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B 329
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P É R I A RT É R I T E N O U E U S E ( PA N )
TABLEAU I Diagnostic
Principaux éléments de distinction Manifestations cliniques
entre périartérite noueuse classique Ce sont celles habituellement observées au cours des
et polyangéite microscopique vascularites systémiques. Le tableau II résume les
principales manifestations observées dans la littérature.
Périartérite Polyangéite Dans l’expérience française du groupe d’étude des
noueuse microscopique angéites nécrosantes, nous avons observé une série pros-
classique pective de 182 patients.
• Des signes généraux dans 65 % des cas, caractérisés
Vaisseaux artères artères par une fièvre persistante, un amaigrissement important
de moyen de petit calibre sont le plus souvent les signes annonciateurs de la maladie.
et petit calibres et capillaires • Une neuropathie périphérique est constatée chez 70%
Infarctus rénaux oui non des patients, le plus souvent une multinévrite d’installation
rapide en quelques heures ou jours, dont les séquelles
Glomérulonéphrite non oui motrices et sensitives sont parfois très sévères et sources
Microanévrismes oui non de handicap fonctionnel qui peut être définitif ; l’atteinte
des paires crâniennes est également possible.
Hémorragie non oui • Des signes cutanés apparaissent dans 50% des cas,
alvéolaire comprenant un purpura vasculaire ou des nodules sous-
Présence rare fréquente cutanés.
d’ANCA • Des myalgies diffuses et des polyarthralgies, rare-
ment des arthrites, sont présentes dans 54% des cas,
Infection 7% non
par le virus • Des douleurs abdominales et lombaires peuvent
de l’hépatite B aussi témoigner d’infarctus rénaux, dans 36% des cas, qui
seront authentifiés sur une artériographie. Une atteinte
Rechutes rares fréquentes rénale correspondant à une ischémie rénale voire des
infarctus associés à une hypertension artérielle sévère et
même maligne est fréquente.
• Des douleurs abdominales sévères dans 26% des cas,
correspondent à une ischémie intestinale ou vésiculaire
Épidémiologie justifiant parfois une observation en milieu chirurgical
et pouvant conduire à une perforation d’organe.
Les données épidémiologiques concernant les vascularites • Une atteinte myocardique dans 9 % des cas est liée à
et, en particulier la périartérite noueuse, sont rares. Les l’atteinte de la microcirculation coronaire, qui s’exprime
seules publications portent sur une région du Royaume- par un tableau d’insuffisance cardiaque gauche ou globale
Uni où l’incidence des vascularites est de 0,46 pour d’installation rapide, sévère, difficilement contrôlée par
100 000 habitants. Une autre enquête réalisée dans un le traitement symptomatique mais qui est sensible aux
comté des États-Unis montre une incidence de 0,9 pour corticoïdes et aux immunosuppresseurs.
100 000 habitants. Il n’y a pas, à notre connaissance, de • Des manifestations neurologiques centrales sont
données précises ni de registre des vascularites en plus rares (2%), en rapport soit avec une complication
France. thrombo-embolique par atteinte myocardique soit avec
une possible localisation cérébrale de l’angéite.
Étiologie • Des localisations urologiques, comme l’atteinte de
l’uretère, pouvant simuler une colique néphrétique, une
La majorité des périartérites noueuses classiques est orchite (cette dernière localisation étant particulièrement
sans cause reconnue. Cependant, des causes infectieuses fréquente chez les hommes ayant une périartérite noueuse
sont parfois trouvées, au premier plan desquelles l’infection liée au virus de l’hépatite B).
par le virus de l’hépatite B (VHB). Depuis une dizaine • Les atteintes pulmonaire et glomérulaire ne sont
d’années, sa fréquence est en nette diminution, vraisem- jamais observées dans notre expérience ; la présence
blablement à la faveur des mesures de précautions transfu- d’un asthme avec éosinophilie témoigne d’un syndrome
sionnelles et de la vaccination spécifique. En effet, ce de Churg et Strauss alors qu’une hémorragie alvéolaire
virus était retrouvé en France dans 36% des périartérites avec ou sans présence d’anticorps anti-cytoplasme des
noueuses en 1985, et seulement 7 % en 1993. D’autres polynucléaires neutrophiles fait rechercher une polyangéite
virus sont associés à la périartérite noueuse : le virus de microscopique.
l’hépatite C (VHC) avec une fréquence inférieure à 5 % • En revanche, dans les formes liées au virus de l’hépa-
(cette dernière cause sous-entend l’absence de cryoglo- tite B, il est possible d’observer une glomérulonéphrite
bulinémie), le parvovirus B19, le cytomégalovirus, le extramembraneuse par dépôts glomérulaires de com-
virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et l’HTLV1. plexes immuns spécifiques du virus.
