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EMC-Endocrinologie 2 (2005) 1–38

http://france.elsevier.com/direct/EMCEND/

Cancers de la thyroïde
Thyroid cancer
L. Leenhardt a,*, F. Ménégaux b, B. Franc c, C. Hoang d, S. Salem a,
M.-O. Bernier a, L. Dupasquier-Fédiaevsky a, E. Le Marois a, A. Rouxel a,
J.-P. Chigot b, L. Chérié-Challine e, A. Aurengo a
a
Service central de médecine nucléaire, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, 83, boulevard de l’Hôpital,
75013 Paris, France
b
Service de chirurgie générale, digestive et endocrinienne, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière,
83, boulevard de l’Hôpital, 75013 Paris, France
c
Service d’anatomie et de cytologie pathologiques, hôpital Ambroise Paré, 9, avenue Charles-de-Gaulle,
92104 Boulogne, France
d
Service d’anatomie et de cytologie pathologiques, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière,
83, boulevard de l’Hôpital, 75013 Paris, France
e
Département des maladies chroniques et traumatismes, Institut de veille sanitaire,
12, rue du Val d’Orne, 94415 Saint-Maurice, France

MOTS CLÉS Résumé Les cancers thyroïdiens sont rares et représentent 1 % des tumeurs malignes. Les
Cancer thyroïdien ; femmes sont plus fréquemment atteintes que les hommes (sex-ratio 3/1). Le cancer
Thyroïdectomie thyroïdien peut survenir à tout âge bien qu’il soit fréquent après 30 ans et significative-
totale ; ment plus agressif chez les sujets âgés. La majorité des patients présente un nodule
Iode radioactif ; thyroïdien. Les nodules thyroïdiens sont fréquents, mais seulement 5 % d’entre eux sont
Métastase ; malins. Durant les vingt dernières années, l’essor des moyens diagnostiques (échographie
Facteurs et cytoponction) et les modifications des pratiques de prise en charge des pathologies
pronostiques ;
thyroïdiennes ont entraîné une augmentation des cancers thyroïdiens en particulier des
Thyrotropin
microcancers papillaires. Le cancer thyroïdien est plus fréquent chez les patients ayant
recombinante humaine
eu un antécédent d’irradiation thyroïdienne pendant l’enfance. Le diagnostic repose sur
l’examen anatomopathologique de la pièce opératoire qui reste difficile dans certains
cas. Les cancers thyroïdiens les plus fréquents (papillaire et vésiculaire) sont guéris dans
80 à 90 % des cas, si le traitement est approprié. Le cancer anaplasique est rare et de
pronostic très défavorable. Le traitement initial du cancer thyroïdien consiste en une
thyroïdectomie totale ou quasi totale. Le curage ganglionnaire n’est pas systématique. Le
traitement par l’iode radioactif est conseillé chez les patients à haut risque et nécessite
un taux élevé de thyroid stimulating hormone (TSH) pour être efficace. Par la suite, le
patient doit être mis sous hormonothérapie thyroïdienne à vie. Les facteurs pronostiques
sont bien définis et le pronostic est favorable en cas de cancer thyroïdien différencié. Les
métastases à distance sont observées dans 10 % des cas et les poumons et les os sont les
localisations les plus fréquentes. Les récidives locorégionales surviennent dans environ
7 % des cas. Une surveillance prolongée est conseillée. Elle est fondée sur l’examen
clinique, le dosage de thyroglobuline plasmatique sous stimulation par la TSH (arrêt de la
L-thyroxine ou utilisation de la TSH recombinante humaine), l’échographie cervicale et la
scintigraphie corps entier sur dose thérapeutique d’iode 131.
© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : laurence.leenhardt@psl.ap-hop-paris.fr (L. Leenhardt).
1762-5653/$ - see front matter © 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
doi: 10.1016/j.emcend.2004.10.003
2 L. Leenhardt et al.

KEYWORDS Abstract Thyroid carcinomas are rare and represent 1% of malignant tumours. Women are
Thyroid cancer; more likely to have thyroid cancer, at a ratio of three to one. Thyroid cancer may occur
Total thyroidectomy; in any age group, although it is most common after the age of 30, and its aggressiveness
Radioiodine increases significantly in older patients. Most patients present with a thyroid nodule.
treatment; Thyroid nodules are frequent but only 5% of them are malignant. Over the last two
Distant metastasis; decades, the widespread of diagnostic tools (ultrasonography, cytology) and changes in
Prognostic factors; the surgical and pathological management of thyroid diseases have led to the increase of
Recombinant human thyroid cancer, especially papillary microcarcinomas. Thyroid cancer is more frequent in
thyrotropin
people who have a history of thyroid exposure to radiation during childhood. The
diagnosis is based on the histopathological examination that remains difficult in some
cases. The most frequent thyroid cancers (papillary and follicular) are cured in 80-90 % of
the cases if treated appropriately. Anaplastic cancer is rare and has a very poor prognosis.
The primary therapy for thyroid cancer is total or near total thyroidectomy. Lymph node
dissection is not systematically undertaken. Radioiodine treatment is advised for high risk
patients and needs high levels of TSH to be effective. Then, patients must remain on
thyroid hormone therapy for the rest of their lives. Prognosis factors are well defined and
prognosis is good in case of differentiated thyroid cancer. Distant metastases are
observed in 10% of the patients, and lung and bones are the most common sites.
Locoregional recurrences are observed in 7% of the cases. Prolonged follow-up is recom-
mended, based on physical examination, serum thyroglobulin assessment with TSH
stimulation (L-thyroxin off or use of human recombinant TSH), ultrasonography and post
therapeutic whole body scan.
© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Introduction ment chez la femme et chez l’homme.3 Cette


augmentation d’incidence n’est pas spécifique
Le cancer thyroïdien est une tumeur maligne du du cancer de la thyroïde. Elle touche également
corps thyroïde se présentant le plus souvent sous la d’autres organes comme le sein ou la prostate
forme d’un nodule. Son diagnostic parfois difficile qui font, à l’heure actuelle, l’objet d’une détec-
repose sur l’examen anatomopathologique de la tion intensifiée grâce aux progrès de l’imagerie
pièce opératoire de thyroïdectomie. Plus rare- et du dépistage ;
ment, le diagnostic est porté à partir d’une biopsie • l’accident de Tchernobyl a conféré à ce cancer
d’une métastase ganglionnaire ou à distance (os- une image dramatique entretenue par les mé-
seuse ou pulmonaire). dias et les craintes de la population. Les radia-
Le cancer thyroïdien différencié est rare. Il re- tions ionisantes sont, en effet, un facteur de
présente 1 % des cancers. Il ne constitue pas un risque reconnu des cancers thyroïdiens différen-
problème de santé publique au regard de sa faible ciés ;
incidence, de son pronostic favorable et de sa • les facteurs pronostiques des cancers thyroï-
faible mortalité (hormis le cancer anaplasique). La diens sont bien connus et permettent de prédire
survie à 10 ans des cancers papillaires, folliculaires correctement le devenir à long terme des pa-
et anaplasiques est respectivement de 93, 85 et tients. Les traitements sont bien codifiés bien
14 %.1 À titre de comparaison, le cancer du sein est qu’il persiste encore des différences de pratique
nettement plus préoccupant, représentant un réel selon les équipes. Des progrès récents dans les
problème de santé publique, son incidence en 2000 outils de surveillance (développement de
étant 14 fois plus élevée que celle du cancer thy- l’échographie, de la cytoponction, de la scinti-
roïdien (42 000 nouveaux cas par an contre graphie au fluorodésoxyglucose, thyréostimu-
2 890 pour le cancer thyroïdien chez la femme).2 line recombinante humaine) sont en train de
Pourtant, le cancer de la thyroïde fait l’objet d’une modifier de façon notable et durable les sché-
attention croissante justifiée par les points sui- mas classiques de suivi des patients ;
vants : • les progrès actuels de la biologie moléculaire,
• l’incidence du cancer thyroïdien augmente en par l’établissement de la carte d’identité des
France comme dans la plupart des pays depuis tumeurs, devraient permettre à moyen terme
les années 1970. Cette augmentation est essen- de mieux connaître le potentiel évolutif, en
tiellement due au cancer papillaire dont l’inci- particulier métastatique, de certains de ces
dence croît de 8,1 et 6,2 % par an respective- cancers thyroïdiens.
Cancers de la thyroïde 3

Classification anatomopathologique ment par voie lymphatique avec envahissement


des cancers thyroïdiens ganglionnaire fréquent ;
• concernant le carcinome vésiculaire : la notion
Sur le plan histologique, deux classifications des de grade de différenciation a été remplacée par
tumeurs thyroïdiennes sont le plus souvent utilisées la notion d’invasivité : cancer à invasion minime
par les pathologistes : la classification de l’Organi- (encapsulé) versus cancer invasif. Il n’existe pas
sation mondiale de la santé (OMS) (World Health de rubrique spécifique pour les cancers à cellu-
Organization [WHO]) dans sa dernière édition de les oxyphiles qui sont apparentés, en fonction
1988 et l’Atlas de l’armée américaine ou AFIP (édi- de leurs caractéristiques nucléaires, soit au CP,
tion de 1991). soit au CV. Les CV sont en diminution relative et
Le Tableau 1 résume la classification générale représenteraient actuellement moins de 10 %
des tumeurs malignes de la thyroïde. On distingue : des cas. Leur diffusion se fait le plus souvent par
• les cancers papillaires (CP) et les cancers vési- voie sanguine (métastases osseuses et pulmonai-
culaires (CV) (ou folliculaires pour les auteurs de res). Leur pronostic est moins favorable que
langue anglaise et nord-américaine) dérivés des celui des CP ;
thyrocytes ; • concernant les carcinomes indifférenciés ou car-
• les cancers médullaires dérivés des cellules C, cinomes anaplasiques : ils sont rares (moins de
héréditaires dans 25 % des cas, qui sont traités 5 % des cancers thyroïdiens) mais de pronostic
dans un autre chapitre. effroyable ;
Les modifications diagnostiques entraînées par la • concernant le carcinome peu différenciés : ce
classification OMS des tumeurs thyroïdiennes de sont des carcinomes dérivés des cellules vésicu-
1988 sont les suivantes : laires thyroïdiennes dont le comportement évo-
• concernant le carcinome papillaire : il a été lutif est intermédiaire entre celui des carcino-
convenu que le diagnostic de CP ne pouvait pas mes différenciés et celui des carcinomes
reposer exclusivement sur la présence de pa- indifférenciés ou anaplasiques. De définition su-
pilles, et devait aussi prendre en compte les jette à controverses, ils concernent un nombre
caractéristiques nucléaires. La constatation de restreint de patients et ont une évolution plus
ce noyau particulier peut être suffisante au dia- agressive.
gnostic de CP même si la tumeur ne dessine Il existe un dernier groupe de tumeurs malignes
presque exclusivement que des vésicules. La non épithéliales rares (lymphomes et métastases
notion de « cancer mixte » disparaît au profit intrathyroïdiennes). Enfin, quelques entités excep-
des cancers papillaires. Cette nouvelle défini- tionnelles comme les tumeurs mucineuses, les car-
tion du cancer papillaire a entraîné un surdia- cinomes mucoépidermoïdes, les rarissimes cas de
gnostic de CP ces dernières années. Les CP sont Castle et de Settle sont mentionnées.
de pronostic favorable et prédominent chez les Une nouvelle classification de l’OMS est en cours
sujets jeunes. Leur diffusion se fait essentielle- de parution qui prend en compte certaines des

Tableau 1 Classification générale des tumeurs malignes de la thyroïde.


Tumeurs malignes primitives épithéliales
– Carcinome papillaire
- variantes : vésiculaire, macrovésiculaire, cellules hautes, oncocytique, à cellules claires, pseudowarthin, sclérosant diffus, à
cellules cylindriques, forme solide, forme cribriforme
- autres variantes : à contingent insulaire, à composante épidermoïde et mucoépidermoïde, à cellules géantes et fusiformes,
associé à un carcinome médullaire
– Carcinome vésiculaire
- à invasion minime, invasif, à cellules oxyphiles, à cellules claires
– Carcinome peu différencié
- variantes : de novo, avec carcinome papillaire, avec carcinome vésiculaire
– Carcinome indifférencié
– Carcinome médullaire (à cellules C)
Tumeurs malignes primitives non épithéliales
– Lymphomes malins
– Tumeurs diverses : carcinome mucoépidermoïde, mucineux, mucoépidermoïde sclérosant, avec éosinophilie, tumeurs thymi-
ques ou des dérivés des poches branchiales, tumeur de Settle, Castle, tératomes primitifs thyroïdiens, angiosarcome, tumeurs
des nerfs périphériques, histiocytose X, maladie de Dorfman-Rosaï, tumeurs fibreuses solitaires
– Métastases
4 L. Leenhardt et al.

difficultés diagnostiques de ces dix dernières an- ont été proposés pour conforter soit un diagnostic
nées. Cette nouvelle édition de la classification, de malignité (perte d’immunoréactivité de la thy-
qui est à paraître, s’intègre dans une série de roïde peroxydase [TPO], expression de la galectine
monographies de l’OMS appelées les « blue books ». 3, de l’HBME-1, de ret, de CK19, de peroxisome
Ces monographies ont pour but de publier à un proliferator activated receptor (PPAR) gamma,
temps donné « l’état de l’art » pour la pathologie etc.), soit un diagnostic d’agressivité tumorale
traitée, données moléculaires comprises qu’elles (augmentation de l’indice de prolifération, perte
concernent des tumeurs sporadiques ou qu’elles d’expression de bcl2, expression de p53...), soit un
s’intègrent dans un contexte de maladie hérédi- diagnostic d’efficacité thérapeutique potentielle
taire. Au moment où nous rédigeons ce chapitre, (expression du transporteur de l’iodure, perte
cette monographie n’est pas publiée et nous ne d’expression de récepteurs à l’acide rétinoïque),
pouvons faire état que de ce qui a pu faire l’objet etc. Nombre de ces marqueurs ont été testés avec
de communications publiques. Nous tenterons déception, même si les études publiées dans la
donc, dans ce chapitre, de ne pas anticiper sur littérature pouvaient paraître intéressantes. Néan-
cette parution tout en essayant cependant de pré- moins, ces séries étaient souvent de petite taille,
senter une classification qui ne soit pas trop éloi- inhomogènes, avec des résultats suffisamment dif-
gnée de l’évolution des concepts actuels. Le terme férents pour s’interroger de surcroît sur la validité
des diagnostics histologiques qui les supportaient.
d’adénome atypique est supprimé pour les lésions
Le même phénomène est en train de se produire en
frontières de morphologie vésiculaire et remplacé
biologie moléculaire avec les réarrangements du
par la notion de « pronostic de malignité incer-
gène ret qui seraient impliqués dans la majorité des
tain ». Le terme de microcancer papillaire est
CP radio-induits4 et de façon moins systématique
supprimé au profit d’une variante selon la taille. La
dans les autres CP. La découverte récente de muta-
place des carcinomes peu différenciés est redéfi-
tion du gène BRAF exclusivement dans les CP et
nie.
dans certaines formes peu différenciées à l’exclu-
sion des CV et des adénomes vésiculaires semble
Apport de la biologie moléculaire ouvrir de nouvelles voies. Il en a été de même pour
les réarrangements PAX8 PPAR gamma dans les CV
L’existence de difficultés diagnostiques a justifié la ou pour certaines mutations de RAS tant dans cer-
recherche d’aides au diagnostic dans le domaine de tains cancers papillaires que vésiculaires et dans les
l’immunohistochimie et de la biologie moléculaire. cancers peu différenciés. Le Tableau 2 résume les
En immunohistochimie, de nombreux « candidats » différentes situations rencontrées.

Tableau 2 Gènes impliqués dans les tumeurs thyroïdiennes.


Gènes Type d’anomalie Fréquence
Carcinomes papillaires
RET/PTC Réarrangement Adulte 20-30 %,
Enfant 50-60 % , RI : 50-80 %
TRK Réarrangement 10 % (TRK/TPM3, TPR, TGF)
RAS Mutation ponctuelle 10-15 % (le plus souvent N-Ras codon 61)
BRAF Mutation ponctuelle 36 % des formes d’architecture papillaire
CTNNB1(gène codant pour la Mutation
bêta-caténine)
APC mutation (forme cribriforme des papillaires)
Carcinomes vésiculaires
PAX-8/PPARgamma Réarrangement 25-50 % et également dans certains adénomes
RAS Mutations 20-50 %
(N-et H-RAS codon 61)
par CGH : autres anomalies
constatées :
Chromosomes 2, 3p, 6, 7q, 8, 9,10q, 11,17p, 22.
Dérégulation p53, PTEN, bêta-caténine serait impliqué dans la dédifférenciation
Carcinomes peu différenciés
(N-et H-RAS codon 61) Mutation 50 %
CTNNB1 Mutation 0-30 %
CGH : hybridation génomique comparative.
Cancers de la thyroïde 5

Tumeurs malignes épithéliales Carcinome papillaire à forme macrovésiculaire


Cette variante de la forme vésiculaire du CP est de
Carcinome papillaire diagnostic difficile dans sa forme encapsulée
puisqu’elle ressemble à un adénome colloïde qui
Le CP est « une tumeur maligne épithéliale, mani- aurait des noyaux particuliers.5
festement de souche vésiculaire, typiquement
constituée de formations papillaires et vésiculaires Carcinome papillaire à cellules hautes
et comportant des « modifications nucléaires ca- Caractérisés par des cellules deux fois plus hautes
ractéristiques (les noyaux sont caractéristiques que larges,6 ces cancers représenteraient près de
quelle que soit l’architecture de la tumeur. Ils ont 10 % des CP et sont de pronostic moins favorable. Le
des contours sinueux, un aspect irrégulier, des cytoplasme cellulaire est rose pâle un peu dépoli et
bords qui ne sont pas ronds. Ces noyaux apparais- contient, en microscopie électronique, des nom-
sent fendus en « grains de café », et s’empilent en breuses mitochondries.
« tuiles de toit ». Souvent vitreux en leur centre, ils
sont dits en « verre dépoli » (Fig. 1). Certains, Carcinome papillaire sclérosant diffus (sans
moins caractéristiques, peuvent présenter une in- rapport avec le papillaire sclérosant occulte)
clusion ronde correspondant à une invagination cy- L’extension du carcinome papillaire sclérosant dif-
toplasmique intranucléaire. Il existe de nombreu- fus (CPSD) s’étend à tout un lobe thyroïdien ou plus,
ses variantes de ces noyaux et cela pose des avec des métastases ganglionnaires fréquentes
difficultés diagnostiques quand ces modifications d’emblée ainsi que des anticorps antithyroïdiens
nucléaires sont rencontrées dans des lésions d’ar- circulants qui le font prendre, à tort, pour une
chitecture purement vésiculaires de « tumeur dif- thyroïdite de type Hashimoto. Les métastases pul-
férenciée de potentiel de malignité incertain monaires d’emblée ne sont pas rares. La présence
(noyau en verre dépoli) ». Il est habituellement d’une réaction fibreuse et lymphocytaire le long de
invasif, sans encapsulation circonférentielle, com- la tumeur est caractéristique de même que les
portant un stroma fibreux souvent abondant. La foyers de métaplasie malpighienne et l’existence
présence de petites calcifications feuilletées stro- de nombreux psammomes. Survenant fréquemment
males (psammomes ou calcosphérites) est incons- chez les sujets jeunes, le CPSD représenterait envi-
tante. La tumeur possède un fort tropisme pour les ron 9 % des CP de l’enfant toutes formes confon-
dues.6
lymphatiques. Les invasions vasculaires sanguines
sont très inconstantes. Une série de variantes sont
Carcinome papillaire à forme purement
individualisées. Elles sont répertoriées dans le
vésiculaire
Tableau 1. Nous insisterons sur certaines d’entre
La tumeur n’est composée que de vésicules. Elle
elles.
peut être très adénomorphe, surtout si elle est
encapsulée, mais les noyaux sont ceux des CP. Son
comportement est celui d’un CP. Dans les formes
encapsulées, le diagnostic peut être difficile avec
certains cancers vésiculaires ou certains adénomes
vésiculaires.7

Formes solides des carcinomes papillaires


de l’enfant
Les CP de l’enfant6,8,9 (survenus avant ou après
l’accident de Tchernobyl), décrits chez de jeunes
enfants, peuvent se présenter comme des tumeurs
solides disposées en îlots pleins ou cribriformes. Ils
sont pris parfois, à tort, pour des carcinomes peu
différenciés.

