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Philippe Grosos
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H E GE L
1. Hegel, Wissenschaft der Logik, Das Sein (1812), Hambourg, Felix Meiner Verlag, 1986.
Dans cette édition, le texte traduit occupe les p. 47 à 59.
2. Ibid., p. 45-46.
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434 DE L’IDÉALISME ALLEMAND À LA FIN DE LA MÉTAPHYSIQUE
consacré à « L’unité de l’être et du rien » ainsi que deux des quatre remar-
ques qui suivent, laissant ainsi les deux dernières subdivisions du troi-
sième moment ( « Les moments du devenir » et « Le dépassement du
devenir » ) à elles-mêmes.
Pourquoi ces textes consacrés à « l’être pur » et au « rien pur »,
comme dit Hegel, sont-ils, à proportion, si brefs ? Parce que de l’être pur,
qui n’est rien, comme du rien, qui n’est pas, il n’est spéculativement rien à
dire, ou si peu ! Aussi les pages qui suivent énoncent-elles essentiellement
deux problèmes : d’une part, elles justifient la pauvreté spéculative de ces
concepts en pensant d’emblée leur vérité et dépassement dans l’unité du
devenir ; d’autre part – et c’est là l’enjeu des remarques dont le propos,
simplifiant l’exposé par l’introduction d’un langage volontiers plus repré-
sentatif, est d’éviter toute mésinterprétation –, elles rendent compte du
fait que la tradition métaphysique antérieure s’est précisément égarée au
point d’accorder au rien, comme d’ailleurs à l’être, une importance onto-
logique.
C’est parce que du rien, il n’est rien (ou presque) à dire – et que Hegel
l’énonce d’emblée ainsi en jouant sur la forme pronominale et substan-
tive du terme (nichts, das Nichts) –, que nous avons choisi de rendre ainsi
en français ce terme plutôt, comme on le propose habituellement, que
par « néant ». Véra, l’un des tout premiers introducteurs de Hegel en
France et le premier traducteur, dès 1874, de la Logique, était à la fois plus
pragmatique et plus approximatif, lui qui, en note, donnait pour das
Nichts : « le néant, le non-être, le rien », mais choisissait finalement (et
malheureusement) de traduire dans le corps du texte ce terme par « le
non-être »1. Si « non-être », traduisant bien plutôt Nichtsein, ne saurait être
satisfaisant, « néant » n’est pas davantage un choix irréprochable. Conta-
miné, pour nous depuis, par ce que Sartre a pu nommer « la néanti-
sation »2, ce qui en fait dès lors un mode de la négation, la tentation est
grande de doter le néant d’une fonction fondamentale de médiation dans
l’advenue à soi des phénomènes, comme si chez Hegel le « néant » était la
1. Hegel, Logique, trad. A. Véra, Paris, Librairie Germer Baillière, 1874, p. 399.
2. Voir Sartre, L’être et le néant, première partie, chapitre premier.
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HEGEL 435
médiation conduisant l’être à sa vérité : le devenir. Or, il n’en est rien. Ici
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436 DE L’IDÉALISME ALLEMAND À LA FIN DE LA MÉTAPHYSIQUE
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HEGEL 437
1. Voir Henri Maldiney, Regard Parole Espace, Lausanne, L’Âge d’homme, 1973, p. 254.
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BIBLIOGRAPHIE
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SCIENCE DE LA LOGIQUE
I, L’ÊTRE, SECTION 1, CHAP. 1
WISSENSCHAFT DER LOGIK, DAS SEIN (1812)
Chapitre premier
Être
A. <Être>
[47] Être, être pur – sans nulle autre détermination. Dans son immé-
diateté indéterminée, il est seulement égal à lui-même et n’est en outre
inégal à rien d’autre, n’a aucune différence ni en lui ni hors de lui. Par
quelque détermination ou contenu que ce soit, qui poserait en lui une dis-
tinction ou par lequel il se poserait comme distinct d’un autre, il ne serait
pas retenu en sa pureté. Il est la pure déterminité et le pur vide. – Il n’est
rien en lui à intuitionner, si l’on peut ici parler d’intuitionner ; ou encore il
est seulement ce pur et vide fait d’intuitionner lui-même. Aussi y a-t-il
peu à penser en lui, ou de même n’est-il que ce penser vide. L’être,
l’immédiat indéterminé n’est en fait rien et ni plus ni moins que rien.
