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Antéchrist Télévision Blues

J’écoute une chanson qu’effrontément je copie et je colle sur une partie de mon corps
Et je pense que je ne veux pas me faire vieux
Ni me rappeler la somme impaire de mes échecs
Ni m’arrêter à la belle voix de mon honnêteté
Qui passe sur le trottoir d’en face et salue de la main puissante
De ceux qui ont la peur comme voix

Souvent je suis un mauvais sujet


Je vole des choses au supermarché de mon quartier
Je me moque du porte-monnaie de ma mère
Je me drogue avec nostalgie
Je mets ma main sous la jupe de collégienne
De ma voisine sourde-muette
Qui chante comme un oiseau libre quand elle mouille ses délicates chaires

Oh seigneur, si seulement tu avais pitié d’une partie de moi


De ma peau ou de ma langue ou de mon petit membre qui te ressemble tant !

Tu sais toi que je n’ai pas de temps à perdre


Que c’est pour ça que je te hais bien que je dorme jusqu’à onze heures
Que bien que ça me demande du travail j’ai commencé à brandir le dégout comme seule
patrie
La peur comme passeport
Je sais que j’agis correctement seigneur
Toi tu es la lumière
Et moi les batteries usées de la lampe avec laquelle j’illumine mon chemin
Je n’ai travaillé dans aucun bureau au cours de ma vie
Et ceci fait de moi un opposant digne
Mes lèvres sont proches mais mon cœur est loin
Et je danse

Et je deviens grand

Et sur cet enfer qui brule


Je chante comme un vieux chanteur de blues qui n’a pas connu la télévision
Ni les sachets de bonbons ni le dentifrice
Je chante comme un chanteur de blues meurtri dans un ciel sans étoiles

Seigneur si tu es là ne me laisse pas me battre seul


Je me suis suffisamment entrainé pour te vaincre
Et mon poids et mes gants et mon protège-dents
Sont de la taille réglementaire pour le combat
Eteins la maudite télévision une bonne fois pour toutes
Et descends de l’assoupissement des nuages
Pour affronter mes poings solitaires
Mes douloureux poings d’homme laid
Capables d’écraser les fleurs et les après-midi ensoleillées du dimanche
Durant lesquelles mes tantes maquillent leurs hontes et vont te voir

TERRASSE-MOI
Le nombre de mes chutes est plus grand que celui de tes miracles

Cher dieu, tu veux que je me lève ?


Que si je perde je mette ton portrait au-dessus du téléviseur ?

Souviens-toi que je suis un vieux chanteur de blues


Noyé dans le Mississipi de son pantalon
Que j’ai les gencives sensibles
Que j’aime les treize ans d’une femme sans voix
Oh ! Mon petit ennemi
Oh ! Mon doux adversaire
Mets-moi KO d’un bon coup et va-t’en vite
La police arrive et je suis chargé
Et les vieux comme toi ne courent plus beaucoup

Nous nous verrons une autre après-midi


Sur le même canal
A la même heure
Au même coin de rue où chaque fois nous jouons à perdre

John F. Galindo

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