Carcinomes papillaires associés à des secteurs


de type insulaire
Figure 1 Carcinome papillaire : aspect des formes usuelles Le carcinome insulaire est rarement pur et est de
d’architecture papillaire. L’architecture est papillaire. La pa-
pronostic défavorable. Il est souvent associé à des
pille est centrée par un axe conjonctivovasculaire tapissé d’une
bordure épithéliale qui apparaît claire. Les cellules possèdent foyers de CP dans 25 à 60 % des cas ou des foyers de
des noyaux souvent fendus, en « grains de café », chevauchés, CV dans 25 à 68 % des cas.8 Les aspects insulaires ne
de forme allongée, avec un aspect vitreux. sont dominants que dans 40 à 81 % des cas publiés.8
6 L. Leenhardt et al.

Carcinomes papillaires à cellules oxyphiles dans le tissu thyroïdien adjacent. Les invasions
Il s’agit d’une entité rare7 devant faire éliminer un vasculaires sont multiples.
adénome à cellules oxyphiles présentant des Il existe différentes variantes de cancer vésicu-
macropapilles et de fausses calcosphérites par laire.
condensation de la colloïde. Le diagnostic peut être
difficile avec certains carcinomes papillaires à cel- Carcinome vésiculaire à cellules oxyphiles
lules hautes. Il est constitué, dans sa quasi-totalité (plus de
75 %), de cellules oxyphiles (synonymes : cellules
Carcinome vésiculaire oncocytaires, cellules éosinophiles, anciennement
Défini comme une « tumeur maligne épithéliale, à appelées, à tort, cellules de Hürtle). Seules les
l’évidence de souche vésiculaire ne possédant pas invasions capsulaires et/ou vasculaires objectivent
les caractéristiques diagnostiques des CP », ce can- la malignité. Il existe des formes à invasion minime
cer peut ressembler à de la thyroïde normale. Les et des formes invasives.7
architectures sont souvent polymorphes, les ano-
malies cytologiques variables, les mitoses présen- Carcinome vésiculaire à cellules claires
tes ou absentes. Il n’existe aucun critère cellulaire Il s’agit d’une entité rare.7 Il faut éliminer un
ou architectural qui, à lui seul, permette d’en adénome parathyroïdien, l’extension exception-
affirmer la malignité. Seule la présence d’une inva- nelle d’un cancer de la parathyroïde, ou plus fré-
sion capsulaire et/ou vasculaire est synonyme de quemment de la métastase d’un cancer du rein. Un
malignité. immunomarquage positif à la thyroglobuline valide
Il faut distinguer deux groupes de pronostic dif- le diagnostic de tumeur primitive thyroïdienne.
férent : les CV dits à « invasion minime » (encapsu-
lés), les CV manifestement invasifs (Fig. 2) : Cancers peu différenciés
• le CV à invasion minime (encapsulé) peut res- Ce groupe tumoral rare représenterait 1,2 % des CP
sembler à un adénome vésiculaire. Il s’en distin- et 4,4 % des CV. La difficulté du diagnostic de
gue par la présence d’invasion capsulaire et/ou carcinome thyroïdien peu différencié réside dans le
vasculaire manifestes. La reproductibilité du polymorphisme de ses formes et dans son associa-
diagnostic de CV est mauvaise.10 Si les images tion fréquente à un contingent plus différencié de
d’invasions sont douteuses, la lésion est classée type CV ou CP. Le groupe des carcinomes peu
en adénome atypique surtout si elle mesure différenciés est un large spectre lésionnel qui re-
moins de 3,5 cm. À l’heure actuelle, il est groupe aussi bien des carcinomes papillaires à cel-
conseillé d’identifier ces lésions comme des tu- lules hautes ou cylindriques que des carcinomes
meurs vésiculaires de potentiel de malignité papillaires à forme trabéculaire ou massive et, sur
indéterminé ; le versant des carcinomes vésiculaires, les carcino-
• le CV manifestement invasif : la malignité ne mes insulaires et certaines formes solides de carci-
fait aucun doute. La tumeur parfois partielle- nomes vésiculaires.
ment encapsulée est en général très extensive Le carcinome insulaire est caractérisé par une
architecture en « ilots » faits de rosettes, voire de
petites vésicules avec ou sans colloïde. Les cellules
qui le constituent sont plus petites et monotones
que celles des autres carcinomes peu différenciés
ou différenciés.

Diagnostics difficiles
Ils sont résumés dans le Tableau 3.

Tumeurs à cellules oxyphiles


Les cellules oxyphiles se rencontrent dans des si-
tuations non tumorales (thyroïdites de type Hashi-
moto) et dans des situations tumorales bénignes ou
malignes. Ces cellules oxyphiles se caractérisent
par leur cytoplasme large bien étalé et éosinophile,
riche en mitochondries et par leur noyau rond et
Figure 2 Carcinome vésiculaire invasif. Ce carcinome particuliè-
pourvu d’un nucléole central bien visible. Les
rement adénomorphe est constitué d’une série de nodules join- conditions du diagnostic de malignité dans ces tu-
tifs qui envahissent le tissu thyroïdien. meurs sont donc différentes en fonction de l’aspect
Cancers de la thyroïde 7

Tableau 3 Diagnostics histologiques difficiles.


Taille du cancer Noyaux de type CP Invasions Nom de la lésion
vasculaires
Celle de la totalité Ressemblant Présentes Carcinome différencié NOS (sans autre spécification)
de la lésion
Ressemblant Absentes Tumeur différenciée de potentiel de malignité incertaina
Celle des foyers Typique à distribution Absentes Foyers de carcinome papillaire développé dans un adénome
à noyaux typiques focale
Absent Absentes Tumeur vésiculaire au potentiel de malignité incertaina
a
Ces deux lésions auraient été auparavant considérées comme des adénomes atypiques, les données de la biologie moléculaire
en amélioreront peut-être la classification. CP : carcinome papillaire.

des noyaux. Si les noyaux sont de type oxyphile Cancer anaplasique


(NO), les critères diagnostiques des CV s’appli- Le cancer anaplasique est un cancer extrêmement
quent, si les noyaux sont du type de ceux des CP agressif. Il peut être partiellement ou totalement
(NCP), ce sont ceux des CP qui s’appliqueront.11 indifférencié, mais il doit comporter une différen-
Les tumeurs à cellules oxyphiles, qu’elles soient ciation épithéliale qui parfois n’est mise en évi-
bénignes ou malignes, ont souvent tendance à des- dence que par les techniques immunohistochimi-
siner des papilles. Lorsque ces papilles sont exclu- ques ou ultrastructurales. Il a été également appelé
sives ou représentent 75 % de l’architecture tumo- carcinome pléiomorphe, carcinome sarcomatoïde,
rale, elles sont appelées tumeurs papillaires à carcinome métaplasique et carcinosarcome.
cellules oxyphiles. La recherche de la malignité Ces tumeurs sont, habituellement, massivement
repose sur les mêmes critères que précédemment. invasives, mesurant plus de 5 cm de grand axe,
En cas de noyau NO, la tumeur est de la famille des remplaçant en grande partie le tissu thyroïdien,
adénomes ou des CV (invasions capsulaires et/ou avec rupture de la capsule thyroïdienne et exten-
vasculaires), variante oxyphile d’architecture pa- sion dans les tissus périthyroïdiens. Leur consis-
pillaire. En cas de noyau NPC, il s’agit d’une va- tance est variable selon l’importance des foyers de
riante à cellules oxyphiles de CP. L’environnement nécrose et d’hémorragie et de la présence éven-
lésionnel présente ou non un contexte de thyroïdite tuelle de foyers de métaplasie osseuse ou cartilagi-
lymphocytaire.11 Devant certaines tumeurs à cellu- neuse. Typiquement, la tumeur est constituée en
les oxyphiles, deux diagnostics différentiels doivent proportion variée de cellules fusiformes, de cellu-
être discutés : celui de CP à cellules hautes, mais la les polygonales et de cellules géantes (Fig. 3). Ces
morphologie cytoplasmique est différente, celui de trois aspects comportent une activité mitotique
carcinome médullaire (à valider par un immuno- élevée, des foyers de nécrose étendue et sont
marquage positif à la calcitonine). Lorsque ces massivement invasifs, s’étendant dans le tissu adi-
tumeurs sont multifocales dans un ou dans les deux
lobes, sans contexte de thyroïdite lymphocytaire,
certains auteurs leur attribuent un potentiel de
malignité plus important et insistent sur le carac-
tère éventuellement familial de la lésion. Certaines
études ont retrouvé dans ces familles une zone
d’intérêt sur le chromosome 19 qui n’a pas cepen-
dant été retrouvée dans d’autres familles testées.

Classifications et grades
Ces problèmes de classification sont depuis long-
temps résolus à la Mayo Clinic qui grade ses CV et
ses CP en fonction de leur niveau de différencia-
tion : classe 1 bien différencié, classe 2 moyenne-
ment différencié, classe 3 peu différencié, classe
4 indifférencié . Dans les séries de la Mayo Clinic,
pour 1 500 CP, 95 % d’entre eux sont de grade 1 et
Figure 3 Carcinome anaplasique. La prolifération tumorale a
5 % de grade 2 et 3. Dans le groupe des CV, aucune perdu toute architecture pour être remplacée par des cellules
tumeur de grade 3 n’est mentionnée, les tumeurs non cohésives très monstrueuses. Le stroma est riche en polynu-
de grade 2 représentent 30 % des cas.12 cléaires, ce qui est habituel dans ce type de cancer.
8 L. Leenhardt et al.

peux et le tissu musculaire squelettique avec par- Épidémiologie du cancer thyroïdien


fois atteinte du revêtement cutané. Les atypies
cytologiques sont marquées. La tumeur est généra- L’incidence d’un cancer se définit par le rapport du
lement richement vascularisée. Le stroma peut nombre de nouveaux cas par an de ce cancer sur le
être inflammatoire ou myxoïde. Les emboles carci- nombre de personnes-années exposées. La notion
nomateux sont habituels. Il peut s’y associer des de personne-année correspondant à la somme des
secteurs à inflexion épidermoïde, des cellules durées cumulées sur l’ensemble de la population
géantes d’allure ostéoclastique dans environ 10 % d’étude pendant laquelle les sujets sont exposés au
des cas ou des foyers d’aspect sarcomateux tels que
risque d’avoir ce cancer. L’incidence d’un cancer
fibrosarcome, histiocytofibrosarcome, ostéosar-
équivaut, en fait, à la vitesse de production de
come, chondrosarcome, dans moins de 5 % des cas
nouveaux cas de ce cancer par an) depuis le milieu
pour ces deux derniers (Rosai), léiomyosarcome,
des années 1970, l’incidence du cancer thyroïdien
rhabdomyosarcome, hémangiopéricytome malin et
augmente régulièrement dans les pays européens16
hémangioendothéliome malin. Si les fragments tu-
moraux confiés au pathologiste sont suffisants, il mais aussi en Amérique du Nord17–19 et en Austra-
pourra être observé la coexistence de secteurs lie.20 Cette augmentation est particulièrement
totalement indifférenciés avec des secteurs diffé- marquée en France, en Finlande, en Islande et en
renciés de type papillaire et/ou vésiculaire. Italie3,21 mais tend à diminuer en Suède depuis
Les carcinomes indifférenciés primitifs de la thy- 198022 et en Norvège depuis 1985.23
roïde expriment la protéine p53 dans environ la Cette augmentation d’incidence n’est pas spéci-
moitié des cas et bcl2 dans moins de un cinquième fique du cancer de la thyroïde. Elle touche égale-
des cas.13 ment d’autres localisations comme le sein ou la
prostate.24,25 Ces cancers, touchant des organes
Tumeurs malignes non épithéliales d’abord facile, font, à l’heure actuelle, l’objet
d’une détection intensifiée grâce aux progrès de
Lymphome l’imagerie et du dépistage.
Il convient de distinguer les lymphomes primitifs Cette hypothèse explicative n’exclut pas l’im-
thyroïdiens des infiltrations lymphomateuses ou pact d’autres facteurs de risque comme l’exposi-
leucémiques qui s’intègrent dans le cadre d’une tion aux radiations ionisantes pendant l’enfance,26
maladie générale. Le lymphome primitif de la thy- les prédispositions génétiques18 la multiparité,27 la
roïde est une tumeur maligne constituée de cellules résidence en zone d’endémie goitreuse ou des an-
lymphoïdes envahissant la thyroïde lorsque ce siège técédents de maladies thyroïdiennes.28
est prédominant ou exclusif. Les lymphomes repré-
sentent environ 1 à 8 % de toutes les tumeurs Sources de données, méthodes de collecte
malignes thyroïdiennes14 et 2,5 à 7 % des lympho- et d’enregistrement des cas incidents
mes extraganglionnaires.15 Le diagnostic et le trai-
de cancers thyroïdiens
tement sont traités en fin d’article.

Métastases intrathyroïdiennes L’enregistrement des cas incidents de cancers thy-


Les cancers du sein, du rein, du poumon, du côlon roïdiens en France est effectué par les registres
et les mélanomes peuvent donner des métastases (généraux, spécialisés par organe, spécialisés pour
intrathyroïdiennes. Elles se révèlent le plus souvent les cancers de l’enfant) dans les zones géographi-
par un nodule thyroïdien et peuvent poser un pro- ques où il en existe (Fig. 4). Les causes de décès
blème diagnostique quand le primitif n’est pas sont systématiquement enregistrées en France sur
connu. La ponction cytologique peut permettre le l’ensemble du territoire et collectées au niveau du
diagnostic. Cependant, la chirurgie est souvent ef- centre d’épidémiologie sur les causes médicales de
fectuée. Le diagnostic peut être difficile. L’examen décès de l’Inserm (CépiDc). Ces deux bases de
immunohistochimique aide au diagnostic : négati- données sont à vocation épidémiologique.
vité du marquage avec les anticorps antithyro-
globuline et anticalcitonine. La survenue d’une Registres de cancer
métastase intrathyroïdienne est de pronostic défa- Parmi les registres de cancers, on différencie :
vorable. • les 13 registres dits « généraux » : ils couvrent
11 départements métropolitains (situés dans le
Tumeurs rares Bas-Rhin, le Calvados, le Doubs, le Haut-Rhin,
Les fibrosarcomes primitifs de la thyroïde, les an- l’Hérault, l’Isère, la Loire-Atlantique, la Man-
giosarcomes et tératomes de la thyroïde sont très che, la Somme, le Tarn, la Vendée) et trois
rares. départements ou territoires d’outremer dans les
Cancers de la thyroïde 9

Figure 4 Zones couvertes par les registres du cancer et périodes de disponibilité des données en 2002 (d’après [21]).

