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Par
B. KHERDJEMIL
Maître de Conférences
-INTRODUCTION -
-I-
Les actions des acteurs n’obéissent pas toutes à une même logique. Elles sont
mues par des rationalités spécifiques. Selon Boltanski et Thévenot (2000), les
actions humaines peuvent être mises en mouvement par six types de logique :
- le premier relève de l’esprit de la «cité domestique». Là, les
individus agissent en conformité scrupuleuse avec les règles, normes et valeurs
du groupe auquel ils appartiennent. Ces valeurs référentielles sont portées par la
tradition, l’habitude. Les gens « agissent avec naturel parce qu’ils sont mus
par des habitudes ». Celles-ci « prises de bonne heure [ne sont] jamais une
contrainte et [deviennent] rapidement un comportement naturel »
(BOLTANSKI, THEVENOT, 2000, P.210).
- le second traite de la «cité industrielle.» Là, l’action « repose
sur l’efficacité des êtres, leur performance, leur productivité, leur capacité à
assurer une fonction normale, à répondre utilement aux besoins »
(BOLTANSKI, THEVENOT,2000, P.254) ;
- le troisième porte sur la « cité marchande» où « les actions sont
mues par les désirs des individus, qui les poussent à posséder les mêmes objets,
des biens rares dont la propriété est aliénable » (BOLTANSKI, THEVENOT,
2000, P. 244) ;
- le quatrième s’inscrit dans la «cité du renom.» Là, c’est le côté
narcissique de l’homme qui est mis en avant. Le prestige et la domination
symbolique sont les références majeures de cette « cité ». « Les personnes sont
toutes susceptibles d’accéder à [l’état de grandeur] parce qu’elles ont en
commun d’être mues par l’amour-propre. C’est l’amour-propre qui fait leur
dignité d’êtres humains. Elles ont un même désir d’être reconnues, la passion
d’être considérées » (BOLTANSKI, THEVENOT, 2000, P. 224).
- le cinquième traite de la «cité civique.» Là, c’est le principe de
l’intérêt général qui prédomine. « Les actions des gens sont pertinentes lorsque,
participant d’un mouvement social, elles participent d’une action collective qui
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Pour notre part, dans le cadre limité de notre travail, les éléments
identitaires de l’espace institutionnel étant mis en relief, nous allons,
maintenant, tenter de le formaliser (13) .
-II-
S = espace institutionnel
r1 = r (x1)
r2 = r (x2)
r3 = r (x3)
r4 = r (x4)
…………
rn = r(xn )
Cette fonction va irriguer tous les autres champs qui vont, alors, voir se
modifier :
• les fonctions de leurs rationalités spécifiques:
r1 = r[r(α 1), ψ (x1)] = r(γ 1)
r2 = r[r(α 2), ψ (x1)] = r(γ 2)
..........................…….....
rn = r[r(α n), ψ (x1)] = r(γ n)
où l’expression [r(∆ 1), r(∆ 2)....r(∆ n), r(∆ m)] désigne l’identité de l’espace
institutionnel que personnalisent les rationalités spécifiques
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R = R[r(∆ 1), r(∆ 2),r(∆ 3), r(∆ 4), r(∆ 5),r(∆ 6), r(∆ m)] =R(χ )
(e)
Où [r(∆ 1), r(∆ 2), …r(∆ 6), r(∆ m)] désigne les rationalités
spécifiques des différentes « Cités » interconnectées entre elles et soumises
aux forces structurante et hégémonique de leurs champs dans le cadre
d’une dynamique mondiale.
où:
• F(x) renvoie « aux propriétés absolues du point x » (TELLIER, 1985,
P. 6) lorsque l’on considère les facteurs de localisation 1,j,m, ces derniers
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pouvant être « le loyer, le coût de terrain, les taxes foncières, le zonage, [les
ressources], etc) » (TELLIER, 1985, p.6) ;
Ce type de fonction garde son actualité et son éclairage peut nous aider à
comprendre la complexité de la structuration spatiale. Cependant, il nous
semble qu’elle ne nous rend pas compte du caractère vivant et différencié des
mécanismes structurant l’espace. C’est pourquoi nous nous proposons de
prolonger cette approche traditionnelle de la fonction de localisation en
l’investissant dans la dynamique de l’espace institutionnel.
- CONCLUSION -
BILIOGRAPHIE
RESUME
L’objectif de cet article est un essai de caractérisation de la notion d’espace
institutionnel. Deux temps analytiques sont mis en relief. D’abord, il est
question de la mise en évidence du processus de l’institutionnalisation de
l’espace. Ensuite, l’effort théorique porte sur une tentative de formalisation de
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SUMMARY
The aim of this paper is to characterize the notion of institutional space.
First, we try to show the process of space institutionalization. After, we make a
theoretical effort to formalize the institutional space with its dynamic force of
structuring.
NOTES
(1) Nous revisitons, là, un travail que nous avons fait (1998) en lui apportant
une triple modification :
- d’abord, la force dynamique de structuration de l’espace n’est pas
seulement présentée par son aspect subjectif, mais également par celui
objectif ;
- ensuite, l’argumentaire mis en œuvre s’est enrichi de nouveaux auteurs ;
- enfin, l’approche analytique se veut moins partisane dans la mesure où le
paradigme de l’individualisme méthodologique n’est pas sacrifié sur
l’autel du holisme. La notion d’homo institutus, par sa charge
évocatrice de l’homme dans la société institutionnelle, ne se réduit point
à une « théorie des sites » rythmée par l’ordre socio- topographique. Elle
nous semble en situation de rendre mieux compte des aspects convergents
du « structuralisme constructiviste » et de l’« individualisme
institutionnel ».
(5) L’incertitude (KNIGHT, 1921) se distingue du risque par son aspect non
probalisable. Elle insère l’individu dans une atmosphère de navigation à
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l’aveugle. Par contre, le risque permet à l’individu une vue minimale sur le
cours des évènements. Il lui permet de se rendre compte des différentes
situations possibles d’un événement sans être renseigné sur celle qui verra
effectivement le jour. Dutraive (1993) nous fait remarquer que ces notions de
risque et d’incertitude de Knight sont reprises par Langlois (1987) et désignées
respectivement par « incertitude paramétrique » et « incertitude structurelle ».
(11) Pour Agassi, toute approche analytique doit éviter les survalorisations de
l’individualisme ou du holisme. Pour lui, il n’y a pas lieu de poser le primat de
l’un sur l’autre. Il n’ y a pas de détermination en première instance de l’un ou de
l’autre. « we may assert that “ wholes” do exist[…], but they have no
(distinct) interests. These “wholes” are social groups as well social institutions
–in the widest sense of the word, and covering a wide variety, from customs to
constitutions, and from neighbourhoods to state. An institution may have aims
and interests only when people give it an aim, or act in accord with what they
consider should be its interest; a society or an institution cannot have aims and
interests of its own. Yet, both the individual and society are now taken as
primary, at least in the sense that we cannot reduce psychology into sociology
and we cannot reduce sociology into psychology (1975, P. 152) ».