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Séquence pédagogique :

Philippe Claudel, La petite fille de Monsieur Linh

Philippe
Claudel,
La petite fille
de Monsieur Linh
Le Livre de Poche
no 30831, 192 pages.

L’auteur Philippe Claudel a écrit de nombreux romans, parmi lesquels Les Âmes grises, qui a reçu en
2003 le prix Renaudot, en 2004 le Grand Prix des lectrices de Elle, et a été traduit dans trente
langues. La petite fille de Monsieur Linh est paru en 2005. Le Rapport de Brodeck a été couronné
du prix Goncourt des lycéens en 2007. Philippe Claudel a également écrit et réalisé le film Il y
a longtemps que je t’aime, avec Kristin Scott Thomas et Elsa Zylberstein, qui a été diffusé dans
une trentaine de pays.

L’œuvre M. Linh est un vieil homme qui doit quitter son pays que la guerre vient de dévaster. Il n’em-
mène avec lui, pour tout bagage, qu’une valise contenant quelques vêtements usés, un peu
de terre de son pays et une photo jaunie. Mais il n’est pas seul pour son voyage ; sa petite
fille l’accompagne. Elle est tout ce qui lui reste de sa famille. L’exil les conduit dans un pays
inconnu, dans une ville grisâtre, dans un dortoir sans âme où les autres exilés se moquent de lui.
Seul rayon de soleil dans cette solitude immense, une autre solitude : celle de M. Bark, un gros
homme que M. Linh rencontre sur un banc. Les deux hommes ne parlent pas la même langue
mais ils vont se comprendre. M. Bark saura accepter la différence de ce vieil homme, meurtri
par la guerre, qui ne vit plus que pour sa petite fille. Quant à l’issue de cette histoire simple,
émouvante et cruelle, on ne peut la raconter… Il faut la lire.
L’univers romanesque de Philippe Claudel est celui des gens du commun, à l’existence simple
mais si fragile. C’est aussi un univers qui montre la cruauté de la vie. Cependant, pour l’auteur,
la gravité de ses récits n’est pas sans espoir. Si le thème de la guerre est présent dans toutes ses
œuvres, il ne fait que le suggérer car ce n’est pas ce sur quoi il semble fonder ses récits. Ses his-
toires sont en effet avant tout celles de rencontres entre des êtres très différents. Ces rencontres
sont l’occasion pour l’auteur de peindre l’âme humaine dans ses tréfonds les plus effrayants mais
aussi dans son innocence la plus vertigineuse.
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À quelles classes La petite fille de Monsieur Linh est un conte moderne avec tous les ingrédients du conte mais
aussi de la nouvelle. Son écriture épurée et poétique se prête merveilleusement à l’étude pour des
s’adresse élèves de Troisième et de Seconde.
le texte ? L’étude de cette œuvre s’adapte aussi bien aux programmes actuels de la classe de Troisième
qui recommandent l’étude d’un roman ou d’une nouvelle du XIXe ou du XXe siècle qu’aux pro-
grammes qui rentreront en vigueur à compter de la rentrée 2012 en Troisième, et qui proposent
l’étude de romans et nouvelles des XXe et XXIe siècles porteurs d’un regard sur l’histoire et le
monde contemporains.
Mais le récit peut aussi être étudié en classe de Seconde générale et technologique, dont le
programme préconise l’étude d’une œuvre romanesque (roman ou nouvelle) du XIXe ou du
e
XX siècle.
Enfin, l’œuvre se prête également à un travail interdisciplinaire, notamment avec le programme
d’ECJS de Seconde, par exemple, qui porte sur la citoyenneté et l’intégration.

Présentation de la séquence
Problématique Quels sont les éléments qui font du récit de Philippe Claudel une nouvelle à chute ?
[De nombreuses problématiques sont envisageables en fonction du niveau de la classe. Celle-ci
s’adresse à des élèves de Seconde.]

Objectifs - Déterminer les caractéristiques de la nouvelle à chute.