DOM-TOM (Martinique, Nouvelle-Calédonie, Po- • le centre d’épidémiologie sur les causes médica-
lynésie). Des enquêteurs collectent de façon les de décès de l’Inserm (CépiDc) : le CépiDc
active des informations sur les cas de cancers enregistre de façon exhaustive tous les décès
survenant dans la population dans chaque dé- survenus sur le territoire métropolitain. Il ana-
partement considéré. Les informations sont no- lyse et code les diagnostics inscrits sur les certi-
minatives, codées, saisies et contrôlées suivant ficats médicaux de décès selon la Classification
les procédures et les recommandations de l’As- internationale des maladies. Ces codes viennent
sociation internationale des registres de cancer enrichir le fichier des données socio-démo-
(IACR). Les limites des registres sont triples : graphiques transmis par l’Institut national des
une couverture nationale insuffisante (en statistiques et études économiques (INSEE).
moyenne, 13 % de la population française métro- C’est à partir de ce fichier qu’est établie an-
politaine ; 7,7 millions d’habitants), un délai de nuellement la statistique nationale de morta-
2 à 3 ans pour disposer des données validées, lité. Depuis 2000, le CépiDc enregistre l’image
une collecte limitée des informations cliniques du certificat de décès sous forme informatique.
(pas de taille tumorale sauf depuis 1999, pas de Les données sont facilement accessibles sous
circonstances diagnostiques) ; forme abrégée (par sexe, âge, cause, région et
• le registre spécialisé des cancers thyroïdiens de département de domicile) sur le site Internet du
« Champagne-Ardennes » : qui couvre de façon CépiDc : (www.cepidc.vesinet.inserm.fr). La le-
exhaustive les départements de la Marne et des vée de l’anonymat est réalisable par croisement
Ardennes ; avec le Répertoire national d’identification des
• le registre national des tumeurs solides de l’en- personnes physiques (RNIPP) après accord de la
fant (RNTSE) (Fig. 4), qualifié en 1999, qui as- Commission nationale de l’informatique et des
sure la surveillance des cancers de l’enfant sur libertés (CNIL). L’avantage de ce fichier est son
le territoire français et vient compléter le re- ancienneté depuis 1968 et sa couverture natio-
cueil du registre national des leucémies et lym- nale. La mise à disposition des données se fait en
phomes de l’enfant qualifié depuis 1998. Sa moyenne 2 ans après la survenue du décès.
couverture a été étendue à l’ensemble du terri-
toire en 2002, soit 11,3 millions d’enfants de 0 à Autres bases de données
14 ans et testée jusqu’à 18 ans pour le cas Il existe d’autres bases de données dont les objec-
spécifique du cancer thyroïdien ; tifs sont socio-économiques et qui pourraient être
10 L. Leenhardt et al.

utilisées à des fins de surveillance. Ce sont celles nationales ne sont ni totalement exhaustives, ni
des caisses d’assurance maladie (affections de lon- nominatives ; les bases nominatives ne sont pas
gue durée [ALD] 30), ou du programme de médica- exhaustives au niveau national. Elles ont, au mieux,
lisation des systèmes d’information (PMSI) des éta- une exhaustivité départementale. En ce qui
blissements hospitaliers publics et privés. D’autres concerne l’alerte, pour les adultes, aucune base
bases hospitalières, axées sur la recherche clinique actuelle ne semble avoir, à elle seule, la capacité
ou l’évaluation clinique des structures de soins de permettre la détection de foyer de forte inci-
(enquête permanente cancer des centres régionaux dence dans les zones dépourvues de registre.
de lutte contre le cancer) pourraient être intéres- La solution pour répondre à ces trois objectifs se
santes mais ne sont pas représentatives de la popu- trouve probablement dans l’utilisation combinée
lation générale. de plusieurs bases de données existantes. Les regis-
Les bases de données des structures d’anatomie tres restent actuellement le « gold standard » de la
et cytologie pathologiques (ACP) sont fondamenta- surveillance épidémiologique des cancers dans les
les, car elles apportent la certitude diagnostique du départements couverts. Ils doivent permettre
cancer en fournissant le diagnostic histologique. d’étalonner le futur système multisources (PMSI,
Elles constituent une base potentielle de données ALD 30, données anatomopathologiques) dans les
nationales très intéressante car pratiquement tous
zones non couvertes.
les diagnostics de cancer thyroïdiens sont faits dans
ces structures et généralement codés. Dans certai-
nes régions de France, ces données sont codées, Méthode d’estimation de l’incidence
collectées et anonymisées au sein des centres de
regroupement informatique et statistique en ana- L’incidence est calculée au niveau des zones cou-
tomie pathologique (CRISAP). vertes par les registres, mais elle doit être estimée
au niveau national car les registres ne couvrent que
13 % de la population. Cette estimation fait appel
En bref aux données de mortalité et sous-entend qu’il
existe une relation stable entre l’incidence et la
Les sources de données épidémiologiques re- mortalité (ce qui peut être discutable), et que
posent sur : cette relation est identique dans les différentes
• les registres généraux et spécialisés de can- zones du territoire.
cer ; Du fait d’une grande dépendance pour l’âge, les
• le registre national des tumeurs solides de taux d’incidence (I) et de mortalité (M) doivent être
l’enfant ; exprimés par tranches d’âge. Pour diminuer la va-
• le centre d’épidémiologie sur les causes mé- riabilité des taux, le rapport incidence sur morta-
dicales de décès de l’Institut national de la lité (Iregistre/Mregistre) estimé au niveau de chaque
santé et de la recherche médicale (Inserm) ; département couvert par un registre est modélisé
• les bases de données du PMSI, de la Caisse par tranche d’âge (lissage des taux). L’estimation
nationale d’assurance maladie (CNAM), des de l’incidence nationale est effectuée en multi-
structures d’ACP (système de surveillance pliant schématiquement le rapport Iregistre/Mregistre
multisources en cours d’établissement par obtenu au niveau de l’ensemble des registres
l’Institut de veille sanitaire). par la mortalité nationale Mnationale : Iregistre
La surveillance épidémiologique des cancers = (Iregistre/Mregistre) xnationale. À l’issue de ces modé-
thyroïdiens doit répondre à trois objectifs : lisations, le calcul de l’incidence est obtenu par
• surveiller l’évolution de l’incidence ;
tranches d’âge de 5 ans.2
• surveiller des cohortes de sujets exposés ;
• répondre à une alerte en cas d’apparition
d’un excès de cas dans une zone géographi- Données d’incidence du cancer thyroïdien
que localisée. en France

La surveillance de l’incidence est actuellement Les estimations nationales indiquent un taux d’inci-
assurée par les registres. Le suivi d’une cohorte dence standardisé à la population mondiale faible
nécessite des bases exhaustives permettant une de 2,2 chez les hommes et de 7,5 pour 100 000 per-
identification (directe ou indirecte) des cas (car sonnes-années chez les femmes. Le taux annuel
tous les cas non retrouvés seront considérés comme moyen d’évolution entre 1978 et 2000, exprimé en
non malades). Actuellement, aucune base ne cor- pourcentage, est de + 2,9 % chez les hommes et de
respond à ces critères (sauf le RNTSE) : les bases + 4,8 % chez les femmes.2
Cancers de la thyroïde 11

Données d’incidence à partir des données plaide en faveur d’un effet de l’amélioration des
de huit registres des cancers en France chez pratiques diagnostiques dans une pathologie où le
les sujets de plus de 15 ans (1978-1997) nombre de cancers latents est important.29,123
L’incidence augmente en France comme dans la La proportion des microcancers (≤ 1cm) a aug-
plupart des pays depuis les années 1970. La propor- menté considérablement parmi les cancers opérés
tion des formes papillaires et vésiculaires était de (de 5 % en 1980 à 43 % en 2000). Ces microcancers
65 % en 1978-1982, elle atteint 82 % pour la période sont le plus souvent papillaires et diagnostiqués le
1993-1997. Cette augmentation prend une forme plus souvent de façon fortuite.
exponentielle à partir de la génération née en 1925.
Elle est essentiellement due au cancer papillaire qui Données d’incidence chez l’enfant
augmente de + 8,1 % et de + 6,2 % par an respecti- L’incidence annuelle des cancers de la thyroïde
vement chez la femme et chez l’homme sur toute la chez l’enfant est estimée entre 0,56 et 1,77 par
période (Fig. 5,6).3 L’incidence des autres types million. Ce cancer est exceptionnel avant l’âge de
histologiques (folliculaire, médullaire) est stable et 5 ans et sa fréquence augmente fortement avec
décroissante pour le cancer anaplasique. Chez la l’âge. Aucune augmentation d’incidence n’est ma-
femme, l’évolution de l’incidence diffère selon le nifeste sur la période 1978-1997, mais les fluctua-
département avec une augmentation moyenne an- tions selon les années sont très importantes en
nuelle sur la période 1982-1996 variant de + 7,5 % à raison des faibles effectifs (Tableau 4). La couver-
+ 17,8 %. Les augmentations les plus importantes ture de l’ensemble du territoire qui est proposée
sont retrouvées dans les départements de l’Ouest sera utile pour ce type de cancer très rare.
qui ont été les moins exposés aux retombées de
l’accident de Tchernobyl. Les taux les plus élevés Mortalité du cancer thyroïdien
sont constatés dans le Tarn, le Calvados. Chez
l’homme, les variations sont moins importantes. La mortalité est faible et ne peut servir d’indica-
Cette analyse montre que l’augmentation des teur de surveillance à l’inverse de cancers plus
cancers thyroïdiens chez les adultes est ancienne, agressifs. Ce cancer ne représente que 0,8 0/00 de
régulière et antérieure à l’accident de Tchernobyl. l’ensemble des décès (0,5 0/00 pour les hommes et
De surcroît, cette augmentation est retrouvée dans 1,2 0/00 pour les femmes). Son pronostic est favo-
des pays éloignés des retombées de l’accident de rable avec une survie globale à 10 ans de 80 à
Tchernobyl comme aux États-Unis18,19 au Canada17 95 %.1,30–32 Les estimations nationales 2000 indi-
et en Australie.20 L’ensemble de ces éléments quent un taux mortalité de 0,3 pour 100 000 chez la

Figure 5 Évolution de l’incidence des cancers de la thyroïde chez la femme par type histologique et par cohorte de naissance d’après
Colonna et al.3
12 L. Leenhardt et al.

Figure 6 Évolution de l’incidence des cancers de la thyroïde chez l’homme par type histologique et par cohorte de naissance d’après
Colonna et al.3

• les facteurs hormonaux et de reproduction ;


Tableau 4 Évolution du nombre de cas et de l’incidence du
cancer thyroïdien de l’enfant d’après Lacour B. et al.123. • l’apport iodé et d’autres facteurs liés à l’ali-
mentation.
Incidence par million d’enfants (nombre de cas)
1978-1986 1987-1992 1993-1997 Seules les radiations ionisantes reçues pendant
0-4 ans 0,00 (0) 0,00 (0) 0,15 (1) l’enfance ont une responsabilité clairement établie
5-9 ans 0,45 (2) 0,96 (8) 0,55 (4) dans la survenue d’un cancer de la thyroïde. Les
10-14 ans 1,23 (6) 2,23 (18) 1,62 (12) cancers thyroïdiens des enfants ukrainiens et biélo-
Total 0,59 (8) 1,06 (26) 0,79 (17) russes survenus secondairement à l’accident de
Tchernobyl en sont une illustration dramatique.
femme avec un taux annuel moyen d’évolution en
régression de –1,87 % depuis 1980. Chez l’homme, Radiations ionisantes
le taux de mortalité est de 0,3 pour 100 000 (taux L’association entre l’exposition aux rayons X et
annuel moyen d’évolution en régression de l’incidence du cancer différencié de la thyroïde a
–1,37 %).2 Les décès prédominent chez les femmes, été mise en évidence en 1950 par Duffy et Fitzge-
les trois quarts des décès survenant après 65 ans. rald33 qui avaient retrouvé des antécédents de ra-
Au total, la mortalité due au cancer thyroïdien est diothérapie pour hypertrophie du thymus chez neuf
faible. À titre de comparaison, la mortalité du des 28 enfants chez lesquels ils avaient diagnosti-
cancer du sein est estimée à 39 fois celle du cancer qué un cancer de la thyroïde. Ces enfants avaient
thyroïdien (11 000 décès par an contre 283 chez la entre 4 et 18 mois lors de la radiothérapie. Cette
femme en 2000). association a été confirmée par la suite dans un
grand nombre d’études.
Facteurs de risque des cancers thyroïdiens
différenciés Irradiation externe à débit élevé
Les principaux facteurs de risque du cancer de la Une analyse conjointe publiée en 1995 portant sur
thyroïde invoqués dans les études épidémiologiques sept études de cohorte incluant les survivants des
sont :21 bombardements d’Hiroshima et Nagasaki et six étu-
• les antécédents d’irradiation cervicale durant des de cohorte de patients traités par radiothérapie
l’enfance ; a conduit au consensus suivant : une dose de 1 Gy
• les antécédents familiaux, personnels de mala- délivrée dans l’enfance par des rayons X ou gamma
die thyroïdienne ; à débit élevé augmente d’un facteur 8 (intervalle
Cancers de la thyroïde 13

de confiance de 2 à 30) le risque de cancer de la Accident de Tchernobyl


thyroïde. Les trois principales études publiées Le 24 avril 1986, l’explosion et l’incendie de la
après cette méta-analyse34–36 conduisent à des ris- quatrième tranche de la centrale de Tchernobyl a
ques relatifs similaires, mais à des excès absolus de libéré dans l’atmosphère environ 100 millions de
cas plus faibles. Toutes ces études ont conclu : curies (MCi) de gaz rares, 2 MCi de césium 137 et
• qu’il existe une latence d’environ 10 ans entre 50 MCi d’isotopes radioactifs de l’iode, de période
l’irradiation et l’apparition d’un excès de can- courte (131I, T = 8 j) ou très courte (132I, T = 2,4 h et
133
cer de la thyroïde ; I, T = 20,8 h). Les rejets ont entraîné une conta-
• que le nombre de cas en excès chaque année mination prédominant au nord-ouest de l’Ukraine,
continuait à croître durant au moins 40 ans après au sud du Bélarus et dans les régions frontalières de
l’irradiation,34–36 même si le facteur multiplica- la Russie. Les populations ont été exposées par
tif de risque commençait à décroître 15 ans irradiation externe due à la proximité de sources
après l’irradiation. radioactives, ou par contamination interne
Les risques relatif et absolu de cancer différen- (consommation d’aliments contaminés ou inhala-
cié de la thyroïde sont beaucoup plus élevés lorsque tion de particules radioactives). Pour les habitants
l’exposition aux rayonnements ionisants survient de l’ex-URSS, on doit distinguer :
durant l’enfance. La relation entre la dose de • les 600 000 liquidateurs qui ont travaillé sur les
rayonnements ionisants reçue sur la thyroïde du- lieux de l’accident, et ont subi essentiellement
rant l’enfance et le risque relatif de cancer thyroï- une irradiation externe (moyenne 100 mSv ;
dien est linéaire entre 100 mSv et plusieurs maximum 10 Sv) ;
Sv.26,34,35 À ce jour, aucune étude n’a pu montrer • les 135 000 personnes évacuées, qui ont subi une
d’augmentation de risque de cancer de la thyroïde irradiation externe (moyenne 20 mSv ; maxi-
pour des irradiations survenues à l’âge de 45 ans ou mum 380 mSv) et une contamination interne
plus.26 (moyenne 10 mSv ; thyroïde 500 mGy), la conta-
mination des enfants par l’iode radioactif étant
Irradiation externe à faible débit particulièrement grave ;
Un excès de cancer thyroïdien après examens radio- • les 7 millions de personnes résidant encore dans
logiques répétés, s’il existe, est très difficile à des territoires contaminés par le 137Cs. Elles
mettre en évidence. En effet, l’excès de risque sont actuellement soumises à une irradiation
attendu est faible et le cancer de la thyroïde est externe variable selon la contamination des sols
rare dans la population générale ce qui impliquerait (1 à 40 mSv par an). Leur contamination interne
d’effectuer des études de cohorte de très grande peut être importante si elles consomment des
taille. Par ailleurs, les études cas-témoins sont très aliments contaminés.
difficiles à interpréter en raison des biais d’anam-
nèse. À ce jour, aucune étude n’a porté spécifique-
ment sur le risque de cancer de la thyroïde après
En bref
examens radiologiques répétés dans l’enfance.
La prévention des conséquences d’une
Iode 131 à visée diagnostique ou thérapeutique contamination accidentelle par l’iode radioac-
Une étude sur près de 10 000 sujets traités par iode tif repose sur le confinement des populations,
131 pour hyperthyroïdie et une étude de 35 000 su- la prise précoce (dans les 3 heures) d’iode
jets ayant reçu de l’iode 131 à visée diagnostique stable qui empêche l’entrée de l’iode radioac-
ont montré que l’administration d’iode 131 chez tif dans la thyroïde, la non-consommation
l’adulte, conduisant à des doses de l’ordre de d’eau, de lait et d’aliments contaminés et
100 Gy et de 0,5 Gy respectivement, n’augmente l’évacuation des zones contaminées.
pas le risque de cancer de la thyroïde.
L’évacuation a été tardive et la distribution
d’iode stable insuffisante, voire inexistante. L’irra-
En bref diation thyroïdienne est controversée : 17 000 en-
fants auraient reçu une dose à la thyroïde de plus
L’usage thérapeutique des rayons X et
de 1 Sv, 6 000 enfants plus de 2 Sv et 500 enfants
gamma augmente le risque de cancer thyroï-
plus de 10 Sv.
dien, que la radiothérapie ait lieu chez l’adulte
L’augmentation considérable du nombre de can-
jeune ou durant l’enfance. Cependant, l’impor-
cers thyroïdiens chez les enfants de moins de 15 ans
tance du risque décroît très fortement avec
ou in utero lors de l’accident a été évidente dès
l’âge à la radiothérapie.
1990. Actuellement, près de 2 000 cas de cancer
14 L. Leenhardt et al.

