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LA POROSITÉ AU MONDE.
L’ÉCRITURE DE L’INTIME
CHEZ LOUISE WARREN ET PAUL CHAMBERLAND
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NICOLETTA DOLCE
La porosité au monde
L’écriture de l’intime
chez Louise Warren et Paul Chamberland
L’auteure tient à remercier les fonds FCAR et FQRSC pour le soutien accordé
lors de la rédaction de cet ouvrage.
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REMERCIEMENTS
AVANT-PROPOS
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AVANT-PROPOS
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AVANT-PROPOS
DES PRÉCISIONS
L’INTIME
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dans une double voie qui l’amène, d’un côté, à s’ouvrir à une
dimension et à des préoccupations mondiales et, de l’autre, à
plonger dans une micro-histoire alimentée par la mémoire et la
quotidienneté. Toutefois, ce double parcours épistémologique
trouve ses raisons d’être dans l’origine du mot intime1.
D’un point de vue étymologique, le terme intime dérive de
l’adverbe latin intus, qui signifie « dedans ». De celui-ci découlent
intimus, le superlatif, et interior, le comparatif. En réalité, entre
les deux mots, il n’y a qu’une différence de degré, puisque l’idée
générale sous-jacente repose sur « ce qui est le plus intérieur »
(Serfaty-Garzon, 1999 : 62). Dans la première édition du Dic-
tionnaire de l’Académie française (1694), la glose du terme
intime renvoie « à une profonde affection unissant deux êtres »
(Beauverd, 1976 : 15). La cinquième édition (1794) attribue au
lexème une acception différente. Dès Bossuet, dès Fontenelle,
« la profondeur peut subir un double et considérable dépla-
cement : elle n’est plus nécessairement celle qui caractérise un
sentiment unissant deux êtres : elle peut s’éprouver chez un seul
être, dans une simple relation de soi à soi ; et caractérise moins
un sentiment qu’une attitude intellectuelle » (1976 : 16). Dans la
sixième édition (1835), dès Buffon, d’après les exemples donnés
par le Littré, au concept d’intime correspond l’explication sui-
vante : « […] ce qui fait l’essence d’une chose ou […] ce qui lie
étroitement certaines choses entre elles » (1976 : 16). Il faut re-
marquer que, dans cette version, la présence de l’individu n’est
plus nécessaire ; la notion de profondeur reste le fil conducteur
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L’INTIMISME
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LA SÉCULARISATION
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L’INDUSTRIALISATION, LE CAPITALISME,
LA CROISSANCE URBAINE ET LA BOURGEOISIE
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LES EFFETS
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La famille
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L’espace
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son interlocuteur1. Dans ces endroits, « les gens font ainsi l’expé-
rience de la sociabilité sans révéler grand-chose de leurs senti-
ments, de leur histoire personnelle ou de leur position sociale »
(Sennett, 1979 : 73). Il suffit de penser au café Procope, ouvert à
Paris en 1695 par un Sicilien, où se réunissaient Bernard de
Fontenelle, Alexis Piron, Voltaire, Denis Diderot et Jean-François
Marmontel, ou encore au café Ayotte, rue Sainte-Catherine à
Montréal, surnommé le Petit Procope, endroit où, tous les same-
dis soirs, à partir de l’hiver 1895, le groupe des Six Éponges,
formé entre autres par Jean Charbonneau, Joseph-Marie
Melançon, Henry Desjardins et Louvigny de Montigny, se retrou-
vait afin de discuter de littérature, de musique et de philosophie,
dans une atmosphère ludique.
Néanmoins, vers les années 1740, l’apparition des clubs in-
troduit un nouveau concept : celui de la privatisation de l’espace
public. La mise en place de ces cercles, qui seront couronnés
d’un large succès au XIXe siècle, repose sur un principe sélectif
très simple : on peut choisir son auditoire selon ses champs
d’intérêt en excluant tous ceux dont la vie personnelle demeure
inintéressante. L’art de la conversation, conventionnelle et for-
melle dans les maisons de café, devient agréable dans les clubs
puisqu’elle s’individualise. Il en est ainsi pour le club de l’Entre-
sol, fondé par l’abbé Pierre-Joseph Alary, en 1720, à l’entresol de
l’hôtel du président Charles-Jean-François Hénault, place Ven-
dôme, défini par le marquis d’Angenson comme « une espèce de
club à l’anglaise ou de société politique parfaitement libre, com-
posée de gens qui aimaient à raisonner sur ce qui se passait…
et dire leur avis sans crainte d’être compromis » (Castex et Surer,
1966 : 9). Dans La vie littéraire au Québec, on souligne qu’« au
cours des XVIIe et XVIIIe siècles, le modèle associatif français évo-
lue d’une façon fort différente du modèle britannique. Sous la
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1. Madelénat (1989 : 46) cite ici Philippe Perrot, Le travail des appa-
rences, Paris, Seuil, 1984, p. 126-127. Le commentaire que formule Alain
Corbin à ce propos est éclairant : « Au XIXe siècle, la pudeur et la “honte”
prétendent régir les comportements. Derrière ces termes, se cache un
double sentiment : d’une part, la crainte de voir l’Autre – le corps – s’ex-
primer, la hantise de laisser l’animal passer le bout de l’oreille ; d’autre
part, la crainte que le secret intime ne soit violé par l’indiscret, au désir
attisé par toutes les précautions destinées à masquer ce trésor » (1987 :
450).