- Faire l’apprentissage du commentaire littéraire.
- Comprendre comment un récit peut offrir une vision de l’homme et du monde (en vue de la
préparation à la classe de Première).

Objet d’étude Le récit : le roman - la nouvelle.

Corpus Lecture au fil du texte avec analyses plus fouillées de certains passages.
- Pages 9-10 : du début à « Et l’enfant bien sûr »
- Pages 33-34 et p. 57-58 : La vie au dortoir
- Pages 44-45 : Les rapports grand-père/petite-fille
- Page 67 : Un moment de peur
- Pages 87-88 : Un moment de bonheur
- Pages 108-109 : Une scène en voiture
- Pages 115-116 : Le rêve de M. Linh

Déroulement - Lecture 1 : Des personnages éponymes


de la séquence - Lecture 2 : Un ami
- Lecture 3 : La vie de M. Linh
- Lecture 4 : Un récit oscillant entre angoisse et bonheur
- Lecture 5 : Un récit oscillant entre réalisme et onirisme
- Lecture finale.

Étude de la langue - Les valeurs du temps présent


- La phrase : rappel des notions fondamentales
- Les focalisations

La découverte du texte se fera au fur et à mesure de la séquence afin que les élèves puissent com-
prendre tout le mécanisme de la nouvelle à chute mais aussi afin de solliciter leur imagination et
plus simplement les inviter à apprécier pleinement cette nouvelle.
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Lecture 1 – Des Objectif


personnages Découverte du récit.
Première lecture à haute voix pour la classe, du début à « Et l’enfant bien sûr » (p. 10).
éponymes
Analyse des premiers paragraphes du texte
L’étude débutera par une analyse de la première et de la dernière phrase, en demandant aux élè-
ves de noter toutes les informations fournies par ces deux phrases et en faisant une rapide étude
de la construction grammaticale de la phrase (le démonstratif « c’est » associé au temps présent
permettra un rappel des valeurs du temps présent).
Les élèves noteront que la dernière phrase, nominale, débute par la conjonction de coordination
« et » et se termine par l’adverbe « bien sûr » (rappel qui pourra éventuellement permettre de
faire un rappel des notions fondamentales de la phrase ainsi que des classes grammaticales
sous forme de fiche).
Les élèves observeront ensuite tout le passage en opérant un relevé systématique du champ lexi-
cal du voyage associé à celui du temps : le professeur fera ensuite un relevé de leurs impressions
concernant l’ambiance que crée l’association de ces deux champs lexicaux (les élèves parleront
sans doute de la tristesse initiale du récit, de son ambiance mélancolique).
L’étude de ce passage se terminera par une observation de la façon dont sont présentés les deux
personnages principaux. Il faudra notamment s’interroger sur le fait que la petite fille est présen-
tée après la valise : pourquoi ?
Une deuxième approche de l’étude de ce passage est envisageable sous forme de tableau :

Informations fournies Procédés utilisés par le narrateur


par le début du texte pour fournir ces informations

Fiches d’identité des personnages


Les élèves feront ensuite en classe la lecture de tout le chapitre et construiront la fiche d’identité
des deux principaux personnages.

Fiche d’identité de M. Linh Fiche d’identité de la petite fille


de M. Linh
Nom, prénom
Âge
Lieu de naissance
Famille
Description physique
Traits de caractère
Condition sociale

Cette étude permettra notamment de définir ce qu’est un personnage éponyme.


Les élèves pourront ensuite émettre quelques hypothèses concernant l’histoire et leurs attentes
par rapport à ces deux personnages.

Un thème : l’exil
Il est possible d’établir un lien entre cette séquence et une séquence en histoire-géographie au
collège ou en ECJS au lycée ; cette dernière partie peut donc se faire conjointement avec le pro-
fesseur d’histoire-géographie qui, au préalable ou ultérieurement, travaillera avec les élèves sur
le thème de l’exil. Les élèves pourraient émettre quelques hypothèses sur l’origine ethnique de
M. Linh.
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En cours de français pourront être faites les recherches suivantes (éventuellement au CDI) :
- Recherche de vocabulaire autour de la notion d’exil, d’émigration et d’immigration.
- Que nous dit le texte sur le thème ?
- Que savent les élèves ?
- Étude éventuelle d’un document sur le thème.

