . . . "
de l ' autre tous les autres types de verbes, dont l ' analyse va 2. /b�s mIn ikOn yal;dcm ikOn yar minn fcyn sc-i oaddil
être abordée en premier ci-après. Cette distinction se justifie <pour qui il-est i l-travail le i l-est il-sait de où FUT-il­
par le fait que les préverbes qui ont été étudiés dans les passe>
paragraphes précédents ne peuvent se préfixer directement aux "Pour que celui qui travai llera sache par où il va passer"
verbes modaux et à ceux sans c. suff. , ce qui entraîne un 3. Tanseb Li L - iswed ikun jixraqLi ? ( O . Calleja, 1972: 85 )
fonctionnement sensiblement différent pour les uns et pour les <tu-penses que le-noir il-est i l-convient-à-moi>
autres vis-à-vis de /ikOn/. "Tu penses que le noir m' irait bien 7"
4. Irid Li r-Registru ELettoraL i ma jkunx jinkLudi fantazmi
( IL -Mument 8 . 2 . 1 987, p. 10)
9 . 1 . Les verbes autres que modaux ou sans c. suff. <il-veut que le-registre électoral ne il-est-pas i l-inclut
fantômes>
Les ex. avec des verbes auxi liés de ce type sont assez peu "Il voudrait que le registre électoral n' inclût pas de fantô-
nombreux dans mon corpus : 23 au total. La plupart se trouvent mes"
en propositions subordonnées : relatives, complétives, proposi­ 5. /nisténna Üli dIn id-distincY5ni tki1n t6pcra uk6 l l [ . . . 1
tions circonstanciel les. A l ' inverse des particules et préver- °an-n5mi k6ll-oa/
<j' attends que ce l l e-ci la-distinction elle-est elle-opère
aussi [ . . . 1 pour-les-noms tout-elle>
"Je m' attends à ce que cette distinction opère pour tous les
dans ce cas aucune nuance d' aspect. Cette tournure est le véri­ noms"
table "plain future" . " Bouscaren et Chuquet ( 1987 : 54 et 60 ) 6. iL-L ingwa tirri[ Letti t-tqassim spazjaL i taL -kuntest U fih
parlent au contraire d' une valeur modale de "visée". ikun jinsab iL-keU iem ( Borg 1988: 41 )
198 Auxiliaires, part icules verbales et préverbes Le futur 199

<la-langue el le-reflète la-division spatiale de-le-contexte


que dans-lui il-est i l-se-trouve le-locuteur> L' exemple donné par Aqui l ina ( 1965: 134) appartient aussi à
"La langue reflète la division spatiale du contexte dans cette catégorie. La périphrase avec likUnl se trouve dans la
lequel se trouverait le locuteur" proposition principale d ' une phrase double temporelle où l e
7. mhux dejjem t igik L -opportunità meta tkun issuq (O. Calleja fait d e manger (principale) est une conséquence ( indirecte) d e
1972: 1 24 ) l ' heure d' arrivée d u facteur ( subordonnée) .
<ne-lui-pas toujours il-vient-toi l ' occasion quand tu-es tu-
conduis> 13. A7i.na nkunu niekL u x7i.in jasaL tal -posta
"Ce n ' est pas toujours que tu en auras l ' occasion quand tu <nous nous-sommes nous-mangeons quand i l-arrive de-la-poste>
conduiras" "We shall be eating when the postman arrives ( or will arrive ) "
8. lia ma-tkUn-s témmcn fI -Oal
<puisque ne-tu-es-pas tu-crois dans-elle> Pour les verbes auxiliés qui viennent d' être étudiés, l a
"Puisque tu ne pourrais pas croire en elle" construction avec l ' auxil iaire likUnl exprime donc u n futur
9. ELezzjoni, biex tkun tabWi .aqq tissejja7i. ELezzjoni nadifa ma fortement modalisé il est présenté soit comme non-certain,
trid tkun imxekkLa ( IL -Mument 8 . 2 . 87, p. 10) hypothét ique, en propositions subordonnées, soit ( mais rare­
<élection, pour elle-est vraiment elle-s' appelle élection ment) comme une conséquence logique en proposition principale
propre ne elle-veut elle-est entravée> ou consécutive. "L' é lément hypothétique que comporte le futur " ,
"Une élection, pour qu' elle puisse réellement s' appeler une comme l e disait Guillaume, est par conséquent très fort dans
élection propre, ne doit pas être entravée" cette périphrase.

La périphrase n' apparaît toutefois pas qu' en propos ition 9.2. lik O nl avec les verbes modaux ou sans c. suff.
subordonnée. 3 des 23 exemples considérés ici se trouvent en
proposition indépendante ou consécutive . likUnl permet alors Les verbes modaux IsétaOI "pouvoir" Ir�dl "vouloir" et Ist�?1
d' insister sur le caractère de conséquence logique de l ' action "désirer" , et celui qui n'a pas de c. suff. , Iyafl "savoir",
envisagée dans la phrase par rapport à ce qui a précédé dans constituent la majorité des exemples qui ont été relevés avec
l ' énoncé. Pas plus qu' en proposition subordonnée la présence de l' auxiliaire likun/. Ils attestent un fonctionnement particu­
likUnl n' est compatible avec un marqueur temporel : lier, car , comme il a été dit dans l ' introduction à ce para­
graphe, ils ne peuvent être préfixés par un préverbe de futur.
10. IsIb l:lmar ckéykcn u sa?ay-k ikUnu imlssu mao-l-artl ( III, Nous verrons (p. 204-5 ) à quelle construction il est fait
70-1 ) recours pour uti liser ces préverbes.
<trouve âne petit et pieds-toi ils-sont i ls-touchent avec-la-
terre>
"Trouve un petit âne et tes pieds toucheront le sol" 9.2. 1 . Avec Les verbes modaux
11. Idan inkUn imméssi sk::md kif irrÎd-ul
<celui-ci je-suis je-fais-marcher selon comment je-veux-lui> a) likUnl n' apparaît devant IsétaOI "pouvoir" que dans des
( avant cette phrase, il y a eu une longue description du propositions consécutives ou subordonnées. La périphrase expri­
fonctionnement d ' un métier à ti sser ) "Celui-ci, je le ferai me le plus souvent un futur marquant une "conséquence logique"
marcher comme je veux" et elle est particulièrement fréquente en proposition finale :
12. F'dan iL -kaz, "gie" jkun ifisser "moviment fiziku Lejn it­
tieni (jew it-tieLet) persuna" ( Borg 1988 : 42) 1. L-iskemi se jigu m7i.abbra daL waqt u kuL7i.add ikun jista'
<dans-ce lui-ci le-cas, "g l e" i l-sera il-signifie "mouvement jag/'i.ti l-opinjoni tieg/'i.u ( IL -Mument 13. 9. 1987, p. 7 )
physique vers la-deuxième ( ou la-troisième) personne"> <les-plans FUT ils-viennent divulguée bientôt e t chacun il­
"Dans ce cas, "gie" voudra dire "mouvement physique vers la est il -peut i l-donne l' opinion de-lui>
deuxième ( ou la troisième ) personne"" "Les plans vont être bientôt divulgués et chacun pourra don-
--

200 Auxiliaires, particules verbales et préverbes Le futur 201

ner son opinion" ) 20


< ch ez- t 01· 1 a- b·me tt e ( m . que ils-utilisent-Iui aussi enco­
2. Isl).In nlftl).u il-b6b cmm fi]? tki.ïn tistaO t6l).u ritratti al).y�rl re-eux jusque aujourd' hui dans-le-besoin que il-est il-peut
<quand nous-ouvrons la-porte là sur tu-es tu-peux tu-prends il-grave avec-elle les-plants petits>
photos mieux> "Tu as la binette qu' on utilise aussi encore jusqu' à aujour-
"Quand nous ouvrirons la porte là-haut, tu pourras mieux d'hui , au cas où i l faudrait biner les jeunes plants"
prendre des photos" 10. Ma nafx inkunx nista' ( O . Call eja 1972: 114)
3. lu s;rta ma-tk6n-s tlstaO taOP-ul <ne je-sais-pas je-suis-quoi je-peux>
<et sorte ne-tu-es-pas tu-peux tu-fermes- Iui> "Je ne sais pas si je pourrai "
"Et de toutes les façons tu ne pourras pas le fermer"
4. L ejn i L -punt meta d-danLa rejal istika tad-dramm tkun tista'
twarrab fiL -waqt xieraq ( Friggieri 1972: 176 ) b) Avec le verbe Ir�dl "vouloir" , la présence de lik6nl permet
<vers le-point quand l ' entrée réaliste de-le-drame elle-est surtout d' insister sur le caractère hypothétique de l ' énoncé ,
elle-peut elle-fait-place dans-le-temps permis> l ' irréel , le probable, l ' éventuel . Ces valeurs s e rencontrent
"Jusqu' au moment où l ' entrée réaliste de la pièce pourra principalement dans des propositions subordonnées, mais aussi
prendre place à point nommé" parfois dans des consécutives
5. gnax gnaLkemm jaf bL -IngL iz, ihoss l i ma jkunx jista'
jLannaq magnhom ( Borg 1988 : 3 1 ) 1. Ib�s il-l).alÎb li yingabar ik6n aktar fi stat li tki.ïn trId-u
<car bien-que il-sait avec-l' anglais, il-sent que ne il-est­ il-fabbrikal
pas i l-peut il-promeut avec-eux> <pour le-lait que il-est-collecté il-est plus dans état que
"Parce que, bien qu' il connaisse l ' anglais , il sent qu ' il ne el le-est elle-veut-Iui l ' usine>
pourra pas rivaliser avec eux" "Pour que le lait qui est col lecté soit plus dans l ' état où
6. ItaOml-u r?�? b�s ikan yistaO yinl).adcml le souhaiterait l ' usine"
<tu-fais-Iui fin pour il-est il-peut il-est-travaillé> 2. InaOgcn it-tafal scw imbaoad n;l).r:::>g l-:::>ggétt li nki.ïn irrid
"Tu le fais fin pour qu' il puisse être travai l lé" minn-u y6nal
7. biex naddienor ikun jista' jgawdih uko L L ( Sultana et a l i i <je-pétris l ' argi le juste ensuite je-sors l' objet que je-suis
1979 : 1 ) je-veux de-lui moi>
<pour quelqu'un-d' autre i l-est il-peut il-se-réjouit-Iui aus­ "Je pétris bien l ' argile, ensuite j ' en sors l ' objet que j ' en
si> voudrais, moi"
"Pour que les autres puissent aussi en profiter" 3. Ib�s méta tki.ïn trld tOaddi minn kamra °al-l-;l).ra [, . . 1 ma­
yintlif -ék-sl
La périphrase peut aussi parfois apporter une nuance <pour quand tu-es tu-veux tu-passes de pièce pour-l' autre
d' éventualité dans des complétives ou dans la protase d ' énoncés [ , . . 1 ne-il-est-perdu-toi-pas>
hypothétiques. Ce n' est donc pas un futur de certitude : "Pour que quand tu voudrais passer d' une pièce à l ' autre
[ , . . 1 il ne te soit pas perdu"
8. limbaoad °andck il-barmIl °a-t-tibyId li tki.ïn tistaO gg;rr-ul 4. Idina rébl).ct l-éwwc! prÉmyu f -bmpcticcY3ni [ . . . 1 u tki.ïn
<ensuite chez-toi le-seau pour-la-chaux que tu-es tu-peux tu­ trld ta?r�-Oal
transportes-lui> <celle-ci elle-gagna le-premier prix dans-compétition [ . . . 1
"Ensuite, tu as le seau à chaux que tu pourrais transporter" et tu-es tu-veux tu-lis-elle>
9. loandck il-kruss6n li yuzaw-l). uk;l l o�d-o:::>m sa l li.ïm fi-l­ "Celle-ci a gagné un premier prix dans une compétition [ . . . 1
bz;nn llli ik6n ylstaO y;n?:::> s bi-Da is-st6li z °a.rl

20
Il sera repris au féminin un peu plus loin ClbT-oa/) ' Peut­
être le locuteur pensait-il au nom d ' unité , bien féminin lui.
202 Auxiliaires, particules verbales et préverbes Le futur 203

et tu aimerais (peut-être) la lire" En proposition indépendante ou principale, la périphrase


5. Bfi.aL tarbija Li qatt ma mxiet u tkun trid tigri maL -ewweL situe l' énoncé dans un futur imaginaire, dans l' hypothétique et
pass ! ( n -Mument 8. 2. 1987, p. 8 ) exprime donc une éventualité.
<comme bébé (f. ) que jamais n e elle-marcha et elle-est elle­
veut elle-court avec-Ie-premier pas> 2. Ikïf tldI).:"ll tkun taf u kïf toI).r:"lg ma-tàf-51
"Comme un bébé qui n ' a jamais marché et qui voudrait courir <comment tu-entres tu-es tu-sais et comment tu-sors ne-tu­
dès le premier pas ! " sais-pas>
"Comment entrer, tu saurais ( éventuellement) mais comment
La valeur d e conséquence logique peut aussi parfois se sortir, tu ne sais pas (c' est sûr)"
rencontrer dans une proposition consécutive : 3. Iforsi nkun naf si tncyn tiktib-oom-I-oa intil
<peut-être je-suis je-sais quoi deux tu-écris-eux-à-elle toi>
6. Ilmma mbaoad ikUnu irIdu n::ndikont taO 5 gara u ma-garà-sl "Peut-être j ' en saurai deux, tu les lui écriras toi"
<mais ensuite i ls-sont ils-veulent compte-rendu de quoi il­ 4. limma ?abd immUr nahsil-oa . dïn kïf inkUn naf li sarct
se-passa et ne-il-se-passa-pas> nadIfal
"Mais ensuite ils voudront un compte rendu de ce qui s' est <mais avant je-vais je-Iave-elle celle-ci comment je-suis je­
passé et de ce qui ne s' est pas passé" sais que elle-devint propre>
"Mais avant que j' aille la laver celle-ci, comment je saurai
qu'elle est devenue propre ?"
c) Je n'ai relevé qu' un seul ex. du verbe Istia?1 "désirer,
souhaiter" uti lisé avec l ' auxiliaire likUn/, dans une proposi­ Une valeur particulière associée au futur modal exprimé
tion complétive. La valeur de la périphrase est celle de dans la construction avec likUnl + Iyaf1 est la nuance de
conséquence logique : politesse que la présence de likUnl apporte à la périphrase
lorsqu' elle est précédée d ' un verbe ou d ' un auxiliaire modal :
1 . IOal6s ikun-émm muménti sitwaccy::miyy6t l i tkun tiSt6?
ta?bad-°:"lm kïf in-oUmal 5. Irrid inkun na! ( O . Calleja 1972: 108)
<car il-est-Ià moments situations que tu-es tu-désires tu­ <je-veux je-suis je-sais>
saisis-eux comment que-eux> "J' aimerais savoir"
"Parce qu' i l y aura des moments, des situat ions, que tu dési­ 6. lissa 3antkom tkûnu tâfu lUi ] ( Stumme 1904: 23, 1. 18)
reras saisir tels qu' ils sont" <maintenant chez-vous vous-êtes vous-savez que>
" Maintenant vous devriez savoir que . . . "
9.2.2. Avec Le verbe Iyaf1 "savoir" 7 . Itrïd tkun taf minn fcyn k6nct tismah-h:"lml
'
<tu-veux tu-es tu-sais de où elle-était eÜ e-entend-eux>
Tout comme avec les deux verbes précédents, la présence de "Tu voudrais savoir d ' où elle les entendait ?"
likunl devant le verbe Iyaf1 dans une proposition consécutive
marque que · le prédicat est considéré comme une conséquence Dans les subordonnées, en composition avec le verbe Iyafl,
,
logique likunl présente une évolution qui lui est propre vers l' expres­
sion d ' un modal "dépendentiel " , où ne subsiste plus rien d'un
1. Idak naI).scb li yistaO ya?dI-bm I).afna °as dak kian iI).addcm rapport temporel avec une période future. likUnl n' est plus que
taO-s-saora u ikUn yaf l-ismiyy6t1 la marque explicite de la dépendance. Sa présence est devenue
<celui-là je-pense que il-peut i l-sert-vous beaucoup car obligatoire dans les complétives et les propositions finales,
celui-là i l-était il-fait-travailler de-Ie-Xagnra et il-est mais pas encore dans les autres types de subordonnées, bien
il-sai t les-noms> qu' eUe y soit majoritaire.
"Celui-là, je pense qu' i l peut beaucoup vous aider parce
qu' i l faisait marcher celui ( le moulin) de Xagnra et il saura
les noms"
204 Auxiliaires, particules verbales et préverbes Le futur 205

dère la forme avec Ise-ikanl comme plus "correcte". Il faut


8. IOali�s ma-setâO-s ikan li ikan yaf dan fi}? miss6r-il remarquer que likanl est invariable devant le verbe " s ' appe-
<parce-que ne-il-pouvait-pas il-est que il-est i l-sait celui­ 1er", comme lorsqu' i l auxilie l ' un des pseudo-verbes "avoir"
ci sur père-moi> (voir p. 413-4 et 418) :
"Parce qu' i l était impossible qu ' i l sache cela sur mon père"
9. Gnax biex tkunu tafu minn qabeL d in hi satira konfuza 1. XeJn tanseb Li bi L l i tinqata ' m ir-registru se tkun tista'
(O. Calleja 1972: 95 ) tfendi gnaL rasek anJar ! ( O . Calleja 1972: 112)
<car pour vous-êtes vous-savez d e avant cel le-ci e l l e satire <rien tu-penses que puisque tu-es-coupé de-le-registre FUT
confuse> tu-es tu-peux tu-pointes pour tête-toi mieux>
"Parce que, pour que vous le sachiez d' avance, ceci est une "Ne va pas croire que puisque tu es rayé du registre tu vas
satire confuse" pouvoir mieux en faire à · ta tête ! "
10. AnJar L i ma tkunx tafha ( ibid, p. 21 ) 2 . [f�I s�Ikun jâf li-tl).âlt 71 ( Stumme 1904 : 20, 1 . 38)
<mieux que ne tu-es-pas tu-connais-el le> <où FUT-iI-est i l-sait que-tu-entras>
"Il vaut mieux que tu ne la connaisses pas" "Comment va-t-il savoir que tu es entrée 7"
I l . [n�mnek imma )�m bz�n inkûn nâf s-i3�h missierek ! l 3. lemm c�rt i p::>cziyyi f -dïn i l-bllcccy5ni l-gdlda li se-ikan
yisim-Oa sibkatalisl
( Stumme 1 904 : 23, 1 . 27 ) <là certaine poeSIe dans-celle-ci la-collection la-nouvelle
<je-crois-toi mais l à besoin je-suis je-sais quoi-il-dit que FUT-iI-est il-s ' appel le-elle "Xibkatulis">
père-toi> "Il y a une certaine poésie dans ce nouveau recueil qui va
"Je te crois, mais il faut que je sache ce que ton père dit ! " s' appeler "Xibkatulis"
1 2 . Imous ma-nkan-s naf t a imma ninsal
<ne-lui -pas ne-je-suis-pas je-sais tiens mais j' oublie>
"Ce n' est pas que je ne sache pas, tiens, mais j' oublie" 10.2. Avec les autres verbes
13. Iydk int i ma-tkan-s taf iddawwâr-oa s�wwal
<si toi ne-tu-es-pas tu-sais tu-fai s-tourner-elle juste> Dans le parler de deux intell ectuels, un poète et un l inguiste,
"Si toi, tu ne sais pas bien la faire tourner" tous deux enseignants à l ' Université, on trouve la même forme
surcomposée, mais avec des verbes pour lesquels cela ne
s' impose pas, car ils peuvent recevoir directement un préverbe
10. /se/ + /ik Ô n/ + conjugaison préfixale de futur. Il est difficile de SaISIr la nuance qui est ainsi
apportée et, peut-être, ne faut-il y voir qu' un souci d' expres­
10.1. Avec les verbes modaux ou sans conj. suffixale sivité qui se traduit dans un emploi redondant des marques. Mon
informatrice de La Valette, pour qui la périphrase est correc­
Lorsqu ' on veut marquer la certitude dans le futur avec les te, ne voit pas de différence avec le syntagme sans /ikan/.
verbes qui viennent d' être étudiés au paragraphe précédent, i l Voici les troi s exemples qui en ont été relevés :
faut uti liser une périphrase particulière composée d'un préver­
be du futur préfixé à l ' auxiliaire likanl suivi du verbe auxi­ 1. Ifi-l-fâtt il-ktïf:jb sc-ikan yibda b-l-�wwd vercy5ni taO
l ié à la c. préf. Les ex. sont toutefois extrêmement rares dans sibkatalisl
mon corpus : trois en tout. Ils ont été relevés pour les verbes <dans-le-fait le-l ivre FUT-il-est il-commence avec-la-pre­
/s�ta ° l "pouvoir", Iyafl "savo ir" et un autre verbe sans c. mière version de Xibkatulis>
suff. Iyismui "s' appeler" , à chaque fois avec le préverbe Ise/. "En fait, le l ivre commencera par la première version de
La périphrase est également possible avec le verbe Irj;}dl Xibkatulis"
"vouloir" ainsi qu' avec un autre verbe sans c. préf. lyisbal).1 2. Idïn mOïS se-tkan ddoer fu? il-p�intit v8rs;ml
"ressembler", selon mon informatrice de La Valette. Elle-même <celle-ci ne-el le-pas FUT-elle-est elle-apparaît sur la
dit employer aussi les verbes Iyismui "s' appeler" et lyisbal).1 "painted version">
"ressembler" directement préfixés avec Ise/, mais elle consi-
206 Auxil iaires, particules verbales et préverbes Le futur 207

"Celle-ci n' apparaîtra pas sur la version peinte" 4. lu sl).In n§.ra l).élu wicc-ekl
3. b'dan U-proéediment f'nafna kazijiet se nkunu biss noborxu Ibi-I-férl). inkUn se-ntIrl
L-wiéé minfLok ma nnaffru fU -fond ( Borg 1988 : xv) <et quand je-vois à douceur visage-toi>
<avec-celui-ci le-procédé dans beaucoup cas (pl. ) FUT nous­ <avec-la-joie je-suis FUT -je-vole>
sommes seulement nous-éraflons le-visage au-lieu que nous­ "Et quand je me tourne vers la douceur de ton visage"
creusons dans-le-fond> "De joie je suis sur le point de m' envoler"
"Avec ce procédé, dans beaucoup de cas, nous ne ferons qu' ef­
fleurer la surface au lieu de creuser en profondeur" b) J ' ai également relevé un exemple d' emploi modal de la
périphrase dans l ' apodose d'une phrase hypothétique marquant
11. /ik on/ + préverbe de futur + conjugaison préfixale l ' irréel ( dans le potentie l , nous avons vu - p. 183 et 186
que c ' est une forme sans likUnl mais avec préverbe qui est
Aquilina (1965: 139) mentionne l ' existence d' une périphrase util isée ) . La valeur d' imminence y est soulignée par la
verbale composée de likUnl + Il).a/, Isal ou Iserl ( on peut y présence de l ' adverbe Ikw§.zi! "presque" :
ajouter Ise/ ) + c. préf. qui indique "an action expected to
take place in the future or imminently ( ser) when an action 1. Ikun kwazi se jaqa' fiha l i Arlekk inu ma jzommux (p. 150)
will also be taking place at more or less the same time " . I l <i l-est presque FUT il-tombe dans-elle que Arlequin ne il­
donne pour exemple : inkunu sa (na or ser) nerggnu L ura L ejn garde-l ui -pas>
Malta xnin inti tasaL l-ItaLja "we shall be returning to Malta "Il serait presque tombé dedans si Arlequin ne l ' avait pas
when you arrive in Italy . " retenu"
I l faut préciser que l a construction n ' est pas très fré­
quente , je n ' en ai relevé que 16 exemples dans mon corpus .
cl La tournure péri phrastique, avec sa valeur d' imminence, peut
être située dans un futur du passé au moyen de l ' auxiliaire
a) Dans la langue littéraire, écrite ou orale , la valeur Ikï;:)nl "il était". Je n ' en ai rencontré qu' un seul exemple,
d'imminence dans des phrases qui expriment deux actions quasi oral, dans le discours d'un paysan de Mtanleb âgé de 74 ans. I l
simultanées est encore bien réel le. J ' en ai relevé 9 exemples a été jugé "correct" par mon informatrice d e L a Valette :
dans les indications scéniques des pièces d ' O . Calleja ( 1972 )
et un dans une chanson traditionnelle 1. Iméta bnt inkUn ser-inwéggaO yew ekk allUra °amiIt wÉ:°dal
<quand j ' étais je-suis FUT-je-me-blesse ou ainsi alors je-fis
1 . tkun se tixxabbat fuqu meta t isma' l -b ieb jinfetan ( p . 64) vœu>
<elle-est FUT ell e-grimpe sur-lui quand elle-entend la-porte "Quand j ' ai été sur le point de me blesser, ou quelque chose
(m. ) il-s' ouvre> comme ça, alors j ' ai fait un vœu"
"Elle est sur le point de grimper dessus quand elle entend la
porte s' ouvrir" d) Dans trois ex. de la langue parlée, et une fois sous la
2. Tkun se tonrog, izda terga' l ura (p. 77) plume d'un journaliste, la valeur de la périphrase semble être
<elle-est FUT elle-sort, cependant el le-revient en-arrière> différente. Ils ont en commun l ' absence de simultanéité avec un
"Elle est sur le point de sortir, mais elle revient" autre procès, qui était justement une caractéristique des ex.
3. Kif ikun se jqum bU-wieqfa jUman U -basktijiet ta ' Roza ci-dessus.
(p. 48 ) Les trois énoncés qui suivent mettent en relief la valeur
<comment il-est FUT il -se-lève avec le-debout il-aperçoit modale du futur. Le procès est présenté comme non-certain,
les-paniers de Rose> éventuel . Il est encore associé à une valeur d ' imminence dans
"Comme il est sur le point de se mettre debout, il aperçoit le premier exemple, mais ce n' est pas le cas dans les autres :
les paniers de Rose""
208 Auxiliaires, particules verbales et préverbes Le futur 209

i Aquilina ( 1965 : 106 ) quant à lui, dans le paragraphe


1. If8rsi tkGn sc-ik8Wa l-bli bis u dak ma-tkUn-5 tistaO
igIb-oJml consacré aux adverbes, n' évoque qu'un emploi adverbial de cet
21
<peut-être ell e-est FUT-el le-a les-"babies" et celui -là ne­ impératif qu ' i l traduit par "presque", et dont il donne un
elle-est-pas elle-peut elle-apporte-eux» exemple suivi de la c. suff.
"Peut-être elle serait sur le point d' avoir des petits, et
alors elle ne pourrait pas les mettre bas" 1. n-MiL ied gnoddu wasaL
2. If8rsi 1 ?udd6m k ikun-émm cans f8rsi nkGn sa-immUr mao-l­ <le-Noël presque-lui il-arriva>
béltl "Christmas has nearly arrived"
<peut-être à devant si il-est-Ià chance peut-être je-suis
FUT-je-vais avec-la-ville> Comme je n ' en ai rencontré aucun ex. dans mes corpus, j ' ai
"Peut-être plus tard, s ' i l y a une chance, peut-être que interrogé des jeunes locuteurs de standard qu i se sont accordés
j' irai (jouer ) pour La Valette" pour considérer l ' exemple fourni par Cremona comme désuet, tout
3. - 15 matcryâ.l tUza b�5 yinl!âdcm in-néwl/ comme d' ailleurs est désuet le sens de "presque", qui ne survit
- IskJnt I-Jgétt li tkGn l!a-tâOmcl/ plus que dans quelques expressions figées du type :
<quoi tissu tu-util ises pour il-se-travaille le-métier-à­
tisser> 2. I08dd-u téla?1
<selon l ' objet que tu-es FUT-tu-fais> <presque-lui il-partit>
- "Quel tissu tu utilises pour que le métier à tisser soit "Il est presque fou"
travaillé ?"
- "Ça dépend de l ' objet que tu ferais" Dans le sens de "presque", I08ddul a été remplacé par un
4. jagnmeL sewwa dak iL -kandidat gdid Li jkun se jonrog gnaH ­ terme d ' origine italienne Ikwâ.zi/.
ewweL darba L i jintroduéi runu ( n -Mument 15. 2. 1987, p. 7 )
<il-fait juste celui -là le-candidat nouveau que il-est FUT
13. L'expression de l ' imminence par une phrase complexe
il-sort pour-la-première fois que il-introduit âme-lui>
"Il ferait bien ce nouveau candidat qui se présenterait pour Bien qu' il ne s' agisse ni d' auxil iaires ni de préverbes, je
la première fois de s ' introduire voudrais dire un mot d' une construction grammaticale exprimant
l ' imminence, équivalente au français "sur le point de" , et qui
12. /":>dd/ + pronom suffixe + /s�yycr/ + c. préf. semble se développer, surtout dans la langue écrite.
Que la référence temporelle soit projetée à partir du pré­
Cremona ( 1 966: 76) mentionne une valeur d' imminence liée à l ' im­ sent, du passé, ou même du futur du locuteur, l ' expression com­
pératif du verbe "compter" : IOJddl suivi des pronoms suffixes: porte le verbe Iwâsal/ "arriver" , toujours à La c. suff., suivi
"the impersonal Imperative gnodd, annexed to the pronominal de la subjonction Ib�51 "pour" et d ' un verbe toujours à La
22
suffixes, and sometimes followed by the word sejjer [ . . 1 is . c. préf. La référence au passé peut éventuellement être
idiomatically used to show that something is about to occur. " explicitée par l ' auxiliaire Ik�n/, précédant Iwâsal/. Il est
De la sér ie d'exemples qu' il donne, un nous intéresse ici remarquable que le maltais utilise dans ce syntagme complexe
"gnoddu sejjer j itLaq ( ,He is about to leave' ) . " une c. suff. alors qu ' el le est devenue par ailleurs extrêmement
marginale en contexte de futur ( cf . p. 57-65 ) . Il Y a là une

21
Idakl n' est pas employé ici avec sa valeur de pronom démons­ 22
tratif. Comme Ital, par exemple, il fonctionne aussi comme un Si Iwâsal/ est à la c. préf . , ou si le verbe qui suit est à
morphème de phrase, en l ' occurrence de début de phrase. la c. suff. , la construction a un tout autre sens, celui de "en
arriver à", "finir par".
210 Auxil iaires, particules verbales et préverbes Le futur 211

illustration supplémentaire de la valeur d' accompli de cette 8. IkQn w�sal bQS yigi met a mQt l).il-l).1 ( Q )
conjugaison : l ' événement imminent est donné métaphoriquement <il-était il-arriva pour il-vient quand il-mourut frère-lui>
pour achevé . Je ne sais si la tournure est ancienne mais je "Il était sur le point de venir quand son frère mourut"
n'en ai relevé aucun ex. chez De Soldanis ( 1755 ) et chez Stumme
( 1904 ) . En voici quelques illustrations :
14. Conclusion
1 . If -dIn ir-rdaccy5ni ma ° m�ra Üli w�slct bQS tisplccal
<dans-cel le-ci la-relation avec femme que elle-arriva pour Les différents morphèmes exprimant le futur en maltais ont deux
elle-finit> origines différentes qui peuvent se ranger dans deux classes
"Dans cette relation avec une femme qui est sur le point de sémantiques cel le des verbes "être" Uikan/) et cel le des
se terminer" verbes de mouvement Uséyyer/, Iser/, Ise/, /sal et IOad/ ) .
2. Wasa L t biex nitLef it-tempra ! ( Friggieri 1 986: 68) L' origine de Il).al reste controversée.
<j' arrivai pour je-perds le-sang-froid> Iser/, Isa/, Isel et Il).al attestent une usure phonétique
"Je suis sur le point de perdre mon sang-froid ! " d' anciennes formes soit participiales, soit verbales ( impéra­
3. ItrId t6l).u decizy5ni S sa-t� Omcl méta Dawa w�sal bQS yérgaO tif) et une morphologisation poussée.
lara lcyn l-;rdnil Le statut sociol inguistique et l ' uti lisation selon les ni­
<ell e-veut elle-prend décision quoi FUT-el le-fait quand lui veaux de langue de chacune des formes étudiées ont été mention­
il-arriva pour il -revient en-arrière vers l' ordre> nés : Iséyyerl est une forme littéraire en régression, Iserl se
"Elle doit prendre une décision sur ce qu' elle va faire quand trouve surtout parmi la population âgée, Isel et Isal sont les
il va être sur le point de revenir à l ' Ordre" variétés "standard" prestigieuses et Ihal tend à être dévalo­
4. u lenenha k ien se jikxifha l i waslet biex tibki ( ib id. risée comme dialectale ; likanl est utili � é par tous.
p. 1 25 ) Du point de vue des valeurs et du fonctionnement syntaxi­
<et voix (m. ) -elle il-était FUT i l-dévoile-elle que elle-ar- que des différents préverbes , particules et auxiliaires , nous
riva pour elle-pleure> avons vu qu' à moins qu ' une construction syntaxique particulière
"Et sa voix allait révéler qu' elle était sur le point de ( la phrase double conditionnelle) ne situe explicitement
pleurer" l' énoncé dans l' hypothétique, l'uti li sation de Iséyyerl et des
5. kienet waslet biex taqbad t idnak izda ma ssograx (p. 150) préverbes Iser/, Ise/, Isal et Il).al marque l' événement projeté
<elle-était elle-arriva pour e lle-saisit el le-rit cependant dans l' avenir comme certain et parfois comme imminent, associé
ne elle-ose-pas> à des valeurs modales de conviction ou d' intention. La particu­
"Elle était sur le point de se mettre à rire, mais elle n ' a le IOadl possède aussi une valeur de certitude, mais dans un
pas osé" avenir lointain. Une différence importante entre ces deux types
6. It-tokki taL -qanpiena fakkruh li é-é imiteru kien wasa l biex de marqueurs réside dans le fait qu' au premier peuvent être
jagnlaq ( p . 182) associés des marqueurs temporels précis : adverbes de temps,
<les-t intements de-la-cloche ils-rappellent-lui que le-cime­ dates, etc . , alors que le second ne tolère que des syntagmes
tière il-était il-arriva pour il-ferme> vagues comme "un jour", "une fois" .
"Les tintements de la cloche lui rappelèrent que le cimetière Avec likilnl nous pénétrons dans le domaine de l ' irréel
était sur le point de fermer" affirmé, de l ' éventuel, de l ' incertain, et des constructions
7. gzira l i kienet togngbu u l i issa k ienet waslet biex tmut syntaxiques dépendantes où l ' on trouve, entre autres, des
(p. 18) valeurs de conséquence logique. Il est absolument incompatible
<île que elle-était elle-plaît-lui et que maintenant elle­ avec la présence dans l' énoncé de marqueurs temporels de futur
était el le-arriva pour elle-meurt> quels qu'ils soient. La modalisation du syntagme est d' ailleurs
"Une î le qui lui plaisait et qui maintenant était sur le très poussée lorsque cet auxili aire entre en composition avec
point de mourir" le verbe Iyafl "savoir" , puisque likanl ne fonctionne plus que
212 Auxiliaires, particules verbales et préverbes

comme marque expl icite de la dépendance dans certains types de


subordonnées .
Nous avons vu également que la périphrase composée de
/ikan/ + préverbe + c. préf. , déf inie comme une marque de
l ' imminence par rapport à un autre événement, est en train
d' évoluer vers une expression du futur modal marquant l e
v. L'INACCOMPLI DANS LE PASSE
non-certain lorsqu ' i l n'y a pas d e référence à u n autre procès.
Enfin, la périphrase de l ' imminence composée de l°:::>ddl +
/séyycr/ + c. préf. est tombée en désuétude. Elle est remplacée
par une phrase complexe qui fait appel à un verbe de mouvement Remarques préliminaires
Iwasall "arriver" utilisé à la c. suff. , constructi on qui
Comme dans les autres dialectes arabes et en arabe classique,
semble en expansion.
c' est l e verbe "être" à la c. suff. , /kian/ en maltais , qui
permet de translater l ' inaccompli dans le passé lorsqu' i l est
suivi d ' un verbe à la c. préf. Nous verrons que le maltais
possède, en outre, dans certaines conditions, la possibilité
d'utiliser la c . préf. likanl de cet auxiliaire, ainsi qu'une
forme surcomposée : Ikian/ + likanl + c. préf.
Il n ' est pas inutile de rappeler la définition que donnait
M. Cohen ( 1924: 182) de l ' inaccompli dans le passé qu' i l nommait
"passé duratif" "il peut être le simple énoncé d'un fait
prolongé ou répété ; i l peut aussi décrire un procès en cours
d' accomplissement dans le passé ou une situation, et enfin
exprimer une habitude. " Ce sont ces deux dernières valeurs que
nous allons retrouver en maltais.
A la suite de 8lachère ( 1975: 246 ) , D. Cohen parle souvent
d' "exposant temporel" à propos du fonctionnement de Ikanal en
arabe, car il suffit qu' i l précède la première c. préf. d'un
énoncé pour que tous celles qui suivent soient situées dans l e
passé sans être elles-mêmes auxiliées. L e même phénomène est
attesté pour le maltais avec Ikian/. Des ex. en ont été donnés
(p. 61-2) à propos de la c. préf. ; en voici quelques autres :

1. /k�nu iwal).l).lu gébla s5da u yaOmlu bicca °adal


< ils-étaient i ls-fixent pierre solide et i ls-mettent morceau
bois>
"Ils fixaient une pierre solide et ils mettaient un morceau
de bois"
2. fejn nies ié-éirku kienet titbeL lah u titbahrad (O. Calleja
1972: 1 1 )
< o ù gens le-cirque e lle-était elle-devient-foll e e t elle­
fait-la-fête>
"Où les gens du cirque faisaient les fous et faisaient l a
fête"
214 Auxiliaires, particules verbales et préverbes L' inaccompli dans le passé 215

Sauf le cas particulier des verbes et pseudo-verbes à Dans un énoncé négatif, c' est l ' auxiliaire /k[;ïn/ qui est
conjugaison par pronoms suffixes avec lesquels /k�n/ demeure muni du morphème discontinu de la négation :
invariable (voir p. 413-4 et 418 ) , /k�n/ connaît les mêmes
règles d' accord en personne, genre et nombre avec le sujet que 8. /infatti ma-bnnil-s n::>?Obdu cmm/ ( l , 80)
le verbe auxilié. Par contre, ces règles sont un peu plus "sou­ <en-fait ne-nous-étions-pas nous-restons là>
ples" pour l ' accord en nombre à la 3ème pers . et l ' auxiliaire "En fait, nous ne restions pas là"
n ' a pas toujours la désinence finale du pluriel , ceci de 9. L-arL ogg Li keL L i ma k ien jiswa' xejn (O. Calleja 1972: 132)
manière plus fréquente dans les parlers villageois de Malte et <la-montre (m. ) que j' avais ne il-était il-vaut rien>
de Gozo. A l ' écrit, l ' accord en nombre est toujours respecté l : "La montre que j' avais ne valait rien"
10. nadd ma k ien ina L L ih idoqq iL-vjo L in ( ibid. p. 28)
3. /k�n islru malayr/ <personne ne i l-était il-Iaisse-Iui il-joue le-violon>
<il-était i ls-cuisent vite> "Personne ne le l aissait jouer du v iolon"
"Ils cuisaient vite" 1 1 . /[ga] l-lémbi al)na ?att ma-kbnna nnaddfÛ-l) prcclz/ 0 ,
117-8)
L' auxi l iaire /k�n/ est en construction asyndétique avec le <dedans la-cuvette (m. ) nous jamais ne-nous-étions nous-net­
verbe auxilié, mais il peut en être séparé par des adverbes ou toyons-l ui précis>
des conjonctions : "Dans la cuvette, nous, jamais, nous ne la nettoyions préci­
sément"
4. /oas kbnna °ad-na n:J?Obdu taO gantan/ 0, 222-3)
<car nous-étions encore-nous nous-habitons ta' Gantun> La seule exception à cette règle provient de la présence
"Parce que nous habitions encore à Ta' Gantun" de l ' adverbe /tant/ "tant, tellement, autant" dans la phrase,
5. Kont gnadni nteLLa' u nnizzeL naééettax i L -proposta ( O . Cal­ car c' est toujours celui -ci qui porte les éléments de la
leja 1972: 96) négat ion verbale (Fenech 1978: 78 ) :
<j' étais encore-moi je-fais-monter et je-fais-descendre j ' ac­
cepte-quoi la-proposition> 12. /dak il-l)bbz ma-tant-s k�n yibbils bl)al taO-llilm/ ( l , 240-1)
"Je pesais encore le pour et le contre ( pour savoir) si <celui-là le-pain ne-tant-pas il-était il-durcit comme de­
j' acceptais la proposition" aujourd' hui>
6. /il-ballata l-kblra ma-kina-s d�yycm yuzaw_Oa °al-I-byÛt/ "Ce pain ne durcissait pas autant que celui d' aujourd' hui"
<la-masse la-grande ne-ils-étaient-pas toujours ils-utiU­
sent-elle pour-Ies-terrasses>
1. Le procès en déroulement dans le passé
"La grande masse, ils ne l ' uti lisaient pas toujours pour les
terrasses"
La périphrase composée de /k�n/ + c. préf. peut simplement
7. /kilnu ycw ifI?u aImÉnu l-ugIl) li k�W:Jm k[;ïn imÛr/
"décrire un procès en cours d' accomplissement" dans le passé .
<i ls-étaient ou ils-guérissent au-moins le-mal que i ls­
J ' en ai surtout relevé des exemples à l ' écrit :
avaient i l-était il-va>
"Ou bien ils guérissaient ou au moins le mal qu ' il s avaient
1. /raw li d-dcmm taO-r-ragcl il -m�yyct k�n yasal sa ?uddilrn
s ' en allait"
il-bilb tal)-l):Jm/
<i ls-virent que le-sang de- l ' homme le-mort il-était il-arrive
jusque devant la-porte de-eux>
"Ils virent que le sang de l ' homme mort arrivait jusque
1 devant leur porte"
Je rappelle que j' ai tout de même relevé un exemple chez un
2. Spuzjoni k ien jonqos ! ( O . Calleja 1972 : 116)
écrivain, où c' est l ' accord en personne qui n'a pas été fait
<explosion il-était il-manque>
( voir p. 1 45 ) .
216 Auxi liaires, particules verbales et préverbes L' inaccompl i dans le passé 217

"Il ne manquait plus qu' une explosion ! " "Et le vent emportait la paille au loin"
3 . mnejn daqq ta' vjal in imnikket k ien jitn iehed f i L -beran. 7. Ibnt inkGn fcrl)�nal C I , 42)
( ibid. p. 13) <j' étais je-suis contente>
<d' où son de violon triste il-était il-soupire dans-le-plein­ " J ' étais contente"
air> 8. Idïk I-imbirka taO caPa mOus déyycm k6nct tkun ?rïb taO­
"D ' où le son d ' un violon triste sanglotait dans l ' espace" t-tr6?1
4. L-atturi kienu jinqdew xi "trama" mfassLa minn qabeL ( Frig­ <celle-ci la-bénie de champ (f. ) ne-lui-pas toujours elle­
gieri 1972: 184 ) était elle-est proche de-le-chemin>
<les-acteurs ils-étai ent i ls-se-servent quoi "trame" plani­ "Ce champ béni, ce n' est pas toujours qu' il était proche de
fiée de avant> la route"
"Les acteurs se servaient d' une trame conçue d' avance" 9. II-ocr6bc1 I-:Jl)ra k6nu ikGnu bicca gilda mta??bal
<les-tamis l ' autre ( f . ) ils-étaient ils-sont morceau peau
perforée>
2. La valeur de passé d'habitude
"Les autres tamis étaient des morceaux de peau perforée"
Dans un récit, la construction avec Iki8nl + c. préf. marque
très souvent que le procès où l ' état dont il est question était 3. /ik On/ + conjugaison préfixale dans un récit
effectué habituellement dans le passé. Des ex. de ce type sont
surtout apparus dans mes corpus oraux. Ceci est lié à la nature En contexte de narration, la construction avec la c. préf. de
des enregistrements qui comportent un certain nombre de récits l' auxi liaire Iki8nl peut être utilisée avec une valeur d' habi­
d' anciennes pratiques et traditions tude dans le passé, à la place de la périphrase avec Iki8nl +
2
c. préf. Elle est apparue autant dans des propositions consé­
1. Kant tissindikaLha kuU pass li tagn.meL ( O . Calleja 1972: 52) cutives ( voir les nombreux ex. dans le premier texte du corpus
<tu-étais tu-épies-à-elle chaque pas que elle-fait> en annexe p. 434 sq) que dans des relatives ou des complétives
"Tu l ' épiais à chaque pas qu ' elle faisait" et n ' a été relevé dans cet emploi que dans la langue parlée,
2. Ikc1I fm-08m bi-s-scrycta bl)�lma ki8n ikéllcm iii Q.att61):Jrl chez tous les locuteurs. Mon informatrice de La Valette consi­
<il-parla-eux avec-le-sérieux comme-que il-était il-parle à dère l' emploi de likGnl comme "incorrect" s ' i l est situé juste
un-autre> après une construction avec l ' auxiliaire Iki8nl comme dans l e
"Il leur a parlé avec sérieux comme il parlait aux autres" 1er ex. ci -dessous :
3. Iwa?t il-[wére1] k6nct iddal)Q.l-il-na dawn il-ftayyar isÎrul
C I , 141-2) 1. Iki8n gcy tkun tar�-l) gcy minn fu? il-bal)arl
<pendant le-témoin elle-était elle-fait-entrer-à-nous ceux-ci <il-était venant tu-es tu-vois-Iui venant de sur la-mer>
les-petits-pains ils-cuisent> "Il était en train de venir, tu le voyais en train de venir
"Pendant le test, elle nous enfournait ces petits pains pour au-dessus de la mer"
qu ' i ls cuisent" 2. Idïn anna u ir-r�gc1 tal)-l)a ikUnu [ yéQ.du ] I)si8b il-l):Jbzl C I ,
4. Ik:Jnna ncémplu ?anp6na zOÎral 187-8 )
<nous-étions nous-sonnons cloche petite> <celle-ci Anna et l ' homme de-elle ils-sont ils-prennent pen­
"Nous faisions sonner une petite cloche" sée le-pain>
5. Iii ?abc1 in-n6s f:J?ra k6nu isayyrG-°:Jm uk:Jlll "Cette Anna et son mari, ils s ' occupaient du pain"
<que avant les-gens pauvres ils-étaient ils-font-cuire-eux
aussi>
"Qu' avant les gens pauvres faisaient cuire aussi"
2
6. lu r-ri(1) ki8n ig:Jrr it-tfbcn il b:J°8dl Nous avons vu dans le chapitre précédent que la construction
<et le-vent il-était il-emporte la-paille à loin> exprime aussi un futur modal.
L' inaccompli dans le passé 219
218 Auxiliaires, particules verbales et préverbes

"Les gens, comment savaient-ils que là-haut, le meunier


3. lu kin-émm l-::>l).rayn dawk li ikUnu iscrvu n-nilisl
allait moudre 7"
<et il-était-Ià les-autres ceux-là que ils-sont ils-servent
2. Bis-sabar biss ma kienx ikun jaf l i jien naf ( Friggieri
les-gens>
1986: 137 )
"Et il y avait les autres, ceux qui servaient les gens"
<avec-Ia-patience seulement ne i l-étai t -pas il-est il-sait
4. II-éwwc 1 s::>°l iyy6t t6°-i kilin f-I-ambyént li bnt naf l . l . .

que moi je-sais>


funcr�l taO tr�bi li ikOnu imOtu kulyOm dak iz-zm�nl
"Par l a patience seulement, i l ne savait pas ce que je sais,
<les-premiers travaux de-moi il-était dans-l ' environnement
moi"
que j' étais je-sais l l enterrement de bébés que ils-sont
. . .

ils-meurent chaque-jour celui- là le-temps>


"Mes premiers travaux, c ' était sur l ' environnement que je 5.2. Avec les verbes à conj. suffixale et préfixale
connaissais l ' enterrement des bébés qui mouraient tous
les jours en ce temps-là" Parfois, la forme surcomposée est utili sée de mamere redon­
5. Ikéllu sél).ta y::>rdn�-l-ck il-l).asIsa li tkun t°::>dd °al-marda dante pour exprimer le passé d' habitude avec des verbes qui ont
une c. suff. et préf. et pour lesquels cette construction n' est
< il-avait jet il-ordonne-à-toi l ' herbe que elle-est elle­ pas nécessaire. Je n'ai relevé qu' un petit nombre d' exemples
compte pour-Ia-maladie de-toi> chez des locuteurs âgés de Gozo, mais la périphrase serait plus
"Il avait un don pour te prescrire l ' herbe qui convenait pour répandue parmi la population malta ise, quoiqu' en régression et
ta maladie" sentie comme archaïque, au dire de mon informatrice de La
Valette :
4. /kI;:in/ et les verbes sans conjugaison suffixale
1 . IOa-z-zarao k6nct tkLin tiswa mit?la déocbl
<pour-l' orge elle-était elle-est elle-vaut poids or>
Les verbes qui n ' ont plus en maltais de c. suff. expriment
"Pour l ' orge, elle valait son pesant d' or"
l ' aoriste au moyen de l ' auxiliaire IkI;:inl :
2. If-I-imo;ddi dawk li k6nu ikUnu ylgu ycw il-pir�ti taO-I­
bal).ar ycw il-l).allc1In dawn k6nu gcncralmént i OÎdu déyycm it­
1. lil-mara t6°-i ?att ma-k6nct taf issayyarl ( Q )
t;r::>kl
<la-femme de-moi jamais ne-elIe-était elle-sait elle-cuit>
<dans-le-passé ceux-là que ils-étaient ils-sont ils-vi ennent
"Ma femme n'a jamais su faire la cuisine"
ou les-pirates de-Ia-mer ou les-voleurs ceux-ci ils-étaient
2. 15 kilin yism-u t-tifc11
généralement ils-disent toujours les-Turcs>
<quoi il-était i l-s' appel le-Iui l ' enfant>
"Dans le passé, ceux qui venaient, ou bien les pirates de la
"Comment s ' appelait l ' enfant 7"
mer, ou bien les voleurs, ceux-ci on les appelait générale­
ment, toujours les Turcs"
5. La forme surcomposée /kI;:in/ + /ikOn/ 3. Ikin-émm w6l).cd li kéllu 5 ya?sam mac si 6l).::>r f;rsi k6nu
ikUnu irldu l-istéss sébbal
5.1. Avec le verbe /yaf/ "savoir " <il-était-Ià un que i l-avait quoi il-partage avec quoi autre
peut-être i ls-étaient ils-sont i ls-veulent la-même jeune-
Quand on veut exprimer un inaccompli dans le passé d' habitude fi lle>
avec ce verbe sans c. suff. , il est possible d ' utiliser une "Il y avait quelqu'un qui avait quelque chose à voir avec
forme surcomposée avec IkI;:inl + likUnl + c. préf. quelqu' un d' autre, peut-être qu ' ils voulaient la même jeune
fille"
1. lin-n6s kïf k6nct tkun taf li cmm fu? taO-I-mltl).na l).a­
yltl).anl
<les-gens comment elle-était e lle-est elle-sait que là sur
de-Ie-moulin FUT-iI-moud>
-

Auxiliaires, particules verbales et préverbes L' inaccompli dans le passé 221


220

5.3. Avec les verbes /b a?ao/ "rester" et /sp i cca/ "finir" "Et ils ne manquaient ni de divert issements . . . "
2. Gna L l - iskop tagnna niendu l -popLu k o L l u f'daqqa u nsibu U
kien gnadu nieqes wisq mit-tagnUm ( ib id. p. 108)
Pour ces verbes dont la c. suff . exprime un parfait présent
(voir p. 51-5 ) , le passé d' habitude se forme au moyen de la <pour-Ie-but de-nous nous-prenons le-peuple tout-lui dans­
coup et nous-trouvons que il -était encore-lui manquant très
forme surcomposée : Ik�nl + likOnl associée à la c. suff. et
de-l' enseignement>
non plus à la c. préf. Dans l ' ex. avec Isplccal ci-dessous, la
"Pour notre propos nous prendrons le peuple d ' un bloc, et
forme a, en plus, une valeur d' antériorité par rapport au
nous nous rendrons compte qu' i l manquait encore trop d' édu-
procès qui suit dans l ' énoncé :
cation"
3. Ik6nu nï?sIn mil-l-flOsl
1. Inal)scb li k�n ikOn ba?aO-I-Oa 5 taOmd b-dâk it-tl)Înl
<ils-étaient manquant ( pl . ) de- l ' argent>
<je-pense que il-était il-est il-resta-à-elle quoi elle-fait
"Ils manquaient d' argent"
avec-celui-Ià la-mouture (m. »
"Je pense qu' i l lui restait quelque chose à faire avec cette
mouture" Un exemple de forme surcomposée avec Ik�nl + likŒnl a
2. lu dâk fal)am milli k�n ikOn splcca zm�n u mal)rO? izidU-l)
également été relevé, avec, semble-t-i l , la même valeur de
fl imk6n maO-I-glr u mao-d-dcffUnl passé d' habitude :
<et celui-là charbon de-que il-était il-est il-a-fini temps
et brûlé ils-ajoutent-Iui ensemble avec-Ia-chaux et avec-Ia­ 4. minbarra l i kienet tkun nieqsa L -kwaUta' kienet tkun n ieqsa
wkoU il -kwantita' ( IL-Mument 15 . 2. 1987, p. 1 0 )
poterie>
"Et c' était du charbon de bois qui était fini et brûlé. Ils <outre que elle-était elle-est manquant (f. ) la-qualité elle­
l ' ajoutaient ensemble à la chaux et à la poterie" était elle-est manquant (f. ) aussi la-quantité>
"Outre que la qualité manquait, la quantité manquait aussi"

6. /k�n/ + /n6 ?cs/ "manquant"


7. L' inversion de l 'ordre auxiliant - auxilié
Le verbe Ina?asl "manquer" présente un cas particulier dans le
système verbal du maltais. C' est , en effet, la forme du parti­ Dans tous les exemples étudiés jusqu ' à présent l ' ordre des
cipe actif In6?csl et jamais celle de la c. préf . selon mon termes de la périphrase était auxiliant auxilié. Il peut,
informatrice de La Valette, qui est employée avec l ' auxiliaire cependant, arriver que l ' auxi l iaire Ik�nl soit rejeté après l e
likŒnl lorsqu' on veut exprimer le passé d' habitude. Nous avons verbe auxilié o u même tout à fait e n fin d' énoncé. J ' en a i
vu au § 1 ci-dessus un ex. (n° 2, p. 155 ) où c ' est la c. préf. relevé 4 ex. dans mon corpus, 3 à l ' oral e t u n dans un dialogue
qui suit Ik�nl mais avec une valeur de simple déroulement dans d' une p ièce de théâtre. Ils ont été commentés comme étant plus
le passé et non pas d' habitude. Il faut aussi remarquer que la expressifs qu' avec l ' ordre neutre, mettant en relief le verbe
construction Ik�nl + In6?csl n' exprime en aucune façon le pro­ auxilié, ce que j ' ai essayé de rendre par la tournure du fran­
gressif dans le passé comme pour les verbes de mouvement et çais régional ( "pieds-noirs" d' Algérie) "à faire, qu' i l était".
d' attitudes (voir p. 97 ) . Selon M. Cohen 0924 : 193-7 ) , l ' utili­
1. Dejjem tgnasses madwaru kienet ( O . Calleja 1972: 58)
sation de l ' auxiliaire Ikanal et d ' un participe actif est
<toujours el le-surveille autour-lui elle-était>
relativement fréquente dans les dialectes arabes orientaux pour
"Toujours à le surveiller qu ' e lle était ! "
exprimer un passé d' habitude, mais plutôt rare en maghrébin.
2 . /imma inl)addim-oa k::mU
1. u Lanqas ma kienu neqsin m id-divertimenti ( Cassar-Pul licino
<mais je-fais-travailler-elle j' étais>
1947: 103 ) "Mais à la faire travai ller que j' étais !"
3 . /oâs dâk yinzd b-k;lbs k�nl
<et moins ne ils-étaient manquant (pl . ) de-les-divertisse­
ments> <car celui-là il-descend avec-tout il-était>
-

222 Auxiliaires, particules verbales et préverbes L' inaccompli dans le passé 223

"Parce gue ce} ui-Ià à de scendre avec tout qu ' il était ! " /k�n/ suivi d ' un verbe à la c. préf. peut aussi s'ut iliser
,
4 . /y�n t�O-i dcyycm niSfu- I-i almÉnu k�nu/ dans l' apodose d'une irréelle du passé ou d' une éventuelle
<moi de-moi toujour s ils-sèc hent-à -moi au-moi ns i ls-étai ent> alors que le verbe de la protase est à la c. préf.
"Moi, les miens, toujour s à me sécher au minimu m qu' Ces constructions relèvent de la langue parlée et ne sont
ils
étaien t !" pas tolérées dans la langue écrite, sauf si, comme dans l ' ex. 1
ci-dessous, l ' auteur fait parler un enfant. Bien que considérés
8 . Emplois modaux : l ' hypothétique comme incorrects par les autor ités normatives, ces emplois ne
sont pas jugés choquants par mon informatrice de La Valette
Dans les phrases doubles conditionnelles marquant l' irréel du
passé, le verbe de l ' apodose est toujours utilisé avec l ' auxi­ 7. Kieku forsi kont nghidlu jtini wiehed ( O . Calleja 1972 : 8 )
l iaire /k�n/ lorsqu' un verbe à la c. suff. f igure dans la <si peut-être j' étais je-dis-à-lui il-donne-moi un>
protase : "Si peut-être je, lui avais ,
demandé, il m ' en aurait donné
, un"
'
8. /oas inkélla k�ku ibll"::Jm si ?mïs bl).al taO llum k�ku3 k�nu
1 . Kieku bqajt hemm kont immut b id-dah q (O. Calleja y�l).du cmayra/
1972: 38 )
<si je-res tai là j ' étais je-meu rs avec-l e-rire > <car autrement si ils-ont quoi chemises comme de aujourd' hui
"Si j ' étais resté là, je serais mort de rire" si ils-étaient i ls-prennent rhume>
2. li ma dahhal tx rasi minn go fiha ma kontx ninteb "Parce qu' autrement s' ils avaient eu des chemises comme
ah ( ibid. celles d' aujourd' hui ils auraient attrapé un rhume"
p. 1 1 6 )
<si n e je-fais -entrer-pas tête-m oi d e dedans dans-e 9. /oas ki tl).allI-1). I).afna I-I).::Jbz k�n inawwar/ 0, 226-7 )
lle ne <car si tu-laisses-lui beaucoup le-pain i l-était i l-moisit>
j' étais-p as je-m ' aperço is>
"Si je n ' avais pas passé la tête dedans , je ne m ' en serais "Parce que si tu le laissais longtemps le pain moisissait"
pas aperçu"
3. /k�ku k�l1i s::Jld bnt n�hd-u °and 8mm-i / 9. Un calque de l'anglais "he used ta"
<si j ' avais sou j ' étais je-prends- Iui chez mère- moi>
"Si j ' av � i s eu un sou je l ' aurais apport é à ma mère" Il faut également signaler une construction directement calquée
4. /li lal).a?-ni s k�n yaOmiI -l-i/ ( V , poème n° 3 ) de l ' anglais, et qui a été utilisée par l ' aumônier d ' un lycée.
<si il-rattrapa-moi quoi i l-était i l-fait- à-moi> Elle est ressentie comme pédante, incorrecte et, disons-le,
"S'il m' avait rattrapée, que m' aurait -i l fait 7" risible par les autres informateurs, et serait caractéris­
tique de beaucoup d' ecclésiastiques. Il s ' agit de l ' emploi du
Il en va de même dans les phrases expri mant une supposi­ verbe /Uza/ "utiliser", à la c. préf . , comme auxiliaire du
tion où se trouve la particule /k�ku/ dans le sens de "sinon" : passé d' habitude, précédé de /k�n/. Si l ' énoncé est déjà situé
dans le passé, /k�n/ peut être omis, mais pas /Uza/ :
5 . ghax k ieku kont tehedha int ( O. Calleja 1972:51 )
<car sinon tu-étais tu-prends-elle toi> 1 . /k�nu yuzaw Y8?t lu il-mayy�l/
"Parce que sinon tu l ' aurais prise toi" <ils-étaient ils-utilisent i ls-tuent le-cochon>
6. /oas k�ku ma-bnn�-s nissap8rtu/ 0 , 241-2 ) " Ils avaient l ' habitude de tuer le cochon"
<car si ne-nous-étions-pas nous-supportons> 2. /b8sta yuzaw im8rru fi-l-buskétt yiddcv�rtu/
"Parce que sinon nous ne l ' aurions pas supporté" <nombreux ils-utilisent ils-vont dans-Ie-Buskett ils-se-di-
vertissent>
I l arrive également que la périphrase figure dans la
protase de phrases conditionnelles dans l ' irréel du passé, même
lorsque le verbe de l ' apodose est à la c. préf.
3 /k�ku/ peut éventuellement être repris en tête de l ' apodose.
---

224 Auxiliaires, particules verbales et préverbes

"Beaucoup avaient l' habitude d' aller dans le bois de Buskett


se divertir"

10. Conclusion

Dans la grande majorité de ses emplois, la périphrase /kian/ +


c. préf. est conforme à ce que l ' on en sait dans les autres VI. L'ANTERIORITE ET L' ACCOMPLI FUTUR
dialectes arabes à savoir procès en déroulement dans le passé
et passé d' habitude exprimant une action qui se répète dans le
passé. 1. Le "passé de deuxième degré"
Cette construction peut également avoir des emplois modaux
dans les phrases doubles hypothétiques, irréelles ou éven­ Remarques préliminaires
tuelles.
Le maltais connaît aussi certaines formations qui semblent L' antériorité d ' un procès ou d' un état par rapport à un autre
plus originales : la possibilité d ' utiliser l ' auxiliaire à la peut se situer sur l ' axe temporel du passé . Nous avons vu
c. préf . dans un récit pour exprimer le passé d' habitude . ( p . 47-8) que dans un récit à l ' aoriste l ' antériorité d ' un
l ' exis�ence d' une forme surcomposée /kian/ + /ikOn/ + c. préf : procès par rapport à un autre n' était pas forcément marquée
. dans la morphosyntaxe de la langue et qu' un verbe à la c. suff .
( en regress l On ) , expression redondante du passé d ' habitude. Des
développemen ts sont l iés au statut particulier de certains pouvait suffire à remplir cette tâche. Cependant, le maltais
verbes : valeur d ' aoriste de /kian/ + c. préf. pour les verbes fait souvent appel à des périphrases verbales selon une distri­
sans c. suff. valeur de passé d' habitude pour la forme bution rigoureuse.
surcomposée suivie d' une c. suff. exprimant le parfait présent L' instance du récit présente, en effet, un système parti­
pour deux verbes /bi.?ao/ "rester" et /spicca/ "finir" ; divi­ culier suivant les autres conjugaisons util isées dans l ' énon­
sion pour le verbe /ni.?as/ "manquer" entre procès en déroule­ cé, le maltais utilisera des périphrases différentes pour mar­
ment dans le passé exprimé au moyen de /kian/ + c. préf. et quer l ' antériorité d ' un procès par rapport à un autre.
passé d' habitude exprimé avec /kian/ et le participe actif.
Enfin, nous avons vu une formation expressive, par renver­ 1 . 1. /kian/ + conjugaison suffixale
sement de l ' ordre des termes auxil i ant - auxilié.
Dans un récit à l ' aoriste ou dans le discours, lorsqu' on veut
explicitement marquer l ' antériorité d ' un procès ou d ' un état
par rapport à un autre, le maltais utilise, comme l ' arabe
classique ou l ' arabe dialectal, le verbe "être" à la c. suff . ,
/kian/, suivi d'un verbe à la c. suff. M. Cohen ( 1924: 173 )
soulignait qu ' en arabe maghrébin la périphrase "ne s ' emploie,
en général, qu' avec une idée de particulière insistance sur le
résultat , ou en tête de récit, place où kan "il y avait" figure
usuellement. Elle paraît très rare en proposition subordonnée . "
En maltais, sans être obligatoire, l a forme est largement
répandue et elle fonctionne sur l ' axe temporel comme un passé
de deuxième degré dans tous les types de propositions.

La négation s ' obtient en ajoutant le morphème discontinu


de la négation verbale à l ' auxil iaire.
p

226 Auxiliaires, particules verbales et préverbes L' antér iorité et l' accompli futur 227

1 . 1 . 1 . En proposition principaLe ou indépendante 1.1 .2. En propositions subordonnées

Pour marquer l ' antérior ité, la périphrase composée de Ikianl + La périphrase verbale est aussi souvent utilisée dans des
c. suff . est plus fréquemment utilisée que l a c. suff. simple propositions subordonnées, contrairement à ce que M. Cohen
en proposition indépendante ou principale dans le récit, et pas avait constaté pour les dialectes maghrébins. Dans mon corpus
nécessairement en tête de celui-ci, ainsi que dans le discours. sa fréquence est pratiquement la même que dans les propositions
principales. Des exemples de la forme composée du passé de
1. Kienu wissewni izda ( O . Calleja 1972: 158) deuxième degré ont été relevés dans des relatives , des complé­
<ils-étaient ils-avertirent-moi cependant> tives, et des subordonnées circonstancielles de cause :
" I ls m' avaient averti cependant"
2. Kontu nsejtuni ? ( ibid. p. 135 ) 1 . Kul1'i.add beka fuq dawk l-i msejkna l i kienu tilfu 1'i.ajjithom
<vous-étiez vous-oubliâtes-moi> ( O . Calleja 1972: 25 )
"Vous m ' av iez oublié ?" <chacun i l -pleura sur ceux-là les-pauvrets que ils-étaient
3. Ik;nna sirirna mao-I-mara t60-ul i ls-perdirent vie-eux>
<nous-étions nous-émigrâmes avec-la-femme de-lui> "Tout le monde a pleuré sur ces pauvres gens qui avaient
"Nous avions émigré en compagnie de sa femme" perdu la vie"
4. Igia s-surmast i l-kblr u k;nna diga tOalllmna l-alfabéttl 2. fUt ilu ne1'i.1'i.a l -g1'i.anqbut l i k ien trabbiel u bejn il -1'i.gieg
<il-vint le-maître le-grand et nous-étions déjà nous-apprîmes tan-nuééal i ( ibid. p. 47 )
l ' al phabet> <peu depuis-lui i l-enleva la-toile-d' araignée ( m . ) que il­
"Le directeur est venu alors que nous avions déjà appris était il-est-élevé-à-Iui entre les-verres de-les-lunettes>
l' alphabet" "Peu avant, il a enlevé la toile d' araignée qui lui avait
5. I;mm-u k6nct ?alt-I-ul poussé entre les verres des lunettes"
<mère-lui elle-était elle-a-dit-à-Iui> 3. Kissirt l -unika wa1'i.da s1'i.i1'i.a li kien baqa' ( ib id. p. 116)
"Sa mère lui avait dit" <tu-cassas l ' unique une entière que il-était il-resta>
6 . lu mfnfbk sé!).ct mel!). ga!).an kian sé!).ct SI glr g::>-l-kaldaranl "Tu as cassé la seule entière qui restait"
<et au-lieu-de il-jeta sel Cahan i l-était il-jeta quoi chaux 4. lu f-I-a!).!).ar indunaw li ga!).an di-d-darba kian laob-o::>ml ( I I ,
dedans-le-chaudron> 42-3)
"Et au lieu de jeter du sel, Cahan avait jeté de la chaux <et dans-le-dernier ils-s' aperçurent que Cahan cette-la-fois
dans le chaudron" i l-était il-joua-eux>
7. Imiss6r-i ?att ma-k6n mar fcyn frcncl "Et f inalement ils s' aperçurent que Cahan, cette fois-ci , i l
<père-moi jamais ne-il-était i l-alla où Frene> s' était joué d' eux"
"Mon père n' était jamais allé chez Frené" 5. I!).asbu llli dak ir-r§.gel kian wa?aO fi-I-blr °as kian fi-s­
8. Karti ta' l-ezami tal -GCE '0' Leve l kienu nbieg1'i.u l il sakral
studenti ( l l -Mument 15. 2. 1987, p. 1 ) <ils-pensèrent que celui-là l ' homme i l-était i l-tomba dans­
<papiers d e l ' examen de-Ie-GCE " 0 " Level ils-étaient i l-ont­ le-puits car il-était dans-l' ivresse>
été-vendus à étudiants> " I ls pensèrent que cet homme était tombé dans le puits parce
"Des papiers de l ' examen du GCE "0" Level avaient été vendus qu' i l était soûl"
à des étudiants" 6. [ bacca mâ-qal séI mllli klen sama l ilQûtu] ( Stumme 1904 : 5 ,
9. [klm-ba>âlu blcca wa!).eda, i lba!).ar k�llu !).adûlu] ( Stumme 1 . 20-21 )
1904 : 38, 1. 20) <Boééa ne-il-a-dit rien de-que i l-était i l-entendit à-frères­
<i l-était-il-resta-à- Iui morceau une-elle, la-mer (m. ) tout- lui>
lui i l-pr it-Iui-à-lui> "Boééa n'a rien dit de ce qu' i l avait entendu à ses frères"
"Il lui était resté un seul morceau, la mer lui avait tout
emporté"
-----

228 Auxiliaires, particules verbales et préverbes L' antériorité et l ' accompli futur 229

7. IOandi y�n il-bank cas al:ma k;nna bOatna nOldu al;na f;rsi 1 . lanka tinya nlzlct kfunctl
dfÉ:yn lÎral <même Tania elle-descendit elle-était>
<chez-moi moi la-banque car nous nous-étions nous-envoyâmes "Même Tania était descendue ! "
nous-disons nous peut-être deux-mille l ire> 2 . lu kcccÉ:w-l; k6nul
" J ' en ai moi à la banque, parce que nous avions envoyé, par <et i ls-chassèrent-Iui ils-étaient>
exemple, peut-être 2000 lires" "Et ils l ' avaient chassé ! "
8. Ifltis ::Jl;rayn l;att ma-ri lzycd Cas kfunu gabru-°::Jm in-n6s digal 3. Inal;scb l i f;rsi dam l;misâs y c w °::Jsrln sena k�nl
<argent ( coll. ) autres personne ne-il-vit plus car i ls­ <je-pense que peut-être il-dura quinze ou vingt an il-était>
étaient ils-ramassèrent-eux les gens déjà> "Je pense que peut-être ça avait duré lS ou 20 ans !"
"D' autre argent , personne n' en a plus vu parce que les gens
l' avaient déjà ramassé" 1.2. /ik a n/ + conjugaison suffixale
9. loUwa ma-k61-s il-l;uta °al6s ma-k6n-s iffyakkal ( Q )
<lui ne-i l-mangea-pas le-poisson (f. ) parce-que ne-il-était­ Lorsqu' i l ne s' agit pas d'un récit d' événements présentés comme
pas il-fut-affamé> achevés mais d ' un récit de faits habituels ou envisagés dans
"Lui, il n ' a pas mangé le poisson, parce qu' i l n' était pas leur déroulement, le maltais emploie alors l ' auxiliaire "être"
affamé" à la c. préf . likUnl devant un verbe à la c. suff. , pour
10. lu ma-rldt-s li n;?°::Jd cmm Cas bnt sbaytl marquer l' antériorité d'un procès par rapport à un autre. Le
<et ne-je-voulus-pas que je-reste là car j' étais j' en-eu­ verbe qui précède dans l ' énoncé est à la c. préf. , accompagné
assez> ou non de l' auxiliaire Ik�n/. Je n ' en ai relevé aucun exemple
"Et je n'ai pas voulu rester là, parce que j ' en avais assez" dans les textes écrits, mais cela est lié au choix des textes
Il. Iy�n ma-m;rt-s °alÎ-oa c as k�n sar il-l;Inl que j ' ai fait pour ce travai l et non au caractère oral de la
<moi ne-j ' allai -pas pour-elle car il-était il-devint le-temps> périphrase. Il faut noter que la forme se rencontre aussi bien
"Moi, je n ' y suis pas allée, parce qu' il était temps ( de en proposition principale ou indépendante qu' en subordon- nées.
partir)" Dans ce dernier cas elle est interdite, avec cette valeur
12. II-cwnÉ:tt k6nu taO -n-nÉ:wl li k6nct °amlit-°::Jm in-nannal 0, d' antér iorité dans le passé, dans les propositions finales
70- 1 ) ( voir p. 236)
<d' abord ils-étaient de-le-tissage que elle-était elle-fit­
eux la-grand-mère> 1. Ifi-l-05du km6ni dïk il-l;mIra [ itkUn) iml6t i z-zlngla
"D' abord ils étaient tissés ceux qu' avaient faits ma grand­ k;ll-oal 0, 32-4)
mère" <dans-Ie-matin tôt celle-là la-levure ell e-est elle-a-rempli
la-cuvette tout-elle>
"Tôt le matin, cette levure avait rempli toute la cuvette"
1.1.3. L' inversion de [ ' ordre auxU iant - auxiUé
2. IOal-l-l;abta taO mÉ:yyu dan iz-zarao ikUn twal dak l-érbao
Dans un petit nombre d' énoncés ( trois au total dans mon corpus) p6di u ikOn bÉ:da yiff;rma z-zbOl a sabIha sablhal
l ' auxi liaire a été placé après le verbe auxilié ou tout à la <pour-le-coup de mai celui -ci l ' orge ' (m. ) ii-est long celui­
fin de l ' énoncé. Il s ' agit, comme pour les ex. relevés avec la là les-quatre pieds et i l-est i l-commença i l-forme l ' épi ( f . )
particule 1?6°cdl (p. 133 ) et l ' auxiliaire Ik�nl (p. 221-2) belle belle>
d' une tournure fortement expressive. Ces énoncés ne semblent "Début mai, cette orge était haute de 4 pieds et elle avait
pas être propres à une partie seulement de la population mais commencé à former un très bel épi"
ils sont le fait de différentes couches sociales et tranches 3. Ibnt n6l;u l;s6b-u imma la ikOn wasal iz-zm6nl
d' âges ( dans mon corpus une secrétaire de la Valette de 27 ans, <j' étais je-prends pensée-lui mais puisque il-est il-arriva
un paysan de Mell iena de 6S ans, une étudiante de Mgarr de 20 le-temps>
ans ) :
»

230 Auxil iaires , particules verbales et préverbes L' antériorité et l ' accompli futur 231

"Je m ' occupais de lui , mais puisque le temps ( de la mort ) compli, à exprimer le futur antérieur . Il est utilisé ainsi
était arrivé" dans l ' ensemble des langues sémitiques occidentales, même dans
4. /k6nu y61;du mal)-I):::>m bl)al irbÎt li ikanu lcstéw id-d�r/ les langues modernes qui tendent à substituer les notions de
<ils-étaient ils-prennent avec-eux comme liens que i ls-sont temps aux notions d' aspect. "
i ls-préparèrent la-maison> Nous avons déjà vu (p. 57-65 ) que le maltais n ' utilise
"Ils prenaient avec eux comme des liens qu' ils avaient prépa­ plus que de manière extrêmement marginale la c. suff. dans un
rés à la maison" contexte de futur, et encore est-ce désormais considéré l e plus
5. /in?attaO l-I):::> b z minn dïk il-Cagna li nktin °amÎltl ( l, 94-5 ) souvent comme incorrect.
<je-coupe le-pain de celle-là la-pâte que je-suis je-fis> Pour exprimer le futur antérieur ou l ' accompli futur,
"Je coupais le pain à partir de cette pâte que j' avais faite" terme emprunté à D. Cohen 0984: 339 ) , 1 il est fait appel à une
6. /niftakar séwwa [' . . l ikun-émm l-aktar li ik6nu ga bdcw forme composée : /ikan/, c. préf. du verbe "être" , suivi d'un
yinsfu/ verbe à la c . suff. J' insiste sur la notion d' accompli futur ,
<je-me-souviens juste [ . . . l il-est-Ià le-plus que i ls-sont car la formulation d' Aquilina ( 1965 : 222 ) , qui sous-entend un
déjà i ls-commencèrent ils-sèchent> futur dans le passé, me paraît malheureuse "ikun [ ' . . l +
"Je me souviens bien, [ . . . 1 il Y avait la plupart de ceux Perfect indicates [ . . . l a future action that had already taken
( les fromages) qui avaient déjà commencé à sécher" place . " Ce que le locuteur envisage , c' est bien l ' achèvement du
7. /m-oandn6-s si nOldu k6nu fi -s-sayf ik6nu lcstéw l-oaPa procès dans le futur et non un "futur du passé" qui est exprimé
ikanu °az?u-Oa tayycb/ par d' autres moyens morphosyntaxiques ( cf . p. 191-4 ) .
<ne-chez-nous-pas quoi nous-disons il s-étaient dans-l' été I l faut également souligner que la tournure périphrastique
ils-sont ils-préparèrent le-champ ( f . ) ils-sont ils-creusè­ fonctionne avec cette valeur princ ipalement dans le discours.
rent-elle bien> Dans le récit elle est li mitée à la proposition finale. Dans le
"Inutile de dire que c ' était en été qu' ils avaient préparé le paragraphe précédent nous avons vu, en effet, que dans les
champ, qu' i ls l ' avaient bien creusé" autres types de proposition dans un récit au passé d' habitude
8. /méta ik6n sar il-I);bz/ ( 1 , 174) elle exprime un passé de deuxième degré.
<quand il-est il-cuisit le-pain>
"Quand le pain avait cuit" 2.1. Comparaison avec quelques dialectes arabes
9. /oâs tktin tant 0:::> 1 6t u ml�t il-Iémbi k;ll-u/ ( l , 87-8 )
<car elle-est tant elle-leva et el le-remp lit la-bassine ( m . ) La périphrase n' est pas inconnue de l ' arabe classique et
tout-lui> d' autres dialectes arabes, 2 mais elle semble avoir eu en
"Parce qu' elle avait tel lement levé et rempli toute la maltais une fortune particul ière.
bassine" Les énoncés avec une simple c . suff. mentionnés par
M. Cohen ( 1 924: 260 ) pour l' arabe du Tchad ou le guèze, par
2. L'accompli futur et le futur antérieur /ik 6n/ Singer ( 1984 : 299 ) pour Tunis Musulman et par Boucherit ( 1987 :
+ conj. suff. 1 9 ) pour Alger sont impossibles en maltais, qui a obligatoire-

Remarques préliminaires
1
M. Cohen 0924: 259-260 ) faisait remarquer que " l' action anté­ M. Cohen ( 1924 : 259 ) , reprenant Brunot ( 1922: 466 ) , rappelait
rieure dans le futur peut être considérée comme une action que "en français le futur antérieur , comme le plus-que-parfait,
réalisée, achevée. est un temps "accompli" . "
Le parfait [= la c. suff. l du sémitique occidental , qui a 2 Pour un panorama, voir M . Cohen ( 1924 : 262) ; pour Tunis Juif
précisément la valeur d'un accompli indifférent au temps, se voir D. Cohen ( 1975 : 135 ) pour Tunis Musulman, voir Singer
prête admirablement, par son simple rapprochement avec un inac- ( 1984: 310 ) .
232 Auxiliaires, particules verbales et préverbes L' antériorité et l' accompli futur 233

ment recours à la forme composée avec /ikGn/. Voici , à titre de 6. /mÉ:ta tkün wasalt cmmÉ:kk inkGnu t la?na/ ( Q )
comparaison, la traduction de quelques-uns des énoncés relevés <quand tu-es tu-arrivas là-ainsi nous-sommes nous-partî mes>
dans les langues citées ci-dessus : "Quand tu seras arrivé là-bas, nous serons partis"

1. /?abd ma tigi IGra inkGn dl)alt fi-I-bé lt/


<avant que tu-viens en-arrière je-suis j ' entrai dans-la-ville> 2.2. L' accompli futur
"Avant que tu reviennes, je serai entré dans la ville"
Je voudrais souligner d' abord que c ' est bien l ' accomplisse ­
[gebel ma ter}':a< �na dahalt, ( c . s .J filbuladl ( Tchad)
ment d ' un procès dans le futur qui est pris en compte par cette
2. /kull mïn ikün sab-ni y::Pt::Jl-ni/
périphrase verbale. Quelques exemples où la notion d' antério­
<tout qui il-est il-trouva-moi i l-tue-moi>
rité ne vient pas se greffer sur celle d' accompli futur me
"Quiconque m' aura trouvé me tuera" ( c . s . en guèze pour le 1er
semblent éclairants de ce point de vue . Il faut particulière ­
verbe)
ment remarquer le premier exemple ci-dessous, où le premier
3. /mÉ:ta tkündal)l)alt-u gÉ:wwa/
verbe à la c. préf . marque un inaccompli futur, lequel est
<quand tu-es tu-fis-entrer-Iui dedans>
concomitant au second procès qui est à la forme composée, et
"Quand tu l ' auras fait entrer dedans"
qui exprime quant à lui un accompli futur. Il s' agit d' une
[mnaln-daxxalt ak-el< a"m�t l ( Tunis Musulman)
différence d' aspect et non d' une différence de temps
"wenn du diese hineingetan haben wirst"
4. /yckk inkGn spiccayt k8lbs imm8rru nisimoG-l)/ 1. meta L-imnun jizvujtaw ikun wasaL i L-waqt l i L- idejn jimtLew
<si je-suis j' ai-fini tout nous-allons nous-entendons-Iui> L ] b i L -frosta ( Friggieri 1986: 68 )
..

"Si j ' ai tout fini, nous irons l ' écouter" <quand les-esprits ils-se-vident il-est il -arriva le-temps
[ ila kamelt (c. s. ) kuls i nrol)o nS8m<ohl ( Alger ) que les-mains elles-se-remplissent [ . . . 1 avec-le-fouet>
"Quand les esprits seront vides c ' est que sera venu le temps
J ' ai aussi obtenu une autre traduction du 1er ex. que les mains se remplissent [ , . . 1 de fouets"
2. Uzaha L -frosta, sinjur, izda ma tkun irbaht xejn ( ibid.
5. /?abd ma tkün gcyt IGra inkGn dl)al t fi-I-bÉ:ltl p. 68 )
<avant que tu-es tu-vins en-arrière je-suis j' entrai dans-Ia- <utilise-elle le-fouet (f. ) , monsieur, cependant ne tu-es tu­
vil le> gagnas rien>
"Avant que tu sois revenu, je serai entré dans la ville" "Uti lise-le, le fouet, monsieur, mais tu n' auras rien gagné"
3. U b' hekk, imbagnad, iL -nabs ikun sar L - ognLa istituzzjon i
Elle fait apparaître deux formes composées, ce qui montre (p. 192)
que le locuteur a considéré, dans les deux cas, l ' accomplisse­ <et avec ainsi, ensuite, la-prison elle-est ell e-devint la­
ment des procès dans le futur et non plus l ' antériorité de l ' un plus-haute institution>
par rapport à l' autre. En voici un autre ex. : "Et puis comme ça la prison sera devenue la plus haute insti­
tution"
4. Nagntiha jumejn onra, u tkun reggnet id-dar (Ebejer 1985: 60 )
<je-donne-elle deux-jours autre, et el le-est ell e-revint la­
3 Cette phrase est tirée d ' un verset de la Bible ( Gn. 4/14) que maison>
la traduction maltaise a rendu par "kull min isibni joqtolni", "Je lui donne encore deux jours et elle sera revenue à la
soit une c. préf. à valeur de futur pour le premier verbe, maison"
parallèlement à la traduction par un futur en français comme on 5. /dak k;ll-u li tkün sibt gib-G-I-i/ ( Q )
trouve dans la TOB par exemple. Ayant demandé la traduction à <celui-là tout-lui que tu-es tu-trouvas apporte-lui-à-moi>
partir d'un futur antérieur français sans ambiguïté, il était "Tout ce que tu auras trouvé , apporte-le moi !"
normal que j ' obtienne la forme donnée par mon informatrice.
...

