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Honoré de Balzac
,,Le Père Goriot’’
Sommaire
Chacun a un personnage, un livre ou un film qui l'a marqué. Moi, quand j'avais 12 ans,
j'ai lu ,,Le Père Goriot'', un roman écrit par Honoré de Balzac, et même si c'était en roumain, je
ne comprenais pas grande chose. Aprés quelque années, quand j'ai eu l'occasion de lire ce
roman encore une fois, en français, j'ai réalisé qu'il avait été difficile de comprendre son
message à cet âge-là.
Par ses romans, le grand écrivain français, Honoré de Balzac, nous présente les défauts
et les qualités de la société en soulignant le caractére des gens. En lisant ,,Le Père Goriot'' j'ai
compris que les parents sont les seules personnes qui nous aiment jusqu'à la fin de notre vie. Le
Père Goriot, le personnage principal de ce roman, a donné toute sa fortune, pour laquelle il a
travaillé toute sa vie, pour rendre ses filles heureuses, des filles qui ne l'ont jamais aimé et qui le
laiseront mourir sans le visiter.
Le message est la conclusion du vieil homme: ,,Les vrais sentiments, les plus sincères et
les plus profondes, ne peuvent pas exister que dans les âmes des pauvres, sans aucune
richesse.”
Ce message est la raison pour laquelle j'ai choisi de présenter Honoré de Balzac et son
roman dans mon attestation linguistique en français.
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La vie de Balzac
1.1. La Jeunesse
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le fera toute sa vie, d'intégrer le matérialisme descriptif et explicatif à une philosophie de
l'aventure humaine et de son mouvement.
Premier obstacle: sa famille veut le faire notaire. Il refuse. Il veut faire sa fortune par une
œuvre littéraire. En 1819, il s'enferme dans une mansarde de la rue Lesdiguières à Paris, et il
entreprend, pour réussir dans ce qu'on appelle alors « littérature » (poésie lyrique, histoire,
philosophie, théâtre). Pour vivre, il va se faire romancier. Le jeune homme apprend à connaître le
monde des éditeurs et des petits journaux; il découvre ce par quoi doit passer le talent lorsqu'on
n'a pas l'indépendance et la fortune. Il fait, en profondeur, l'expérience de l'envers de la société
libérale.
Balzac commence à s'y exprimer par l'intermédiaire de héros jeunes et beaux, et amorce
la peinture des milieux et des types. Il aborde aussi les thèmes de la vie privée et met en place ses
premières figures de jeunes filles.
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À l'automne 1824, Balzac se lance dans une opération de librairie avec son nouvel éditeur
Canel: publier une édition à bon marché de Molière, puis de La Fontaine. La spéculation
tournera court, ne laissant que du passif.
En 1825, Balzac, malade, abandonne la littérature. Il trouve une aide financière auprès de
Laure de Berny, femme mûrissante qui lui tient lieu à la fois de mère et d'initiatrice amoureuse et
mondaine, et il se fait imprimeur, puis fondeur. L'expérience durera deux ans, tournant elle aussi
au désastre. Seul un prêt de sa mère empêchera le déshonneur, mais ce prêt ne sera jamais
remboursé et pèsera sur sa vie entière.
Il entre de manière plus sérieuse dans les milieux de la presse et de la librairie. Ses
activités se développent dans deux directions : il devient l'un des animateurs du Feuilleton des
journaux politiques, feuille saint-simonienne, et collabore à la première Presse de Girardin, ayant
ses entrées à la Silhouette et à la Caricature, vivant alors l'expérience qu'il prêtera plus tard à
Lucien de Rubempré dans Illusions perdues. Par ailleurs, il écrit une Physiologie du mariage et
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entreprend une série de Scènes de la vie privée. C'est en février 1830 qu'il utilise pour la
première fois la particule devant son nom dans une publication en revue.
1.5. Le tournant
En juillet 1830, Balzac est en Touraine avec Mme de Berny. Lorsqu'il rentre à Paris en
septembre, il commence par tenir une chronique régulière des événements politiques dans le
Voleur de. Balzac tend à devenir féroce à l’égard du parti démocratique, pour la phraséologie qui
envahit la politique, en même temps qu'il souhaite que la révolution continue et aille au bout de
ses conséquences.
Honoré de Balzac, la Peau de chagrin En même temps, Balzac rêve de fortune politique.
Jusqu'alors, il avait été « de gauche », tout en ayant montré par ses
écrits son hostilité fondamentale au libéralisme en tant que système économique et social. Les
problèmes consécutifs à la révolution de Juillet précipitent son évolution dans un sens en
apparence inattendu. Trop réaliste pour accepter l'idéalisme saint-simonien ou républicain, il ne
saurait admettre la consécration du pouvoir bourgeois.