Devoir
Lecture à la maison des pages 17 à 31.

Lecture 2 – Un ami Objectif


Analyser un portrait.

Fiche d’identité de M. Bark (p. 25-29)


Cette fiche d’identité, plus élaborée que les précédentes, doit permettre de conduire les élèves à
acquérir une méthode sur la façon d’étudier un personnage, de s’interroger sur les fonctions de
celui-ci et sur ce qu’il représente.
Le travail à faire, sous forme de tableau afin que les élèves puissent analyser chacun des aspects
de la fiche d’identité, s’effectue en deux temps : les élèves font tout d’abord un relevé précis des
éléments constitutifs de la fiche d’identité (colonne 1) ; ils cherchent ensuite à interpréter ce
relevé (colonne 2).

Fiche d’identité de M Bark Quel rapport avec M. Linh ?


Nom, prénom Juste un nom de famille, pas de M. Bark a un nom aux sonorités
prénom. dures et, comme M. Linh, pas de
prénom (réflexion autour du patro-
nyme : le nom de famille est ce qui
permet d’établir les liens du sang ; le
prénom fait référence à une identité
propre).
La sonorité dure du nom est en
rapport avec le physique imposant
du personnage mais, inversement,
correspond peu à son caractère affable
(sonorité qui peut rappeler aussi des
origines étrangères).
Âge À peine plus jeune que M. Linh. Le fait que les deux hommes soient
de la même génération rend le
contact plus facile.
Métier Retraité (plus de vie sociale) Pas plus de vie sociale chez M. Linh.
Nationalité Sans précision, peut-être de la Pays indéterminé = histoire univer-
nationalité du pays où est arrivé selle ?
M. Linh.
Famille Veuf depuis deux mois (sans M. Linh est veuf lui aussi. Noter la
enfants ?). durée des deux mois qui correspond
au voyage de M. Linh (leur vie a été
bouleversée au même moment).
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Description - Grand, gros ; Cette description, qui confère un


physique - très bavard ; caractère rassurant au personnage
- fumeur : la comparaison avec de M. Bark, s’oppose en tout point
un buffle (p. 28) est très impor- à celle de M. Linh. M. Bark semble
tante car elle revient plusieurs fois ainsi se poser en protecteur vis-à-vis
dans le texte. Le buffle (comme de M. Linh.
le bœuf ) est un animal symbole
de bonté, de calme et de force pai-
sible. C’est un auxiliaire précieux
de l’homme, respecté dans toute
l’Asie orientale. Il sert de monture
aux sages car l’aspect de douceur
et de détachement de l’animal
évoque la contemplation ;
- « mains de géant aux doigts
énormes, calleux, blessés, striés de
crevasses » (p. 27) ;
- homme amical ;
- voix grave
Traits de caractère Mélancolique, bavard, curieux, Autant de traits de caractère qui faci-
sociable, généreux, souriant… litent la prise de contact.
Condition sociale « mains de géant aux doigts Les deux hommes sont isolés.
énormes, calleux, blessés, striés
de crevasses » : cette citation
suggère-t-elle que cet homme a
exercé un métier difficile ou bien
qu’il est SDF ?

Suite à ce tableau, les élèves s’interrogeront sur la fonction du personnage (fonction d’adju-
vant) et sur ce qu’il représente dans l’histoire (il est entre autres le symbole de l’amitié : les élèves
relèveront dans le tableau les éléments qui caractérisent cette amitié).

Exercices sur l’analyse du personnage


Le travail précédent pourra être accompagné d’un rappel du schéma actanciel ainsi que d’une
fiche sur la méthode à appliquer pour analyser un personnage.