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LE CULTE DE LA PERSONNALITÉ
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LE NARCISSISME
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Aubin, qui expriment dans bon nombre de leurs vers les senti-
ments patriotiques des Canadiens, se laissent aller, de temps à
autre, à des préoccupations intimes. Le premier, dans « Élégie » et
« Le tombeau d’Émilie », témoigne de l’errance et de la solitude
de l’exil ainsi que de la perte de la femme aimée ; le second,
dans « Le songe », semble verser dans la poésie amoureuse et,
dans « Tristesse », paraît réunir « les principales tendances de la lit-
térature romantique : langueur, fièvre ardente, solitude, détresse,
mélancolie » (Lemire, 1991, 341). C’est le portrait du héros soli-
taire, « dont les élans du cœur ont exténué la force » (Beausoleil,
1997 : 15), qui ressort de ce tableau. Il s’agit d’une figure litté-
raire introduite, au début des années 1920, par Joseph Berchoux,
qui en exaltait surtout le côté misérabiliste et indigent. Souli-
gnons que cet aspect sera repris par Barthe, dont la conception
pessimiste de la vie accentuera davantage les traits de caractère
du poète malheureux et incompris. Néanmoins, à cette époque,
d’après Marcotte, « écrire des poèmes intimes reste une pratique
marginale. Les préoccupations patriotiques sont en première
ligne » (1996 : 73). À ce propos, il suffit de rappeler qu’en 1844
est fondé l’Institut canadien à Montréal, siège d’un romantisme
engagé, dont les émules, au risque d’être incarcérés, prennent
part aux actes politiques qui bouleversent le pays ; ce sera le cas
de Barthe qui, en 1838, à la suite de la publication dans Le Fan-
tasque du poème « Aux exilés politiques canadiens », passera
quelques mois en prison.
L’année 1863 est marquée, entre autres, par la parution de
Mes loisirs, de Fréchette, qui constitue le premier recueil de poè-
mes publié au Canada. Il précède les Essais poétiques, de Léon-
Pamphile Lemay, édité en 1865, ainsi que Les miettes, d’Henri-
Raymond Casgrain, publié en 1869. Ces recueils, bien que
parcourus encore d’une veine patriotique assez marquante qui
emprunte, surtout dans le cas de Fréchette et Casgrain, des sujets
à l’histoire nationale, au folklore et aux légendes, contiennent
des poèmes dans lesquels le moi, délesté de plus en plus de
l’instance collective, trouve une voie d’expression plus intime et
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Dans ces deux poèmes, le sujet exacerbé, chez qui les mêmes
sources auditives – le vent et la cloche – ne font que déclencher
la réflexion, suit le fil d’une trame méditative de longue haleine
dans laquelle l’espace imaginatif, réduit à la seule dimension
subjective et intime, est habité par un cœur triste (« Mon cœur
est triste et mon corps las » – Lozeau) et lassé (« Soudain, ma
pensée entre aux dormants cimetières / Et j’ai la vision, douce à
mon cœur lassé / de leurs gîtes fleuris aux croix hospitaliè-
res » – Garneau).
En faisant abstraction du cas d’Émile Nelligan, qui a abon-
damment été traité, on remarque qu’une nouvelle tendance inti-
miste tend à s’affirmer pendant les trente premières années du
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L’INTIME – L’INTIMISME :
LA PERSPECTIVE CONTEMPORAINE
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1. Cette voie avait déjà été ouverte par les réflexions de Walter
Benjamin, Karl Marx et Friedrich Nietzsche.
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L’INDIVIDUALISME ET LE NARCISSISME
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INTRODUCTION
1. Les recueils suivants ont été analysés (voir la table des abrévia-
tions des titres pour la référence complète) : L’amant gris (1984), Made-
leine de janvier à septembre (1985), Écrire la lumière (1986), Comme
deux femmes peintres (1987), Notes et paysages (1990), Terra incognita
(1992), Le lièvre de mars (1994) et Noyée quelques secondes (1997). Les
recueils Suite pour une robe (1999), La lumière, l’arbre, le trait (2001),
La pratique du bleu (2002), Soleil comme un oracle (2003) et Une pierre
sur une pierre (2006) sont cités dans cet ouvrage, mais n’ont pas consti-
tué le sujet d’une étude approfondie puisqu’ils sont surtout centrés sur
la problématique de la création artistique. Les deux essais Interroger
l’intensité (1999) et Bleu de Delft. Archives de solitudes (2001) ont repré-
senté un appui indispensable lors de la lecture et de l’analyse des poè-
mes. Je signale la parution des essais Objets du monde. Archives du vi-
vant (Montréal, VLB éditeur, 2005), Le livre des branches (Orléans, Le
Pli, 2005), La forme et le deuil. Archives du lac (Montréal, l’Hexagone,
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L’AMANT GRIS :
L’ESPACE DU DÉSIR, L’ESPACE DE LA MÉMOIRE
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ÉCRIRE LA LUMIÈRE
Avec les recueils qui scandent la période 1986-1991, Écrire
la lumière, Comme deux femmes peintres et Notes et paysages,
œuvres marquant un jalon dans le cheminement poétique de
Warren, le triple parcours intime de l’auteure prend forme gra-
duellement pour se définir davantage et clairement dans Terra
incognita, paru en 1991. Ce parcours se déploie sur trois pistes
souvent complémentaires : la première est représentée par l’ap-
profondissement, le trajet vers les sources de l’individualité, la
deuxième se concrétise dans l’ouverture du sujet à autrui et la
troisième retrace les liens que le sujet tisse avec la réalité objec-
tale. Comme on l’a constaté en esquissant les lignes de fond de
l’intimisme contemporain, cette figure de l’autre est investie d’un