ont été dénombrés parmi ces enfants. Ce sont des Antécédents de pathologie thyroïdienne bénigne
CP, s’accompagnant de métastases ganglionnaires La présence d’un goitre ou de nodules thyroïdiens
cervicales dans 90 % des cas, et pulmonaires dans est très fortement associée au risque de cancer
30 % des cas. La mortalité globale était de 1,8 % en thyroïdien dans de nombreuses études de type cas-
2000. L’incidence du cancer thyroïdien chez les témoins (avec des risques relatifs souvent très su-
enfants nés après 1987 est revenue aux valeurs périeurs à 5.40 Plusieurs sources de biais peuvent
qu’elle avait avant l’accident. être évoquées pour expliquer les relations obser-
vées (biais de mémorisation rendant plus vraisem-
Autres facteurs de risque blable la détection de pathologie bénigne chez les
Certains facteurs, autres que les radiations ionisan- personnes atteintes d’un cancer, biais dû à la sur-
tes, ont été évoqués comme causes possibles du veillance accrue de la thyroïde des personnes ayant
cancer de la thyroïde. Aucun d’entre eux ne pos- des nodules ou un goitre). Cependant, la force de
l’association, la cohérence des résultats entre les
sède un rôle causal clairement établi dans les can-
études, et la persistance des risques de cancer pour
cers thyroïdiens. Cette situation est liée à la rareté
des pathologies survenues de nombreuses années
des cancers de la thyroïde, et au faible nombre
auparavant, renforcent l’idée que les adénomes
d’études épidémiologiques, au caractère latent des
thyroïdiens, les nodules ou le goitre sont effective-
cancers pouvant occasionner des biais de détec-
ment associés à un risque accru de cancer de la
tion.
thyroïde.
Antécédents familiaux
Goitre endémique, apport iodé
Les formes familiales de cancers sont bien décrites Sur la base d’études de type écologique montrant
pour les rares formes médullaires du cancer de la que la mortalité par cancer de la thyroïde diminue
thyroïde, dans le cadre du syndrome multiple endo- dans des zones d’endémie goitreuse après supplé-
crine neoplasia (MEN). En revanche, le cancer pa- mentation en iode, on considère souvent que le
pillaire est le plus souvent sporadique, mais des goitre est un facteur de risque de ces cancers.
formes familiales non médullaires ont également Toutefois, cette diminution de la mortalité est très
été décrites. Ces formes concerneraient 3 à 5 % des difficile à interpréter en raison de la variation des
patients atteints d’un cancer papillaire de la thy- pratiques médicales, d’autant que la supplémenta-
roïde.31 Le mode de transmission est autosomique tion iodée, en rendant plus rares les goitres, peut
dominant avec pénétrance variable.37 Les sujets permettre un diagnostic plus précoce de cancer
atteints du syndrome de Gardner ou polypose coli- thyroïdien. Des études de type cas-témoins ont
que ont un risque 5 à 10 fois plus élevé que les aussi montré que le risque de cancer de la thyroïde
sujets sains de développer un cancer papillaire de augmente avec la durée de résidence en zone d’en-
la thyroïde.38 De même, les sujets atteints de mala- démie goitreuse, mais les risques relatifs sont en
die de Cowden (maladie autosomique dominante) général inférieurs à 2 pour des durées de résidence
caractérisée par la survenue d’hamartomes multi- supérieures à 20 ans, et sont souvent non significa-
ples ont également un risque élevé de développer tifs. La carence en iode pourrait entraîner un risque
un cancer thyroïdien (mutation héréditaire d’un accru de cancers vésiculaires (folliculaires), alors
gène PTEN suppresseur de tumeur39 (Tableau 5). que le risque de cancer papillaire pourrait être

31
Tableau 5 Facteurs de risque familiaux de cancer de la thyroïde d’après .
Syndrome familial Manifestations Tumeur thyroïdienne Gène/localisation
chromosomique
Polypose colique familiale Polypes du côlon Cancer thyroïdien papillaire APC/5q21
Syndrome de Gardner Polypes, ostéomes, fibromes, Cancer thyroïdien papillaire APC/5q21, autres?
lipomes
Maladie de Cowden Hamartomes, tumeurs sein Adénome, cancer folliculaire, goitre PTEN/10Q22-23
Complexe de Carney Taches cutanées, myxomes, Adénome, cancer folliculaire ?, 2p16, 17q23
schwannomes, hypercorti-
cisme, adénome hypophysaire,
tumeur testiculaire
GMN Adénome folliculaire 14q, Xp22
Cancer thyroïdien familial Cancer thyroïdien papillaire, Cancer thyroïdien papillaire 2q21, 19p13
non médullaire tumeurs oxyphiles
GMN : goitre multinodulaire.
Cancers de la thyroïde 15

augmenté dans les zones riches en iode. Ainsi, la ceux à risque de cancer. L’échographie a une bonne
supplémentation en iode dans les zones de goitre sensibilité en faveur de la malignité. Un nodule
endémique semble favoriser l’apparition de can- solide hypoéchogène à contours peu nets avec des
cers papillaires de la thyroïde, au détriment des microcalcifications et une vascularisation mixte est
formes vésiculaires. évocateur de cancer papillaire (Fig. 7). La cyto-
ponction à l’aiguille fine se révèle être l’examen le
Facteurs hormonaux et reproduction plus sensible pour détecter la nature maligne du
Les facteurs hormonaux chez la femme sont suspec- nodule ponctionné. La pratique courante de cet
tés depuis longtemps de jouer un rôle dans le examen a permis de réduire le nombre de patients
cancer de la thyroïde, du fait de l’incidence plus soumis à la chirurgie tout en augmentant la propor-
élevée de ce cancer chez la femme que chez tion de cancer au sein des nodules opérés.42
l’homme. Le risque de cancer de la thyroïde pour-
rait augmenter avec le nombre d’enfants (avec des Adénopathie cervicale
risques relatifs inférieurs à 1,5 pour des femmes
ayant quatre enfants ou plus par rapport aux nulli- L’adénopathie cervicale est volontiers un mode de
pares). L’allaitement a aussi été mis en cause, et découverte du cancer de la thyroïde. Il s’agit sou-
pourrait jouer un rôle propre dans l’augmentation vent dans ce cas de cancer papillaire du sujet jeune
transitoire du risque de cancer thyroïdien. avec métastases ganglionnaires généralement ju-
gulocarotidiennes facilement palpées et bien ana-
lysées en échographie (Fig. 8). L’échographie de la
Circonstances de découverte thyroïde est l’examen de choix pour visualiser le
nodule correspondant au cancer et guider la ponc-
Nodule tion. La scintigraphie est inutile.

Le nodule de la thyroïde est le mode de révélation Métastase à distance


le plus courant du cancer de la thyroïde. Les nodu-
les thyroïdiens sont très fréquents. Ils sont clinique- Les métastases à distance peuvent être révélatrices
ment détectables chez 4 à 7 % de la population du cancer de la thyroïde. Ce sont généralement des
générale.41 Ils sont encore plus fréquents à l’écho- métastases osseuses ou pulmonaires.43 L’analyse
graphie (20 à 40 % de femmes de plus de 50 ans). histologique de la métastase peut être difficile. Les
Ces nodules sont rarement cancéreux. Selon les marquages en immunohistochimie peuvent être
séries, 5 à 10 % des nodules sont des cancers. Ils très utiles. La positivité de l’immunomarquage aux
sont rarement isolés et s’intègrent le plus souvent anticorps antithyroglobuline permet de certifier le
dans un goitre multinodulaire. Il est admis que le cancer thyroïdien primitif et d’envisager une thy-
risque de cancer devant un nodule prédominant au roïdectomie d’emblée. L’échographie thyroïdienne
sein d’un goitre multinodulaire est le même qu’en est l’examen de choix pour identifier le nodule
cas de nodule isolé. Du fait de la fréquence des correspondant au cancer primitif et le ponctionner.
nodules et de la rareté du cancer, il est capital de La scintigraphie thyroïdienne est inutile de même
disposer d’un examen discriminant et sensible per- que le dosage de thyroglobuline sérique qui n’a pas
mettant de sélectionner, au sein de ces nodules, de valeur prédictive de malignité (sauf si elle est

Figure 7 Aspects échographiques d’un cancer thyroïdien papillaire. Le nodule est solide, hypoéchogène, avec présence de
microcalcifications.
16 L. Leenhardt et al.

Cancer de l’enfant

Les cancers thyroïdiens de l’enfant sont rares21 et


représentent 0,4 % des cancers de l’enfant. Leur
présentation est agressive, révélée dans la majorité
des cas par un nodule thyroïdien clinique et/ou des
adénopathies cervicales palpables. Ils sont le plus
souvent de type papillaire (75 à 80 % des cas),
multifocaux dans 40 % des cas avec métastases
ganglionnaires cervicales très fréquentes (60 à 90 %
des cas). Les métastases pulmonaires sont présen-
tes dans 5 à 30 % des cas. Infraradiologiques dans
40 % des cas, elles fixent généralement bien le
radio-iode et sont au mieux détectées par des scin-
tigraphies corps entier à l’iode 131 sur dose théra-
peutique. Le pronostic est favorable sous réserve
d’un traitement initial adapté et d’un suivi pro-
longé. Le traitement de ces cancers invasifs doit
Figure 8 Adénopathie métastatique d’un cancer thyroïdien pa- être une thyroïdectomie totale associée à un cu-
pillaire : aspect arrondi globuleux, hypervascularisation anarchi- rage ganglionnaire et complétée par un traitement
que. par l’iode radioactif et un traitement frénateur
bien adapté. Ce caractère invasif explique en par-
très élevée), la thyroïde étant encore en place et
tie le pourcentage relativement élevé observé de
étant source physiologique de thyroglobuline. complications du traitement chirurgical avec 9 à
36 % d’hypoparathyroïdies et 4 à 17 % d’atteintes
Découverte fortuite sur une pièce récurrentielles. Globalement, la mortalité est fai-
de thyroïdectomie ble avec une survie supérieure à 90 % à 20 ans que
les cancers soient sporadiques, ou radio-induits.46
Cette situation diagnostique est de plus en plus
fréquente. Le patient est opéré, par exemple, pour Cancer du sujet âgé
un nodule prédominant volumineux éventuelle-
ment suspect en cytologie qui se révèle finalement L’âge au diagnostic est un facteur pronostique es-
bénin et le cancer est découvert fortuitement à sentiel de la survie avec une diminution de la survie
côté ou dans l’autre lobe, grâce à l’examen histo- lorsque le diagnostic de cancer thyroïdien est porté
logique systématique de l’ensemble de la pièce après 45 ans.47,48 Les études retrouvent, de ma-
opératoire. Depuis 20 ans, deux facteurs principaux nière significative chez les sujets âgés (plus de
contribuent à l’augmentation de la découverte des 60 ans), un stade plus avancé au moment du dia-
microcancers thyroïdiens : gnostic, une augmentation du pourcentage de CP
• la réalisation plus fréquente de thyroïdectomies peu différenciés, une augmentation du nombre des
totales par rapport aux chirurgies partielles ; hommes atteints, une atteinte métastatique plus
fréquente, fixant moins le radio-iode, une augmen-
• l’évolution des pratiques anatomopathologiques
tation de la fréquence des récidives et une survie
avec un nombre plus élevé de coupes soumises à
diminuée.49–51 Une thyroïdectomie plus ou moins
l’analyse occasionnant des diagnostics de micro-
associée à un curage ganglionnaire, suivie d’une
cancers de plus en plus fréquents21.
dose ablative d’iode radioactif, doit être proposée.
Le traitement par iode 131 nécessite une autono-
mie et une continence urinaire du patient. Une
Formes cliniques radiothérapie externe peut être proposée en cas de
récidive ou de cancer d’emblée très invasif.
Microcancer
Cancer chez la femme enceinte
Défini par l’OMS comme un cancer thyroïdien infé-
rieur ou égal à 1 cm, le microcancer est de plus en Deux situations seront envisagées :
plus fréquent (cf. paragraphe ci-dessus). Il repré- • la découverte d’un cancer thyroïdien pendant la
sente actuellement jusqu’à 30 % des cancers thyroï- grossesse ;
diens opérés.21 Il est généralement de type papil- • une grossesse survenant chez une femme ayant
laire et de pronostic favorable.44,45 eu un cancer thyroïdien.
Cancers de la thyroïde 17

Découverte d’un cancer thyroïdien pendant Le traitement frénateur par L-thyroxine est
la grossesse maintenu durant la grossesse, nécessitant habituel-
Le cancer thyroïdien affecte environ une femme lement une adaptation posologique à la hausse
enceinte sur 1 000, avec une grande prédominance souvent dès le 2e mois pour maintenir le taux de
de forme papillaire.52,53 Toutefois, la prévalence T4 libre dans le tiers supérieur de la zone normale.
de cancers thyroïdiens parmi les nodules décelés Un contrôle du bilan hormonal thyroïdien est prati-
lors d’une grossesse varie de 10 à 40 % selon les qué dès le premier trimestre et répété tous les deux
études.54,55 mois. Après l’accouchement, la posologie anté-
Le rôle de la grossesse et des facteurs de la rieure à la grossesse est reprise.
reproduction sur la survenue d’un cancer thyroïdien
est controversé. Certaines équipes trouvent un lien Cancers papillaires familiaux
entre la parité ou l’âge de survenue de la première
grossesse ou de la ménopause, d’autres ne trouvent Environ 3 à 5 % des cancers thyroïdiens papillaires
pas de lien ou un lien négligeable.56,57 Certains peuvent être familiaux. Cette prédisposition géné-
travaux controversés ont retrouvé la présence in tique familiale est traitée au chapitre « Facteurs de
vitro de récepteurs aux estrogènes et à la proges- risque ». Ils concernent souvent la femme de moins
térone sur des cellules tumorales de cancers thyroï- de 35 ans et présentent des caractéristiques histo-
diens. Pour conclure, le lien entre grossesse et logiques particulières (multicentricité, secteurs so-
survenue d’un cancer thyroïdien, s’il existe, est lides).
très faible.
La présentation clinique des cancers thyroïdiens
n’est généralement pas modifiée par la grossesse Traitement initial du cancer thyroïdien
(nodule). L’examen de choix est l’échographie cou-
plée à la cytoponction. La scintigraphie est contre- La lenteur de progression de la maladie dans la très
indiquée. Les critères d’interprétation de la cyto- grande majorité des cas ne permet pas de réaliser
ponction sont les mêmes qu’en dehors de la d’études prospectives contrôlées et randomisées
grossesse. qui permettraient d’établir un schéma thérapeuti-
L’absence d’agressivité particulière des cancers que indiscutable. Cependant, des études rétrospec-
thyroïdiens pendant la grossesse, avec une survie tives sur de larges effectifs autorisent un certain
similaire, une évolution habituellement favorable, nombre de réponses. Le traitement initial d’un
incite à une attitude peu invasive. Celle-ci varie, en cancer de la thyroïde comprend, en premier lieu, la
général, selon les résultats de la cytoponction et chirurgie suivie généralement d’un traitement par
l’âge de la grossesse. Le risque chirurgical minimal l’iode radioactif dont nous verrons les indications
pour le fœtus et la mère se situe pendant le (patients à haut risque). Ce traitement chirurgical
deuxième trimestre de la grossesse. Lorsque la doit être précédé d’une information du patient sur
cytoponction conclut à un cancer papillaire, on les risques encourus et les effets secondaires. Il est
peut proposer un traitement chirurgical, sans ris- indispensable d’informer le patient qu’un traite-
que important pour le déroulement ultérieur de la ment à vie par hormones thyroïdiennes est néces-
grossesse, lorsque le diagnostic a été suffisamment saire après thyroïdectomie totale.
précoce (avant la 20e ou, pour certains, jusqu’à la Les données épidémiologiques récentes mon-
24e semaine de grossesse). Certains n’intervien- trent que le « profil » du cancer thyroïdien a changé
nent que devant des tumeurs supérieures à 1,5 cm. avec l’augmentation des microcancers.21 Il est évi-
En revanche, lors d’un diagnostic plus tardif, ou lors dent que la stratégie thérapeutique doit s’adapter
de résultats cytologiques douteux, l’acte chirurgi- maintenant à cette nouvelle présentation clinique
cal est pratiqué en post-partum. Dans tous les cas, en proposant la prise en charge la moins agressive
le traitement par l’iode 131, s’il est indiqué, se fait possible et la plus efficace.
après l’accouchement et la période d’allaitement.
Traitement chirurgical
Survenue d’une grossesse chez une femme
traitée pour cancer thyroïdien Effectuée par un chirurgien expérimenté afin d’en
La grossesse chez une femme ayant eu un cancer limiter les risques, la chirurgie thyroïdienne com-
thyroïdien ne pose pas de problème majeur. Il est prend un acte sur la thyroïde généralement associé
recommandé d’attendre 1 an après un traitement à un acte sur les aires ganglionnaires. L’étendue de
par l’iode 131 avant d’envisager une grossesse. la chirurgie varie selon les données des examens
Dans ces conditions, il ne semble pas exister de préopératoires (adénopathies à l’échographie,
risque, notamment génétique, pour le fœtus.58 nodules bilatéraux), les résultats de l’examen
18 L. Leenhardt et al.

extemporané et les constatations peropératoires • lorsque le patient est opéré pour un goitre mul-
macroscopiques (extension locorégionale). La thy- tinodulaire dont la bilatéralité des nodules im-
roïdectomie totale ou quasi totale est un facteur de pose d’emblée ce geste ;
pronostic favorable.59 • lorsqu’il s’agit d’un cancer médullaire (thyro-
calcitonine plasmatique élevée).
Chirurgie de la thyroïde Quand la cytoponction du nodule en préopéra-
L’énucléation et la lobectomie partielle sont aban- toire est en faveur de la malignité, il est encore de
données (risque de récidive locale et diminution règle de ne pas réaliser d’emblée une thyroïdecto-
significative de la survie). mie totale et de se fier au résultat de l’examen
extemporané pour totaliser chirurgicalement dans
Lobo-isthmectomie le même temps opératoire. Cependant, les perfor-
La lobectomie ou lobo-isthmectomie avec examen mances de l’examen extemporané sont médiocres
extemporané constitue la prise en charge chirurgi- dans les lésions folliculaires douteuses et seul
cale minimale initiale quand il n’existe pas d’at- l’examen histologique après inclusion tranche,
teinte nodulaire controlatérale. La voie d’abord est obligeant à une réintervention.
une cervicotomie basse horizontale, légèrement Les avantages de la thyroïdectomie totale ou
arciforme. La loge thyroïdienne est abordée par la quasi totale par rapport à des chirurgies partielles
ligne médiane. La lobectomie thyroïdienne com- sont :
prend une ligature du pédicule supérieur au ras de • une faible morbidité dans des mains expertes ;
la thyroïde, préservant la branche externe du nerf • un plus faible taux de récidives locales ;60,63,64
laryngé supérieur et la parathyroïde supérieure et • une meilleure survie démontrée pour les cancers
sa vascularisation. On se porte ensuite à la face de taille supérieure à 1,5 cm ;63,65
externe du lobe et à son pôle inférieur où est repéré • une fréquence de la multifocalité des cancers
(20 à 80 %), ces foyers souvent microscopiques
le nerf récurrent qui a un trajet constant à gauche,
sont ainsi éradiqués par ce geste, la thyroïdec-
dans l’angle trachéo-œsophagien ; à droite, son
tomie totale diminuant alors le risque de réci-
trajet est plus externe et, dans 1 % des cas environ,
dive d’un facteur 4 par rapport à une lobecto-
il a un trajet non récurrent, venant directement du
mie ;44,45
nerf vague, sans faire sa boucle sous les vaisseaux
• la totalisation par le radio-iode possible et faci-
sous-claviers. Le nerf récurrent doit être impérati-
lement obtenue permettant une scintigraphie
vement reconnu et suivi sur tout son trajet cervical.
sur dose thérapeutique ;
Sa manipulation doit être douce et doit éviter tout
• un suivi fiable grâce au dosage de la thyroglobu-
risque de dévascularisation. Il ne doit être sec-
line plus sensible quand la thyroïdectomie a été
tionné que dans un seul cas, lorsqu’il est envahi par
totale, facilitant le diagnostic de récidive ou de
le cancer lui-même avec dysphonie et paralysie de
métastase au cours du suivi.
la corde vocale homolatérale en préopératoire.
En résumé, la lobectomie simple peut être tolé-
rée chez des patients à faible risque (cancer < 1 cm
Geste sur le lobe thyroïdien controlatéral
unifocal, bien limité sans métastase ganglionnaire)
Si l’examen extemporané conclut à la malignité, la et pouvant bénéficier d’une surveillance échogra-
plupart des auteurs proposent une totalisation de la phique rigoureuse. La thyroïdectomie totale ou
thyroïdectomie dans tous les cas emportant tout le quasi totale est recommandée pour les cancers
tissu thyroïdien macroscopiquement visible (thyroï- supérieurs ou égaux à 1 cm ou les microcancers
dectomie totale) ou ne laissant persister qu’un très avec multifocalité et/ou métastases ganglionnaires
petit moignon parenchymateux postérieur, de 2 à et/ou atteinte extracapsulaire thyroïdienne.
3 g, au contact du nerf récurrent et des parathyroï-
des (thyroïdectomie quasi totale).60,61 D’autres Chirurgie ganglionnaire
n’élargissent l’exérèse à l’autre lobe que chez les L’indication de l’exérèse ganglionnaire et son éten-
sujets à haut risque (< 16 ou > 40 ans) ou dans les due sont sujettes à polémiques. Lorsqu’un curage
tumeurs plus volumineuses (> 1,5 cm).30,62 jugulocarotidien est réalisé, il doit être conserva-
teur, c’est-à-dire respecter la veine jugulaire in-
Thyroïdectomie totale ou quasi totale d’emblée terne, le nerf pneumogastrique, le nerf spinal et le
La thyroïdectomie totale ou quasi totale d’emblée muscle sterno-cléido-mastoïdien. Dans la majorité
est effectuée dans trois situations : des cas, il peut se faire par la cervicotomie horizon-
• lorsque l’examen extemporané est en faveur de tale pratiquée pour réséquer la thyroïde. Il est
la malignité, le geste chirurgical est donc com- exceptionnel d’être obligé d’étendre l’incision vers
plété dans le même temps opératoire ; le haut en direction de la mastoïde. Cela ne doit
Cancers de la thyroïde 19