Devoir
Lecture des pages 33 à 59.

Lecture 3 – La vie
de M. Linh Objectif
Savoir repérer les focalisations. Cette séance va permettre non seulement de faire un rappel des
focalisations mais aussi de réfléchir à l’impact de celles-ci sur la perception que le lecteur a des
événements qui lui sont racontés.
Dans un second temps, les élèves en viendront à observer plus attentivement les conditions de
vie de M. Linh : des conditions particulièrement hostiles (la vie au dortoir) tempérées par les
relations du grand-père avec sa petite-fille et de l’espoir qu’il place en elle.

La vie au dortoir (p. 33-34 et p. 58)


Au cours d’une lecture attentive de ces extraits, les élèves pourront établir un relevé de tous les
éléments descriptifs du dortoir.
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Il conviendra de mettre l’accent sur les éléments suivants :


- Le matin, le dortoir est calme car les enfants ne sont pas là (hormis la petite fille de
M. Linh !).
- Ce lieu de vie est peu agréable (enfumé, bruyant si tout le monde s’y trouve, le compor-
tement des hommes y est violent).
- C’est un lieu de vie où l’on mange et dort.
Les éléments précédents doivent conduire les élèves à se poser la question suivante : « qu’est-ce
que signifie “partager son repas” » ?
Une recherche d’idées et de vocabulaire (échange, convivialité, moment de détente…). Cette re-
cherche pourra conduire à réfléchir sur la notion d’hospitalité en termes d’accueil de l’étranger
et de repas. Une comparaison pourra éventuellement être faite sur l’hospitalité dans différents
pays (accompagnée de documentaires de voyages).
Les élèves s’interrogeront ensuite sur les formes de l’hospitalité que reçoit M. Linh dans son pays
d’accueil.
Il sera ensuite intéressant d’observer la façon dont les hommes et les femmes de son propre pays,
exilés comme lui et vivant dans le même dortoir, pratiquent l’hospitalité (scènes de repas p. 34
et p. 58).
Les rapports de M. Linh avec ceux de sa communauté montrant que celui-ci est rejeté, cette
étape de la lecture 3 se terminera par des hypothèses sur les raisons de leur inhospitalité à l’égard
de M. Linh (ces hypothèses seront à relire une fois que les élèves auront pris connaissance de la
chute).

Les rapports grand-père/petite-fille (p. 44-45) : de « La petite fille a ouvert les yeux… » à
« couleurs merveilleuses ».
Cette étude, plus rapide que la précédente, doit avant tout permettre aux élèves de repérer les
focalisations et de comprendre que les passages en focalisation interne (lorsque le grand-père
regarde sa petite-fille et voit dans ses yeux se dessiner les yeux de toute sa famille disparue) met-
tent l’accent sur la nostalgie et l’espoir que le grand-père place en sa petite-fille. Cette lecture
trouvera tout son sens une fois que les élèves auront pris connaissance de la chute.

Devoir
Lecture des pages 61 à 99.

Lecture 4 – Un récit Objectif


oscillant Comprendre pourquoi tout le récit est construit sur des contrastes.
entre angoisse Un moment de peur (p. 67) : de « Lorsqu’il se réveille » à « Il a eu si peur ».
et bonheur L’étude débute par un relevé précis de tous les éléments du récit qui participent à la mise en
scène de la peur du personnage. Un tel travail participe à l’apprentissage des méthodes de l’ana-
lyse de texte et du commentaire littéraire.
- Rythme rapide des phrases ;
- présent de narration + construction temporelle du récit avec les adverbes « lorsque »,
« soudain » ;
- phrases exclamatives ;
- mise en italique du prénom de la petite fille qui a disparu ;
- expression des sentiments : « cris », « affolé », « spasmes » et « battre son cœur si vite ».
L’apaisement :
- rythme ternaire de l’apaisement « la caresse, la calme, la rassure » ;
- « il a eu si peur » : passé composé, action terminée + simplicité de la phrase à la mesure
du soulagement du vieil homme.
Chacun de ces éléments doit être accompagné d’une étude précise qui pourra être réinvestie
dans un commentaire de texte entièrement rédigé.
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Un moment de bonheur (p. 87-88) : de « M. Bark pose la photo » à « Il espère que cela s’est
passé ».
Cette deuxième étape de la lecture 4 doit permettre aux élèves de réinvestir ce qu’ils ont appris
sur l’analyse des personnages. On leur demandera cette fois-ci d’analyser le portrait de la femme
de M. Bark en faisant un relevé de tous les éléments de la description physique qui seront en-
suite à analyser.