double rôle : elle peut soit ourdir la trame de la petite histoire et
lui conférer une dimension familière, affective et mémorielle, ce
qui ressort déjà dans la première production de la poète, soit
tisser la trame de la grande histoire et devenir un symbole de la
condition humaine. Dans cette vision bifocale, où les résonances
entre l’individuel et l’universel se complètent et se compénè-
trent, le sujet, qui habite l’espace d’une quotidienneté apparem-
ment ordinaire, explore de temps à autre celui d’une universalité
aux frontières poreuses. En d’autres termes et d’une manière
apparemment contradictoire,
ce serait donc dans un geste […] qui conduit le sujet à « s’exti-
mer« » (pour reprendre un néologisme lacanien), autrement dit
à se déporter à la limite extérieure de lui-même, que l’intime
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C’est sans doute le langage non verbal qui unit les deux amants
dans un matin de tendresse, de fatigue et de sensualité. Dans ce
poème, la présence à l’autre se concrétise surtout par le contact
visuel : c’est dans les yeux de son partenaire que la femme se
reconnaît vivante, c’est à travers ses yeux qu’elle peut entrer en
contact avec le monde extérieur. « Il faut entrer dans le regard de
l’autre pour sentir et voir l’autre et nous percevoir à travers
l’autre » (II : 111), constate l’auteure, sur un ton vaguement lévi-
nassien ante litteram, dans son recueil d’essais Interroger l’in-
tensité, œuvre publiée en 1999 et regroupant un ensemble
d’essais consacrés tant à différentes formes d’art qu’à la pratique
de l’écriture. Je souligne l’expression « vaguement lévinassien
ante litteram », car la lecture des textes d’Emmanuel Levinas
accompagnera la réflexion de Warren entre 1999 et 2001, date
qui marque la fin de cette plongée dans le monde du philo-
sophe1. Les commentaires de l’auteure sont éclairants :
Je ne remercierai jamais assez le professeur Leonard Rosmarin
de m’avoir offert son livre Emmanuel Levinas, humaniste de
l’autre homme. C’est exactement l’ouvrage que je cherchais
pour mieux comprendre la pensée de ce philosophe qui,
même dans ce que je ne saisis pas, éclaire ou relance un
mouvement intérieur qui me conduit à l’écriture (BD : 79-80).
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mars. C’est d’ailleurs cette voix qui, accompagnée par les échos
de Virginia Woolf, d’Anne Hébert et de Sylvia Plath, descendra
dans les profondeurs aqueuses d’un lac à la rencontre d’une
langue et qui, dans sa chute, donnera naissance à Noyée quel-
ques secondes. Dans ce recueil, le visage, « ce reflet perdu, je l’ai
rendu visible à l’intérieur du procédé poétique, à travers divers
jeux de reflets afin que l’écriture vienne suppléer au double
absent » (II : 39), constate lucidement l’auteure. Une telle affirma-
tion met en évidence la fonction que Warren attribue à l’univers
de l’art ; il s’agit en effet d’un univers dans lequel « sont subsu-
més la réalité et l’imaginaire » (Dupré, 1996 : 75).
Cependant, si l’on voulait pousser un peu plus loin la ré-
flexion, on pourrait se questionner sur la prégnance de ce visage
et sur le sens de sa perte. Au premier abord, j’exclurais ici la
signification que Gilles Deleuze et Félix Guattari, auteurs connus
et lus par Warren, donnent au visage : « Le visage construit le
mur dont le signifiant a besoin pour rebondir » (1980 : 2061) ; en
d’autres termes, il constitue un complément nécessaire à la
compréhension du message puisque, par ses traits, il révèle les
états d’âme du locuteur. Il ne s’agit pas encore du visage du
prochain de Levinas, grâce auquel le sujet ressent l’élan vers une
transcendance de soi et découvre l’infini dans le moi. Ici, comme
on a pu le constater, il s’agit plutôt du visage en tant que « subs-
titut de l’individu tout entier » (Chevalier et Gheerbrant, 1982 :
1023), en tant que « haut lieu de rassemblement du corps et de
la parole » (II : 108).
Ce visage, constamment perdu dans Noyée quelques se-
condes et pourtant perpétuellement retrouvé2, renverrait-il à un
« soi » qui, ayant délaissé l’illusion de la présence stable et
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cette forêt où tantôt le pas franchit une pierre, la mousse, tantôt un tiret,
parfois tout » (BD : 38-39).
1. « Mes bras sont tendus, / vers l’avant, comme dire, comme je les
tendais / à ma mère pour l’aider à défaire / les écheveaux de laine »
(NP : 68). On retrouve plus loin la même image : « Les bras tendus vers
ma mère/pendant qu’elle déroulait la laine » (NP : 71).
2. C’est moi qui souligne la présence de l’intertexte s’inspirant du
premier recueil de Warren, L’amant gris. Remarquons que le sujet fémi-
nin de Notes et paysages et celui de L’amant gris sont réunis par la
même caractéristique : ils posent pour leur amant qui est, dans les deux
cas, un artiste.
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LA GUERRE
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Ici, le côté légendaire évoqué par Les mille et une nuit et par les
mosquées resplendissantes se trouve mis en relation avec une
réalité beaucoup plus crue, celle de la mort, évoquée par la dou-
leur des femmes. Cette douleur est rendue par deux métony-
mies : les mains, finement décrites, porteuses de signes et donc
de langage, et les visages, dont le front privé du possessif leur
pourrait se référer au combat et donc renvoyer à une mort san-
glante et cruelle1. Il y a aussi cette femme qui, barricadée dans
son silence, « referme le pli noir sur sa bouche » ; on la retrouvera
dans Terra incognita, sillonnant de son pas en fuite perpétuelle
les rues de Sammara.