B. Rien
[48] Rien, le pur rien ; il est simple égalité avec soi-même, parfaite
vacuité sans détermination ni contenu ; incapacité à être distingué en lui-
même. – Pour autant que l’intuitionner ou le penser peuvent ici être men-
tionnés, alors cela fait une distinction si quelque chose ou rien est intui-
tionné ou pensé. Ne rien intuitionner ou penser a donc une signification ;
le rien est dans notre intuitionner ou penser ; ou plutôt il est lui-même
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440 DE L’IDÉALISME ALLEMAND À LA FIN DE LA MÉTAPHYSIQUE
C. Devenir
Remarque 1
Le rien est habituellement opposé au quelque chose ; mais quelque chose
est un étant déterminé, qui se distingue d’une autre chose ; ainsi le rien
opposé au quelque chose, le rien de quelque autre chose, est un rien
déterminé. Mais ici le rien est à prendre dans sa simplicité indéterminée ;
le rien purement et simplement en et pour soi. – Le non-être contient le
rapport à l’être ; il n’est donc pas le pur rien, mais le rien tel qu’il est dis-
ponible dans le devenir.
[49] Parménide avait tout d’abord exprimé la pensée simple de l’être pur
comme absolu et comme unique vérité, et ce dans les fragments qui sont
restés de lui, avec le pur enthousiasme du penser qui se saisit pour la pre-
mière fois dans son abstraction absolue : seul l’être est, et le rien n’est absolu-
ment pas. – Le profond Héraclite, contre cette abstraction simple et unilaté-
rale, mit l’accent sur le concept total et plus haut du devenir, et dit : l’être
est aussi peu que le rien, ou encore que tout coule, c’est-à-dire que tout est
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HEGEL 441
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442 DE L’IDÉALISME ALLEMAND À LA FIN DE LA MÉTAPHYSIQUE
d’une telle proposition logique tient au fait qu’elle y rapporte des repré-
sentations d’un quelque chose de concret et oublie qu’il ne s’agit de rien
de tel, mais seulement des abstractions pures de l’être et du rien, et
qu’elles seules sont retenues en et pour soi.
Être et non-être sont le même ; c’est donc la même chose que je sois
ou que je ne sois pas, que cette maison soit ou qu’elle ne soit pas, que ces
thalers relèvent ou non de ma fortune. – Cette conclusion, ou
l’application de cette proposition, modifie complètement son sens. La
proposition contient les abstractions pures de l’être et du rien ; mais
l’usage en fait un être déterminé et un rien déterminé. Seulement, comme
l’on dit, il ne s’agit pas ici de l’être déterminé. Un être déterminé, fini, est
tel qu’il se rapporte à autre chose ; c’est un contenu qui se tient dans un
rapport de nécessité avec un autre contenu, avec le monde entier. Consi-
dérant la cohésion mutuellement déterminée du tout, la métaphysique
pouvait affirmer, au fond tautologiquement, que la destruction absolue
d’un grain de poussière entraînerait l’effondrement de tout l’univers. Mais
une fois qu’on a ôté au contenu déterminé sa cohésion avec un autre, et
qu’on se l’est représenté isolément, alors sa nécessité est surmontée, et il
devient indifférent que cette chose isolée, que cet homme isolé existe ou
n’existe pas. Ou, dès lors qu’est ressaisie cette cohésion totale, alors l’être-
là déterminé, se rapportant à un autre, disparaît pareillement ; en effet,
pour l’univers, il n’y a plus aucun autre, et qu’il soit ou ne soit pas, cela ne
fait aucune distinction.
Ainsi, que quelque chose apparaisse comme non indifférent au fait
d’être ou de n’être pas, cela n’est pas lié à l’être ou au non-être, mais
à [51] sa déterminité, à son contenu, lequel le met en rapport avec un
autre. Si l’on présuppose la sphère de l’être, et que l’on admet en elle un
contenu déterminé, un être-là déterminé quel qu’il soit, alors cet être-là,
parce qu’il est déterminé, est dans un rapport divers à un autre contenu.