être fait que lorsqu’il existe des adénopathies ma- ayant eu une simple isthmectomie ou une lobo-
nifestement tumorales en sous-angulomaxillaire. isthmectomie au sein de laquelle a été mis en
Certains proposent un curage central systémati- évidence un cancer différencié de plus de 1,5 cm de
que en partant du principe que les ganglions récur- diamètre, au moins bifocal, avec des signes histo-
rentiels et prétrachéaux sont les premiers enva- logiques de pronostic défavorable (cancers follicu-
his.30 Ils y associent un curage homolatéral des laires peu différenciés, à cellules de Hürthle ou
ganglions sus-claviculaires et de la partie basse de insulaires, cancers papillaires dans leur variété
la chaîne jugulocarotidienne. Les arguments de ces sclérosante diffuse, à cellules hautes ou cylindri-
équipes sont : ques), ou encore si des métastases ganglionnaires
• la fréquence de l’envahissement ganglionnaire péritumorales ont été retrouvées sur la pièce opé-
(35 à 65 % des cancers papillaires) ; ratoire.
• la difficulté de détecter des métastases gan- Très fréquemment, dans les cas de thyroïdecto-
glionnaires dans le compartiment central ; mies subtotales pour goitres bénins, euthyroïdiens
• la difficulté à réopérer ce compartiment si cela ou non, lorsque la taille du moignon parenchyma-
s’avère nécessaire. teux laissé en place est suffisamment petite pour
Cependant, plusieurs éléments militent en fa- autoriser une totalisation isotopique si celle-ci a
veur d’un curage moins systématique et surtout été indiquée (la taille du moignon ne doit pas
moins étendu. Le premier est que les premiers
excéder 5 g), il ne faut pas proposer de totalisation
ganglions envahis sont plus probablement les gan-
chirurgicale.
glions prétrachéaux et ceux la chaîne jugulocaroti-
Reste le problème des isthmectomies et des
dienne.44 Il n’est donc peut être pas utile d’effec-
lobo-isthmectomies au sein desquelles a été mis en
tuer un curage systématique des ganglions
évidence un microcarcinome. Les microcancers de
latérotrachéaux qui augmente la morbidité par at-
teinte récurrentielle et parathyroïdienne. On peut type papillaire, sans sous-type histologique péjora-
se contenter, à ce niveau, de l’ablation des gan- tif, où la tumeur est unique, bien encapsulée, sans
glions macroscopiquement métastasiques en invasion vasculaire ni effraction capsulaire, ne doi-
s’aidant éventuellement d’un examen extempo- vent pas être réopérés. Les autres devraient béné-
rané qui n’est réalisable que si le ganglion mesure ficier d’une totalisation chirurgicale de la thyroï-
au moins 1 cm. Par ailleurs, une étude japonaise a dectomie car le risque de récidive locorégionale est
montré que les ganglions étaient macroscopique- accru. Il faut y associer un pick-up ganglionnaire
ment ou microscopiquement envahis en nombre prétrachéal et, à la partie basse, des chaînes jugu-
égal dans les cancers papillaires. Il paraît donc locarotidiennes, ou un curage centré sur les adéno-
probable que de nombreux ganglions micro-envahis pathies manifestement métastatiques, d’autant
sont laissés en place sans que l’on puisse en démon- plus que la fréquence des métastases ganglionnai-
trer la signification pronostique, et qu’un curage res dans les microcarcinomes papillaires est élevée,
extensif sur des ganglions macroscopiquement sains de 32 à 43 %.44,45 La morbidité d’une telle réinter-
n’est pas utile en termes de pronostic. Il semble vention est négligeable, elle va par ailleurs permet-
essentiel, en revanche, de pratiquer un pick-up tre un éventuel complément par le radio-iode si
ganglionnaire jugulocarotidien lorsque ces gan- celui-ci est justifié et va simplifier la surveillance.
glions ne sont pas manifestement métastatiques
afin de préciser l’extension du cancer. Complications de la chirurgie
En peropératoire, les accidents sont exceptionnels
Réinterventions et habituellement facilement reconnus (plaies de la
Dans le cas où une thyroïdectomie partielle aurait trachée ou de l’œsophage). En postopératoire im-
été pratiquée avec découverte à l’examen histolo- médiat peut survenir un hématome cervical com-
gique définitif d’un CP ou vésiculaire, il faut discu- pressif imposant une évacuation de l’hématome
ter une éventuelle réintervention pour totaliser sous anesthésie générale. La surveillance d’un
chirurgicalement cette thyroïdectomie au mieux opéré doit être rigoureuse dans les premières
dans la semaine qui suit la première chirurgie car, 24 heures.
au-delà, la fibrose postopératoire est responsable Deux complications dominent les suites opératoi-
d’adhérences dont la dissection difficile risque res des thyroïdectomies pour cancer : les paralysies
d’augmenter la morbidité. Si le résultat histologi- récurrentielles et les hypoparathyroïdies compli-
que n’est pas obtenu dans ces délais, mieux vaut quant environ 3 à 5 % des thyroïdectomies totales
attendre 2 à 3 mois pour réintervenir car il n’y a pas pour cancer. La survenue de ces complications est
d’urgence. directement corrélée à l’étendue de la thyroïdec-
Il est des cas où cette réintervention pour tota- tomie et du curage ganglionnaire et à l’expérience
lisation ne se discute pas. Il s’agit des patients du chirurgien.
20 L. Leenhardt et al.

Paralysies récurrentielles tage significatif de l’iode 131 (thyroïdectomie


Si l’on supprime les paralysies secondaires au sacri- totale ou quasi totale) ;
fice d’un récurrent envahi par la tumeur, les para- • si le taux de TSH est très élevé permettant un
lysies récurrentielles surviennent dans moins de 3 % captage maximal du radio-iode. Cette condition
des cas, seules la moitié d’entre elles étant défini- oblige à l’arrêt de la L-thyroxine pendant 4 se-
tives.66 maines avec éviction de toute surcharge iodée.
Une atteinte du nerf récurrent ou nerf laryngé Ce traitement a trois intérêts majeurs :
inférieur est responsable d’une dysphonie d’inten- • un intérêt diagnostique par la pratique d’une
sité variable, avec typiquement une voix bitonale, scintigraphie post-thérapeutique (très sensible
une dyspnée laryngée à l’effort et parfois des faus- pour la détection de foyers résiduels et d’éven-
ses routes à l’ingestion des aliments, en particulier tuelles métastases à distance) ;
liquides. Elle peut être plus rarement totalement • un intérêt thérapeutique en détruisant d’éven-
asymptomatique, justifiant la réalisation systéma- tuels microfoyers de carcinome dans les résidus
tique d’un examen des cordes vocales avant toute parenchymateux ;
réintervention en chirurgie thyroïdienne que ce soit • un intérêt pour le suivi du patient : le traitement
pour une totalisation chirurgicale de la thyroïdec- par le radio-iode augmente la sensibilité du taux
tomie ou pour l’exérèse d’une récidive locale sur- sérique de la thyroglobuline (Tg) après totalisa-
tout lorsqu’elle est située dans le compartiment tion.
central, c’est-à-dire en prétrachéal et latérotra-
chéal. En cas de survenue d’une paralysie d’une Principe et bases physiques et radiobiologiques
corde vocale alors que préexistait une paralysie L’iode 131, d’une période physique de 8 jours,
récurrentielle controlatérale asymptomatique et émet principalement des rayons c (énergie de
non diagnostiquée, on aboutit à une paralysie des 364 keV) et b. L’activité se mesure en becquerels
deux cordes vocales de pronostic fonctionnel défa- (Bq), qui correspond à une désintégration par se-
vorable et pouvant nécessiter en urgence une cor- conde. L’activité thérapeutique administrée est
dotomie postérieure, voire une trachéotomie pour généralement de 3,7 GBq (100 mCi). La dose déli-
insuffisance respiratoire aiguë. Enfin, toute para- vrée par l’iode 131 aux reliquats thyroïdiens est
thyroïde réséquée en même temps que la thyroïde essentiellement due à l’émission b. Elle dépend de
ou dévascularisée au cours de la dissection doit être l’activité administrée, de la masse de tissu à irra-
fragmentée et réimplantée dans le muscle sterno- dier, et de la période effective dans le tissu thyroï-
cléido-mastoïdien. dien. La période effective est le temps au bout
duquel la radioactivité présente dans le foyer de
Hypoparathyroïdies fixation a diminué d’un facteur 2. Cette période
Les hypoparathyroïdies ne peuvent survenir que si effective varie selon la période physique du radio-
l’exérèse thyroïdienne a été bilatérale. Si les hypo- élément (8 jours pour l’iode 131) et sa période
calcémies (définies par une calcémie inférieure à biologique (liée au temps de séjour dans le tissu
2 mmol l–1 symptomatique) sont relativement fré- thyroïdien fixant). L’effet thérapeutique de l’iode
quentes, leur caractère définitif, qui se juge 3 mois est dû aux rayonnements b absorbés dans un rayon
après l’intervention par la nécessité de prendre de 1 à 3 mm autour de la source. L’énergie déposée
plus de 1 g j–1 de calcium per os et/ou des dérivés dans le tissu thyroïdien fixant provoque une mort
hydroxylés de la vitamine D (comme l’alfacalcidol), cellulaire par apoptose ou une mort différée lors de
est beaucoup plus rare, de l’ordre de 3 à 7 %.61 Ce la mitose. La dosimétrie de l’iode 131 dans les
risque a pu justifier, chez certains, une restriction reliquats se heurte à trois difficultés :
importante des indications de thyroïdectomies to- • le volume du tissu thyroïdien résiduel à irradier
tales ou quasi totales. n’est pas connu avec certitude. Il est grossière-
ment évalué à l’échographie avant totalisation
Traitement par l’iode radioactif par l’iode ;
• la période biologique de l’iode 131 n’est pas la
L’administration 4 à 6 semaines après la chirurgie même dans les reliquats thyroïdiens sains, dans
d’une gélule par voie orale de 3,7 GBq (100 mCi) les reliquats tumoraux et dans les métastases.
d’iode 131 (sous forme d’iodure de sodium) est un La période effective est plus courte dans le tissu
moyen thérapeutique très efficace, permettant de cancéreux (1 à 3 jours au lieu d’environ 7 dans le
détruire tout tissu thyroïdien restant, métastatique tissu thyroïdien normal) ;
ou non. Ce traitement ne peut être pratiqué que : • la répartition de l’iode au sein d’un reliquat et
• si la quantité de tissu résiduel après la chirurgie encore plus, au sein d’une métastase, est très
est suffisamment faible pour permettre un cap- hétérogène.
Cancers de la thyroïde 21

Indications • aménorrhée transitoire avec élévation transi-


L’indication d’une totalisation par l’iode radioactif toire de follicle stimulating hormone (FSH) et
est impérative en cas de : luteinizing hormone (LH) ;
• métastases à distance ; • risque exceptionnel de cancers et de leucémie
• résection incomplète de la tumeur ; radio-induite. Ce faible risque s’élève chez les
• tumeur à haut risque de récidive et de décès patients ayant reçu de multiples traitements par
pTNM stades 2 et 3 ; l’iode radioactif.67 Les études, du fait de leur
• type histologique défavorable papillaire à cellu- puissance statistique insuffisante, ne permet-
les hautes, variante sclérosant diffus, type folli- tent pas d’exclure un faible risque pour de plus
culaire invasif ou peu différencié ; faibles irradiations. Des études de cohortes de
• cancer thyroïdien de l’enfant (< 18 ans). plus grande ampleur sont en cours pour docu-
menter l’excès de risque de second cancer après
L’indication est discutée en cas de tumeur à
un premier traitement par le radio-iode. Cela
faible risque pTNM stade I, en sachant que l’impact
justifie donc de ne pas proposer de totalisation
de la modification récente de la classification TNM
systématique par l’iode radioactif quand il
(faisant passer le pT1 de 10 à 20 mm) sur l’indica-
n’existe pas de critères pronostiques péjoratifs.
tion de la totalisation par l’iode n’est pas encore
évaluée.
Autres traitements
La totalisation par l’iode n’est pas indiquée en
cas de microcancer, unifocal de type papillaire sans Radiothérapie externe
extension capsulaire ni métastases ganglionnaires. La radiothérapie externe a peu d’indications dans
le traitement du cancer thyroïdien différencié, très
Mesures de radioprotection radiorésistant. On admet qu’une dose absorbée de
Les mesures de radioprotection ont trois objectifs : 80 Gy est en effet nécessaire pour détruire le tissu
• protéger le personnel des services spécialisés où thyroïdien cancéreux. La radiothérapie ne doit ja-
sont hospitalisés les patients pour administrer mais être proposée en première intention chez des
ces traitements (chambres isolées, parois recou- patients jeunes présentant une tumeur bien diffé-
vertes de feuille de plomb, portes protégées, renciée, ayant bénéficié d’une exérèse complète.
administration du radio-iode dans des conte- La radiothérapie est utilisée dans les cas sui-
neurs plombés, repérage des zones contaminées vants :
avant le ménage dans les chambres) ; • après chirurgie d’une récidive locale survenant
• protéger les proches du patient (visites interdi- volontiers chez le sujet âgé. Il s’agit souvent de
tes, éviter pendant 8 jours le contact des en- tumeur peu différenciée, invasive et ne fixant
fants et des femmes enceintes, dormir à dis- pas l’iode. Dans ces cas, la radiothérapie contri-
tance du conjoint) ; ces précautions sont bue au contrôle local de la tumeur. La survie est
détaillées sur un document remis aux patients ; médiocre, aggravée par la survenue de métasta-
• éviter la contamination de l’environnement (les ses à distance ;61
urines dans lesquelles s’élimine la plus grande • pour le traitement de métastases osseuses ino-
partie de la radioactivité administrée sont re- pérables, seule ou en complément du radio-iode
cueillies pendant l’hospitalisation et stockées (avec le but de totaliser une dose d’au moins
jusqu’à ce que leur activité soit négligeable). 80 Gy) ;
• pour le traitement antalgique des métastases
Effets secondaires osseuses douloureuses (par microfractures).
Les effets secondaires sont rares :
• aggravation d’une maladie ulcéreuse ou d’une Chimiothérapie
gastrite (qui peut constituer une contre-indica- La chimiothérapie est proposée chez les patients
tion) ; présentant un cancer anaplasique ou des métasta-
• irradiation du tube digestif en cas de diverticule ses à distance de cancers peu différenciés.
œsophagien ;
• sécheresse durable de la bouche secondaire à
l’irradiation des glandes salivaires ; Traitement hormonal
• diminution de la sécrétion des larmes secon-
daire à l’irradiation des glandes lacrymales ou, Les objectifs du traitement frénateur hormonal
au contraire, en cas de traitements à très fortes thyroïdien sont :
activités, larmoiement persistant par sténose • d’assurer la substitution hormonale après thy-
radio-induite du canal lacrymal ; roïdectomie ;
22 L. Leenhardt et al.