Balzac entre dans les milieux aristocratiques. Il milite auprès du duc de Fitz-James,
prépare une candidature aux élections, collabore au Rénovateur, à l'Écho de la Jeune France. Du
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même mouvement, il se met en tête d'être aimé de la marquise de Castries, qui va le conduire au
bord du désespoir.
Le roman balzacien est vraiment né, non par miracle et génération spontanée, mais dans
le mouvement d'une recherché. Mme de Berny va bientôt mourir. Il est vrai aussi que, depuis
1832, elle est remplacée dans les préoccupations de Balzac par une comtesse polonaise, Mme
Hanska, qui lui avait écrit une lettre d'admiration signée l'Étrangère. Désormais, Balzac dispose
d'une incontestable maîtrise littéraire.
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Ensuite, la production se ralentit, puis se tarit. Balzac, épuisé, est pris tout entier par son
idée fixe d'épouser Mme Hanska, pour qui il installe à Paris, rue Fortunée, un invraisemblable
palais. L'année 1848 est une année à peu près vide : nouvelle tentative au théâtre avec la Marâtre
puis la fin de l'Envers de l'histoire contemporaine. Pendant les journées de juin 1848, Balzac,
ruiné par la révolution, hurlera à la mort, du moins dans les lettres à Ève Hanska.
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2. LE PERE GORIOT
Découverte de la pension
Vauquer
Nous sommes à l'automne1819, à Paris, dans une petite rue du quartier latin qui
s'appellela rue Neuve Sainte Geneviève. Dans cette rue, se trouve la pension Vauquer, c'est un
bâtiment misérable, où vivent des pensionnaires tout aussi misérables. C’est aujourd’hui la rue
Tournons, qui se trouve derrière la rue Mouffetard. Balzac décrit la pension Vauquer avec
minutie, car elle annonce la misère matérielle et morale de ses habitants.
Les pensionnaires
Parmi les pensionnaires, on trouve Eugène de Rastignac, issu d’une famille noble
désargentée d’Angoulême, il est monté à Paris pour faire son droit. Victorine Taillefer est une
jeune fille abandonnée par son père et son frère, qui sont pourtant riches. Une pauvre veuve
s'occupe d'elle, Madame Couture.
Vautrin
Vautrin est un homme dans la force de l'âge, jovial, mais son passé est mystérieux, on
apprendra plus tard que c’est un forçat évadé du bagne de Toulon. Le portrait de Vautrin
contient un double langage qui révèle toute la duplicité du personnage. On trouve enfin dans la
pension Vauquer trois personnes âgées : Mlle Michonneau,M. Poiret, etbien sûr, le père Goriot,
dont nous allons bientôt découvrir l’histoire.
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La comédie humaine comme un zoo
Toute cette galerie de personnages retarde le début du roman, mais il faut voir
l’oeuvrede Balzac comme un grand zoo où les types humains sont comme autant d’espèces
différentes. Dans l’Avant Propos de la Comédie Humaine, Balzac écrit : « La Société ne fait elle
pas de l’homme, suivant les milieux où son action se déploie, autant d’hommes différents qu’il y
a de variétés en zoologie ? [...] » Mais cela va plus loin, car la Société humaine est selon lui
encore plus variée encore quele monde animal : « les habitudes de chaque animal sont, à nos
yeux dumoins, constamment semblables en tout temps ; tandis que les habitudes, les vêtements,
les paroles, les
demeures d’un prince, d’un banquier, d’un artiste, d’un bourgeois, d’un prêtre et d’un pauvre
sont entièrement dissemblables et changent au gré des civilisations. » Ainsi l’oeuvre de Balzac
va prendre une triple forme : « les hommes, les femmes et les choses, c’estàdire les personnes et
la représentation matérielle qu’ils donnent de leur pensée ; enfin l’homme et la vie. » Cela
signifie qu’un roman de Balzac nous amène à comprendre la profondeur des types humains, à
travers leurs actions. Le premier personnage qui réponde à ce projet, dans le père Goriot, c’est
Madame Vauquer.