Éléments de description physique Éléments de description


psychologique
- « visage plein », « rond », « peau pâle », « grands « sourire », « heureuse »
yeux », « grosse », « lèvres dessinées de rouge ». (Les élèves remarqueront
que la description
La femme de M. Bark ressemble à son mari (signe psychologique se limite à
d’union du couple). deux termes).
le rouge des lèvres / la pâleur de la peau : antithèse
vie / mort Ce personnage est la figure du bon-
heur (or il faut rappeler qu’elle est
- « tout est vert », « feuillage », « feuille » morte !)
Symbolique des couleurs : la couleur verte est une
couleur médiatrice entre le chaud et le froid, le haut
et le bas. Dans la littérature chrétienne, le vert est
associé à l’une des trois vertus théologales :
l’espérance. Associé à la nature, ce paysage peut aussi
évoquer par sa verdure le paradis perdu.

Cette étude sera suivie d’une réflexion sur la façon dont M. Linh envisage la mort et sur ce
que cela nous apprend sur lui. À ses yeux, la mort évoque un pays heureux (« pays des morts »
« pays lointain », associé au sentiment de « plaisir »). Cette façon d’envisager la mort montre la
propension au bonheur du personnage, son refus d’envisager la mort comme une fin (ceci est à
rattacher à la couleur verte de l’espoir qui encadre le visage de la femme de M. Bark, couleur qui
attire particulièrement le regard de M. Linh). Cette étude sera bien évidemment à relire une fois
que les élèves auront pris connaissance de la destinée tragique de toute la famille de M. Linh, y
compris de sa petite fille.
Cette lecture se terminera par une réponse plus précise à l’objectif initial : « comprendre pour-
quoi le récit est construit sur des contrastes ».
Cette construction du récit semble donner l’impression d’un manichéisme persistant dans tout
le texte, jusqu’à sa conclusion, et où chaque personnage, presque caricatural, est animé par des
actions très simples. Si cette première lecture trouve ses caractéristiques dans les schémas de la
nouvelle et encore plus du conte, une deuxième lecture, plus complexe, du texte peut être faite.
En effet, derrière cette vision simplifiée du monde qui fait sans cesse se confronter malheur et
bonheur se cache le portrait même de M. Linh : c’est le portrait psychologique d’un homme
sur lequel les élèves peuvent émettre une nouvelle fois des hypothèses : le personnage serait âgé,
sénile, aurait eu une vie difficile qu’il chercherait à oublier…
Cette construction peut aussi permettre aux élèves de s’interroger sur les motifs de l’auteur lui-
même : quelles représentations de la vie humaine nous livre-t-il ?

Devoir
Lecture des pages 101 à 136.
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Lecture 5 : Un récit Objectif


entre réalisme Savoir faire une analyse détaillée d’un texte.
Cette lecture doit à la fois mettre l’accent sur le fait que cette histoire – qui ressemble tant à une
et onirisme nouvelle, voire même à un conte – n’en est pas moins un récit ancré dans notre propre époque,
ce qui conduira les élèves à s’interroger sur le regard que l’étranger (M. Linh) porte sur notre
mode de vie occidental.