• de supprimer toute stimulation éventuelle de dive ou de survie à partir de l’analyse de cohortes


cellules tumorales résiduelles en abaissant le de patients, permettant de classer un patient
taux de TSH. donné dans un sous-groupe à haut ou à bas risque
Il repose sur la prise de L-thyroxine (LT4) : envi- d’évolution défavorable. On distingue :
ron 150 lm par jour. Le traitement frénateur est • les facteurs pronostiques liés aux caractéristi-
débuté 3 jours après l’administration du traitement ques des patients comme le sexe ou l’âge ;
par iode 131. En l’absence de traitement par le • ceux liés à la tumeur initiale comme la taille et
radio-iode, le traitement est débuté dès le lende- le type histologique ;
main de la chirurgie. Pendant les cinq premiers • ceux liés au traitement initial.
jours de cette reprise, le patient peut prendre, en
même temps que son traitement habituel par la T4, Caractéristiques du patient
de la T3 (Cynomel® 2 comprimés le matin, 1 com-
primé à midi). La prise de Cynomel® est contre- Âge au diagnostic
indiquée chez les patients de plus de 50 ans, en cas Le taux de mortalité est faible chez les sujets de
de pathologie coronarienne connue ou de facteurs moins de 40 ans et augmente régulièrement avec
de risque vasculaires (tabac, obésité, etc.). L’effi- l’âge.32,47,48,60,63,68–71 L’âge au diagnostic est aussi
cacité du traitement frénateur doit être contrôlée un facteur pronostique de récidive avec une aug-
par un dosage de TSH 4 à 6 semaines après le début mentation des récidives chez les sujets jeunes et
du traitement. Un dosage de T3 libre est conseillé après 60 ans.32,49,50,72
en cas de suspicion de surdosage clinique. Il ne
semble pas utile, une fois la posologie du traite- Sex-ratio
ment frénateur correctement déterminée, de
Les hommes sont deux fois moins atteints de cancer
contrôler la TSH de base plus souvent qu’une fois
de la thyroïde que les femmes. Cependant la mor-
par an sauf pour les patients traités pour coronaro-
talité est plus élevée chez les hommes.48,61,63,71 En
pathie, polypathologies ou âgés de plus de 70 ans.
revanche, le pourcentage de rechute est identique
Le niveau de frénation est défini en fonction des
chez les hommes et les femmes.68
critères de gravité du cancer. Il n’est pas justifié
d’effondrer le taux de TSH dans le cas de microcar-
Antécédent familial de cancer thyroïdien
cinomes de pronostic favorable. Le traitement doit
être simplement substitutif (TSH dans les valeurs Les cas familiaux de cancers thyroïdiens ne sem-
inférieures de la normale), de même chez les pa- blent pas associés à un pronostic plus sévère.
tients à faible risque (pTNM stade I). Il n’y a pas
d’études démontrant un réel bénéfice en termes de Tumeur initiale
survie et de prévention de récidives chez les pa-
tients faisant l’objet d’un frénation sévère par Taille de la tumeur
rapport à ceux bénéficiant d’un frénation modérée. L’augmentation de la taille de la tumeur est asso-
Les risques osseux à long terme (ostéoporose) et ciée à une augmentation des récidives et à une
cardiaque (arythmie) du traitement frénateur sont diminution de la survie.47,59,63,68 Les microcancers
à prendre en compte. ont une survie excellente.44,45
Les patients métastatiques doivent faire l’objet
d’un traitement frénateur efficace (TSH en dessous Type histologique
de la borne inférieure du laboratoire). Les patients Globalement, les CP ont un pronostic plus favorable
porteurs d’un cancer médullaire ou anaplasique ont que les CV. Certaines variantes sont de pronostic
besoin d’un traitement simplement substitutif (pas péjoratif (formes à cellules hautes, cylindriques ou
de dépendance du cancer par rapport à la TSH). sclérosantes diffuses des CP, CV invasif, insu-
laire),30 Un âge avancé et une taille importante de
tumeur, ainsi qu’un caractère peu différencié sont
Facteurs pronostiques et survie de pronostic défavorable.32

Facteurs pronostiques Multifocalité


Elle est fréquente pour les CP, souvent bilatérale,
Malgré un pronostic globalement excellent, cer- plus rare dans le cas du CV. Elle apparaît dans
tains patients vont présenter une évolution défavo- certaines études comme un facteur pronostique de
rable et décèderont de leur cancer thyroïdien. De récidive locale et ou ganglionnaire.45,71 de métas-
nombreuses études comportant une analyse multi- tase à distance et de mortalité63 mais pas dans
variée ont défini des facteurs pronostiques de réci- d’autres.47
Cancers de la thyroïde 23

Invasion vasculaire significativement associée à une augmentation des


Une diminution significative de la survie a été mise récidives locales. En revanche, l’impact de la pré-
en évidence dans le cadre du CV en cas d’invasion sence de ces métastases ganglionnaires sur la survie
vasculaire massive comparée à une invasion vascu- n’est pas clairement démontré sauf dans certaines
laire minime. études dans lesquelles les adénopathies sont volu-
mineuses ou médiastinales ou bien chez le sujet
Envahissement extrathyroïdien âgé.32,63 Cependant quand la récidive est présente,
Il est observé dans 8 à 32 % des CP et dans 3 à 5 % des la survie après récidive est nettement moins
CV (CV invasifs et/ou peu différenciés).47,59,68 Il est bonne.73
associé à une augmentation significative du taux de
récidive, de métastase à distance et de morta- Métastases à distance
lité.30,59,63 La nouvelle classification TNM distingue Leur présence au moment du diagnostic initial est
trois degrés d’extension extrathyroïdienne qui ont un facteur de pronostic défavorable quel que soit le
différents impacts pronostiques (Tableau 6). type histologique. Elles sont présentes initialement
dans 1 à 3 % des cancers papillaires et dans 7 à 15 %
Métastases ganglionnaires des cancers vésiculaires. Elles sont significative-
La présence de métastases ganglionnaires cervica- ment associées à une diminution de la sur-
les (35 à 65 % des CP et 15 à 20 % des CV) est vie.32,43,71,74 Certaines études montrent que le pro-

Tableau 6 Nouvelle classification TNM.


Tumeur primitive
1992 2002
T0 Pas de tumeur primitive Pas de tumeur primitive
T1 Tumeur ≤ 1 cm limitée à la thyroïde ≤ 2cm limitée à la thyroïde
T2 Tumeur > 1 ≤ 4 cm limitée à la thyroïde Tumeur > 2 ≤ 4 cm limitée à la thyroïde
T3 Tumeur > 4 cm limitée à la thyroïde Tumeur > 4 cm limitée à la thyroïde ou extension à la
capsule thyroïdienne et/ou microscopique au tissu
cellulaire
T4 Toute tumeur dépassant la capsule T4a tumeur dépassant la capsule vers le tissu mou
sous-cutané, le larynx, la trachée, l’œsophage ou le
nerf récurrent
T4b tumeur dépassant la capsule et atteignant l’apo-
névrose prévertébrale ou encapsulant l’artère caro-
tide ou les vaisseaux du médiastin supérieur
Statut ganglionnaire : dans la classification 2002, il faut au moins six ganglions à examiner pour pouvoir classer en N0
si les ganglions sont bénins. Sinon, la tumeur est classée Nx concernant le statut ganglionnaire.
Statut ganglionnaire 1992 2002
N0 Pas d’adénopathie Pas d’adénopathie
N1 Adénopathie métastatique
N1a Adénopathies métastatiques, régionales, cervicales
homolatérales
N1b Adénopathies métastatiques cervicales bilatérales,
médianes, ou controlatérales ou métastases ganglion-
naires médiastinales
Métastases à distance
M0 Pas de métastase Pas de métastase
M1 Métastase à distance Métastase à distance
Stade
1992 2002
Âge < 45 ans
Stade I Tout T, tout N, M0 Tout T, tout N, M0
Stade II Tout T, tout N, M1 Tout T, tout N, M1
Âge ≥ 45 ans
Stade I T1, N0, M0 T1, N0, M0
Stade II T2-T3, N0, M0 T2, N0, M0
Stade III T4, N0, M0 ou tout T, N1, M0 T3, N0, M0 ou tout T1-3, N1a, M0
Stade IV Tout T, tout N, M1 IVa :T1-3, N1b, M0 ou T4a, tout N, M0
IVb :T4b, tout N, M0
IVc : tout T, tout N, M1
24 L. Leenhardt et al.

Tableau 7 Étude de la survie après le diagnostic de métastases osseuses, associées ou non à d’autres métastases.
Études Facteurs de pronostic favorable
Bernier1 France, 2001 Métastases osseuses révélatrices du cancer, absence d’autres localisations métastatiques
au cours du suivi, traitement par 131I, exérèse complète des métastases chez les sujets
jeunes.
Petrich1 Allemagne, 2000 Âge < 45 ans, fixation de 131I par les métastases.
Pittas1 États-Unis, 2000 Fixation de 131I par les métastases, absence de métastases autres qu’osseuses, histologie
(cellule de Hürthle).
Fanchiang1 Taiwan, 2000 Pas de facteurs significatifs.
Schlumberger2 France, 1996 Jeune âge, histologie bien différenciée, fixation de l’131I par les métastases, petit volume
des métastases, année de découverte des métastases (1976/ avant 1960).
Dineen2 États-Unis, 1995 Jeune âge, métastase pulmonaire, absence d’invasion extrathyroïdienne.
Casara2 Italie, 1991 Jeune âge, fixation de l’131I par les métastases, site des métastases autres qu’osseuses.
Ruegemer2 États-Unis, 1988 Jeune âge, absence d’atteinte de plusieurs organes.

nostic des métastases osseuses est moins favorable Scores


que celui des métastases pulmonaires75–77 mais
d’autres montrent que lorsque la taille des métas- Plusieurs scores ont été proposés pour essayer de
tases est prise ne compte, la différence de survie définir des groupes à haut ou bas risque de récidive
entre les deux n’est plus significative.74 Après le ou de décès dans le dessein de proposer une théra-
diagnostic de métastases, les facteurs de pronostic peutique agressive pour les patients du premier
favorable, obtenus par analyse multivariée dans groupe et une thérapeutique moins agressive pour
différentes études, sont résumés dans le Tableau 7. les patients du second groupe dont le pronostic est
excellent. La plupart de ces scores ont été obtenus
Traitement du cancer à partir d’analyses multivariées de cohortes de
patients permettant de définir des facteurs pronos-
Étendue de la chirurgie initiale tiques. Issus de l’analyse d’une population donnée,
Plusieurs études ont démontré une diminution du ils sont parfois difficiles à appliquer à une autre
taux de rechute et des métastases à distance en cas population.
de thyroïdectomie totale ou quasi totale par rap- Parmi ces scores, le score TNM est le plus utilisé
port à une chirurgie partielle.47,59,61,68,78,79 dans le cadre de toutes les pathologies tumorales.
La classification a été révisée en 2002 (Tableau 6).
Traitement ablatif par iode radioactif Plusieurs autres scores ont été proposés : le
score EORTC par Byar81 le score AMES par Cady82 le
Plusieurs études ont montré que le traitement par score AGES par Hay59 le score MACIS qui est un score
radio-iode postchirurgical diminuait le pourcentage dérivé de AGES, le score SAG proposé par Akslen et
de rechute et améliorait la survie.47,63 Mazzaferri a le score NTCTCS par Sherman.83
montré que l’association d’une thyroïdectomie to- Ces différents scores sont utilisés dans les études
tale et d’un traitement ablatif par radio-iode était épidémiologiques pour étudier des sous-groupes de
la meilleure combinaison de traitement en termes patients, mais restent difficilement applicables
de survie et de rechute pour les tumeurs de plus de pour un patient donné pour déterminer son traite-
1,5 cm.63 ment.

Traitement secondaire par iode radioactif


Un ou plusieurs traitements par radio-iode peuvent Surveillance du cancer thyroïdien
être administrés en cas de persistance ou de re- différencié
chute locale ou à distance. Le traitement par iode
radioactif apparaît significativement associé à une La surveillance des cancers thyroïdiens a considé-
survie prolongée en cas de métastases.43,47,61,74,80 rablement évolué au fil des décennies. Autrefois
L’efficacité de ce traitement dépend de la capacité fondée sur l’examen clinique et la scintigraphie
du tissu tumoral à fixer l’iode radioactif et du diagnostique à l’iode 131, la surveillance s’est enri-
volume du tissu tumoral. En effet, les volumineuses chie d’outils nouveaux comme le dosage de thyro-
métastases ne peuvent être traitées seulement par globuline plasmatique en routine depuis 1980, la
radio-iode, de même que les métastases qui fixent scintigraphie corps entier sur dose thérapeutique
peu ou pas le radio-iode. d’iode 131 dès les années 1990 et plus récemment
Cancers de la thyroïde 25

de l’échographie cervicale couplée à la cytoponc-


tion. D’autres moyens d’imagerie comme la tomo-
graphie à émission de positons sont de prescription
de plus en plus fréquente. Parmi les modalités de
surveillance, la commercialisation récente de la
TSH humaine recombinante, évitant l’arrêt de la
L-thyroxine pendant 4 semaines, représente une
avancée majeure, en particulier dans le suivi des
patients à faible risque.
Dans l’incapacité actuelle à prédire quels sont,
parmi les cancers traités et suivis, ceux qui vont
récidiver ou métastaser, le suivi a pour objectif de
vérifier que, 6 mois à 1 an après le traitement
initial classique (thyroïdectomie totale et totalisa-
tion par l’iode), le patient est en rémission c’est-à-
dire que les éléments de surveillance permettent
de dire qu’il n’y a plus de tissu thyroïdien et/ou
tumoral résiduel. Cette situation est observée en
général dans 80 % des cas.

En bref

Les objectifs du suivi sont : Figure 9 Schéma des aires ganglionnaires cervicales. VI inf :
• de maintenir un traitement frénateur adapté chaîne cervicale transverse ; chaînes jugulocarotidiennes droite
par L-thyroxine ; et gauche : II : compartiment supérieur ; III : compartiment
• de détecter du tissu tumoral résiduel, une moyen ; IV : compartiment inférieur ; sp : chaînes spinales droite
et gauche ; chaînes récurrentielles du compartiment central : VI
récidive locale dans le lit thyroïdien ou les
Dt : droite ; VI gche : gauche ; d ; chaîne sus-thyroïdienne.
aires ganglionnaires ainsi que d’éventuelles
métastases à distance. d’une adénopathie sont son caractère hypoécho-
gène globuleux (rapport axe court sur axe long ≥
0,5),87 la perte du hile, la présence de microcalci-
Outils de surveillance
fications, le caractère kystisé de l’adénopathie, sa
vascularisation mixte anarchique pénétrante88
Examen clinique
(Fig. 8). Dans les séries récentes de Pacini et Tor-
Indispensable, il consiste en une palpation soi- lontano, la sensibilité de l’échographie dans la dé-
gneuse des loges thyroïdiennes et des aires gan- tection de tissu tumoral au cours du suivi est de
glionnaires. Ce geste revêt cependant une faible 70 %, sa spécificité de 97,5 %, sa valeur prédictive
sensibilité, les métastases ganglionnaires étant positive de 77,7 % et négative de 92,4 %.85,86 Les
souvent inaccessibles à la palpation. Les métasta- performances diagnostiques de l’échographie
ses osseuses sont richement vascularisées et parfois s’améliorent encore quand cet examen est couplé à
visibles à l’inspection sous forme de tuméfactions un dosage de thyroglobuline sous TSH recombi-
molles et chaudes (ceinture scapulaire et apophy- nante.85 Cet examen tend à supplanter la scintigra-
ses épineuses du rachis). phie diagnostique à l’iode 131 dont la sensibilité est
inférieure dans la détection de tissu tumoral rési-
Échographie cervicale duel ou de métastases.89
L’échographie cervicale est devenue l’examen clé
de la surveillance des cancers thyroïdiens.84–86 Ef- Cytoponction
fectué avec une sonde linéaire de haute fréquence Devant une suspicion échographique de récidive
(≥ 7,5 MHz) par un échographiste spécialisé, cet tumorale dans le lit thyroïdien ou d’adénopathies
examen a pour objectif de rechercher du tissu dans métastatiques, la cytoponction directe ou effec-
les loges thyroïdiennes (reliquat ou récidive tumo- tuée sous repérage échographique de la lésion est
rale) et des métastases ganglionnaires. Un schéma un examen très utile pour confirmer le diagnostic
doit être dressé au terme de l’examen, il est indis- de malignité. Utilisant des aiguilles fines (≥ 25 G),
pensable pour le chirurgien en cas de curage un étalement sur lame, une coloration de May-
(Fig. 9). Les critères échographiques de malignité Grünrwald-Giemsa, la cytoponction peut être com-
26 L. Leenhardt et al.

plétée d’un dosage de thyroglobuline dans le li-


quide de rinçage de l’aiguille après l’étalement sur
lame de la sérosité obtenue, ce qui améliore la
sensibilité diagnostique de la cytologie.90 La sensi-
bilité de la cytoponction en faveur de la malignité
varie de 76 à 89 % et la spécificité de 98 à 100 %
selon les séries.90,91