Madame Vauquer
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Le père Goriot
Lors de son arrivée dans sa pension, le père Goriot lui avait donné des espoirs. Cet
homme est un riche négociant à la retraite.Vermicellier,il a fait fortune dans le commerce des
pâtes d'Italie. Madame Vauquer avait même songé à le séduire, dans les premiers temps. Mais
progressivement, le vieil homme est devenu misérable, et a dû changer de chambre pour
finalement habiter la mansarde, la pièce la moins coûteuse de la pension. Tous les pensionnaires
désormais le méprisent et se moquent de lui. De temps en temps, de jeunes femmes très bien
habillées lui rendent visite. On le soupçonne de dépenser toutson argent pour les entretenir, mais
lui s'obstine à les appeler « ses filles ».
Avec la pension Vauquer, Balzac nous a fait découvrir, pour ainsi dire, lesbasfond
deParis, mais avec le jeune Eugène de Rastignac, il va maintenant nous faire découvrir la haute
société. En effet, petit à petit, le jeune homme néglige ses études pour découvrir le beau monde
parisien. Grâce à sa tante, il parvient à se faire inviter au bal de Madame de Beauséant, qui est
une lointaine cousine. Eugène est ébloui par la soirée parisienne, et plus encore par la belle
comtesse Anastasie de Restaud.
En lui rendant visite le lendemain, il croise un jeune homme, Maxime de Trailles, en qui
il reconnaît immédiatement un rival. Cependant Eugène est chaleureusement accueilli par le
comte de Restaud et sa femme, surtout lorsqu'ils apprennent qu'Eugène est un parent de Madame
de Beauséant. Lors de la conversation, il évoque le pèreGoriot. Immédiatement les visages
seferment et il se retrouve, poliment, mais rapidement congédié.
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Rastignac chez Madame de Beauséant
La duchesse poursuit : « Ce Goriot n’a qu’une passion. Il adore ses filles. Il a juché
l’aînée dans la maison de Restaud, et greffé l’autre sur le baron de Nucingen, un riche banquier.
Ses filles ont d'abord voulu le ménager, mais il a bien vu qu'elles savaient honte de lui. N’aurait-
il pasété une tache de cambouis dans leur salon? Il s’est sacrifié, parce qu’il était père : il s’est
banni de lui même. Il a donné, pendant vingt ans, ses entrailles, son amour ; et sa fortune pour
les marier. Le citron bien pressé, ses filles ont laissé le zeste au coin des rues. » Eugène de
Rastignac est indigné par cette histoire. Madame de Bauséant est elle aussi choquée par ce récit,
mais elle se fait plus cynique : « Eh bien ! cher cousin, traitez ce monde comme il mérite de
l’être.Vous voulez parvenir, je vous aiderai. Delphine de Nucingen est très jalouse de sa soeur.
Elle serait prête à tout pour entrer dans mon salon. Je vous permets de la séduire en utilisant
mon nom. Mais restez honnête et ne faites rien de compromettant. » Ce passage est
particulièrement important. Dans un conte de fée, la fée marraine aurait donné un objet magique
au chevalier. Ici, la lointaine cousine autorise le jeune étudiant à utiliser son nom, comme une
clef pour entrer dans un monde merveilleux.
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Le jeune Rastignac prend la décision de réussir dans le monde
Le soir même, Eugène se montre sublime. Il prend la défense du père Goriot devant les
pensionnaires, en révélant qu’il est le père d’une baronne, et d’une comtesse. — « Qui vexera le
père Goriot s’attaquera à moi, il vaut mieux que nous tous ! » De retour dans sa chambre, il écrit
à sa mère et à ses deux soeurs, les suppliant de bien vouloir lui envoyer leurs dernières
économies. Il leur fait comprendre que c’est le seul moyen de réussir à Paris: «Ma bonne mère,
vends quelquesuns de tes anciens bijoux, jeles remplacerai bientôt. » Comme le font observer
les frères Goncourt dans leur journal : « Le roman, depuis Balzac, n'a plus rien de commun avec
ce que nos pères entendaient par ce roman. » En effet, il n’hésite pas à nous montrer ce que le
monde a de plus scabreux, et c’est cela qui révolutionne le roman de l’époque, bien avant Zola,
Flaubert et Maupassant. Les personnages de la pension Vauquer se montrent tous égoïstes, à
leur manière. Lejeune Rastignac qui jusqu’alors avait tout du Héros romantique, est aussi
étrangement dénué de scrupules quand il s’agit de dépouiller sa mère et ses soeur pour réussir
dans le monde.