234 Auxiliaires, particules verbales et préverbes L' antériorité et l ' accompli futur 235

2.3. Le futur antérieur 7. Idan b1)al mcta w�1)cd yltlao fil? i l-béyt yaOti bi-s-s�?
is-sdlam li ikan t�lao minn-ul
La pér iphrase avec likanl + c. suff. , dans le discours répé­ <celui-ci comme quand un il-monte sur la-terrasse il-donne
tons-le, permet de marquer l ' antériorité d' un procès par avec-le-pied l'échelle que il-est il-monta de- lui>
rapport à un autre dans le futur. Ceci implique nécessair�ment "C' est comme quand quelqu' un monte sur la terrasse et qu' i l
que le locuteur envisage que l ' événement prédit avec likilnl + donne un coup de pied à l' échelle par laquelle il sera monté"
c. suff . est accompli avant un second événement prédit lui
aussi. Antériorité et accomplissement sont donc liés : 2.4. Emplois modaux

1. Meta jifta1ï. ü-punent ikun g1ï.adda L -maLtemp ( Aquilina 1972: 2.4.1. Dans Les phrases doubLes hypothétiques
523, provo 38)
<quand i l-ouvre l ' ouest il-est il-passa l e-mauvais-temps> D. Cohen ( 1 984: 339 ) explique à propos de l ' emploi de la conj.
"Quand l ' ouest se découvrira, c' est que le mauvais temps sera suff. dans l ' araméen des inscriptions de Sfîré, dans les
passé" phrases doubles hypothét iques, q u ' i l s ' agit d ' un emploi d'
2. Ma tistg1ï.ux tkeééuni qabeL inkun d1ï.aLt g1ï.ax-xog1ï.oL ( O . Cal- "accompli futur" , emploi qu' il qualifie de "proprement aspec­
leja 1972: 103) tif". En maltais, ce fonctionnement de la c. suff. n ' existe
<ne vous-pouvez-pas vous-renvoyez-moi avant je-suis j' entrai plus, mais il lui a été substitué la forme composée avec
pour-Ie-tra vail> likan/.
"Vous ne pouvez pas me renvoyer avant que je n ' aie pris mon La périphrase se rencontre dans des phrases conditionnel­
travail" les exprimant l ' éventuel . Elle peut être ut il isée dans l ' apo­
3. Ish1n sc-tti-O;m-I-u s1)1n nkanu wasalna sidnci 1 dose comme dans la protase :
<qu �nd FUT-tu-donnes-eux-à-Iui quand nous-sommes nous-arri-
vâmes Sydney> 1. Jekk jibag1ï.tuni L -1ï.abs, kif jixtiequ, ikunu 1ï.oLqu martri
"Quand vas-tu les lui donner 7 Quand nous serons arrivés à CFriggieri 1 986: 192)
Sydney 7 ! " <si i ls-envoient-moi la-prison, comment ils-veulent , ils-sont
4 . Ima-yistaO-s mi l-I-k�lma y�rgaO lara cil la ikan iffirma fil? i ls-créèrent martyr>
il-kuntrattl "S' ils m' envoient en prison, comme ils le veulent, ils auront
<ne-il-peut-pas de-la-parole il-revient en-arrière lui puis- créé un martyr"
que i l-est il-signa sur le-contrat> 2. lu yckk pcrcz�mpyu si l)att ikan °amd w�odal
" I l ne pourra pas revenir sur sa parole lui, puisqu ' il aura <et si par-exemple quoi personne i l-est il-fit vœu>
signé le contrat" "Et si par exemple quelqu'un avait fait un vœu"
5. Initt�ma li taO waray-na yaOmlu si 1).&ga al)y&r imma almtnu 3. Ivtru yckk ma-tkan-s ippancyayt-ul
inkan °amilt il-k::mtribat t�O-ii (vrai si ne-tu-es-pas tu-poinçonnas-l ui>
<j ' espère que de après-nous ils-font quoi chose mieux mais "C' est vrai si tu ne l ' avais pas poinçonné 7"
au-moins je-suis je-fis la-contr ibution de-moi>
"J' espère que ceux d' après nous feront quelque chose de mieux
2.4.2. En proposition finaLe
mais au moins j' aurai apporté ma contribution"
'
6. lak�ars illi ma-tirrcpctÎ- s li ikan ?al mIn ikan sa?sa
d-d::Jméndal Comme la c. suff. simple (p. 70-1 ) , likanl suivi de la c. suff.
<probable que ne-tu-répètes-pas que il-est il-a-dit qui i l- s'util ise également en proposition finale, avec un sens
est il-demanda la-demande> d' accompli futur. Le second exemple ci-dessous provient d ' un
"Il est probable que tu ne répèteras pas ce qu' aura dit celui récit au passé d' habitude. C' est le seul cas, dans ce contexte,
qui aura posé la question" où la périphrase n ' a pas une valeur de passé antérieur ( voir
p. 229 ) :
--

Auxiliaires, particules verbales et préverbes L' antériorité et l ' accompli futur 237
236

plie dans le passé et dont l' eff et s ' étend jusque dans le
1 . Biex inkun gnedt koUox u nen Hsuha, kien hemm kumpan ja présent,,4 :
( O . Calleja 1972: 96 )
<pour je-suis j' ai-dit tout e t nous-lib érons-e lle, i l-était
1 . Imma nanseb l i jaqa' tassew hawn gew koUu fuqek u dak ikun
là compagnie> gnadu ma m ietx ( O . Calleja 1 972: 62)
"Pour que j' aie tout dit et que nous en soyons débarrassés, <mais je-pense que il-tombe certainement ici dedans tout-lui
i l y avait une compagnie . . . " ( = j' aurai tout dit ) sur-toi et celui-là il-est encore-lui ne i l-mourut-pas>
2. /k::mt nâOgn-u u nâOgn-u u na?llb-u b�s tkün i l-l)mIra dâl)lct "Mais je crois qu' i� pourrait te tomber en plein dessus que
maO-d-d ?�? k;ll-u/ ( 1 , 63-5)
je-pétr is-Iui et je-reto urne-Iu i celui-là ne serait encore pas mort !"
<j ' étais je-pétris -Iui et
pour e lle-est la-levure el le-entr a avec-Ia -farine (m. ) tout- 2. Kelma L i tidher bla importanza jista' ikoUha sinjifikat
kbir gnal persuna part ikolari Li tkun gnaddiet minn grajja
lui>
retourn ais partikolari ( I l -Mument 8. 2. 1987, p. 8 )
"Je le pétrissa is et je le pétrissa is et je l e
elle aura <parole que elle-semble sans importance il-peut elle-a signi­
pour que la levure ait pénétré toute la farine" ( =

fication (m. ) grand pour personne particulière que elle-est


pénétré )
elle-passa de événement particulier>
"Une parole qui paraît sans importance pourrait avoir une
2.4.3. Emp l o i après un auxH iaire grande signification pour une personne en particulier qui
serait passée par un événement particulier"
La construction avec /ikOn/ peut aussi figurer après un 3. /dln tkün l-éwwcl dârba l i l-:Jlimpyidi ikOnu siru f-zcwg
auxiliaire modal. La valeur d' accompli futur demeure. Je n ' en payyIzi diffcréntil
ai relevé qu' un seul exemple : <celle-ci elle-est la-première fois que les-olympiades e lles­
sont el les-eurent-lieu dans-deux pays différents>
1 . Fih nippruvaw nistabb iL ixxi r-regoL i kol l ha L i wiened irid "Ce serait la première fois que des Olympiades auraient lieu
ikun tgnaU em b iex ikun jista' jgnid Li jaf b U -Mal t i ( Borg dans deux pays différents"
1988 : xi l 4. lIssa dan ikOn taO l)arOf ik;lli sâoar ckk l-Îzycd li ikOn
<dans-l ui nous-essayons nous-ét abl issons les-règles tout-elle k�l/
que un i l-veut il-est il-apprit pour il-est il-peut i l-dit <maintenant celui-ci il-est de veau j ' ai mois ainsi le-plus
que il-sait avec-Ie-maltais> que i l-est il-mangea>
"Dedans, nous essaierons d' établir toutes les règles que "Alors ça serait du veau, ça ferait un mois, comme ça, au
chacun devra avoir apprises pour qu' i l puisse dire qu' il plus qu' il aurait mangé"
connaît le maltais" 5. Inslb llli cértu tisbihit Illi inkOn warrâbt-°:Jm f -1-
:JrÎginal taO-l-milti ylst"u jldl)lu f-l-inglÎzI
<je-trouve que certain images que je-suis j ' enlevai -elles
2.4.4. Valeurs de probabi l ité ou d ' incertitude
dans-l' original de-le-maltais e l les-peuvent elles-entrent
dans-l ' anglai s>
Une nuance modale de probabi lité et d' incertitude peut parfois
"Je me rends compte que certaines images que j ' aurais enle­
accompagner la périphrase verbale avec likOn/. Il s ' agit,
vées de l ' original en mal tais pourraient passer en anglais"
semble-t-i l , comme à Tunis Juif (D. Cohen 1975: 135 ) d' une
marque de "non-certitude sur la réalisation de l ' action
envisagée dans le futur", et, plus rarement ( voir l ' ex. 2 ci­
dessous ) , comme à Tunis Musulman ( Singer 1984 : 310) d' une sorte
de "mode résultatif potentiel : une action perçue comme accom-
4 "e l' ne A rt potent l' e I l en Resultativs : ein Vorgang wird aIs in
der V[ ergangenheitl vollzogen angenommen, dessen Auswirkung in
die G [ egenwart l reicht" .
-

238 Auxi l iaires, particules verbales et préverbes L' antériorité et l' accompli futur 239

3. Conclusion

L' expression pér iphrastique de l ' antériorité dans le passé i nacc ompli acc omp l i
n' est pas encore obligatoire en maltais, mais il est possible
pa s s é c . pré f . c . s u ff .
qu' e l l e soit en train de le devenir car, dans mon corpus , les
formes périphrastiques représentent presque 80% des énoncés
p r é s e nt c . pr é f . c . s u ff .
relevés contre 20% avec une c. suff . simple. Cette évolution
semble se confirmer par le fait qu' elles ne connaissent pas de
+
restrictions syntaxiques à leur emploi , à l ' inverse de ce que futur c . pr é f . /ikiln/ c . s uf f .
M. Cohen avait constaté pour les autres dialectes arabes.

L' accomp li futur, accompagné ou non d ' une valeur d' anté­ Ce tableau montre à l ' évidence que l e système verbal du
riorité dans le futur, reçoit en maltais une expression propre maltais n' est pas fondé sur une opposition temporelle puisque
et quasi exclusive au moyen de la pér iphrase /ikUn/ + c. suff . passé et présent peuvent tous deux être représentés par chacune
La comparaison qui a été faite lors de l ' étude des valeurs de des deux formes verbales de base. Au futur, il apparaît
la c. suff. (p. 42 sq ) ainsi que celle menée dans ce chapitre, cependant une dissymétrie, la c. suff . n' étant plus apte seule
paral l è lement à l ' étude des formes rel evées dans l e corpus, ont ( sauf d e rares cas ) à en assurer l ' expression.
montré que la périphrase avait supplanté la c. suff. dans
l' expression de l ' accompl i futur .
L' une des deux périphrases étudiées , /ikUn/ + c. suff. en
l ' occurrence, présente un double fonctionnement selon l ' instan­
ce de l ' énonciation dans laquelle elle est utilisée. La distri­
bution de ses valeurs, ainsi que celles de la périphrase avec
/k�n/, peut être résumée, dans ses grandes l ignes , de la
manière suivante

/k�n/ + c. suff. passé de 2ème degré dans le discours et


dans un récit à l ' aoriste.
/ikU n/ + c. suff. accompl i futur et futur antérieur dans le
discours passé de 2ème degré dans un
récit au passé d ' habitude.

On peut maintenant avoir une v ision globale du système


verbal du maltais par rapport à l ' axe temporel ( compte non tenu
des marqueurs facultatifs) :
VII. LES AUXILIAIRES INCHOATIFS

Remarques préliminaires

Le maltais possède un certain nombre d' auxiliaires pour marquer


le début d ' un procès, ce que M. Cohen ( 1924: 265 ) rangeait parmi
les "notions accessoires du temps" comme la "première tranche
de la durée contenue dans le procès" ( ib id. 266 ) . I l ne s ' agit
pas de "temps situé" car l ' inchoativité ne situe pas le prédi­
cat par rapport à un repère chronologique, mais bien plutôt
dans une partie, en l' occurrence le début, de la durée définie
comme "le laps de temps plus ou moins étendu au cours duquel
s' est manifesté le phénomène nommé par le verbe" ( D . Cohen
1989 : 73 ) .
L' auxil iaire peut être soit à la c. suff . soit à la c .
préf. , mais le verbe auxilié est toujours une c . préf . , ou bien
un participe actif s ' i l s'agit des verbes de mouvement et
d' attitudes ( voir p. 1 48-50 ) . 1

1. L'auxiliaire /b �da/ "commencer"

Le verbe /béda/ a pour sens propre "commencer", il fait par


conséquent partie de ces verbes dont le processus d' auxilia­
risation a consisté en l' intégration de leur sens dans la
construct ion périphrastique. I l fonctionne très nettement comme
un auxiliaire inchoatif compatible avec tous les verbes sauf,
semble-t-il, avec les verbes d ' état. Il peut avoir des sujets
animés et inanimés, et il est d ' utilisation très courante par
tous les locuteurs.

1 . 1 . L' ordre des termes. Dans une très large proportion l ' auxi­
liaire précède directement le verbe auxilié, mais il peut

1 Je rappelle que j ' ai relevé un exemple où /béda/ est suivi


d' une forme d' inaccompli concomitant à préverbe /?ct-/. Voir
p. 129.
242 Auxiliaires, particules verbales et préverbes Les auxi liaires inchoatifs 243

arriver que le sujet ou des adverbes viennent s ' i ntercaler 1. Id-dehra ta L-kaxxi kienet bd iet iggennu (Mical lef 1988: 1 4 )
entre eux. Voici les deux seuls ex. relevés dans mes corpus : <l' apparition de-les-caisses elle-était elle-commença elle­
rend-fou-Iui>
1 . /wara méyyu glmyu diga yibda z-zarac yisfir/ "La vue des caisses avait commencé à le rendre fou"
<après mai juin déjà il-commence l ' orge (m. ) il-jaunit> 2. /ikUn béda yiff8rma z-zbUla sabIl)a sabIl)a/
"Après mai, juin, déjà l ' orge commence à jaunir" <il-est il-commença il-forme l ' épi ( f . ) belle belle>
2. /béda kul l séna déyy�m ina??as/ ( Q ) "Il aura commencé à former un très bel épi"
<il -commença chaque an toujours i l-diminue>
"Chaque année, toujours, il s ' est mis à diminuer"
1.4. /béda/, à la c . préf. , permet de situer le procès dans
tous les usages de l ' inaccompl i , et principalement ceux de
J ' ai également relevé un exemple dans lequel l ' ordre
présent général, de futur vague et de modal :
auxiliant auxilié est inversé. Il semble qu' il y ait alors
une nuance supplémentaire d' intensité dans le procès décrit par
1. /m-�mm-s Calféyn tibda titpastas u tirrabya f -wicc-u/
le verbe :
<ne-là-pas pour-où tu-commences tu-es-grossier et tu-es-en­
colère dans-visage-Iui>
3. /u yibki béda/
"Ce n' est pas la peine de te mettre à être grossier et à te
<et il-pleure il-commença>
mettre en colère devant lui"
"Et il s ' est mis à pleurer ( à chaudes larmes ) "
2. iL-qa L b terga' tibda tinstema ' tnabbat (O. Calleja 1972 : 87 )
< le-cœur (f. ) e lle-revient elle-commence elle-est-entendue
1.2. Lorsque l' auxiliaire est à l a c. suff. le syntagme exprime elle-bat>
le début d'un procès avec valeur de parfait ou d' aoriste : "Le cœur est de nouveau entendu battre"
3. i L -ft it dwaL L i baqa ' jibdew jitbaxxew ( ibid. p. l73)
1. /bd�yt nCanni minn fW3du/ <le-peu lumières que il-resta elles-commencent elles-baissent>
/b?ayt nCanni sa fWasiyya/ "Le peu de lumières qui restent commencent à baisser"
<je-commençai je-chante de dans-le-matin> 4. [ �mma issa j �n nibda nO)Qt, bies in?arrar innisal ( Stumme
<je-restai je-chante jusque dans-le-soir>
1904:41, 1. 1 9 )
"Je me suis mis à chanter dès le matin"
<mais maintenant moi je-commence je-m' assois, pour je-confes­
"J' ai continué à chanter jusqu' au soir"
se les-femmes>
2. /dina r-ri;ïl) béda ica?al?-iI-ca ris-cal
"Mais maintenant je vais me mettre à siéger pour confesser
<celui-ci le-vent il-commença il -bouge-à-elle tête-ell e>
les femmes"
"Ce vent se mit à lui bouger la tête"
5. /bi;ïs nibdéw nidirsu/
3. /béda yiikl-u mniil)r-u/
<pour nous-commençons nous-battons>
<il -commença il-mange-Iui nez-lui>
"Pour que nous commencions à battre ( le blé ) "
"Son nez se mit à le démanger"
4. Beda jiLtaqa' gimgna iva u gimgna Le ( I L -Mument 15. 2. 1987,
p. 7 ) 1 .5. L' auxiliaire /béda/ lorsqu' i l est à l a c. préf. peut lui­
<il-commença il-rencontre semaine oui e t semaine non> même comporter un préverbe de concomitant. I l y a donc opposi­
"Il se mit à avoir des rendez-vous une semaine sur deux" tion entre inaccompli concomitant et non concomitant pour l ' in­
choatif. Je n ' en ai toutefois relevé qu' un seul ex. à l ' écrit :
1 .3. Comme un verbe "plein" , /béda/ peut être lui-même auxilié
1. lmma qed jibda jgnaddi L u ( O . Call eja 1972: 71)
par l ' auxiliaire /ki;ïn/ pour situer l ' énoncé dans un passé
<mais en-train il-commence il-passe-à-Iui>
antérieur, ou par /ikUn/ pour le futur antérieur
"Mais il est en train de se mettre à se moquer de lui"
-

244 Auxiliaires, parti cules verbales et préverbes Les auxiliaires inchoatifs 245

1 . 6. /b�da/ à la c. préf . peut être précédé d ' un préverbe de propre. Il y a toutefois le choix entre participe ( voir ex. 2,
futur : § 3 p. 253 ) ou c. préf. :

1 . Issa ser tibdew tisfaxxaw L-gnamara wkoU ?! (O. Calleja 1 . it-traffiku jrid jibda jimxi ( O . Calleja 1972 : 122)
1972:55) <le-trafic il-veut il-commence il -marche>
<maintenant FUT vous-commencez vous-abîmez les-meubles aussi> "Le trafic doit se mettre à avancer"
"Maintenant vous allez aussi vous mettre à abîmer les meu­
bles ?!" La seconde exception concerne le verbe Ir�sa?1 "approcher"
2. Se nibdew niddub itaw miU- integrità taL -professjoni medika pour lequel j ' avais obtenu par questionnaire les deux formes de
issa wkoU ! (O. Calleja 1972: 89) la c. préf. et du participe après l ' auxil iaire Ibédal à la c .
<FUT nous-commençons nous-doutons de-l' intégrité de-Ia-pro­ suff. L e participe m' avait été commenté par une informatrice d e
fession médicale maintenant aussi> Mgarr ( Malte ) comme étant peu courant pour c e verbe. C' est tout
"Nous allons nous mettre à douter de l ' intégrité de la de même sous cette forme qu' il est apparu sous la plume d ' O .
profession médicale maintenant aussi !" Calleja ( 1 972 ) ( après une c . préf. ) . Les informateurs n e voient
pas de différence de sens entre les deux constructions mais il
1.7. L' imparfait et le passé d' habitude sont obtenus au moyen n' est pas impossible qu' il y ait, comme pour les autres verbes
de l ' auxi liaire /k�n/ "il était" étudiés ci-dessus (p. 172-3 ) et les auxiliaires de continuation
du procès ( voir p. 191 ) , une insistance sur la mise en concomi­
1. /l-oadam taO daor-ck k�n yibda ifa??ao/ tance du procès avec l ' acte d ' énonciation lorsque c' est le
<les-os ( coll. ) de dos-toi il-était il-commence il-craque> participe act if qui est utilisé. Il faut ajouter quand même que
"Ta colonne vertébrale se mettait à craquer" le participe est employé de façon largement majoritaire alors
que ce n' est pas le cas pour /?ct-yibda/.

1 .8. Le fonctionnement de l ' impératif est particulier, car si 2. /oUwa b�da y�rsa?/ ( Q )
l ' auxiliaire est à l' impératif, le verbe auxilié l' est aussi . <lui i l-commença il-approche>
La dépendance n' est donc pas marquée par l a c. préf. : "Il s' est mis à approcher"
3. /oUwa b�da r�sa?1 ( Q )
1 . /ibda °allcm it-taly�n minn Issa/ <lui il-commença approchant>
<commence enseigne l' italien de maintenant> "Il s' est mis à approcher"
"Mets-toi à enseigner l' italien dorénavant ! " 4. Jibda riesaq Lejn ix-xih ( O . Calleja 1972: 53 )
<i l-commence approchant vers le-v ieil lard>
Au prohibitif, les deux formes verbales sont , comme i l est "Il se met à avancer vers le vieil lard"
attendu, à la c. préf.
Enfin, le recueil de Stumme ( 1904) fournit un exemple où
2. Tibdiex tiffittana John ( O . Calleja 1972: 8 ) le verbe /nIzcl/ "descendre" est uti lisé à la c . préf. au lieu
<tu-commences-pas tu-ennuies-nous John> du participe. Il s ' agit, selon mon informatr ice de La Valette,
"Ne commence pas à nous ennuyer John !" d ' un cas où ce serait plutôt la durée du procès et non son
début qui est marquée par /b�da/
1.9. Nous avons vu au chap. sur la concomitance ( p . 148-50 )
5. [ unibda ninzel gQlkcîna] ( p . 42, 1. 23 )
qu' après certains auxiliaires, dont les inchoatifs, c' est le
participe actif des verbes de mouvement et d' attitudes qui est <et-je-commence je-descends dans-Ia-cuisine>
ut ilisé. Il y a toutefois quelques exceptions. La première est "Et je descendrai à la cuisine"
lorsque le verbe auxi lié n' est pas utilisé dans son sens "und ich werde dann in die Küche hinuntersteigen"
246 Auxiliaires, particules verbales et préverbes Les auxiliaires inchoatifs 247

Stumme ne traduit pas l ' auxiliaire, mais ajoute dans la elle-se-calma>


version allemande dann "alors, donc" . Il conviendrait de se "Kei la lui redonnait courage et l ' autre s' est calmée"
demander si l ' on n ' a pas affaire en maltais à l ' amorce d ' un "Keila sprach ihr Mut ein, und die andere beruhigte sich
passage du verbe auxiliaire à un statut de simple particule schl iesslich"
conjonctive, marquant une articulation de la pensée et diffici­
lement traduisible le plus souvent . Le phénomène a été constaté 1.10. Valeur modale. Aqu i lina ( 1 987 : 94 ) note dans son diction­
2
à Tunis Juif par D. Cohen où le verbe de sens "commencer" est naire à propos de Ibédal qu' i l est utilisé "as an auxi liary
figé dans ce cas à la 3ème pers. m. sg. de la c. préf. verb in interrog[ativeJ statements to express indecision in
Iyabda/. En maltais, où le verbe n' est jamais invariable, mon finding an expedient regarding the main action expressed in the
informatrice de La Valette refusait la traduction par un v[erb J " . Dans mon corpus, je n' ai rencontré cet emploi modal
inchoatif français de certains exemples relevés chez Stumme et que dans les textes recueil lis par Stumme ( 1 904 )
préférait y voir également une insistance sur le fait qu' une
fois commencé, le procès se poursuivrait un certain temps . 3 I l 1. [kîf sannibda n �mel bîja, dilmâra 7 1 (p. 47, 1. 17 )
n' est pas impossible non plus qu' une il lustration de l a valeur
d' articulation du discours de Ibédal figure dans un ex. de mon <comment FUT-je-commence je-fais avec-elle, cette-la-femme>
corpus, dans un récit d ' un locuteur de San Giljan. De surcroît, "Comment vais-je bien pouvoir faire avec cette femme 7"
la conscience très nette qu' a aujourd'hui une jeune locutrice 2. [ kîf nibda n �mel , bies mâ nin>abac 7 J (p. 54, 1. 34 )
de 25 ans de ces valeurs conduit à penser, malgré leur rareté <comment je-commence je-fais, pour ne je-suis-attrapé-pas>
dans le corpus, qu' elles sont encore bien vivantes de nos "Comment puis-je bien faire pour ne pas être attrapé 7"
jours. Deux autres ex. empruntés à Stumme suffiront pour
i llustrer mon propos. Le premier a été traduit par Stumme par
un inchoatif, mais pas le second 1.11. La négation

6. lu bdcw iOida-I-oal ( II , 37 ) Aucun exemple de phrase négative n' est apparu dans le corpus
<et ils-commencèrent ils-disent-à-el le> que j ' ai recueilli, ni avec Ibédal ni pratiquement avec aucun
"Alors, ils lui d irent" autre auxil iaire inchoatif. 4 Mais la négation se forme, comme
7. [ ûma selrîn, bd�u m l sJ l n fiddes�rt, u lmâra bdiet t3éIt J pour les autres périphrases verbales, en ajoutant les éléments
(Stumme 1904: 1 9 , 1. 34 ) de la négation à l ' auxil iaire. Voici l ' ex . que j ' en ai obtenu
<eux all ant (pL ) , ils-commencèrent marchant ( pl . ) dans-Ie­ en questionnant mon informatrice de La Valette :
désert, et-l a-femme elle-commença elle-dit>
"Ils sont partis, ils marchaient dans le désert et la femme 1. Ima-bdéyt-s naQdcm mil- l-éwwdl
disait" <ne-je-commençai-pas je-travaille de-le-premier>
"Auf der Reise dorthin began die Frau, aIs sie die Einèide zu "Je n ' ai pas commencé à travailler tout de suite"
durchwandern begonnen hatten"
8. [ k�I1a bdiet t �mlila kuraè':, ull QQra ikkwietâtJ (Stumme 1904: Le recueil de Stumme ( 1904) en fournit un autre exemple,
mais où c' est le verbe auxilié qui porte les éléments de la
24, 1 . 24-5 ) négation. Il semble bien qu ' on ne puisse plus parler I C I
<Keila elle-commença e lle-fait-à-elle courage, et-l' autre d' auxiliaire et qu' on retrouve une valeur conjonctive dont i l a
été question plus haut (p. 245-6 ) , avec un sens proche de
"d'abord" , "pour commencer" :

2 Communication personnelle.
3 C' est souvent l e cas de IqaÇ'adl dans les dialectes maghrébins
(Ayoub 1973 ) . 4 Pour le seul énoncé négatif relevé, voir ex. 4 p. 253.
248 Auxiliaires , particules verbales et préverbes Les auxil iaires inchoatifs 249

6
2. [ � ssa n i bda ma-nsaljarl é ks sa-tm i ntijem] ( p . 42, 1. 8) Iqabagal à cette fin, mais les verbes de préhension ont
suffisamment souvent servi dans les langues chamito-sémitiques
<maintenant je-commence ne-je-cuisine-à-toi-pas jusque-huit­ à former des auxil iaires inchoatifs, pour qu' i l soit inutile
jours> d'en appeler à l ' italien "prendere". La deuxième raison est que
"Al ors, pour commencer, je ne te ferai pas à manger pendant cet auxili aire est aujourd' hui uti lisé en majorité par des gens
huit jours" qui n' ont que peu subi l ' influence de l ' italien. Dans mon
corpus, la plupart d' entre eux sont des paysans âgés qui n ' ont
2. L'auxiliaire /? abad/ "saisir" que très peu fréquenté l ' école à l ' époque où l ' enseignement y
était dispensé en italien et qui ont été fort peu en contact
Remarques préliminaires avec des italophones comme ont pu l ' être les ouvriers des docks
ou les commerçants par exemple. Tout au plus, le contact de
I?abadl s ignifie au sens propre "saisir" et peut être uti l isé certains avec l ' italien pourrait-il avoir contribué à favoriser
comme auxi li aire d ' un autre verbe. Il appartient donc à la l e maintien de I? abad/.
catégorie des verbes "prendre" susceptibles de s' auxiliar iser
dans les langues. Comme auxiliaire, il fonctionne comme un 2.1. I?a badl est à la disposition de tous les locuteurs , mais
inchoatif. Très souvent il apporte en p lus une nuance de parmi ceux de "standard" il se rencontre surtout dans quelques
rapidité, de soudaineté ou d ' intensité dans le procès. Nuances tournures expressives où le verbe auxi lié est souvent utilisé
qu ' i l possède déjà dans certaines expressions idiomatiques où dans des contextes emphatiques impliquant une certaine inten­
I? abadl est coordonné directement à un autre verbe par la sité de l' action, ainsi avec les verbes de sens "pleurer",
conjonction lui "et". Il y a perte du sens premier de I? abad/, "rire", "boire", "courir", "donner des coups", " éclabousser",
mais on ne peut pas parler d ' auxil iation puisque les deux c ités dans les ex. ci -dessous. Le sujet est toujours un animé.
verbes ne sont pas en construction asyndétique :
1 . 1°1 ? a bdet t i bkil
1. lu mb a oad ? abad u t é la?1 <elle e lle-a-saisi e lle-p leure>
<et ensuite i l-a-saisi et i l -part it> "El le s' est mise à pleurer (à chaudes larmes ) "
5
"Et puis soudain il est parti,, 2. I? abad yi dl)ak dakl
< il-a-saisi i l-rit celui-là>
Aqui lina 0959: 351 ) exp liquait l ' utilisation du verbe "Il s' est mis à rire (aux éclats) celui-là"
"saisir" comme auxi liaire inchoatif par un calque de l ' ital ien. 3. I?abad y i srJbl
Ceci ne me paraît pas uti l e au moins pour deux raisons. La <il-a-saisi i l-boit>
première est que l ' arabe cl ass iqu e , tout comme certains dial ec­ "Il s ' est mis à boire ( beaucoup )"
tes, connaît des auxi liaires inchoatifs fondés sur des verbes 4. Dak ta' l -ewwel rega' qabad Jigri ( O. Call eja 1972: 117)
de sens "saisir , prendre, attraper" : I?aoadal pour le classi­ <celui-là d e le-premier il-revint i l-a-sai si il-court>
que et Iodai dans des dialectes maghrébins (Ph. Marçais 1977:
76 ) . Certes aucun n ' a , à ma connaissance, employé le verbe

6
Il faut ajouter que le verbe I?aoadal "prendre" est devenu en
5 maltais Il)al à la 3ème pers. masc . sg. de la c. suff. La forme
Lorsque I? abadl est directement coordonné à un autre verbe se confond donc avec les particules de l ' optatif et du futur
par la conjonction lui "et", il peut également signifier qui sont homonymes. L' homophonie à une seule personne d u
"décider" paradigme n e suffit sans doute pas à expliquer l e choix du
lallG ra Ou ? abad u mar !}dey il-b al)arl verbe I? abad/, mais il n' est pas impossible qu ' i l faille en
<alors lui i l -a-saisi et il-alla près la-mer> tenir compte.
"Alors il a décidé d' aller au bord de la mer " .
Les auxiliaires inchoatifs 251
250 Auxi liaires , particules verbales et préverbes

"Celui du premier s ' est remi s à courir ( vite ) " 2. I?badt inpingil
5 . k ien s e jaqbad jag1ï.ti biex je1ï.Les W u nifsu ( Micallef 1988: <j ' ai -saisi je-peins>
11) "Je me suis mis à peindre"
3. [>abat ja>def usiefer rt>u] ( Stumm
e 1904: 40 , 1. 34)
<i l-était FUT il-saisit il-donne pour il-se-libère à-lui
<il-a-s aisi il-rame et-i l-voyagea sur-lu i>
souffle-lui>
"Il s' est mis à ramer et il a voyagé dessus "
"Il allait se mettre à donner des coups ( forts) pour se
4. Isl;ïn dak ya?bad yik;l-l -u l-fwiad l
l ibérer lui-même"
6. I?Is-ni ?badt incaflas il-pycinui <quand celui-l à il-sais it il-man ge-à-Iu i le-foie >
<comme-moi j ' ai-saisi j ' é clabousse le-piano> "Quand celui-là se met à lui manger le foie"
"C' est comme si je me mettais à massacrer le p iano" 5. lallâra ya?bdu l;amÉst irg�l yaraw ir-r�l;1
<alors ils-sai sissent cinq homme s ils-voie nt le-vent >
"Alors cinq homme s se metten t à surveil ler le vent"
2.2. C' est parmi la population d' origine vil lageoise que 6. lu mariyy a ta?bad taOgcn l ( J , 49-5 0 )
l ' auxiliaire I?abadl est le plus répandu. Je dis bien d' origine <et Marie elle-saisit elle-pétrit>
villageoise, car je l ' ai aussi bien entendu chez des paysans de "Et Marie se met à pétrir"
Malte et de Gozo que chez un écrivain célèbre originaire de 7. InlstaO nal;scb na?bad nlbda i l-ballâ n bi-I-m 3dl
avec-le-
Dingli mais vivant depuis de nombreuses années entre Sl iema et <je-peu x je-pen se je-sais is je-com mence le-ball on
l' Angleterre, chez une directrice d ' école que chez un joueur de doux>
( c ' est-à-
footbal l . Il est alors compatible avec un bien plus grand "Je peux, je pense, me mettre à comme ncer le ballon
nombre de verbes (même celui signifiant "commencer", ex. 7 ) , et dire le football ) doucement"
les nuances de rapidité et d ' intensité ne sont plus toujours 8. Ik8nt na?bad nldQakl
discernables. Par contre, la compatibil ité avec un sujet <j' étais je-saisis je-ris>
inanimé ne paraît pas encore tout à fait réal isée : je n ' en ai "Je me mettai s ,à rire" "-
/ /
v 7
relevé qu' un seul exemple avec un réservoir d ' eau ( ex. 1 0 ) . 9. Iyckk ma-ta Omil-s it-tank °as ya?bad Qldrcgl
L a pression d u parler "standard" prestigieux paraît impor­ <si ne-tu- mets-p as le réserv oir car il-sais it sortan t>
se met à
tante sur cet auxiliaire qui ne semble pas avoir une connota­ " . . . Si tu ne mets pas de réserv oir, parce qu' il
tion très valorisante socialement . Plus d ' une fois dans mes fuir"
enregistrements je n ' en ai entendu que la première syllabe, 10. [ uraga >abat jigvérr a malîl;or ] ( ibid p . 48, 1. 20 )
vite arrêtée et reprise par IbÉda/, et les occurrences de <et-il- revint il-a-sa isi il-guer roie avec-l' autre>
I?abadl se limitent à une trentaine. Les textes recueillis par "Il s' est remis à guerroyer avec l ' autre"
Stumme ( 1 904 ) sont, par contre, beaucoup plus riches de ce Il. [rég30u >abdu jisfnu fl imkien ] (p. 35, 1 . 3 )
point de vue . <i ls-revi nrent ils-sai sirent ils-dan sent ensemb le>
On remarquera ( ex. 5) que auxiliant et auxilié peuvent "Ils se remire nt à danser ensemb le"
être séparés par le sujet.
Les valeurs des c. suff. et préf. restent les mêmes que
2.3. I?abadl peut également parfois apporter une nuance modale
pour l ' auxil iaire précédent IbÉda/. El les peuvent, en principe,
de facilité dans la mise en œuvre du procès. Les deux exemples
être auxil iées par les mêmes auxi li aires que IbÉda/. L' auxi­
de mon corpus proviennent de locuteurs de Gozo :
liaire n' est jamais apparu à l' impératif dans mon corpus, ni
après le préverbe du concomitant I?ctl.

1. IOal-I-Éwwd li ?badt nal;dcml


<pour-le-premier que j ' ai -saisi je-travaille> 7
Je rappelle que cet exemple a été considéré comme " incorrect"
"Pour la première fois que je me suis mis à travai ller"
par mon informatrice de La Valette .
-

252 Auxiliaires, particules verbales et préverbes Les auxi liaires inchoatifs 253

1. 10as ydk il-i)� ga ° Îya mai)s D ba t a?bad taoml I-oa ma-ddDm-sl "Sa mère ne savait comment elle allait pouvoir faire"
<car si la-chose elle pensée tu-saisis tu-fais-elle ne-elle­ 6. X'kien se jaqbad ignidi l ha ? (M ical lef 1988: 14)
dure-pas> <quoi il-était FUT i l-saisit il-dit-à-e lle>
"Parce que si la chose est pensée, tu as juste à la faire, ça "Qu'allait-i l bien pouvoir lui dire 7"
ne dure pas" 7. Fejn se jaqbad imur fl- istat li k ien ? ( ib id. p. 9)
2. 10 a ndu l-ispccy� l fit i nks t 6 0-u u t a ?bad tp 8ggi I-fit inksl <où FUT il-saisit il-va dans-l' état que i l-était>
<chez-lui les-spéciaux "f ittings" de-lui et tu-saisis tu-mets "Où allait-il bien pouvoir aller dans l ' état où il était 7"
les-"f ittings">
"Il a ses ajustages spéciaux et tu n ' as qu'à poser les ajus­ 3. L'auxiliaire /r É:ma/ "jeter"
tages"
On se souvient que D. Cohen a soul igné que l es verbes de
2.4. J ' ai s ignalé ci-dessus ( p . 247 ) un emploi modal de Ibé dal mouvement pouvaient constituer une cl asse de verbes suscepti­
comme marque de l ' indécision dans une phrase interrogative bles de devenir des auxil iaires en chamito-sémitique. En voici
8 donc un de plus qui appartient à la catégorie du "mouvement
(dir ecte ou indirecte ) . Dans mon corpus contemporain, c' est
I?abadl qui fonctionne ainsi , cette foi s-ci d' une manière moins loin de" .
restreinte sociolinguisti quement que lorsqu ' i l est employé Comme aux i l iaire inchoatif suivi d ' un verbe à la c . préf. ,
comme inchoatif. L' expression revient pratiquement toujours Ir émal ( variante Ir a ma/) n' est apparu spontanément dans mon
avec les deux mêmes verbes : I?all "dire" et 10 a mdl "faire ; corpus que chez deux locuteurs âgés de Gozo, un ancien paysan
mettre" et elle est très souvent associée à une particule de de Gnarb et un ancien sacristain de Xagnra. Il a également été
futur. En voici quelques exemples : relevé une fois dans un l ivre pour enfants , à la forme négati­
ve. Lui aussi, selon mon informatrice de Mgarr, ajoute une
1 . Ikrf t a?bad tOrdl nuance de rapidité à l ' énoncé. Peut-être doit-on lui supposer
<comment tu-saisis tu-dis> une fortune plus grande anciennement dans la langue car il est
9 apparu avec des sujets animés et inanimés. Mais le petit nombre
"Comment pourrait-on dire 7,,
2. X'ser naqbdu nagnm l u ?! ( O . Calleja 1972: 118) d' exemples appelle à la prudence. Voici les seuls exemples
<quoi FUT nous-saisissons nous-faisons> relevés dans mon corpus, tous à la c . suff. :
"Comment allons-nous pouvoir faire 7 ! "
3. Is sa-ta?bad t a Omdl 1. I� ra l-a i)i)ar d arba gcw taO-l-l égyl\.n r émou yl di)kui
<quoi FUT-tu-saisis tu-fais> <regarde la-dernière fois i l s -vinrent de-la-Légion ils-jetè­
"Que vas-tu pouvoir faire 7" rent ils-rient>
4 . Is i)a-na ?bad nOl d-l-ckl "Ecoute, la dernière fois, ceux de la Légion de Marie sont
<quoi FUT-je-saisis je-dis-à-toi> venus, i l s se sont mis à r ire ( i ls ont éclaté de r ire ) "
"Que vais-je pouvoir te dire 7" 2 . l u dan r é ma m 6si 1 ?udd 6m bi -s-s8 °:::> l /
5 . 18 mm-u ma-kin It-s taf kïf sc-t a ?bad t a Omdl <et celui-là i l -jeta marchant vers devant avec-le-travail >
<mère-lui ne-elle-était-pas elle-sait comment FUT-el Ie-saisit "Et celui-là s' est m i s à avancer dans le travail (rapidement ) "
elle-fait> 3 . Ir éma gcy is-s 8 °:::> 1 1
<il-jeta venant le-travai l>
"Le travail s' est mis à venir ( e n abondance ) "
4 . m a ramax ignajjat kemm jifl an ( Casha 1974 : 55 )
8 Aquilina ( 1987 : 94 ) donne également un exempl e dans une phrase <ne i l -jeta-pas il -crie combien i l-est-fort>
négative. "Il ne se mit pas à crier autant qu' i l pouvait"
9
L' emploi de la 2ème pers. comme marque de l ' impersonnel est
chose normale en maltais.
-

254 Auxiliaires , particules verbales et préverbes Les auxi l iaires inchoatifs 255

Dans cet emploi , le verbe se trouve une fois chez Stumme 1 . Ipcrcz É mpyu t ;!}r�g gurnata sabÎ!}a t ifta!} t a Omd mâ lta taO
( 1904 ) et dans la description des dial ectes de la "campagne" et gmgl!
de Gozo faite par Preca ( 1904 ). Ce dernier ex. est emprunté à <par-exemple ell e-sort journée belle elle-ouvre e l le-fait
Fenech ( in Aqui l ina ed. 198 1 : 20 ) , qui a retranscrit le texte en Malte de beauté>
symboles API conservés dans l ' ex. 6 ci-dessous : "Par exemple une belle journée s' annonce, Malte se met à être
belle"
5. [ ur ama itî >om k �m j ifla!} ] ( Stumme 1904 : 39 , 1. 27 )
L' auxiliaire apparaît toutefois un peu moins rarement dans
<et-il-jeta i l-donne-eux combien il-est-fort> les textes recueillis par Stumme ( 1904) aussi bien dans ses
"Et il s' est mis à les battre de toutes ses forces" corpus villageois que ceux en "Mischdialekt" . If éta!}1 y est
6. [u-rama:! j-narrek -ro : su ] uti lisé avec un sujet inanimé ou animal :
<et i l-jeta i l-bouge tête-lui>
"Et il s' est mis à bouger la tête" ( le veau ) 2. [i lgardarûn f éta!} j � li wiba >ba > ] ( p . 40, 1 . 19-20 )
"It started moving its head"
<le-chaudron i l-ouvrit i l -bout et-il-bouil lonne>
Trois jeunes locuteurs de "standard" ri ", -' i fférents vil la­ "Le chaudron s' est mis à boui llir et à bouil lonner"
ges et vil les de Malte, m' ont également fourni une expression, 3. If é t!}u j i gru ] (p. 59, 1. 20)
très idiomatique et très fréquente selon eux, où c' est Iré mal <ils-ouvrirent ils-courent>
qui est employé comme auxil iaire inchoatif de préférence aux "Ils se mirent à courir" ( les hérissons )
autres :
Les jeunes locuteurs de "standard" d isent avoir une
7. Iréma y i doi/ connaissance passive de l ' auxil iaire mais ne jamais l ' ut iliser.
<il-jeta il-jure> Pour eux, ce verbe fait très "poétique" et precieux, mais il
"Il s' est mis à jurer" ( comme un charretier ! ) 1 0 semble avoir été populaire dans la l ittérature orale.

4. L'auxiliaire /f étal)/ "ouvrir" s. L'auxiliaire /té la?/ "partir"

Il serait possible de ranger cet auxi liaire dans la classe des Dans le dictionnaire de Busutt i l ( 1981 : 338 ) , il est fait
verbes susceptibles de s ' auxiliar iser par métaphore, mais on mention à l ' article sur ce verbe de mouvement de son emploi
peut aussi en retenir l ' idée abstraite de mouvement liée à comme auxiliaire i nchoatif "titLaq timxi, to begin to walk".
l' action nommée par le verbe. Suivi d ' un verbe à la c. préf . , Comme il n' est jamais apparu ainsi dans mes corpus, j ' ai
If éta!}1 est aussi un auxi liaire inchoatif. I l est d ' un emploi interrogé plusieurs informateurs pour lesquels l ' emploi de
très peu courant à l ' heure actuelle. Je n ' en ai relevé qu'un It é la? 1 dans ce sens est très rare. Ils ont précisé qu ' i l ne
seul exemple chez un écrivain originaire de Dingli : pouvait auxilier qu ' un verbe utilisé intransitivement, avec des
sujets susceptibles de mouvement. J ' en ai obtenu deux exemples
avec le même verbe auxilié : Il). adcml "travai l ler" :

1 . li l-m â gna t é Pct t a!}dcml


10 Les Maltais se prêtent la réputation de jurer beaucoup et <la-machine elle-partit e l le-travaille>
très grossièrement. L ' emploi de cet auxiliaire n ' est peut-être "La machine s ' est mise à marcher"
pas anodin. Mais on trouve simplement chez Stumme ( 1904 : 25 , 1. 2. lil-kar ;cca t é Pct t a!}dcml
2) : [b é da j i d3eI l <il-commença i l -jure> "il s' est mis à <la-voiture e l le-partit el le-travail l e >
jurer ". "La voiture s ' est mise à marcher"
-

256 Auxi l iaires, particules verbales et préverbes Les auxiliaires inchoatifs 257

Dans le recueil de proverbes publié par Aquilina ( 1972 ) , Comme auxiliaire inchoatif, Il)abatl est surtout employé à
on relève la même périphrase dans laquelle Itéla?1 est traduit la C. suff . , suivi d ' un préverbe de futur et d ' un verbe à la C .
par son sens propre de "partir" , bien que le sujet soit suscep­ préf. , ou bien d ' un p articipe actif pour les verbes de mouve­
tible de mouvement et que le verbe soit intransitif. Les critè­ ment et d' attitudes. 1 Le sujet est toujours un animé. J ' en ai
res énoncés par mes informateurs ne sont donc pas toujours relevé des exemples en abondance dans le roman de Friggieri
valables, et il est probable que la valeur d' inchoatif ne fonc­ ( 1986) dont la "pureté" grammaticale de la langue est réputée.
tionne que dans quelques expressions particulières, peut-être Mais la périphrase n ' est jamais apparue dans des corpus oraux,
uniquement avec un auxilié qui est aussi un verbe de mouvement et selon mon informatrice de La Valette, si jamais cela se
et dans les circonstances indiquées par les informateurs : produisait, le locuteur serait immédiatement classé comme
pédant. En fait, le syntagme est réservé à la littérature
l1
3. BufuLa, meta kieL nemusa u xeba ', farfar gwienhu, koLLu écrite, dans les passages narratifs . A la différence des autres
fernan teLaq ignanni (p. 439, provo 14) auxil iaires inchoatifs, Il)âbatl semble impliquer , dans cette
<roitelet, quand i l-mangea moustique et il-se-rassasia, il­ construction, non un début de procès qui va se prolonger, mais
battit ail es-lui , tout- lui content il- artit i l-chante> plutôt le début d ' un procès qui avorte :
lr
"The wren when it ate up a grub and had enough, it flapped
its wing and, ful l of happiness, f lew away singing,, 13 1. KarLu nabat se jidnak bis-ser jetà zejda ta' L -uffiéjaL u
biL-mistoqsija, izda razzan L H u nnifsu kemm seta' (p. 66)
<Charles i l-frappa FUT i l-rit avec-le-sérieux (f. ) excessive
6 . L'auxiliaire /J:i abat/ "entrer en collision, frapper"
de l' offi ciel et avec-la-question, cependant i l-se-retint à­
lui souffle-lui combien il-put>
Le verbe signifie en outre "survenir, avoir l ieu" "al ler "Charles a commencé à rire à cause du sérieux excessif de
(bien ou ma! )" ; "affecter ( en phrase négative)" ( Aqui l ina
l ' officiel et de la question, mais il s' est retenu autant
1987 : 465 ) . Dans les deux sens mentionnés dans le titre de ce
qu ' i l a pu"
paragraphe on trouve aussi une idée de mouvement vers quelque
2. IL-puL izija nabat se jitLef sabru (p. 61 )
chose.
<le-polic ier i l-frappa FUT il-perd patience-lui>
"Le policier a commencé à perdre patience"
3. KarL u kien nabat se jerga' jitmasnan (p. 64)
11 · <Charles il-était il-frappa FUT i l-revient il-se-met-en-co-
S L C . L' orthographe correcte est "gwienu"
1ère>
.
12 "Nemusa" slgm' f l' e b len
' " un moustique" et non "un asticot" "Charles avait commencé à se mettre en colère"
( grub ) . Dans ses traductions anglaises, Aquil ina s' attache plus
à l' esprit qu'à la lettre du texte maltais . Dans un recueil d' histoires humoristiques pour enfants ,
l ' auxi liaire Il)âbatl est apparu une fois, également dans un
1 3 La traduction est victime d ' une coqui l le. Celle qui suit ce
passage narratif, mais à la C. préf. et directement suivi du
proverbe donne "began to sing" , ce qui pourrait faire croire lui-même
verbe auxilié, sans préverbe de futur . Il)âbatl est
que "telaq" y est bien un auxiliaire inchoatif. Heureusement, du passé
précédé du préverbe du concomitant et de l ' auxi liaire
elle peut être facilement rétablie. Aqui l ina cite également une
Iki8nl "il était" :
deuxième variante du proverbe "Buful a kiel nemusa, farfar
gwienhu (sic) u beda ignanni". La traduction reprend inté­
gralement celle de la première vari ante qui était beaucoup plus
longue, et "beda ignanni" est rendu par "flew away singing" , ce
qui est tout à fait impossible, "beda" ne voulant dire que
14 Ce sont les seules constructions signalées dans le diction­
" commencer". On peut donc rétabl ir à bon droit "flew away
naire d' Aquilina ( 1987 : 465 ) .
singing" pour la première variante.
258 Auxiliaires, particules verbales et préverbes Les auxiliaires inchoatifs 259

4. gerger is-sagristan Li issa kien qed jan bat jiddejjaq ( Casha 2. la jansel idannal xi naga f'rasu ma tnennihieLu b'xejn
1974 : 20 ) <puisque il-survient il-fait-entrer quoi chose dans tête-lui
<i l-grommela le-sacristain que maintenant il-était en-train ne tu-enlèves-elle-à-Iui avec rien>
il-frappe i l-en-a-assez> "If he gets something into his he ad you won ' t talk him out of
"Grommela le sacristain, qui, maintenant, était en train de it"
commencer à en avoir assez"
8. L'auxiliaire /sâr/ "devenir ; avoir lieu ; cuire"
7. L'auxiliaire /I:t ascl/ "venir à l ' idée ; survenir"
Connu au Maghreb sous la forme /f?âf/ ( Ph. Marçais 1977 : 77 )
Aquilina ( 1987 : 540) fait dériver ce verbe de l' arabe /l:taf?ala/ comme auxiliaire inchoatif, /sâr/ "devenir" , que l ' on peut
"survenir, avoir lieu", sens qu' il a aussi en maltais avec dans classer avec les auxiliaires de sens "être" , remplit également
certains emplois une nuance d' inattendu. La présence d ' un /c/ cette fonction en maltais. Il implique de surcroît nécessaire­
après une ancienne emphatique ( au lieu du /a/ attendu) s ' expli­ ment le passage d ' un état à un autre, valeur qu' il possède
que probablement par la pression qu ' a pu exercer un verbe comme verbe "plein" , au point que c ' est aussi l ' aboutissement
beaucoup plus courant et maintenant homonyme /l:tascl/ "laver", d' un processus qui est souligné autant que sa mise en œuvre.
de l' arabe /gasala/. 1 5 Le verbe "survenir" est encore noté avec Dans mon corpus, son emploi est toutefois assez réduit il
une deuxième voyelle /a/ par Caruana ( 1903 ) , mais déjà avec un n' auxilie couramment que deux verbes : lui-même lorsqu ' i l a le
/c/ par Vassalli ( 1796 ) un siècle plus tôt. sens de "avoir lieu" et le verbe /yaf/ "savoir ", soit deux
La valeur d' inchoatif n'a pas été notée par Aquilina et verbes qu' on pourrait classer dans la catégorie des verbes
elle est de fait extrêmement rare. Je n ' en ai relevé qu' un seul d' état et des déponents-internes. La valeur d' inchoatif semble
ex. suivi d' un inaccompli concomitant dans le roman de Friggie­ effectivement présente lorsque /sâr/ s ' auxilie lui-même ( l e
ri ( 1986) et il m ' a été commenté comme faisant très archaïque : seul ex. est avec un sujet inanimé ) o u lorsqu' il est à la c .
préf. quand il auxilie /yaf/ :
1 . Karlu nteban l i nasel qiegned jerga' jgnol l i l ennu zzejjed
(p. 55 ) 1. /izda s�rct issIr uk;ll kwhi f -kull ff:sta taO-1-villaggi) 6
<Charles il-s' aperçut que il-survint assis il-revient il­ <cependant elle-devint elle-a-l ieu aussi presque dans-chaque
élève voix-lui excessif> fête de-les-villages>
"Charles s' aperçut qu' il commençait à être en train d' élever "Mais elle (la coutume) se mit à avoir lieu aussi dans
de nouveau trop la voix" presque toutes les fêtes des villages"
2. dawk l i jixtiequ jsiru jafu kif japprezzaw l -agnsafar ( Sul­
Il faut signaler, d' après les explications qu' en donne tana et al ii 1979 : 2 )
Aquilina dans son dictionnaire, que ce verbe semble fonctionner <ceux-là que ils-souhaitent ils-deviennent ils-savent comment
comme une marque d' antériorité du procès énoncé par le verbe ils-apprécient les-oiseaux)
qui le suit par rapport à un autre procès dans l ' énoncé. Voici "Ceux qui veulent apprendre à (= se mettre à savoir) appré­
un des exemples, jugés eux auss i comme très archaïques, qui cier les oiseaux"
illustrent l' article : 3. /dâk ckk k6nu islru y§.fu bï-l:t/
<celui-là ainsi ils-étaient i ls-deviennent ils-savent avec-
lui>
"Celui-là, c' est comme ça qu ' ils apprenaient à le connaître"
15 Le maltais a probablement hérité de la forme dialectale
/hasala/, qualifiée de "défectueuse" par Beaussier ( 1958 : 282 ) ,
puisque l a vélaire fricative sonore est toujours passée à 0 en
maltais "standard" à l' initiale. 1 6 Le terme courant pour deSlgner
' · un VI· 1 1 age est /ra' h. a l/ .
-

260 Auxiliaires, parti cules verbales et préverbes Les auxiliaires inchoatifs 261

Par contre , il faut noter que Isar/, à la c. suff . , emplo­ " ] ' en
suis venu à détester l ' encens" ( la TOB traduit par " la
yé avec /yafl, ne semble pas avoir cette valeur, mais seulement fumée je l ' ai en horreur")
celle d'un z,ooutissement : "finir par savoir". Une remarque de 7. kont nixtieq l i jaqa' L-lejL ,
D. Cohen ( 1989 : 78 ) à propos de l' aspect pour les verbes d ' état u issa sirt nibza' m innu ! ( Es . 2114 )
conduit à penser que cette forme périphrastique pourrait peut­ <j' étais je-souhaite que il-tombe la-nuit (m. »
être s' interpréter comme l ' expression d ' un véritable accompli <et maintenant je-devins j ' ai-peur de-lui>
pour ce verbe qui a perdu sa c. suff. en maltais "les "Je souhaitais que la nuit tombe"
aspects, conçus comme remplissant les fonctions A et B, opèrent "et maintenant j' en suis venu à en avoir peur ! "
en opposant à l ' état ( représenté par A dans sa fonction 8 . Int ukoL L gejt fix-xejn bhaLna, f'ko L L ox sirt t ixbahna (Es.
neutre ) , l ' avènement de l ' état (représenté par B ) "il est 14/10)
grand" : "il a grandi", "il sait" "il a appris" . " Aucun des <toi aussi tu-vins dans-le-rien comme-nous, dans tout tu­
exemples ci-dessous ne pourrait être traduit par "se mettre à devins tu-ressembles-nous>
savoir" . La périphrase peut être translatée dans un passé "Toi aussi tu es faible comme nous, en tout, tu t ' es mis à
antérieur par l ' auxiliaire Ik�nl ( ex . 5) : nous ressembler"
9. NitL a ' sa fuq qéaéet is-shab, insir nixbah l i L -AL L a l -Chol i
4. IOas sirt naf llli tad&mal (Es. 14/10 )
Ig�t tlswa iktar minn rgu!ft-ckl <je-monte jusque sur sommets les-nuages, je-deviens je-res­
<car je-devins je-sais que tomate> semble à-le-Dieu le-Haut>
<el le-vint elle-vaut plus de viril ité-toi> "Je monterai jusqu ' au sommet des nuages, et je me mettrai à
"Car j ' ai appris qu' une tomate" ressembler au Très-Haut"
"En est venue à valoir plus que ta virilité" 10. u Danjel sar jifhem id-dehriet u L -holm koL Lu ( On. 1117)
5. informa b'dak Li k ien sar jaf ( I L -Mument 15. 2. 1987, p. 1 ) <et Daniel il-devint il-comprend les-visions et le-rêve tout­
<il-informa avec-ce lui-là que il-était il-devint il-sait> lui>
"Il a informé de ce qu' il avait appr is" "Et Daniel s ' est mis à comprendre les visions et tout le rêve"

Il faut signaler que l' aux iliaire Isarl est utilisé de Enfin, une locutrice de Mgarr ( Malte ) ( enregistrée au
mamere moins restreinte dans la traduction de la Bible. Un cours de l' été 1990) âgée de 90 ans a employé cet auxiliaire
relevé effectué dans Esaïe et Daniel17 fait apparaître quatre avec le verbe Ii)abbl "aimer " . Il conviendrait d' ailleurs de
autres verbes auxiliés : Istkérrahl "détester" Ibézao/ "avoir vérifier quelle est l ' extension réel le de l ' utilisation de
peur" , lylsbal).1 "ressembler", Iféoc'ml "comprendre", verbes que Isarl dans les dialectes :
l ' on peut classer également dans la catégorie des déponents­
internes. Pour les deux premiers, mon informatrice de La 11. I[as] k�n [ sor ii)ubb-a ll
Valette a préféré une traduction anglaise par "1 came to", mais <car i l-était il-devint il-aime-elle>
les deux derniers ont été rendus par un équivalent de "se "Parce qu' i l s' était mis à l' aimer"
mettre à".

6. sirt nistkerrhu L -bhur ( Es . 1113) 9. D'autres inchoatifs ?


<je-devi ns je-déteste-l ui l ' encens>
9.1. Deux autres verbes I?aml "se lever" et Isébal).1 "poindre"
ont été présentés par Aquilina 0979: 99-100 et 1959:344) comme
des inchoatifs. Voici les seuls exemples qu' i l donne : "qamet
17 Un dépouillement d' Esdras et Nehémie a aussi été effectué. tghid "she began to say" et "Zayd sebafi yidfiak ( rayyien ) "Zayd
Isarl n ' y est employé qu' avec le verbe Iyafl "savoir". started laughing (feeling tired) from the very morning" . " Pour
ce dernier, on y sent nettement que Isébal)1 n'a pas perdu
262 Auxil iaires, particules verbales et préverbes Les auxiliaires inchoatifs 263

beaucoup de son sens propre. D ' après mes jeunes informateurs de 1. Iyal)sad ikantal ( Q )
"standard" , une traduction par "il s' est levé le matin en <i l-moissonne il-chante>
riant" leur paraîtrait plus adéquate, ce qui met en doute la "Il se met à chanter"
valeur d' auxil iaire inchoatif de /sébal)./ au moins chez la jeune
génération, qui n'en a même plus une connaissance passive. Ne l ' ayant jamais entendu ou lu, j ' ai demandé à mes inter­
/sébal)./ n' est pas apparu avec le sens de "se mettre à" dans mes locuteurs, lors de mon dernier séjour à Malte , s' ils connais­
corpus. saient cet emploi. Toutes les réponses ont été négatives. Mais
Par contre, j'a i obtenu de ces mêmes informateurs une il me faudra encore enquêter. Je ne mentionne donc ce verbe que
expression idiomatique où /sébal)./ marque non pas l' i nchoativi­ par souci de ne rien omettre, avec beaucoup de précautions
té, mais l' imminence lorsqu' il est suivi d'un verbe à la c. toutefois puisque mon informatrice dit ne pas l ' utiliser el le­
préf. avec ou sans préverbe de futur : même.

1. /sébal) sc-yitlaO-I-i/ ( Q )
10. Conclusion
<i l-a-point FUT-il-monte-à-mo i>
"J' étais sur le point de perdre mon sang-froid", ou "il a
Le maltais connaît huit auxiliaires ( sûrs) marquant l ' inchoa­
failli me faire perdre mon sang-froid"
tivité d ' un procès. Ils n ' ont pas tous le même statut dans la
2. /yckk yisbal) yitlao-I-i inkisscr kul-ma awn/ ( Q )
langue. Voici , en résumé, les emplois de chacun d ' entre eux.
<si il -point il-monte-à-moi je-casse tout-que ici>
/béda/, de sens premier "commencer" , est le plus fréquem­
"S' i l me fait perdre mon sang-froid, je casse tout ce qu' i l y
ment utilisé par tous les locuteurs et s ' ut ilise avec toutes
a ici" ( c' est-à-dire que je suis sur le point de le perdre)
sortes de verbes processifs, à l ' oral comme à l ' écrit, que le
sujet soit animé ou non . Il semble que dans une partie de ses
En ce qui concerne /?am/, bien connu en dialectologie
emplois l' amorce d ' un développement comme simple marque d'une
maghrébine comme auxiliaire inchoatif (Ph. Marçais 1977: 76 ) ,
articulation du discours soit en cours , associée à une idée de
tous mes informateurs de "standard" o u de "dialectal" rejettent
durée. On a noté qu' i l existe peut-être une différence entre
l ' interprétation qu ' en donne Aquilina et pour eux, /?am/ n' est
concomitant et non concomitant pour quelques verbes de mouve­
pas un inchoatif en maltais et il conserve toujours son sens
ment, marquée par l ' emploi du participe actif après l ' auxiliai­
propre. Les deux ex. que j ' ai relevés dans mon corpus de I?am/
re, pour le concomitant. A l ' impératif, auxiliant et auxilié
directement suivi d'un verbe à la conj. préf. ont été unaniment
sont au mode impérat if. Deux autres valeurs modales ont en
traduits par "se lever" , tout comme l' ex. forgé par Aquilina.
outre été relevées celle d ' intensité lorsque l ' auxi liaire est
Dans l ' ex. 3, le second verbe a valeur de but ( comme nous
situé après le verbe auxi lié, celle d' indécision dans des
l' avons déjà vu p. 94) alors que dans l ' ex . 4 il modifie la
phrases interrogatives. Cette dernière n' est pas apparue dans
valeur sémantique du premier verbe, à la manière d ' un adverbe
mon corpus contemporain.
/?abad/ est d'un emploi plus réduit comme aux il iaire
3. I?:)mt n ispél lil
inchoatif et semble pâtir d'un statut inférieur du point de vue
<je-me-levai j' épelle>
sociolinguistique. Il est le plus souvent accompagné d'une
"Je me suis levé pour épeler"
nuance de rapidité ou d' intensité dans la mise en œuvre du
4. /u n?um nigri/
procès. Dans le parler "standard" il ne paraît fonctionner
<et je-me-lève je-cours>
qu'avec un petit nombre de verbes et toujours avec un sujet
"Et je me lève tout à coup"
animé. Dans les parlers vil lageois, il peut au contraire entrer
en combinaison avec beaucoup plus de verbes. Deux autres
9.2. Mon informatrice de La Valette m' a dit avoir entendu dans valeurs modales peuvent être associées à cet auxiliaire : celle
la bouche de vieux vil lageois, le verbe Il)asadl "moissonner" de facil ité du procès et celle d ' indécision dans une phrase
employé comme auxi li aire inchoatif et m' a forgé l ' ex. suivant :
264 Auxil iaires, particules verbales et préverbes

interrogative. Toutes deux sont vivantes dans les dialectes


contemporains.
Tous les autres auxiliaires inchoatifs sont d ' un emploi
rare. /r�ma/ "jeter" n ' est apparu qu' à la c. suff. , chez des
locuteurs âgés de Gozo, et une fois dans un récit pour enfants.
VIII. LES AUXILIAIRES DE CONTINUITE DU PRO CES
Il est lui aussi accompagné d ' une nuance de rapidité et
d' intensité. /f�taQ/ "ouvrir" est aujourd' hui perçu comme
"poétique". /t�la?/ "partir", dont j ' ai dû provoquer l' emploi
Remarques préliminaires
par des questions, ne s'utilise qu' avec des sujets susceptibles
de mouvement, donc sans contradiction avec son sens plein.
M. Cohen ( 1924 ) a consacré un chap. particulier aux "notions
/habat/ "frapper" semble être d ' un usage exclusivement litté­
accessoires du temps" qui "peuvent soit situer l' action dans
r�ire dans les passages narratifs . /Dascl/ "survenir" n ' a été
une tranche minime de temps, soit définir un mode d' accomplis­
relevé que dans deux exemples l ittéraires. Enfin /sar/ "deve­
sement qui implique une relation avec la durée. " ( ib id. 265)
nir" n' est employé , de manière courante, qu' avec deux verbes :
C' est dans cette catégorie qu' i l classait la notion de ""conti­
lui-même quand il signifie "avoir lieu" et /yaf/ "savoir " . Avec
nuer à" : tranche centrale d ' un procès envisagé dans la durée
ce dernier, la périphrase, lorsque /sar/ est à la c. suff . ,
de son développement" ( ibid. 266 ) . Il faut ajouter, car ceci a
semble avoir acquis une valeur aspectuelle d' accompli .
son importance pour le maltais qui connaît également une
subdivision durative de l ' accompli et de l ' inaccompli ( voir
p. 153-72 ) , que la notion de "continuer à" implique nécessaire­
ment que le procès décrit par le verbe auxilié a déjà commencé
avant le moment où est énoncée la périphrase, ce qui n' est pas
le cas pour l' accompli et l ' inaccompli duratifs.
Le maltais connaît tro is auxiliaires principaux pour
exprimer ce "temps accessoire" . Le premier, /ba?ao/, est bien
connu au Maghreb (M. Cohen 1924 : 269) ; les deux autr � s ont été
formés à partir de verbes d' origine italienne /k)mpla/ et
/iss;kta/. Aucun d' entre eux ne montre encore la moindre
tendance à devenir invariable, à l ' inverse de ce que M. Cohen
(1924 : 269) soul ignait pour /baqa/ dans les dialectes arabes.

1. L'auxi liaire /ba ?a o /

/ba?ao/ au sens propre signifie "rester". Il provient de la


racine arabe BQY à troisième radicale semi-vocalique, mais il a
été réinterprété en maltais comme un verbe à ancienne pharyn­
gale fricative sonore ( Aquilina 1987 : 75 ) , comme le montre, p �r
/

exemple, la 3ème pers. pl. de la c. suff. : /ba?Ou/ (prononcee


[ba?aw ] ) et non */b?�w/ comme les verbes à 3ème radicale
semi -voyelle.
/ba?ao/ peut être à la c. suff. ou à la c. préf . , mais le
verbe auxilié ne peut être qu' une c . préf . , ou bien un parti­
cipe actif s ' il s ' agit des verbes de mouvement et d' attitudes
dont la liste figure p. 134-5.
266 Auxiliaires, particules verbales et préverbes La continuité du procès 267

Seuls les verbes processifs peuvent être auxiliés par 1. L-gnagna taé-é irku wanedha tibqa' tidwi (O. Calleja 1972: 39)
Ib a?aOI, mais il n'y a pas d' autres restrictions d' emploi pour <le-tumulte (f. ) de-le-cirque une-elle elle-reste elle-fait­
cet auxiliaire, qui est de loin le plus utilisé des trois. Le écho>
sujet peut aussi bien être animé qu' inanimé. "Seul, le tumulte du cirque continue à faire de l' écho"
, ,
2. Infb?aO nérgaO lara lcyn il-vcrzy:Jniyy�t taO ?abcli
<je-reste je-reviens en-arrière vers les-versions de avant>
1.1. Verbes autres que ceux de mouvement et d' attitudes "Je continue de revenir sur les anciennes versions"
3. L -ideat godda L i jibqgnu jissorprendu kemm l i L L-partitarji
1.1.1. Lorsque Ib a?aOI est à la c. suff. , la périphrase a les tagnna u nafna aktar l iLL-avversarji ( IL -Mument 16-2-1987,
valeurs habituelles de l ' accompli : parfait ou aoriste. p. 6)
<les-idées nouvelles que elles-restent elles-surprennent com­
1. limb aoad b?ayt nfktcb il-p:Jczfyya rcg:JI �ri °bmr-i kbll-ul bien à-Ies-partisans de-nous et beaucoup plus à-Ies-adver­
<ensuite je-restai j' écris la-poésie régulier vie (m. )-moi saires>
tout-lui> "Les idées nouvelles qui continueront de surprendre nos
"Puis j'ai continué à écrire de la poésie régulièrement toute partisans et encore plus nos adversaires"
ma vie" 4. lu nfstaO nf b?aO niftakar-°:Jm sa lluml
2. [lÔ ba 'a jIgri] ( Stumme 1904: 59, 1 . 21 ) <et je-peux je-reste je-rne-souviens-eux jusque aujourd' hui>
<lui il-resta il-court> "Et je peux continuer à m'en souvenir jusqu' à aujourd' hui"
"Lui, il a continué à courir" 5. gnandu jibqa' jingnata l iLhom (Esd. 6/9)
3. /l).afna nj;)s ba?Ou yistkcrra-l) dan ir-raccéttl <chez-lui il-reste il-est-donné à-eux>
<beaucoup gens ils-restèrent ils-détestent-Iui celui-ci la­ "Il doit continuer à leur être donné"
ferme (m. » 6. lylb?aO yIsr:Jb s sa-yigrI-I-ul
"Beaucoup de gens ont continué à la détester, cette ferme" <il-reste il-boit quoi FUT-il-arrive-à-Iui>
4. Idawn il-p:Jczfyyi b a?Ou yfdOru f-ant:Jbgfyyil " S ' il continue de boire, que va-t-il lui arriver ? "
<celles-ci les-poésies elles-restèrent elles-paraissent dans­
anthologies>
"Ces poésies ont continué à paraître dans des anthologies" 1.1.4. L'auxiliaire peut être précédé d'une particule de futur:

1. lu ckk sc-nib?Ou n°:Jdda-°:Jml


1.1 .2.L' antériorité dans le passé se forme aussi avec la <et ainsi FUT-nous-continuons nous-comptons-eux>
c. suff. de /ba?aOI, précédée de l ' auxiliaire Ik�nl : "Et comme ça,� nous allons continuer à les compter"

1 . limbaoad wara l-gwérra k�nu ba?Ou yltl)nu lzycdl


<ensuite après la-guerre ils-étaient ils-restèrent ils-mou­ 1.1.5.Ib a?aOI, à la c. préf. , précédé de l ' auxiliaire Ik�n/,
lent plus> peut être utilisé pour exprimer l' imparfait ou le passé d' habi­
"Puis après la guerre, ils avaient continué à moudre encore" tude. Aucun exemple de ce type n' est apparu dans mon corpus.
Mon informatrice de La Valette m' a forgé l ' exemple suivant :

1.1.3. Lorsque Iba?aOI se trouve à la c. préf. , l' opposition 1 . Ik�nu ylb?Ou y�klul
formelle entre inaccompli général et inaccompli concomitant <ils-étaient ils-restent ils-mangent>
n' opère plus , car cet auxiliaire n' admet pas la particule de " Ils continuaient de manger"
concomitance pour lui-même ou le verbe auxilié. La c. préf.
peut donc assumer les deux valeurs ainsi que celles de futur
vague et de modal. Ib a?aOI peut être auxilié par un auxiliaire
modal.
268 Auxiliaires, particules verbales et préverbes La continuité du procès 269

1.1.6. La forme d' impératif n' est apparue que dans des phrases 1 . 2.2. Lorsque l' auxiliaire est à l' impératif, l' auxilié n' en
relevées dans la Bible. Mon informatrice en a forgé quelques demeure pas moins à la forme participiale, alors qu' il était
autres exemples . Le verbe auxilié est lui aussi à l' impératif : lui aussi à l' impératif pour les autres verbes :

1. ibqa ' ftakarhu L i (Ne. 5/19) 1 . Imma ibqgnu mexjin, sinjuri (O. Calleja 1972: 37)
<reste rappelle-lui-à-moi> <mais restez marchant (pl o ) , messieurs>
"Continue à me le rappeler ! " "Mais continuez de marcher, messieurs ! "
2 . IÎb?aO kull ( Q ) 2. Ejja, ibqa ' gnaddej ( ibid. p . 30 )
<va, reste passant>
<reste mange>
"Va-t-en, continue ton chemin ! "
"Continue de manger ! "
3. lu kIf wasal ins;mma ?al-I-u i b?aO t6laol
<et comment il-arriva enfin il-a-dit-à-lui continue montant>
1.2. Verbes d e mouvement e t d'attitudes "Et en arrivant, enfin, il lui a dit : "Continue à monter !"

1.2.1.Lorsqu ' on veut exprimer la continuité d'un procès avec


ce type de verbes, c' est, généralement, le participe actif du 1.2.3. Il peut arriver que l' auxiliaire soit suivi non pas du
verbe auxilié qui est utilisé après l' auxiliaire Iba?aOI quelle participe actif de ces verbes de mouvement, mais de la c. préf.
que soit sa conjugaison Aquilina ( 1987 : 74 ) fait une différence entre ce syntagme et le
précédent : si Iyi b?ao/ est suivi d' une c. préf. , il apporte
1. limb aoad ba?aO séyyer uk; ll fi-t-t arf taO m� ltal alors "the idea of habituai or repeated action in intransitive
<ensuite il-continua allant aussi dans-l' extrémité de Malte> verbs having the Active Participle". Pour ces verbes, il y a
"Puis il continua d' aller jusqu' au bout de Malte" donc une opposition, au sein de la "tranche centrale du
procès" , entre concomitant et habituel. Un seul exemple en a
2. lil-patr::Jl b5ts k6nu b a?Ou tdOIn cal fi:i?1
<les-"patrol boats" ils-étaient ils-continuèrent montant été relevé dans mon corpus :
(pl. ) pour sur>
"Les bateaux patrouilleurs avaient continué à monter vers en l . ItrId tkun si mignUn bl).�l-i tlpbb ie-cInema u tib?aO tmUrl
haut" <tu-veux tu-es quoi fou comme-moi tu-aimes le-cinéma et tu
3. Fredu jibqa' sajjem (O. Calleja 1972: 49) restes tu-vas>
<Fred il-reste jeûnant> "Il faut être un fou comme moi pour aimer le cinéma et
continuer d'y aller"
"Fred continue de jeûner"
4. IOas ma-stayn6-s n ib?Ou seyyrln °ekk al).nal
<car ne-nous-pouvions-pas nous-restons allant ( pl. ) ainsi 1.3. La négation
nous>
"Parce que nous ne pouvions pas continuer à avancer ainsi, 1.3.1. La négation de la continuité est obtenue à partir des
nous" éléments de la négation verbale, portés par l' auxiliaire
5. Ise-y i b?aO séyyerl
<FUT-il-reste allant> 1 . I? al-l-°::Jm li-n-n�s b�s ma-yib?Oa-s y;rbtu l-imk�tarl
"Il va continuer d' avancer" <il-a-dit-à-eux à-les-gens pour ne-ils-restent-pas ils-atta­
6. lu t ifd régaO ba?aO t61ao fi]? is-si ggul ( Q ) chent les-mouchoirs>
<et l' enfant il-revint il-resta montant sur la-chaise> "Il leur a dit, aux gens, de ne pas continuer à attacher des
"Et l' enfant a recontinué à monter sur la chaise !" mouchoirs"
7. Ik6nu yib?Ou ri?dlnl (Q) 2. Imous t alli ma-ba?Oa-s y;rbtu s:- siggiyy6� ma-ba?OU-s
<ils-étaient ils-restent dormant (plo » yirriscrv�-°::Jm t alli kull méta k6nu im::Jrru l-knïsya ?abd ma
"Ils continuaient de dormir" ip;ggu bi-l-?fOda k6nu Y::J? ; Odu imi ssu s-s iggul
270 Auxil iaires, particules verbales et préverbes L a continuité d u procès 271

<ne-lui-pas de-ce-que ne-elles-restèrent-pas elles-attachent Une autre différence avec l ' auxili aire /ba?ao/ est que
les-chaises ne-elles-restèrent-pas elles-réservent-elles de­ /ik;mpli/ peut être précédé d ' une particule de concomitant. Je
ce-que chaque quand elles-étaient el les-vont l ' église avant n ' en ai toutefois relevé qu 'un seul exemple ( ex. 4 ci-dessous ) ,
que el les-s' asseoient avec-l' assise elles-étaient el les-s' as­
seoient elles-touchent le-siège> 2 . /m-oandék-s taO-I-famÎlya l i bmpléw yal).dm6-o8m dawn/
"Non seulement elles n' ont pas continué à attacher les <ne-chez-toi -pas de-la-famille que i l s-continuèrent il s-tra­
chaises, elles n' ont pas continué à les réserver, mais à vaillent-eux ceux-ci>
chaque fois qu ' elles allaient à l ' église, avant de s ' asseoir, "Tu n ' as pas des gens de ta famille qui ont continué à en
elles palpaient bien la chaise" fabriquer ?"
3. i l -muzika tkompl i tnewwan (O. Calleja 1972: 1 0 )
<la-musique el le-continue el le-piaille>
1.3.2. Lorsque c' est le verbe qui suit /ba?aO / qui porte les "La musique continue à piailler"
éléments de la négat ion, la périphrase n' a plus le sens de 4. il-pop l u fehem u qed ikompl i jifhem hekk kif ( I l -Mument 8.2.
"continuer à" mais celui de "ne pas réussir à, manquer, fail­ 1987, p . 6)
lir, échouer" : <le-peuple il-comprit et en-train il-continue il -comprend
ainsi comment>
1. /a1 l6ra marrct tfayla ;l).ra waray_Oa u ba?Oct ma-rriturn�t-s/ "Le peuple a compris et il est en train de continuer à
<alors elle-al la jeune-fille autre derrière-elle et elle­ comprendre ainsi comment . . . "
resta ne-elle-retourna-pas> 5. /oal6s k6ku k6nu ik;mplu izIdu mao-I-kull�na sablha . taO-I-
"Alors une autre jeune fille y est allée après elle et elle lcggéndi li °ando8m il-gzéyycr maltIn/
n' a pas réussi à revenir" <parce-que si ils-étaient ils-continuent ils-ajoutent avec­
2. /cérta p8cziyya tib?aO ma-tikbmunik�-s/ la-col lection bel le de-les-légendes que chez-elles l es-îles
<certaine poésie elle-reste ne-el le-communique-pas> maltaises>
"Une certaine poésie ne réussit pas à communiquer" "Parce qu' autrement elles auraient continué d' augmenter l a
belle collection de légendes que possèdent les î l es maltaises"
2. L' auxiliaire /kompla/ 6. /mé la l).a-ik;mpli ya?bad sbnd ir-r6h/
<alors FUT-il-continue i l-saisit selon i e-vent>
Ce verbe, qui provient du sicilien cumpl iri ( Aquilina 1987: "Alors il continue (je feu) de prendre selon le vent"
673 ), au sens propre, signifie "continuer finir ". Comme 7. /?�Iu li mOus sc-ik;mplu yaOtu izycd bnccssy::miyy6t/
auxil iaire, il est moins fréquent que le précédent et principa­ <ils-dirent que ne-lui-pas FUT-ils-continuent ils-donnent
lement uti lisé par les locuteurs de "standard" , et à l ' écrit. plus concessions>
J ' en ai tout de même relevé quelques rares exemples chez "Ils ont dit qu' ils n' allaient pas continuer à faire plus de
d' autres l ocuteurs. Son fonctionnement morpho syntaxique est le concessions"
même que celui de /ba?ao/, à la seule exception près, je le 8. kompl u isimgnu din grajjieti ( O . Calleja 1972 : 158 )
rappelle, que /k;mpla/ peut être suivi d'un verbe à la c. suff . <continuez entendez celle-ci aventures-moi>
avec la même valeur que si l ' auxilié était à la c. préf . Nous "Continuez d ' écouter mes aventures !"
en avions vu deux exemples dans la presse (p. 69), en voici un 9. imma jkompl i sejjer wara l -mument tat-tandit ( Borg 1988: 86)
autre tiré de la traduction de la Bible : <mais il-continue allant après le-moment de-le-parler>
"Mais cela se prolonge après le moment de l ' énonciation"
1. u hekk kompl ejtu zidtu mad-dnubiet ta' Israel ( Esd. 10/10 ) 10. se jkompl i tiela' sa fuq nett (O. Cal leja 1972: 123 )
<et ainsi vous-continuâtes vous-ajoutâtes avec-les-péchés de <FUT il-continue montant jusque sur complètement>
Israël> "Il continuera de monter jusqu ' en haut"
"Et ainsi vous avez continué à accroître les péchés d ' Israë l "
p

La continuité du procès 273


272 Auxiliaires, particules verbales et préverbes
l
l iem ( I l -Mument 15. 2. 1987 ,
3. L'auxiliaire /iss:l kta/ 1 . Dan ifisser, zied jgl'ii d i L -kel
p. 2 )
ur>
liss8ktal provient du verbe sici lien siquitari ( Aqui l ina 1990: <celu i-ci i l-sig nifie , i l-ajouta i l-dit l ' orate
"Cela s ignif ie, ajou ta l ' orate ur . . . "
1358) dont les sens sont "suivre, continuer" et dont seul le
second a été conservé en maltai s . Il est, dans mon corpus, d ' un
Dans le roman de Friggieri ( 1986: 62) Iz�dl apparaît devant
emploi très rare. Je n ' en ai rel evé que quatre exemples, tous à
la c . suff. et avec un sujet animé chez un aumônier de un autre verbe Ingibcdl "être attiré" . Cet emploi a paru
Hal-Qormi , chez le romancier Friggieri et dans le journal étrange à mon informatrice de La Valette.
Il -Mument. Il est également employé dans la Bible, il y en a
gl'izugl'i
deux exemples dans la traduction d' Esaïe, aux c. suff. comme 2. n -puL izija zied jing ibed Lejn iz-za
ré vers le-je une>
préf. Il est considéré comme archaïque et préci eux par mon <le-policie r il-ajouta i l-est -atti
être attir é vers le jeune homm e"
informatrice de La Valette. "Le polic ier cont inua d'
âgés (70 à 90 ans )
1. liss8kta yfsocd dun lc:m�rd::ll Enfin , j' ai relev é aupr ès de locut eurs
cet auxi liair e, toujo urs à
<il-continua il -prouve Dun Leonardo> de Mgarr ( Malt e ) quelq ues empl ois de
es IdÉ:°c rl "app araît re" �t
"Et Dun Leonardo a continué de prouver" la form e néga tive, avec les verb
r que l ' auxi l iaire et l ' aUXI -
2. u ssokta miexi ftit 'il quddiem minnha ( Friggieri , 1986: 139 ) Ir�?adl "dorm ir". I l faut rema rque
<et il-continua marchant un-peu à devant de-el le> lié sont tous deux à la c. suff . :
"Et il a continué à marcher devant elle"
3. issokta jgl'i id is-Sur Mifsud ( Il -Mument 15 . 2 . 1987, p. 14) 3. Ima-z�d-s dÉ:°crl
<il-continua il-dit le-Monsieur M ifsud> <ne- i l-ajouta-pas i l-apparut>
"Monsieur Mifsud poursuivit" "Il a cessé d' apparaître"
4. Ima-zidt-s ir?adtl
L' autre exemple de la presse est aussi avec le verbe " dire " . <ne-j' ajoutai-pas je-dormis>
" J ' ai cessé de dormir"
4. I l -Mulej issokta jkel lem l i l Al'iaz u jgl'iidlu ( Es . 7/1 0 )
<le-Seigneur il-continua il-parle à Akhaz et i l-dit-à-Iui> s. Conclusion
"Le Seigneur continua à parler à Akhaz et lui dit"
du proc ès, tout en étan t
5. u gl'iad n issokta nzid kontra D imon (Es. 15/9) Les auxi liair es de cont inuat ion
' en prés ente nt pas moin s des
<et encore je-continue j' ajoute contre Dimôn> synonymes sur le plan sémantiqu e, n
ité .
"Et je continuerai d' ajouter ( aux malheurs de) Dimôn" diffé renc es de fonc tionnement et de vital
entr e eux, Ib�? aO/, e�t le plu: répa nd� de
Le prem ier d'
e macc ompl l conc omit ant
tous , mais l ' oppo sitio n formelle entr
er que pour les verb es de
et non conc omit ant ne semb le fonc tionn
4. L' auxiliaire /z�d/ "ajouter"
son sens de "con tinue r. à
mouvement. La périp hras e verb ale perd
Il est généralement présenté comme pouvant fonctionner comme "ne pas réus sir à faire
faire quelq ue chos e" au prof it de
auxiliaire de tranche centrale du procès. En fait, son utili sa­ la néga tion port ent sur le
quel que chos e" si les élém ents de
tion est très réduite, au moins en maltais "standard" , puis­
verbe auxil ié.
qu' i l ne fonctionne, dans son util isation la plus courante, ant et i l est surto ut
Ik8mpl al est d' usage moin s cour
qu' avec des sujets animés et le verbe "dire" . Mon informatrice de l ' écrit . A l ' inver se de
l ' apanage du parle r "stan dard " et
de La Valette n ' a pu en imaginer d' autres emplois. Les seuls
ex. que j ' ai rencontrés proviennent de la presse. En voici un :

1 Sic. L ' orthographe correcte est " ignid" après une consonne.
274 Auxiliaires, particules verbales et préverbes

Iba.?aO/, l ' opposition inaccompl i concomitant - non concomitant


fonctionne pour tous les types de verbes auxiliés.
Quant à liss;kta/, son emploi est très rare et archaïsant
mais il ne semble pas réservé à quelques verbes particuliers.
Par contre, son utilisation avec des sujets inanimés ne paraît
pas possible.
Un dernier auxiliaire Iz�dl "ajouter" ne s ' utilise, de IX. L'AUXILIAIRE D' ITERATIF /r�ga'/
manière courante en "standard" , qu' avec l e verbe lioIdl "il
dit". Tout autre verbe paraît incongru au regard du langage
quotidien. Cependant, i l apparaît de manière moins restreinte Remarques préliminaires
dans la l ittérature et en dialectal , au moins chez les locu­
teurs âgés. I l serait intéressant de pouvoir pousser l ' enquête En mal tais, comme dans d ' autres dialectes arabes surtout
sur le degré de la vitalité de cette forme ail leurs qu' en orientaux , mais aussi maghrébins, 1 c' est le verbe Ir�gaOI
maltais "standard". "revenir" qui sert d ' auxiliaire pour exprimer qu' un procès ou
un état s' est déjà produit et se répète, une ou plusieurs fois.
Il est important d ' insister sur la notion de "déjà produit",
afin de bien souligner l a différence qui existe avec l ' accompli
et l ' inaccompli duratifs décrits au chap. II ( p . 153-72) et qui
eux n' impliquent nullement que le procès qui dure (ou se
répète) a déjà eu lieu. Nous avons d ' ai l leurs vu que l ' auxi­
l iaire du duratif pouvait auxil ier l ' auxiliaire d' itératif.