Pour lui, il n’est pas indifférent qu’un certain autre contenu, avec lequel il
est en rapport, soit ou ne soit pas ; car il n’est essentiellement ce qu’il est
que par un tel rapport. Il en va de même dans le représenter (pour autant
que nous prenions le non-être dans le sens plus déterminé du représenter
par rapport à l’effectivité) ; l’être, dans sa cohésion, ou l’absence d’un
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contenu qui est déterminé en rapport avec un autre ne sont pas indiffé-
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rent. D’un côté, cela fait une distinction si je me représente seulement ces
100 thalers ou si je les possède, donc s’ils se trouvent dans l’un ou l’autre
état, parce que j’ai une fois présupposé ces deux états comme des déter-
minations différentes. D’un autre côté, ces états, chacun pris en particu-
lier, sont, en eux-mêmes, une détermination particulière de contenu qui
entre en rapport avec un autre et dont le disparaître n’est pas un simple
non-être, mais constitue un être-autre. Que nous reportions simplement le
fait que j’aie ou non 100 thalers à la distinction de l’être et du non-être est
une tromperie. Cette tromperie repose sur une abstraction unilatérale, qui
omet l’être-là déterminé, lequel dans de tels exemples est toujours présent, et
retient simplement l’être et le non-être. Comme on vient de le rappeler,
l’être-là est seulement la distinction réelle entre être et rien, entre un quelque
chose et un autre. – La représentation rêve de cette distinction réelle entre
quelque chose et un autre au lieu de l’être pur et du pur rien.
Comme le dit Kant, quelque chose vient par l’existence dans le
contexte de l’expérience d’ensemble ; nous recevons par là un objet de la
perception en plus, mais notre concept de l’objet n’est pas pour autant
accru. – Comme il résulte de ce qui a été expliqué, cela revient au moins
dans les faits à ce que [53] par l’existence, essentiellement parce que
quelque chose est une existence déterminée, il s’établisse une cohésion
avec un autre ou qu’elle y soit, et entre autres avec celui qui le perçoit. – Le
concept de 100 thalers, dit Kant, n’est pas accru par le fait de percevoir. –
Le concept, cela veut dire ici les 100 thalers isolés, représentés hors du
contexte de l’expérience et du percevoir. Dans ce mode isolé, ils sont
certes et assurément une très empirique détermination de contenu, mais
coupés de l’autre sans cohésion ni déterminité face à lui ; la forme de
l’identité à soi, de la simple déterminité ne se rapportant qu’à soi, les élève
au-dessus du rapport à l’autre et les laisse indifférents au fait d’être ou
non perçus. Mais si on les considère vraiment comme déterminés et rap-
portés à un autre, et qu’on leur ôte la forme du simple rapport à soi, qui
n’appartient pas à un tel contenu déterminé, alors ils ne sont plus indiffé-
rents au fait d’être ou de ne pas être-là, mais sont entrés dans la sphère où
est recevable la distinction de l’être et du non-être, non certes en tant que
telle, mais comme distinction du quelque chose et d’autre chose.
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à être-là, dans quoi tombe la différence réelle de l’être et du rien, est à ren-
voyer au commencement de la science pure, celui que Parménide a
accompli, en semblant avoir été le premier parmi les hommes à avoir cla-
rifié son représenter et ainsi élevé le représenter de la postérité à la pensée
pure de l’être, créant ainsi l’élément de la science.
Mais, pour en revenir au principal, il faut se rappeler qu’imparfaite est
l’expression du résultat qui s’ensuit de la considération de l’être et du rien,
dans la proposition : être et rien sont un et le même. L’accent est en effet de
préférence mis sur l’être-un-et-le-même, et le sens semble ainsi être de nier la
distinction qui pourtant se présente immédiatement dans la proposition
elle-même ; car la proposition énonce les deux déterminations, être et
rien, et les contient comme distinctes. – Il n’est [54] toutefois pas pos-
sible de penser qu’il faille en faire abstraction et ne retenir que l’unité. Ce
sens ne serait qu’unilatéral, puisque ce dont on devrait faire abstraction
est néanmoins présent dans la proposition. – Dans la mesure où la pro-
position : être et rien sont le même, exprime l’identité de ces déterminations,
mais en fait les contient également comme distinctes, elle se contredit en
elle-même et se dissout. Considérée de plus près, une proposition est
donc ici posée dont le mouvement est, par elle-même, de disparaître. Par
là arrive en elle ce qui doit constituer son contenu propre, à savoir le
devenir.