Quelques jours plus tard, Rastignac reçoit deux sacs d’argent, avec lesquels il
s’empresse de payer d’avance son loyer. Vautrin complimente le jeune homme sur son
ambition, puis il le prend à part, et lui confie un moyen de faire fortune rapidement : « Le père
de Victorine est un vieux coquin, un banquier, principal associé de la maison Frédéric Taillefer
et compagnie. Il a un fils unique, auquel il veut laisser son bien, au
détriment de Victorine. Moi je n’aime pas ces injustices là. J’ai un bon ami, un ancien militaire,
qui pourrait se charger de mettre à l’ombre ce frère indigne.Victorine deviendrait l’unique
héritière de la fortune de sonpère.Faites aujourd’hui la cour à une jeune personne pauvre et
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désespérée.Vous construisez un mariage solide qui vous rapportera des millions le moment
venu.» Rastignac, horrifié, refuse le marché, mais Vautrin lui donne quinze jours pour réfléchir.
Ce marché met le jeune Rastignac enface d’un choix difficile: d’un côté, la proposition de sa
cousine : parvenir en louvoyant dans la société, au moyen de l’hypocrisie, de l’autre, la
proposition de Vautrin : plus rapide, mais qui implique d’avoir recours au crime. Le roman trace
bien le parcours initiatique d’Eugène de Rastignac. Il faut savoir que Le Père Goriot se trouve
dans la première partie de la Comédie Humaine, les Scènes de la vie privée. Dans l’Avant-
Propos, Balzac révèle que « Les Scènes de la vie privée représentent l’enfance, l’adolescence et
leurs fautes. »
De retour rue Neuve Sainte Geneviève ,il s’empresse de frapper à la porte du père
Goriot, et lui raconte sa soirée. Le plaisir d’entendre parler de sa fille bien aimée illumine la
physionomie du vieux père. Les deux personnages se lient d’amitié. — Adieu, mon voisin,
dormez bien, vous avez été pour moi ce soir comme un bon ange ; vous me rapportez l’air de
ma fille. — Le pauvre homme, se dit Eugène en se couchant, il y a de quoi toucher des cœurs de
marbre.
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Plusieurs soirées de Rastignac avec Delphine
Le lendemain, Rastignac retrouve Delphine qui semble désespérée. Elle lui demande de
bien vouloir miser de l’argent à la roulette pour elle. Rastignac gagne 7000F, Delphine lui
confie alors ses difficultés financières et conjugales. Son mari s’est accaparé toute la fortune que
lui avait laissé son père, et ne lui laisse que le strict nécessaire. Les deux jeunes gens passent la
soirée aux italiens, dans la loge de Delphine, où ils se tiennent la main, et se promettent de se
revoir souvent. Rastignac est devenu l’amant de Delphine. De retour à la pension Vauquer,
Rastignac raconte à nouveau sa soirée au père Goriot, qui est désespéré d’apprendre que ses
filles sont malheureuses, il envisage de traîner ses gendres en justice. Dans les jours qui suivent,
Rastignac sort beaucoup, il rencontre ses premiers succès en société, car sa relation avec
Delphine lui attire une certaine estime dans lemonde. Mais les dîners et les bals coûtent cher, et
Delphine joue avec les sentiments de son jeune amant.
De dépit, il regarde parfois Mlle Taillefer d’une manière tendre. Victorine a toujours eu
un faible pour le jeune homme : — Auriezvous des chagrins, monsieur Eugène ? — Quel
homme n’a pas ses chagrins ! Répond Rastignac. Si nous étions sûrs, nous autres jeunes gens,
d’être bien aimés, avec un dévouement qui nous récompensât des sacrifices que nous sommes
toujours disposés à faire, nous n’aurions peutêtre jamais de chagrins. Au lieu de répondre,
Mademoiselle Taillefer lui jette un regard sans équivoque.
Vautrin arrive à ce moment là, provoquant le départ de la jeune fille : — Il y aurait donc
alors promesse de mariage entre monsieur le chevalier Eugène de Rastignac et mademoiselle
Victorine Taillefer ? — Monsieur, je ne suis pas votre complice, dit Eugène. — Mon jeune ami,
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si vous vouliez devenir mon élève, je vous ferais arriver à tout ! Mais ne vous décidez pas dans
ce moment, car vous n’êtes pas dans votre assiette ordinaire. Et Vautrin s'en va sans laisser à
Rastignac le temps de répondre. Dans cette deuxième partie, Balzac nous fait découvrir un
monde plus complexe qu’il n’y parait, avec des personnages dont les intérêts convergent, ou
bien entrent en conflit. À propos des personnages Balzaciens, Baudelaire écrit, dans son essai
sur l’Art Romantique, en 1869 : « Tous ses personnages sont doués de l’ardeur vitale dont il
était animé lui même. Toutes ses fictions sont aussi profondément colorées que les rêves.