Au sens propre Ir�ga ° 1 signifie donc "revenir " , mais i l


est d e plus e n plus rarement utilisé dans c e sens à l' heure
actuelle sans être accompagné de la particule IIOral "en
arrière" :

1. Ima-n:;gOO-s IOral
<ne-ils-revinrent-pas en-arrière>
"Ils ne sont pas revenus"

Aussi loin que la documentation nous permet de remonter,


le maltais connaît cet auxil iaire. On le trouve par exemple
dans les dialogues de De Soldanis ( 1755 )

2. rgajna L tqajna ( n ° VII, p. 122)


<nous-revînmes nous-nous-rencontrâmes>
"Nous nous sommes rencontrés de nouveau"

1 D. Cohen se souvient l ' avoir entendu en Tunisie. Communica­


tion personnelle.
276 Auxilia ires, particules verbales et préverbes L' itératif 277

1. L'ordre des termes 4. Iper6 dan il-punt °aÜssa n isti�)? n�O]?-u u nerga nirribrna
°alÎ-1; lzyed il ?udd6ml
Dans la quasi-totalité des exemples relevés, Ir�gaOI précède <mais celui-ci le-point pour-maintenant je-souhaite je-ferme­
directement le verbe auxi l ié, mais ils peuvent parfois être lui et je-reviens je-retourne pour-lui plus à devant>
séparés par leur sujet : "Mais ce point pour l ' instant je veux le refermer et y
revenir plus tard"
1. Isak�mm ma-yinbidfI -s il-gv�rn u y�rgaO k61bs imGU
<jusqu' à-ce-que ne-i l-est-changé-pas le-gouvernement et il ­ 3. La périphrase est à la c. suff. ou préf., à l 'impératif
revient tout il -meurt> ou au participe actif
"Jusqu'à ce que le gouvernement ne soit changé et que tout ne
remeure" De tous les auxil iaires, Ir�gaOI est le seul qui présente la
2. limb�oad t�rgaO an na ta°tI-ni bicca �I;na k6nna nOidG-I-oa particularité d'être toujours accompagné d'un verbe à la c.
f�rsal 0, 88-90) suff. s ' i l est lui-même à cette conjugaison, et d ' être toujours
<ensuite e lle-revient Anna elle-donne-moi morceau (f. ) nous à la c. préf . si le verbe auxilié l ' est aussi. Il en va de même
nous-étions nous-disons-à-elle planche> à l ' impératif et pour le participe actif à valeur de progres­
"Puis Anna me redonnait un truc que nous appelions une sif. Les valeurs déjà décrites de ces quatre conjugaisons ne
planche" s ' en trouvent pas modifiées. On remarquera également que
Ir�gaOI peut auxili er une périphrase inchoative ou marquant la
2. Les compatibilités de /r �gaD/ continuité du procès. La conjugaison de Ir�gaOI est alors
identique à celle de l'auxiliaire.
Ir�gaOI ne connaît aucune restriction d' emploi, il s ' utilise
aussi bien avec des sujets animés qu' inanimés , et peut auxilier a) Conj. suff. :
n' importe quel type de verbes, ce qui lui offre des compatibi­
lités plus vastes que le morphème re- du français par exemple. 1. [ �lkaptân r�ga k�llümJ ( Stumme 1904: 62, 1. 36)
En part iculier il peut précéder des verbes ou pseudo-verbes
d ' état comme Ikgnl "être" , IO�ndul " avoir" ou lemml " i l y a", < le-capitaine il-revint il-a-dit-à-eux>
ou bien être employé de manière pléonastique avec un autre "Le capitaine leur a redit"
verbe de sens "revenir" lirrit6rnal ( i l ne s ' auxilie toutefois 2. If-I-clf disao miyya tneyn u erboln erg�yt geyt awnl
pas lui-même) : <dans-le-mille neuf cent deux et quarante je-revins je-vins
ici>
1. koUox jerga' jkun bnal dari ( O . Calleja 1972: 154 ) "En 1 942 je suis revenu ici"
<tout il-revient il-est comme autrefois> 3. Ir�gaO mar °and miss6r-ul ( I II, 68-9)
''Tout est de nouveau comme autrefois" <i l-revint i l-alla chez père-lui>
2. Irega ' k ien hemm tnaqqis fl -assi total i tal -bank ( I l -Mument "Il est retourné chez son père"
15. 2. 1987, p. 2) 4. Dak ta' l-ewwel rega ' qabad jigri (O. Cal leja 1972: 117)
<il-revint i l-était là manque dans- l es-avoirs totaux de-la­ <celui-là de-le-premier il-revint il-a-sais i il-court>
banque> "Celui du premier s'est remis à cour ir"
"Il y avait de nouveau un trou dans la totalité des avoirs de
la banque" b) Conj. préf. :
3. In�rgaO candi zewg inyam6t 61;ral
<je-reviens chez-moi deux bois autre ( f . » 5. In�rgOu naOz?G-oa u n�rgOu insifrG-oa lcyn payylz-bml
"J'ai de nouveau deux autres morceaux de bois" <nous-revenons nous-cu ltivons-elle et nous-revenons nous­
voyageons-elle vers pays-vous>
278 Aux iliaires, particules verbales et préverbes L' itératif 279

"Nous la recultivons et nous la renvoyons vers votre pays" "C' est comme si j ' étais en train de me remettre à taper dans
6. Jerga' jibda jifittex mal -kamra ( O . Calleja 1972: 67 ) le ballon avec mes pieds"
<il-revient il-commence il-cherche avec-la-pièce> 4. qed terga' tiskanta (O. Calleja 1972: 14)
"Il se remet à fouiller la pièce" <en-train tu-reviens tu-me-dévisages>
7. InérgaO niSQlt-I-u bcc [Pt?] ft.e-ul 0 , 98-9) "Tu es en train de me redévisager"
<je-reviens je-jette-à-Iui peu farine sur-lui> 5. [ indûna fl l-ammu-missferu klenu q�dîn jarg30u jittramau
"Je lui rejette un peu de farine dessus"
sa-Dâga kantra taQQom] ( Stumme 1904: 6, 1 . 17)
<il-s' aperçut que-mère-Iui -et-père-Iui ils-étaient assis
c) Impératif : ( pI . ) i ls-reviennent ils-trament quoi -chose contre de-eux>
"Il s ' est aperçu que sa mère et son père étaient en train de
8. Iw érgaO itfaQ-Q:Jm da?sékkl retramer quelque chose contre eux"
<et reviens jette-eux ainsi> 6. Isc-nérgOu nibdéw naOtu Qirsa lcyn il-vcrzY:Jniyy6t li °andnal
"Et rejette-les comme ça !" <FUT-nous-revenons nous-commençons nous-donnons regard vers
9. lérgOu QUdU-Q IUral les-versions que chez-nous>
<revenez prenez-lui en-arrière> "Nous allons nous remettre à jeter un œil sur les versions
"Reprenez-le !" que nous avons"
7. [ Dazbu, flli bacca kfen sejarga jODQdom iddâr] ( Stumme 1904:
6, 1. 26 )
d) Participe actif . Je n ' en ai rencontré aucun exemple dans mon
<ils-pensèrent, que Boëëa il-était FUT-iI-revient il-prend­
corpus , mais un énoncé de ce type apparaît pour le dialecte de
eux la-maison>
Mgarr ( Malte) dans l' ouvrage de Camil leri :
"Ils pensèrent que Boëëa allait les ramener à la maison"
8. Ikun se jerga ' jorirog (O. Calleja 1972 : 7 9 )
10. [ issce fce in rIga sceira] ( Camilleri 1987 : 3 1 )
<il-est FUT il-revient il-sort>
<maintenant o ù revenant (f. ) allant (f. »
"Il est sur le point de ressortir"
"Alors, où est-ce que je reviens 7"
9. IQa-nérgaO na?biz-I-ck f-disk6rs 6Q:Jrl
<FUT-je-reviens j' interromps-à-toi dans-discours autre>
4 . La périphrase avec un auxiliaire ou une particule verbale "Je vais t ' interrompre de nouveau et changer de sujet"
10. Se jk ol l i nerga' niftari i l - legistru (O. Calleja 1972: 102)
Si le prédicat est situé dans la concomitance ou à un "temps
<FUT j ' ai je-reviens j' ouvre le-registre>
situé", c' est l ' auxiliaire IrégaOI qui est précédé des parti­
"Je vais devoir rouvrir le registre"
cules verbales ou des auxiliaires. Il en est de même avec les
Il. b iex jien inkun n ista' nerga ' nappl ika ( O . Calleja 1972: 105)
auxili aires modaux :
<pour moi je-suis je-peux je-reviens je-postule>
"Pour que je puisse repostuler"
1 . lil-piry51 k�n régaO baOt-u °and-ui
<le-prieur il-était il-revint il-envoya-Iui chez-lui>
"Le prieur l ' avait renvoyé chez lui" 5. La négation
2. Iwara s60a u n:Jfs bnt nérgaO mmUr il-f6rn/ 0 , 82-3)
<après heure et demi j ' étais je-reviens je-vais le-four> C' est, comme pour les autres auxili aires, IrégaOI qui porte les
"Une heure et demie après, je retournais à la boulangerie" éléments de la négation verbale
3 . I?Is-ni ?ct-nérgaO nfbda naQbat i l-ballUn mao sa?ay-yal
1. /ma-ycrgaO-s ya?aO bf-°:Jml
<comme-moi en-train-je-reviens je-commence je-frappe le-bal­
<ne-il-revient-pas il-tombe avec-eux>
lon avec pieds-moi>
"Il ne retombe pas avec eux"
280 Auxiliaires, particules verbales et préverbes L' itératif 281

2. Nispera li nadd ma jerga ' jiftanha ( O . Calleja 1972: 27 ) dus. Les trois seuls exemples écrits que j ' ai relevés se
<j' espère que personne n e il-revient il -ouvre-el le> trouvent dans une pièce de théâtre, et dans un journal , donc
"J' espère que personne ne la rouvrira" dans des niveaux de langue qui tendent à imiter ou à se
3. Tergax tibda int ! ( ibid. p. 76) rapprocher de l ' oral.
<reviens-pas tu-commences toi>
"Ne recommence pas , toi !"
7.1. Il est quelques exemples où IrégaOI est à la même conju­
gaison que le verbe de la phrase, et accordé avec le sujet,
6. /r éga o/ est suivi d 'un pronom copule mais dans lesquels il est rejeté à la fin de l ' énoncé ou juste
après le verbe. On pourrait peut-être considérer cela comme une
Dans une pièce de théâtre du dramaturge Ebejer ( 1985 ) , j ' ai première étape dans l ' évolution vers la conjoncion déjà plus
relevé par deux fois une construction où IrégaO 1 est util isé avancée dans les autres cas qui seront décrits ci -après.
dans une phrase avec un pronom personnel en fonction de copule
(sur la copule, voir p. 355 sq). 1. lissa I:tï yib?;i°-I-Oa biéca 8I:tra yérgaOI
<maintenant frère-moi i l-reste-à-elle morceau (f. ) autre (f. )
1 . U gnalhekk issa l-familja reggnet h i xi naga ( p . 33 ) il-revient>
<et pour-ainsi maintenant la-fami lle elle-revint elle quoi "Alors ma fille, i l lui en reste encore un bout en plus"
chose> 2. limb;i°ad inglb il-m8st nérgaOI
"Et ainsi maintenant, la famille était de nouveau quelque <ensuite j' apporte le-peigne je-reviens>
chose" "Puis j' apporte le peigne de nouveau"
2. Tantaf ir-receiver b i l -herra mingnal iha rega' hu Richard 3. limma tÎtlcf mrnn-oa térgaO tal
(p. 40) <mais tu-perds de-elle tu-reviens t iens>
<ell e-attrape l' écouteur avec-la-dureté de-po ur-elle i l-re­ "Mais tu en perds encore tiens"
vint lui Ri chard> 4. [ tobza séIn ! �mlu gaskÙra arga ! ] ( Stumme 1904: 55 , 1. 6 )
"El l e saisit l ' écouteur brutalement pensant que c' était de <aie-peur rien ! mets-lui dedans-sac reviens ! >
nouveau Richard" "Ne t' inquiète pas ! Mets-le dans u n sac aussi ! "
5 . lu kumbinaccy3ni kin-émm dawk iz-zéwgt iI:tb�b °and fayyéncu
régOul
7. Le passage à la conjonction
<et chance il-était-Ià ceux-là les-deux amis chez Fajjenzu
ils-revinrent>
Il est intéressant de remarquer que Irégal semble être égale­
"Et par chance, il y avait ces deux amis chez Fajjenzu de
ment en train de devenir une simple conjonction. Plusieurs
nouveau"
indices viennent étayer cette hypothèse . Le premier est que les
6. Ima-nif-s kïf ma-ccmpIÎt-s régOct b�s tOïd li!
règles d ' accord énoncées ci-dessus aussi bien en genre, en elle-revint
<ne-je-sais-pas comment ne-el le-téléphona-pas
nombre qu ' en forme conjuguée, peuvent ne pas être respectées.
pour e lle-dit que>
Le second argument est la place occupée alors par IrégaO/, le "Je ne sais pas pourquoi elle ne m ' a pas appelée de nouveau
seul indice parfois, en tête ou en fin d' énoncé, ou encore
pour me dire que . . . "
juste après le verbe. On remarquera également que c' est le
verbe principal de la phrase qui porte l es éléments de la
négation et non plus IrégaOI ( ex. 6 ci-dessous ) , Il est alors 7 .2. Dans un exemple, Iréga °1 est à la c . suff. alors que
considéré par les informateurs comme équivalent de luk8ll1 l ' auxilié est à la c. préf. , mais les accords en genre, nombre
"aussi ", pouvant signifier également "encore", "en plus", "de et personne sont respectés :
nouveau" . Mais il est ressenti comme "plus fort " , donc comme
plus expressif. Il est encore, semble-t-il, réservé au domaine
de la langue parlée, tous dialectes et niveaux sociaux confon-
282 Auxil iaires, particules verbales et préverbes L' itératif 283

1. I[ ragal J:ldik;pt8r yittawwl-il-na da-l-03dul "En plus, ces routes qui conduisent de La Valette à Rabat
<il-revint hélicoptère i l-regarde-à-nous ce-le-matin> [ , . . 1 n' existaient pas encore"
"Un hélicoptère nous a surveillés de nouveau ce matin"
7.5. La forme la plus employée est celle de la 3ème pers. du
7.3. Il Ya 4 ex. où l ' accord en genre, nombre et personne est masc. sing. de la c. préf. , quels que soient le sujet et la
fait, mais où l ' auxi li aire est à la c. suff . alors que le verbe forme du verbe de l ' énoncé. Elle peut se trouver indifféremment
auxilié est à une forme d' inaccompli concomitant. La périphrase en tête ou en fin d' énoncé
exprime tout de même un présent concomitant et non un progres­
sif référencié au passé . Il s' agit uniquement d ' ex. écrits, et 1. Iy�rga ° inti -s tifocml
le dernier d' entre eux a été considéré comme "pas très correct" <i l-revient toi-quoi tu-comprends>
par mon infor �atrice de La Valette. En fait, il semble que , "De nouveau, est-ce que tu comprends 7"
dans ce cas, IrcgaOI tende à se figer à la c . suff. , au l ieu de 2. ly�rgaO in-nannu uk;ll kkïn sagristiinl
la c. préf. , comme nous le verrons au § 7 . 5 . ci-dessous . Les <il-revient l e-grand-père aussi i l-était sacristain>
deux premiers exemples sont instructifs de ce point de vue . "En plus, le grand-père aussi était sacristain"
NO}ls avons vu en effet (ex. 3 à 5, p. 278-9) que rien n' empêche 3. lu dawn y�rgaO dak iz-zm6n mOus talli k�nu y;rbtu slggul

IrcgaOI d' être lui-même précédé de la particule de concomitant: <et celles-ci il-revient celui-là le-temps ne-lui-pas de-ce­
que elles-étaient elles-attachent chaise>
1. reggnu qegnd in jinbnu ( Esd. 4/12) "Et cel les-ci aussi , en ce temps-là, ce n' est pas seulement
<il s-revinrent assis ( pl . ) i ls-construisent> qu' e lles attachaient une chai se"
"De nouveau, i l s sont en train de construire" 4. lu y�rgaO k6nu yaOml6.-oa ?att6t1
2. Rega' qed jibki (O. Calleja 1972: 171 ) <et i l-revient ils-étaient ils-mettent-elle gerbes>
<i l-revint en-train il-pleure> "Et aussi ils la mettaient en gerbes"
"De nouveau, i l est en train de pleurer" 5. lu l-:::>I) rayn intu-O;m-l-i y�rgaO b-l-;rdnil
3. Rega niezel inewwan ndejn l -gnadira ( ibid. p. 150 ) <et les-autres je-donne-eux-à-moi il-revient avec-l' ordre>
<il-revint descendant il-pleurniche près la-mare> "Et les autres je me les mets aussi en ordre"
"De nouveau, il est en train de descendre pleurnicher près de 6. 11mma ma-ddistingwI-s bcyn l-Oayta taO ?att6.sa u l-Oayta taO
la mare" kdb y�rgaOI
4. Issa rgajna gejjin l ura minn triq onra ( Il -Mument 13. 09. <mais ne-tu-distingues-pas entre le-cri de chatte et le-cri
1987, p. 24 ) de chien il-revient>
<maintenant nous-revînmes venant ( p l . ) en-arrière de chemin "Mais tu ne distinguerais pas entre le cri d ' une chatte et l e
autre> c r i d ' un chien aus si"
2
"Maintenant nous sommes en train de revenir encore une fois 7. Kol lox Mal qabel rid jerga' ! (O. Cal leja 1972: 154 )
par un autre chemin" <tout comme avant il-voulut il-revient>
"Tout comme avant, il voulait en plus ! "

7.4. J ' ai relevé une seule phrase dans laquelle i l y a désac­


cord en nombre et conjugaison, mais pas en genre, entre Ir�gaOI 8 . Conclusion
et le verbe de la phrase :
Dans la l ittérature l inguistique germanique ou slave, voire
1 . IJ targal dawk it-t;r:::> ? li yaOtu mil-l-b�lt °a-r-rabat [ . . . 1 française, l ' itératif est classé parmi les "modes d ' action"
kkïnu °iid-o :::> m ma-sar6.-s1
<ell e-revient celles-ci les-routes que elles-donnent de-!a-
vi lle pour-le-Rabat [...1 e l les-étaient encore-el les ne-
elles-devinrent-pas> 2 Sic. L' orthographe correcte est "ried" .
284 Auxiliaires, particules verbales et préverbes

( les "Aktionsarten" de l' allemand ) . Dans l ' analyse qu 'en fait


D. Cohen ( 1989: 34-40 ) , les modes d' action sont définis comme
l imités et fixés dans leur fonctionnement morphologique, l iés à
la nature l exicale des verbes. De plus, un même morphème peut
recouvrir plusieurs notions différentes. En maltais, rien de X. LES AUXILIAIRES MODAUX
tel nous avons vu que l ' auxil iaire /régao/ possède au
contraire une liberté totale d' agencement avec tous les verbes
et pseudo-verbes de la langue, et même avec une copule d' ori­ Remarques préliminaires
gine pronominale , et qu' i l est monovalent. Si le terme d' " ité­
ratif" a été conservé dans ce travail, ce n' est donc pas à Par l ' appellation traditi onnelle d' "auxiliaires modaux" on
cause d ' un éventuel rapport avec les modes d' action, mais parce désigne, selon Dubois et a U i ( 1984: 31 9 ) , "la classe des
que la notion sémantique de répétition d ' un procès ou d ' un état auxiliaires du verbe qui expriment les modalités logiques
qu' i l recouvre est parfaitement valable pour le maltais. (contingent vs nécessaire, probable vs possible) le sujet
L ' auxi liaire /régao/ ne met en jeu, par lui-même, aucune considère l' action exprimée par le verbe comme possible,
valeur aspectuelle ou temporelle. On comprend alors que le nécessaire, comme une conséquence logique ou le résultat d' une
verbe auxi lié soit à la même conjugaison que l ' auxiliaire sans décision, etc. "
que cela entraîne de changements dans ces valeurs.
Pour finir, je voudrais revenir sur un aspect particulier Les modalités ont fait l ' objet de nombreuses études de la
du développement de /régao/, c ' est-à-dire son emploi comme part des linguistes, dont, pour ne retenir que l ' une des plus
conjonction. On peut voir s ' accomplir sous nos yeux le passage récentes, celle d' Antoine Culioli, repr ise par ses élèves . Ils
d' une forme verbale à une simple particule qui a tendance à distinguent quatre types de modalités, dont deux sont pertinen­
devenir invariabl e. Toutefois, comme particule, elle est encore tes pour l ' analyse des aux iliaires modaux :
li ée à son sens originel : de "revenir" qui signifie "venir à
nouveau", il demeure encore l' idée de répétition contenue dans - La modalité dite de type II, aussi nommée "modal ité
"à nouveau" . Par contre, le processus d' abstraction semble épistémique", "établit une relation entre l'énonciateur et le
entamé lorsqu ' el le fonctionne comme un simple équivalent de contenu propositionnel représenté par la relation prédicative"
/uk6ll/ "aussi". On voit poindre là le stade ultime le plus [ , . . 1 La valeur particulière de cette modalité est qu'e lle
abstrait de simple fonction conjonctive sur laquelle D. Cohen a exprime de la part de l' énonciateur une absence de certitude
maintes fois insisté au cours de ses séminaires de l ' EPHE sur quant à la validation de la relation prédicative.
l ' auxi liarité de 1983 à 1 985. Un parallèle intéressant peut L' énonciateur ne choisit pas entre validé/non validé, mais
être fait avec le phénomène analogue qu' i l cite pour le kabyle évalue les chances de validation de la relation prédicative.
où un verbe /arnu/ de sens "continuer, recommencer" est aussi Cette évaluation est essentiellement quantitative.
ut ilisé comme conjonction avec le sens de "en plus" : Avec le "très probable" l ' énonc iateur tend vers la valida­
/ifka yas yallis arnu yugas ahham/ tion, avec le contingent il se place à égale distance entre la
"Il lui donna sa fille, en plus il lui a acheté sa maison" validation et la non-validation i l les envisage toutes deux
Pour D. Cohen il s ' agit d ' une forme marquée de la conjonc­ comme possibl es . " ( Bouscaren et Chuquet 1987 : 37 ) .
tion qui dénote une relation psychologique. Le même commentaire
pourrait aussi s' appliquer à la forme /ycrgao/ du maltais . L a modalité dite de type IV, aussi appelée "modalité
inter-subjective" "concerne les relations entre le sujet et le
prédicat à l ' intérieur de la relation prédicative. [ , . . 1 la
validation de cette relation passe par les propriétés, la
volonté du sujet de l' énoncé, ou encore la volonté, la pres­
sion, la demande que l' énonciateur fait peser sur le sujet de
l' énoncé : on trouvera ici les valeurs déontiques ( ordre, per-
286 Auxil iaires, particules verbales et préverbes Les auxil iaires modaux 287

missi on, souhait, suggest ion, volonté, causation, possibil ité, 3. Iy�n nistaO anki n!:t::>ss in-mvital
capacité . . . ) . " ( Bouscaren et Chuquet 1987 : 37 l . <moi je-peux même je-sens la-nouveauté>
Pour désigner cette modal ité, je retiendrai ici l e terme "Mo i, je peux même sentir la nouveauté"
générique de déontique utilisé pour qualifier ses valeurs, car 4. ltistaO ycw taOm iI-oa ark§.ta u tkun séwwa inkéllal
il est aussi celui employé par les logiciens et repris par <tu-peux ou tu-fais-elle arche et el le-est juste ou-bien>
d' autres linguistes : "beaucoup de langues semblent rapprocher "Tu peux soit en faire une arche et ce sera bien, soit . . . "

la possibilité et la nécessité de deux notions analogues, mais


relatives à une appréciation d ' ordre moral, les notions de IsétaOI et le verbe auxilié s' accordent de la même façon
droit et d ' obligation ( les logiciens appellent ces notions en genre, nombre et personne, sauf s ' il s' agit des pseudo­
déontiques [ . . . ] ) " (Ducrot et aLii 1972 : 396 ) . verbes "avoir" ( voir p. 413-4 et 418) et des quelques verbes
qui se conjuguent en maltais avec les pronoms suffixes. IsétaOI
On aura remarqué que Culioli et ses élèves établissent une est alors toujours à la 3ème pers. masc . sg. :
distinction entre les deux modalités sur deux plans différents
de l ' analyse linguistique que Dubois et a L i i n' avaient pas pris 5. ma setax )ismek John (O. Calleja 1972: 21 )
en compte dans la définition, nécessairement étroite, de leur <ne il-put-pas il-appelle-toi John>
dictionnaire : le premier concerne la relation syntaxique entre "Tu ne pouvais pas t' appeler John"
le sujet et le prédicat, le second la relation extra-linguis­
tique du locuteur avec son énoncé. Le syntagme composé de IsétaOI suivi du verbe likTInl "il
est", uti lisé de manière impersonnelle à la 3ème pers. masc .
sg. dans un syntagme figé, permet au locuteur de marquer qu' il
1. Les auxiliaires "pouvoir" envisage un énoncé comme une probabi lité, ou une improbabi lité
à la forme négative. I l est l ' équival ent d'un sens contenu dans
1 . 1 . L'auxiliaire /sétao/ "pouvoir" la racine MKN connue dans d ' autres variétés d' arabe sous la
forme Imumkinl ou IYdmkdn/, etc . , et qui n' existe pas en
Remarques préliminaires maltais :

L' équivalent du verbe "pouvoir" est IsétaOI en maltais . Etymo­ 6. Iméla yistaO ikan ma-niftakar-sl
logiquement, il est à rapprocher d ' une forme dérivée en st­ <alors il -peut il-est ne-je-me-souviens-pas>
d'un verbe dont la racine comporte une deuxième radicale semi­ "Alors il est probable que je ne me souviens pas"
vocalique, TW<', et réinterprétée en maltais comme une racine à 7. Ima-sctaO-s ikan I ii
trois consonnes forte STe;'. <ne-il-put-pas il-est que>
"Il n' était pas possible que"
IsétaOI ne s' emploie qu' en construction asyndétique avec
un autre verbe ( qui peut parfoi s être élidé ) . Mais il peut être Le verbe IsétaO 1 est compat ible aussi bien avec des sujets
séparé du verbe auxilié par leur sujet, leur complément ou des animés qu' inanimés et peut auxilier des verbes processifs comme
adverbes : des verbes d ' état.

1. lyistaO si !:tatt yaOm il-TI-I-i na?ra f-I-artl 1.1.1. Auxi L iant et auxiLié sont à La con). suffixaLe
<il -peut quoi personne il-met-Iui -à-moi un-peu sur-le-sol>
"Quelqu ' un pourrait- il me le poser un peu par terre 7" La construction où auxiliant et auxilié sont tous deux à la
2. lyistaO 1 taO-r-rt ya!:tdim-o::>m matTII il-gurn�tal ( III, 34-5 ) c. suff. n' est pas très fréquente. Je n ' en ai relevé qu' une
<il-peut à de-le-roi il-travaille-eux tout-le- long la-journée> vingtaine d' exemples dans le corpus. Elle exprime une valeur
"Il pourra, ceux du roi, les travailler toute la journée" modale déontique de possibilité, mais qui ne s' est pas réal i-
288 Auxi liaires, particules verbales et préverbes Les auxiliaires modaux 289

sée. Elle est parfois associée à une idée de reproche comme 1. lu minn ckk sétOu y6l;du rittriitil ( l , 109-10 )
dans le premier exemple ci -dessous <et de ainsi ils-purent i ls-prennent photos>
"Et de là ils ont pu prendre des photos"
1. Stajt gdimt iLsienek int ukoLL ! ( O . Calleja 1 972: 57 ) 2. Kif stajt inqajmek ? (O. Cal leja 1972: 155 )
<tu-pus tu-mordis langue-toi t o i aussi> <comment je-pus je-réveille-toi>
"Tu aurais pu retenir ta langue toi aussi !" "Comment ai-je pu te réveiller 7"
2. Idawn kwhi séeu k6nu sunéttil 3. lil-h;bz
' b�s sétaO yinb6l; r�d ikUn ittimbriit b i-I-b; l l taO-
<ceux-ci presque i ls-purent ils-étaient sonnets> l-gvé rnl
"Ceux-ci auraient presque pu être des sonnets" <le pain pour il-put il-se-vend i l-voulut i l-est t imbré avec-
3. ImoïS, si p:)cziyya f:Jst l-al;yiir li w6l;cd yimmagina li stayt le-timbre de-le-gouve rnement>
ktibt immal "Le pain, pour qu' i l ait l ' autorisati on d' être vendu, devait
<ne-elle-pas quoi poesie parmi les-meilleures ( inv. ) que un être t imbré avec un timbre du gouvernement"
il- imagine que je-pus j'écrivis mais>
"Ce n' est pas une des meilleures poésies que l ' on imagine que A la forme négative, l ' auxiliaire exprime des valeurs
j' aurais pu écrire, mais . . . " modales déontiques d' impossibilité ou d' incapacité :
4. Il-idcntita l i rcs?lt-na l-aktar lcyn l-iÜlya kïf sée ct
rcs?lt-na lcyn il-libyal 4. u ma setgnux jgnaddu tmiem i l -gimgna mal -fam ilji tagnhom
<l' i dentité que e lle-rapprocha-nous le-plus vers l' Italie ( I l -Mument 15 . 2. 1987, p. 2 )
comment el le-put ell e-rapprocha-nous vers la-Libye> <et n e i ls-purent- pas i ls-passent f i n la-semaine avec-Ia-
"L' identité qui nous a rapprochés le plus de l ' Ital ie, comme fami lle de-eux>
elle aurait pu nous rapprocher de la Libye" "Et i ls n' ont pas pu passer la fin de la semaine avec leurs
famil les" ( cela ne leur a pas été possible à cause de l a
La périphrase peut figurer dans un énoncé négatif où tempête)
i 2
l ' auxi liaire porte les éléments de la négation. Sa valeur 5. Ila??as pr:)pyamént ma-staynI-s indal).l;IU-l; f-sigral
modale est celle d' impossibi lité, toujours avec l' idée que <pas-mêm e propremen t ne-nous-p ûmes-pas nous-faiso ns-entrer -
l' inverse de ce qui est énoncé aurait pu se produire. Yoici le lui dans-arbre>
seul exemple relevé : "Nous avons même été incapables de le faire entrer dans un
arbre ! " , ,

5. Ma stajtux nsibtuha an jar din tal -vilLa ( Ebejer 1985: 73 ) 6. Isakémm da-s-s;ld wa?aO-I-u f-gand;tt u ma-sctaO-s igïb-ul
<ne vous-pouviez-pas vous-pensâtes-elle mieux celle-ci de-Ia­ <jusqu' à-ce-que ce-le-sou il-tomba-à-Iui dans-caniveau et ne­
villa> i l-put-pas i l-apporte-Iui>
"Yous n' auriez pas pu mieux combiner les choses avec celle de "Jusqu ' à ce que ce sou lui soit tombé dans un caniveau et il
la villa" n' a pas pu l ' en retirer" ( i l en a été incapable)

Il existe quelques énoncés où auxi liant et auxi lié sont


1.1.2. L ' auxil iant est à la c. suff. et l ' auxil ié à l a c. préf.
tous deux à la forme négat ive. La construction marque alors
Dans cette construction, la c. suff. de l ' auxi liaire contient
les valeurs habituelles de l' accompli celle d ' un narratif
dans le récit, d ' un parfait dans le discours. Du point de vue
l La forme écrite est "lanqas" mais on entend plus souvent la
modal, il s' agit toujours de valeurs déontiques, soit de
forme du texte.
réalisation effective, de capacité (ex. 1 ) , soit de possibilité
2 La langue écrite ne tolérerait pas la double négation de
( ex. 2 ) , soit de permission ( ex. 3) :
cette phrase Ula??asl et Ima . . . 51 ) . Le 151 y serait de trop.
290 Auxil iaires, particules verbales et préverbes Les auxi liaires modaux 291

l' impossibi lité pour le sujet de ne pas avoir fait quelque 7. /kulJ:tatt yistaO yikkultÎva l-odi�ï?i t�O-u/ ( III, 89-90 )
chose : <chacun il-peut il-cultive les-champs de-lui>
"Tout le monde pourra cultiver ses champs"
7 . /ma-stayt-s ma-ncmmin-s llli yinsibu ccrti bncdmIn iIli
b-J:tarslt-o::>m iOayynu lil dak l i ik6n/
b) Le syntagme peut avoir, plus rarement , des valeurs épisté­
<ne-je-pus-pas ne-je-crois-pas que ils-se-trouvent certains
miques exprimant l' éventuel ou le contingent, ou encore le
hommes que avec-regard-eux ils-jettent-le-mauvais-œil à
faisable ( ex . 3 ) . Dans mon corpus elles ne sont apparues que
celui-là que il-est>
dans la littérature, mais sont également possibles à l ' oral
"Je ne pouvais pas ne pas croire qu ' i l se trouvait des gens
selon mon informatr ice de La Valette :
qui , par leur regard, jetaient le mauvais œil à quelqu'un"
1. ma tafx kemm jista' jdum dan l -istrajk ? (O. Calleja 1972:
1.1 . 3. L 'auxi l ia ire est à la conjugaison préfixale 106 )
<ne tu-sais-pas combien il-peut i l-dure celui-ci la-grève
Lorsque le verbe aux ilié et l' auxi liaire sont à la c. préf . , (m. »
c ' est, de beaucoup, la périphrase la plus fréquente dans le "Tu ne saurais pas combien de temps va pouvoir durer cette
corpus. grève ?"
2. Irrid ngnid, wara l - iskrivanja tiegni wiened jista' jidnol
jistrien sew, mhux hekk ? ( O . Calleja 1972: 119)
a) Le syntagme exprime le plus souvent des valeurs modales
<je-veux je-dis, derrière le-bureau de-moi un il-peut il­
déontiques de poss ibilité, de capac ité, de permission :
entre il-se-repose juste, ne-lui-pas ainsi?>
"Je veux dire que derrière mon bureau quelqu' un pourrait
1 . Kif nista ' nkun al1jar mH L i jien !? ( O . Calleja 1972: 14 )
entrer se reposer un peu, n ' e st-ce pas ?"
<comment je-peux je-suis mieux de-que moi>
3. tant il -maskra t ista' tinneba r-reja l tà ( Friggieri 1972: 186 )
"Comment pourrais-je être mieux que je ne le suis !?"
<sous le-masque ell e-peut el le-se-cache la-réalité>
2. /méta nistOu naOgnu [aJ:tna.l/ 0 , 14-5 )
"Sous le masque, il arrive que se cache la réal ité"
<quand nous-pouvons nous-pétrissons nous>
"Quand pouvons-nous pétrir, nous ?"
3. /u k�ku tkün famI1ya tistaO tra??ad anki t-tfal/ c) Quand l' auxiliaire est à la forme négative, la périphrase
<et si elle-est famille tu-peux tu-fais-dormir même les­ n ' a plus que les valeurs modales déontiques d' impossibilité,
enfants> incapac ité, interdicti on :
"Et si c ' était une fami lle tu pourrais même faire dormir des
enfants" 1. Ma nistgnux n ibqgnu hekk C O . Calleja 1 972: 152)
4. gnal iex kulma jista ' jwiegned il -Buffu huma b iss pupi tal ­ <ne nous-pouvons-pas nous-restons ainsi>
lastku (Friggieri 1972: 179 ) "Nous ne pouvons pas rester ainsi"
<parce-ce-que tout-que il-peut il-promet le-Buffu eux seule­ 2. /ma-tistaO-s tipprcténdi li tbiddcl l-umanita/
ment poupées de-le-caoutchouc> <ne-tu-peux-pas tu-prétends que tu-fais-changer l ' humanité>
"Parce que tout ce que Buffu peut promettre, ce sont des "Tu ne peux pas prétendre faire changer l ' humanité"
poupées en caoutchouc" 3. issa Beppo ma jista' qatt izjed jigi 'l ura. Bla maskra ma
5. /minkéyya I-marda li °andu °6wa yistaO yimsil ( Q ) ikunx Beppo. (O. Calleja 1972: 35 )
<malgré la-maladie que chez-lui lui il-peut il-marche> <maintenant Beppo ne il-peut jamai s plus il-vient en arrière .
"Malgré sa mal adie, il est capable de marcher" Sans masque ne i l-est-pas Beppo>
6. /?al li inti tistaO tigil ( Q ) "Maintenant Beppo ne pourra jamais plus revenir. Sans masque,
<il-a-dit que t o i tu-peux tu-vi ens> il n' est pas Beppo. "
"Il a dit que toi, tu pouvais venir "
292 Auxiliaires, particules verbales et préverbes Les auxiliaires modaux 293

4. lil-mâra t6°-i ma-tistâO-s issâyyar °as marldal ( Q ) que celles qui viennent d' être indiquées au paragraphe précé­
<la-femme de-moi ne-elle-peut-pas elle-cuisine car malade> dent, mais seulement, semble-t-il, le déontique lorsque le
"Ma femme ne peut pas faire la cuisine parce qu' elle est syntagme est précédé de Ikian/.
malade"
5. Ima-yistaO l).att ifissir-06-I -ckl - Le déontique :
<ne-il-peut personne il-explique-elle-à-toi> 1. Ik6nu yistOu yâOmlu 1-l).:::Jbzl 0, 8-9 )
"Personne ne peut te l ' expliquer" <ils-étaient i ls-peuvent i l s-font le-pain>
"Ils pouvaient faire le pain"
6. Ma tistgnux tistrajkjaw ( O . Call eja 1972: 104) 2. Ima-kiin-s awn ?aml). bizzÉyycd u ma-kina-s yistOu yistrui
<ne vous-pouvez-pas vous-faites-grève> <ne-il-était-pas ICI blé suffisamment et ne-ils-étaient-pas
"Vous n' avez pas le droit de faire grève" i ls-peuvent i ls-achètent>
7. Itaf s ma-tistâO-s t6l).u inti "Il n' y avait pas assez de blé et ils ne pouvaient pas ( en)
<tu-sais quoi ne-tu-peux-pas tu-prends toi> acheter"
"Tu sais ce que tu n ' as pas le droit d' emporter, toi ?" 3. [ l).âzbet urât i l l i kienet tista tal).bîjoml ( Stumme 1904:7,
8. is-sent ineL l i ma jistgnux jorqdu ( IL -Mument 15. 2 . 87, p. 6 ) 1 . 1)
<les-sentinelles ne elles-peuvent-pas elles-dorment> <el le-pensa et-elIe-vit que e lle-était elle-peut elle-cache­
"Les sentinelles n' ont pas le droit de dormir" eux>
"Elle a réfléchi et elle s' est rendue compte qu' elle pouvait
Il arrive, tout comme en français d ' ai l leurs, que seul le les cacher"
verbe auxilié porte les éléments de la négation, ou bien que 4. limbâoad y6na nkun nistaO nirrânga kIf irrÎd yianl
l ' auxiliant et l ' auxi lié soient tous deux à la forme négative. <ensuite moi je-suis je-peux je-répare comment je-veux moi>
Les valeurs modales sont respectivement celles de la possibi­ "Ensuite mo i , je pourrai réparer comme je veux, moi"
lité ou de l' impossibilité de ne pas faire quelque chose :
- L' épistémique ( le probable)
9. lu kull lingwa tippcrmÉtti lil-l-ispÎk�:lrs tâl).-l).a digJÎ 5. f?as inkan nistaO noâddi mi-d-dw&nal
diffcrÉnti taO kcmm tistaO ma-tirrcpctÎ-sl <ni je-suis je-peux je-passe de-I a-douane>
<et chaque langue elle-permet à-Ies-"speakers" de-el l e "de­ "Ni que je puisse passer la douane" ( = "Il est probable que
gree" différent de combien tu-peux ne-tu-répètes-pas> je ne passerai même pas la douane" )
"Et chaque langue permet à ses locuteurs un degré différent
de ce qu' on peut ne pas répéter"
1.1.5. L'auxi l ié est Le verbe Ib � ?aOI
10. IOas w6l).cd yistaO ma-iblla-s tfal imma ma-yistâO-s ma­
iblla-s gcnitaril
Nous avons vu (§ 3 . S . c p. 53-4) que Ibâ?aOI "rester" pouvait
<car un il-peut ne-il-a-pas enfants mais ne- il-peut-pas ne­
être utilisé de manière impersonnelle à la 3ème pers. masc. sg.
il -a-pas géniteurs>
de la c. suff. Dans cet emploi, Ibâ?aOI demeure à la c. suff.
"Parce qu' on peut ne pas avoir d ' enfants mais on ne peut pas
après Iyistao/. C' est le seul cas, dans mon corpus, où
ne pas avoir de géniteurs"
l ' auxil iaire IsÉtaOI à la c. préf. peut être suivi d ' un verbe à
la c. suff. l ' en ai relevé un seul exemple avec une valeur
1 . 1.4. ly [ staOI est L ui-même auxiL i é modale épistémique :

lyistaOI peut être auxilié uniquement par le verbe Ikianl "être" 1 . Kemm jista' baqagnLek hawn ? (O. Calleja 1972:78)
à la c . suff. ou préf . , qui situe l ' énoncé dans le passé ou <combien il-peut il-resta-à-toi ici>
dans un futur modal selon la forme utilisée. Avec likan/, on "Combien peut-il t ' en rester ici ?"
retrouve les mêmes valeurs modales déontiques et épistémiques
294 Auxiliaires, particules verbales et préverbes Les auxiliaires modaux 295

1 . 2. L' auxiliaire /yaf/ "savoir" 2. Les auxiliaires "devoir"

Aquilina ( 1987 : 8 ) indique que le verbe "savo ir" peut également Le maltais possède 5 auxil iaires de sens "devoir" ou "falloir"
s ' utiliser devant un autre verbe dans une construction asyndé­ dont les sens sont, quand ils foncti onnent comme verbes pleins,
tique, dans un usage qu' il qualifie d' adverbial avec le sens de "vouloir", "avoir" ( pour trois d ' entre eux ) et "toucher" . Ils
"peut-être, il est possible que", donc avec des valeurs modales vont être étudiés chacun à leur tour dans ce chapitre.
épistémiques. Il en donne quelques ex. , dont "jaf jagnmel
ix-xita L l um, it is quite possible that it may rain today", qui
2.1. L'auxiliaire /r�d/ "vouloir"
a été qualifié d' archaïque par mon informatrice de La Valette.
L ' important I C I est que Iyaf1 perde son sens plein et se Remarques préliminaires
comporte comme un auxiliaire, selon la définition qui en a été
donnée en tête de cette partie. Mais son emploi n' est en fait Au sens propre, Ir�dl signifie "vouloir". Lorsqu ' i l a pour
pas très fréquent. Je n ' en ai relevé que trois exemples dans complément un verbe ou une proposition, i l peut entrer dans une
mon corpus, à chaque fois avec le verbe li oldl "il dit " . Deux construction asyndétique si le verbe complément a le même sujet
fois il y a une valeur épistémique d' éventual ité, mais le 3ème que lui. Mais Ir�dl peut aussi être suivi soit par une complé­
énoncé comporte quant à lui une valeur déontique de capacité tive introduite par la conjonction de subordination lIiI "que " ,
( ex. 2 ) . soit par u n pronom encl itique complément d' objet , lui-même
sujet du deuxième verbe de l ' énoncé. Ir�dl avec le sens de
1 . Ima-taf-s tOidi-l-na f;rsi S I l).agal "vouloir" n' est donc pas un auxiliaire, dans le sens qui lui a
<ne-tu-sais-pas tu-dis-à-nous peut-être quoi chose> été donné en introduction à cette partie
"Tu ne pourrais pas nous dire peut-être quelque chose. . . ?"
2. loandu zc:wg sbpiyy�t sa fc:yn n§.f nOldl 1. IbÜli ma-r�d-s yinnc:g;cya mal).-l).:Jml
<chez-lui deux objectifs jusque où je-sais je-dis> <puisque ne-il-voulut-pas i l-marchande avec-eux>
"Il a deux objectifs, autant que je puisse en juger" "Puisque qu' i l ne voulait pas marchander avec eux"
2. /trldu li int t�bll ( Q )
1 .3 . Conclusion <ils-veulent que t o i tu-manges>
"Ils veulent que tu manges"
Si l ' on résume l es différentes valeurs liées à la présence de 3. Ima-rrid-ék-s tOld li yi8n dittUrl
l ' auxiliaire modal Iséta ° 1 dans un énoncé, on s' aperçoit que la <ne-je-veux-toi-pas tu-dis que moi vaniteux>
modalité déontique domine numériquement dans le corpus. C' est "Je ne veux pas que tu dises que je suis vaniteux"
elle qui apparaît exclusivement l orsque l ' auxiliaire est à la
c . suff. ou lorsqu' il est précédé de l ' auxi liaire temporel du Cependant, lorsque Ir�dl est en construction asyndétique
passé Ik�nl "il était". La modal ité épistémique ne fait son avec un autre verbe, et seulement dans ce cas, il peut perdre
apparition, relativement réduite, qu' avec la forme à marques son sens propre au profit de celui de "devoir" , et se comporter
préfixées de l ' auxiliaire. Elle f igure seule pour le verbe alors comme un véritable auxi liaire , auxiliant et auxilié ayant
impersonnel Iba?aOI "rester" , mais on ne peut évidemment pas obl igatoirement le même sujet et le même complément. Le sens de
déduire l ' absence d' une valeur déontique à partir d ' un exemple Ir�dl est toujours celui de "devoir" lorsque le sujet est
unique. inanimé ( sauf cas particuliers d ' utili sation stylistique où le
Quant à l ' auxil iaire Iyafl, la rareté de son utilisation a sujet est personnifié ) , mais pour l es animés, seul le contexte
été soulignée. Il n' est apparu qu' accompagné du verbe li oldl permettra de déterminer le sens de la périphrase ( comparer, par
" i l dit" avec une valeur modale épistémique d ' éventuel comme le exemple, l ' ex. 1 ci-dessus avec l ' ex. 2 p. 300 § 2. 1 . 4. ) . C' est
remarquait Aqui lina, mais aussi déontique de capacité. donc uniquement avec ce sens de "devoir" que Ir�dl fera ici
l ' objet d ' une étude dans le cadre de l ' auxiliarité.
296 Auxi l iaires, particules verbales et préverbes Les auxil iaires modaux 297

D ' un point de vue formel, le verbe auxilié par /r�d/ est 4. /il-1).6bz b�s sÉtaO yinb61). r�d ikOn ittimbrh bi-I-b6ll taO­
toujours à la c. préf . Par ailleurs, construction asyndétique l-gvÉrn/
ne signifiant pas inséparabil ité de l ' auxiliaire et de l ' auxi­ <le-pain pour il-put il-se-vend il -voulut il-est timbré avec­
lié, ceux-ci peuvent être disjoints par d' autres éléments le-timbre de-Ie-gouvernement>
qu' une conjonction ou une subjonction. Dans le corpus, ils le "Le pain, pour qu' i l eût l ' autorisation d ' être vendu, devait
sont uniquement par des adverbes ou des circonstants : être timbré avec un timbre du gouvernement"

4. /oas trld dÉyycm tiffÉysya ir-rÎl)./ 2.1.2. L'auxil ia ire est à la conjugaison préfixa le
<car elle-veut toujours el le-fait-face le-vent>
"Parce qu ' elle doit toujours faire face au vent" a) Dans la très grande majorité de ses emplois , la périphrase
avec /irld/ exprime des valeurs modales déontiques de néces­
Enfin, /r�d/ semble pouvoir être utilisé avec toutes sité, d' obligation, d' inéluctabi l ité. Ces valeurs, très pro­
sortes de verbes. ches, sont soit le fait du sujet lui-même soit le fait de
cir constances extérieures . Elles ne varient pas, quel que soit
2 . 1 . 1 . L 'auxil iaire est à la conjugaison suffixale le contexte temporel dans lequel est située la construction
avec /irld/ :
/r�d/, comme auxil iaire de sens "devoir" , ne s ' ut ilise que très
rarement à la c. suff. Je n ' en ai relevé que quatre exemples - Avec une valeur de présent générique
dans tout le corpus. Le premier se trouve dans le recueil de 1. /cmm cirbstanci fcyn trld tirrcptti/
Stumme ( 1904) le verbe auxi lié à la c. préf. est lui-même <là circonstances où tu-veux tu-répètes>
précédé de l ' auxi liaire /ikUn/ "il est", semble-t-il à cause de "Il y a des ci rconstances où tu dois répéter"

la présence d ' un sujet inanimé. Dans l es trois autres énoncés 2. /trld tkun g:J ri-ca b�s tifOfm-oa scw/
l ' auxil ié est simplement à la c. préf . et les sujets sont des <tu-veux tu-es dedans dans-el le pour tu-comprends-e lle juste>
animés ou des inanimés. Ils ont été formulés par un locuteur de "Tu dois être dedans pour bien la comprendre ( la situation ) "
Kerèem à Gozo et par un locuteur de Hal-Qormi. Les deux types 3 . /b�s t fkbcr trld t6bl/ ( Q )
de périphrase ont une valeur modale déontique de nécessité, <pour tu-grandis tu-veux tu-manges>
d ' obl igation. "Pour grandir tu dois manger"
4. In-nies trid tmut b Hfors ! C O . Calleja 1972: 131 )
1 . [ ilmisl).ûn rÎtt-ikûn j � l i , bies imûr ill).miec tal).l).a !l (p. 40, <les-gens ell e-doit elle-meurt avec-la-force>
"Les gens doivent mourir forcément ! "
1 . 29 ) 5 . [j�n errît nQ>tol IQl).raln uk�ll ! l ( Stumme 1 904 : 48, 1 . 19)
<l' eau-chaude ( m . ) i l-voulut-il-est i l -bout, pour i l-va la-
saleté (m. ) de-ell e> <moi je-veux je-tue les-autres aussi>
"L' eau chaude devait boui llir pour que sa saleté s ' en allât ! " "Moi , il faut aussi que je tue les autres ! "
2. /rfdna nuzaw I).afna matcry;il/ "ich muss auch d i e andern Schlangen tê:iten ! "
<nous-voulûmes nous-utilisons beaucoup matér iel> 6 . Fost i l -kostumi jrid ikun hemm l -atturi vera ( O . Calleja
"Nous avons dû utiliser beaucoup de matériel" 1972: 139 )
3. /il-garass I).a s6°:Jl imméns i l-garass rldna n:Jb:JrsU-1). k611-u <parmi les-costumes i l-veut i l -est là les-acteurs vraie>
mil-l-?61)./ "Parmi les costumes il faut qu ' il y ait les vrais acteurs"
< le-garage il-prit travail immense le-garage nous-voulûmes
nous-brossons-Iui tout-lui de-Ie-bas> - En contexte de passé, dans un récit
"Le garage a pris un travail immense. Le garage, nous avons 7. /dawk li k éW:Jm I-Od6?i irldu yal).dmu l-éwwd I-Od6?i taO­
dû le brosser en entier depuis le bas" r-rt/ (III, 25-6 )
298 Auxi liaires, particules verbales et préverbes Les auxiliaires modaux 299

<ceux-là que il s-avaient les-champs ils-veulent ils-travail­ sont-écrites encore pour-le-maltais>


lent le-premier les-champs de-le-roi> "Ce sont toutes des règles qui devront encore être écrites
"Ceux qui avaient des champs devai ent d ' abord travailler les pour le maltais"
champs du roi"
8. Idak l-imb6n:k taO zarao iridu ig::>rrU-i) k;ll-u ni? spall éy­ b) On peut trouver également, mais beaucoup plus rarement , une
O::>ml autre val eur modale déontique de conseil :
<celui-là le-béni de orge ( m . ) ils-veulent ils-transportent­
lui tout-lui sur épaules-eux> 1. Idawk is-saora cmm i)afna u iz-zcbbUg taf °al-I-béyl; trïd
"Cette orge bénie, ils devaient la transporter en totalité tmur l cyn iS-saora ycw iz-zcbbUgl
sur leurs épaules" ( récit) <ceux-ci le-Xagnra là beaucoup et le-Zebbug tu-sais pour-Ia­
9. IOas dan il-f;rn tai)-i)a l-éwwc1 trïd tai)mI-i) séwwal 0 , 135 ) vente tu-veux tu-vas vers le-Xagnra ou le-Zebbug>
<car celui-ci le-four de-elle le-premier elle-veut elle­ "Ceux-là, à Xagnra il y en a beaucoup, et à Zebbug, tu sais,
chauffe-lui juste> à vendre. Tu devrais aller vers Xagnra ou vers Zebbug"
"Parce que ce four à elle, d ' abord elle devait bien le
chauffer" (récit )
10. Idïn il -i)mlra l-éwwcl trïd t;Ol a fi-z-zingla d-darl ( l , 151 ) 2.1.3. lirldl est précédé de l 'auxil iaire Ik�nl
<celle-ci la-pâte le-premier el le-veut elle-monte dans-Ia­
bassine la-maison> On retrouve les mêmes valeurs de nécessité, d' obligation ou
"Cette pâte devait d' abord monter dans la bassine à la d' inéluctabilité lorsque l ' auxil iaire lirïdl est translaté dans
maison" ( récit ) le passé au moyen de l' auxiliaire Ik�nl "il était"

- En contexte de futur : 1. Ib�s ta?laO sclin k::>nt trïd tfayyar tal


Il. ligif6ri ik;lbk is-sink l-affariyy6t li trïd <pour tu-gagnes shill ing tu-étais tu-veux tu-lances t iens>
tai)dcm bi-o::>m/ "Pour gagner un shilling tu devais te battre, tiens ! "
<c' est-à-dire tu-as le-"sink" le-"cooker" les-affaires que 2 . kontribuzzjonijiet l i kienu gn.adhom iridu jitn.al lsu gn.as­
tu-veux tu-travai lles avec-eux> Sigurta' Nazzjonal i ( I l -Mument 15.2. 1987, p. 2 )
"C' est-à-dire que tu auras l' évier, la cuisinière, les affai­ <contributions que elles-étaient encore-elles elles-veulent
res avec lesquelles tu devras travailler" el les-sont-payées pour-la-Sécurité Nationale>
12. Idawk k;ll-oa li yatténdu °al-l-::>l impy�di irldu yippr::>dUcu "Les contributions qui devaient encore être payées pour l a
ccrtifik�tI Sécurité Nationale"
<ceux-là tout-elle que i ls-assistent pour-les-Olympiades ils­ 3 u l- iljie L i l -on.ra L i kienu g11ad iridu jigu (O. Calleja
veulent il s-produisent certificat> 1972: 1 7 )
"Tous ceux qui assisteront aux Olympiades devront produire un <et l es-nuits l' autre (f. ) que e l les-étaient encore elle-veu­
certificat" lent e lles-viennent>
13. Izda jien ma ni stax nistenna Gn.ada rrid nizzewweg "Et les autres nuits qui devaient encore venir"
( O . Calleja 1972: 1 26 )
<cependant moi ne je-peux-pas j' attends ! demain je-veux je­ Il faut noter que liridi ne peut être précédé du verbe
rne-marie> likUnl "être" à la c. préf . quand il signifie "devoir", mais
"Mais moi, je ne peux pas attendre. Demain je dois me marier" seulement lorsqu ' i l a son sens propre de "vou loir". Le maltais
14. l -izvH upp tal-bini jrid isir ( I l -Mument 13. 09. 1987, p. 20) a recours à un autre auxil iaire de sens "devoir" quand i l veut
<le-développement de-la-construction il-veut il-a-lieu> marquer expl icitement le futur dans une périphrase avec un
"Le développement de la construction devra se produire" auxiliaire modal, en l ' occurrence lik;l lul qui sera étudié
15. Idawn °Uma k;ll-oa rég::>li li irÎdu yinkitbu °ad ° al-l-m�ltil p. 304 sq.
<cel les-ci elles tout-elle règles que elles-veulent elles-
300 Auxiliaires, particules verbales et préverbes Les auxiliaires modaux 301

2.1.4. La négation ci-dessous, où l ' on remarquera que IOandul est obl igatoirement
suivi d ' un autre auxil iaire likUnl "il est" avec ce verbe dont
Lorsque l ' auxiliaire modal apparaît dans une phrase négative, le paradigme est défectueux ( i l n' a pas de c. suff. ) .
il exprime une valeur d ' interdiction formelle. Les éléments de
la négation sont portés par l' auxi liaire 1 . Iycw tmur fcyn °andck tmurl ( I , 8 1 )
<ou tu-vas o ù chez-toi tu-vas>
1. Ima-trId-s tkun l6bcsl ( I I I , 46-7 ) "Ou bien tu vas où tu dois al ler"
<ne-tu-veux-pas tu-es habillé> 2. [ Îssa 3antkom tkûnu tâful ( Stumme 1904 : 23, 1 . 17-18 )
"Tu ne devras pas être habillé" <maintenant chez-vous vous-êtes vous-savez>
2. Ima-rrld-s ninncg8cya ?alt-l-i 8mm-iI "Maintenant, il faut que vous sachiez"
<ne-je-veux-pas je-marchande elle-a-dit-à-moi mère-moi> 3. Ifu? dawk it-tradiccy:miyy6t °andna nibnu il-futUrl
"Je ne dois pas marchander , m ' a dit ma mère" <sur celles-là les-traditions chez-nous nous-construisons le­
3. Ma tridx tWef iL-fiduéja ( O . Calleja 1972: 128) futur>
<ne tu-veux-pas tu-perds la-confiance> "Sur ces traditions, nous devons bâtir le futur"
"Tu ne dois pas perdre confiance" 4. Idawna id-d&ti °ando8m yigu f inalicâti ufficyalmént bcyn
o&da u pie&dal
<celles-ci les-dates chez-e lles elles-viennent finalisées
2.2. Les auxiliaires "avoir" officiellement entre demain et après-demain>
"Ces dates doivent être fixées offi ciellement entre demain et
Nous verrons (p. 409 sq ) qu' il existe en maltais trois pseudo­ après-demain"
verbes différents pour exprimer la notion d' "avoir", corres­ 5. Il-istruttUri mOus niksir-08m imma nwassal-o::>m sa fcyn
pondant à des valeurs aspectivo-temporelles et modales diffé­ °and°::>m yinkissrul
rentes. Lorsqu' ils sont employés en construction asyndétique <les-structures ne-lui-pas je-casse-elles mais j ' amène-elles
avec un autre verbe à la c. préf . , ils fonctionnent comme des jusque où chez-el les elles-se-cassent>
auxiliaires et perdent leur sens propre de possession pour "Les structures, ce n' est pas que je les casse, mais je les
exprimer celui de "devoir" comme le fait le français "avoir à" amène jusqu ' au point où elles doivent se casser"
par exemple. Ils peuvent tous trois avoir des sujets animés et 6. [ innisa-tt�rok mâ 3and�ms jiksfu wiccom qUddiem râgell
inanimés. Il ne semble pas y avoir de restriction quant aux ( Stumme 1904 : 23, 1 . 31-32)
verbes qu' il s sont susceptibles d' auxilier . <les-femmes-les-turques ne chez-elles-pas elles-découvrent
visage-elles devant homme>
2.2.1. L'auxil iaire ;oimdul " i l a" "Les femmes turques ne doivent pas découvrir leur visage
devant un homme"
a) Comme lirId/, loandul marque souvent des valeurs d ' obliga­
tion, de nécessité, d ' inéluctabilité, ou d ' interdiction formel­ b) IOandul marque également souvent une modalité épistémique de
le à la forme négative. Toutefoi s , les deux auxil iaires ne sont probabilité logique, de quasi-certitude, valeur qui s' exprime
pas interchangeables. D' abord parce qu' avec un sujet animé par sa contrepartie d ' improbabilité logique à la forme négati­
liridi garderait dans certains contextes son sens propre de ve. De telles valeurs ne sont pas, semble-t-il, compatibles
"vouloir", seul loandui pouvant alors être employé ( voir ex. 1 avec l' auxiliaire lirId/.
et 6 ) . Une autre raison tient au niveau de langue. Lorsqu ' i l y
a le choix entre liridi et IOandu/, les locuteurs ont le 1. kif gnandhom isiru l - inkjesti f'pajjizna (Il-Mument 15. 2.
sentiment que le second appartient à un registre plus élevé, 1 987, p. 5 )
quasiment plus littéraire, que le premier . Enfin, l ' usage a <comment chez-elles elles-ont-lieu les -enquêtes dans pays­
parfois consacré l ' emploi de l ' auxiliaire loandui au détriment nous>
de lirldl comme avec le verbe Iyafl "savoir" dans l ' ex . 2
302 Auxi liaires, particules verbales et préverbes Les auxiliaires modaux 303

"Comme d �vraient se déroule r les enquêt es dans notre pays"


/ , 3. /sId iz-z6mcl kéllu y6Qu l-ba?ra °a-l-laQam/
2. /oandck tifOcm 5 irrId nOId bi-oa/ <propriétaire le-cheval i l-avait il-prend la-vache pour-la­
<chez-t oi tu-com prends quoi je-veux je-dis avec-el le> viande>
"Tu devrais compre ndre ce que je veux dire par là" "Le propriétaire du cheval a dû prendre la vache pour la
3. /mIn ya °zcl it -tri�j? it-tayyba/
boucherie"
/oandu ik6llu l-pns pcrita/
4. Fl -annar imbagnad qatgh.uha li l - i ljuni ma kel lhomx jitnal lew
<qui i l-chois it le-chem in (f. ) la-bon ne>
janarbu aktar (O. Calleja 1972: 25 )
<chez- lui i l-a la-pro spérité >
<dans-le-dernier ensuite ils-coupèrent-elle que les-lions ne
"Celui qui choisit le bon chemin " i ls-avaient-pas i ls-sont-laissés i ls-s ' enfuient plus>
"Devra it avoir la prospé rité"
"Et puis finalement ils ont décidé qu ' ils ne devaient plus
4. /anki t-tfâl yWmu- 08m scwwa igif6ri m-oandU-s1 laisser les lions s' enfuir"
ik6lbk
pnbltm a/
<même les-enfants ils-com prennen t-eux juste c ' est-à-d ire /kél lu/ permet également d ' exprimer un conseil , une
ne­
chez-Iu i-pas tu-as problè me> suggestion a posteriori. Les ex. de ce type ont tous été rele­
"Même les enfants les compre nnent bien, c ' est-à-d ire vés dans des dialogues de textes écrits. Selon mon informatrice
que tu
ne devrai s pas avoir de problè me" de La Valette, une autre construction lui est préférée dans la
5. gnandhom ikunu hawn gnal xi s-sebgna ( O . Calleja 1972
: 77 ) langue par lée. I l s ' agit de celle avec l ' auxil iaire /mcss/ qui
<chez-e ux i ls-sont i c i pour quoi les-sep t>
sera étudiée ci-dessous (p. 306-10 ) .
"Ils devraie nt être ici vers 7 heures "
5 . Kel lek tanseb qabel ( De Soldanis 1755, Dialogue IV, p . 118)
2.2.2. L'auxi l iaire /k é U u/ " i l ava it" <tu-avais tu-penses avant>
"Tu aurais dû y penser avant"
L'utilisation de /kéllu/ " i l avait" permet de translater la 6. Forsi kel l i nilgh.abhom jien ukol l dawk in-numri wara kol l ox
périphrase verbale dans le passé, que le sujet soit animé ou ( O . Calleja 1972: 92)
inanimé. Il semble pouvoir auxil ier tout type de verbes. <peut-être j ' avais je-joue-eux moi aussi ceux-là les-numéros
après tout>
- Cet auxiliaire apporte, dans un contexte de passé , des "Peut-être que moi aussi j ' aurais dû les jouer ces numéros
valeurs modales déontiques de nécessité , d' obligation, ou après tout"
d' interdiction dans une phrase négative :
- La périphrase avec /kél lu/ peut aussi exprimer, mais
1 . /gaQan ftakar illi issa da-l-bu?&r kéllu yaOml-u fi-l-bUt/ rarement dans le corpus, une valeur modale épistémique de
<Cahan se-souvint que maintenant ce-la-cruche (m. ) i l-avait supputat ion. Les quelques ex. relevés sont tous avec des sujets
il -met-lui dans-la-poche> inanimés :
"Cahan s ' est souvenu que désormais il fallait qu' i l mette la
cruche dans sa poche" 7. /dr&ma kIf kéWa tinQadcm fli? il-palkiyy6t m8dérni taO
2. /kélli n6?08d na°tf-Q y6bl/ (III, 80) l-cwr5pa/
<j' avais je-m' assois je-donne-lui i l-mange> <pièce comment elle-avait el le-est-travail lée sur les-scènes
"J'ai dû lui donner à manger quelque temps" modernes de l ' Europe>
"Une p ièce comme il devait s ' en faire sur les scènes modernes
de l ' Europe"

l Tous les auxil iaires devant /ik6llu/ sont invariables. Voir


p. 418.
Les auxiliaires modaux 305
304 Auxiliaires, particules verbales et préverbes

2.2.3. L'auxil iaire /ik ; Uu/ "iL a, il aura" mais cette valeur ne serait pas propre à l ' écrit selon mon
informatrice de La Valette :
a) L' emploi de l ' auxiliaire /ik;llu/ "il a, il aura" permet le
plus souvent de translater la périphrase dans le futur, qui est 1. U xi jkol l i n isma' fi xjuniti ! ( O . Calleja 1972: 57 )
déjà une des valeurs apportées par /ik;Uu/ lorsqu ' i l fonc­ <et quoi j' ai j' entends dans vieilless e-moi>
"Et qu' est-ce que je suis obligé d' entendre dans ma
tionne comme verbe plein. Il ne connaît pas, semble-t-i l , de
restriction d ' emploi, tant en ce qui concerne les sujets qu' en vieillesse !"
ce qu i concerne les verbes auxiliés. D ' un point de vue modal , 2. Biss iko l l i ngnid dak gnamel xi naga ( ibid. p. 117 )
ce sont surtout les valeurs d' obligation et de nécessité qui <seulement j ' ai je-dis celui-là il-fit quoi chose>
dominent "Seulement je dois dire qu' i l a fait quelque chose"
( ib id.
3. Ikol l i nammet ti l i "ignorantiatum " ma nafx xi tfisser
1. /ik;l l i nsïb si czcmpyi Izycd tayybIn/ p . 154 )
<j ' a i je-trouve quoi exemples plus bons> <j' ai j ' admets que " ignorant iatum" ne je-sais- pas quoi elle-
"Je devrai trouver de meilleurs exemples" signifie>
2. /bgs tl).It-oa ik;llna nsarrba-oa/ "Je dois admettre que " ignorantiatum" , je ne sais pas ce que
<pour tu-couds-elle nous-avons nous-mouil lons-elle> ça veut dire"
"Pour la coudre , nous devrons la mouil ler"
3. /ki tl).;bb-ni [ ikéllck thallcis-ni l/ cl Rarement, et dans mon corpus toujours dans l ' apodose de
<si tu-aimes-moi tu-as tu-payes-moi> phrases hypothétiques, lik;l lu/ confère une valeur épistémique
"Si tu m' aimes, tu devras me payer" de probabilité logique à l ' énoncé :
4. Dak ikollu jitnenna (O. Calleja 1972 : 8 1 )
<celui-là i l-a i l-est-enlevé>
1. /k ik;lbk ir-rIl). fi]? sa crb°cit iygm l).cimsa ik;Wa tlnscf/
"Celui-là ( le caveau ) il devra être enlevé" e lle-
<si tu-as le-vent sur jusque quatre jours cinq e lle-a
sèche>
Il faut remarquer que /ik;l l ul peut lui-même être précédé
"Si tu as le vent du nord, en quatre ou cinq jours ça devrait
d ' un préverbe de futur qui insiste sur le caractère certain du
sécher" ( le fromage )
procès à venir :

5 . se jkol lna nduru dawra sew ma ' diL-kamra (O. Calleja 1972 : 8 1 ) d) /ik;llu/ qui , comme nous le verrons (p. 415 sq ) , assume une
<FUT nous-avons nous-tournons tour juste avec cette-Ia-pièce> partie des valeurs et emp lois de la c. préf . des autres verbes,
"Nous allons devoir bien nettoyer cette chambre" peut être translaté dans le passé au moyen de l ' auxiliaire
6. /y6na sc-ik;ll i n;?°::Jd ncil).dcm il-l).In k;llu/ ( II I , 31-2) Ikgn/ " i l était", surtout avec une valeur de passé d ' habitude.
<moi FUT-j ' ai je-m' assois je-travaille le-temps tout-lui> Les valeurs modales de la périphrase sont aussi celles d ' obli­
"Moi je vais devoir rester à travail ler tout le temps" gation, de nécessité :

1 . /kin-ik;W::Jm yci°mlu k;lbs b-I-idéyn/


b) Lorsque dans certains contextes, /ik;l lu/ ne peut pas être <i l-était ils-ont i ls-font tout avec-les-mains>
interprété avec une valeur de futur mais de simple présent, "Ils devaient tout faire avec les mains"
d' inaccompli concomitant à l ' acte d ' énonciation, il permet 2. Ikin-ik;W::JID fi-I-03du pamu km6ni/
d' insister fortement sur le fait que l ' obligation dans laquelle <i l-était ils-ont dans-Ie-matin i ls-se-lèvent tôt>
se trouve l e locuteur lui est imposée de l ' extérieur et qu ' i l "Ils devaient se lever tôt le matin"
l ' accepte à regret. Cette insistance ne semble fonctionner que
pour les verbes de perception et de déclaration. Tous les ex.
relevés se trouvent dans des dialogues de la langue écrite,
306 Auxi liaires, particules verbales et préverbes Les auxiliaires modaux 307

e) J ' ai relevé deux ex. où l ' ordre auxiliant auxilié est re, qui appartient au groupe de verbes ayant pu s' auxiliariser
inversé . Le premier est tiré d ' une poésie improvi sée. Le secon
d grâce à un passage par un emploi métaphorique, a donc atteint
se trouve dans un dialogue d' une pièce de théâtre . Ils
sont le dernier stade dans les degrés d' auxiliarité mentionnés en
liés à un souci d' expressi vité, et marquent une insistan ce p
lus tête de cette partie (p. 1 04 ) .
grande sur la valeur modale d ' obligati on, considér ée comm
e Il faut signaler pour finir que les ex. relevés dans mon
inélucta ble . Pour le premier exemple , il faut aussi tenir corpus proviennent principalement de l ' écrit. Ils n' en sont
compte des contrai ntes de la rime :
toutefois pas l' apanage, et la construction périphrastique est
parfaitement intégrée dans la langue parl ée, sans être connotée
1 . /il-bn�dcm iwéssao i k6llu/
comme littéraire ou recherchée.
<l ' homme il-s'élargit i l-a>
"L' homme s' élargir, il ( l e ) devra"
2. Mal l i neni l su dil-biééa xognol inbeww eg ikol l i (O. Calleja 2.3.1. /mcss/ ou /miss/ + pronom suffixe + c. suff .
1972 : 78 )
<dès-qu e nous-so mmes-l ibérés cette-le -morcea u (f. ) travail C' est la périphrase la plus fréquente, aussi bien à l ' oral qu' à
je-m' esquive j ' ai> l' écrit, pour exprimer u n consei l , une suggestion a posteriori,
"Dès que nous serons débarra ssés de ce travail m' esquiver , je que l ' auxiliaire soit à l a forme affirmative ou négative. Elle
(le) devrai" est toujours accompagnée d ' une nuance de reproche.
Dans mon corpus la forme /mcss-/ a été uti lisée par les
locuteurs paysans originaires de Gozo ou de Malte et par une
f) Je n ' ai relevé aucun exemple de phrase négative avec locutrice de "standard" de Mgarr ( Malte ) qui ne parle pas le
/ik6llu/. Mon informatr ice de La Valette m ' a confirmé qu' il lui dialecte de son vil lage. /miss-/ est employé par les autres
semblait qu'un tel énoncé était impossible avec cet auxiliaire. locuteurs de "standard" . L' écrivain O. Calleja fait usage
alternativement des deux formes, sans que cela semble être lié
2.3. L'auxiliaire /mcss/ "toucher" à l ' origine sociale qu' i l prête à ses personnages.

Remarques préliminaires 1. /méss-ck tkcll fmt ?abcl/


<tu-touchas-toi tu-parlas avant>
Aquilina ( 1965: 1 87 ) signale un usage i diomatiq ue du verbe "Tu aurais dû parler avant"
/mcss/ /imfss/ "toucher " lorsqu ' i l est construi t avec les 2. Beppo ma messux mar jgnid l i ( O. Cal l eja 1 972: 34)
pronoms suffixes , au l ieu de la conjuga ison habitue lle : "mess <Beppo ne i l-toucha-lui-pas i l-alla il-dit que>
+ direct pron. suffixes + Perfect or imiss + pron. suffixes + "Beppo n' aurait pas dû al ler dire que . . . "
Imperfe ct, besides the l iteraI meaning , express es also Engl. 3. Misshom qagndu fil-kjù ( ib id. p . 129 )
"ought to" or "should" . " Il s ' agit donc bien d ' un auxiliai re <il-toucha-eux i ls-restèrent dans-la-queue>
modal. Il convient de signaler que /mcss/ a aussi une variante "Ils auraient dû rester dans la queue"
/mi � s/ à la c. suff. (ne pas confondr e avec la c. préf. 4. /tradiccy5ni li miss-na zamméyna/
/imiss/) chez certains locuteur s de "standar d". Il existe <traditions que i l-toucha-nous nous-gardâmes>
d ' autres combina isons entre les formes de l ' auxiliant et de "Des traditions que nous aurions dû conserver"
l ' auxi lié que celles mention nées par Aquilina , qui , semble- t­
il, n' apportent pas de nouvelle s valeurs modales , ni même
2.3.2. /k�n/ + /mcss/ + pronom suffixe + c. suff.
aspect ives ou tempore lles à la périphr ase .
Cette construction périphrastique est considérée par mon
On se doit également de faire remarquer que /mcss/ fonc­ informatrice de La Valette comme parfaitement équivalente à la
ti onne aussi bien avec des sujets animés qu ' i nanimés, avec des précédente. Un seul ex. à la forme négative, ce qui ne change
verbes processifs, comme avec des verbes d' état. Cet auxiliai- pas sa valeur modal e, a été relevé dans le corpus chez une
--

Les auxi liaires modaux 309


308 Auxi liaires , particules verbales et préverbes

3. Imissek nadtu, imbagnad irregaLajtu L i L i (p. 6 9 )


locutrice de Kerëem à Gozo , qui , comme il a déjà été noté
<il-touche-toi tu-pr is-Iui , ensuite tu-offr is-Iui à-moi>
(p. 218 ) , emploie plus de formes surcomposées que les locuteurs
"Tu aurais dû le prendre et puis me l' offrir"
de "standard" . On remarquera que /k�n/ est invariable, comme
avec tous les verbes qui ont une conjugaison par pr o suffixes :
2.3 .5. /im iss/ + pronom suffixe + c. préf.
1. /y�n ma-k�n-s mÉ:ss-ni °idt-I-u dan l-i lma sa-yikkr8ssya
awn/ La valeur modale déontique de la périphrase est celle d ' une
<moi ne-il-était-pas i l-toucha-moi j ' ai-dit-à-Iui celui-ci nécessité qui n ' est pas réal isée, à propos de laquelle le
l' eau (m. ) FUT-il-traverse à là> locuteur regrette ou reproche qu' elle ne le soit pas maintenant
"Mo i , je n' aurais pas dû lui dire que cette eau allait passer ou qu' elle ne puisse l' être dans l ' avenir.
par là"
1 . /imiss-ck tistQi/
2.3.3. /mcss/ + pronom suffixe + c. préf. < il-touche-toi tu-as-honte>
"Tu devrais avoir honte"
innos sha ( Ebeje r 1985:
Ce syntagme, qui , pas plus que le précédent, ne figure dans la 2. Issa i Lek tafni int. Im issek taf kif
liste dressée par Aquilina, apparaît une fois dans mon corpus 20 )
. Il-to uche -toi tu-sa is
chez un locuteur de Xagnra à Gozo. Il est considéré comme <main tenan t depu is-to i tu-sa is-m oi toi
"correct" par mon informatrice de La Valette, et équivalent, comm ent je-se ns-e lle>
toi . Tu devr ais savo ir
quant à sa valeur modale, à celui avec C. suff. Il n ' y a pas, "Ça fait longtemps que tu me conn ais
semble-t-il, de contrainte syntaxique particulière qui déter­ comb ien ça me touch e"
3 . Imis sek tkun grat lejn snab
ek ! ( ibid. p. 105 )
mine l ' emploi de la C. préf. p lutôt que de la C. suff . : part enair es-to i>
<i l-tou che-t oi tu-es recon naiss ant vers
amis ! "
1. /awnékk irg�l méss-°::Jm yibaOtu mOus ckk irg�l mOus tfa1l "Tu devra is être recon naiss ant enver s tes
<ici-ainsi hommes i l-toucha-eux i ls-envoient ne-lui-pas ainsi 4. Imissek t igi int ukoU ( ibid. p. 62)
hommes ne-lui-pas enfants> < il-to uche -toi tu-vi ens toi aussi >
"Ici, c' est des hommes qu' ils auraient dû envoyer n' est-ce "Tu devrais venir, toi aussi"
pas, des hommes, pas des enfants"
2.3.6. /k�n/ + /im iss/ + pronom suffixe + C. préf·
2.3.4. /im fss/ + pronom suffixe + C. suff.
Le syntagme exprime le fait qu' une condition nécessaire n' a pas
été réalisée dans le passé . Cec i est toujours associé à une
Ce s �ntagme, qui n' est pas non plus signalé par Aquilina, a été idée de regret ou de reproche :
releve dans une pièce de théâtre d ' Ebejer ( 1985) à trois
reprises. Il a la même valeur modale déontique de conseil a -part i tax- xnifi ( O . Calle ja
posteriori avec nuance de reproche ou de regret : 1. n -Lej La k ien imissni nagnmeL i L
1972: 173)
le-rô le de-le -vieux>
1 . Imissek kont hawn m iU -bidu (p. 35 ) <la-n uit il-ét ait i l-tou che- moi je-f ais
lard"
<il-touche-toi tu-étais ici de-le-début> "Ce soir, je devais jouer le rôle du vieil
i Li juru kem m hi kapa éi
"Tu aurais dû être ici depuis le début" 2. jekk L -ABC xtaqet itteU a' programm
b iha, a Uura kien imissha
2. Kemm taf tistanba ! Imissna gn idna xi naga kontrik ( p . 67) tna U i L -imm agin azzj oni t igri
-Istati Unié i kiek u ( n -
<combien tu-sais tu-te-caches Il-touche-nous nous-dîmes tagnmeL programm dwar x' j igri miU
quoi chose contre-toi> Mument 15 . 2. 1987 , p . 5)
er programmes que ils-
"Comme tu sais te cacher ! Nous aurions dû dire des choses <si la-A BC elle- souh aita elle-fait- mont
laiss e l ' imag inati on elle-
contre toi" montrent comb ien elle capa ble elle-
310 Auxiliaires, particules verbales et préverbes Les auxiliaires modaux 311

court avec-elle, alors i l-était il-touche-elle elle-fait 1 . Valeurs déontiques :


programme autour quoi il-se-pas se de-Ies-Etats Unis si> a) Obl igation ou nécessité
"Si la chaîne ABC voulait monter des program mes qui montrent - /irld/ + conj. préf . ;
ses capacités imaginati ves, alors elle devait faire un /oandu/ + conj . préf.
programme sur ce que feraient les Etats-Un is si . . . " /kéllu/ + conj . préf . ( dans le passé)
_ /ik8llu/ + conj. préf. ( dans le futur , ou obligation
2.3.7. /im iss/ + pronom suffixe + part icipe actif imposée de l' extér ieur) ;
_ /kgn/ + /ik::>llu/ + conj . préf. (dans le passé)
Comme la périphrase étudiée au § 2 . 3 . 5 . ci-dessus , ce syntagme - /rgd/ (+ /ikÔn/) + conj. préf. ( très rare ) .
exprime une nécessité non réalisée et dont le locuteur regrette b) InéL uctab i l ité :
ou reproche qu' elle ne le soit pas au moment de l' acte d' énon­ - /irld/ + conj. préf . ;
ciation. - /oandu/ + conj. préf .
- conj . préf . + /ik;llu/ (rar e ) .
Cette périphrase s' est présentée une fois dans le corpus
c) Consei l :
avec le participe actif /?6°ed/ ( sens propre "assis" ) , qui sera
- /irld/ + conj. préf. ( rare ) .
étudié p. 372 sq et qui fonctionne comme un verbe "être" à
d ) Conseil a posteriori :
valeur locative, équivalent de "se trouver en un lieu" ( il ne
- /mess/ ou /miss/ + pro suff . + conj. suff. ;
s ' agit pas de l' auxiliaire du concomitant ) . Un autre exemple a
/kgn/ + /mess/ ou /miss/ + pro suff. + conj . suff.
été relevé avec le participe actif du verbe "dormir", /r6?ed/,
/mess/ + pr o suff. + conj . préf.
qui exprime l' inaccompli concomitant de ce verbe. Dans ce cas,
/imiss/ + pro suff . + conj . suff.
le participe à valeur verbale est obl igatoirement précédé de
/kéllu/ + conj . préf . (rare ) .
l ' auxil iaire /ikÔn/ "il est" :
La 1ère et la 2ème périphrases peuvent aussi être à l a forme
1 . /mOus Ou imiss-u ?6°ed iHfabs/ négative.
<ne-lui-pas lui il-touche-lui assis la-prison> e) Nécessité non réal isée :
"Ce n' est pas lui qui devrait se trouver en prison" _ (/k�n/) + /imiss/ + pro suff. + conj. préf. ;
_ /imiss/ + pro suff. + (/ikÔn/ ) + participe actif.
2. It-tort tieghek, ghax imissek tkun rieqda dak i L -hin ( Ebejer
f) Interd iction :
1985 : 17)
- /ma-irld-s/ + conj. préf. ;
<le-tort de-toi, car il-touche-toi tu-es dormant (f. ) celui­
- /m-oandÔ-s/ + conj. préf . ;
là le-moment>
- /ma-kdIÔ-s/ + conj. préf .
"C' est de ta faute, parce que tu devrais être en train de
dormir en ce moment"
2. Valeurs épistémiques :
a) Probabil ité l ogique :
2.4. Conclusion - /o andu/ + conj . préf.
- /ik81 lu/ + conj . préf. ( rare ) .
Dans l' énumération qui vient d ' être faite des différentes b) Improbabil ité l ogique :
valeurs des formes périphrastiques étudiées, il apparaît - /m-oandÔ-s/ + conj . préf .
nettement que ce sont des valeurs déontiques qui dominent, les c) Supputation :
valeurs épistémiques étant plus rares . Une récapitulation de - /kÉ llu/ + conj. préf . ( rare ) .
ces valeurs modales, mises en regard des formes qui les
expriment, ne paraît pas inutile : Cette récapitulation appe lle plusieurs commentaires .
_ En premier lieu, il semble, au vu du corpus, que les
valeurs épistémiques ne puissent être prises en charge que par
312 Auxil iaires, particules verbales et préverbes

les auxiliair es IOandu/, lik8l lul et IkÉl lul dont le sens plein
est "avoir".
- Parmi les valeurs déontiques, celle de conseil a poste­
riori est principalement l' apanage de l ' auxi liaire Imcss/, dont
le sens, lorsqu ' i l est util isé comme verbe plein, est "tou­
X I . L'EXPRESSION DU PASSIF PAR AUXILIAIRES
cher" . L'utilisation de IkÉllul " i l avait" peut être considérée
comme marginale, car limitée à quelques énoncés écrits.
- L' auxiliaire Imcssl ne peut exprimer les valeurs de
Remarques préliminaires
simple obligation ou nécessité, mais seulement les marquer
comme non-réalisées, ce qu' il est le seul à pouvoir faire.
Il n' est pas inutile de rappeler tout d' abord, ainsi que le
- Les auxil iaires de sens plein "pouvoir" et "avoir" se
faisait remarquer Meillet 1 ( 1982 ( 1920 ) : 195-196 ) , qu' "on croit
partagent les autres valeurs déontiques , dont nous avons vu la
souvent que le passif est une forme du verbe où le sujet du
distribution et les conditions d ' emploi dans le détail.
verbe est indiqué comme subissant une action exercée par un
agent : Paul est battu par Pierre ; les expressions de ce genre
se rencontrent en effet mais ce sont des tours souvent
artificiels et en tout cas relat ivement rares . Le vrai rôl e du
passif est d 'exprimer le procès là où l 'agent n'est pas
considéré. ,, 2 Tel est bien le cas du maltais , où l ' agent n' est
qu' exceptionnellement exprimé, ceci surtout dans la presse et
parmi les intellectuels. Meillet poursuit plus bas "Si le
passif n ' était qu 'un renversement de l ' expression active, i l
serait a u fond superflu. Ce qui donne au passif son utilité,
c' est que, au lieu de présenter le procès comme résultant de
l ' intervention d'un agent, il le présente en lui-même, sans
aucune notion étrangère. ,,2

Le maltais peut encore exprimer le passif au moyen de


formes verbales dérivées spécifiques qui ont été mentionnées
dans la 1ère partie de ce travail ( p . 29-34 ) , mais ce qui fera
l' objet de ce chapitre, c ' est son expression au moyen d' autres
procédés morpho-syntaxi ques , qui n' ont pu qu ' être encouragés
par l' affluence grandissante de verbes d' origine italienne ou
anglaise qui ne s ' adaptent plus au système de dérivation
morphologique et sémantique hérité de l ' arabe ( voir p. 36-7 ) .
Ces procédés sont fondés sur l a phrase nominale à prédicat
participial. Nous verrons qu' il peut apparaître un élément
rel ateur entre le sujet et le prédicat, qui est soit une copule
à base pronominale ( les pronoms personnels de 3ème pers . ) ou

Et avant lui, les grammairiens arabes.