On pourrait se demander si cette façon d’aborder la souf-
france, en la délayant dans une dimension de contes, corres-
pond à une manière de s’écarter d’elle puisqu’on n’est pas
encore suffisamment prêt pour la nommer, ou si elle représente
plutôt une forme de discrétion, de pudeur qui se reflète dans le
regard du témoin. Dans le poème qui suit, tiré de Notes et paysa-
ges, la fable est encore traversée par l’ombre de la crise d’Oka :
La forêt bleue.
Les sentiers bordés de bleuets.
Le bruit au début quand il tombe dans le seau.
« Heureusement que nous avons des dents
et des ongles et des grosses bottes »
dit la petite fille.
« Quand il y a des risques et
des loups et la guerre ici. » (NP : 90)
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1. Les vers « Bagdad verte de chars d’assaut. / Les navires, les ar-
mées » présentent un Bagdad qui ne correspond pas complètement à sa
réalité géographique. Le seul port en eaux profondes en Iraq étant
Oum-Qasr, les navires de guerre nommés ne pourraient pas arriver à
Bagdad par la voie fluviale à cause de leur calaison et de leurs dimen-
sions. Warren propose au lecteur un Bagdad, de temps à autre, imagi-
naire qui correspond à une réalité refaçonnée autant par la subjectivité
du regard que par l’apport d’autres scènes tirées du monde de la
guerre.
2. Il s’agit d’une référence à une photo qui, à l’époque de la crise
d’Oka, avait fait le tour du monde : un soldat de l’Armée canadienne et
un Warrior se dévisagent.
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LA VÉRACITÉ DU « JE » LYRIQUE
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cas cité par Robert C. Elliot qui concerne Robert Lowell (Elliot,
1982). Ce dernier faisait partie, avec Allen Ginsberg, Sylvia Plath,
W. D. Snodgrass, John Berryman et Randell Jarrell, d’un groupe
formé par des poètes américains qui, pendant les années 1950-
1960, se consacrèrent à la production de la confessional poetry,
c’est-à-dire à une forme de poésie confessionnelle, intime,
autobiographique. M. L. Rosenthal, connu pour ses analyses de
Pound et Elliot, considéra Lowell comme le poète qui, dans son
recueil Life Studies, avait réussi à faire tomber le masque et à
livrer aux lecteurs « ses confidences personnelles » (Elliot, 1982 :
55). Toutefois, au cours d’un entretien dans The Paris Review,
Lowell, en se référant aux poèmes de Life Studies, confessa : « J’ai
inventé les faits et j’ai changé les événements […] si un poème
est autobiographique… tu veux que le lecteur puisse dire oui,
c’est vrai. » (Elliot, 1982 : 55. Je traduis). En commentant son
poème « Skunk hour1 », considéré par la critique comme un
exemple incontestable de poésie intime et confessionnelle,
Lowell avoua qu’il s’était inspiré d’une anecdote racontée par
Walt Whitman durant son âge mûr.
Cela corrobore la théorie selon laquelle dans un poème, et
dans ce cas précis, dans un recueil intimiste, il faudrait relativiser
l’opposition polaire entre le sujet empirique et le sujet lyrique,
ainsi que la différentiation entre les éléments véridiques et les
éléments factices qui constituent son univers. Et cela
parce que tout discours référentiel comporte fatalement une
part d’invention ou d’imagination qui ressortit à la « fiction », et
réciproquement que toute fiction renvoie à des strates auto-
biographiques, de sorte que la critique n’a généralement pas
les moyens de vérifier l’exactitude de faits et événements
évoqués (Combe, 1996 : 55).
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Doit-on lire dans ces vers l’allusion à un idiome qui fait défaut,
renvoyant à un univers constitué par des référents dont la friction
témoigne du manque d’une « langue autre » ? « Certains mots ont
des cordes » (NP : 65) qui astreignent le « je » à une réalité codifiée
dont il veut se départir. Devant l’assertion « oui, il m’arrive de ne
pas trouver les mots » (NP : 67), qui apparaît comme un constat
de déficience linguistique, une solution semble se profiler :
Les pays se touchent.
Les mers se mélangent.
Entre les mots il faut toujours laisser un espace (NP : 70).
C’est dans cet espace libre que « quelque chose d’aussi vaste que
le langage » (NP : 71) s’infiltre et prend pied ; il s’agit en effet de
la langue maternelle, d’une parole enfouie dans les recoins de la
mémoire. La narratrice du Lièvre de mars décrira avec précision
ce phénomène de réappropriation. Elle aura d’abord la sensa-
tion « d’existe[r] dans une langue étrangère » (LM : 11) pour en-
suite, grâce à un processus d’approfondissement, se rapprocher
de plus en plus de la vraie matrice :
J’ouvre et je referme la main. Je touche une jointure et je dis
le mot dans ma tête. Il apparaît sur une nappe en papier. Dans
une fenêtre. Plusieurs fenêtres. Tant de fenêtres différentes. Je
vois le mot écrit dans une langue. Pourtant, je suis convaincue
de la présence d’une autre langue vivante en moi. Dans mes
rêves, je converse avec aisance dans cette langue. Du jour au
lendemain, je crois que je pourrais me mettre à la parler,
qu’elle n’est pas une langue morte (LM : 82).