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* Fréquence calculée pour la périartérite noueuse liée au virus de l’hépatite B. ❑ Atteinte neurologique centrale
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toutefois probable que le FFS est l’un des éléments Groupe français de recherche sur les vascularites, le
majeurs de la stratégie thérapeutique. cyclophosphamide est donné à la dose de 0,6 g/m2 une
Les corticoïdes ont été le premier traitement proposé fois par mois. De fortes doses de cyclophosphamide, par
avec efficacité dans la périartérite noueuse. Ils améliorent voie intraveineuse, peuvent être dangereuses chez des
la survie à 5 ans qui est passée de 10 % pour les malades patients ayant une insuffisance rénale et nous suggérons
non traités à environ 55 % au milieu des années 1970. de les réduire. Une hydratation intense et l’utilisation de
La survie a été prolongée en ajoutant des immuno- mesna sont recommandées durant le traitement. Les
suppresseurs tels que l’azathioprine et le cyclophospha- bolus de cyclophosphamide permettent d’obtenir une
mide. La survie à 5 ans a atteint 82 % pour les malades dose cumulée plus faible que la voie orale et donc de
recevant des corticoïdes et du cyclophosphamide. diminuer les effets secondaires à long terme. Le cyclo-
phosphamide doit être systématiquement utilisé en
Corticoïdes première ligne thérapeutique lorsque la sévérité de la
maladie le requiert. Chez les malades qui ne répondent
Ils sont donnés dans tous les cas de périartérite noueuse. pas aux bolus de cyclophosphamide, la forme orale peut
Lorsqu’il s’agit d’une périartérite noueuse liée au virus être prescrite avec succès. La même prescription peut
de l’hépatite B, seule une courte période de corticoïdes être faite lorsqu’une rechute survient dans les 6 mois
est nécessaire. Dans les autres cas, le traitement doit être suivant l’arrêt du cyclophosphamide intraveineux.
prolongé pour une durée d’environ 1 an. Une forte dose La durée de traitement par corticoïdes et immuno-
de corticoïdes peut être utile au moment du diagnostic. suppresseurs ne doit pas excéder 1 an.
L’administration de méthylprednisolone en bolus (de 10 à
15 mg/kg en intraveineuse durant 60 min et répétée à Autres agents immunosuppresseurs
24 h d’intervalle durant 1 à 3 j) est largement utilisée
dans les formes sévères. Ce traitement a une action rapide L’azathioprine, le méthotrexate et plusieurs autres
et donne peu d’effets secondaires. Il est particulièrement médicaments cytotoxiques ont été testés. Ils sont
indiqué dans les formes menaçant les pronostics vital ou seulement indiqués chez des malades présentant des
fonctionnel. Une corticothérapie par voie orale est prescrite contre-indications au cyclophosphamide.
à la dose de 1 mg/kg/j de prednisone. Le traitement peut
être administré en 1 à 2 prises quotidiennes. Lorsque Échanges plasmatiques
l’état du malade s’améliore, les corticoïdes doivent être
progressivement diminués afin d’atteindre 5 à 10 mg au Il n’y a actuellement aucun argument pour utiliser systé-
bout d’un an de traitement. Les corticoïdes peuvent matiquement les échanges plasmatiques au moment du
contrôler seuls des formes mineures de la maladie, sans diagnostic de périartérite noueuse sans infection du
adjonction d’immunosuppresseurs. Lorsque la prednisone virus de l’hépatite B, même chez les malades ayant les
est associée au cyclophosphamide, la décroissance des facteurs de mauvais pronostic. Cependant, les échanges
corticoïdes pourrait être plus rapide pour éviter les plasmatiques peuvent être utiles dans les formes réfrac-
complications infectieuses. taires au traitement conventionnel.
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Éléments généraux
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