2 C' est moi qui souligne.
Le passif 315
314 Auxiliaires, particules verbales et préverbes

part ic ipiale ( j?6° cd/ "assis " ) soit le verbe /ki;ïn/ "être" , ou 5. /dïn k::mnéssa mac zmi;ïn il -mi l6d/
encore le verbe /gi;ï/ "venir", ce dernier étant en expansion. <celle-ci connectée avec temps le-Noël>
"Celle-ci est l iée à la période de Noël"
La construction à base parti cipiale avec ou sans copule ou 6. /dak impittcr fiP i l-l)g6g/
auxili aire est la seule façon d' exprimer le passif pour les <celui-là peint sur le-verre>
verbes qui n' ont pas été ass imi lés au système de dérivation "Celui-là est peint sur le verre"
hérité de l ' arabe. Il faut noter également qu ' à l ' exception de
l ' auxil iaire /gi;ï/ ( voir p. 230-2) les mêmes constructions sont Cantarino 0975: 417, vol. I I ) signale qu ' en arabe l itté­
utilisées pour l ' expression du statif et qu' i l n' est pas raire moderne l ' agent peut être exprimé avec un participe
toujours facile de démêler l ' un de l ' autre. passif, alors que c' est impossible dans une phrase verbale
lorsque le verbe est à la voix passive. l ' en ai relevé un
Pour la tournure avec /gi;ï/ + c. préf. d ' un verbe dérivé de exemple pour le maltais, avec un participe d' origine italienne.
sens passif, se reporter p. 34. L' agent y est introduit par la préposition /minn/ "de" :

7. J ien sospiz mil l -kap tad-dipartiment tieg'H (Friggieri 1986:


1. La phrase nominale 120 )
<moi suspendu de-le-chef de-le-département de-moi>
Nous avons vu jusqu'à présent comment le système verbal pouvait "Je suis suspendu ( de mon travail ) par le chef de mon dépar­
se développer soit grâce aux potential ités de la phrase ver­ tement"
bale, par l ' introduction d' auxi l iaires d' origine verbale, soit
grâce à celles de la phrase nominale, avec l ' apparition de
particules qui ont pour origine un participe actif. 2. La copule d'origine pronominale + participe passif
A nouveau, la phrase nominale va permettre de comprendre
comment s' est introduite une expression particulière du passif En maltais, comme dans d' autres di alectes arabes et en arabe
en maltais. A la base, on retrouve des énoncés dont le prédicat classique, les pronoms personnels indépendants peuvent fonc­
est un participe passif, qu ' il soit d' origine arabe, ital ienne tionner comme simples copules exprimant explicitement la rela­
tion prédicative entre le sujet et le prédicat nominal ( voir
ou angl aise. D. Cohen 0975: 139 ) le fait remarquer pour l ' arabe
p. 355 sq) qui peut aussi être un participe passif. C' est dans
de Tunis Juif : "le participe passif fournit, comme prédicat de
ces énoncés à copule qu ' on voit apparaître de manière plus
propositions nomi nales, une des expressions du passif". Voici
fréquente, surtout à l ' écrit, des exemples où l ' agent est
quelques ex. de ce type d' énoncé en maltais avec des participes
mentionné.
passifs d' origine arabe ou italienne :
Dans mon corpus, les exemples sont toujours à la 3ème
pers. , accordés en genre et en nombre avec le sujet ( la
1 . /il-gzlra taO kcmm6na mscmmiyya l)<ifna dr�bi bl)iila p::lst!
présence d'une copule avec un pronom sujet de 1ère ou 2ème
< l ' î l e de Comino mentionnée beaucoup fois comme endroit>
"L' î l e de Comino est souvent mentionnée comme un endroit" pers. est extrêmement rare, voir p. 366 ) .
Ces énoncés sont apparus aussi bien dans l a presse que
2. /d�n ir-raccétt maorUr bl)iila r-raccétt taO-s-syiitcn/
dans la l ittérature ou la langue parlée. En majorité les parti­
<celui-ci la-ferme (m. ) connu comme la-ferme de-les-diables>
cipes pas sifs sont d ' origine arabe. Tous les ex. sont situés en
"Cette ferme est connue comme la "Ferme des Diables"
3. /baUiita l i ma?s6ma in pa..Its/ contexte de présent général ( ceux tirés de la presse provien­
<ball ade que divisée "in parts"> nent du numéro du 15. 2. 1987 de l ' hebdomadaire Il -Mument. Seul
"Une ballade qui est divi sée en parties" le numéro de la page sera mentionné entre parenthèses ) :
4. Ismek miktub d iga b' ittri prominenti ( Friggieri 1986: 120 )
<nom-toi écrit déjà avec lettres proéminentes>
"Ton nom est déjà écrit en lettres proéminentes"
-

316 Auxi liaires, particules verbales et préverbes Le passif 317

3
1. L-Orkestra l i hija mmexxija minn Mro. G iuzeppi Farrugia suffisamment de- les-gens>
hija ffurmata minn diversi strumenti muzika l i ( p . 8 ) "Moi , en fait, si un mot , je pense qu' i l est suffisamment
<l' orchestre ( f . ) que elle conduite d e Mgr . Giuzeppi Farrugia util isé par les gens"
elle formée de divers instruments musicaux> 10. lil-lcggénda fi-l-fatt dIn °fya ass::>cy�ta mao-I-knlsya taO­
"L' orchestre qui est conduit par Mgr . G iuzeppi Farrugia est l-mad;nna ta o-l-ispcrancal
formé de divers instruments" <la-légende dans-l e-fait cell e-ci elle associée avec-l' égl ise
2. Ko Uox hu mnawwad sewwa ( p . 1 7 ) de-la-Madone de-l' Espérance>
<tout l u i mélangé bien> "La légende en fait, elle est liée à l ' église de la Madone de
"Tout est bien mélangé " l ' Espérance"
3. jigifier i jekk i l -pol itikanti prezent i humiex maqtugn in m is­
Soéjeta' ( p . 13 ) Comme pour toute phrase nominale , la négation s' obtient au
<c' est-à-d ire si les politicie ns présents eux-pas coupés de­ moyen des copules négatives à base pronominale ( voir p. 379 ) :
la-société >
"C' est-à-d ire si les hommes politiqu es présents ne sont pas Il. id-dinja m 'hix magnmula koUha minn n ies twajba bnalek
coupés de la société" ( Friggieri 1986 : 45 )
4. gnax koUox hu mfassal diga gnal ina ( Friggier i 1 986: 145 ) <le-monde ne-elle-pas faite tout-elle d e gens bonne ( dim. )
<car tout lui planifié déjà pour-no us> comme-toi>
"Parce que tout est déjà p lanifié pour nous" "Le monde n' est pas entièrement fait par de braves gens comme
5. Ibi)�lma i)i.fna maltin cama mscmmi yyfn kIf idaru bi-d-d�r ta1)­ toi"
i)::Jml
<comme -que beaucou p Maltais es elles mention nées commen t
3. /? 6 ·cd/ "assis" + participe passif
elles-to urneIlt avec-la -maison de-elle s>
"Comme beaucou p de Maltais es sont mention nées pour la façon
dont elles entreti ennent leur maison " Nous verrons (p. 372 sq ) que le participe actif 1?6°cdl "assis"
6. lu i)al ?;rmi °awa maoraf i)i.fna °al-I-ifr�nl peut fonctionner comme une copule, marque du �rédicat locati :
ou , plus rarement, d ' existence. Dans mon corpus 11 est ap � a�u a
<et Hal-Qormi lui connu beaucoup pour-l es-boulangeries> .
deux reprises avec un participe passif en fonctlOn de predicat ,
"Et Hal-Qormi est très connu pour ses boulangeries"
dans le discours d ' un poète ( son discours n' avait en l ' occur­
7. 10as il-p:xzfyya t6°-i °fya marbata i)afna maC t�mi fcminI1il
rence rien de poétique. Il ne s ' agit pas d ' un usage l ittéraire
<car la-poésie de-moi elle l i ée beaucoup avec thème féminin>
particulier, mais bien plutôt d ' un emploi ré �ervé à la langue
"Parce que ma poésie est très liée au thème féminin" A
par lée ordinair e ) . La rareté de cet emplOI semble etre le
8. il -gzira hi okkupata miU-part iti (Friggieri 1986 : 96 ) .
<l ' î le e l l e occupée de-les-partis> reflet de la réalité selon mon informatrice de La Valette qUl a
"L' î l e est occupée par les part is" jugé ces exemples comme étant à "la limite de l ' accepta� le" et
9. lyi8n igif6ri yckk k�lma ni.i)scb l i °fya uzata bi zz�yycd mi-n­ qui sont bien plutôt un des symptômes de la progresslOn �e
n6s/ cette part icule dans la langue . Comme pour la copule p�ono:Ill ­
<moi c' est-à-d ire si mot (f. ) je-pense que elle utilisée nale il s' agit d' une marque redondante de la predicatlOn.
1?6°cdl s ' accorde en genre et en nombre.

1 . Ikull kélma awn�kk ?tOda maozala u mc?yasa sbnd it-tal il­


I).;ss tal).-I).al
3 L'ex . 3 du § précédent a montré que le pronom relatif était
<chaque mot (f. ) ici-ainsi assise choi sie et mesurée selon
suffisant pour remplir le rôle de sujet d ' une phrase nominale
la-longueur l e-son de-el le>
dans une proposition relative. La présence du pronom personnel
"Chaque mot ici est choisi et mesuré se lon sa longueur et sa
me paraît donc être à interpréter comme une copule et non comme
sonorité"
le sujet.
-

318 Auxi liaires, particules verbales et préverbes Le passif 319

2. lu ?tOda ma?sâma f-l).amss kul lilni zOarl 3. l u k6nu miPuoIn tâyysb l).afnal
<et assise divisée dans-cinq coll ections petites> <et elles-étaient accueil lies bien beaucoup>
"Et elle est répartie dans cinq p etits recueils" "Et elles furent très bien accuei llies"
,
4. Isi P:Jsziyyi [ . . . 1 illi k6nu miktubïn :JriginaryamÉ:nt b-I-
4. /k�n/ "être" + participe passif inglÎzI
. , .
<qUO l poesIes [ . . . 1 que ell es-étaient écrites originellement
Ce syntagme est moins fréquent dans mon corpus que la péri­ avec-l' anglais>
phrase avec Igï;:ïl qui sera étudiée ci-dessous. Il se rencontre "Des poésies [ . . .) qu i furent écrites à l ' origine en angl ais"
,
principalement, mais pas exclusivement , avec des participes 5. Iwirt li kï;:ïn minsi u traskuratl
d' origine arabe. <héritage que il-était oublié et négligé>
Pas plus que pour la phrase nominale et les phrases à "Un héritage qui a été ou? lié et négl �gé"
copule étudiées précédemment, i l ne s ' agit, pour ceux-ci, de 6. IOa5 al).na k;nna bbniccati mi-l-fsnïci/ ,
. .
pal lier l' absence d'une forme dérivée de sens passif, puisque <car nous nous-fûmes colonisés de-Ies-Phemc l ens>
dans pratiquement tous les ex. que j ' ai relevés, une telle "Parce que nous avons été colon} sés I? ar les Phéniciens:'
/ .
forme existe, au moins dans les dictionnai res, mais nous avons 7. Idawk li yal).dmu 5;°:Jl manwali k�nu l-in?as pr:Jtsttl mi-s-
vu (p. 31-4 ) que certaines d' entre elles tendent à disparaître. s:Jcystâl
Ikï;:ïnl ( ou likân/) est le plus souvent directement suivi du <ceux-là que ils-trava l· 1 1 ent t raval· 1 manuel l· lsrétaient les-
participe passif, mais il peut parfois en être séparé par un moins protégés de-la-société>
. .
élément à valeur adverbiale ( voir ex. 7 ) . "Ceux qUI aval ent un trava l· 1 manuel étaient les moins proté-
C' est surtout dans la presse et parmi les intellectuels gés par la société"
que sont apparues des phrases où l ' agent est nommé.
Ik�nl peut également se présenter à la c. préf. avec �n�
La phrase nominale ou à copule pronominale n' exprimant pas valeur de futur vague, ou dans des emplois modaux. Je , n al
de temps , aspect ou mode particuliers, la copule verbale Ikï;:ïnl rencontré aucun exemple où elle ait une valeur de present
apparaît quand les locuteurs doivent introduire certaines général . Ce II e-ci· est le plus souvent associée à la phrase
. 4
notions aspectuelles, temporelles ( autres que cell e de présent nominale s imple ou à copule pronomma1 e
général ) ou modales.
8. u tkun stamat minn kuLhadd ( Friggieri 1986 : 20 )
Lorsque Ikï;:ïnl est à la c . suff. , il situe l ' énoncé dans <et tu-es estimé d e tout-un>
l ' accompli, aoriste ou parfait : "Et tu seras estimé de tous"
9. I L-vazetti jridu jkunu stere L izzati f'dak is-sens Li jkunu
1 . Ciotti, 58 sena kien magnzuL minn grupp ta' gurnaL isti ( I L ­ mansuLa tajjeb ( I L -Mument 15 . 2 . 1987 , p. 12)
Mument 15 . 2 . 1987 p. 21 ) <les-récipients il s-veulent il s-sont stér ilisés dans celui-là
<Ciotti, 58 an il-était choi si de groupe de journalistes> le-sens que ils-sont lavée bien>
"Ciotti , âgé de 58 ans, a été choisi par un groupe de journa­ "Les récipients devront être stérilisés en ce sens qu' ils
listes" seront bien lavés"
2. Issa L -firxa tas-sema kienet miftuna koUha fuqhom ( Friggie­
ri 1986: 145 )
<maintenant l' étendue de-le-ciel ell e-était ouverte tout-elle
4 Cette valeur de présent ne peut être déduite que du contexte.
sur-eux>
"A présent l ' étendue du ciel était ouverte entièrement au­ La phrase nominale peut aussi apparaître dans d' autres contex­
dessus d' eux" tes temporels (voir p. 336-7 et 3 40 ) .
Le passif 321
320 Auxiliaires, particules verbales et préverbes

10. kul l azzjoni kel l ha tkun anal izzata fiha nnifisha ( Friggie­ 5. L'auxiliaire /gi;)/ "venir" + participe passif
ri 1986 : 35 )
<tout action elle-avait ell e-est analysée dans-elle souffle­ L' auxil iaire /gi;)/ est tenu par tous comme un calque de l ' ita­
elle> lien (voir Sutcliffe 1936 : 71 ) , et considéré "as condemned by
"Chaque action devait être analysée en elle-même" competent opinion" selon Sutcl iffe, ce qui ne l ' empêche pas
I l . /bi;)s tkun acccttâta fi-I-Üngwa maltiyya/ d'être très vivant et d ' avoir fleuri, notamment dans la presse
<pour elle-est acceptée dans-la-langue maltaise> écrite et parlée et parmi les intellectuels. Même la récente
"Pour qu'elle sOi t acceptée dans la langue maltaise" traduction de la Bible n ' a pas hésité à y faire appel . Toute­
, fois, il faut remarquer qu'on le rencontre surtout avec des
12. /bi;)� sQln naomlu i l-kuntratt dak ir-râgd 1-6h::w . ikŒn
marbut li . . . / participes d ' origine siculo-italienne ou anglaise, bien qu ' il
<pour quand nous-faisons l e-contrat celui-là l ' homme l ' autre tende à se répandre aussi pour les participes d ' origine arabe.
il-est lié que>
"Pour que, quand nous ferons le contrat, cet autre homme soit Cet auxil iaire semble être d' introduction relativement
lié à . . . " récente, puisqu' aucun exemp le n ' en a été re levé dans les textes
13. biex ma tkunx identifikata ( I l -Mument 15. 2. 1987, p. 1 6 ) recueillis par Stumme ( 1904 ) . Pourtant la construction existait
<pour n e ell e-est-pas i dentifiée> déjà mais avec une nuance modale d' éventualité ou de hasard :
"Pour qu' elle ne soit pas identifiée" "il se pourrait", "il se trouve que" , que Stumme a longuement
14. sakemm il -propositi tiegnek ikunu approvati ( Il -Mument 15. glosée dans sa traduction. Ce sens est encore compris ainsi de
2. 1987, p. 1 0 ) nos jours par mon informatrice de La Valette :
<jusqu' à-ce-que les-propositions de-toi elles-sont approuvées>
"Jusqu' à ce que tes propositions soient approuvées" 1. [ sein ; nîgi mistieden fittlec ! l (p. 48, 1 . 33 )
<rien ; je-viens invité dans-le-mariage>
On rencontre également /ikOn/ avec les préverbes de futur "Rien ; il se trouve que je suis invité au mariage ! "
et de concomitance, et avec l ' auxi liaire /ki;)n/ marquant l ' im­ "Nichts ! Aber ich mochte eingeladen werden u n d d i e Hochzeit
parfait et le passé d' habitude : mitbesuchen dürfen ! "

15 . is-sur Sammut l i se jkun akkumpanjat minn zagnzugn ( Il ­ Actuellement, cette notion est plutôt exprimée au moyen du
Mument 15. 2 . 1987, p. 8 ) verbe /safao/ "devenir" qui sera étudié p. 324 .
<le-monsieur Sammut que FUT il-est accompagné d e jeune>
"Monsieur Sammut , qui sera accompagné d ' un jeune" /gi;)/ est l ' auxiliaire apparu le plus fréquemment dans mon
16. Minn hawn gnandu jidher éar l i l -funzjoni sintattika ta ' corpus, et le syntagme qu ' i l forme avec le participe passif
l -espressjonijiet qed tkun immarkata morfologikament ( Borg peut être considéré comme une véritable expression verbale et
1988 : 122) périphrastique d ' une voix passive. Il a été dit ci-dessus que
<de ici chez-lui il-semble clair que la-fonction syntaxique son emploi était surtout le fait de la presse ( écrite ou
de les-expressions en-train elle-est marquée morphologique­ parlée) et des intel lectuels, mais elle est aussi uti lisée,
ment> certes avec beaucoup plus de parcimonie, par tous les autres
"De là, il doit apparaître clairement que la fonction synta­ locuteurs.
xique des expressions est en train d ' être marquée morphologi­
quement" Dans mon corpus oral ( compte non tenu de la presse par­
17. /u 1-06rfa taO taQt k6nct tkün mimI iyya bi-t-tibcn/ lée ) , j ' ai relevé quatre ex . où l ' agent est nommé ; trois sont
<et la-pièce de sous elle-était ell e-est remplie avec-la­ apparus spontanément dans le discours d ' un intellectuel (ex.
pai lle> 6), un autre a été provoqué par un questionnaire (ex. 4 ) , et a
"Et la pièce de dessous était remplie de paille" été commenté comme étant bien peu naturel par l ' informatrice
elle-même.
-

322 Auxiliaires, particules verbales et préverbes Le passif 323

On trouve les mêmes formes de conjugaison que pour /kt;ïn/ - La conjugaison préfixale . En plus des vale�rs modales et
étudié précédemment. J ' ai relevé , en outre, la forme du passé de futur vague, on retrouve avec l ' auxiliaire /yigi/ la valeur
de 2ème degré /kt;ïn/ + c. suff. , ainsi que la construction avec de présent général ( ex. 9 et 10 ) , qui ne semble pas pouvoir
adverbes pour exprimer le parfait. être exprimée avec /ikŒn/ devant un participe passif. Cec i me
semble être une indication que /gt;ï/ ne fonctionne pas comme un
- La conjugaison suffixale : simple verbe supplétif comme c' est le cas pour /ikŒn/.
2. /wa!).da pJcziyya k�l1i i l l i gt;ït trad�tta minn !).att6!).Jr/
<une poésie j' avais que elle-vint traduite de un-autre> 9. nies m ingnajr ntija jigu arrestati (Friggieri 1986 : 94 )
"Une poésie j' avais , qui a été traduite par quelqu ' un d' autre" <gens sans faute ils-viennent arrêtés>
3. /il-g5l kIp8r taO-l-argcntIna gt;ï sospIz mi-l-kumplam�nt taO­ "Des gens innocents sont arrêtés"
l-bmpcticcY5ni/ 10. /u mbaoad yigi ppumpy;it gJ-I-gibyŒn/
<le- "goal keeper" de-l' Argentine il-vint suspendu de-le-com­ <et ensui te i l-vient pompé dedans-Ie-réservoir>
plément de-la -compéti tion> "Et puis il est pompé dans le réservoir"
"Le gardien de but de l ' Argentine a été suspendu pour le 11. u jigi ttrattat normaLment tant ir-ras ta' "modaL ità" ( Borg
reste de la compétition" 1988:70
4. /il-Ia!).am gt;ï mikŒl mi-I-kélb/ ( Q ) <et i l-vient traité normalement sous la-tête de "modal ité">
<la-viande (m. ) il-vint mangé de-le-chien> "Et i l sera traité normalement au chapitre de l a modalité"
"La viande a été mangée par le chien" 12. u jigu m istiedna b iex jiffirmawh (IL -Mument 15 . 2. 1987 ,
p. 1 4 )
- Le parfait : la construction avec adverbes : <et i ls-viennent invitée pour i ls-signent-lui>
5. /k6nu yaOmlu t-tibcn imsarrab Hi? il-b�yt li ikŒn °;id-u kIf "Et ils seront invités à le signer"
gt;ï mbal lat/ 13. /bt;ïs i l-partita t ig;i trasméss a géwwa l-iÜlya/
<ils-étaient i ls-mettent la-paille ( m . ) mouillé sur la-ter­ <pour la-partie elle-vien t transmis e dedans l ' Italie>
rasse (m. ) que i l-est encore-lui comment i l-vint battu> "Pour que la partie soit transmis e en Italie"
"Ils mettaient la paille mouillée sur la terrasse qui venait 14. /bt;ïs ma-yigŒ-S misru?In/
d'être battue" <pour ne-ils-viennent-pas volés>
"Pour qu' i ls ne soient pas volés"
- /kt;ïn/ + conjugaison suffixale : le passé de deuxième
degré : - La conjugaison préfixale avec préverbe de futur :
6. /k6nu gcw kanÜti minn m;irya frénd:::>/ 15. /issa naturalmént is-sink !).a-yigi m�!).bi ta!).t l-istéss !).ayt/
<ils-étaient ils-vinrent chantés de Maria Frendo> <maintenant naturellement le-"s ink" FUT-iI-vient caché sous
"Ils avaient été chantés par Mar ia Frendo" le-même mur>
7. 'Scrooge' ta' CharLes Dickens kienet giet miktuba u addatta "Alors, naturellement, l ' évier sera caché sous le même mur"
gna L L -PaLk minn John Cremona ( I L -Mument 1 5 . 2 . 1987, p. 8)
<"Scrooge" de Charles Dickens elle-était elle-vint écrite et - Après un auxi liaire de continuité du procès :
adaptée pour-la-scène de John Cremona> 16. u dik is-sitwazzjoni mhux se tibqa' tigi toL Lerata aktar
""Scrooge" de Charles Dickens avait été écrit et adapté pour C I L -Mument 15.2. 1987 p. 24 )
la scène par John Cremona" <et celle-là la-situation ne-Iui-pas FUT el le-reste elle­
8. i L - L igi ta' Mosè Li kienet giet mogntija miL L-MuLej vient tolérée plus>
(Esd. 7/6 ) "Et cette situation ne continuera pas à être tolérée plus
<la-loi de Moïse que el le-était elle-vint donnée de-le-Sei­ longtemps"
gneur>
"La loi de Moïse qui avait été donnée par le Seigneur"
324 Auxiliaires, particules verbales et préverbes Le passif 325

- Après un auxil iaire modal : 2. IL-bieran Aston ViLLa garrbu is-sitt teLfa konsekuttiva meta
17. bhaL xi naga nazin a L i trid t ig i kkumbattut
a ( IL -Mument sfaw megnLuba m inn Luton ( I L -Mument 15.2. 1987 p. 22 )
15. 2. 1987, p. 13)
<le-hier Aston V illa ils-expérimentèrent la-sixième défaite
<comm e quoi chose mauvaise que elle-v eut elle-v ient
comba ttue> consécutive quand ils-devinrent battue de Luton>
"Comme une mauva ise chose qui doit être comba ttue"
"Hier, Aston Villa a subi sa sixième défaite consécutive
quand ils se sont trouvés avoir été battus par Luton"
- Avec particule de concomitant. On remarquera dans l ' ex. 3. kien wiened m i L L -qwieL estinti L i sfaw imgiddbin bL- ikreh
ci-dessous que la première partie de l' énoncé comporte un verbe (Friggieri 1986: 76)
dérivé de sens passif (ltinkitcb/) . <i l-était un de-les-adages éteints que ils-devinrent démentis
avec-le-laid>
18. !il-p8,czlyya mO,ïS ?t Oda tinkitcb °aH-f811a [ . . . 1 imma "C' ét ait un de ces adages disparus qui se trouvèrent démentis
?cOda tigi addrcssata Icyn pcrsUna partibl�ri/ brutalement"
<la-poésie ne-elle-pas assise elle-est-écrite pour-la-foule
[ . . . 1 mais assise elle-vient adressée vers personne particu­
l i ère> 7. Conclusion
"La poésie n' est pas écrite pour la foule [ , . . 1 mais elle est
adressée à une personne particulière" Peut-être convient-il de l ier le développement de l ' expres­
sion du passif par une périphrase composée d'un auxiliaire et
- /kQn( + conjugaison préfixale : le passé d' habitude d'un participe passif à deux phénomènes. Le premier est d' ordre
19. /id-dcffun [ . . 1 kQn yigi m8°rUk b-dïn/
.
morphologique : la régression du nombre des formes dérivées à
<la-poterie-broyée (m. ) [ , . . 1 il-était i l-vient frotté sens passif ; le second est sémantique : nous avons vu ( voir
avec- p. 23-5) que les formes dites "passives" expriment aussi le
celle-ci>
"La poterie broyée [, . . 1 était frottée avec ça" "réfléchi", parfois pour un même verbe. Il n' est donc pas trop
surprenant que le besoin d' une voix passive ait pu se faire
sentir, d' autant que les emprunts non adaptés à la morphologie
6. L'auxi liaire /sa fao/ " devenir" + participe passif arabe sont de plus en plus nombreux. Ce besoin a sans doute été
alimenté par un contact profond avec d' autres idiomes les
Aqui lina ( 1990: 1250) rapproche /safao/, dont le sens précis est Maltais sont très souvent tri lingues maltais - anglais - ita­
"être réduit à une condition, un état", de l ' arabe algérien lien ( l e contact est vieux de plusieurs siècles pour ce der­
/�afa/ "devenir, être pur, clair être terminé parvenir, nier ) , ils regardent quotidiennement la télévision italienne,
arriver à" (Beaussier 1958:572 ) . Lorsque ce verbe est suivi lisent des journaux maltais imprimés en anglais. Une telle
d'un participe passif, la construction exprime également un situation a probablement permis la pénétration d'une construc­
p�ssif, mais elle introduit en plus la notion modale indiquée tion inconnue des autres dialectes arabes, mais fondés, même
CI- ?eSSUs de hasard ou d' éventualité. Je n ' en ai rencontré que lorsqu' i l s' agit d ' un calque, sur une potential ité qui leur est
trOIS exemples, tous à la c. suff . , dans la presse et dans la commune : la phrase nominale. C' est en effet le seul cas où
l ittérature, mais la périphrase serait plus répandue au dire de l' élément auxilié est régulièrement une forme verbo-nominale et
mon informatrice : non pas un verbe. La possibil ité d' exprimer le passif au moyen
du participe passif dans une phrase nominale ou à copule
1 . iL-biééa L-kb ira ta' L -gnajnuna [, 1 sfat m isruqa m inn
..
( pronominale, part icipiale ou verbale) avait en quelque sorte
haL L el in u mis-suLdati ( [ L -Mument 15. 2. 1987 p. 9 ) "préparé le terrain" pour l ' adoption du calque avec /gQ/. Un
<le-morceau Cf. ) la-grande d e l ' aide [ . 1 elle-devint volée
. .
autre facteur d ' i ntégration a peut-être aussi été l' existence
de voleurs et de-les-soldats> de la construction ( était-ce un emprunt 7 ) avec une valeur de
"La plus grande partie de l' aide s' est trouvée avoir été hasard, exprimant l ' idée de "il se trouve que".
volée par des voleurs et par les soldats"
XII. DE QUELQUES PERIPHRASES VERBALES "MARGINALES"

1. /sé yycr/ " allant" et l ' expression de l'intensif

Nous avons vu ( p . 175-7) que le participe actif du verbe


"aller" , Isf::.y ycri pouvait être un marqueur du futur. Ce n' est
pas là sa seule fonction. Il peut , en effet, aussi conférer une
valeur d' intensif au verbe qu' i l auxilie, celui-ci étant à la
c. préf. Les exemples relevés sont très peu nombreux : deux en
tout, qui proviennent de poeSles orales improvlsees par une
locutrice de Kerëem ( Gozo ) . Dans les deux cas, Isf::.y ycri est
associé à l ' adverbe Ikcmml "comb ien" . Il semble que l ' utilisa­
tion de Isf::. y ycri avec une valeur d' intensif soit limitée à ce
type de contexte, et uniquement avec des verbes impliquant un
mouvement. Il est en tout cas intéressant de noter qu' une
expression périphrastique de l ' intensif se soit développée,
même modestement, alors que son expression morphologique au
moyen de la forme dérivée à 2ème consonne radicale géminée
n' est que secondaire ( voir p. 18) :

1. Idan ir-r6i) kcmm sf::. yycr y;nf8i)1


<celui-ci le-vent combien allant il-souffle>
" Ce vent, comme il souffle fort ! "
2. Idïk l -imb6rka taO kar;ccal
Idïn gibÎt-oa mil-I-imgarrl
lu kcmm scyyrln nigru bi-oal
<celle-là la-bénie de voiture>
<celle-ci elle-apporta-elle de-le-Mgarr>
<et combien allant (pl. ) nous-courons avec-elle>
"Cette voiture bénie"
"Elle l ' a apportée de Mgarr"
"Et combien nous courons partout avec elle"

Il faut préciser, pour l ever toute ambiguïté, que dans le


contexte où le poème a été improvlse, i l est impossible
d' interpréter l e 2ème ex. comme un futur : c ' était la fin de
mon séjour, et nous avions effectivement parcouru l ' î le de Gozo
dans tous les sens. Par aill eurs, selon les informateurs , la
périphrase Iscyyrln nigrui ne peut pas être comprise comme une
328 Auxiliaires, particules verbales et préverbes Périphrases verbales "marginales" 329

construction "gérondivale" et être traduite par "nous allons en Au cours de l ' histoire du maltais, par un phénomène de
courant". rétroaction, c' est le premier verbe qui a fini par bénéficier
d'un enrichissement sémantique ; il n ' y a pas eu création d ' un
auxil iaire. Le verbe /?abcz/ se trouve en effet désormais
2. /? abcz/ "sauter"
utilisé seul avec le sens de "rétorquer, intervenir"
Dans la perspective d ' une étude diachronique des procédés sln-
4. "Gna la le ?" qabez Fra Mudest ( Casha, p. 24 )
taxiques qui ont permis la création d ' auxil iaires, D. Cohen a
<"pourquoi non 7" il-sauta Frère Modeste>
analysé certaines constructions "adverbiales" de l ' hébreu
"Pourquoi pas 7 rétorqua Frère Modeste"
bibli que composées de deux verbes à la c. suff. Il ne s ' agit
5. Hawn qabez Patri Karm li kien fehem x' gara ( Casha, p. 63)
pas encore d ' auxiliation, mais de constructions dans lesquel les
<ici il-sauta Père Karm que il -était il-comprit quoi il-se­
les premiers verbes ( qui sont en nombre très restreint à
passa>
pouvoir être util isés ains i ) modifient la valeur sémantique des
"Ici intervint le Père Karm qui avait compris ce qui s ' était
seconds. Le premier verbe n ' a plus de sens par lui-même et le
passé"
second acquiert du sens par le premier. Il il lustrait son
propos, entre autres, par l' exemple suivant : Une étude générale de ces phénomènes dans les langues
serait intéressante à mener, tant pour la compréhension de la
So. 3/7 "aken hiskïmil hisl;tïtil formation des auxi liaires que pour celle de certaines évolu­
<plutôt i l s-se-Ievèrent-tôt ils-ont-pratiqué-Ia-corruption> tions sémantiques.
"Ils n' ont été que plus empressés d' agir de façon corrompue"
3. Les verbes /ra/ "voir" et /w asal/ "arriver"
En maltais , il s' est produit un phénomène analogue avec le
verbe /?absz/ "sauter", lorsqu ' i l est associé au verbe /?al/
Ces deux verbes sont apparus, chacun dans un ex. , dans une
"dire " . Tous deux s ' util isent à la c. suff. et la périphrase
construction asyndétique. Ils perdent l eur sens propre, mais
signifie "rétorquer vivement, interveni r " . Quelques ex. ont été
n ' apportent aucune nuance temporelle, aspectuelle, modale o�
relevés dans les textes recueillis par Stumme ( 1904 ) et dans le
sémantique supplémentaire. Mon informatrice de Mgarr a commente
recueil d'histoires pour enfants de Casha ( 1974 ) . Mon informa­
ces constructions comme étant un procédé stylistique, dans les
trice de La Valette considère la périphrase /?abcz ?al/ comme
dialectes (celui de Mgarr en fait aussi usage ) , pour raconter
"vieillie", ce que semble confirmer son absence totale dans mon
en "dramatisant" des événements ordinaires, ce qui a pour effet
corpus oral.
de leur donner plus d' emphase. Les 2 ex. de mon corpus provien­
nent de récits d ' une locutrice de Kercem à Gozo et d'un locu­
1 . [tall;tanût kabes kallul ( Stumme 1904: 60, 1. 13)
teur de Mell iena à Malte. Ces constructions seraient absentes
<de-la-boutique il-sauta i l-a-dit-à-Iui>
du parler "standard", selon mon informatrice de La Valette .
"Le marchand lui rétorqua"
2. [ d ilmâra kabzet kaltlul ( Stumme 1904: 60, 1. 18)
1. /nfbda n�ra nik;l-s bec fUI y�n/
<cette-la-f emme elle-sauta elle-a -dit-à-1 ui>
<je-commence je-vois je-mange-quoi un-peu haricot moi>
"Cette femme lui rétorqua" .
"Et s i je me mettais à manger un peu de har icots, mOl. '. "
3. qabez qal wiened miz-zewgt irgiel biex idannak (Casha, p. 9)
2. /anki m�ta nOldu al;tna tasal ik;lbk tminÜsil séna/
<il -sauta il-a-dit un de-les-deux hommes pour il -fait-rire>
<même quand nous-disons nous tu-arrives tu-as dix-huit an>
"Rétorqua un des deux hommes pour faire rire"
"Même quand, par exemple, tu as 18 ans"

L' util isation de périphrases verbales à des fins expres­


1 Séminaire EPHE du 2 février 1984. sives me semble illustrer, s ' il était encore nécessaire, la
vitalité de la création d' auxiliaires en maltai s.
QUATRIEME PARTIE

LA PHRASE NOMINALE ET LES CONSTRUCTIONS

EXISTENTIELLES, LOCATIVES ET POSSESSIVES

1. PHRASE NOMINALE, COPULES ET VERBE "ETRE"

Remarques préliminaires

Le maltais fait partie des langues à phrase nominale, c' est-à­


dire, selon la caractérisation qu ' en a donnée D. Cohen ( 1984:
2), "une langue où l a validité syntaxique de la phrase en tant
que telle ne dépend pas de la nature catégorielle de ses
constituants. Catégor ies et fonctions apparaissent à ce niveau
comme dissociées . "
On définit généralement l a phrase nominale de manière
négative, comme étant un énoncé complet comportant un sujet et
un prédicat non verbal . Cependant, il faut se garder de l a
considérer "essentiell ement comme une phrase sans verbe, cons­
tituant en quelque sorte une structure déficiente, en même
temps que marginale d' ailleurs, par rapport au modèle de la
phrase complète qui serait la phrase verbale . " ( D . Cohen 1984:
2). Nous verrons qu ' en maltais , comme dans bien d ' autres
langues, le prédicat peut être simplement un nom, un pronom, un
adjectif, mais aussi un syntagme prépositionnel, un adverbe ou
encore une proposition, sans qu ' i l faille poser pour autant
l ' ellipse d'un verbe. Nous verrons également que la phrase
nominale "pure" à deux termes tend à reculer au profit d' énon­
cés à trois termes, où la marque de la prédication est exprimée
explicitement. Ce troisième terme peut être d' origines diverses
soit pronominale, participiale, adverbiale, prépositionnell e ou
aussi verbale.
Seuls deux types de corpus ont pu être étudiés pour les
paragraphes concernant la phrase nominale avec ou sans copule
pronominale et la phrase avec copule verbale (p. 334-79 et 386-
91) : la totalité de mon corpus oral et le roman de Friggieri
Phrase nominale , copules et verbe "être" 333
332 Phrase nominale, existence, localisation et possession

FiL -ParLament ma jikbrux fjuri ( 1986 ) , ce qui représente cepen­ "S' ils mangent, ils sont contents"
dant près de 1200 énoncés. 6. "Kuntent ['dan ix-xognoL 7" staqsieh KarLu (p. 62)
<content dans-celui-ci le-travail ? il-demanda-Iui Charles>
"Tu es content de ce travail ?" lui demanda Charles"
1. La phrase nominale à un terme
Dans les ex. 4 et 5, on peut considérer que le sujet est
Avant de passer à l ' étude de l' énoncé nominal à deux termes tel représenté dans la forme verbale de la proposition dépendante
qu' il a été défini ci-dessus , il convient de signaler qu' i l est (une complétive et une conditionnelle ) . L ' ex. 6 est en situa­
possible de relever en maltais quelques énoncés constitués d ' un tion d' interlocution ; le sujet, qui est la personne à laquelle
seul terme qui n' est pas un verbe. Cependant, il faut préciser s' adresse la question, est sous-entendu.
qu' i ls sont très peu nombreux, six dans mon corpus oral et deux
à l ' écr it, en propositions subordonnées ou principales . Les deux derniers ex. comportent un syntagme préposition­
ne l. Ils se trouvent dans un dialogue où il a été question
Trois d' entre eux sont apparus dans une proposition d' une maladie dont souffre l'une des locutr ices, ce à quoi fait
causale, avec pour terme unique un adjectif ou une construction référence le premier énoncé ci-dessous
adjectivale. Comme D. Cohen ( 1 984 : 154) le faisait remarquer
pour le guèze, il s'agit d'une proposition où "un terme unique 7. lissa yt;:in il-QIn k811-u fU?-iI
apparaît comme le prédicat d ' un sujet implicite contenu dans la <maintenant moi le-temps tout-lui sur-moi>
proposition à laquelle elle est liée . " En l ' occurrence dans les "Maintenant, moi, tout le temps, c' est sur moi"
énoncés ci-après, le sujet est représenté soit dans la forme 8. lu misklna fi -s-s8ddal
verbale de la proposition principale, soit dans le sujet de l a <et pauvre (f. ) dans-le-lit>
phrase nominale, proposition principale e l l e aussi : "Et ma pauvre ! Tu es au lit ! "

1. lirrId n8?°::Jd naQscb ?abcl inw6gcb °as prcci pitUz wis?1 Dans c e dernier cas, comme dans les précédents, il semble
<je-veux je-m' assois je-pense avant je-réponds car hâtif qu' on soit fondé à parler d' ell ipse du sujet ( et non pas d ' un
très> verbe ) , comme le faisait D. Cohen ( 1984: 155) pour le guèze,
"Je dois réfléchir avant de répondre parce que je suis trop puisqu' il serait possible d ' ajouter, sans changement de se�s ,
.
hâtif" un pronom personnel o u démonstratif représentant SOlt l e sUjet
2. Ifmma rayt °as intcll igÉ:ntil de la proposition à laquelle ces ex. sont reliés , soit ce dont
<mais tu-vis car intelligent> il a été question auparavant dans le contexte, ou encore la
"Mais tu t ' en es rendu compte parce que tu es intel ligent" personne à laquelle on s' adresse ( pour les énoncés 6 et 8 ) .
3. Idak Q�ga famOza °as taO-I-antIk/ Pour les e x . 4 et 5 , il se trouve dans l e corpus des énoncés
<celui-là chose fameuse car de-l' ancien> parallèles où il est fait mention explicite du sujet :
"Ça, c ' est une chose célèbre, parce qu ' elle est ancienne"
9. laQna kap�ci nwittU-Oal
Trois autres ex. comportent un adjectif comme prédicat, <nous capables ( inv. ) nous-nivelons-elle>
mais cette fois-ci dans une proposition principale ou indé­ "Nous sommes capables de la niveler"
pendante : 10. Nanseb Li jien kuntent (p. 5 0 )
<je-pense que moi content>
4. Ikapâci niktcb bi-r-rlmal "Je pense que je suis content"
<capable j' écris avec-la-rime>
"Je suis capable de faire des rimes"
5 . Jekk jiekl u, kuntenti (p. 150)
<si ils-mangent, contents>
334 Phrase nominale, existence , localisation et possession Phrase nominale, copules et verbe "être" 335

2. La phrase nominale à deux termes J ' ai dit en commençant ce chapitre que la phrase nominale
à deux termes reculait au profit d ' un autre type d ' énoncé à
Remarques préliminaires trois termes. Mais une réserve importante est à faire. En
dépouillant mes corpus oraux, je me suis aperçue que les
Un premier rappel s' impose, c' est qu ' i l ne peut y avoir de phrases nominales à deux termes sont , proportionnel l ement, en
sujet indéfini dans une phrase nominale "le plus simple production plus abondante dans les discours oraux du type de la
serait de poser , sans référence aucune aux notions de "particu­ conversation sur la vie quotidienne : un enregistrement de ce
lier" et d' "universaux", la règle que le sujet ne peut pas type , long d ' une heure et demi e , soit à peine 3% des 50 heures
être totalement indéf ini, c' est-à-dire qu' il ne peut pas être de mon corpus , représente à lui seul 10% de ces phrases
dépourvu de particularisation, tandis que le prédicat est soit nominales ( 25/244 ) . Le recul est certes réel, nous le verrons,
indéfini soit défini . " (D. Cohen 1 984: 33-34 ) . En effet, ajoute­ mais ceci montre que la phrase nominale en maltais n ' a encore
t-il "on ne peut rien dire de particul ier d ' un membre indiffé­ rien d ' un vestige comme en grec ou en latin par exemple ( voir
rencié d ' une classe". Le maltais ne fait pas exception à cette D. Cohen 1984 : 5 ) .
règle, au point même que tous les sujets nominaux relevés dans
mon corpus oral comportent un article. 2.1. La relation d'identité
Il est habitue l , aussi bien chez les grammairiens arabes
l
que dans la tradition occidentale, de considérer la phrase En maltais, la relation d ' identité ne comporte pas nécessaire­
nominale selon les relations logiques qu ' elle asserte. En voici ment, comme la variété d ' arabe dial ectal marocain décrite par
un bref rappel ( d ' après D. Cohen 1984 : 3 4 ) : Caubet ( 1 989: 409 ) par ex. , un pronom en fonction de copule,
"On peut considérer les relations suivantes qui ne sont en marquant explicitement la relation prédicative dans l ' énoncé
fait que des cas particuliers de la même relation fondamen­ nominal. Il suffit que le prédicat et le sujet présentent un
tale degré quelconque de déterminat ion pour qu ' i l y ait un énoncé
a) Une cl asse est posée comme incluse dans une autre classe complet. Le prédicat peut être soit un substantif déterminé,
( "Les hommes sont mortel s" ) . soit un nom propre, soit un déictique, ou bien encore une
b) Un sujet unique ( = cl asse réduite à un seul membre) est proposition. Il convient d' ajouter que de tels énoncés ne sont
posé comme appartenant à une classe ( "Socrate est un homme" ) . pas très fréquents dans le corpus ( 31/244 pour la langue
Dans l e cas où un sujet unique est posé comme l e membre parlée, soit 13%, et à peine 7% pour l ' écrit ) . Les différentes
unique d'une classe, cela revient à exprimer une relation combinaisons qui ont été relevées seront données c i-après.
d ' identité symétrique et commutative ( " Socrate est l' époux de
Xanthippe " ) . "
D. Cohen avait spécifié plus haut dans son texte que les 2.1.1. Le prédicat est un substantif déterminé
catégories a et b concernent la phrase dite attributive.
Il y a donc deux types principaux de relation : la rela­ a) Le sujet peut être un substantif. Je n'en ai relevé que 4
tion d' identité et la relation attributive, elle-même subdivi­ ex. , tous à l ' oral. Le 1er ex . ci -dessous fait apparaître un
sée en relation d' appartenance et relation d' inclusion. Il faut prédicat avec un adjectif déterminé à la forme comparative,
y ajouter la relation de localisation. C' est cette division en soit l ' équivalent d ' un super latif, suivi d ' un nom indéterminé.
trois groupes qui sera adoptée ici pour l ' exposition des faits En réalité la détermination porte sur l ' ensemble du syntagme
en maltais . L' autre principe directeur sera fondé sur la qui se présente toujours dans ce cas dans l ' ordre déterminant -
catégorie à laquelle appartiennent le sujet et le prédicat de déterminé , au lieu de l ' ordre inverse pour les autres adjec­
2
l ' énoncé nominal. tifs .

1 2 Fenech
Pour un aperçu, voir D. Cohen ( 1 984: 34 ) . ( 1 978 : 66 ) faisait toutefois remarquer que, sous l ' in-
336 Phrase nominale , existence, locali sation et possession Phrase nominale, copules et verbe "être" 337

1. Iygn ma-nal;lsib-s li l-iml)abba l-a?wa l;I�gal faits marginaux, qui sont impensables à l ' écrit, où l ' intona­
<moi ne-je-pense-pas que l ' amour la-plus-forte chose> tion ne peut être d' aucun secours.
"Moi, je ne pense pas que l ' amour soit la chose la plus Une telle construction ne peut se présenter à l ' écrit que
importante" si le prédicat est déterminé par un pronom suffixe à valeur
2. lu nlmsi kïf rayt-ni bi-l-bastTIn mOlis °as il-m5da il-bastTInl possessive, et non par l ' article ( voir ex . 5 ci-dessous ) .
<et je-marche comment tu-vis-moi avec-la-canne ne-lui-pas car
la-mode la-canne> 1 . lil-pnbH�ma mOlis il-glékk sE-tkGn il -pnblÉma l-caséts id­
"Et je marche , comme tu m ' as vu, avec une canne, pas parce diska dawk i l-problÉmal
que la mode est à la canne" <le-problème (f. ) ne-lui-pas le-gilet FUT-el le-est le-pro-
blème les-cassettes le-disque ceux-là le-problème>
b) Le sujet peut égalem ent être un adverb e tempor el "Le problème ce ne sera pas le gilet, le problème ce sera les
1. lil lTIm is-sibtl cassettes, le disque, voilà le problème"
<aujour d' hui le-sept > 2. ligif6ri dak il-?Ür taO dakl
"Aujou rd ' hui c ' est samed i" <c' est-à-dire celui-là les-présures ( coll . ) de celui-là>
2. lissa mm;rr u °as bl;latiss a wa?t l-lkcl °al kulhat tl "C' est-à-dire que ça, c' est la présure de celui-là 7"
<mainte nant nous-p artons car comme -maint enant temps le-man 3. lissa dan &ra dan pr5pyu it-[tOmusl!
ger
pour chacu n> <maintenant celui-ci regarde celui-ci proprement la-caillette
"Maintenant nous parton s , parce que bientôt ce sera (m. »
l ' heure
du déjeune r pour tout le monde" "Alors ça, regarde , ça, en fait, c' est la cail lette"
4. lil-p�l danl
<le-pieu celui-ci>
c) Le sujet peut également être un déictique . "Le pieu, c' est ça"
Il est possible de relever des pronoms démonstratifs dans cette 5. dak w iééi (p. 88 )
fonction, mais seulement dans un nombre très réduit de cas. En <celui-là visage-moi>
effet, ce déictique , en maltai s comme en arabe, fonctionne "C' est mon vi sage"
aussi comme adjectif démonstratif lorsqu ' i l est suivi d ' un nom
déterminé par l ' article et le syntagme ainsi formé n' est en Le sujet peut également être un pronom personneL Ce sont
principe pas un énoncé complet mais seulement un membre de les ex. les plus nombreux, tant à l ' oral qu ' à l ' écrit. L' expli­
phrase. Or, si, comme dans les deux premiers ex. , le contexte cation de cette abondance réside probablement dans l ' extrême
est suffisamment clair et le contour intonatif approprié, avec rareté de la présence d'un pronom-copule dans ce cas en maltais
pause nette entre le démonstratif et le substantif, il n'y a (voir ci-dessous p. 366 ) .
pas d ' ambiguïté et l ' énoncé peut être considéré comme une
phrase nominale. Il n ' y a pas d ' ambiguïté non plus lorsqu' un 6. ligif6ri °Iya it-t6ni t ingwa taO-na/
adverbe est placé entre le démonstratif et le prédi cat nominal , <c' est-à-dire elle la-deuxième langue de-nous>
ou bien lorsque le prédicat est thématisé et par conséquent "C' est-à-dire qu' e lle est notre deuxième lar; gue" /

l ' ordre sujet prédicat inversé. Il s ' agit, à la vérité, de , , ,


7. 10Iya il-mEtaf::lra °ïya l-immagni taO kïf in-u l-bngdEm gEwwa
fI-1;I1
<elle la-métaphore elle l ' image de comment que-lui l ' homme
dedans dans-lui>
fluence de l ' italien, les journalistes avaient tendance à "Elle est la métaphore, elle est l ' image de ce que l ' homme
placer l ' adjectif avant le nom. J' ai pu relever le même phéno­ est en lui"
mène, principalement chez des i ntel lectue ls, avec des adjectifs 8. ly6na gwakkin skémbril
abstraits empruntés à l ' ital ien. <moi Gwakkin Schembri>
"Je suis Gwakkin Schembri"
338 Phrase nominale, existence, l ocal isation et possession 339
Phrase nominale, copules et verbe "être"

9. IOaltis °awa l-b�zi taO tradiccy5ni sQtiQal


2.1.3. Le prédicat est un autre déictique
<parce-que lui la-base de tradition entière>
"Parce qu' i l est la base d ' une tradition complète" A nouveau, les exemples sont tirés de la langue écrite, mais
10. IOï l-isycQ waQdal ils sont parfaitement possibles à l ' oral :
<elle la-pIus-vieille une>
"Elle est la plus vieille"
1. u dak kol l ox (p. 133 )
Il. Anna l-pajjiz (p. 1 5 )
<et celui-là tout>
<nous le-pays>
"Et c' est tout"
"Nous sommes le pays"
2. anna kollox (p. 1 4 )
12. Anna l-genituri u intom it-tfal (p. 1 4 )
<nous tout>
<nous les-géniteurs e t vous les-enfants>
"Nous sommes tout"
"Nous sommes les géniteurs et vous êtes les enfants"
13. hi runna (p. 104)
<elle âme-nous> 2.1.4. Le prédicat est une proposition
"Ell e est notre âme"
Ces énoncés sont analysables en une relation d' identité parce
Enfin le sujet peut être n' importe quelle autre sorte de que le prédicat peut être considéré comme le membre unique
déictique : d' une classe, auquel est identifié le sujet de la phrase. Tous
les énoncés que j ' ai relevés sont du domaine de l ' oral.
14. Ik8ll-oa l-istÉ:ss ?j;js igiftiri dawnl
<tout-elle la-même mesure c' est-à-dire ceux-ci> 1. Il-imp:::.rtanti °aIiy-ya illi f -1-idy:::. 1 É:kt tti°-ck sc- ikun-émm
"Ils sont tous de la même taille, en fait, ceux-ci ?" si Up taO gcrarkiyyal
< l ' important pour-moi que dans-I' idio lecte de-toi FUT-il­
2.1.2. Le prédicat est un pronom personnel est-là quoi type de hiérarchie>
"L' important pour moi c' est que dans ton idiolecte il y ait
a) Lorsque le sujet est un pronom démonstratif, l ' énoncé permet un certain type de hiérarchie"
de désigner la présence de quelque chose ou de quelqu ' un dans 2. lil-pr:::.b IÉma e-eIs ma-ik::lllnI-s milItai
le contexte extra-linguistique < le-problème le-"cheese" ne-nous-avons-pas Malte>
"Le problème c' est que le fromage nous ne l ' aurons pas à
1 . Idawk ·Omal Malte"
<ceux-là eux> 3. lil-gane bj;js indaQQal il-Qayt g:::. fI-QI
"Les voilà ! " <le-crochet pour je-fais-rentrer le-fil dedans dans-lui>
2. Din h i , din h i ! ( p . l79 ) "Le crochet c ' est pour que je fasse rentrer le fil dedans"
<celle-ci elle, celle-ci el le>
"La voici , la voici ! "
2.1.5. Le prédicat est un syntagme prépositionnel
b) L e sujet peut également être un pronom personnel . L e seul Dans mon corpus, seulement trois prépositions sont apparues
exemple que j ' ai relevé est écrit, mais, au dire de mon dans des phrases nominales marquant une relation d'identité.
informatrice de La Valette, un tel énoncé est parfaitement
Les deux premières sont Ibh. a 11 " comme " et Ida?sl "comme" ,
concevable dans la langue parlée : suivies d ' un prédicat déterminé. Les mêmes catégories morp�olo­
giques que dans les exemples précédents sont su�ceptlbles
1 . anna anna u huma huma (p. 76) .
d' apparaître, à l ' exception du pronom personnel mdep� ndant,
<nous nous et eux eux>
remplacé par un pronom suffixe lorsqu ' i l est en fonct l On de
"Nous, c' est nous , et eux, c' est eux" prédicat ( ex. 4) après IbQa11
340 Phrase nominale, existence, localisation et possession Phrase nominale, copules et verbe "être" 341

1. /u y�n min-Oaliy-ya awn�kk i5-5�m5 bMI taO milta/ st formé d ' un syntagme comportant un adjectif démonstrati f , ou
<et moi de-pour-moi ici-ainsi le-soleil comme de Malte> syntagme prépos itionnel . El les seront étudiées p. 343 sq.
� ' un
"Et moi j ' ai cru qu' ici le soleil était comme celui de Malte"
2. /dak b/:lal dak/
<celui-là comme celui-là> 2.2. 1 . Le prédicat est un substantif indéterminé
"Celui-là est comme celui-là"
3. /dan bMI t60-i/ a) Le sujet peut être un substantif déterminé ;
<celui-ci comme de-moi>
1. /il-fi bs8fiyya lussu I-arti lussu il-lcttcratUra lussu/
"Celui-ci est comme le mien"
4. /y6na b/:l il-ck/ <la-phi losophie luxe les-arts luxe la-littérature luxe>
<moi comme-toi> "La phi losophie est un luxe, les arts sont un luxe, la
"Je suis comme toi" l ittérature est un luxe"
5. koL L ox bnaL dak in-nhar ( p . 139) 2. /u t-twcglba t6°-i scmp liccm�nt mist8?slyya/
<tout comme celui-là le-jour> <et la-réponse de-moi simplement question>
"Tout est comme ce jour-là" "Et ma réponse est simplement une question"
6. /i ll�/:lwa dlk da?s n8fs-oa/ 3. /issa l-imp8rtanti /:l�ga ;/:lra/
<misère celle-là comme moitié-elle> <maintenant l ' important chose autre>
"Misère ! Elle est grande comme la moitié de ça ! " "Maintenant l ' important, c' est autre chose"
4. n-nmara nmara ( p . 43)
La troisième préposition est /tao/ "de" qui marque < l ' âne âne>
"L' âne est un âne"
l' appartenance, mais qui lorsqu ' elle n' est précédée d' aucun nom
peut également avoir une valeur déictique. Dans l ' exemple qui
suit , le seul du corpus, il s ' agit bien d' une relation d' iden­ b) Le sujet est un pronom démonstratif. Ce sont les énoncés les
tité, puisque le sujet unique est prédiqué par le membre unique plus nombreux dans la langue parlée ;
d'une classe, en l ' occurrence lui-même ;
1. /dina 5;°81 taO-l-?asba/
7. /lë dan taO aw barra/ <celui-ci travail de-le-jonc>
<non celui-ci de ici dehors> "Ceci est du travail en jonc"
,
"Non , c' est celui d ' ici, dehors" 18wa /:la' fna m '·1nn-08m/
2. /al lura dawn t f a I t a ° - 1 -bd.!...
<alors ceux-ci enfants de-les-paysans beaucoup de-eux>
2.2. La relation d'attribution "Alors ce sont des enfants de paysans pour beaucoup d ' entre
eux 7 "
C' est ce type de phrase nominale qui est apparu le p lus fré­ 3. /daw karta pésta taO-l-gibs/
quemment dans le corpus oral ; 201 des 244 énoncés relevés. <ceux-ci papier mâché de-le-plâtre>
C'est aussi le cas à l ' écrit. "Ceux-ci sont en papier mâch� de p} âtre"
Comme dans la relation d' identité, le sujet possède tou­ 4. /igif6ri dIn wa/:lda mi -t-tc8riyyi t�O-i/
<c' est-à-dire celle-ci une de-les-théories de-moi>
jours un degré quelconque de détermination dans la relation
"e' est-à-dire que c' est une de mes théor ies"
d' attribution qui , rappelons-le, exprime l ' inclusion d ' une
5. Dak keLb emanéipat (p. 2)
classe dans une autre ou l' appartenance d ' un sujet unique à une
<celui-là chien émancipé>
classe. Par contre, le prédicat, substantif ou adjectif, est
"e' est un chien émancipé"
indéterminé, ce qui en constitue la marque morphologique. Mais
6. Dan insuLt W L - istat ( p . 25 )
on ne peut en faire une caractéristique absolue pour l e mal­
<celui-ci insulte à-l ' état>
tais. Il existe en effet deux exceptions ; lorsque le prédicat
"e' est une insulte envers l ' état"
Phrase nominale, copules et verbe "être" 343
342 Phrase nominale , existence, locali sation et possession

Le plus souvent le genre et le nombre du sujet et du 7. Inti mara sabina Cp. 140)
prédicat sont identiques, mais le pronom démonstratif peut <toi femme belle>
rester parfois au masc. sg. Dans mon corpus, le phénomène n ' est "Tu es une belle femme"
apparu qu ' à deux reprises, chez des locuteurs paysans de Gozo :
d) Le sujet est un syntagme prépositionneL. Il s' agit de la
7. /dak salmOra/ préposition /taO/ "de" à laquelle sont ajoutés l es pronoms
<celui-là saumure Cf. » suffixes . Le maltai s n' ayant pas de pronoms possessifs, c' est
"Ça, c' est de la saumure" par cette construction analytique qu ' i l s' est fabriqué des
8. /dak l).�ga famOza/ déictiques marquant la possession. Cette même préposition sert
<celui-là chose Cf. ) fameuse> dans l ' expression analytique du complément de nom. Aucun ex. de
"Ça, c' est une chose célèbre" ce type n ' est apparu à l ' écrit :

Le prédicat peut être thémat isé et placé en tête d' énoncé 1. /Ië y6na t6°-i mastrudassi/
<non moi de-moi charpentiers>
9. /l).6Ima t6°-i dïk/ "Non , moi , les miens sont charpenti ers"
<rêve Cf. ) de-moi cel le-là>
"C' est un rêve à moi , celui-là"
10. imma dinja d in Cp. 127 ) 2.2.2. Le prédicat nomina l indéterminé est un syntagme préposi­
<mais monde C f . ) celle-ci> t ionnel
"Mais c' est un monde, celui-ci"
J'en ai relevé un ex. dans mon corpus avec la préposition
/bl).al/ "comme". Il exprime une relation d ' appartenance, le
c) Le sujet est un pronom personneL . Ce sont, à l ' écrit, les sujet étant un membre unique inclus dans une classe :
énoncés les plus nombreux. Ils sont aussi fréquents à l' oral ,
surtout dans des propositions relatives ou complétives. 1. /lmma dan bl).al l).réyyd ::>l).rayn/
<mais celui-ci comme histoi res autres>
1. /imma °Îya gustfccya/ "Mais ceci est comme les autres histoires"
<mais elle justice>
"Mais elle est une justice"
2. /oOwa bicca appar�t °a-t-tiJ?Im uk8ll/ 2.2.3. Le prédicat est un adject if ou un participe
<lui morceau appareil pour-la-greffe aussi>
"Lui aussi est un appareil à greffer" En arabe classique et dialectal , dans les énoncés composés d'un
3. /issa ftakar li inti awstr�lya dtiz;:m/ substantif déterminé et d'un adjectif, l ' absence de déter­
<maintenant souviens-toi que toi australien "citizen"> mination du prédicat adjectival marque que l ' énoncé considéré
"Maintenant souviens-toi que tu es un citoyen australien !" est bien une phrase complète et non un membre de phrase. En
4. /fi-l-f6nd taO-na al).na n�s taO ?alb-na tayyba/ maltais, ce critère ne suffit pas. En effet, il n' est pas
<dans-Ie-fond de-nous nous gens de cœur C f . ) -nous bonne> obligatoire que l ' adjectif épithète soit muni d ' un article.
"Au fon9 de n �us-mêmes, nous sommes des gens au bon cœur" Fenech ( 1978: 64-5 ) distingue entre les adjectifs qualificatifs
, ( " attributive adject ives" ) qui peuvent ou non avoir l ' article
5. /oilma atti unïci/
(mais i l est toujours présent en maltais l ittéraire) et les
<eux actes uniques>
"Ils sont des actes uniques" adjectifs descriptifs ( " descr iptive adjectives" ) qui ne pren­
6. jien simpl iéi nabib tiegnek Cp. 2) nent jamais l ' article. En cas d ' ambiguïté syntaxique, il faudra
<moi simplement ami de-toi> donc avoir recours à d' autres critères, contextuels ou proso­
"Je suis simplement ton am i" diques , pour déterminer la validité d' un énoncé.
Phrase nominale, copules et verbe "être" 345
344 Phrase nominale, existence, localisation et possession

Pour des exemples dont le prédicat est un participe 1. limma dawn antIki l).afnal
passif, je renvoie au chapitre sur le passif (p. 313 sq). <mais ceux-ci anciens beaucoup>
"Mais ceux-ci sont très anciens"
2. Idlna intcrcssanti bl).§.la sitwaccy5nil
a) Le sujet peut être un substantif déterminé. On remarquera <celle-ci intéressante ( inv. ) comme situation>
particulièrement l ' ex. 6, où le sujet ne porte pas de marque "Celle-ci est intéressante comme s ituation"
morphologique de détermination, mais qui est déterminé par le 3. Dawk gnajjurin, onorevol i ( p . 15)
comparatif qui le suit : <ceux-là jaloux, votre-honneur>
"Ceux-là sont jaloux, votre honneur"
1. Ifcyn n;bs::>r li franca diffcr�nti mil-l-ingi lt�rra y�nl
<où je-devine que France différente de-l' Angleterre moi> Le prédica t peut être thémat isé et placé en tête d ' énoncé :
"Comment pouvais-je deviner que la France est différente de
l' Angleterre, moi 7"
4. /fi-I-kunt�st ma-nal).sib-s li accctÜ bli dïkl .
2. lu m;l).l).-i u ?alb-i l).f�f bl).a-r-r6l).1 <dans-l e-conte xte ne-je-p ense-pa s que accepta ble celle-la >
ble
<et esprit-moi et cœur-moi légers comme-le-vent> "Dans le contex te, je ne pense pas qu'elle soit accepta
"Et mon esprit et mon cœur étaient légers comme le vent" celle-là"
3. Idan it-tafal °awdsi naturalm�ntl 5. Itayyba dïnl
<celui-ci l' argile (m. ) gozitain naturellement> <bonne celle-ci>
"Cette argile est gozitaine naturellement 7" "Elle est bonne, cel le-ci !"
4. gnax il -kbar kbar ( p . 6)
<car les-grands grands>
"Parce que les grands sont grands" c) Le sujet est un pronom personnel . A l ' écrit , ce sont les ex.
5. forsi l -kennies kuntent ( p . 9 1 ) les plus nombreux :
<peut-être le-bal ayeur content>
"Peut-être que le balayeur est content" 1. 1° as y�n gal.int::lm izzÉ:yycdl
6. nies bnalek perikoluzi ( p . 25 ) <car moi généreux trop>
<gens comme-toi dangereux> "Car je suis trop généreux"
"Les gens comme toi sont dangereux" 2. IOUma da?s�yn wal).da Pal!
<eux un-peu une lourds>
Le prédicat peut être thématisé et placé avant le sujet "Ils sont un peu trop lourds"
3. Ipcr; diga °Uwa stramb li tOïdl
7. Im� la m�yyct miss6r-ckl ( II I , 78-9) <mais déjà lui étrange que tu-dis>
<alors mort père-toi> "Mais il est déjà étrange que tu dis(�s" /

"Alors il est mort ton père 7" 4. lit imma y6na fi]? dawn l-affar iyy�t ::lttimis tl
8 . Ikbïr l).afna dak ir-riscrwarl <non mais moi sur celles- ci les-af faires optimi ste>
<grand beaucoup celui-là le-réservoir> " Non, mais sur ces choses , je suis optimi ste"
/
3 /

"Il est très grand ce réservoir ! " 5. /int::lm-s kuntsntil


9 . Vjolenti l-verità (p. 94) <vous-quoi contents>
<violente la-vérité> "Etes-vous contents 7"
"Violente est la vérité"

3
b) Le sujet peut également être un pronom démonstratif. Comme Dans une phrase nominale interrogative dont le sujet est un
avec un prédicat substantivai , il s ' agit, à l ' oral, des ex. les pronom personnel de 1ère ou 2ème pers . , il est possible, mais
plus nombreux :
Phrase nominale, copules et verbe "être" 347
346 Phrase nominale , existence, localisation et possession

6. Anna zgnar ( p . 148) 1 . /l-cwwcln�tt nistaOgcb li o�d-ni i)ay/


<nous petits> <d' abord je-m' étonne que encore-moi vivant>
"Nous sommes petits" "D ' abord je m' étonne d' être encore vivant"
2. /�ra i)u il-lÎ zar minn fu? is-s;dda o�d-u gdld/
7. baqgnet tanseb l i hi ognla m i l l -kotba ( p . 52)
<regarde prends le-drap de sur le-lit encore-lui neuf>
<elle-resta elle-pense que elle plus-haute de-les-livres>
"Ecoute ! Prends le drap sur le lit, il est encore neuf"
"EUe a continué à penser qu' elle était plus importante que
les livres" 3. /dln o�d-oa funcpnabbli/
<celle-ci encore-eUe util isable>
"Celle-ci est encore en état de fonctionner"
d) Le sujet peut être une autre expression déictique 4. Tidher l i gnadek zgnir (p. 34)
<tu-parais que encore-toi petit>
1 . /taO-s-saora funcy::mabbli uk6u/ "Tu sembles être encore jeune"
<de-l e-Xagnra uti lisable aussi>
"Celui de Xagnra est aussi en état de fonctionner" f) Le sujet peut être une proposition. Je n ' en ai relevé qu' un
2. /taO-llUm nai)scb iz°ar u/ seul ex. à l ' écrit et avec thématisation du prédicat
<de-aujourd'hui je-pense plus-petit hein>
"Ce�x d ' aujourd ' hui, je pense , sont plus petits, non 7" 1. Vjolenti min jitl ob, vjo lenti min jidgni (p. 94)
3. /tQO-i kblr il-bag611 lmma taO m�ri/ <violent qui il-pri e, violent qui i l-blasphème>
<de-moi grand le-bagage mais de Marie> "Violent est celui qui prie, violent est celui qui blasphème"
"L� mien, d � bagage, il est grand, mais celui de Marie ! "
4. /ismao ai)yar ycw k6U-oa t6ndi ycw k6U-oa skwÉrs/
<écoute mieux ou tout-elle ronds ou tout-elle "squares" 2.2.4. Le prédicat est un adverbe
(sic. »
Mon corpus en présente quelques exemples avec l ' adverbe de
"Ecoute mieux ! Ou bien ils sont tous ronds , ou bien ils sont
manière /ckk/ "ains i" :
tous carrés !"
5. /i)afna mlnn-°::Jm tfal taO-l-bdiiwa/
1. /gcw it-t;nk Waliis °awdcS d�yycm ckk/
<beaucoup de-eux enfants de-les-paysans>
<ils-vinrent les-Turcs le-parce-que Gozo toujours ainsi>
"Beaucoup d' entre eux sont des enfants de paysans"
"Les Turcs sont venus, parce que Gozo a toujours été ainsi"
6. u kuUi.add ikreh meta naddienor inares l ejh ( p . 54)
2. Mela L -pol itika hekk ? (p. 1 1 8 )
<et chacun plus-laid quand un-autre regarde vers-lui>
"Et tout le monde est plus laid quand quelqu ' un d ' autre le <alors la-politique ains i>
regarde" "Alors , la politique c' est comme ça 7 "

Le prédicat peut être thématisé et pl acé devant le sujet


e) Le sujet peut comporter une l ocution Il s' agit
adverb iale.
de l ' adverbe /oad/ "encore" qui est toujours accompagné d ' un 3. u hekk anna Hum (p. 54)
pronom suffixe se référant au sujet, même lorsque celui-ci est <et ainsi nous aujourd' hui>
présent dans l ' énoncé : "Et c' est comme ça que nous sommes aujourd ' hui"

2.2.5. Le prédicat est un substantif déterminé

Un énoncé de la langue parlée comporte un sujet pronom


non obligatoire, de suffixer une marque d ' i nterrogation au
personnel de 1ère pers. avec un prédicat comportant un adjectif
pronom, en l ' occurrence /-s/.
démonstratif. Il me semble qu' i l est possible de l ' analyser en
348 Phrase nominale , existence, local isation et possession Phrase nominale, copules et verbe " être" 349

une relation d ' appartenance, le sujet "moi" étant le membr e "Alors va à Melliena, parce que ceux-là sont de derrière les
unique d ' une classe, en l ' occurrence celle des "gens de ce montagnes ! "
genre". Le prédicat nominal est à prendre comme une qualifica­ 2 . Idan taO-s-séna l-;I)ral
tion du sujet <cel ui -ci de-l' année l' autre>
"Celui-ci est de l ' année dernière"
1. lissa y6na dak it-tIpl 3 . Idïn issa taO-l-gibsl
<maintenant moi celui-là le-type> <celle-ci maintenant de-le-plâ tre>
"Alors, je suis de ce genre-là" "Celle-ci, alors, est en plâtre"
4. libzao c alf-ca cas dlk t6°-il
<aie-peur pour-elle car celle-là de-moi>
2.2.6. Le prédicat est un syntagme prépositionnel comprenant un
"Fais-y attention, parce que c ' est la mienne ! "
nom déterminé, un pronom ou un adverbe
5 . l I t dlk t a O antwanéttl
<non celle-là de Antoinette>
2.2.6.1. La préposition ItaO l "de"
"Non, celle-là est à Antoinette ! "
6 . Idln minn tal)-I)a igif6ri t-ti syIr l i fI-oal
Nous avons vu (p. 340 ) que le prédicat composé de la préposi­
<celle-ci de de-elle c' est-à-dire la-cuisson que dans-elle>
tion Ita °l "de" pouvait marquer une relation d ' identité. Cepen­
"e' est la sienne , c ' est-à-dire la cuisson qu' il y a dedans"
dant , une construction avec ItaOI ( avec sa variante Iminn taO/)
7. Dan tal -partit tagnna (p. 58 )
peut également exprimer une relation d' attribution lorsqu ' elle
<celui-ci de-le-parti de-nous>
est suivie d ' un substantif déterminé ou d ' un pronom suffixe.
"Celui-ci est de notre parti"
e' est dire que le critère morphologique d' indétermination du
prédicat n' est pas suffisant pour définir la relation d' attri­
bution en maltais, et qu' i l est nécessaire de faire entrer dans c) Le sujet est un pronom personneL . Les exemples sont plus
l ' analyse des considérations d' ordre logico-sémantique, comme nombreux à l ' écrit :
déjà dans l' exemp le qui vient d' être analysé au paragraphe 1. IOGma taO-l -fcrGtil
précédent. <eux de-les-blessés>
"Ce sont ceux des blessés"
2. jekk taf l i huma tiegnek ( p . 27 )
a) Le sujet peut être un substantif
<si tu-sais que eux de-toi>
1 . lit-t;rt t6°-i pr::Jpyaméntl
"Si tu sais qu' ils sont à toi"
<le-tort de-moi proprement>
3. hi ta' kulhadd (p. 26)
"La faute est mienne en fait"
<elle de chacun>
2. Monni t iegni (p. 94)
"Elle est à tout le monde"
<esprit-moi de-moi>
4. kemm jekk hu ta' gewwa u kemm jekk hu ta' barra (p. 1 1 4 )
"Mon esprit est à moi"
<combien si l u i d e dedans e t combien si l u i d e dehors>
3. Gnax din l-art tagnkom, mhux tagnhom ( p . 57 )
"Qu' il soit de l' intérieur ou qu' il soit de l ' extérieur"
<car celle-ci la-terre de-vous , ne-lui-pas de-eux>
"Parce que la terre est à vous, pas à eux"
d) Le sujet peut être un autre déictique
1. Ik8lbs taO-l-iny�m eus ckkl
b) Le sujet est un pronom démonstratif. Les ex. sont plus <tout de-le-bois lui-pas ainsi>
nombreux à l ' oral :
"Tout est en bois, n' est-ce pas 7"
1. Iméla mur il-mc1l6l)a cas dawk taO wara I-munt�nyil
<alors va la-Mel liena car ceux-là de derrière les-montagnes>
350 Phrase nominale, existence, localisation et possession Phrase nominale, copules et verbe "être" 351

2.2.6.2. La préposition IOâl1 "pour" 2.3. La relation de localisation

Mon corpus n ' en offre qu'un seul exemple à l ' oral avec un pré­ En maltais, comme d' autres auteurs l ' ont déjà fait remarquer
dicat substantivaI déterminé. Il me semble devoir être inter­ (voir surtout Borg 1987-88: 59-64 ) , le prédicat substantivaI
prété comme une relation attr ibutive, à cause de la présence de locatif d ' une phrase nominale n' est pas forcément spécifié
luk6111 "aussi", qui marque le prédicat comme une classe compo­ comme tel par une préposition de l ieu, en l ' occurrence Inl
sée de plusieurs entités, dont le sujet fait partie : "dans". En effet, sa présence n' est pas obligatoire lorsque le
sujet est un animé ( ou considéré comme tel, par ex. un bateau)
1 . Idina igif6ri °a-t-tiPlm uk6111 et le prédicat un nom de lieu déterminé ( ou un nom propre de
<celui-ci c' est-à-dire pour-la-greffe aussi> lieu ) . Par contre, la préposition semble nécessaire s i la
"Celui-ci, en fait, il est pour la greffe aussi" localisation est considérée comme inhabituelle pour le sujet.
De tels énoncés ne s' étant pas présentés dans mon corpus, ni à
l ' oral , ni à l ' écrit , j' emprunterai trois ex. à Borg 0987-88:
2.2.6.3. La préposition Ik6ntral "contre". Aussi équivalente au
59 ) , pour illustrer ce propos. Le premier est considéré comme
français "opposé à" , elle a été empruntée à l ' italien. Elle n'a
correct par l ' auteur, le second comme douteux et le troisième
pas l e sens physique de proximité ou de contact, mais seulement
comme impossible :
celui d' opposition , ce qui permet de classer l' énoncé comme une
relation attributive et non pas locative. Le corpus en offre un
1 . [t-tabib l - isptar
exemple à l ' oral avec un prédicat formé d ' une construction
4 < le-médecin l ' hôpital>
possessive, et plusieurs à l' écrit
"Le médecin est à l ' hôpital"
2. ? IL-qassis i l -gnien
1. Im�la dawk k6ntra taO-nal
<le-prêtre le-jardin>
<alors ceux-là contre de-nous>
3. * Is-sigaretti il -kaxxa
"Alors ceux-là sont contre nous"
<les-cigarettes la-boîte>
2. tanseb l i huma kontriek ( p . 136)
<tu-penses que eux contre-toi>
Les phrases nominales à deux termes exprimant une relation
"Tu penses qu' i ls sont contre toi "
de localisation sont très peu nombreuses dans mon corpus oral :
13, soit 5% du total. Tous les énoncés locatifs relevés (sauf
2.2.6.4. La préposition IfavDrl "en faveur de". Elle est appa­ un sur lequel je reviendra i ) comprennent un sujet déterminé ( au
rue dans un seul exemple du corpus écrit : sens large : nom muni d ' un article, d ' un pronom suffixe, nom
propre, déictique , proposition) situé en tête d' énoncé. Nous
1 . ignidu l i huma favur i l -naddiema (p. 100 ) verrons que lorsque le sujet est indéterminé, le maltais doit
<i ls-disent que eux en-faveur-de les-travailleurs> faire appel à une phrase nominale à trois termes ( p . 355 sq) .
"Ils disent qu ' il s sont en faveur des travailleurs" Pas plus que dans la variété d' arabe marocain décrite par
Caubet 0989: 431 ) la séquence "prédicat prépositionnel sujet
indéterminé" ne peut constituer un énoncé complet comme c ' est
le cas pour l ' arabe classique ou l ' arabe égyptien du Caire par
exemple ( Anwar 1979 : 55 ) .
4
Ik6ntral peut en principe recevoir les pronoms suffixes, mais Quant a u prédicat, il peut être formé d ' une préposition
la construction est rare. Le plus souvent le pronom est locative et d ' un nominal, ou bien d ' un adverbe de lieu.
introduit au moyen de la préposition ItaOI "de" .
Il existe dans mon corpus, une exception apparente à la
règle de détermination du sujet. Elle f igure dans un énoncé
interrogatif. Voici d' abord cet exemple :
352 Phrase nominale, existence, locali sation et possession Phrase nominale, copules et verbe " être" 353

4. Ië vi:ru cmmÉ:kk muntcinya mdl 6i).al 4. lil-m:Ji).r6t l-antÎk waray-Oal


<eh vrai là-bas montagne Melliena> <la-charrue (m. ) l' ancien derrière-elle>
"Eh, c' est vrai que là-bas il y a une montagne à Melliena ? ! " "L' ancienne charrue est derrière elle"
5. lil-Iaburisti fcyn in-n6s taO barrai
A l' audition, o n entend une pause très nette entre les <les-travai ll istes où les-gens de dehors>
deux derniers termes de cet énoncé que sont le sujet nominal "Les travaill istes étaient près des gens de dehors"
indéte�miné ( lmuntcinya/ ) , et le prédicat qui le suit 6. lin-naccY:JnaÜsti [l17 il-fbs:Js in-nai).a l-bi).ral
( lmdl j;ïi).a/, le nom d ' une ville ) . L' ensemble est précédé d ' un <les-nationalistes sur les-tombes le-côté (f. ) l' autre>
"Les nationalistes étaient sur les tombes de l' autre côté"
� dve� be de lieu (lcmmÉ:kk/ ) . A ma connaissance, personne n ' a
JamaIS considéré qu' un adverbe d e lieu pouvait être une 7. IOï °cid-oa f-kundiccy5ni tayybal
particularisation suffisante du sujet pour affirmer la validité <elle encore-elle dans-condition bonne>
syntaxique d ' un énoncé. Or , nous verrons plus loin qu' une des "Elle est encore en bon état"
particules qui permet l' expression de l' existence et de la 8. If-kull fÉ:sta taO- I-villaggi i l li °Oma i).dcyn is-stOti
localisation a justement pour ongme un adverbe de l ieu <dans-tout fête de-les-villages que eux près les-côtes>
précisément Icmml "là". I l n' est donc pas impossible qu' i l ; "A chaque fête des villages qui sont près des côtes"
ait eu confusion entre la forme longue et la forme brève de cet 9. monrwk fU-poLitika (p. 106 )
adverbe. On pourrait soit considérer que l' énoncé est incom­ <esprit-toi dans-la-politique>
p � et , à cause de l ' absence de Icmm/, soit que la particule "Ton esprit est dans la politique"
.
d eXlsten � e et de, ,localisation, troisième terme d ' une proposi­ 10. Li huma f'sannithom (p. 6 4 )
.
tIOn �ommale, a ete remplacée par la forme longue de l ' adverbe <que eux dans santé-eux>
Icmmckk/, ce qui n' est habituellement pas le cas . En tout état "Qui sont en bonne santé"
de cause , on ne peut considérer l' énoncé comme une phrase
� o� i�ale à deux termes. Il ne remet donc pas en cause ce qui a 2.3.2. Le prédicat est un adverbe de L ieu
ete dIt plus haut au sujet de la détermination du sujet.
On remarquera que l ' ex. 5 comporte une proposition comme sujet.
2.3.1. Le prédicat est un syntagme prépositionneL
1. Il-Oua? taO-I-?asab isfdl
Le prédicat, lorsqu ' i l s' agit d ' un substantif, est le plus <la-racine de-la-canne en-bas>
souvent déterminé par l ' article. J ' ai tout de même relevé un "La racine de la canne est en bas"
exemple où un degré de détermination est apporté seulement par 2. Iyj;ïn t6°-i °cid-u awnl
un adjectif épithète (ex. 7 ) . Toutes les prépositions du <moi de-moi encore-lui ici>
maltais ne sont pas apparues dans mon corpus, mais voici "Moi , le mien, il est encore ici"
quelques exemples avec celles que j ' ai relevées : 3. Irayt li mblflf-i o �d-u cmml
<je-vis que esprit-moi encore-lui là>
1 . ly6na fi-s-sbdda marldal "Je me suis rendu compte que mon esprit était encore là"
<moi dans-le-lit malade (f. » 4. lli l-ftcofm °;id-u 1 bb°:Jd lfafnal
"Je suis au lit, malade" <que l ' accord encore-lui à loin beaucoup>
2. IpuÉ:ss li s6?-ck fi-l-?abarl "Que l ' accord est encore très loin"
<puisque que pied-toi dans-la-tombe> 5. min hu gewwa gewwa u min hu barra barra (p. 7 6 )
"Puisque tu as un pied dans la tombe" <qui l u i dedans dedans e t qui l u i dehors dehors>
3. Ida-I-i).adld °and si hatt6h::wl "Celui qui est dedans est dedans et celui qui est dehors est
<ce-le-fer chez quoi �n-autre> dehors"
"Ce fer est chez quelqu ' un d' autre"
354 Phrase nominale, existence, localisation et possession Phrase nominale, copules et verbe "être" 355

6. ul ied ul iedhom hawn gnadhom ( p . 131 ) un animé et le prédicat un nom de lieu , puisque la présence
<enfants enfants-eux ici encore-eux> d' une préposition n' est pas obligatoire.
"Les enfants de leurs enfants sont encore ici" La phrase nominale à deux termes ne pouvant, notamment,
être util isée lorsque le sujet est totalement indéterminé, et
Le prédicat peut être thématisé la relation d' identité n' étant plus que rarement exprimée
ainsi, la suite de ce travail montrera quelles sont les marques
7. Hawnhekk il -parlament (p. 184 ) explicites de la prédication que la langue a utilisées pour
<ici-ainsi le-parlement> pallier ces incompatibilités syntaxiques. Nous verrons égale­
"Ici, c' est le parlement" ment, comment ces marques tendent à se répandre de plus en plus
8. Hawn anna (p. 147 ) dans des énoncés où leur présence n' est pas obligatoire .
<ici nous>
"C' est ici que nous sommes"
3. La phrase nominale à trois termes avec pronom-copule

2.4. Conclusion Remarques préliminaires

L' étude du corpus a permis d' établir qu' en maltais la phrase La phrase nominale à deux termes, nous venons de le voir, est
nominale à un terme pouvait être considérée comme une phrase à encore v ivante dans la langue. Néanmoins, il arrive souvent que
el lipse du sujet. les locuteurs recourent à une copule dont la fonction syn­
Pour la phrase nominale à deux termes, les critères de taxique est de marquer formellement la relation de prédication.
validi té syntaxique de l' énoncé ont été discutés et peuvent 5
L ' é lément copule utilisé peut être, comme en sémitique et en
être établis comme suit : le premier d' entre eux est que le 6
particulier dans les dialectes maghrébins, un pronom personnel
sujet doit toujours avoir une détermination forte , il est soit indépendant de 3ème pers. qui s' accorde en genre et en nombre
un substantif défini par l ' article, soit un nom propre, soit un avec le sujet.
déictique. Une simple caractérisation, comme en arabe classique Les formes maltaises des pronoms de 3ème pers. sont les
( voir D. Cohen 1984 : 35 ) d ' un substantif indéfini par un adjec­ suivantes :
tif, une proposition relative, ou un nom reg l par lui, ne
semble pas possible en maltais. Par contre, il a été relevé un 3. masc. lOul ou l°lÎwal
ex. de particularisation au moyen d ' un syntagme marquant la 3. fém. l°ï! ou IOIyal
comparaison. Les autres critères peuvent se définir en fonction 3. pl. commun l°lÎmal
du type de relation exprimé par la phrase nominale. Toutefois,
i l a été montré que les critères morphologiques ne sont pas
suffisants en maltais, et qu ' i l faut également tenir compte de
la logique et du sémantisme des propositions, ainsi que des
traits prosodiques et du contexte. 5
Voir M. Cohen ( 1924 : 41 ) : "la phrase nominale, dans beaucoup
J ' ai essayé de montrer que les critères de détermination de langues sémitiques, tend à se compliquer d ' un troisième
ou d' indétermination du prédicat n ' étaient pas toujours suffi­ terme qui sert à marquer une identité entre le sujet et l e
sants pour savoir si le type de relation logico-sémantique prédicat ; c ' est c e qu' on appelle une copule l . . ] c' est dans
.