Une scène en voiture (p. 108-109) : de « Une voiture les emmène » à « s’écraser bientôt ».
• Les élèves commenceront par revoir le travail sur les focalisations en s’interrogeant sur le choix
de la focalisation interne et de toutes ses stratégies narratives : discours indirect narrativisé dans
deux tournures interrogatives, emploi du pronom « on », choix du vocabulaire pour transmettre
la perception du monde environnant, verbe « paraître », « se souvenir », image de la voiture
« comme un coffre jeté du haut d’un pont »…
• L’étude suivante portera sur les contrastes, voire les oppositions entre les deux moyens de loco-
motion que sont les charrettes et les voitures.

Les charrettes Les voitures


Le rythme
Le paysage
La description des véhicules
Les émotions et impressions ressen-
ties dans chaque véhicule

Les élèves se demanderont ensuite ce que sont censées symboliser la charrette et la voiture (le
mode de vie occidental contre le mode de vie « oriental ») pour en tirer la conclusion que le
premier est présenté de façon plutôt effrayante car caractérisé par le bruit, la vitesse, le danger et
surtout par son individualisme.

Le rêve de M. Linh (p. 115-117) : de « Le vieil homme dort mal » à « comme un astre mort ».
L’étude pourra se faire sous la forme d’un court commentaire littéraire. Les axes de lecture sui-
vants seront alors donnés aux élèves :
Analyser le texte en observant la vision terrifiante qui est donnée de la guerre. Pour cela, observer
plus particulièrement :
- comment est décrite l’angoisse de M. Linh et de ses concitoyens ;
- les figures de style portant sur le soleil et la lumière.
Cette étude doit permettre de comprendre l’impact qu’a la guerre sur les hommes. Cet extrait
ne montre ni l’atrocité de la guerre ni les émotions crues que peuvent ressentir les êtres humains
en voyant leur famille innocente périr. Ce passage du texte cherche avant tout à mettre en évi-
dence la violence psychologique qui est faite aux hommes : des hommes « hébétés », déracinés,
ayant tout perdu (« les mains vides »), mus par la terreur à l’idée qu’on « leur couperait à tous la
gorge ». Ce passage montre aussi l’énergie humaine, cet éternel espoir qui fait que les hommes
supportent tout, même le pire, en s’évadant par le rêve, les « récits de trésors et d’héritages fabu-
leux ». Ce trésor, cet héritage fabuleux, M. Linh croit le tenir entre ses bras, « le sang de son
sang »… Mais c’est ne pas avoir encore lu la fin de l’histoire.
Ce passage pourra donc lui aussi être relu une fois la chute connue. Il permettra une nouvelle
fois de s’interroger sur le regard que porte Philippe Claudel sur l’humanité.

Devoir
Lecture des pages 137 à 178.
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Lecture finale Objectif


Répondre à la problématique de départ.

Lecture à haute voix par le professeur de la fin du texte


On demandera aux élèves pourquoi l’on peut parler de nouvelle à chute concernant ce récit.
Pour répondre, ils disposeront d’une fiche sur les caractéristiques de la nouvelle et plus particu-
lièrement de la nouvelle à chute ou bien cette fiche sera établie avec les élèves, en fonction du
niveau de la classe.