Depuis le sommet de l’aristocratie jusqu’aux basfonds de la plèbe, tous les acteurs de sa
Comédie sont plus âpres à la vie, plus actifs et rusés dans la lutte, plus patients dans le malheur,
plus goulus dans la jouissance, plus angéliques dans le dévouement, que la comédie du vrai
mondene nousles montre. »
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2.3 Chapitre 3 - Trompelamort
M. Poiret et Mlle Michonneau sont assis sur un banc du jardin des plantes, au soleil. Ils
causent avec un certain Monsieur Gondureau, un homme de la police. Celui ci leur fait une
révélation étonnante : — Eh bien ! Nous avons maintenant la certitude la plus complète que le
prétendu Vautrin, logé dans la Maison Vauquer, n’est autre que Jacques Collin, forçat évadé du
bagne de Toulon, où il est connu sous le nom de Trompe la Mort. Puis il demande à Mlle
Michonneau de donner àVautrin un somnifère qui simulera une crise d’apoplexie. Il sera alors
facile de vérifier si Vautrin porte sur l’épaule la marque des bagnards.
Pendant ce temps, Rastignac est désespéré par les coquetteries de Delphine, qui vient de
le renvoyer un peu brusquement. Il se laisse aller à échanger avec Victorine les plus douces
promesses. La jeune fille n’a jamais été aussi heureuse, d’aimer et de se sentir aimée. Vautrin
voit tout cela d’un oeil satisfait.
Mais le père Goriot arrive à ce moment là et prend le jeune homme à part : — Vous avez cru ce
matin qu’elle ne vous aimait pas, hein ! Elle vous a renvoyé de force, et vous êtes parti fâché.
Nigaudinos ! Elle m’attendait. Comprenez vous ? Nous sommes allés vous préparer un bijou
d’appartement dans lequel vous déménagerez dans trois jours.Vous y serez comme un prince!
Le père Goriot habitera lui même dans une chambre de bonne au dessus de l’appartement de
Rastignac.
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Le dénouement du plan de Vautrin
Le soir même, Vautrin sert le vin puis glisse à l’oreille d’Eugène : — Cette nuit même,
le colonel comte Franchessini vous ouvrira la succession de Michel Taillefer avec la pointe de
son épée. En héritant de son frère, Victorine aura une petite fortune ! » Le vin donné par Vautrin
au jeune home était narcotisé. Eugène ne tarda pas à s’évanouir. Victorine est la première à ses
côtés, elle prend la tête du jeune homme sur son épaule, pendant que Vautrin fait des
plaisanteries sur le marriage à venir des deux tourtereaux, puis il fait mine de les bénir en
imposant ses mains au dessus de leurs têtes. Une fois Vautrin parti, Victorine, aidée de Madame
Vauquer et de Madame Couture, mettent Eugène dans son lit. Le lendemain est le jour le plus
extraordinaire de la pension Vauquer. Au moment du café, Mlle Michonneau verse la potion du
policier Godineau dans la tasse destinée à Vautrin.À ce moment, un domestique de Taillefer
arrive précipitemment et s’adresse à Victorine : — Mademoiselle, un grand malheur est arrivé.
Monsieur Frédéric s’est battu en duel, il a reçu un coup d’épée dans le front, les médecins
désespèrent de le sauver. Vautrin se met à sourire, mais la potion commence à opérer, il dit
d’une voix creuse : — Jeune homme, le bien nous vient en dormant. Et il tombe raide comme
s’il était mort.
L'arrestation de Vautrin
Mlle Michonneau trouve le tatouage sur l’épaule du forçat pendant que les autres
convives ont peine à comprendre ce qu ise passe.La police arrive peu de temps après, au
moment où Vautrin reprend ses esprits. Il est immédiatement arrêté sous les yeux stupéfaits des
pensionnaires. Vautrin se comporte avec panache : — Messieurs les gendarmes, mettez moi les
menottes. Je prends à témoin les personnes présentes que je ne résiste pas. Je reconnais être
Jacques Collin, dit Trompe la Mort, condamné à vingt ans de fers ; et je viens de prouver que je
n’ai pas volé mon surnom.
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La pension Vauquer est vidée de ses principaux pensionnaires
Le père Goriot arrive à ce moment là, en fiacre, ce qui achève de méduser les
pensionnaires. Il emporte Rastignac dans son nouvel appartement,où ils retrouvent Delphine. Le
vieux père et la fille achèvent de convaincre Eugène de vivre là. Pendant ce temps, à la pension
Vauquer, Mlle Michonneau et Poiret sont accusés d’avoir apporté une mauvaise réputation à
l’établissement, ils sont mis dehors par les autres pensionnaires. Madame Vauquer est
bouleversée de perdre en un jour presque la moitié de ses internes !
