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31/07/2017 De Sade à John Currin, petit éloge de la transgression | Beaux Arts

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ART & SEXE

De Sade à John Currin, petit éloge de la


transgression
Par Charles Barachon • le 30 juillet 2017

De Sade à Delacroix, de la fin de l’Ancien Régime à l’âge d’or du romantisme, la représentation des


transgressions sexuelles a opposé les styles. Abrupt ou tout en allusions, l’important, c’est que ça
fasse mal !

Pendant les grands bouleversements de la société française de la fin du XVIIIe siècle, il a


construit un univers romanesque qu’il voulait le plus scandaleux de tous les temps, consacré sa
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littérature fantasmatique à l’apologie des perversions sexuelles, de la cruauté et du meurtre : en


pleine période révolutionnaire, Sade a allègrement transgressé tous les interdits et déviances
possibles et imaginables.

L’apathie morale, souvent perçue comme le concept le plus important de son œuvre, que Sade
développe dans L’Histoire de Juliette ou les Prospérités du vice, paru anonymement en 1797,
célèbre l’insouciance face aux malheurs d’autrui, nuance de taille à l’insensibilité. À tel point que
pour le philosophe Michel Foucault, ce roman incarne « la fin de la pensée classique ».

Nature violente et immorale


La philosophie sadienne du libertinage, illustrée par les nombreuses gravures attribuées à Claude
Bornet qui accompagnent sans équivoque certains de ses écrits, se pose du côté d’un extrême où
l’étalon de la jouissance réside dans la quantité de souffrance infligée à ses partenaires sexuels.
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Illustration dʼ « Histoire de Juliette », ou les « Prospérités du vice » du marquis de Sade, 1789 i

Paroxysme féroce de l’anticléricalisme, du plaisir individuel, d’une société abjecte,


pulsionnelle et sans contrat commun, la vision du monde du marquis, sorte de mutant des
Lumières, peut être assimilée à la transformation en ruines de l’héritage des idéaux humanistes
de Diderot ou de Kant, et de leur volonté pacifiste de libérer l’homme du joug de la religion et de
la politique.

Le double jeu de Fragonard


Il y a très loin du libertinage de Sade à celui de son contemporain Jean-Honoré Fragonard. L’un
des plus grands représentants du rococo, élève de Boucher et de Chardin, Prix de Rome très vite
couronné de succès, est par ailleurs un lecteur passionné des Liaisons dangereuses de Laclos. Sa
peinture charme, juxtapose avec subtilité et beaucoup de rythme corps évanescents, ciels, décors
et objets, dans une composition qui sort alors des limites de l’académisme. Pour ses nombreuses
scènes de genre, « Frago » est le peintre de l’érotisme, de la frivolité, d’un libertinage en vogue
confit d’extases et de sensualité. Mais avec la suggestion sexuelle comme arme majeure, souvent
utilisée pour contourner la censure, il va au-delà du simple colin-maillard polisson en
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transgressant quelques tabous de taille, tel un observateur affûté et anthropologue de son


époque.

Parmi ses peintures clés, il y a Le Verrou (1777), qui suggère la brutalité sexuelle, voire le viol,
dans une chambre aux baldaquins rouges incandescents, ou encore Le Feu aux poudres (1778),
dans laquelle une femme dont la chair passe du blanc porcelaine au rose embrasé se masturbe,
entourée d’angelots, face à un spectateur travesti en voyeur et pour lequel cette montée en
température devient quasi palpable. Aborder ainsi la libération du plaisir de la femme dans ce
petit format ovale a quelque chose de révolutionnaire pour l’époque. D’abord parce que la
jouissance masculine prime dans les grandes largeurs ; ensuite, parce qu’on pouvait bannir du
fouet l’onanisme, alors vu comme une déviance notoire, un vice que la science rendait
responsable d’une liste impressionnante de maladies, de l’apoplexie à la folie.

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Jean-Honoré Fragonard, La Gimblette, vers 1777 i

Mais ce sont dans deux tableaux datés de 1870 que Fragonard atteint son climax de sa
perversion. Le premier montre deux jeunes filles à moitié nues jouant avec deux chiens sur un
lit. L’une, debout et chemise retroussée, dévoile son sexe » ; l’autre, allongée, a les fesses à l’air.
Toutes les deux ont l’air de jeunes pucelles libertines, alors qu’il s’agit sans doute d’une scène de
bordel, saisie entre deux clients. Mais, de manière pas tout à fait explicite, suggestive, la
débauche va beaucoup plus loin, jusqu’à la zoophilie : les deux jeunes filles sont en réalité en train
d’en profiter pour transformer ces animaux de compagnie en sex toys – une pratique jadis réputée
courante. Le second, La Jeune fille aux petits chiens (1770), que possède Jeff Koons, lésine encore
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moins sur l’affaire. Le regard perdu par l’extase, les joues pourpres, la jeune fille, complice du
spectateur, berce contre ses seins nus deux chiens repus de plaisir, qui ressemblent curieusement
à de très jeunes bonobos.