La proposition contient ainsi le résultat, elle est en soi le résultat lui-
même ; mais ce n’est pas en elle-même qu’il est exprimé en sa vérité ; c’est
une réflexion extérieure qui le connaît en elle. – Dans la forme d’un juge-
ment, la proposition ne permet absolument pas, immédiatement,
d’exprimer des vérités spéculatives. Le jugement est un rapport d’identité
entre sujet et prédicat ; quand bien même le sujet a encore plusieurs
déterminités autres que celles du prédicat, et est donc quelque chose
d’autre que lui, elles ne s’ajoutent qu’en s’additionnant et ne surmontent
pas le rapport d’identité de ce prédicat avec son sujet, lequel reste son
fondement et son support. Mais si le contenu est spéculatif, alors la non-
identité du sujet et du prédicat est également un moment essentiel, et leur
rapport consiste dans le passage ou le disparaître du premier dans l’autre.
La lumière paradoxale et bizarre dans laquelle une bonne part de la philo-
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sophie moderne apparaît à ceux qui ne font pas confiance au penser spé-
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HEGEL 447
Remarque 2
Parménide s’attacha à l’être et dit du rien qu’il n’est rien du tout ; seul
l’être est. Ce par quoi cet être pur fut mené jusqu’au devenir, ce fut la
réflexion selon laquelle il est égal [56] au rien. L’être même est
l’indéterminé ; il n’a donc aucun rapport à l’autre ; il semble par consé-
quent que, à partir de ce commencement, il ne soit plus possible de progresser, à
savoir à partir de lui-même, sans que de l’extérieur quelque chose
d’étranger n’y soit rattaché. La réflexion, selon laquelle l’être est identique
au rien, apparaît aussi comme un second et absolu commencement. D’un
autre côté, l’être ne serait pas le commencement absolu s’il avait une
déterminité, car alors il dépendrait d’un autre et ne serait pas en vérité
commencement. Mais il est indéterminé et par là véritable commence-
ment, aussi n’y a-t-il en effet rien par quoi il se fasse passer à un autre ;
ainsi est-il en même temps la fin.
Considérée selon le dernier aspect, cette réflexion selon laquelle
l’être n’est pas égal à soi, mais tout simplement inégal à soi, est assuré-
ment dans cette mesure un nouveau et second commencement, mais en
même temps un autre commencement, par lequel le premier est surmonté.
Comme on l’a déjà ci-dessus rappelé, c’est la vraie signification du pro-
gresser en général. En philosophie, le progrès à partir de ce qui est com-
mencement est en même temps le retour à ce qui est sa source, à son
véritable commencement. Ainsi, avec le dépassement du commence-
ment débute en même temps un nouveau commencement, et le premier
se montre ainsi comme n’étant pas véritable. Donc cet aspect est
accordé, selon lequel la réflexion qui pose d’une même façon l’être et le
rien est un nouveau commencement et, comme c’est clair, il est même
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que le premier, n’est pas absolu ; car il se rapporte au premier. Mais pour
cette raison, il faut que tienne au premier lui-même le fait qu’un autre se
rapporte à lui ; il lui faut donc être déterminé. – Il est cependant
l’immédiat, encore tout simplement l’indéterminé. Mais précisément
cette indéterminité est ce qui constitue sa déterminité, car l’indéterminité
est opposée à la déterminité, elle est ainsi elle-même, en tant qu’opposé,
le déterminé ou le négatif, et même la pure négativité. Cette indétermi-
nité ou négativité, que l’être a en lui-même, est ce qu’énonce la réflexion
l’égalant au rien. Ou, on peut s’exprimer en disant : parce que l’être est
ce qui est vide de détermination, il n’est pas la détermination qu’il est,
donc n’est pas être mais rien.
Donc en soi, c’est-à-dire dans la réflexion essentielle, le passage n’est
pas immédiat ; mais il est encore caché. Ici n’est [57] présente que son
immédiateté ; parce que l’être n’est posé que comme immédiat, le rien
perce immédiatement en lui. – Une médiation plus déterminée est celle à
partir de laquelle la science elle-même, et son commencement, l’être pur,
a son être-là. Le savoir a atteint l’élément du penser pur par le fait qu’il a
surmonté en soi toute la diversité de la conscience multiplement déter-
minée. La sphère totale du savoir contient donc son moment essentiel :
l’abstraction et la négativité absolues ; l’être, son commencement, est cette
pure abstraction elle-même ou n’est essentiellement que le rien absolu.