exprimé dans la phrase nominale à deux termes était une diverses langues sémitiques un pronom personnel indépendant qui
relation d' i dentité ou une relation d' attribution. Ceci est joue ce rôle . "
particulièrement vrai à l ' oral où les traits prosodiques jouent 6 Pour n e citer que trois exemples, c' est l e cas d e Tunis Juif
un rôle important.
En ce qui concerne la relation de localisation, nous avons (D. Cohen 1975: 138 ) , du Q.assanïya de Mauritanie (D. Cohen 1963:
148 ) , et du marocain de la région de Fès ( Caubet 1989 : 409).
vu qu' i l faut également recourir au sens lorsque le sujet est
356 Phrase nominale, existence, local isation et possession Phrase nominale, copules et verbe "être" 357

Les deux formes du singulier pour chacun des deux genres pagnol entre les deux verbes "être" ser et estar. L ' équivalent
7
semblent être en variante libre. Elles sont indifféremment de ser serait alors, en maltais, la phrase à pronom-copule.
utilisées par tous les locuteurs. Il faut, cependant, remarquer Borg rejette un énoncé comme
que les formes longues apparaissent, dans la langue parlée , L-istudent *hu marid (p. 68)
avec une fréquence beaucoup plus grande que les formes courtes <l' étudiant lui malade>
lorsque le pronom est en fonction de copule les formes mais accepte :
courtes ne sont apparues que sept fois chez cinq de mes It-tifel hu kwiet (p. 69)
informateurs. <l' enfant lui calme>
"L' enfant est calme"
Une première remarque importante à faire est que le pro­ parce que ce dernier exemple peut être interprété comme "enco­
nom-copule ne fonctionne pas uniquement dans la relation ding a synthe tic a posteriori characteristic of the subject
d' identité comme en marocain de la région de Fès par ex. the boy has a quiet disposition as opposed to say, a mischie­
( Caubet 1989: 410) ou comme cela paraît être le cas à la lecture vous one" (p. 69 ) . Mon corpus vient confirmer pour une large
des ex. relevés par D. Cohen ( 1975 : 138 ) pour Tunis Juif. De part cette observation, mais nous verrons qu' il existe tout de
nombreux ex. sont également fournis par la phrase nominale même quelques exemples de phrase nominale avec copule où la
marquant une relation d ' attribution et même pour quelques relation est "contingente".
phrases locatives . En ce qui concerne la relation locative, Borg n ' a pris en
8
Dans une analyse syntaxique et sémantique détaillée de la considération qu' un certain type d' énoncés , à savoir ceux où le
phrase nominale, i llustrée par des exemples fabriqués à partir prédicat est un nom de lieu, précédé on non de la préposition
de son idiolecte qu' i l définit comme "standard", Borg ( 1987- /fï/ "dans" . Toutefois, s ' il affirme, probablement avec raison,
88:70) avait cependant conclu à une certaine restriction des l ' exclusion ( au moins pour quel �ues autres locuteurs ) , du
possibilités d' occurrence du pronom-copule "the personal pronom-copule dans l ' énoncé l ocatif pour des prédicats de ce
pronoun is excluded in locative predications and in predica­ type, ceci ne peut être généralisé à toutes les phrases
tions of contingent states . " nominales à prédicat locatif ( voir p. 367) et notamment lorsque
Pour l a relation d' attribution, i l s' est en effet attaché celui-ci est un nom propre dés ignant un lieu.
à montrer que seule une relation considérée, sémantiquement ou
a poster iori à cause de la construction syntaxique elle-même, Aquilina ( 1965: 95) remarquait que "when no emphasis is
comme essentiell e entre le sujet et le prédicat pouvait compor­ intended, the additional independent personal pronouns are left
ter un pronom-copule. Cette distinction rappelle celle de l' es- out", ce que conteste Borg ( 1987-88: 69-7 0 ) sur la base d ' ex. où
la copule est absente dans un contexte clairement emphatique.
Ce qu' i l remet en cause est donc la formulation négative
7 d' Aquilina.
Albert Borg ( 1 987-88 : 64) pense que "the variants in the sin- I l propose, à titre d ' hypothèse, que "when a speaker wants
gular [ are] probably phonologically conditionned" mais n' expli­ to spel l out as clearly as he can the predicative function he
que pas les raisons de son hypothèse. Elle ne se vérifie pas en has in mind to make sure his meaning is understood in an
tout cas pour le pronom en fonction de copule. otherwise potentially ambiguous utterance , one of the mecha­
8 nisms he can have recourse to is precisely the interpretation
L' étude d ' Albert Borg 0987-88: 57 ) ne prend toutefois en
of the particular (optiona 1 l copular expression he needs to
compte que des énoncés "non marqués" : "1 will only be conside­
ring predications in their most unmarked form, that is, in the
present tense and with third person subjects. l will not be
considering predications in interrogative or negative form. l
9 Des énoncés de ce type ne sont pas apparus dans mon corpus,
will also be omitting any consideration of variation in thema­
mais mon informatrice de La Valette, elle aussi locutrice de
tic and information structure. "
"standard", confirme, pour son idiolecte, les propos de Borg.
358 Phrase nominale, existence, local isation et possession Phrase nominale, copules et verbe "être" 359

make his meaning more explicit. It may be that an emphatic 2. Il-art °Iya 1-Ocr6? taO-nal
context is one in which this need would be particularly felt, <la-terre elle la-racine de-nous>
but it is certainly not the only one, and even then, a speaker "La terre est notre racine"
may choose to omit copular expression. " 3. Iganni °Uwa il-kugln t6°-il
L' important à retenir I C I me semble être l' explicitation <Ganni lui le-cousin de-moi>
de la fonction prédicative par l e pronom-copule afin de lever " Ganni est mon cousin"
toute ambigu'ité. Peut-être peut-on parler d' emphase dans la 4. Li L - ideaL tagnhom hu L-ugwa Ljanza u L -naqq (p. 9 4 )
mesure où sa présence n' est pas toujours obligatoire, mais <que l ' idéal de-eux l u i l ' égalité et la-vérité>
alors cette emphase est en train de s' user. Le nombre de "Que leur idéal est l' égalité et la vér ité"
phrases nominales à trois termes dépasse en effet nettement 5. It-tajjeb huwa t-tajjeb (p. 169)
celui de phrases nominales à deux termes : 553 pour les <le-bien lui le-bien>
premières dans mon corpus, contre 389 pour les secondes . Encore "Le bien est le bien"
faudrait-il pondérer ce rapport à cause des énoncés où le sujet
est un pronom personnel, puisqu' ils ne contiennent que très
b) Le sujet est souvent ( dans 47 ex. ) un pronom démonstratif,
rarement un second pronom, en fonction prédicative cette fois.
ce qui n ' est pas pour surprendre puisque nous avons vu que la
séquence pronom démonstratif substantif déterminé est un
3.1. La relation d' identité membre de phrase et non un énoncé complet, sauf (rarement)
indication contraire du contexte ou du contour intonatif.
L' étude menée pour la phrase nominale à deux termes a fait Friggier i, dans son roman comme dans l ' entretien qu' i l m ' a
ressortir les limites de son ut ilisati on pour l ' expression de accordé, n ' uti lise que la forme courte du pronom-copule l orsque
la relation d' identité faible nombre des ex. où les deux le sujet est un déictique, sauf une fois.
termes sont des substantifs déterminés par l ' article, ou bien
lorsque le sujet est un pronom démonstratif et le prédicat un 1 . IdIk oiya il- kggénda taO-l-ma?16bal ( IV, 20-21 )
substantif déterminé. Une simple comparaison du nombre d' occur­ <cel le- là elle la-légende de-Ia-Maqluba>
rences des énoncés nominaux à deux et à trois termes dans ces "Celle-là est la légende de Maqluba"
deux cas seulement suffit à montrer la forte domination de la 2. Inahscb li dIk °1 l-idcntita cminénti taO-l-p5plu m�ltil
copule : 8 et 71 ex. respectivement . Il ne semble pas exagéré <je-pense que cel le-là elle l ' identité éminente de-le-peuple
d ' en conclure que la fonction prédicative tend à être de plus maltais>
en plus marquée explici tement dans la relation d ' identité. "Je pense que c ' est l ' identité éminente du peuple maltais"
3. Idawn °Uma l-izycd p:)czfyyi intcrcssantil
<ceux-ci eux les-plus poésies intéressantes>
3.1.1. Le prédicat est un substantif déterminé
"Ce sont les poésies les plus intéressantes"
lO
4. Idan °6wa i l-wan siks taO t;mna/
a) Le sujet peut également être un substantif déterm iné. 26 des
<celui-ci lui le-"one sixth" de tumolo>
27 énoncés relevés proviennent de l ' écrit ou du discours
"Ceci est le sixième d'un tumolo"
d' intellectuels. La proportion était déjà de 3 sur 4 pour la
5. Din hi ir-rieda tiegnu (p. 4 4 )
phrase nominale à deux termes.
<celle-ci elle le-souhait (f. ) de-lui>
1. lu is-sdlUm l-iskalUni °Uma l-faziyy6t diffcrénti taO-t­
tradiccY5nii
<et l' échelle les-escaliers eux les-phases différentes de-la­
1 0 L' uti lisation des chiffres anglais est chose courante en
tradition>
maltai s. La It;mnal "tumolo" est une mesure agraire de surface
"Et l ' échelle, les escaliers sont les phases différentes de qui équivaut à 0 , 112 ha ( Peretti 1965 : 288 ) .
la tradi tion"
360 Phrase nominale, copules et verbe " être" 361
Phrase nominale , existence, localisation et possession

"C' est son souhait" 2. Li kuLhadd hu daqs naddienor (p. 46)


6. dan huwa pajjizi (p. 104 ) <que chacun lui comme un-autre>
<celui-ci lui pays-moi> "Que tout le monde est comme les autres"
"Ceci est mon pays"
3.1.3. Le prédicat est un pronom démonstratif
Dans ce type d' énoncés, on se souvient que la seule
poss ibilité d ' omettre le pronom-copule, à l' écrit, est lorsque Ce type d ' énoncé est apparu deux fois dans la langue parlée. A
le prédicat est déterminé par un pronom personnel suffixé. chaque fois le sujet est un substantif déterminé. En voici un
L ' ex. 6 montre que ce n' est pas une règle absolue. exemple :

c) Aquilina ( 1965: 95-96) mentionne la possibilité de faire 1. Il-iktar gabra ri c�nti °Îya dInl
figurer un pronom-copule de 3ème pers. entre un sujet pronom <le-plus collection récente elle celle-ci>
personneL de 1 ère ou 2ème pers. et le prédicat. La construction "La collection la plus récente est celle-ci"
syntaxique est connue de l ' arabe classique ( Cantarino 1975: 35 )
comme des dialectes arabes. 1 1 E n maltais ces énoncés semblent 3.1.4. Le prédicat est un pronom personneL
être d' util isation très restreinte. Mon corpus n ' en offre des
exemples que dans la traduction de la Bible : relevés
Trois exempl es avec un sujet nomina l déterm iné ont été
eri. Le prédica t est un pronom de 1ère
dans le roman de Friggi
Dn. 2/38 inti huwa r-ras tad-deheb
ou 2ème pers. :
<toi lui la-tête de-l ' or>
"C' est toi qui es la tête d ' or" ( TOB)
1. u L-pajjiz hu anna (p. 15)
Dn. 5/13 Inti hu DanjeL
<et le-pays lui nous>
<toi lui Daniel>
"Et le pays c ' est nous"
"Est-ce bien toi Daniel" (TOB )
2. dan ir-ritratt hu int (p. 88 )
<celui-ci la-photo (m. ) lui toi>
3 . 1 . 2. Le prédicat est un syntagme prépositionneL "Cette photo c' est toi"
3. dak ir-ritratt huwa jien (p. 88)
Comme pour la phrase nominale à deux termes, il s ' agit des <celui-là la-photo (m. ) lui moi>
prépositions exprimant une comparaison Ibl:l âl/ et Ida?sl "Cette photo c' est moi"
"comme". Deux exemples avec copule sont apparus dans le corpus.
Les sujets sont des déictiques 3. 1.5. Le prédicat est un adverbe temporeL

1. Idawn °Uma bl:lâl l-artista li ikUn ?Is-u sugam&nl Un énoncé avec sujet nominaL déterm iné est apparu dans le
<ceux-ci eux comme l' artiste que il-est comme-lui serviette> corpus écrit :
"Ceux-ci sont comme l' artiste qui ressemblerait à une ser­
viette"
1. waqt L i L-fama taL -poL it iku hi Hum biss ( p . 141 )
d'hui seu-
<tandi s que la-ren ommée de-la- politiq ue elle aujour
lement>
d' hui
11 . "Tand is que la renommée de la politiq ue c' est aujour
VOIr par exemple D. Cohen ( 1963: 148) pour le l:lassânlya de
seuleme nt"
Maur itanie, D. Cohen ( 1975 : 138 ) pour Tunis Juif, Caubet ( 1989:
420 ) pour l ' arabe marocain de la région de Fès, etc.
362 Phrase nominale, existence, local isation et possession Phrase nominale, copules et verbe "être" 363

3.1 .6. Le sujet est un substantif indéterminé 3.2. La relation d'attribution

Il a été rappelé au début de ce chap. consacré à la phrase Remarques préliminaires


nominale, que le sujet d ' une propos ition nominale ne pouvait
être tout à fait indéterminé et qu' i l devait d ' une manière ou Au début de cette partie consacrée à la phrase nominale à trois
d' une autre être particularisé pour qu' i l soit possible d ' en termes, i l a été fait mention de la position de Borg ( 1987-88)
asserter quelque chose. Pour un des exemples du corpus, la qui considère que l a relation d' attribution ne peut comporter
particulari sation est expl icitée par un adjectif épithète : un pronom-copule que si elle est analysable en une relation
essentielle et non pas contingente entre l e sujet et le prédi­
1. Ist3rya �I;ra taO gal;an °Iya dïk taO-l-kirsal cat. Cette observation ne suffit cependant pas à expliquer tous
<histoire autre de Cahan elle cel l e-là de-la-tripe> les emplois de mon corpus. Il y a au moins deux ex. de relation
"Une autre histoire de Cahan est celle des tripes" contingente, recueillis auprès de deux locuteurs de Kerèem
( Gozo) :
Par contre, dans trois autres énoncés, tous oraux, la
particularisation n' est en rien marquée dans la syntaxe de la 1. linti tfstaO t�?°:Jd bi-kw�t-ck l i dak °6wa nadIf /
phrase. La contradiction avec la règle énoncée ci-dessus ne <toi tu-peux tu-restes avec-calme-toi que celui-là lui propre>
semble toutefois qu' apparente. En effet, l e sujet peut être "Toi, tu peux être assuré que celle-là [ l ' eau] est vraiment
dans chaque cas considéré comme une citation, soit d ' un terme propre"
qui figurait un peu avant dans le discours du locuteur , auquel 2. Idisoln sÉna u °ï °Îya kburfyyal
cas il s ' agit d ' y apporter une définition, soit d'un terme <90 an et elle elle fière>
d ' une langue étrangère qui porte donc en lui-même sa particula­ "90 ans . Et elle en est vraiment fière"
risation.
Le premier énoncé peut entrer dans le cadre d ' une relation
2. limma l-pr5pya kÉlma t�O-u mOiS g3bya g3bya °Iya dïn taO-I­ considérée comme essentielle puique l ' eau dont on parle est
I;adldl nécessairement propre, sinon elle ne serait pas distr ibuée aux
<mais la-propre nom (f. ) de-lui ne-elIe-pas "gobja" "gobja" consommateurs. C'est ce que Borg ( 1 987-8 : 69 ) considère comme
elle celle-ci de-le-fer> des "a posteriori synthet ically necessary characteristics of
"Mais son nom précis ce n' est pas poulie, 1 2 poulie c ' est cel le the subject entity". Le pronom-copule apporte aussi l ' idée
en fer" d'une assertion plus forte, plus insistante de cette caracté­
3. Is nffomu b-bandu bandu Ou d-digr�tI ristique , ce que j ' ai essayé de rendre dans la traduction par
<quoi nous-comprenons avec-édit édit lui le-décret> "vraiment ". Dans le second exemple, il me semble que seule
"Qu' entendons-nous par édit ? Un édit c' est le décret" cette deuxième notion peut être prise en compte. Le contexte
4. IpdJsdnifikii1 s;m °6wa l-uniku mccci est suffisamment clair en effet : c' est d ' avoir 90 ans qui rend
<"personnification" lui l ' unique moyen> fière la vieille femme et non pas un trait de caractère
""Personnification" est le seul moyen" particul ier . La fierté est totalement contingente dans ce cas.
Si le problème de la valeur du pronom-copule se pose pour
les adjectifs qualificatifs qui peuvent nommer un état passager
comme ImarIdl "malade" cité plus haut (p. 356 ) , il n ' en va pas
de même pour les adjectifs descriptifs pour lesquels l' explica­
1 2 Il s agIt
'
.
p 1 us exactement de la partie en bois qui forme un X tion de Borg semble bien suffisante.
et où se déroule la corde de la poulie qui faisait fonction de
grue avant son introduction à Malte.
364 Phrase nominale, existence, localisation et possession Phrase nominale, copules et verbe "être" 365

3.2.1. Le prédicat est un substantif indéterm iné 1. /klf t&ra I;�fna mlnn-08m °Oma ni sa/
<comment tu-vois beaucoup de-eux eux femmes>
a) Le sujet peut être un substantif déterminé ou un nom propre . "Comme tu vois, beaucoup sont des femmes"
, 2. kol l ox hu idea u noLma (p. 140 )
1 . /is-s?{j? °Iya b�yya zOIra/
<le-Xquq elle baie petite> <tout lui idée et rêve>
"Xquq est une petite baie" "Tout est idée et rêve"
2. /dd last émpdJdJ °Owa film li tar&-I; ni? skrln kblr/ 3. L i Lko L L huma Nsara (p. 48)
<"The Last Emperor" lui film que tu-vois-Iui sur "sere en" <que tous eux chrétiens>
grand> "Que tous sont chrétiens"
"Le dernier empereur" est un film qui se regarde sur un grand
écran" d) Comme pour la relation d ' i dentification, trois énoncés dont
3. U d in iL -gzira ta' L - imgnodd i hi koL Lha dLam u injuranza le sujet est un substantif indéterminé sans particularisation
(p. 29 ) ont été relevés dans la langue parlée. Il s ' agit aussi d' appor­
<que cel le-ci l' île de le-passé elle tout-elle obscurité et ter une définition à un terme . Deux ex. sont d' ailleurs tirés
ignorance> de l ' enregistrement d'un cours , le troisième est une explica­
"Que cette î le du passé est toute obscurité et ignorance" tion d ' un mot que je ne connaissais pas. Le premier ex. ci-des­
4. gnax iL -nsibijiet huma fatti (p. 37 ) sous montre qu' i l faut bien envisager le problème comme une
<car les-pensées elles faits> citation, puisque le sujet est au pluriel alors que l e pronom­
"Parce que les pensées sont des faits" copule est au singulier.

1. /oas inl;&wi °Iya n3m li yirrdhi °al-I-p;st/


b) Le sujet peut être un pronom démonstratif <car régions elle nom que il-se-réfère pour-l ' endroit>
1. /imma dak °Owa Ozu diffcrénti/ "Parce que "régions" est un nom qui se réfère à un lieu"
<mais celui-là lui usage différent> 2. lIt sAbgikt dnd ;bgikt °Uma funcY8niyy�t sint�tticil
"Mais cela est un usage différent" <non "subject and object" eux fonctions syntaxiques>
2. /oa1I-08m dawk °Oma k;ll-oa kaprfci taO-I-b8rgcziyya/ "Non, "subject and object" sont des fonctions syntaxiques"
<pour-eux ceux-là eux tout-elle caprices de-Ia-bourgeoisie> 3. Ikirsa °fya b icca st;nku bicca ms&rcn/
"Pour eux , ce sont tous des caprices de la bourgeoisie" <tripe elle morceau estomac morceau intestins>
3. /dln °fya s;mma rck;rd °al kAv;:mtJi/ "Des tripes, c' est un morceau d ' estomac, un morceau d ' intes­
<celle-ci elle somme record pour Coventry> tin"
"Ceci est une somme record pour Coventry"
4. Dan hu traditur (p. 13)
<celui-ci lui traître> 3.2.2. Le prédicat est un adjectif
"Celui-ci est un traître"
5. Dawn huma n ies tajba (p. 26 ) a) Le sujet peut être un substantif déterminé
<ceux-ci eux gens bonne> 1. /dan l-Ozu ° Owa wis? antIkl
"Ce sont de braves gens" <celui-ci l ' usage lui très ancien>
6. dik hi vjoLenza (p. 93 ) "Cet usage est très ancien"
<celle-là e l le violence> 2. /rayt illi l-8rt8grariyya °fya tant difffè':lii
"C' est une violence" <je-vis que l ' orthographe elle tant difficile>
" J ' ai vu que l ' orthographe était tellement diffici le"
c) Le sujet peut être une autre construction déictique. Des 3. /i l-I;it&n ?as °Oma k;nl; ckk/
exemples en ont été relevés surtout à l' écrit : < les-murs moins eux laids ainsi>
"Les murs au moins sont laids comme ça"
366 Phrase nominale, existence, locali sation et possession Phrase nominale, copules et verbe "être" 367

4. L-industrija tas-sajd hi importanti (p. 4) Un énoncé a été relevé à l' écrit avec pour sujet un
<l' industrie de-Ia-pêche elle importante> substantif indéterminé. Il se trouve qu' il s' agit d ' un terme
"L' industrie de la pêche , c' est important" qui peut être assimilé à un déictique puisqu ' i l désigne "ce
5. Li dawn i L -kotba huma qawwija bizzejjed biex (p. 37-38) qu' on ne peut ou ne veut pas nommer" pour reprendre une des
<que ceux-ci les-livres eux forts suffisamment pour> définitions qu' en donne Le Petit Robert ( 1 976) pour son
"Que ces livres sont suffisamment puissants pour équivalent français "chose " . On est donc en droit de considérer
6. imma uUedna huma inte l L igenti aktar m inna (p. 7 1 ) 1l).;1gal "chose" comme particularisé :
<mais enfants-nous eux intell igents plus de-nous>
"Mais nos enfants sont plus intelligents que nous" 7. jekk nana tgnid l i naga hi bajda (p. 76)
<si côté (f. ) elle-dit que chose elle blanche>
b) Le sujet peut être un déictique, pronom démonstrat if, pronom "Si un côté dit qu' une chose est blanche"
personne l , ou autre. Il n' y a que peu d' exemples de pronoms
démonstratifs dans le corpus, dont un seul à l' écrit 3.2.3. Le prédicat est un syntagme prépos it ionnel
1. Imous ?6°cd nOïd bi-I-f8rs li dan °Uwa brréttl
Il s ' agit, comme dans la phrase nominale à deux termes, de la
<ne-Iui-pas assis je-dis avec-Ia-force que celui-ci lui
préposition ItaOI qui marque une relation d' appartenance
correct>
"Je ne dis pas que celui-ci est certainement correct" 1. lu r-rdaccY5ni bcyn dïn u dïn °Iya taO ti!?ftl
2. Idawn OUma dubyUzii <et la-relation entre cell e-ci et cel le-ci elle de glanures>
<ceux-ci eux douteux> "Et la relation entre celle-ci et celle-ci est de glanures"
"Ceux-ci sont douteux" 2. Idak l-al).mar ilIUm °Uwa taO-I-plastIkl
3. lu dïk °Iya bmUni °aliy-ya uk8ll1 <celui-là le-r ouge aujourd 'hui lui de-le-plastique>
<et celle-là elle commune pour-moi aussi> "Ce rouge-là aujourd'hui est en plastique"
"Et celle-là est commune pour moi aussi"
3. lu dïn °fya taO-nal
4. dawn huma dgnajfin (p. 26)
<et celle-ci elle de-nous>
<ceux-ci eux faibles>
"Et celle-ci est à nous"
"Ceux-ci sont faibles"
4. n -gzira hi tagnhom (p. 96)
< l ' î l e elle de-eux>
Un seul ex. a été relevé avec un pronom personnel, à la
"L' île est à eux"
3ème pers . La construction a été ressentie comme particulière­
ment insistante. Il s' agit de l' énoncé déjà mentionné à propos
du problème de la relation conti ngente ou essentielle ci-dessus 3.2.4. Le prédicat est un adverbe
(p. 363, ex . 2 § 3.2. )
Je n ' en ai relevé qu' un exemple, avec prédicat topicalisé
5. lu °ï °fya kburiyya Iii
<et elle elle fière que> 1. Il).afna °Uma dawnl
"Et elle est vraiment fière de" <beaucoup eux ceux-ci>
"Ils sont nombreux, ceux-ci"
Le seul exemple avec un autre type de déictique provient
de l ' écrit :

6. Unud huma boloh b izzejjed biex (p. 65 )


<uns eux stupides suffisamment pour>
"Certains sont suffisamment stupides pour . . . "
368 Phrase nominale, existence, local isation et possession Phrase nominale, copules et verbe "être" 369

6. Il -forza hi f' idejna (p. 38)


3.3. La relation de localisation
<la-force elle dans-mains-nous>
"La force est entre nos mains"
Il convient tout d'abord de préciser que les énoncés de ce type
7. i l -kuluri huma f' idejhom (p. l O I )
sont peu nombreux : 7 sur la totalité du corpus oral et écrit.
<les-couleurs elles dans-mains-eux>
Ils suffisent à montrer que la présence d ' un pronom-copule
"Les couleurs sont entre leurs mains"
n' est en rien exclue de la relation de local isation. Il faut
préciser toutefois que seulement 2 de ces ex. mettent en jeu
une localisation physique concrète et qu'un seul nomme la 3.4. Le sujet ou le prédicat est une proposition
présence d ' un objet concret en un lieu. Tous les autres sujets
sont des notions abstraites. Il n ' a pas encore été question d' énoncés dont l ' un des deux
termes, voire les deux, est une proposition entière. Si je pré­
1. lil-?<iml) vtru °Œwa g::>-n-n<il)a taO nï?1 fère y consacrer ici un paragraphe par ticul ier c ' est que les
< le-blé vrai lui dedans-le-côté de sur> ex. qui en ont été donnés dans la partie consacrée à la phrase
"Le véritable blé est au-dessus" nominale à deux termes (p. 339, 347 et 349 ) sont peu nombreux
2. Ima-tf issir-s li l-::>rigini t<ih-ha
. . °Œwa mâlta bi-l-f8rsl alors qu' ils sont très abondants lorsqu ' un pronom-copule est
( II I , 1-2) présent, que l ' on peut considérer qu' il est en passe de devenir
<ne-elle-signifi e-pas que l ' origine (m. ) de-elle lui Malte obligatoire. La phrase nominale à deux termes n ' en offrait en
avec-la-force> effet que 7 ex. , alors qu' i l y en a 52 avec pronom-copule.
"Ça ne veut pas dire que son origine soit certainement à
Malte,, 13
4 3.4.1. Le prédicat est une proposition
3 . lil-bntcnŒt ° Œwa tal)t dïk il-gcrarkfyyai
<le -contenu lui sous celle-là la-hiérarchie>
La proposition est toujours une complétive introduite par la
"Le contenu est sous cette hiérarchie"
conjonction IIi! ou sa variante liI li! "que", ou bien Ikulmal
4. Isl)ïn yid°ri-l-o::>m li s-sl)âna taO-s-s�ms °Iya f-l-<i?wa
"tout ce que". Nous avons vu 1 ex. de la langue parlée où il
t<il)-l)al
n'y a pas de pronom-copule, mais aucun n ' a été relevé dans la
<quand il -paraît-à-eux que la-chaleur de-le-soleil elle dans­
langue écrite.
le-plus-fort de-elle>
"Quand il leur semble que la chaleur du soleil est au plus
1. 10as it-tradiccy:5ni °Iya li °allmÎt-nal
fort"
<car la-tradition elle que elle-ense igna-nous>
5. lawn °ï I-p::>czfyyal
"Parce que la tradition c' est ce qu ' elle nous a enseigné"
<ici elle la-poésie>
2. Idak 0Q li ppruv<iyt n<i°md f-l-ist�yycr ?8sral
"Ici est la poésie"
<celui-là lui que j'essayai je-fais dans-les-histoires cour­
tes>
"C' est ce que j ' ai essayé de faire dans les histoires courtes"
13 On pourraIt . 3. dmirna hu biss l i nivvutaw (p. 29)
penser que cet énoncé exprime une relation
<devoir-nous lui seulement que nous-votons>
d' identité et non pas de l ocal isation. En fait ce n' est pas le
cas, car en maltais, la présence d ' une préposition locative "Notre devoir est seulement de voter"
4. H -prezent huwa kuLma xtaqna meta . (p. 84)
. .
devant un nom propre de l ieu est rare. Mon informatrice de La
<le-présent lui tout-que nous-souhaitâmes quand>
Valette m ' a confirmé que l ' ex. ci-dessus signifiait bien "son
"Le présent c ' est tout ce que nous avons souhaité quand . . .
"
origine est à Malte" et non pas "son origine est Malte".
1 4 Cet énoncé a été émis par Albert Borg lui-même lors d ' un de
ses cours.
370 Phrase nominale, existence, localisation et possession Phrase nominale, copules e t verbe " être" 371

1. lli mOus ::wvyu Ou illil


3.4.2. Le sujet est une proposition
<que ne-Iui-pas évident lui que>
"Ce qui n' est pas évident c' est que
La proposition sujet n' est pas limitée à un seul type comme en
2. lal lUra kulma yippcrmcttU- l-i °Uwa li naomd kiipsyul rivyUI
arabe classique (Blachère et a l . 1975: 388 ) . Cet énoncé nominal
<alors tout-que ils-permettent-à-moi lui que je-fais "capsule
peut exprimer une relation d ' identité ou une relation attribu­
review">
tive. Les deux exemples de relation locative qui ont été
"Alors tout ce qu ' ils me permettent c' est que je fasse un
relevés (voir ex. 5, p. 353 ) ne comportent pas de pronoms­
petit compte rendu"
copules, ce qui n ' a r ien de surprenant puisque leur présence
3. jansbu li kuLma jrid Kristu hu li kul l'iadd jal'iseb gl'ial rasu
est marginale dans ce cas. Il faut par ailleurs rappeler que le
(p. 46)
seul énoncé attributif sans copule qui a été relevé comporte
<ils-pensent que tout-que il-veut Christ lui que chacun il­
une thématisation du prédicat. I l est possible qu' i l faille en
pense pour tête-lui>
conclure que la présence d ' une copule est obligatoire lorsqu' il
"Ils pensent que tout ce que le Christ veut c' est que chacun
s ' agit d ' un énoncé de type neutre ( ordre sujet prédicat)
en fasse à sa tête"
exprimant une relation d ' i dentité ou une relation attributive.

1 . /li islr f -millta °Uwa brs zOïr/ 3.5. Sujet et prédicat sont séparés par une proposition incise
<que il-a-lieu dans-Malte lui cours petit>
"Ce qui a lieu à Malte, c' est un petit cours" Les énoncés de ce type sont relativement nombreux : 46 au
2. /mïn 76°cd ya7ra °Uwa l-l)ablb taO-s-sUr zammUU total . Dans la grande majorité des exemples la proposition
<qui assis il-lit lui l ' ami de-Ie-monsieur Sammut> incise est une relative. Dans ce cas, le pronom-copule, dont la
"Celui qui est en train de lire est l ' ami de Monsieur Sammut" présence est , semble-t-il, obligatoire puisqu ' il n' y a aucun
3. /dawn li gcyyln cUma si l cggéndi li 7alt-l-i n-nanna/ contre-exemple, se place toujours après l ' incise. S ' il ne
<ceux-ci que venant (pl . ) eux quoi légendes que elle-a-dit-à­ s ' agit pas d' une relative, la copule apparaît le plus souvent
moi la-grand-mère> dans cette position, mais e l le peut aussi figurer entre le
"Celles qui viennent sont des légendes que m ' a racontées ma sujet et l ' incise. Tous les énoncés relevés marquent soit une
grand-mère" relation d' identité soit une relation attributive. Aucune
4. Min jikkmanda hu dgnajjef (p. 26) construction l ocative n' est apparue.
<qui i l-commande lui faible>
"Celui qui commande est faible" 1. /oas y6na il-gazz�tta li nikt(;b fi-Ca °Iya gazz(;tta li
5. gnaLiex dak Li jasaL minn barra hu barrani (p. 51) déyy(;m tigg6kd °al-l-ispilcyu/
<parce-que celui-là qui il-arrive de dehors lui étranger> <car moi le-journal (f. ) que j' écris dans-elle elle journal
"Parce que celui qui arrive de l ' extérieur est un étranger" que toujours elle-se-bat pour-la-place>
6. ku Lma gnedt hu kontra L-poter (p. 6 6 ) "Parce que moi, le journal dans lequel j ' écris est un journal
<tout-que j' ai-dit l u i contre le-pouvoir> qui se bat toujours pour de la place"
"Tout ce que j ' ai dit est contre le pouvoir" 2. lissa w6Qcd mil-l-:Jggétti lll i l lum °ild-oa tintUza l lum °Iya
il-m:JQr6U
<maintenant un de-Ies-objets que aujourd ' hui encore-elle
3.4.3. Sujet et prédicat sont des propositions
el le-est-utilisée aujourd ' hui elle la-charrue>
"Alors, un des objets qui aujourd' hui est encore utilisé,
Les énoncés de ce type sont peu nombreux dans mon corpus :
aujourd ' hui, c' est la charrue"
quatre au total . Ils comportent tous une copule reliant l e
3. l-l'iaga li gnandha tbezza' L-aktar hi L-idea (p. 38 )
sujet et le prédicat. Pour mon informatrice d e La Valette, s a
<la-chose que chez-elle elle-fait-peur le-plus elle l ' i dée>
présence est obligatoire.
"La chose qui doit le plus faire peur c ' est l ' idée"
372 Phrase nominale, existence, local isation et possession Phrase nominale, copules et verbe "être" 373

4. Il -bniedem li qatt ma jistaqsi u jissuspetta hu kriminal i paiement les énoncés dont le sujet est un terme abstrait qui
(p. 47 ) n' implique pas une locali sation physique.
<l' homme que jamais ne i l-demande et il -suspecte lui criminel> Enf in, nous avons vu qu ' i l est possible d ' avoir un pronom­
"L' homme qui ne pose jamais de question et ne soupçonne copule de 3ème pers. avec un sujet qui est lui-même un pronom
jamais est un criminel" de 3ème pers. , à la différence de l ' arabe marocain de la région
5. /l-ambyént °Uwa kïf °édt-l-ck tant taO-I-biki li/ de Fès par ex. (Caubet 1989 : 41 9 ) .
<l' environnement lui comment j ' ai -dit-à-toi tant de-les­
pleurs que>
4 . Construction avec /?� ·cd/ "assis"
"L' environnement est, comme je te l ' ai dit, tellement à
pleurer que . . . "
4.1. La relation de localisation
6. L-omm u [ -m issier, komp[a immagina TigeU ino, huma anna
(p. 1 4 )
Le maltais connaît une expression particulière de la relation
<la-mère et le-père, il -continua il -imagina Tigellino, eux
de locali sation au moyen du part icipe actif du verbe qui
nous>
signifie "s' asseoir rester habiter" /?�Ocd/, au lieu
"La mère et le père, continua d' imaginer Tigel lino, ce sont
d' employer une phrase nominale; ou une phrase verbale avec le
nous"
verbe /nsiib/ "se trouver". /?�Ocd/ n' exprime pas la concomitan­
7. Il-Fiitan, Fiaseb Kad u, huma sinja[ ta [-biza' wkoU (p. 60)
ce, comme d' autres participes actifs de verbes de mouvement et
<les-murs , il-pensa Charles , eux signal de-la-peur aussi>
d'attitudes (voir p. 97 sq). Cet emploi de /?�Ocd/, qui n' a
"Les murs, pensa Charles, sont aussi un signe de la peur"
encore rien d' obligatoire, semble être un développement propre
au maltais , qui va de pair avec un recul de la phrase nominale.
3.6. Conclusion Une phrase comme celle qui est donnée par D . Cohen ( 1975 : 138 ) à
Tunis Juif pourrait aider à comprendre l ' évolution qui a permis
Le maltais présente une tendance très nette à marquer la au maltais de passer du stade où le participe est , avec un sens
relation de prédication dans la phrase nominale au moyen d ' un de concomitant, simple prédi cat de phrase nominale à celui de /

pronom personnel de 3ème personne en fonction de copule. Cela véritable copule hors du système aspectivo-temporel "ana.
est particulièrement net pour la relation d' identification où q� cad fikka. fa[ ut Ü uziit mJ.r:t a[ bJ.tr:i5.n "j' étais ainsi à l ' hôtel
le nombre d ' énoncés à trois termes dépasse largement ceux à
lorsque vint la femme du patron"".
deux termes. Nous avons vu que le pronom-copule est même
obligatoire quand le prédicat ou les deux termes de la phrase
Pour Borg { 1987-88 : 6 1 } la construction avec /?�Ocd/ ne
sont des propositions ou s' ils sont séparés par une proposition
peut exprimer qu' une local isation temporaire ( donc concomitan­
incise.
te) "Semantically "qieghed" encodes location ( in space ) in
Dans la relation d' attribution, l' emploi du pronom-copule
present time, but there is the further aspectual component of
est légèrement supérieur à celui de la phrase nominale à deux
present time duration within l imits roughly co-terminous with
termes, si l ' on ne tient pas compte des phrases dont le sujet
the moment of utterance" . Or, cette affirmation est contredite
est un pronom personnel pour lesquel les l ' emploi du pronom­
par de nombreux énoncés, dont l ' ex. 2 ci-dessous qui ne peut
copule est encore rare et très "emphatique". Une restriction
marquer qu' une localisation permanente .
d' ordre sémantique pèse cependant sur ce type d' énoncé : la
relation doit pouvoir être envisagée comme essentielle et non
pas comme contingente . Toutefois, même cette restriction semble a) /?�Ocd/ s ' accorde en genre et en nombre avec le sujet de la
commencer, timidement, à reculer, au moins pour certains phrase ( qui peut être élidé ) . Le sujet est toujours un nom
idiolectes. déterminé ou un nom propre. Le prédicat quant à lui est soit un
La relation de localisation n' exclut pas non plus totale­ syntagme prépositionnel, soit un adverbe de l ieu, soit un
ment la présence d'un pronom-copule, mais elle concerne princi- pronom re latif locatif, soit un nom de l ieu. L' ordre des termes
374 Existence, local isation et possession Phrase nominale, copules et verbe "être" 375

�e plus fréquent est sujet + /?�Ocd/ + prédicat, mais on trouve b) /?iilOcd/ est nié par la particule /moUS/ "ne-lui- pas" et non
egalement des énoncés où /?�Ocd/ est rejeté en fin d' énoncé, ou par les éléments de la négation verbale comme la copule
bien dans lesquels le prédicat est en tête d' énoncé. d' origine pronominale, ainsi que nous le verrons (p. 379 sq l .

1. /il-oal�s d;ina l-?attOs ?�Ocd l)dcyn i l-kaldarOn/ 1. /fi:P p::>st l i mOOs ?iilOcd il b8°::>d wis? minn °ayn barr;ini/
<le-parce -que celui -ci le-chat assis près le-chaud ron> <sur endroit que ne-lui-pas assis à loin très de Source
"Parce que ce chat se trouvait à côté du chaudron " ( récit ) Barrani>
2. /I).al ?8rmi [ , . . 1 ?�Ocd bcyn zcwg wid�n mil-l-lsb ah/ "A un endroit qui n' est pas très loin de la Source de Barrani"
<Hal-Qor mi [ . . . 1 assis entre deux vallées d�-le-plus- beau
( inv. »
"Hal-Qorm i se trouve entre deux vallées parmi les plus belles" c) La construction avec /?iilOcd/ peut être située dans le passé
3. I l -poezija q iegnda fina ( Friggier i 1986 : 173 ) au moyen du verbe /k�n/ "il était" :
<la-poési e assise dans-nous>
"La poésie est en nous" 1. /w<il)da tf<iyla li kiilnct ?tOda fi-l-wiild téPct tfgri/
4. /f-dan i l-v::>lOm ?tOda/ <une jeune-fille que elle-était assise dans-la-vallée elle-
<dans-celui-ci le-volume assise> partit elle-court>
"Dans ce volume, elle est" "Une jeune fille qui se trouvait dans la vallée partit en
courant"
5. [ >ô >ê3�t emgéddes galk<issal (Stumme 1904 : 55, 1. 36 )
2. Is-8upermarket, L i marru fih kien qiegned f'kantuniera
<lui assis recroquevillé dedans-la-caisse> ( Casha 1975 : 61 )
"Il est recroquevi l lé dans l a caisse" <le-supermarché que ils-allèrent dans-lui i l-était assis dans
6. /f-idéy-k ?tOda Hi bcrt<i/ coin>
<dans-mains-toi assise la-l iberté> "Le supermarché dans lequel ils allèrent se trouvait à un
"Dans tes mains repose la l iberté" croisement"
7. /fmma d-diffilkult<i kblra ?tOda awn/
<mais la-difficulté grande assise ici>
d) Un énoncé avec /?iilOcd/ peut aussi être situé dans le futur
"Mais l a grande difficulté est ici"
8. /u fcyn ?tOda l-mad8nn a [ . . 1 cmm t::J?ba f i-l-l)<iyt/ avec la conjugaison préfixale de ce même verbe /iktln/ "il
.

<et où assise la-Madon e [ . . . 1 là trou dans-le-m ur> est".


"Et où il y a la Madone [ . . 1 il Y a un trou dans le mur"
.

1 . /il-fénck tlll).?-u ikOn [?iiltl awn/


9. /u fcyn ?�Ocd ribvcr;it/
<le- lapin elle-quitte-lui il-est assi s ici>
<et où assis convalescent>
"Le l apin, elle l ' abandonne il serait ici" ( i l s' agit d' une
"Et où est-il en convalescence 7"
10. /l-img�ba l) dawn in-nal);it ?�Ocd/ belette qui tue un lapin " i l " se réfère au lapin. La
<Le-Imgie ban ceux-ci les-côtés assis> traduction par un conditionnel en français se justifie par le
"Imgieban , dans ces parages, ça se trouve 7 " fait que le locuteur est en train d' imaginer la scène à
I l . /oas ?tOda mw<il)l)la l-l<ipida t�O-u ?tOda mw<ihhla l-md l �l)a/ nouveau)
<car assise fixée la-pierre- tombale de-lui ��sise fixée la­
Mel liena> e) Il y a également dans mon corpus un exemple de /?iilOcd/ situé
"Parce qu'elle est fixée sa p i erre tombale, elle est fixée à après l ' auxi l iaire modal /mcss/ - /imlss/ "devoir" (sens propre
Mel liena" "toucher " ) :
12. /al)na s ?cOdin mOm/
<nous quoi assis (pl . ) aujourd'hui> 1. /imma °1 t OId mOus Ou imissu ?iilOcd il-l)abs imma y�n/
"Quel jour sommes-nous 7" <mais elle elle-dit ne-lui-pas lui il-touche-lui assis la-
376 Existence, local isation et possessi on Phrase nominale, copules et verbe "être" 377

prison mais moi> natur "Pierre est l ' examinateur" comme ne pouvant se concevoir
"Mais elle, elle dit "Ce n' est pas lui qui devrait être en que lors de la distribution de rôles au théâtre par exemple.
prison mais moi " Les seuls exemples que j ' ai re levés dans mon corpus ont
tous pour prédicat une proposition subordonnée intr ,? duite par
/bj8s/ "pour ", apportant une définition au sujet. /?j8°Ed/ peut
f) Certains locuteurs connaissent également la forme abrégée de même y être considéré comme exprimant simplement l ' existence.
/?6°Ed/ dans cet emploi, identique au préverbe de concomitance: Ces énoncés ne semblent pas avoir quoi que ce soit de "tempo­
/?EtI. On aura remarqué dans l ' exemple du § d. ci-dessus em­ raire" et sembl erait même plutôt énoncer des vérités générales.
prunté à un locuteur de Mtanleb que la forme peut être abrégée
d'une autre manière : [ ?j8t l ( l a forme courte du préverbe de 1. /dawk i l-waY8rs il-lpsnin ?EOdin bj8s iz�mma-oa s5da/
concomitance est /?Et/ dans son idi olecte ) . /?Et/, toujours <ceux-là les-"wires" les-gros ass is (p l . ) pour i ls-gardent­
accentuée, a été rel evée dans le parler de deux locuteurs, chez elle sol ide>
un viei l homme de Xagnra à Gozo et chez une jeune femme de La "Ces gros fils sont (faits ) pour la maintenir solidement"
Valette, secrétai re de son état. C' est un emploi dialectal et 2. izda gnajnejja qegndin biex innares u saqajja qegndin biex
non pas standard. Borg ( 1988: 82 ) signale le fait et ajoute même n imxi ( Friggieri 1986: 81)
que certains locuteurs disent ne jamais util iser la forme <mais yeux-moi assis (pl. ) pour je-regarde et pieds-moi assis
longue dans ce cas. Il ne donne malheureusement aucune préci­ ( pl . ) pour je-marche>
sion quant à l ' origine de ces locuteurs. Mes informateurs "Cependant mes yeux sont (faits ) pour que je regarde et mes
connaissent les deux formes. Borg indique également que la pieds sont (faits ) pour que je marche"
négation se forme au moyen des éléments verbaux /ma s/ : 3. il-nmieg tal-nitan hu naga tajba, gnal iex i [ -nitan gnalhekk
"Ganni ma qedx id-dar". Je n ' ai pas relevé d' énoncés de ce type qegnd in ( ibid. p. 60)
dans mon corpus. <la-saleté ( m . ) de-les-murs lui chose bonne, parce-que les­
murs pour-ainsi assis (pL »
1. /lt 1-?a1c6t t6°-i ?Et awn/ "La saleté des murs c ' est une bonne chose, parce que les
<non le-pantalon de-moi assis ici> murs, c' est pour ça qu' i ls existent"
"Non , mon pantalon est ici"
2 . /?Et g� s-sagrisdyya/
<assis dedans la-sacristie> 4.3. La relation d' attribution
"Il est dans la sacristie" ( le tableau)
Dans mon corpus o�al, j ' ai rel evé un certain nombre de phrases
construites avec /?j8 °Ed/ dans des énoncés marquant une relation
4.2. La relation d'identité d' attribution. Ils ont tous été considérés comme "fautifs" par
mon informatr ice de La Valette. La grande majorité de ces
Borg ( 1987-88: 64) faisait remarquer que /?6°Ed/ pouvait , à l a "fautes" sont le fait de locuteurs paysans de Gozo et de
l imite, s' employer comme une copule pour marquer une relation Mtanleb à Malte, mais elles ont aussi été commises par tous mes
d' identité à condition que celle-ci soit temporaire : "when the autres informateurs, même des écrivains , et même par mon
form "qiegned" occurs in such a predication ( with an entity, informatrice de La Valette ell e-même. L ' étendue de ces soi­
instead of a place-referring predicate) it is understood that disant "fautes" est donc révélatrice d ' un stade d' évolution de
the identity relation being predicated is a temporary one. In la langue qui cherche par divers moyens à marquer explic itement
this context the locative " qiegned" encodes not a physical la relation de prédication dans la phrase nominale.
location with limited present time duration of the subject Le prédicat peut être soit un syntagme nominal , soit un
entity in a place, but its abstract temporary O imited present adjectif, soit un participe, et i l est toujo�rs indéterminé.
time duration) location in the role identified by the predica­ Comme dans la relation de localisation, /?j8°Ed/ peut être
te. " Il commente l ' exemple qu' il donne Pietru qiegned l -ezami-
378 Phrase nominale, copules et verbe "être" 379
Existence , localisation et possession

accompagné du verbe /kj;jn/ - /ikUn/ "être" pour apporter des 9. /kiânct k611-oa ?Éoda iCcangâta/
spécifications temporelles à l ' énoncé : <elle-était tout-elle assise pavée>
"Elle était toute pavée"
1 . /m�la l-?aml;! ?iâOcd bicca g::lCC k bï r f-mfs il-?iâoa/ 10. JOas tkUn ?iâOcd prcgudikâU
<alors le-blé assis morceau tas grand dans-mi l ieu l ' aire-de­ <car tu-es assis préjugé>
battage> "Parce que tu serais plein de préjugés"
"Alors le blé c ' est un grand tas au mi lieu de l ' aire de
battage" 4.4. Conclusion
2. /allUra dln ?Éoda turista awn/
<alors celle-ci assise touriste ici> Avec /?iâOcd/, nous voyons une particule locative de sens "être
"Alors celle-ci est une touriste ici 7" dans" évoluer vers une marque prédicative dans la relation
3. /kj;jn ?iâOcd r6mblu/ d' identité et même dans la relation d' attribution, évolution en
<i l-était assis rouleau> cours qui se traduit encore par une réticence des locuteurs
"C' était un rouleau" vis-à-vis de certains énoncés produits. La particule sembl e par
4. /IE ilIUm isbal;! cas i llUm ?Éoda bl;!al gnj;jn/ ailleurs pouvoir aussi exprimer l ' existence.
<non aujourd'hui plus-belle car aujourd ' hui assise comme
jardin>
"Non aujourd' hui elle est plus belle, parce qu' aujourd ' hui s. Les particules négatives
elle est comme un jardin"
5.1. La particule négative /ma/ + pronom + /8/
5. /kiânct ?Éoda mibniyya ckk bi-I-bicciât taO-I -gébd ckk/
<elle-était assise construite ainsi avec-les-morceaux de-les-
pierres ainsi> Remarques préliminaires
"El l e était construite comme ça, avec des morceaux de
pierres, comme ça" Il n ' a été question jusqu ' à présent que de phrases nominales
6. /imbâoad kéllu ?Is-Oa mingd imma ?Éoda da?séyn f6rma 6hra/ affirmatives ou, parfois, interrogatives, mais l ' énoncé négatif
5
<ensuite il-avait comme-elle faucille (m. ) mais assise 1 un- peut aussi y être exprimé. A cette fin, le maltais, comme
peu forme autre> beaucoup d' autres d ialectes arabes, a constitué une particule
"Puis il avait comme une fauci lle, mai s elle était un peu négative à partir des pronoms personnels indépendants avec le
d ' une autre forme" même morphème discontinu que la négation verbale :
7. /skwEr ?cOdIn Issa m-oad-o6m-s t6ndi/
<"square" assis (pl . ) maintenant ne-encore-eux-pas ronds> sg. 1. /minis/ ou /miniâs/
"Ils sont carrés maintenant, ils ne sont plus ronds 7" <ne-moi-pas> "je ne suis pas"
8. /u dan °ându Iingwa ?Éoda séwwa/ 2. /mintIs/, /mintS/ ou /mins/
<et celui-ci chez-lui langue assise juste> <ne-toi-pas> "tu n ' es pas"
"Et celui-ci, il a une langue qui est bien" 3.m. /mous/ ou /mouwIs/ ou /mouw6s/
<ne-lui-pas> "il n' est pas"
3 . f . /moIS/, /mo i ois/ ou /mo i oiâs/
<ne-ell e-pas> "elle n' est pas"
' pl. 1. /mal;!nÎs/ ou /mal;!niâs/
15 L' acc C?r d au fem. de ce terme, ainsi que le pronom féminin
dans /?Is-oa/ qui précède, s ' expl i que probablement par le fait <ne-nous-pas> "nous ne sommes pas"
que la locutrice pense au nom d ' unité /mtngla/, b ien fém. lui, 2. /mint6ms/
et non au col l . (masc. ) /mtngcl/ qu'elle a effectivement <ne-vous-pas> "vous n ' êtes pas"
prononcé. 3 . c . /moumis/ ou /moumiâs/
<ne-eux-pas> "ils ne sont pas"
380 Existence, localisation et possession Phrase nominale, copules et verbe "être" 381

Les variantes IV ou 1i81 sont fonction des locuteurs en 5. gnax j ien m' iniex tal -partit tagnkom ( p . 58 )
"standard" même. Toutefois, la variante non diphtonguée est de <car moi ne-moi-pas de-le-parti de-vous>
loin l a plus fréquente dans mon corpus . "Parce que moi , je ne suis pas de votre parti"
S' il figure un autre élément de négation dans l' énoncé, la 6. IOa5 5miï.ra mOIS t ipikamént ::>ggétt animiï.tI
deuxième partie du morphème di scontinu est omise. <car rivière ne-elle-pas typiquement objet animé>
"Parce qu' une rivière n' est pas typiquement un objet animé"
7. Dan i l -gid m'huwiex gna l ina ( p . 1 8 )
5 . 1 . 1 . /m us/ morphème de négation de la phrase nomina le
o
<celui-ci la-r ichesse (m. ) ne-lui-pas pour-nous>
"Parce que cette richesse n' est pas pour nous"
Les part icules négatives fonctionnent sans aucune restrict ion 8. mhux bizzejjed l i titkel l em (p. 29)
dans tous les types d' énoncés nominaux qui ont été étudiés <ne-lui-pas suffisamment que tu-parles>
jusqu' à présent relation d' identité, relations attributive ou "Il n' est pas suffisant que tu par les"
locative. Ces morphèmes comprenant un élément pronominal qui 9. inti m ' intix wara d ik l - iskrivanja (p. 135 )
s ' accorde avec le sujet, ils peuvent aussi assumer la fonction <toi ne-toi-pas derrière celle-là le-bureau (f. »
d' anaphorique , et la mention explicite du sujet, quel qu' i l "Toi, tu n ' es pas derr ière ce bureau-là"
soit, n' est d e c e fait pas obligatoire. D' autre part l a pré­ 10. ligif&iri mOIS il b6°:>d l)afna ul
sence de la particule négative dans une phrase nominal e exclut <c' est-à-dire ne-elle-pas à loin beaucoup hein>
que l ' on puisse également utiliser le pronom-copule à fonction "C' est-à-dire qu' elle n' est pas très loin, hein ?"
prédicative. Les particules négatives à base pronominale sont
donc également des marqueurs de la relat i on de prédication. Voici maintenant quelques énoncés où la particule négative
La plupart du temps, la particule var i e en nombre, genre demeure invari able. Il faut signaler que ce phénomène est l e
et personne, mais on constate tout de même l ' amorce d' une fait d e toutes les couches sociales d e la population, d u paysan
tendance, encore minoritaire, vers l ' invariabil ité de celle-c i . à l ' intell ectuel universitaire, comme on s ' en apercevra rapide­
Elle est en effet parfois f igée à la 3ème pers. masc. sg. Un ment à la lecture des ex. ci -dessous. Toutefois, il semble
seul exemple, jugé " incorrect", a été relevé d ' un sujet masc. l imité à la langue parlée. Aucun ex. de cette sorte n ' est
sg. avec une particule au féminin singulier. On se doit tout de apparu dans le roman de Friggieri .
même d ' en faire mention.
L' étude forme lle des types de sujets et prédicats qui a Il. l aa s dawn mOus affariyy&it Iii
été menée pour la phrase affirmative étant aussi valable pour <car celles-ci ne-lui -pas affaires que>
l' énoncé négatif, je me contenterai de donner quelques exemples "Parce que c ' est pas des affaires qui"
des différentes re lations, à titre d ' i llustration : 12. limbaoad il -b?lyya mOus difflclil
<ensuite le-reste ( f . ) ne-lui-pas diff icile>
1. IdIk mOIS il-p:::H: z lyyal "Ensuite le reste n' est pas difficile"
<cel le-là ne-elle-pas la-poés ie> 13. Itradiccy:>niyy&it mOus k6ll-oa tayyblnl
"Cel le-là n ' est pas la poésie" <traditions ne-lui -pas tout-elle bonnes>
2. 1° as y&ina minIs ddcttimt taO-I-kaccal "Des traditions qui ne sont pas toujours bonnes"
<car moi ne-moi-pas amateur de-la-chasse> 14. lin-natara mcditcrriï.nya mOus maltlyya czattl
"Parce que moi, je ne suis pas un amateur de la chasse" <la-nature méditerranéenne ne-lui-pas maltaise exactement>
3. lit-tnéyn mal)n&is inkwcÜtil "La nature méditerranéenne n' est pas maltaise exactement"
<les-deux ne-nous-pas inquiets> 15. IdIn mOus pr:>b lcmatikal
"Nous deux , nous ne sommes pas inquiets" <celle-ci ne-lui -pas problématique>
4. Ilmma ma-tistaO-s tOId li mOum&is tayyblnl "Celle-ci n' est pas problématique"
<mais ne-tu-peux-pas tu-dis que ne-eux-pas bons>
"Mais tu ne peux pas dire qu' ils ne sont pas bons"
382 Existence , localisation et possession Phrase nominale, copules et verbe "être" 383

5.1.2. Autres fonctions de la part icu le négative 5. M ' iniex n iééajta (p. 107 )
<ne-moi -pas je-plaisante>
La particule négative ne sert pas uniquement à nier un énoncé à "e' est que je ne plaisante pas"
prédicat nominal et, avant de clore ce chapitre, je voudrais 6. M' intomx taraw ?
brièvement faire mention de ses autres emplois, même si cela <ne-vous-pas vous-voyez 7>
n ' a pas un rapport direct avec l ' étude de la phrase nominale. Le, m'anniex naraw ! ( p . 147)
<non, ne-nous-pas nous-voyons !>
Au fil des exemples qui ont illustré ce travail, on a pu "Vous ne voyez donc pas 7"
se rendre compte que c ' était non pas la négation discontinue " Non, nous ne voyons pas ! "
mais la particule négative qui était utilisée avec les verbes 7. l i m'huma jaraw xejn (p. 107 )
précédés d ' une particule verbal e et les participes actifs à <que ne-eux i ls-voient r ien>
valeur de concomitant. Je n ' y revi endrai pas. " Qu' ils ne voient vraiment rien"

Les particules négatives peuvent aussi être utilisées, par Dans les enregistrements effectués à Gozo, la particule
tous les locuteurs, devant un verbe à la c. préf . afin de négative de 3ème pers. masc. sg. e st apparue à deux reprises
marquer une insistance part iculière sur la négation. 39 ex. ont devant une périphrase verbale composée de l ' auxili aire /ki8n/
été relevés aussi bien dans le corpus oral ( 20 ) que dans le suivi d ' un verbe à la c. préf . La construction a été rejetée
roman de Friggieri ( 1 9 ) . Le pronom contenu dans la particule comme "non standard" par mes autres i nformateurs. Il s ' agit
peut être accordé ou non en genre, nombre et personne avec le donc probablement d ' une variante dialectale, mais symptomatique
sujet. Quand i l n'y a pas accord, c' est la particule de 3ème de la progression de la particule
pers. masc . sg. qui est employée. Si l ' on omet les énoncés dont
le sujet est lui-même une 3ème pers. masc. sg. , on observe 20 8. /mous ki8n yigi taO-l-l);bz u yiStru i l-I);bz minn °and-u/ C I ,
cas d ' accord contre 15 de non accord ; mais la proportion est 5-6 )
intéressante si l ' on opère une division au sein du corpus entre <ne-Iui-pas i l-était il-vient de-Ie-pain et i ls-achètent le­
écrit et oral : lS particules accordées contre 3 non accordées pain de chez-lui>
à l ' écrit S particules accordées contre 12 non accordées à " Ce n' est pas que le boulanger passait et qu ' ils achetaient
l ' oral . Il semble donc se dessiner une tendance nette, dans la le pain chez lui"
langue par lée, vers l ' invariabilité de la particule négative 9. /[ kint n5f l uk;ll fmma mOus [ kint n5f pQ5 1 l ckk/
devant un verbe à la c. préf. Voici quelques i l lustrations de <j' étais je-sais aussi mais ne-Iui-pas j' étais je-sais comme
ces emplois : ainsi>
"Je savais aussi, mais je ne savais pas de cette façon"
1. /l-istruttŒri mOus niksir-o:)m/
<les-structures ne-lui -pas je-casse-elles> La particule négative peut aussi se présenter devant un
"Les structures ce n' est pas que je les brise" verbe à la c. suff. , mais seulement, pour le maltais "stan­
2. /s;ri sandra mOus inkdlmŒ-k/ dard" , s ' i l s ' agit des verbes pour lesquels cette conjugaison a
<"sorry" Sandra ne-lui-pas nous-parIons-toi> valeur de parfait présent. Un seul ex. figure dans mon corpus :
"Désolé Sandra, nous ne te parlons pas"
3. jisfidawh u mhux jobduh (p. 100) 10. /illŒm l-Œzu t60-u mOus spicca/
<ils-font-confiance-lui et ne-Iui-pas i ls-obéissent-lui> <aujour d ' hui l ' usage de-lui ne-Iui-pas il-se-termina>
"Il s lui font cC?nfiance mais i ls ne lui obéissent pas" "Aujourd' hui , son utilisation n ' est pas finie"
, ,
4 . /inti minUs tifocm/
<toi ne-toi -pas tu-comprends> Dans le dialecte de Mgarr, son emploi est plus répandu
"Toi , tu ne comprends donc pas ! " devant la c . suff. puisqu ' elle peut aussi apparaître devant
d' autres verbes.
384 Existence, localisation et possession Phrase nominale, copules et verbe "être" 385

Il. Imous g�tI 5.2. La particule négative avec jOadl " encore"
<ne-lui-pas il-vient>
"Il n' est pas venu" 5.2.1. Empl o i en phrase nominaLe

Enfin, la particule négat ive de 3ème pers. masc. sg. L' adverbe IOadl "encore" auquel se suffixent les pronoms
( rarement fém. ) sert également à nier un membre de phrase, quel personne ls dépendants fournit l ' expression, bien connue de l a
qu' i l soit substant if, adjectif, adverbe, déictiques, syntag­ dialectologie arabe e t maghrébine e n part iculier ( voir par ex.
me prépositionnel, proposition. Les exemples sont extrêmement Singer 1 984: 316, Beaussier 1958: 688 ou Boris 1958 : 423 ) , de "ne
nombreux, surtout dans la langue parlée. plus" , c ' est-à-dire la cessation de l ' existence ou de la
localisation d ' un prédicat, lorsqu ' y sont ajoutés les éléments
12. Ikin-ik8! l"::>m mOus ?8m::>s flanÉ l l i taO-s-sOf1 de la négation verbale. Dans un énoncé nominal , le syntagme
<i l-était-il s-ont ne-lui-pas chemises flanelles de-la-laine> signifie "ne plus être". Il précède toujours le prédicat :
"Ils avaient, pas des chemises, des flanelles en laine"
13. IOand°::>m si syitcn mOus Qazln l-imgarrl 1. Im-oad-o�-s ba?tal
<chez-eux quoi démons ne-lui-pas mauvais le-Mgarr> <ne-encore-elle-pas lait-caillé>
"Ils ont des démons pas mauvais à Mgarr ! " "Ce n' est plus du lait caillé"
14. keU imtu fuq il -forza u mhux fuq l-argumenti (p. 3 8 ) 2. I?abd 1-::>pp::>ziccySni k�nct taO-na Issa m-Oad-O�-s taO-nal
<tu-parlas-lui sur la-force e t ne-lui-pas sur l ' argument> <avant l ' opposition elle-était de-nous maintenant ne-encore­
"Tu lui as parlé avec la force mais pas avec des arguments" el le-pas de-nous>
15. ligif�ri int mOus dÉyycm f -l-Od�?i Qdimtl "Avant l ' opposition était à nous ( = de notre côté ) , mainte­
<c' est-à-dire toi ne-lui-pas toujours dans-les-champs tu-tra­ nant, elle n ' est plus à nous"
vai llas> 3. lislbu li m-oad-o�-s cmm il-mad8nnal
"C' est-à-dire que toi, ce n' est pas toujours que tu as <ils-trouvent que ne-encore-elle-pas là la-Madone>
travai llé dans les champs 7" "Ils se rendent compte qu' elle n' est plus là, la Madone"
16. Imous li °amilt iS-sita ?ct-iOldl
<ne-lui-pas que il-fit la-pluie en-train-il-dit>
5.2.2. Emp L o i devant un prédicat verbaL
"Ce n' est pas qu' il a plu, qu' i l dit 7 ! "
l7. ligif�ri mOus wa?t ir-rcbb�oa taO priga Imma snln waral Im-oad-O-sl peut être placé devant un verbe. Il correspond
<c' est-à-dire ne-lui-pas pendant le-printemps de Prague mais alors au français "ne plus faire" l' activité désignée par l e
années après> verbe ( voir P h . Marçais 1977: 277, pour d ' autres exemples au
"C' est-à-dire pas pendant le printemps de Prague, mais des Maghreb ) :
années plus tard"
18. Imous imQabba fI-k ?::>mtl 1. Dan L -al'il'iar m' gl'iadnix niééajta m iegl'iek bl'ial qabeL (p. 157 )
<ne-lui-pas à-cause dans-toi je-me-Ievai> <celui-ci le-dernier ne-encore-moi-pas je-plaisante avec-toi
"Ce n' est pas à cause de toi que je me suis levée" comme avant>
19. Imous °as in-n�s m-oando8m-s fcyn Y::>?8°dul "Ces temps-ci, je ne plai sante plus avec toi comme avant"
<ne-lui-pas car les-gens ne-chez-eux-pas où i ls-habitent> 2. Im-oad-o�-s iddOr miIli yldOcrl
"Ce n' est pas parce que les gens n' ont pas où habiter" <ne-encore-elle-pas elle-tourne de-que il-semble>
20. Imous ma-nkOn-s naf imma ninsal "Elle ne tourne plus à ce qu' i l semble"
<ne-lui-pas ne-je-suis-pas je-sais mais j ' oublie>
3. Idan l-cz€:mpyu m-oad-U-s iscrvÎ-nal
"Ce n' est pas que je ne saurais pas, mais j'oublie"
<cel ui -ci l ' exemple ne-encore-Iui -pas il-sert-nous>
"Cet exemple ne nous sert plus"
On remarquera dans ce dernier exemple que la particule
négative peut même nier un verbe lui-même à la forme négative.
386 Existence, local isation et possession Phrase nominale , copules et verbe " être" 387

5.3. Conclusion
ce qu ' i l porte en plus de la copule pronominale, ce sont des
sèmes temporels, aspectuels ou modaux.
L ' utilisation des particules de négation ne se limite donc pas
à la phrase nominale. Il faut particulièrement remarquer
l ' apparition de /mOQs/ en tant que morphème de négation du 6 . 1 . /k�n/ est à la conjugaison suffixale
verbe à la c. préf. , ce qui confère une force et une expressi­
vité plus grande à la négation. I l sera intéressant d ' en suivre La c. suff. du verbe /k�n/ "être" est utilisée pour marquer une
l ' évolution, d' autant qu' il semble déjà se manifester, de re lation d' identité ou des relations attributive ou locative
manière marginale encore et l imitée à certains dialectes, une dans le passé.
tendance à l' expansion de son emploi devant une périphrase Ik�nl comprenant, comme tout verbe, des marques de person­
verbale dont l ' auxil iaire est à la c. suff. L' influence de la ne, de nombre et de genre représentant le sujet, la présence
négat ion des formes verbales à préverbe par la particule explicite d ' un sujet syntaxi que n' est pas nécessaire pour
négative n' est peut-être pas étrangère à ce développement déterminer qu ' on a affaire à un énoncé complet.
particulier. Dans un énoncé négatif, les morphèmes de la négation
discontinue sont portés par le verbe Ik�n/.
Voici d' abord quelques énoncés dans l ' ordre neutre sujet -
6. Le verbe /k�n/ (c.s.) - /ik On/ (c.p.) "être" Ik�n/ - prédicat :
La question du temps, de l ' aspect ou du mode n'a pas encore été
1. L i dak ir-ragel k ien ukoH i l -kap tal -fam ilja tagnhom (p. 34 )
abordée pour la phrase nominale . C' est qu ' en fait le prédicat ,
<que celui-là l ' homme il-était aussi le-chef de-Ia-famille de­
voire un autre élément de la phrase tel le pronom- copul e, ne
eux>
contienne nt pas d ' élément morpholo gique pour exprimer ces
" . . . que cet homme était aussi le chef de leur famille"
notions. Aspects, temps ou modes sont affaire de contexte .
2. IOalcii s misscii r -i k�n [ mastr::Jdassal! ( l , 182)
D. Cohen ( 1 984 : 1 4 ) le souligne : "la phrase nominale , en dehors
<parce-que père-moi il-était charpentier>
de toute détermin ation contextue lle du temps, peut situer la
"Parce que mon père était charpentier"
prédicati on au présent. L' expressio n de ce "temps" apparaît
3. Im::mÜlc k�n kap&ci ylrbai) il-prtmyu n:)btll
donc comme un fait de syntaxe et non de morpholo gie . " La
<Montale i l-était capable il-gagne le-prix Nobel>
plupart des ex. qui ont servi ici à l ' i l lustratio n des paragra­
"Montale fut capable de gagner le prix Nobel "
phes sur la phrase nominale à deux ou trois termes ont en effet
4. l u ahna ma-bnncii-s bi)al dawn taO-I-oarbl
été traduits en français par un verbe "être" au présent. Cepen­
<et n �us ne-nous-étions-pas comme ceux-ci de-le-Gnarb>
dant, quelques- uns d ' entre eux ont été rendus par un temps du
"Et nous, nous n' étions pas comme ceux de Gnarb"
passé ou du futur, car le contexte les situait sans équivoque
5. xewqan Li l -ntija din id-darba ma kinitx tïegnu (p. 1 1 )
dans une époque révolue ou à venir (voir par ex. les ex. 1 p.
<désireux que la-faute celle-ci la-fois n e elle-était-pas de­
337 et 340 ) . La phrase nominale n' est donc pas réservée à
lui>
l ' expressio n d ' un seul "temps" en maltai s, pas plus que dans un
"Désireux que la faute, cette fois-ci, n ' ait pas été l a
très grand nombre d ' autres langues. Il est vrai qu' elle est
sienne"
tout de même principalement au présent, ce qui explique
6. Idlk i l-?sDra f6rsi kciin ct °al-I-fnciikl
l ' introduct ion fréquente du verbe /k�n/ "être" à une forme
<cel le-là l' écorce peut-être elle-était pour-les-lapins>
conjuguée lorsque le locuteur souhaite expli citer un temps, un
"Cette écorce était peut-être pour les lapins"
aspect ou un mode quelconqu e. On ne peut donc plus parler,
7. Idak k�n b�s id-d?cii? i l-vtru ylgi fIni
stricto sensu, de phrase nominale . Cependan t, le verbe n'a pas
<celui-là i l-était pour la-farine ( m . ) le-vrai il-vient fin>
son sens plein de verbe d ' existence il est l imité à une "C' était pour que la vraie farine devienne fine"
fonction de copule mettant en relation un sujet et un prédicat;
8. lal lDra y�n bnt fQ? is-sÉ:wkl
<alors moi j ' étais sur l es-épines>
388 Existence, localisation et possession Phrase nominale, copules et verbe "être" 389

"Alors moi, j' étais sur des charbons ardents" seulement ICI deux autres, le premier dans une relation de
9. meta konna l -iskola (p. 10) localisation, l e second avec l ' ordre prédicat - copule
<quand nous-étions l ' école>
"Quand nous étions à l' école" 1. /kultant l- oaPa k6nct tkGn 1 cmm isfd bafna/
10. /ktlbt-Oa méta bnt bcrIIn taO-I-lvanti <parfois le-champ (f. ) elle-était elle-est à là en-bas beau­
<j ' écrivis-el le quand j ' étais Berlin de-l' Est> coup>
"Je l ' ai écrite quand j' étais à Berl in-Est" "Parfois le champ était tout à fait en contrebas"
2. /il-?6s dak id-dies déyycm ki;ln ikOn ycw Îtwal/
L' ordre des termes peut être renversé dans un but de mise <la-mesure (m. ) celui-là la-taille (m. ) toujours i l-était il­
en relief, de retardement. est ou plus-long>
Le verbe-copule peut être placé après le prédicat : "La mesure, c ' est de cette taille-là qu ' elle était toujours ,
o u bien plus longue 7"
I l . /bl).al y�rda ckk k6nctl
<comme yard ainsi e lle-était> Je rappellerai seulement à titre indicatif l ' emploi modal
"Comme un yard, comme ça, elle était" de la forme composée qui apparaît dans l ' apodose de phrases
12. /dan °al-I-gvérn 1-6l).::w lussu ki;ln/ conditionnelles marquant l ' irréel du passé. En voici un exempl e
<celui-ci pour-le-gouvernement l ' autre luxe il-était> avec la copule verbale :
"Ça, pour l ' autre gouvernement, un luxe que c ' était !"
13. /oas marlda k6nctl 3. /k6ku kél lna awnékk it-tlfd la?at it-tlfla it-tlf la k6nct
<car malade el le-était> tkun pazyént mOus agént/
"Parce que malade , elle l ' était" <si nous-avions ICI-ainsi le-garçon i l-frappa la-fi l le la­
14. /al).na bd6wa k8nna/ fille elle-était elle-est patient ne-lui-pas agent>
<nous paysans nous-étions> "Si nous avions eu ici " le garçon a frappé la fille", l a
"Nous , des paysans c' est ce que nous étions" fille aurait été le patient, pas l ' agent"

L' ordre copule prédicat peut être conservé, mais le 6.3. /ki;ln/ est à la conjugaison préfixale
sujet syntaxique rejeté après le prédicat
Dans l e chapitre consacré à la c. préf. (p. 55 s q ) , les
15. /k8nna l).bi;lb abna/ différentes valeurs qui lui sont attachées ont été étudiées
<nous-étions amis nous> vérité générale, futur, imparfait ou passé d' habitude, modal .
"Nous étions des amis, nous" Toutes ces valeurs se retrouvent lorsque le verbe /iklln/ "il
16. /si tli;lt snln ki;ln cditOr tab-ba go frigg6ri/ est" fonctionne comme simple copule verbale.
<quoi trois ans il-était éditeur de-el le Joe Friggieri>
"Pendant environ trois ans, il en a été l ' éditeur, Joe - Il peut exprimer une vérité générale :
Fr iggieri"
1. Fil-pol itika tidrl.Ol jew gnax tkun sinjur, jew gnax tkun fqar
6.2. La forme périphrastique /ki;ln/ + /ik O n/ (p. 20 )
<dans-la-politique tu-entres ou car tu-es riche, ou car tu-es
Lorsqu ' on veut particulièrement insister sur la notion de passé
/
pauvre>
d' habitude, /ikGn/, c. préf. du verbe "être", peut être auxilié "En politique, tu y rentres soit parce que tu es riche, soit
par /ki;ln/. Ces énoncés apparaissent dans des récits eux-mêmes parce que tu es pauvre"
au passé d' habitude. Quelques exemples ont été cités dans le
chapitre qui lui a été consacré (p. 218 ) . J ' en ajouterai
390 Existence, localisation et possession Phrase nominale, copules et verbe "être" 391

2. IlE dïk blcca wal)da tkiln hU 10. Ilmma bj;}s tkiln iml)allcf trïd tkiln avuk§.t!
<non celle-là morceau (f. ) �ne el le-est frère-moi> <mais pour tu-es juge tu-veux tu-es avocat>
"Non, celle-là, d'un seul morceau elle est, ma fille" "Mais pour être juge, il faut que tu sois avocat"
1 1 . Ik ikan rj;}l) fil? fi l)mist§.§ ylnscf 1
- Le futur : <si il-est vent sur dans quinze il-sèche>
3. li l-prJbltma déyycm tkiln il-pr:)bltma financy§.ryal "Si le vent est du Nord , il sèche en quinze ( jours ) "
<le problème ( f . ) toujours elle-est le-problème financière> 12. Jekk tkun sinjur, issir sinjur akbar, u jekk tkun fqir
"Le problème sera toujours le problème financier" tibda tistagnna ( p . 20)
4. Ital)scb li tkiln tayycb bj;}s tllO ab k8ntra il-guvcntasl <si tu-es riche, tu-deviens riche plus-grand, et si tu-es
pauvre tu-commences tu-t ' enrichis>
�tu-penses que tu-es bien pour tu-joues contre la-Juventus>
Tu penses que tu seras en forme pour jouer contre la Juven­ "Si tu es riche, tu deviens plus riche, si tu es pauvre, tu
tus ?" commences à t' enrichir" ( si tu entres en politique. C' est la
5. meta tkun hemm fuq ftakar fUa ( p . 20) suite de l ' ex. I ci-dessus)
<quand tu-es là sur souviens-toi dans-moi> 13. lanki yckk taOmll-o:)m balav8stri ikanu sbj;}l) Uk8ll1
"Quand tu seras là-haut, souviens-toi de moi" <même si tu-mets-eux rampes i ls-sont beaux aussi>
6. L-ittra tiegnek tkun id-deéizjoni final i ( p . 1 1 ) "Même si tu leur mets des rampes, i ls seront beaux aussi"
<la-lettre de-toi elle-est la-décision finale> 14. Jekk tiskot tkun traditur (p. 29 )
"Ta lettre sera la décision f inale" ( pour la mise à pied de <si tu-te-tais tu-es traître>
l' employé ; la lettre n' est pas encore rédigée) "Si tu te tais tu es un traître"

- La c. préf . peut être uti lisée dans un récit, donc dans


6.4. lik Ûnl est précédé par un préverbe de futur
le passé, ce qui est le cas des exemples ci-dessous, où les
objets désignés ne sont plus utilisés actuellement :
Six exemp les avec préverbe de futur sont apparus dans le corpus
oral uniquement, alors que la forme préfixale a été relevée 42
7. li l-mal)laga tkiln m§.gna da?sékkl
fois dans un contexte de futur, aussi bien à l ' écrit qu' à
<la-cardeuse el le-est machine taille-ainsi>
l' oral .
"La cardeuse était une machine de cette taille"
Le dernier exemple ci-dessous est un futur dans le passé.
8. 10as il-?60a tkiln t8ndal
On remarquera que Ikj;}nl "il était" , qui situe la périphrase
<car l' aire-de-battage elle-est ronde>
verbale dans le passé, est demeuré invariable.
"Parce que l' aire de battage était ronde"
1 . Idan i l-kt6b sc- ikan sptci gabra taO-l-p:)cziyyil
- Le modal :
<ce lui-ci le-livre FUT-iI-est en-sorte collection de-Ies-
poésies>
9. Ipcn::zémpyu mïn ikan marld bi-[ s-st8nku]/1 6
"Ce livre sera �n quelque sort� un recueil ?e poésies"
<par-exemple qui il-est malade avec-l ' estomac> 2. 1° as dïn sc-tkiln fil? il -kuntratt taO -n-nutarl
"Par exemple, celui qui serait malade de l' estomac"
<car celle-ci FUT-elle-est sur le-contrat de-Ie-notaire>
"Parce que celle-ci sera sur le contrat du notaire"
3. IfI fUt ta O-l-gr§.nct 8l)ra sa-ik6n m<lltal
16 <dans un-peu de-les-journées autre FUT-il-est Malte>
En maltais "standard", l ' article ne s' assimile pas devant une
"Dans quelques jours il sera à Malte"
sifflante si elle est suivie d' une autre consonne. Par contre,
4. ly6na ma-k8nt-s nar li kj;}n l)a-nk6n tayycbl
il se développe un Iii prothétique devant le groupe consonanti­
<moi ne-j' étais-pas je-sais que il-était FUT-je-suis bien>
que : /1-ist8nku/.
"Moi , je ne savais pas que j' allais être bien"
--

392 Existence, local isation et possession

6.5. Conclusion

Le passage de l ' énoncé nominal à l ' énoncé verbal , lors- qu' il


est rendu nécessaire pour exprimer l ' aspect, le temps ou le
modal, ne présente aucune part icularité en maltais . Comme les
autres dial ectes arabes, c ' est le verbe Ik�nl "être", aux
II. CONSTRUCTIONS LOCATIVES ET EXISTENTIELLES
différentes formes conjuguées, qui est uti lisé.

Remarques préliminaires

Dans l ' introduction au chapitre précédent sur la phrase nomi­


nale, il a été rappelé que le sujet doit posséder nécessaire­
ment un certain degré de détermination pour qu' i l puisse en
être asserté quelque chose et que le locuteur puisse former un
énoncé complet. Il a été signalé que l ' arabe classique avait l a
possibilité d e placer u n prédicat prépositionnel devant l e
sujet lorsque celui-ci est indéterminé. En maltais, rien de
tel , mais nous al lons voir que l a langue a eu recours à
d' autres ressources de la phrase nominale que de s imples
morphèmes d' ordre, à savoir une préposition de l ieu ou des
adverbes locatifs, et que l es constructions util isées se sont
étendues à des sujets déterminés.
L' étude des 2 constructions locatives et existentielles
est regroupée dans un même chapitre, car le maltais utilise les
mêmes syntagmes dans les deux cas.
Lyons ( 1970 : 299) faisait remarquer que "du point de vue
sémantique, les phrases existentiel les pourraient être décrites
comme impl icitement locatives (ou tempore l les ) . [ , . . 1 le rap­
port des constructions existentielles et locatives est confirmé
par l ' emploi , dans les phrases existentiel les d ' un certain nom­
bre de langues européennes, d ' un é lément qui était à l ' origine
un adverbe de l ieu" . La même remarque peut tout aussi bien
s' appliquer aux dialectes arabes et au maltais en parti culier ,
comme nous allons le voir.

1. Construction avec /fI-/ "dans"

La construction locative peut être exprimée au moyen de l a


préposition Inl "dans" SUIVIe des pronoms suffixes d e 3èmes
pers. ( masc. , fém. ou p l . ) , Elle est bien connue au Maghreb
(voir M. Cohen 1924: 87 et Ph. Marçais 1 977 : 279) et prévaut en
Libye. A Malte, elle garde toujours un caractère incl usif et ne
s' uti lise donc que si l ' entité dont on affirme l ' existence peut
Constructions locatives et existencielles 395
394 Phrase nominale, existence, localisation et possession

être incluse dans une autre entité plus grande qui l ' englobe. 7. Idïk fi-na bicca 56°81/
<celle-là dans -elle morceau travail>
Je n ' en ai rencontré d ' exemples qu' avec des wanimés.
"Il y a du travail l à-dedans"
Dan une phras assertive l ' ordre des termes est "ter me
� . :
englobant , ( qUI peut etre sous-entendu ) + /fï/ + pronom suff i xe , La négation se fait avec les mêmes éléments que pour nier
+ "terme eng 1 0 b e' " . Le pronom suffixe s ' accorde avec le term e
un verbe /ma-. . . -Sl, marque d' un début de verbalisation de la
engl �bant. Du point de vue syntaxique l ' ordre est donc prédi cat
particule locative :
+
�f � / + pronom Ade rappel du prédicat + sujet. En aucun cas , le
predicat ne peut etre précédé d' une préposition locative.
L sujet es t le plus souvent indéfini, mais il peut quan d 8. /imma ma-fi-06-5 nerf /
A : . <mais ne-dans-elle-pas sagesse>
meme :t�e parf ? lS mu ni de l ' article, alors qu' un énoncé à sujet
, . "Mais il n'y a rien de très malin à ça"
determme est I mposs ible dans le dialecte égyptien du Caire ,
9. Xognol id-dar ma fihx tmiem ( Aquilina 1972: 169, provo 49 )
par exemple (Anwar 1979 : 56 ) .
<travail la-maison ne dans-lui-pas fin>
"Il n'y a pas de fin au travail domestique"
1. n -ktieb fih zewg taqsimiet prinéipaL i ( Sultana et a l i i
1979 : 9 )
<le-livre dans-lui deux chapitres principaux> Le syntagme peut être situé dans le futur au moyen du
, il
"Il y a deux chapitres principaux dans le livre" verbe likŒn/ " i l est" , dans le passé avec Ik�nl "il était
avec /k�n/ + /ikŒn/. Ce sont
2. n -film fih xi xeni eééitanti ( n -Mument 15. 2. 1987, p. l7) fut" e t dans le passé d' habitud e
n . Ils
<le-film dans-lui quoi scènes excitantes> les verbes qui portent alors les élémen ts de la négatio
bles, mais ils ont été accord és une
"Dans le film il y a des scènes excitantes" sont en princip e invaria
informa teurs, celui de Mtanleb (ex. 1 4 ) et
3. /it-t6ni v8lŒm °Œwa l-iktar s5d t6°-i u fI-l) il-p8eziyya fois par l ' un de mes
fois par une locutri ce de Keréem ( ex . 12) . Cet accord
k611-oa/ une autre
"incor­
<le-deuxième volume lui le-plus solide de-moi et dans-lui la­ est considé ré par mon inform atrice de La Valette comme
y voir un indice
poésie tout-elle> rect" et même "choquant" . Peut-être faut-il
isation de ce syntag me
"Le deuxième volume est mon plus solide et dedans il y a supplém entaire de la tendance à la verbal
un auxil iaire de plein statut,
toute la poésie . . . " locatif , /k�n/ étant senti comme
me quasi
4. lu sitt si°;in fI-l) °a5ar kcyl6t1 connai ssant les mêmes règles d' accord que le syntag
<et six mondellos dans-lui dix mesures>1 verbal qu ' i l auxilie.
"Et il y a dix mesures dans six mondellos"
10. /kin-émm tv;ilya sabIl)a u k�n fI-na bicca biccllla sabIl)al
5. /kcmm fi -l)/
<il-était-Ià nappe belle et il-était dans-elle morceau brode­
<combien dans-lui>
rie belle>
"Combien y en a-t-il 7"
"Il y avait une belle nappe et dessus il y avait un beau
6 . /5 fi-na taO-d-dal)?1
morceau de broderie"
<quoi dans-elle de-le-rire>
Il. it-toroq kien fihom spettakl u ta' negga C friggieri 1986 : 7 8 )
"Qu ' y a-t-il de drôle à ça 7"
<les-rues i l-était dans-el les spectacle d e ferveur>
"Dans les rues il y avait un spectacle de ferveur"

1
Le /s�l)/ ( "mondello", pl. /si °;in/) et l e /h:yl/ ( "mesure" ,
pl. /keyI6t1) sont des unités de mesure agraire. Un /s�l)/ vaut
10 /keyI6t1, soit 187 , 35 m2 ( Voir Peretti 1965 : 287 ) . L' accord
au masc. sg. du pronom suffixe s' explique par le fait que la
locutrice pense au bloc formé par les six /s�l)/ et non à chacun
d' entre eux .
396 Phrase nominal e, existence, localisation et possession Constructions locatives et existencielles 397

2 /tdmma/ à Tunis Juif (D. Cohen 1975 : 268 ) .