La barbarie de Delacroix

À la suite du rococo et du roman libertin, la gloire du néoclassicisme et ses sujets historiques,


mythologiques ou religieux ne laissent guère entrer la représentation de la perversion sexuelle
dans l’atelier. Il faut attendre la Restauration, dans le courant des années 1820, pour que le
romantisme s’empare de la transgression d’une manière moins sulfureuse, plus passionnée, plus
violente aussi. Eugène Delacroix, très proche de Baudelaire, a d’ailleurs sans doute lu Sade. Son
monumental Mort de Sardanapale du Louvre embrase un Salon de 1827 consterné ou stupéfait
par son modernisme.

Cette scène historique, inspirée d’un poème de Lord Byron, met en scène Sardanapale,
dernier grand roi de Ninive en Assyrie, trônant sur le bûcher de sa chute. Il vient d’ordonner à ses
esclaves et officiers de mettre le feu à son palais, d’occire ses concubines et ses animaux favoris,
pour que l’ennemi ne puisse profiter d’une once de ses richesses. Suicide orgiaque et fiévreux, all-
over de chairs, d’ors et de rouges voluptueux construit comme un collage cinématographique : La
Mort de Sardanapale atteint un degré de chaos et de cruauté qui entre en écho avec le plaisir de
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faire souffrir de la philosophie sadienne. Très tôt pour Freud – en 1905 exactement –, la
perversion a son rôle à jouer dans la psyché humaine : « La disposition à la perversion, écrit-il,
n’est pas quelque chose de rare et d’exceptionnel, elle est partie intégrante de la constitution
normale ».

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Eugène Delacroix, La Mort de Sardanapale, 1827 i

L’allégorie du démoniaque et du viol nocturne peinte dans Le Cauchemar (1781) de


Johann Heinrich Füssli, monument précoce du romantisme, helvético britannique celui-ci,
pourrait symboliser à lui seul ce dépassement de la morale. Qu’y voit-on ? La sauvagerie obscure
du rapt charnel qui s’est glissée dans le sommeil de cette femme aux formes voluptueuses, à la
renverse, possédée par l’esprit laid d’un kobold, créature légendaire de la mythologie germanique
dominant son ventre et son sexe. Dans ce chef-d’oeuvre qui peut aussi se lire comme la mise en
scène d’un fantasme pervers, celui du viol, Füssli peint la corruption de la clarté par le
diabolique.

John Currin, l’héritier


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Fragonard, Delacroix ou Füssli se sont penchés sur les perversions sexuelles dans des proportions
et des styles radicalement différents. L’héritage qu’ils ont laissé sur le sujet chez les artistes
contemporains dessine un spectre bien entendu multiple, alors que l’apparition de la
pornographie filmée a atténué de manière significative la pertinence de la représentation des
codes à l’œuvre dans les transgressions sexuelles. Parmi les ténors de la peinture actuelle, un
John Currin, pour exemple, occupe une place remarquable sur la question. En partie parce que
ses portraits et scènes de genre, qui sont des peintures autant que des peintures de la peinture,
convient autant les nus de Cranach, Boucher et Fragonard, leurs étranges pastiches que la satire
burlesque des vices des classes aisées américaines.

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John Currin, The Magni cant Bossom, 1997 i

Currin peut être notamment considéré comme une grande figure de l’avant-garde de la
peinture dans son habileté à faire jaillir à la surface de la toile, souvent avec l’aide d’un humour
corrosif, la psychologie déviante plutôt que l’objet de la déviance de la plupart de ses
personnages. D’autant que ces derniers, outre les barrières de l’âge, du genre, du nombre ou de la
morale, du laid et de la beauté, ont franchi celles des époques.

Article paru dans Art & Sexe en juillet 2017

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Peinture Art ancien Eugène Delacroix Romantisme Sexe

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DÉCRYPTAGE

Aux grandes MUSÉE OCÉANOGRAPHIQUE DE


STREET ART MONACO
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