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TERRA INCOGNITA
1. Cette affirmation est répétée trois fois dans le recueil : « J’ai été
cette femme de vingt-deux ans / dans le désert irakien » (TI : 12) ; « J’ai
vingt-deux ans et je voudrais être mère » (TI : 41). L’imparfait est souvent
utilisé pour évoquer le passé, toutefois le présent apparaît également
dans la remémoration pour actualiser les souvenirs rappelés.
2. « Je savais que tu ne viendrais pas. / Toi, mon mort de Babel »
(TI : 22).
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1. Dans Suite pour une robe, cette interrogation retentit encore ain-
si : « me reste-t-il / autre chose que la peur / d’aller plus près » (SR : 87).
2. Je souligne dans le deuxième vers la présence de l’énallage
« amour mort », qui revient plus loin (TI : 27). Il s’agit d’un indice signifi-
catif puisqu’il renvoie à l’aspect choral de cette entité dont les pistes
élocutives recèlent une grande ambiguïté. À titre d’exemple : « Qui était
l’amour mort ? / Et les amours morts se lèveront. / Ils se demanderont :
était-ce moi enterré / par ses mains, si loin en face d’une mosquée ? »
(TI : 14).
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Le bois craque
et certaines femmes font semblant de dormir1 (TI : 38-39).
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LA POROSITÉ AU MONDE
LA PETITE HISTOIRE
1. Voir aussi « Ils ont téléphoné / les amours morts / au bout du fil /
ils veulent savoir / s’il reste quelque chose de vivant / de sensible / un
sentiment, un souvenir ou / à peine un regard » (TI : 65).
2. Voir les réflexions de Gianni Vattimo, Jean-François Lyotard et
Gilles Lipovetsky rapportées dans la première partie de mon travail.
Voir également le recueil de Carole David La maison d’Ophélie
(Montréal, Les Herbes rouges, 1998), dans lequel les effets néfastes de
la télévision sont décrits sur une toile de fond imprégnée d’ironie. Pour
Warren, la télévision représente une agression dans sa vie, une agres-
sion porteuse des mauvaises nouvelles du monde.
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C’est rare que l’on trouve une telle délicatesse descriptive dans la
poésie de Warren ou plutôt, cela se produit dans certaines cir-
constances, surtout quand la mémoire esquisse des scènes appar-
tenant à l’enfance. Ce passage semble concentrer une série de
figures rhétoriques : l’air blanc (synesthésie), d’ivoire et d’apai-
sement (métaphore), diffuse une atmosphère de paix et de
douceur, dans laquelle le dos de sa grand-mère dessine des cour-
bes dans la musique (métaphore). Cela constitue un tableau où
la poésie, la musique et la peinture s’interpellent mutuellement1.
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encore, / les petits pieds potelés / sautant sur les pierres au soleil /
l’après-midi, les baignades dans l’île / le matin, les pieds glacés, le
vent / la maison mal isolée / les petits pieds de marbre / courent,
s’accrochent / le corps des enfants / qu’on enveloppe pour la nuit / des
momies au sommeil profond / l’île est un chant / que ma mère me
chante / dans une berceuse en rotin/couleur de terre, odeurs de terre /
je ne veux rien perdre / de ce qui est important […] » (TI : 46-47).
1. À ce sujet, voir le passage suivant : « Terre noire ! Terre noire ! /
ma mélancolie / combien de fois vais-je la voir mourir / combien de
mots encore chaque jour / entre le pain et le fromage / son visage
penché / si aimant ma grand-mère, ma seule morte » (TI : 56-57).
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1. Le fait que « dehors l’air se respire [et] c’est déjà suffisant », écrit
Corriveau dans « Doucement dans l’attente » (1988 : 34).
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Cette terre noire, cette terra incognita, d’un côté, renvoie à l’in-
conscient du sujet, aux méandres inexplorés d’une intériorité
cryptique et, de l’autre, semble représenter le corrélatif objectif
d’une condition existentielle dans laquelle tous les « nous » du
monde pourraient se reconnaître.
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LA GRANDE HISTOIRE
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LE TÉMOIGNAGE
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Ils mangeaient.
Ils formaient une grande famille.
Ils s’étaient réunis pour fêter leur aïeul.
La famille dispersée s’était presque toute rassemblée.
Pendant le repas, ils avaient manqué de pain.
L’oncle a dit, je vais en chercher.
L’oncle avait douze ans. En chemin, il s’est arrêté.
Quand il est arrivé à la maison, toute la famille
avait disparu.
On les avait tous emmenés.
À cause de leur nom.
Le concierge avait parlé. Il avait été forcé.
Il gisait encore par terre.
L’oncle de douze ans est aujourd’hui
un vieil homme qui continue de demander :
Reste-t-il encore quelqu’un ?
Reste-t-il encore des yeux ? (TI : 29-30)
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pas tous « des survivants, des morts vivants, des cadavres en sur-
sis, abritant des Hiroshimas privés » (Ollivier, 2002 : 41), chacun
avec son lot de peines et de souvenirs. Cependant, la posture
qu’adopte le « je » face à cette difficulté existentielle transparaît
dans les derniers vers cités. La blessure du soldat ouvre celle du
sujet poreux qui, par le truchement de la douleur de l’autre,
revient à la sienne. Il s’agit d’une souffrance qui ne lui appartient
plus complètement, qui est différente, alimentée ou modifiée par
celle d’autrui. On retrouve cette attitude dans Le lièvre de mars,
alors que la narratrice, devant la douleur de son amie Geneviève,
dira : « Je voulais voir de quoi était faite sa blessure pour com-
prendre la mienne. Je me sentais liée à elle comme si nous
avions été des blessées de guerre, comme si nous étions les seu-
les survivantes d’une tragédie commune1 » (LM : 71).