Radiographies
La radiographie du thorax a pour but de détecter
d’éventuelles métastases pulmonaires. Sa sensibi-
lité diagnostique est très faible surtout quand la
thyroglobuline est indétectable durant le suivi du
patient. Elle est donc réalisée lors du bilan initial et
n’est renouvelée que si le taux de thyroglobuline
est anormal.
Les radiographies osseuses sont indispensables
en cas de métastases osseuses qui sont ostéolyti-
ques. Figure 10 Acquisition sur dose thérapeutique d’iode 131. Visua-
lisation des reliquats cervicaux.
Dosage de la thyroglobuline (Tg)
Plusieurs techniques de dosage existent. Les tech- que. La fixation au niveau des zones de fixation
niques immunoradiométriques (IRMA) sont anormales est quantifiée par la méthode des RDI
conseillées. Un taux supérieur à 2 lg l–1 signe la (collimateur parallèle). Des images complémentai-
présence de tissu thyroïdien, normal ou pathologi- res sont effectuées si besoin (profils, précision de la
que. Le dosage doit s’accompagner d’une recher- position de l’œsophage, de l’estomac (pertechné-
che systématique d’éventuelles interférences dans tate) ou du foie (sulfure de technétium), tomoscin-
le dosage de la thyroglobuline (anticorps anti-Tg tigraphies.
par exemple, mais il existe d’autres types d’inter- La scintigraphie corps entier sur dose thérapeu-
férence et le test de surcharge donne une meilleure tique est un excellent examen qui devrait être
sécurité que la seule détermination des anticorps systématique après tout traitement par l’iode ra-
anti-Tg). dioactif. Sa sensibilité en faveur de la détection de
L’interprétation du dosage de Tg doit toujours se tissu tumoral résiduel, récidive et/ou métastases à
faire en connaissance du taux de TSH effectué distance est élevée. La scintigraphie sur dose dia-
simultanément. Le taux de Tg peut en effet être gnostique d’iode 131 tend à être abandonnée en
multiplié par 5 ou 10 après stimulation par la TSH. raison de sa faible sensibilité dans le suivi des
Cependant, ce taux peut être indétectable, alors cancers thyroïdiens différenciés à faible risque.
qu’existent d’authentiques métastases ganglion- Certains auteurs la jugent encore utile dans le suivi
naires et/ou à distance (environ 5 % des patients des patients à haut risque.93
avec métastases ganglionnaires isolées et 1 % des Pour interpréter de façon fiable le résultat d’une
patients avec métastases à distance).30 scintigraphie, il faut que le taux de TSH soit au
Le dosage de Tg reste cependant un excellent moins supérieur ou égal à 30 mU l–1, et qu’il n’y ait
indicateur du risque de récidive.92 pas de surcharge iodée (iodurie/24 heures ou sur
échantillon). La scintigraphie est contre-indiquée
Scintigraphie corps entier à l’iode 131 en cas de grossesse ou d’allaitement.
La scintigraphie corps entier à l’iode 131 est obte-
nue 5 jours après totalisation par 3,7 GBq d’iode Scanner et imagerie par résonance magnétique
131 (ou 24 heures et 48 heures après administration Ces examens sont pratiqués en cas d’élévation de la
d’une dose traceuse de 74 à 185 MBq (2 à 5 mCi) thyroglobuline à la recherche de métastases.
d’iode 131 lors du bilan 6 mois après la totalisation
isotopique). Un balayage corps entier, faces anté- Scintigraphie au fluoro-désoxy-glucose
rieure et postérieure, est pratiqué au collimateur Cet examen est prometteur dans le suivi des can-
parallèle : cou (Fig. 10), thorax, abdomen, bassin, cers thyroïdiens pas ou peu différenciés ne fixant
fémurs. Dans le cas de reliquats ou récidives cervi- pas ou peu le radio-iode.94–96 Le principe est fondé
caux, leur position exacte peut être précisée par sur le fait que les cellules tumorales ont un méta-
une image pratiquée avec un collimateur sténopéi- bolisme du glucose augmenté et vont, de ce fait,
Cancers de la thyroïde 27

fixer l’isotope. L’avantage est de pouvoir réaliser selon les équipes). Ensuite, les bilans sont effectués
cet examen sans arrêter la L-thyroxine. Il semble sous frénation tous les 3 à 5 ans à vie.
cependant que la sensibilité de l’examen soit
meilleure sous stimulation par la TSH.97 Thyrotropin recombinante humaine
La TSH est une glycoprotéine d’origine hypophy-
saire comprenant deux sous-unités alpha (com-
mune aux gonadotrophines) et bêta, spécifique à la
En bref
TSH. Le gène de la sous-unité bêta a été cloné et la
Les outils de surveillance du cancer thyroï- protéine peut être produite dans un système cellu-
dien différencié sont : laire par transfection avec les sous-unités alpha et
• l’échographie et le dosage de thyroglobuline bêta d’acide désoxyribonucléique (ADN) humain.
sous stimulation par la TSH recombinante qui D’importantes quantités de TSH recombinante puri-
sont le meilleur moyen de surveillance actuel fiée ayant les mêmes propriétés que la TSH native
pour les patients à faible risque ; sont produites. La commercialisation s’est effec-
• la scintigraphie sur dose thérapeutique tuée sous le nom de Thyrogen®.
d’iode 131 qui est extrêmement informative, Après injection de Thyrogen®, le pic de TSH est
contrairement à la scintigraphie sur dose dia- observé à J3 et le pic de Tg, s’il existe, à J5. Le
gnostique ; protocole d’utilisation du Thyrogen® est donc le
• la scintigraphie au fluoro-désoxy-glucose qui suivant.
est prometteuse ; sa généralisation devrait En cas de dosage de la Tg :
• J1 : injection en intramusculaire (i.m.) de Thy-
lui permettre de trouver sa place dans le
rogen® 0,9 mg par une infirmière ;
suivi de ces cancers.
• J2 : injection en i.m. de Thyrogen® 0,9 mg par
une infirmière ;
Modalités de suivi • J3 : dosage TSH, Tg ; test de surcharge ;
• J5 : dosage TSH, Tg ; test de surcharge ; écho-
Bilans sous stimulation par la thyrotropin graphie cervicale, consultation.
Les cancers thyroïdiens différenciés sont hormono- En cas de bilan isotopique diagnostique associé :
dépendants. L’élévation de la TSH stimule les cel- • J1 : injection en i.m. de Thyrogen® 0,9 mg par
lules tumorales. Cette hormonodépendance justifie une infirmière ;
que les bilans de surveillance de ces cancers s’ef- • J2 : injection en i.m. de Thyrogen® 0,9 mg par
fectuent en état de stimulation hormonale maxi- une infirmière ;
male, c’est-à-dire avec un taux de TSH extrême- • J3 : ingestion d’une gélule d’iode 131 (2-5 mCi) ;
ment élevé. C’est à ce moment-là que le dosage de dosage Tg ; test de surcharge ; TSH, échographie
thyroglobuline plasmatique est le plus sensible pour cervicale systématique ;
rechercher la présence de tissu tumoral résiduel ou • J4 : scintigraphie totocorporelle ;
des métastases. Cette hypothyroïdie peut être, • J5 : scintigraphie totocorporelle ; dosage TSH ;
aujourd’hui, obtenue de deux façons : Tg ; test de surcharge ; consultation.
• soit après un arrêt de 4 semaines de la Les avantages de l’utilisation du Thyrogen®
L-thyroxine, ou de 15 jours de la tri- sont :31
iodothyronine. L’avantage est de provoquer une • stimulation de la sécrétion de Tg et de la fixa-
stimulation endogène de la TSH de longue du- tion de l’iode 131 ;
rée. L’inconvénient est la survenue d’une hypo- • évitement de l’hypothyroïdie et amélioration de
thyroïdie profonde à l’origine d’asthénie, de la qualité de vie ;
prise de poids et d’arrêts de travail. Ces bilans • simplicité d’utilisation ;
sont appelés bilans en défreinage ; • effets secondaires minimaux (asthénie, cépha-
• soit, plus récemment, par stimulation par la TSH lées) ;
recombinante humaine qui a l’avantage d’éviter • pas de notion d’anticorps anti-rhTSH.
les effets secondaires de l’hypothyroïdie mais Les inconvénients sont :
qui provoque une stimulation exogène de la TSH • une stimulation de la sécrétion de Tg plus faible
plus brève. Ces bilans sont appelés bilans sous que lors de l’arrêt complet de la L-thyroxine
stimulation exogène par la TSH recombinante. pendant 4 semaines ;
Ces bilans sous stimulation par la TSH qu’elle soit • pas de diminution de la clairance rénale de
endogène (arrêt de la L-thyroxine) ou exogène (in- l’iode 131, donc nécessité d’une plus grande
jections de TSH recombinante) sont réalisés pen- activité d’iode 131 pour assurer une fixation de
dant plusieurs années suivant la thyroïdectomie et l’iode 131 similaire à celle obtenue lors d’un
la totalisation par l’iode (généralement 7 à 10 ans défreinage ;
28 L. Leenhardt et al.

• stimulation des cellules tumorales, a priori thérapeutique. Le traitement par L-thyroxine est
moindre qu’après défreinage classique car instauré avec un contrôle de TSH 6 semaines après,
beaucoup plus brève. puis à 3 mois.
Les performances diagnostiques sous TSH recom- Le bilan 6 mois après radio-iode s’effectue sous
binante des différents outils de surveillance des stimulation endogène (arrêt de la LT4) ou exogène
cancers thyroïdiens différenciés ont fait l’objet de (injection de TSH recombinante humaine) par la
nombreuses publications récentes.98,99,100,101–108 TSH. Il comprend :
Les conclusions sont les suivantes : le taux de Tg • une palpation attentive des loges thyroïdiennes
après stimulation par TSH recombinante est un et des aires ganglionnaires ;
moyen plus sensible de détection de tissu tumoral • un dosage de thyroglobuline couplé à celui de la
que le taux de Tg sous frénation. Sa sensibilité est TSH ;
légèrement inférieure à celle pratiquée après 4 se- • une échographie cervicale vérifiant la vacuité
maines de défreinage mais les performances sont des loges et l’absence de métastases ganglion-
globalement comparables à celles après défrei- naires ;
nage, en particulier chez les patients à faible ris- • une scintigraphie diagnostique à l’iode 131 (74 à
que. 185 MBq ; 2 à 5 mCi) dont l’intérêt est de vérifier
la destruction des reliquats thyroïdiens, l’ab-
Bilans sous traitement frénateur sence de fixation anormale en dehors du lit
Les bilans sous traitements frénateurs sont effec- thyroïdien (en l’absence de surcharge iodée).
tués tous les trois ans sans interruption du traite- L’intérêt de cet examen est actuellement
ment frénateur et sans limite d’âge. Ces bilans se controversé85,89 et il est en passe d’être aban-
déroulent en une seule matinée et comprennent donné chez les patients à faible risque au profit
une consultation avec examen clinique et des ex- de l’échographie couplée au dosage de la thyro-
plorations complémentaires (TSH, thyroglobuline, globuline sous TSH recombinante. Les perfor-
test de surcharge de la thyroglobuline, calcémie en mances diagnostiques de ces différents outils
cas d’hypoparathyroïdie connue ou suspectée, ra- sont résumées dans le Tableau 8.
diographie de thorax de face si Tg détectable à Quand l’échographie est normale et la thyroglo-
6 mois ou redevenant détectable ou en cas de buline indétectable sous stimulation, 6 mois après
métastases pulmonaires connues, échographie cer- traitement par le radio-iode, le risque de récidive
vicale éventuelle). est faible (< 1 %) chez les patients à faible risque.31
La surveillance est poursuivie de principe à vie
Protocoles de suivi selon les modalités variables des centres, 18 mois
après irathérapie puis tous les 3 ans ou bien annuel-
Nous proposons ici une revue des stratégies de suivi lement tout les ans (échographie et dosage de
des cancers thyroïdiens différenciés fondée sur les thyroglobuline).
données de la littérature et l’expérience recueillie Quand la thyroglobuline devient détectable ou
au sein du groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière (co- ne s’est jamais normalisée, la conduite à tenir
horte de plus de 5 000 cancers thyroïdiens suivis dépend du taux de thyroglobuline et est résumée
depuis 1958). dans la Figure 11 :
• au-dessus de 10 ng ml–1, l’administration d’une
Patients traités par thyroïdectomie totale dose thérapeutique d’iode 131 à visée diagnos-
et totalisation par l’iode 131 tique est justifiée quand il n’y a pas de point
La première étape est de s’assurer de l’absence de d’appel (pas de récidive patente à l’échographie
métastases à distance sur la scintigraphie sur dose cervicale, scanner cervicothoracique normal).

Tableau 8 Performances des outils diagnostiques utilisés dans le suivi des cancers thyroïdiens différenciés.
Outils diagnostiques Se % Sp % VPP % VPN %
Échographie 70 97,5 77,7 92,4
Scintigraphie Dg 20 100 100 91
rTSH Tg 78,2 100 100 98,6
% bons diagnostics rTSH Tg Scinti Dg rTSH Tg + écho RTSH Tg+ écho
Faible risque 85,7 4,7 100 85,7
Haut risque 84,6 33,3 92,3 100
Se : sensibilité ; Sp : spécificité ; VPP : valeur prédictive positive ; VPN : valeur prédictive négative ; TSH : thyroid stimulating
hormone ; Tg : thyroglobuline ; écho : échographie ; Dg : diagnostique.
Cancers de la thyroïde 29

Figure 11 Conduite à tenir en fonction du taux de thyroglobuline et des résultats de l’échographie cervicale dans le suivi des cancers
thyroïdiens différenciés. TSH : thyroid stimulating hormone.

Si la scintigraphie sur dose thérapeutique ne Complications évolutives


permet pas de retrouver la source de thyroglo-
buline (métastases non fixantes), la scintigra- Métastases à distance
phie au fluoro-désoxy-glucose (FDG) est indi-
quée ; Elles surviennent chez 10 à 15 % des patients por-
• entre 2 et 10 ng ml–1, il s’agit souvent de métas- teurs d’un cancer thyroïdien différencié. Elles ré-
tases ganglionnaires cervicales. Une échogra- sultent de la dissémination par voie sanguine et/ou
phie et une éventuelle cytoponction d’une adé- lymphatique de cellules cancéreuses. Leur surve-
nopathie sont les examens de choix ; nue aggrave considérablement le pronostic car ces
• un taux de Tg entre 0,15 et 2 ng ml–1 n’a pas de métastases constituent la principale cause de dé-
signification pathologique évidente et se norma- cès. Elles peuvent être inaugurales, révélatrices du
lise parfois spontanément. cancer dans la moitié des cas des cancers vésiculai-
res du sujet âgé ou survenir plus de 10 ans après la
Patients traités par thyroïdectomie totale tumeur initiale, justifiant un suivi très prolongé de
ou subtotale ces patients. Les facteurs pronostiques de survenue
Les indications de la totalisation par le radio-iode ont été bien étudiés et les thérapeutiques sont plus
ont été discutées précédemment. En cas d’absence efficaces en cas de détection précoce.
de totalisation, le premier bilan dans les 6 mois qui
suivent la chirurgie est effectué sous stimulation Circonstances diagnostiques
par TSH recombinante comprenant : une échogra- Les métastases à distance peuvent être révélées
phie cervicale, un dosage de Tg à J5 après stimula- par des douleurs, des signes neurologiques ou de-
tion, TSH et un éventuel bilan isotopique diagnos- vant une anomalie radiologique. Le principal point
tique sous stimulation pour documenter le reliquat d’appel est une élévation du taux sérique de thyro-
cervical restant. globuline. La scintigraphie corps entier effectuée
sur dose thérapeutique d’iode 131 permet de loca-
Patients traités par lobectomie seule liser la métastase à condition que celle-ci fixe
Les indications de la totalisation chirurgicale sont l’iode (deux tiers des cas). Les traitements itératifs
discutées ci-dessus au paragraphe Traitement ini- par l’iode diminuent la fixation. La disparition de la
tial. Le suivi en cas de lobe restant est fondé sur la fixation associée à une régression du volume tumo-
surveillance clinique et échographique de ce lobe ral sur les examens morphologiques et du taux de
couplée au dosage de thyroglobuline. thyroglobuline est un critère d’efficacité du traite-
30 L. Leenhardt et al.

ment. En revanche, la disparition de la fixation, 131 diagnostique ou thérapeutique. Un bilan scano-


associée à une progression tumorale, témoigne de graphique thoracique en coupes fines spiralées doit
la dédifférenciation tumorale et est un critère de être réalisé pour préciser le nombre, la localisation
gravité. et la taille des lésions. Cet examen sert de réfé-
rence pour apprécier l’évolution sous traitement.
Localisation des métastases Au moment du diagnostic, elles sont le plus souvent
Elles sont souvent multiples et siègent essentielle- multiples, bilatérales, prédominant aux bases,
ment au niveau des poumons et du squelette. L’at- macro- ou micronodulaires, réalisant parfois un
teinte osseuse concerne, par ordre de fréquence aspect de miliaire métastatique. Elles fixent le plus
décroissante, le rachis, le bassin, la ceinture scapu- souvent l’iode. Au cours de l’évolution, elles de-
laire, le crâne, le sternum. D’autres localisations viennent parfois non ou peu fixantes. Elles peuvent
métastatiques sont possibles : hépatiques, cuta- s’associer tardivement à un épanchement pleural
nées, cérébrales. Les métastases pulmonaires sont sérosanglant récidivant ou à une atteinte trachéo-
plus fréquentes en cas de cancer papillaire, alors bronchique.
que les métastases osseuses sont plus fréquentes
dans les cas de cancer vésiculaire du sujet âgé. Traitement
Le traitement des métastases pulmonaires est
Métastases pulmonaires fondé sur l’iode 131 lorsque les métastases fixent le
radio-iode.30 Le taux de guérison varie de 96 % pour
Elles représentent 40 à 80 % des localisations mé-
les patients de moins de 40 ans qui présentaient
tastatiques du cancer papillaire et 30 % de celles du
une radiographie standard normale mais une fixa-
cancer folliculaire.
tion pulmonaire sur la scintigraphie, à 7 % chez les
patients de plus de 40 ans qui présentaient une
Description
atteinte macronodulaire sur la radiographie stan-
Elles surviennent plus fréquemment chez le sujet dard.74 Des taux de guérison moins importants ont
jeune et sont le site presque exclusif chez l’enfant. été rapportés par d’autres équipes. Le traitement
Elles sont rarement révélatrices du cancer thyroï- consiste à administrer 100 à 200 mCi d’iode 131 en
dien. Elles sont diagnostiquées sur la radiographie chambre protégée à un patient en défreinage. Ce
thoracique ou surtout sur la scintigraphie réalisée traitement peut être répété à plusieurs reprises
après l’administration de la dose ablative d’iode avec un intervalle libre de 6 à 12 mois. La dose
131 (Fig. 12), ou au cours de l’évolution. Dans ce maximale cumulée doit tenir compte des risques de
cas, on observe le plus souvent un taux de thyroglo- fibrose pulmonaire (chez l’enfant) et des risques
buline augmenté associé ou non à une fixation dans hématologiques constatés pour des doses de plus de
l’aire thoracique sur la scintigraphie à l’iode 600 mCi. En cas de métastase volumineuse ou ne
fixant pas le radio-iode, le recours à la chirurgie
peut être envisagé au cas par cas si la ou les
métastases sont complètement réséquables.
Les chimiothérapies n’ont jusqu’alors pas prouvé
leur efficacité. Des essais cliniques sont en cours
avec l’acide rétinoïque dans le cadre des métasta-
ses non fixantes dans le dessein d’induire une redif-
férenciation des métastases les rendant alors ac-
cessibles à un traitement par le radio-iode.