Relecture de plusieurs passages de la nouvelle


Avant même de relire certains des passages étudiés en classe, les élèves s’interrogeront sur les
éléments suivants :
• La petite fille de M. Linh s’appelle Sang diû mais M. Bark a compris « Sans Dieu » : pour-
quoi ?
• Relecture de la page 26, lorsque M. Bark dit : « Une belle petite poupée que vous avez là ! »
(suite à cette première remarque, les élèves pourront éventuellement faire une recherche de tous
les indices que l’auteur a placés dans son récit).
• Relecture de la chanson que chante souvent M. Linh (p. 38) :
« Toujours il y a le matin
Toujours revient la lumière
Toujours il y a un lendemain
Un jour c’est toi qui seras mère. »
Cette chanson fera l’objet d’une double interprétation : lorsqu’on ne connaît pas la fin du récit,
l’anaphore de « toujours » associée à la rime interne « un jour » ainsi que le champ lexical du
temps et la rime « lumière »/« mère » donnent une couleur d’espoir au récit.
Mais une seconde interprétation, lorsqu’on connaît la fin du récit, met en évidence le regard
désabusé de l’auteur sur le monde, car l’espoir de M. Linh est vain. La vision poignante et
cruelle de la vie n’en reste pas moins porteuse d’espoir si le lecteur continue de faire de M. Linh
un héros (dans ce cas, pour accepter ce que la vie nous offre – la mort –, le narrateur ne nous
invite-t-il pas tous à être des M. Linh ?).
Les élèves chercheront ensuite à savoir ce qui est arrivé à la petite fille de M. Linh. La réponse
est donnée page 13 : « et à côté de la petite une poupée, sa poupée, aussi grosse qu’elle, à laquelle
un éclat de la bombe avait arraché la tête ».

Quelles images de la société et du rapport de l’homme au monde ce récit donne-t-il ?


Cette réflexion devra être menée en tenant compte du choix de l’époque et du lieu du récit. Si
le récit ne donne aucune indication de temps ou de lieu, l’histoire n’en est pas moins contempo-
raine, comme le montrent les références aux bateaux et voitures ainsi qu’au mode de vie.
Il faudra ensuite s’interroger sur le choix des personnages, et tout particulièrement sur celui de
M. Linh : celui-ci est-il un personnage positif ou négatif ? Quel message nous transmet-il ?
Deux types de personnages s’opposent dans le récit : d’un côté M. Linh et M. Bark, des êtres
seuls, simples, doués de bonté et d’humanité ; de l’autre des groupes : celui des immigrés, celui de
la maison de retraite. Ces groupes semblent inversement dénués de toute humanité, sans nom,
cherchant à humilier et déshumaniser M. Linh. Ils refusent la différence qu’incarne le héros.
L’étude du texte se terminera par une recherche sur les enjeux de la nouvelle et la représentation
qu’elle offre de l’homme et du monde.
Les critiques de Philippe Claudel sont variées :
- critique de l’intégration des immigrés (mis à part, sans aucune volonté de comprendre qui est
l’autre, pas d’intégration possible) ;
- critique du refus de la différence (M. Linh est mis à l’écart, rejeté de ses frères de sang, placé
dans une institution) ;
- critique de la solitude des vies européennes, des individualismes (auxquels s’oppose M. Bark,
petite touche d’espoir dans un récit très sombre) ;
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- critique de la guerre qui détruit et peut conduire à la folie (car derrière la facilité d’interpréta-
tion – M. Linh est vieux donc sénile –, ne doit-on pas se demander s’il n’est pas devenu fou face
à l’atrocité de ce qu’il a vu – sa famille morte, le corps déchiqueté de sa petite fille) ?
Philippe Claudel fait une critique violente et poignante de la société et de l’homme, et plus
profondément de ce que la société pervertit l’humanité profonde de l’homme. M. Linh, à son
âge, incarne-t-il la sagesse ou la sénilité ? L’auteur nous invite-t-il à regarder le monde à travers
les yeux de M. Linh, de M. Bark ou à travers la terrible conclusion qui est faite à ce récit ? La
question reste posée, aussi bien dans ce récit que dans toutes les autres histoires de l’auteur qui
peuvent servir de lectures complémentaires aux élèves, et plus particulièrement Les Âmes grises
ainsi que Le Rapport de Brodeck.

Véronique MONTEILHET

Autres ouvrages de Philippe Claudel parus au Livre de Poche :

Daniel

Philippe
Claudel
Le Bruit
des trousseaux

Les Âmes grises Le Monde Le Café Le Bruit Le Rapport


no 30515, 286 pages
sans les enfants de l’Excelsior des trousseaux de Brodeck
o
no 30748, 96 pages n 3104, 128 pages no 31315
et autres
Parution : avril 2009
histoires
no 31073, 160 pages

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