4
Ph. Marçais ( 1977 :
12. /oUma taO-I-ferUti ma-kinU-s ikUn fÎ-°:Jm sey/
<eux de-les-blessés ne-ils-étaient-pas il-est dans-eux rien> 279 ) le dit répandu dans tout le Maghreb oriental pour exprimer
"e' était ceux des blessés, il n' y avait rien de spécial en "il y a" . On le relève fréquemment à Takroûna (W. Marçais et
eux" a l i i 1958 : 531 ) , par ex.
13. /yekk ma-ikUn-s fi-ca l).afna i Ima ma-yitlao-s/ Contrairement à la construction avec Ifïl, Iemml ne peut
<si ne-il-est-pas dans-elle beaucoup eau ne-il-monte-pas> recevoir aucun pronom suffixe.
"S ' i l n ' y avait pas beaucoup d ' eau dedans, il ne monterait Iemml fonctionne aussi bien avec des animés qu' avec des
pas" inanimés , que la phrase soit existent ielle ou locative.
14. /oas dïk tkiln l).;sna tkiln fI _Ca f;rsi l).misÜsil wlzna/ Tout comme avec /n-I, le sujet de la construction avec
<car celle-là elle-est grosse elle-est dans-elle peut-être Iemml est en majorité indéterminé. On rencontre toutefois quel­
. . 3
qUInze Wlzna> ques exemples où il est précédé de l ' article.
"Parce qu' elle était grosse, il y avait peut-être dedans 15 Le plus souvent, Iemml est placé devant l ' entité dont i l
wizna" (= "elle pesait 15 wizna" ) (récit ) affirme l ' existence, mais il peut aussi s e trouver après lui
pour des raisons d ' emphase ou parce qu' il s ' agit d ' un énoncé
Presque tous ces ex. , moyennant quelques changements dans interrogatif. Je n ' ai pas rencontré de phrases où /emm/, avec
la structure de la phrase, pourraient être remplacés par une son sens locatif, précède directement le syntagme préposition­
construction avec une autre expression possible de "il y a" : nel. 5 Mon informatrice de la Valette pense qu' une telle cons­
/emm/, qui sera étudiée ci-dessous . Seuls les ex. 6 à 9, étant truction serait possible en maltais bien que très peu "natu­
des expressions figées, ne sont susceptibles d' aucune transfor­ relle", mais elle n ' a pu m ' en forger d ' exemples.
mation. Toutefois, en 6, on pourrait avoir /emm/ au lieu de
/fïl avec un sens de la phrase différent : /s emm taO-d-dah?/. 2 . 1 . Valeur existentielle
"Lequel est drôle 7".
Une caractéristique formelle de la construction existentielle
2. Construction avec /cmm/ " là " est qu ' elle forme un énoncé nominal composé uniquement, le plus
souvent, de l ' adverbe l ocatif lem ml, assumant à lui seul la
Remarques préliminaires

Dans les constructions existentielles et locatives, le maltais


4
a très largement développé l ' utilisation de l' adverbe de lieu Le rapprochement avec ces formes dialectales, parentes de
/emm/ "là", connu au Maghreb, en Tunisie notamment, sous la l' arabe classique Itumma/, a été avancé à titre d' hypothèse par
forme /f§.mma/ ou /t§.mma/ à Tunis Musulman, ( Singer 1984 : 316 ) ou Aquilina ( 1976 : 57 et 1987 : 457 ) . Ce n' est pas impossible,
d' autant qu ' i l existe également une forme littéraire "hemma",
selon l ' orthographe maltaise. L' évolution phonétique de la
première consonne suppose un passage de lU à /f1 comme à Tunis
2 La phrase comporte deux "fautes", la premlere d' accord, Musulman et de If / à Ihl ( conservé dans l' orthographe ) puis de
/ma-kinU-s/ aurait dû être au singulier comme /ikUn/, la Ihl à 0 évolution normale de ce dernier phonème en maltais . Une
seconde concerne la négation double. Fenech ( 1978:78) signale à telle évolution n' a rien de surprenant ( voir Hagège et
ce sujet que la "double negation is not approved in literary Haudricourt 1 978: l73 ) , même si elle ne semble pas autrement
Maltese, but it exists in the spoken language [ , 1 Thi s is . . attestée pour le maltais.
bec ause the word showing negation is added as an afterthought, 5 Comme en égyptien du Caire où Anwar ( 1979 : 58 ) donne la phrase
at a time when the suffix -x has been already attached . " suivante (le syntagme l ocatif est Ifïl + pro suff. dans ce
3 Un "wizna" est l ' équivalent de 5 rotolo, soit 3, 968 kg dialecte et non pas un équivalent du /emml maltai s ) lfïh
( Peretti 1965: 292) . 15 wizna valent donc 59,52 kg. fi lfa�l mudarrisïnl "il y a dans la classe des professeurs" .
Construct ions locatives et existenciel les 399
398 Phrase nominale, existence, localisation et possession

par le pronom relatif llil "qui, que", où Ilil tient l ieu de


fonction de prédicat, et du sujet, soit dans cet ordre, soit
éventuellement renversé pour des raisons de topical isation ( ex. sujet, l ' ordre est sujet + Icmml + prédicat ( ex. 7 )
6 ) , ou parce que l ' énoncé est interrogatif (ex. 7 ) .
1 . lf i-I-kâmra l-;bra cmm tiflal
1. Mhux bizzejjed hemm umdità ! ( O . Calleja 1972: 62) <dans-la-pièce l ' autre (f. ) là fi lle>
<ne-lui-pas suffisamment l à humidité> "Dans l ' autre pièce, il y a une fille"
"Ce n' est pas suffisant qu ' i l y ait de l ' humidité ! " 2. lyifirdU-!; mi-n-nâ!;a fcyn cmm iz-zbUll
2 . 1 °a s cmm !;âfna nkis l i o&d-o::>m yâ!;sbu l llii < ils-séparent-lui de-le-côté où là l ' épi>
"Ils le séparent du côté où il y a l ' épi"
<car là beaucoup gens que encore-eux ils-pensent que>
"Parce qu ' il Y a beaucoup de gens qui pensent encore que . . "
.
3. Il-univcrsitâ li t6!;u sitt mitt ru!; cmm c lféyn ru!; fI-oal
< l ' université que elle-prend six cent âme là deux-mille âme
3. Icmm st3rya ;!;ra taO gâ!;anl ( I I , 1 )
dans-elle>
<là histoire autre ( f . ) de Cahan>
"Il y a une autre histoire de Cahan" "L'université, qui ( peut ) contenir 600 personnes, i l y a deux
4. Icmm minn-o::>m ikŒnu wisoln u m Ous twal wis? u cmm minn-o::>m mille personnes dedans"
ikŒnu gcyyln b!;al suff&ral 4. Ikcmm cmm gl&lcn taO-I-iIma fi-I-bâbarl
<là de-eux ils-sont larges et ne-lui-pas longs très et là <combien là gallons de-l ' eau dans-la-mer>
de-eux il s-sont venant ( pl . ) comme sifflet> "Combien y a-t-il de gallons d' eau dans la mer 7"
"Il y en a parmi eux qui seraient larges et pas très longs et 5. Iwkid i l-oâscl il-m;sta cmm knIsya zOIra g::>-l-bâytl
il y en a parmi eux qui seraient (f ins ) comme un sifflet" <vallée le-miel la-Mosta là égl ise petite dedans-le-mur>
5. 1° as cmm mIn yitfâo-I-u ?;sra taO larlngal "Dans la Vallée du Miel, à Mosta, il y a une petite église
<car là qui il-jette-à-lui écorce de orange> dans le mur"
"Parce qu'il y en a qui y mettent une écorce d' orange" 6. Ida?s kcmm cmm sâoar n6?cs minn fu? dâoar i l-bm�rl
6. lit diffcrénca cmml <tai lle combien là cheveux (coll. ) manquant de sur dos l ' âne>
<non différence là> "Autant qu' il y a de poils manquant sur le dos de l ' âne"
"Non , une différence, il y en a une" 7. Idak li cmm cmm fu?1
7 . Is film cmm o&dal <cel ui -là que là là sur>
<quoi film là demain> "Celui qu' i l y a là-haut 7"
"Quel film il y a demain 7"
2.3. Procédé de retardement dans un syntagme attributif
2.2. Valeur locative
Parfois, la construction avec Icmml peut être équivalente soit
La valeur locative d'un énoncé avec Icmml se traduit par la à une phrase nominale à deux termes soit à un groupe nominal
présence d ' un syntagme prépositionnel ou d ' un pronom relatif à ( autonomisé dans ce cas dans une phrase relative ) , dont le
sens locatif et à valeur prédicative, en plus du sujet. Icmml y deuxième terme est un adjectif ou un part icipe. Ceci rappelle
est une marque explicite de la prédication, mais obligatoire. certaines constructions possessives avec le verbe "avoir" qui
Dans ce cas, i l y a plus de l iberté dans l ' ordre des seront étudiées c i-après (p. 306-8) "avoir" qui pourrait
termes que lorsque c' est ln -1 qui est utilisé. Outre l ' ordre d ' ail leurs remplacer Icmml sans modification de la structure de
"terme englobant" ( obl igatoirement précédé d'une préposition la phrase. Il s' agit ici d ' un cas typique de procédé de
s ' i l s ' agit d'un nom ) + Icmml + "terme englobé", on trouve retardement, Icmml n' ayant rien d' obligatoire. Il serait en
également Icmml + "terme englobé" + "terme englobant". En effet possible de supprimer Iii cmml et Icmml dans les 2 ex .
termes syntaxiques on a donc prédicat + Icmml + sujet ou bien ci-dessous. Nous avions vu dans le chapitre consacré à l a
Icmml + sujet + prédicat . Dans une phrase relative introduite copule pronominale (p. 362) que celle-ci n' était pas en
principe compatible avec un prédicat marquant une qualité
400 Phrase nominale, existence, localisation et possessi on Constructions locatives et existencielles 401

contin gente du sujet. Icmml peut donc tenir l ieu de marque 2.5. L'expression du passé
prédic ative dans ce cas
Que la valeur de la construction avec Icmml soit locative ou
1. lifakk ar-na sa l lum il-kl�m li cmm min?Œ s f blbnn
a kblral existentielle, la translation de l ' énoncé dans le passé
<il-ra ppelle -nous jusque aujourd' hui le-mo t
( col l . ) que là s' obtient en antéposant le verbe Ikï;inl "il était" à Icmm/. Dans
gravé dans colonn e grand e>
ce cas, Ikï;inl n' est pas accentué et il forme une unité accen­
"Il nous rappe lle jusqu ' à aujourd ' hui les mots
qu ' i l y a tuel le avec Icmml sur lequel porte l ' accent. La voyelle l ongue
gravé s sur une grande colon ne"
de Ikï;inl est alors abrégée en Iii ou parfois Ici, chez certains
2. 10as cmm ir-râg cl t-;ht- i marid i
locuteurs villageois . Ikï;inl n' est toutefois pas un préverbe au
<car là l ' homme de-sœ�r-mo i malad e>
même t itre que I?ctl par ex. puisque certains éléments comme
"Parc e qu ' i l y a le mari de ma sœur ( qui est )
malad e" l ' adverbe IOadl "encore" peuvent venir se p lacer devant Icmml :

2.4. La négation 1 . Ikï;in °ad cmm r;igcl fi-l-béytl


<il-était encore là homme dans-la-terrasse>
Comme IfI-l, Icmml est nié par les éléments de l a négation "Il y avait encore un homme sur la terrasse"
verbale Im-. . . -s/6 VsI étant omis s ' i l y a un autre élément de
négation dans la phrase ) : Voici quelques exemples d' énoncés affirmatifs. Les places
respectives du sujet, du prédicat et de Icmml présentent les
1. Im-cm m-s maltln yaOml Œ-oal mêmes combinaisons que lorsqu ' i l n ' y a pas de marque verbale
<ne-là -pas Malta is i ls-fon t-elle > temporelle :
"Il n ' y a pas de Malta is qui feraie nt ça ! "
/

2. lal)na f i-s-sa, yf taO-na m-cm m-s b izao l i l)a-tfg 2. lu [ kcn l-émm mara ta?taO l-l)atabl
i is-shal
<nous dans- l ' été de-no us ne-là- pas peur que <et i l -était-là femme elle-coupe les-fagots>
FUT-elle-vient
la-plui e> "Et il Y avait une femme ( qui ) coupait des fagots"
"Nous , penda nt notre été, il n ' y a pas de . 3. lu kumbinaccy3ni kin-émm dawk iz-zéwg il)b6b °and fayyéncui
cramte que la
pluie vienne" <et chance il-était-là ceux-là les-deux amis chez Fajjenzul
3. lissa m-cm m-s rbkna li ma-bd 6t-s tinbén al "Et par chance il y avait ces deux amis chez Fajjenzu"
<main tenan t ne-là- pas coin ( f . ) que ne-ell 4. lu g:J I-gallinâr kin-émm scrd(PI
e-com mença -pas
elle-e st-con strui te> <et dedans le-poulai ller i l-était-là coq>
"Maint enant , il n ' y a pas un coin qui n' ait comm "Et dans le poulailler, il y avait un coq"
encé à être
constru it" 5. lu ayruplân kin-émm °addéyl
4. m 'hemmx l i tisma ' minni u taqba d it-triq tal-fo
rtuna ( Frig­
<et avion i l-était-Ià passant>
gieri 1986: 137 ) "Et un avion il y avait, en train de passer"
<ne-là -pas que elle-entend de-mo i et el le-sai 6 . lu ?abcl i l-gébcl u l)arrŒba [ kcn l -émml
sit le-che min
de-la -f ortune > <et avant les-pierres et caroubier il-était-là>
"Il n' y a (rien à faire pour qu' ) elle m' écoute "Et avant des pierres et un caroubier, il Y avait"
, et qu' elle
choisi sse l e chemi n de la chanc e"
Si la phrase est négative, les éléments portent en prin­
cipe sur le verbe, mai s il arrive, chez quelques locuteurs dans
mon corpus ( ceux de Gozo, un de Mel l iena, celui de Mtanleb, et
une enseignante de l ' université, originaire de Hamrun) , que le
6
Le lai de Ima/, élémen t de négati on, tombe devant syntagme, déjà uni par un accent unique à la forme affirmative,
la voyell e.
conserve son unité à l a forme négative. Le premier élément de
la négation est alors préposé au verbe alors que l e second est
402 Phrase nominale, existence, local isation et possession Constructions locatives et existencielles 403

postposé à la particule locative. Une telle structure est "Parce qu' il y aura une pression tel lement forte que tu ne
considérée comme incorrecte. En fait, c' est une "faute" p lus pourras r ien faire d' autre"
largement répandue que ne le laissent apparaître mes enregis­ 2. Isi bz::>nniyy6t Da-ikun-�mml
trements. Je ne sais si la condamnation prononcée par l ' école <quoi besoins FUT-il-est-là>
et les puristes pourra faire régresser le phénomène. "Quels besoins y aura-t-i l ?"
3. Ifl-idY:JI�kt t6°-ck se-ikun-É:mm si Up taO gerarkiyyal
7. 10as anki feyn ma-k�n-s emm al)wa k�nu iOlnu 1 sulSln/ <dans-l' idiolecte de-toi FUT -il-est-Ià quoi type de hiérar­
<car même où ne-il-était-pas là frères i ls-étaient i l s-aident chie>
à mutuellement> "Dans ton idiolecte , i l y aura un certain type de hiérarchie"
"Parce que même quand il n ' y avait pas de frères, ils s' ai­
daient mutuellement"
2.8. Emplois modaux
8. Ima-kin-�mm-s dan dak iz-zm6nl
<ne-il-était-là-pas celui-ci celui-là le-temps>
Après un auxil iaire modal, ou marqu ant une notion accessoire de
"Il n ' y avait pas de ça en ce temps-là"
temps, lemml est obl igatoirement précédé du verbe likanl "il
9. lanci ma-kin-�mm Dattl
est " . La présence de ce verbe est également nécessaire dans la
<au-moins ne-il-était-là personne>
protase des phrases hypothétiques, dans les subordonnées de
"Au moins il n ' y avait personne"
but, donc dans des emplois en dépendance :

2.6. Le passé d 'habitude 1. InaDseb li m- oandU-s ikun-�mm pr::>blÉmil


<je-pense que ne-chez-Iui-pas i l-est-là problèmes>
Le passé d' habitude est composé par la répétition du verbe "Je pense qu ' il ne devrait pas y avoir de problèmes"
"être" , d' abord à la c. suff . Iki;:in/, puis à la c. préf. likan/, 2. limma irld ikun-�mm differÉ:nca beyn il-lingwa taO-l-p::>cziyya
SUlVIS de Icmm/. Tout le syntagme forme une unité accentuelle u l-Üngwa taO-l-pr5zal
et les voyel les longues sont abrégées : <mais i l-veut il-est-I à différence entre la-langue de-Ia­
poésie et la-langue de-la-prose>
1. Ikin-ikun-�mm izyed minn w6Ded cal da-l-bicca s;o::>11 "Mais il doit y avoir une d ifférence entre la langue de la
<il-était-i l -est-là plus de un pour ce-le-morceau travail> poeSIe et la langue de la prose"
"Il y en avait plus d ' un pour ce boulot" 3. Ib-ekk ma-yib?aO-s ikun-émm izycd tgcrfis fi-t-Passlm taO­
2 . Ikin-ikun-�mm Dafna sD�na b-dak in-n�rl I-D;bzl
<il-était-il-est-là beaucoup chaleur avec-celui-là le-feu> <avec-ainsi ne-il -reste-pas i l-est-là plus désordre dans-Ia­
"Il y avait beaucoup de chaleur avec ce feu" distribution de-le-pain>
"De cette façon, il n ' a pas continué à y avoir plus de désor­
dre dans la distribution du pain"
2.7. Le futur
4. ItaO cene fi-l-gibyUn yekk ikun-émm in-nu??�s yérgaO y;Dr::>g
lUral
Le futur se forme en préfixant à lemml le verbe likanl " i l est"
<Ta' Cenë dans-le-réservoir si il-est-là la-pénurie i l-re­
à la c. préf . , éventuellement précédé d ' un préverbe de futur. A
vient i l-sort en-arrière>
nouveau tout le syntagme forme une unité accentuel l e , et le lui
liA Ta' Cenë, dans le réservoir, s ' i l y a pénurie ( l ' eau)
de likÜnl est abrégé :
revient en arrière"
5. Ibi;:is ma-ikun-émm-s f;rsi frak taO-l-g;b::>n m6°-ul
1 . 10as tant ikun-�mm pressa ?awwiyya li ma-tistaO-s taomel
<pour ne-il-est-l à-pas peut-être fragments de-le-fromage
D�ga ;Dral
avec-lui>
<car tant i l-est-là pression forte que ne-tu-peux-pas tu-fais
"Pour qu ' i l n'y ait peut-être pas de morceaux de fromage avec"
chose autre>
404 Phrase nominale, existence, localisation et possession Constructions locatives et existencielles 405

2.9. Constructions idiomatiques Toutes les remarques faites ci-dessus au sujet de /cmm/
sont aussi valables pour /awn/. Cependant, le syntagme avec
/f:mm/ se rencontre également dans un certain nombre d' idio­ lawnl étant moins fréquent ( 20 fois moins qu' avec /cmml dans
tismes de sens existentiel, tous négatifs : mon corpus ) , je n ' a i rencontré aucun ex. où lawnl est utilisé
dans un syntagme attributif, ou b ien au passé d' habitude, ou
1 . /m-f:mm-s 5 taf iZYf:d/ avec un préverbe de futur, ou encore après les auxil iaires
<ne-là-pas quoi tu-sais plus> modaux ou "continuer à". lawnl n' est pas apparu non plus dans
"Il n ' y a ri en à savoir de plus" ( que tu puisses savoir) la protase des phrases hypothétiques ou dans les subordonnées
2. /m-f:mm-s s mi°md/ de but. Des énoncés de ce type ne seraient toutefois pas
<ne-là-pas quoi je-fais> impossibles.
"Il n ' y a rien que je puisse faire" Voici quel ques exemples avec la part icule locative lawn/
3. /m-f:mm-s imn�s/
<ne-là-pas de-quoi> 1. lawn °aJ?a i OidU-I-oa s-sirÉna/
"Il n ' y a pas de quoi" (formule de politesse ) <ici champ ( f . ) ils-disent-à-elle la-sirène>
4. /mi lta °andna bizéYYf:d lukandi m-f:mm-s °alféyn nibnu i zYf:d/ "Il y a ( i c i l un champ qu'on appelle "La Sirène"
<Malte chez-nou s suffisamment hôtels ne-là-pa s pour-où nous­ 2. lissa awnékk in-nadUr awn l)afna li °and°::>m naOagl
construi sons plus> <maintenant I CI-ainsi le-Nadur ici beaucoup qui chez-eux
"A Malte, nous avons assez d' hôtels, ce n ' est pas la peine mouton (col l . »
que nous construis ions plus" "Alors ici à Nadur, il y en a beaucoup qui ont des moutons"
5 . /il-bayd m-f:mm-s bz:mn inblou/ 3. /oad awn °al-I-béyl) minn-o::>m dawnl
<les-œufs (col l. ) ne-là-pas besoin nous-vendons> <encore ici pour-la-vente de-eux ceux-ci>
"Les œufs, il n ' y a pas besoin que nous ( les ) vendions" "Il y en a encore à vendre ( i c i ) de ceux-ci"
4. Ifi-I-p::>f:zlyyi taO ml)abba l i awn awnékk yï;)na bnt ktibt/
<dans-les-poésies de amour que ici ici-ainsi moi j ' avais
3. Construction avec /awn/ "ici"
j ' écrivis>
"Dans les poeSIes d ' amour qu' il y a ici, moi j' avais écrit"
L' adverbe /awn/ ( variante /aw/) "ici" peut aussi être uti lisé 5. /oas aw mïn yaOmd il-l)aIIbl
dans les constructions existentielles ou locatives. I l garde <car ici qui il-fait le lait>
alors une partie de son sens propre, dans la mesure où la "Parce qu' il y en a ( ici ) qui font du lait"
proposition est ressentie comme plus proche du locuteur, comme 6 . Kemm hawn nwejjeg x' titgnaU em fil -najja ( Friggieri
plus impliquante et plus expressive qu' avec /f:mm/, mais /awn/ 1986 : 7 )
peut toujours être remplacé par /f:mm/, sauf si l' adverbe de <combien i c i affaires quoi tu-apprends dans-la-vie>
li eu /awn/ ( ou sa variante longue /awnékk/) se trouve également "Combien il y a de choses à apprendre dans la vie ! "
dans la phrase �I ' utili sation de /f:mm/ est aussi automatique si
/f:mm/ ou /cmmf:kk/ sont présents ) . /awn/ est uti lisé par tous, 7. lissa m d a awnékk m-awn-s i I ma scynl
dans la langue parlée comme dans la langue écrite, mais il <maintenant alors ici-ainsi ne-ic i-pas eau rien>
l ' est part iculièrement souvent ( et même en majorité dans mon "Bon, alors, ici, il n'y a pas d ' eau , rien"
corpus ) par les locuteurs vil lageois de Gozo, ainsi que par un 8. /m-awn-s si l)att vicln iOln-f:k facénda na?ral
poète et phi losophe originaire de 8irkirkara. Une telle utili­ <ne-ici-pas quoi personne voi sin il-aide-toi ménage un-peu>
sation de cet adverbe n' est pas inconnue des dialectes arabes. "Il n ' y a ( ic i l personne des environs pour t ' aider un peu au
Ph:... Ma!çais ( 1 977 : 278) signale au Maghreb, outre m�-tdmm�-s , ménage 7"
"ma-hna-s "n' est pas ici", également avec une valeur verbale
implicite. " 9 . /oas dak iz-zm�n kin-awn in-n�s séwwa/
<car celui-là le-temps il -était-ici les-gens juste>
406 Phrase nominale, existence, localisation et possession Constructions locatives et existencielles 407

"Parce qu' en ce temps-là il y avait ( i c i ) des gens bien" plus vaste, tant par son utilisation statistique que par ses
10. lu ni? dïk kin-awn prsssy5ni kblral compatibi lités syntaxiques. Sur elle, ne pèse pas de restric­
<et sur celle-là i l-ét ait-ici pression grande> tion quant à l ' animé ou l ' inanimé. L' ordre des termes y est
"Et sur celle-là, il y avait une grande pression" beaucoup plus l ibre. Le syntagme fonctionne également comme
marque de prédication et procédé de retardement dans des
Il. limma d§.ri ma-k�n-s awn pl§.stikl syntagmes attributifs (phrase nominale ou membre de phrase ) . Il
<mais autrefois ne-il -était-pas ici plastique> est le seul à connaître tous les emplois modaux.
"Mais autrefois, il n ' y avait pas de pl astique ( ici ) " lawnl " ici", autre adverbe de lieu, possède une grande
12. I?abd ma-kin-awn-s m§.gnil partie des fonctionnements de Ismm/, mais il est senti comme
<avant ne-i l-était-ici -pas machines> plus express if, plus impliquant du point de vue du locuteur. I l
"Avant il n ' y avait pas de machines ( ic i ) " est aussi d ' un emploi moins fréquent que Ismm/, e t n ' a pas été
relevé dans des emplois modaux, ni comme procédé de retar­
13. lissa fi-I-k§.z ikun-aw si dang8r taO spidÉmyal dement.
<maintenant dans-le-cas il -est-ici quoi "danger" de épidémie> Lorsque Ismml et lawnl sont précédés des marqueurs
"Alors au cas où il y aurait un danger d' épidémie" temporels verbaux Ik[;}nl "il était" ou li kUnl "il est", verbe et
particule forment une unité accentuelle, ce qui n ' est pas le
lawnl est aussi employé dans l ' idiotisme Im-awn-s cas avec lfï-I où les deux éléments conservent chacun leur
°atf-kl <ne-ici-pas pour-toi> "Félicitations !". La formule accent propre. De plus, une expression particulière, marginale
existe aussi avec Ismm/. Elles sont devenues plutôt ironiques mais relativement fréquente, de la forme négative avec Ismml et
de nos jours. lawnl confirme l ' unité formée avec les verbes Ik[;}nl et likUnl :
Ima-I est préfixé au verbe alors que I-sl est suffixé à la
particule locative, le tout formant une unité accentuel le.
4. Conclusion Les trois syntagmes ont deux points communs. Le premier
est la formation de la négation au moyen des éléments négatifs
Si l ' on compare les phrases nominales analysées dans le chap. verbaux, qui en fait des quas i-verbes. Le second est la possi­
précédent et les constructions à valeur locative étudiées dans bilité qu ' i ls ont de se construire avec un sujet déterminé.
celui-ci, on s' aperçoit que, dans ces dernières, le sujet ne
peut jamais être placé en tête d ' énoncé, à l ' inverse de ce qui
se passe dans les phrases nominales ou à copule, à moins que le
sujet ne soit le pronom relatif ll i/.
Par contre, lorsque la construction avec Ismml possède une
valeur existentielle, il est possible d' avoir un sujet en début
de phrase lorsqu ' i l y a mise en rel i ef ou que l ' énoncé est
interrogatif.
Les trois constructions locatives et existentielles étu­
diées ne sont pas équivalentes et présentent des diversités de
fonctionnement et de comportement morpho-syntaxiques.
La première d' entre elles, la moins fréquente, lfïl "dans"
+ pronom suffixe, conserve toujours un sens locatif et inclu­
sif. Elle ne peut s' employer qu' avec des entités inanimées.
L' ordre des termes est fixe ( prédicat ) + lfï-I + pronom de
rappel du prédicat + sujet.
La construction avec Ismml "là" possède des valeurs
existentielles comme l ocatives. Elle est d ' un emploi beaucoup
III. L'EXPRESSION DE LA POSSESSION

1. Morphologie des pseudo-verbes "avoir"

De nombreux dialectes maghrébins ont formé, à partir de prépo­


sitions locatives (souvent IÇ'andl "chez") un pseudo-verbe
"avoir" "la préposition Ç'and ( et ses variantes ) sert partout
à exprimer l ' appartenance, la possession ; elle forme alors un
complexe proche de la notion exprimée par le verbe "avoir" :
Ç'andi L . . ] "j' ai" L . . ]" ( Ph . Marçais 1977: 221 l .
L e maltais n' a pas échappé à cette tendance. Mais alors
que M . Cohen ( 1 912: 254 ) signalait que les "temps" autres que le
présent étaient exprimés au moyen de l ' auxiliaire Ikan / suivi
de IÇ'and-l, en maltais l ' expression du temps n' est �as associée
à la préposition mais à un syntagme d ' origine verbale.
"Avoir" est conjugué au moyen des pronoms suffixes agglu­
tinés à deux bases différentes, l ' une d' origine préposition­
nelle, l ' autre d' origine verbale. Il s ' agit d'une part de
IOand-1 ( "chez" au sens propre ) et d ' autre part de Ikdl-I et
lik6ll-l, toutes deux formées à partir du verbe "être", respec­
tivement Ik�nl à la c. suff. et likanl à la c. préf . , suivies
de la préposition llill "à, pour" qui s' est agglutinée aux
formes verbales. Le Inl final du verbe "être" y a été assimilé
au III de la préposition. Etymologiquement, ces deux formes
sont analysables en : "il était 1 est pour X". Ainsi Ikéllul
"il avait" , c' est-à-dire " i l était pour lui" ou lik;llul "il a"

i
1 I l cite [ ikun <indi ] "j ' aurai " . A Alger Juif (M. Cohen 1912:
486 ) on trouve [ uÇ'amru ma kan Ç'andu e��gar ] "et jamais i l
n' avait eu d ' enfant " . Doss ( 1 981 : 233) cite e n exemple, pour l e
parler égyptien de l a région d e Menya, I?ana kan Ç'endi wjildal
"j' avais une mère" .
2 Vella ( 1 970 : 280 ) signale que " in Maltese i f the subject
(sic. ) is defined we may also say : k�n °andek il-kt�b did
you have the book 7 lit. = was the book in your possession 7"
Pour le seul exemple que j ' ai relevé, voir p. 413.
410 Phrase nominale, existence , local isation et possession La possession 411

ou "il aura" , c' est-à-dire "il est / sera pour lui " . L' affirma­ de la 3ème pers. fém. sg. et de la 1ère pers. du pl. retrouvent
tion de l ' existence et la mise en relation exclusive du sujet leur longueur originelle devant le suffixe /-s/, mais avec une
avec la situation que dénote cette construction ont été bien forte imala puisque lai est passé à li8/, évolution phonétique
mises en évidence par D. Cohen comme processus de formation des normale en maltais en dehors des contextes conditionnants. Le
verbes "avoir" en sémitique, et dans bien d' autres famil les de suffixe de l a négation entraîne toujours un déplacement de
3
langues. l ' accent vers la syllabe finale et un allongement des voyelles
Si la formation avec la préposition /oand/ "chez" est bien brèves si la syllabe est du type ouvert.
connue des dialectes maghrébins, aucun d' entre eux n ' a, à ma
connaissance, développé un véritable paradigme à partir du 2. Valeurs et emplois
verbe "être". 4
Voici le paradigme de ces trois pseudo-verbes "avoir" Remarques préliminaires

sg. l. °and-i ké ll-i ik811-i Du point de vue des valeurs temporelles, aspectuelles et
2. °and-ck kéll-ck ik8ll<:>k modales exprimées par les trois formes, la répartition généra­
3 . m. ° and-o a kéll-oa ik8ll-oa lement présentée dans les grammaires ( voir par ex. Aquilina
3.f. °and-u kél l-u ik8ll-u 1965: 108-9 ) entre un "présent", un "passé" et un "futur" est un
pl. l. °and-na ké l l-na ik8ll-na peu simplificatrice et même inexacte . Les différents emplois de
2. °and-bm kél l-bm ik8U-bm chacune d ' entre elles vont être étudiés ci -après.
3. °and-o:)m kél l-o:)m ik8ll-o:)m

Aux 1ères pers. du p l . , le /n/ du suffixe assimile très 2.1. r .indu/


souvent la consonne qui précède, et les formes se prononcent
[annal, 5 [ kénnal et [ ik8nna]. La forme loandul est généralement définie comme ayant une
valeur de présent, ce qu' elle peut effectivement assumer. Mais
La négation se forme à partir des mêmes morphèmes que la il s ' agit aussi bien d ' un présent générique ou atemporel ( ex.
négation verbale, ce qui confirme le statut de pseudo-verbes de 1) que d ' un présent situé chronologiquement comme concomitant à
ces trois formes : /ma-/ ( abrégé en /ml devant /oand-/) . . . l ' acte d' énonciation dans un discours ( ex. 2) :
/-s/ : Im-oandI-sl "je n' ai pas " ; Im-oandn6-s1 "nous n ' avons
pas" Ima-kcW;m-sl "il s n' avaient pas" ; Ima-ibW6-sl 1 . /iz-zéwg ark�ti f U i °andna fi-z-zéwgt itrÜf taO 1).301 ?8rmi/
"elle n' aura pas", etc . On remarquera que les lai brefs finaux <les-deux arcades que chez-nous dans-les-deux extrémités de
Hal-Qormi>
"Les deux arcades que nous avons aux deux extrémités de Hal­
Qormi"
3
Séminaires de l ' EPHE, années 1982, 1983 , 1984. Voir aussi 2. Gnandi n-nies, inkeUmek aktar tard (Fr iggieri 1986 : 5 )
Benveniste ( 1966: 188 et 195 ) . <chez-moi les-gens , je-parle-toi plus tard>
" J ' ai du monde, je te parlerai plus tard"
4 L a construct l. On avec /kanal + Illl était la seule connue pour
exprimer la possession en arabe classique et fonctionne encore Dans l ' instance du récit, /oandu/ peut aussi être situé
ainsi dans les dialectes arabes . L' original ité du maltais est dans le passé par contexte dans un emploi dépendant, à savoir
d'avoir fondu ces deux termes en un seul au point que la dans une subordonnée complétive. L ' emploi de cette forme plutôt
formation n' est plus reconnaissable que par l ' étymologie. que de /kéllu/, à laquelle est généralement attribuée la valeur
5 M. -C. Simeone-Senelle m ' a signalé que la forme à assimilation de passé, souligne que le locuteur considère l ' état non pas
était aussi fréquente à Takroûna ( W . Marçais et a l i i 1959: dans son achèvement mais comme se prolongeant dans la situation
2714). à laquelle il se réfère, c' est-à-dire celle décrite par le
412 Phrase nominale, existence, localisation et possession La possession 413

verbe de la principale. La valeur de /oandu/ ne peut donc être deux sont invariables s' ils précèdent /ik61 1u/ ( voir p. 295 ) .
interprétée comme un passé mais bien plutôt comme un parfait. Les deux périphrases ont valeur d e présent
L' util i sation de /kéllu/ au l ieu de /oandu/ marquerait que
l ' état est considéré comme accompl i et révolu. 7. /nérgaO °andi zewg inyam6t bl;ra/
<je-reviens chez-moi deux bois autre ( f . »
3. /oas raw l i m-oandu seyn/ "J'ai de nouveau deux autres morceaux de bois"
<car i ls-virent que ne-chez-Iui rien> 8. tara l i ma jmissniex gnandna izjed m inn daqsxejn ta ' kumitat
"Car ils virent qu' il n' avait rien" é iv iku ( Friggieri 1 986 : 54 )
4. /béda i Oayyat li °andu lizar °al-I-béyl;/ <tu-vois que ne i l-touche-nous-pas chez-nous plus d e un-peu
<il-se-mit i l-crie que chez-lui drap pour-Ia-vente> de comité civique>
"Il se mit à crier qu ' i l avait un drap à vendre" "Tu vois que nous ne devons pas avoir plus d ' un petit comité
civique"
La valeur de parfait se retrouve aussi dans les compléti­
ves en situation de discours. L' incidence est alors le présent J ' ai également relevé un seul exemple de la forme avec
du locuteur. Sel on mon informatrice de La Valette, dans un l ' auxi liaire temporel /kt;ïn/ " i l était" , qui reste invariable
énoncé comme celui de l ' ex. 5 ci-dessous, il ne serait pas pos­ comme lorsqu' il est employé avec /ikbl lu/. La rareté de cette
sible d ' utiliser /kéllu/ à la place de /oandu/, ce qui semble uti l isation mérite d ' être soulignée, vu sa relative fréquence
confirmer que /kél lu/ ne peut être ut i l isé avec une valeur de dans les dialectes arabes :
parfait ( voir p. 292) :
9. /yt;ïn kt;ïn °ad °andi t8rtIn/
5. /tiftakru méta °idna l i °andna s itwaccy5ni wal;da/ <moi il -était encore chez-moi "thirteen">
<vous-vous-souvenez quand nous-dîmes que chez-nous situation "Moi , je n' avais que 13 ans"
une>
"Vous vous souvenez quand nous avons dit que nous avions une 2.2. /kÉ: Uu/
situation unique ?"
Avec /kéllu/, on retrouve plusieurs emplois assumés habituel­
Si un adverbe situe l ' énoncé dans le futur, i l n ' est pas lement par la c. suff.
exclu qu'on puisse employer /o andu/. I l ne s' agit pas d ' une /kéllu/, comme la c. suff. des autres verbes, est fréquem­
valeur propre à la forme verbale, mais bien plutôt d ' une ment employé en contexte de passé, dans un récit, avec une
util isation stylistique de la valeur de présent générique. Dans valeur d' aoriste. La forme marque que le prédicat est considéré
l ' exemple ci-dessous, la sortie mentionnée par l ' objet de dans son achèvement. Il en est de même dans une subordonnée
/oandna/ est inscrite dans un processus habituel, ce qui complétive (ex. 2 ) . Je n' ai , par contre, relevé aucun emploi de
explique peut-être le choix de /oandna/ p lutôt que /ik611na/, /kéllu/ en contexte de discours avec une valeur de parfait.
forme décr ite habituell ement comme marquant le futur :
1. /i l-karniv�l taO-na kéllu bidu f-I-df l;ames miyya u l;amsa u
6. /oas o�da °andna l-éwwd taO-s-saoar/ tletIn/
<car demain chez-nous le-premier de-I e-mois> <le-carnaval de-nous i l-eut début dans-Je-mille cinq cent et
"Parce que demain nous avons la première ( sortie) du mois" cinq et trente>
"Notre carnaval a eu ( son) début en 1535"
/oandu/ peut être utilisé en dépendance, après 2 auxi l iai­ 2. éanni fetan il-basket goff l i kel l u ndejh, mim l i nobz
res, celui qui marque l' itératif, /réga ° /, à la c. préf. , qui biz-zejt ( Friggieri 1986 : 21 )
s' accorde en genre, nombre et personne, et après un auxil iaire <Jean il-ouvrit Je-panier informe que i l-avait près-lui ,
modal /imiss/ "devoir", qui s' accorde également, alors que tous rempli pain avec-l ' huile>
414 Phrase nominale , existence, localisation et possession La possession 415

"Jean ouvrit le panier informe qu' il avait à côté de lui , 10. /sÉ:taO kÉ:l lna sitwaccy3ni diffcrÉ:nti mÎlli °andna/
6 <il-put nous-avions situation différente de-que nous-avons>
rempli de pain à l ' huile,,
3. /mous °as ma-kÉ: lli zm�n nara-oa/ "Nous aurions pu avoir une situation différente de celle que
<ne-lui-pas car ne-j' avais temps je-v ois-elle> nous avons"
"Ce n' est pas parce que je n' avais pas le temps de la voir "
4. /kÉ:llu mm:yn y;Qr:Jg/ Lors de l ' étude des valeurs modales de la c. suff. ( p .
<il-avait de-où i l-sort> 45-9 ) , i l n ' a pas été fait mention d e l ' expression d u souhait,
"Il avait par où sortir" pourtant fréquente avec cette conjugaison dans les dialectes
5. /l).iiga li kÉ:Wa s tiesam mao-l-kacca/ arabes. Or si elle est exclue du domaine de la c. suff . en
<chose que elle-avait quoi elle-partage avec-la-chasse> maltais , il se trouve qu' il en reste une trace avec /kÉ:Uu/
"Une chose qui avait à voir avec la chasse"
6. [k�nna ommena mâra sÎQal ( Stumme 1904: 58, 1. 20) I l . /oiida kÉ:lli bZ:Jnn immur ingÉ:ddcd I-tr tlkct ta y�n/
<demain j' avais besoin je-vais je-fais-renouveler l' "air
<nous-avions mère-nous femme vieille> ticket" tiens moi>
"Nous avions notre mère ( qui était ) une vieille femme" "Demain j' aurais besoin d' aller ( = ce serait bien si j ' al­
lais ) faire renouveler mon billet d' avion, tiens, moi"
/kÉ:llu/ peut être translaté dans un passé de deuxième 12. /b�s tikbcr kÉ:llck bZ:Jnn t6k:Jl/ ( Q )
degré au moyen de l ' auxi liaire /k�n/ "il était" : <pour tu-grandis tu-avais besoin tu-manges>
"Pour grandir, tu ferais bien de manger" ( i l serait souhaita­
7. /1zda k�n ga kÉ:llu l-knfsya t60-u/ ble que tu manges )
<cependant il-était déjà il-avait l ' église de-lui>
"Mais il avait déjà eu sa propre église"
2.3. /ik� llu/
/kÉ:Uu/ connaît la plupart des utilisations en dépendance
d ' un auxiliaire que connaissent les autres verbes à la c. 2.3.1. La concomitance
suff . J ' en ai relevé des emplois après l ' auxiliaire d' itératif
/rÉ:gao/ et l ' auxi l iaire modal /sÉ:tao/ "pouvoir". Tous deux sont Tout d' abord il faut signaler un emploi encore très expressif
invariables, et demeurent à la 3ème pers. masc. sg. Cette ( et facultatif ) de /ik;Uu/ précédé du préverbe /?ctl si le
invariabilité, comme celle des autres auxiliaires avec /ik;llu/ locuteur veut particulièrement insister sur la concomitance
(voir p. 295 ) peut s ' expliquer comme ùne trace de l ' origine de avec l ' acte d ' énonciation. La périphrase exprime donc un inac­
ces deux paradigmes , c' est-à-dire un verbe "être" à la 3ème compli concomitant comme pour les autres verbes de la langue
pers . masc. sg. :
1. /?ct- ik;llu parfri tayybln minn ° and si Qatt6Q:Jr/ ( II I , 64-5 )
9. /si gimaOtÉ:yn wara rÉ:gaO kÉ:llu bZ:Jnn imGr °and fayyÉ:ncu/ <en-train-i l-a conseils bons de chez quoi un-autre>
<quoi deux-semaines après il-revint i l-avait besoin i l-va "Il était en train d ' avoir de bons conseils de quelqu' un
chez Fajjenzu> d' autre"
"Quelque deux semaines plus tard il a eu de nouveau besoin
d'aller chez Fajjenzu" 2.3.2. En contexte de futur

Un emploi fréquent de /ik;llu/ est son util isation en contexte


6 de futur , comme ce peut être le cas pour une c. préf . ordi­
Le nobz biz-zejt est l ' en-cas national. C' est une tranche de naire. /ik;llu/ se présente alors comme une conséquence logique
pain sur laque lle est versée de l ' huile et qui est frottée avec de ce qui précède dans l ' énoncé :
de la tomate.
-

416 Phrase nominale, existence, locali sation et possession L a possess ion 417

1. likŒnu yifu b-ekk yew ik6W :::Jm id�yya i k6W :::Jm i).y91 taO dïk 9. Gnada gnad iko l l na bzonnu ( Friggieri 1986: 127 )
, <demain encore nous-avons besoin-lui>
it-tarbfyya s °ad issïrl
<il-seront i ls-savent avec-ainsi ou i ls-ont idée ils-ont "Demain, nous pourrions avoir besoin de lui"
indication de celle-là le-bébé ( f . ) quoi encore elle-devient>
" I l s sauront ainsi, ou i l s auront une idée, i l s auront une 2.3.3. En contexte de passé
indication sur ce qu' i l adviendra de ce bébé"
2. Meta nsiru ndaqs, i l -kelma poplu jko l l ha tifsira snina lik611ul peut également être utilisé en contexte de passé, dans
(Friggieri 1986 : 64) un récit, comme la c. préf. , avec une valeur de passé d ' habi­
<quand nous-devenons égaux, le-mot ( f . ) peuple elle-a sens tude, dont on ne considère pas l ' achèvement. Il s' agit donc
( f . ) entière> fondamentalement d ' un inaccompli
"Quand nous serons égaux, le mot peuple aura tout son sens"
3. 1° as y9n kull ma irrld ik611il 1. Imiss�r-i k9n [ mastr:::Jd assa] u dak il-fdâl li ik611u tal).t
<car moi tout que je-veux j ' ai > i l-lcssŒnal ( 1 , 182-3)
"Parce que moi , tout c e que j e veux, j e l' aurai" <père-moi il-était charpentier et ce lui-là les-restes ( sg. )
que il-a sous l ' erminette>
lik611ul peut également être précédé d ' une particule ou "Mon père était charpentier et ces restes qu ' il avait sous
d'un préverbe de futur quand le locuteur veut insister sur le l ' erminette"
caractère certain de l ' état à venir ( avec Ise/, Isal ou Il).a/) 2. Ifrenc l).arq� miskÎn minn g:::J s-sigar Cas wara d-dar taO-r­
ou bien sur son éventualité (j°ad/ ) . Il faut remarquer que ce rai).al ik6W :::Jm l).afna sigarl
futur peut aussi bien se situer par rapport au présent, que par <Frene i l-sortit pauvre de dedans les-arbres car derrière la­
rapport à un moment passé ( ex. 8 ) : maison de-Ie-vil l age ils-ont beaucoup arbres>
"Frene sortit, le pauvre, des arbres, parce que derrière les
4. Ise-ik611u d-dawl minn awl maisons du village ils avaient beaucoup d ' arbres"
<FUT -il-a la-lumière de ici>
"Il va avoir l a lumière par ici"
7
5. Imous sa-ik6 l l i kannil 2.3.4. Valeur modale d'éventuel
<ne-lui-pas FUT-j ' ai tuyaux>
"Je ne vais pas avoir de tuyaux" Les princ ipaux emp lois de lik611ul relèvent en fait de valeurs
6. ll).a-ik6Ibk tneynl modales.
<FUT-tu-as deux> lik611ul peut être employé dans des énoncés marqués comme
"Tu vas en avoir deux" imaginaires, hypothétiques, dans lesquels il exprime une éven­
7. ImoQs l).a-ik6ll i i).afna fl�yyesl tualité ou une supputation :
<ne -lui-pas FUT-j ' ai beaucoup argents>
"Je ne vais pas avoir beaucoup de sous" 1. lik6Wa s-suf il-faz3la ik6Wa l-mustacci ik6Wa d�nb- oal
8. lik6W:::Jm si bOlma se-ik6Wa l-fr9i).1 <elle-a la-laine les-haricots (c oll . f . ) el le-a les-mousta­
<il s-ont quoi bête FUT-elle-a les-petits> ches e lle-a queue-elle>
"Ils avaient une bête ( qui ) allait avoir des petits" (récit ) "Ça aurait de la laine, des haricots 7 Ça aurait des mousta­
ches 7 Ça aurait sa queue 7" (questions de Ganan, personnage
facétieux, qui vient de trouver un chat dans un chaudron où
sa mère avait mis des haricots à cuire )
7
Le pluriel enregistré par le dictionnaire d ' Aquilina ( 1987 ) 2. lik611bm °aH-b�yl).1
est "kanen" . <vous-avez pour-la-vente>
"Vous en auriez à vendre 7"
La possession 419
418 Phrase nominal e, existence, local isation et possession
par
es de la nég atio n sont port és
3. /o<3.°tu kaz ik;l l:Jk wf<ïl).cd ycw tncyn/ /kï;in/ est abr égé . Les mor phèm
<nous-donnons cas tu-as un ou deux> l' aux iliai re :
"Par exemple, tu en aurais un ou deux" ( on demande à l ' inter­ id-d �r/ ( 1 , 204 -5)
locuteur d' imaginer ) 1 . /[kc n]-i k;W :Jm il-b §.Yb is [ . . . 1
<i l-ét ait- elles -ont 1es- "bab ies" la-m aiso n>
4. /kullimkf<ïn inbéna allUra l-oaslifar yiÜPu ma-ibW;m-s mais on"
"Ell es avai ent les bébé s à la
fcyn ibéyytu/ -l)� rcs/
2. /kin -ik; llna hafn a dya r bi-l
<partout il-fut-construit alors les-oiseaux ils-partent ne­ sons avec-le-fantôme>
ils-ont-pas où ils-font-leurs-nids> <il-é tait -nous':'avons beaucoup mai
avec des fantômes"
"P �rtout on a construit, alors les oiseaux partent, ils n' au­ "Nou s avio ns beau coup de maisons
a/ ( 1 , 211- 2)
raient pas où faire leurs nids" ( c ' est-à-dire que même s ' ils 3. /yï;in ma- kf<ïn -s ik;l li l):Jbz l)afn
coup >
restaient ils n' auraient pas où nicher ) <mo i ne-i l-ét ait- pas j ' ai pain beau
pain "
5. /iz-zgUr k ik;Wa I-hrlâf trld tardai "Moi , je n' avai s pas beaucoup de
<le-sûr si elle-a les-p etits elle-veut elle-tète>
" e ' est sûr que si elle avait des petits , elle devrait donner h) Avec d 'autres aux il iaires
à téter"
s dive rs aux il iair es exprimant
/ik; llu/ peut être util isé aprè
ou des mod alit és. Deux d' entre
des noti ons acce ssoi res du tem ps /régao/ et
2.3.5. EmpL o is en dépendance d'un auxil iaire avec /oandu/
eux seulement sont compati bles du/ " il a" :
aux ilié par /oân
/ik;llu/ est aussi la forme utilisée si le pseudo-verbe "avoir" /im iss- /. /ik; l lu/ peut mêm e être
dépend d ' un auxiliaire quel qu ' il soit, et ce, de manière beau­ keU ha dejjem u jibq a' jko
LLha
, 1 . gzira maqtugna gnaL ija L i
coup pl� � fréquente que �oandu/. Il est remarquable que tous gier i 1986
m inn dar taL-v iHeggjatura ( Frig
. : 28 )
les auxIl iaires, devant /ik:Jllu/, sont invariablement à la 3ème
pou r-m oi que elle -av ait touj ours et il-r este
pers. masc. sg. , trace de l' origine de cette forme (voir p. <île coup ée
re>
elle -a de mai son de-l a-vi llég iatu
409) . Il faut toutefois signaler une exception à cette règle,
î le coup ée de moi qui a touj our s eu et qui cont inue ra
chez une locutrice de Keréem à Gozo qui a fait une fois un "Une
ure"
accord au pl. à la 3ème pers . Elle commettra d ' ailleurs la même d' avoi r des mai sons de villé giat
me : 47 , 1. 7 )
2. [uli jist a 3ât ik�l li] ( Stum
1904
"erreur" avec /fI-/ (voir p. 396 ) . La "faute" est "grave" et
<et- que il-p eut enco re j' ai>
rare selon mon informatrice de La Valette. Il s ' agit peut-être
d' une hypercorrect ion , cette locutrice ayant fait des efforts "Et que je pou rra i encore avo ir"
pour me parler en "standard" et non dans son dialecte natal 3. /m-oandU-s ik;l bk pr:Jb lÉma/
mai s la "faute" peut aussi révéler l' amorce d' une évolution d; <ne- chez -lui -pa s tu-a s prob lèm e>
lèm e"
,
/ik:Jllu/ vers un plein statut verbal dans son dialecte, les "Tu ne devr ais pas avoi r de prob
4. /ml n yaOz d it-t rf<ï? it-t�yyb
a/
auxil iaires fonctionnant comme avec un "vrai" verbe :
/oan du ik;l lu l-pn spcr ita/
onn e>
1. /ma-kinU-s ik6W:Jm/ <qu i i l-ch oisi t le-c hem in (f . ) la-b
<ne-ils-étaient-pas ils-ont> <che z-lu i il-a la-p rosp érit é>
"Ils n' avaient pas" "Cel ui qui cho isit le bon chem in"
"Dev rait avoir la pros péri té"
U i (Friggieri 1986 : 156 )
5. M'gnan dix , imm a jmi ssu jko
he- lui j' ai>
a) Avec L 'auxil ia ire /klân/ "u éta it" <ne- che z-m oi-p as, mai s il-t ouc
, mai s je dev rais en avo ir"
"Je n' en ai pas
La p�ri � hra� e composée de /klân/ + /ik6llu/ permet d' exprimer le
passe d habitude, comme la même construction avec la c. préf .
Les deux termes forment une unité accentuelle et le /ï;i/ de
420 Phrase nominale, existence, local isation et possession La possession 421

Dans l ' exemple ci-dessus il faut remarquer que l ' emploi "Tout le monde veut que le poète ait une fonction dans la
' société"
de lik�llul après l ' auxiliaire limissl apporte une valeur de
futur absente de la périphrase avec / oandul qui , elle, marque 4. Ir&id-na li ik�llna l-kassi fi -l-l)d�sl
un présent ( voir p. 412-3 ) . <il-vou1ut-nous que nous-avons les-caisses dans-Ie-onze>
"Il voulait que nous eussions les caisses à onze heures"
6 . lirld ik�lbk l)add&ima bizzéyycdl 5. Anna b iss nafu x' jigifieri jkol lna pajjiz snin fuq spaL L ej­
<il-veut tu-as ouvriers suffisamment> na, anna biss CFriggieri 1986 : 1 0 )
"Tu dois avoir suffisamment d' ouvriers" <nous seulement nous-savons quoi c ' est-à-dire nous-avons pays
7. lirld ik�W::>m strutt6ral entier sur épaules-nous, nous seulement>
<il-veut ils-ont structure> "Nous seuls savons ce que cela signifie que d ' avoir un pays
"Ils doivent avoir une structure" entier sur les épaules, nous seuls"
8. jerga' ikol lna okkazjo ni nsemmuhom ' i l quddiem ( Borg 1988 : 53) 6 . f?ct-nippr3va ik�l1i l)séyycs fll)na diffcréntil
<il-revien t nous-avo ns occasions nous-men tionnons- eux à <en-train-j' essaie j ' ai bruits langues différents>
devant> "Je suis en train d' essayer d' avoir des bruits, des langues
"Nous aurons de nouveau l ' occasion de les mentionn er plus différents"
loin"
2.4. Avoir et l ' expression de " dispositions subjectives"
/
On remarquera dans ce dernier ex. , que la périphrase avec
lycrgaOI + lik::>l lul a un sens futur alors qu' i l s ' agissait Benveniste ( 1966: 198 ) , tout en reconnaissant le caractère
'
d ' un présent avec IOandul ( ex. 7 p. 413 ) . transitif de "avoir", le définissait comme un "verbe d ' état"
pouvant aussi bien servir à décrire un " état émotionnel" qu' un
9. Iy�?o::>d ik�Wa si tOïdl ( Q )
"état physique" ou "mental" ou encore "de possession" . Ceci
<il-s' assoit elle-a quoi elle-dit>
explique "pourquoi avoir se prête en maintes langues à former
"Elle n' arrête pas de se quereller" des périphrases pour des dispositions subjectives "avoir
faim, avoir froid, avoir envie . . . " , pui s "avoir la fièvre" ,
2.3.6. Emplois modaux en subordonnées plus vaguement, cependant avec référence claire au sujet
affecté "avoir un fils malade" . Dans aucun de ses emplois
lik�llul est aussi la forme employée dans les subordonnées avoir ne se réfère à un objet , mais seulement au sujet . " C' est
circonstanciel les de but et dans des complétives où le verbe de effectivement la marque d ' un rapport privilégié avec le sujet
la principale exprime une modalité, tels Iri;ïdl "vouloir" ou qu' expriment les pseudo-verbes "avoir" en mal tais dans toutes
Iyafl "savoir" . Il en est de même lorsque lik;Uul n' est pas les acceptions envisagées par Benveniste. On peut y voir en
introduit par un relateur et suit directement le verbe dont i l plus, dans le cas de "avoir un fils malade" , comme D. Cohen me
est l ' objet ( ex. 6 ) . l ' a suggere, un "procédé de retardement", c'est-à-dire une
utilisation rhétorique de la mise en attente de l ' information,
1 . Ibi;ïs il-l)add&ima ik�W::>m °add kbïr taO gr�nct taO mistr&ihl ce qui permet de ne pas la donner brutalement et de ménager un
· effet de "surprise" .
<pour les-ouvriers ils-ont nombre grand de journées de repos>
"Pour que les ouvriers aient un grand nombre de jours de Si les premières "dispositions subjectives" mentionnées
repos" par Benveniste semblent être courantes dans le domaine arabo­
2. It�rb::>t awn bi;ïs ma- ibll�k-s l)mi;ïg m&io-ul phone ( voir par ex. W. Marçais et a U i 1959: 2715-6. Voir aussi
<tu-l i es ici pour ne-tu-as-pas saleté avec-lui> Caubet 1989: 548, avec toutefois la mise en œuvre d' autres
"Tu fais un lien ici, pour ne pas avoir de saleté avec" prépositions telles Ifï/ "dans" ou Ibï/ "avec" dans la forma­
3. Ikull)att irld li l-p::>éta ik�l1u funcy3ni fi-s-s::>cyctal tion d ' un pseudo-verbe "avoir" ) , les diverses descriptions
<chacun il-veut que le-poète i l-a fonction dans-Ia-société> dialectales que j ' ai pu consulter ne permettent pas de savoir
422 Phrase nominale, existence, l ocal isation et possession La possess ion 423

9
si des phrases du type "avoir un fils malade" sont possibles 7. 10andi l-gul)/
ail leurs qu ' en maltais . Je me suis d' abord livrée à un petit <chez-moi l a-faim>
S "J ' ai faim"
test avec la complicité d ' un ami locuteur du dialecte tunis ien
de la région du Cap Bon . Je lui ai fait traduire dans son 8. Im-oandI -5 inkw6t/
dialecte les phrases 11 à 22 ci -dessous . Il en ressort qu' il <ne-chez-moi-pas inquiétude>
n ' a pu utiliser /"and/ dans les ex. 1 1 à 18, ceux, justement, "Je n' ai pas d' inquiétude"
où 10 andl apparaît surtout comme un procédé de retardement. Par 9. 10andck ragUnl
la suite, Dominique Caubet m'a signalé que , dans le dialecte <chez-toi raison>
marocain de la région de Fès par contre, tous les énoncés sans "Tu as raison"
exception étaient tradui sibles par un pseudo-verbe "avoir". Il 10. gnandi deni qawwi (Friggieri 1986 : 1 )
n' est donc probablement pas nécessaire de supposer une influen­ <chez-moi f ièvre puissante>
ce de l ' ital ien comme je l ' avais d ' abord cru ( et comme auraient "J'ai une forte fièvre"
pu le lai sser soupçonner des emplois où c' est un terme d ' ori­ Il. 10as kéWa r-r&gd tiJ.l)-l)a méyyct/
gine italienne qui est complément de "avo ir " ) pour expliquer <car el le-avait l ' homme de-elle mort>
ces constructions mai s on peut plutôt y voir un développement "Parce qu' elle avait son mari ( qui étai t ) mort"
connu aussi d' autres dialectes arabes. Il serait d ' ai lleurs 12. Ik�llck diga t-tfal mizzcwwgInl
intéressant d' établir quelle en est l ' extension dans le domaine <tu-avais déjà les-enfants mar iés>
arabophone. Voici quelques exemples de ces "dispositions" que "Tu avais déjà tes enfants mariés ?"
Benveniste a qualifiées de "subjectives" 13. lissa nar nQS i l l i kéW8m tfayla marldal
<maintenant je-sais gens que i ls-avaient fillette malade>
1. /m�ta k�lli si tniisil sénal 0, 9 ) "Alors je connais des gens qui avaient une fillette malade"
<quand j' avais quoi douze année> 14. IOa5 kéWa l-p&tri l)u r-r&gd tiJ.l)-l)al 0, 229-30)
"Quand j' avais environ douze ans" <car elle-avait le-moine frère l ' homme de-elle>
2. lu ma-kcll n6-s aptIt inl)allu I-p8st/ "Parce qu' elle avait le moine ( qui était ) le frère de son
<et ne-nous-avions-pas envie nous-quittons l' endroit> mari"
"Et nous n' avions pas envie de quitter l ' endroit" 15. Itikbstitwissi pr5pyu is-s15t illi °andu n6?cs/
3. Ima-kcW6m-s cans im6rru bi-cal <elle-constitue proprement le-"slot" que chez-lui manquant>
<ne- ils-avaient-pas chance i ls-vont avec-elle> "Elle constitue proprement la part i e qu ' il a (qui lui ) manque"
"Ils n' avaient pas une chance d' al ler avec elle" 16. loandck za??-ck téOlb-ckl
4. /bQS id-dranagg ma-ibl lU-s s ya?sam mac ?udd6ml <chez-toi ventre-toi i l-vainc-toi>
<pour le-drainage ne-il-a-pas quoi il-partage avec devant> "Tu as ton ventre ( qu i ) te vainc" ( = "tu as les yeux plus
"Pour que le drainage n' ait rien à voir avec le devant" gros que le ventre" )
5. loandck i l-bidu taO rQl)1 17. Ik�l l i grizm�y-ya yugOU-ni l)afna/
<chez-toi le-début de vent> <j' avais gorges-moi il s-font-mal-moi beaucoup>
''Tu as un début de rhume ?" "J' avais ma gorge qui me faisait très mal"
6. Imïn °andu l-kuragg imUr yiira f i lm/ 18. Ikél l i niiOga mitit-I-il
<qui chez-lui le-courage il-va il-voit film> <j ' avais mouton ( f . ) elle-mourut-à-moi>
"Qui a le courage d' aller voir un film ?" "J ' avais un mouton ( qui ) m' est mort"

9
8 Il s' agit d' Omar Bencheikh, membre de l ' URA 1066 du CNRS que Une autre façon plus fréquente de dire "j'ai faim", "j'ai
dirige David Cohen, et que je remercie vi vement. soif", " j ' ai sommeil" est Ibi-l-gUl)1 <avec-la-faim>
Ib i-I-OiitSl <avec-la-soif> et Ibi-no&s/ <avec-sommeil>.
424 Phrase nominale, existence, localisation et possession La possess ion 425

19. /kïf tlnzcl ir-rumclna inti °andck il-pIz t�rgaO lara/ 3. /y�n kél l i 1 dïk fmma 1 dïk ?att ma-rayt-Oa ta il dïk l i
<comment el le-descend la-romaine toi chez-toi le-poids ( f . ) ya?tOu bf-oa l-kcyl/
elle-revient en-arrière> <moi j' avais à celle-là mais à celle-là jamais ne-tu-vis-elle
"Comme elle descend, la balance romaine, toi tu as le poids tiens à celle-là que i ls-coupent avec-elle la-mesure>
( qui ) revient en arrière" "Moi j ' avais ce truc, mais ce truc jamais tu n ' en as vu,
20. /oas °andi l-mara t�i).u pacéncya bf-oa i).afna/ tiens, ce truc avec lequel ils coupent la mesure"
<car chez-moi la-femme elle-prend patience avec-elle beaucoup>
"Parce que j ' ai ma femme ( qui ) s' occupe beaucoup d' elle"
2.6. L'ordre des termes
21 . gnax gnandi skrivanja karti qiegnda tistennieni (Friggieri
1986 : 6 )
Les descriptions des dialectes arabes qui ont formé un pseudo­
<car chez-moi bureau ( f . ) papiers assise el le-attend-moi>
verbe "avoir" (voir par ex. D. Cohen 1984: 585 et Caubet 1989 :
"Parce j ' ai un bureau ( plein de) papiers ( qui ) est en train
456 ) font généralement remarquer que la verbalisation de la
de m' attendre"
construction prépositionnelle a entraîné un renversement dans
22. kel lha jakkompanjawha ( Fenech 1978: 57 /
°
<elle-avait i ls-accompagnent-elle> l ' ordre des termes de la phrase. Il en a été de même en maltais
"El le avait (des gens qui ) l ' accompagnaient" où deux énoncés tels que /oandi l-kt�b taO 8i).t-i/ et /il-kt�b
taO 8i).t- i °and-i/, qui ne se différencient que par la position
relative des termes les uns par rapport aux autres, ont en fait
2.5. "Avoir", verbe transitif deux sens différents, "j' ai le l ivre de ma sœur" pour le
premier et "le l ivre de ma sœur est chez moi" pour le second .
En tant que verbe transitif, "avoir" se comporte comme tous les Or, même si /oandu/ précède le plus souvent son compl ément
autres verbes de cette catégorie, et nombre d' exemples donnés lorsqu ' i l signifie "avoir", le maltais n' offre pas la même
jusqu' à présent font apparaître un complément d' objet direct. rigi dité dans l ' ordre des termes que le marocain par ex .
Une particularité du maltais, est que ce complément peut être ( Caubet 1989: 456 ) . Il peut en effet lui être postposé pour des
introduit par la préposition /lil/ "à, pour" ( souvent abrégée raisons de topicalisation du comp lément de "avoir". L' énoncé
en /li/, /il/ ou simp lement /1/) si celui-ci est un pronom ou peut alors être ambigu ( voir ex. Z ) , mais ce n' est évidemment
un terme désignant un être humain ( voir Aquilina 1965 : 1 1 4 ) . Les pas le cas lorsqu ' i l s' agit de la forme négative ( la négation
pseudo-verbes "avoir" ont ce même comportement : de /oand-u/ "chez lui" se fait au moyen de la particule négati­
ve /mous/ et non au moyen de la négation verbale discontinue ) ,
1. /m-oandi 1 i).att/ lorsque ce sont les formes à base verbale qui sont utilisées
<ne-chez-moi à personne> (ex. 4 et 5 ) , ou bien que l ' objet de la possession est un
"Je n ' ai personne" substantif abstrait (ex. 1 )
2. /méta 8mm-i kéWa liI-i/
<quand mère-moi elle-avait à-moi> 1 . /y�n pacéncya ° andi/
"Quand ma mère m ' a eu" <moi patience chez-moi>
"Moi, de la patience, j ' en ai"
2. /ins8mma dan il-kannéstru taO-na taO-I -i).8bz °cld-u °andi/ 0,
210-1 )
10
L' exemple est extrait du journal L-Orizzont du 9.8. 1973, p . <enfin celui-ci le-panier de-nous de-le-pain encore-lui chez­
2. Pour cet énoncé, o . Bencheikh a employé une construction moi>
avec /"and/, mais non suivie d ' un verbe : /kandt "andha nas
ma"aha/ "elle avait des gens avec elle". Le complément de
/"and/ ne peut pas non plus être omis.
426 Phrase nominale, existence, localisation et possession La possess ion 427

"Enfin, ce panier à nous, ( l e pan ier ) à pain, je l ' ai en­ réside dans l ' utilisation des éléments discontinus de la néga­
ll tion verbale au lieu de la particule de négation nominale.
core"
3. IpastUri zOar m-oandk;m-sl Quant au fonctionnement de ces formes comme prédicat , une
<santons petits ne-chez-vous-pas) de leurs originalités par rapport au reste du système verbal
"Des petits santons, vous n ' en avez pas 7" est qu' elles présentent un système à trois termes et non à deux
4. IwaQda p:Jcziyya kélli illi g�t trad6tta minn Qatt6Q:Jrl ( compte non tenu des préverbes et auxiliaires ) .
<une poésie j' avais que elle-vint traduite de un-autre> IOandul et lik611ul se partagent l a plupart des valeurs et
"Une poésie, j ' en avais une qui a été traduite par quelqu' un emplois de la c . préf. sans et avec préverbe de concomitance :
d' autre" présent générique et progressif, emploi après quelques auxi­
5. lallUra f lus kÉ lli y�nl liaires toujours avec une valeur de présent de la périphrase,
'
<alors argent j' avais moi> pour le premier ; progressif "marqué" ( avec préverbe I?ctl ) ,
"Alors de l ' argent, j ' en avais, moi" fu�ur, inaccompli passé dans le récit, modal pour l e second.
IOandul connaît en plus une valeur de la c. suff. , celle de
parfait avec toutefois une restriction syntaxique : elle semble
2.7. Avoir comme auxiliaire n' être possible qu ' en subordonnée complétive. Enfin, il faut
noter que loandul ne s' utilise que de manière très exception­
Nous avons vu ( p . 300 sq) ces trois formes sont employées comme nelle après l ' auxil iaire temporel Ik�n/.
auxi liants d ' une périphrase verbale , elles signifient "devoir" . IkÉllul possède quant à lui une partie du fonctionnement
Pour l e détail de cette utilisation, s e rapporter à ce de la c. suff. Il présente l ' état comme achevé mais seulement,
chapitre. sembl e-t-il, dans le récit. Il peut également être translaté
dans un passé de deuxième degré au moyen de l' auxiliaire Ik�nl
3. Conclusion et être utilisé après l ' auxil iaire d' itératif et l ' auxiliaire
modal IsétaOI "pouvoir". Ikél lul permet également d ' exprimer un
Il a été montré, au début de ce chapitre, comment le maltais souhait, possibilité qu ' a perdue la c. suff . en maltais. Sur le
avait fabriqué des pseudo-verbes pour l ' expression de la plan des contextes, Ikéllul est donc lié au passé et au futur .
possession au moyen, classique dans les dialectes arabes, de la Il a été noté que tous les auxiliaires qu' i l est possible
préposition IOandl "chez", et aussi, de manière plus originale, d ' util iser avec ces trois formes demeurent invariables à la
grâce au verbe Ik�nl "être" suivi d ' une préposition marquant 3ème pers. masc. sg . Les seules exct;.ptions régulières se
l ' appartenance IUli "à, pour " . produisent avec l ' auxi liaire itératif IrcgaOI et l ' auxiliaire
Morphologi quement , l e s formes IOandu/, Iké llul et lik6llul modal limiss-I devant IOandu/. Toutefois, on a remarqué un cas
ne peuvent être considérées comme des verbes au même titre que d' accord dans un idiolecte dans la périphrase composée de Ik�nl
+ lik61lu/, peut-être le signe d' une avancée supplémentaire
ceux qui connaissent les c . suff . et préf. , mais elles s' appa­
rentent toutefois aux quelques verbes ou auxiliaires de la vers l ' intégration totale au sein du système verbal .
langue qui , comme e lles , peuvent se conjuguer au moyen des U n paragraphe particulier a été consacré à l ' étude d e l a
pronoms suffixes (lyiscml "s' appeler", IQa??l "mériter" , Imcssl multiplic ité des emplois syntaxiques des pseudo-verbes "avoir"
"devoir " ) . Un autre rapprochement de ces formes avec le verbe pour montrer combien ils se développaient dans l ' expression de
"dispositions subjectives" et comme "procédé de retardement" .
Un dernier souci a été de souligner comment ces formes
pénètrent progressivement dans la syntaxe ordinaire du verbe,
11
L' objet de la possession étant bien concret, cette phrase est d' abord par la possibilité d' employer un marqueur particulier
ambiguë et pourrait être interprétée par "il est encore chez du complément d' objet commun aux autres verbes transitifs de la
moi". L' informatrice, questionnée, a répondu que ce n' était pas langue devant des noms propres ou des pronoms, et ensuite par
ce qu ' elle avait voulu dire, car nous nous trouvions dans la une relative l iberté de la place du pseudo-verbe, à la manière
maison où était rangé le panier. d ' un verbe "normal".
CONCLUSION GENERALE

Tout au long de ce travail une attention particulière a été


portée à la vitalité des formes et des constructions étudiées.
L' approche en a été essentiellement synchronique, mais elle a
voulu ouvrir des perspectives pour l ' étude de la dynamique des
évolutions.
Dans la rapide présentation de la morphologie verbale, la
confrontation des corpus ( dictionnaires et thèses) avec l e
parler d' une jeune informatrice a montré que l e s formes déri­
vées de sens passif connaissent un appauvrissement quantitatif.
Celui-ci trouve sa compensation dans le recours de plus en plus
fréquent à une expression périphrastique du passif au moyen
d'un calque de l ' italien avec un auxil iaire et un participe
passif.
Une autre méthode d' investigation a consisté en la compa­
raison du système verbal du maltais avec celui d' autres langues
sémitiques, l ' hébreu, l ' araméen, l ' arabe classique et dialec­
tal. Ceci a été particulièrement le cas dans l ' étude des deux
conjugaisons suffixale et préfixale, pour lesquelles j ' ai
illustré, selon cette méthode, la disparition ou le parallélis­
me de certains fonctionnements. Il est évident qu' une telle
approche ne dispense pas de l ' observation méticuleuse des fonc­
tionnements dans le corpus, les comparaisons ne trouvant leur
justification que pour confirmer les absences ou les parallé­
lismes et pour souligner les évolutions.
Au cours de l ' analyse interne et synchronique de l a
langue, l e développement des valeurs de certains syntagmes lié
au besoin d' expressivité a été mis en évidence notamment pour
les formes de concomitance ( amorce d ' une acquisition de la
valeur d ' i naccompli général ) et l ' expression de la possession
(utilisation comme procédé de retardement ) . Ce processus a pour
corollaire la disparition de certaines valeurs dans d' autres
formes ( ic i la conjugaison préfixale et la phrase nominale ) .
L' étude des auxiliaires, particules verbales e t préverbes
représente une large part de la recherche qui a été menée. Rien
d' étonnant à cela, puisque leur nombre s' élève à 45 et les
différentes combinaisons relevées dans le corpus à 208. Mais
430 Conclusion Conclusion 431

tout comme pour la phrase nominale ou à copule, les construc­ dans le cadre de ce travail. Ceci semble important pour analy­
tions existentielles, locatives et possessives, plusieurs cons­ ser et confirmer l ' évolution de certains syntagmes. La lecture
tructions synonymes ont été signalées. Elles n'en sont pas pour récente que j ' ai faite d'un roman datant de 1938 ( Guzè Ellul
autant identiques dans leurs fonctionnements et la vitalité de Mercer : Le l i ta' Haz-Zg11ir) m'a confortée dans cette opinion.
chacune d' entre elles a été notée sur plusieurs plans. Un plan On y trouve, par exemple, en abondance des formes surcomposées,
quantitatif d' abord : le degré de fréquence dans le corpus a dont certaines semblent avoir totalement disparu ; l' auxiliaire
été indiqué. Ensuite, sur le plan des diverses restrictions de continuité du procès /iss8kta/, dont nous avons vu qu' il
d' occurrences qui pèsent sur certains syntagmes : la compatibi­ était rare de nos jours et considéré comme archaïque, est
lité ou l ' incompatibilité avec l' inanimé ( on se souviendra de employé fréquemment avec toutes sortes de verbes ; le verbe
la subdivision durative par exemple ) , avec tout ou partie des /na.?as/ "manquer", dont le passé d' habitude est formé à l' heure
verbes des critères de niveau de langue oral ou écrit, actuelle de l' auxiliaire /kï;in/ suivi du participe actif, y est
poétique ou prosaïque des critères sociolinguistiques construit avec la conjugaison préfixale.
variétés "standard" ou "dialectal" , classes d'âge. Il faudra, toutefois, s' entourer d' une précaution indis­
Des indications diachroniques ont été fournies chaque fois pensable les auteurs qui ont fondé la littérature maltaise
que possible : le dépouillement du corpus recueilli par Stumme n' étaient pas exempts d'un certain préjugé qui leur faisait
( 1904) a permis de montrer le recul de certains syntagmes, rejeter les apports italiens, au lexique notamment (ce ne
notamment pour les auxiliaires inchoatifs. L' opinion des jeunes semble pas être le cas de celui cité ci-dessus ). Cette tendance
informateurs a confirmé les observations portant sur les est appelée sémitisante par les historiens de la littérature
classes d' âge : ainsi le sentiment d' archaïsme concernant les maltaise et elle a conduit un auteur comme A. E. Caruana, dans
formes surcomposées du passé d' habitude. son roman Inez Farrug ( 1889), à bannir au maximum les emprunts
Certaines évolutions constatées, celle de l' expression de à l' italien et à créer des néologismes fondés sur des racines
la concomitance par exemple, s' inscrivent dans la dynamique d' origine arabe qui ne sont plus que très difficilement
décrite pour les langues sémitiques par D. Cohen ( 1984 ) . Elles compréhensibles par les Maltais de nos jours.
reposent sur des potentialités qui leur sont communes. D ' autres
sont directement liées aux contacts de langues, comme l' expres­
sion périphrastique du passif. De ce point de vue il n' est pas
toujours facile de déterminer la part de ce qui est lié à la
dynamique interne de la langue et de ce qui est lié aux
contacts. Un exemple en est fourni par la phrase nominale : la
copule d' origine pronominale est bien arabe, mais sa progres­
sion est peut-être liée au contact avec les langues à verbe
"être" que sont l' italien et l ' anglais .
Il serait intéressant à l' avenir d e développer une recher­
che parallèle sur le sicilien, l ' italien, l' anglais et les
arabes dialectaux, pour essayer de déterminer avec précision le
degré d' influence des autres familles de langues sur la syntaxe
du maltais ainsi que ce qui appartient en propre à la dynamique
interne des évolutions constatées pour l ' arabe et les langues
sémitiques en général . Malgré tout, il faut être conscient
qu' il peut toujours exister des convergences entre des familles
de langues différentes, les types syntaxiques ne se développant
pas à l' infini.
Il serait profitable également de procéder à l' étude de la
littérature écrite au début du siècle, ce qui n' a pu être mené
A N N E X E

E X T R A I T S

o U

C O R P U S O R A L
La fabrication du pain 435

TEXTE N° 1 TEXTE N° 1

La fabrication du pain à la maison dans les années v ingt La fabrication du pain à la maison dans les années vingt

L' enregistrement a eu lieu en novembre 1985 au domicile de


l ' informatrice, une ancienne directrice d ' école, née et vivant
à Keréem à Gozo. Elle était âgée de 70 ans à l ' époque. Elle
s ' est efforcée de parler en maltais "standard" tout au long de
son récit . Les quelques réalisations dialectales sont données
en transcription phonétique, entre crochets carrés. Les énoncés
inachevés sont suivis de trois points de suspension.