Métastases osseuses

Description
Elles représentent la deuxième localisation la plus
fréquente, c’est-à-dire 2,5 à 12,5 % des métastases
à distance des cancers thyroïdiens différen-
ciés.43,75–77,109–111 Elles sont plus fréquentes chez le
sujet âgé et en cas de cancer folliculaire.30 L’as-
pect radiologique des métastases osseuses est tou-
jours ostéolytique. Elles sont fréquemment d’em-
blée multiples.
Figure 12 Métastases pulmonaires : fixation bilatérale et in- Les métastases peuvent être révélatrices du can-
tense de l’iode 131 au niveau des deux champs pulmonaires. cer thyroïdien dans 50 à 74 % des cas selon les
Cancers de la thyroïde 31

Figure 13 Métastases osseuses rachidiennes d’un cancer thyroïdien, visualisées à l’imagerie par résonance magnétique et à la
scintigraphie sur dose thérapeutique d’iode 131.

séries.43,51,80,109 Cette variation du mode de pré- • la cimentoplastie qui consiste à injecter du ci-
sentation dépend pour une large part du mode de ment dans la métastase pour la consolider et
recrutement des services. Les signes d’appel les éviter une fracture secondaire ;
plus fréquents sont : tuméfaction battante, dou- • l’iode radioactif administré à la dose de 100 à
leurs, complications neurologiques (à type de com- 200 mCi en doses espacées de 6 à 12 mois tant
pression médullaire dans le cas de métastases ver- que les métastases fixent l’iode selon les mêmes
tébrales) et complications orthopédiques (à type de modalités et limites que pour les métastases
fracture). Elles peuvent aussi être découvertes lors pulmonaires (cf. infra) ;
du bilan initial du cancer ou lors de l’évolution • la radiothérapie externe à visée palliative dans
(respectivement 14 et 24 % des cas dans la série de un but antalgique.
la Pitié,43 révélées par une fixation pathologique au Le traitement des métastases osseuses repose
niveau du squelette sur une scintigraphie à l’iode sur trois règles :
131 et/ou par l’existence d’un taux de thyroglobu- • traiter les complications neurologiques en ur-
line très augmenté (le plus souvent > 1 000 lg l–1). gence ;
La fixation du radio-iode par les métastases est le • prendre en charge les douleurs ;
plus souvent observée (Fig. 13). En cas de non- • assurer la stabilité des lésions pour éviter une
fixation par l’iode de la métastase, la tomographie complication orthopédique ou neurologique se-
à émission de positons au fluoro-désoxy-glucose condaire.
(18FDG TEP) est utile. Les localisations préféren- Quand l’exérèse carcinologiquement complète
tielles des métastases osseuses concernent le sque- est possible, le traitement chirurgical doit être
lette axial et proximal. Dans la série de la Pitié,43 tenté. Cependant, l’atteinte métastatique est le
on retrouvait, par ordre de fréquence (plusieurs plus souvent multiple, laissant une place le plus
sites pouvant être atteints simultanément) : le souvent palliative à la chirurgie. En cas de compres-
rachis (68 %), le bassin (57 %), les côtes et les sion médullaire, une laminectomie à visée décom-
omoplates (36 %), le fémur (19 %), l’humérus (16 %) pressive peut être réalisée. L’indication chirurgi-
et le crâne (17 %). Une localisation distale de cale dépend aussi largement de l’état général du
métastase osseuse doit remettre en cause le dia- patient et du pronostic vital. En cas de pronostic
gnostic de métastase d’origine thyroïdienne. vital médiocre et de mauvais état général, on pré-
fère utiliser des méthodes thérapeutiques moins
Traitement lourdes, réalisables sous neuroleptanalgésie
Les outils disponibles sont : comme la cimentoplastie pour consolider une lé-
• le traitement chirurgical palliatif le plus souvent sion sur zone portante ou l’embolisation sur une
ou curatif si possible ; lésion située sur une zone non portante. L’effet
• l’embolisation des métastases soit en préopéra- antalgique est immédiat par diminution de la masse
toire pour diminuer la vascularisation de la tu- tumorale pour l’embolisation ou par stabilisation
meur et faciliter le geste chirurgical, soit isolé- des lésions pour la cimentoplastie. Des scores pro-
ment en traitement palliatif de la douleur ; nostiques tel le score de Tokuhashi prenant en
32 L. Leenhardt et al.

compte l’atteinte métastatique, le cancer primitif Circonstances diagnostiques


initial et l’état général du patient ont été validés Les récidives locorégionales sont généralement dé-
par des chirurgiens permettant ainsi de définir couvertes par l’examen clinique (palpation cervi-
l’importance du geste chirurgical en fonction du cale, plus rarement signes de compression, dyspho-
pronostic global et du risque de complication. nie, dyspnée) ou bien par une anomalie des
Parmi les autres thérapeutiques en cours d’éva- examens réalisés au cours du suivi : fixation cervi-
luation, l’acide rétinoïque permettrait de rediffé- cale anormale de l’iode sur une scintigraphie dia-
rencier une métastase non fixante pour permettre gnostique ou thérapeutique à l’iode 131, élévation
ensuite un traitement par radio-iode. Des essais de la thyroglobuline, images échographiques sus-
thérapeutiques sont en cours, mais le bénéfice pectes au niveau des aires ganglionnaires ou du lit
semble peu important pour l’instant. Les chimio- thyroïdien (adénopathie globuleuse, dont la tex-
thérapies classiques sont de faible efficacité avec ture échographique rappelle celle de la thyroïde,
une toxicité supérieure au bénéfice attendu. Elles masse solide hypoéchogène dans la loge) (Fig. 8)
ne doivent être envisagées que lorsque les autres pouvant faire l’objet d’une cytoponction éventuel-
possibilités thérapeutiques sont dépassées et en lement échoguidée. Une fixation anormale cervi-
prenant en compte la possibilité d’une survie pro- cale lors d’une scintigraphie au FDG permet de
longée en l’absence de traitement. suspecter une récidive, en particulier celles ne
fixant pas le radio-iode.
Récidives locorégionales
Facteurs pronostiques de la survenue
d’une récidive
Les récidives locorégionales surviennent chez 5 à Les facteurs pronostiques de survenue d’une réci-
27 % des patients porteurs d’un cancer thyroïdien dive ont été analysés dans de nombreuses sé-
différencié.47,63,68,112–114 Ces récidives sont locali- ries.1,47,48,61,63,115 Les rechutes sont plus fréquen-
sées le plus souvent dans les ganglions cervicaux tes en cas d’âge supérieur à 45 ans lors du
(chaînes récurrentielles et/ou jugulocarotidiennes) traitement initial, d’histologie peu différenciée, de
(60-75 % des cas), dans le lit thyroïdien dans 20 % tumeur thyroïdienne volumineuse, d’effraction de
des cas (Fig. 14) et au niveau de la trachée ou des la capsule et d’envahissement des tissus périthyroï-
muscles environnants dans 5 % des cas.68 Ces rechu- diens, de métastases ganglionnaires multiples bila-
tes surviennent en moyenne dans les 5 à 10 premiè- térales avec effraction capsulaire. Concernant le
res années du suivi. Il faut distinguer les récidives traitement initial, les rechutes sont plus fréquentes
ganglionnaires du sujet jeune, de survenue précoce après lobectomie qu’après thyroïdectomie to-
qui sont généralement de pronostic favorable, et tale.47,61,63,68,116 La totalisation par l’iode radioac-
les récidives situées dans les loges thyroïdiennes, tif diminue le risque de récidive en détruisant les
survenant chez le sujet de plus de 45 ans. Ces reliquats restants et en permettant, 5 jours après le
dernières sont de pronostic défavorable et sont traitement, de vérifier l’importance des reliquats
causes de mortalité. cervicaux qui vont être détruits et l’absence de
fixation anormale à distance ou cervicale latérali-
sée en faveur de métastases ganglionnaires rési-
duelles.

Traitement des récidives


Le traitement est avant tout chirurgical, compre-
nant un curage ganglionnaire en cas de récidive
ganglionnaire ou un abord de la loge avec exérèse
de la masse si celle-ci est bien visualisée dans la
loge. Un traitement par l’iode 131 est générale-
ment administré après la chirurgie. Parfois, ce trai-
tement peut être préféré en première intention à la
chirurgie quand la récidive est de petite taille,
difficile à mesurer à l’échographie alors qu’il existe
à l’évidence une fixation anormale cervicale à la
scintigraphie à l’iode 131 et une sécrétion anor-
Figure 14 Récidive cervicale clinique chez un patient de 78 ans
diagnostiqué 3 ans après le traitement initial (thyroïdectomie et
male de thyroglobuline. Chirurgie et traitement par
totalisation par l’iode radioactif) d’un cancer thyroïdien vésicu- le radio-iode peuvent aussi être combinés avec en
laire. premier administration du traitement radioactif,
Cancers de la thyroïde 33

visualisation des foyers à opérer par scintigraphie cervicale. La tumeur se révèle classiquement par
puis chirurgie cervicale en s’aidant pour la localisa- une masse cervicale qui augmente rapidement de
tion de la récidive d’une sonde de détection pero- volume, accompagnée, dans la moitié des cas, de
pératoire à l’iode 131. En postopératoire, la scinti- signes de compression avec dyspnée, dysphagie,
graphie est recontrôlée pour vérifier la disparition dysphonie. Une douleur cervicale antérieure est
des foyers cervicaux. présente dans un tiers des cas. Plus rarement, le
La morbidité liée à la réintervention est plus signe d’appel est lié à des métastases cutanées,
élevée que lors de la chirurgie initiale. Il s’agit de intestinales, ou osseuses, qui amènent alors à dé-
risque d’hypopararthyroïdie, diminué par l’auto- couvrir la masse cervicale. Dans environ la moitié
transplantation des parathyroïdes, et la paralysie des cas, la masse est fixée, intéresse les deux lobes
récurrentielle. thyroïdiens et mesure plus de 5 cm de grand axe et,
En cas d’envahissement de l’axe aérodigestif, le dans un tiers des cas, des adénopathies cervicales
bilan préopératoire précise l’extension des lésions métastatiques sont présentes. La masse est solide,
(scanner, imagerie par résonance magnétique hypoéchogène à l’échographie et froide à la scinti-
[IRM], fibroscopie digestive et/ou bronchique). La graphie. Les patients sont habituellement euthyroï-
chirurgie peut consister en la résection d’un anneau diens. Les taux de calcitonine, d’antigène carci-
trachéal ou d’une pastille œsophagienne. L’indica- noembryonnaire (ACE), et d’énolase neurone
tion d’une radiothérapie externe est discutée au spécifique sont normaux. L’extension de la maladie
cas par cas. est rapide. Elle est évaluée par échographie, sca-
nographie, scintigraphie osseuse et endoscopies à
Survie et facteurs pronostiques après récidive la recherche d’un envahissement des structures de
La survie après récidive est de 70, 50 et 34 % à 5, voisinage (ganglions cervicaux et médiastinaux,
10 et 20 ans avec une médiane de survie d’environ trachée, œsophage, vaisseaux et muscles du cou)
10 ans. La survie est similaire chez les hommes et et de localisations à distance, pulmonaires, osseu-
les femmes, mais bien meilleure pour les patients ses, hépatiques et cérébrales. La survie est en
de moins de 45 ans au moment de la récidive (à 5, moyenne de 9,7 % (2-26 %) à 1 an. La résection
10 et 20 ans, la survie est de 93, 89 et 77 % chez les chirurgicale, l’absence de métastase au diagnostic,
patients de moins de 45 ans contre 58, 33 et 18 % la réalisation d’une radiothérapie sont des facteurs
pour ceux de plus de 45 ans. La mortalité varie améliorant le pronostic.
selon les séries de 15 à 38 %.73,112,113,117–119 Les
facteurs pronostiques de mortalité après récidives Difficultés diagnostiques
sont un âge supérieur ou égal à 45 ans, un type
histologique vésiculaire, une effraction capsulaire Le carcinome thyroïdien indifférencié peut simuler
concernant le cancer primitif, la présence de mé- plusieurs types de sarcomes. La présence de sec-
tastases à distance avant le diagnostic de récidive, teurs épithéliaux identifiables avec la technique
l’absence de totalisation initiale par le radio- standard ou par immunohistochimie avec les anti-
iode.48,117,124 La surveillance est fondée sur l’écho- corps anticytokératine ou par la mise en évidence
graphie cervicale, la thyroglobuline, et la scintigra- de desmosomes et de microvilli par l’étude ultra-
phie corps entier à l’iode 131 ou au FDG. structurale permet le diagnostic car la thyroglobu-
line est rarement détectée et toujours très faible-
ment. La source d’erreur la plus commune est le
lymphome de haut grade de malignité. Les cellules
Diagnostic et traitement du cancer lymphomateuses sont de plus petite taille et plus
anaplasique rondes. Les cellules lymphomateuses sont habituel-
lement immunoréactives avec l’antigène commun
Diagnostic leucocytaire et toujours négatives avec les anti-
corps anticytokératine. Certains carcinomes mé-
Le carcinome indifférencié primitif de la thyroïde dullaires de la thyroïde sont trompeurs lorsqu’ils
représente 5 à 10 % des cancers thyroïdiens. C’est sont pléiomorphes avec des cellules à noyau mons-
essentiellement un cancer du sujet âgé avec un trueux et/ou avec des cellules fusiformes. L’appli-
diagnostic initial posé entre 50 et 60 ans, mais cation des anticorps anticalcitonine et antichromo-
quelques cas ont été recensés avant 40 ans. Selon granine est alors nécessaire.120 Le CP dans sa
les séries, il touche trois à quatre fois plus les variante d’architecture compacte comporte les
femmes que les hommes. Il est plus fréquemment atypies nucléaires caractéristiques des carcinomes
observé dans les régions de goitre endémique et de type papillaire, une activité mitotique minime
certains patients ont des antécédents d’irradiation et un pléiomorphisme moindre. Une confusion est
34 L. Leenhardt et al.

parfois possible avec le carcinome thyroïdien peu quement un aspect de « chair de poisson », et avec,
différencié insulaire. Enfin, il faut distinguer les à la coupe, une surface bombée. La lésion est
carcinomes thyroïdiens vésiculaires ou papillaires habituellement bien limitée mais non encapsulée,
qui présentent des secteurs de carcinome indiffé- mais elle peut envahir le tissu périthyroïdien dans
rencié et ont une évolution conditionnée par ces 50 à 60 % des cas.
secteurs mais il semble que le pronostic soit un peu Les lymphomes peuvent être classés selon la
moins défavorable si le contingent indifférencié est terminologie appliquée au tissu lymphoïde. La plu-
peu représenté.121 part d’entre eux sont des lymphomes non hodgki-
niens d’immunophénotype B. Théoriquement, la
Traitement majorité sont des lymphomes de type MALT (tissu
lymphoïde associé aux muqueuses). Selon la classi-
La survie n’est pas modifiée par la chirurgie, la fication OMS, on en distingue quatre principaux
radiothérapie ni la chimiothérapie lorsque ces trai- types :
tements sont utilisés isolément. La survie médiane • lymphome de la zone marginale, constitué en
n’est alors que de 2 à 6 mois. La réduction chirur- grande partie de petites cellules lymphoïdes
gicale doit être effectuée chaque fois qu’elle est accompagnées en proportion variable de cellu-
possible mais ne doit pas retarder le début du les centrocytes-like, de plasmocytes, de cellu-
protocole de radiochimiothérapie car ce dernier les lymphoplasmocytoïdes, de cellules B mono-
n’a pas d’impact sur les métastases à distance. cytoïdes et de grands lymphocytes épars ;
Seuls des protocoles combinant plusieurs modalités • lymphome B de la zone marginale avec foyers de
thérapeutiques peuvent améliorer le contrôle local transformation à grandes cellules ;
et permettre des survies supérieures à 12 mois.122 • lymphome à grandes cellules, type le plus fré-
quent ;
• exceptionnellement, lymphome folliculaire.
Diagnostic et traitement du lymphome14 Des plasmocytomes primitifs thyroïdiens ont éga-
lement été décrits.
Diagnostic Les cellules tumorales compriment et infiltrent
les vésicules thyroïdiennes ou s’accumulent dans
La plupart des cas concernent des patients d’âge leur lumière. Ces lésions lymphoépithéliales ne
moyen ou surtout dans la sixième décennie. Selon sont pas cependant spécifiques. Il existe une plas-
les séries, il y a deux à huit fois plus de femmes que mocytose périvasculaire et, dans 25 % des cas, on
d’hommes. Le lymphome se révèle par une sympto- note une infiltration des parois vasculaires. Les
matologie évocatrice d’une tumeur maligne de la cellules tumorales sont positives pour les mar-
thyroïde : rapide augmentation globale de volume queurs des cellules lymphoïdes B (CD 20, CD 79 a).
de la thyroïde ou apparition d’un nodule thyroïdien. Les lymphomes non hodgkiniens de la zone margi-
À la palpation, la thyroïde est globalement aug- nale sont CD 20+, CD5–, CD 10–. La présence du virus
mentée de volume ou multinodulaire ou plus rare- Epstein-Barr a été détectée dans certains cas. L’as-
ment le siège d’un seul nodule. La glande est sou- sociation à d’autres lymphomes du MALT, en parti-
vent ferme, voire dure et parfois même fixée. Des culier du tractus gastro-intestinal n’est pas rare.14
adénopathies cervicales sont retrouvées dans envi- Exceptionnellement, des lymphomes T primitifs
ron 20 % des cas. Dans environ 25 % des cas sont thyroïdiens ont été authentifiés avec les marqueurs
présentes une dysphagie, une dysphonie et/ou une des cellules lymphoïdes T, CD 3 et CD 5.
dyspnée. Plus rarement, il existe une paralysie des Les lésions histologiques des lymphomes primi-
cordes vocales. L’hypothyroïdie est présente chez tifs de la thyroïde doivent être distinguées, surtout
40 % des patients. Il existe souvent une pathologie dans les formes de faible malignité à petites cellu-
thyroïdienne préexistante, presque toujours une les, de l’infiltration lymphocytaire de la thyroïdite
thyroïdite auto-immune lymphocytaire chronique. d’Hashimoto à partir de laquelle elles peuvent se
La masse palpée est solide, hypoéchogène en écho- développer.
graphie et froide en scintigraphie. Le scanner est
intéressant pour voir l’extension ganglionnaire cer- Traitement
vicale et médiastinale. L’examen cytologique peut
être difficile. Une biopsie chirurgicale est toujours Les lymphomes primitifs de la thyroïde ont une
nécessaire. À l’étude macroscopique, la tumeur est évolution longtemps locorégionale. Le traitement
ferme à molle, lobulée, multinodulaire ou diffuse, dépend du stade de la maladie et du type histolo-
solide ou parfois kystique avec fréquemment des gique. Les lymphomes de la zone marginale ont un
foyers hémorragiques et nécrotiques, avec classi- pronostic très favorable tandis que les lymphomes à
Cancers de la thyroïde 35

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