Au premier abord, la compréhension semble constituer le
point d’ancrage et de départ de toute démarche herméneutique.
Bien sûr, ici, il est question de se référer à la double acception
du terme. La première renvoie au concept de « saisir quelque
chose par l’intelligence, par la pensée » (Rey, 1988 : 827). La
seconde demeure plus proche du latin cum et prehendere, c’est-
à-dire saisir ensemble, embrasser en un tout. Toutefois, com-
prendre, d’une façon apparemment paradoxale, ce n’est pas aller
vers l’autre dans un geste d’appropriation, mais, au contraire,
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Et c’est tout à fait par cette porosité, par cette sensibilité à l’opa-
que que d’autres ciels, d’autres voix surgissent dans la lumineuse
banalité d’un matin vécu par le sujet de La lumière, l’arbre, le
trait :
dans l’aube des gris et des ocres
les premières lueurs émergeront
du tapis, de l’échiquier, des livres
avant que d’autres voix n’arrivent
avec d’autres ciels, d’autres foudres
et jettent de petites choses
brillantes et pures
au fond de ta nuit (LAT : 78).
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LES SUPERSTES
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duel pour s’ouvrir sur une perspective universelle. Car cette er-
rance « dans un réel en trompe-l’œil, toujours stimulé, [qui]
s’éloigne de nous presque à la vitesse de la lumière » (Nepveu,
1987-1988 : 17) se référerait aussi à une condition existentielle1.
Le désir de parler qui habite ce survivant se heurte brutale-
ment à une parole parcellaire, fragmentée, effritée, en équilibre
entre le dire et le silence :
Les mots vont finir par m’étrangler
mais le silence
est une égale torture, alors, disait-il, que faire ? (TI : 37)
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nent avec les images d’un enfant qu’elle lave et celles d’un « il »
profondément inconnu. Cette femme ne sait pas grand-chose,
pourtant trois certitudes rythment son pas : « elle sait / que der-
rière toute chose / toute porte / il y a quelqu’un » (NQS : 18),
qu’il y a une présence ; elle est consciente qu’elle possède ce
lac, qu’elle en est radicalement habitée ; elle a la conviction que
« l’eau et le ciel / lui volent son visage1 » (NQS : 37), mais qu’en
même temps, au-delà de cette privation, elle existe « ailleurs /
que dans sa bouche » (NQS : 26), que dans sa voix.
Afin de saisir toutes les implications que recèle cette des-
cente, il faudrait suivre également le parcours de ce « je » qui, en
passant de la stase exprimée au début du poème « je reste là / à
l’écrire » (NQS : 9) à l’action « j’irai / à la rencontre / de ces voix »
(NQS : 15), entreprend cette descente2. Un tel retour vertical vers
l’intimus se poursuit graduellement :
et je la suis
oh descendre
descendre (NQS : 31).
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Dans cette spirale où tous les points de repère sont flous et tou-
tes les pistes sont brouillées, il semble que la reconnaissance est
le prélude à l’identification, à la fusion des deux entités dans
« une seule / et même bouche » (NQS : 48). À partir de ce mo-
ment, le sujet se sent habité par « autant de morts que de vivants »
(NQS : 57) et, en suivant les traces qui le guident vers le fond, y
découvre « une autre voix » (NQS : 72). Cependant, il me faut pré-
ciser que ce long poème présente des difficultés interprétatives,
surtout du point de vue de la polyphonie pronominale ; en effet,
l’imbrication des différents pronoms « je », « elle », « il », « tu »,
« nous », « lui » crée un effet d’égarement, voire de confusion, ce
qui aboutit à l’impossibilité de désigner les vrais actants de la
situation.
Ce qui reste stable, c’est l’union des deux femmes qui se
concrétise dans le partage d’une même voix, dans la recherche
d’un visage constamment perdu et pourtant perpétuellement re-
trouvé, comme l’évoque la protagoniste dans les vers « quand
l’eau / te rend / ton visage » (NQS : 71), où le « te » ne semble pas
renvoyer à un référent clair. Ce visage, si présent dans Notes et
paysages et dans Le lièvre de mars, représente l’un des thèmes
centraux de Noyée quelques secondes. Il serait utile de se tourner
vers l’essai « Une fiction du visage » pour saisir la signification
que Warren lui attribue. Selon l’auteure, « notre corps ne nous est
pas étranger, mais notre visage est flou. Car nous sommes der-
rière lui et, lorsque nous portons nos mains à notre visage, c’est
souvent pour retenir une émotion, pour empêcher la peur ou le
rire de le traverser » (II : 109). La disparition temporaire du visage
renverrait alors, comme on l’a vu précédemment, à une perte de
soi. Cependant, cette perte de soi momentanée n’a rien de né-
faste : elle renvoie à une sorte d’épuration, à une espèce de
soustraction de ce qu’il y a en trop, c’est-à-dire la surcodification
dont chaque visage est porteur, celui-ci étant en soi le « lieu de
rassemblement du corps et de la parole » (II : 108). Il est ici
question d’un recentrement, d’un retour à l’essentiel, d’une
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OUVERTURE
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INTRODUCTION
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LE PROCHE ET LE LOINTAIN
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L’ANXIÉTÉ PLANÉTAIRE
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LA MAISON HUMAINE
Un vent glacé
un vent brûlant
menace de toutes parts la maison humaine,
en ce moment même (Chamberland, 1995b : 23).