1. mariyya kall�yya titk�llcm ft}? kIf k6nu yaOmlu (1) Maria Calleja va parler de la façon dont on faisait le pain
<Maria Calleja elle-parle sur comment ils-étaient ils-font>
I-Q.:Jbz m�ta k6nct o�d-oa zoIra. y�n niftakar quand elle était encore jeune. Moi, je me souviens qu' en ce
<le-pain quand elle-était encore-elle petite. Moi je-me-sou->
il li , f -dak iz-zm6n in-n6s k6nu temps-là les gens allaient à la boulangerie pétrir le pain
<viens que, dans-celui-Ià le-temps les-gens il s-étaient>
im;rru il-f;rn yaOgnu il-Q.;bz °âma. eux-mêmes. (5) Ce n' est pas que le boulanger venait et qu' on
<i ls-vont la-boulangerie il s-pétrissent le-pain eux. >
5 . mOus k�n yigi taO-I-Q.;bz u yistru I-Q.:Jbz achetait le pain chez lui. P arce qu' au village, les paysans
<Ne-Iui-pas il -était il-vient de-Ie-pain et ils-achètent le-pain>
minn °and-u. °al6s fi-r-raQ.al spccyalm�nt spécialement avaient leur blé, qu' il s moulaient et tamisaient.
<de chez-lui. Parce-que dans- Ie-vill age spécialement>
il-bd6wa [kcn] -ik;W:Jm it-taOam minn taQ.-Q.:Jm u Ensuite ils pouvaient faire le pain. Quand j' avais à peu près
<les-paysans i l-était-il s-ont le-blé de de-eux et>
yitQ.nâ-Q. u i O arblâ-Q. imbaoad k6nu douze ans, (10) parfois j ' avais envie d ' al ler faire le pain
<ils-moulent-Iui et ils-tamisent-Iui ensuite ils-étaient>
yÎseu yaOmlu I-Q.:Jbz. m�ta k�1li si tn�sil s�na moi-même pour être comme les autres femmes. Alors, quand nous
<ils-peuvent il s-font le-pain. Quand j ' avais quo i douze an>
1 0 . kultant bnt nitQ.ayyar immâr nit°md i l-Q.;bz y�n regardions vers l ' étagère et que nous voyions que le pain
<parfois j' étais je-me-sens-attirée je-vais je-f ais le-pain moi>
b�s inkân bQ.a-n-nisa l-;Q.ra. al lâra m�ta approchait de la fin, j ' allais chez la boulangère qui . . . /. . .
<pour je-suis comme-Ies-femmes l ' autre Cf. ) . Alors quand>
nQ.arsu [ 1ey ] l-iskaffa u naraw li I-Q.:Jbz
<nous-regardons vers l ' étagère et nous-voyons que le-pain>
r6sa? °a-t-tm6m bnt immâr °and i l -furn�ra l i
<approchant pour-Ia-fin j ' étais je-vais chez la-boulangère qui>
--

436 Récits et traditions La fabrication du pain 437

k6m:: t aw isfd u nOidi-l-oa "méta nistOu était ici, en bas, et je lui disais "Quand pouvons-nous (15)
<elle-était ici en-bas et je-dis-à-elle : "quand nous-pouvons>
15. naOgnu [ al)nal ?" dlk tal)sib-oa fUt u pétrir, nous ?" Elle réfléchissait un peu et me disait
<nous-pétrissons nous ?" Ce lle-là elle-pense-elle un-peu et>
eld-l-i : "ira int:::')ffi nOar l-érboa maO taO -l­ "Ecoute, vous, c ' est mercredi , avec la première . " Avec la
<el le-dit-à-moi : "regarde vous jour le-quatre avec de-Ie->
éwwd . " maO taO-l-éwwd yigif6ri l -éwwd biF k8ri première, ça veut dire la première "bakery", la première
<premier. " Avec de-le-premier c' est-à-dire le-premier "bakery">
l-r:wwd furnita li k6nct tklin , nOÎdu ahna fournée qui était, par exemple, à environ cinq heures du matin,
<la-première fournée que elle-était elle-est �ous-disons nous>
f -si l-l)amsa taO fi-l-05du km�ni km6ni. allUra lcy16t très tôt. Alors, la veille (20) de ce travail, qui était un
<dans-quoi le-cinq de dans-le-matin tôt tôt. Alors veille>
20. dln il-bicca s6°:)1 li dgi t-t16ta mardi, j ' allais chez la boulangère. Je lui disais "Donne-moi
<celle-ci le-morceau (f. ) travail que elle-vient le-trois>
bnt immUr °and il-furnira. nOidi-l-oa "tÎ-ni la levure !" Et celle-ci, dans une petite serviette, me donnait
<j' étais je-vais chez la-boulangère. Je-dis-à-elle "donne-moi>
il-l)mlra !" u dlk [gal sarvr:tta zOira k6nct l' équivalent d ' une poignée de pâte dans laquelle il y avait le
<la-levure !" et cel le-là dedans serviette petite el le-était>
ta°tÎ-ni da?s p:)nn °aglna li [ken] fI-l) ferment nécessaire. C' était quelque chose de vivant qu' il y
<el le-donne-moi çomme poignée pâte que il-était dans-lui>
il-fcrmentii1s8n [ ncccsirya l , k6nct l)iga l)ayya [gal avait (25) dedans. Et moi, je la rapportais à la maison. Ma
<la-"fermentation" nécessaire, elle-était chose vivante dedans>
25 . fr-oa u y�n n:)l)6d-oa d-dar. u 6mm-i mère me donnait une grande cuvette, un mondello de farine, un
<dans-elle et moi je-prends-elle la-maison. Et mère-moi>
ta°tÎ-ni zingla kblra u ta°tÎ-ni s�h d?�? peu d' eau tiède, qui ne devait être ni trop chaude ni trop
<elle-donne-moi cuvette grande et elle-donne-moi mesure farine>
u fUt iIma f6td la irld ikOn sl)lin .\:lafna u froide, un peu de sel et je les pétrissais avec cette levure
<et un-peu eau (m. ) tiède ni il-veut il-est chaud beaucoup et>
an?as k6sal) u fUt mdl) u naOgin-°:Jm mao dlk que m' avait donnée la boulangère. Ensuite (30) nous la
<moins froid et un-peu sel et je-pétris-eux avec celle-là>
i l-l)mlra llli tklin tit-ni l-furnira. imbaoad couvrions avec une serviette faite exprès, et dessus nous
<la-levure que el le-est elle-donna-moi la-boulangère. Ensuite>
30 . nOattO-Oa b-[ sarvétta] °al t-app6sta u fU?-Oa mettions quelque chose en laine, une vieille couverture ou un
<nous-couvrons-elle avec-serviette pour de-exprès et sur-elle>
naomlu si l)iga taO-s-[seof ] ycw si kOtra vieux pul l, et nous la laissions là. Le matin tôt, cette levure
<nous-mettons quoi chose cje-la-l?-ine ou quoi couverture>
?adlma ycw si [gérzc1 ?adÉ1m] u inl)allo-oa cmm . fi­ avait rempli toute la cuvette. Alors, celle-là, je la remettais
<ancienne ou quoi pull ancien et nous-laissons-elle là. Dans->
1-03du km6ni dlk i l-I)mfra [ itkOn] im16t (35) dans une autre grande serviette. Avec elle, je prenais un
<le-matin tôt celle-là la-levure elle-est e l le-a-rempli>
i z-zingla k611-oa. al lOra dlk nérgaO naomfI-oa demi- . . . /. . .
<la-cuvette tout-elle. Alors celle-là je-reviens je-mets-el le>
35 . [gal si sarvétta kblra 6hra. [mâh-ha] n6hu mfs
<dedans quoi serviette grande aut·re. Avec:"eÏIe je-prends moitié>
438 Récits et traditions La fabrication du pain 439

sk5ra d?�? u [nirl;I H-oa lcyn i l-f:>rn. sac de farine et je me dirigeais vers la boulangerie. Il était
<sac far ine e} je� me-dir} ge-à-elle vers la-boulangeri e . >
dana ikun °ad-u l-crbOa u n::>fs taO fi-l- encore quatre heures et demie du matin. Alors, Anna, parce que
<Celui-ci i l-est encore-lui le-quatre et moitié de dans-Ie->
°5du. allUra anna, °as anna [kcn]-yislmOa, anna c' est Anna qu ' elle s' appelait, Anna la boulangère, elle est
<matin. Alor;; Ann � , car �nna i l-é� ait-e, ue-s' appelle, Anna>
taO-l-f::>rn, °ad-oa l;ayya awnckk. anna toujours vivante, ici. Anna (40) la boulangère me disait
<de-la-boulangerie, encore-elle vivante ici-ains i . Anna>
40. taO-l-f;rn t"Id-l-i : "mari �ra hu [ dak] "Marie, regarde, prends ces bassines près du mur, parce que
<de-la-boulangerie elle-dit-à-moi Marie r�garde prends celui-là>
il-lcmbiyy�t maO-l-l;ayt, °as dak i O;dd °atI-k. " celle-là est pour toi . " J ' étais contente Une bassine, ça
<les-bassines avec-le-mur, car celui-là il-compte pour-toi. " >
k;nt inkUn fcrl;�na. lémbi k�n ?Is-u skuté lla ressemblait à un très très grand bol, mais fixé, ce n' est pas
(]' étais je-suis contente. Bassine ( m . ) i l-était comme-lui bol>
kbIra kbIra lmma mwahh la mOus . . . ma-tistaO-s . . . tu ne pouvais pas la bouger parce que tu en avais peut-être
« f . ) grande grande mais co lté e ne-lui-pas . . . ne-tu-peux-pas>
icca?la?-Oa °as [ kcn ] -ik;lbk f;rsi érboa, l;amsa l;dcyn quatre ou cinq (45) les unes à côté des autres. Bref, je
<tu-bouges-elle car i l-était-tu-as peut-être quatre, cinq près>
45. sulSIn. ins;mma bnt inwaddab id-d?�? [ ga l dan mettais la farine dans cette bassine toute propre, le levain
<mutuellement. Enfin j' étais je-lance la-farine dedans celui-ci>
il- lémbi nadIf nadIf il-l;mIra li nkun gibt que j' avais apporté de la maison, et la boulangère, Anna,
<la-bassine propre propre la-levure que je-suis j' iiPportai>
mi -d-d�r u i l-furn�ra anna igglb-l-i [barmfi1 l l 11ma, m' apportait un seau d' eau , comme nous avons dit, tiède, qui ne
<de-la-maison et la-boulangère Anna elle-apporte-à-moi seau eau>
bl;�lma ° ldna, f�td la yal;ra? l;afna u brûle pas trop et qui n' est pas froide, et elle m' y jetait une
« m. ) , comme-que nous-dîmes, tiède ni il-brûle beaucoup et>
a?as k�sal;, u titfao-l-i p::>nn mdi). u mariyya poignée de sel . Et Maria (50) se mettait à pétrir ! D ' abord je
<moins froid, et el le-jette-à-moi poignée sel. Et Maria>
50. ta?bad taOgcn. l-cwwdnétt bnt inl;awwad dak mélangeais bien cette farine. Je faisais d' abord fondre le
<el le-saisit elle-pétrit. D ' abord j ' étais je-mélange celui-là>
levain. D ' abord je faisais bien fondre le levain avec l ' eau
id-d?�? tayycb. ini);ll il-l;mIra l-éwwcl.
<la-farine bien. Je-fai s-fondre la-levure le-premier . >
tiède pour que je puisse bien le mélanger avec toute la farine
l-éwwd ini);l l il-i)mIra séwwa bi-l-misi)Un
<Le-premier je-fais-f ondre la-levure juste avec- l ' eau-tiède>
b�s inkUn nlstaO nl;allat-Oa séwwa maO-d-d?�? et je la pétr issai s, lui donnais des coups de poing et (55)
<pour je-suis je-peux je-mélange-elle juste avec-la-farine>
k; ll-u. u naOgin-Oa, u intf-oa I-p::>nn u ainsi de suite . Ensuite, de temps en temps, je la prenais et je
<tout-lui. Et je-pétris-el le, et je-donne-elle le-poing et>
55. séyyra. imbaoad kultant na?bad-Oa u la retournai s. Je prenais un gros morceau et je le retournais
<allant (f. ) . Ensuite parfois je-saisis-elle et>
comme ça "flok ! " Et j' aimais bien . . ./. . .
na?lib-oa. na?bad bicca kbIra u
<je-retourne-elle. Je-sai sis morceau ( f . ) grande et>
na?lib-Oa ckk "clump !" u bnt n�i)u g::>st
<je-retourne-elle ainsi "flok !" et j' étais je-prends goût>
440 Récits et traditions La fabrication du pain 441

naomd di-l-bicca 58° JI u nira i l taO J:tdéy-ya faire ce travail et voir celles d ' à côté faire la même chose .
<je-fais ce-le-morceau travail et je-vois à de près-moi>
yaOmlu l-ist€:ss. Cas taO 1)ctf:y-ya gcncralmént [kcn]­ Parce que celles d ' à côté de moi, généralement, (60) avaient
<ils-font le-même. Car de près-moi généralement il-était->
60. ik8WJm Digna lkbar minn t6-0i cas a1)na k;nna une pâte plus grosse que la mienne, parce que nous étions une
<ils-ont pâte plus-grande de de-moi car nous nous-étions>
famIrya zoira. imma dak mIn ik;WJm famI1ya kblra petite famille. Mais celle qui avait une grande famille, elle
<famil l e petite. Mais celui-là qui ils-ont famille grande>
[b:n ]-ik8llu kull lémbi da?s06s u yaOmlu "cbp !" s1)In avait toutes les cuvettes énormes et elle faisait. . . "flok !"
<il-était-il-a tout bassine énorme et ils-font "flok !" quand>
ya?albu i l-1);bz. ins;mma bnt naOgn-u u quand elle le retournait, le pain. Bref, je pétrissais et je
<ils-retournent le-pain. Enfin j ' étais je-pétris-lui et>
naOgn-u u na?i lb-u b�s tkan il-1)mIra pétrissais et je retournais pour que le levain (65) pénètre
<je-pétris-lui et je-retourne-lui pour elle-est la-levure>
65. da1)lct maO-d-d?6? k8ll-u. u nira li l-oigna, dans . . . dans toute la farine. Et je veillais à ce que la pâte ,
<elle-entra avec-la-farine tout-lui. Et je-vois que le-pétrin , >
dlk l-Oaglna ?Éoda séwwa kIf tmur i s-s€:noa. ce pétrin soit bien selon la règle. Ensuite, je mettais dessus
<celle-là la-pâte assise juste comment el le-va le-métier ( f . ) . >
imbaoad [kint ] naomd sarv€:tta kbIra fi}?, nadIfa, l i une grande serviette propre, que ma mère m' avait donnée, parce
<Ensuite j ' étais je-mets serviette grande sur , propre, que>
tkun Üt-ni 8mm-i . Cas ;mm-i k6nct que ma mère était experte en matière de l inges de boulangerie.
<elle-est elle-donna-moi mère-moi. Car mère-moi elle-était>
dittara °al-l-1)w€:yycg taO-l-f;rn. kéWa 1)wéyycg Elle avait des linges (70) de boulangerie toujours nets.
<experte pour-les-tissus de-la-boulangerie. El le-avait tissus>
70. taO -l-f;rn déyycm pulit i . l-cwnétt k6nu [tèi] -n­ D' abord i ls étaient tissés, ceux que ma grand-mère avait, Dieu
<de-la-boulangerie toujours pol i s . D ' abord i ls-étaient de-le->
néwl li k6nct °amlit-oJm in-nanna, alla lui pardonne, ma grand-mère Maria. Elle avait une grande
<tissage que el le-était elle-fit-eux la-grand-mère, Dieu>
ya1)fr-il-oa, in-nanna mariyya. kéWa sarvétta serviette, comme ça , blanche, avec une rayure rouge tissée.
<il-pardonne-à-elle, la-gr and-mère Maria. El le-avait serviette>
kbIra ckk, bayyda, bi-l-fass a1)mar, taO-n-néwl . Ensuite, elle me donnait une très très grande nappe, (75) la
<grande ainsi , blanche, avec-la-rayure rouge, de-le-tissage . >
imbaoad k6nct ta°tf-ni tvilya twila twIra twI1a même chose, blanche et avec une rayure sur les bords. Bref .
<Ensuite elle-était e lle-donne-moi nappe longue l ongue longue>
75. l-ist€:ss bayyda u fi-t-trUr b i-l-fass. ins;mma Nous la recouvrions avec cette serviette blanche à nous .
<la-même blanche et dans-les-bords avec-la-rayure. Enfin>
[ kfnna] nOatta-Oa b-di-s-sarvétta bayyda Ensuite, la boulangère nous donnait quelques tissus épais, pour
<nous-étions nous-couvrons-elle avec-cette-la-serviette blanche>
taO-na. imbaoad il-furnira ta°tf-na fUt affariyy6t que nous les mettions sur le pain. Et celle-là, nous la
<de-nous. Ensuite la-boulangère elle-donne-nous un-peu affaires>
1)Jsnln bQS in?cOda-oJm fi}? il-1);bz. u dlk laissions là une heure, une heure et demie. . . . /. . .
<épaisses pour nous-plaçons-elles sur le-pain. Et celle-là>
k8nna n1)all a-1) cmm si s60a, s60a u nJfs.
<nous-étions nous-laissons-lui là quoi heure, heure et moitié. >
442 Récits et traditions La fabrication du pain 443

80. infatti ma-k::mn�-s n:::> ? O;du cmm. k;nna (80) En fait , nous ne restions pas là, nous allions à la
<En-fait ne-nous-étions-pas nous-restons là. Nous-étions>
imm;rru id-d;ir , ycw tmur fcyn ° andck tmur , °us . maison. Ou bien tu vas où tu dois aller, n' est-ce pas. Tu ne
<nous-allons la-maison, ou tu-vas où chez-toi tu-vas, lui-pas. >
mOus sc-t;?o:::>d cmm il-f;rn. wara s�oa u vas pas rester là à la boulangerie. Après une heure et demie,
<Ne-lui-pas FUT -tu-restes là la-boulangerie. Après heure et>
n::Jfs bnt nérga immOr il-f;rn Cas ikOn je retournais à la boulangerie parce qu ' i l avait l evé. Parce
<moitié j' étais je-reviens je-vais la-boulangerie car i l-est>
tÉlao. Cas vi:ru dïk il-bicca °aglna li tkun qu' en vérité, ce bout de pétrin que (85) tu faisais, peut-être
<il-monta. Car vrai celle-là le-morceau pétrin ( f . ) que tu-es>
85 . °amÜt f;rsi tkun, nOldu al:ma, °asar pu1c�ri . il faisait, disons, dix pouces . Alors il avait tel lement levé,
<tu-fis peut-être elle-est, nous-disons nous, dix pouces. >
issa tkun tant °::JI �t li tkun s;irct qu' i l devenait haut de quinze pouces ou plus parce qu' i l avait
<Maintenant e lle-est tant el le-l eva que elle-est e lle-devint>
I)misÜsil pu1c �r ycw izycd, Cas tkun °::JI�t u ml�t levé et rempli toute la bassine . Ensuite, Anna me redonnait un
<quinze pouce ou plus, car elle-est elle-leva et elle-remplit>
il- Iémbi k;ll-u. imbaoad tÉrga anna truc , nous , on appelait ça (90) "étagère" ou "planche" ou
<la-bassine ( m . ) tout- lui. Ensuite elle-revient Anna>
taOti-ni bicca, al)na k;nna nO idO-I-oa "étagère" , appelle ça comme tu veux. Elle était en bois, large.
<elle-danne-moi morceau, nous nous-étions nous-disons-à-e lle>
90. firsa ycw Üvla ycw skaffa. ° idi-I-oa li trïd. Je recherchais ma nappe pour que mon pain ne touche pas des
<étagère ou planche ou étagère. Dis-à-elle que tu-veux. >
k�nct tkun taO-I-iny&m, w�soa. nérgaO nsïb affaires de que lqu ' un d' autre. Je le saupoudrais avec un peu de
<Elle-était elle-est de-le-bois, large. Je-reviens je-trouve>
it-tv;ilya t�-Oi b�s i l-l);bz t�-Oi mOus sc-imiss farine. Ensuite, je coupais le pain. Par exemple, (95) dans
<la-planche de-moi pour le-pain de-moi ne-lui-pas FUT-il-touche>
mac affariyy�t taO I)att�lpr. infcrris-I-u bec cette pâte que j' avais faite, je coupais peut-être dix pains,
<avec affaires de quelqu' un-d' autre. J' étends-à-Iui un-peu>
d?�? fO?-u. imbaoad in?attaO l -lpbz. pcrczémpyu minn d' accord ? J ' avais appris. Parce qu' ensuite, toute seule tu
<farine sur-lui . Ensuite je-coupe le-pain. Par-exemple de>
95. dïk il-°;igna li nkun ° amÎlt in?attaO f;rsi °asar apprends, n' est-ce pas. En pratiquant , tu apprends. Je coupais
<celle-là la-pâte que je-suis je-fis je-coupe peut-être dix>
Ipbz�t. sÉwwa. bnt tOallimt, Cas imbaoad wal)d-ck le bon compte et je faisais dix pains . Je l e resaupoudrais d ' un
<pains. Juste. J ' étais j' appris, car ensuite un-toi>
titOallcm, ous ? bi-I-prattika tWallcm. na?taO peu de farine et la nappe que j' avai s, je la pliais, (100) je
<tu-apprends, lui-pas ? Avec-la-pratique tu-apprends. Je-coupe>
l-amm;nt scw u nao md ° asar Ipbz�t . nérga niSl)h­ le couvrais comme ça, parce que cette nappe me rappelait le
<le-montant juste et je-fais dix pains. Je-reviens je-jette->
l-u bec [Pt?] fO?-u. u it-tv;ilya li ik;l li nitni-oa, linceul du Christ . Parce que c' était la première . . . /. . .
<à-lui un-peu farine sur-lui. Et la-nappe que j ' ai je-plie-elle>
100. nOatti-Oa ckk, Cas dïk it-tv;ilya tfakkar-ni
<je-couvre-elle ainsi, car celle-là la-nappe el le-rappelle-moi>
fi-l-I izar taO krfstu. Cas k�nct I-Éwwd
<dans-le-linceul de Christ. Car elle-était le-premier>
444 Récits et traditions La fabrication du pain 445

tp8ggi taO tal).t. fi-n-n8fs tp8ggi 1-l).::Jbz, couche du dessous. Au milieu, tu mettais le pain, ensuite tu
<elle-s' assoit de sous. Dans-Ia-moitié tu-assois le-pain,>
imbaoad tltni t-tarf 1-�l).::Jr ftp-u °as kristu ckk pliais l ' autre bord par dessus, parce que le Christ, c' est
<ensuite tu-pl ies le-bord l ' autre sur-lui car Christ ainsi>
[ ken] ?�Ocd. °alékk is-"sagra sind::Jne" fI-oa [ dak ] ainsi qu' i l était. C' est pour ça que dans le saint suaire il y
<il-était assis. Pour-ça le "Sacra Sindone" dans-elle celui-là>
lOS. iz-zéwg ritratti °as l-éwwd p::Jggéw dak a ces (lOS) deux photos, parce que d' abord i l s avaient mis ce
<les-deux photos car le-premier ils-assirent celui-là>
il-lizar taO l-oazc1 . imbaoad p::Jggéw il-giscm taO linceul de soi e . Ensuite, ils avaient mis le corps du Christ.
<le-linceul de la-soie. Ensuite i ls-assirent le-corps de>
kristu, imbaoad i l-bicca 1-8l)ra tnéw-oa Puis l' autre morceau, ils l ' avaient plié dessus. Alors les
<Christ , ensuite le-morceau ( f . ) l ' autre i ls-plient-elle>
ffe-u. allTIra l-istampi taO-I-py§.gi u taO-s-séwk ?cOdln images des plaies et des épines se trouvent du côté du dessous
<sur-lu i . Alors les-images de-les-plaies et de-Ies-épines assis>
in-nal)a taO tai)t u in-nal)a taO ni? u minn ckk sétOu et du côté du dessus. Et comme ça ils ont pu (110) prendre des
« pl . ) le-côté de sous et le-côté de sur. Et de ainsi i ls-pu->
110. y�l)du ritratti u ritratti u minn-u l-istudyTIzi photos et des photos, et de là les savants se sont rendu
<rent i ls-prennent photos et photos et de-lui les-savants>
indunaw u studyaw, illi s§.bu l i compte, et ils ont étudié, qu ' i ls avaient trouvé que ça
< i ls-s ' aperçurent e t ils-étudièrent, que ils-trouvèrent que>
dak il-vtru i l-giscm taO kristu. Issa nérgOu c' est le vrai corps du Christ. Bon, retournons à la boulange-
<celui-là le-vrai le-corps de Christ. Maintenant nous-revenons>
°al-l-f8rn. méla. y�na ?attayt il-l)8bz. anna rie. Alors, moi , j' avais coupé le pain. Je l ' avais coupé. Anna
<pour-la-boulanger ie. Alors. Moi je-coupai le-pain. Anna>
térga ta °tî -ni si fUt . . . ckk, ?Is-°::Jm me redonnait un peu, comme ça, quelque chose qui ressemblait à
<elle-revient elle-donne-moi quoi un-peu . . . ains i , comme-eux>
115. kTItri [ ncydTI-I-um ] , u dak i l-l)8bz (IlS) des couvertures , comme on les appelait. Et ce pain al lait
<couvertures nous-disons-à-eux, et celui-là le-pain>
sC-Y8?°::Jd cmm b�s yérga yitlao fUt �l)::Jr. rester là pour qu ' il relève encore un peu. Donc, dans la
<FUT-i l-reste là pour il-revient il-monte un-peu autr e . >
issa. [gaH-Iémbi al)na ?att ma-k8nna bassine, nous, jamais nous ne la nettoyions à fond . Dans la
<Maintenant. Dedans-Ia-bassine nous jamais ne-nous-étions>
nnaddfTI-l) prccIz. [gaH-Iémbi déyycm yib?aO bassine, il restait toujours un peu de pétrin, ou bien ils le
<nous-nettoyons-Iui précis. Dedans-Ia-bassine toujours i l-reste>
si fUt °agin ycw il)allTI-l) °al t -apP8sta ycw laissaient exprès, ou bien (120) il restait. Bon. Il y avait
<quoi un-peu pétrin ou ils-Iaissent-Iui pour de-exprès ou>
120. yib?ao . Issa. kin-émm n�s li dak li des gens qui mettaient en boule ce qui restait, le roulaient et
<il-reste. Maintenant. Il-était-Ià gens que celui-là que>
yib?aO k�nu idawwrTI-l), ircmbITI-l) u en faisaient des gâteaux . Il y en avait qui faisaient des
<il-reste i ls-étaient i ls-tournent-Iui , ils-roulent-Iui et>
yaOmlu kaoak. kin-émm mIn yaOmlu ftayyar . y�na petits pains. Moi , j ' aimais faire des petits pains, parce que
<ils-font gâteau. Il-était-Ià qui i ls-font petits-pains. Moi>
bnt inl)8bb naomd il-ftayyar, °as inl)8bb- °::Jm je les aimais . . . 1. . .
<j' étais j' aime je-fais les-petits-pains, car j' aime-eux>
446 Récits et traditions La fabrication du pain 447

il-ftayyar. allUra ::Jmm-i k€inct ta°tf-ni les petits pains . Alors ma mère me donnait (125) du fromage et
<Ies-petits-pains. Alors mère-moi e l le-était ell e-danne-moi>
125 . si g;b::Jn, u . . . bi-I-bayd, u kin-émm mïn ... avec les œufs, et i l y en avait qui en fai saient avec des
<quoi fromage, et . . . avec-les-œufs, et i l-était-là qui>
yaOmlu bi-s-sardIn uk;ll. kull).att ifcttÎl-l-u. u sardines auss i . Chacun selon ses goûts. Et je me souviens qu' il
<ils-font avec-la-sardine aussi. Chacun il-plaît-à-Iui . Et>
niftakar kin-émm ni8s yaOmIU-l). bi-z-zéyt u y avait des gens qui en faisaient avec de l ' huile et du sucre .
<je-me-souviens il-était-Ià gens ils-fant-lui avec- l ' huile et>
ic-c;kbr . yi8na, dan, ?att ma-d;?t-°::Jm Cas Moi , ça, je n' y ai jamais goûté, parce qu ' i ls n' étaient pas
<le-sucre . Moi, celui-ci , jamais ne-je-goût ai-eux car>
ma-tant-s k€inu . . . bi-s-sardÎn ylgu tayybIn tellement avec des sardines, c ' était très bon, (130) mai s
<ne-tant-pas il s-étaient . . . avec-la-sardine ils-viennent bons>
130. hafna. Imma kultant bnt naomÎl-°::Jm bi-l-gbcyn€it parfois, je les faisais au fromage, avec des petits fromages,
<beaucoup. Mais parfois j'étais je-fai s-eux avec-les-fromages>
u tOafflg-°::Jm, u bayd iml).abbat u fUt bzar, u et tu les aplatissa is, et des œufs battus et un peu de poivre
« dim. ) et tu-aplatis-eux, et œuf battu et un-peu poivre, et>
°Id-I-i s int t€ibl ! allUra bnt naomcl f;rsi et tu m ' en diras des nouvelles ! Alors , je faisais peut-être
<dis-à-moi quoi toi tu-manges ! Alors j ' étais je-fais peut-être>
. . . al).na k;nna tl€ita fi-d-d�r, miss�r-i, ::lmm . . . Nous, nous étions trois à la maison, mon père, ma
< . . . nous nous-étions trois dans-la-maison, père-moi, mère . . . >
érboa, miss€ir-i, ;mm-i, ant::Jn l).I-ya u yi8n. allUra quatre, mon père, ma mère, Anton, mon frère et moi . Alors (135)
<quatre, père-moi , mère-moi, Anton frère-moi et moi . Alors>
135. bnt naomcl érboa ftayyar. u in1cstf-°::Jm ckk. je faisais quatre petits pains. Et je les préparais comme ça.
<j' étais je-fais quatre petits-pains. Et je-prépare-eux ainsi. >
u I-furn§.ra k€inct taOmil-l-o;m-na, sinténdi, Et la boulangère nous les enfournait, bien sûr, avant qu'elle
<Et la -boulangère elle-était elle-met-à-eux-nous, s ' entend, >
?abcl ma taOmcl il-l).;bz. Cas dan i l-f;rn tal).-l).a mette l e pai n. Parce que son four à elle d' abord elle devait
<avant que elle-met le-pain. Car celui-ci le-four de-el le>
l-éwwc! trïd tal).mÎ-l). séwwa. u mbaoad bien le chauffer. Et ensuite, de temps en temps, elle ouvrait
<le-premier elle-veut elle-chauffe-Iui juste. Et ensuite
kultant tlftl).-u l).a tira °ü-s [ sbün ] la porte pour voir s ' il était assez chaud, (140) on appelait ça
<parfois elle-ouvre-lui pour el le-voit 11,li-pas chaud>
140. bizzéyycd, iOidG-l-oa l-[ w�rcl ] . wa?t . . . méla, le "témoin" . Donc, alors, pendant le "témoin" elle nous y
<suffisamment, ils-disent-�-elle le-témoin. Pendant . . . alors , >
al lUra, wa?t iHwére 1 ] k€inct iddal).l). I-lI-na mettait ces petits pains à cuire. Ceux-là ils cuisaient vite,
<alors, pendant le-témoin elle-était elle-fait-entrer-à-nous>
dawn i l-ftayyar islru. dawk islru après, après vi ngt minutes ils étaient prêts. Parce que le four
<ceux-ci les-petits-pains ils-cuisent. Ceux-là i ls-cuisent>
wara . . . wara °::Jsrln minUta. k€inu ikUnu lésti. Cas était tellement chaud, qu' i ls cuisaient vite. (145) Bref .
<après . . . après vingt minute. Il s-étaient i ls-sont prêts. Car>
il-f;rn tant [ken ] ikUn [ sbun ] , ki8n isÎr malayr. Alors, j ' avais ces quatre petits pains . . . /. . .

<le-four tant i l-était il-est chaud, il-était i l-cuit vite . >


145. ins;mma. allUra [kcn]-ik;lli dawk l-érbao ftayyar
<Enfin. Alors il-était-j ' ai ceux-là les-quatre petits-pains>
448 Récits et traditions La fabrication du pain 449

l�st i . imbaoad ini).alli l-hm. °al6s la qui étaient prêts . Ensuite je quittais la boulangerie, parce
<prêts. Ensuite je-quitte la-boulangerie. Parce-que puisque>
darba l-i).::Jbz ?attayt-u, imbaoad mOus s;°::Jl t6-0i , qu' une fois que le pain je l ' avais coupé, ensuite ce n ' était
<fois le-pai n je-coupai-lui , ensuite ne-lui -pas travail de-mo i , >
imbaoad s;°::Jl taO-I-furnâra. k6m::t taOmd [sïn ] p lus mon travail. Ensuite, c ' était le travail de l a boulangère.
<ensuite travail de-la-boulangère. Elle-était el le-met quand>
ikUn i l-wa?t u i l-f;rn sai).an s�wwa u il-i).;bz o;la Elle le faisait quand il était temps et que le four avait bien
<il-est le-temps et le-four i l-chauffa juste et le-pain i l -leva>
150. h:mm k�llu iO;la. Cas l-éwwd . . . dïn chauffé et que le pain avait levé (150) comme il devait lever .
<combien il-avait il-lève. Car le-premier . . . celle-ci>
i l-i).mlra l-�wwd trïd t;Ola fi-z-zlngla Parce que d' abord . . . Ce levain, d' abord, il devait lever dans
<la-levure le-premier elle-veut elle-monte dans-la-cuvette>
d-dar . imbaoad trïd t;Ola bec fi-l-l�mb i , la cuvette à la maison. Ensuite il devait lever un peu dans l a
<la-maison . Ensuite elle-veut elle-lève un-peu dans-la-bassine, >
dïk i l-Cagna li nkun °amitt. imbaoad t�rgaO bassine , ce pétrin que j ' avais fait. Ensuite, il relevait sur
<cel le-là le-pétrin que je-suis je-fis. Ensuite elle-revient>
t;Ola fu? i l-farsa, nOidU-I-oa ai).na. u dan l ' étagère, comme on l ' appelait nous. Et cette (155) méthode,
<elle-lève sur l ' étagère, nous-disons-à-elle nous. Et celui-ci>
155. il-m�t::Jdu, i).âga taO-I-Oagcb, m�ta nfÎttcs merveille des merveilles, quand je cherche "bread making" dans
<la-méthode (m. ) , chose de-la-merveille, quand je-cherche>
"bJëd m�kink" fi-I-k;tba nglIzi , cmm [ dak ] il-m�t::Jdu les livres anglais, il y a cette méthode que deux fois, il faut
<"bread making" dans-les-livres anglais, là celui-là la-méthode>
illi darbt�yn trïd ti).al lI-i). y;Ola. l-�wwd fi- le laisser lever. D ' abord dans le bol, parce que quand . . . dans
<que deux-fois tu-ve}1x tu-Iaisses; lui il-lève. Le-premier dans->
1-"b::Jwl", Cas mcta . . . fi-l-k::Jtba m-cmm-s "bJëd les livres il n ' y a pas "bread making" en grand. Dans le bol.
<le-"bowl", car quand : . . dans-les-livres ne-là-pas "bread>
m�k ink" bi-Hgbé 'r J . fi-l-"b::Jwl ". imbaoad t�rgaO Ensuite tu (160) le relaisses monter soit dans la boîte où tu
<making" avec-le-grand. Dans-le-"bowl". Ensuite tu-reviens>
160. ti).allÎ-i). y;Ola ycw fi-l-kassa li tkun sc­ vas le mettre, bref, ou dans le "container" où tu vas le
<tu-laisses-lui il-lève ou dans-la-boîte ql,le tu-es FUT->
taOml-u, [ i nsumma J , ycw fi-I -"bnÜ'ndr" li tkun sc­ mettre. Alors la boulangère faisait c e travail. E l l e avait des
<tu-mets-Iui, enfin, ou dans-Ie-"container" que tu-es FUT->
taOml-u. allUra i H hrnâra] k6nct taOmd di-l­ planches faites exprès, peut-être qu ' el les contenaient quatre
<tu-mets-lui. Alors la-boulangère el le-était elle-fait ce-le->
bicca s;°::J1 . [kcn Hk;Wa tâvl i cal t-app;sta pains. Et elle mettait quatre (165) des miens les uns derrière
<morceau travail. Il-était-el le-a nappe pour de-exprès>
f;rsi y�sOu �rbao Ipbz6t u taOmd érboa minn les autres. Parfois, elle leur donnait une marque ou un coup de
<peut-être i ls-contiennent quatre pains et elle-met quatre de>
165. t6°-i wara sulSÎn . kultant k6nct ittI _°::Jm couteau pour , en quelque sorte , les reconnaître de ceux des
<de-moi après mutuellement. Parfois elle-était elle-donne-eux>
si ?arsa ycw si da??a taO sikklna bi sptci autres . Mais elle, elle savait y faire . . . /. . .
<quoi marque ou quoi coup de couteau avec en-sorte>
taOraf-°::Jm minn taO-I-::Ji).rayn . Imma °ï k�Wa sénoa
<elle-connaÎt-eux de de-les-autres. Mais elle el le-avait métier>
450 Récits et traditions La fabrication du pain 451

li tkun taf taO mIn °ama dak il -l);bz. °as fi- pour savoir à qui était ce pain. Parce que dans le four, elle
<que el le-est elle-sait de qui eux celui-là le-pain. Car dans->
l-f;rn ik;Wa il -l);bz taO i).afna nQs, °us. ins;mma. avait le pain de beaucoup de monde, n' est-ce pas. Bref, (170)
<le-four el le-a le-pain de beaucoup gens, lui-pas. Enfin. >
170. f-H âi).i).ar] i ddai).i).al il-i).;bz taO kuli).att f inalement, elle enfournait le pain de tout le monde, elle
<Dans-le-dernier el le-f ait-entrer le-pain de chacun>
ta ° P_u u il)alla-I) emm. ma-n�f -s preclz l ' enfermait et ils le laissaient là. Je ne sais pas précisé-
<elle-ferme-lui et il s-laissent-lui là. Ne-je-sais-pas préc is>
°al kemm , i mma da-l-i).;bz déyyem irld fu? s�oa. imma ment pour combien de temps, mais ce pain, toujours il lui
<pour combien, mais ce-le-pain toujours i l-veut sur heure. Mais>
ai).na sadatant . . . l-Oagina . . . nkÜnu m;rna fal lait plus d ' une heure. Mais, nous , pendant le pétrin
<nous pendant . . . la-pâte . . . nous-sommes nous-allâmes>
d-dar . méta ikÜn sar il-i).;bz anna l-furn�ra nous all ions à la maison. Quand le pain était prêt, Anna, la
<la-mai son. Quand il-est il-cuisit le-pain Anna la-boulangère>
175 . . u kéWa si i).att iOina-oa °as [dan ]
. . boulangère (175) et elle avait quelqu ' un pour l ' aider,
< . . . et elle-avait quoi personne il -aide-e lle car celui-ci>
il-bicca s;o:>l trïd . . . kin-emm ir-r�gc1 parce que ce travail nécessitait il Y avait son mari aussi
<le-morceau ( f . ) travai l el le-veut . . . il-était-là l ' homme>
tai).-i).a uk;ll i oln-oa. ir-r�gc1 tai).-i).a kQn . . . qui l ' aidait. Son mari était le plus qu' il faisait c' était
<de-elle aussi il-aide-elle. L ' homme de-elle il-était . . . >
l- izyed li yaOmc1 iglb il-?asblyya, iglb d' apporter le chaume. Il apportait les affaires pour allumer l e
<le-plus que i l-fait i l-apporte le-chaume, il -apporte>
l-affariyy�t bQS ï?abbad u isai).l)an il-f;rn °as four . Parce qu' il (180) n'y avait ni électricité, ni diesel ,
<les-affaires pour il-al lume et il-fait-chauffer le-four car>
180. ma- [ kan ]-s emm la Uéttriku ] la diZi l , [sen ] . k;lbs rien. Tout était au bois. Moi, elle m' aimait bien, parce que
<ne-i l-était-pas là ni électric ité ni diesel, rien. Tout>
b-l-iny�m. yQn, k�net [ t3i).:::>] g:>st bi-ya mon père était charpentier et les restes qu' il avait sous
<avec-le-bois. Moi, el le-était elle-prend goût avec-moi>
°al�s miss�r-i kQn [mastr:>dassa] u dak il-fd�l l ' erminette, il en remplissait des sacs et de temps en temps i l
<parce-que père-moi il-était charpentier et celui-là le-reste>
li ik;llu séwwa taO tai).t i l-lcssana [ ken yimUi-l) ] les apportait à l a boulangerie. Et (185) comme ça, c ' était très
<que il -a juste de sous l ' erminette i l-était il-remplit-lui>
skéyyer u kultant [ ken ytl)d-u ] 1 taO-l-f;rn. u bien, mieux que les fagots d ' épines que lui apportaient les
<sacs et parfois i l-était il-prend-lui à de-la-boulangerie. Et>
185. bl)al dak ikÜn tayycb l)afna, al)y�r mil-l-?atOct taO­ gens. A lors, revenons à nos moutons. Celle-ci , Anna, et son
<comme celui-là i l -est bien beaucoup, mieux de-les-fagots de->
s-séwk l i k�nu pi).da- I-oa n-nQs. allara mari, ils prenaient soin du pain. Quand i ls voyaient qu ' i l
<les-épines que ils-étaient i ls-prennent-à-elle les-gens. Alors>
nérgOu. dIn, anna u ir-r�gc1 tal)-I)a ikanu était cuit, ils le sortaient de là et le posaient par groupes,
<nous-revenons. Celle-c i, Anna et l' homme de-e lle i ls-étaient>
[yél)du ] I)sQb il-I);bz. méta yaraw li sar selon . . . 1. . .
<ils-prennent pensée le-pain. Quand ils-voient que il-cuisit>
[ yel):>rg5-i). ] minn emm u [ï?ed5-i). ] grupp grupp sbnd
<ils-sortent-lui de là et i ls-placent-lui groupe groupe selon>
452 Récits et traditions La fabrication du pain 453

190. taO mïn ikTIn fi]? skaffi 6bra . dak k�n ikTIn (190) à qui il appartenait, sur d' autres étagères. C ' était
<de qui i l-est sur étagères autres. Celu i-là il-était il-est>
barra. imbaoad y6na nistaO [ imm5r ] °al-I-b6bz malli dehors. Ensuite, moi , je pouvais aller chercher le pain dès
<dehors . Ensuite moi je-peux je-vais pour-le-pain dès-que>
y6br:Jg. nistaO . . . tkun mara mbabbta tmur l-oaPa, cas qu' i l sortait. Je pouvais . . . Si tu étais une femme occupée qui
<il-sort. Je-peux . . . tu-es femme occupée tu-vas le-champ, car>
in-ni sa, anki in-nisa k6nu im6rru allait aux champs, parce que les femmes, même les femmes
<les-femmes, même les-femmes elles-étai ent el les-vont>
yabdmu l-oaPa. ma-kinTI-s yistOu travaillai ent aux champs, elles ne pouvaient pas (195) al ler
<elles-travail lent le-champ. Ne-elle s-étaient-pas elles-peuvent>
195. im6rru °al-I-b6bz mal l i y61).r:Jg mil-I-f6rn. kull).att chercher le pain dès qu' i l sortait du four. Chacune y allait à
<elles-vont pour-le-pain dès-que i l-sort de-le-four. Chacun>
imTIr kumdita t60-u. is1b . . . mïn i s1b-u sbun sa convenance. Il trouve Certaines le trouvaient chaud,
<il-va commodité de-lui. Il-trouve . . . qui i l-trouve-Iui chaud>
mïn is1b-u k6sal)., imma déyycm sc-isibTI-1). d' autres le trouvaient froid, mais toujours elles allaient le
<qui il-trouve-Iui froid, mais toujours FUT-ils-trouvent-Iui>
lcst . u il-furn�ra taf prcclz taO mïn ou. I ssa trouver prêt . Et la boulangère savait précisément à qui il
<prêt. Et la-boulangère elle-sait précis de qui lui . Maintenant>
kïf sC-[Y:Jl).dS-I).] d-dar ? spccyalmént dawk était . Bon, comment all aient-el les l e rapporter à la maison ?
<comment FUT-ils-prennent-Iui la-maison? Spécialement ces>
200. i l-famf lyi i l-kb�r, ?ct-nOidi-l-bm. [ kcn ]­ Spécialement ces (200) grandes fami l les dont j ' étais en train
<les-familles les-grandes, en-train-je-dis-à-vous. Il-était->
ik611na kannéstr i . y�n , t6°-i o �d-u awn kannéstri . . . de vous parler. Nous avions des paniers. Moi , le mien je l ' ai
<nous-avons paniers. Moi, de-moi encore-lui ici paniers . . . >
zOïr. si darba da-l-kannéstri k6nu yuzaw-I). encore. Un petit panier . Parfois, ce panier, elles l ' utili-
<petit. Quoi fois ces-les-P0niers ils-étaient ils-utilisent-lui >
uk611 mïn ik611u l- "b�lbi", tÜu lnt:Jm. d�ri ma- saient aussi, cel les qui avaient un bébé. Vous savez, autrefois
<aussi qui il-a le-"baby", ,-:ous-savez vous. Autrefois ne->
kinTI-s ik6W:Jm i l- "ba1bis" I-ispt�r. [kcn]­ on n' avait pas les bébés à l ' hôpital , (205) on avait les bébés
<elles-étaient-pas elles-o.nt les-"bab ies" l ' hôpital. Il -é.tait->
205 . ik�W:Jm il-"ba1bis" f-l- . . . id-d�r. u il -"b�lbis" dans le . . . à la maison. Et les bébés, pas un tous les dix ans,
<elles-ont les-"babies" dans-le . . . la-maison. Et les-"babies">
mOus w61).cd kul l séna. gcy w6bcd wara 1-61).:Jr. al lTIra un par an, ils venaient les uns après les autres ! A lors, je me
<ne-lui-pas un chaque an. Venant un après l ' autre. Alors>
ni ftakar da-I-kannéstri si n�s k6nu souviens que ces paniers, des gens les uti lisaient pour y
<je-me-souviens ces-les-paniers quoi gens i ls-étaient>
yuzaw-°:Jm b�s i?Éodu il-I).wéyycg taO-t-tarbiyya, mettre les vêtements du bébé, des langes, comme ça, quand elles
<ils-utilisent-eux pour i ls-placent les-tissus de-le-bébé , >
I).r6? i, ckk, [ sIn ] y igu mil-I-I).asla. yitnTI-°:Jm revenaient de la lessive. Elles les p l iaient (210) et les
<langes, ainsi quand il s-viennent de-la-lessive. Ils-plient-eux>
210 . u ip:JggTI-°:Jm g:J f1-I).. ins6mma dan i l-kannéstru mettaient dedans. Bref , ce panier à nous, à pain, je l ' ai
<et ils-mettent-eux dedans dans-lui . Enf in celui-ci le-panier>
encore. Moi, je n ' avais pas . . . /. . .
taO-na, taO-I -I).�bz, o�d-u candi . y�n ma-[ kén]-s
<de-nous, de-le-pain, encore-lui chez-moi . Moi ne-il-était-pas>
454 Récits et traditions La fabrication du pain 455

ik:Jlli i)8bz i)afna. f:Jrsi l i ik:Jl li tn§.sil i);bza, tlctÜs, beaucoup de pains , peut-être que j ' avais douze tre ize, quatorze
<j' ai pain beaucoup. Peut-être que j ' ai douze pain, treize , >
crbat§.s. u mbaoad bnt naomd bieea bayyda. pains. Ensuite, je mettais un linge blanc. J ' en faisais comme
<quatorze. Et ensuite j ' étais je-mets morceau blanche. >
naomi l-oa ?Is-Oa "byl" u ?Is-Oa kaww§.ra fi]? un "coi l " , comme un bourrelet (215) sur ma tête, parce
Oe-mets-elle comme-elle "coil" et comme-elle coussinet sur>
215. r§.s-i. Cas inkélla dak i l-kannéstru ikissir-I-ck qu' autrement ce panier il te cassait la tête sur ta tête. Elle
<tête-mo i . Car autrement celui-là le-panier il-cas� :::-à-toi>
r§.s-ck fi]? r§.s-ck. taOmil-l-i dak i l-i);bz ft}? me mettait le pain sur la tête. Je monta i s toute droite du
<tête-toi sur tête-toi. Elle-met-à-moi celui-là le-pain sur>
r§.s-i . nItlao drItta drftta mi-r-rai)i)al, imkabbra l i vil lage, fière d ' avoir fait le pain . Et de ma main droite, je
<tête-moi. Je-monte droite droite de-le-vi l lage , fière que>
°amilt i l-i):Jbz. u b-Id-i l -lcmcniyya nZ8mm na?ra maintenais un peu le panier pour conserver l ' équ ilibre et
<je-fis le-pain. Et avec-main-moi la-droite je-garde un-peu>
l-kannéstru b�s inz:Jmm i l-bi lane. u l-:Ji)ra l ' autre (220) je la laissais se balancer comme ça, en quelque
<le-panier pour je-garde l ' équilibre. Et l ' autre>
220. ri)I-I-i nséngd, nimsi u inséngd sorte : "Regardez-moi , je suis en train de monter moi , avec le
<il-Iai ssa-al ler-à-moi je-balance, je-marche et je-balance>
ckk , sptCi : "araw-ni dWa y�n, bi-I -i):Jbz pain qui est prêt !" Et nous le rapportions à la maison. Parce
<ainsi, en-sorte : "regardez-moi montant (f. ) moi , avec-le-pain>
lest . " u k:Jnna [mi)d5-i) ) id-d§.r. Cas que nous habit ions encore à Ta' G antun, là-haut, dans la ''farm
<prêt . " Et nous-étions nous-prenons-Iui la-maison. Car>
k:Jnna o§'d-na m?O;du taO-gantUn, cmm [(P , house" . Ensuite, nous avions une sorte d' étagère (225) faite
<nous-étions encore-nous nous-habitons ta' Gantun, là sur , >
fi-I-"faJmi)aws". imbaoad ké llna da?séyn skaffa cal exprès et nous le posions dessus et nous faisions attention que
<dans-Ie-"farm house". Ensuite nous-avions un-peu étagère pour>
225. t-app8sta u [ n?ëd5-i) ) fU?-oa. u m?08du parce que si tu le laissais l ongtemps, le pain moi sissait .
<de-exprès et nous-plaçons-lui sur-elle. Et nous-restons>
atténti illi . . . Cas ki ti)alli -i) i)afna 1-i):Jbz Bon, moi , j' avais une tante, Catherine. Je ne sais pas d ' où
<attention que ,
. . . car
,
si tu-laisses-lui
"
beaucoup le-pain>
'1
k�n inawwar. issa y�n kc lli ciyya, [ katare nl. elle tenait ça. Mais chez elle, venait le moine, parce qu' el l e
<i l-était il -mois it. Maintenant moi j' av.ai s tante, Catherine. >
1 avait le moine qui était le frère de son mar i . Et
ma-n§.f-s minn [ftn) gabIt-oa [ de n l . imma dlk (230)
<Ne-je-sai s-pas de où elle-apporta-elle cel le-c i . Mais cel le-là>
°and-oa [ken ) yigi l-p§.tri . Cas kéWa l-p&tri toujours , il était un peu plus éduqué que les gens du village,
<chez-elle i l-était il-vient le-moine . Car elle-avait le-moine>
230. DU ir-r�gd tai)-i)a. u déyycm [ ken) ikUn da?séyn n' est-ce pas. De quelque part elle tenait ça. Je me souviens
<frère l' homme de-elle. Et toujours i l-était il -est un-peu>
cduk�t [zycd min-n-n6s ta-r-ral:lal , °us ? minn si qu' elle m' envoyait moi et ma cousine Rosa, aujourd'hui qui
<éduqué plus de-les-gens de-le-vil lage, lui-pas ? De quoi>
mk�n gabIt-oa. niftakar k6nct . . . /. . .
<endroit elle-apporta-e lle. Je-me-souviens el le-était>
tibOat-ni lÎl-i u i l-kuglna r5za. i l iUm [man)
<elle-envoie-moi à-moi et la-cousine Rosa. Aujourd' hui qui>
456 Récits et traditions La fabrication du pain 457

yar fcyn °1, l-ingiltérra. k6nct tOidi -l-na sait où elle est , en Angleterre. Elle nous disait (235)
<il-sait où elle, l' Angleterre. Elle-était el le-dit-à-nous : >
235. "m6rru gibU-I-i da?séyn s�Otar minn fij? is-s;irg, minn "Allez me chercher un peu de thym du Sarg, de sur le rocher ! " ,
<"allez apportez-à-moi un-peu thym de sur le-Sarg, de>
ft}? il-bl�t", bl)al dak li sibna da-I-03du. comme celui que nous avons trouvé ce matin. D u thym comme celui
<sur le-rocher" , comme celui-là que nous-trouvâmes ce-le-matin. >
sâOtar bl)al dak li glbna da-I-03du. °al6s que nous avons rapporté ce matin. Parce que d ' une manière ou
<Thym comme celui-là que nous-apportâmes ce-le-matin. Parce-que>
dak, b-si m5d ycw 6l)::w k�n iz6mm lil-I-l)6bz d' une autre, ça empêchait le pain de moisir. Bref, alors , un
<celui-là, avec-quoi façon ou autre il-était il-garde à-le-pain>
ma-inawwâr-s. ins6mma. allUra, l)6bza wâra 1-6l)ra, l)6bza pain après l' autre, un pain (240) après l' autre, je ne sais pas
<ne-il-moisit-pas . Enfin. Alors, pain après l' autre, pain>
240. wâra 1-6l)ra, ma-n;if -s ° al6s dak il-l);bz pourquoi ce pain ne durcissait pas autant que celui d' aujour-
<après l' autre, ne-je-sais-pas pourquoi celui-là le-pain>
ma-tânt-s k�n yibb6s bl)al taO-llUm. cas k�ku d ' hui. Parce que sinon nous ne l' aurions pas supporté. Nous
<ne-tant-pas il-était il-durcit comme de-aujourd' hui. Car si>
ma-bnn6-s nissap6rtu. k6nna pétrissions presque tous les huit jours. Si . . . comment aurait-
<ne-nous-étions-pas nous-supportons. Nous étions>
nâOgnu kw;izi kull tmint iyy6m. k6ku . . . kIf il pu se conserver n' est-ce pas ? Certainement (245) qu ' il se
<nous-pétrissons presque tout huit jours. Si . . . comment>
k�n iz6mm da?sékk, °as ? bi-l-f6rs k�n conservait un peu mou, parce que tu ne pourrais pas manger de
<i l-était il-garde ainsi , lui-pas ? Avec-la-force il-était>
245. iz6mm si fUt ârtab, Cas mintS sc-t6bl h::Jbz pain très très dur . Bon, le plus beau de tout ça, c' était quand
<il-garde quoi un-peu mou, car ne-toi-pas FUT-tu-m a"nges pain>
6bcs l)�fna l)âfna. issa, l-isbal) taO dIn je montais avec les petits pains, quand j ' étais en train de
<dur beaucoup beaucoup. Maintenant , le-plus-beau de celle-ci>
k�n méta bnt nitlao bi-I-ftâyyar, [ sIn] monter avec les petits pains, les gens qui étaient du village
<i l-était quand j ' étais je-monte avec-Ies-petits-pains, quand>
nkan t610a bi-l-ftâyyar. in-n6s li cUma et des paysans qui se levaient tôt , ils faisaient (250)
<je-suis montant ( f . ) avec-les petits-pains. Les gens que eux>
taO-r-r�Q.al u bd6wa li i?Umu km6ni y�Omlu : "Regarde, regarde, Maria de Pantu, Dieu te bénisse, elle est
<de-le-vil lage et paysans que i ls-se-lèvent tôt ils-font : >
250. ";ira, ;ira mariyya taO pântu, âlla ib6rck dlga t610a déjà en train de remonter avec les petits pains et nous on est
<"regarde, regarde Maria de Pantu, Dieu il-bénit déjà montant>
bi-I-ft�yyar u �l)na °;id-na nizlin ! " encore en train de descendre !" Bref . Ensuite, après cette
« f . ) avec-les-petits-pains e t nous encore-nous descendant>
ins6mma. imbâoad wâra di-I-ist5rya n6l)u histoire, je prenais un peu de repos , n' est-ce pas, je me
« p l. ) ! " Enfin. Ensuite après cette-l' histoire je-prends>
fUt da?séyn taO mistr6l) moas ckk, ninl)âsd u lavais, me changeais, m' habillais bien et j' allais à l ' école
<un-peu un-peu de repos ne-lui-pas ainsi, je-me-Iave et>
nbiddd u nilbcs pulÎt u mmur l-isk5la fcyn taO­ près de (255) Rabat, à Tigrija. Parce que l ' école était à
<je-me-change et je-m' habille poli et je-vais l' école où de->
255. r-râbat, it-tigriyya. cas l-isk51a k6nct it-tigriyya. Tigrija. . . . 1. . .
<de-le-Rabat, "La-Tigrija". Car l ' école ell e-était "La-Tigrija">
458 Récits et traditions La fabrication du pain 459

Et moi , dans tout ça, je ne faisais même pas attention que


u y�n , dan k;ll-u, ?as k:mt naOti kas li y6na
<Et moi , celui-ci tout- lui , moins j ' étais je-donne cas que moi>
l).dimt , °amilt si spra kbÎra, °al6s it-tfayl6t j' avais travaillé, que j' avais fait quelque grande œuvre. Parce
<je-travaillai je-fis quoi œuvre grande, car les-fillettes>
taO-r-ral).al Ekk k6nu yal).dmu, anki mïn que les fillettes du vil lage c ' est comme ça qu ' e l les travail-
<de-Ie-vil} age ai�si ell � s-étaient e l les-travaillent, même qui>
imur l-isk3Ia. yal).dmu d-dar u kïf laient , même celles qui al laient à l ' école. Elles travaillaient
<il-va l ' école. Elles-travaillent la-maison et comment>
260 . yfstOu, iOÎnu. imbaoad l-iskSla ?Îs-oa si à la maison et (260) aidaient comme el les pouvaient. Ensuite,
<elles-peuvent, el les-aident. Ensuite l ' école comme-elle quoi>
l).�ga " ékstra" mOus bl).al taO l lum, °as y�fu l ' école c' était comme quelque chose en extra, pas comme celles
<chose "extra" ne-pas-Iui comme de aujourd' hui, car i ls-savent>
d' aujourd'hui. Parce qu' elles savaient un peu . . . un peu à
na?ra . . . na?ra . . . skS la . . . [ andum] l).afna l).aym.
<un-peu . . . un peu . . . école . . . chez-eux beaucoup gâteries . >
k;nna naomlu ftït minn k;ll:)s . u y�n nirringraccya l ' école el les ont beaucoup de gâteries. Nous faisions un peu de
<Nous-étions nous-faisons un-peu de tout . Et moi je-remercie>
1 ;mm-i u 1 miss6r-i li darréw-ni nahdEm tout. Et moi je remercie ma mère et mon père qui m' ont habituée
<à mère-moi �t à p�re-moi que i ls-habituè ; ent-�oi je-travail le , >
265. °al�s il -l).ayya . . . f i-l-l).ayya tilta?aO mao hafna à travailler, (265) parce que la vie Dans la vie tu
'
<parce-que la-vie . . . dans-la-vie tu-rencontres avec beaucoup>
diffikultayy6t. u dak . . . méta tkun [imrubblyya] tal).dEm rencontres beaucoup de difficultés, et ça, quand on est élevé
<difficultés. Et celui-là . . . quand tu-es él evée tu-travailles>
u ma-tibzao-s mi-s-s;o:)l, il-l).ayya sptci tlstaO dans le travail et qu' on n'a pas peur du travai l, en quelque
<et ne-tu-as-peur-pas de-le-travail, la-vie en-sorte tu-peux>
t:)l).;d-oa aktar li ttï-k fu? WfCC-Ek. "yu sorte on encaisse mieux. "You can take it" disent les Anglais.
<tu-prends-�lle plus que el le-danne-toi sur visage-toi. "You>
kan ta1k it" iOÎdu l-ingIÎzi.
<can take it" ils-disent les-Anglais. >
Canan et le coq 461
460 Récits et traditions

Les trois récits qui suivent ont été recueillis auprès d'un
�nseignant en bi ologie âgé de 45 ans et originaire de San
Gi li an . L' enregistrement a eu l ieu dans une des salles du lycée
où il enseigne, en novembre 1985. Les réalisations dialectales
sont données en transcription phonétique entre crochets carrés.

TEXTE N° 2
TEXTE N" 2
Cahan et Le coq
Cahan et Le coq

(l) Il y a une autre histoire de Cahan qu'on appelle "Cahan et


1. cmm st6rya 6!)ra taO ga!)an iO idO-I-oa ga!)an u s-scrdO?
<là histoir � autre de ë: anan �ls-di sent-à-elle Canan et le-coq . >
le coq". Bon. Sa mère, à Canan, elle lui donna un coq. Elle lui
dan, :::>mm-u l i l ga!)an taOt-u scrdO? ?alt-l-
<celui-ci, !père-lui à Canan elle-donna-Iui coq. Elle-a-dit-à-> il
dit "Mainten ant, ce coq, vois si tu peux le vendre . " Et
u : "issa, dan is-scrdO? âra tbi OU-s " . u
<lui : "m � intenan! , celui-ci le-coq r egar �e tu-vends-quoi . " Et>
lui lia la patte pour qu' i l ne passe pas son temps à donner
rabat-I-u sia?-u bias ma-y:::> ? o:::>d -s yaOti
<il-attacha-à-Iui pied-lui pour ne-i l-s' assoit-pas i l-donne>
(10) des coups de pieds, pour qu ' il ne lui échappe pas, et il
5. b-[sa?ii-h l , bias ma-yigri-I -o-s u zamm-u
<avec-pieds- Iui , pour ne-il-court-à-Iui-pas et il-garda-Iui>
l ' a mis sous son bras. En chemin, Canan rencontra deux hommes
ta!)t spallt-u. barra t-tria?, ga!)an f inti?al maO si
<sous épaule-lui . Dehors la-rue, Cahan i l-rencontra avec quoi>
qui en fait étaient des voleurs. Ils voulaient lui prendre ce
zcwgt irg6r llli fi-I-fatt k6nu halldÎn. ·
<deux hommes que dans-le-fait ils-ét aient voleurs . >
coq, mais ils ne lui dirent pas qu ' ils allaient lui prendre.
r6du yc!)du-O O-I-u dan is-scrdO?, imma
<Ils-voulurent il �-prennent-Iui -à-ly i celui-ci le coq, mais>
(10) Ils lui dirent "Ce pauvre coq, les pattes l iées,
ma-?alu-I-u-s li sc-yc!)du-Ou-I-u.
<ne-ils-dirent-à-Iui-pas que FUT-ils-prennent-Iui-à-Iui. >
pourquoi ne lui enlèver ions-nous pas ces liens qu' i l a aux
10. ?aI O-I-u : "dak l-ims�ykcn scrdO?, sa?ay-[ h l marbutÎn,
<Il s-dirent-à-Iui : "celui-là le-pauvret coq, pieds-lui liés , >
pattes 7" Et Cahan leur dit : "Non, il est à moi, je vais le
°as ma-nnE!)!)u-I-Œ-s dawk [ i l-spiikl l i °i:mdu
<car ne-nous-enlevons-à-lui-pas ceux-là les-liens que chez-lui>
vendre . " Inutile de dire qu' après qu ' i ls l ' eurent menacé à
maO sa?ay-[ h l ?" u ga!)an ?aI i -l-o:::>m : "lt, dak
<avec pieds-lui ?" Et Canan il -a-dit-à-eux : "Non celui-là>
' plusieurs reprises . . . /. . .
t6°-i, séyycr [imb6h-?u ) . " m-oandnÎ -5 si
<de-moi; allan} je- ,; ends-Iui . Ne-chez-nous-pas quoi>
"/

nOldu, wara ?aOdu iOcddu-[ h l u


<nous-disons , après i ls-s 'assirent il-menacent-lui et>
462 Récits et traditions Cahan et le coq 463

15. iOayytu miâo-u, l).adÛ-I-u s-serdÛ? u tsPu OS) et lui eurent crié après, ils lui prirent le coq et ils
<i ls-cri ent avec-lui , ils-prirent-à-Iui le-coq et i ls-partirent>
yIgru. u gal).an gsra girya waray-oJm. gal).an partirent en courant. Et Cahan courut derrière eux. Cahan
<i ls-courent. Et Gahan i l -courut course après-eux. Cahan>
k:)mpla yigri waray-oJm saksmm râ-oJm yistal).bÉw continua à courir derrière eux jusqu ' à ce qu' i l les voie se
<i l-continua il -court après-eux jusque il -vit-eux i ls-se-ca->
gJ dar. °Ûma min-oalÎ-oJm li ma-ndunâ-s. cacher dans une maison. Eux pensèrent qu ' il ne s ' en était pas
<chent dedans maison. Eux qui-pour-eux que ne-il-s' aperçut-pas . >
°alskk gal}an mar id-dâr u 1 ;mm-u ?aI1- aperçu. Là dessus, Cahan alla à la maison et à sa mère , il lui
<Pour-ainsi Cahan i l-alla la-maison et à mère-lui il-a-dit->
20. I-oa : "tf-ni sapûna u tf-ni l-iskÛpa. " allÛra gal).an (20) dit : "Donne-moi du savon et donne-moi le balai . " Alors
<à-elle : "Donne-moi savon et donne-moi l e-balai . " Alors Cahan>
l ibes taO mara, libsa t-:)mm-u , l).a miâo-u Cahan s' habilla en femme , un habit de sa mère, il prit avec lui
<il-s' habilla de femme, habit de-mère-Iui , i l-pr it avec-lui>
I -iskûpa u sapûna u mbaoad mar il).abbat i l-biâb taO le balai et du savon et ensuite il alla frapper à la porte de
<le-bal ai et savon et ensuite i l-alla il-frappe la-porte de>
dawk iz-zswg l).allclÎn. ?aIi-I-oJm : "l).alli nal).sl-iI­ ces deux voleurs. Il leur dit "Laissez-moi vous laver la
<ceux-là les-deux voleurs. I l-a-dit-à-eux : "l aisse je-Iave-à->
bm id-dâr Cas y�na ?et-nitl).<itl las si l).âga zOÎra maison, parce que moi, je me fais un peu payer (25) pour laver
<vous la-maison car moi en-train-je-suis-payé quoi chose petite>
25 . bi8s nal).scl id-dyâr taO-n-niâs . " allÛra ?aIÛ-I-oa : les maisons des gens . " Alors i l s lui dirent "Entre et balaie
<pour je-lave les-maisons de-les-gens . " A lors il -dirent-à-elle>
" idl).JI u iknes u al).scl it-tarag !" dIn, dâna, et lave les escal iers !" Ce lle-c i , celui-ci , Cahan entra.
<"entre et balaie et lave les-escaliers !" Cel le-ci, celui-ci , >
gal).an dal).al. °Ûma ?aIÛ-I-u : "i ssa al).na l).crgÎn. Eux, ils lui dirent : "Bon, nous sortons. Alors fais attention
<Cahan entra. Eux il s-d irent-à-Iui : "maintenant nous sortant>
Issa l).u l).si8b li tnaddaf sswwa, à bien nettoyer , sinon nous ne te paierons pas . " Cahan se
« p l . ) . Maintenant prends pensée que tu-nettoies juste , >
inkslla ma-nl).allsÛ-k-s ! " gal).an nszao dévêtit de (30) la robe de sa mère, habilla le balai en forme
<autrement ne-nous-payons-toi-pas !" Cahan i l-se-déshabilla>
30. il-l ibsa taO ;mm-u, Iibbes l-iSkÛpa f;rma taO mara de femme en mettant la ghonella dessus , prit le coq, enduisit
<le-costume de mère-lui , i l-habi lla le-balai forme de femme>
bi- I-oJnnslla fÛ?-oa . l).a s-serdÛ? , dlIek tous les escaliers avec du savon et de l ' eau et partit en
<avec-Ia-ghonnella sur-elle. Il-prit le-coq, il-enduisit>
it-tarag k;ll-u sapûn b-I-i Ima u tsla? yigri courant vers la maison avec le coq sous le bras . Quand les
<l' escalier tout-lui savon avec-l' eau et il-partit i l-court>
[ lcy 1 id-dâr bi-s-scrdQ? tal).t spallt-u. méta gew voleurs furent arrivés et eurent ouvert la porte, ils l' appe-
<vers la-maison avec-le-coq sous épaule-lui. Quand il-vinrent>
i l-l).allcIIn u fstl).u l-bi8b , seyyl).Û-I-u i i i lèrent, (35) Cahan, qui était censé être habi llé en femme. Eux
< les-voleurs e t il s-ouvrirent la-porte, ils-appelèrent-à-Iui à>
35. gal).an li supp:)st ki8n liâbes taO mara. °Ûma raw virent un balai habi llé en femme , mais pensèrent que c' était
<Cahan que supposé il-était habillé de femme. Eux ils-virent>
skÛpa 1 6bsa taO mara, imma min-oaIÎ-oJm li k6net . . . /. . .
<balai ( f . ) habillée de femme, mais qui-pour-eux que elle-était>
464 Récits et traditions Canan et le coq 465

mara tassi:w . u bdcw iOidU-l-oa une femme pour de vrai. Alors i ls lui dirent "Tu as lavé pour
<femme de-le-juste. Et ils-commencèrent ils-disent-à-elle : > tu as nettoyé pour nous Qu' est-ce que tu fais là-
nous, 7
"i)sil t-Îl-na, naddaft-Îl-na, 5 int ta ornel cmm
<"Tu-lavas-à-nous, tu-nettoyas-à-nous, quoi toi tu-fais là> haut 7" Et celui -là, il est resté debout, le balai avec la
ni? 7" u dlk ba?Oct w&ï?fa l-iskUpa b-l-o::mni:lla
<sur 7 " Et celle-là elle-resta debout le-balai avec-la-gnonnel-> gnone lla (40) dessus. Ils montèrent les escaliers en courant ,
40. fU?-oa. ti:lou yigru it-tarag,
<la sur-elle. Il-montèrent i ls-courent les-escal iers> gl issèrent, commencèrent à se blesser, à proférer des jurons,
zi:Pu, bdcw iwi:ggOu, yitki: llmu
<ils-glissèrent , ils-commencèrent i ls-se-blessent, i ls-par lent> et finalement ils s' aperçurent que, cette fois-ci , Canan les
i)azfn, u f-I-ai)i)ar indunaw li gai)an di- ,
<mauvais, et dans-Ie-dernier ils-s' aperçurent que Canan cette->
avait eus.
d-darba kgn la °b-o:)m.
<la-fois i l-était il-joua-eux. >
Le vieil homme enterré vivant 467
466 Récits et traditions

TEXTE N° 3 TEXTE N° 3

Le vieil homme enterré vivant Le v ieil homme enterré v ivant

(1) Il Y a une histoire qu ' on raconte parmi les Maltais, ça ne


1. cmm st3rya li i Oldu f::>st il-maltIn. ma-tfissir-s
<Là histoire que i ls-disent parmi les Maltais. Ne-i l-signifie->
li [ l-;rigni J tal;-l;a °Œwa m�lta bi -l-f;rs, imma addatt�ta veut pas dire que son origine soit à Malte certainement, mais
<pas que l ' or igine de-elle lui Malte par-la-force, mais adaptée>
°al aw m�lta, taO wful;cd swÉyyal; midfŒn l;ay qu ' elle a été adaptée pour ici , à Malte, à propos d ' un vieil-
<pour ici Malte, de un vieillard ( dim. ) enterré vivant>
il-oalfus milli yi dO cr i Oldu li kin-émm lard enterré vivant. Parce que , à ce qu' i l semble, on raconte
<le-paree-que de-que il-semble ils-disent que il-était-là>
(5) drawwa f si zm�n anti kismu méta ni;ïs syul; qu ' i l y avait (5) une coutume dans des temps très anciens selon
<coutume dans quoi temps très-ancien quand gens vieux>
kfunu il;al lŒ-o::>m [ wcl;édJ- o::>m g::> si °ar sakÉmm laquelle des gens âgés étaient laissés seuls dans une grotte
<ils-étaient ils-laissent-eux un-eux dedans quoi grotte jusque>
imŒtu, °as ma-kinŒ-s ?cOdin isérvu jusqu ' à ce qu ' i ls meurent, parce qu ' ils n ' étaient plus utiles à
<il-meurent, car ne-il s-étaient-pas assis ( p l . ) ils-servent>
lil -l-bmunita u ma-yistOŒ-s yibntribwissu s;o::>l la communauté, qu ' i ls ne pouvaient plus contribuer au travail .
<à-la-communauté et ne-ils-peuvent-pas ils-contribuent travail>
lzycd. kf;Jnct s kfunct [ l -::>rIgni J , ki;ïn wasal Quelle qu ' en soit l ' origine, il était venu (10) le temps o ù u n
<plus. Elle-était quoi elle-était l ' origine, i l-était il -vint>
certain vieil lard devait être enfermé dans une grotte pour Y
(10) iz-zmfun méta wful;cd swéyyal; kéllu yinOala?
<l e-temps quand un vieil lard ( dim. ) il-avait il -est-enfermé>
g::> °ar bi;ïs im6.t cmmékk. 1zda i bn-u mourir . Cependant son fils ne voulait pas faire ce boulot. Il
<dedans grotte pour i l-meurt là-ainsi. Cependant fils-lui>
ma-rfud-s yaOmil-oa k;ll-oa di-l-bicca s' entendit avec son père qui était très vieux. Il lui dit
<ne-il-voulut-pas il-fait-elle tout-elle cette-le-morceau (f. »
s;o:)l. ftf;J°cm mao missfur-u, s�l; l;afna. ?al- "Moi, on est en train de m' obliger à faire ce OS) boulot, mais
<travail. Il-s' accorda avec père-lui, vieux beaucoup. Il-a-dit->
l-u : "yi;ïn, ?ct-igaol6.-ni naomi I-oa di- je vais te laisser une ouverture sur le dessus, une fente dans
<à-lui : "moi , en-train-ils-obligent-moi je-fais-el le cette->
es respi rer et une
(15) l-bicca s;o::>l, imma sc-nl;allÎ-l-ck t;?ba le mur de p ierres sèche s , pour que tu puiss
<l e-morceau ( f . ) travail, mais FUT-je-Iaisse-à-toi ouverture>
autre ouverture vers le bas, pour qu e tu puiss es prend re par là
nal;a taO fu? s?u? fi-l-l;ayt taO-s-scyyful; b�s
<côté de sur fentes dans-le-mur de-les-pi erres-sèches pour>
. . . /. . .
tistaO tful;u nifs u t;?ba ;l;ra n-nal;a t-isfcl un peu de lait de chèvre
<tu-peux tu-prends souffle et ouverture autre le-côté de-en-bas>
bi;ïs minn-oa tistaO tfuhu si fUt hallb
. . taO-I-m;oza
,

<pour de-elle tu-peux tu-prends quoi un-peu lait de-la-chèvre, >


468 Récits et traditions Le vieil homme enterré vivant 469

mÉta ngïb il-m8°::>z yirO�w dawk awk quand j ' amènerai les chèvres paître dans le (20) coin. " Et
<quand j' apporte les-chèvres ell es-paissent ceux-là>
20. l-inJ:l�wi. " sadatt�nt, ekk o�mcl dan c' est ce que fit l ' enfant. Il dut faire comme les autres.
<l es-environs. Pendant-ce-temps, ainsi il-fit celui-ci>
it-t ife! . kÉllu y�Omcl bJ:l�lma y�Omc1 J:latt6J:lx. Cependant, i l montait tous les jours pour que son père puisse
< l ' enfant. Il-avait il-fait comme-que il-fait personne-autre . >
fzda k�n yitlao kulyam b�s miss6r-u yÎstaO continuer à manger autant qu' i l pouvait. Pendant ce temps
<Cependant i l-était il-monte chaque-jour pour père-lui il-peut>
yib?aO y6bl sakÉmm yistao . sadatt�nt, uk8ll aussi, le roi de ce temps-là, ou bien le sultan de ce (25)
<i l-reste il -mange jusque il-peut . Pendant-ce-temps, aussi>
ir-ri taO dak iz-zm6n, yew is-sulÜn taO dak temps-là, ordonna que ceux qui avaient des champs devaient
<le-roi de celui-là le-temps, ou le-sultan de celui-là>
(25) iz-zm6n , 8rdna illi dawk li kÉW::>m 1-°c16?i d' abord travail ler les champs du roi, ou b ien du sultan, et que
<le-temps, ordonna que ceux-là que ils-avaient les-champs>
irfdu y�J:ldmu I-Éwwc1 1-°c16?i taO-r-rt yew s' ils en avaient à eux, de s' en occuper après. C' était une loi
<i ls-veulent i ls-travaillent le-premier les-champs de-Ie-roi ou>
taO-s-suIÜn. u yekk kéW::>m t�J:l-J:l::>m [ yÉJ:ld::> 1 J:ls6b-o::>m qui touchait aussi le jeune homme . Alors, celui-ci alla dire à
<de-Ie-sultan. Et si ils-avaient de-eux i ls-prennent pensée-eux>
w�ra. dïn k6net ligi li mÉssct uk8ll il (30) son père ; il lui dit : "Maintenant, le roi nous a annoncé
<après. Celle-ci ell e-était loi que elle-toucha aussi à>
dan il-gavni. al lara dan mar iord il une mauvaise nouvelle, parce que moi , je vais devoir rester à
<celui-ci le-jeune-homme. Alors celui-ci il-alla il -dit à>
(30) miss6r-u . ?�l- l-u : "i ssa r-rc t�-na travailler tout le temps sur les champs du roi ou du sultan. "
<père-lui. Il-a-dit-à-Iui : "maintenant le-roi il-donna-nous>
�J:lbar J:lazfna. il-oal6s y6na se-ik811i n8?o::>d Le vieil lard, à son fils, il lui dit, afin qu' i l puisse bien
<nouvelle mauvaise. Le-paree-que moi FUT-j ' ai je-m' assois>
naJ:ldem i l-J:lln k8ll-u fi}? 1-°c16?i taO-r-rÉ yew travai ller, qu' i l pouvait travailler (35) ceux du roi tout au
<je-trava ille le-temps tout-lui sur l es-champs de-Ie-roi ou>
taO-s-suIÜn. " is-swÉyyaJ:l li-t-tifc1 t60-u long de la journée, et le sien il le travaillerait de nuit.
<de-Ie-sultan. " Le-vieillard ( dim. » à-l ' enfant de-lui>
?�I-I-u b�s yistaO y�J:ldem sew , yistaO 1 Quand le roi, le sultan, vit que ses champs et ceux de ce jeune
<i l-a-dit-à-Iui pour il-peut il-travaille juste, il -peut à>
(35) taO-r-ri yaJ:ldim-o::>m matai il-gurn�ta u t60-u homme prospéraient de la même façon, il l ' envoya chercher et
<de-le-roi il -travaille-eux le-l ong la-journée et de-lui>
yaJ:ldim-oa bi-I-Iéyl . mÉta r-rc, is-sult�n ra lui dit : "Comment est-ce possible que mon champ et le tien
<il-travaille-elle avec-Ia-nuit. Quand le-ro i , le-sultan i l-vit>
illi 1-°c16?i t60-u u taO dan il-gavni (40) prospèrent de la même façon ?" Il lui dit : "Alors,
<que les-champs de-lui et de celui-ci le-jeune-homme>
. . . /. . .
k6nu l-istÉss kwa lit� b�Oat °alÏ-J:l u ?�l-
<i ls-étaient la-même qual ité il-envoya pour-lui et il-a-dit->
I-u : "kïf yistaO ikan I-o� j?a t6°-i u t6°-ck
<à-lui : "comment il-peut i l-est le-champ de-moi et de-toi>
(40) kibru t�yyeb I-istéss ?" ?�l-I-u : "mÉla,
<i ls-grandirent bien le-même ?" Il-a-dit-à-Iui : "alors , >
470 Récits et traditions Le vieil homme enterré vivant 471

mintfs taQdem t6°-i biss 7" u 1-6h::Jr tu ne travai lles donc pas seulement le mien 7". Et l ' autre lui
<ne-toi-pas tu-travai lles de-moi seulem�nt 7" Et l ' autre>
?al-l-u : "oas t6°-i naQdlm-oa bi-I-Iéyl u répondit "Parce que le mien je le travaille de nuit et le
< il-a-dit-à-Iui : "car de-moi je-travaille-elle avec-la-nuit et>
t6°-ek naQd lm-oa bi-noar . " al lOra b-ekk da tien, je le travaille de jour . " Alors, à cause de ça, celui-ci
<de-toi je-travaille-elle avec-jour . " Alors avec-ainsi ce>
Qaseb iIli ?6°ed [yaddt -h ] bi-z-zm6n. al lOra ?al­ pensa qu' il était en train de se moquer de lui. Alors, il lui
<il-pensa que assis il-passe-Iui avec-le-temps. Alors i l-a-dit->
(45) l-u : "méla lssa, b�s ma- [ta. ddd-nI-s bi- (45-) dit : "Bon, alors, pour que tu ne te moques pas de moi , je
<à-lui : "alors maintenant, pour ne-tu-passes-moi-pas avec->
z-zm6n intf-k pr5va 6Qra. °;ida, éyya l mma ma­ vais te donner une autre épreuve. Demain, viens, mais tu ne
<le-temps je-donne-toi épreuve autre. Demain viens mais ne->
trld-s tkun li�bes . " dan il-gOvni mar devras pas être habillé. " Ce jeune homme alla chez son père et
<tu-veux-pas tu-es habillé. " Celui-ci le-jeune-homme il-al la>
°and miss6r-u u ?al-l-u : "issa s se- lui dit " Maintenant, que vais-je bien pouvoir faire, parce
<chez père-lui et il-a-dit-à-lui : "maintenant quoi FUT->
na?bad naomd 7 cas irld-ni mmur °and-u [min;ir ] ma qu ' i l veut que je vienne chez lui sans que (50) je sois habil-
<je-saisis je-fais 7" Car il-veut-moi je-vais chez-lui sans que>
lé 7" Et son père lui donna un conseil et lui dit "Habille-
(50) nkun 16bes . " u miss�r-u ta-r h] parIr u
<je-suis habi ll é. " Et père-lui i l-donna-lui consei l et>
?al-I-u : "iIbes sibka taO-s-sayy6da u b-ekk toi d ' un filet de pêcheurs et de cette façon tu seras habillé
<il-a-dit-à-lui : "revêts filet de-les-pêcheurs et avec-ainsi>
tkun 16bes u f -l-istéss QIn mintfs l �be s . " méta et en même temps tu ne seras pas habillé. " Quand il alla devant
<tu-es habillé et dans-le-même temps ne-toi-pas habillé. " Quand>
le roi, celui-ci lui dit "Et bien, qui t ' a conseillé de faire
mar ?udd6m is-suIÜn, d;ina ?al-I-u : "d�na,
<i l-alla devant le-sultan celui-ci i l-a-dit-à-Iui : "celui-ci >
' ainsi 7" Il lui dit : (55) "Alors demain viens sans chaussures ,
mIn ta-k parIr taOmd ekk 7" ?al-I-u :
<qui il-donna-toi consei l tu-fais ainsi 7" I l-a-dit-à-Iui : >
(55) " Issa °;ida, éyya [min;ir ] zarbOn, Imma mais en même temps avec des chaussures ! " , pour l ' embarrasser.
<"maintenant demain, viens sans chaussures, mais>
Celui-ci alla prendre conseil chez son père . Il lui dit "Tu
sadattant bi-z-zarbOn", b�s ifi skl-u.
<pendant-ce-temps avec-les-chaussures", pour il -embrouille-lui . >
d;ina mar [yÉQ::J ] parIr min oand miss�r-u u miss�r-u sais ce que tu vas faire : mets les chaussures sans la semelle
<Celui-ci il-alla il-prend conseil de-chez père-lui et père-lui>
?al-l-u : "taf s taOmd 7 i tbes iz-zarbOn et va chez le sultan !" Le sultan quand (60) il le vit, lui
<il-a-dit-à-Iui : "Tu-sais quoi tu-fai s 7 Revêts les-chaussures>
[ min;ir] il-?6Q u mur °and is-sult;in !" is-sulÜn méta dit : "Alors, avec des chaussures tu es venu 7" Et l ' autre lui
<sans la-semel le et va chez le-sultan !" Le-sultan quand>
répondit "Non, je ne suis pas avec des chaussures, parce
(60) ra- r h ] , ?al-I-u : "méla, bi-z-zarbOn
<il-vit-Iui, il-a-dit-à-lui : "Alors, avec-les-chaussures>
geyt 7" u 1-61pr ?al-l-u : "le, minis qu' en dessous , je n ' ai pas
<tu-vins 7" Et l ' autre il-a-dit-à-lui : "Non , ne-moi-pas>
. . . /. . .
bi-z-zarbOn, il -oal6s minn taQt m-andI-s
<avec-les-chaussures le-parce-que de sous ne-chez-moi-pas>
472 Récits et traditions Le vieil homme enterré vi vant 473

?i;ïl). " is-sultan k6mpla yissusp�tta izyed li dan de semell e . " Le sultan continua de soupçonner encore plus que
<semelle . " Le-sultan il -continua i l-suspecte plus que celui-ci>
k�llu . . . ?et-ik6llu parÎri tayybÎn minoand si celui-ci avait était en train d ' avoir de bons conseils de
<il-avait . . . en-train-i l-a conse ils bons de-chez quoi>
(65) l)att61):::w . allUra b-ekk p::lgg6-I-u prsva 8l)ra. quelqu' un (65) d' autre. Alors, c' est pour ça qu ' i l le soumit à
<personne-autre. Alors avec-ainsi i l-posa-à-Iui épreuve autre . >
u s-sultan lil dan il-gUvni ?�J- I-u : une autre épreuve. Et le sultan , à ce jeune homme, il lui dit :
<Et le-sultan à celui-ci le-jeune-homme il -a-dit-à-lui : >
"m�la Dada �yya r6keb imma ma-trÎd-s tkun "Alors, demain, viens à cheval, mais tu ne devras pas être à
<"Alors demain viens chevauchant mais ne-tu-veux-pas tu-es>
r6keb. " dana ikbnf;nda. r�gaO mar °and cheval !" Ce lui-ci fut troublé. Il retourna chez son père et
<chevauchant. " Celui -ci il-fut-troublé. Il-revint i l-al la chez>
miss6r-u u miss6r-u ?al-I-u : "taf 5 taOmd 7 son père lui a dit : "Tu sais ce que tu vas faire 7 (70) Trouve
<père-lui et père-lui i l-a-dit-à-Iui : "Tu-sais quoi tu-fais 7>
(70) sIb l)mar ck�yk<:::n u sa?ay-k ikUnu imissu ma ° un petit âne et tes pieds toucheront le sol !" Alors le
<Trouve âne petit et pieds-toi i ls-sont i ls-touchent avec>
l-art. " allUra l-oada mar °and is-suIÙn, dan lendemain il alla chez le sultan sur un petit âne et ses pieds
<le-sol . " Alors le-demain i l-al la chez le-sultan celui-ci>
il -gUvni, fu? l)mar ck�yk<:::n u sa?ay- [ h l i �i ssu maC touchaient le sol . Le sul tan lui dit "Qui est en train de te
<le-jeune-homme, sur âne petit et pieds-lui i ls-touchent avec>
l-art. is-sultan ?al-I-u : "min ?ct-itÎ-k donner ces conseils pour que tu ne me laisses pas prendre
<le-sol Le-sultan il -a-dit-à-Iui : "Qui en-train-il-donne-toi>
dawn i l-parÎri bi;ïs inti ma-thalli -nÎ-5 nirbah- l ' avantage (75) sur toi 7" Et celui-ci dût lui dire que c ' était
<ceux-ci les-conseils pour toi ne-t�-laisses-moi-p �s je-vaincs->
(75) l-ck 7" u dana k�llu i Old-l-u li miss6r-u son père qui était en train de lui donner des conseils. Il lui
<à-toi 7" Et celui-ci il -avait il-dit-à-lui que père-lui>
ki;ïn ?ct-itÎ-1) parlr i . ?al-l-u : dit "Mon père est un vieil lard. " Il lui dit "Mais mainte-
<il-était en-train-il-donne-Iui conseils. Il-a-dit-à-lui : >
"miss6r-i sw�yyal). " ?al-l-u : "imma Issa nant, malheureusement, il est enterré . " Il lui répondit
<"Père-moi vieillard (dim. ) . " Il-a-dit-à-lui : "Mais maintenant>
sf::lrtunam�nt ?6°cd midfUn . " ?al-l-u : "m�la, m�yyct "Alors, il est mort ton père. " Il lui répondit : "Non, mon père
<malheureusement assis enterré . " Il -a-dit-à-lui : "Alors, mort>
miss6r-ck . " ?al-l-u : "lt, miss6r-i mOus m�yyct, n' est pas mort (80) parce que j ' ai dû rester à lui donner à
<père-toi . " Il-a-dit-à-lui : "Non , père-moi ne-lui-pas mort , >
(80) i l-oa16s k�lli n8?°::ld na°tf-l) y6bl . " is- manger . " Le sultan tout d ' abord se mit en colère parce que
<le-parce-que j ' avais je-m' assoi s je-donne-l ui il-mange . " Le->
sulÜn °al-l-�wwc1 b�da yi rrabya cas celui-ci aurait dû enfermer son père dans la grotte, mais
<sultan pour-le-premier i l -commença il-se-met-en-colère car>
SUPP8st illi dan il miss6r-u °aP-u g::l ensuite , quand il commença à voir que ce vieillard était en
<supposé que celui-ci à père-lui i l-enferma-lui dedans>
train d' être de bon consei l , . . . J. . .
l-oar imma mbaoad m�ta b�da yara li dan
<l a-grotte mais ensuite quand i l-commença il-voit que celui-ci>
iS-sw�yyaD ki;ïn ?ct-is�rvi taO parÎri tayybÎn,
<le-vieillard ( dim. ) i l-était en-train-il-sert de conseils bons>
474 Récits et traditions Le vieil homme enterré vivant 475

(85) l).afir-06-1-u u mOus biss ?al-l-u (85) il lui pardonna, et pas seulement ça, il lui dit qu' i l
< il-pardonna-el le-à-lui et ne-lui-pas seulement il-a-dit-à-lui>
li yistaO yib?aO ds fi-l-payylz mao-l-famÎlyi pouvait continuer à vivre dans le pays avec les autres famil-
<que il-peut i l-reste i l-vit dans-le-pays avec-les-familles>
l-::)l).rayn, il-oa16s bi-d-dÉ°(:n t60-u, b-l- les , parce qu' avec son savoir, avec sa sagesse, il pouvait
<les-autres , le-paree-que avec-le-savoir de-lui , avec-la-)
ouf t60-u yistaO isÉrvi taO gïd °3.1 l).att6l).x. contribuer au bien des autres. Et pas seulement ça, mais aussi
<sagesse de-lui il-peut i l-sert de bien pour personne-autre . )
u mOus biss uk8 ll imma kull).att yistaO yikkultIva que chacun pourrait cultiver (90) son champ comme il le
<Et ne-lui-pas seulement aussi mais chacun il-peut i l-cultive>
(90) 1-Od6?i t60-u kïf irld Ou minbarra taO-s-suld.n. voudrait , sauf ceux du sultan.
<les-champs de-lui comment il-veut lui sauf de-le-sultan).
Légendes sur Maqluba et Filfla 477
476 Récits et traditions

TEXTE N° 4
TEXTE N° 4
Les L égendes de La formation de MaqLuba et de FiLfLa
Les Légendes de La format ion de MaqLuba et de FiLfLa

(1) Maintenant, nous allons dire quelques légendes à propos de


1. Issa nOidu si lcggéndi dwar si P:Jstiyy6t
<Maintena!1t nous- disons q� oi légendes autour quoi endroits>
; quelques endroits de Malte. D ' abord, nous mentionnerons celle
f -malta. l-cwwcl inscmmu dïk taO-l-
<dans-Malte. Le-premier nous-mentionnons celle-là de-la->
de Maqluba. Maqluba est un grand trou rond dans le sol, dans le
ma?lŒba. il-ma?lŒba °fya Q;fra kbfra, t;nda f -l-�rt,
<Maqluba. La-Maqluba elle trou (f. ) grande, ronde dans-le-sol >
' rocher, au sortir du territoire de (5) Qrendi. Et celui-ci ,
fi-l-bl�t, kïf t;Qr:Jg li mIti taO-l-?réndi . u
<dans-le-rocher, comment tu-sors limites de-le-Qrendi . Et>
souvent, on raconte des histoires dessus, parce qu' au début on
5 . dfna, sikWIt, iofdu stéyycr fŒ?-Oa, i l-oa16s
<celle-ci, s �)Uvent, ils-di �ent �istoires sur-elle, le-paree-que>
ne comprenait pas comment i l était arrivé. En fait, ce trou est
°al -I-cwwcl ma-kinu-s yifOmu kïf
<pour- le-premier ne-ils-étaient-pas ils-comprennent comment>
Géologiquement, c'était une grande grotte sous le sol, et
gï;ït. fi-l-fatt dIn i l-Q;fra °Iya . . .
<elle-vint. Dans-le-fait celle-ci le-trou ( f . ) elle . . . >
avec l ' eau, elle s' effondra et un trou se forma. A côté de (10)
giY:Jbg ikamént k6nct °ar kbïr taht ' l -art u
<géologi quement elle-était grotte (m. ) grand sous le-sol et>
ce trou , à côté de lui, il y a une petite église, de Saint
b-l-Üma sfr;nda u ffurm�t Q;fra. Qdcy- [ h l
<avec-l' eau il-s' effondra et elle-se-forma trou près-lui>
Matthieu. Cette petite église qu ' i l y a maintenant est cons-
.10 . . . dïn il-Q;fra, Qdéy-Oa cmm knisya zOira taO san
< . . . celle-ci le-trou (f. ) , près-elle là église petite de Saint>
truite à la place d'une autre , ou bien à côté d'une autre, plus
matt éw. dïn i l-knfsya zOira li cmm Issa,
<Matthieu. celle-ci 1 : église petite que là maintenant, >
/

ancienne et plus pet ite. La légende qu' on raconte est la


mibniyya fbk :JQra, Îzycd antIka u Îzycd zofra.
<construite au-lieu-de autre, plus ancienne et plus petite . >
suivante que dans cette région , il y avait des familles, ou
il-lcggénda li i Oldu °ï dïn , i 1 1 i f-dawk
<La-légende que ils-disent elle celle-c i , que dans-ceux-là>
une famille, qui (15) vivaient une vie un peu débridée , trop
l-inQawi kin-émm si famflyi ycw famflya flli
<les-environs il-était-là quoi familles ou fami lle que>
permissive. Et on raconte qu' une fois il y eut un tremblement
15. k6nu i Oisu Qayya da?séyn QazIna, pcrmissiva
<elles-étaient elles-vivent vie un-peu mauvaise permissive>
de terre et que le sol s' effondra avec elles. Il y en a qui, au
zzéyycd. u i Oldu i1li darba minn-°:Jm °am � l tcrrcm5t
<trop. Et il s-disent que fois de-eux il-fit tremblement-de->
lieu de mentionner un tremblement de terre, disent . . . 1. . .
u [ sfr:Jnd�t l l-art bl-°:Jm. cmm mïn
<terre et elle-s' effondra le-sol (f. ) avec-elles. Là qui>
mfnfbk isémmi tcrrcm5t iOld
<de-au-lieu-de i l-mentionne tremblement-de-terre i l-dit>
Légendes sur Maqluba et Filfla 47 9
478 Récits et traditions

seulement que le sol s' effondra avec eux et que le trou (20)
biss li [ sfr:::md;&t l l-art bi -o:)m u l-h;fra
.
<seulement que elle-s' effondra le-s � l (f. ) avec-eux, et le-trou>
les avala. Ceci est la légende de Maqluba. Et il Y avait une
20. bcl°at-o:)m g:) fi-ca. dïk °fya l-lsggénda
« f . ) elle-avala-eux dedans dans-elle. Cell e-là elle la-légende>
femme qui était une femme exemp laire, elle seulement fut sauvée
taO-I-ma?IDba. u kin-émm mara illi k6nst mara
<de-la-Maqluba et il-était-là femme que el le-était femme>
et elle fut sauvée parce qu ' elle était en train de prier. Et
szsmpl;&ri, °1 biss salv&t, u salv&t cas k[;)nst
<exemplaire, elle seulement sauvée, et sauvée car elle-était>
là-bas, i l Y a la petite église de Saint Matthieu où fut sauvée
?i:°da titbb. u smmékk smm i l-knIsya zOIra taO san
<assise elle-prie. Et là-ainsi là l ' église petite de Saint>
cette femme. Parfois, certains (25) y ajoutent autre chose . Il
mattéw fsyn salv;&t dIk il -mara. sadattant fD?-
<Matthieu où s,auvé � cell : -là la-femme. Pendant-ce-temps sur->
y en a qui disent que quand ces gens, ce groupe de gens,
25. °a i zldu bicca :)l)ra, dIn. smm mIn
<elle il � -a) oute �t morceau ( f; ) autre, cel le-ci . Là qui>
vivaient une vie débridée, des diables vinrent, ils attachèrent
i OId illi msta daw in-ni8s, grupp taO ni8s k6nu
<il-dit ,que quand ce s, les-gens, groupe de gens il s-étaient>
leurs maisons avec des pierres, avec tout . Ils prirent un gros
iOISu l)ayya l)azIna gsw is-sy&tsn ?abbdu
<ils-vivent vie mauvaise il s-vinrent les-diab les il-attachèrent>
rocher qu' il y avait là et ils le lancèrent à la mer, (30) avec
id-dy;&r tal)-l):)m bi -l-gébd, b-k;lbs. ?abdu
<les-maisons de-eux avec- les-pierres, avec-tout. Ils-saisirent>
eux et avec tout . Et l ' île de Filfla se forma avec eux. C' est
bl;&ta kblra minn smmékk u sshtD-Oa I-bahar
<rocher ( f . ) grande de là-ainsi et il � -lancèrent':" el ie la-mer >
' pour ça que dans cette légende, il y a deux légendes en fait.
30. bi-o:)m, b-k;lbs. u ffurm&t il-gzIra taO filfla
<avec-eux, avec-tout . Et elle-se-forma l ' île de Filfla>
Comment Filfla est apparue et comment le trou de Maqluba est
bi-o:)m. °alékk, f-dIn il-lsggénda smm zswg
<avec-eux. Pour-ainsi, dans-celle-ci la-légende là deux>
lsggÉ:ndi fi-l-fatt . kIf gi8t fi lfla u kIf apparu.
<légendes dans-le-fait. Comment elle-vint Filfla et comment>
gi8t il-l);fra taO-I-ma?IDba.
<elle-vint le-trou ( f . ) de-la-Maqluba. >
Poèmes 481
480 Récits et traditions

TEXTE N" 5
TEXTE N° 5
Poèmes
Poèmes
Les poèmes qui vont suivre ont été recueillis en septembre
1984, auprès de la grand-mère d' une amie qui a toujours vécu à
Attard où elle t ient un café-épicerie. Elle était âgée d' envi­
ron 80 ans à l ' époque et l ' enregistrement a eu l ieu dans sa
maison .
Elle a appris ces poèmes, qui font partie de la tradition
orale, dans son enfance, à force de les entendre réciter par
les adultes. Certains d' entre eux, identiques ou variantes, ont
déjà été publiés ici ou là, notamment par Stumme ( 1904 ) , Ilg et
Stumme ( 1909) ou Cassar-Pull icino Koessler-Ilg ( 1962) . Ils
sont signalés en note, à chaque fois que la documentation que
j ' ai pu consulter m ' a permis de le faire.