Dans cette troisième partie, Vautrin est évincé. C’était pourtant le personage qui possédait la plus
forte volonté, et à certains égard, son regard acerbe pouvait faire penser qu’il incarnait le regard
de Balzac lui même. Mais il utilisait les mauvais moyens. Balzac nous montre un univers où
l’hypocrisie est plus efficace que le meurtre.
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2.4 Chapitre 4 - La mort du père
Rastignac et le père Goriot font les derniers rangements dans leurs chambres rue Neuve-
Sainte Geneviève, quand Delphine entre précipitamment chez son père. Rastignac tend l’oreille à
travers la cloison. Menacé d’un procès par le père Goriot, le comte de Nucingen arévélé sa
veritable situation. Il a engagé tous ses capitaux dans des affaires frauduleuses, il pourrait
disparaître du jour au lendemain et laisser sa femme seule et ruinée. Eugène entend le père
Goriot tomber à genoux et se reprocher d’avoir donné pour époux un tel homme à sa fille chérie.
À ce moment, arrive Anastasie de Restaud, elle est aussi désespérée. Son mari a découvert
qu’elle avait vendu des bijoux de famille pour couvrir les dettes de jeu de son amant, Maxime de
Trailles. Les deux soeurs commencent à se disputer, au point que le vieux père Goriot fait un
malaise.
Goriot tombe malade, Rastignac fait venir son camarade Bianchon qui est étudiant en
médecine. Après un bref diagnostique, il indique que le vieux père Goriot n’en a plus pour très
longtemps. Eugène serend immédiatement auprès de Delphine pour lui apprendre la condition de
santé inquiétante de son père. Mais il trouve son amante habillée et prête pour aller au bal.
Malgré ses reproches, il se retrouve entraîné chez Madame de Beauséant qui est effondrée suite à
un malheur amoureux. Après le bal, Rastignac retourne au chevet du père Goriot : celui ci est
proche de la mort et commence à délirer. Il demande ses filles. Eugène se précipite d’abord chez
la comtesse Anastasie de Restaud, qui est en pleine querelle avec son mari : — Monsieur, dites à
mon père que s’il connaissait la situation dans laquelle je suis, il me pardonnerait. Il en va de la
vie de mes enfants. Dites à mon père que je suis irréprochable envers lui, malgré les apparences.
Eugène se rend ensuite chez Delphine de Nucingen : — Je suis souffrante, mon pauvre ami, lui
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ditelle. J’ai pris froid en sortant du bal, j’ai peur d’avoir une fluxion de poitrine, j’attends le
médecin... — Eussiez vous la mort sur les lèvres, lui dit Eugène en l’interrompant, il faut vous
traîner auprès de votre père. Le pauvre homme n’a même pas de quoi payer son linceul. —
Eugène, mon père n’est peutêtre pas aussi malade que vous le dites ; mais je serais au désespoir
d’avoir le moindre tort à vos yeux. Eh bien ! j’irai dès que mon médecin sera venu. Puis elle lui
donne un bourse qui contient 70F et lui promet de rendre visite à son père aussitôt que son
médecin sera passé.
Juste à ce moment, on entend dans l’escalier un pas de jeune femme haletante. — Elle
arrive trop tard, dit Rastignac. Ce n’est pas Delphine, mais Thérèse, la femme de chambre des
Nucingen. — Monsieur Eugène, ditelle, monsieur et madame se sont disputés à propos de
l’argent qu’elle demandait pour son père. Elle s’est évanouie, le médecin est venu, il a fallu la
saigner, elle criait : "Mon père se meurt, je veux voir papa !" Enfin, des cris à fendre l’âme. —
Assez, Thérèse. Elle viendrait que maintenant ceseraitsuperflu, monsieur Goriotn’a plus de
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connaissance. Un peu plus tard, apparaît la comtesse de Restaud. Elle pleure en voyant le visage
du mort. — Je ne me suis pas échappée assez tôt !