Mais cette remémoration se place en arrière de la science, qui à
l’intérieur d’elle-même, à savoir à partir de l’essence, présentera cette
immédiateté unilatérale de l’être comme une immédiateté médiatisée.
Mais dans la mesure où l’on dédaigne ce jaillissement du rien et la
considération de l’être, lequel est en soi, alors rien d’autre que l’être pur n’est
présent. On s’attache à lui en tant qu’il est commencement et en même
temps fin, et, dans son immédiateté immédiate, en tant qu’il se refuse à la
réflexion, qui le conduit au-delà de lui-même, selon laquelle il est en effet
l’indéterminé, le vide. Dans cette pure immédiateté, rien ne semble pou-
voir faire irruption.
Puisque cette affirmation de l’être dépourvu de réflexion s’attache au
simple immédiat, à la façon dont l’être est posé ou dont il est présent,
alors il faut s’y arrêter et voir comment, par conséquent, cet être est pré-
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sent. Parce que maintenant l’être est le rien, il faut que cela se présente en
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son immédiateté.
Prenons l’affirmation de l’être pur a) dans la forme, qui ressort le plus
souvent de ce qui est envisagé, comme la proposition : l’être est l’absolu,
alors on dit de l’être quelque chose qui est distinct de lui. Ce qui est dis-
tinct de lui est un autre que lui ; mais l’autre contient le rien duquel il est
l’autre. Ce qui est ainsi présent dans cette proposition, ce n’est pas l’être
pur, mais tout aussi bien l’être en rapport à son rien. – L’absolu est distin-
gué de lui ; mais pour autant qu’on dit qu’il est absolu, alors on dit égale-
ment qu’ils ne sont pas distingués. N’est donc pas présent l’être pur, mais
le mouvement, lequel est le devenir.
[58] b) que l’être pur signifie maintenant autant que l’absolu, ou qu’il
en signifie seulement un aspect ou une partie et qu’il s’attache seulement
à celui-ci, est alors laissée de côté la distinction qui troublait la pureté de
l’être, et la différence disparaît comme n’étant que celle du mot ou
comme liaison avec une partie inutile.
La proposition signifie à présent : l’être est l’être. – De cette identité
dont il sera ci-dessous question, il appert tout aussi immédiatement que,
comme toute tautologie, elle ne dit rien. Ce qui est donc présent, c’est un
dire, qui est un ne-rien-dire ; c’est donc ici le même mouvement, le deve-
nir qui est présent, sauf qu’au lieu de l’être, c’est un dire qui le parcourt.
g) Le prédicat tautologique laissé de côté, reste alors la proposition :
l’être est. Ici l’être lui-même et l’être de celui-ci sont de nouveau distingués ;
par le est, quelque chose de plus et donc d’autre que l’être a dû être dit.
Mais si par le est n’a pas été posé un être-autre et donc pas un rien de l’être
pur, alors il faut également laisser de côté ce est comme inutile et ne dire
que : être pur.
d) Être pur ou bien plutôt seulement être ; dépourvu de proposition
sans affirmation ou prédicat. Ou encore : l’affirmation est revenue à ce
qui fait l’opinion. Être n’est plus qu’une exclamation qui n’a sa significa-
tion que dans le sujet. Plus est profonde et riche cette intuition intérieure
lorsqu’elle doit saisir en elle le sacré, l’éternel, Dieu, etc. – plus cet inté-
rieur tranche avec lui, tel qu’il est là, avec l’être vide énoncé, qui face à ce
contenu n’est rien ; il porte, en sa signification et son être, la distinction
d’avec lui-même.
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450 DE L’IDÉALISME ALLEMAND À LA FIN DE LA MÉTAPHYSIQUE
Considéré d’un autre côté, cet être sans rapport à une signification, tel
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HEGEL 451
lui on en reste avant tout à la distinction, l’unité des termes est pourtant
essentiellement contenue en lui comme un moment et chacun n’est
quelque chose que dans le rapport à son autre ; ainsi est précisément énoncé
le passage de l’être et du rien dans l’être-là.