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1. Raoul Vaneigem, Adresse aux vivants sur la mort qui les gou-
verne et l’opportunité de s’en défaire, Paris, Seghers, 1990.
2. Il cite ici Milan Kundera, L’art du roman, Paris, Gallimard, 1986,
p. 26.
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L’IDÉAL HUMANISTE
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L’AUTRE
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1. Ici, le terme est utilisé dans son sens étymologique ; du grec an-
thrôpos (être humain) et logos (discours), il désigne le discours et la
réflexion sur l’être humain.
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Et il continue ainsi :
Accueillir allège
(il n’y a pas de limites).
Qui comprendra ? (ASAT : 42)
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C’est ainsi que le sujet d’Au seuil d’une autre terre exhorte ses
convives indéfinis, d’abord par un constat et ensuite par la mo-
dalité impérative, à prendre place autour d’une table afin de
célébrer aussi bien la commune humanité que la Terre dont ils
sont le fruit. Les références christiques qui traversent ces vers se
précisent davantage dans le dernier poème d’Intime faiblesse des
mortels. Ici, le sujet découvre une Terre intime :
ramenée au halo d’une lampe
qui parfois scelle autour d’une table
un Emmaüs improvisé à quelques-uns,
tout étonnés de se savoir un moment soustraits
aux assauts du dehors (IFM : 52).
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Ici, les deux distiques semblent s’opposer tant sur le plan formel,
par l’intermédiaire du tercet central formulé sur un mode impé-
ratif (accentué par l’épanalepse « éveille-toi… éveille-toi »), que
sur le plan sémantique, par la présence de deux isotopies
contraires (la lumière, la résistance, la lucidité par opposition à
l’obscurité, l’aveuglement, la mort). L’individu, rendu dans ces
vers par la métaphore de la lampe, offre une résistance à la nuit,
image de la société contemporaine, dans laquelle des « gémisse-
ments muets [font] des rues, des places / un incendie » (ASAT :
36). Ces vers d’Au seuil d’une autre terre nous rappellent l’aveu
que le « je » formule dans le même recueil : « j’entends / l’immense
clameur muette / murée en chacun » ; ils nous révèlent aussi, par
le truchement de la synesthésie associant deux domaines senso-
riels – l’ouïe et la vue –, que la mutité de la souffrance peut être
perçue par celui ou celle qui résiste faiblement. « La société
contemporaine pousse les individus à s’avilir réciproquement.
C’est dire que, pour ne pas céder à un tel affaissement, il faut
savoir et pouvoir résister. Résister et assumer sa dissidence »
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LE DÉGRISEMENT, LA LUCIDITÉ
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L’INTELLIGENCE
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Sur un ton vocatif qui clôt la strophe, le sujet d’Au seuil d’une
autre terre évoque l’inéluctabilité d’une telle « force faible » (PD :
241) qui s’oppose à l’entreprise de destruction massive, rendue
ici par la métaphore des crocs et des griffes soulignant l’aspect
prédateur des rapaces anthropes. Le consentement à reconnaître
la douleur et la faiblesse sous-tendant la condition humaine
« donne accès à la ressource capable de dégager la force de résis-
ter à la destruction en cours » (PD : 192).
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1. Les fricatives des deux premiers vers (ss, ch) sont suivies d’une
allitération de la bilabiale p (troisième, quatrième et cinquième vers)
ainsi que d’une rime interne suffisante (peine – haleine). Les cinquième,
sixième et septième vers contiennent une allitération de la dentale t.
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Cette douleur, qui semble être le don par antonomase que l’hu-
manité a reçu, a des échos lévinassiens : alors que le moi habité
par l’autre entreprend un voyage dans l’infini éthique et méta-
physique, il ressent la douleur commune comme un luxe,
comme un don. C’est alors au nom de cette douleur et de cette
faiblesse que l’anthropos emprunte le chemin de la résistance ;
« Tenir / tête n’est accordé qu’à l’être vulnérable » (IFM : 37), nous
confie le « je » lyrique d’Intime faiblesse des mortels.
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LE POÈTE
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sonorités fricatives (ss, ch, j, s), celles-ci étant mises en valeur par la
rime couronnée à l’envers du troisième vers (passe – repasse : elle répète
la syllabe de rime).
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TÉMOIGNER
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LE RÉEL ÉNIGMATIQUE
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LE MÉDIATIQUE
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nication […] est l’un des pires dangers que court l’humanité »
(EPN : 96). En fait, une certaine prolifération des images peut
amener les gens à ne plus être capables de vérifier la véracité
des informations, ce qui provoque la perte du sens de la réalité
et de la capacité de distinguer la franchise de l’imposture. Dans
cette sorte de mystification, dans cette société faussement trans-
parente, l’abondance informative risque de produire un effet
paradoxal : elle donne l’illusion à l’individu d’être averti alors
que sa vision devient de plus en plus imprécise et brouillée.
Selon Chamberland, « l’incommunication grandit. Parallèlement,
le simulacre de la communication se généralise » (RM : 86). Cette
thématique, abordée et corroborée, entre autres, par Gianni
Vattimo et Gilles Lipovetski1, demeure un point capital dans la
pensée de l’auteur qui décèle, dans la dérive médiatique, la
source d’une dramaturgie néfaste infestant la planète : « Elle
existe la dramaturgie dont je parle : les médias la fabriquent et la
reproduisent sans désemparer. Reportages ou fictions, la distinc-
tion s’amincit sans cesse, comme la couche d’ozone » (NB : 46).