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3. L’OEUVRE EN IMAGES
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Une soirée à la mode
« Le lendemain, à l’heure du bal,
Rastignac alla chez madame de
Beauséant, qui l’emmena pour le
présenter à la duchesse de
Carigliano. Il reçut le plus gracieux
accueil de la maréchale, chez
laquelle il retrouva madame de
Nucingen. Delphine s’était parée
avec l’intention de plaire à tous
pour mieux plaire à Eugène, de qui
elle attendait impatiemment un
coup d’œil, en croyant cacher son impatience. Pour qui sait deviner les émotions d’une femme,
ce moment est plein de délices. Qui ne s’est souvent plu à faire attendre son opinion, à déguiser
coquettement son plaisir, à chercher des aveux dans l’inquiétude que l’on cause, à jouir des
craintes qu’on dissipera par un sourire ? Pendant cette fête, l’étudiant mesure tout à coup la
portée de sa position, et comprit qu’il avait un état dans le monde en étant cousin avoué de
madame de Beauséant. La conquête de madame la baronne de Nucingen, qu’on lui donnait déjà,
le mettait si bien en relief, que tous les jeunes gens lui jetaient des regards d’envie ; en en
surprenant quelques-uns, il goûta les premiers plaisirs de la fatuité. En passant d’un salon dans
un autre, en traversant les groupes, il entendit vanter son bonheur. Les femmes lui prédisaient
toutes des succès. Delphine, craignant de le perdre, lui promit de ne pas lui refuser le soir le
baiser qu’elle s’était tant défendu d’accorder l’avant-veille. À ce bal, Rastignac reçut plusieurs
engagements. Il fut présenté par sa cousine à quelques femmes qui toutes avaient des
prétentions à l’élégance, et dont les maisons passaient pour être agréables, il se vit lancé dans le
plus grand et le plus beau monde de Paris. Cette soirée eut donc pour lui les charmes d’un
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brillant début, et il devait s’en souvenir jusque dans ses vieux jours, comme une jeune fille se
souvient du bal où elle a eu des triomphes. Le lendemain, quand, en déjeunant, il raconta ses
succès au père Goriot devant les pensionnaires, Vautrin se prit à sourire d’une façon diabolique.
— Et vous croyez, s’écria ce féroce logicien, qu’un jeune homme à la mode peut demeurer rue
Neuve-Sainte-Geneviève, dans la Maison-Vauquer ? pension infiniment respectable sous tous
les rapports, certainement, mais qui n’est rien moins que fashionable. »
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— Au nom de la loi et du roi, dit un des officiers dont le discours fut couvert par un murmure
d’étonnement.
Bientôt le silence régna dans la salle à manger, les pensionnaires se séparèrent pour livrer
passage à trois de ces hommes qui tous avaient la main dans leur poche de côté et y tenaient un
pistolet armé. Deux gendarmes qui suivaient les agents occupèrent la porte du salon, et deux
autres se montrèrent à celle qui sortait par l’escalier. Le pas et les fusils de plusieurs soldats
retentirent sur le pavé caillouteux qui longeait la façade. Tout espoir de fuite fut donc interdit à
Trompe-la-Mort, sur qui tous les regards s’arrêtèrent irrésistiblement. Le chef alla droit à lui,
commença par lui donner sur la tête une tape si violemment appliquée qu’il fit sauter la
perruque et rendit à la tête de Collin toute son horreur. Accompagnées de cheveux rouge brique
et courts qui leur donnaient un épouvantable caractère de force mêlée de ruse, cette tête et cette
face, en harmonie avec le buste, furent intelligemment illuminées comme si les feux de l’enfer
les eussent éclairées. Chacun comprit tout Vautrin, son passé, son présent, son avenir, ses
doctrines implacables, la religion de son bon plaisir, la royauté que lui donnaient le cynisme de
ses pensées, de ses actes, et la force d’une organisation faite à tout. Le sang lui monta au visage,
et ses yeux brillèrent comme ceux d’un chat sauvage. Il bondit sur lui-même par un mouvement
empreint d’une si féroce énergie, il rugit si bien qu’il arracha des cris de terreur à tous les
pensionnaires. »
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La Grande Dame du Faubourg St.
Germain
« La belle madame de Nucingen sera
pour vous une enseigne. Soyez l’homme
qu’elle distingue, les femmes raffoleront
de vous. Ses rivales, ses amies, ses
meilleures amies voudront vous enlever à
elle. Il y a des femmes qui aiment
l’homme déjà choisi par une autre,
comme il y a de pauvres bourgeoises qui,
en prenant nos chapeaux, espèrent avoir
nos manières. Vous aurez des succès. À
Paris, le succès est tout, c’est la clef du
pouvoir. Si les femmes vous trouvent de
l’esprit, du talent, les hommes le croiront,
si vous ne les détrompez pas. Vous pourrez alors tout vouloir, vous aurez le pied partout. Vous
saurez alors ce qu’est le monde, une réunion de dupes et de fripons. Ne soyez ni parmi les uns
ni parmi les autres. Je vous donne mon nom comme un fil d’Ariane pour entrer dans ce
labyrinthe. Ne le compromettez pas, dit-elle en recourbant son cou et jetant un regard de reine à
l’étudiant, rendez-le-moi blanc. Allez, laissez-moi. Nous autres femmes, nous avons aussi nos
batailles à livrer. »
C'est l'amant de Mme de Beauséant, le marquis d'Ajuda, qui présentera Mme de Nucingen à
Rastignac, un soir, au théâtre des Italiens.