1. cf:rtu gOvni tant " 0: k6sal)


<certain jeune-homme tant lui fier> 1. Un jeune homme, très fanfaron
ma" [tm:yl l)at-u ki;}n [murkant l
<avec deux frères-lui il-était marchand> Avec ses deux frères était marchand.
ma" si wal)da k6sl)a bl)iÎl-u
<avec quoi une fière comme-lui> Avec une jeune femme, fanfaronne comme lui,
ki;}n il)8bb ya"md kultant
<il-était il-aime il-fait parfois> Il aimait à être de temps en temps.
dal)l)al f -r�s-u li in-ni sa
<il-fit-entrer dans-tête-lui que les-femmes> Il s' était mis dans la tête que toutes les femmes
u is-ssbb6t k8ll-oa il):Jbba-l)
<et les-jeunes-femmes tout-elle elles-aiment-Iui> Et les jeunes filles l ' aimaient.
dak li iOid-il-°:Jm
<celui-là que il-dit-à-elles> Ce qu ' i l leur disait,
g8sti t60-u l i Y:J°g8b-°:Jm u yistrO-l)
<goût de-lui que il-plaÎt-elles et elles-achètent-Iui> Il pensait que ça leur p laisait et qu ' el les achèteraient.
cérta sbéyba tant °1 l)É: lwa u nddik�ta
<certaine jeune-fille tant elle jolie et délicate> Une jeune fille, très jolie et très délicate,
u fzda dln kÉ:ll °a nannlt-oa
<et cependant celle-ci el le-avait grand-mère-elle> Mais qui avait une grand-mère
482 Récits et traditions Poèmes 483

tant 01 khoa u ikkuccliita


<tant elle horrible et courbée> très laide et toute bossue ,
fi-I-J:!an6t taO-I-mcrkant daJ:!lct
<dans-Ia-boutique de-Ie-marchand elle-entra> Entra dans la boutique du marchand
bï;'is tistri si J:!iiga fIna
<pour e l le-achète quoi chose fine> Pour acheter quelque chose de raffiné.
malli rii-oa diina i l-gTIvni
<dès-que i l-vit-elle celui-ci le-jeune-homme> Dès que l e jeune homme la vit ,
si trïd ?al-I-Oa siny::>rlna
<quoi tu-veux il-a-dit-à-elle mademoiselle> "Que veux-tu" , lui dit-il, "Mademoise l le 7"
?alt-I-u rr1d si bcll6s fIn
<elle-a-dit-à-lui je-veux quoi velours fin> Elle lui dit : "Je veux du velours raffiné . "
sbéyyaJ:! ?alt-l-u :5 Y::J°g8b-ni
<jol i et elle-a-dit-à-Iui ô il-plaît-moi> Vite, il lui apporta le velours raffiné.
h:mm Ou l-prccc sta?s6t-u dïn
<combien lui l e-prix elle-demanda-Iui celle-ci> "Il est mignon" lui dit-elle, "ô, il me plaît !"
[koll-o) daJ:!k u [kol l-o) ks6J:!a
<tout-lui rire et tout-lui fierté> "Combien coûte-t-il 7" lui demanda-t-elle.
[gIS) bcws6t is-sibcr ?al-I-Oa
<deux baisers l ' empan il-a-dit-à-elle> Tout sourire et tout fanfaron
mIn ma nannt-i gï;'it J:!an6t-ck
<qui que grand-mère-moi elle-vint boutique-toi> "Deux baisers l ' empan" , lui dit-il.
yckk trld tiPao l-bcws minn taJ:!-J:!a
<si tu-veux tu-reçois les-baisers de de-el le> "Si ma grand-mère vient à ta boutique,
minfl8k [ crbln ) tb6s-ck im?ar miyya
<de-au-lieu-de quarante elle-embrasse-toi moins cent> Si tu veux recevoir les baisers d' elle,
dan il-g6vni [ sïn ) s�mao dan id-disk;rs J:!élu
<celui-ci l e-jeune-homme quand il-entendit celui-ci le-discours Au lieu de quarante, elle t ' en donnera au moins cent . "
[ doux>
mal l i pr::Jnt J:!ass-u J:!azln Ce jeune homme, quand i l entendit c e doux discours,
<dès-que vite il-sentit-lui mal>
s-sinY::JrIna J:!argct tidJ:!ak
<la-demoiselle elle-sortit elle-rit> Tout de suite il se sentit mal .
b-bc1l6s J:!élu l -aktar fIn.
<avec-velours joli le-plus fin>. La jeune fille sortit en riant

Avec du joli velours, du plus raffiné.


Poèmes 485
484 Récits et traditions
2. h:mm °1 sbÉyDa dlna l-Dayya
2. Comme cette vie est belle !
<combien elle belle celle-ci la-vie>
u °alÎ -na il -g:wcnt6r
Pour nous les jeunes hommes.
<et pour-nous la-jeunesse>
il-g6vni ya?bad it-tfayla Le jeune homme trouve une jeune fille,
<le-jeune-homme il-saisit la-jeune-fille>
u maD-Da im6r id6r Et avec elle, i l va se promener.
<et avec-elle il-va il -tourne>
passiggiir °a-d-dawl taO ?amar Une promenade au clair de lune,
<promenade pour-la-lumière de lune>
[ spicyalmÉnt l kull nOar taO hadd
' Spécialement chaque dimanche.
<spécialement chaque jour de un>
it-tfayl6t id6ru mao-na Les jeunes filles se promènent avec nous ,
<les-jeunes-filles ell es-tournent avec-nous>
zgur li ma-niddÉyy?u ?att C' est sûr que nous ne nous ennuierons jamai s.
<sûr que ne-nous-nous-fatiguons jamais>
tassÉw Dayya fclÎci
C' est vraiment une vie heureuse,
<vraiment vie heureuse>
tOaddi Dayyt-ck fi-n-nam6r Que de passer son temps à faire la cour.
<tu-passes vie-toi dans-l ' amour>
mi -s-scbb6t tiddcpÉndi
Des jeunes filles dépend
<de-Ies-jeunes-fi l les el le-dépend>
l-fclfCi taO-na zgur
Notre bonheur, c' est sûr .
<le-bonheur ( f . ) de-nous sûr>
ma-ik6n-s allÉgru il-g6vni Il ne serait pas joyeux le jeune homme,
<ne-il-est-pas joyeux le-jeune-homme>
yckk iS-sÉbba ma-tkOn-s m60-u
Si la jeune fille n' était pas avec lui .
<si la-jeune-fille ne-elle-est-pas avec-lui>
si bÉwsa b-si karÉcci
Un baiser et quelques caresses
<quoi baiser avec-quoi caresses>
bi8s inÉDDi d-dwÉ:yya? t60-u
Pour enlever sa tristesse.
<pour il-enlève la-tristesse de-lui>
:5 s Wbiltal aDna °andna l-gJvcnt6r
Ô quelle liberté nous avons, nous la jeunesse
<ô quoi l iberté nous chez-nous la-jeunesse>
mi-s-scbb6t tiddcpÉndi l-fc1Ici taO-na zgur. Des jeunes filles dépend notre bonheur, c' est sûr
<avec-Ies-jeunes-filles ell e-dépend le-bonheur (f. ) de-nous sûr>.
Poèmes 487
486 Récits et traditions
l
3 . k:mt fi-t-t&J?a [nims::Jt ] s�or-i
3. J ' étais à la fenêtre, me peignant les cheveux.
<j' étais dans-la-fenêtre je-peigne cheveux-moi>
g6t-ni da??a taO lumiyya
<elle-vint-moi coup de citron (f. l> Je reçus un coup de citron.
li bnt naf mïn waddab-06-I-i
<si j' étais je-sais qui il-lança-elle-à-moi> Si j' avais su qui me l ' avait lancé
bnt [ nugz�-1). ] lil-l-pulidyya
<j ' étais je-dénonce-lui à-la-police> Je l ' aurais dénoncé à la police.
, , /
2
puliciyya gera [ uray-ya]
<policier il-courut derrière-moi> Un policier m' a couru après,
°al da?sÉyn ma-laha?-nI-s
<pour un-peu ne-il-rattrapa-moi-pas> Pour un peu il m' attrapait.
li la1).a?-ni 5 kQn yaOmÜ-I-i
<si il-rattrapa-moi quoi il-était il-fait-à-moi> S ' il m' avait attrapée, que m' aurait-i l fait ?
kalcar�ta ma-idahhal-n6-s
Il ne m ' aurait pas faite prisonnière.
<incarcérée ne-i l-fait-��trer-moi -pas>
idaQQal-ni l-abbatiyya3
Il m' aurait mise dans un cloître.
<il-fait-entrer-moi le-cl oître>
l-abbat iyya m-emm-s kastIg
Dans le cloître, il n'y a pas de punition,
<le-cloître ne-là-pas punition>
emm it-tw6?i u iH prinsy�ni l
Il Y a des fenêtres et des persiennes
<là les-fenêtres et les-persiennes>
u ninnamra kemm irrid.
<et je-fais-I a-cour combien je-veux> . Et je peux fl irter autant que je veux.

1 Une variante des 4 premiers vers se trouve dans Hg et Stumme


1909 : 69 .
2 Ce vers et" les trois qui suivent ont été recueillis séparé­
ment par Bertha Koessler-Ilg entre 1909 et 1912. Ils ont été
publiés par Cassar-Pull icino 1962: 37, nOI81 ) .
3
Ce 9ème vers se trouve dans Ilg et Stumme 1909: 51.
488 Récits et traditions Poèmes 489

4. katarln glbt-I-ck lampUka 4


<Catherine j' apportai-à-toi daurade> 4. Catherine, je t ' ai apporté une daurade.
katarln k�bbcs in-nir
<Catherine allume le-feu> Catherine prépare le feu !
katarIn iftaQ it-t6?a
<Catherine ouvre la-fenêtre> Catherine ouvre la fenêtre
Qal l i y6Qr::Jg id-duQQin.
<pour il-sort la-fumée (m. » Que la fumée sorte !

5. i l lUm is-sibt l-aQQar taO- I-glmaO


<aujourd ' hui le-sept le-dernier de-la-semaine> 5. Aujourd' hui , c' est samedi, le dernier jour de la semaine.
aQna nk6mplu il-kJmplIta
<nous nous-continuons les-courses> Nous avons fini les courses.
maO -I-I�yl [ tuQU-s l fastIdyu
<avec-la-nuit prends-pas contrariété> Dans la soirée , ne t ' énerve pas
u ll csti-I-na il-b::JnIta
<et prépare-à-nous la-bonite> Et prépare-nous la bonite.
inti trld-ni u y6na rrld-ck
<toi tu-veux-moi et moi je-veux-toi> Tu veux de moi et je veux de toi,
u ::Jmmiyy6t-na ma-iridU-s
<et mères-nous ne-el les-veulent-pas> Mais nos mères ne veulent pas.
na?bdu u b-vapUr u ins6fru
<nous-saisi ssons et avec-bateau et nous-voyageons> Nous sommes décidés à prendre le bateau et à part ir,
lcyn milta lktar ma-nigU-s.
<vers Malte plus ne-nous-venons-pas>. Vers Malte, nous ne reviendrons plus.

6. bcyn taO-s-sI6ma u il -fxtIna


<entre de-Ia-Sliema et La-Fortina> 6. Entre Sliema et Fortina,
, u
u cmm [fatl}ul l)anut taO-t-[tt' 1
<et là ils-ouvrirent boutique de-le-thé> Là, on a ouvert un salon de thé .
issa l}argct m5da gdfda
<maintenant elle-sortit mode nouvelle> Maintenant, il est sorti une nouvelle mode,
li [ yi?tcUl sior-°::Jm la [bcbtu l .
<que el les-coupent cheveux-elles à-la bébé> De se couper les cheveux à la bébé .

4Il existe une var iante de ce quatrain dans Cassar-Pu l l icino


0962: 39, n° 195 ) . Les 1 er et 3ème vers sont différents.
Poèmes 491
490 Récits et traditions
7. [ dirit l tl):)bb ma-tkan-s mahbaba
<elle-s' habitua el le-aime ne-elle-est':"pas aimée>
7. Elle était habituée à aimer et à ne pas être aimée,
bl)ilma gara lÎl-i m6°-ck
<comme-que il-eut-lieu à-moi avec-toi> Comme il m' est arrivé avec toi .
ck tizzÉ:wwcg ma-ssIb-s s6rti
<si tu-te-maries ne-tu-trouves-pas chance> Si tu te maries, tu ne trouveras pas ta chance,
u ir-rigcl ma-p?O;d-s m6°-ck.
<et l' homme ne-il-reste-pas avec-to i> Et ton mari ne restera pas avec toi.

8. I)anin-i twïl w ir?ayya? 5


<chéri-moi long et mince>
8. Mon chéri est grand et mince,
?Is-u l ibra [ gal l-i st;cc
Il ressemble à une aiguille dans son étui.
<comme-lui aiguille dedans l ' étui>
kulma yÜbcs k;lbs yiSra?-I-u
Tout ce qu' il porte lui va,
<tout-que i l-revêt tout il-convient-à-Iui>
sa l-katIna taO-I-arl;cc.
<jusque la-chaîne de-la-montre>. Jusqu ' à la chaîne de sa montre.

9. kcmm Ou i kral) taO frankani


<combien lui horrible de Frankuni> 9. Combien il est laid Frankun i,
u imdawwar k;l l-u I)adid
<et entouré tout-lui fer> Tout entouré de barbelés.
sébou [ l -implikitil
<ils-se-fatiguèrent les-employés> Les employés en ont eu assez,
u al)scb u ira mïn Ou marÎd.
<et pense et vois qui lui malade>. A plus forte raison les malades.

5 Stumme 0904: 63, n° 1 ) a publié une version de ce quatrain,


dans laquelle le premier vers est différent.
492 Récits et traditions Poèmes 493

10. li bnt rë naoml-ck rcglna6


<si j ' étais roi je-fais-toi reine> 10. Si j ' étais roi , je te ferais reine,
kurana [n ikJrcni-k]
<couronne je-couronne-toi> D' une couronne je te couronnerais.
li bnt t lgi tal).t id�y-ya
<si tu-étais tu-viens sous mains-moi> Si tu venais sous ma main,
bl)a-c-calc�tt [ nikkapJlyi -k l .
<comme-Ia-saucisse je-hache-toi> Comme une saucisse je te hacherais.

11. ?alb-i l)abbct ZEWg namriti


<cœur (f. )-moi elle-aima deux amoureux> 11. Mon cœur avait deux amoureux
w6l)Ed twIl u 1-6l)Jr ?aslr
<un long et l' autre court> L ' un grand, l ' autre pet it.
w6l)cd yal)dEm g�wwa t-tarcna
<un il-travaille dedans l' arsenal> L' un travaille à l' arsenal
u 1-6l)Jr yal)dcm gJ l-baclr.
<et l ' autre il-travai lle dedans les-docks> Et l ' autre travaille aux docks .

12. [ puludyya] lë ma-rrld-u


<policier non ne-je-veux-Iui> 12. D ' un policier, non, je n ' en veux pas
°as °andu l-arma taO -r-rÉ
<car chez-lui les-armes de-Ie-roi> Parce qu' il porte les armes du roi .
kcmm °1 k6sl).a dIk [ susanna]
<combien elle fière celle-là Suzanne> Comme elle est fière, cette Suzanne,
[ ?iitct] si or-oa la bEbÉ.
<elle-coupa cheveux-elle à -la bébé> Elle a coupé ses cheveux à la bébé.

13. labra msadda l)ayt [ imi??ct ]


<aiguille rouillée fil emmêlé> 13. Une aiguille rouillée, du fil emmêlé,
kIf tri da-ni nl)ït il-?mls
<comment vous-vouIez-moi je-couds la -chemise> Comment voulez-vous que je couse la chemise ?
gcnninta-ni bi -l-oarasa
<vous-rendîtes-f ou-moi avec-Ia-mariée> Vous m' avez rendu fou avec la mariée,
u kIf tri da-ni nsIr ?assls.
<et comment vous-vouIez-moi je-deviens prêtre> Comment voulez-vous que je devienne prêtre ?

6 Une variante des deux premiers vers se trouve dans Ilg et


Stumme 1909: 36.
494 Récits et traditions Poèmes 495

14. kemm nist&J? li nb6s-ek béwsa


<combien je-souhaite que j' embrasse-toi baiser> 14. Comme j' aimerais te donner un baiser ,
[alli] nar l i nJ:tallas lÎra
<encore-que je-sais que je-paye livre > Même si je sais que je dois payer une livre.
i l-IIra tmur u tlgi
<la-livre el le-va et elle-vient> La livre, ça va, ça vient,
u il-béwsa tlb?aO tifkÎra.
<et le-baiser (f. ) elle-reste souvenir> Et le baiser reste un souvenir.

15 . [ J:térsu] fUt s k&inet tllbes in-nanna


<regardez un-peu quoi ell e-était elle-s' habille la-grand-mère> 15. Regardez donc comme elle était habillée ma grand-mère .
/ 7 / / /
werli [ sebl la] dubblett deyya?
9
<perles 8 jupe (m. ) étroit> Des perles, une jupe étroite
u clrku w&isao
<et cerceau large> Un large cerceau,
minn lsfel minn taJ:tt u [yirm;lla]
<de en-bas de sous et il-rebondit> Du bas et du dessous il rebondit.
J:tafna sn&iscl mao idéy-Oa u maO r�s-oa
<beaucoup franges avec mains-elle et avec tête-elle> Beaucoup de franges au poignet et sur la tête,
si salla fam6za
<quoi châle fameux> Un châle de premier choix.
u emm trld Üra
<et là tu-veux tu-vois> Et là, tu devrais voir
in-nanna bi-l-bI6za
<la-grand-mère avec-le-chemisier> La grand-mère avec le chemisier,
kemm k&inet gracy6za
<combien elle-était gracieuse> Comme elle était merveil leuse .
J:tarsu fUt J:tarsu fUt
<regardez un-peu regardez un-peu> Regardez donc, regardez donc !
u in-nisa taO da-z-zm&in
<et les-femmes de ce-le-temps> Et les femmes de notre époque ,
minfl;k itawwlu
<de-au- l ieu-de elles-all ongent> Au lieu de rallonger,
ï?assru [ kul lumk&in l .
<elles-raccourcissent partout>. Elles raccourcissent partout.

7
L'informatr ice voulait en fait dire /perli/ "perles".
8 /
La /sek::>rla/ semble être un ancien vêtement féminin, mais ni
l ' informatrice ni d' autres n ' en connaissent le sens précis.
9 Voir la note précédente.
Poèmes 497
496 Récits et traditions
16. la twÎ la u a?as ?asira
<ni longue et moins courte> 16. Ni grande, ni petite,
k8lbs kif irrId-ck yi8n
Tout à fait comme je te veux, moi.
<tout comment je-veux-toi moi>
?amp�na taO-I-fidda d8nn-::lk
Tu es telle une cloche d' argent
<cloche de-l' argent comme-toi>
maomUla °and l-argcnt �r.
<faite chez le-bijoutier>. faite chez le bijoutier.

17. sab�lfa d8nn-::lk rcgIna


<belle comme-toi reine> 17. Tu es belle comme une reine,
suppérva d8nn-::lk pagUn
<fière comme-toi paon> Tu es fière comme un paon.
[ iz-ztt l spicca mi-I-Iampa
L' huile de la lampe a fini de brûler
< l ' huile (m. ) il-a-fini de-la-lampe>
sa f -wicc-ck rabba l-kulUr
Au point qu ' e lle a ramené la couleur sur ton visage .
<jusque dans-visage-toi il-éleva la-couleur>
s� °r-ck t8mst-u la taly�na
Tes cheveux, tu les as coiffés à l ' italienne,
<cheveux-toi tu-peignes-Iui à-la ital ienne>
tib8rm-u wara widnéy-k
Tu les mets en anglaises derrière tes oreilles.
<tu-fais-des-anglaises-Iui derrière oreil les-to i>
ma-talfsib-s li y�na rrld-ck
Ne crois pas que je veui lle de toi,
<ne-tu-penses-pas que moi je-veux-toi>
u °âs tar�-ni nlf&rcs lcy-k .
Parce que tu me vois te regarder.
<et car tu-vais-moi je-regarde vers-toi>
lO
18. m::lrt in?érr santa tcrÉza
18. Je suis allé me confesser à Sainte Thérèse.
<j' allai je-me-confesse Sainte Thérèse>
5 téwba Ü-ni l-k::mfcssUr
Quelle pénitence m' a donnée le confesseur
<quoi pénitence i l-donna-moi le-confesseur>
niSsal a u [ niddavért i l
Que je m' amuse et me divertisse ,
<je-m' amuse e t je-me-divertis>
u ninnamra maO-I-g::lvcntUr.
Et que je flirte avec la jeunesse
<et-je-fais-Ia-cour avec-la-jeunesse>

10
Le recueil de Ilg et Stumme ( 1 909 ), donne une variante de ce
quatrain, dont seul le 3ème vers diffère ( cité par Noldeke
1904: 382)
498 Récits et traditions Poèmes 499
:P
19. m::Jrt in?f:rr °and p�tri sWf:yyal
<j' allai je-me-confesse chez moine vieillard ( dim. » 19. Je suis allée me confesser chez un vieux moine.
?al-I-i mIn Ou n-namr�t t6°-ck
7ft
<il-a-dit-à-moi qui lui l ' amoureux de-toi> Il m'a dit "Qui est ton amoureux
sur p�tri flttcs ?arrar-ni
<monsieur moine cherche confesse-moi> "Mon Père, cherche toujours,
cas dîna mOIS aff�ri [ tÎ-ak l .
<car celle-ci ne-elle-pas affaire de-toi> '
Parce que ce n' est pas ton aff aire .' "

20. k6ku taf y�n kcmm inI)8bb-::Jk 12


<si tu-sais moi combien j' aime-toi> 20. Si tu savais combien je t' aime,
k6ku taf s naomd °alÎ-k
<si tu-sais quoi je-fais pour-toi > Si tu savais ce que je ferais pour toi,
k6ku naf l i 1-?lUb yin?f:lou
<si je-sais que les-cœurs i ls-s' attrapent> Si je savais que les cœurs peuvent être arrachés,
?alb-i na?laO u na°tI-k.
<cœur-moi j' enlève et je-donne-toi>. Mon cœur , je l ' enlèverais et je te le donnerais.

21 . darba n-nannu kIf izzf:wwq�


<fois le-grand-père comment il-se-maria> 21 . Une fois, le grand-père venait de se marier.
kf:ra dar f-OJfs il-fury�na
<il-loua maison dans-milieu La-Floriana> Il avait loué une maison au cœur de F loriana.
f -OJfs il-bltl)a sf:wwa sf:wwa
<dans-mi li eu la-cour juste juste> Au beau milieu de la cour
I)awwd sigra taO-I-ban�na
<il-planta arbre de-la-banane> Il planta un bananier .
darba ?am u n� °s-u tayyar
quitt é.
<fois il -se-leva et sommeil-lui il-s' envola> Une fois il s' est révei llé, le somm ei l l ' avait
°alékk sémao bl)a-t-tl)aswÎs
seme nt.
<pour-ainsi i l-entendit comme-le-bruissement> C' est pour ça qu' il enten dit comm e un bruis
ra 1 ?att6sa mao-I-ban&na
<il-vit à chatte avec le-bananier> Il vit un chat dans le bananier,
?Éoda t6bl i l-I)asis
<assise ell e-mange les-feuill es> En train de manger les feuilles.

11
Une variante quasi identique de ce poème se trouve dans Hg
et Stumme 1909: 7l.
1 2 Une variante de ce poème se trouve dans Ilg et Stumme
1909 : 33.
Poèmes 501
500 Récits et traditions
?âl-I-Oa klssi klssi 1 bârra
<il-a-dit-à-elle kiss kiss à dehors> Il lui a dit : "kiss, kiss, dehors ! "
ma-tarii-s li dlk mOïS bUta
<ne-tu-vois-pas que celle-là ne-elle-pas poisson> Tu ne vois donc pas que c e n' est pas du poisson
awn lsfd fi-I-pr6nt tikbcr t ikbcr t ikbcr
<ici en-b ;;s dans -le-vite il-gran�it il-grandit il-grandit> En bas, très vite, il grandit, grandit, grandit,
,
u ras-ca sarct [ dc?s ] pcrzuta.
Et sa tête est devenue grosse comme un jambon
<et tête-elle elle-devint taille jambon>.

22. dâwra dur�lla


<dawra durel la> 22. Dawra, durella
?âsba zigar�lla
<canne ruban> Une canne 15 de ruban,
c8ff taO-I-bdIUs
<nœud de-le-velours> Un nœud de velours,
ca?ca?- O�-l-u i l-oarUs.
<il-bougea-elle-à-Iui le-marié> Le marié la lui agite.

23. lânca g�yya u 6bra s�yyra


<bateau venant (f. ) et autre allant (f. l > 23 . Un bateau arrive et un autre s ' en va
minn taO-s-sl �ma marsams�tt
<de de-La-Sliema Marsamxett> De Sliema à Marsamxett.
. � 3 . ,

lt-tabl b1 [ bl-p-plpa]
' f -bal?-u
<le-médecin avec-la-pipe dans-bouche-Iui> Le médecin, la pipe à la bouche ,
[yikbrlgi ] 1 4 l-bastim�nt.
<il-corrige le-navire>. Corrige (sic.) l e navire.

13 La version connue de mon informatrice de Mgarr donne lil­


kapÜnl "le capitaine", au lieu du "médecin".
14 , 15 La Ikânnal "canne" est une unité de mesure de longueur. Une
Le verbe attendu est plutôt Iyiddcr[;)gil "il dirige".
"canne" =2, 096 m. ( Peretti 1965: 287 )
LISTE DES OUVRAGES CITES

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TODOROV, Tzvetan. un signe diacritique sont mêlées aux lettres simples correspon­
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accent ( accentué, non accentué, accentue l, tonique) 80n, 97n,
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"ad 55, 87, 100, lll, 124, 145, 151, 175, 194, 211 , 346, 384,
401, 416.
"addcy 134.
adhérence voir parfait.
adjectif (adjectiva l ) 29, 93n, 331 , 332, 335, 336 , 340, 343,
347, 352, 354, 361, 363, 365, 377 , 383 , 399.
adverbe (adverbial ) 50, 55, 56, 60, 72-74, 84, 87, 88, 100,
lOIn, 103, 108, 111, 119, 121, 124, 126, 133 , 145, 151, 153n,
-

514 Index Index 515

159, 160, 194, 197, 207 , 208, 2ll, 214, 215, 242, 262, 286 , aspect ( sous-aspect ) 39-43, 47, 57, 67, 84, 85, 102, 103, 107,
294, 296, 318, 322, 327, 328, 331 , 336, 346-348, 351- 353, 153, 154, 155n, 156, 160, 171, 172, 231 , 233, 235 , 259, 264,
361, 367, 373, 383, 384 , 393, 396, 397, 401 , 404, 407 , 412. 284 , 306, 318, 329, 373, 386, 391, 41 1 .
affirmation ( phrase affirmative ) 108, 130, 131 , 135, 140, 307, aspectivo-temporel 40, 300, 373 .
379, 380, 401. assertion ( phrase assert ive) 73, 75, 99, 363, 394.
agent 313, 315 , 318, 321 . assimilation ( assimiler) 19, 23, 25, 27, 30, 34, 390n, 409,
agrammatical voir norme. 410.
>al)ada (en arabe classique ) 184, 185, 248, 249n . asyndète (construction asyndét ique ) 102, 109, 169, 1 97 , 214,
Aktionsart 283. 248, 286, 294-296, 300, 329.
Alger ( dialectes arabes d ' A. ) 27, 231 , 232, 409n. Attard 4, 180, 185.
Algérie ( dialectes arabes d ' A . ) 221 . attitude ( verbes d'a. ) 88, 94, 103, 1 12, 113, 134, 139, 145,
alla 90. 151, 220, 241, 244, 256, 265, 372.
all emand 245, 283. attribution ( relation d'a. ) 334, 340, 348-350, 354 , 356 , 362,
alphabet 2, I l . 369, 371 , 372, 375, 377-379, 386 , 399, 404, 406.
>am 261 , 262. Australie 5, 6.
analytique ( construction analytique ) 343. auxiliaire ( auxiliant ) 34, 37, 43, 44, 48n , 49n, 55, 56, 58 ,
anaphorique 379. 59, 67, 68, 72, 81, 82, 92, 93, 101-105, 108- 1 1 , 1 13 , 1 14 ,
°andu 276, 300, 30 1 , 310, 311, 4 1 1 , 412, 418-420, 425-427. 120, 1 2 1 , 1 22n, 1 24, 130, 133, 135, 142, 1 4 4 , 145n, 148-151 ,
anglais 2, 17, 36 , 78n, 89, 114, 126n, 127, 181, 183, 189, 153-1 62, 164-171, 175, 176, 180n , 181, 191, 193, 194, 195n,
195, 223, 256n, 260 , 313, 314, 321 , 325, 359n, 430. 196, 197, 199, 202-205, 207, 209, 211, 213-215, 217, 218 ,
animé 104, 109, l l 4 , 160, 241 , 249, 253, 256, 263, 266 , 272, 220-225, 228, 229, 236, 241-250, 253-263, 265-270, 272-275 ,
276, 287, 295 , 296, 300, 302, 306, 350 , 354, 397, 406. 277-279, 281 , 283-285, 287-296, 299-307, 310-312, 314, 320 ,
antérieur ( antériorité ) 47, 48, 57, 109, 220, 224-226, 229, 321 , 323-325, 328, 329, 375 , 382, 385, 388, 395, 403, 404 ,
230, 233, 234, 236, 238, 242, 258, 260, 266. 409, 412-414, 418, 419, 426 , 427 , 429-43l .
aoriste 45, 72, 83, 85, 218, 225 , 238, 242, 266, 318, 413. auxi liar ité 104, 1 1 1 , 1 60, 284, 295, 306 .
apodose 58-60, 72, 80, 183, 186, 193, 207, 222, 223n, 235, auxiliar isation 104, 241 , 248, 254 , 306.
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appartenance 334, 340, 343, 347, 366, 409, 426. auxilié lOIn, 102, 103, 105, 108, l l l , 112, 114, 133 , 137 ,
arabe l, 27, 30, 36, 40, 57 , 114, 184, 213, 257, 258, 265, 138, 154, 1 68, 169, 171, 185, 196, 197 , 199, 204 , 213, 214 ,
275, 287, 313-315, 318, 321 , 325, 334, 336 , 421, 422, 430, 221 , 224 , 228, 241, 242, 244, 247, 249, 250, 255-257, 260,
431 . 263, 265, 266, 268-270, 273, 274, 276, 277, 281 , 284 , 286 ,
arabe classique 1 0 , 45, 79, 179, 213, 225, 231 , 248, 315, 343, 287, 289, 290, 292, 295, 296, 304-306, 325, 419.
351 , 354 , 359, 369, 393, 41On, 429 . "avoir" ( expressions possessive s ) 3, 83, ll4, 154, 205 , 276 ,
arabe dialectal ( dialecte arabe ) l , 10, 45, 47, 48, 58, 60, 295, 297, 300 , 311 , 312, 399, 409, 410, 418, 421 , 422, 424 ,
64n, 65, 66, 72, 73, 79, 107, 125, 134 , 150, 151, 156, 157, 425, 427.
185, 213, 224 , 225, 231 , 238, 258n, 265, 315, 325, 343, 360, awn 404-407.
379, 384, 391 , 393, 397n, 404 , 410n, 413, 415, 422, 425, 426,
429, 430 . ba>ao 53, 68 , 148, 220, 224, 265-268, 270 , 273, 274, 293, 294.
arabe dialectal citadin voir citadin. beda 130, 148, 157, 241-247, 250, 252, 256n, 263.
araméen ( néo-araméen) 43, 57n, ll7, 135 , 153-155 , 156n, 157, Benghasi ( dialecte arabe de B. ) 88.
160, 169, 235, 429 . berbère 87.
archaïque 91, 176, 178, 219, 258, 272, 274, 294 , 430, 43l . Bible ( biblique) 8, 61, 61n, 72, 81, 155, 156, 160n, 191 ,
article 153n, 334, 336, 337, 343, 351 , 352, 354, 358, 394, 232n, 260, 267, 270, 272, 321 , 328 , 360.
397. bilinguisme 2.
516 Index Index 517

Birkirkara 4, 149, 404. consécutive ( proposition c. ) 198, 199, 20 1 , 202, 217.


Boukhara (dialecte arabe de 8. , Union Soviétique ) 1. consei l (c. a posteriori) 299, 303, 307, 308, 311.
conséquence logique 198, 199, 202, 211, 285, 415.
calque ( calqué ) 34, 37, 1 13n, 223 , 248, 320, 325 , 429. Constantine ( dialecte arabe de C. ) 53n .
capacité 44, 286, 288, 290, 294. Constant inois voir Djidjel li.
Cap Bon ( dialecte arabe du C. B . ) 422. contacts 249, 325 , 430.
causatif Cc. -fact itif, causation) 27 , 28, 286. contingent 285, 291, 356, 362, 363, 366, 372, 399.
cause ( complément circonstanciel de c. , causal ) 227 , 332. continuité ( continuer à, tranche centrale d'un procès ) 44,
certain ( certitude, quasi-certitude ) 174, 176, 178, 181, 185 , 148, 156-159, 166, 245, 265 , 268-270, 272, 273, 277 , 284,
190, 196, 204, 21 1, 285, 301, 304, 416. 323, 404, 431.
chamito-sémitique 87 , 102, 249, 253. converbiale 88.
Chypre voir Kormakiti. conviction 176, 178, 181 , 185, 187, 190, 211.
circonstancielle (proposition subordonnée c. ) 96, 119, 121, coordonnée (phrases c. , coordination; marque, conjonction de
122, 142, 166, 183, 196, 227, 420. coordination) 76, 82, 88, 100, 103, ln, 145, 179, 191, 197,
circonstant 296 . 248 .
citadin (arabe di alectal c. ou sédentair e ) 1 , 108. copule 53n , 103 , 128n, 280 , 283 , 313-315, 316n, 317-319, 325,
cohortatif 92, 105, 184, 187. 331 , 335, 337, 355-360, 362-364 , 367-374, 376, 380, 386-389,
commentaire général ( instance du c. g. ) 5, 77, 138, 139, 147, 399, 406, 430 .
151. correct voir norme.
comparatif (comparaison) 335 , 344, 354, 360. couchitique 104.
complément 69, 72, 94, 103, 162, 286, 295, 422, 424, 425, 427 .
complément de nom 343. déclaratif (verbes de déclaration ) 27, 36, 52, 304.
complétive 97, 119, 121 , 141-143, 191, 196, 200, 202, 203, défini voir déterminé.
217, 227, 295 , 333, 342, 369, 411-313, 420, 427 . déictique 335, 336, 338-340, 343, 346, 349, 351, 354, 359,
complexe (phrase, syntagme c. ) 113, 119, 209, 212. 360, 366, 383.
composé (forme c. , composition ) 54, 57n , 81, 108, 112, 146, dél imitatif voir accompli.
154, 155 , 162, 203 , 204 , 206, 211 , 212, 287, 343, 388. délimité voir accompli.
conatif 28, 31. démonstratif 49n, 208n, 333 , 336, 338 , 340-342, 344, 347, 348,
concessive 53n , 58. 358-360, 364, 365.
conclusif 85n. dénominatif 27-29.
concomitant 4 1 , 42, 50, 75-78, 99-101 , 105, 128n , 134n, 429, déontique 44, 285, 287-294, 296, 297, 299, 302, 308-312.
430; inaccompli concomitant, inhérence 41, 42, 54, 73, 77, dépendentiel (modal d. , subordinat if, emplois en dépendance )
101, 107, 108, 112, 113, 114, 117, 118, 120, 122, 125, 127, 44, 67, 68, 93, 125, 130, 161, 164, 171 , 203, 211, 212, 244,
129-131, 133-136, 139, 141, 151, 152, 154, 155n, 163, 172, 333 , 403, 411, 412, 414, 418.
233, 241n, 243-245, 250 , 257, 263, 266, 269, 270, 273, 274, déplacement voir mouvement.
278, 282, 304, 310, 320, 324, 372, 373 , 375 , 381 , 411, 415, déponent interne ( réfléchi interne , moyen, médio-passi f ) 30,
427, voir aussi progressif; accomp l i concomitant 41, 51, 52, 32, 36, 52, 72, 77, 99, 114, 259, 260.
55, 108, voir aussi parfait. dérivé ( dérivation ) 17, 22, 25-28 , 30, 36, 134, 313, 314, 318,
condition nécessaire 309. 324, 325 , 327, 429.
conditionnel 44, 57, 59, 60, 89, 95, 118, 142, 211 , 222, 235, déroulement 40, 41, 43, 46, 47, 73, 74, 78, 81, 82, 99, l n,
333, 375 , 388. 215, 220 , 224, 229; voir aussi inaccomp li.
conjonctif voir séquentiel. désidératif 36.
conjonction 67, 71, 145, 160, 166, 214, 246, 248 , 280, 281 , désuet ( désuétude ) 22, 29, 75, 209, 212.
284, 295, 296, 369.
518 Index Index 519

déterminé ( détermina tion, défini ) 334-337, 339-341 , 343, 344, énonciation ( instance de l ' é . ) 73, 99, 151, 238; acte d ' é . 41,
347-349, 351 , 352, 354, 358, 359-361 , 363, 365, 373 , 393, 49, 50, 55, 57, 75, 107, 113, 133, 140, 163, 245 , 304, 310,
394, 407, 409n. 411, 415; moment de l ' é . 40, 41, 49, 74.
développement ( développé ) 27, 33 , 42, 44, 48, 100, 104, 108, énonciation solennelle (verbes d'é. s . ) 52.
153 , 209, 224 , 263, 284 , 314, 325, 327, 372, 385 , 396, 410, épistémique 44, 285, 291-294 , 301 , 303, 305, 310, 311.
422, 427 , 429, 431 . épithète 343 , 352, 361 .
"devoir" 1 0 4 , 1 05, 295 , 296, 299, 300, 4 1 2 , 426 . ergatif 102.
dialecte ( dialectal , parlers villageois de Malte et Gozo) 3, eschatologique voir prédictif.
4, 29, 109, 112, 130, 131, 136, 178-180, 183, 185, 187-190, espagnol 356 .
205, 211 , 214, 250, 253, 255, 261-263, 273, 274, 278, 280, essentiel ( relation e . ) 356, 362, 363, 366, 372.
307, 329, 375, 383, 385 , 418, 430. )et (préverb e ) 1 12-1 14, 117, 122, 124, 131-133, 135, 137, 141,
dialectologie 262, 384 . 152, 163, 241n, 250, 375 , 401 , 415, 427; copule 105, 375.
dialogue 5 , 7, 158, 175, 221 , 275, 303-305, 333. état ( verbes d ' é . ) 49, 52, 72, 73, 88, 113, 145, 154 , 216,
dj;)hcl 134 . 225, 241 , 259, 275, 276, 284, 287, 306, 363, 411, 412, 421 ,
Dingli 4, 250, 254 . 427.
"dire" 104. " être" 103, 153, 211 , 213, 259 , 276, 292, 299, 310, 314, 331 ,
discours 45, 49, 52, 64, 65, 72-74, 77, 78, 88, 117, 139, 159, 356 , 377, 386, 388, 391 , 402, 409, 410, 414, 426, 430.
163, 171 , 188, 189, 191, 225, 226 , 231 , 234, 238, 288, 317, évaluation ( verbes d ' é . ) 52, 285 .
321, 335, 358 , 362, 411-413; articulation du discours 246, événement 40-42, 47, 49, 51 , 56, 73, 75, 81, 85, 99, 107, 119,
263. 125, 133 , 139, 141, 173, 174, 176, 196, 209, 21 1 , 212, 229,
disparition ( disparu) 429, 431 . 234.
dispositions subjectives 421 , 422, 427 . éventuel ( éventual ité ) 89, 118, 174, 196 , 200, 201 , 203, 207,
distinctivité (transfert de distinctivité ) 179n. 211 , 222, 224, 235, 291 , 294, 321 , 324 , 416, 417.
Djidjelli (dialecte arabe de D . , Constantinois) 33n. évolution 40, 42, 99, 102-104, 125, 130, 134, 150-152, 157,
droit 286. 162, 179, 203, 212, 238, 281 , 329, 373, 377, 378, 385 , 418,
dubitatif 44. 429-431.
duratif ( sous-aspe ct d . ) 43, 102, 117, 153-156, 158, 159, 161- existence ( expressions existentielles, verbes d' e. ) 3, 53n,
172, 265, 275, 430. 128n, 317, 351 , 352, 376 , 378, 384, 386, 393, 396 , 397, 400,
durée 43, 157, 160, 241 , 245 , 263 , 265 . 403 , 404, 406, 410, 430 .
dynamisme ( dynamique ) 102, 104, 429, 430. expansi on 212, 3 1 4 , 385.
exposant temporel 73, 82n, 213.
écrit 58, 109, 137, 145, 149, 169, 176, 1 88 , 189, 229, 243, expressif 57, 64, 72, 88, 100, 109, 117, 124, 125, 127 , 133,
255, 257, 263, 264, 280 , 282, 291 , 301 , 305 , 307, 317, 324, 145, 151, 160, 221 , 224 , 228 , 249, 280, 306, 329 , 385, 404,
332, 335-340, 342, 343, 345 , 347 , 349, 350, 358, 359, 361, 407 , 415, 429.
364-367, 369, 382, 391, 404, 430. externe voir actif.
Egypte (dialectes arabes d'E. ) 53n, 351 , 394, 397n, 409n. cyya 92.
él iminé 32, 100.
el lipse (élidé, sous-entendu) 286, 331 , 333, 354, 373, 394. factitif 26-28; voir aussi causatif.
cmm 51n, 276, 352, 396-404 , 406, 407. facultatif ( non obligatoire ) 55, 56, 57n, 76, 82, 99, 108,
emphase voir mise en relief . 109, 117, 130, 131, 150, 160 , 238 , 343, 345n, 350, 354 , 357 ,
emphatiques ( consonnes e. ) 179, 180, 258. 372, 379, 399, 415.
emprunt 2, 26, 27, 30, 36, 325, 350, 43 1 . fadaI 53 .
"faire" 104.
faisable 291 .
520 Index Index 521

faute voir norme. grec 8 , 43, 48, 61n, 335.


fc·cm 54. guèze 231 , 232, 332, 333.
fermé 36.
Fès (dialecte arabe de F . ) 60, 147n, 148n, 151, 355n, 356, f:!a ( cohortat if ) 92, 187; futur 92n, 175 , 184-191, 206, 211,
360n, 372, 422. 249n , 416.
fctaf:! 254 , 255, 263. f:!abat 149, 256, 257, 264.
fï- 393 , 394, 396-398, 400, 406, 407, 418, 421 . habitude 74, 82-84 , 99, 163, 213, 216, 229, 269; habitude
f�> 52, 53. restreinte 125 , 126, 128n, 132, 135 , 136, 139, 146.
f � gé 26, 28, 90, 92, 99, 107, 183, 209, 246, 287, 380, 396. balla ( en arabe dialectal ) 185.
fIna l e (proposit ion f. , de but ) 69, 70, 92n, 94 , 96, 166, 171 , f:!alli 92, 1 05, 184.
1 8 3, 196, 199, 203, 229, 231 , 236 , 403, 405, 420.
français 46n, 49, 52, 61-63, 103, llOn, 114, 118 Hal-Qormi 4 , 6 , 109, 272, 296.
154 , 156,
209 221 , 231n, 232n, 246, 276 , 283, 292, 300, 350,' 366, 375 , Hamrun 138, 188, 401.
' hamza 27 .
385 , 386 .
fréquent 25, 26, 36, 79, 82, 91, 92, 94, 113, 117, 120, 141, f:!ara> 90.
�;� 1 75 , 178, 179, 196, 199, 214, 220, 226, 227, 254, 263, harmonisation vocalique 19, 179.
f:!asad 262.
, 30 7, 315, 321 , 340, 342, 355, 373, 379, 386, 407, 413
415 , 418, 423n, 429-431. ' hasard 321 , 324, 325.
futur (f. général ) 40, 42, 44, 45, 57, 61, 62, 64, 65, 72, 73,
f:!ascl 257, 258, 264.
79-81, 88, 92n, 99, 100, 1 05, 107, 141, 146, 159, 167, 171, i)assanIya (dialecte arabe i). de Mauritanie) 151, 355n, 360n.
173-177, 179n , 181, 184, 185, 187-191, 1 94, 1 95 hébreu (h. biblique, michnique) 8, 43, 52, 61-63, 75, 8 1 , 153-
199 203-
206, 209, 211, 230, 231 , 232n, 233, 234, 237, 239, 244 : 249n , 156, 160, 191, 328, 379.
252, 256 , 257, 262, 267, 298, 300, 304, 310, 320, 323, 327, Hermopolis ( araméen ancien d'H. ) voir araméen.
375 , 386, 389, 391 , 395 , 402, 404, 411, 412, 415, 416, 419, f:!�rcg 134 .
420 , 427 ; modal 58, 118, 142, 164, 173, 199, 203, 207, 212, hypercorrect ion 418.
217n, 243, 266, 292; vague 164, 194, 243, 266, 319, 323; hypothétique 57-59, 65, 72, 80 , 95, 173, l74, l76, 183, 186,
. 199-201 , 203 , 207 , 211, 224, 235, 305, 403, 405, 417.
certaIn 178, 200 204; relatif, du passé 81, 191, 1 93, 194,
:
207, 391 ; accomplI futur 57, 225, 231-233, 235, 236, 238.
futur antérieur 44, 57, 230, 231 , 232n, 238, 242. identité (relation d' i . , d' identification ) 334 , 335, 339, 340,
future perfect 108. 348, 354, 355n, 356, 358 , 364, 366n, 369, 371, 372, 376, 378,
379, 386.
générativi ste 43. idiolecte 17, 109n , 135, 136, 190, 356, 357n, 372, 375, 427 .
générique ( terme générique ) 98n, 286. idiomatique ( idiotisme ) 115n , 208, 248 , 254 , 262, 306, 403,
germaniqu e �ll. 406.
gérondival 3.2 8. >�·cd (auxi l iaire) 128n, 133, 135, 152, 163, 228 ; copule 112,
geste vocal (morphème de phrase) 46n, 208n. 310, 372-378; + participe passif 314, 317.
gcy 134, 141. ibllu 114, 300, 302n, 304-306, 310, 311, 409, 412-420, 426,
Gnarb 253. 427.
g� + participe passif 34, 37, 146, 314, 318, 320, 321, 323, ikun 175, 206, 207 , 211, 212, 395, 396n, 402, 403 , 407, 409; +
325; + c. préf. 34, 314. c. préf . 195-199, 201-205, 213, 217, 287, 292, 299, 301, 310;
glide 10. + c. suff. 57n, 59, 81, 229, 231 , 234-236, 238, 242, 296;
Gozo l , 4, 49n, 51, 71, 88, 109, 138, 149, 180, 183, 185, 187-
copule 375 , 377 , 388 , 389. + progressif 1 18 ; + n�>cs 220; +
189, 2 14, 219, 250, 251 , 253, 263, 296, 307, 327, 329, 342, participe actif 310, 311; + participe passif 318, 320, 323 .
362, 375, 377, 382, 401 , 404, 418. imala 411.
Index 523
522 Index

imminence 44, 64, 79, ln, 141, 174-178, 181, 185, 1 90 , 206- inter locuti on 75, 333.
interr ogatio n (phras e interro gative ) 75, 99, 1 08, 131-133 ,
209, 211, 212, 262.
135, 140, 151, 165, 167, 247 , 252 , 263 , 345n, 351 , 355n, 379 ,
imparfait 81, 85, 244 , 267, 320, 389.
impératif 92, lOIn, 103, 159, 169, 171, 208, 209, 211, 244, 397 , 398, 406.
250 , 263 , 267-269, 277. inter-subjective ( modalité i. -s. ) 285.
impersonnel (verbe i . ) 53, 252n, 287, 293, 294. intonation voir prosodie.
implicatif (modal i . ) 44. intransitif 8, 19, 1 13, 255, 269.
impossible 288-292. invari able 105, 1 12, 154, 205, 214, 246, 265 , 284, 302n, 307,
improbable 287, 301 , 31!. 380-3 82, 391, 395, 412-41 4, 418, 427.
imsi 92. inversion voir ordre.
59, 65,
inaccompli ( déroulement, inachevé, non achèvement, i. général ) irréel 95, 197, 201, 207, 211 , 224; i. du présen t 58,
72; irréel du passé 59 , 60, 66, 67, 72, 193, 222, 388.
41, 43, 73, 76, 77, 81, 99, 100, 107, 108, 124-127, 1 29, 131,
132, 134-136, 139, 1 47, 153, 154, 159, 1 62-164, 167, 171, irrégu lier ( verbe i. ) 26.
215, 233, 243, 265, 266, 273-275, 417, 429; inaccompli dans iss::>kta 148, 265, 272, 274, 431 .
le passé 213, 218, 427, voir aussi passé d' habitude . italien ( Itali e ) l , 27, 2 9 , 30 , 33, 34, 36 , 37, 90n, 1 13n,
321, 325,
inanimé 109, l l l , 138, 151, 160, 166, 241, 250, 253, 255, 259, 114, 126n, 153n, 209, 248, 249, 265, 313-31 5, 320,
266, 274, 276, 287, 295, 296, 300, 302, 303, 306, 397, 406, 335n , 336n, 350 , 422, 429-43 1 .
430. itératif 158, 275, 412, 414, 427.
incapacité 289, 291.
incertain ( incertitude, non-certai n ) 44, 174, 199, 200, 207, journalisme voir presse.
211, 212, 236, 237. jussif (cohortatif -jussif l 44, 187.
inchoatif 44, 148, 153n, 155-157, 241 , 243, 244, 246-249, 252-
259 , 261-263, 277, 430. kabyle 284.
incident ( incidence ) 42, 49, 51 , 55, 88, 151, 4 12, voir aussi kellu 302, 303 , 310, 3 1 1 , 409, 411-41 5, 426, 427.
395,
parfait. Kerêe m 5, 49n, 149, 183 , 189, 296, 307, 327 , 329, 362,
incise 370-372. 418.
inclusion ( inclusif ) 334 , 340 , 343, 393, 406. Khartoum ( di alecte arabe de K . ) 151 .
56, 8 1 , 82, 83, 109, 1 1 4 , 121, 162, 1 67, n I ,
1 93 , 194,
incorrect voir norme. kï;in
311, 395,
267, 276, 292, 294, 307,
indéci sion 252, 263. 207, 213, 214, 221 , 266,
4 13, 414, 418, 426, 427; + c . préf . 122n,
indéfini voir indéterminé. 400-4 02, 407, 409,
311 ; + c. suff.
indépendante (proposition i. ) 1 1 9, 121, 141, 144, 1 93 , 1 97 , 214-2 17, 222-2 24, 229, 244, 299, 305, 310,
+ 120, 1 22,
48n, I l l , 218, 225, 226, 228 , 238, 242, 260;
)et
198, 203, 226, 229 , 332. + c . préf.
+
133, 257, + partic ipe actif 144, 220, 224;
ikun
indéterminé ( indéfini ) 334, 335, 340, 341, 343, 348, 351 , 354, 221; expos ant
361 , 363, 364, 366, 377, 393, 394, 397 . 213, 218, 220, 224; + ikun + partic ipe actif
passif 314, 318-32 2, 324;
indicatif 125, 151 . tempo rel 73, 82n, 213; + partic ipe
inéluctable 297, 299, 300, 306, 311. copule 374 , 377 , 382, 386 , 388, 391 .
infinitif 36, 1 03. k::>mp la 68, 148, 149, 265 , 270, 273 .
inhérence voir concomitant. Korma kiti ( dialec te arabe d e K. , Chypre ) l , 85n.
intégré ( intégrat ion) 43, lOI, 103, 1 08 , 134, 169, 171, 241,
307, 325, 427. la�a) 108, 109, m , 15l .
intensif ( intensité ) 27, 102, 242, 248-250, 263, 327 . laryngale 180n.
intention 174-176, 178, 181, 1 85, 190, 21l. laryngalisation 10, Il.
inter compréhension 3. latin 84n, 335.
interdiction (i. formelle) no, 291, 300, 302, 311.
524 Index Index 525

La Valette 3, 4, 6, l7, 29, 58, 60, 68, 70, 71, 88n, 90, 109, marqueur 50, 53 , 79, 95 , 121, 151, 174, l75, 183, 197, 198,
111, 130, 135n , 137n, 138, 145n, 148, 157, 158, 1 62, 166, 211, 238 , 327, 380, 381 , 407, 427 .
169, 177n , 188, 204, 205, 207, 2l7, 219, 220, 223, 245-247 , Marsaxlokk 4 .
251n, 257 , 260, 262, 267, 272, 273, 282, 291, 294, 303, 305- Maur itanie ( dialectes arabes d e M . ) 360n .
308 , 317, 321, 328, 329, 338, 357n, 367n, 370, 375, 377, 395 , médio-passif voir déponent interne .
412, 418. Melliena 4, 5, 34, 54, 124, 188, 228, 329 , 401 .
Le Caire (dialect e arabe du c. ) 151, 351 , 394 , 397n. Menya ( dialecte arabe de M. , Egypte) 409n.
Liban ( dialecte s arabes du L. ) 151. mess / imiss 104, 105, 303 , 306, 3 1 1 , 375 , 412, 419, 426.
Libye ( dialecte s arabes de L. ) 88, 393 . métaphorique (métaphore) 64, 104, 1 17 , 137, 138, l75, 209 ,
l imité ( l imites) 36, 52, 75, 108, 231 , 250 , 283, 3 1 1 , 327, 254, 306.
358, 369, 381 , 385 , 386. Mgarr 4, 5, 109, 1 1 1 , 112, 1 13n, 130, 131, 188, 228, 245, 253,
l iquide ( consonn e 1 . ) 18, 25, 32, 33, 35, 36. 261 , 273, 278, 307, 329, 383 .
l ittératu re ( l ittérair e) 2, 5-7, 29, 32, 34, 69, 93n, 140, m�si 134, 135.
145, l75 , 176, 206, 21 1 , 274 , 303 , 305, 396n, 397n, 431 . minoritaire 176.
l ittérature orale ( poésie chantée ) 5 , 59, 69, 92, 93n, l76, mise en rel ief ( emphase ) 207 , 221 , 249, 329, 357, 372, 377 ,
305, 327. 397, 406.
local iste ( théorie 1 . ) 39, 135 . MKN 287.
locatif ( express ions locative s, relation de local isation) 3, modal ( mode ) 39, 44, 45, 58, 65-67, 72, 85, 89, 99-10 1 , 148,
310, 317, 334, 350-352 , 354, 356, 357, 367, 369, 371-373, 151 , 159, 1 6 1 , 166, 168-l71 , l73, 174, 181n, 183, 187, 195n,
377-379 , 384, 386, 388, 393-398 , 400, 401 , 404-407 , 409, 430 . 196, 1 99, 203, 207, 211, 212, 224, 236 , 237, 247 , 250, 252,
logique ( logico-s émant ique) 285, 301, 305, 334, 348, 354. 263, 266, 278 , 283-285, 287-294, 296, 297, 299, 300, 302-310,
Luqa 4, 17. 318, 319, 321, 323 , 324, 329, 375 , 386, 388-391 , 403, 404,
406, 407, 411, 412, 414, 415, 417, 427 .
m-Dadu-s 385. modalité 77, 113, 1 25, l73, 285 , 286 , 294 , 301, 419, 420.
Maghreb (dialecte s arabes du M. , maghréb ins ) 113, 1 24, 134, morphème de phrase voir geste vocal.
156n , 158, 175, 220, 225, 227, 246n, 248, 258, 262, 265, 275, Mosta 4.
355, 384 , 385, 393, 396, 397, 404, 409, 410. mouvement ( verbes de m. , de déplacement ) 39, 52, 69, 70, 85n,
majorita ire (majorit é ) 61 , 64, 73, 100, 1 12, 151, 1 75, 180, 88, 94, 103-104, 1 1 2, 113, 131, 134, 139, 145, 149, 151, 166,
188, 199, 204, 245, 249, 297, 3 15 , 370, 397, 404. 211, 212, 220, 241 , 244, 253-256, 263 , 264, 327 .
Malte l, 2, 4, 6 , 54, 86, 109, 113, 1 27, 1 3 1 , 137n, 187, moyen voir déponent interne.
214,
245, 250, 254, 261, 262, 273, 278, 307, 329, 362n, 377, 393. Msida 4.
Ma<lUla voir araméen. MtaFtleb 3, 4 , 84, 86, 207, 375 , 377 , 395, 401.
mank li 90. mtda 53.
mar 146, 175. mDus 150, 184, 374 , 379 , 385, 425.
margina l 64, 65, 72, 99, 100, 108, 1 24, 127, 145, 151, 209,
23 1, 311, 327, 331 , 336 , 369, 385 , 407, 430. na>as 224, 431 .
Maroc ( dialectes arabes du M . ) 151, 335 , 351 , 355n, 356 , 360n, Nadur 4 , 5 , 54, 7 1 , 138, 180.
372, 422, 425. narra ( nirra) 90.
marque ( forme, terme marqués ) 4 0 , 76, 77, 82, 85, 87, 99, 109, narratif 45 , 85, 160, l71 , 257, 264, 288 , voir aussi aoriste.
1 12, 1 19, 1 22, 124, 1 25, 1 27, 130, 135, 150, 151, 160, 165, narration 47, 2l7.
l71 , 175, 184, 188, 190, 193, 197, 199, 202-205, 207, 211, Naxxar 4 , 188, 189.
212, 225, 226, 229, 234, 237, 252, 258, 263, 284, 294, 317, nécessité (nécessaire) 285, 286, 296, 297, 299, 300, 302, 304,
331 , 335, 340, 343, 344, 345n, 354, 355, 356n, 358, 361, 372, 305, 309-311.
376-378 , 386, 395, 398, 401 , 406, 417, 421 .
526 Index Index 527

négation (négatif) 82, 108, 112, 130, 131, 133, 150, 158, 160, Palestine ( dialectes arabes de P. ) 64n.
163n , 170, 177, 178, 183, 184 , 186, 197, 215, 225, 247, 253, Palmyre ( dialecte arabe de P. ) 85.
256, 269, 270, 273, 27 9, 280 , 287-289, 29 1 , 292, 300-302, parfait (p. présent, adhérence, résultatif, statif, incident )
306, 307, 311, 317, 356n, 374, 375, 379-386, 395 , 396n, 400, 41, 42, 45, 48-55, 62, 72, 87 , 100, 101, 108, 109, I l l , 124,
401, 403, 407 , 410, 411, 418, 425-427. 145 , 151 , 220, 224, 225, 237, 242, 266, 288, 318, 322, 383,
neutre (forme n. , neutralisée, non marquée ) 76, 77, 85, 99, 412, 413, 427.
221 , 260 , 356n, 369, 386. parlé voir oral.
ni;J>cs 220. parler voir dialecte.
ni;Jzcl 134. participe ( participial ) 30, 31, 35 , 39, 75 , 103-105, 113,
niveau de langue 178, 280, 300, 430 . 134n , 135 , 136, 155, 156, 211, 245 , 269, 310, 313, 314, 325,
nom voir substant if. 331 , 343 , 377, 399.
nom d' action 39. participe actif 18-22, 24, 25, 36, 43 , 101, 105, 1 12, 113,
non-actual ité 99. 126n , 130, 134-154, 163, 172, 175 , 179, 195, 220, 224 , 241 ,
non-certain voir incertain. 244, 245, 256, 263, 265, 268, 269 , 277, 278, 310, 311, 314,
nombreux 30, 114, 325, 337, 341, 342, 344, 345, 348, 356, 370, 318, 327, 372, 373, 381 , 431 .
377, 383. participe passif 1 8 , 21-23, 25, 27, 34, 3 6 , 37, 1 0 1 , 128n,
nom de métier 134n . 134, 314, 315, 317, 321 , 323-325, 343 , 429.
non marqué voir neutre. particule 43, 44, 56n, 76, 77, 80n, 92n, 93 , 101, 102, 105,
non obligatoire voir facultatif. 112, 119, 130, 141 , 143, 150-152, 159, 163, 167, 177, 178,
non-réalisé 309-311. 183, 184, 186, 194, 196, 197, 211, 222, 228, 246, 249n, 252,
non-réal ité 173 , 174 . 266, 267, 270, 275, 278, 282, 314, 3 17, 324, 351, 352, 374,
norme ( normatif, agrammatical , correct, incorrect, faute) 70, 378-385, 395, 401, 402, 405 , 407 , 416, 425, 427, 430.
71, 112, 122, 123 , 130, 136, 137, 148, 162, 175n, 183, 205, passage ( d ' une forme à une autre) 105, 107, 110, I l l , 125,
207. 217, 223, 231 , 251n, 256n, 282, 308, 317, 356, 380, 395 , 246, 284, 306, 391.
396n, 40 1 , 402, 418. passé 40, 42, 44, 45, 47, 48, 56, 59n, 60-64, 72, 73 , 81-85,
88, 99, 107, 108, 111, 119, 120, 133, 141, 143, 144, 146,
obligation 286, 296, 297, 299, 300, 302, 304-306, 310, 311. 159 , 162, 164, 167, 171 , 173, 191, 209, 213, 215, 216, 220,
obligatoire 66, 105, 113, 124, 130, 133, 150, 162, 203, 225, 222-225, 231 , 237, 239, 257, 282, 292, 294, 298, 299, 302,
231 , 295, 301, 310, 368-370, 372, 398, 403. 305, 309, 310, 374 , 386, 390, 391, 395, 400 , 411-413, 416,
>:>dd- 208, 212. 417, 427; passé du futur 8I.
opérations intell ectuelles ( verbes exprimant des o. i . ) 52. passé de deuxième degré (p. antérieur ) 44 , 47 , 72, 162, 171,
optatif ( souhait) 44, 58, 90, 249n, 286 , 415, 427. 225, 227, 229, 231, 236, 238, 242, 260 , 266, 321, 322, 414,
oral 58, 71, 149, 216, 229, 257, 263, 280, 291, 307, 328, 331 , 427.
332, 334, 335, 337, 339 , 340, 342, 344, 348-351, 354, 361 , passé d' habitude ( inaccompli d'h. ) 83, 122n, 164, 171, 194,
367, 377, 382, 391 , 430; langue parlée 335, 338, 341 , 347, 217-221 , 223, 224, 231, 236 , 238, 244, 267, 305, 320, 324,
355, 360, 364, 369, 381-383, 404. 388 , 389, 395, 402, 404, 417 , 418, 430, 431, voir aussi
ordre ( inversion, renversement de l ' o . des termes, postposi­ inaccompl i dans le p.
tion ) 124, 133, 145, 151 , 221, 224, 228, 241 , 242, 276, 305, passé duratif 82, 213.
335, 336 , 369, 373, 386-388, 393, 394, 398, 406 , 425. passé proche 55, 72.
Oranais voir Tlemcen et Traras. passif 31, 32, 34, 37 , 101, 134, 313, 314, 318, 324, 325, 429,
Orient ( dialectes arabes d'O. , oriental ) 220, 275. 430 .
orthographe 8, 180, 256n, 273n, 283n, 397n. perception ( verbes de p. ) 85n , 304.
ougaritique 52, 87. périphérique ( dialectes arabes p. ) 1 .
528 Index Index 529

périphrase ( périphrastique ) 34, 44, 58, 67, 68, 81, 82, lOIn, préverbe 43, 75-78, 81, 85 , 101, 102, 105 , 112, 114, 1 17, 119,
102- 104, 108-112, 118, 120, 122, 125 , 127, 130, 131, 1 33, 124, 127, 131-133, 135-139, 143, 150-152, 163, 167, 171, 175,
141, 154, 155 , 157-161, 163, 164, 166, 167, 170, 171, 191, 177, 179-181, 183-191 , 193, 196 , 197, 199, 204 , 205, 207,
194-196, 198-200, 202-207, 212, 215, 217, 219, 221 , 222, 209, 211 , 212, 241n, 243, 244 , 250, 256, 257, 262, 304, 320,
224-227, 229, 23 1 , 233-236, 238 , 241 , 247, 255, 257, 259, 323, 375, 385, 391, 401, 402, 404, 415, 416, 427 , 430.
260 , 264-266, 270, 273, 277, 282, 288, 290 , 291, 295-297, principale ( proposition p. ) 55, 96-98, 118, 144, 191, 193,
300 , 302-307, 309-311, 318, 321 , 324, 325, 327-329, 382, 385, 199, 203, 226, 227, 229, 332, 411, 420 .
391, 412, 415, 418-421, 426 , 427, 429, 430. probabi l ité ( probable) 44, 173 , 201 , 236 , 285, 287, 293, 301 ,
permission 44, 285, 288, 290. 305.
pharyngale 265. procès ( processif , processus ) 40-44, 47-50, 52, 57 , 69-74, 79,
phrase nominale 3, 313, 314, 316n, 317-319 , 325, 331 , 332, 81-85, 87, 94, 99, 107, 109, 113, 117, 145, 148, 154, 157,
334-336, 339, 340, 345n, 350-352, 354-358, 360 , -362, 368, 158, 160, 163, 166, 167, 207 , 212, 213, 215, 216, 220, 224 ,
369, 372, 373, 377, 379, 381 , 384-386, 391, 393, 397, 399, 225, 229, 231 , 233, 234, 241-243, 245, 246, 248 , 251, 257,
406 , 429, 430. 258, 263, 265, 266, 268, 269 , 272, 273, 275, 277, 284, 287,
Pjetà 4 , 17. 304, 306 , 313, 323, 43l.
pluperfect 108, 109. productif 27 , 30, 36.
plus-que-parfait 47 , 161, 231n. progressif 41, 43, 99, 108n, 114, 1 17, 119, 124, 125, 127 ,
poésie chantée voir l ittérature orale. 133, 134, 139, 143, 151 , 172, 175, 220, 277, 282, 427 , voir
ponctuation de l' énoncé 87. aussi concomitant.
possessif ( possession) 300 , 337, 343, 350, 399, 409, 41On, progression 317, 383, 430.
421 , 425, 426 , 429 , 430, voir aussi " avoir" . prohibitif 91, 159, 169-171, 244.
possibi lité ( possible) 44, 89, 173, 285, 287, 288, 290 , 292. promesse 58.
postposition voir ordre. pronom personnel ( indépendant) 88, 100, 145, 280, 283, 313,
potent iel ( potentialité) 61, 65, 67, 80, 95, lOIn, 1 18, 174, 315, 316n, 331, 333, 339 , 345n, 347, 355 , 358, 372, 379 , 382.
183, 207, 237. pronom possessif 343 .
"pouvoir" 199, 204 , 286 , 312, 414, 427 . pronom suffixe 77n, 91, 124, 194, 208, 214, 287, 306 , 337-339,
prédicat (relation prédicat ive ) 39-41 , 82, 101, 102, 1 09, 113, 342, 343, 345, 346, 348, 349-351, 359, 361, 365, 366, 372,
202, 241, 278, 285, 286, 313-315, 317, 331, 332, 334-345, 384 , 393 , 394, 397, 406, 409, 426.
347-363, 365-367, 369, 370, 372 , 373, 376-378, 380, 381 , 384, prophétie voir prédictif.
386-388, 393, 394, 398, 399, 401 , 406, 413, 427. prosodie ( intonation) 176, 343, 354 .
prédictif ( énoncé p. , prophétie, passages eschatologiques) 57, prospectif 175.
61, 72, 176, 234 . protase 57, 66, 95, 142, 183, 200 , 222, 235, 403, 405.
préhension ( verbes d e p. , "prendre" ) 85n , 104, 184, 249. proverbe ( proverbial ) 58, 60, 73, 84, 127 , 147, 255, 256n.
préposition 153n, 315, 331 , 333 , 339-341 , 343 , 348-352, 354, pseudo-verbe ( quasi-verbe ) 3, 83, 114, 154, 205, 214, 276,
357, 360, 366, 367n, 373, 383, 393, 394, 397, 398, 409, 410, 283, 287, 300, 407, 409, 410, 418, 421, 422, 424-427 .
421, 424-426.
présent ( actue l , générique, généra l ) 40, 42, 44, 45, 49, 51- quadriconsonantique 25.
53, 61, 62, 72, 73, 75, 85, 88, 107, 113, 117, 118, 133, 140, quasi -verbe voir pseudo-verbe.
141 , 145, 146, 159, 163, 171, 173, 191, 209, 237, 239, 243,
282, 297, 304 , 315, 318, 319, 323, 356n, 386, 409, 411, 412, ra ( en arabe dialectal maghrébin ) 124.
419, 420, 427. ra ( en maltais) 329 .
presse (écrite ou orale, journalisme ) 2, 68, 207 , 270, 272, Rabat ( à Malte) 185.
280, 313, 315, 318, 321 , 324 , 325, 335n, 424n. rare ( peu fréquent, peu nombreux ) 23 , 30, 32, 34, 43, 60, 61,
63 , 69, 71, 84, 92, 104, 109, lll, 114, 1 17, 130, 131, 134,
Index 531
530 Index

137, 146, 154, 169 , 191, 194, 196, 199, 204, 220, 225, 237, sa 175, 179- 181 , 183, 184, 187-191 , 206 , 211, 416.
239, 246, 255, 258, 263, 270 , 272, 274, 275, 287, 291 , 294, safao 321, 324.
296 , 299, 303, 311, 313, 315, 317, 318, 327, 332, 335, 337, San Gi ljan 4, 74n, 138, 246.
351 , 354 , 358, 359, 367, 368, 370 , 372, 383 , 404-407, 413, sar 52, 175; auxiliaire 258-26 1, 264.
418, 43l . �ar (en arabe maghrébin ) 175, 258.
réal isation effective 288. sayycm 135.
réalité ( réal isé, réali sation) 174, 196, 230, 237 . sc 105, 167, 175, 179-181 , 183, 185- 191, 204-206, 211, 416.
réciproque ( réciprocité ) 30 , 32n. scbao 53 .
récit 5, 45, 49n, 51, 72, 73, 77, 78, 81-85, 86n, 88, 108, scbaJ:t 261, 262.
109, 1 1 1 , 112, 1 16, 138, 139, 143, 151 , 159, 160, 164, 171, secondaire 27, 327 .
175, 189, 191, 216, 224-226, 229, 231 , 236, 238, 246, 263, sémitique 40, 51, 57, 72, 230, 355, 410, 429-43I .
288, 298, 388, 390, 411, 413, 416, 417, 427. semi-voyelle ( semi-vocalique, semi-consonne) 49, 134n, 265,
recul 331 , 335, 372, 430. 286.
redondance (système de r . ) 99, 108, 160, 17I . sensation (verbes de s. ) 52, 53.
redondant 205, 219, 224, 317. sentiment ( verbes de s. ) 52.
réfléchi (réfléchi -passif) 26, 30-32, 36, 325. séquentiel ( séquence, conjonctif ) 67, 76, 82, 85, 99, 1 17,
réfl échi-interne voir déponent interne. 247, 284 .
rcgaO 158, 275-284, 412, 414, 419, 427. scr 175, 177, 178, 179n, 181, 1 83, 1 90, 191, 206 , 211 , 414,
régression 3 1 , 34, 72, 21 1 , 219, 224 , 325. 427.
relateur 313, 420. sctaO 77, 199, 204, 286 , 287, 293, 294.
relatif ( aspect, temps r. ) 41, 44, 47, 107. scyycr ( progres sif ) 134, 137n, 175; futur 175-177, 179, 181,
relative ( pronom relatif) 98, 119, 121, 143, 191, 196, 217, 183, 191, 211; imminence 141, 175; intensif 327 .
227, 316n, 342, 354, 370, 371 , 373, 398, 399, 406. Sfax ( dialecte arabe de S. ) 54n, 151, 162.
rcma 149, 253, 254, 263. sicil ien ( Sicile, siculo-ital ien ) 1, 36, 114, 270, 272, 321,
renouvellement 107. 430.
renversement voir ordre. simultanéité 88, 94, 100, 1 17, 145, 146, 206, 207 .
répandu 18, 36, 55, 219, 225, 250, 273, 321 , 324, 354, 383, slave 42n, 283.
397, 401 ; pas répandu 178. Sliema 3, 250.
résiduel 28, 30, 3I. sociol inguistique 136, 188, 189, 211, 252, 263, 430.
reste voir vestige. souhait 44, 286, 415, 427, voir aussi optatif .
restriction 99, 114, 151, 160, 171, 238, 266, 276, 300, 304, sous-aspect voir aspect.
356, 372, 379, 406, 427 , 430; restreint 74, 99, 100, 125, sous-entendu voir ell ipse.
252, 260, 274, 328, 360. spicca 53 , 55, 65, 220, 224.
résultatif ( résultat ) 42, 45, 49, 50, 52, 55, voir aussi stabilisé 151 , 169; instable 129 .
parfait. standard ( parler maltais s. ) 3, 4 , 1 7 , 29 , 3 3 , 67n , 97n, 109,
retardement ( procédé de r . ) 387, 399, 406 , 407, 421, 422, 427, 130, 147n, 165n , 178, 180, 183, 186n, 187, 188, 190, 209 ,
429. 2 1 1 , 249, 250, 254, 255, 258n, 261-263, 270, 272-274 , 306,
révolu voir accompl i . 307 , 329, 356, 357n, 375, 379, 383, 390n, 418, 430.
rhétorique 42l. statif ( s . qualitatif) 42 , 52, 314, voir aussi parfait.
ri;ïd 77, 199, 201 , 204 , 295-297, 299-301, 310, 311, 420. sti;ï> 77, 199, 202.
ri;ï>cd 135 , 310. stylistique 39, 63, 85 , 85n, 87, 105 , 109, 295, 329, 412.
ri;ïsa> 134. subjonction 92n, 103, 209 , 296.
subordinatif voir dépendentiel .
532 Index Index 533

subordonnée ( proposition s. ) 69-71 , 1 17-119, 141, 142, 144, tri lingue 325.
166, 183, 1 93, 196-199, 201, 203, 204 , 212, 225, 227, 229, Tripol i ( dialecte arabe de T. , Libye ) 88.
332, 376 , 403 , 405 , 411, 413, 420, 427. Tunis ( dialectes arabes de T. ) 151 , 231, 232, 237, 246, 314,
substantif ( substantivai, nom ) 153n, 334-336, 340, 341 , 343, 355n, 356 , 360n, 373, 396, 397.
344, 347-352, 354, 357-361 , 363-366, 367n, 373, 383 , 425, Tunisie ( dialectes arabes de T. ) l, 275n, 396 , 422.
427.
suggestion 285-287, 290 , 303 , 307. Union Soviétique voir Boukhara.
sujet 4 1 , 42, 101 , 103, 104 , 109, 111, 112, 114, 130, 138, universaux 334 .
150, 151 , 160n, 166, 171 , 183 , 214, 241 , 242, 249 , 250, 253, uza 223.
255, 256 , 259, 263 , 264, 266, 272, 274 , 276, 281, 282, 285,
variation (variante dialectale ) 185, 187 , 383; voir aussi
295 , 297, 300, 302-304, 306, 313 , 315, 316n, 331-356, 358-
364, 366, 367, 369-373, 376, 379, 380, 382, 386 , 388 , 393 , standard, dialecte.
394, 397-399, 401 , 404, 406, 409n, 410, 42l. vélaire 180n, 258n.
supplét if 175 , 323 . verbal isation 395 , 425 .
supposition 222. verbo-nominal 104 , 325 .
supputation 303, 311 , 417. vérité générale 73.
surcomposé 205, 213, 218-221, 224 , 307, 430 , 43l . virtuel ( phonème v. ) 9, 70.
surdérivé 29, 30. vestige (trace, reste) 26, 27 , 335 , 414, 415, 418.
survi vance ( survivre) 20, 22, 26, 29, 31, 59, 61, 134, 175, visée (modalité de v. ) 196n.
209. vitalité 17, 26, 29, 63, 175 , 273, 274, 329, 429, 430.
syllabe 176, 180, 250, 411. vivant 26, 28, 30, 31, 64, 246, 263, 321 , 355 .
Syrie ( dialectes arabes de S. ) 53n, 64n. voix 101.
système verbal 3, 101, 102, 104, 107, 108, 125, 134, 135, 151, volitif ( volonté) 44, 285, 286.
155n, 169, 170-172, 187, 220 , 238, 239 , 314, 427 , 429. "vouloir" 104, 181, 199, 201 , 204 , 295, 299, 300, 420.

Takroûna (dialecte arabe de T. ) 397 , 41On. wasal ( imminence) 209, 212; périphrase marginale 329.
Tchad (dialectes arabes du T. ) 53n , 231 , 23 2.
tcla> 136 , 255, 263. Xagnra 4, 5, 71, 138, 189, 253, 308, 375 .
temps (tempore l , t. situé) 39-45, 47, 49, 50, 55, 67, 72, 73,
77, 79, 81, 82, 84, 85, 96, 99, 101, 107, 108n, 1 19, 121, yar 77, 199, 202-204, 211, 218, 259 , 260n, 264, 301 ; auxi-
122, 133, 142, 151, 157, 163, 171 , 173-175, 181, 187, 194, l iaire 294, 420.
197-199, 203, 209, 211, 225, 230 , 23 1 , 233, 238 , 239, 241, yalla 90.
265, 278, 284, 294 , 297, 306 , 318, 319n, 329, 336, 356n, 377, yisbaJ:l 77.
386, 39 1, 393 , 401 , 403 , 407, 409, 411, 413, 419, 427. yismu 77.
terminatif 44.
thématisation 336, 342, 344, 345 , 347, 353, 356n, 369 . Zejtun 4, 17, 188.
tmaD 134 . ziad 272-274.
tiala> 134.
Tlemcen ( dialecte arabe de T. , Oranais) 33n .
topical isation 367, 398, 425.
toponymie l .
trace voir vest ige.
transitif 27 , 421, 424, 427 .
Traras (dialecte arabe de T. , Oranais) 33n.

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