La pollution médiatique semble pousser le monde vers une sorte
de vertige, « une pulsion dans le désordre. Ce désordre est
notamment celui des informations, qui malmènent destinateurs
et destinataires » (CP : 55), constate le poète dans Le courage de
la poésie, de 1981, en concluant en ces termes : « Tant que durera
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LE TOTALITARISME
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devenir, cet écart révèle, comme d’ores et déjà enclenché, l’effet termi-
nal d’un processus de liquidation » (RM : 98-99).
1. Et Anders ajoute : « Six millions demeurent pour nous un simple
nombre, tandis que l’évocation d’une dizaine de tués aura peut-être
encore quelque résonance en nous, et que le meurtre d’un seul homme
nous remplit d’effroi » (2003 : 58). En d’autres mots, ceux de Don
DeLillo, lorsque la réalité dont nous sommes à l’origine nous échappe
en devenant quelque chose de trop grand, d’impossible à saisir, comme
il advient dans le cas d’une catastrophe provoquée, le vide de l’âme
s’ouvre au tréfonds de nous-mêmes, il s’agit d’une vacuité qui corres-
pond à une sorte d’inadéquation à éprouver des sentiments à la hauteur
de ladite catastrophe.
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LA NOUVELLE BARBARIE
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LE RAPACE PRÉDATEUR
1. Ici, il est question tant des grands prédateurs que des petits,
comme le souligne l’essayiste (PD : 225).
2. Voir, à ce sujet, Traverso (2005). C’est à cette époque-là que plu-
sieurs penseurs contemporains, Arendt entre autres, relèvent une frac-
ture irréversible de l’histoire ; fracture dans laquelle nous vivons encore
constamment, aux prises avec une raison possiblement malveillante
dont les effets se retournent irréversiblement contre nous-mêmes.
3. Dans En nouvelle barbarie, on lit : « Un acquiescement tacite fait
des prédateurs, qu’ils soient brasseurs d’affaires, politiciens ou techno-
crates, des hommes honorables » (NB : 32), et dans Au seuil d’une autre
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PHAGOCYTER L’AUTRE
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LA POROSITÉ AU MONDE
L’ABSENCE DE REGARD
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1. Scandé par le jeu des fricatives et par le retour sonore des na-
sales semblable/sans. Le cynisme semble sévir dans la société contem-
poraine et affecter même les enfants qui « le pratiquent facilement »,
constate le « je » dans Terre souveraine (TS : 73).
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Deux visages
se croisent, aussitôt étonnés
d’échanger d’un seul regard
un même ailleurs (ASAT : 78)1
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très clair à ce sujet alors qu’il décrit le statu quo dans lequel on
baigne : « […] tu ne vaux que ce que vaut ta situation sociale, le
reste n’a aucune réalité » (Gaudet, 1988 : 18)1.
L’HUMILIATION ET L’INDIFFÉRENCE
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RÉSISTER À L’IRRESPONSABILITÉ
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RÉSISTER À LA GUERRE.
« VOICI VENU LE TEMPS DES ASSASSINS »2
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OUVERTURE
CONCLUSION
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consacre une étude entière prenant appui, entre autres, sur les
processus énonciatifs et rhétoriques qui opèrent dans la trame
textuelle. Toutefois, à la lumière de l’analyse faite, on peut rele-
ver que, chez Chamberland, à partir des années 1980, l’autre,
anonyme dans l’abjection, perd toute particularité géographique
et sexuelle1. Dès Compagnons chercheurs (1984), en passant par
les trois Géogrammes, jusqu’au recueil Au seuil d’une autre terre
(2003), on assiste à une impersonnalisation, phénomène qui
apparaît clairement dans l’adresse à l’interlocuteur d’Au seuil
d’une autre terre2. Il en est différemment pour Warren chez qui,
de L’amant gris (1984) à Noyée quelques secondes (1997), le
dédoublement, la perte de soi et son successif recentrement par
l’intermédiaire de la recherche d’une langue personnelle consti-
tuent le fil conducteur de la création. Cette dynamique, dans
laquelle le sujet lyrique s’engage dans sa constitution par le tru-
chement, entre autres, de la confrontation avec un proche
sexué, lui permet pourtant de se pencher sporadiquement sur
l’autre appartenant à l’espace-monde. Cet autre, aux origines et
aux genres confondus, cette figure qui commence à s’insinuer
dans ses recueils depuis Madeleine de janvier à septembre,
acquiert une importance majeure spécialement à partir de Terra
incognita (1991).
Pour ce qui est de la troisième voie qu’emprunte l’intime
dans l’écriture de ces deux auteurs, elle se concrétise dans la
relation qu’entretient le sujet avec les objets banals, symboles
d’un présentisme privé de toute connotation péjorative. Celui-ci
constitue le cadre dans lequel l’histoire, après avoir abandonné
sa linéarité – car on vit dans la simultanéité de plusieurs histoires
parfois discordantes et contradictoires –, cède le pas à l’événe-
ment ponctuel qui se consume dans un maintenant délesté de
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REMERCIEMENTS 13
AVANT-PROPOS 15
L’INTIME – L’INTIMISME :
LA PERSPECTIVE CONTEMPORAINE 79
Les lignes de fond 79
Les années 1980 82
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CONCLUSION 311
BIBLIOGRAPHIE 321
Œuvres de Louise Warren 321
Œuvres et textes de Paul Chamberland 322
Bibliographie générale 324
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ACHEVÉ D’IMPRIMER
CHEZ MARQUIS IMPRIMEUR INC.
CAP-SAINT-IGNACE (QUÉBEC)
EN MAI 2012
POUR LE COMPTE DES ÉDITIONS NOTA BENE