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Palais-Royal
Splendeurs et misères des courtisanes est le fruit de
neuf ans de travail (1838-1847), les quatre parties ont
été publiées et remaniées au fur et à mesure. On y
retrouve l'ancien forçat Vautrin en mentor de Lucien
de Rubempré, le poète maudit des Illusions perdues. Il
charge la maîtresse de Lucien, Esther Gobseck, une
ancienne prostituée, de séduire le baron de Nucingen
afin de lui voler quelques millions. Balzac se fait ici
« l'historien des mœurs » de la prostitution et de la
pègre, et a recours à l'argot de la pègre.
La scène suivante a lieu après le suicide de Lucien de
Rubempré à la prison de la Conciergerie. Jacques Collin alias Carlos Herrera alias Vautrin dit
aussi Trompe-la-Mort, est bouleversé par cette mort. Bibi-Lupin, le chef de la police, l’oblige à
se montrer dans le préau de la prison, espérant qu’il se trahira face à ses anciens codétenus.
« — Ne fais pas de ragoût sur ton dab ! (n’éveille pas les soupçons sur ton maître) dit tout bas
Jacques Collin d’une voix creuse et menaçante qui ressemblait assez au grognement sourd d’un
lion. La raille (la police) est là, laisse-la couper dans le pont (donner dans le panneau). Je joue
la mislocq (la comédie) pour un fanandel en fine pegrène (un camarade à toute extrémité).
Ceci fut dit avec l’onction d’un prêtre essayant de convertir des malheureux, et accompagné
d’un regard par lequel Jacques Collin embrassa le préau, vit les surveillants sous les arcades, et
les montra railleusement à ses trois compagnons.
— N’y a-t-il pas ici des cuisiniers ? Allumez vos clairs, et remouchez ! (voyez et observez !) Ne
me conobrez pas, épargnons le poitou et engantez-moi en sanglier (ne me connaissez plus,
prenons nos précautions et traitez-moi en prêtre), ou je vous effondre, vous, vos largues et
votre aubert (je vous ruine, vous, vos femmes et votre fortune). — T’as donc tafe de nozigues
? (tu te méfies donc de nous ?) dit Fil-de-Soie. Tu viens cromper ta tante (sauver ton ami).
— Madeleine est paré pour la placarde de vergne (est prêt pour la place de Grève), dit La
Pouraille. […]
Ainsi, le coup monté par Bibi-Lupin manquait. Trompe-la-Mort, de même que Napoléon
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reconnu par ses soldats, obtenait soumission et respect des trois forçats. Deux mots avaient
suffi. Ces deux mots étaient : vos largues et votre aubert, vos femmes et votre argent, le résumé
de toutes les affections vraies de l’homme. Cette menace fut pour les trois forçats l’indice du
suprême pouvoir, le dab tenait toujours leur fortune entre ses mains. Toujours tout-puissant au
dehors, leur dab n’avait pas trahi, comme de faux frères le disaient. La colossale renommée
d’adresse et d’habileté de leur chef stimula, d’ailleurs, la curiosité des trois forçats ; car, en
prison, la curiosité devient le seul aiguillon de ces âmes flétries. La hardiesse du déguisement de
Jacques Collin, conservé jusque sous les verrous de la Conciergerie, étourdissait d’ailleurs les
trois criminels. »
La Bourse
La Maison Nucingen est un roman sur la
spéculation et les banquiers. Le baron de
Nucingen, époux de Delphine, fille de
Goriot et amante de Rastignac, s'est
enrichi grâce à des liquidations et des
opérations financières complexes.
Nucingen, qui connaît sa liaison avec
Delphine, se sert de Rastignac pour faire
fructifier ses affaires. Davantage que les coups financiers, la leçon du roman tient dans la
puissance du discours affabulateur et la capacité à faire accroire pour venir à bout de ses proies
et se tailler la part du lion. La Maison Nucingen paraît le 24 septembre 1838 chez Werdet et fait
partie des Scènes de la vie parisienne dans l'édition Furne de La Comédie humaine.
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4. BIBLIOGRAPHIE
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