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CLAUDEL,
OEUVRE DE B. TOGUO)
Document ATexte littéraire
Originaire d’un pays ravagé par la guerre, M. Linh débarque un jour de novembre dans « un pays sans odeur », avec une « valise
C’est un vieil homme debout à l’arrière d’un bateau. Il serre dans ses bras une valise légère et un
nouveau-né, plus léger encore que la valise. Le vieil homme se nomme Monsieur Linh. Il est le seul à savoir
qu’il s’appelle ainsi car tous ceux qui le savaient sont morts autour de lui.
Debout à la poupe du bateau, il voit s’éloigner son pays, celui de ses ancêtres et de ses morts, tandis
que dans ses bras l’enfant dort. Le pays s’éloigne, devient infiniment petit, et Monsieur Linh le regarde
disparaître à l’horizon, pendant des heures, malgré le vent qui souffle et le chahute comme une
marionnette.
Le voyage dure longtemps. Des jours et des jours. Et tout ce temps, le vieil homme le passe à l’arrière
du bateau, les yeux dans le sillage blanc qui finit par s’unir au ciel, à fouiller le lointain pour y chercher
encore les rivages anéantis.
Quand on veut le faire entrer dans sa cabine, il se laisse guider sans rien dire, mais on le retrouve un
peu plus tard, sur le pont arrière, une main tenant le bastingage, l’autre serrant l’enfant, la petite valise
de cuir bouilli posée à ses pieds.
Une sangle entoure la valise afin qu’elle ne puisse pas s’ouvrir, comme si à l’intérieur se trouvaient des
biens précieux. En vérité, elle ne contient que des vêtements usagés, une photographie que la lumière du
soleil a presque entièrement effacée, et un sac de toile dans lequel le vieil homme a glissé une poignée de
terre. C’est là tout ce qu’il a pu emporter. Et l’enfant bien sûr. […]
Enfin, un jour de novembre, le bateau parvient à sa destination, mais le vieil homme ne veut pas
descendre. Quitter le bateau, c’est quitter vraiment ce qui le rattache encore à sa terre. Deux femmes alors
le mènent avec des gestes doux vers le quai, comme s’il était malade. Il fait froid, le ciel est couvert.
Monsieur Linh respire l’odeur du pays nouveau. Il ne sent rien. Il n’y a aucune odeur. C’est un pays sans
odeur. Il serre l’enfant plus encore contre lui, chante la chanson à son oreille. En vérité, c’est aussi pour
lui-même qu’il la chante, pour entendre sa propre voix et la musique de sa langue.
Monsieur Linh et l’enfant ne sont pas seuls sur le quai. Ils sont des centaines, comme eux. Vieux et jeunes,
attendant docilement, leurs maigres effets à leurs côtés, attendant sous un froid tel qu’ils n’en ont jamais
connu qu’on leur dise où aller. Aucun ne se parle. Ce sont de frêles statues aux visages tristes, et qui
grelottent dans le plus grand silence.
explore le thème de l’exil mais aussi, en filigrane, la possibilité d’une autre vie.
▶ 1. Quel est le sens dans le texte du verbe « chahuter » (ligne 10) ? (4 points)
▶ 2. Quels sont les temps utilisés dans cet extrait ? Expliquez leur emploi. (6 points)
▶ 3. « Quand on veut le faire entrer dans sa cabine, il se laisse guider sans rien dire, mais on le retrouve
un peu plus tard, sur le pont arrière, une main tenant le bastingage […]. »
▶ 5. Que ressent Monsieur Linh ? Justifiez vos réponses en citant des éléments du texte. (4 points)
▶ 6. Comment Monsieur Linh essaie-t-il de rester en contact avec son pays perdu ? (6 points)
▶ 7. Quelles sont les images employées par Philippe Claudel pour caractériser Monsieur Linh et les autres
réfugiés ? (4 points)
▶ 9. Observez l’œuvre de Barthélemy Toguo : selon vous, que cherche à exprimer l’artiste ? (4 points)
▶ 10. a) En quoi cette œuvre fait-elle écho au texte de Philippe Claudel ? (4 points)
b) L’impression laissée par l’œuvre de Barthélemy Toguo est-elle tout à fait la même que celle suscitée par
Le titre et la source de l’extrait, ainsi que le mot « aïeux » sont écrits au tableau.
Philippe Claudel
© Stock
Au village
Au village, il n’y avait qu’une rue. Une seule. Le sol était de terre battue. Quand la pluie tombait,
violente et droite, la rue devenait un ruisseau furieux dans lequel les enfants nus se coursaient en riant.
Lorsqu’il faisait sec, les cochons y dormaient en se vautrant dans la poussière, tandis que les chiens s’y
poursuivaient en aboyant. Au village, tout le monde se connaissait, et chacun en se croisant se saluait. Il
y avait en tout douze familles, et chacune de ces familles savait l’histoire des autres, pouvait nommer les
grands-parents, les aïeux, les cousins, connaissait les biens que les autres possédaient. Le village en somme
était comme une grande et unique famille […].
Rédaction 40 points • ⏱ 1 h 30
Vous traiterez au choix l’un des deux sujets. Votre rédaction sera d’une longueur minimale d’une soixantaine de lignes (300 mots
environ).
Sujet d’imagination
Écrivez une suite immédiate au texte de Philippe Claudel. Vous tiendrez compte
des indications apportées par l’extrait et vous respecterez le temps choisi par
l’auteur.
Sujet de réflexion
Vos parents vous annoncent que vous allez déménager dans une autre ville, loin
déménagement signifie pour vous. Vous énoncerez vos arguments de façon claire
et organisée.
Les documents
qui relate l’exil d’un vieil homme ayant fui son pays en guerre et dont toute
la famille a été massacrée. Seul lui reste le tout jeune enfant qu’il serre dans
ses bras et au sujet duquel la fin du roman réserve une surprise poignante.
L’image (document B)
Paris. L’artiste évoque ainsi les longues et périlleuses migrations de ceux qui
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leur hébergement ?
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Tu dois t’adresser à tes parents (ou à l’un des deux) et donc utiliser la
deuxième personne.
Il faut que ton texte soit argumenté. Pense à classer tes arguments par
ordre d’importance.